Ce cours a pour objectif d’étudier le recueil de poésie Les Fleurs du mal
de Charles Baudelaire. Il s’agit de composer une réflexion qui prendra en compte les structures thématiques et prosaïques des poèmes. Elle confrontera esthétique et éthique pour, en premier lieu, déterminer la nature de l’engagement du poète et, en second lieu, cerner la part de modernité qui distingue l’œuvre. Le déchirement baudelairien est bien connu pour les critiques. Il composera un volet de l’étude. Le paysage urbain, le rapport à la femme, au temps et à l’espace, constitueront des axes pour l’étude d’une poésie où souvent la poièsis (l’imagination) est en confrontation avec la mimésis.
1. Les structures thématiques et prosaïques
Les Fleurs du mal est un recueil de poèmes publié pour la première fois en 1857. Le livre est composé de l’ensemble de la production du poète en vers, de 1840 à 1867 (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Fleurs_du_mal). Le voyage dans des terres inconnues et lointaines, la corruption de la nature, la malédiction du génie ou la force de la révolte sont à considérer comme des thèmes nouveaux, renforçant le côté moderne de la poésie baudelairienne. De même, la subversion du beau, attaché à des objets réputés pour leur laideur, demeure le point fort de cette poésie. La sublimation, la subversion et la révocation composent à mon sens les trois actions essentielles d’une conscience qui tente le changement. En lisant Baudelaire, le lecteur couve l’impression d’un récit qui présente un début et une fin. La valorisation de la prose passe par cette inclination à créer des histoires, à ouvrir l’imagination sur des horizons qui s’étendent au-delà des impératifs des scansions rythmiques. Ce choix survient à une position critique dont l’essentiel est une libération des formes canoniques et classiques de la poésie romantique. La poésie est, de ce fait, un vecteur d’actions. Elle réintègre ce qui paraît essentiel au poète, l’action déterminante du changement. L’esprit créatif redéfinit de cette manière la nature purement esthétique du texte poétique. La position critique et esthétique fait que les poèmes baudelairiens abordent des thèmes inédits, qui se déploient pour toucher à l’essence des objets, pour extraire l’origine, à partir des surfaces lisses et trompeuses de la beauté extérieure. Mais Baudelaire se soucie bien de dresser une image poétique de l’idéal. Il organise ses poèmes dans la forme de sonnets. Le retour en arrière, dans des anachronismes édifiants, est une tentative de délivrer le présent des peines du passé. Ces revirements sont l’empreinte d’une tradition poétique tenace, qui survit malgré les efforts de modernisation. Baudelaire, enfant rebelle de l’école romantique, conserve ces mêmes traces pour les impliquer dans un rythme et une ambiance qui demeurent d’une grande actualité. Année universitaire : 2019-2020 Université Moulay Ismail FLSH- Département langue et littérature françaises Filière : Études françaises Poésie (XIXe siècle), groupes 3 & 4
Dans la deuxième partie de cette introduction, j’aborderai l’éthique et
l’esthétique dans Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire.