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24 Mars 2020
2
Chapitre 1
Rappels de Topologie de Rn
1.1 Normes
Définition 1.1.1 On appelle norme sur Rn toute application
N : Rn −→ R+
telle que
(i) N (x) = 0 ⇔ x = 0
(ii) N (λx) = |λ|N (x), ∀x ∈ Rn ∀λ ∈ R
(iii) N (x + y) ≤ N (x) + N (y), ∀x, y ∈ Rn (inégalité triangulaire)
On note parfois (et même souvent) une norme par �.�. La distance associée à une
norme est définie par : d(x, y) = N (x − y).
Exemple 1.1.2 En voici quelques exemples :
n
�
1. �x�1 = |xi |
i=1
3
4 CHAPITRE 1. RAPPELS DE TOPOLOGIE DE RN
� �
2. P = (x1 , x2 ) ∈ R2 �x2 > 0 est un ouvert. (Avec n’importe quelle norme)
3. A = ]0, +∞[ × {0} n’est ni ouvert ni fermé.
1.2. NOTION DE COMPACITÉ 5
√
�x�∞ ≤�x�2 ≤ n�x�∞
Il est facile de remarquer que l’équivalence se traduit par des inclusions de boules
de même centre (avec différents rayons) et ce pour les deux normes en question. Par
exemple, dans un carré on peut toujours inscrire un disque et vice-versa. Nous mon-
trerons plus loin que toutes les normes sur Rn sont équivalentes. Ceci permettra, en
particulier, de ne pas faire grand cas de la norme quand on parlera de convergence de
suites, de continuité, etc...
Nous terminons cette section par un théorème de caractérisation des compacts dans
Rn , discuté en détail dans le cours de Topologie.
Théorème 1 K est compact dans Rn si et seulement si K est fermé et borné.
6 CHAPITRE 1. RAPPELS DE TOPOLOGIE DE RN
Autrement dit
∀ε > 0 ∃δε > 0 ∀x ∈ U �x − a� < δε =⇒ |f (x) − f (a)| < ε (1.3)
La convergence de f sur U signifie qu’elle est convergente en tout point de U .
Proposition 1.3.2 Les propriétés suivantes sont identiques au cas d’une variable en
énoncé et démonstration.
A- f est continue en a si et seulement si pour toute suite (xm ) convergente vers a,
la suite (f (xm )) converge vers f (a).
B- Si f et g sont continues, alors f ± g, f.g et f ◦ g le sont aussi. De plus f /g est
continue (en a) si g(a) �= 0.
C- Si f est continue sur un compact, alors elle est bornée et elle atteint son maximum
et son minimum.
Démonstration : Nous donnerons la démonstration de la propriété C seulement car
les deux premières sont faciles à établir. La bornitude de f s’écrit comme suit
∃M > 0 telle que ∀x ∈ K |f (x)| ≤ M
Faisons un raisonnement par l’absurde, et supposons que pour tout M > 0 il existe
xM ∈ K tel que |f (xM )| > M . Prenons pour M un entier naturel j. Ainsi on dis-
pose maintenant d’une suite (xj ) dans K qui vérifie que |f (xj )| > j, en particulier
lim |f (xj )| = +∞. La compacité de K nous donne la possibilité d’extraire une
j→+∞
sous-suite, qu’on appellera aussi (xj ), qui converge vers une limite a appartenant à K
car c’est un fermé. Mais la continuité de f , par la propriété A, permet de dire que
lim |f (xj )| = |f (a)|, d’où la contradiction. Montrons à présent que f atteint son
j→+∞
maximum, pour le minimum c’est pareil. Rappelons la ε-caractérisation de la borne
supérieure. Posons Mf = sup f (x). Alors on a
x∈K
La compacité de K nous permet d’extraire une sous-suite, notée aussi (xk ), convergente
dans K vers une limite a. Par la continuité de f on a Mf = f (a).
1.3. NOTION DE CONTINUITÉ 7
Remarque 1.3.3 Dans beaucoup de situations la propriété A est utilisée dans le sens
négatif, c’est-à-dire pour montrer qu’une fonction n’est pas continue. Par exemple pour
la fonction � xy
si (x, y) �= (0, 0)
f (x, y) = x2 + y 2
1 si (x, y) = (0, 0)
on peut considérer la suite (1/k, 1/k), manifestement convergente vers (0, 0), qui
donne f (1/k, 1/k) = 1/2 � 1, c’est-à-dire que cette fonction n’est pas continue en
(0, 0).
Nous allons terminer ce chapitre par une application de ce qui précède.
Proposition 1.3.4 Toutes les normes sur Rn sont équivalentes.
Démonstration : Il suffit de montrer qu’une norme quelconque N est équivalente à
la norme �.�∞ (par exemple). Soit {ei }1≤i≤n la base canonique de Rn . Alors on a
� n � n n
� � �
N (x) = N xi e i ≤ |xi |N (ei ) ≤�x�∞ N (ei )
i=1 i=1 i=1
n
�
Autrement dit N (x) ≤ b�x�∞ avec b = N (ei ). Remarquons que b > 0 car sinon
i=1
on aurait ∀i = 1, 2, · · · , n N (ei ) = 0 ce qui est absurde. L’utilisation de (1.1) donne
Cette dernière inégalité montre bien que N en tant qu’application est continue de
(Rn , �.�∞ ) dans (R, |.|) car lipschitzienne. Considérons la "sphère" unité
Nous avons déjà montré que c’est un compact. Donc ∃a ∈ K tel que N (a) = min N (x).
x∈K
x
Il est clair que N (a) �= 0 car a est dans K. Soit maintenant x �= 0. Alors ∈K
� � �x� ∞
x
et donc N ≥ N (a), ce qui donne par l’homogénéité de la norme
�x�∞
N (x) ≥ N (a)�x�∞ . cette inégalité reste vraie pour x = 0 et c’est l’inégalité qui nous
manquait pour l’équivalence.
Chapitre 2
Nous allons donner d’abord les principales notions de "dérivation" d’une fonction
de Rn −→ R. La norme utilisée désormais sera la norme euclidienne sauf mention
contraire.
où les λi sont des constantes qui dépendent de a et �., .� est le produit scalaire usuel
de Rn .
Exemple 2.1.2 Examinons un exemple simple. Déterminons la différentielle de
f (x, y) = xy , définie sur R2 , en un point (a, b). Il est facile de voir que
Deux candidats à la formule (2.2) s’offrent aisément : df(a,b) (h1 , h2 ) = bh1 + ah2 et
h1 h2
ε(h1 , h2 ) = � 2 si on choisit de travailler avec la norme euclidienne. Comme
h1 + h22
|h1 h2 | 1 1 �
≤ , alors |ε(h ,
1 2h )| ≤ √ |h1 h2 | qui assure que lim ε(h) = 0.
h21 + h22 2 2 h→0
11
12 CHAPITRE 2. CALCUL DIFFÉRENTIEL DANS RN
Nous allons montrer que g(x+h)−g(a) =�h�1 ε(h), c’est-à-dire que g est différentiable
en a de différentielle nulle, ce qui donnera le résultat escompté pour f . On a d’abord
∂g ∂f ∂f
(x) = (x) − (a)
∂xj ∂xj ∂xj
La continuité des dérivées partielles prise comme hypothèse peut s’exprimer ainsi :
∂g
∀ε > 0 ∃αε > 0 ∀x ∈ B(a, αε ) ∀j = 1, . . . , n | (x)| ≤ ε.
∂xj
Posons
y0 = (a1 , a2 , . . . , an ) = a
y1 = (x1 , a2 , . . . , an )
y2 = (x1 , x2 , a3 , . . . , an )
.. ..
. .
yn = (x1 , x2 , . . . , xn ) = x
Définissons n fonctions auxiliaires d’une variable par
gk : [ak , xk ] −→ R
t −→ gk (t) = g(x1 , x2 , . . . , xk−1 , t, ak−1 , . . . , an )
L’intervalle de définition peut tout aussi être [xk , ak ]. Remarquer que g1 (t) = g(t, a2 , . . . , an )
et gn (t) = g(x1 , x2 , . . . , xn−1 , t). D’après les données, les fonctions gk vérifient les hy-
pothèses du théorème classique des accroissements finis (à une variable). Donc on peut
écrire
∂g
gk (xk ) − gk (ak ) = (xk − ak )gk� (ck ) = (xk − ak ) (x1 , x2 , . . . , xk−1 , ck , ak−1 , . . . , an )
∂xk
et donc
∂2 ∂2
(a1 + θ1 h1 , a2 + θ2 h2 ) = (a1 + θ˜1 h1 , a2 + θ˜2 h2 )
∂y∂x ∂x∂y
On fait tendre alors h vers 0 et la continuité permet de conclure.
Exemple 2.2.1 Considérons la fonction
� x
y 2 sin( ) si y =
� 0
f (x, y) = y
0 si y = 0
Il est facile de voir que f est continue partout. Calculons les dérivées partielles pre-
mières. � x
∂f y cos( ) si y �= 0
(x, y) = y
∂x 0 si y = 0
et � x x
∂f 2y sin( ) − x cos( ) si y =
� 0
(x, y) = y y
∂y 0 si y = 0
Le calcul des dérivées premières en (x, 0) se fait en appliquant la définition (voir
(2.4)). Toujours selon la définition on a
∂f ∂f
(t, 0) − (0, 0)
∂ 2f ∂y ∂y
(0, 0) = lim =0
∂x∂y t→0 t
et
∂f ∂f
2
∂ f (0, t) − (0, 0)
(0, 0) = lim ∂x ∂x =1
∂y∂x t→0 t
D’autre part
∂ 2f x x x
(x, y) = cos( ) + sin( ) si y �= 0
∂y∂x y y y
∂ 2f
Il est évident que n’est pas continue en (0, 0) puisqu’elle n’a même pas de li-
∂y∂x
mite en ce point. Il n’est pas nécessaire d’examiner l’autre dérivée mixte. Ceci montre
l’importance du théorème de Schwarz.
2.3. FORMULES DE TAYLOR 17
� n
1 ∂ p+1 f (x + θh)
+ hi . . . hip+1 (2.7)
(p + 1)! i ,...,i =1 1 ∂xi1 . . . ∂xip+1
1 p+1
∂f (x, y) ∂f (x, y)
f (x + h1 , y + h2 ) = f (x, y) + h1 + h2 +
∂x ∂y
� 2 2 2
�
1 ∂ f (x, y) ∂ f (x, y) ∂ f (x, y)
+ h21 2
+ 2h1 h2 + h22 + RLag (h) (2.9)
2 ∂x ∂x∂y ∂y 2
avec
� 3
1 ∂ f (x + θh1 , y + θh2 ) ∂ 3 f (x + θh1 , y + θh2 )
RLag (h) = h31 2
+ 3h1 h2 +
6 ∂x3 ∂x2 ∂y
3 3
�
2 ∂ f (x + θh1 , y + θh2 ) 3 ∂ f (x + θh1 , y + θh2 )
+3h1 h2 + h2
∂x∂y 2 ∂y 3
Notez que nous avons utilisé le théorème de Schwarz. Notez aussi que la bornitude des
dérivées troisièmes implique que |RLag (h)| ≤ M �h�3 .
2.4. DIFFÉRENTIABILITÉ DE FONCTIONS VECTORIELLES 19
Pour n = 3, p = 2, on aura
Définition 2.3.2 On appelle hessienne la matrice des dérivées secondes définie par
∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f
∂x2 ···
1 ∂x 1 ∂x 2 ∂x1 ∂xn
∂ 2f ∂ 2
f ∂ 2
f
···
Hessf = 2
∂x2 ∂x1 ∂x2 ∂x2 ∂xn
.. .. ... ..
. . .
∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f
···
∂xn ∂x1 ∂xn ∂x2 ∂x2n
f : Rn −→ Rp
f1 (x)
f2 (x)
x −→ f (x) = ..
.
fp (x)
.
On omettra les indices dans les normes quand il n’y a pas de confusion. On pourra
écrire aussi la différentiabilité comme suit :
f (a + h) = f (a) + dfa (h)+�h�ε(h) (2.13)
où ε(.) est une fonction vectorielle telle que lim �ε(h)� = 0.
�h�→0
La linéarité de dfa s’exprime par (se référer au cours d’Algèbre Linéaire)
∂f1 (a) ∂f1 (a) ∂f1 (a)
...
�∇f1 (a), h� ∂x1 ∂x2 ∂xn h1
�∇f (a), h� ∂f2 (a) ∂f2 (a) ∂f2 (a)
2 ... h2
dfa (h) = .. = ∂x1 ∂x2
∂xn .. (2.14)
. .. .. . . . .. .
. . .
�∇fp (a), h� ∂fp (a) ∂fp (a) ∂fp (a) hn
...
∂x1 ∂x2 ∂xn
La matrice p × n précédente représentant dfa s’appelle jacobienne de f en a. Elle est
aussi notée � �
∂fi (a)
Jf (a) = (2.15)
∂xj 1≤i≤p , 1≤j≤n
� �
xy + xz + yz
Exemple 2.4.2 Si f (x, y, z) = alors
xyz
� �
y+z x+z x+y
Jf (x, y, z) =
yz xz xy
La différentielle (et par "ricochet" la jacobienne Jf ) est linéaire par rapport à f i.e,
d(λf + µg) = λdf + µdg (ou bien Jλf +µg = λJf + µJg ). Ceci est le résultat évident de
la linéarité de la dérivation partielle. On donne maintenant la règle, tout aussi utile,
de la dérivation des fonctions composées.
Proposition 2.4.3 (Dérivation des fonctions composées)
Soient f : Rn −→ Rp et g : Rp −→ Rq différentiables. Alors
d(g ◦ f )a = dgf (a) ◦ dfa ou bien Jg◦f (a) = Jg (f (a)).Jf (a) (2.16)
Pour ne pas se tromper dans la multiplication des matrices jacobiennes, il faut se
rappeler qu’on multiplie une matrice q × p (qui doit être écrite à gauche) par une
matrice p × n (écrite à droite) pour obtenir une matrice q × n.
Démonstration : Posons y = f (x) et z = g(y) pour distinguer les variables et les
valeurs des deux fonctions. Alors pour 1 ≤ i ≤ q et 1 ≤ j ≤ n
p � ∂gi (f (x)) ∂fk (x)
∂(g ◦ f )i ∂
= gi (f1 (x), f2 (x)), . . . , fp (x) =
∂xj ∂xj ∂yk ∂xn
k=1
Alors T admet dans F un point fixe unique, c’est-à-dire il existe un unique point
x∗ ∈ F tel que T (x∗ ) = x∗ . Ce résultat a été largement discuté dans le cours de
Topologie.
Théorème 6 Soit U un ouvert de Rn et soit f : U −→ Rn une application de classe
C 1 . Si en un point a de U la différentielle dfa est inversible (det (Jf (a) �= 0) ), alors
il existe Va un voisinage de a et Wf (a) un voisinage de f (a) tels que f : Va −→ Wf (a)
est bijective. L’application réciproque f −1 est aussi de classe C 1 , de plus
� −1 �
df f (x) = (dfx )−1
pour tout x ∈ Va .
Démonstration : Notons d’abord que dans ce théorème la jacobienne est une matrice
carrée n × n. C’est pourquoi son inversibilité a un sens et se vérifie par le fait que son
déterminant est non nul. Notons par Mn (R) l’espace vectoriel des matrices réelles
d’ordre n qui est de dimension n2 . Étant de dimension finie, toutes les normes qu’on
peut y définir sont équivalentes. Nous allons travailler ici avec la norme d’opérateur
définie par
�Ax�
∀A ∈ Mn (R), �A� = sup
x�=0 �x�
On sait que
�f (x + h) − f (x) − (Jf (x))(h)� =�h��ε(h)�
avec lim �ε(h)� = 0. De là
�h�→0
Ceci montre bien que f −1 est différentiable en y avec (df −1 )y = (Jf (x))−1 .
Exemple 2.5.1 Considérons la fonction
� �
x 1 + x2
f (x1 , x2 ) =
x1 x2
Nous allons dans cette section examiner des systèmes de p équations à n indéterminées
avec p < n i.e,
f1 (x1 , x2 , . . . , xn ) = y1
f (x , x , . . . , x ) = y
2 1 2 n 2
.
.
.
f (x , x , . . . , x ) = y
p 1 2 n p
Il est clair qu’il faudra choisir parmi les n variables xi , p variables par rapport aux-
quelles il sera possible de résoudre, le reste seront considérées comme paramètres. La
condition d’existence et d’unicité de la solution, comme on peut s’y attendre, est celle
donnée dans la section précédente à savoir l’inversibilité de la sous-jacobienne p × p
formées avec les dérivées des fi par rapports aux variables choisies. Pour énoncer le
résultat suivant, nous allons privilégier les variables x1 , x2 , . . . , xp .
∀ x�� ∈ V, ∀ y ∈ W x� = ϕ(x�� , y)
est l’unique solution du système f (x� , x�� ) = y ; autrement dit f (ϕ(x�� , y), x�� ) = y. On
dit alors que x� = ϕ(x�� , y) est une fonction implicite définie par le système f (x) = y.
Démonstration : Il est d’abord clair, d’après les notations, que x = (x� , x�� ), c’est-
à-dire x� = (x1 , x2 , . . . , xp ) et x�� = (xp+1 , xp+2 , . . . , xn ). Pour la démonstration, on se
2.6. THÉORÈME DES FONCTIONS IMPLICITES 25
Une matrice carrée A = (aij )ni,j=1 est dite symétrique si ∀i, j = 1, . . . , n aij = aji .
On a alors ∀x, y ∈ Rn �Ax, y� = �x, Ay�. Une matrice carrée A est dite positive si
∀x ∈ Rn �Ax, x� ≥ 0, et elle est dite définie positive si elle est déjà positive avec en
plus �Ax, x� = 0 =⇒ x = 0.
Une matrice A symétrique est diagonalisable dans une base orthogonale i.e,
∃P telle que P t P = P P t = I et A = P DP t
Enfin une matrice symétrique est négative (resp. définie négative) si −A est positive
(resp. définie positive). Elle est non définie si elle n’est ni positive ni négative i.e, elle
admet des valeurs propres positives et négatives.
28 CHAPITRE 2. CALCUL DIFFÉRENTIEL DANS RN
Il y a un seul point critique (0, 0) et il est non dégénéré puisque partout det(Hessf ) =
4 �= 0. Aussi la hessienne est définie positive. Donc en (0, 0) il y a un minimum strict
(ce qui est par ailleurs facilement détectable.)
Voici une illustration par le dessin du graphe dans un voisinage de (0, 0)
2.7. EXTREMUMS LOCAUX 29
Il y a un seul point critique (0, 0) et il est non dégénéré puisque partout det(Hessg ) =
−4 �= 0. Dans ce cas la hessienne est non définie. Donc en (0, 0) il y a un point "col"
ou bien "selle".
On voit que suivant un certain chemin sur cette surface (0, 0, 0) apparaît comme un
maximum, et suivant un autre chemin, il apparaît comme un minimum.
30 CHAPITRE 2. CALCUL DIFFÉRENTIEL DANS RN
C = {x ∈ Rn �g(x) = 0}
�(∇g)(a), γ � (0)� = 0
On apprend dans le cours de géométrie que le vecteur γ � (0) est tangent à l’hypersurface
C, et donc parcourt un sous-espace vectoriel de Rn de dimension n−1. Les deux vecteurs
(∇f )(a) et (∇g)(a) sont donc orthogonaux à un même sous-espace de dimension n−1.
Il sont de ce fait colinéaires.
Posons F (x, λ) = f (x) − λg(x). D’après cette proposition chercher les extremums
liés revient à résoudre le système
�
(∇x F )(x, λ) = 0
g(x) = 0
par rapport à x et λ. C’est un système de n + 1 équations à n + 1 inconnues.
Supposons que (a∗ , λ∗ ) soit un point critique de F , c’est-à-dire une solution du
système précédent. Si on suppose en plus que f et g sont de classe C 2 , alors la sous-
hessienne de F au point (a∗ , λ∗ ) qui concerne les variables xi , renseignera sur la nature
de ce point critique. Nous verrons plus clairement à travers les exemples qui suivront.
Exemple 2.8.2 On veut résoudre par les méthodes développées ici, un problème bien
connu en géométrie euclidienne plane. Il s’agit de trouver la distance euclidienne d’un
2.8. EXTREMA LIÉS 31
∂x∂y ∂y 2
(αa + βb + γ)2
Elle est définie positive. La valeur de ce minimum est f (x∗ , y∗ ) = . Et
α2 + β 2
donc la distance est
|αa + βb + γ|
d(A, (D)) = �
α2 + β 2
formule bien connue par ailleurs.
32 CHAPITRE 2. CALCUL DIFFÉRENTIEL DANS RN
On laisse le soin au lecteur de reprendre tous ces calculs dans le cas d’un point
A = (a, b, c) de R3 et d’un plan P d’équation αx + βy + γz + δ = 0. La formule
attendue est
|αa + βb + γc + δ|
d(A, P) = �
α2 + β 2 + γ 2
Exemple 2.8.3 On se propose pour terminer ce chapitre, de traiter le problème de
l’exemple précédent mais dans R3 . Une droite dans l’espace est l’intersection de deux
plans (D) = P ∩ P � . Précisons les équations des deux plans
P: g1 (x, y, z) = αx + βy + γz + δ = 0
P� : g2 (x, y, z) = α� x + β � y + γ � z + δ � = 0
Donnons d’abord la condition sur les paramètrespourque les deux plans ne soient ni
�
α α
confondus ni parallèles et distincts. Posons �n = β et n �� = β � pour désigner
γ γ�
les vecteurs normaux à P et P � respectivement. L’intersection suivant une droite de
ces deux plans est équivalente à l’indépendance linéaire des vecteurs normaux. Une
manière de l’exprimer est d’utiliser le Gramien (déterminant de la matrice de Gram) :
� �
��n, �n� �n, n� � � �2
� � � � 2 �� 2 �
G := det �
=��n� �n � − �n, n �= 0
��
�n, n �� , n
n ��
x a
En fait G > 0 par l’inégalité de Cauchy-Schwarz. Notons X = y et A = b
z c
et considérons
F (X, λ1 , λ2 ) =�X − A�2 − λ1 g1 (X) − λ2 g2 (X)
� �
�
Remarquons qu’on a g1 (X) = �X, �n� + δ et g2 (X) = X, n + δ � , d’où
�
� �
2 �
F (X, λ1 , λ2 ) =�X − A� − λ1 (�X, �n� + δ) − λ2 ( X, n + δ � )
�
De là
(∇X )F = 2(X − A) − λ1�n − λ2 n �� = 0
1� � �
�
=⇒ X = X∗ = A + λ1�n + λ2 n
2
Pour déterminer λ1 et λ2 il suffit de remplacer la valeur trouvée de X dans les
contraintes g1 (X) = 0 et g2 (X) = 0. On obtient le système
� � λ
�� 1 � �
��n, �n� �n, n −g (A)
� � � � 2 = 1
�
�n, n � � ,n
n � � � λ2 −g2 (A)
2
2.8. EXTREMA LIÉS 33
On en déduit en définitive
1 �� − g2 (A)�n�
d(A, (D)) =�X − A� = √ �g1 (A)n
G
Chapitre 3
3.1 Le cas n = 2
Les domaines de base sont les rectangles fermés [a1 , a2 ] × [b1 , b2 ], et les fonctions de
base sont les fonctions constantes f (x, y) = c. L’intégrale est définie alors par
��
f (x, y) dxdy = c(a2 − a1 )(b2 − b1 )
[a1 ,a2 ]×[b1 ,b2 ]
35
36 CHAPITRE 3. CALCUL INTÉGRAL DANS �N
Pour définir l’intégrale double on considère une fonction f : [a1 , a2 ] × [b1 , b2 ] −→ �
bornée i.e, ∃m, M ∈ �
tels que m ≤ f (x, y) ≤ M, ∀(x, y) ∈ Q = [a1 , a2 ] × [b1 , b2 ].
On considère aussi une subdivision pour chacun des deux intervalles :
a1 = x0 < x1 < · · · < xn−1 < xn = a2 et b1 = y0 < y1 < · · · < yn−1 < yn = b2
On aurait pu choisir un nombre différent de points pour chaque subdivision, mais on
peut toujours revenir au même nombre en rajoutant des points à celle qui en a moins.
Notons
Δn = {(xi , yj )�i, j = 0, 1, . . . , n}
que nous appellerons subdivision du pavé Q = [a1 , a2 ] × [b1 , b2 ]. On notera aussi
Qij = [xi−1 , xi [ × [yj−1 , yj [ avec son aire µ (Qij ) = (xi − xi−1 ) (yj − yj−1 ). Nous appel-
lerons pas de la subdivision Δn le nombre
ρn = max µ (Qij )
1≤i,j≤n
On dira qu’une subdivision Δ�n� est plus fine que Δn si Δn ⊂ Δ�n� . En particulier, elle
contient plus de points, dont les coordonnées se placeront forcément entre celles des
point de Δn . D’où la diminution du pas : ρ�n� ≤ ρn . Posons
mij = inf f (x, y) , Mij = sup f (x, y)
Qij Qij
Démonstration : Posons Δn = Δ1n ∪ Δ2n . Alors cette subdivision est plus fine que
Δ1n et Δ2n . D’où par ce qui précède
L’utilisation des sommes de Darboux est souvent réservée à des questions théoriques
comme la non intégrabilité d’une fonction. Pour des problèmes pratiques, on a recours
à la notion de somme de Riemann.
Définition 3.1.3 On appelle somme de Riemann associée à une subdivision Δn la
somme �
R(f, Δn ) = f (ξij ) µ(Qij ) (3.1)
1≤i,j≤n
Démonstration :
1. La linéarité découle (par exemple) du fait que la somme de Riemann possède la
même propriété par rapport à f i.e,
�
Un sous-ensemble A ⊂ 2 borné est dit mesurable (ou quarrable) si et seulement si
sa fonction caractéristique est intégrable. La bornitude implique l’existence d’au moins
un pavé Q ⊃ A. La valeur de l’intégrale dans ce cas définit la surface de A i.e,
�� ��
µ(A) = 1A (x, y) dxdy = dxdy
Q A
3.3. THÉORÈME DE FUBINI 39
Ces sous-ensembles bornés mesurables vont constituer une classe d’ensembles plus
large que celle des pavés, et avec lesquels on pourra calculer des intégrales doubles de
fonctions continues. En effet
�� ��
f (x, y) dxdy = f (x, y)1A (x, y) dxdy
A Q
Parmi les ensembles mesurables, il y a ceux qu’on appelle simples. Il sont définis par
� �
�
A = (x, y) ∈ 2 � a ≤ x ≤ b et ϕ1 (x) ≤ y ≤ ϕ2 (x)
ou bien � �
A = (x, y) ∈ �2 � c ≤ y ≤ d et ψ1 (y) ≤ x ≤ ψ2 (y)
où les fonctions ϕ1 , ϕ2 , ψ1 , ψ2 sont au moins continues. Un exemple de tels ensembles
le disque euclidien de centre (0, 0) et de rayon r i.e,
� �
�
D ((0, 0), r) = (x, y) ∈ 2 � x2 + y 2 ≤ r2
On peut écrire
� � � �
D ((0, 0), r) = (x, y) ∈ � 2
� − r ≤ x ≤ r et − r − x ≤ y ≤ r − x
2 2 2 2
� � � �
= (x, y) ∈ � 2
� − r ≤ y ≤ r et − r − y ≤ x ≤ r − y
2 2 2 2
Un ensemble de mesure (d’aire) nulle est dit négligeable. Par exemple un segment de
droite. Il existe des ensembles négligeables plus sophistiqués. Cette notion va nous
permettre d’énoncer la formule de Chasles.
Proposition 3.2.3 (Formule de Chasles)
Soient A, B deux ensembles bornés mesurables tels que A ∩ B soit négligeable. Alors
�� �� ��
f (x, y) dxdy = f (x, y) dxdy + f (x, y) dxdy
A∪B A B
Comme conséquence immédiate, le calcul d’une intégrale sur un domaine pourra se
faire en décomposant ce domaine en une réunion finie de domaines simples dont les
intersections deux à deux sont négligeables.
La dernière somme représente une somme de Riemann pour la fonction f (ui , .). D’où
pour n assez grand
�n � b2
f (ui , vj )(yj − yj−1 ) = f (ui , y) dy + Θn (ui ) = h(ui ) + Θn (ui )
j=1 b1
avec lim Θn (ui ) = 0. En fait cette limite est uniforme par rapport aux ui . En effet,
n→+∞
n
� � b2 n �
� yj
Θn (ui ) = f (ui , vj )(yj −yj−1 )− f (ui , y) dy = (f (ui , vj ) − f (ui , y)) dy
j=1 b1 j=1 yj−1
et donc
max|Θn (ui )| ≤ ε(b2 − b1 )
ui
Maintenant
n
� n
�
R(f, Δn ) = (xi − xi−1 )h(ui ) + (xi − xi−1 )Θn (ui )
i=1 i=1
Remarquer que la première somme à droite est une somme de Riemann pour la fonction
h, et donc converge vers l’intégrale simple de h. Enfin
n
�
|R(f, Δn ) − (xi − xi−1 )h(ui )| ≤ ε(b2 − b1 )(a2 − a1 )
i=1
3.3. THÉORÈME DE FUBINI 41
Ceci montre que les deux sommes de Riemann tendent vers la même limite.
Le théorème de Fubini s’étend naturellement aux domaines simples. Nous omettrons
la démonstration un peu technique. Donnons quelques exemples.
Exemple 3.3.1 Calculons l’aire d’une ellipse de grand axe 2a et de petit axe 2b. Soit
� �
x2 y 2
2
E = (x, y) ∈ � 2 + 2 ≤ 1
a
�
b
D’où �� � �� � � �
a ϕ(x) a
x2
Aire(E) = dxdy = dy dx = 4b 1 − 2 dx
E −a −ϕ(x) 0 a
Il suffit alors de faire le changement x = a cos t avec 0 ≤ t ≤ π2 pour avoir
� π � π
2 2
Aire(E) = 4ab 2
sin t dt = 2ab (1 − cos(2t)) dt = πab.
0 0
�
Définition 3.4.1 Soient U et V deux ouverts de 2 . On appelle difféomorphisme (ou
changement de variables) entre U et V une application
Φ: U −→ V
(u, v) −→ Φ(u, v) = (x, y)
Le premier exemple que nous allons présenter montre la pertinence de procéder par
changement de variables.
� � √1−x2 �
y 2
� 1 arctan √ � 1 arctan 1 − x
1 + x2 1 + x2 dx
I= √ dx = 4 √
1 + x2 1 + x2
−1 0
√
− 1−x2
Il n’est pas évident d’imaginer un changement simple (en une variable) pour calcu-
ler cette dernière intégrale. Procédons à présent par le changement en coordonnées
polaires : �
x = r cos θ
y = r sin θ
� �
cos θ −r sin θ
On a J = et donc detJ = r. C’est donc un changement entre les
sin θ r cos θ
ouverts suivants
� �
�
U = (r, θ) ∈ 2 � 0 < r < 1 et 0 < θ < 2π
et �
V = (x, y) ∈ �2 � x2 + y2 < 1� \ {(x, 0)� 0 ≤ x < 1}
Remarquons que V = D. De là on aura
� 1 � 2π � �1
r 1
I= 2
drdθ = 2π ln(1 + r2 ) = π ln 2
0 0 1+r 2 0
� +∞
2 √
Exemple 3.4.3 On se propose de calculer l’intégrale de Gauss e−x dx = π.
� R −∞
2
Considérons IR = e−x dx. A l’aide du théorème de Fubini on peut écrire
−R
�� R � �� R � ��
2 2 2
+y 2 )
IR2 = e−x dx e−y dy = e−(x dxdy
−R −R QR
��
2
+y 2 )
où QR = [−R, R] × [−R, R]. Posons JR = e−(x dxdy où DR est le disque
DR
de centre (0, 0) et de rayon R. A l’aide du changement en coordonnées polaires on a
� R � 2π � �R � �
−r2 −1 −r2 −R2
JR = e r drdθ = 2π e =π 1−e
0 0 2 0
Maintenant il suffit de voir qu’on peut "coincer" le carré QR entre deux disques i.e,
DR ⊂ QR ⊂ DR√2 . La positivité de la fonction à intégrer implique que
� � � �
2 √ −R2 2 −2R2
JR ≤ IR ≤ JR 2 ⇐⇒ π 1 − e ≤ IR ≤ π 1 − e
Le résultat s’en déduit par passage à la limite quand R −→ +∞.
44 CHAPITRE 3. CALCUL INTÉGRAL DANS �N
3.5 Le cas n = 3
�
L’intégrale triple (dans 3 ) se construit de la même façon que l’intégrale double.
�
D’ailleurs on peut étendre la construction à n . Nous omettrons donc la répétition.
Par contre on donnera (sans démonstration) le théorème de Fubini et la formule de
changement de variables. On finira par quelques exemples.
D’où
��� �� �� � ��
ϕ(x,y)
V ol(BR ) = dxdydz = dz dxdy = 2 ϕ(x, y) dxdy
BR x2 +y 2 ≤R2 −ϕ(x,y) x2 +y 2 ≤R2
Exemple 3.5.3 On se propose de calculer le volume d’un cône droit de base circulaire
de rayon R et de hauteur h.
Pour décrire tout l’espace on doit prendre r > 0 , θ ∈ [0, π] , ϕ ∈ [0, 2π[. La matrice
jacobienne se calcule aisément
sin θ cos ϕ r cos θ cos ϕ −r sin θ sin ϕ
JΦ = sin θ sin ϕ r cos θ sin ϕ r sin θ cos ϕ
cos θ −r sin θ 0
et det(JΦ ) = r2 sin θ.
Coordonnées cylindriques : on fait opérer les coordonnées polaires sur XY et laisser
z inchangé.
x = r cos θ
y = r sin θ
z=h
3.5. LE CAS N = 3 47
Pour décrire tout l’espace on doit prendre r > 0 , θ ∈ [0, 2π[ , h ∈ �. La matrice
jacobienne se calcule facilement
cos θ −r sin θ 0
JΦ = sin θ r cos θ 0
0 0 1
et det(JΦ ) = r.
La plupart du temps les changements de variables sont dictés par la géométrie du do-
maine d’intégration. Les invariances par certaines transformations (rotation, homothé-
tie,...) peuvent aider à trouver le bon changement. On peut aussi combiner changement
de variables et théorème de Fubini.
Exemple 3.5.5 Calculons le volume d’une portion de boule sphérique de rayon R et
délimitée par deux plans parallèles au plan XOY .
ou encore
� b� 2
�√R2 −h2 � �b � �
r h32 2 (b3 − a3 )
V ol(K) = 2π dh = π R h − = π R (b − a) −
a 2 0 3 a 3
Nous terminons par le calcul du volume d’un tore (une "chambre à air"). Géométri-
quement on fait tourner un cercle de centre (R, 0, 0) et de rayon a < R situé dans le
plan XOZ autour de l’axe OZ pour engendrer un tore T .