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1.

Théorie des ensembles


Nous nous contenterons dans ce cours d’une présentation élémentaire non axiomatique de
la théorie des ensembles, qui suffit pour l’usage courant que l’on fait de cette notion aussi bien
en algèbre qu’en analyse et plus tard dans le cours de probabilités.

1.1. Les ensembles.

Définition 1. On appelle ensemble une collection d’objets ; ces objets s’appellent les éléments
de l’ensemble.
Notations.
• Un ensemble est souvent noté par une lettre majuscule : A, B, .... Par contre un
élément est noté par une lettre minuscule : x, y, a, b,....
• Si un objet x est un élément d’un ensemble A, alors on écrit x ∈ A (x appartient à A).
• L’ensemble qui contient un seul élément a est un singleton et se note {a}, l’ensemble
qui contient deux éléments a et best une paire et se note {a, b}.
• L’ensemble qui ne contient aucun élément est dit : l’ensemble vide. Il est noté ∅ ou
encore {}.
• Si un objet x n’est pas un élément d’un ensemble A, alors on écrit x ̸∈ A, (x n’appartient
pas à A).

Remarque 1. Il existe deux façons de décrire un ensemble E :


• soit en donnant la liste des éléments de cet ensemble, on dit qu’on a écrit l’ensemble
en extension, E = {0, 1, 2, 3, 4}
• soit en donnant une propriété qui caractérise les éléments de l’ensemble, on dit qu’on
a écrit l’ensemble en compréhension, E = {a ∈ N | a est pair}.
Soit l’ensemble A = {1, 2, 3, 4}, on représente A par un diagramme qu’on appelle diagramme
de Venn :

×3

×1 ×2 A

×4

Exemples 1. Il y a des notations réservées pour certains ensembles, par exemple :


1. Les entiers naturels 0, 1, 2, 3, ..., forment un ensemble noté N.
2. Les entiers relatifs ..., -3, -2, -1, 0, 1, 2, 3, ..., forment un ensemble noté Z.
3. Les nombres décimaux, les nombres qui peuvent s’écrire sous la forme 10an , où a ∈ Z et
n ∈ N, forment un ensemble noté D.
4. Les nombres rationnels, les nombres qui peuvent s’écrire sous la forme ab , où a ∈ Z et
b ∈ Z∗ , forment un ensemble noté Q.
5. Les nombres réels forment un ensemble noté R.
6. Les nombres complexes forment un ensemble noté C.
7. L’étoile ‘*’ enlève le zéro. Par exemple Z∗ = {..., −3, −2, −1, 1, 2, 3, ...}.

3
8. Le ’+’ désgine les nombres positives et le ’-’ désigne les nombres négatives. Par exemple
R+ = {x ∈ R / x ≥ 0} et R− = {x ∈ R / x ≤ 0}.

Définition 2. Soient A et B deux ensembles.


1. A et B sont dits égaux, s’ils contiennent les mêmes éléments, et on écrit A = B.
2. Si A contient un nombre fini d’éléments, alors A est dit un ensemble fini. Le nombre
d’éléments de A est appelé cardinal de A, et est noté Card(A) ou |A| ou #A.
1.2. Opérations élémentaires sur les ensembles.
1.2.1. Inclusion.
Définition 3. Soient A et B deux ensembles. On dit que A est inclus dans B si et seulement
si tout élément de A est élément de B, et on écrit A ⊂ B ou B ⊃ A. On dit aussi que A est
une partie de B.
A ⊂ B ⇔ ∀x ∈ A, x ∈ B.
' $ 
B ' $ A
l
l ,, 
l ,

&%
& %

Cela revient à pour tout x, x ∈ A =⇒ x ∈ B. Pour montrer l’inclusion A ⊂ B, on montre que


tout élément de A appartient à B.
Remarques 1. Soient A, B et C trois ensembles.
• Si A ̸= B et A ⊂ B, alors on écrit A ⊊ B.
• Si A ⊂ B et B ⊂ C, alors A ⊂ C.
• A ⊂ B et B ⊂ A ⇔ A = B.
• S’il existe un x ∈ A tel que x ̸∈ B, alors on dit que A n’est pas inclus dans B et on
écrit A ̸⊂ B.
Exercice Soient A = {(x,y) ∈ R2 / 4x − y = 1} et B = {(t + 1,4t + 3) / t ∈ R}.
Montrer que A = B.
Corrigé. On va procéder par double inclusion.
Montrons que B ⊂ A. Soit (x,y) ∈ B, alors on sait qu’il existe un t ∈ R tel que x = t + 1 et
y = 4t + 3.
Mais alors 4x − y = 4(t + 1) − (4t + 3) = 4t + 4 − 4t − 3 = 1.
Donc (x,y) ∈ A.
On a montré que ∀(x,y) ∈ B, (x,y) ∈ A. D’où B ⊂ A.
Réciproquement montrons que A ⊂ B. Soit (x,y) ∈ A. Pour montrer que (x,y) ∈ B, on doit
chercher un réel t tel que x = t + 1 et y = 4y + 3.
Si un tel réel t existe, alors nécessairement t = x − 1.
Posons t = x − 1. Alors y = 4x − 1 = 4(t + 1) − 1 = 4t + 3.
On a donc (x,y) = (t + 1,4t + 3) avec t ∈ R.
Par suite (x,y) ∈ B.
On a montré que ∀(x,y) ∈ A, (x,y) ∈ B.
D’où A ⊂ B.
Finalement A = B.

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Exemples 2.
• N ⊂ Z ⊂ D ⊂ Q ⊂ R ⊂ C.
• N ̸⊂ Z∗ .
• L’ensemble vide est inclus dans tout ensemble A : ∅ ⊂ A.
• Chaque ensemble A est inclus dans lui-même : A ⊂ A.
1.2.2. Ensemble des parties d’un ensemble.
Définition 4. L’ensemble qui contient toutes les parties d’un ensemble E donné est dit
l’ensemble des parties de E, on le note P(E) = {A|A ⊂ E}.
Exemple 1.
• L’ensemble des parties de E = ∅ est : P(E) = P(∅) = {∅}.
• L’ensemble des parties de l’ensemble E = {a} est : P(E) = {∅, E}.
• L’ensemble des parties de l’ensemble E = {a, b} est :
P(E) = {∅, {a}, {b}, E}.
• L’ensemble des parties de l’ensemble E = {a, b, c} est :
P(E) = {∅, {a}, {b}, {c}, {a, b}, {a, c}, {b, c}, E}.
• L’ensemble E = {∅} n’est pas vide, et l’ensemble de ses parties est : P(E) = {∅, {∅}}.
• ] − 2, +∞[∈ P(R), ] − 2, 7[∈ P(R) et Q ∈ P(R).
NB. Ne pas confondre ∅ et {∅}, card(∅) = 0 par contre card({∅}) = 1.
Remarque 2. Pour tout ensemble A, on a :
• ∅ ∈ P(A) et A ∈ P(A).
• Si a ∈ A, alors {a} ⊂ A et {a} ∈ P(A).
• B ⊂ A ⇐⇒ B ∈ P(A).
1.2.3. Intersection.
Définition 5. Soient deux ensembles A et B, l’ensembles des éléments qui appartiennent à
A et à B est appelé intersection de A et de B et est noté A ∩ B. Ainsi on a :
A ∩ B = {x|x ∈ A et x ∈ B} et x ∈ A ∩ B ⇐⇒ x ∈ A et x ∈ B.
Si A ∩ B = ∅, on dit que A et B sont disjoints.

A B

A∩B

Exemple 2. Si A = {a, b, c, d} et B = {a, e, c, f, g}, alors A ∩ B = {a, c}.


Proposition 1.1. Soient A, B et C trois ensembles. Alors on a :
1. A ∩ B = B ∩ A, on dit l’intersection est commutative.
2. A ∩ (B ∩ C) = (A ∩ B) ∩ C, on dit l’intersection est associative.
3. A ∩ A = A et A ∩ ∅ = ∅.
4. (A ∩ B) ⊂ A et (A ∩ B) ⊂ B.

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5. A ∩ B = A ⇔ A ⊂ B.
Preuve. Exercice. □

1.2.4. Réunion.
Définition 6. Soient deux ensembles A et B, l’ensembles des éléments qui appartiennent à
A ou à B est appelé réunion de A et de B, et est noté A ∪ B. Ainsi on a :
A ∪ B = {x|x ∈ A ou x ∈ B} et x ∈ A ∪ B ⇐⇒ x ∈ A ou x ∈ B.

A B

A∪B

Exemple 3. Si A = {a, b, c, d} et B = {a, e, c, f, g}, alors A ∪ B = {a, b, c, d, e, f, g}.


Proposition 1.2. Soient A, B et C trois ensembles. Alors on a :
1. A ∪ B = B ∪ A, on dit la réunion est commutative.
2. A ∪ (B ∪ C) = (A ∪ B) ∪ C, on dit la réunion est associative.
3. A ∪ A = A et A ∪ ∅ = A, on dit la réunion admet ∅ comme élément neutre.
4. A ⊂ A ∪ B et B ⊂ A ∪ B.
5. A ∪ B = B ⇔ A ⊂ B.
Preuve. Exercice. □
Proposition 1.3. Soient A, B et C trois ensembles.
1. L’intersection est distributive par rapport à la réunion, c’est-à-dire que :
A ∩ (B ∪ C) = (A ∩ B) ∪ (A ∩ C).
2. La réunion est distributive par rapport à l’intersection, c’est-à-dire que :
A ∪ (B ∩ C) = (A ∪ B) ∩ (A ∪ C).
Preuve. La preuve repose sur le fait que la conjonction est distributive par rapport à la
disjonction et aussi la disjonction est distributive par rapport à la conjonction.
(x ∈ A) et ((x ∈ B) ou (x ∈ C)) ⇐⇒ ((x ∈ A) et (x ∈ B)) ou ((x ∈ A) et (x ∈ C))
(x ∈ A) ou ((x ∈ B) et (x ∈ C)) ⇐⇒ ((x ∈ A) ou (x ∈ B)) et ((x ∈ A) ou (x ∈ C))

Remarque 3. Si A et B sont deux ensemble finis, alors
card(A ∪ B) = card(A) + card(B) − card(A ∩ B).

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1.2.5. Complémentaire.
Définition 7. Soit A une partie d’un ensembles E. L’ensembles des éléments qui appar-
tiennent à E et qui n’appartiennent pas à A est appelé complémentaire de A par rapport à
E, et est noté A ou ∁A C
E ou A . Ainsi on a :

∁A
E = {x ∈ E | x ̸∈ A}, x ∈ A ⇔ x ∈ E et x ̸∈ A

∁A
E =A

Exemples 3.
• Si E = {a, b, c, d, e, f, g} et A = {a, b, c, d}, alors ∁A
E = {e, f, g}.
N ∗ {0} ∗
• ∁N = {0} et ∁R = R .
Remarque 4. Soit A une partie d’un ensembles E.
1. A ∩ A = ∅, car sinon on aura un x qui appartient à A et à A.
2. A ∪ A = E.
Proposition 1.4. Soient A et B deux parties d’un ensemble E.
1. A ⊂ B ⇔ B ⊂ A.
2. A = B ⇔ B = A.
3. A ∩ B = ∅ ⇐⇒ A ⊂ B.
∁A
4. ∁EE = A, i.e., A = A.
5. ∁∅ E
E = E et ∁E = ∅.
6. ∁E = ∁E ∩ ∁B
A∪B A
E et ∁E
A∩B = ∁A ∪ ∁B , ou autre notation : A ∪ B = A ∩ B et A ∩ B = A ∪ B.
E E
Ces formules se généralisent à un nombre quelconque d’ensembles.
7. A ∪ B = E ⇐⇒ B ⊂ A.
Preuve. 1. =⇒) Supposons que A ⊂ B et montrons que B ⊂ A. Soit x ∈ B, donc x ̸∈ B ; or
A ⊂ B, d’où x ̸∈ A, par suite x ∈ A. Donc x ∈ B ⇒ x ∈ A. ceci étant vrai pout tout x cz qui
traduit que B ⊂ A.
⇐=) Réciproquement, supposons que B ⊂ A et montrons que A ⊂ B. Soit x ∈ A, donc
x ̸∈ A ; ceci implique que x ̸∈ B, puisque B ⊂ A. Par suite x ∈ B, d’où x ∈ A ⇒ x ∈ B. Ceci
étant vrai pour tout x ce qui traduit que A ⊂ B.
D’où A ⊂ B ⇔ B ⊂ A.
2. Évidente d’après 1.
3. =⇒) Supposons que A ∩ B = ∅ et montrons que A ⊂ B. soit x ∈ A, alors x ̸∈ B, d’où
x ∈ B. ceci étant vrai pour tout x donc A ⊂ B.
⇐=) Supposons que A ⊂ B et montrons que A ∩ B = ∅. Supposons par l’absurde que
A ∩ B est non vide, alors il existe x ∈ A ∩ B. Donc x ∈ A et x ∈ B, ceci implique que x ∈ A
et x ̸∈ B, d’où A ̸⊂ B, absurde. Donc A ∩ B = ∅. D’où A ∩ B = ∅ ⇐⇒ A ⊂ B.

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4. On a
∁A
x ∈ ∁EE ⇐⇒ x ∈ E et x ̸∈ ∁A
E
⇐⇒ x ∈ E et x ∈ A
∁A
x ∈ ∁EE ⇐⇒ x ∈ A.
∁A
Donc ∁EE = A.
5. Simples à vérifier.
6. On a
x ∈ ∁A∪B
E ⇐⇒ x ∈ E et x ̸∈ A ∪ B
⇐⇒ x ∈ E et x ∈ A ∪ B
⇐⇒ x ∈ E et x ∈ A ou x ∈ B
⇐⇒ x ∈ E et (x ̸∈ A et x ̸∈ B)
⇐⇒ (x ∈ E et x ̸∈ A) et (x ∈ E et x ̸∈ B)
⇐⇒ x ∈ ∁A B
E et x ∈ ∁E
x ∈ ∁A∪B
E ⇐⇒ ∁A B
E ∩ ∁E .

Ceci établit la première formule. La deuxième se démontre de la même façon.


7. Simple à vérifier. il suffit d’utiliser 2. et 6. et 3. □

1.2.6. Différence de deux ensembles.


Définition 8. Soient deux ensembles A et B, l’ensembles des éléments qui appartiennent à
A et qui n’appartiennent pas à B est appelé différence de A et de B, et est noté A\B ou
A − B.
A\B = {x|x ∈ A et x ̸∈ B} c-à-d x ∈ A\B ⇐⇒ x ∈ A et x ̸∈ B.

A B

A−B

Exemple 4. Si A = {a, b, c, d} et B = {a, e, c, f, g}, alors A\B = {b, d} et B\A = {e, f, g}.
Proposition 1.5. Soient A et B deux parties d’un ensemble E.
1. ∁A
E =E−A
2. A − B = A ∩ B.
3. A − B = ∅ ⇐⇒ A ⊂ B.

8
Preuve.
1. On a x ∈ ∁AE ⇐⇒ x ∈ E et x ̸∈ A ⇐⇒ x ∈ E − A.
2. Soit x ∈ E, alors x ∈ A − B ⇐⇒ x ∈ A et x ̸∈ B
⇐⇒ x ∈ A et x ∈ ∁BE =B
⇐⇒ x ∈ A ∩ B.
Donc A − B = A ∩ B.
3. Admettons que A − B = ∅. Si A ̸⊂ B, alors il existe x ∈ A et x ̸∈ B, d’où x ∈ A − B ; ce
qui est absurde. □
Définition 9 (Différence symétrique). Soient deux ensembles A et B, l’ensemble (A − B) ∪
(B − A) est appelé différence symétrique de A et B, et est noté A △ B.
A △ B = (A − B) ∪ (B − A) = {x|x ∈ (A − B) ou x ∈ (B − A)}.

A B

A△B

Exemple 5. Si A = {a, b, c, d, e} et B = {a, c, e, f, g}, alors A−B = {b, d} et B −A = {f, g} ;


donc A △ B = {b, d, f, g}.
Proposition 1.6. Soient deux ensembles A et B.
1. A △ B = B △ A, la différence symétrique est commutative.
2. A △ (B △ C) = (A △ B) △ C, la différence symétrique est associative.
3. A △ ∅ = A, la différence admet un élément neutre.
4. A △ A = ∅,
5. A △ B = (A ∪ B) ∩ (A ∪ B) = (A ∪ B) − (A ∩ B).
Preuve.
1. On a A △ B = (A − B) ∪ (B − A) = (B − A) ∪ (A − B) = B △ A.
2. Admis.
3 et 4. Simples à montrer.
5. On a A △ B = (A − B) ∪ (B − A) □
= (A ∩ B) ∪ (B ∩ A)
= [(A ∩ B) ∪ B] ∩ [(A ∩ B) ∪ A]
= [(A ∪ B) ∩ (B ∪ B)] ∩ [(A ∪ A) ∩ (B ∪ A)]
= [(A ∪ B) ∩ E] ∩ [E ∩ (B ∪ A)]
A △ B = (A ∪ B) ∩ (B ∪ A)
= (A ∪ B) ∩ (B ∩ A)
A △ B = (A ∪ B) − (B ∩ A)

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1.3. Produit cartésien d’ensembles.
Définition 10. Soient x et y deux objets. On appelle couple (x, y) la suite d’objets dont le
premier élément est x et le deuxième est y.
Soient deux ensembles A et B. On appelle produit cartésien de A et B l’ensemble des couples
(x, y) tels que x ∈ A et y ∈ B ; cette ensemble est noté A × B.
A × B = {(x, y) | x ∈ A et y ∈ B}.
Remarque 5. les couples (a, b) et (x, y) sont égaux, i.e., (a, b) = (x, y) si et seulement si
a = x et b = y.
Exemples 4.
1. Soient A = {1, 2} et B = {a, b, c}, alors on a :
A × B = {(1, a), (1, b), (1, c), (2, a), (2, b), (2, c)}
B × A = {(a, 1), (a, 2), (b, 1), (b, 2), (c, 1), (c, 3)}
A × A = {(1, 1), (1, 2), (2, 1), (2, 2)}
B × B = {(a, a), (a, b), (a, c), (b, a), (b, b), (b, c),(c, a), (c, b), (c, c)}.
2. N × R = {(n, x)| n ∈ N et x ∈ R}.
Remarque 6. Soient A et B deux ensembles.
• Il ne faut pas confondre la notion du couple avec la notion d’ensemble {x, y}. On a
{x, y} = {y, x} mais (x, y) ̸= (y, x).
• En général on a : A × B ̸= B × A.
Proposition 1.7. Soient A, B, C et D des ensembles quelconques.
1. Si A ⊂ C et B ⊂ D, alors A × B ⊂ C × D.
2. A × (B ∩ C) = (A × B) ∩ (A × C).
3. A × (B ∪ C) = (A × B) ∪ (A × C).
4. A × ∅ = ∅ × A = ∅.
5. A × B = ∅ ⇔ A = ∅ ou B = ∅.
Preuve. Simples à vérifier. □
Remarque 7. Si A et B sont deux ensemble finis, alors card(A × B) = card(A)card(B).
Définition 11. Soient A et B deux ensembles.
1. On appelle diagonale de A × A l’ensemble des couples (x, x), où x ∈ A.
2. Toute partie non vide Γ de A × B est appelée un graphe de A vers B. Autrement dit,
tout élément de Γ est un couple ordonné (x, y) où x ∈ A et y ∈ B.
Exemple 6. Soient A = {1, 2} et B = {a, b, c}, alors
A × B = {(1, a), (1, b), (1, c), (2, a), (2, b), (2, c)}.
1. La partie Γ1 = {(1, a), (1, b)} est un graphe de A vers B.
2. La partie Γ2 = {(1, b), (1, c), (2, a), (2, b)} est un autre graphe de A vers B.
3. La partie Γ3 = {(2, c)} est un troisième graphe de A vers B.
4. La diagonale de A × A est {(1, 1), (2, 2)}
5. La diagonale de B × B = {(a, a), (b, b), (c, c)}.
Généralisation.

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Définition 12. Soient n objets x1 , x2 , ..., xn , la suite ordonnée (x1 , x2 , ..., xn ) est dit un
n-uplet.
Soient alors n ensembles A1 , A2 , ..., An ; l’ensemble des suites ordonnées (x1 , x2 , ..., xn ) telles
que x1 ∈ A1 , x2 ∈ A2 , ..., xn ∈ An , s’appelle le produit cartésien des ensembles A1 , A2 , ...,
Yn
An et se note A1 × A2 × · · · × An , on note aussi Ei .
i=1
A1 × A2 × · · · × An = {(x1 , x2 , ..., xn ) | xi ∈ Ai pour tout i}.
Notation. Si A1 = A2 = · · · = An = A, alors le produit A1 × A2 × · · · × An se note An . Par
exemple R × R se note R2 , et R × R × R × R se note R4 , etc.
1.4. Partition d’un ensemble.
Définition 13. Une partition d’un ensemble E est une famille de parties non vides de E,
disjointes deux à deux, et dont la réunion est l’ensemble E tout entier.
Autrement dit, les parties A1 , A2 , ..., Ak de E forment une partition de E en k classes si et
seulement si :
1. ∀1 ≤ i ≤ k, Ai ̸= ∅.
2. ∀1 ≤ i, j ≤ k, i ̸= j =⇒ Ai ∩ Aj = ∅.
k
[
3. A1 ∪ A2 ∪ ... ∪ Ak = E ou en notation condensé Ai = E.
i=1

Exemples 5.
1. Soit l’ensemble E = {1, 2, 3, 4, 5, 6}.
i. Les parties de E : A = {1, 2} et B = {3, 4, 5, 6} forment une partition de E, car A et
B sont non vides, A ∩ B = ∅ et A ∪ B = E.
ii. Les parties de E : A = {1, 2} et B = {3, 4, 5} ne forment pas une partition de E, car
A ∪ B ̸= E.
iii. Les parties de E : A = {1, 2, 3}, B = {4} et C = {5, 6} forment une partition de E,
car A, B et C sont non vides, A ∩ B = ∅, A ∩ C = ∅, B ∩ C = ∅ et A ∪ B ∪ C = E.
2. Pour E = [1, 7], les intervals A = [1, 2[, B = [2, 4] et C =]4, 7] forment une partition de E.
3. L’ensemble des entiers naturels pairs et l’ensemble des entiers naturels impairs constituent
une partition de N.
Remarque 8. Si A est une partie non vide d’un ensemble non vide E et A ̸= E, alors A et
A est une partition de E. En effet, A ∩ A = ∅ et A ∪ A = E.

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2. Les applications
2.1. Les applications.
Définition 14. Soient E et F deux ensembles. On appelle correspondance de E vers F tout
triplet (Γ, E, F ), où Γ est un graphe de E vers F . E est alors appelé ensemble de départ et F
ensemble d’arrivée de la correspondance.
Définition 15. Soit (Γ, E, F ) une correspondance de E vers F . Si
∀x ∈ E, ∃!y ∈ F tel que (x,y) ∈ Γ,
alors cette correspondance est appelée une application de E vers F et on écrit f : E −→ F .
L’unique y ∈ F qui vérifie (x,y) ∈ Γ sera noté y = f (x)..
y est appelé l’image de x par f et x est un antécédent de y par f .
En d’autre terme : Définir une application f, c’est associer à tout élément x d’un ensemble
E un unique élément, noté f (x), d’un ensemble F.
Γ = {(x,f (x))/ x ∈ E} = {(x,y) ∈ E × F/ y = f (x)} est appelé graphe de f.
Remarque 9. Soit f : E −→ F une application. L’ensemble E s’appelle l’ensemble de départ
et l’ensemble F s’appelle l’ensemble d’arrivée de f .
Exemple E = {a, b, c, d} et F = {1, 2, 3, 4, 5}, l’application f est représenté par le diagramme
suivant

a 1
b 2
3
c 4
E d 5 F

Figure 1. Diagramme d’une application

Remarques 2. Soit f : E −→ F une application.


1. L’application x 7→ x de E dans E est dite application identique de E ; elle se note idE .
2. Toute application est une fonction, mais l’inverse n’est pas vrai.
3. Tout fonction est une application dont l’ensemble de départ est son domaine de définition.
4. L’ensemble des applications de E vers F est noté F(E, F ) ou F E .
5. L’application f : E −→ F est dite constante si l’on a f (x) = f (y) quels que soient x, y
dans E.
6. Soit E un ensemble et A une partie non vide de E. On appelle application caractéristique
de A, l’application 
1 si x ∈ A
χA : E −→ R à valeurs réelles définie par : χA (x) =
0 si x ̸∈ A.
χA est aussi dite application indicatrice de A.
7. Soient E et F deux ensembles. Les applications E × F −→ E et E × F −→ F s’ap-
(x,y) 7−→ x (x,y) 7−→ y
pellent la première et la deuxième projection respectivement.

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Exemples 6. On donne dans ce qui suit quelques exemples des applications :
1. f : N −→ N le graphe de f est Γ = {(n, 2n + 1)| n ∈ N}.
n 7−→ f (n) = 2n + 1

2. f : N −→ R √ le graphe de f est Γ = {(n, n + 1)| n ∈ N}.
n 7−→ f (n) = n + 1
3. f : N −→ R √
n 7−→ f (n) = n − 1
f n’est pas une application mais est une fonction, car 0 n’a pas d’image dans R, et on a ;
Df = N∗ .
4. f : Q −→ R le graphe de f est Γ = {(x, f (x))| x ∈ Q}.
2
x 7−→ f (x) = x x+3x−7
2 +6

5. f : R −→ R
2 +3x−7
x 7−→ f (x) = x |x|−2
f n’est pas une application car −2 et 2 n’ont pas d’images dans R. Mais f est une fonction
telle que Df = R − {−2, 2}.
Exercice. Soit l’application f : N2 −→ N
(x, y) 7−→ f (x, y) = x + y
1. Déterminer les antécédents de 0 par f .
2. Déterminer l’ensemble des antécédents de 3 par f .
3. Soient (a,b) et (a′ ,b′ ) ∈ N2 .
L’implication suivante f (a, b) = f (a′ , b′ ) ⇒ (a,b) = (a′ ,b′ ) est-elle correcte ?
Définition 16. Soient E, G, F et H des ensembles. On dit que deux applications f : E → F
et g : G → H sont égales si et seulement si E = G, F = H et leur graphe sont égaux,
c’est-à-dire ∀x ∈ E, f (x) = g(x).
2.1.1. Restriction et prolongement.
Définition 17. Soient f : E → F et g : A → F deux applications. On dit que l’application
g est une restriction de f à A si A ⊂ E et ∀x ∈ A, f (x) = g(x). L’application g est souvent
notée fA .
Exemple 7. Soit l’application f : R −→ R
x 7−→ f (x) = |x − 2|,
l’application g : [2, +∞[−→ R est la restriction de f à [2, +∞[.
x 7−→ g(x) = x − 2
Définition 18. Soient f : E → G et g : F → G deux applications. On dit que l’application
g est un prolongement de f à F si E ⊂ F et ∀x ∈ E, f (x) = g(x).
Exemple 8. L’application g : R −→ R
x 7−→ g(x) = |x − 2|,
est un prolongement de l’application f : [2, +∞[−→ R
x 7−→ f (x) = x − 2.
2.1.2. Composition des applications.
Définition 19. Soient f : E → F et g : F → G deux applications. L’application h : E → G
définie par
∀ x ∈ E h(x) = g(f (x))
est dite application composée de f et g, et est notée g ◦ f .

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Exemple 9. Soient les deux applications f (x) = x + 1 et g(x) = x2 définies de R dans R.
On a pour tout x ∈ R
g ◦ f (x) = g(f (x)) = (x + 1)2 et
f ◦ g(x) = f (g(x)) = x2 + 1.
On voit que f ◦ g ̸= g ◦ f en général.
Généralisation de la composition.
1. Soient les applications f1 : E1 → E2 , f2 : E2 → E3 , ..., fn : En → En+1 , on peut former
l’application composée fn ◦ fn−1 ◦ ... ◦ f2 ◦ f1 : E1 → En+1 .
2. Soit f : E → E une application d’un ensemble E dans lui même. Les composés f ◦ f ,
f ◦ f ◦ f , f ◦ f ◦ f ◦ f , ... ; se notent f 2 , f 3 , f 4 , ....
Exercice. Soit l’application f : R −→ R √ .
x 7−→ f (x) = 1 + x2
Pour tout entier n ≥ 1, on note : f n = f ◦ f ◦ f ◦ ...f (composée successive de n applications
f)
Donner f 2 et f 3 . Conjecturer l’expression de f n puis prouver la conjecture.
Proposition 2.1. Soient f : E → F , g : F → G et h : G → H des applications, on a :
(g ◦ f ) ◦ h = g ◦ (f ◦ h) (associativité de la composition).
2.1.3. Image direct et image réciproque.
Définition 20. Soient f : E → F une application, A ⊂ E et B ⊂ F . Alors
1. On appelle image directe de A par f , et on note f (A), l’ensemble
f (A) = {f (a) | a ∈ A} = {y ∈ F | ∃a ∈ A, y = f (a)}.
2. On appelle image réciproque de B par f , et on note f −1 (B), l’ensemble des x ∈ E tels que
f (x) ∈ B, on a : f −1 (B) = {x ∈ E | f (x) ∈ B}.
Attention. Soient f : E → F une application, A ⊂ E et B ⊂ F .
1. f (A) est un sous-ensemble de F , tandis que f −1 (B) est un sous-ensemble de E.
2. L’image directe d’un singleton f ({x}) = {f (x)} est un singleton. Par contre l’image
réciproque d’un singleton f −1 ({y}) dépend de f . Cela peut être un singleton, un ensemble
à plusieurs éléments ; mais cela peut-être E tout entier (si f est une fonction constante) ou
même l’ensemble vide (si aucune image par f ne vaut y).
Remarques 3. Soient f : E → F une application, A ⊂ E et B ⊂ F .
1. L’image f (E) de E s’appelle l’image de f et se note Im(f ).
2. Si f (A) ⊂ A, alors l’ensemble A est dit stable par f .
3. Si f (A) = A, alors l’ensemble A est dit invariant par f .
4. Si pour un x ∈ E, f (x) = x, alors l’élément x est dit un point fixe.
Exemple 10. Pour l’application f : R → R définie par x 7→ x2 , représenter et calculer les
ensembles suivants : f ([0,1[), f (R), f (] − 1,2[), f −1 ([1,2[), f −1 ([−1, 1]), f −1 ({3}), f −1 (R\N).
2.1.4. La bijection.
Définition 21. Soit f : E → F une application. On dit que :
1. f est injective si ∀ x, x′ ∈ E, f (x) = f (x′ ) ⇒ x = x′ ,
ou encore x ̸= x′ =⇒ f (x) ̸= f (x′ ).
2. f est surjective si ∀ y ∈ F , ∃ x ∈ E tel que y = f (x).

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3. f est bijective si f est à la fois injective et surjective.
En termes d’antécédents on a :
Remarques 4. Soit f : E → F une application.
1. f est injective si chaque élément y ∈ F admet au plus un antécédent dans E.
2. f est surjective si chaque élément y ∈ F admet au moins un antécédent dans E, c’est-à-dire
que Imf = f (E) = F .
3. f est bijective si chaque élément y ∈ F admet un et un seul antécédent dans E.
Exemples 7.
1. x 7→ 5x est injective non surjective de N vers N.
2. x 7→ x2 est surjective non injective de R vers R+ .
3. x 7→ ex est une bijection de R vers R∗+ .
4. L’application f : R −→ R, x 7−→ |x| n’est ni injective ni surjective tandis que g : R −→ R+ ,
x 7−→ |x| est surjective.
Proposition 2.2. La composée de deux injections (resp. surjections, bijections) est une in-
jection (resp. surjection, bijection).
Preuve. Soient f : E → F et g : F → G deux applications.
Supposons que f et g sont injectives, donc ∀x, x′ ∈ E on a
g ◦ f (x) = g ◦ f (x′ ) ⇒ g(f (x)) = g(f (x′ ))
⇒ f (x) = f (x′ ), car g est injective
⇒ x = x′ , car f est injective.
Par suite g ◦ f est injective.
Supposons que f et g sont surjectives. Soit y ∈ G, il existe donc x′ ∈ F tel que g(x′ ) = y,
puisque g est surjective. Et comme f est aussi surjective, il existe x ∈ E tel que f (x) = x′ .
D’où g(f (x)) = g(x′ ) = y c’est-à-dire g ◦ f (x) = y , par suite g ◦ f est surjective.
Si f et g sont bijectives, alors elles sont injectives et surjective. D’où g ◦ f est injective et
surjective, par suite g ◦ f est bijective. □
Proposition 2.3. Soient f : E → F et g : F → G deux applications.
1. Si g ◦ f est injective, alors f est injective.
2. Si g ◦ f est surjective, alors g est surjective.
Preuve. 1. Supposons que g ◦ f est injective. Soient x et x′ ∈ E avec f (x) = f (x′ ), alors
g(f (x)) = g(f (x′ )), car g est une application, ainsi g ◦ f (x) = g ◦ f (x′ ) ; et comme g ◦ f est
injective, alors on a x = x′ . C’est-à-dire que f est injective.
2. Supposons que g ◦ f est surjective, alors ∀ z ∈ G, ∃ x ∈ E tel que g ◦ f (x) = z. Posons
y = f (x), donc g(y) = z, ceci entraı̂ne que g est surjective. □
Théorème 2.4. Soitf : E → F une application. Pour que f soit bijective, il faut et il suffit
qu’il existe une application g : F → E vérifiant
g ◦ f = idE et f ◦ g = idF . (1)
Lorsqu’elle existe, l’application g vérifiant (1) est unique ; elle est bijective, on l’appelle l’ap-
plication réciproque de f , et on la note f −1 . De plus (f −1 )−1 = f
Preuve. Si f est bijective, alors ∀ y ∈ F , ∃! x ∈ E tel que y = f (x). Soit g la relation définie
de F dans E par y 7→ x, on vérifie facilement que g est une application, et que ∀ x ∈ E,
g ◦ f (x) = x ; et ∀ y ∈ F , f ◦ g(y) = y, c’est-à-dire que g ◦ f = idE et f ◦ g = idF .
Inversement, si g ◦ f = idE et f ◦ g = idF , alors la Proposition 2.3 entraı̂ne que f est
surjective et injective (idE est injective et idF est surjective). D’où f est bijective. □

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Exemples 8.
1. x 7→ ex est une bijection de R vers R∗+ et son application réciproque est l’application
x 7→ ln(x) définie de R∗+ vers R.
2. x 7→ √x2 est√une bijection de R+ vers R+ et son application réciproque est l’application
x 7→ x = x.
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3. x 7→ x3 est une√bijection de R vers R et son application réciproque est noté x 7→ 3 x. Alors
√ 3
( 3 x)3 = x et x3 = x.
Corollaire 1. Soient f : E → F et g : F → G deux applications. Si f et g sont bijectives
alors g ◦ f est bijective et son application réciproque (g ◦ f )−1 = f −1 ◦ g −1 .
Preuve. D’après le Théorème 2.4, il existe u : F → E tel que u ◦ f = idE et f ◦ u = idF . Il
existe aussi v : G → F tel que v ◦ g = idF et g ◦ v = idG .
On a alors (g ◦ f ) ◦ (u ◦ v) = g ◦ (f ◦ u) ◦ v = g ◦ idF ◦ u = g ◦ u = idE .
Et (u◦v)◦(g◦f ) = u◦(v◦g)◦f = u◦idF ◦f = u◦f = idE . Donc g◦f est bijective et son inverse
est u ◦ v. Comme u est la bijection réciproque de f et v celle de g alors : u ◦ v = f −1 ◦ g −1 . □
Remarques 5. Soit f : E → F une application.
1. f est surjective si et seulement si f (E) = F .
2. Toute application f : E → E telle que f of = IdE est bijective et f −1 = f . Une telle
bijection s’appelle une involution de E.
3. Nous avons utilisé la notation f −1 dans deux contextes différents : l’applications réciproque
et l’image réciproque. Si f n’est pas bijective, f −1 n’a pas de sens en tant qu’application
de F vers E, mais f −1 peut être vu comme une application de P(F ) vers P(E).

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