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Georges COMTE
Laboratoire de Mathématiques de l’Université de Savoie, UMR CNRS
5127, Bâtiment Chablais, Campus scientifique, 73376 Le Bourget-du-
Lac cedex, France
E-mail address: georges.comte@univ-smb.fr
URL: http://gcomte.perso.math.cnrs.fr/
2 mars 2017
Table des matières
3
CHAPITRE 1
1. Rappels
On rappelle brièvement dans cette section des notions de base qui seront utiles
dans la suite du chapitre.
Commençons par rappeler que pour montrer que deux ensembles E et F sont
égaux ont montre souvent que E ⊂ F et F ⊂ E. Et pour montrer une inclusion
E ⊂ F , on considère un élément x ∈ E, dont on montre qu’il est aussi dans F . Cet
élément x étant choisi sans contrainte dans E. Pour une illustration de ce principe,
voir par exemple l’Exemple 1.7 ci-dessous. On dira souvent qu’un sous-ensemble de
Rn est une partie de Rn . On utilisera ces deux mots comme des synonymes.
1.1. Définition. L’intervalle [a, b] de R est l’ensemble suivant
[a, b] = {x ∈ R; a ≤ x ≤ b}.
De même
]a, b[= {x ∈ R; a < x < b}.
]a, b] = {x ∈ R; a < x ≤ b}.
[a, b[= {x ∈ R; a ≤ x < b}.
Rappelons que tout sous-ensemble C de R possède une borne inférieure α et
une borne supérieure β, avec α, β ∈ R∪{−∞, +∞}. Les quantités α et β peuvent
appartenir à C ou ne pas y appartenir. Par définition α est le plus grand minorant
de C, c’est-à-dire que
∀x ∈ C, α ≤ x et si a ∈ R est tel que ∀x ∈ C, a ≤ x, alors a ≤ α.
De même, β est le plus petit majorant de C, c’est-à-dire que
∀x ∈ C, β ≥ x et si b ∈ R est tel que ∀x ∈ C, b ≥ x, alors b ≥ β.
Une autre définition utile des bornes inf et sup est la suivante :
∀x ∈ C, α ≤ x et ∀ > 0, ∃x ∈ C tel que α ≤ x < α +
E × F := {(x, y); x ∈ E, y ∈ F }.
1.3. Définition. Étant donnés deux ensembles E et F , un graphe Γ de E × F
est la donnée d’un sous-ensemble de E × F qui vérifie
Si (x, y1 ) et (x, y2 ) sont dans Γ, alors nécessairement y1 = y2 .
Ainsi se donner un graphe Γ est se donner une application (au sens naı̈f d’une
application), puisque les éléments (x, y) ∈ Γ déterminent une unique application
x 7→ y du fait de l’unicité, x étant fixé, de y tel que (x, y) ∈ Γ. En réalité la définition
rigoureuse d’une application n’est rien d’autre que la donnée d’un graphe !
1.4. Définition. Soit f : E → R une fonction définie sur unpsous-ensemble E
de Rn . On note, pour tout (x1 , · · · , xn ) ∈ Rn , k(x1 , · · · , xn )k = x21 + · · · + x2n (si
n = 1, kxk = |x|, pour tout x ∈ R). On dit que f est Lipschitzienne sur E s’il
existe k ≥ 0 tel que
∀x, y ∈ E, |f (y) − f (x)| ≤ k · ky − xk.
On dit que k est une constante de Lipschitz de f sur E (tout k 0 ≥ k en est une
autre). On dit que f est localement lipschitzienne sur E si
∀a ∈ E ∃ra > 0 ∃ka ≥ 0 tel que ∀x, y ∈ E,
kx − ak < ra et ky − ak < ra =⇒ |f (y) − f (x)| ≤ ka · ky − xk.
1. Exercice. Montrer que si f : E → R est lipschitzienne sur E alors f est
localement lipschitzienne sur E. Montrer que si f est localement lipschitzienne sur
E alors f est continue sur E.
Solution de l’exercice. Pour la première proposition, et avec les notations de
la Définition 1.4, il suffit, pour a ∈ E, de prendre ka = k.
Soit maintenant a ∈ E et montrons que f est continue en a, c’est-à-dire que
si (an )n∈N est une suite de E tendant vers a, alors f (an ) tend vers f (a). Soient
ra , ka comme dans la Définition 1.4. Comme (an )n∈N tend vers a, il existe N , tel
que n ≥ N =⇒ ka − an k ≤ ra . Ainsi, pour tout n ≥ N ,
|f (a) − f (an )| ≤ ka · ka − an k.
Mais cette dernière égalité, puisque limn→∞ ka−an k = 0, montre que limn→∞ |f (a)−
f (an )| = 0.
1.5. Définition. Étant donnés deux éléments A et B de Rn , le segment (fermé)
joignant A et B est le sous-ensemble de Rn noté [AB] et défini par
[AB] := {(1 − λ)A + λB; λ ∈ [0, 1]}.
Autrement dit, [AB] est l’ensemble des points X de Rn pour lesquels existe λ ∈ [0, 1],
tel X = (1 − λ)A + λB. Noter que la paramétrisation [0, 1] 3 λ 7→ (1 − λ)A + λB
2. ENSEMBLES CONVEXES 7
du segment [AB] montre que celui-ci est contenu dans la droite de Rn passant par
A et B (lorsque A 6= B).
√ √
1.6. Exemple. On pose A = (π, 2) ∈ R2 et B = (1, 3) ∈ R2 . Décrire [AB].
1.7. Exemple. Soient deux points a, b de R avec a ≤ b. Alors le segment [ab]
n’est rien d’autre que l’intervalle [a, b], dont on rappelle qu’il est défini par
[a, b] := {x ∈ R; a ≤ x ≤ b}.
En effet, si x ∈ [ab], il existe λ ∈ [0, 1] tel que x = (1 − λ)a + λb, par définition
du segment [ab]. Mais comme x − a = λ(b − a) ≥ 0 et b − x = (1 − λ)(b − a) ≥ 0, on
a bien a ≤ x ≤ b, donc x ∈ [a, b]. Ce qui prouve que [ab] ⊂ [a, b]. Réciproquement,
montrons que [a, b] ⊂ [ab]. Soit x ∈ [a, b], alors a ≤ x ≤ b. On peut écrire dans ce
cas x = (1 − λ)a + λb, avec λ = x−a b−a
(noter que le cas a = b est trivial). Mais comme
dans ce cas λ ∈ [0, 1], on a bien x ∈ [ab].
2. Ensembles convexes
2.1. Définition. Soit C un sous-ensemble de Rn . On dit que C est un sous-
ensemble convexe de Rn ou une partie convexes de Rn ou plus simplement un
convexe de Rn , lorsque
∀x, y ∈ C, ∀λ ∈ [0, 1], (1 − λ)x + λy ∈ C,
Ainsi, en vue de la Définition 1.5, C est convexe si et seulement si
∀x, y ∈ C, [xy] ⊂ C.
2.2. Remarque. L’ensemble vide ∅ ainsi que les sous-espaces vectoriels et affines
de Rn sont des convexes de Rn .
2. Exercice. Montrer que les parties convexes de R sont les intervalles de R.
Dessiner des parties convexes et non convexes de R2 et de R3 .
Solution de l’exercice. Nous allons commencer par montrer qu’un intervalle,
disons ]a, b[ où a, b ∈ R ∪ {−∞, +∞} avec a ≤ b, est un sous-ensemble convexe de
R (les arguments sont les mêmes pour les intervalles du type [a, b], ]a, b] ou [a, b[).
On peut supposer que a < b, sinon ]a, b[= ∅ et ∅ est convexe. Soient alors x, y ∈]a, b[
tels que x < y. D’après l’Exemple 1.7, on a [xy] = [x, y] mais [x, y] ⊂]a, b[, donc
[xy] ⊂]a, b[.
Réciproquement, montrons maintenant qu’un convexe C de R est bien un inter-
valle de R. Pour cela notons α := inf C et β := sup C. On a α, β ∈ R ∪ {−∞, +∞}.
Plusieurs cas se présentent selon que α et β sont ou non dans C. Pour fixer les idées
supposons que α 6∈ C et β ∈ C, les autres cas se traitant de la même manière. On va
montrer que C =]α, β]. À nouveau pour prouver cette égalité entre ensembles, nous
allons prouver une double inclusion.
Commençons par montrer que C ⊂]α, β]. Cette inclusion est claire puisque α est
un minorant de C et β en est un majorant et que de plus α 6∈ C et β ∈ C.
8 1. ENSEMBLES ET FONCTIONS CONVEXES
Montrons alors pour terminer que ]α, β] ⊂ C. Soit pour cela z ∈]α, β]. Par
définition des bornes sup et inf, il existe x, y ∈ C tels que α < x < z < y ≤ β (on
pourrait prendre β pour y !). Mais alors par convexité de C, [xy] ⊂ C. Or z ∈ [xy]
puisque z ∈ [x, y] et [xy] = [x, y] (d’après l’Exemple 1.7). On en conclut bien que
z ∈ C.
3. Exercice. Étudier la stabilité de la convexité sous la réunion et l’intersection.
Montrer que pour tout ensemble E ⊂ Rn existe C(E) ⊂ Rn un ensemble convexe qui
contient E et qui est contenu dans tout ensemble convexe contenant E. On appelle
C(E) l’enveloppe convexe de E.
Solution de l’exercice. La convexité n’est pas une propriété préservée par
réunion : deux ensembles convexes peuvent avoir une réunion non convexe (pen-
ser à deux points distincts dans R).
En revanche si C1 et C2 sont deux ensembles convexes de Rn , et si A, B ∈ C1 ∩ C2 ,
le segment [AB] est dans C1 par convexité de C1 et aussi dans C2 par convexité de
C2 . Donc [AB] ⊂ C1 ∩ C2 . Ce qui prouve la convexité de C1 ∩ C2 .
La preve que l’on vient de faire se généralise immédiatement à une famille quel-
conque de convexes (Ci )i∈I , avec I un ensemble d’indices quelconque et pour tout
i ∈ I, Ci un convexe de Rn . Considérons alors
I = {C ⊂ Rn , tel que C est convexe et E ⊂ C}.
L’ensemble I est non vide puisque Rn ∈ I. Alors
\
C(E) := C
C∈I
et donc C(E) ⊂ C 0 .
4. Exercice. Montrer que C ⊂ Rn est convexe si et seulement si
p
X
∀p ≥ 2, ∀x1 , · · · , xp ∈ C, ∀λ1 , · · · , λp ∈ [0, 1] vérifiant λj = 1,
j=1
p
X
on a : λi xi ∈ C.
i=1
D
x
n
R
Γ(α)
αx
Ix
Γ(β)
βx
n−1 x
R
fig.1
3. Fonctions convexes
3.1. Définition. Soit C ⊂ Rn une partie convexe de Rn et f : C → R. On dit
que f est une fonction convexe si et seulement si
∀x, y ∈ C, ∀λ ∈ [0, 1], f ((1 − λ)x + λy) ≤ (1 − λ)f (x) + λf (y).
On dit que f est une fonction concave lorsque la proposition précédente a lieu
avec ≥ au lieu de ≤ et on dit que f est une fonction strictement convexe lorsque
10 1. ENSEMBLES ET FONCTIONS CONVEXES
B
f(y)
∆= (1−λ) A +λ B
(1−λ) f(x) +λf(y)
A E F
f(x)
f((1−λ) x +λy)
D
x (1−λ) x +λ y y
fig.2
or
AE (1 − λ)x + λy − x
= = λ.
AF y−x
D’autre part, par le théorème de Thalès, si ∆ est le point d’intersection du segment
[AB] et de la droite (ED), on a bien
∆E AE
= = λ,
BF AF
ce qui, en notant w l’ordonnée de ∆, fournit
w − f (x)
=λ
f (y) − f (x)
et donc
w = (1 − λ)f (x) + λf (y).
6. Exercice. Montrer que si f : [c, d] → R est continue sur [c, d] et convexe sur
]c, d[, alors f est convexe sur [c, d].
Solution de l’exercice. Il faut démontrer que pour tout x, y ∈ [c, d], pour tout
λ ∈ [0, 1],
f ((1 − λ)x + λy) ≤ (1 − λ)f (x) + λf (y). (∗)
Soient x, y ∈ [c, d] et z, w ∈]c, d[. Par convexité de f sur ]c, d[, on a pour tout
λ ∈ [0, 1],
f ((1 − λ)z + λw) ≤ (1 − λ)f (z) + λf (w). (∗∗)
En faisant tendre z vers x et w vers y, du fait de la continuité de f sur [c, d], on a
f (z) → f (x), f (w) → f (y) et f ((1−λ)z +λw) → f ((1−λ)x+λy). Par conservation
de l’inégalité large dans (∗∗) lorsque z → x et w → y, on obtient bien (∗).
7. Exercice. Soient a, b deux nombres réels vérifiant a < b et soit une f : [a, b] →
R une fonction convexe non constante. On suppose enfin que f (a) = f (b) = m. On
veut montrer que ∀x ∈]a, b[, f (x) < m.
(1) Montrer que dans le but de montrer que ∀x ∈]a, b[, f (x) < m, on peut
supposer sans perte de généralité que m = 0.
On suppose dans la suite que m = 0.
(2) Montrer que ∀x ∈ [a, b], f (x) ≤ 0.
(3) En raisonnant par l’absurde, montrer finalement que ∀x ∈]a, b[, f (x) < 0.
Solution de l’exercice. (1) Supposons que l’on ait montré que lorsque f
est convexe, non constante et f (a) = f (b) = 0, on a ∀x ∈]a, b[, f (x) < 0.
Maintenant si g est une fonction convexe et non constante telle que g(a) =
g(b) = m, la fonction f (x) = g(x) − m est convexe en tant que somme
de deux fonctions convexes (cf Exercice 5) et telle que f (a) = f (b) = 0. Il
s’ensuit que ∀x ∈]a, b[, g(x) − m = f (x) < 0 et donc que ∀x ∈]a, b[, g(x) <
m.
12 1. ENSEMBLES ET FONCTIONS CONVEXES
αz ≤ (1 − λ)αx + λαy .
1. On peut aussi observer que si C est un convexe de Rn , C 0 est aussi un convexe de Rn , lorsque
C est le symétrique de C par rapport à Rn−1 . Or la fonction αC 0 associée à C 0 est −βC . De sorte
0
que si l’on sait que αC 0 est convexe, on en déduit que βC est concave, par l’Exercice 8.
14 1. ENSEMBLES ET FONCTIONS CONVEXES
An (1−λ) A n +λ Bn
αx A
(1−λ)α x+λα y Bn
C
αz
B
αy
x z y
fig.3
p p
X X
f( λ i xi ) ≤ λi f (xi ).
i=1 i=1
2. Cette inégalité a été démontrée en 1906 par le mathématicien danois Johan Jensen. Il s’agit
ici de sa variante discrète ; elle connait des variantes intégrales.
3. FONCTIONS CONVEXES 15
On visualise la proposition 2 du Théorème 3.10 par la figure suivante, où l’on voit
que la pente de (AB) est inférieure à celle de (AC), elle-même inférieure à celle de
(BC) (attention, sur cette figure, toutes les pentes sont négatives !).
Γ(f )
C
B
x y z
fig.4
• Enfin le cas y < x < z se traite ainsi : d’après le deuxième des trois cas,
nous avons pz (y) ≤ pz (x). Mais d’après le premier cas py (x) ≤ py (z). Or comme
py (z) = pz (y), nous en déduisons que
py (x) ≤ pz (x), c’est-à-dire px (y) ≤ px (z).
Montrons maintenant que 2 =⇒ 1. Pour cela donnons-nous x < z dans I et pour
λ ∈ [0, 1], posons y = (1 − λ)x + λz. Par l’hypothèse de croissance des pentes, nous
avons px (y) ≤ px (z), soit
f (y) − f (x) f (z) − f (x)
≤ .
y−x z−x
Or y − x = λ(z − x), d’où
f (y) − f (x) ≤ λf (z) − λf (x) ⇐⇒ f (y) ≤ (1 − λ)f (x) + λf (z).
3.11. Corollaire. Soit I un intervalle ouvert de R et f : I → R une fonction
convexe. Alors f est dérivable à gauche et à droite sur I et on a
f (y) − f (x)
∀x, y ∈ I, x < y, fg0 (x) ≤ fd0 (x) ≤ ≤ fg0 (y) ≤ fd0 (y) 3.
y−x
En particulier f est localement lipschitzienne et donc continue.
Démonstration. Soit y ∈ I. On va montrer que f étant convexe est dérivable
à gauche et à droite en y. Pour cela soient x, z ∈ I avec x < y < z (ce qui est
possible grâce à l’ouverture de I. Si I n’était pas ouvert, et si y était une extrémité
non ouverte de I, on ne pourrait pas trouver de tels x et z). Le taux d’accroissement
py (x) est majoré par py (z), d’après le Théorème 3.10. D’autre part x 7→ py (x)
est croissante, toujours d’après le Théorème 3.10. Étant croissante et majorée, la
fonction x 7→ py (x) admet une limite quand x → y (x < y). Or par définition-même
cette limite est fg0 (y). On en déduit que
f (z) − f (y)
fg0 (y) ≤ .
z−y
De même, en faisant tendre z vers y dans la majoration fg0 (y) ≤ py (z) ci-dessus,
on obtient
fg0 (y) ≤ fd0 (y). (∗)
Notons que si x tend vers y par valeurs inférieures, par croissance des pentes,
py (x) tend en croissant vers fg0 (y). On a donc bien, dès que x < y,
f (y) − f (x)
≤ fg0 (y). (∗∗)
y−x
De même, si z tend vers y par valeurs supérieures, par croissance des pentes, py (z)
tend en décroissant vers fd0 (y). On a donc bien, dès que y < z,
f (z) − f (y)
fd0 (y) ≤ . (∗ ∗ ∗)
z−y
3. O. Stolz, (1893)
3. FONCTIONS CONVEXES 19
f (b) − f (a)
2. Soient a, b ∈ R, a < b. On pose m = − .
b−a
2.a. Calculer fm (a) et fm (b).
2.b. À l’aide de l’hypothèse fm atteint sa borne supérieure sur [a, b] en a ou
en b , montrer que f est convexe sur R.
20 1. ENSEMBLES ET FONCTIONS CONVEXES
4. J. Jensen, (1906)
22 1. ENSEMBLES ET FONCTIONS CONVEXES
(3) Soit λ ∈ [0, 1]. Montrer qu’existe une suite (un )n≥0 telle que
\
u0 = 1, ∀n ≥ 0, un+1 ∈ {2un − 1, 2un } et {λ} = Inun .
n≥0
F : [0, 1] → R
λ 7→ F (λ) = f ((1 − λ)x + λy)
`
En tous les cas nous avons obtenu que |In+1 | ≤ σ n+1 , ce qui prouve la
propriété demandée par principe de récurrence.
u
n+1
(2) Une telle suite (un )n∈N est telle que In+1 ⊂ Inun . On a alors, pour tout
n≥0:
un+1
αnun ≤ αuun+1
n+1
< βn+1 ≤ βnun
et d’après la question 1,
βnun − αnun ≤ σ n .
Il s’ensuit que les suites (αn )n∈N et (βn )n∈N sont adjacentes et convergent
donc toutes les deux vers un réel λ ∈ [0, 1]. Comme pour tout n ≥ 0
αnun ≤ λ ≤ βnun ,
on a λ ∈ Inun , pour tout n ≥ 0, et donc λ ∈ ∩n≥0 Inun . Si µ ∈ Inun , on a
|λ − µ| < σ n , donc si µ ∈ Inun , pour tout n ≥ 0, du fait que σ < 1 et
par suite que σ n → 0 lorsque n → +∞, on a nécessairement µ = σ. En
conclusion, {λ} = ∩n≥0 Inun .
(3) On construit la suite demandée par récurrence. On pose u0 = 1. Soit n ∈ N.
Supposons alors construits u0 , · · · , un tels que pour tout k ∈ {1, · · · , n},
uk−1
Ikuk ⊂ Ik−1 (ce qui équivaut à uk ∈ {2uk−1 − 1, 2uk−1 }) et λ ∈ Inun . Alors,
2un −1 2un
puisque Inun = In+1 ∪ In+1
2un −1
• soit λ ∈ In+1 ,
2un
• soit λ ∈ In+1 .
Dans le premier cas, on pose un+1 = 2un − 1 et dans le second un+1 = 2un .
un+1
On a alors bien un+1 ∈ {2un − 1, 2un }, λ ∈ In+1 , ce qui construit notre
suite principe de récurrence et assure que {λ} = ∩n≥0 Inun .
(4) Les fonctions F et G sont continues en tant que composées et sommes de
fonctions continues. On a d’autre part
F ((1 − a)X + aY ) = f ([1 − ((1 − a)X + aY )]x + [(1 − a)X + aY ]y)
et comme
[1 − ((1 − a)X + aY )]x + [(1 − a)X + aY ]y
= (1 − a)[(1 − X)x + Xy] + a[(1 − Y )x + Y y],
on en déduit par la propriété (∗) de f
F ((1 − a)X + aY ) = f ((1 − a)[(1 − X)x + Xy] + a[(1 − Y )x + Y y])
≤ (1 − a)f ((1 − X)x + Xy) + af ((1 − Y )x + Y y) = (1 − a)F (X) + aF (Y ).
Enfin, comme G = F − F (0), on a
G((1 − a)X + aY ) = F ((1 − a)X + aY ) − F (0)
≤ (1 − a)F (X) + aF (Y ) + (1 − a + a)F (0) = (1 − a)G(X) + aG(Y ).
24 1. ENSEMBLES ET FONCTIONS CONVEXES
(7) Comme la suite (un )n∈N est telle que αn,un → λ quand n → +∞, et que G
est continue sur [0, 1] (donc en particulier en λ) par la question 4, on a par
la question précédente
lim G(αn,un ) = G( lim αn,un ) = G(λ) = lim αn,un G(1) = λG(1),
n→∞ n→∞ n→∞
en déduit que f (a) ≤ (1 − λ)f (a) + λf (y), c’est-à-dire λf (a) ≤ λf (y) et finalement
f (a) ≤ f (y).
3.13. Corollaire. Soit I un intervalle ouvert et f : I → R une fonction convexe.
Alors Γ(f ) est situé au-dessus de ses tangentes à gauche et à droite.
Démonstration. D’après le Corollaire 3.11, les dérivées à gauche et à droite
de f existent bien. Les notions de tangente à gauche et à droite en un point du
graphe sont donc aussi bien définies. Raisonnons sur les tangentes à gauche par
exemple, le raisonnement étant le même pour les tangentes à droite. En un point
(a, f (a)) du graphe de f , la tangente à gauche est par définition la droite d’équation
Y = fg0 (a)(X − a) + f (a).
Si x > a, d’après le Corollaire 3.11, on a fg0 (a) ≤ f (x)−f
x−a
(a)
, donc fg0 (a)(x − a) +
f (a) ≤ f (x), de sorte que les points du graphe ayant des abcisses supérieures à a
sont bien au-dessus la tangente à gauche au graphe en (a, f (a)).
Maintenant si x < a, toujours d’après le Corollaire 3.11, f (x)−f x−a
(a)
≤ fg0 (a), donc
(noter bien que x − a < 0 cette fois-ci) f (x) ≥ fg0 (a)(x − a) + f (a), de sorte que
les points du graphe ayant des abcisses inférieures à a sont bien sous la tangente à
gauche au graphe en (a, f (a)).
3.14. Corollaire. Soit I un intervalle et f : I → R une fonction dérivable sur
I. Alors
(1) f est convexe (resp. strictement convexe) si et seulement si f 0 est croissante
(resp. strictement croissante).
(2) Si f est deux fois dérivable sur I, f est convexe (resp. strictement convexe)
si et seulement si f 00 ≥ 0 (resp. f 00 > 0) sur I.
Démonstration. Le cas de la stricte convexité est laissé en exercice, la preuve
s’adaptant (cf Exercice 21)
• Démontrons 1. On suppose tout d’abord que f est convexe et dérivable sur I
et on montre la croissance de f 0 . Pour cela, soit x ∈ I et supposons par exemple
que x n’est pas l’extrémité droite de I, tout en autorisant la possibilité que x soit
l’extrémité gauche de I (le cas où x est l’extrémité droite de I se traitant de manière
analogue au cas où x est l’extrémité gauche de I). On choisit ensuite y, z ∈ I, tels
que x < y < z (ce qui est possible puisque x n’est pas l’extrémité droite de I).
D’après l’inégalité des pentes 3.10, on a
f (y) − f (x)
≤ py (z). (∗)
y−x
Comme f est par hypothèse dérivable en x, le membre de gauche de cette inégalité
tend vers f 0 (x) lorsque y → x (par valeurs supérieures). D’autre part, puisque f est
dérivable en x, f est continue en x et donc f (y) tend vers f (x) lorsque y tend vers x.
Il s’ensuit que py (z) tend vers px (z) lorsque y tend vers x. En conclusion en faisant
tendre y vers x, l’inégalité (∗) donne
f 0 (x) ≤ px (z).
3. FONCTIONS CONVEXES 27
Soit alors x0 ∈ I, tel que x < x0 < z, d’après la croissance des pentes (cf Théorème
3.10), on a
f 0 (x) ≤ px (z) = pz (x) ≤ pz (x0 ), (∗∗)
puisque x < x0 . Mais en faisant tendre z vers x0 (par valeurs supérieures), comme f
est dérivable en x0 , on a pz (x0 ) → f 0 (x0 ). L’inégalité (∗∗) donne alors, en y faisant
z → x0
f 0 (x) ≤ f 0 (x0 ),
avec x < x0 quelconques dans I. C’est-à-dire que f 0 est croissante.
Remarquons que si x et x0 sont des points de I qui ne sont pas des extrémités
de I, on peut appliquer le Corollaire 3.11 directement, car alors I peut être supposé
ouvert et on obtient immédiatement l’inégalité f 0 (x) ≤ f 0 (x0 ).
Réciproquement, supposons que f 0 est croissante sur I et montrons que f est
convexe. Soient x, y ∈ I, λ ∈ [0, 1] et z = (1 − λ)x + λy. Comme f est dérivable sur
I, f est continue sur [x, z] et dérivable sur ]x, z[. On peut appliquer à f le théorème
des accroissements finis sur [x, z]. Il existe θ ∈]x, z[ tel que
f (z) − f (x) = (z − x)f 0 (θ),
soit
f (x) = f (z) − f 0 (θ)(z − x). (a)
De même, il existe ν ∈]z, y[ tel que
f (y) = f (z) + f 0 (ν)(y − z) (b)
Remarquons ensuite que z −x = λ(y −x) et que y −z = (1−λ)(y −x). Les inégalités
(a) et (b) donnent alors
f (x) = f (z) − λf 0 (θ)(y − x) (c),
(3) On suppose dans cette question que log ◦f est convexe. Soit C > 0. On
rappelle que pour tout x, y ∈ R, x > 0, on note xy = ey log(x) .
Montrer que x 7→ log(C x f (x)) est la somme de deux fonctions convexes.
En déduire que C x f (x) est convexe.
(4) Réciproquement, on suppose dans cette question que pour tout C > 0, la
fonction x 7→ f (x)C x est convexe.
4.a. Soient a, b ∈ I, a < b. Montrer que pour tout C > 0,
f ((1 − λ)a + λb) ≤ (1 − λ)f (a)C λ(a−b) + λf (b)C (1−λ)(b−a) .
4.b. Montrer que la fonction x 7→ (1 − λ)f (a)x−λ + λf (b)x1−λ atteint son
minimum sur R∗+ en f (b)/f (a). Conclure
Solution de l’exercice. (1) La fonction log est deux fois dérivable sur
R∗+ de dérivée négative. D’après le Corollaire 3.14 cette fonction est bien
concave.
(2) Supposons que log ◦f est convexe, soient a < b deux points de I et λ ∈ [0, 1].
On a
log(f (1 − λ)a + λb) ≤ (1 − λ) log(f (a)) + λ log(f (b)).
Mais par concavité de la fonction log, on a
log(f (1 − λ)a + λb) ≤ (1 − λ) log(f (a)) + λ log(f (b))
≤ log[(1 − λ)f (a) + λf (b)].
Maintenant comme la fonction exponentielle est croissante, en prenant l’ex-
ponentielle des membres extrêmes de cette double inégalité, on en conserve
le sens et on obtient alors exactement la définition de la convexité de f .
30 1. ENSEMBLES ET FONCTIONS CONVEXES
(3) On a log(C x f (x)) = x log C + log(f (x)), qui est bien la somme de deux
fonctions convexes. D’après la question 2, on en déduit que C x f (x) est
convexe.
(3) De la même façon que dans la question précédente, montrer que v est crois-
sante.
(4) En déduire que un > v1 = 1 − log 2, puis que u converge vers une limite
γ ∈ R∗+ . La constante γ est appelée la constante d’Euler 6
Solution de l’exercice. (1) On a (x 7→ − log(x))00 = 1/x2 ≥ 0. D’après
le Corollaire 3.14, − log est convexe, donc log est concave.
1 1 1
(2) On a un+1 −un = n+1 −log(n+1)+log(n) = n+1 +log(1− n+1 ). D’autre part
la concavité de x 7→ log(x) montre que le graphe de cette fonction est situé
sous n’importe laquelle de ses tangentes (cf Corollaire 3.13). En particulier,
puisque la droite y = x − 1 est la tangente de x 7→ log(x) en (1, 0), on a
x ∈]0, +∞[, log(x) ≤ x − 1, (∗)
ou encore
α ∈] − 1, +∞[, log(1 + α) ≤ α, (∗)
1
ce qui pour α = − n+1 donne un+1 − un ≤ 0.
(3) On a vn − vn−1 = n1 − log(n + 1) + log(n) = n1 − log(1 + n1 ). L’inégalité (∗)
de concavité de log donne ici n1 − log(1 + n1 ) ≥ n1 − n1 = 0, ce qui prouve que
vn − vn−1 ≥ 0.
1
(4) On a pour tout n ≥ 1, vn = un+1 − n+1 ≤ un+1 . Ce qui donne, en considérant
les propriétés de monotonicité obtenues à la question précédente, v1 ≤ · · · ≤
vn ≤ un+1 ≤ un ≤ · · · ≤ u1 . On en conclut que (un )n∈N est minorée par
v1 = 1 − log 2 et donc étant décroissante, converge.
Notons que les suies u et v sont adjacentes, puisque l’on a un − vn → 0.
Ces deux suites convergent donc vers la même limite γ.
20. Exercice. Soit ABC un triangle du plan non dégénéré et α, β, γ ∈]0, π[ les
mesures de ses angles.
(1) Montrer que 1/ sin :]0, π[→ R est convexe.
(2) À l’aide de l’inégalité de Jensen (Proposition 3.8) montrer que
1 1 8
+ ≥ . (∆)
sin α sin β 3 + 2 cos γ
Solution de l’exercice. (1) La fonction 1/ sin est dérivable deux fois sur
sin2 +2 cos2
]0, π[, de dérivée ≥ 0. D’après le Corollaire 3.14, 1/sin est
sin3
bien convexe sur ]0, π[.
(2) On peut appliquer l’inégalité de Jensen à 1/ sin, avec λ1 = λ2 = 1/2 :
1 1 1
≤ + . (J)
sin(α/2 + β/2) 2 sin α 2 sin β
Comme α + β = π − γ, on en déduit que
1 1 2
+ ≥ . (∗)
sin α sin β cos γ/2
D’autre part, on a : cos γ = cos(2γ/2) = 2 cos2 (γ/2) − 1 et ainsi
8 8
= . (∗∗)
3 + 2 cos γ 1 + 4 cos2 (γ/2)
32 1. ENSEMBLES ET FONCTIONS CONVEXES
où l’on remplace partout les inégalités larges par des inégalités strictes), on
a
f 0 (x) ≤ px (z) = pz (x) < pz (x00 ) < pz (x0 ), (∗∗)
puisque x < x00 < x0 . Mais en faisant tendre z vers x0 (par valeurs supérieures),
comme f est dérivable en x0 , on a pz (x0 ) → f 0 (x0 ), et comme f est conti-
nue pz (x) → px0 (x) et pz (x00 ) → px0 (x00 ). D’autre part, puisque x < x00 , par
stricte convexité de f , l’négalité des pentes strictes donne aussi px0 (x) <
px0 (x00 ) Finalement, l’inégalité (∗∗) donne alors, en y faisant z → x0
f 0 (x) ≤ px0 (x) < px0 (x00 ) ≤ f 0 (x0 ).
On a donc montré que f 0 est strictement croissante.
• Réciproquement, supposons que f 0 est strictement croissante sur I et
montrons que f est strictement convexe.
Soient x, y ∈ I, λ ∈ [0, 1] et z = (1 − λ)x + λy. Comme f est dérivable
sur I, f est continue sur [x, z] et dérivable sur ]x, z[. On peut appliquer à
f le théorème des accroissements finis sur [x, z]. Il existe θ ∈]x, z[ tel que
f (z) − f (x) = (z − x)f 0 (θ),
soit
f (x) = f (z) − f 0 (θ)(z − x). (a)
De même, il existe ν ∈]z, y[ tel que
f (y) = f (z) + f 0 (ν)(y − z) (b)
Remarquons ensuite que z − x = λ(y − x) et que y − z = (1 − λ)(y − x).
Les inégalités (a) et (b) donnent alors
f (x) = f (z) − λf 0 (θ)(y − x) (c),
4. Inégalités de convexité
La convexité, ou la concavité, de certaines fonctions permettent de démontrer des
inégalités très utiles en analyse et souvent difficiles à obtenir par d’autres techniques.
4.1. Proposition. Soient x1 ,P · · · , xn des réels strictement positifs. Pour tout n-
uplet λ1 , · · · , λn ∈ [0, 1] tels que ni=1 λi = 1, on a :
xλ1 1 xλ2 2 · · · xλnn ≤ λ1 x1 + λ2 x2 + · · · + λn xn 7.
En particulier :
√ x1 + x2 + · · · + xn
n
x1 x2 · · · xn ≤ . (Inégalité arithmético-géométrique)
n
7. L. J. Rogers, (1888).
4. INÉGALITÉS DE CONVEXITÉ 35
Démonstration. D’après l’Exercice 23, la fonction − ln est convexe sur ]0, +∞[,
ce qui donne d’après l’inégalité de Jensen (Proposition 3.8) :
Xn n
X
− ln( λ i xi ) ≤ − λi ln(xi ).
i=1 i=1
Ces deux inégalités admettent une version intégrale, comme c’est souvent le cas pour
les formules faisant intervenir des sommes finies.
Soient a ≤ b deux réels et p, q > 0 deux réels tels que p1 + 1q = 1. Pour toutes
fonctions f, g : [a, b] → R continues, on a :
Z b Z b Z b
1
p p
1
| f g| ≤ |f | |g|q q . (Inégalité de Hölder)
a a a
|a1 | |b1 |
En appliquant cette dernière inégalité successivement à t = kakp
et u = kbkq
, ··· ,t =
|an | |bn |
kakp
et u = kbkq
, on a
|ai bi | |ai |p |bi |q
∀i ∈ {1, · · · , n}, ≤ + .
kakp kbkq pkakpp qkbkqq
Notons que nous avons ici supposé que a 6= 0 et b 6= 0, ce qui ne nuit pas à la
généralité de notre preuve, puisque lorsque a = 0 ou b = 0, l’inégalité de Hölder est
trivialement vraie.
En sommant maintenant terme à terme on en déduit
n n n
| ni=1 ai bi | X |ai bi | |ai |p |bi |q
P X X 1 1
≤ ≤ p + q = + = 1,
kakp kbkq i=1
kakp kbkq i=1
pkakp i=1 qkbkq p q
qui est bien l’inégalité de Hölder.
Montrons maintenant l’inégalité de Minkowski. On peut pour cela supposer que
p > 1, car si p = 1, l’inégalité de Minkowski provient directement de l’inégalité
triangulaire pour la valeur absolue | | sur R, qui est très facile à démontrer. Pour p
p
fixé, appliquons l’inégalité de Hölder à q = p−1 , ai = |xi | et bi = |xi + yi |p−1 . On a
alors :
Xn Xn 1 Xn 1
p−1 p p p q
|xi ||xi + yi | ≤ |xi | |xi + yi | = kxkp · kx + ykp−1p , (∗)
i=1 i=1 i=1
Mais l’inégalité (∗ ∗ ∗) donne, après somme membre à membre des inégalités (∗) et
(∗∗),
kx + ykpp ≤ (kxkp + kykp )kx + ykp−1
p .
En divisant les deux membres de cette inégalité par kx+ykpp−1 , lorsque cette quantité
est non nulle, on obtient l’inégalité de Minkowski (noter que dans le cas où kx +
ykp−1
p = 0, ce qui équivaut à x + y = 0, l’inégalité de Minkowski est trivialement
vraie).
Enfin les inégalités de Hölder et de Minkowski
R pour les intégrales s’obtiennent
P de
la manière, en faisant jouer la linéarité de , comme on vient de le faire pour .
4.4. Remarque. L’inégalité de Minkowski pour p = 1 n’est rien d’autre que
l’inégalité triangulaire pour la valeur absolue | | sur R. D’autre part il est facile de
4. INÉGALITÉS DE CONVEXITÉ 37
c’est-à-dire que
k(1 − λ)x + λykp ≤ 1. (∗∗)
Or k(1 − λ)x + λykp ≤ kp (1 − λ)xkp + kλykp , d’après l’inégalité de Minkowski. Et
d’autre part, puisque 1 − λ ≥ 0 et λ ≥ 0, on a k(1 − λ)xkp + kλykp = (1 − λ)kxkp +
λkykp ≤ (1 − λ) · 1 + λ · 1 = 1. La dernière inégalité étant obtenue grâce à (∗). On
a donc bien prouvé (∗∗).
On peut répondre à la seconde question de plusieurs façons.
- Soit on peut dire que la convexité est préservée par transalation (ce qui nécessite
une justification calculatoire), donc on peut supposer a = 0 puis dire que la convexité
est préservée par homothétie (ce qui nécessite aussi une justification calculatoire),
donc supposer que r = 1 et se ramener ainsi à la première question.
- Soit faire directement un calcul, ce qui revient à justifier l’invariance de la
convexité par translation et homothétie : soient x, y ∈ B(a, r) et λ ∈ [0, 1], c’est-à-
dire que
kx − akp ≤ r et ky − akp ≤ r. (∗)
On doit vérifier que
(1 − λ)x + λy ∈ B(a, r),
c’est-à-dire que
k(1 − λ)x + λy − akp ≤ r. (∗∗)
Or k(1−λ)x+λy−akp = k(1−λ)(x−a)+λ(y−a)kp ≤ kp (1−λ)(x−a)kp +kλ(y−a)kp ,
d’après l’inégalité de Minkowski. Et d’autre part, puisque 1 − λ ≥ 0 et λ ≥ 0, on a
k(1 − λ)(x − a)kp + kλ(y − a)kp = (1 − λ)kx − akp + λkya kp ≤ (1 − λ) · r + λ · r = r.
La dernière inégalité étant obtenue grâce à (∗). On a donc bien prouvé (∗∗).
Notons pour terminer que l’on montre de la même manière la convexité des boules
définies par des inégalités strictes {x = (x1 , · · · , xn ) ∈ Rn ; kx − akp < r}.
25. Exercice. Montrer les inégalité suivantes.
a+b
ea +eb
(1) ∀a, b ∈ R, e 2 ≤ 2
, l’égalité n’ayant lieu que si a = b.
π
(2) ∀x ∈ [0, 2
], π2 x
≤ sin(x) ≤ x.
p
(3) ∀a, b > 1, ln( a+b
2
) ≥ ln(a) ln(b) (montrer auparavant la concavité de
x 7→ ln(ln(x))).
26. Exercice. Soient a, b ∈ R∗+ et soit E l’ellipsoı̈de de R2 défini par
x2 y 2
E := {(x, y) ∈ R2 ; + ≤ 1}.
a b
(1) Représenter E.
(2) Montrer que si ` : R2 → R2 est une application linéaire, l’image `(C) d’un
convexe C de R2 par ` est un convexe de R2 .
(3) En utilisant la question 2, montrer que E est un sous-ensemble convexe de
R2 .
4. INÉGALITÉS DE CONVEXITÉ 39
(4) Justifier que pour tout x ∈]c, d[, la fonction px :]c, d[\{x} → R définie par
α(y) − α(x)
px (y) =
y−x
est croissante.
(5) En utilisant la question 4 et la continuité de α en c et d, montrer que
- la fonction pc :]c, d] → R est croissante,
- la fonction pd : [c, d[→ R est croissante,
- pour tout x ∈]c, d[, la fonction px : [c, d] \ {x} → R est croissante.
(6) Conclure des questions 4 et 5 que α est convexe sur [c, d].
(7) Retrouver la conclusion de la question 6, en montrant directement à partir
de la définition de la convexité que si une fonction α : [c, d] → R est continue
sur [c, d] et convexe sur ]c, d[, alors α est convexe sur [c, d].
√ √
(8) En appliquant la conclusion de la question 6 à la fonction α : [− a, a] →
R définie par
r
√ √ b
∀x ∈ [− a, a], α(x) = − b − x2 ,
a
montrer à nouveau que E est un sous-ensemble convexe de R2 .
Solution de l’exercice. (1) E est l’ellipsoı̈de centré en 0 et de demi-axes
√
√
horizontal a et vertical b.
11111111111111111
00000000000000000
b
00000000000000000
11111111111111111
00000000000000000
11111111111111111
− a
00000000000000000
11111111111111111
00000000000000000
11111111111111111
a
00000000000000000
11111111111111111
00000000000000000
11111111111111111
− b
2
(3) L’ellipsoı̈de E est
√ l’image par l’application linéaire ` : R → R2 définie par
√
`(x, y) = ( ax, by) de la boule unité C = {(x, y) ∈ R2 ; x2 + y 2 ≤ 1}.
√ √
En effet, soient x, y, X, Y ∈ R tels que X = ax et Y = by, on a
X2 Y 2
+ = x2 + y 2
a b
et donc
X2 Y 2
x2 + y 2 ≤ 1 ⇐⇒ + ≤ 1,
a b
ou encore
(x, y) ∈ C ⇐⇒ (X, Y ) ∈ E.
Ce qui montre bien que `(C) = E, puisque (X, Y ) = `(x, y) et ` est bijective
et (x, y) = `−1 (X, Y ).
Comme par l’Exercice 24 avec p = 2, C est convexe, par la question
précédente E est convexe.
(4) Puisque la dérivée seconde de α sur ]c, d[ est positive, α est convexe sur ]c, d[,
par le Corollaire 3.14. Mais par l’inégalité des pentes (Théorème 3.10), il
s’ensuit que px est croissante sur ]c, d[\{x}.
(5) Soient y, z ∈]c, d[ tels que y < z et x ∈]c, d[ différent de y et z. Par la
question précédente,
px (y) ≤ px (z). (∗)
Or puisque α est continue en c, lorsque x → c, on a α(x) → α(c) et donc
px (y) → pc (y) et px (z) → pc (z). D’après (∗), en faisant x → c, on a donc
pc (y) ≤ pc (z). (∗∗)
On peut dans (∗∗) faire tendre z vers d pour obtenir, toujours par continuité
de α en d
pc (y) ≤ pc (d). (∗ ∗ ∗)
En conclusion (∗∗) et (∗ ∗ ∗) prouvent que pc est croissante sur ]c, d].
Les autres propositions se prouvent de la même manière.
(6) Les questions 4 et 5 prouvent que les pentes px , pour tout x ∈ [c, d], sont
croissantes sur [c, d] \ {x}, ce qui prouve la convexité de α sur [c, d] (par le
Théorème 3.10).
(7) Il s’agit de l’Exercice 6.
√ √
(8) La dérivée seconde
√ de α√sur ] − a, a[ est positive (noter que√α n’est
√ pas
dérivable en − a ni en a). D’autre part α est continue sur [− a, a]. On
peut donc appliquer le résultat de la question 6. Ceci prouve que l’épigraphe
Γ(α)+ de α est un convexe de R2 . D’autre part, β = −α est concave et donc
Γ(α)− est un convexe (cf proposition 3.5). Il s’ensuit que Γ(α)+ ∩ Γ(α)− est
un convexe (cf Exercice 3). Mais ce convexe n’est autre que E.
CHAPITRE 2
1. Rappels
1.1. Définition. Soient A un ensemble. Une relation binaire R sur A est
la donnée d’un sous-ensemble de R × R, c’est-à-dire la donnée d’un ensemble de
couples d’éléments de A : les couples d’éléments de A qui sont en relation suivant
R. Pour être plus concis, pour x, y ∈ A, on note xRy l’appartenance (x, y) ∈ R. Ce
qui se lit x est en relation avec y .
1.2. Exemple. Si l’on se donne pour relation R sur A = R le demi-plan de R2
sous la droite y = x (c’est-à-dire que R est l’ensemble des couples (x, y) ∈ R × R
tels que x ≤ y), cela revient à définir la relation ≤ sur R.
1.3. Définition. Une relation binaire R sur l’ensemble A est dite une relation
d’équivalence sur A lorsque
– R est réflexive : ∀x ∈ A, xRx,
– R est symétrique : ∀x, y ∈ A, xRy =⇒ yRx,
– R est transitive : ∀x, y, z ∈ A, (xRy et yRz) =⇒ xRz.
1.4. Définition. Si R est une relation d’équivalence sur l’ensemble A, et si x ∈ A,
on considère x̄, la classe d’équivalence de x suivant R, définie par
x̄ := {y ∈ a; xRy}.
1.5. Exemple. On peut considérer la relation R sur l’ensemble des être humains,
définie par
∀x, y ∈ A, xRy ⇐⇒ x et y ont la même taille .
Une classe d’équivalence regroupe donc tous les être humains de la même classe.
L’intérêt des relations d’équivalences est qu’elles permettent de regrouper les
éléments de A en des sous-ensembles de A (les classes d’équivalence) qui offrent
une partition de A. On regroupe ainsi de manière exhaustive les éléments de A en
relation.
27. Exercice. Montrer que si R est une relation d’équivalence sur l’ensemble
A, et si x, y ∈ A, on x̄ ∩ ȳ 6= ∅ ⇐⇒ x̄ = ȳ. En déduire que l’ensemble des classes
d’équivalences suivant R forme une partition de A (c’est-à-dire que A est la réunion
des classes d’équivalence suivant R et que deux telles classes sont égales ou sans
intersection).
1.6. Définition. Une relation binaire R sur l’ensemble A est dite une relation
d’ordre sur A lorsque
41
42 2. ÉTUDE LOCALE DE FONCTIONS
On dit que la relation ∼a est une relation d’équivalence. L’ensemble des fonc-
tions équivalentes en a à une fonction donnée f s’appelle la classe d’équivalence
de f . Les classes d’équivalences de la relation ∼a forment une partition de l’en-
semble des fonctions définies au voisinages de a. C’est-à-dire que deux classes sont
soient disjointes soient égales et qu’une fonction donnée est nécessairement dans
une classe.
2.11. Remarque. La fonction nulle n’est équivalente qu’à elle-même, puisque si
f ∼a 0, alors sur un voisinage de a, on a f = · 0 = 0 (avec lima = 0). Ainsi la
classe d’équivalence de la fonction nulle est un singleton réduit à elle-même.
2.12. Remarque. Il existe beaucoup de classes différentes suivant la relation
p
d’équivalence ∼a . Par exemple les fonctions x 7→ xk log` (|x|)ex sont toutes non
équivalentes en 0 (pour des triplets (k, `, p) ∈ Z3 distincts), et sont donc dans autant
de classes distinctes.
2.13. Proposition. La relation de domination est réflexive et les relations de
domination et de prépondérance sont :
– stables par addition, au sens suivant : si f = O(ϕ) et g = O(ϕ), alors f + g =
O(ϕ). De même, si f = o(ϕ) et g = o(ϕ), alors f + g = o(ϕ).
– stables par produit : si f = O(ϕ1 ) et g = O(ϕ2 ), alors f · g = O(ϕ1 · ϕ2 ). De
même, si f = o(ϕ1 ) et g = o(ϕ2 ), alors f · g = o(ϕ1 · ϕ2 ).
– stables par multiplication par un réel,
– transitives.
La relation d’équivalence est :
– stable par produit : si f ∼a ϕ1 et g ∼a ϕ2 , alors f · g ∼a ϕ1 · ϕ2 .
– non stable en général par addition.
Enfin, si f ∼a ϕ1 et g ∼a ϕ2 et si aucune de ces fonctions ne s’annule au voisinage
de a, alors
f ϕ1
– on a ∼a .
g ϕ2
2.14. Remarque. Attention, il n’est en général pas vrai que f = o(ϕ1 ) et g =
o(ϕ2 ) impliquent f + g = o(ϕ1 + ϕ1 ). La stabilité par addition de la relation de
prépondérance est bien à comprendre au sens de la Proposition 2.13 (lorsque ϕ1 =
ϕ2 ). En effet, par exemple si f (x) = g(x) = x, ϕ1 (x) = 1 et ϕ2 (x) = −1 + x. On a
bien x = o(1) et x = o(−1 + x), mais f (x) + g(x) = 2x 6= o((ϕ1 + ϕ2 )(x) = x).
2.15. Remarque. Attention, il n’est en général pas vrai que f ∼a ϕ1 et g ∼a ϕ2
impliquent f + g ∼a ϕ1 + ϕ2 . En effet, par exemple si f (x) = 1, g(x) = −1,
ϕ1 (x) = 1 + x et ϕ2 (x) = −1. On a bien 1 ∼0 1 + x et −1 ∼0 −1, mais f (x) + g(x) =
0 6∼0 (ϕ1 + ϕ2 )(x) = x.
En revanche, si ϕ2 = o(ϕ1 ), on a bien f ∼a ϕ1 et g ∼a ϕ2 impliquent f + g ∼a ϕ1 .
On vérifie également (cf l’Exercice 29) que lorsque ϕ1 et ϕ2 sont toutes les deux
> 0 (ou toutes les deux < 0) dans un voisinage de a, alors f ∼a ϕ1 et g ∼a ϕ2
impliquent f + g ∼a ϕ1 + ϕ2 .
2. DOMINATION, PRÉPONDÉRANCE, ÉQUIVALENCE DE FONCTIONS 47
Dans tous les cas, on aura toujours intérêt à revenir à la définition de l’équivalence
pour ne pas se tromper.
29. Exercice. Montrer que si ϕ1 et ϕ2 sont toutes les deux > 0 (ou toutes les deux
< 0) dans un voisinage de a, alors f ∼a ϕ1 et g ∼a ϕ2 impliquent f + g ∼a ϕ1 + ϕ2 .
Solution de l’exercice. Supposons que ϕ1 et ϕ2 soient toutes les deux > 0
(le cas où ϕ1 et ϕ2 sont toutes les deux < 0 se traitant de la même façon). Sur
un voisinage de a existent u1 , u2 deux fonctions de limite 1 telles que f = u1 ϕ1 et
g = u2 ϕ2 . On a alors
u1 ϕ1 + u2 ϕ2
f + g = (ϕ1 + ϕ2 ) .
ϕ1 + ϕ2
Mais ϕ1 et ϕ2 étant toutes les deux > 0
u1 ϕ1 + u2 ϕ2 |u1 − 1|ϕ1 + |u2 − 1|ϕ2
| − 1| ≤
ϕ1 + ϕ2 |ϕ1 + ϕ2 |
max(|u1 − 1|, |u2 − 1|)(ϕ1 + ϕ2 )
≤ = max(|u1 − 1|, |u2 − 1|) → 0.
ϕ1 + ϕ2
30. Exercice. Montrer que si h = o(g), alors f ∼a g + h ⇐⇒ f ∼a g.
Solution de l’exercice. Sur un voisinage V de a on a
f = u · (g + h),
avec lima u = 1 et d’autre part
h = · g,
avec lima = 0. On en déduit que
f = (u + ) · g,
avec lima u + = 1.
2.16. Exemple. Si a ∈ R, 1 ∼a 1+(x−a)r , pour tout r > 0, puisque (x−a)r →a 0
et donc (x − a)r = o(1).
2.17. Proposition. (1) Soient f et g deux fonctions équivalentes en a. Alors
si l’une admet une limite ` en a (finie ou infinie, nulle ou pas), l’autre admet
aussi ` pour limite en a.
(2) Réciproquement si deux fonctions admettent en a la même limite non nulle
` ∈ R∗ , alors ces fonctions sont équivalentes en a.
Démonstration. Montrons 1. Soient f et g telles que f = u · g, avec lima u = 1.
En prenant lima de chaque côté de cette égalité, on obtient lima f = lima g.
Supposons maintenant pour montrer 2 que f et g sont deux fonctions de même
limite ` 6= 0 en a. Alors on peut écrire f = fg · g. La fonction fg est bien définie dans
|`|
un voisinage de a, puisque dans un certain voisinage de a, 0 < 2
≤ |g| et de plus
lima fg = `` = 1.
48 2. ÉTUDE LOCALE DE FONCTIONS
111
000
000
111
Ensemble des fonctions
Ensemble des fonctions
ayant une limite nulle en a
0
1 000
111
ayant une limite non nulle en a
0
1
00000000
11111111 0000000000
1111111111
000000000
111111111
0000000000
1111111111
0
1 000000000
111111111
00000000
11111111 0000000000
1111111111
000000000
111111111
00000000
11111111 0000000000
1111111111
000000000
111111111
00000000
11111111 0000000000
1111111111
000000000
111111111
11
00
00000000
11111111 0000000000
1111111111
000000000
111111111
111
000
00000000
11111111
000
111
00000000
11111111 0000000000
1111111111
000000000
111111111
0000000000
1111111111
11
00
00
11 000000000
111111111
00000000
11111111 0000000000
1111111111
000000000
111111111
00000000
11111111
00
11 000
111
0000000000
1111111111
111
000
00
11 000000000
111111111
0000000
1111111 000
111
0000000000
1111111111
000000000
111111111
0000000
1111111
00
11 000
111
0000000
1111111
00
11
0000000
1111111
Ensemble des fonctions
00
11
n’ayant pas de limite en a
Ensemble des fonctions
ayant une limite en a n
classe de (x−a)
classe de (x−a)n+1
classe des fonctions
de limite π en a
fig.5
log(1+x) x
Solution de l’exercice. Soit f (x) = log(x)
. Par définition, on a
log(1+x)
f (x) = ex log( log(x)
)
.
De sorte que f (x) n’a de sens que pour x > 1, car alors seulement log(1+x)
log(x)
> 0. On
a ensuite
log(1 + x) log(x( x+1
x
)) log(x) + log(1 + x1 ) log(1 + x1 )
= = =1+ .
log(x) log(x) log(x) log(x)
log(1+ 1 )
En posant y = 1 + log(x)x , on a y → 1 lorsque x → +∞. D’autre part, par la
Proposition 2.19, nous savons que
log(y) ∼1 y − 1, (∗)
puisque la dérivée de log en 1 est 1. Il s’ensuit que
log(1 + x1 ) log(1 + x1 )
log 1 + ∼+∞ . (∗∗)
log(x) log(x)
À nouveau par application de (∗) à y = 1 + x1 , du fait que y tend vers 1 quand x
tend vers +∞, on obtient
log(1 + x1 ) 1
∼+∞ . (∗ ∗ ∗)
log(x) x log(x)
Les équivalences de (∗∗) et (∗ ∗ ∗) donnent
log(1 + x1 ) 1
x log 1 + ∼+∞ ,
log(x) log(x)
par la stabilité de l’équivalence par produit (cf Proposition 2.13). Il existe ainsi une
fonction u(x) de limite 1 en +∞, telle que
log(1 + x1 ) u(x)
x log 1 + = ),
log(x) log(x)
et donc
u(x)
f (x) − 1 = e log(x) ) − 1.
u(x)
Posons y = log(x) . Alors y tend vers 0 lorsque x tend vers +∞, et toujours par la
Proposition 2.19, ey − 1 ∼0 y, donc
u(x) u(x) 1
f (x) − 1 = e log(x) ) − 1 ∼+∞ ∼+∞ .
log(x) log(x)
37. Exercice. (1) À l’aide d’une Proposition du cours, montrer que
eu − 1 ∼0 u (a)
et ln(1 + u) ∼0 u. (b)
2. DOMINATION, PRÉPONDÉRANCE, ÉQUIVALENCE DE FONCTIONS 55
avec (x) = lnu−c (x), qui est de limite nulle lorsque x tend vers +∞,
puisque u − c < 0. Donc gr,s,u = o(ga,b,c ).
En conclusion, si gr,s,u et ga,b,c sont deux fonctions distinctes de la fa-
mille 10, on compare leur triplet d’indice (r, s, u) et (a, b, c) en parcou-
rant successivement leurs composantes une à une, de la gauche vers la
droite. Dans ce parcours, dès qu’une composante de (r, s, u) est < à la
composante correspondante de (a, b, c), on a gr,s,u = o(ga,b,c ). Par exemple
g√2,π, √1 = o(g√2,√11,√2 ). Évidemment cela ne se produit que parce que les
3
puissances de x sont négligeables en +∞ devant l’exponentielle des puis-
sances de x, que les puissances du logarithme sont elles-mêmes négligeables
devant les puissances de x et que l’ordre des composantes de l’indice (r, s, u)
respecte cet ordre de prépondérance des exponentielles des puissances de x,
des puissances de x et des puissances de ln(x).
Remarquons que ce processus induit sur R3 un ordre total, c’est-à-dire
une façon de comparer à coup sûr les triplets de R3 . On note alors cette
relation d’ordre, qui est, d’après ce qui précède, définie par
(r, s, u) (a, b, c) ⇐⇒ r ≤ a ou (r = a et s ≤ b) ou (r = a et s = b et u ≤ c),
où ≤ désigne la relation d’ordre habituelle de R. On introduit enfin la no-
tation ≺ (l’ordre strict associé à l’ordre ), notation définie par
(r, s, u) ≺ (a, b, c) ⇐⇒ [(r, s, u) (a, b, c) et (r, s, u) 6= (a, b, c)].
√ √
Par exemple (1, 2, π) ≺ (1, 3, 1/2). Avec ces notations, on a montré que
gr,s,u = o(ga,b,c ) ⇐⇒ (r, s, u) ≺ (a, b, c).
L’ordre sur R3 défini ci-dessus s’appelle l’ordre lexicographique sur
R3 . Plus généralement l’ordre lexicographique se définit de la même manière
sur les triplets de Rn , et, lorsque n = 1, il n’est rien d’autre que l’ordre
habituel de R.
Remarquons que l’on peut tout aussi bien définir un ordre 0 sur R3 (et
bien sûr plus généralement sur Rn ), en posant
(r, s, u) 0 (a, b, c) ⇐⇒ (a, b, c) (r, s, u)
⇐⇒ a ≤ r ou (a = r et b ≤ s) ou (a = r et b = s et c ≤ u).
L’ordre 0 est appelé l’ordre anti-lexicographique. Il est un peu
√ moins0
√ que l’ordre lexicographique, puisque l’on a par exemple (1, 3, π)
naturel
(1, 2, 1/2).
5. Dans le cas de la famille 5, on montre avec les mêmes arguments que pour
r
la famille 10, que la famille des fonctions gr,s,u = e|x−a| |x − a|s lnu (|x − a|),
(r, s, u) ∈ ×R3 , est une échelle de comparaison en a ∈ R. Pour cette famille,
on montre de plus que
gr,s,u = o(ga,b,c ) ⇐⇒ (a, b, c) ≺ (r, s, u) ⇐⇒ (r, s, u) ≺0 (a, b, c).
3. ÉCHELLES DE COMPARAISON ET DÉVELOPPEMENTS ASYMPTOTIQUES 59
Pour cette famille, gr,s,u est négligeable devant ga,b,c si et seulement si (r, s, u)
est plus grand que (a, b, c) pour l’ordre lexicographique ≺.
Les observations de la solution de l’Exercice 38 ci-dessus ont conduit à considérer
deux ordres sur l’ensemble des indices I = R3 des familles 5 et 10 de l’Exemple
3.3 : l’ordre lexicographique et l’ordre anti-lexicographique. De plus ces ordres sont
compatibles avec la relation de prépondérance o en ce sens que pour un couple
d’indices (i, j) on peut déterminer laquelle des deux fonctions gi ou gj est négligeable
devant l’autre uniquement en comparant i et j selon l’ordre .
On va voir dans la Proposition 3.4 qui suit que ceci est général : on peut toujours
munir l’ensemble I des indices d’une échelle de comparaison de deux ordres (opposés
l’un à l’autre) compatibles avec la relation de prépondérance en a. Ceci n’est bien
sûr utile que lorsque I n’est pas déjà muni d’un ordre compatible avec la relation
de prépondérance des fonctions en a.
Parmi ces deux définitions possibles d’ordre sur l’ensemble des indices I, on opte
pour celle qui, dans le cas particulier de l’échelle gr (x) = |x−a|r , r ∈ I = R, coı̈ncide
avec l’ordre habituel de R, ou plus généralement avec l’ordre lexicographique sur R3
(qui est plus naturel que l’ordre anti-lexicographique) dans le cas particulier de
l’échelle de comparaison 5 de l’Exemple 3.3.
Ainsi, pour l’étude asymptotique des fonctions en un point a ∈ R, le choix de
l’ordre proposé par la Proposition 3.4 sur l’ensemble I des indices des échelles puis-
sance et logarithmico-exponentielle est naturel, puisqu’il s’agit du choix de l’ordre
lexicographique. En revanche, pour l’étude asymptotique des fonctions en +∞ ou
−∞, le choix de l’ordre proposé par la Proposition 3.4 sur l’ensemble I des indices
des échelles puissance et logarithmico-exponentielle est moins naturel, puisqu’il s’agit
de celui de l’ordre anti-lexicographique. En quelque sorte le choix de l’ordre proposé
par la Définition 3.4 privilégie donc l’étude des fonctions en un point a ∈ R plutôt
qu’en l’infini.
Voyons maintenant comment on peut définir un tel ordre.
3.4. Proposition. Soit F = (gi )i∈I une échelle de comparaison asymptotique en
a (a ∈ R, a = +∞ ou a = −∞). On définit une relation sur l’ensemble des indices
I, notée , par
∀i, j ∈ I, i j ⇐⇒ gi = gj ou gj = o(gi ).
La relation munit I d’un ordre total, par définition-même compatible avec la re-
lation de prépondérance o en a.
On note i ≺ j lorsque i 6= j et i j.
Démonstration. La relation est bien réflexive, puisque i i implique gi = gi ,
qui est bien une proposition vraie.
Cette relation est aussi anti-symétrique, puisque si i j et j i, on a
(gi = gj ou gj = o(gi )) et (gj = gi ou gi = o(gj ))
ce qui équivaut à
(gi = gj ) ou (gi = gj et gi = o(gj ))
60 2. ÉTUDE LOCALE DE FONCTIONS
En particulier
M
X N
X
f− α k gik + αk gik = o(giM ).
k=1 k=M +1
PN
Mais comme k=M +1 αk gik = o(giM ), puisque gik = o(giM ) pour k > M , on a bien
M
X
f− αk gik = o(giM ).
k=1
Démonstration. On a f − N
P
k=1 αk gik = o(giN ), donc f − α1 gi1 = o(gi1 ), ce qui
prouve que f ∼a α1 gi1 . On réitère ensuite l’argument.
4. Développement limités
Dans cette section, on étudie tout particulièrement le comportement des fonc-
tions en a ∈ R dans l’échelle de comparaison des monômes ((x − a)n )n∈N . Un
développement asymptotique s’appellera alors un développement limité. Par com-
modité on suppose que a est dans le domaine de définition de la fonction f que l’on
étudie.
4.1. Définition. Soit f une fonction définie au voisinage de a.
(1) Si f admet un développement asymptotique en a, à l’ordre N , suivant
l’échelle de comparaison monomiale ((x − a)n )n∈N , on dit que f admet en a
un développement limité à l’ordre N , noté par l’abréviation f admet
un DLN a . Dans ce cas, on a l’existence de réels α0 , · · · , αN tels que
N
X
f− αi (x − a)i = o((x − a)N ),
i=1
ou de façon équivalente :
f− N i
P
i=1 αi (x − a)
−→x→a,x6=a 0.
(x − a)N
4. DÉVELOPPEMENT LIMITÉS 63
On notera souvent
N
X N
X
i N
f= αi (x − a) + o((x − a) ) au lieu de f − αi (x − a)i = o((x − a)N ).
i=1 i=1
PN
On dit alors que i=1 αi (x − a)i est le développement limité en a de
f à l’ordre N . On le note [DLN
a (f )](x).
(2) Soit f une fonction définie au voisinage de +∞ (resp. de −∞). Si f admet
un développement asymptotique en a, à l’ordre N , suivant l’échelle de com-
paraison monomiale ((x − a)−n )n∈N , on dit que f admet en +∞ (resp. en
−∞) un développement limité à l’ordre N , noté par l’abréviation f
admet un DLN N
+∞ (resp. DL−∞ ).
x
Comme limx→0 1−x = 0, on en déduit que g admet, pour tout n ∈ N, le DLn0 :
Pn i
i=0 x .
Pour P les mêmes raisons, puisque f (x) = g(−x), f admet, pour tout n ∈ N,
le DL0 : ni=0 (−1)i xi .
n
x+π 1 x+π x x2
f (x) = ( )( x ) = ( )(1 − + 2
) + o(x2 )
π + 1 1 + π+1 π+1 π + 1 (π + 1)
4. DÉVELOPPEMENT LIMITÉS 65
π 1 1
= + 2
x − 3
x2 + o(x2 ).
π + 1 (π + 1) (π + 1)
On en déduit le DL2π (g)
π 1 1
g(x) = f (x − π) = + 2
(x − π) − 3
(x − π)2 + o((x − π)2 ).
π + 1 (π + 1) (π + 1)
4.8. Proposition. Soit f une fonction définie au voisinage de a ∈ R.
0. f admet un développement limité en a à l’ordre 0 si et seulement si f est
continue en a. Celui-ci est alors f (x) = f (a) + o(1).
(1) f admet un développement limité en a à l’ordre 1 si et seulement si f est
dérivable en a. Celui-ci est alors f (x) = f (a) + f 0 (a)(x − a) + o((x − a)).
(2) f peut admettre un développement limité à l’ordre N ≥ 2, sans être deux
fois dérivable en a.
Démonstration. 0. On a : f est continue en a ssi f (x) − f (a) tend vers
0 ssi f (x) − f (a) est négligeable devant (x − a)0 .
(1) On a : f dérivable en a ss’il existe α ∈ R tel que f (x) − f (a) − α(x − a) =
(x)(x − a), avec (x) → 0 quand x → a. De sorte que f dérivable en a ssi
f admet un développement limité en a à l’ordre 1 en a.
(2) On dispose du contre-exemple suivant : f (x) = x3 sin(1/x) si x 6= 0 et
f (0) = 0. Alors on a f (x) = 0 + o(x2 ), donc f admet un développement
limité à l’ordre 2 en 0, en revanche, on a f 0 (0) = 0, f 0 (x) = −x cos 1/x si
0 0 (0)
x 6= 0, et donc f (x)−f
x−0
n’admet pas de limite en 0.
4.9. Proposition. Tout développement limité au voisinage de 0 d’une fonction
paire (resp. impaire) est une fonction paire (resp. impaire) et donc ne comporte que
des exposants pairs (resp. impairs).
Démonstration. Soit f une fonction paire, alors
n
X
f (x) = αi xi + xn (x), (1)
i=0
On en déduit que
k
X
α2j+1 x2j+1 = xn µ(x), (2)
j=0
66 2. ÉTUDE LOCALE DE FONCTIONS
où k est le plus grand entier tel que 2k + 1 ≤ n et µ(x) = 12 ((−x) − (x)) → 0
quand x → 0. Maintenant les égalités (1) et (2) donnent
`
X
f (x) = α2j x2j + xn ((x) + µ(x)),
i=0
où ` est le plus grand entier tel que 2` ≤ n. Autrement dit, DLn0 (f ) ne comporte
que des puissances paires.
Le cas d’une fonction impaire se traite de la même façon.
Nous rappelons maintenant la formule de Taylor-Young, qui garantit l’existence
de DLna (f ) lorsque f (n) (a) existe.
4.10. Théorème (Formule de Taylor-Young). Si f est définie sur un voisinage
d’un point a ∈ R, et si, pour n ≥ 1, f est n fois dérivable en a, alors
n
X f (i) (a)
f (x) = (x − a)i + o((x − a)n ).
i=0
i!
(i)
En particulier, f admet le DLna : ni=0 f i!(a) (x − a)i .
P
ce qui prouve T (n), puisque limx→a (θ) = 0, du fait de la majoration |θ−a| ≤ |x−a|.
La formule de Taylor permet de prouver que les fonctions dérivables en un point
a à l’ordre n admettent un DLna et donne de plus une méthode explicite de calcul,
puisque ce DLna s’obtient en calculant n dérivées successives en a. Cependant ce
calcul peut vite devenir fastidieux. On préfèrera alors, quand cela est possible, utiliser
d’autres méthodes plus rapides. Notamment celles données par les Propositions 4.18,
4.19 et 4.20 qui suivent.
4.11. Corollaire. Soit f une fonction C ∞ sur un intervalle ouvert I. Alors f
admet des DLna , pour tout a ∈ I et tout n ≥ 0.
4.12. Corollaire. Soit f une fonction dérivable n fois en a, n ≥ 2, sur un
intervalle ouvert I et a ∈ I. Si f est telle que f (k) (a) = 0, pour tout k, 1 ≤ k ≤ n − 1
et f (n) (a) 6= 0. Alors f admet un extremum local strict en a si et seulement si n est
pair. Dans ce cas,
– f admet en a un minimum local si f (n) (a) > 0,
– un maximum local si f (n) (a) < 0.
Démonstration. D’après la formule de Taylor,
f (n) (a)
f (x) = f (a) + (x − a)n + o((x − a)n ).
n!
La fonction f admet un extremum local en a si et seulement si le signe de f (x)−f (a)
ne change pas dans un voisinage de a ce qui équivaut à dire que n est pair. Lorsque
n est pair, ce signe est celui de f (n) (a) : s’il est positif on a f (x) > f (a) dans un
voisinage de a privé de a et s’il est négatif, on a f (x) < f (a).
4.13. Remarque. La formule de Taylor-Young, donnée dans le Théorème 4.10,
assure que le reste f (x) − [DLna (f )](x) d’une fonction f qui est n fois dérivable en
a, est un o((x − a)), autrement dit est de la forme (x − a)n (x), avec une fonction
de limite nulle en a. Il faut bien remarquer que la fonction dépend du point a,
autrement dit, si f est aussi dérivable n fois en un autre point b de son domaine de
définition, le reste f (x) − [DLnb (f )](x) sera du type (x − a)n µ(x). On ne saura pas
alors, sans hypothèse supplémentaire sur f , comparer les fonctions et µ. La formule
de Taylor-Lagrange corrige ce défaut, à condition de supposer que la fonction f soit
n + 1 fois dérivable sur un l’intervalle [a, b]. Plus précisément, on énonce :
4.14. Théorème (Formule de Taylor-Lagrange). Soit f : [a, b] → R une fonction
de classe C n sur [a, b] et n + 1 fois dérivable sur ]a, b[. Alors, quels que soient x, y ∈
[a, b], existe θ = θx,y ∈]x, y[ tel que
(y − x)n+1 (n+1)
f (y) = [DLnx (f )](y) + f (θ).
(n + 1)!
En particulier, si |f (n+1) (z)| est majorée par M (indépendamment de n) sur ]a, b[,
on en déduit que
M |y − x|n+1
∀x, y ∈ [a, b], f (y) − [DLnx (f )](y) = = o((y − x)n ).
(n + 1)!
68 2. ÉTUDE LOCALE DE FONCTIONS
41. Exercice. Soit f : I → R une fonction deux fois dérivable sur I = [a, b] et
convexe. À l’aide de la formule de Taylor-Lagrange montrer que le graphe de f est
au-dessus de toute tangente à ce graphe (cf Corollaire 3.13).
La formule de Taylor-Lagrange permet de minorer de manière indépendante de
a le reste f (x) − [DLna (f )](x). On peut également obtenir une expression exacte de
ce reste, quitte à calculer une intégrale (ce qui n’est pas toujours plus commode
que de calculer directement le reste f (x) − [DLna (f )](x)...). Il s’agit de la formule
de Taylor avec reste intégral, qui réclame en plus des hypothèses de la formule de
Taylor-Lagrange la continuité de f (n+1) .
4.17. Théorème (Formule de Taylor avec reste intégral). Soit f : [a, b] → R une
fonction C n+1 , n ∈ N. On a
1 b
Z
n
f (b) = [DLa (f )](b) + (b − t)n f (n+1) (t) dt.
n! a
Démonstration. La preuve se fait par récurrence sur n, en intégrant par parties
Z b
(b − t)i−1 (i)
f (t) dt,
a (i − 1)!
qui est égal à f (b) − [DLia (f )](b) par hypothèse de récurrence. Or l’intégration par
partie donne
h (b − t)i ib Z b (b − t)i
(i)
f (t) − f (i+1) (t) dt.
i! a a i!
42. Exercice. (1) À l’aide de la formule tan0 = 1+tan2 , montrer la relation
de récurrence suivante portant sur d2k+1 := tan(2k+1) (0) :
k−1
X 2k
d2k+1 = d2i+1 d2k−2i−1 .
i=0
2i + 1
notre proposition est vraie pour les applications ayant un DLn0 nul, puisque f 0 − F
possède 0 pour DLn0 , alors f − P admet 0 pour DLn+1 0 , avec P la primitive de F qui
vaut f (0) en 0. On a alors bien f = P + o(xn+1 ), soit DLn+1 0 (f ) = P .
Notons que l’on peut aussi supposer que notre proposition porte seulement sur
les applications valant 0 en 0, quitte à considérer f (x) − f (0) et lui appliquer la
proposition pour les applications valant 0 en 0.
On s’est ainsi ramené à prouver que si f est telle que f 0 admet 0 pour DLn0 et si
f (0) = 0, alors f admet 0 pour DLn+1 0 , c’est-à-dire f (x) = o(xn+1 ).
Soit donc f telle que f 0 admet 0 pour DLn0 et f (0) = 0. Pour > 0, il existe η > 0
n+1
tel que pour tout x ∈] − η, η[, |f 0 | ≤ |x|n . Si g(x) = xn+1 , on a ainsi
∀x ∈]0, η[, |f 0 (x)| ≤ g 0 (x).
D’après le théorème des accroissement finis dans sa variante 2 du Théorème 1.10
appliquée entre 0 et x ∈]0, η[, nous en déduisons
xn+1
x ∈]0, η[, |f (x)| ≤ .
n+1
On démontre de la même façon
(−x)n+1
x ∈] − η, 0[, |f (x)| ≤ .
n+1
On a donc bien prouvé que f = o(xn+1 ).
4.21. Remarque. L’existence de DLn0 (f ), n ≥ 2, ne garantit pas l’existence de
f (2) (0), comme on l’a vu dans la Proposition 4.8, avec le contre-exemple x 7→ f (x) =
x3 sin(1/x) si x 6= 0 et f (0). Il serait donc illusoire d’espérer un énoncé du type :
Si f admet un DL
n 0 n−1
0 alors f admet un DL0 (qui serait alors nécessairement la
dérivée de DL0 (f ) en 0, d’après la Proposition 4.20 !) . Car alors, pour n ≥ 2, f 0
n
Et de même
log(q)
= ρ(q) → 1. (∗ ∗ ∗∗)
log(n + 1)
D’après (∗∗), (∗ ∗ ∗) et (∗ ∗ ∗∗), on obtient :
ρ(q) log(q) ν(q)
≤ πq < .
µ(n + 1) q µ(n)
Mais comme lorsque q tend vers +∞, il en est de même de n, l’encadrement
log(q)
précédent permet d’obtenir la limite désirée : lim πq = 1.
q→∞ q
49. Exercice (Équivalent d’une suite définie par récurrence). Soient b > 0 un
réel et f : [0, b] → [0, b] une fonction admettant le développement limité f (x) =
x − axp + o(xp ) à l’ordre p > 1, où a > 0. On définit la suite (un )n∈N par la donnée
de u0 ∈ [0, a] et la relation de récurrence
un+1 = f (un ), ∀n ≥ 0. (∗)
(1) Montrer, par récurrence sur l’entier n, que si u0 est choisi suffisamment
proche de 0, alors
∀n ≥ 0, f (un ) − un < 0.
En déduire que si u0 est choisi suffisamment proche de 0, la suite (un )n∈N
est décroissante, puis qu’elle converge.
(2) Montrer que si u0 est choisi suffisamment proche de 0, la suite (un )n∈N
converge vers 0.
(3) Montrer que
f 1−p (x) − x1−p ∼0 a(p − 1),
puis que
lim u1−p 1−p
n+1 − un = a(p − 1).
n→∞
f 1−p (x) − x1−p = a(p − 1) + β(x) où limx→0 β(x) = 0. Ce qui prouve bien
1−p (x)−x1−p
que limx→0 f a(p−1) = 1.
Comme enfin, (un )n∈N tend vers 0, on a limn→∞ f 1−p (un ) − u1−p
n =
a(p − 1), ce qui est l’égalité demandée, puisque un+1 = f (un ).
(4) Posons vn = u1−pn − u1−p
n−1 , pour n ≥ 1. Le théorème de Césaro rappelé dans
1−p
l’énoncé nous dit que v1 +···+v
n
n
= un n−u0 converge vers a(p − 1), ou encore
1−p 1−p
−u0 −u0 u1−p
que una(p−1)
n
converge vers 1. Or una(p−1)
n
et na(p−1)
n
ont même limite, ce qui
u1−p 1
montre que n
na(p−1)
converge vers 1. La fonction x 7→ x 1−p étant continue
1−p 1 1
un un
en 1, on en déduit que ( na(p−1) ) 1−p = 1 converge vers 1 1−p = 1 et
(na(p−1)) 1−p
1
donc par définition que un ∼+∞ (na(p − 1)) 1−p .
3
(5) Dans le cas où f = sin, puisque sin(x) = x − x6 + o(x3 ), on a p = 3 et
q
2n −1
a = 1/6, donc un ∼+∞ ( 6 ) = n3 . La convergence de un+1 := sin(un )
2
vers 0 (lorsque u0 > 0) est assez proche de 0 est donc lente. La convergence
vers 0 de (un )n∈N vers 0 étant d’autant plus rapide que p > 1 est proche de
1.
50. Exercice. Soit f : R+ \ {nπ; n ∈ N} → R la fonction définie par f (x) =
cos x
− log x.
sin x
(1) Montrer que f est strictement décroissante sur chaque intervalle ]nπ, (n +
1)π[. En déduire que l’équation f (x) = 0 admet une unique racine xn sur
]nπ, (n + 1)π[.
(2) Montrer que
π
nπ < xn <+ nπ, (∗)
2
et en posant yn = xn − nπ, montrer que
1
tan yn = tan xn = (∗∗)
log xn
(3) Déduire de la question précédente que lim yn = 0.
n→+∞
déduit que f est strictement décroissante sur ]nπ, (n + 1)π[. D’autre part,
au voisinage de nπ dans ]nπ, (n + 1)π[, cos et sin sont de même signe,
et sin x → 0, | cos x| → 1, quand x → nπ, donc lim f (x) = +∞.
x→nπ,x>nπ
Tandis qu’au voisinage de (n + 1)π dans ]nπ, (n + 1)π[, sin et cos sont de
signes opposés, donc lim f (x) = −∞. Par le théorème des va-
x→(n+1)π,x<(n+1)π
leurs intermédiaires, il existe une unique solution à l’équation f (x) = 0 sur
]nπ, (n + 1)π[.
(2) On a lim f (x) = +∞, f (π/2 + nπ) = − log(π/2 + nπ) < 0 et f
x→nπ,x>nπ
strictement décroissante sur ]nπ, (n + 1)π[, ce qui montre (∗). Il s’ensuit
que la quantité tan xn est bien définie, puisque xn 6= π/2 + nπ, et f (xn ) = 0
équivaut bien à (∗∗). Notons que tan(xn − nπ) = tan xn car sin(xn − nπ) =
(−1)n sin xn et cos(xn − nπ) = (−1)n cos xn .
(3) On a yn = arctan(1/ log xn ) par (∗∗). D’autre part 1/ log xn →+∞ 0 par
(∗), arctan est continue en 0 et arctan 0 = 0. On en conclut que lim yn =
n→+∞
arctan( lim 1/ log xn ) = 0.
n→+∞
donc on a aussi
1 1
∼+∞ .
log nπ log n
51. Exercice. Calculer les DL40 des fonctions
x
(1) f : x 7→ exp( e x−1 arcsin(x)). réponse : 1 + x + x2 + x3 + 87 x4 .
√
(2) f : x 7→ arcsin(
√ x)
. réponse : 1 − 13 x + 11 2
30
x − 17 3
70
x + 649 4
2520
x.
x(1+x)
55. Exercice. Retrouver les DLn0 de arctan, arcsin, argsh et argth à partir de
1 √ 1 1 1
ceux de 1+t2,
1−x2
, √1+x 2 et de 1−x2 .
x2 x3 x4
(4) f (x) = (cos(x))1+sin(x) réponse : f (x) = 1 − 2
− 2
+ 24
+ o(x4 )
x2 x3 x4
(5) f (x) = (cos(x))1+sin(x) réponse : f (x) = 1 − 2
− 2
+ 24
+ o(x4 )
58. Exercice. Étudier les limites des fonctions suivantes lorsque x → 0 :
ln(ch(x))+ln(cos(x))
(1) f (x) = √ √ réponse : limx→0 f (x) = −12
ch(x)+ cos(x)−2
(sin(x))x −xsin(x)
(2) f (x) = xsh(x) −(sh(x))x
réponse : limx→0 f (x) = 1
n
x
X xk
e = + o(xn )
k=0
k!
n
X αk k
eαx = x + o(xn )
k=0
k!
n
X xk
ln(x + 1) = (−1)k+1 + o(xn )
k=1
k
n
X xk
ln(x − 1) = − + o(xn )
k=1
k
n
X k k
(1 + x)p = x + o(xn )
k=0
p
n
√ x X 1 · 3 · · · (2k − 3) k
x+1=1+ + (−1)k−1 x + o(xn )
2 k=2 2 · 4 · · · (2k)
n
1 x X 1 · 3 · · · (2k − 1) k
√ =1− + (−1)k x + o(xn )
x+1 2 k=2 2 · 4 · · · (2k)
n 2k
k x
X
cos(x) = (−1) + o(x2n+2 )
k=0
(2k)!
n
X x2k+1
sin(x) = (−1)k + o(x2n+3 )
k=0
(2k + 1)!
x3 2 17 7
tan(x) = x + + x5 + x + o(x9 )
3 15 315
n
X 1 · 3 · · · (2k − 1) x2k+1
arcsin(x) = x + + o(xn )
k=1
2 · 4 · · · (2k) 2k + 1
n
X x2k+1 k
arctan(x) = (−1) + o(x2n+3 )
k=0
2k + 1
n
X x2k
ch(x) = + o(x2n+2 )
k=0
(2k)!
n
X x2k+1
sh(x) = + o(x2n+3 )
k=0
(2k + 1)!
3
x 2 17 7
th = x − + x5 − x + o(x9 )
3 15 315
n 2k+1
k 1 · 3 · · · (2k − 1) x
X
argsh(x) = x + (−1) + o(xn )
k=1
2 · 4 · · · (2k) 2k + 1
n
X x2k+1
argth(x) = + o(x2n+3 )
k=0
2k + 1
CHAPITRE 3
Séries numériques
1. Rappels
On rappelle la notion de suite de Cauchy, essentielle dans l’étude des suites et
des séries.
1.1. Définition. On dit que la suite réelle (un )n∈N est une suite de Cauchy si
et seulement si
L’intérêt de cette définition est qu’elle permet de décider si une suite converge,
sans en connaı̂tre au préalable la limite, alors que satisfaire la définition de la conver-
gence d’une suite suppose de connaı̂tre a priori sa limite. En effet, on dispose de la
proposition suivante.
1.2. Proposition. Une suite réelle converge si et seulement si cette suite est de
Cauchy.
1.3. Définition. Soient (an )n∈N et (bn )n∈N deux suites réelles. On dit que
(1) (an )n∈N = O((bn )n∈N ) (au voisinage de l’infini) si et seulement si existe
N ∈ N et α > 0 tel que
∀n ≥ N, |an | ≤ α|bn |.
(2) (an )n∈N = o((bn )n∈N ) (au voisinage de l’infini) si et seulement si ∀ > 0
∃N ∈ N tel que
∀n ≥ N , |an | ≤ |bn |.
(3) (an )n∈N ∼ (bn )n∈N (au voisinage de l’infini) si et seulement s’il existe une
suite (cn )n∈N telle que limn→∞ cn = 1 et
an = c n · b n .
83
84 3. SÉRIES NUMÉRIQUES
2. Introduction
Dans toute la suite le terme numérique apparaissant dans les expressions
suite numérique ou série numérique signifie à valeurs dans R , par op-
position aux suites ou séries complexes (à valeurs dans C) ou vectorielles (à valeurs
dans un espace vectoriel).
Étudier une série numérique est étudier une suite numérique. Et inversement,
une étude de suite numérique se ramène à celle d’une série numérique. Avant même
de donner la définition d’une série numérique, nous allons en préambule illustrer ce
propos.
Considérons une suite (un )n∈N , avec un ∈ R. Il est souvent utile d’étudier le
comportement de la différence un+1 − un de deux termes consécutifs de (un )n∈N , par
exemple afin d’étudier la croissance ou la décroissance éventuelle de (un )n∈N . Posons
vn = un − un−1 , n ≥ 1. La positivité des termes de la série (vn )n∈N équivaut à la
croissance de la suite (un )n∈N tandis que la négativité des termes de la série (vn )n∈N
équivaut à la décroissance de la suite (un )n∈N .
Supposons maintenant que la suite (vn )n∈N soit particulièrement simple à étudier.
Par exemple que l’on puisse facilement prouver que limn vn = 1. Alors on peut en
déduire immédiatement que la suite (un )n∈N tend vers +∞. En effet, on a
un = v1 + v2 + · · · + vn ,
et si l’on se donne 1 > > 0, il existe N ∈ N tel que pour n ≥ N ,
1 − ≤ vn ≤ 1 + ,
(ce qui traduit limn vn = 1). On a alors, pour n ≥ N :
(n − N + 1)(1 − ) ≤ un − (v1 + v2 + · · · + vN ) = vN +1 + · · · + vn ≤ (n − N + 1)(1 + ).
Ceci prouve, en faisant tendre n vers +∞, que limn un − (v1 + v2 + · · · + vN ) = +∞,
et donc puisque v1 + v2 + · · · + vN est une quantité fixée, que limn un = +∞.
On peut cependant étudier encore plus précisément la convergence de (un )n∈N
vers +∞.
En divisant par n la double inégalité ci-dessus, on obtient
n − N + 1 un v1 + v2 + · · · + vN n − N + 1
(1 − ) ≤ − ≤ (1 + ).
n n n n
Mais puisque n est quelconque pourvu que n ≥ N , on peut considérer n suffisam-
ment grand, disons, n ≥ M ≥ N de sorte que
v1 + v2 + · · · + vN N + 1
− ≤ ≤ et 0 ≤ ≤ .
n n 2
On obtient finalement, pour tout ∈]0, 1[, pour tout n ≥ M :
un
−2 ≤ −1≤ ,
n 2
c’est-à-dire que
lim un /n = 1 ou encore que un ∼∞ n.
n
3. DÉFINITIONS GÉNÉRALES 85
Ainsi la nature de la suite (vn )n∈N nous a permis d’étudier la suite (un = v1 + v2 +
· · · + vn )n∈N . On dit que la suite (un )n∈N est la série associée à la suite (vn )n∈N .
Pour étudier (un )n∈N nous l’avons vu comme une série associée à une autre suite :
la suite (vn )n∈N des différences des termes consécutifs de (un )n∈N .
Réciproquement, à partir d’une suite donnée (vn )n∈N , étudier la série (un = v1 +
v2 + · · · + vn )n∈N est bien étudier une suite, la suite (un )n∈N !
En conclusion, pour étudier une suite (un )n∈N on voit qu’il peut être commode
d’étudier une nouvelle suite (vn )n∈N , celle des différences des termes consécutifs de
(un )n∈N . On a alors un = v1 +v2 +· · ·+vn , pour tout n ≥ 1 (cf par exemple l’Exercice
79, où ce principe est mis en œuvre). Ceci conduit de manière générale à dresser
une théorie des suites (un )n∈N données par (un = v1 + v2 + · · · + vn )n∈N , où la suite
(vn )n∈N est une suite donnée initialement. Certaines propriétés de la suite (vn )n∈N se
traduiront par des propriétés de convergence ou d’équivalence de la suite (un )n∈N ,
propriétés difficilement détectables sans passer par la suite (vn )n∈N des différences
des termes consécutifs de (un )n∈N .
D’un point de vue historique, on peut faire remonter à Nicolas Oresme (132 ?-
1382), qui fut évêque de Lisieux, les premières considérations véritablement mo-
dernes autour de la notion de série dans ses Questions sur la géométrie d’Euclide,
même si la somme d’un nombre infini de termes est envisagée dans la Physique
d’Aristote (384-322 av. J.-C.).
3. Définitions générales
3.1. Définition. Soit (an )n∈N une suite réelle. On appelle série associée à
(an )n∈N ou série de terme général (an )n∈N la suite (Sn )n∈N définie par
n
X
∀n ∈ N, Sn = a0 + a1 + · · · + an = ai .
i=0
On notera Σan la série (Sn )n∈N , écriture qui a le mérite de présenter la série (Sn )n∈N
par la notation du terme général (an )n∈N . On dit que le terme Sn est la somme
partielle de rang n de la série Σan .
Si Σan et Σbn sont deux séries, on note Σan + Σbn la série Σ(an + bn ) de terme
général (an +bn )n∈N . Si λ ∈ R, on note λΣan la série Σλan de terme général (λan )n∈N .
3.2. Remarque. Si l’on se donne la série (Sn )n∈N , on retrouve son terme général
(an )n∈N par la formule :
S0 = a0 et ∀n ≥ 1, an = Sn − Sn−1 .
On passe donc de la suite (an )n∈N à la série (Sn )n∈N de terme général (an )n∈N de
manière bijective. Précisément, si l’on note S l’ensemble des suites réelles, l’applica-
tion
S → S
(an )n∈N 7→ (Sn )n∈N = Σan
86 3. SÉRIES NUMÉRIQUES
1. La somme de la série géométrie a été calculée par Nicolas Oresme au XIVème siècle, dans ses
Questions sur la Géométrie d’Euclide. La notion de limite (d’une suite ou d’une fonction) n’ayant
pas encore été dégagée, la notion de somme d’une série est à prendre à un sens très vague, qui
l’autorise seulement à faire certaines opérations sur les sommes des séries, comme par exemple les
multiplier par des nombres ou les additionner. Autrement dit, il utilise, sans avoir fixé la notion
de
P+∞ somme d’uneP+∞ série à l’aide
P+∞de nla notion
P+∞ de limite, la Proposition 3.9.
P+∞ Il s’autorise ainsi à écrire
n n n n 1
i=0 α − α i=0 α = i=0 α − i=0 α · α = α, ce qui donne i=0 α = 1−α .
3. DÉFINITIONS GÉNÉRALES 87
+∞
X
il mesure la rapidité de convergence de (Sn )n∈N vers ai . On voit ici que plus α
i=0
+∞
X
est proche de 0, plus (Sn )n∈N tend vite vers ai .
i=0
n
X Pp
La quantité Sn = an étant fixée avec n, l’existence de limp→∞ i=0 ai assure
i=0
p
X
l’existence de lim ai , c’est-à-dire assure la convergence de la série σ. On en
p→∞
i=n+1
+∞
X
déduit, en notant ai la somme de σ, que
n+1
+∞
X +∞
X
ai = S n + ai
i=0 n+1
Autrement dit le reste d’ordre n de Σan est la somme de la série de terme général
+∞
X
(ap )p≥n+1 et lim ai = 0.
n→∞
n+1
62. Exercice. Étudier la convergence de la série de terme général (an )n∈N où
1
an = , n ≥ 1.
n(n + 1)
3. DÉFINITIONS GÉNÉRALES 89
1 1
Solution de l’exercice. On a an = − , d’où Sn = a1 + · · · + an = 1 −
n n+1
+∞
1 X 1
→n→∞ 1. Ainsi, Σan converge et ai = 1. D’autre part, on a 1−Sn = ,
n+1 i=0
n + 1
1
donc le reste d’ordre n de Σan est .
n+1
63. Exercice (Série harmonique alternée et fonction êta de Dirichlet). On considère
(−1)n+1
la série Σan , où an = , pour tout n ≥ 1.
n
(1) On note Sn la somme partielle d’ordre n de Σan . Montrer que la suite
(S2n )n∈N∗ est croissante, que la suite (S2n+1 )n∈N est décroissante.
(2) Montrer que pour tout n ∈ N∗ , S2n ≤ S2n+1 et que S2n+1 − S2n →n→∞ 0.
(3) En déduire que Σan est convergente.
N 2N
X 1 X 1
(4) Montrer que S2N = −2 + . En conclure par l’Exercice 19 que
n=1
2n n=1 n
+∞
X
ai = log(2). Remarquer que l’on a déjà obtenu ce résultat à l’aide de la
i=0
formule de Taylor-Lagrange (cf Exercice 40).
(−1)n+1
(5) Soit α > 0. Généraliser ce qui précède à la série de terme général .
nα
−1 1
Solution de l’exercice. (1) On a S2n − S2(n−1) = + > 0. donc
2n 2n − 1
la suite des termes de rangs pairs de (Sn )n∈N est croissante. On a S2n+1 −
1 1
S2(n−1)+1 = − < 0. donc la suite des termes de rangs impairs de
2n + 1 2n
(Sn )n∈N est décroissante.
1
(2) On a S2n+1 − S2n = > 0. les deux suites (S2n )n∈N∗ et (S2n+1 )n∈N∗
2n + 1
sont donc adjacentes et à ce titre elles convergent vers la même limite, notée
`.
(3) Les deux suites (S2n )n∈N∗ et (S2n+1 )n∈N∗ sont des suites extraites de (Sn )n∈N
qui convergent vers la même limite ` et qui forment une partition de la suite
(Sn )n∈N . En conséquence, la site (Sn )n∈N converge vers `. Par définition,
puisque (Sn )n∈N converge, la série Σan est convergente.
N N N N N
X 1 X 1 X 1 X 1 X 1
(4) On a S2N = − = + −2 =
n=0
2n + 1 n=1
2n n=0
2n + 1 n=1
2n n=1
2n
2N N
X 1 X 1
. Or d’après l’Exercice 19, on a N 1
P
−2 n=1 n = log(n) + γ + (n)
n=1
n n=1
2n
où γ ∈ R est la constante d’Euler et limn→∞ (n) = 0. Il s’ensuit que S2N =
90 3. SÉRIES NUMÉRIQUES
2N N
X 1 X1
− = log(2N ) + γ + (2N ) − log N − γ − (N ) = log(2) + β(n),
n=1
n n=1 n
avec β →n→∞ 0. Finalement limn→∞ S2n = log(2). Mais comme (Sn )n∈N
converge vers ` et que (S2n )n∈N∗ est une suite extraite de (Sn )n∈N , ces deux
+∞
X
suites ont la même limite, ce qui prouve que ai = ` = log(2).
i=0
(5) Les mêmes arguments que ceux des questions 1,2 et 3 s’appliquent à la série
(−1)n+1
de terme général , pour α > 0, et prouvent sa convergence. Cette
nα
série définit donc une fonction, notée ]0, +∞[3 α 7→ η(α) et appelée la fonc-
1
tion êta de Dirichlet. De plus, si α > 1, on sait que la série Σ α converge (cf
n
l’Exemple 4.11 et le Théorème 4.12). Dans ce cas l’argument de la ques-
+∞ +∞
X 1 X (−1)n+1
tion 4 montre qu’en notant ζ(α) = , on a η(α) = =
n=1
nα n=1
nα
+∞
1−α
X (−1)n+1 π2
(1 − 2 )ζ(α). Par exemple : = (cf Remarque 4.13 pour
n=1
n2 12
η(α)
la valeur de ζ(2)). Enfin remarquons que l’égalité = ζ(α), permet
1 − 21−α
de prolonger la fonction ζ aux réels > 0 et 6= 1, puisque η est définie sur
R∗+ .
3.9. Proposition. Soient Σan et Σbn deux séries convergentes de somme respec-
tivement a et b et λ, µ ∈ R, alors la série λΣan + µΣbn est convergente, de somme
λa + µb.
Démonstration. Il s’agit de la même preuve que pour les suites, en travaillant
sur les sommes partielles Sn et Tn des séries Σan et Σbn .
3.10. Exemple (Séries données par la formule de Taylor-Lagrange). D’après la
formule de Taylor-Lagrange 4.14, si f : [a, b] → R une fonction de classe C ∞ sur
[a, b]. Alors, quels que soient n ∈ N et x, y ∈ [a, b], existe θ = θn,x,y ∈]x, y[ tel que
(y − x)n+1 (n+1)
f (y) = [DLnx (f )](y) + f (θ).
(n + 1)!
f (n) (x)
Noter que θ dépend a priori de n, mais reste dans ]x, y[. Notons an = (y−x)n .
n!
Alors [DLnx (f )](y) est la somme partielle d’ordre n de la série Σan . Si la quantité
(y − x)n+1 (n+1)
f (θ), pour x et y fixés, tend vers 0 lorsque n → ∞, alors la série Σan
(n + 1)!
+∞
X (y − x)n+1 (n+1)
converge vers f (y) : f (y) = ai . Dans cette situation, f (θ) est le
i=0
(n + 1)!
reste d’ordre n de la série Σan .
3. DÉFINITIONS GÉNÉRALES 91
(y − x)n+1
Remarquons que la quantité tend vers 0 quand n vers +∞. En effet,
(n + 1)!
y−x 1
soit N tel que ≤ , alors
N 2
n+1
(y − x) (y − x)N (y − x)n+1−N (y − x)N 1 n+1−N
≤ ≤ ( ) →n→+∞ 0.
(n + 1)! N ! (N + 1) · · · (n + 1) N! 2
(y − x)n+1 (y − x)N n+1−N
Notons que cette majoration peut être remplacée par ≤ α
(n + 1)! N!
pour n’importe quel α ∈]0, 1[, puisque 1/2 ne joue pas de rôle spécifique dans l’argu-
mentation. Ainsi si la suite sup[x,y] |f (n) | est majorée, ou ne tend pas plus vite vers
+∞
X
n
+∞ que α tend vers 0, pour tout α ∈]0, 1[, alors f (y) = ai .
i=0
Par exemple pour f = sin (ou pour cos), du fait que les dérivées successives de
sin sont toutes bornées par 1, en faisant x = 0, on obtient que pour tout y ∈ R,
+∞ +∞
X (−1)n y 2n+1 X (−1)n y 2n
sin(y) = et cos(y) =
n=0
(2n + 1)! n=0
(2n)!
(y − 1)n+1 1
Pour f = log, x = 1 et y ∈ [1, 2], on a sup |f n+1 (θ)| ≤ . Ce qui
θ∈[1,y] (n + 1)! n+1
donne, pour tout y ∈ [1, 2],
+∞
X (y − 1)n
log(y) = (−1)n+1 . 3
n=1
n
3. Rappelons qu’un nombre complexe x est transcendant lorsque x n’est racine d’aucun po-
lynôme P ∈ Q[X] (ou ce qui revient au même en multipliant P par le produit des dénominateurs
de ses coeeficients, d’aucun polynôme de Z[X]). Ainsi aucun nombre rationnel n’est transcendant
(puisque q ∈ Q est racine de X − q). Le nombre i n’est pas non plus transcendant (puisque racine
de X 2 + 1). Les nombres complexes qui ne sont pas transcendants sont appelés des nombres
algébriques et leur ensemble est noté Q. Il s’agit d’un sous-corps de C : la somme, le produit et
les inverses d’éléments de Q sont encore dans Q. On a x ∈ Q si et seulement si la partie réelle et
imaginaire de x sont dans Q. D’autre part Q est dénombrable puisque les polynômes à corfficients
dans Z de degré d sont en nombre fini et que leurs racines sont en nombre ≤ d. Enfin Q est, comme
C, algébriquement clos : si R ∈ Q[X], toutes les racines (complexes) de R sont dans Q. Le corps
Q est donc le plus corps contenant Q qui soit algébriquement clos.
Le théorème de Lindemann-Weierstrass (ou plutôt, dans la version utilisée ici, le théorème
d’Hermite-Lindemann, démontré en 1882) assure que si y ∈ Q \ {0}, alors ey 6∈ Q. Ce qui montre
au passage que le nombre e est transcendant. De même que le nombre iπ est transcendant, puisque
eiπ = −1 ne l’est pas. Mais comme i est algébrique, π ne peut pas être algébrique (sinon iπ le serait
puisque Q est un corps). Donc le théorème de Lindemann-Weierstrass implique facilement que π
est transcendant. L’Exercice 61 donne alors une approximation de π par une suite de rationnels.
Le théorème de Lindemann-Weierstrass assure que lorsque y ∈ R ∩ Q \ {0}, <(eiy ) = cos(y) ou
=(e ) = sin(y) sont transcendants. Mais puisque cos2 (y) + sin2 (y) = 1, si l’un des nombres cos(y)
ix
ou sin(y) est algébrique, l’autre aussi (si, par exemple, cos(y) est algébrique, sin2 (y) = 1 − cos2 (y)
aussi, puisque Q est un corps, et donc existe P ∈ Z[X] tel que P (sin2 (y)) = 0. Alors P (X 2 ) ∈ Z[X]
92 3. SÉRIES NUMÉRIQUES
√
64. Exercice. Soit f : x 7→ 1 + x, pour x ∈ [0, 1].
1·3·5···(2n−3)
(1) Montrer que pour tout n ≥ 2, supθ∈[0,1] |f (n) (θ)| ≤ 2n
.
√
(2) En déduire une approximation à la 4ème décimale de 2 par un nombre
rationnel.
Solution de l’exercice. (1) On a pour tout n ≥ 1,
1 · 3 · 5 · · · (2n − 1) 1
f n+1 (θ) = (−1)n n+1 √ 2n+1 .
2 1+θ
D’où
1 · 3 · 5 · · · (2n − 1)
sup |f (n+1) (θ)| ≤ .
θ∈[0,1] 2n+1
(n+1)(θ) n+1
(2) Le reste Rn+1,f := f (n+1)!y donnée par la formule de Taylor-Lagrange,
lorsque x = 0 et y ∈ [0, 1] est donc majoré en valeur absolue sur [0, y] par
1 · 3 · 5 · · · (2n − 1) n+1 1 · 3 · 5 · · · (2n − 1) 2 · 6 · 10 · · · 2n 1
n+1
y ≤ ≤ ≤ .
(n + 1)!2 2 · 4 · 6 · · · (2n + 2) 2 · 4 · 6 · · · (2n + 2) 2n + 2
On en déduit que
n
p 1 X 1 · 3 · · · (2k − 3) k 1
| 1 + y − (1 + y + (−1)k−1 y )| ≤ .
2 k=2
2 · 4 · · · 2k 2n + 2
Pour y = 1, on obtient
√ 1 1 3 15 105 1 · 3 · · · (2n − 3) 1
| 2 − (1 + − + − + + · · · + (−1)n−1 )| ≤ .
2 8 48 384 3840 2 · 4 · · · 2n 2n + 2
Pour n = 5,√l’erreur est donc bornée par 1/12 = 0, 083333.... On peut
alors approcher 2 avec cette marge d’erreur par 1+ 12 − 18 + 48
3 15
− 384 105
+ 3840 =
5475 365
√
= 256 =' 1, 425.... Tandis que 2 = 1, 41421356237... On a donc en
3840 √
réalité l’erreur 365
256
− 2 = 0, 01156...
xn
65. Exercice. Soit x ∈ R et (an )n∈N la suite définie par an = , pour tout
n!
n ≥ 0, avec la convention 0! = 1.
(1) Montrer que la série Σan converge.
annule sin(y), et donc sin(y) ∈ Q). Il s’ensuit que lorsque y ∈ R ∩ Q \ {0}, cos(y) et sin(y) sont
transcendants.
Lorsque y ∈ R ∩ Q \ {1} et y > 0, notons que z = log(y) est transcendant, car sinon ez = y
serait algébrique alors que z est également algébrique et non nul, ce que n’autorise pas le théorème
de Lindemann-Weierstrass.
Les trois séries données ici par la formule de Tayor Lagrange, qui ont pour limite respectivement
sin(y), cos(y) et log(y) fournissent donc par leur somme des exemples de nombres transcendants,
pour y ∈ R ∩ Q \ {0} (y 6= 1 et y > 0 dans le cas de log(y)), qui sont approchés par des sommes
partielles rationnelles lorsque de plus y ∈ Q.
3. DÉFINITIONS GÉNÉRALES 93
(3) Trouver, à l’aide de ce qui précède, un rationnel q tel que |e − q| < 10−3 .
Solution de l’exercice. (1) On a |an+1 /an | = |x|/n + 1 →n→∞ 0. La série
Σan est donc absolument convergente et donc convergente.
(2) On a f (n) (y) = ey , pour tout n. Et si y ∈ [x − 1, x + 1], par croissance de
la fonction f , on a pour tout n ≥ 1, 0 ≤ f (n) (y) ≤ ex+1 . La majoration des
dérivées d’ordre n de f , par la quantité ex+1 indépendante de n, montre,
+∞
X
d’après 3.10, que ex = ai , puisque la somme partielle de Σan d’ordre n
i=0
est DLn0 (x).
+∞
X 1
(3) Pour x = 1, la question précédente montre que e = et le reste Rn
n=0
n!
d’ordre n de cette série est, d’après la formule de Taylor-Lagrange, majoré
(1 − 0)n+1 1 e
par e = . Donc dès que ce reste est lui-même majoré
(n +P1)! (n + 1)!
par 10−3 , ni=1 n!1 est un rationnel proche de e à 10−3 près. L’entier n = 6
1957
convient puisque e/7! ≤ 410−4 . On a alors S6 = = 2, 71805 · · ·
720
66. Exercice (e n’est pas rationnel). Le but des questions 1 à 4 de cet exercice
est de caractériser le nombre e en tant que limite de suite ou somme de série (voir
aussi l’Exercice 65, question 2). Le but des questions 5 à 7 est de montrer que e 6∈ Q.
(1) Donner un DL10 de la fonction x 7→ log(1 + x).
y n
(2) Déduire de la question précédente que pour tout y ∈ R, lim 1+ = ey .
n→+∞ n
(3) Soit y ∈ R et Y la partie entière de |y|. En remarquant que lorsque |y| ≥ 1,
pour tout n ≥ Y , on a
|y|n |y|Y |y|n−Y
= · ,
n! 1 · 2 · 3 · · · Y (Y + 1)(Y + 2) · · · n
|y|n
montrer que lim = 0.
n→+∞ n!
4.8.
y y y
(2) On a (1+ )n = en log(1+ n ) ∼n→+∞ en· n = ey , d’après la question précédente.
n
y
Ce qui montre que lim (1 + )n = ey .
n→+∞ n
|y|n
(3) On peut supposer |y| ≥ 1, car si |y| < 1, on a directement ≤ |y|n →n→+∞
n
0.
De l’égalité
|y|n |y|Y |y|n−Y
= ·
n! 1 · 2 · 3 · · · Y (Y + 1)(Y + 2) · · · n
|y|Y
on tire alors , en notant C = et α = |y|/(Y + 1) :
1 · 2 · 3···Y
|y|n |y| |y| |y|
=C ··· = Cαn−Y .
n! (Y + 1) (Y + 2) n
|y|
Or comme C est indépendant de n et comme α ∈]0, 1[, on a bien lim =
n→+∞ n!
0.
(4) Pour fixer les idées, supposons que y > 0. La formule de Taylor-Lagrange
à l’ordre n pour x 7→ ex , entre 0 et y, donne l’existence de θn ∈]0, y[
n
y
X yk eθn y n+1
e = + .
k=0
k! (n + 1)!
4. CONVERGENCE ABSOLUE ET SÉRIES DE TERME GÉNÉRAL POSITIF 95
suivre... De sorte que ce qui compte dans cette section est plutôt la constance du
signe du terme général de la série que sa positivité (cf la Remarque 4.10 ci-dessous,
qui illustre ce propos dans le cas particulier de notre premier résultat sur les séries
de terme général positif, le Théorème 4.8).
4.8. Théorème (Règle de comparaison des séries de terme général positif).
Soient Σan et Σbn deux séries de terme général positif (c’est-à-dire an ≥ 0 et bn ≥ 0,
pour tout n ∈ N). On suppose que an ≤ bn , pour tout n ∈ N. Alors
+∞
X
(1) si la série Σbn converge, la série Σan converge également et de plus ai ≤
i=0
+∞
X
bi .
i=0
(2) Si la série Σan diverge, il en est de même de la série Σbn .
4.9. Remarque. On peut remplacer dans le Théorème 4.8 l’hypothèse an ≥ 0
et bn ≥ 0, pour tout n ∈ N par l’hypothèse an ≥ 0 et bn ≥ 0 seulement à partir
d’un certain rang et l’hypothèse an ≤ bn , pour tout n ∈ N par l’hypothèse an ≤ bn
seulement à partir d’un certain rang.
Démonstration. Les suites des sommes partielles (Sn )n∈N et (Tn )n∈N de Σan et
Σbn sont croissantes puisque Sn − Sn−1 = an ≥ 0 et Tn − Tn−1 = bn ≥ 0. Ces deux
suites convergent donc si et seulement elles sont majorées. Or si (Tn )n∈N converge,
du fait de Sn ≤ Tn (puisque an ≤ bn ), on en déduit que (Sn )n∈N est majoré par un
majorant de (Tn )n∈N , et donc à son tour (Sn )n∈N converge.
Inversement si (Sn )n∈N ne converge pas, (Sn )n∈N n’est pas majorée, et du fait de
Sn ≤ Tn , (Tn )n∈N n’est pas majorée non plus et donc ne converge pas.
4.10. Remarque. En réalité le Théorème de comparaison 4.8 s’applique aux
séries de terme général de signe constant et pas uniquement positif. En effet, si Σan
et Σbn sont deux séries de terme général négatif, alors le Théorème 4.8 s’applique à
Σ − an et Σ − bn . Ainsi si an ≤ bn , on a −bn ≤ −an , et si Σ − an converge alors Σ − bn
converge. De même si Σ − bn diverge alors Σ − an diverge. Mais comme d’autre part
les séries Σ − an et Σan et les séries Σ − bn et Σbn sont de même nature, on a :
Si Σan et Σbn sont deux séries de terme général négatif et si à partir d’un certain
rang an ≤ bn , alors la convergence de Σan implique celle de Σbn et la divergence de
Σbn implique celle de Σan .
68. Exercice. Soient Σan et Σbn deux séries à terme général positif non nul,
telles que
an+1 bn+1
∃n0 ∈ N, ∀n ≥ n0 , ≤ .
an bn
a
(1) Montrer que pour tout n ≥ n0 , an ≤ bnn0 · bn .
0
(2) En déduire que si Σbn converge, alors Σan converge et que si Σan diverge,
alors Σbn diverge.
100 3. SÉRIES NUMÉRIQUES
1 2α−1
= = (k ≥ 1).
(2k−1 )α−1 (2α−1 )k
1
Mais comme 2α−1 1
< 1, la série Σ( α−1 )k converge (d’après l’Exemple 3.5) et
2
finalement d’après le Théorème de comparaison 4.8, la suite (S2n )n∈N converge,
disons vers `. Enfin les suites (Sn )n∈N et (S2n )n∈N étant croissantes, on a Sn ≤
S2n ≤ `, ce qui prouve qu’étant majorée, la suite (Sn )n∈N converge, et donc par
définition, Σan converge.
On énonce donc
1
4.12. Théorème (Série de Riemann). Soit α ∈ R∗+ . La série Σ converge si
nα
et seulement si α > 1. Pour avoir un équivalent du reste de cette série (dans le cas
convergent) ou de la somme partielle (dans le cas divergent) voir l’Exercice 77.
4.13. Remarque (Fonction zêta de Riemann). Le Théorème 4.12 montre que l’on
+∞
X 1
peut définir une fonction ζ :]1, +∞[→ R par ζ(s) = s
. Cette fonction s’appelle
n=1
n
4. CONVERGENCE ABSOLUE ET SÉRIES DE TERME GÉNÉRAL POSITIF 101
6. Cette valeur a été donnée par L. Euler en 1735 et une preuve rigoureuse a été faite par
Euler en 1745. Euler répondait par là à un problème posé par P. Mengoli en 1644. Le problème
de Mengoli est désormais connu sous le nomPde Problème de Bâle , ville natale d’Euler. On
+∞
connaissait une valeur approchée de la série n=1 n12 à la quinzième décimale, valeur donnée par
J. Stirling vers 1730, un peu avant qu’Euler n’en donnât la valeur exacte. L’intuition d’Euler en
1735 repose sur le calcul suivant, dont certains passages n’étaient pas justifiés rigoureusement en
P+∞ (−1)n 2n+1
1735. On a vu en 3.10 que pour tout x ∈ R, sin(x) = n=0 (2n+1)! x , soit pour tout x ∈ R∗ ,
sin(x) P+∞ (−1)n 2n
x = n=0 (2n+1)! x . Remarquons que le coefficient de x2 dans cette série est −1/6. Suppsons
qu’il en aille de sin(x)
x comme d’un polynôme, c’est-à-dire que cette fonction soit le produit de
monômes comportant ses zéros. Les zéros de cette fonction sont kπ, k ∈ Z, ils sont en nombre
infini, mais supposons que l’on puisse écrire un produit infini du type
+∞
sin(x) Y x x
= (1 − )(1 + )
x kπ kπ
k=1
et que de plus nous puissions le développer en une somme infinie pour en trouver le coefficient
de x2 . Dans ce cas on trouve comme coefficient de x2 après développement
+∞
1 X 1 1
− 2 = − 2 ζ(2).
π n=1 n2 π
Ceci nous donne alors par identification avec le coefficient de x2 trouvé plus haut dans la somme
sin(x) P+∞ (−1)n 2n
x = n=0 (2n+1)! x , à condition de supposer que la fonction sin(x)/x possède une unique
expression comme somme infinie de monômes xn :
1 1 π2
− = − 2 ζ(2) et donc ζ(2) = .
6 π 6
Cette méthode, une fois rendue rigoureuse, permet en réalité de calculer les valeurs de ζ(2k),
k ∈ N∗ .
7. Théorème démontré par R. Apéry en 1979.
8. Théorème démontré par T. Rivoal en 2000, sous la forme plus précise suivante : il existe une
constante c telle que le nombre d’irrationnels parmi ζ(3), ζ(5), ζ(7), · · · , ζ(2k + 1) est plus grand
que c log(k).
102 3. SÉRIES NUMÉRIQUES
noter ζ (on a déjà vu dans l’Exercice 63 comment prolonger ζ aux réels > 0 et 6= 1
grâce à la fonction η de Dirichlet).
On sait que la fonction ζ s’annule pour tous les entiers de la forme −2k, k > 0.
On appelle ces entiers les zéros triviaux de ζ. On sait d’autre part que ζ admet une
infinité de zéros dans la bande du plan 0 < Re(s) < 1, appelée bande critique.
L’hypothèse de Riemann (énoncée par Riemann en 1859) affirme que tous ces
zéros sont sur la droite Re(s) = 1/2 du plan C, dite droite critique. Des calculs
sur ordinateur ont montré que tel était le cas pour plus de 1013 zéros de la bande
critique et d’autre part on a démontré que la droite critique contenait une infinité de
zéros de ζ. Cependant on ne sait toujours pas démontrer l’hypothèse de Riemann. La
fonction zêta de Riemann est, entre autre, intimement liée aux nombres premiers, une
réponse positive à l’hypothèse de Riemann aurait des conséquences très importantes
sur l’étude de ceux-ci.
cos
69. Exercice (Calcul de ζ(2)). On note cot la fonction , définie pour les réels
sin
6= kπ, k ∈ Z.
(1) Soit x ∈]0, π2 [ et n ∈ N∗ . Montrer que
cos(nx) + i sin(nx)
= (cot(x) + i)n
sinn (x)
(Ind. utiliser cos(nx) + i sin(nx) = einx ).
(2) Calculer directement (cot(x) + i)n à l’aide de la formule du binôme. En
identifiant cette expression avec l’expression trouvée à la question 1, en
déduire que
n
sin(nx) X j n
= (−1) cotn−2j−1 (x).
sinn (x) j=0
2j + 1
p
2p(2p − 1) X n 2 2p(2p + 2) π 2 2p(2p − 1)
4. De < < on obtient <
6 k=1
kπ 6 6 n2
p
X 1 2 π 2 2p(2p + 2) 2p(2p − 1)
< 2
. On conclut en remarquant que et
k=1
k 6 n n2
2p(2p + 2)
ont pour limite 1 quand p tend vers +∞.
n2
70. Exercice. Pour quelles valeurs de α et β > 0 la série de terme général
β log n
an = α est-elle convergente ?
n
elog(β) log n (−α+log β) log n 1
Solution de l’exercice. On a an = = e = . La
eα log n nα−log β
série Σan converge donc si et seulement si α > 1 + log β, d’après le Théorème 4.12.
1 log n
71. Exercice. On considère la série de terme général an = , n ≥ 2.
log n
(1) Montrer que an ≥ 0, pour tout n ≥ 2. Montrer que pour tout n ≥ 2,
1
an = log(log n) .
n
P
(2) Déduire de la question précédente que la série an converge.
Solution de l’exercice. (1) On a pour tout n ≥ 2,
1 1 1
an = elog(n) log( log n ) = e− log(n) log(log n) = elog(log n) log( n ) = ≥ 0.
nlog(log n)
(2) Le critère de comparaison des séries à termes positifs (Théorème 4.8) montre
2
que la série an converge, puisque d’une part, pour tout n ≥ ee , log(log n) ≥
P
1 1
2, ce qui donne 0 ≤ an = log(log n) ≤ 2 et d’autre part la série de terme
n n
1
général 2 converge.
n
1 1 1 1
72. Exercice. Soit an = α
+ α
+ α
− α , n ≥ 1. Montrer
(3n − 2) (3n − 1) (3n) n
que
n 3n
X X 1
Sn = ak = .
k=1 k=n+1
kα
(1) On suppose que α > 1. Montrer, en appliquant le critère de Cauchy à la
série de Riemann d’exposant α, que Σan converge et
+∞
X
an = 0.
n=1
(2) Il existe α, β > 0 et N ∈ N tels que ∀n ≥ N, 0 < αbn < an < βbn . Alors
les deux séries Σan et Σbn sont de même nature.
(3) Σbn est de terme général positif et an ∼ bn au voisinage de +∞. Alors les
deux séries Σan et Σbn sont de même nature. De plus
(a) Si Σan et Σbn sont convergentes, alors les restes de Σan et Σbn , qui
convergent vers 0, sont équivalents au voisinage de +∞.
(b) Si Σan et Σbn sont divergentes, alors les sommes partielles de Σan et
Σbn , qui tendent vers +∞, sont équivalentes au voisinage de +∞.
(a) On sait que pour tout > 0 existe N ∈ N, tel que pour tout n ≥ N,
(1 − )bn ≤ an ≤ (1 + )bn .
On en déduit pour tout m ≥ N
m
X m
X m
X
(1 − ) bn ≤ an ≤ (1 + ) bn . (∗)
n=N n=N n=N
Xm Xm
ce qui équivaut à limm→∞ an / bn = 1, ou encore Sm ∼+∞ Tm .
n=0 n=0
73. Exercice (La série des inverses des nombres premiers). On note pn le nième
1
nombre premier. On veut montrer que la série Σ diverge. On raisonne par l’ab-
pn
1
surde en supposant que Σ converge.
pn
(1) Montrer que la série Σ − log(1 − p1n ) converge, puis que la suite (un )n∈N , où
n
Y 1
un = , converge.
k=1
1 − 1/pk
+∞ N
1 X 1 X 1
(2) Montrer que = k
≥ k
, quel que soit N ≥ 1.
1 − 1/pn k=0
p n k=1
p n
n pn
1
Y X1
(4) Déduire de la question précédente que ≥ , puis en déduire
k=1
1 − 1/pk `=1
`
une contradiction.
Solution de l’exercice. (1) Comme − log(1−1/pn ) ∼ 1/pn , par le Théorème
4.8, la série Σ p1n converge si et seulement si la série Σ − log(1 − 1/pn )
converge. Si tel est le cas, en prenant l’exponentielle de la somme partielle
d’ordre n de Σ − log(1 − 1/pn ), l’exponentielle étant continue, on en déduit
bien que la suite (un )n∈N converge.
+∞
1 X
(2) On sait que quel que soit α ∈] − 1, 1[, = αk , et d’autre part la
1−α k=0
+∞ N
X 1 X 1
série Σ p1k étant à terme positifs, on a bien k
≥ k
.
n
k=0
p n k=1
p n
n−1
X
= πn f (n) + πi (f (i) − f (i + 1)). (FS)
i=1
n−1 n−1
X X 1
= πn log(n) + πi (log(i) − log(i + 1)) = πn log(n) − πi log(1 + ) (∗).
i=1 i=1
i
Maintenant, on a d’une part, d’après le théorème des nombres premiers
πn log(n) ∼ n, (∗∗)
et d’autre part, toujours par le le théorème des nombres premiers et le fait
que log(1 + u) ∼0 u,
1 i 1 1
πi log(1 + ) ∼+∞ = .
i log(i) i log(i)
1
D’après l’Exercice 85, la série de terme général log(i)
diverge et donc d’après
la Proposition 4.14, on a
n−1 n−1
X 1 X 1
πi log(1 + ) ∼+∞ .
i=1
i i=2
log(i)
On sait de plus par l’Exercice 78 que
n−1 n−1
X 1 X 1 n
πi log(1 + ) ∼+∞ ∼+∞ . (∗ ∗ ∗)
i=1
i i=2
log(i) log(n)
n > 0 et p ≥ n, on a
p
X 1 1 1 1
α−1
− α−1 = α−1 − α−1 .
k=n+1
(k − 1) k n p
112 3. SÉRIES NUMÉRIQUES
Par exemple dans le cas α = 2, (∗ ∗ ∗) montre que rn (ζ(2)) est compris dans
un intervalle de longueur 1/2n, et donc que
n
π2 X 1 1
0≤ − 2
≤ .
6 k=1
n 2n
(2) Cas α < 1. Dans ce cas l’étude est la même. Le théorème des accroissements
finis appliqué à la fonction g(x) = x1−α entre n − 1 et n, montre que
∀n ≥ 1, ∃θ ∈]n − 1, n[, n1−α − (n − 1)1−α = (1 − α)θ−α .
De sorte que
∀α ∈ [0, 1[, ∀n ≥ 2, (1 − α)n−α ≤ n1−α − (n − 1)1−α ≤ (1 − α)(n − 1)−α (])
et
∀α ≤ 0, ∀n ≥ 2, (1 − α)(n − 1)−α ≤ n1−α − (n − 1)1−α ≤ (1 − α)n−α . (]])
n − 1 −α n − 1 −α
Comme (n−1)−α = n−α ( ) et que ( ) → 1 quand n → ∞,
n n
1−α 1−α −α
on a bien n − (n − 1) ∼ (1 − α)n . En notant Sp la somme partielle
d’ordre p de la série de terme général ((1 − α)n−α )n≥1 et σp celle de la série
de terme général (n1−α − (n − 1)1−α )n≥1 , la Proposition 4.14 montre que
Sp ∼ σp . Or σp = p1−α . On en conclut que
p1−α
Sp (ζ(α)) ∼ .
1−α
Pour obtenir un encadrement précis de Sp (ζ(α)) il faut revenir aux enca-
drements (]) et (]]) en remarquant que
n − 1 −α
si α ∈ [0, 1[, ∀n ≥ 2, (n − 1)−α = n−α ( ) ≤ 2α n−α ,
n
et
n − 1 −α
si α ≤ 0, ∀n ≥ 2, 2α n−α ≤ (n − 1)−α = n−α ( ) .
n
On a alors les deux nouveaux encadrements
∀α ∈ [0, 1[, ∀n ≥ 2, (1 − α)n−α ≤ n1−α − (n − 1)1−α ≤ (1 − α)2α n−α (]]])
et
∀α ≤ 0, ∀n ≥ 2, (1 − α)2α n−α ≤ n1−α − (n − 1)1−α ≤ (1 − α)n−α . (]]]])
En sommant (]]]) et (]]]]) de n = 2 à p, on obtient
∀α ∈ [0, 1[, Sp − (1 − α) ≤ p1−α − 1 ≤ 2α (Sp − (1 − α))
et
∀α ≤ 0, 2α (Sp − (1 − α)) ≤ p1−α − 1 ≤ Sp − (1 − α).
114 3. SÉRIES NUMÉRIQUES
p1−α − 1
Ainsi en notant ϕ(p) :=
1−α
ϕ(p)
∀α ∈ [0, 1[, 1 + α ≤ Sp (ζ(α)) ≤ 1 + ϕ(p)
2
et
∀α ≤ 0, 1 + ϕ(p) ≤ Sp (ζ(α)) ≤ 1 + 2−α ϕ(p).
(3) Cas α = 1.
Grâce à l’Exercice 19 on sait que Hp = log p + γ + (p), où Hp désigne
la somme partielle d’ordre p de la série harmonique, γ la constante d’Euler
et (p) → 0 quand p → ∞. Ceci montre que Hp ∼ log p. Retrouvons ce
résultat sans montrer, contrairement à ce que l’on a fait dans l’Exercice 19,
que la suite Hp − log p converge.
On a
1 1
log(n + 1) − log n = log(1 + ) ∼ .
n n
En notant Hp la somme partielle d’ordre p de la série harmonique et λp
celle de la série de terme général log(n + 1) − log(n), on obtient par la
Proposition 4.14,
Hp ∼ λp = log(p + 1) ∼ log p.
Essayons à nouveau d’être plus précis. D’après le théorème des accroisse-
ments finis appliqué à log entre n et n + 1, on a
1
∀n ≥ 1, ∃θ ∈]n, n + 1[, log(n + 1) − log(n) = ,
θ
et donc
1 1 n 1 1
∀n ≥ 1, ≤ ≤ ≤ log(n + 1) − log(n) ≤ .
2n nn+1 n+1 n
Cet encadrement donne alors
1
Hp ≤ log(p + 1) ≤ Hp ,
2
soit
log(p + 1) ≤ Hp ≤ 2 log(p + 1).
L’Exercice 79 va donner une asymptotique bien plus précise de la série
harmonique.
4.15. Remarque. Le méthode de l’exercice précédent est générale. Elle consiste
à calculer la différence an des termes consécutifs d’une suite (un )n∈N , soit à calculer
an = un − un−1 , que l’on suppose positif. On a alors, pour tout p ≥ n + 1
p
X
Sp (Σan ) = ai = up − u0 (∗)
i=0
4. CONVERGENCE ABSOLUE ET SÉRIES DE TERME GÉNÉRAL POSITIF 115
p
X
et ai = up − un . (∗∗)
i=n+1
– Dans le cas de la convergence de Σan , onP a immédiatement, par l’égalité (∗)
ci-dessus, que (un )n∈N converge, puisque ( pi=0 ai )p∈N converge. Appelons ` la
limite de (un )n∈N . En faisant tendre p vers l’infini dans l’égalité (∗∗), on déduit
p p
X X
que lim ai = ` − un . Or par la Remarque 3.8, lim ai = Rn (Σan ).
p→∞ p→∞
i=n+1 i=n+1
Finalement, on obtient
Rn (Σan ) ∼ ` − un .
Si l’on veut étudier Σbn et que l’on a bn ∼ an , on sait par la Proposition 4.14
que Rn (Σan ) ∼ Rn (Σbn ). Ainsi
Rn (Σbn ) ∼ Rn (Σan ) ∼ ` − un
et l’étude de Σbn se ramène à celle de ` − un .
– Dans le cas de la divergence de Σan , toujours d’après la Proposition 4.14, on a
Sn (Σbn ) ∼ Sn (Σan ). D’autre part, par (∗), puisque Sn (Σan ) → +∞ du fait de
an ≥ 0, on a Sn (Σan ) ∼ un . Finalement
Sn (Σbn ) ∼ Sn (Σan ) ∼ un ,
et l’étude de la divergence de Σbn se ramène à celle de un .
Dans l’Exercice 77, par exemple dans le troisième cas de cet exercice, celui de la
série harmonique, la connaissance du comportement de (un )n∈N où un = log(n + 1)
nous a renseigné sur celui de Σbn , avec bn = n1 ∼ an = un − un−1 . Mais on peut tout
aussi bien avoir recours à cette méthode si l’on veut étudier la suite (un )n∈N plutôt
que la série Σan . Dans ce cas c’est la connaissance de Rn (Σan ) ou de Sn (Σan ) qui
nous instruira sur le comportement de (un )n∈N au travers de
Rn (Σan ) ∼ ` − un
et
Sn (Σan ) ∼ un .
On va illustrer cette méthode dans l’exercice qui suit.
1
78. Exercice. Montrer que la série de terme général an = , n ≥ 1, diverge
log n
et donner un équivalent de la somme partielle d’ordre n lorsque n tend vers l’infini
n n−1 1
(Ind. Montrer que − ∼+∞ ).
log n log(n − 1) log n
n n−1
Solution de l’exercice. Posons un := log n
− log(n−1)
. On a alors
1 n log(n − 1) − n log n + log n
un =
log n log(n − 1)
1 n log(1 − 1/n)
h log n i
= + .
log n log(n − 1) log(n − 1)
116 3. SÉRIES NUMÉRIQUES
n
ce qui permet de conclure que les séries de terme général vn − vn−1 et −
log2 n
n−1
sont équivalentes en +∞. Ceci donne
log2 (n − 1)
n n
Sn (Σan ) − ∼+∞ .
log n log2 n
4. CONVERGENCE ABSOLUE ET SÉRIES DE TERME GÉNÉRAL POSITIF 117
Ce qui signifie que Sn (Σan ) admet un développement asymptotique à tous les ordres
dans l’échelle de comparaison asymptotique ( logni n )i≥0 en +∞.
+∞
1 1 X −1 X 1
(5) Montrer que bn = 3 + o( 3 ). En déduire que ∼+∞ ∼+∞
6n n n
6 k=n+1 k 3
−1
(Ind. Utiliser l’Exercice 77).
12n2
118 3. SÉRIES NUMÉRIQUES
d’où
1 1 1 1 1 1 1
bn = − − 2 − 3 + o(− 3 ) − + ,
n n 2n 3n n 2n 2(n − 1)
et
1 1 1 1 1
bn = − + o(− 3 ) = 3 + o(− 3 ).
2n2 (n
− 1) 3n 3 n 6n n
Ceci prouve par la Proposition 4.14 que
+∞
−1 X 1
σn = −Rn (Σbn ) ∼+∞ .
6 k=n+1 k 3
Or d’après l’Exercice 77, le reste de ζ(3) est équivalent à 2n1 2 , ce qui donne
bien
1 −1
σ n = sn − γ − ∼ ,
2n 12n2
ou encore
1 1 1
sn = γ + − + o( ).
2n 12n2 n2
1 1
7. On continue le procédé en posant νn = sn − (γ + 2n − 12n 2 ) et en obtenant
Mais, pour n 6= m deux entiers non nuls, {(a, b); ab = n} ∩ {(a, b); ab =
m} = ∅, de sorte que
N
X
DN = #{(a, b) ∈ N∗ × N∗ ; ab = n}
n=1
∗ ∗
= # ∪N
n=1 {(a, b); ab = n} = #{(a, b) ∈ N × N ; ab ≤ N }.
N N N
3. On a a
− 1 < E( ) ≤ , d’où
a a
N N N
X 1 X N X1
N − N ≤ DN = E( )≤N .
a=1
a a=1
a a=1
a
Il s’ensuit que
N N
X 1 X 1
− 1 ≤ µN ≤ . (∗∗)
a=1
a a=1
a
PN 1
On sait enfin que = uN log(N ), avec uN → 1 quand N → +∞. Ce
a=1 a
qui donne bien par (∗∗), µN /log(N ) →N →+∞ 1.
√ √ √ √
4. On a ab ≤ N =⇒ √ a√≤ N ou b ≤ N , car si on avait a > N et b > N ,
on aurait ab > N N = N . On en conclut que
√ √
ab ≤ N =⇒ (a ≤ N ou b ≤ N ) et ab ≤ N.
L’implication réciproque étant triviale. On en déduit que l’on a la réunion
(non disjointe)
{(a, b) ∈ N∗ × N∗ ; ab ≤ N } = A ∪ B
122 3. SÉRIES NUMÉRIQUES
où √
A := {(a, b) ∈ N∗ × N∗ ; a ≤ N et ab ≤ N }
et √
B := {(a, b) ∈ N∗ × N∗ ; b ≤ N et ab ≤ N }.
Notons que #A = #B et que
√ √
A ∩ B = {(a, b) ∈ N∗ × N∗ ; a ≤ N et b ≤ N}
On en déduit finalement que
DN = #{(a, b) ∈ N∗ × N∗ ; ab ≤ N } = #A + #B − #(A ∩ B) = 2#A − #(A ∩ B).
5. On a d’après la question 2.b,
√
E( N )
√ X N
#{(a, b) ∈ N∗ × N∗ ; a ≤ N et ab ≤ N } = E( ),
a=1
a
et d’autre part
√ √
#{(a, b) ∈ N∗ × N∗ ; a ≤ N et b ≤ N } =
√ √ √
= #{a ∈ N∗ ; a ≤ N } · #{b ∈ N∗ ; a ≤ N } = (E( N ))2 .
On en déduit par la question 4 que
√
E( N )
X N √
DN = 2 E( ) − (E( N ))2 .
a=1
a
D’après l’encadrement (∗),
√ √
E( N ) E( N )
X N √ 2
X N √
DN ≤ 2 − ( N − 1) = 2 − N + 2 N − 1.
a=1
a a=1
a
Toujours d’après l’encadrement (∗),
√ √
E( N ) E( N )
X N √ X N √
2 −2 N −N ≤2 ( − 1) − ( N )2 ≤ DN .
a=1
a a=1
a
On en déduit que
√
√ h E(X N)
N i √
−2 N ≤ DN − 2 − N ≤ 2 N − 1,
a=1
a
soit √
h E(X N)
N i √
DN − 2 − N = O( N ).
a=1
a
4. CONVERGENCE ABSOLUE ET SÉRIES DE TERME GÉNÉRAL POSITIF 123
2p−1
2p 1 1 1 X1
(2) Montrer que 2 = − . En déduire que 2pSp−1 = − .
n − p2 n−p n+p p n=1 n
2p N +p
PN 1 1 X 1 X 1
(3) Montrer que si N > 3p, n=p+1 − = − . En
n−p n+p n=1
n n=N −p+1 n
+∞ 2p
X X 1
déduire que 2p an = .
n=p+1 n=1
n
+∞
X 3
(4) Conclure que ai = .
i=0
4p2
n+1
83. Exercice. Donner la nature de la série Σan de terme général an = argch( ).
n
4. CONVERGENCE ABSOLUE ET SÉRIES DE TERME GÉNÉRAL POSITIF 125
et
e−2n n2n+1
(n!)2 ∼n→+∞ . (]])
e2`
On déduit de (]) et (]]) que
√
` (2n)! n 1
e = lim 1 =√ ,
n→+∞ (n!)2 22n+ 2 2π
la dernière égalité étant donnée par la formule de Wallis. L’égalité de Stir-
ling en découle immédiatement.
1
85. Exercice (Série de Bertrand). Étudier la série de terme général an = , n≥
nα logβ (n)
2.
Solution de l’exercice. On distingue plusieurs cas.
(1) Si α > 1, considérons γ tel que 1 < γ = α − < α. Alors nγ · an =
1
→n→∞ 0, quel que soit β, de sorte que par la Proposition 4.16,
n logβ (n)
Σan converge.
n1−α
(2) Si α < 1, alors n · an = →n→∞ +∞, quel que soit β, de sorte que
logβ (n)
par la Proposition 4.16, Σan diverge.
(3) Supposons pour finir que α = 1. Si β ≤ 0, alors an ≥ 1/n et donc Σan
diverge.
Reste à traiter le cas β > 0.
Nous allons comparer la somme partielle de notre série à une certaine
intégrale. Cette façon de faire sera systématisée dans la Proposition 4.17.
1
Notons f la fonction f :]1, +∞[→ R définie par f (x) = . Cette
x logβ (x)
fonction est décroissante sur ]1, +∞[, donc on a pour tout x ∈ [n, n + 1],
f (n + 1) ≤ f (x) ≤ f (n), de sorte que
n Z n+1 n−1
X 1 X 1
β
≤ f (x) dx ≤ .
i=3
i log (i) 2 i=2
i logβ (i)
Si F est une primitive de f , on en déduit
n n−1
X 1 X 1
β
≤ F (n + 1) − F (2) ≤ (∗)
i=3
i log (i) i=2
i logβ (i)
1
– Lorsque β 6= 1, une primitive de f (x) est F (x) = ,
(1 − β) logβ−1 (x)
et si β > 1, limn→∞ F (n) = 0, ce qui assure par (∗) la convergence
de Σan . Si en revanche β < 1, limn→∞ F (n) = +∞ et (∗) assure la
divergence de Σan .
128 3. SÉRIES NUMÉRIQUES
1 + log x
(3) Soit g : x 7→ − . Calculer g 0 et à l’aide de la question précédente
x
donner un encadrement, puis un équivalent du reste Rn (Σan ) d’ordre n de
Σan .
log n log n
(4) Soit bn = , n ≥ 1. Montrer que bn − bn+1 ∼n→+∞ .
n n2
(5) Retrouver le résultat de la question 3 à l’aide de la question précédente.
Solution de l’exercice. (1) On a
log n sin n sin n
an = (1 − ) et (1 − ) →n→+∞ 0.
n2 n n
log n 1,1 log n
X log n
Donc an ∼n→+∞ . D’autre part n → n→+∞ 0, donc
n2 n2 n2
converge d’après la Proposition 4.16. On en conclut finalement que Σan
converge par la Proposition 4.14.
1
(2) On a pour tout x ∈ R∗+ , f 0 (x) = 3 (1 − 2 log x). Donc f est décroissante
x
sur [e1/2 , +∞[.
(3) Le calcul montre que g est une primitive de f . Comme f est décroissante
et positive sur [e1/2 , +∞[, le théorème de comparaison série-intégrale (Pro-
X log n
position 4.17) montre que le reste ρn d’ordre n de la série vérifie
n≥1
n2
Z p Z p
p p
lim g n+1 = lim f ≤ ρn ≤ lim f = lim g n
p→+∞ p→+∞ n+1 p→+∞ n p→+∞
1 1
Comme n log(1 + ) ∼n→+∞ n · = 1, on déduit de l’égalité précédente
n n
que
log n log n
bn − bn+1 ∼n→+∞ ∼n→+∞ .
n(n + 1) n2
(5) La question précédente montre que les restes d’ordre N des séries de terme
log n
général bn − bn+1 et sont équivalents (Proposition 4.14). Or le reste
n2
d’ordre N de la série de terme général (bn − bn+1 )n∈N est
P
X log(N + 1)
lim bN +1+k − bN +2+k = lim bN +1 − bN +2+P = bN +1 = .
P →+∞
k=0
P →+∞ N +1
On en déduit que
log(N + 1)
RN (Σan ) ∼n→+∞ .
N +1
Mais il est facile de voir que
log(N + 1) log N
∼n→+∞ ,
N +1 N
par les mêmes arguments qu’à la question 4. On retrouve alors bien le
log n
résultat de la question 3 : Rn (Σan ) ∼n→+∞ .
n
π
89. Exercice. (1) Montrer que pour tout x dans un voisinage de , cos(x) =
π
2 sin(x)
( 2 − x)u(x), avec limx→ π2 u(x) = 1.
π µ(x)
(2) En déduire que pour tout x ∈]0, [, tan(x) = π , où µ est une fonction
2 2
−x
vérifiant limx→ π2 µ(x) = 1.
π ν(x)
(3) Montrer à l’aide de la question précédente que − Arctan(x) = où ν
2 x
est une fonction telle que limx→+∞ ν(x) = 1.
(4) Calculer la dérivée de f :]0, +∞[→ R définie par f (x) = Arctan(log(x)).
1
(5) Montrer que la série de terme général est convergente.
n(1 + log2 (n))
(6) À l’aide de la question 3, donner un encadrement du reste d’ordre n de la
X 1
série . En déduire un équivalent de ce reste.
n(1 + log2 (n))
X 1
(7) Montrer à l’aide du résultat de la question 5 que la série
n log2 (n)
est convergente. Donner un équivalent du reste de cette série à l’aide de
l’équivalent obtenu à la question précédente.
132 3. SÉRIES NUMÉRIQUES
1 1 n1−α
– Soit α < 1, et dans ce cas Sn ∼ [ α−1 − 1] ∼ .
1−α n 1−α
92. Exercice. Donner un équivalent des quantités Sn et Tn suivantes, lorsque
n → +∞, où P désigne l’ensemble des nombres premiers et pn le nième nombre
premier.
X 1 X 1
Sn := , Tn := .
p∈P,p≤n
p p∈P,p≤p
p
n
1
94. Exercice. Soit f : [0, 1] → R la fonction f (x) = . On considère les
1 + x2
suites (an )n∈N et (bn )n∈N définies par, pour tout n ≥ 1,
n n n−1 n−1
X n 1X k X n 1X k
an = = f( ) et bn = = f ( ).
k=1
n2 + k 2 n k=1 n k=0
n2 + k 2 n k=0 n
Z
π
(1) Montrer que f est continue sur [0, 1], décroissante et que f (t) dt = .
[0,1] 4
(2) Montrer par des raisonnements portant sur les aires sous le graphe de f et
sur celles que calculent les quantités an et bn , que pour tout n ≥ 1,
π
an ≤ ≤ b n .
4
On considère les suites (un )n∈N et (vn )n∈N définies par : ∀n ≥ 1, un = a2n
et vn = b2n .
(3) Montrer que pour tout p ≥ 1, pour tout k ∈ {1, · · · , p},
1 2k − 1 2k 1 k
[f ( ) + f ( )] ≥ f ( ).
2p 2p 2p p p
En déduire que (un )n∈N est une suite croissante. De même montrer que
(vn )n∈N est décroissante.
1
(4) Montrer que, pour tout n ≥ 1, vn − un = 2n+1 . En conclure que lim un =
n→∞
π −1
lim vn = et donner un rationnel q tel que |π − q| ≤ 10 .
n→∞ 4
On veut à nouveau estimer la rapidité de convergence de un vers π4 . On
considère pour cela la suite (cn )n∈N définie par cn = un − un−1 , n ≥ 2 et
c1 = u1 .
(5) Montrer à l’aide du théorème des accroissements finis que, pour tout p ≥ 1,
pour tout k ∈ {1, · · · , p},
2k − 1 2k C
f( ) − f( ) ≤ ,
2p 2p 2p
pour une certaine constante C que l’on calculera. En déduire que
C
∀n ≥ 2, 0 ≤ cn ≤ .
2n+1
(6) On note, pour n ≥ 2, par Rn le reste de la série Σcn . Montrer, à l’aide de
la question précédente, que
+∞
π X C
∀n ≥ 2, 0 ≤ Rn = − un = ci ≤ n+1 .
4 i=n+1
2
4. CONVERGENCE ABSOLUE ET SÉRIES DE TERME GÉNÉRAL POSITIF 137
d’où
√ N √ √ N
n
aN (` − )1− n ≤ n an ≤ n aN (` + )1− n .
√ 1 N
Or comme n aN = e n log an →n→∞ 1, (` − )1− n →n→∞ ` − et (` +
N
)1− n →n→∞ ` + , on peut choisir M ∈ N suffisamment grand pour que
pour tout n ≥ M ,
√
` − 2 ≤ n an ≤ ` + 2,
√
ce qui prouve que lim n an = `.
n→∞
√ −α
(4) Si an = nα , quel que soit α ≥ 0, on a n an = e n log(n) →n→∞ 1 et an+1
1
an
=
n α
( n+1 ) →n→∞ 1. Or on sait que selon que α ≤ 1 ou α > 1, la série de
Riemann Σan converge ou diverge.
4.20. Remarque. Dans le cas où an+1 an
> 1, pour n suffisamment grand, du fait
de la croissance stricte de la suite (an )n∈N (pour n suffisamment grand), celle-ci ne
peut converger vers 0, et ainsi la série Σan ne peut pas converger. En conclusion le
cas douteux an+1
an
→n→+∞ 1 dans le critère de D’Alembert peut se traiter dans la
circonstance très particulière où an+1
an
> 1 à partir d’un certain rang.
πi π3 π
95. Exercice. (1) Montrer que pour tout i ≥ 3, ≤ ( )i−3 , puis mon-
i! 6 4
trer que pour tout i ≥ 0,
πi 32 π
≤ ( )i . (∗)
i! 3 4
X πi
En déduire que la série converge et donner un majorant de sa somme
i!
+∞ i
X π
.
i=0
i!
X πi
(2) Montrer d’une autre façon que la série converge.
i!
(3) En utilisant la formule de Taylor-Lagrange, et à nouveau la majoration (∗),
+∞ i
π
X π
montrer que e = .
i=0
i!
ππ
Solution de l’exercice. (1) Soit i ≥ 3. Il suffit de remarquer que π =
23
π3 π π
et que pour tout k ∈ {4, · · · , i}, ≤ pour obtenir la majoration
6 k 4
πi π 3 π i−3 πi π 3 43 π i 32 π i
i!
≤ (
6 4
) . Il s’ensuit que ≤ = . D’après cette dernière
i! 6 π 3 4i 3 4i
X πi
majoration, la série voit son terme général majoré (à un coefficient
i!
multiplicatif près) par le terme général d’une série géométrique de raison
4. CONVERGENCE ABSOLUE ET SÉRIES DE TERME GÉNÉRAL POSITIF 141
π/4 < 1. De sorte que par le théorème de comparaison 4.8, cette série
32 1
converge et sa somme est majorée par .
3 1 − π/4
(2) On utilise la règle de d’Alembert 4.19, qui donne à nouveau la convergence
P πi π i+1 i! π
de i!
, puisque i
= → 0 quand i → 0.
(i + 1)! π i+1
(3) On utilise la formule de Taylor-Lagrange 4.14 pour la fonction exponentielle
entre 0 et π qui donne pour tout n ≥ 0 l’existence d’un réel θ = θn ∈]0, π[
tel que
n
π
X πi π n+1 θ
e = + e.
i=0
i! (n + 1)!
Ce qui montre que
n
π
X πi π n+1 θ π n+1
e − = e ≤ eπ →n→∞ 0,
i=0
i! (n + 1)! (n + 1)!
d’après (∗).
n!
96. Exercice. Montrer que la série de terme général an = est convergente.
nn
an+1 (n + 1)nn n n 1
Solution de l’exercice. On a = =( ) = en log(1− n+1 ) .
an (n + 1)n+1 n+1
1 −1 an+1
Or log(1 − ) ∼n→+∞ . Il s’ensuit que →n→+∞ 1/e. La série Σan
n+1 n+1 an
est donc convergente d’après la règle de D’Alembert (Théorème 4.19).
On pourra se reporter également à l’Exercice 84. D’après celui-ci on a
√ n
n! ∼n→+∞ 2πn( )n .
e
1
(2πn) 2 1 1 1 1
Il s’ensuit que an ∼n→+∞ n
et donc que (an ) n ∼n→+∞ (2πn) 2n . Or (2πn) 2n =
e e
1
log(2πn) 1
e 2n →n→+∞ 1 car log(2πn) →n→+∞ 0. Il s’ensuit que
2n
1 1
(an ) n ∼n→+∞ .
e
La règle de Cauchy assure alors que Σan converge.
Remarque. Cet exemple illustre bien sûr le point 3 du Théorème 4.19, selon lequel
an+1 1 1 1
limn→+∞ = =⇒ lim (an ) n = .
an e n→+∞ e
On peut aussi démontrer la convergence de Σan en majorant an par le terme
général d’une série convergente. Pour cela, en notant bn/2c la valeur absolue de
n/2, on écrit
1 · 2 · 3 · · · (n − 1)n 12 bn/2c bn/2c + 1 n
an = = ··· ···
n · n · n · · · (n − 1)n nn n n n
142 3. SÉRIES NUMÉRIQUES
d’où
1 1
an ≤ n−2 , ≤√
2bn/2c
2
puisque k/n ≤ 1/2, pour k ≤ bn/2c et k/n ≤ 1, pour k ≤ n. Comme la série
√ n−2
de terme général 1/ 2 √ est convergente (son terme général est celui d’une suite
géométrique de raison 1/ 2 < 1), Σan converge.
97. Exercice. Soit p ∈ N et q ∈] − 1, 1[. On considère la suite (an )n∈N définie
par
∀n ∈ N, an = np q n .
n
(1) Montrer que la suite bn = np |q| 2 tend vers 0. En déduire que cette suite est
bornée.
(2) Montrer à l’aide de la question précédente que la série Σan est absolument
convergente.
(3) Retrouver à l’aide de la règle de D’Alembert le résultat de la question 2.
Le réel q ∈] − 1, 1[ étant fixé, pour tout p, N ∈ N, on note
N
X +∞
X
p n
SN (p) = nq et σ(p) := np q n .
n=0 n=0
N N X N N
X
p n+1 p − 1 X p−1 n+1 1 n+1
X
= nq + n q + ··· + nq + q n+1
n=0
p n=0
p n=0 n=0
N N N N
X
p n p − 1 X p−1 n 1 X n X
=q n q +q n q + ··· + q nq + q qn
n=0
p n=0
p n=0 n=0
p−1 1
= qSN (p) + q SN (p − 1) + · · · + q SN (1) + qSN (0).
p p
Comme d’autre part SN +1 (p) = SN (p) + aN +1 , on obtient
p−1 1
SN (p) + aN +1 = qSN (p) + q SN (p − 1) + · · · + q SN (1) + qSN (0).
p p
Et donc
−aN +1 q p−1 1
SN (p) = + SN (p − 1) + · · · + SN (1) + SN (0) .
1−q 1−q p p
(6) En faisant tendre N vers +∞, puisque aN +1 → 0, on obtient finalement
q p−1 1
σ(p) = σ(p − 1) + · · · + σ(1) + σ(0) .
1−q p p
(7) La formule précédente donne pour p = 1 :
q q
σ(1) = σ(0) = .
1−q (1 − q)2
La même formule pour p = 2 donne :
q q 2q 1 q(q + 1)
σ(2) = 2σ(1) + σ(0) = + =
1−q 1 − q (1 − q)2 1 − q (1 − q)3
Enfin pour p = 3, on obtient :
q q 3q(q + 1) 3q 1 q 2 + 4q + 1
σ(3) = 3σ(2)+3σ(1)+σ(0) = + + = .
1−q 1 − q (1 − q)3 (1 − q)2 1 − q (1 − q)4
98. Exercice. Soit Σan la série de terme général an défini par
1
a0 ∈ [0, 1] et ∀n ∈ N, an+1 = (an + a2n ).
2
(1) Montrer que la fonction f (x) = 21 (x + x2 ) est croissante sur [0, 1] et que
f ([0, 1]) = [0, 1] et pour tout x ∈]0, 1[, f (x) < x. En déduire que la suite
(an )n∈N est décroissante puis, lorsque a0 6= 1, qu’elle converge vers 0.
144 3. SÉRIES NUMÉRIQUES
(2) Montrer à l’aide de lim∞ an = 0 que la série Σan converge. (Ind. Utiliser le
critère de d’Alembert).
(3) Montrer, à l’aide de la question précédente, que la série de terme général
+∞
X
log(1 + ai ) converge. On note ` := log(1 + an ).
n=0
n−1
a0 Y a0 e `
(4) Montrer que an = (1 + ai ). En déduire que an ∼+∞ .
2n i=0
2n
Solution de l’exercice. (1) La fonction f est la somme de deux fonctions
croissantes sur [0, 1], elle est donc elle-même croissante sur cet intervalle.
Comme f (0) = 0 et f (1) = 1, on a bien d’autre part f ([0, 1]) = [0, 1],
x
par croissance de f . On a ensuite f (x) − x = (x − 1) < 0 sur ]0, 1[ et
2
plus généralement f (x) − x ≤ 0 sur [0, 1]. On en déduit que quel que soit
n ∈ N, an+1 − an = f (an ) − an ≤ 0. Ce qui montre que la suite (an )n∈N est
décroissante. Notons que si a0 = 0 la suite (an )n∈N est constante et égale à
0 et que si a0 = 1 la suite (an )n∈N est constante et égale à 1.
Si a0 ∈]0, 1[, la suite (an )n∈N étant décroissante et minorée (par 0),
elle converge vers une limite α qui vérifie, du fait de un+1 = f (un ), par
continuité de f : f (α) = α. Cette équation admet deux solutions, qui sont
0 et 1. Mais puisque la suite (an )n∈N est décroissante, on en conclut que
pour tout a0 ∈]0, 1[, (an )n∈N converge nécessairement vers 0 (et non vers 1,
puisque an ≤ a0 < 1).
an+1 1
(2) On a = (1 + an ) →n→+∞ 1/2. D’après la règle de D’Alembert, la
an 2
série Σan converge.
(3) Comme la suite (an )n∈N tend vers 0, on a log(1 + an ) ∼n→+∞ an . On
en déduit par le Théorème 4.8 que la série de terme général log(1 + an )
converge, puisque Σan converge.
(4) Montrons par récurrence sur n ∈ N∗ que la proposition
n−1
a0 Y
P (n) : an = n (1 + ai )
2 i=0
est vraie pour tout n ∈ N∗ .
a0
– On a a1 = (1 + a0 ), donc P (0) est vraie.
2
– Supposons maintenant que pour un entier n ≥ 1, P (n) soit vraie et
montrons qu’alors P (n + 1) est vraie.
n−1
an a0 Y
On a an+1 = (1 + an ) et an = n (1 + ai ), qui donnent an+1 =
2 2 i=0
n−1 n
1 a0 Y a0 Y
(1 + an ) (1 + ai ) = n+1 (1 + ai ). Ce qui prouve P (n + 1).
2 2n i=0
2 i=0
4. CONVERGENCE ABSOLUE ET SÉRIES DE TERME GÉNÉRAL POSITIF 145
lim 2n an /a0 = e` ,
n→+∞
ou encore
e ` a0
an ∼n→+∞ .
2n
On peut affiner un peu la règle de D’Alembert, dans le cas douteux où ` = 1,
sans toutefois donner une règle qui permette de conclure à tous les coups, puisque
la règle que nous allons donner, dite de Raabe-Duhamel, comporte encore un cas
douteux (cf l’Exercice 100).
99. Exercice (Règle de Raabe-Duhamel). Soit Σan une série de terme général
positif et non nul. On écrit
an+1 αn
=1− .
an n
(1) On suppose ici que la suite (αn )n∈N est minorée (à partir d’un certain rang)
1
par un réel a > 1 10. Soient α ∈]1, a[ et bn = α .
n
bn+1 α 1
(a) Montrer que = 1 − + o( ).
bn n n
an+1 bn+1
(b) En déduire que pour n suffisamment grand, ≤ .
an bn
(c) Conclure grâce à l’Exercice 68, que Σan converge.
(2) On suppose ici que la suite (αn )n∈N est majorée (à partir d’un certain rang)
1
par un réel a < 1 11. Soient α ∈]a, 1[ et bn = α .
n
bn+1 an+1
(a) En déduire que pour n suffisamment grand, ≤ .
bn an
(b) Conclure grâce à l’Exercice 68, que Σan diverge.
Conséquence : supposons que la suite (αn )n∈N converge vers a ∈ R∪{+∞}. Si a > 1,
Σan converge et si a < 1, Σan diverge.
Solution de l’exercice. On donne une correction de la question 1. La seconde
se traitant de la même façon.
an+1
10. Ceci traduit une certaine lenteur de convergence éventuelle de la suite vers 1.
an
an+1
11. Ceci traduit une certaine rapidité de convergence éventuelle de la suite vers 1.
an
146 3. SÉRIES NUMÉRIQUES
an
Écrire, à l’aide de cette dernière expression, comme eun , où lim un =
an−1 n→+∞
0.
(3) Montrer que ex − 1 ∼0 x. En déduire, à l’aide de la question précédente que
an log(log(n))
− 1 ∼n→+∞ .
an−1 n−1
X
(4) Conclure sur la nature de an .
(4) D’après la question précédente, il existe une suite zn de limite 1 telle que
an log(log n)
− 1 = zn · . On peut donc écrire
an−1 n−1
an αn
=1+ ,
an−1 n
5. SÉRIES DE TERME GÉNÉRAL AYANT UN SIGNE NON CONSTANT 149
n
avec αn = zn log(log(n)) →n→∞ +∞. D’après la règle de Raabe-
n−1 X
Duhamel (Exercice 99), la série an converge. On retrouve le résultat
de l’Exercice 71, obtenu beaucoup plus directement à l’aide du critère de
comparaison des séries de termes positifs.
pour x ≥ e. Il s’ensuit que la suite (an )n≥2 est décroissante. Comme d’autre part
lim an = 0, le critère des séries alternées (Théorème 5.2) assure que Σan converge.
n→+∞
En conclusion la série Σan est semi-convergente.
(−1)n
103. Exercice. Soit Σan la série de terme général an = .
3n + 1
(1) Montrer que cette série est semi-convergente.
Z 1
1
(2) Montrer que = t3n dt. En déduire que la somme partielle Sn de
3n + 1 0 Z
1
1 − (−t)3n
Σan d’ordre n vérifie Sn = dt.
0 1 + t3
+∞ Z 1
X dt log 2 π
(3) Conclure que ai = 3
= + √ .
i=0 0 1+t 3 3 3
1
Solution de l’exercice. (1) On a |an | ∼n→+∞ , or la série harmonique
3n
diverge (Exemple 4.2), donc par le Théorème 4.8, Σan est absolument di-
1
vergente. En revanche, la suite ( )n∈N converge, en décroissant, vers
3n + 1
0. D’après le Théorème de Leibniz, Σan converge. La série Σan est par
conséquent semi-convergente.
Z 1
1
(2) Comme par une intégration immédiate = t3k dt, on obtient par
3k + 1 0
le calcul classique de l’Exemple 3.5
n Z 1 Z 1X n Z 1X n Z 1
X
k 3k k 3k 3 k 1 − (−t3 )n+1
Sn = (−1) t = (−1) t = (−t ) =
k=0 0 0 k=0 0 k=0 0 1 + t3
n 1 1
t3n+3
Z Z
X 1
(3) D’après la question précédente, ai = − . Soit αn =
i=0 0 1 + t3 0 1 + t3
Z 1 3n+3
t
3
. Puisque pour tout t ∈ [0, 1], 1 + t3 ≥ 1, on a
0 1 + t
Z 1
1
0 ≤ αn ≤ t3n+3 = →n→+∞ 0.
0 3n + 4
+∞ n Z 1
X X 1
Il s’ensuit que ai = lim ai = 3
.
i=0
n→+∞
i=0 0 1 + t
Z 1
1
Le calcul de I = 3
est classique. On commence par remarquer
0 1+t
que
1 1 1 2 t−2
3
= − 2 .
1+t 3t+1 3t −t+1
5. SÉRIES DE TERME GÉNÉRAL AYANT UN SIGNE NON CONSTANT 151
On a donc
1
t−2
Z
1h i1 2 log 2 2
I= log(t + 1) − = − J,
3 0 3 0 t2 −t+1 3 3
où
1 Z 1
t−2 1 2t − 1
Z
3 1 h
2
i1 3 3
J= 2
= 2
− 2
= log |t −t+1| − K = − K,
0 t −t+1 0 2t −t+1 2t −t+1 0 2 2
où Z 1 Z 1
1 4 1
K= 2
= 2 1 2 .
0 t −t+1 0 3 ( 3 t − √3 ) + 1
√
2 1
Le changement de variables u = √ t − √ donne ensuite
3 3
Z √1 √ 1
3 4 3 1 2 h 2 π π π
i√
3
K= 2
= √ arctan(u) = √ [ − (− )] = √ .
− √1 3 2 1 + u 3 3 3
1
3
3 −√
3 3 3
On en conclut que
log 2 2 3 π log 2 π
I= − (− ) √ = + √ .
3 3 2 3 3 3 3 3
Remarquons pour finir que le reste Rn d’ordre n de la série Σan est
1
I − Sn = αn ≤ .
3n + 4
5.3. Proposition (Règle de comparaison séries-intégrales, bis). Soient a ∈ R et
f : [a, +∞[→ R une fonction de classe C 1 . Si
Z y
lim |f 0 (t)| dt
y→+∞ a
Z y
existe, la série Σf (n) converge si et seulement si lim f (t) dt existe.
y→+∞ a
q−1 Z n+1
X
= qf (q) − pf (p + 1) − E(t)f 0 (t) dt. (1)
n=p+1 n
De même Z p+1
pf (p + 1) = E(x)f (x) + E(t)f 0 (t) dt. (3)
x
Les égalités (1), (2) et (3) montrent alors que
p Z y
X
f (n) = E(y)f (y) − E(x)f (x) − E(t)f 0 (t) dt. (4)
n=p+1 x
En particulier, si x ∈ N et y ∈ N, on obtient
X Z y Z y
f (n) = f (t) dt + D(t)f 0 (t) dt. (6)
x+1≤n≤y x x
Z y
Supposons maintenant que lim |f 0 (t)| dt existe, alors le critère de Cauchy est
y→∞ x
Ry
rempli pour la fonction y 7→ x |f 0 (t)| dt. Il s’ensuit puisque pour tout z ∈ [a, +∞[
Z y Z z Z z Z z
0 0 0
| D(t)f (t) dt − D(t)f (t) dt| ≤ |D(t)f (t)| dt ≤ |f 0 (t)| dt
x x y y
Ry
que le critère de Cauchy est aussi rempli pour la fonction y 7→ x D(t)f 0 (t) dt.
Celle-ci admet donc une limite quand y → +∞. Le membre Rde droite de l’égalité
y
(6) admet donc une limite quand y → +∞ si et seulement si x f (t) dt admet une
limite quand y → +∞, ce qui équivaut encore à ce que le membre de gauche de
l’égalité (6) admette une limite quand y → +∞, ce qui finalement équivaut à ce que
Σf (n) converge.
5.4. Remarque. Dans le cas où la fonction f de la Proposition 5.3 est décroissante,
f 0 est négative et |f 0 | = −f 0 . L’hypothèse de la Proposition 5.3 implique donc que
f (y) admet une limite lorsque y → ∞. Cette condition a déjà lieu dans les hy-
pothèses de la Proposition 4.17, puisque dans la Proposition 4.17, la fonction est
positive, donc bornée inférieurement. Étant décroissante, elle admet nécessairement
une limite. La Proposition 5.3 contient donc la Proposition 4.17, sous la seule hy-
pothèse supplémentaire (inutile dans la Proposition 4.17) du caractère C 1 de f . En
revanche la Proposition 4.17 ne dit rien du comportement de la série Σf (n) lorsque
f change de signe. Sous l’hypothèse du caractère C 1 de f , la Proposition 5.3 traite
quant à elle cette situation.
5. SÉRIES DE TERME GÉNÉRAL AYANT UN SIGNE NON CONSTANT 153
sin(log(n))
104. Exercice. Donner la nature de la série Σan lorsque an = pour
n
n ≥ 1.
sin(log(x))
Solution de l’exercice. Soit f (x) = , pour x > 0. Cette fonction
x
cos(log(x)) − sin(log(x))
est C ∞ et f 0 (x) = . Donc |f 0 (x)| ≤ 2/x2 . Il s’ensuit que
Z y x2
|f 0 (x)| dx admet une limite quand y → +∞ (appliquer le critère de Cauchy et
1 Z y
dx
remarquer que y 7→ 2
satisfait ce critère). D’après la Proposition 5.3, la série
1 x Z y
Σan converge si et seulement si y 7→ f (t) dt admet une limite quand y → +∞.
1
Or le changement de variables u = log(t) donne
Z y Z log(y)
sin(log(t))
dt = sin(u) du = − cos(log(y)).
1 t 0
Mais la fonction y 7→ − cos(log(y)) ne converge pas quand y → +∞, car par exemple
pour y = enπ , − cos(log(y)) = (−1)n+1 . D’après la Proposition 5.3, la série Σan
diverge.
log(t)
105. Exercice. Soit f :]0, +∞[→ R la fonction définie par f (t) = . On
t
considère la suite (an )n∈N définie par :
∀n ≥ 1, an = f (n).
(1) Montrer que f est positive et décroissante sur [3, +∞[ et qu’une primitive
1
de f est F (t) = log2 (t).
2
X 1
(2) Déduire de la question précédente que an diverge et que Sn ∼ log2 (n),
n≥1
2
X
où Sn est la somme partielle d’ordre n de la série an .
n≥1
157
158 4. ANNEXE : APPROXIMATION DES RÉELS PAR LES RATIONNELS
Noter que la série de terme général 10−j! est bien convergente, puisque son terme
général est borné par le terme général de la série géométrique de raison 1/10, par
exemple.
Pour un tel nombre on observe qu’en notant
Xn
pn = 10 n!
10−j! , qn = 10n! ,
j=1
(2) D’autre part, pour un nombre réel x quelconque, on ne peut espérer mieux
que cette approximation. En effet d’après le théorème de Roth, si x est
un nombre irrationnel et algébrique
√ (c’est-à-dire que x est racine d’un po-
lynôme non nul de Z[X], comme 2 par exemple qui est racine de X 2 − 2),
alors pour tout > 0, il n’existe qu’un nombre fini de rationnels p/q tels
p 1
que |x − | ≤ 2+ .
q q
1.1. Remarque. Le théorème de Roth montre que les nombres réels x qui sont
pn 1
approchés par des suites de rationnels (pn /qn )n≥1 telles que |x − | ≤ τ , pour
qn qn
τ > 2, sont soit des nombres rationnels (mais dans ce cas inutile de les approcher
des suites de rationnels autres que la suite constante égale à x), soit des nombres qui
ne sont racine d’aucun polynôme de Z[X]. De tels nombres sont dits transcendants.
Tel est donc le cas du nombre ξ ci-dessus.
Si le théorème de Roth est difficile à démontrer (il a valu la médaille Fields à
Roth en 1958), l’énoncé 1. ci-dessus est en revanche facile à obtenir.
Pour cela notons {x} la partie fractionnaire de x, c’est-à-dire {x} = x − bxc ∈
[0, 1[, où bxc est la partie entière de x. Soit alors Q ∈ N∗ . Partitionnons l’intervalle
[0, 1] en Q intervalles de longueur 1/Q. Il est alors certain que deux des Q + 1
nombres 0, {x}, {2x}, {3x}, · · · , {(Q − 1)x}, 1 sont dans un même intervalle de notre
partition. En particulier ils sont distants de moins de 1/Q. On en déduit l’existence
de deux entiers distincts A, B ∈ {1, 2, · · · , Q − 1} (le cas où un des deux nombres
2. APPROXIMATION PAR LES FRACTIONS CONTINUES 159
0, {x}, {2x}, {3x}, · · · , {(Q − 1)x}, 1 qui sont dans le même intervalle de la partition
est le nombre 1 se traite de a même manière que ce qui suit) tels que
1
0 < {Ax} − {Bx} = Ax − bAxc − Bx + bBxc = qx − p ≤ ,
Q
où q = A − B > 0 et p = bAxc − bBxc > 0. Il s’ensuit, puisque q = A − B ≤ Q, que
p 1 1
|x − | ≤ ≤ 2.
q Qq q
Notons que puisque Q > 0 est un entier quelconque, en choisissant Q dans une suite
p 1
strictement croissante d’entiers, la majoration |x − | ≤ permet de construire
q Qq
une suite de rationnels qui tend vers x.
Si la preuve de l’observation 1. que l’on vient de donner est courte, elle ne per-
met pas en revanche de construire explicitement une suite de rationnels (pn /qn )n≥1
pn 1
tendant vers x, telle que |x − | ≤ 2 .
qn qn
L’exercice qui suit permet de construire une telle suite.
1 1 1
c0 = a0 , c1 = a0 + , c2 = a0 + , · · · , cn = a0 +
a1 1 1
a1 + a1 +
a2 1
a2 +
1
··· +
an
On note plus commodément dans la suite de l’exercice les termes cn de la fraction
continue (cn )n∈N par [a0 , a1 , · · · , an ] 1. Les termes an de la suite initiale (an )n∈N
s’appellent les quotients partiels (d’ordre n) de la fraction continue.
Dans la suite de l’exercice on suppose que pour tout n ≥ 0, an > 0.
PARTIE I
1 1 1
1. Parfois la notation a0 + ··· est aussi adoptée dans la littérature.
a1 + a2 + an
160 4. ANNEXE : APPROXIMATION DES RÉELS PAR LES RATIONNELS
On suppose dans tout le reste de l’exercice que les nombres an ∈ N∗ 2. Il s’ensuit que
pour tout n, cn ∈ Q+ .
I.2. Montrer par récurrence que pour tout n ≥ 0, pn qn−1 − pn−1 qn = (−1)n−1 et
que pour tout n ≥ 1, pn qn−2 − pn−2 qn = (−1)n an . En déduire que pn ∧ qn = 1, pour
pn
tout n ≥ 1. La fraction est donc irréductible.
qn
pn
On dit que est la réduite d’ordre n de la fraction continue (cn )n∈N .
qn
I.3. Montrer que la suite des dénominateurs q1 , q2 , · · · des réduites est stricte-
ment croissante et que pour tout n ≥ 2
pn pn−1 (−1)n−1
− =
qn
qn−1 qn qn−1
pn pn−2 (−1)n an
− =
qn qn−2 qn qn−2
p2n p2n+1
I.4. Montrer que les suites ( )n≥1 et ( )n≥1 sont adjacentes. On note alors
q2n q2n+1
[a0 , a1 , a2 , · · · ] la limite de la suite (cn )n∈N .
PARTIE II
Rappelons que la partie entière d’un nombre réel x est l’unique entier bxc tel que
bxc ≤ x < bxc + 1 et que la partie fractionnaire de x est alors {x} = x − bxc.
Étant donné un réel ξ ≥ 0, on lui associe les suites (an ) et (ξn ) suivantes (qui
sont éventuellement finies) définies par récurrence par :
1
ξ0 = ξ, a0 = bξ0 c, ξn+1 = et an+1 = bξn+1 c si ξn 6∈ N. (∗)
{ξn }
2. On pourrait cependant sans changement dans ce qui suit supposer que a0 ∈ Z.
2. APPROXIMATION PAR LES FRACTIONS CONTINUES 161
II.1. Montrer que pour tout n ∈ N pour lequel ξn+1 est défini,
ξ = [a0 , a1 , · · · , an , ξn+1 ].
p
II.2. On suppose dans cette question que ξ ∈ Q+ et que ξ = , avec p ∧ q = 1.
q
On applique à p et q l’algorithme d’Euclide calculant le pgcd de p et q : on effectue
la division de p par q, de quotient α0 et de reste r0 , puis la division de q par r0 ,
de quotient α1 et de reste r1 etc... jusqu’à obtenir à la N ième division (l’entier N
dépendant de p et q) le reste rN −1 = 1 = pgcd(p, q) :
p = qα0 + r0 , 0 < r0 < q
q = r0 α1 + r1 ,
0 < r1 < r0
..
.
rN −3 = rN −2 αN −1 + 1
p
Montrer que = [α0 , α1 , · · · , αN −1 , rN −2 ].
q
II.3. Déduire des deux questions précédentes que les suites (ξn ) et (an ) associées
au réel ξ par (∗) sont infinies si et seulement si ξ est irrationnel (on pourra montrer
que si ξ = p/q est rationnel, alors ξN = rN −2 ).
On suppose à partir de maintenant que ξ 6∈ Q, et donc que la suite (an )n∈N associée à ξ est infinie.
II.4. Pour n ∈ N∗ , on définit la fonction fn : R∗+ → R par fn (x) := [a0 , · · · , an−1 , x].
Montrer, en utilisant le théorème des fonctions composées monotones, que fn est
croissante si n est pair et décroissante si n est impair.
PARTIE III
√
√ III.1. Dans cette question
√ ξ = 2. On cherche la fraction continue associée à
2 par (∗). Comme on a b 2c = 1, on a
√ 1
2=1+ .
ξ1
√
III.1.a √Montrer que ξ1 = 1 + 2 et en déduire que a1 = 2 et ξ2 = ξ1 . En
conclure que 2 = [1, 2, 2, 2, · · · ].
III.1.b Calculer
√ alors la réduite d’ordre 4 de [1, 2, 2, 2, · · · ] et en déduire une
approximation de 2 par un rationnel à une erreur que l’on donnera.
1
III.2. Dans cette question ξ est la solution positive de l’équation x = 1 + .
x
1
Calculer ξ. Déduire de x = 1 + la fraction continue associée à ξ par (∗), puis
x
donner une approximation de ξ à 10−4 près.
= pn−1 qn − pn qn−1 ,
ce qui par hypothèse de récurrence donne
pn+1 qn − pn qn+1 = −(pn qn−1 − pn−1 qn ) = −(−1)n−1 = (−1)n .
Ce qui prouve P(n + 1).
• Par principe de récurrence, P(n) est vraie pour tout n ≥ 0.
On montre de la même manière la seconde égalité.
L’égalité pn qn−1 − pn−1 qn = (−1)n−1 est une égalité de Bézout, qui prouve que pn
et qn sont premiers entre eux, pour tout n.
164 4. ANNEXE : APPROXIMATION DES RÉELS PAR LES RATIONNELS
I.3. Les deux égalités proviennent directement de la question I.2. Les entiers
qn sont tous strictement positifs d’après la preuve de la question I.1 D’autre part
l’hypothèse an ≥ 1 (an ∈ N∗ ) donne qn = an qn−1 + qn−2 ≥ qn−1 + qn−2 > qn−1 . Ce
qui prouve la croissance stricte de la suite (qn )n∈N .
II.1. Supposons que ξ0 , ξ1 , · · · , ξn , ξn+1 sont définis, c’est-à-dire que ces réels ne
sont pas des entiers. Montrons alors par récurrence sur k ∈ {0, · · · , n} la propriété :
P(k) : ξ = [a0 , a1 , · · · , ak , ξk+1 ] .
1
Au préalable, remarquons que ξk = bξk c + {ξk } = ak + , pour tout k ∈
ξk+1
{0, · · · , n}.
1
• D’après cette remarque, ξ = ξ0 = a0 + = [a0 , ξ1 ], ce qui prouve P(0).
ξ1
• Supposons que pour un entier k ≥ 1, P(k − 1) soit vraie. On a alors ξ =
[a0 , · · · , ak−1 , ξk ]. Il s’ensuit par la remarque que
1
ξ = [a0 , · · · , ak−1 , ak + ] = [a0 , · · · , ak−1 , ak , ξk+1 ],
ξk+1
ce qui prouve P(k).
• Par principe de récurrence, P(k) est vraie pour tout k ∈ {0, · · · , n}.
2. APPROXIMATION PAR LES FRACTIONS CONTINUES 165
II.5. Comme ξn = an + 1/ξn+1 , et que les suites (an )n∈N et (ξn )n∈N sont à
termes strictement positifs, on a bien ξn > an . D’autre part d’après la question
II.4, pour tout k ≥ 1, f2k est croissante. On en déduit que f2k (ξ2k ) ≥ f2k (a2k ). Mais
f2k (a2k ) = c2k et d’autre part f2k (ξ2k ) = ξ, par la question II.1 Ce qui donne ξ ≥ c2k .
On montre de même que ξ ≤ c2k−1 . Il s’ensuit que ξ est compris entre deux
réduites quelconques consécutives de la fraction continue construite sur la suite
(an )n∈N associée à ξ par (∗). En particulier
1 1
|ξ − cn | ≤ |cn+1 − cn | ≤ ≤ 2.
qn qn+1 qn
II.6. Si ξ 6∈ Q, on lui associe la suite (an )n∈N de (∗), qui est infinie d’après la
question II.3. Quel que soit n ≥ 0, le nombre cn est alors un rationnel, qui d’après
la question II.5 répond à la question.
√ 1 √
III.1.a. Comme 2 = 1 + , on a immédiatement que ξ1 = 1 + 2. Il s’ensuit
ξ1
que
√ √ 1 1
2 = [1, ξ1 ] = [1, 1 + 2] = [1, 2 + ] = [1, 2, ξ1 ] = [1, 2, 2 + ]
ξ1 ξ1
= [1, 2, 2, ξ1 ] = · · · = [1, 2, 2, 2, · · · , 2, ξ1 ].
On obtient bien de proche en proche que an = 2, pour tout n ≥ 1 (pour être tout à
fait rigoureux, une récurrence s’impose ici).
III.1.b.
1
Nous avons c5 = 1 + = 99/70. D’après la question II.5 il s’agit
1
2+
1
2+
1
2+
1
2+
√ 2
d’une√approximation de 2 à 1/q52 = 1/702 près, soit à environ 2, 05.10−4 près. De
fait | 2 − 99/70| ' 73.10−6 .
√
1+ 5 1
III.2. On a facilement x = (x est le nombre d’or). De x = 1 + , on
2 x
obtient x = [1, x] = [1, 1 + 1/x] = [1, 1, x] = · · · = [1, 1, · · · , 1, x]. On en conclut que
an = 1 pour tout n ≥ 1. On a c11 = 233/144, ce qui montre que 233/144 est une
approximation de x à 1/1442 ≤ 10−4 . On trouve en réalité |x−233/144| ≤ 5.10−10 ≤
2, 2.10−5 .
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