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Chapter 0

Ensembles et Correspondances entre


Ensembles

La théorie des probabilités repose implicitement sur les notions d’ensemble 1 et de


correspondances entre ensembles. D’où la nécessité de commencer, comme pré-requis, par
reviser les définitions et propriétés basiques de ces concepts que nous resumons dans ce
chapitre, laissé à la lecture personnelle de l’étudiant.

0.1 Notion Intuitive d’Ensemble et d’Elément


Les ensembles nous entourent partout dans notre environnement. Une salle de classe
est un ensemble, un téléphone portable est un assemblage (donc un ensemble) de pièces,
etc. Dans cette section, nous donnons la définition naı̈ve d’ensemble et d’élément. La
définition plus formelle et axiomatique de cette notion est étudiée dans un cours avancé
de ”Théorie des Ensembles” en Licence de Mathématiques.

Définition 0.1.1. (Ensemble et élément). Un ensemble est une ”collection” d’objets


bien définis appelés ”éléments” de cet ensemble. Ces éléments sont définis à l’aide d’une
propriété qui les charactérise et qui est appelée ”proprieté caractéristique”.
Un ensemble est généralement noté par une lettre majuscule de l’alphabet latin A, B,
E, Ω, etc, et ses éléments en lettres miniscules.
Si E est un ensemble. Soit ”x” un objet quelconque. Si x est un élément de E, on
note x ∈ E. Sinon, on note x ∈
/ E.

Exemple 0.1.2. 1) L’ensemble N des entiers naturels, N = {0, 1, 2, 3, ...}.


1
Georg Cantor (1845-1918) Mathématicien Allemand, est le Fondateur de la Théorie des Ensembles,
qui est étudiée à un niveau avancé comme une U.E. d’Algèbre en L3 de Mathématiques.

1
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2) Il y a aussi l’ensemble vide, noté ∅ ou { }; i.e., le seul ensemble n’ayant aucun


élément!

Définition 0.1.3. (Ecriture d’un ensemble). Comme déjà illustré dans l’exemple
précd́ent, un ensemble est décrit entre accolades. Mais cette description se fait:
i) Soit en ”extension” i.e., en énumérant sans répétition tous ses éléments séparés de
virgules ou de point-virgules.
ii) Soit en ”compréhension” i.e., en utilisant une propriété (commune) charactérisant
ses éléments.

Exemple 0.1.4. L’ensemble P des entiers naturels pairs est décrit:


- En extension par P = {0, 2, 4, 6, 8....},
- Et en compréhension par P = {n ∈ N | n est pair}.

Définition 0.1.5. (Représentation graphique d’un ensemble). Un ensemble peut être


représenté graphiquement à l’aide d’un schéma appelé ”diagramme de Venn”2 .

Exemple 0.1.6. Par exemple, le diagramme de Venn de l’ensemble E = {a, b, c} est:


E

a b
c

Ensuite,

Définition 0.1.7. (Ensemble fini et infini). i) Dénombrer un ensemble E c’est compter


ses éléments et en déterminer éventuellement le nombre. Ce nombre est appélé Cardinal
de E et est noté Card(E), |E| ou #E.
ii) On dit qu’un ensemble E est fini si son cardinal est fini i.e., si #E ∈ N. Et on dit
que E est infini si son cardinal n’est pas fini, on note Card(E) = +∞.

Exemple 0.1.8. 1) L’ensemble vide ∅ est fini car Card(∅) = 0 élément!


2) L’ensemble des faces d’une pièce de monnaie Ω = {F ace, P ile} (en extension) est
fini. Car on a clairement #Ω = 2 et 2 ∈ N.
3) Il est prouvé en Arithmétique (Cf. cours d’Algèbre) que l’ensemble P des entiers
naturels pairs est infini: Card(P ) = +∞ ∈
/ N.

Définition 0.1.9. (Ensemble dénombrable). i) On dit qu’un ensemble est dénombrable


s’il est infini et si l’on peut numéroter ses éléments sans répétition à l’aide d’un nombre
infini d’entiers naturels.
ii) Et on dit qu’un ensemble est au plus dénombrable s’il est dénombrable ou fini.
2
Inventé par John Venn, un Mathématicien Britanique du 19e siècle.

2
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Remarque 0.1.10. Dans certains manuels de la litérature, on dit aussi par abus qu’un
ensemble fini est dénombrable.

Exemple 0.1.11. 1) L’ensemble Z des entiers relatifs est dénombrable.


2) Idem pour l’ensemble Q des nombres rationnels.
3) N lui-même aussi est dénombrable par définition!

Exercice 0.1.12. Si Ω est l’ensemble des numéros des faces d’un dé à six faces,
déterminer Ω en extention et donner Card(Ω).

Définition 0.1.13. (Sous-ensemble). Soit E un ensemble. On dit qu’un ensemble A


est un sous-ensemble (ou une partie) de E si tout élément de A est un élément de E.
Lorsque tel est le cas, on note A ⊆ E (notation Francophone) ou A ⊂ E (notation Anglo-
saxonne), et on dit aussi que A est inclus dans E. Si A n’est pas inclus dans E, on note
A * E ou A 6⊂ E, et cela veut dire que même si certains éléments de A appartiennent
aussi à E, il existe au moins un élément de A qui n’est pas dans E.

Remarque 0.1.14. Pour tout ensemble E, on a toujours ∅ ⊆ E et E ⊆ E.


Mais si E est non vide et possède plus d’un élément, il n’y a pas que ∅ et E lui-même
comme parties de E. Ainsi,

Définition 0.1.15. (Ensemble des parties d’un ensemble). On définit l’ensemble P(E)
(lire “P de E”) en compréhension par P(E) = {A | A ⊆ E} comme étant l’ensemble des
parties de E.

Exemple 0.1.16. Si E = {1, 2, 3}, dire que P(E) = {∅; {1}; {2}; {3}; {1, 2}; {2, 1}}
est faux et inachevé! En effet, c’est inachevé parce que par exemple E lui-même n’y
est pas. Et c’est faux parce que le sous-ensemble {2, 1} est égal au sous-ensemble {1, 2}
qui était déjà énumeré avant!
Nota Bene: en extension, l’ordre d’énumération des éléments d’un ensemble importe
peu, donc les deux ensembles (sous-ensembles de E) {2, 1} et {1, 2} sont les mêmes.
Ainsi l’écriture exacte et complète de P(E) ci-dessus en extension est

P(E) = {∅; {1}; {2}; {3}; {1, 2}; {1, 3}; {2, 3}; E}.

Remarque 0.1.17. Il y a là: des parties de E ayant exactement un seul élément i.e.,
de cardinal égal à 1 et des sous-ensembles à 2 éléments exactement. Comme ensemble en
général, ces deux types de sous-ensemble ont un nom, d’où,

Définition 0.1.18. (singleton et paire). Un singleton est tout ensemble à un élément


et une paire est tout ensemble à deux éléments.

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Exercice 0.1.19. Donner la liste des singletons et des paires de l’ensemble F :=


{a, b, c, d}.

Définition 0.1.20. (Egalité d’ensembles). Soit A et B deux ensemles. Si on a à la


fois A ⊆ B et B ⊆ A, alors on dit que A et B sont égaux et on note A = B. Sinon, c’est
à dire; si A * B ou B * A, alors on dit que A et B ne sont pas égaux et on note A 6= B.

Exercice 0.1.21. Les ensembles suivants nous sont familiers dépuis le secondaire: R,
N, C, Z, D et Q. Donner l’ordre d’incusion entres eux.

On a la propriété suivante,

Proposition 0.1.22. Soit A et B deux ensembles. Si A ⊆ B, alors on a nécessairement


Card(A) ≤ Card(B).

Preuve. Exercice! 

Remarque 0.1.23. 1) La réciproque de cette proposition est fausse, c’est à dire; si


Card(A) ≤ Card(B), on n’a pas nécessairement A ⊆ B.
Un contre-exemple: on considère les ensembles A = {1, 2} et B = {1, 3, 5}. On a bien
#A = 2 ≤ 3 = #B mais A * B car, tout élément de A n’appartient pas à B.
2) Ne jamais confondre le symbole d’appartenance ”∈”, qui est utilisé pour signifier
qu’un élément appartient à un ensemble, avec le symbole ”⊆” ou ”⊂” qui signifie ”être
un sous-ensemble d’un autre ensemble”. Par exemple pour l’ensemble des parties d’un
ensemble de l’exemple précédent, on a {1, 2} ⊆ E, mais {1, 2} ∈ P(E).

0.2 Opérations et Propriétés sur les Ensembles


Soit A et B deux ensembles, et A1 , A2 , ..., An , ... une famille d’ensembles. On a:

Définition 0.2.1. (Intersection d’ensembles). A ∩ B se lit “A inter B” et est un


ensemble défini par
A ∩ B = {x | x ∈ A et x ∈ B}. (1)

On remarque que A ∩ B = B ∩ A
Tn
Ensuite, l’intersection finie quelconque A1 ∩ A2 ∩ A3 ∩ · · · ∩ An notée i=1 Ai ou
dénombrable notée ∞
T
i=1 Ai , d’ensembles Ai est définie par

n
\ ∞
\
Ai = {x | ∀i = 1, ..., n, x ∈ Ai } ou Ai = {x | ∀i ∈ N, x ∈ Ai }. (2)
i=1 i=1

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Définition 0.2.2. (Réunion d’ensembles). A ∪ B se lit “A union B” et est défini par

A ∪ B = {x | x ∈ A ou x ∈ B}. (3)

On remarque aussi que A ∪ B = B ∪ A


Sn
Et la réunion finie quelconque A1 ∪ A2 ∪ A3 ∪ · · · ∪ An notée i=1 Ai ou dénombrable
notée ∞
S
i=1 Ai , d’ensembles Ai est définie par
n
[ ∞
[
Ai = {x | ∃i0 , 1 ≤ i0 ≤ n, et x ∈ Ai0 } ou Ai = {x | ∃i0 ∈ N, et x ∈ Ai0 }. (4)
i=1 i=1

On a les propriétés suivantes,

Proposition 0.2.3. Soit A, B et C trois ensembles, on a:


i) A ∩ (B ∪ C) = (A ∩ B) ∪ (A ∩ C) (appelée distributivité de ∩ par rapport à ∪)
ii) A ∪ (B ∩ C) = (A ∪ B) ∩ (A ∪ C) (appelée distributivité de ∪ par rapport à ∩).

Preuve. Triviale, exercice! 

Définition 0.2.4. (Ensembles disjoints). Deux ensembles A et B sont dits disjoints


si leur intersection est vide, i.e.; si A ∩ B = ∅.

On a le résultat suivant,

Proposition 0.2.5. (Principe d’addition). Soit A et B deux ensembles finis disjoints,


alors Card(A ∪ B) = Card(A) + Card(B).

Preuve. Par définition même de la réunion d’ensembles et du dénombrement d’un


ensemble, compter les éléments de A ∪ B c’est compter ceux de A d’abord, puis ceux de
B en excluant ceux qui sont en commun. Mais comme il n’y a rien en commun, donc le
nombre d’éléments de A ∪ B est exactement le nombre d’éléments de A plus celui de B.
D’où la formule cherchée. 

Corrolaire 0.2.6. (Principe d’inclusion-exclusion). Si A et B sont deux ensembles


finis non nécessairement disjoints, alors on a

Card(A ∪ B) = Card(A) + Card(B) − Card(A ∩ B) (5)

Preuve. Exercice! 

Plus généralement,

Théorème 0.2.7. (Principe d’inclusion-exclusion généralisé). Soit A1 , A2 , ..., An une


famille d’ensembles finis. Alors on a,
n
! n
!
[ X X
Card Ak = (−1)k−1 Card (Ai1 ∩ Ai2 ∩ · · · ∩ Aik ) . (6)
k=1 k=1 1≤i1 <i2 <···<ik ≤n

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Preuve. Peut se faire par recurrence sur n. 

Ensuite,

Définition 0.2.8. (Partition d’un ensemble). On dit qu’une famille A1 , A2 , ..., An de


parties d’un ensemble E est une partition de E si on a:
i) pour tout i = 1, ..., n, Ai 6= ∅,
ii) pour tous i, j = 1, ..., n telsque i 6= j, on a Ai ∩ Aj = ∅,
iii) et ∪ni=1 Ai = E.

Exemple 0.2.9. L’ensemble des nombres pairs {0, 2, 4, 6, ...} et l’ensemble des nom-
bres impairs {1, 3, 5, 7, ...} forment une partition de N.

Proposition 0.2.10. Si A1 , A2 , ..., An forment une partition d’un ensemble fini E,


alors on a Card(E) = Card(A1 ) + Card(A2 ) + · · · + Card(An ).

Preuve. Exercice, appliquer le principe d’inclusion-exclusion généralisé précédent. 

Définition 0.2.11. (Complémentaire et différence). Si A et B sont deux parties de


E, on définit la différence de A et B, notée A\B par

A\B = {x ∈ E | x ∈ A, et x ∈
/ B}. (7)

Et le complémentaire de A dans E noté CA c


E , A ou A, par

A = {x ∈ E | x ∈
/ A}. (8)

On remarque que: A\B = A ∩ B. Et on a,

Proposition 0.2.12. Soit A et B deux parties de E, on a:


i) A ∩ A = ∅, A ∪ A = E et A = A.
ii) A ∪ B = A ∩ B et A ∩ B = A ∪ B (lois de De Morgan).
iii) Les lois de De Morgan se généralisent comme suit, si A1 , A2 , ..., An , ... est une
S T T S
famille d’ensemble, alors on a n≥1 An = n≥1 An et n≥1 An = n≥1 An

Preuve. Exercice facile! 

Puis,

Proposition 0.2.13. Si A et B sont deux parties de E, on a:


i) Card(A\B) = Card(A) − Card(A ∩ B) = Card(A) − Card(B) si B ⊆ A,
ii) et en particulier Card(A) = Card(E) − Card(A).

Preuve. Appliquer le principe d’addition de cardinaux (Cf. Proposition 0.2.5). 

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Définition 0.2.14. (Produit cartésien d’ensembles). Soit E et F deux ensembles


tous non vides. On définit le produit cartésien de E et F , noté E × F (lire “E croix F ”),
l’ensemble des couples (x, y) d’éléments de E et de F respectivement:

E × F = {(x, y) | x ∈ E et y ∈ F }.

Si E1 , E2 , ..., En sont des ensembles non vides, on définit leur produit cartésien par
n
Y
Ei = {(x1 , x2 , ..., xn ) | ∀i = 1, ..., n, xi ∈ Ei }.
i=1
Qn
Les éléments de i=1 Ei sont appelés n-uplets ou n-listes.

Remarque 0.2.15. 1) Noter que, si E 6= F , alors on a E × F 6= F × E.


2) Et si en particulier E1 = E2 = · · · = En ≡ E, on note Πni=1 Ei = E n et on a

E n = {(x1 , x2 , ..., xn ) | ∀i = 1, ..., n, xi ∈ E}.

Dans ce cas, les éléments de E n sont appélés des n-listes d’éléments de E.

Proposition 0.2.16. Soit E1 , E2 , ..., En des ensembles tous non vides. On a,


i) Card(E1 × · · · × En ) = Card(E1 ) × · · · × Card(En ),
n
ii) Si les Ei sont tous égaux et à E, alors Card(E n ) = Card(E) .

Preuve. Admise! 

Exemple 0.2.17. On jette une fois à la fois en l’air deux pièces de monnaie et on
note le couple de faces ainsi obtenues. Soit Ω = {P, F } l’ensemble des faces de chaque
pièce, alors le nombre de résultats possibles est le produit cartésien
Ω2 = {(P, P ); (P, F ); (F, F ); (F, P )}.
Noter ici, contrairement au cas des sous-ensembles, l’ordre des éléments dans un
couple importe. Ainsi les couples (P, F ) et (F, P ) ne sont pas les mêmes.

0.3 Correspondances entre les Ensembles


Soit E et F deux ensembles tous non vides. Entre les éléments de ces deux ensembles,
l’on peut avoir plusieurs types de relation ou correspondance. Les plus courantes sont les
applications et les fonctions.

Définition 0.3.1. (Application de E vers F ). On appelle application de E vers F


toute correspondance notée f entre les éléments de E et ceux de F pour laquelle chaque
élément de E a un et un seul correspondant dans F .

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Si f est une application de E vers F , on note f : E → F, x 7→ f (x). On dit que E est


l’ensemble de départ et F l’ensemble d’arrivée de l’application f , et que f (x) est l’image
(dans F ) de tout élément x de E par f . Par ailleurs, on dit qu’un élément x ∈ E est un
antécédent d’un élément y ∈ F par f si f (x) = y.

Remarque 0.3.2. Toute application f : E → F peut être vue comme un sous-


ensemble f ≡ {(x, f (x)) | x ∈ E} du produit cartésien E × F .

Exemple 0.3.3. 1) Application identité sur un ensemble: Soit E un ensemble quel-


conque non vide. La correspondance de E vers E notée IdE et définie par IdE (x) = x
pour tout x ∈ E, est une application appelée ”identité” ou ”application identité” sur E.
2) Application successeur : La correspondance de N vers N notée Succ et définie par
Succ : N → N, n 7→ Succ(n) = n + 1, est une application de N vers N appelée ”application
successeur d’un entier naturel”.

Ensuite,

Définition 0.3.4. (Fonction de E vers F ). Une fonction de E vers F toute corre-


spondance notée f entre les éléments de E et ceux de F pour laquelle chaque élément de
E a au plus un correspondant dans F .
On appelle alors souvent ”domaine de définition” d’une fonction f : E → F , l’ensemble
noté Df des éléments de E qui ont une image (un seul correspondant) dans F .

Remarque 0.3.5. Toute application f de E vers F est une fonction de E vers F . Mais
la réciproque n’est pas vraie! Une fonction devient une application seulement lorsqu’on
la restraint à son domaine de définition, i.e., en supprimant les éléments de l’ensemble de
départ qui n’ont pas d’image.

Définition 0.3.6. (Composition d’applications). Soit f : E → F et g : F → G deux


applications (telles que l’ensemble d’arrivée de la première coı̈ncide avec l’ensemble de
départ de la seconde). On définit une troisième application, notée g ◦ f , de E vers G par
(g ◦ f )(x) = g(f (x)) pour tout x ∈ E.
Cette application composée est appelée ”g rond f” ou ”f suivi de g”.

Définition 0.3.7. (Application injective). Une application f de E vers F est dite


injective (ou une injection de E dans F ) si pour toute paire d’éléments distincts pris dans
E, leurs images sont aussi distinctes dans F , i.e.,

∀ x, y ∈ E, x 6= y =⇒ f (x) 6= f (y); (9)

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ce qui, par contraposition3 , veut aussi dire,

∀ x, y ∈ E, f (x) = f (y) =⇒ x = y. (10)

Remarque 0.3.8. Dans la pratique, pour montrer qu’une application donnée est
injective, c’est l’implication (10) qui est plus commode à démontrer.

Définition 0.3.9. (Application surjective). On dit qu’une application f : E → F est


surjective (ou une surjection de E sur F ) si tout élément y de l’ensemble d’arrivée F a
au moins un antécédent x par f dans l’ensemble de départ E, i.e.,

∀ y ∈ F, ∃ x ∈ E, y = f (x). (11)

Définition 0.3.10. (Application bijective). Une application f : E → F est dite


bijective, encore appelée permutation ou bijection de E vers F , si f est à la fois injective
et surjective. Ce qui est équivalent à dire que tout élément y ∈ F admet un unique
antécédent x ∈ E.
Dans ce cas, l’application notée f −1 : F → E, y 7→ x telque f (x) = y, est aussi une
bijection appelée bijection réciproque de la bijection f .

Théorème 0.3.11. Une application f : E → F est une bijection si et seulement si


s’il existe une application g : F → E tel qu’on ait f ◦ g = IdF et g ◦ f = IdE . Dans ce
cas f −1 = g.

Preuve. Exercice! 

Remarque 0.3.12. Ce résultat implique que la réciproque d’une bijection est unique.

Définition 0.3.13. (Définition formelle d’ensemble fini). Un ensemble non vide E est
dit fini s’il existe une entier naturel n ≥ 1 et une application bijective f : E → [1, n] ∩ N.
Dans ce cas n est le nombre d’éléments de E et est appelé cardinal de E.

Bien plus,

Définition 0.3.14. (Ensembles équipotents). On dit que deux ensembles E et F sont


équipotents s’il existe une bijection de E vers F . Cela veut dire qu’on peut identifier deux
à deux les objects (éléments) de E à ceux de F via cette bijection.

Remarque 0.3.15. La relation d’équipotence est ”transitive” i.e., si E est équipotent


à F et F équipotent à G, alors E est équipotent à G.
3
En Logique Mathématique, une implication (P ⇒ Q) et sa contraposée (¬ Q ⇒ ¬ P ) sont des
propositions mathématiques équivalentes.

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Définition 0.3.16. (Définition formelle d’ensemble dénombrable). On dit qu’un en-


semble infini E est dénombrable s’il est équipotent à une partie infinie de N.

On a le résultat suivant,

Théorème 0.3.17. Soit E et F deux ensembles tous finis. Alors E et F sont


équipotents si et seulement si Card(E) = Card(F ).

Preuve. Exercice! 

Définition 0.3.18. (Image d’un ensemble par une application). Soit f : E → F une
application et A un sous-ensemble de l’ensemble de départ E. On appelle image directe
de A par f , le sous-ensemble de l’ensemble d’arrivée F , noté f (A), et qui est défini par

f (A) = {f (a) | a ∈ A}. (12)

Définition 0.3.19. (Pré-image d’un ensemble par une application). Soit f : E → F


une application et B un sous-ensemble de l’ensemble d’arrivée F . On appelle pré-image
ou image réciproque de B par f , le sous-ensemble de l’ensemble de départ E, noté f −1 (B),
et qui est défini par
f −1 (B) = {x ∈ E | f (x) ∈ B}. (13)

Remarque 0.3.20. Même si une application f d’admet pas de bijection réciproque


f −1 , la notion précédente d’image réciproque d’un sous-ensemble existe toujours. Ce qui
veut dire, on ne peut écrire f −1 (y) pour un élément y de l’ensemble d’arrivée si f n’est pas
bijective au préalable, mais on peut écrire et déterminer le sous-ensemble f −1 (B) pour
toute partie B de l’ensemble d’arrivée que f soit bijective ou non.

Proposition 0.3.21. Soit E et F deux ensembles finis.


i) Si f est une injection de E dans F , alors Card(E) = Card(f (E)) ≤ Card(F ).
ii) S’il existe une surjection g de E sur F , alors Card(E) ≥ Card(F ).

Preuve. Indication: appliquer le théorème précédent sur des bijections déduites de f


et de g et conclure. 

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