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Le français québécois

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Salut Gen !

Salut ! Comment ça va ?

Ça va, ça va et toi ?

Ça va bien, merci.

Alors, merci d'avoir accepté mon invitation.

Mais avec grand plaisir.

[00:00:10]
Ça me fait très plaisir de t'avoir sur la chaîne pour pouvoir parler un peu des différences
entre le français de métropole et le français québécois. Donc toi, t'es un peu l'experte
sur YouTube sur cette question. Est-ce que tu peux te présenter pour les personnes qui
ne te connaissent pas encore ?

[00:00:30]
Oui, certainement. Je m'appelle Geneviève Breton. Ma chaîne s'appelle « Ma prof de
français. » Et puis moi, je me spécialise sur l'enseignement de la langue française mais
du point de vue québécois, donc, le québécois informel, comment on parle dans la vie
de tous les jours, comment on parle normalement. J'ai enseigné en francisation à
l'université, donc pour les étudiants étrangers qui doivent apprendre le français. Et on
me disait souvent : « je comprends très bien dans la classe, je comprends les profs
quand vous me parlez, mais quand j'arrive dans la vraie vie, c'est une autre histoire. J'ai
de la difficulté à communiquer.»

[00:01:05]
Donc, en cherchant des ressources pour aider mes élèves, je me suis rendu compte
qu'il y avait pas grand-chose qui était fait sur le français québécois, ou ce qui était fait,

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c'était très anecdotique. Beaucoup, j'explique, je sais pas, une expression ou une
prononciation sans trop de contexte ou sans trop expliquer d'où ça vient. Donc, quand
la pandémie est arrivée, j'ai décidé de lancer la chaîne pour pallier ce manque de
ressources sur le français québécois informel.

[00:01:34]
Pour commencer, j'aimerais qu'on... parce que nous, en France, on a beaucoup de
stéréotypes, d'idées préconçues sur le français québécois et au final, on le connait assez
mal. Donc, on va essayer resituer un peu les choses dans leur contexte. Alors, est-ce
que le Québec est la seule province au Canada dans laquelle on parle le français?

[00:01:57]
Ce n'est pas la seule province où on parle français. C'est la seule province qui a le
français comme unique langue officielle. Donc, il y a beaucoup de francophones au
Nouveau-Brunswick, dans les Maritimes, en Acadie. Le Nouveau-Brunswick est la seule
province canadienne qui a le français et l'anglais comme deux langues officielles. Mais
sinon, on retrouve des francophones en Ontario, au Manitoba et jusque sur la côte
ouest aussi et dans le nord. Les territoires en haut ont souvent le français, l'anglais et
des langues autochtones aussi comme langues officielles. Mais le Québec, c'est la seule
province qui a le français comme unique langue officielle

[00:02:36]
Et est-ce qu'il y a des différences ? Est-ce qu'il y a des accents régionaux, justement,
entre le français québécois et le français parlé dans ces provinces ?

Oui, il y a deux grands groupes : les Acadiens, dont je viens de vous parler, qui sont un
autre groupe de français de colons français. En fait, ces colons là venaient plus de la
région du Poitou, en grande majorité. Donc eux, ils se sont installés dans les Maritimes,
donc Nouveau-Brunswick,Nouvelle-Écosse, un peu sur l'Île du Prince Édouard aussi. Il y
a des Acadiens qui vont aussi jusque dans la péninsule gaspésienne, au Québec. Donc
eux, c'est un groupe linguistique qui ont certaines particularités de leur langue. Sinon, il
y a les Québécois. Donc c'est sûr qu'on est les francophones majoritaires au Canada. Et
puis, ce sont des gens de la Nouvelle-France, donc du Québec, du territoire du Québec,
qui sont allés s'installer plus vers l'Ouest. Donc, oui, il y a des différences. Je pense que
les francophones minoritaires au Canada ont plus d'influence de l'anglais dans leur
langue et dans la prononciation. Mais sinon, c'est pas mal le même vocabulaire qu'au
Québec.

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[00:03:41]
Ok. Et t'as parlé justement des différences entre le français québécois formel et
informel. Et dis-moi si je me trompe, mais moi, j'ai l'impression que le français
québécois formel, il est plus proche du français de métropole, du français formel, en
tout cas de métropole, que le français québécois informel. Est-ce que c’est mon
impression est vraie ou ..?

Tu as tout à fait raison. Plus on monte dans les registres de langue soutenu, soigné,
moins les différences régionales sont perceptibles. Je pense que ça doit être vrai avec
d'autres langues aussi. Si on regarde l'espagnol, par exemple l'espagnol formel
d'Espagne et formel du Mexique, ça doit être beaucoup plus proche que si les deux
parlent en langue populaire, en langue informelle. Donc, c'est sûr que c'est la
prononciation. En langue formelle, la grammaire est exactement pareille en France et
au Québec. Le vocabulaire va différencier un peu, peut-être plus pour les réalités
culturelles, donc une façon de nommer les différents hôpitaux ou le système
d'éducation, bien sûr, ça va être différent. Mais sinon, la langue, le vocabulaire est
semblable. C'est vraiment la prononciation où est-ce qu'on reste avec des différences
plus marquées.

Ouais et puis toutes les références au hockey, aussi.

Au hockey !

Il faut pas prononcer le « h »au hockey

[00:05:10]
Ok, ok. Justement, donc maintenant, j'aimerais qu'on s'intéresse un peu aux différences
de prononciation. Toi, tu parles un français québécois. Mais est-ce qu'il existe un seul
français québécois ou ou est-ce que là aussi, il y a des différences de prononciation
selon l'endroit où on se trouve ?

Il y a des différences, bien entendu, selon les régions du Québec. Dans ma chaîne, moi
je parle, comme tu dis, souvent du français québécois. Je fais une espèce de
généralisation. Je m'attarde beaucoup aux traits qui sont communs à toutes les régions.
Mais plus une région est éloignée de Montréal ou des grands centres de Montréal, de
Québec... Mais déjà, entre Montréal et Québec, on note certaines différences d'accent.
Puis là, dans les régions un peu plus éloignées (Saguenay, Lac-Saint-Jean), ils ont un
accent bien reconnaissable, en Gaspésie... Donc, c'est ça, chaque région a ses
particularités au niveau du vocabulaire, beaucoup. Puis certaines régions ont des traits
de prononciation plus marqués.

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[00:06:08]
Ok ok. Donc on va essayer de comparer un peu ton accent et le mien. Donc voilà, moi je
peux pas prétendre représenter tout le français de métropole puisque moi aussi j'ai un
accent, l'accent de région centre (je ne sais pas s'il s'appelle comme ça, mais voilà).
Donc, je crois qu'une première différence, c'est au niveau de la prononciation des « a ».
Donc ce que je te propose, c'est que moi, je vais lire certaines phrases. Et puis toi, tu vas
les répéter comme ça, on va essayer d'écouter les différences. Ok ?

Allons-y !

C'est pour ça.

Hmm, ok.

La base.

Le climat.

Le regard.

Arrête !

[00:07:02]
Hmm hmm, ok. Donc là, c'est intéressant aussi sur « arrête » parce qu'il y a une
différence au niveau de la prononciation de l'accent circonflexe, du « ê ».

Tout à fait. On parlait tout à l'heure des distinctions Montréal-Québec. Ça, c'est un mot,
il y a comme une frontière quelque part entre Montréal et Québec. Je ne me rappelle
pas laquelle qui est lequel. Je pense qu'à Québec, c'est « arrête », on prononce comme
toi, « arrête ». Et à Montréal, c'est « arrête », « arrête » avec un « ê » plus long. Au
Québec, on a gardé la distinction... ben là, on parlait des « a » tout à l'heure. Donc il y a
deux types de « a » : le « a » de pattes et le « a » de « pâtes », qui est plus long, qui est
plus à l'arrière de la bouche. On a gardé deux « è » : le « è » de « mettre » et le « aî » de «
maître » ou de « arrête » que on entend le circonflexe.

[00:07:51]
Ouais, justement, ça, ça vous permet de distinguer des mots qui sont des homonymes
en français, par exemple, le verbe « mettre »et le nom « maître », « un maître.» En
français, c'est la même prononciation, alors que vous, le verbe, c'est :

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« Mettre. »

Et le nom :

« Maître.»

Donc, c'est assez pratique d'avoir cette... de prononcer cet accent circonflexe.

Tout à fait. Et d'ailleurs, quand ils ont décidé de réformer l'orthographe dans les années
90, qu'ils ont fait disparaître, « disparaître » ce circonflexe-là sur le « î », je trouvais ça
dommage parce qu'au Québec, on l'entend : donc « prochaine », « une prochaine »,mais
« une chaîne »,« ma chaîne YouTube.» Donc moi, je l'entends, le circonflexe, mais bon,
on n'est plus obligé de l'écrire.

[00:08:47]
Ok, ok. Ensuite, il y a des différences au niveau des voyelles nasales, aussi. Alors là aussi,
je te propose de faire le même exercice.

Allons-y.

Le pain.

Le train.

Un enfant.

Celui-là, on va le répéter parce que justement, il y en a deux. Il y a le « en » de... le


premier « enfant ». Un enfant.

Un enfant.

Moi j'ai deux « en » différents.

Ouais. Alors que nous, en métropole, c'est exactement le même en : en et an.

Un parent.

L'adjectif « brun ».

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Brun.

Et le dernier : une princesse.

Une princesse.

[00:09:40]
Donc nous, la prononciation de nos voyelles nasales, c'est un peu plus derrière, à
l'arrière de la bouche, et vous, c'est plus sur le bord des lèvres. Je pense qu'en général,
effectivement,les voyelles nasales françaises sont plus postérieures et sont plus
ouvertes : enfant, un enfant, un enfant. Notre « in » est plus fermé que le vôtre. Donc,
quand tu dis « princesse », moi c'est « princesse », ma bouche est moins ouverte.

Et effectivement, c'est un peu plus à l'avant de la bouche, plus vers le nez.

C'est vrai.

D'ailleurs ce trait-là, de trait nasal, quand un Européen veut imiter un Québécois, c'est
souvent une des premières choses que vous remarquez, qui vous saute aux oreilles et
que vous allez tenter d'exagérer. Donc, ça devient vite très caricatural si on ne maîtrise
pas bien ce trait-là.

[00:10:33]
C'est vrai, c'est vrai. Justement, qu'est-ce que vous pensez... parce que les Français,
souvent, ont, comme sur beaucoup de sujets, un avis très tranché sur l'accent
québécois. Alors, il y en a qui trouvent ça mignon, cute, adorable, etc. Et d'autres, au
contraire, qui trouvent cet accent horrible. Qu'est-ce que vous pensez au Québec,
justement... Parce qu'il y a beaucoup de Français qui déménagent, notamment à
Montréal... Qu'est-ce que vous pensez quand les Français ont ce genre d'avis sur votre
façon de parler français ?

[00:11:06]
Ben, je ne peux pas me prononcer pour tous les Québécois. Mais personnellement,
quand j'entends des adjectifs comme « pittoresque » ou des choses comme ça, bon,
c'est à la limite un peu condescendant parfois. Mais je pense que c'est juste une
question d'exposition, encore une fois. Tu sais, la première fois, moi, que j'ai entendu
un accent de la Provence, j'ai trouvé ça dont joli et dont chantant. Tu sais, c'est
tellement cliché. Alors probablement que quelqu'un de Marseille qui m'entendrait dire
ça, il ferait comme : «revenez-en, là, c'est comme ça qu'on parle, pis c'est pas plus
pittoresque qu'un autre accent.» Donc, je pense que c'est normal d'avoir une réaction

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au début, la première fois qu'on est exposé à quelque chose. Mais il faut juste rester
conscient que... On peut garder nos commentaires pour nous, des fois.

[00:11:57]
C'est vrai, c'est vrai. Et pour finir, sur cette question de prononciation, il y a aussi la
façon, justement, de prononcer les pronoms personnels, notamment la troisième
personne du singulier. Donc, « il » « elle », en tout cas dans le français québécois
informel, vous, comment vous le prononcez ?

Donc, les « l » ont tendance à disparaître. Le « l », c'est une consonne liquide, puis dans
mes formations, c'est quelque chose que j'explique là pour que les gens arrivent à
systématiser un peu ces prononciations-là. Il y a des raisons pourquoi que le « l »
disparaît. Puis c'est pas vrai juste au Québec. C'est vrai en France aussi, je pense, dans
le français informel. Donc « il vient » par exemple, «i vient », le « l » disparait simplement
: « i vient». Et pour le « elle » aussi. Donc mes deux « l » vont avoir tendance à
disparaître. Vous, en France, vous dites « e vient », si je ne m'abuse.

Hmm hmm, ouais, ouais.

« E vient », « e peut », j'entends souvent ça en français européen.

C'est vrai.

[00:12:57]
Nous, notre « e » est devenu un peu plus ouvert, donc « a vient ». Ça va être un simple «
a ». « A vient », « a peut.» Et là, si mon verbe commence par une voyelle, je garde le « l »
pour faire la liaison, donc « al arrive », « al habite à Montréal ».

Ok. Nous, on fait ça aussi avec « il ». Donc c'est vrai que le « il » devient « i » dans le
français informel. Par exemple, « i peut pas » au lieu de « il ne peut pas.» Par contre,
quand le verbe commence par une voyelle,là on garde le « l », alors que vous, non. Donc
toi, tu as dit « i arrive », c'est ça ? Nous, on dirait pas ça. On dit « il arrive » même dans la
langue informelle.

[00:13:38]
Maintenant, on va parler peut-être de la grammaire informelle. Alors au niveau de la
grammaire, ce que j'ai remarqué, c'est que vous avez tendance à utiliser « tu » un peu
dans tous les sens. Alors, est-ce que tu peux m'expliquer ça ? À quoi ça correspond ce «
tu », notamment dans les questions ?

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Oui, tout à fait. Alors, notre fameux « tu » interrogatif, c'est quelque chose qui frappe
beaucoup les francophones. D'ailleurs, quand ils arrivent au Québec, ils ont tendance à
se demander pourquoi on double le pronom : « Tu veux-tu manger ?» Et que des fois,
ils pensent qu'on se mélange avec le vouvoiement. « Vous voulez-tu manger ?» En fait,
ce qu'il y a à savoir, c'est que ce n'est pas un pronom personnel. Ce n'est pas le « tu » de
« toi », du pronom qui représente la deuxième personne. C'est vraiment une particule
interrogative. Et ça vient du « ti ».

[00:14:30]
Donc en français, plus régional, plus archaïque aussi, j'oserais dire, on peut rajouter un
« ti » après le verbe pour en faire une question fermée. C'est l'équivalent de « est-ce
que.» Donc, « est-ce que tu manges ?» = « tu manges-ti ?», et ça me fait une question
fermée. Et au Québec, les gens savaient pas vraiment d'où ça venait, cette particule-là.
Ils ont pensé que c'était le « tu » pronom personnel. Par hyper correction, ils ont
transformé le « ti » en « tu.» Et c'est ce qui nous donne les fameuses questions en « tu.»

Mais c'est tellement économique et pratique comme formulation. Je peux l'utiliser à


n'importe quel sujet, n'importe quelle personne grammaticale, n'importe quel verbe,
n'importe quel temps de verbe. Donc, « On y va-tu ? », « Vous voulez-tu manger ? »,
« On va-tu ? », « Elle peut-tu ? », « Elle pouvait-tu ? » donc...

« Il mouille-tu ? »

« Il mouille-tu ? »,même pour les impersonnels.

C'est vraiment pratique et très économique.

Ok, c'est vrai, c'est plus pratique que « est-ce que », notamment.

C'est plus court.

[00:15:37]
Maintenant, on va s'intéresser un peu au vocabulaire. Il y a des incontournables, des
choses dont on est obligé de parler. Alors moi, je vais les dire en français de métropole
et puis toi, tu vas donner la version en français québécois, ça marche ?

Parfait, c'est vendu.

Une voiture.

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Un char.

Ok.

[00:15:57]
Et il me semble que maintenant,il y a différents... Selon les contextes, vous ne dites pas
toujours « un char », c'est ça ? Ou selon les registres de langue ?

Tout à fait. Alors là, moi, comme on a dit tantôt, plus on descend dans les variantes
populaires, plus c'est différent, éloigné. Donc je vais vraiment avec le français populaire.
Fait que ça serait « un char ». Informel, une auto, une automobile. Est ce que... ça doit
s'utiliser en France aussi, une auto ?

On l'utilise très rarement, mais on a le mot ouais.

Ok. Puis standard neutre : une voiture.

Un vélo.

[00:16:33]
Quand j'étais petite...Maintenant, on l'entend beaucoup le vélo ici, c'est très tendance
d'aller travailler en vélo. Quand j'étais petite, on parlait d'un bicyc'. Un bicyc', c'est la
contraction d'une bicyclette. Mais... C'est ça. Je pense que dans les dernières années,
avec toute la mode de faire attention à être plus plus actif et éviter les moyens de
transport polluants, ben aller travailler en vélo... les gens parlent de plus en plus du vélo
et on a adopté le même mot que vous.

Ok.Donc ça, c'était pour les modes de transport. Et « des chaussures.»

Des souliers.

Le terme générique ici, c'est « des souliers.»

Ok.

[00:17:15]
Donc, c'est intéressant parce que nous, c'est des mots qui semblent très démodés
maintenant,mais qu'on utilisait encore au début du XXe siècle, je dirais dans la première
moitié du XXe siècle. Donc forcément, on les comprend, on les connaît, mais en
métropole, ils sont plus utilisés maintenant. Mais c'est drôle. Je pense que... Je ne me

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souviens pas si c'est la Belgique ou la Suisse, mais il y a un de ces deux pays-là qui a
aussi le... Le générique, c'est aussi « souliers ». Donc il y a certains traits que c'est vous
qui avez changés, en fait, puis le reste de la Francophonie a gardé d'autres mots plus...
qui sont maintenant archaïques pour vous.

C'est vrai. Ouais et là en plus, on approche de Noël et il y a la fameuse chanson « Petit


papa Noël.» Dans cette chanson, on utilise le mot « souliers », toujours. « Dans nos
petits souliers.» Donc, voilà, tout le monde connaît encore le mot.

[00:18:11]
Qu'est-ce qu'on a d'autre ? Ah oui, pour... si je veux parler de ma petite copine ou ma
copine, vous, vous avez une autre expression pour ça ?

Oui, donc, la petite amie, c'est « une blonde ». Et ça n'a rien à voir avec la couleur des
cheveux. Donc mon chum peut parler de moi comme étant sa blonde, même si j'ai les
cheveux bruns.

Et donc, lui, tu as dit que c'est ton chum.

Mon chum, bah oui, c'est vrai, j'ai vendu le punch. Fait que un petit ami, c'est « un chum.
» C'est un...ça vient de l'anglais, bien sûr, chum. Mais c'est drôle parce que mes amis
américains n'utilisent pas vraiment ce mot-là. Pour eux, ça sonne aussi archaïque. Donc
j'ai appris plus tard que c'était de l'anglais britannique archaïque. Donc c'est drôle de
voir que nous... certains anglicismes ont été empruntés du temps vraiment plus de la
conquête anglaise. Donc c'est très drôle.

[00:19:00]
C'est vrai. Ça sonne bien, « mon chum ». Mais ça peut avoir différents sens aussi, non ?

Oui, il faut faire attention. Donc, « chum », le vrai sens en anglais, c'est «un camarade »,
« un ami.»Donc on peut parler de « mon chum », « mon chum de gars ». Si je précise «
de gars » ou « ma chum de fille » parce que le mot peut être employé au féminin aussi.
Donc, mon chum de gars, ma chum de fille, là, c'est sûr que c'est un ami. Au pluriel
aussi : « je vais aller prendre une bière avec mes chums », mes amis. Je pense que vous
diriez « mes potes » dans cette situation-là ?

Tout à fait.

Mais quand je dis « mon chum », habituellement, c'est mon petit ami, mon copain.

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[00:19:35]
Ok. Ensuite... Ah oui, tout à l'heure, j'ai utilisé l'expression « il mouille.» Qu'est-ce que ça
veut dire « il mouille » ? Tu peux l'expliquer ?

« Il mouille » ça veut dire qu'il pleut.

Ouais, donc le verbe « mouiller.» On a aussi le verbe « mouiller »en France, je pense
que c'est le même sens. Vous avez aussi, pour ce sens-là,
mouiller quelque chose ?

Oui, oui, bien sûr. « Je suis tombée puis,je suis toute mouillée. » Ou « j'ai mouillé mon
pantalon.»

[00:20:01]
Ok, ok. Et ah oui, est-ce que tu pourrais nous expliquer ce que veut dire le verbe « jaser
»?

Jaser, c'est un beau mot informel pour dire, discuter, bavarder, bavarder, vous le dites
aussi ?

Hmm hmm.

Donc voilà, on a le verbe « jaser.» Puis on a l'expression « piquer une jasette »

Ouais, j'adore cette expression !

« Piquer une jasette », c'est faire un brin de conversation avec quelqu'un.

[00:20:30]
Et à l'inverse, maintenant, j'aimerais qu'on parle un peu des faux amis. On a certains
mots qui sont utilisés en France et qui ont un sens différent au Québec. Par exemple, au
niveau des repas. Donc chez nous, le premier repas de la journée, c'est le petit déjeuner
et chez vous, c'est ?

Le déjeuner.

Le déjeuner.Donc chez nous, le déjeuner, c'est le deuxième repas de la journée, celui


qu'on a vers midi. Donc chez vous ensuite, le deuxième, c'est ?

Le dîner.

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Le dîner,c'est à midi ici. Et le soir, on soupe, le souper.

Ok. Donc, en fait, on a un repas d'avance sur vous ! Et nous, par contre, on n'a pas le
souper, donc le soir, on a le dîner. Parfois, c'est vrai que certaines personnes utilisent
« le souper », mais bon, c'est aussi un peu démodé maintenant. Donc nous, c'est le petit
déjeuner, déjeuner, dîner et vous ?

[00:21:24]
Déjeuner, dîner, souper. C'est intéressant de savoir que en Belgique et en Suisse aussi,
ils ont gardé les mêmes repas qu'ici au Canada. Puis on en fait, encore une fois, c'est
vous, les Français, qui avez changé vos habitudes. Les gens se sont mis à se lever plus
tard, donc ça a pris un repas avant le déjeuner. Donc, vous avez inventé le petit
déjeuner. Mais pour les autres pays francophones, ben on a gardé les repas originaux.

C'est vrai. Nous, malgré l'Académie française qui fait tout son possible pour que la
langue n'évolue pas, on fait évoluer la langue et on la fait changer très, très rapidement.

C'est vrai.

[00:22:04]
Qu'est-ce qu'on a d'autre ? Ah,« bienvenue » chez vous, ça a un autre sens, il me semble
?

Oui, « bienvenue », on peut utiliser ça comme réponse à « merci.» C'est un anglicisme,


c'est critiqué. Donc nous aussi, on a l'équivalent de l'Académie française, c'est l'Office
québécois de la langue française qui veut un peu encadrer l'usage de la langue, qui fait
des recommandations, mais qui, bien sûr, n'a pas de contrôle sur ce que les locuteurs
disent et utilisent. Donc, malgré que l'OQLF nous dit « il ne faut pas dire "bienvenue"
parce que c'est un anglicisme !» Vous allez l'entendre probablement. Donc « Merci !»
« Bienvenue !» La traduction de « welcome ».

Ok. Et est-ce que vous dites « de rien » aussi ?

On dit très bien « de rien ».

D'accord, ok.

Il n'y a pas de quoi. On a toutes les mêmes que vous, mais on a un « bienvenue » en
plus.

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[00:22:53]
Ok, ok. Ah, le dépanneur. Alors en France, un dépanneur, c'est quelqu'un qui va
dépanner, notamment pour les voitures. Donc il va....si votre voiture tombe en panne,
un dépanneur va venir chercher votre voiture pour l'emmener au garage. Et chez vous,
par contre, ça a un autre sens le dépanneur.

Oui, la dépanneur, ici, c'est le petit magasin de quartier où est-ce que je peux aller
acheter du lait ou des choses qui me manquent si l'épicerie est fermée, le dépanneur.

Ok, donc, vous l'utilisez plus souvent que nous, je pense.

Oh oui, oui. C'est un mot très, très courant.

Mais nous, pour le camion de dépannage, on va dire « la dépanneuse » ou en bon


québécois,« le towing », « le towing est venu cherché mon char. »

On a « la dépanneuse » aussi pour le camion, mais la personne qui fait ça, c'est... en
général, c'est plutôt un homme, donc c'est « le dépanneur ».

Ah ok.

Il me semble.

[00:23:51]
Et le dernier faux ami que j'avais noté, c'est « une liqueur ». Donc une liqueur, en
France, c'est toujours quelque chose d'alcoolisé qu'on boit en général à la fin du repas,
après le dessert. Et chez vous, ça a un autre sens,une liqueur ?

Ça peut avoir un autre sens. Quand on va à la SAQ qui est l'entreprise d'État pour
vendre de l'alcool, les vins, les spiritueux, donc, il y a une section liqueurs, puis là, on
trouve de l'Amarula et... bon, peu importe, tous les liquoreux qui sont là. Mais de la
liqueur, c'est notre mot informel aussi pour de la boisson gazeuse, donc Coke et un
Sprite, c'est de la liqueur.

Ok. Ce que nous, on appelle des sodas.

Ouais, donc, faites pas le saut si vous entendez un petit Québécois qui demande de la
liqueur à ses parents !

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C'est pas un jeune alcoolique, mais il veut juste un Coca. Ok, ok. Il est juste accro au
sucre.

Exactement.

[00:24:43]
Ok, bon, je pense qu'on a fait un bon tour d'horizon.

On a abordé un peu les principales différences.On pourrait en parler encore pendant


des heures, mais voilà, peut-être qu'on invitera une autre fois sur la chaîne. Et pour mes
abonnés qui veulent en savoir plus sur le français québécois, où ils peuvent te trouver ?

La meilleure façon, c'est sur YouTube : « Ma prof de français.» C'est vraiment là que je
suis le plus active. J'ai aussi une page Facebook et Instagram où je publie un peu moins
régulièrement.

[00:25:10]
Ok, très bien. Super, merci. Bon, bien sûr, je mettrai tous les liens dans la description de
la vidéo. Et voilà, on se rappelle bientôt pour faire l'épisode 2 ?

Super ! Merci beaucoup de l'invitation, ça a vraiment été un plaisir de discuter avec toi.

Merci, à bientôt !

Bye bye !

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