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Najat OUSSIKOUM
École Supérieure de l’Éduca8on et de la Forma8on (Français secondaire)
Chapitre I
La phrase
C’est par la phrase qu’on arrive à parler et à s’exprimer. Elle est un
ensemble de mots organisé logiquement et gramma:calement pour
exprimer un sens complet.
J. Dubois et R. Lagane («1973 :14) définissent la phrase par sa
cohérence syntaxique :
« les phrases sont des suites de mots ordonnées d’une certaine
manière, qui entre:ennent entre eux certaines rela:ons, c’est- à- dire
qui répondent à certaines règles de grammaire et qui ont un certain
sens. ».
Les analyses grammaticales traditionnelles décrivent l’organisation
générale de la phrase simple comme un assemblage d’éléments définis
par leur nature ( différentes classes grammaticales) et par leur fonction
( ils jouent des rôles spécifiques dans d’ensemble de la phrase).
La phrase se définit par des critères prosodiques et
morphosyntaxiques.
a- critères prosodiques
1- Il est par6.
-
-
[īl έ partī]
La phrase impéra,ve : Partez d’ici.
-
-
[parte disī]
b- Critères morphosyntaxiques
La phrase est l’unité linguistique de rang majeur. Elle se définit par les
critères morphosyntaxiques suivants :
(i) elle est composée de deux syntagmes, le syntagme nominal sujet et
le syntagme verbal. Ces deux syntagmes en sont les cons;tuants
immédiats, c’est-à-dire ses plus grandes unités possibles. Ainsi la
phrases « les ennemis fuient. Est formé de deux cons;tuants « les
ennemis » et « fuient ». Le premier est un syntagme nominal sujet
appelé sujet (c’est-à-dire le thème de la phrase) et le second un
syntagme verbal, dont la fonc;on est celle du prédicat (c’est-à-dire le
commentaire du thème). Si l’on représente la phrase par P, le syntagme
nominal par SN et le syntagme verbal par SV, nous pouvons poser la
formule suivante :
P→ SN + SV
Ces constituants peuvent être définis par un jeu de
substituions sur l’axe syntagmatique.
Syntagme nominal Syntagme verbal
SN SV
SN SV
Det SN
N V
N
Det
Le facteur
distribue
le courrier
1. Les constituants de la phrase
1. 1La structure de la phrase : phrase minimale / phrase étendue
Les phrases sont des suites de mots ordonnés d’une certaine manière,
qui entretiennent entre eux certaines relations, c’est-à-dire qui
répondent à certaines règles de grammaires et qui ont un sens. Dans la
langue parlée, les phrases sont caractérisées par une intonation
particulière, une mélodie. Dans la langue écrite, elles sont délimitées
par des signes de ponctuation.
Une phrase ne se définit pas par sa longueur, par le nombre de ses
mots, mais par les éléments qui la constituent, par les relations qu’ils
ont entre eux, c’est-à-dire par sa structure. Considérons l’exemple
suivant :
3- Le chasseur partit.
4- Le soleil brille.
Par contre, si on enlève « le chasseur » ou « le » ou encore « partit »,
dans la phrase (3), ou si on enlève « le soleil » ou « le », ou « brille »
dans la phrase (4) on obtient des énoncés agrammaticaux.
5- a- *Chasseur partit
b- *Le partit
6- a- *soleil brille
b- *Le brille
Une phrase à laquelle on ne peut ainsi plus rien retrancher s’appelle
une phrase minimale. Selon le verbe employé, on peut avoir plusieurs
types de phrases minimales.
Considérons les phrases suivantes :
le groupe du nom
le groupe du verbe
facultativement, un ou plusieurs groupes prépositionnels.
Comparons la phrase (12) à celle donnée en (14)
P SN+SV
SN Dét+N L’+homme
SV V+SP s’empara d’une fourche
SP prép+ SN de+ une fourche
SN Dét+N une+ fourche
2)
SV
SN
V SP
Dét N
Prép SN
Dét N
L’ une fourche
homme S’empara D’
1)
b - L’enfant a comparé le train à un taureau.
SN SV
P SN+SV
SN Dét+N L’+enfant
SV V+SN+SP a comparé le train à un taureau
SN Dét+N le train
SP prép+ SN à+ un taureau
SN Dét+N un+ taureau
2-
SN SV
Dét N
V
SN SP
Dét N Prép SN
Dét N
SP
SN SV SP
Prép SN
Dét N V SN
dét N
Dét N
1) a- Qu’avez-vous fait ?
b- Il demande ce que vous avez fait ?
Si l’interrogation indirecte conserve la syntaxe du discours direct, on parle de l’interrogation
indirecte libre.
2- Madame Benoit s’y prit adroitement en s’informant de son oncle : comment allait ce bon
parent ? imparfait
L’interrogation indirecte libre présente les caractéristiques suivantes :
Points communs avec l’interrogation directe :
- Absence du verbe introducteur : l’énoncé interrogatif dans ce cas ne dépend d’aucune proposition
principale (absence de l’enchâssement).
- La phrase conserve son ton montant de l’interrogation.
Points communs avec l’interrogation indirecte :
- Transposition des temps : l’imparfait de la phrase (2) dérive du présent qui figure dans
l’interrogation directe.
- Transposition des personnes.
1. 2 Portée de l’interrogation
L’adjectif attribut [quel] n’admet pas d’être renforcé par la locution interrogative
« est-ce que ».
49) a- Quel est cet homme ?
b-* Quel est ce que cet homme ?
► Le pronom « je » et l’inversion
Certains verbes comme « courir », « devoir », « faire », « mettre » ne supporte pas
l’inversion du pronom « je » quand ils sont à l’indicatif ou au passé simple.
50) a- *Cours-je ?
b- *courus-je ?
Le refus de l’inversion est dû au fait que ces verbes conjugués au temps et au mode
indiqués prennent souvent une forme monosyllabique qui entrainent une difficulté
au niveau de la prononciation. L’inversion du pronom « je » ne se fait que pour des
monosyllabiques par l’usage.
51) a- Suis-je
b- Puis-je
c- Ai-je
52) a- Puis-je vous demander un renseignement ?
b- Ne suis-je pas un étudiant studieux ?
c- Aurais-je le droit de quitter la ville ?
Si l’interrogation est totale le morphème est toujours si. Cette conjonction est
employée à la place de l’inversion du sujet ou de la locution interrogative « est ce
que » qui sont la marque de l’interrogation directe.
1- J’ai vu Pierre.
2- Pierre, je l’ai vu.
3- Je l’ai vu, Pierre.
On appelle emphase, le cas où l’on a une phrase segmenté comme en
(2) et (3). Ces deux phrases sont dérivées de la phrase neutre donnée
en (1). Syntaxiquement, la phrase emphatique est caractérisée par la
présence d’un pronom personnel coréférentiellement identique à
l’argument emphatisé et par le détachement de celui-ci. La place de ce
syntagme peut varier, il peut apparaitre soit au début de la phrase
comme en (2), soit à la fin de la phrase comme en (3). Dans le premier
cas, on parle à la suite de Milner de la dislocation gauche, dans le
second cas, on parle de la dislocation droite.
A. Problèmes posés par la pronominalisation
On distingue deux cas selon que le pronom réfère à un substantif ou à un pronom.
1. Le pronom se réfère à un substantif
a- les actants du verbe
Ils sont tous pronominalisables qu’ils soient sujet, COD ou complément
prépositionnel(COI).
4- Ton frère, il vient demain./ il vient demain, ton frère.
5- Jean, je l’ai invité.
6- Mon cousin, je pense à lui.
7- Mon fils, je m’occupe toujours de lui.
8- Il en a beaucoup, des souvenirs.
Les constituants écrits en gras sont des topiques.
La phrase avec « être » présente un cas particulier : le syntagme à
emphatiser est repris par le démonstratif « ce ».
Si l’emphase porte sur le sujet, l’interrogation avec inversion complexe est impossible
puisque le substantif sujet est déjà disloqué.
Si l’emphase porte sur le sujet, on aura des phrases telles que les suivantes :
Les définitions du passif diffèrent selon les critères retenus et selon que
le choix porte sur un seul ou sur plusieurs. Les définitions retenues sont
fondées sur le sens, sur la morphologie, sur la syntaxe, sur le sens et la
morphologie, sur la morphologie et la syntaxe.
1.1 Définition fondée sur les critères sémantiques.
a- la voix active indique que le sujet fait l'action. (cf. Grevisse : le bon usage).
1- a- L'étudiant travaille.
b- L’élève écoute.
b- La voix passive indique que le sujet subit l'action.
"Le français n'a pas de forme passive spécifique. C'est l'auxiliaire "être"
accompagnée du participe passé qui en tient lieu" (MANGER 1968,
Grammaire pratique du français aujourd'hui, Paris, Hachette, p: 288). Il est
en effet difficile de s’en tenir à ce seul critère puisque des verbes sans passif
comme partir se conjuguent aussi avec l’auxiliaire être sous sa forme simple
et composé. C’est donc presque toujours une association avec un autre
critère –sémantique ou syntaxique- que celui-ci est invoqué.
3- a- Il est parti.
b- Il a été parti.
3.2. 1.3 Définition fondée sur les critères syntaxiques.
SN1- V- SN2
(3) a- Le soleil jaunit les papiers
SN2 – V - SN1
b- Les papiers sont jaunis par le soleil.
Cf. Dubois, J., 1967, Grammaire structurale du Français, le verbe, Paris, Larousse.
Dans cette définition, on n'a pas tenu compte de la modification du
verbe par l'introduction de l'auxiliaire "être". Envisagé sous cet angle, le
passif n'est plus une propriété du verbe, mais une propriété de la
phrase. Toutes les phrases du type SN2- V- (prép SN1) sont donc
considérées comme ayant subi une transformation passive.
SN1- V- SN2:
(4) Le soleil jaunit le papier.
Les phrases passives correspondantes à (4) peuvent comporter:
(i) Le verbe être + p.p
(5) Le papier est jauni par le soleil.
(27) Cette solution a été trouvée par moi, non par mon frère.
(28) C'est par toi que cette solution a été trouvée.
4- L'un des actants est un infinitif: il est possible d'employer le passif
sauf lorsque le tour impersonnel peut être utilisé.
On appelle verbes symétriques les verbes susceptibles de figurer avec le même système de
marques morphologiques aussi bien dans la phrase active que dans la phrase passive
correspondante. A la structure active du type SN1 + V + SN2 correspond une structure
passive du type SN2 + V + SN1. Le démarcatif se réalise au moyen de : à, au contact de,
sous l'effet de, etc.
Une très grande partie des verbes français peuvent figurer en construction passive impersonnelle. La
transformation impersonnelle passive opère sur le passif avec être + pp ou sur le pronominal passif.