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Cours de morphosyntaxe 1

Najat OUSSIKOUM
École Supérieure de l’Éduca8on et de la Forma8on (Français secondaire)
Chapitre I
La phrase
C’est par la phrase qu’on arrive à parler et à s’exprimer. Elle est un
ensemble de mots organisé logiquement et gramma:calement pour
exprimer un sens complet.
J. Dubois et R. Lagane («1973 :14) définissent la phrase par sa
cohérence syntaxique :
« les phrases sont des suites de mots ordonnées d’une certaine
manière, qui entre:ennent entre eux certaines rela:ons, c’est- à- dire
qui répondent à certaines règles de grammaire et qui ont un certain
sens. ».
Les analyses grammaticales traditionnelles décrivent l’organisation
générale de la phrase simple comme un assemblage d’éléments définis
par leur nature ( différentes classes grammaticales) et par leur fonction
( ils jouent des rôles spécifiques dans d’ensemble de la phrase).
La phrase se définit par des critères prosodiques et
morphosyntaxiques.

a- critères prosodiques

La phrase se reconnait à sa prosodie et à son isolement par deux


pauses : // P //
Elle s’accompagne d’une certaine mélodie appelée intona@on (seuls
des enregistrements peuvent nous fournir à ce sujet des
renseignements complets).
Considérons la phrase suivante :

1- Il est par6.

Selon l’intona6on adoptée par le locuteur, l’auditeur reconnaitra une


simple asser6on ou une ques6on qui lui est posée.
La phrase assertive : la voix monte par pilier pour redescendre sur la
dernière syllabe.
-
[īl έ partī]
La phrase interroga.ve : la voix ne cesse de monter et reste en suspens.

-
-
[īl έ partī]
La phrase impéra,ve : Partez d’ici.
-
-
[parte disī]
b- Critères morphosyntaxiques

La phrase est l’unité linguistique de rang majeur. Elle se définit par les
critères morphosyntaxiques suivants :
(i) elle est composée de deux syntagmes, le syntagme nominal sujet et
le syntagme verbal. Ces deux syntagmes en sont les cons;tuants
immédiats, c’est-à-dire ses plus grandes unités possibles. Ainsi la
phrases « les ennemis fuient. Est formé de deux cons;tuants « les
ennemis » et « fuient ». Le premier est un syntagme nominal sujet
appelé sujet (c’est-à-dire le thème de la phrase) et le second un
syntagme verbal, dont la fonc;on est celle du prédicat (c’est-à-dire le
commentaire du thème). Si l’on représente la phrase par P, le syntagme
nominal par SN et le syntagme verbal par SV, nous pouvons poser la
formule suivante :
P→ SN + SV
Ces constituants peuvent être définis par un jeu de
substituions sur l’axe syntagmatique.
Syntagme nominal Syntagme verbal
SN SV

Les voisines discutent


Les étudiants travaillent
Les filles chantent
Les éléments « discutent », « travaillent » et « chantent » sont
suscep6bles d’entrer dans les mêmes construc6ons. Il en est de même
pour les éléments « les voisines », « les étudiants » et « les filles ». Par
contre, la subs6tu6on d’un élément de la classe des SN à un élément
de la classe des SV est impossible.
(ii) Les constituants immédiats de la phrase sont formés de constituants
(ou syntagmes) de rang inférieur. Une phrase est ainsi faite de plusieurs
couches de constituants. On peut ainsi décrire la structure de la phrase
« le facteur distribue le courrier » comme la combinaison de deux
constituants :
a- un syntagme nominal sujet « le facteur ».
b- un syntagme verbal « distribue le courrier »
Chacun de ces deux constituants immédiats est à son tour formé de
constituant :
Le syntagme nominal sujet « le facteur » est formé d’un déterminant
« le » et d’un nom « facteur ».

Le syntagme verbal « distribue le courrier » est formé d’un verbe


« distribue » et d’un syntagme nominal « le courrier, à son tour formé
d’un déterminant « le » et d’un nom «courrier».
P→ SN + SV
SN→ Dét+ N
Dét→ le
N → facteur
SV → V + SN
SN → Dét + N
V → distribue
Dét → le
N → courrier
Structure arborescente de la phrase:

SN SV

Det SN
N V

N
Det
Le facteur
distribue
le courrier
1. Les constituants de la phrase
1. 1La structure de la phrase : phrase minimale / phrase étendue
Les phrases sont des suites de mots ordonnés d’une certaine manière,
qui entretiennent entre eux certaines relations, c’est-à-dire qui
répondent à certaines règles de grammaires et qui ont un sens. Dans la
langue parlée, les phrases sont caractérisées par une intonation
particulière, une mélodie. Dans la langue écrite, elles sont délimitées
par des signes de ponctuation.
Une phrase ne se définit pas par sa longueur, par le nombre de ses
mots, mais par les éléments qui la constituent, par les relations qu’ils
ont entre eux, c’est-à-dire par sa structure. Considérons l’exemple
suivant :

1- Le vieux chasseur partit chasser le lion en Afrique.


2- Le soleil brille ce matin dans tout le pays.
On peut supprimer certains éléments de ces phrases sans qu’elles
cessent pour cela d’être compréhensibles. On obtient ainsi :

3- Le chasseur partit.
4- Le soleil brille.
Par contre, si on enlève « le chasseur » ou « le » ou encore « partit »,
dans la phrase (3), ou si on enlève « le soleil » ou « le », ou « brille »
dans la phrase (4) on obtient des énoncés agrammaticaux.

5- a- *Chasseur partit
b- *Le partit
6- a- *soleil brille
b- *Le brille
Une phrase à laquelle on ne peut ainsi plus rien retrancher s’appelle
une phrase minimale. Selon le verbe employé, on peut avoir plusieurs
types de phrases minimales.
Considérons les phrases suivantes :

7- L’homme s’empara d’une fourche.


8- L’enfant a comparé le train à un taureau.

On ne peut rien retrancher, car les phrases n’auraient plus de sens ;


dans ces deux cas aussi on a des phrases minimales.
1.1.2 Les constituants de base de la phrase simple

Les constituants de base de la phrase verbale sont le groupe sujet et le


groupe verbal. Ce dernier est constituer d’un verbe et d’un ou deux
compléments qu’on ne peut, en principe, ni supprimer ni déplacer. Les
compléments d’objet, l’attribut, certains compléments circonstanciels
font ainsi partie du groupe verbal.
9- Ma mère lit le roman.
10- Le livreur livre les journaux aux kiosques.
11- Les documents semblent intéressants.
12- Mon frère va au cinéma.
Dans certaines phrases, on peut trouver, outre le groupe du nom et le
groupe du verbe, un ou plusieurs autres groupes qui ne dépendent ni
de l’un ni de l’autre, mais qui sont aussi des constituants de la phrase.
Ainsi dans la phrase

13 - L’homme plante un palmier sur la pelouse avec une bêche.


Les groupes « sur la pelouse » et « avec une bêche » se rapportent à toute la
phrase et non au seul groupe du verbe, par exemple en les plaçant au début
de la phrase. Ces groupes sont introduits par des prépositions (sur, avec) : ce
sont des groupes prépositionnels. Ils peuvent être supprimés : la phrase n’est
donc pas une phrase minimale. On l’appelle phrase simple parce qu’on ne
peut rien retrancher à aucun des groupes qui la constituent. Les constituants
fondamentaux d’une phrase sont donc :

le groupe du nom
le groupe du verbe
facultativement, un ou plusieurs groupes prépositionnels.
Comparons la phrase (12) à celle donnée en (14)

14- Mon frère va au cinéma avec son ami.

Dans (10), on a trois constituants ; le groupe du nom (mon frère) est le


sujet, le groupe du verbe (va au cinéma) est le prédicat et le groupe
prépositionnel (avec son ami) est une précision apportée à la phrase,
une addition : on peut dire que c’est un adjoint de la phrase.
Remarque :

Les groupes facultatifs constituants de la phrase sont presque toujours


introduits par une préposition. Cependant, dans certains cas, ils ne
contiennent pas de préposition. En effet, dans la phrase (15) « ce
matin » est un groupe facultatif se rapportant à la phrase, mais sans
préposition. On convient cependant de l’appeler « groupe
prépositionnel ».

15- Pierre a reçu votre lettre ce matin.


Récapitulation
Prenons le cas de la phrase minimale suivante :
Mon frère termine son travail.
On peut remplacer termine son travail par répare son ordinateur. De ce fait
on peut dire que les deux élément termine son travail et répare son
ordinateur peuvent se substituer l’un à l’autre. Par contre, on ne peut pas
remplacer mon frère par va au cinéma. Ces deux éléments ne peuvent pas se
substituer l’un à l’autre. On peut remplacer mon frère par mon cousin par
exemple.
- Mon cousin termine son travail.
- Mon cousin va au cinéma.
On dit que la phrase minimale est constituée de deux éléments :
- un syntagme nominal (SN) : mon frère, mon cousin…. Son élément essentiel
est le nom.
- un syntagme verbal (SV) : termine son travail, va au cinéma … son élément
essentiel est le verbe.
Exercices
1- Quels sont les constituants immédiats dans phrases suivantes:
a- L’homme s’empara d’une fourche.
b - L’enfant a comparé le train à un taureau.
c- L’homme plante un palmier sur la pelouse avec une bêche.

2- précisez la fonction syntaxique de chaque constituant.


3- donnez la structure arborescente de chaque phrase.
1)
a- L’homme s’empara d’une fourche.
SN SV

P SN+SV
SN Dét+N L’+homme
SV V+SP s’empara d’une fourche
SP prép+ SN de+ une fourche
SN Dét+N une+ fourche
2)

a- L’homme s’empara d’une fourche.


sujet Verbe COI
3- Structure arborescente

SV
SN

V SP
Dét N

Prép SN

Dét N

L’ une fourche
homme S’empara D’
1)
b - L’enfant a comparé le train à un taureau.
SN SV

P SN+SV
SN Dét+N L’+enfant
SV V+SN+SP a comparé le train à un taureau
SN Dét+N le train
SP prép+ SN à+ un taureau
SN Dét+N un+ taureau
2-

b - L’enfant a comparé le train à un taureau


Sujet verbe COD COI
3) P

SN SV

Dét N
V
SN SP

Dét N Prép SN

Dét N

L’ enfant a comparé le train à un taureau


c - L’homme plante un palmier sur la pelouse avec une bêche.
sujet verbe COD C.C de moyen
CCL
3) P

SP
SN SV SP

Prép SN
Dét N V SN

dét N
Dét N

plante le palmier sur la pelouse


L’ homme
Chapitre II
2 Les types de phrases
Selon le motif de la communication, le locuteur recourt à plusieurs
types de phrases :

i) Quand on fait savoir simplement quelque chose à quelqu’un, quand


on énonce ou déclare sa pensée, quand on exprime une idée, on fait
une phrase déclarative.

12- L’étudiant fait son travail.


ii) Quand on veut obtenir un renseignement de quelqu’un en lui posant
une question, on fait une phrase interrogative.

13- L’étudiant fait-il son travail ?


iii) Quand on veut que quelqu’un assigne de telle ou telle manière,
quand on veut lui donner un ordre, lui adresser une prière, on fait une
phrase impérative.

14- Portez ces sacs au moulin.


iv) Quand on exprime un sentiment vif (indignation, surprise,
admiration, etc.), on fait une phrase exclamative.

15- Ce spectacle est étonnant !


Toute phrase de la langue appartient à l’un de ces quatre types et à un
seul. Une phrase ne peut être à la fois déclarative et interrogative,
interrogative et exclamative, etc., ces types obligatoires ne peuvent
être combinés entre eux. On peut associer au type obligatoire choisi un
ou plusieurs types facultatifs (eux-mêmes combinables entre eux):
La forme négative

16) a- Cet élève n’a pas fait ses devoirs aujourd’hui.


b- Cet élève n’a-t-il-pas fait ses devoirs aujourd’hui ?
c- Ne répare pas le poste !
d- Ce n’est pas vrai !
La forme passive

17) a- le poste a été réparé par l’électricien.


b- Le poste a-t-il-été réparé par l’électricien ?
c- Soyez convaincu par cette preuve.
La forme emphatique (la mise en relief)

18- Le jardiner a planté un arbre.


a) C’est le jardinier qui a planté cet arbre.
b) Le jardinier, il a planté un arbre.
c) C’est un arbre que le jardinier a planté.
d) L’arbre, le jardinier l’a planté.
1- La phrase interrogative
1.1. Le style

L’interrogation peut être directe ou indirecte.

1) a- Qu’avez-vous fait ?
b- Il demande ce que vous avez fait ?
Si l’interrogation indirecte conserve la syntaxe du discours direct, on parle de l’interrogation
indirecte libre.
2- Madame Benoit s’y prit adroitement en s’informant de son oncle : comment allait ce bon
parent ? imparfait
L’interrogation indirecte libre présente les caractéristiques suivantes :
Points communs avec l’interrogation directe :
- Absence du verbe introducteur : l’énoncé interrogatif dans ce cas ne dépend d’aucune proposition
principale (absence de l’enchâssement).
- La phrase conserve son ton montant de l’interrogation.
Points communs avec l’interrogation indirecte :
- Transposition des temps : l’imparfait de la phrase (2) dérive du présent qui figure dans
l’interrogation directe.
- Transposition des personnes.
1. 2 Portée de l’interrogation

L’interrogation peut porter sur l’ensemble de l’énoncé, on parle dans ce


cas de l’interrogation totale et la réponse à la question est oui / non /
si.
On emploie l’adverbe « si » à la place de « oui » si l’on veut répondre
positivement à une interrogation totale de forme négative.
3) a- Avez-vous terminé la lecture de ce document ?
b- oui, j’ai terminé la lecture de ce document.
c- non, je n’ai pas terminé la lecture de ce document.

4) a- N’avez-vous pas terminé la lecture de ce document ?


b- Si nous avons terminé la lecture de ce document.
c- Non.
L’interrogation est dite partielle lorsqu’elle porte sur l’un des arguments
des verbes ou sur un circonstanciel, sur l’attribut. Dans ce cas la
réponse par « oui », « si » ou « non » est exclue.
5- Qui a lu ce livre ? sujet
6- à qui parlez-vous ? COI
7- Que faites-vous ?COD
9- Qui êtes vous ? attribut
10- Où avez-vous fait les études ? CCL
1. 3 L’interrogation directe
Les morphèmes interrogatifs
A- Les pronoms interrogatifs
a) Les formes simples
Que, qui et quoi sont des formes simples.
Qui : le pronom « qui » est employé quand la question porte sur un
élément spécifié plus humain, il peut être précédé d’une préposition.
11) a- Qui parle ?
b- De qui parles-tu ?
Les pronoms « que » et « quoi » sont usités lorsque la question porte sur un
élément spécifié [- humain]. A l’inverse de « que » le pronom « quoi » est toujours
régi par une préposition.

12) Que désirez-vous ?


- Nom [-humain]
- Une complétive

13) a- Que se passe-t-il ? sujet logique du verbe impersonnel


b- Il se passe quelque chose.
Sujet apparent Sujet réel

14- De quoi avez-vous peur ?


b) Les locutions interrogatives

« Est-ce que », « est ce qui » peuvent intervenir pour renforcer


l’interrogation.

i) Qui est ce qui (sujet [+humain])

15- Qui est ce qui parle ?


ii) (prép) qu’est ce que (objet [+humain])
16- A qui est ce que tu penses ?

iii) Qu’est ce qui (sujet [-humain])

17- Qu’est ce qui te gêne ?

iv) Qu’est ce que (objet, attribut [-humain])

18a- Qu’est ce que tu raconte ?


b- Qu’est ce que tu deviens ?
C- Les formes composées

Les formes composées sont : lequel, lesquels, laquelle, lesquelles, duquel,


des quels, de laquelle, des quelles, à laquelle, auxquelles.

Ses formes sont implicitement ou explicitement déterminées par un


complément.

19) a- Duquel (de ces livres) avez-vous parlé ?


b-Lequel est le meilleur ?
c- Laquelle préfères-tu ?
19) a- Duquel (de ces livres) avez-vous parlé ? COI
b-Lequel est le meilleur ? Sujet
c- Laquelle préfères-tu ? COD
B- Les adverbes interrogatifs

Les adverbes interrogatifs sont : où, pourquoi, combien, quand, comment.


Ces adverbes s’emploient quand la question porte sur un élément de la
phrase portant la fonction de complément circonstanciel.

20) a- Où l’avez –vous vu ? CCL


b- Comment a-t-il fait ? CCM
c- Pourquoi n’est-il pas venu ? CCC
d- Quand partira-t-il ? CCT
e- Combien coûte cette robe ? CCP
1.4- L’interrogation totale
A- L’inversion du sujet

Si le sujet est « on », « ce » ou un pronom personnel, il se place après


le verbe ou après l’auxiliaire quand il s’agit d’un temps composé ou
d’une forme verbale composée dans ce cas on parle de l’inversion
simple.
22- Jean est-il content ?
Jean= Sujet [3ème pers du singulier]
Il = pronom de reprise [3ème pers du singulier]

23- Ces hommes croient-ils qu’ils vont réussir ?


Sujet pronom de reprise

24- Ces femmes ont-elles appris la vérité ?


Sujet pronom de reprise

25- Celui-ci a-t-il trouvé ce qu’il cherchait ?


Sujet pronom de reprise

Quand on a à la fois un sujet et un pronom de reprise, on parle de l’interrogation avec inversion


complexe
B- L’emploi de la locution interrogative « est-ce que »

La locution interrogative « est-ce que » n’est compatible ni avec l’inversion


simple ni avec l’inversion complexe.

25) a- Est-ce que Pierre viendra ?


b- * Est-ce que Pierre viendra-t-il ?

26) a- Est-ce qu’il est arrivé ?


b- *Est-ce que est-il arrivé ?
C- Le Ton

Le ton seul peut constituer la différence entre une phrase affirmative


est une phrase interrogative. L’interrogative par le ton ne modifie pas
l’ordre canonique des constituants de la phrase. Dans ce cas elle n’est
reconnaissable au niveau de l’écrit que par le point d’interrogation [ ?]

26) a- Vous partirez demain.


b- Vous partirez demain ?
1.5 L’interrogation partielle
Dans le cas de ce type d’interrogation, la langue fait appel aux morphèmes interrogatifs
(pronom, adjectifs, adverbes).
a) L’interrogation porte sur le sujet
- Si le sujet est ou contient un morphème interrogatif (quel), il est antéposé au verbe sans
être repris par un pronom.
27) a- Qui parle ?
b- *Qui parle-t-il
28) a- Quel étourdi a pu faire une faute pareille ?
b- *quel étourdi a-t-il pu faire une faute pareille ?
29) Lequel est le plus travailleur ?
30) Quoi donc t’étonne ?
31) Combien de marin se sont évanouis ?
Pronom interrogatif sujet
On peut recourir à des constructions à inversion complexe si le sujet sur
lequel porte la question est : lequel, quel + nom, combien de + nom
(voir le bon Usage)

32)a- Combien de gens ont-ils le courage de dire la vérité ?


b- Quel être humain a-t-il le courage de rire quand il est question
de la mort
c- Lequel (des chevaux) allait-il s’effondrer ?
b) L’interrogation porte sur un constituant autre que le sujet
Problèmes de l’inversion

a- Quand le morphème interrogatif est un attribut ou un complément d’objet


direct, le sujet quel qu’il soit est obligatoirement post posé au verbe.
35- Quel est cet homme ?
Adj int attri
36- Qu’était devenue la robe en satin bleu ?
Attribut sujet
Dans le cas de l’interrogation partielle, le morphème qui introduit
l’interrogation directe sert de subordonnant à l’interrogation indirect.
Seules les locutions « qu’est-ce que », « qu’est-ce que », et le pronom
« que « font exception.
37) a- Quand ton père viendra-t-il ?
b- Je voudrai savoir quand ton père viendrait.
38) a- Que se passe-t-il ?
b- Il veut savoir ce qui se passe.
39) a- Quelle est ton opinion ?
b- Nous voulons savoir quelle est ton opinion.
b- Si le constituant sur lequel porte la question n’est ni attribut ni COD,
on peut avoir soit une inversion simple soit une inversion complexe.
Si le sujet n’est ni un pronom personnel ni le pronom indéfini « on » ni
le démonstratif « ce »
Les deux conditions citées ci-dessous sont conjointes.
- Sujet ≠ on, ce, pronom personnel
- La question ne porte ni sur l’attribut ni sur le COD

40) a- Où conduit ce chemin ?


b- Où ce chemin conduit-il ?
41) a- Comment va ton fils ?
b- Comment ton fils va-t-il ?
42) a- Combien a coûté le tien ?
b- Combien le tien a-t-il coûté ?
c- L’inversion complexe est obligatoire dans les contextes suivants :

i) Si le morphème interrogatif est « pourquoi »


43) a- Pourquoi Jean est-il parti ?
b- *Pourquoi est parti jean ?
c- Pourquoi est-il parti ?
ii) Si le verbe est accompagné de son COD et que celui-ci n’est pas
« quel+nom »
44) a- Quand jean fera-t-il son travail ?
b-* Quand fera Jean son travail ?
Si le COD est « quel + nom », l’inversion simple et l’inversion complexe
sont toutes les deux possibles.
45) a- Quel livre Jean a-t-il acheté ?
b- quel livre a acheté Jean ?
Mais si le constituant avec une inversion simple est ambiguë c’est
l’inversion complexe qui est usitée.
46) a- Quel linguiste a critiqué Chomsky ?
Chomsky = sujet du verbe a critiqué
Quel linguiste = sujet du verbe a critiqué
b- Quel linguiste Chomsky a-t-il critiqué ?
La phrase (46a) est doublement ambiguë : le syntagme nominal peut
être interprété soit comme sujet du verbe « a critiqué » soit comme
son objet direct. Dans ce dernier cas la suite « quel linguiste » porte la
fonction de sujet complexe. Pour désambiguïser la phrase (46a), il est
nécessaire de recourir à l’inversion complexe laquelle inversion
permettra au sujet de la phrase d’apparaître dans sa position
canonique.
Si le verbe est accompagné d’un attribut

47- Quand cet enfant deviendra t-il sage ?


Attribut du sujet
La présence de l’attribut rend l’inversion complexe obligatoire.
► L’emploi de « est-ce que »
La locution interrogative « est-ce que » se place toujours après le morphème
interrogatif ; l’emploi de l’ensemble formé de « quel + nom » n’est compatible ni
avec l’inversion simple ni avec l’inversion complexe.
48) a- Quand est-ce que vous partez ?
b- Quand est-ce que cet homme partira ?
c-Quel mal est-ce que vous pouvez me faire ?

L’adjectif attribut [quel] n’admet pas d’être renforcé par la locution interrogative
« est-ce que ».
49) a- Quel est cet homme ?
b-* Quel est ce que cet homme ?
► Le pronom « je » et l’inversion
Certains verbes comme « courir », « devoir », « faire », « mettre » ne supporte pas
l’inversion du pronom « je » quand ils sont à l’indicatif ou au passé simple.
50) a- *Cours-je ?
b- *courus-je ?
Le refus de l’inversion est dû au fait que ces verbes conjugués au temps et au mode
indiqués prennent souvent une forme monosyllabique qui entrainent une difficulté
au niveau de la prononciation. L’inversion du pronom « je » ne se fait que pour des
monosyllabiques par l’usage.
51) a- Suis-je
b- Puis-je
c- Ai-je
52) a- Puis-je vous demander un renseignement ?
b- Ne suis-je pas un étudiant studieux ?
c- Aurais-je le droit de quitter la ville ?

Ces phrases sont admises par l’usage

L’inversion de « je » est permise par certains polysyllabes du premier


groupe ou quelques formes du subjonctif.
1.6 L’interrogation indirecte (Voir la phrase complexe)
C’est une proposition qui contient l’objet d’une interrogation exprimée dans une
proposition principale. Elle est dite indirecte car elle dépend d’une autre
proposition à laquelle elle est subordonnée par un morphème interrogatif.

Si l’interrogation est totale le morphème est toujours si. Cette conjonction est
employée à la place de l’inversion du sujet ou de la locution interrogative « est ce
que » qui sont la marque de l’interrogation directe.

58- Jean demandait s’il pouvait aller au cinéma.


P1 Jean demandait ceci.
«P2 « Pui-je aller au cinéma ? »
3. La phrase affirmative

La phrase affirmative énonce une information, exprime un jugement,


expose des faits, vrais, faux ou supposés, etc.
Syntaxiquement, la phrase affirmative comporte deux traits : elle n’est
pas ouverte par un morphème particulier, elle n’a donc pas de marque,
et l’ordre habituel des termes, en français, est Sujet-Verbe-
Complément, sauf dans les cas particuliers suivants :
- Inversion du sujet : Peut-être viendra-il.
- Complément pronominal devant le verbe : Pierre l’a rencontré.
Toute phrase affirmative n’ayant qu’un seul noyau verbal (phrase
simple) est agencée selon un des schémas suivants, dont le nombre, on
le voit, est relativement restreint :
•S+V L’orage a éclaté.
• S + V + COD L’orage a provoqué des dégâts.
• S + V + COI L’orage a nui à la récolte.
• S + V + COD + COI L’orage inspire la crainte à la récolte.
• S + V + Attribut L’orage est redoutable.
• S + V + (S) Il pleut des cordes.
• Présentatif + suite Voilà l’orage.
Nous n’étudierons ici que le cas de la combinaison affirmation +
emphase et le cas de la phrase passive ; le constituant négation
s’associe sans restriction à la phrase affirmative.
3.1 La phrase emphatique

Considérons les exemples suivants :

1- J’ai vu Pierre.
2- Pierre, je l’ai vu.
3- Je l’ai vu, Pierre.
On appelle emphase, le cas où l’on a une phrase segmenté comme en
(2) et (3). Ces deux phrases sont dérivées de la phrase neutre donnée
en (1). Syntaxiquement, la phrase emphatique est caractérisée par la
présence d’un pronom personnel coréférentiellement identique à
l’argument emphatisé et par le détachement de celui-ci. La place de ce
syntagme peut varier, il peut apparaitre soit au début de la phrase
comme en (2), soit à la fin de la phrase comme en (3). Dans le premier
cas, on parle à la suite de Milner de la dislocation gauche, dans le
second cas, on parle de la dislocation droite.
A. Problèmes posés par la pronominalisation
On distingue deux cas selon que le pronom réfère à un substantif ou à un pronom.
1. Le pronom se réfère à un substantif
a- les actants du verbe
Ils sont tous pronominalisables qu’ils soient sujet, COD ou complément
prépositionnel(COI).
4- Ton frère, il vient demain./ il vient demain, ton frère.
5- Jean, je l’ai invité.
6- Mon cousin, je pense à lui.
7- Mon fils, je m’occupe toujours de lui.
8- Il en a beaucoup, des souvenirs.
Les constituants écrits en gras sont des topiques.
La phrase avec « être » présente un cas particulier : le syntagme à
emphatiser est repris par le démonstratif « ce ».

9- Pierre, c’est un homme de grand talent.


b- les compléments circonstanciels
Ils ne sont pas tous pronominalisables ; on peut pronominaliser les
compléments de lieu.
10a- Nous le rencontrons en France tous les ans.
CCL
b- En France, nous l’y rencontrons tous les ans.
Adv de lieu
11a- Il rapporte toujours des photos d’Italie.
CCL
b- D’Italie, il en rapporte toujours des photos.
Adv de lieu
La préposition accompagne l’élément emphatisé.
Certains circonstanciels ne peuvent être représentés par un pronom ; c’est le cas
par exemple des compléments circonstanciels de temps ou de manière.
12a- Il est parti à six heures.
b- A six heures, il est parti.

13a- Il aura fini en trois jours.


b- En trois jours, il aura fini.

14a- Il travaille avec beaucoup de soin.


b- Avec beaucoup de soin, il travaille.
On distingue la transformation emphatique du simple déplacement
stylistique qu’on a dans (12b) et (13b).
La transformation emphatique ≠ déplacement stylistique (absence du
pronom de reprise.

Le complément de manière figurant dans la phrase (14a) n’est pas


susceptible d’être déplacé.
c- Les compléments du syntagme nominal

Ils ne sont pas tous susceptibles d’être pronominalisés ; certains peuvent


être remplacés par en.

15- Il a acheté une table de marbre.


16- Cet avion a effectué un vol de nuit.

Les compléments « de marbre » et « de nuit » sont tenus pour l’équivalent


d’un adjectif.
Par contre l’emphase est possible dans les phrases suivantes :

16a- Ce concert, je n’en ai pas entendu la fin.


b- Je n’ai pas entendu la fin de ce concert.

17a- Ton cousin, tu en as appris le mariage.


b- Tu as appris le mariage de ton cousin.
d- Les compléments d’adjectifs
Les compléments d’adjectif introduit par à et de : ils ont pour substitut les morphèmes y et en.

18a- Ton estime, il en est digne.


b- Il est digne de ton estime.
C de l’adj
19 a- Il est enclin à la paresse.
C de l’adj
b- Il y est enclin.

19’a- Ses principes, il y tient.


COI
b- Il tient à ses principes.
COI
2. Le pronom se réfère à un pronom personnel ou à y et en

Dans ce cas, le pronom doit, pour pouvoir être détaché, se présenter


sous une forme tonique dépendante : moi, toi, …. Trois situations se
présentent :
i) Le pronom de la phrase de base est atone et il existe un pronom de
forme tonique correspondant.

20 a- Toi, tu viendras demain.


b- Eux, je vais les inviter.
c- Elle, nous allons la voir.

toi, eux et elle sont des pronoms toniques.


Tu, je, nous sont des pronoms atones.
ii) Le pronom de base est d’emploi atone ou tonique.

21a- Elle, tu vas lui parler.


Emploi tonique / emploi atone
b- Lui, je vais lui écrire
Le pronom de base est une forme tonique : seuls sont détachés les pronoms qui
peuvent être repris par en et y.
22- A toi, mon frère y pense.
23- A lui, mon frère y pense.
24- De nous, mon frère s’en occupe.

Dans les autres formes, il n’y a pas de détachement possible.


25a- Jean est parti sans /avec toi.
b- *Sans / avec toi, Jean y / en partira.
26a- Pierre a confiance en toi.
b- *En toi, Pierre y / en a confiance.
Le pronom de base n’a pas de forme tonique c’est le cas de en et y. On peut
construire une phrase emphatique dans ce cas en utilisant le démonstratif
cela.

27a- Mon frère y pense


b- (à) cela, mon frère y pense.

28a- Pierre s’en occupe.


b- (de) cela, Pierre s’en occupe.

29- a → transformation emphatique → b


Seuls les syntagmes nominaux définis peuvent être détachés par
emphase. Si l’emphase porte sur un élément indéfini, on aura une
phrase incorrecte.

30- Un plombier est venu.


31- *Un plombier, il est venu.
32-* Il est venu, un plombier.
L’emphase peut porter sur une complétive par que ou sur un attribut du
sujet.

33a- Jean sait que Pierre viendra.


b- Jean le sait, que Pierre viendra.

34a- Jean est intéressant.


b- Jean l’est, intéressant.

35a- Jean est de bonne compagnie.


b- Jean l’est, de bonne compagnie.
B- Place de l’élément détaché

Le syntagme nominal à emphatiser peut-être détaché soit au début de la


phrase, soit à la fin. Dans le premier cas, on parle de dislocation gauche, dans
le second cas, il s’agit de la dislocation droite.

36a- Ton idée, je la connais. Dislocation gauche.


b- Je la connais, ton idée. Dislocation droite.

Quand la transformation porte sur un élément précédé d’une préposition,


deux cas se présentent :
i- Le nom détaché accompagne la préposition qui le précède.
ii- Le détachement du groupe formé du nom et de la préposition est
impossible.

La préposition est obligatoire devant l’élément emphatisé lorsqu’il est


détaché à la fin de la phrase. Autrement dit, dans le cas d’une dislocation
droite, le nom emphatisé accompagne obligatoirement la préposition qui le
précède.

37a- Je vais écrire à ton frère.


b- Je vais lui écrire, à ton frère.
c- *Je vais lui écrire, ton frère.
Par contre, si l’élément emphatisé se détache vers la gauche, l’emploi
de la préposition est facultatif.

38a- Mon père y pense.


b- Cela, mon père y pense.
c- A cela, mon père y pense.
d- *Mon père y pense, cela.
C- Emphase et interrogation.
1. Interrogation totale et emphase.
Les mêmes contraintes qui pèsent sur les énoncés déclaratifs concernent également les
phrases interrogatives. Seul les constituants pronominalisables sont susceptibles d’être
emphatisés.

39- Pierre, l’as-tu vu ?


40- Jean, est-ce que tu l’as invité ?

Si l’emphase porte sur le sujet, l’interrogation avec inversion complexe est impossible
puisque le substantif sujet est déjà disloqué.

41- Pierre, est-il arrivé ?


2. Interrogation partielle et emphase
Si l’emphase ne peut pas concerner l’élément sur lequel porte
l’interrogation, elle touche les autres constituants de la phrase.
42a- Ce livre, qui l’a lu ?
b- Qui l’a lu, ce livre?

43a- Paul, qui lui prêtera le livre de syntaxe ?


b- Qui lui prêtera le livre de syntaxe, à Paul ?

Dans le cas de l’interrogation partielle, seul l’élément pronominalisable est


susceptible d’être emphatisé.
D- Emphase et impératif
1. Emphase porte sur le sujet

Si l’emphase porte sur le sujet, on aura des phrases telles que les suivantes :

44a- Pierre, donne une pomme à Jean !


b- Donne une pomme à Jean, Pierre !

45- Toi, viens avec moi !

Le syntagme nominal sujet qui est déplacé est appelé apostrophe


2- L’emphase porte sur un autre constituant
La transformation d’emphase vise dans ce cas :
a- le complément d’objet
46a- ce livre, lis-le !
b- Lis-le, ce livre !
b- le complément prépositionnel
47a- Ton frère, occupe-toi de lui !
b- Occupe-toi de lui, de ton frère !
48a- Jean, écris-lui !
b- écris-lui, à Jean !
3 La phrase passive
1. Définitions

Les définitions du passif diffèrent selon les critères retenus et selon que
le choix porte sur un seul ou sur plusieurs. Les définitions retenues sont
fondées sur le sens, sur la morphologie, sur la syntaxe, sur le sens et la
morphologie, sur la morphologie et la syntaxe.
1.1 Définition fondée sur les critères sémantiques.

Les grammairiens opposent traditionnellement voix active et voix passive : il


y a deux voix:

a- la voix active indique que le sujet fait l'action. (cf. Grevisse : le bon usage).

1- a- L'étudiant travaille.
b- L’élève écoute.
b- La voix passive indique que le sujet subit l'action.

2- L'élève est instruit par le maître.


3.2. 1.2 Définition fondée sur les critères morphologiques.

"Le français n'a pas de forme passive spécifique. C'est l'auxiliaire "être"
accompagnée du participe passé qui en tient lieu" (MANGER 1968,
Grammaire pratique du français aujourd'hui, Paris, Hachette, p: 288). Il est
en effet difficile de s’en tenir à ce seul critère puisque des verbes sans passif
comme partir se conjuguent aussi avec l’auxiliaire être sous sa forme simple
et composé. C’est donc presque toujours une association avec un autre
critère –sémantique ou syntaxique- que celui-ci est invoqué.

3- a- Il est parti.
b- Il a été parti.
3.2. 1.3 Définition fondée sur les critères syntaxiques.

On appelle transformation passive de l'énoncé minimal l'application à ce dernier d'une règle de


transformation passive telle que, le signifié étant invariant, le rôle respectif et l'ordre des deux
syntagmes nominaux soit inversé.

SN1- V- SN2
(3) a- Le soleil jaunit les papiers

SN2 – V - SN1
b- Les papiers sont jaunis par le soleil.

Cf. Dubois, J., 1967, Grammaire structurale du Français, le verbe, Paris, Larousse.
Dans cette définition, on n'a pas tenu compte de la modification du
verbe par l'introduction de l'auxiliaire "être". Envisagé sous cet angle, le
passif n'est plus une propriété du verbe, mais une propriété de la
phrase. Toutes les phrases du type SN2- V- (prép SN1) sont donc
considérées comme ayant subi une transformation passive.

SN1- V- SN2:
(4) Le soleil jaunit le papier.
Les phrases passives correspondantes à (4) peuvent comporter:
(i) Le verbe être + p.p
(5) Le papier est jauni par le soleil.

(ii) Le verbe non modifié.

(6) Le papier jaunit.

(iii) Le verbe à la forme pronominale.

(7) Le papier se jaunit.


De même, selon la définition fondée sur la syntaxe, un verbe intransitif
comme "tomber" entrera dans une phrases ayant la forme: SN2- V-
(prép SN1).

(8) Pierre est tombé (sous le coup de poing).

L'actif correspondant à (8) sera construit avec le verbe "faire".

(9) Le coup de poing a fait tomber Pierre.


3.2. 1.4 Définition fondée sur les critères sémantiques et
morphologiques.

"Le paradigme de la voix passive consiste en formes composées dites


analytiques. Elles se construisent à l'aide des temps du verbe auxiliaire
"être" précédant le participe passé du verbe à conjuguer (…). Les
formes du passif sont employées pour exprimer que le sujet de la
phrase subit une action qui est dirigée sur lui par son auteur" (cf.
Referovskaïa et A.K. Vassilieva, 1973, Essais de grammaire Française, T.
I . Liningrard).
3.2. 1.5 Définition fondée sur la morphologie et la syntaxe.

Lorsqu'une phrase est construite avec un verbe admettant un objet, il


est possible de changer l'ordre des mots de la phrase (à condition de
modifier la forme verbale) sans que l'idée exprimée varie.
(10) Le chien de garde a mordu un enfant.
(11) Un enfant a été mordu par le chien de garde.

L'auxiliaire de la construction (10) est toujours "avoir"; celui de la


construction (11) toujours "être" (cf. Chevalier, J.C. et al, 1964,
Grammaire Larousse du Français contemporain, Paris, Larousse).
Les définitions données plus haut varient selon qu'elles prennent en
considération uniquement la forme du verbe ou la relation sémantique
qui unit le verbe et son sujet, ou la relation entre le verbe conçu
comme une sorte de pivot et des actants représentés par les deux SN
sujet et objet qui l'encadrent.
3.2. 2. Caractéristiques du passif

(12) a- Les enfants ont vu Pierre.


b- Pierre a été vu par Les enfants.

La phrase (12b) présente les caractéristiques morphosyntaxiques


suivantes:
a- SN2 est préposé au verbe et le SN1 lui est postposé.
b- Le syntagme nominal SN1 est introduit par un démarcatif. Celui-ci est
dans la plupart des cas réalisé au moyen des prépositions: par, de, à,
avec ou d'une expression complexe telles que "sous l'effet de", etc.
(13) Le bandit a été arrêté par la police.
(14) Les branches se sont cassées sous l'action du vent.
(15) Cette propriété de famille était aimée de tous les enfants.
(16) Les fruits se gâtent à l'humidité.
(17) Le rocher s'est désagrégé avec le gel.
La phrase passive est dite achevée si le SN1 complément d'agent y est
représenté. Par contre, on parle de passif inachevé si l'agent n'est pas
exprimé.

Passif achevé VS Passif inachevé


Agent exprimé Agent non exprimé
c- L'inversion des positions de syntaxe entraîne celle des fonctions
grammaticales. SN2 devient sujet du verbe. Celui-ci prend les marques
de SN2 et exclut celles de SN1 devenu complément d'agent.

(17) a- La tornade a déraciné les arbres.


b- les arbres ont été déracinés par la tornade.
L'inversion des positions ne change pas le rôle sémantique des
arguments du verbe.

(18) a- L'ouragan a dévasté les chalets.


Agent patient
b- Les chalets ont été dévastés par l'ouragan.
Patient agent
3.2. 3. Conditions d'emploi du passif.
Les conditions d'emploi du passif peuvent être résumées ainsi:
1- Seuls les verbes qui ont un complément d'objet direct peuvent être employés au
passif. Ne peuvent donc se mettre devant le verbe en fonction de sujet les
substantifs qui étaient des compléments prépositionnels.
C'est le cas pour le complément de verbes tels que: penser à quelqu'un ou à
quelque chose, nuire à quelqu'un ou à quelque chose.

(19) Ce retard nuit à l'efficacité de notre action.


(20) Le maladroit nuit souvent à ses prochains.
(21) Jean pense aux conséquences de ses actes.
(22) Jean pense à ses amis.
Font exception les verbes obéir et pardonner qui ont changé de
construction au cours des siècles. Ils conservent de leur ancien emploi
"obéir quelqu'un", "pardonner quelqu'un, la possibilité d'être employé
au passif.

(23) Il est obéit.


(24) Il est pardonné.
2- Le choix entre l'actif et le passif est possible si les deux syntagmes
sont des substantifs ou si SN2 est un pronom personnel.

(25) a- Pierre aime Marie.


b- Marie est aimée de Pierre.

(26) a- Jean t'invite.


b- Tu es invité par Jean.
3- SN1 est un pronom personnel: Ce sont les pronoms de la première et
de la deuxième personne qui empêchent l'emploi du passif.

(27) Cette solution a été trouvée par moi, non par mon frère.
(28) C'est par toi que cette solution a été trouvée.
4- L'un des actants est un infinitif: il est possible d'employer le passif
sauf lorsque le tour impersonnel peut être utilisé.

(29) Lire fatigue les yeux.


(30) Pierre espère partir.
(31) On a décidé d'annuler cette élection.
(32) Il a été décidé d'annuler cette élection.
L'existence d'un substantif déverbal permet l'emploi du passif.

(33) L'annulation de cette élection a été décidée.


5- Le SN2 est une proposition Que P: le passif ne peut être utilisé sauf
dans deux cas:

(i) On utilise, lorsqu'il est possible, le tour impersonnel.


(ii) On utilise, lorsqu'il est possible, un substantif déverbal.

(34) Il a été décidé (par l'assemblé) que Pierre partirait.


(35) a- Cette société propose que soit rachetée l'entreprise.
b- Le rachat de l'entreprise fut proposé par cette société.
6- SN2 est une proposition interrogative: seules les tournures de
substitution avec substantif + relative permettent d'employer le passif.

(36) a- Le patron a observé comment travaillait Paul.


b- la façon dont travaillait Paul a été observée par le patron.
7- Certains compléments circonstanciels bloquent l'emploi du passif. Ce
complément peut être un nom, un gérondif ou un infinitif.

(37) a- Marie a agacé Paul par ses remarques.


b- *Paul a été agacé par Marie par des remarques.

(38) a- En faisant des critiques, Marie a contrarié Paul.


b-*Paul a été contrarié par Marie en faisant des critiques.
(39) a- Le directeur a pris cette décision après avoir consulté les délégués.
b- Cette décision a été prise par le directeur après avoir consulté les
délégués.
8- L'emploi du passif suppose la présence du déterminant avec SN2.
Ainsi, il est impossible d'avoir un passif avec les locutions verbales: faire
peur, avoir faim, etc. Il existe, cependant, quelques exceptions:

(40) Rendez-vous fut pris pour le lendemain.


(41) Satisfaction (ordre, conseil, confirmation) lui a été donnée.
(42) Hommage lui fut rendu.
Les formes du passif.
1 Passif avec être + participe passé.

SN1 + V+ SN2 ® SN2 + être + pp + d + SN1.

(43) a- Le vent a arraché les volets.


SN1 + V + SN2.

b- Les volets ont été arrachés par le vent.


SN2 + V + SN1.
2 Le passif des verbes symétriques.

On appelle verbes symétriques les verbes susceptibles de figurer avec le même système de
marques morphologiques aussi bien dans la phrase active que dans la phrase passive
correspondante. A la structure active du type SN1 + V + SN2 correspond une structure
passive du type SN2 + V + SN1. Le démarcatif se réalise au moyen de : à, au contact de,
sous l'effet de, etc.

(44) a- Le soleil jaunit les papiers.


SN1 + V + SN2.

b- Les papiers jaunissent au soleil.


SN2+ V +SN1.
3 Le passif pronominal.

La forme pronominale des verbes transitifs qui s'emploient sous la forme


pronominale et sous la forme non pronominale entre dans deux types de
constructions:

le complément d'objet du verbe est la source du pronom "se".

SN1 + V + SN2 ® SN1 + se (SN1) + V.

(45)- Jean1 regarde Jean1 ® Jean se regarde.


Le complément d'objet du verbe non pronominal peut devenir le sujet du
pronominal.

SN1+ V + SN2 ® SN2 + V + SN1.

(46) a- On lit ce livre rapidement.


b- Ce livre se lit rapidement.
c- ce livre est rapidement lu.

(47) a- On disperse la foule.


b- La foule se disperse.
5 Le passif impersonnel

Une très grande partie des verbes français peuvent figurer en construction passive impersonnelle. La
transformation impersonnelle passive opère sur le passif avec être + pp ou sur le pronominal passif.

(58) a- Jean a apprécié que Pierre parte.


b- Il a été apprécié par Jean que Pierre parte.

(59) a- Jean a dit à Pierre que Marie viendrait.


b- Il a été dit à Pierre par Jean que Marie viendrait.

(60) a- On a mangé beaucoup de poulets ici.


b- Il se mange beaucoup de poulets ici.

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