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Lycée Louis-Le-Grand, Paris Samedi 27/09/2014

MPSI 4 – Mathématiques
A. Troesch

Devoir Surveillé 1 – Ensembles, relations

La présentation, la lisibilité, l’orthographe, la qualité de la rédaction, la clarté, la précision et la concision des raisonnements
entreront pour une part importante dans l’appréciation des copies.
Les candidats sont invités à encadrer dans la mesure du possible les résultats de leurs calculs.
L’usage de tout document et de tout matériel électronique est interdit. Notamment, les téléphones portables doivent être éteints
et rangés.
Si au cours de l’épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être une erreur d’énoncé, il le signalera sur sa copie et poursuivra
sa composition en expliquant les raisons des initiatives qu’il sera amené à prendre

Exercice – Autour de la différence symétrique


Soit E un ensemble. On rappelle que la différence symétrique de deux parties A et B de E est définie par :

A△B = (A \ B) ∪ (B \ A).

1. Montrer que pour tout (A, B) ∈ P(E)2 , A△B = (A ∪ B) \ (A ∩ B).


2. Montrer que pour tout (A, B, C) ∈ P(E)3 , (A△B)△C = A△(B△C) (associativité).
Cela permet de se dispenser du parenthésage.
3. Étant donnés des sous-ensembles A1 , . . . , An de E, montrer que A1 △A2 △ · · · △An est l’ensemble des points de
E appartenant à un nombre impair de Ai , i ∈ [[1, n]].
4. Soit A ∈ P(E). Montrer que l’application ϕ définie de P(E) dans P(E) par ϕA (X) = X△A est bijective.
5. Montrer que Φ : A 7→ ϕA définie de P(E) dans P(E)P(E) est injective. Est-elle surjective ?

Exercice – Saturation
Soit ∼ une relation d’équivalence sur un ensemble E. On définit, pour tout sous-ensemble A de E :

As = {y ∈ E | ∃x ∈ A, x ∼ y}.

On dit que As est la saturation de A pour la relation ∼. On dit que l’ensemble A est saturé si A = As . On note S(E)
l’ensemble des parties saturées de E.
Par ailleurs, on note, pour toute partie A de E, Ac le complémentaire de A dans E. Enfin, pour tout x ∈ A, on note
x sa classe d’équivalence, c’est-à-dire le sous-ensemble de E constitué des éléments y tels que y ∼ x.
1. (a) Montrer que pour tout A ∈ P(E), A ⊂ As .
(b) Déterminer ∅s et E s .
(c) Montrer que pour tout A ∈ P(E), (As )s = As (on dit que l’application de saturation est « idempotente »)
2. Soit A ∈ P(E).
[
(a) Montrer que As = x.
x∈A
\
(b) Montrer que As = B
B∈S(E) tq A⊂B
3. Soient A et B dans P(E).
(a) Montrer que (A ∪ B)s = As ∪ B s
(b) Montrer que des deux inclusions (A ∩ B)s ⊂ As ∩ B s et As ∩ B s ⊂ (A ∩ B)s , une seule est toujours vraie,
et donner un contre-exemple pour l’autre.
4. Établir une inclusion entre (As )c et (Ac )s . À quelle condition a-t-on l’égalité ?
5. Soient p1 et p2 définies de E × E dans E par p1 (x, y) = x et p2 (x, y) = y. Montrer que pour tout A ∈ P(E),

As = p2 (p−1
1 (A) ∩ G),

où G ⊂ E × E est le graphe de la relation ∼.

1
6. On définit sur P(E) la relation R par :

ARB ⇐⇒ (∀x ∈ A, ∃y ∈ B, x ∼ y).

(a) Montrer que R est reflexive et transitive. La relation R est-elle en général une relation d’équivalence ?
(b) Montrer que ARB et BRA si et seulement si As = B s . La relation R est-elle une relation d’ordre ?
(c) On définit la relation S sur P(E) par ASB si et seulement As = B s . Montrer que S est une relation
d’équivalence.
(d) Montrer que S respecte la relation R, c’est-à-dire : pour tout (A, B, A′ , B ′ ) tels que ASA′ et BSB ′ , si ARB
alors A′ RB ′ .
(e) En déduire l’existence d’une relation R sur P(E)/S telle que pour tout (A, B) ∈ P(E)2 ,

ARB ⇐⇒ A R B.

La barre désigne ici la classe d’équivalence dans P(E) pour la relation R.


(f) Montrer que R est une relation d’ordre sur P(E)/S

Problème – Équivalence entre l’axiome du choix et le lemme de Zorn


Le but de ce problème est de montrer que l’axiome du choix est équivalent au lemme de Zorn. Cela prouve au passage
que le lemme de Zorn est indécidable, tout comme l’axiome du choix.
Dans tout le problème, E désigne un ensemble ordonné. Nous notons 6 la relation d’ordre large, et < la relation
d’ordre stricte associée. Les notations > et > désignent comme d’habitude les relations duales de 6 et <.
Nous rappelons les définitions et résultats suivants :
• L’axiome [ du choix stipule que pour toute famille (Ai )i∈I d’ensembles non vides, il existe une fonction de choix
f : I −→ Ai telle que pour tout i ∈ I, f (i) ∈ Ai . Ainsi, on peut choisir simultanément un élément dans chacun
i∈I
des Ai .
• On rappelle qu’un élément m d’un ensemble ordonné E est maximal s’il n’admet aucun majorant strict.
• On appelle chaîne un sous-ensemble C de E tel que la restriction à C de l’ordre de E soit un ordre total. Autrement
dit, une chaîne C de E est un sous-ensemble totalement ordonné de E.
• On dit qu’un ensemble E est inductif si toute chaîne de E admet un majorant.
• Le lemme de Zorn stipule que tout ensemble inductif admet un élément maximal.
• Étant donnés deux sous-ensembles I et A de E, nous dirons que I est un segment initial de A si I ⊂ A, I 6= A, et
si pour tout x ∈ A \ I, x est un majorant de I.
• Enfin, pour tout x ∈ E, nous noterons Jx = {y ∈ E | y < x.}.

Partie I – Préliminaire sur les bonnes chaînes


Dans cette partie, nous supposons l’axiome du choix. Nous nous donnons un ensemble ordonné E, supposé inductif,
dans le but de montrer qu’il admet un élément maximal (lemme de Zorn). Pour cela, nous notons C l’ensemble des
chaînes de E. L’ensemble E étant inductif, ces chaînes sont toutes majorées. On note C0 l’ensemble des chaînes C de
E admettant un majorant strict, donc M majorant C, avec M 6∈ C.

On définit une fonction m : C0 −→ E, en posant, pour tout C de C0 , m(C) un majorant strict de C dans E. Ainsi,
pour tout C de C0 et tout x ∈ C, on a x < m(C).
1. Soit C ∈ C, et I un segment initial de C. Montrer que I ∈ C0 .
On dit qu’une chaîne C de C est bonne si pour tout segment initial I de C, m(I) ∈ C et m(I) est le plus petit élément
de C | I. On note B l’ensemble des bonnes chaînes.
2. Soient C1 et C2 deux bonnes chaînes distinctes et x ∈ C1 ∩ C2 .
(a) Montrer que C1 ∩ Jx est un segment initial de C1 .
(b) On suppose que C1 ∩ Jx est un segment initial de C2 . Montrer que C1 ∩ Jx ∈ C0 , que m(C1 ∩ Jx ) ∈ C1 ∩ C2 ,
et que m(C1 ∩ Jx ) = x.

2
(c) En déduire que si C1 ∩ Jx est un segment initial de C2 , alors C1 ∩ Jx = C2 ∩ Jx .
(d) Montrer que les deux propriétés suivantes sont équivalentes :
(i) C1 ∩ Jx est un segment initial de C2
(ii) C2 ∩ Jx est un segment initial de C1 .
On note C ∗ = {x ∈ C1 ∩ C2 | C1 ∩ Jx est un segment initial de C2 .}. On a évidemment C ∗ ⊂ C1 et C ∗ ⊂ C2 . Les
chaînes C1 et C2 étant distinctes, une au moins de ces inclusions est stricte. On suppose dorénavant que C ∗ 6= C1 .
3. (a) Montrer que pour tout x ∈ C ∗ , et tout z ∈ C1 , si z < x, alors C1 ∩ Jz est un segment initial de C2 .
(b) En déduire que C ∗ est un segment initial de C1 .
4. En raisonnant par l’absurde, et en considérant m(C ∗ ), montrer que C ∗ = C2
Ainsi, on a montré qu’étant données deux bonnes chaînes C1 et C2 distinctes, l’une est segment initial de l’autre.

Partie II – L’axiome du choix implique le lemme de Zorn


On garde les hypothèses, la terminologie et les notations de la partie précédente. L’ensemble B étant toujours l’ensemble
des bonnes chaînes, on note [
C= C,
C∈B
l’union de toutes les bonnes chaînes. On pourra dans cette partie utiliser le résultat de la partie II, même si on n’est
pas parvenu à le démontrer : de deux bonnes chaînes, l’une est segment initial de l’autre, et en particulier, l’une est
incluse dans l’autre.
1. Montrer que C est une chaîne, c’est-à-dire un sous-ensemble totalement ordonné de E.
2. Soit C ∈ B une bonne chaîne distincte de C. Montrer que C est un segment initial de C.
3. Réciproquement, soit I un segment initial de C.
(a) Montrer l’existence d’une bonne chaîne C0 telle que I ⊂ C0 .
(b) Montrer que I est une bonne chaîne.
4. Montrer que C est une bonne chaîne.
5. On suppose que C ∈ C0 , et on considère C ′ = C ∪ {m(C)}. Montrer que C ′ est une bonne chaîne. En déduire
que C ∈ C \ C0 .
6. En se souvenant que E est inductif, en déduire que C admet un maximum M , et que M est un élément maximal
de E.
7. Où dans cette preuve a-t-on utilisé l’axiome du choix ?

Partie III – Le lemme de Zorn implique l’axiome du choix


On suppose dans cette partie le lemme de Zorn. On se [
donne une famille (Ai )i∈I d’ensembles non vides, et on cherche
à donner l’existence d’une fonction de choix f : I → Ai , donc vérifiant f (i) ∈ Ai , pour tout i ∈ I. Pour cela, on
i∈I
définit
[ une fonction de choix partielle g comme étant une fonction définie sur un sous-ensemble J de I, à valeurs dans
Ai , et vérifiant pour tout j ∈ J, g(j) ∈ Aj . On note C l’ensemble des fonctions de choix partielles. On définit une
i∈I
relation  sur C par : (
J1 ⊂ J2
g1  g2 ⇐⇒
g2 |J1 = g1 ,
où J1 et J2 sont les domaines respectifs de g1 et g2 .
1. Montrer que  est une relation d’ordre sur C.
2. Montrer que si g est un élément maximal de (C, ), alors le domaine de g est I (on pourra démontrer la
contraposée).
3. Montrer que (C, ) est inductif.
4. En déduire l’axiome du choix.

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