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Université de Metz

Licence de Mathématiques
1ère année, 1er semestre

Logique et théorie des ensembles

par Ralph Chill


Laboratoire de Mathématiques et Applications de Metz

Année 2008/09
1
Contenu

Chapitre 1. Logique 5
1. Logique des propositions 5
2. Logique des prédicats 10
3. Modes de raisonnement 12
Chapitre 2. Théorie des ensembles 17
1. L’approche naı̈ve à la théorie des ensembles 17
2. Approche axiomatique à la théorie des ensembles 18
3. Le produit cartésien 22
4. Relations d’équivalence 24
5. Relations d’ordre 26
6. Fonctions et applications 28
7. Lois de composition 29
Chapitre 3. Arithmétique 33
1. L’axiome de l’ensemble infini et définition de N 33
2. Construction de Z 35
3. L’algorithme d’Euclide 36
4. L’anneau des polynômes 39
Chapitre 4. L’axiome du choix 41
Bibliographie 43

3
CHAPITRE 1

Logique

1. Logique des propositions


1.1. Proposition.

Définition 1.1 (Proposition). Une proposition est un énoncé déclaratif dont on


peut dire s’il est vrai (valeur 1) ou s’il est faux (valeur 0), indépendamment de tout
context de lieu, de temps, ou de personne qui le prononce. De plus, un énoncé qui
est à la fois vrai et faux n’est pas une proposition.

Remarque 1.2. (a) En mathématiques, une proposition est dite vraie si elle est
démontrable.
(b) On écrit tout court p, q, . . . afin de désigner une proposition.

1.2. Connecteurs logiques. Les propositions sont les atomes en logique. A


partir d’une, deux ou plusieurs propositions on peut créer de nouvelles propositions
à l’aide de connecteurs logiques. Nous allons définir les règles pour les cinq con-
necteurs ’non’, ’et’, ’ou’, ’si . . . alors’ et ’si et seulement si’.

Définition 1.3 (Négation, ’non’). La négation d’une proposition est une propo-
sition qui est vraie si celle-ci est fausse et vice-versa.
Notation: ¬.

La table de vérité de la négation est la suivante:

p ¬p
0 1
1 0

Quelques traductions usuelles: ”non”, ”il est faux que”, ”ne . . . pas”.

Exemples 1.4. (a) Vous n’êtes pas sans savoir que Beethoven a écrit l’Hymne à
la Joie.
(b) Un androgyne n’est ni homme ni une femme.

Définition 1.5 (Conjonction, ’et’). La conjonction de deux propositions est une


proposition qui est vraie si les deux propositions sont simultanément vraies. Elle est
fausse dès que l’une au moins des deux propositions est fausse.
Notation: ∧.
5
6 1. LOGIQUE

La table de vérité de la conjonction est la suivante:


p q p∧q
0 0 0
0 1 0
1 0 0
1 1 1
Quelques traductions usuelles: ”et”, ”mais”, ”quoique”, ”bien que”.
Exemples 1.6. (a) Il ne m’a pas plu quoiqu’il ait du charme.
(b) Céline est un grand écrivain mais c’est un personnage contreversé.
Définition 1.7 (Disjonction, ’ou inclusif’). La disjonction de deux propositions
est une proposition qui est vraie dès que l’une au moins des deux propositions est
vraie. Elle est fausse si les deux propositions sont simultanément fausses.
Notation: ∨.
La table de vérité de la disjonction est la suivante:
p q p∨q
0 0 0
0 1 1
1 0 1
1 1 1
Quelques traductions usuelles: ”ou”, ”à moins que”.
Exemples 1.8. (a) Ce médicament peut provoquer des troubles de l’équilibre ou
de la vue.
(b) Simon viendra à moins qu’il soit malade.
Définition 1.9 (Implication, Conditionnelle, ’si . . . alors’). Si p et q sont deux
propositions, alors l’implication ”si p alors q” est une proposition qui est vraie si
p est faux, ou bien si p et q sont simultanément vrais. Cette implication est fausse
uniquement si l’antécédant p est vrai et le conséquent q faux.
Notation: →.
La table de vérité de l’implication est la suivante:
p q p→q
0 0 1
0 1 1
1 0 0
1 1 1
Quelques traductions usuelles: ”si . . . alors”, ”implique”, ”a pour conséquence”,
”donc”. L’implication p → q sera aussi traduit par ”p seulement si q”, car la propo-
sition ”p seulement si q” n’est faux que dans le cas où p est vrai et q est faux, et elle
a donc la même table de vérité que p → q.
Exemple 1.10. (a) Si Jupin a de bons avocats alors il n’ira pas en prison.
1. LOGIQUE DES PROPOSITIONS 7

Définition 1.11 (Equivalence, ’si et seulement si’). Si p et q sont des proposi-


tions, alors l’équivalence ’p si et seulement si q’ est une proposition qui signifie (p
si q) et (p seulement si q). La valeur de vérité de l’équivalence ’p si et seulement si
q’ est la valeur de vérité de (q → p) ∧ (p → q). L’équivalence ’p si et seulement si
q’ est donc vraie uniquement si p et q ont la même valeur de vérité.
Notation: ↔.
La table de vérité de l’équivalence est la suivante:
p q p↔q
0 0 1
0 1 0
1 0 0
1 1 1
Quelques traductions usuelles: ”si et seulement si”, ”équivaut à”, ”équivaut à
dire” ou ”revient à dire”.

Remarque 1.12. La négation est un connecteur unaire (elle n’a qu’un argu-
ment), alors que la conjonction, la disjonction, l’implication et l’équivalence sont
des connecteurs binaires (elles ont deux arguments). La conjonction, la disjonction
et l’équivalence sont commutatives dans le sens que les propositions p ∧ q et q ∧ p
(respectivement p ∨ q et q ∨ p, ou p ↔ q et q ↔ p) ont la même table de vérité.
L’implication n’est pas commutative; les propositions p → q et q → p n’ont pas la
même table de vérité.
Remarque 1.13. Attention: ”parce que”, ”à cause de cela”, ”que”, ”car” et
”puisque” ne sont pas des connecteurs logiques. Ainsi, les schémas ”p parce que
q”, ”p à cause de cela q” etc. ne sont pas des schémas de propositions.
1.3. Formules et langage des propositions. Les symboles du langage abstrait
(langage objet) que l’on va définir sont:
• des lettres de proposition: p, q, r, . . .
• des symboles: ¬, ∧, ∨, →, ↔
• des parenthèses: ()
Définition 1.14 (constructive).
(i) Une lettre de proposition est une formule dite atomique.
(ii) Si A est une formule, alors ¬A l’est aussi.
(iii) Si A et B sont des formules, alors (A ∧ B), (A ∨ B), (A → B) et (A ↔ B)
sont aussi des formules.
(iv) Rien d’autre n’est une formule.
Exemple 1.15. (¬(p ∨ q) → (¬p ∧ ¬q)) est une formule.
Afin d’alléger l’écriture, on convient que l’on peut enlever les parenthèses
extérieures dans l’assemblage final (et non dans les écritures intérmediaires).
Attention: les schémas ¬(p) ou (p → q → r) ne sont pas des formules!
8 1. LOGIQUE

1.4. Mise en formule et point de vue sémantique. Pour déterminer la valeur


de vérité d’une proposition complexe, on peut envisager la méthode suivante:
• on fait apparaı̂tre la structure logique de la proposition en la décomposant
en ses constituant atomiques. On obtient alors une formule (F) qui est un
objet dénué de sens où apparaissent des lettres de propositions p, q, r, . . .
et des connecteurs logiques (∧, ∨, ¬, →, ↔);
• pour toute les attributions (assignations) possibles de valeurs de vérité à la
suite de lettres p, q, r, . . . intervenant dans la formule (F) on calcule la
valeur de vérité du composé (F).
C’est la méthode des fonctions (ou tables) de vérité.
Pour simplifier l’écriture on conviendra de mettre le symbole 1 à la place de vrai
et 0 à la place de faux.
La méthode consiste donc à interpréter la formule (F) (dénuée de sens) comme
une fonction où les variables sont les lettres de propositions prenant leurs valeurs
dans l’ensemble à deux éléments 0 et 1.
Cette intérprétation d’une formule comme fonction des valeurs de vérité des ses
lettres de proposition considérées comme variables est le point de vue sémantique.
Exemple 1.16. Considérons l’énoncé suivant:
L’accusé n’a pu se rendre coupable du crime [C] que s’il était à New-
York à 18 heures le 1er janvier [N]. Mais il a été établi qu’il était à ce
moment-là à Washington [W]. Donc il n’est pas coupable du crime.
En utilisant les abréviations entre les crochets, nous obtenons pour la mise en for-
mule de cette proposition:

(C seulement si N mais W) donc non C,


ou: ((C → N) ∧ W) → ¬C.

La table de vérité de cette formule/proposition est la suivante:


C N W ((C → N) ∧ W) → ¬C
0 0 0 1
0 0 1 1
0 1 0 1
0 1 1 1
1 0 0 1
1 0 1 1
1 1 0 1
1 1 1 0
1.5. Propositions logiquement vraies, fausses, équivalentes.
Définition 1.17. Une formule A est dite valide si sa table de vérité ne contient
que des 1.
1. LOGIQUE DES PROPOSITIONS 9

Définition 1.18. On appelera formule complète d’une proposition P une for-


mule représentant la proposition donnée telle que les lettres utilisées dans cette
représentation désignent des propositions (constituant P) ne contenant aucun con-
necteur logique.

Définition 1.19. Une proposition est logiquement vraie ou tautologique si sa


formule complète est valide.
Une proposition est logiquement fausse ou contradictoire si sa négation est
logiquement vraie.

Exemple 1.20. La proposition Paul est malade ou n’est pas malade est logique-
ment vraie car sa formule p ∨ ¬p est valide.

Remarques 1.21. (a) Une proposition contradictoire a une formule complète dont
la table de vérité ne comporte que des 0.
(b) Les formules sont réparties en trois classes, à savoir: les formules valides, les
formules contradictoires, et les formules neutres, c.à.d. les formules qui ne sont ni
valides ni contradictoires (formules dont la table de vérité contient à la fois des 0 et
des 1).

Définition 1.22. On dit que deux propositions sont logiquement équivalentes si


leurs formules complètes sont équivalentes, c.à.d. ont la même table de vérité.
On dit qu’une proposition P implique logiquement une proposition Q si la propo-
sition ’si P alors Q’ est tautologique.

Définition 1.23. Un enthymème est une proposition qui semble logiquement


vraie mais qui ne l’est pas car elle contient un implicite de l’esprit. Et lorsque l’on
complète cette proposition avec l’argument implicite manquant, on obtient alors une
tautologie.

Exemple 1.24. La proposition


L’accusé n’a pu se rendre coupable du crime [C] que s’il était à New-
York à 18 heures le 1er janvier [N]. Mais il a été établi qu’il était à ce
moment-là à Washington [W]. Donc il n’est pas coupable du crime.
de l’exemple 1.16 est un enthymème. On a vu dans l’exemple 1.16 que cette propo-
sition n’est pas logiquement vraie car sa table de vérité contient un 0. L’argument
manquant est l’argument que l’accusé ne peut pas être à New-York à 18 heures le 1er
janvier et à ce moment là aussi à Washington. La formule complète avec l’argument
manquant serait alors

((C → N) ∧ W ∧ ¬(N ∧ W)) → ¬C.

Cette formule est valide (vérifier par la table de vérité!), l’argument complété est
tautologique.
10 1. LOGIQUE

2. Logique des prédicats


2.1. Variables et quanteurs. On constate que le langage abstrait des proposi-
tions introduit en Section 1.3 ne suffit pas pour mettre en formule toutes les propo-
sitions du langage usuel et les propositions mathématiques. Des exemples sont les
énoncés
Tout être humain est mortel,
or Socrate est un être humain,
donc Socrate est mortel.
ou
tout éléphant est gros
ou
il existe n ∈ N tel que n2 = 4.
Ces trois énoncés contiennent en fait des variables: c’est la variable n dans le
troisième exemple, et une variable x non explicitement visible dans les premiers deux
exemples (variable qui peut désigner un animal comme par exemple un éléphant ou
un être humain). En plus, ces trois énoncés contiennent les quanteurs ”tout” (ou
”quelque soit”) et ”il existe”. Ces éléments ne peuvent pas être traduits en formule
dans le langage abstrait des propositions.

On va donc introduire de nouvelles formules qu’on appelle aussi schémas de


quantification ou simplement schémas. Par exemple, on mettra
Gx pour x est gros
et
E x pour x est un éléphant,
et on utilisera le symbol ∀ au lieu du quanteur ”tout” ou ”quelque soit”. L’énoncé
Tout éléphant est gros devient alors
∀x(E x → Gx).
Attention: l’énoncé x est gros n’est pas une proposition. C’est un prédicat; plus
précisément, un prédicat à une variable. Par contre, l’énoncé Tout éléphant est gros
est une proposition (à condition que les termes gros et éléphant ont été definis claire-
ment et sont donc indépendants de tout context, lieu ou personne qui prononce cet
énoncé).

De la même manière on peut mettre


An pour n est un élément de N
et
Bn pour n2 = 4,
et on utilisera le symbol ∃ au lieu du quanteur ”il existe”. L’enoncé Il existe un n ∈ N
tel que n2 = 4 devient alors
∃n(An ∧ Bn).
2. LOGIQUE DES PRÉDICATS 11

2.2. Formules et langages de prédicats. Dans cette partie on va donc formelle-


ment élargir le langage des propositions qui était introduit dans la partie 1.3 de ce
chapitre.

Les symboles du nouveau langage abstrait (langage objet) que l’on va définir
sont:
• les lettres de prédicats à 0, 1, ou plusieurs arguments: p, q, r, . . .
• les lettres de variables d’objets ou variables d’individus: x, y, z, . . .
• les quantificateurs: ∀, ∃
• les symboles: ¬, ∧, ∨, →, ↔
• les parenthèses: ()
Remarque 1.25. Les prédicats à 0 arguments ne sont rien d’autre que les propo-
sitions définis dans la section précédente.
Définition 1.26 (constructive).
(i) Si p est un prédicat à n arguments et si x1 , . . . , xn sont des variables, alors
p(x1 , . . . , xn ) est une formule dite atomique.
(ii) Si A est une formule, alors ¬A l’est aussi.
(iii) Si A et B sont des formules, alors (A ∧ B), (A ∨ B), (A → B) et (A ↔ B)
sont aussi des formules.
(iv) Si A est une formule et x est une variable, alors ∀xA et ∃xA sont des for-
mules.
(v) Rien d’autre n’est une formule.
Il faut comparer cette définition du langage des prédicats avec celle du langage
des propositions (Définition 1.14). Les lettres de propositions sont remplacées par
des lettres de prédicats (qui peuvent en plus dépendre d’une ou plusieurs variables),
et on a ajouté les symboles ∀ et ∃. Contrairement au langage des propositions, dans
le langage des prédicats pas toutes les formules représentent des propositions. La
définition suivante peut servir pour reconnaı̂tre les propositions.
Définition 1.27. Une variable qui apparaı̂t dans un quanteur est dite liée. Une
variable qui n’apparaı̂t dans aucun quanteur est dite libre.
Un énoncé (resp. une formule) qui ne comporte aucune variable libre est dit clos
(resp. close). Un énoncé clos est une proposition.
Définition 1.28. La clôture universelle (resp. clôture existentielle) d’une formule
est la formule obtenue en adjoignant au début de cette formule les quanteurs ∀x, ∀y,
. . . (resp. ∃x, ∃y, . . . ) correspondants aux variables libres (s’il en existe) x, y, . . . de
cette formule.
2.3. Formules valides et inconsistentes.
Définition 1.29. Une formule est dite valide si sa clôture universelle est valide,
c.à.d. si toutes les instances de sa clôture universelles sont vraies.
Une formule est dite inconsistente si sa négation est valide.
12 1. LOGIQUE

Exemple 1.30. Considérons la formule


(1.1) ¬(∀xF x ∧ ¬Fy).
La seule variable libre est la variable y. La clôture universelle est donc
∀y¬(∀xF x ∧ ¬Fy).
Par la loi de De Morgan (voir la Proposition 1.35 en bas), cette formule est
équivalente à
∀y(¬∀xF x ∨ ¬¬Fy).
Comme ¬¬Fy et Fy sont équivalentes, on peut ré-écrire
∀y(¬∀xF x ∨ Fy).
Comme ¬p ∨ q et p → q sont équivalentes, on simplifie pour obtenir
∀y(∀xF x → Fy).
Cette dernière formule est valide, car
• si ∀xF x est faux, alors l’implication ∀xF x → Fy est vraie, et
• si ∀xF x est vrai, alors Fy pour toute valeur de y (intérprétation sémantique
de ∀) et donc l’implication ∀xF x → Fy est vraie.
Ainsi, la formule (1.1) est valide.
Exemple 1.31. La formule
∃xF x ∧ ∀x¬F x
est inconsistante.
3. Modes de raisonnement
3.1. Raisonnement par table de vérité.
Principe 1.32. Afin de démontrer qu’une formule est valide, on vérifie que sa
table de vérité ne contient que des 1 (Définitions 1.17 et 1.29). Afin de démontrer
que deux formules sont équivalentes, on montre qu’elles ont la même table de vérité
(Définition 1.22).
Proposition 1.33 (Transitivité de l’implication). La formule suivante est valide:
((p → q) ∧ (q → r)) → (p → r).
Démonstration. On écrit la table de vérité:
p q r ((p → q) ∧ (q → r)) → (p → r)
0 0 0 1
0 0 1 1
0 1 0 1
0 1 1 1
1 0 0 1
1 0 1 1
1 1 0 1
1 1 1 1
3. MODES DE RAISONNEMENT 13


La proposition suivante est une conséquence immédiate de la proposition
précécente.
Proposition 1.34 (Transitivité de l’équivalence). La formule suivante est valide:
((p ↔ q) ∧ (q ↔ r)) → (p ↔ r).
Proposition 1.35 (Lois de De Morgan). Les formules suivantes sont
équivalentes:
(a) ¬(p ∧ q) et ¬p ∨ ¬q,
(b) ¬(p ∨ q) et ¬p ∧ ¬q
Démonstration. (a) On écrit la table de vérité
p q ¬(p ∧ q) ¬p ∨ ¬q
0 0 1 1
0 1 1 1
1 0 1 1
1 1 0 0
(b) On écrit la table vérité
p q ¬(p ∨ q) ¬p ∧ ¬q
0 0 1 1
0 1 0 0
1 0 0 0
1 1 0 0

3.2. Raisonnement par implications. Règle du modus ponens.
Principe 1.36 (Modus ponens). Si p est vraie et si p → q est vraie, alors q est
vraie.
Ainsi, pour démontrer une propriété C (conséquence) partant d’une proposition
vraie H (hypothèse), on démontrera
H → P0 , P0 → P1 , . . . , Pn−1 → Pn et Pn → C.
Exemple 1.37.
Exercice 1.38. (1) Montrer sans calculer des dérivées que la fonction définie par
2
f (x) = ex−x+1
+1
est croissante sur R+ .
(2) Montrer que l’ensemble des sommes de deux carrés d’entiers est stable par mul-
tiplication.
(3) Les formules
((p → q) → r) → (p → r)
ou
((p → q) ∧ (q → r)) → (p → r)
14 1. LOGIQUE

sont-elles valides?
(4) Montrer que si une fonction f : R → R est dérivable en un point x0 , alors elle est
continue en x0 .
(5) Sachant que pour tout n ∈ N l’on a nk=0 k = n(n+1) , montrer que pour tout n ∈ N∗
P
Pn 2
l’on a k=1 (2k − 1) = n2 .
3.3. Raisonnement par équivalences.
Principe 1.39. On établit l’équivalence p ↔ q à l’aide d’une chaine
d’équivalences car l’équivalence est transitive (Proposition 1.34).

√ Exercice 1.40. (1) Résoudre dans R en raisonnant par équivalences l’équation


x2 + 2 = 3x.
(2) Résoudre dans C en raissonant par équivalences l’équation z5 = z̄.
(3) Trouver toutes les fonctions réelles dérivables vérifiant y′ = y.
3.4. Raisonnement par disjonction des cas.
Exemple 1.41. On montre que la formule suivante
((p → q) ∧ ¬q) → ¬p
(F)
antécédent conséquent
est valide.
• Si l’antécédent est faux, alors l’implication dans (F) est vraie.
• Si l’antécédent est vrai, alors p → q et ¬q sont simultanément vraies, c.à.d.
p → q est vrai et q est faux. On en déduit alors que ¬p est vrai, c.à.d. le
conséquent dans (F) est vrai. Donc, l’implication dans (F) est vraie.
Comme l’antécédent est soit vrai, soit faux, on conclut que (F) est valide.
Exercice 1.42. (1) Montrer que pour tout n ∈ N on a: 3|n(n2 + 2).
(2) Montrer que
((p ∨ q) ∧ (p → r) ∧ (q → r)) → r
est valide.
(3) Calculer les parties réelles et imaginaires de (1 + i)n pour n ∈ Z.
(4) Montrer que la proposition suivante est vraie:

2
∃x(x ∈ R \ Q ∧ x ∈ Q.
3.5. Raisonnement par l’absurde.
Principe 1.43. Pour démontrer la propriété p, on suppose ¬p (hypothèse du
raisonnement par l’absurde) et on en déduit une contradiction, c.à.d. une proposition
q telle que q et ¬q soient vraies. On conclut alors que p est vraie.
Exercice 1.44. (1) Montrer que la formule
(¬p → (q ∧ ¬q)) → p
est valide.
(2) Montrer qu’il n’existe pas de surjection de l’ensemble E vers P(E), ensemble
3. MODES DE RAISONNEMENT 15

des parties de E.
(3) Montrer que la proposition suivante est vraie:

2
∃x(x ∈ R \ Q ∧ x ∈ Q.
(4) Montrer que l’ensemble des entiers naturels premier est infini.
(5) Montrer qu’on a

2 < Q.
3.6. Raisonnement par contraposition.
Proposition 1.45. Les implications p → q et ¬q → ¬p sont équivalentes.
Cette proposition, qui se démontre facilement à l’aide d’une table de vérité, jus-
tifie le principe suivant.
Principe 1.46. Pour démontrer l’implication p → q, on démontre ¬q → ¬p.
Exercice 1.47. (1) Montrer que la relation ≤ est antisymétrique dans R.
(2) Montrer que la formule
(p → q) ↔ (¬q → ¬p)
est valide.
(3) Montrer que pour tout (x, y) ∈ R2 on a (x , y) → (x3 , y3 ).
(4) Montrer que si θ ∈ R \ 2πZ, alors la suite (einθ )n∈N diverge.
3.7. Raisonnement par récurrence.
Principe 1.48. Pour démontrer que la proposition
∀n((n ∈ N) → P(n)),
est vraie on peut effectuer les deux étapes suivantes:
(i) On prouve P(0).
(ii) On prouve que si P(n) est vraie pour un certain n ∈ N, alors P(n + 1) est vraie.
Remarque 1.49. Une variante du raisonnement par récurrence est la suivante:
(i) On prouve P(0).
(ii) On prouve que si P(0), . . . , P(n) sont vraies pour un certain n ∈ N, alors P(n + 1)
est vraie.
Exercice 1.50. (1) Montrer que pour tout n ∈ N l’on a nk=0 k = n(n+1)
P
2
.
Pn 3 n(n+1) 2
(2) Montrer que pour tout n ∈ N l’on a k=0 k = 2 .
(3) Montrer que pour des entiers k ≤ n, le nombre de sous-ensembles à k éléments
n!
d’un ensemble à n éléments est Cnk = k!(n−k)! .
(4) Montrer que si a ∈ N, alors pour tout n ∈ N l’entier (a + 1)n+1 − a(n + 1) − 1 est
multiple de a2 .
16 1. LOGIQUE

3.8. Raisonnement par contre-exemple.


Proposition 1.51. Les propositions ¬∀xP(x) et ∃x¬P(x) sont équivalentes.
Principe 1.52. Pour démontrer que la proposition ∀xP(x) est fausse, on trouve x0
tel que ¬P(x0 ) soit vraie.
Exercice 1.53. (1) Montrer qu’un nombre entier divisible par 6 et par 4 n’est pas
nécessairement divisible par 24.
(2) Montrer que l’intersection de deux disques dans le plan n’est pas nécessairement
convexe.
CHAPITRE 2

Théorie des ensembles

1. L’approche naı̈ve à la théorie des ensembles


En 1895, Georg Cantor donnait la définition suivante d’un ensemble:
Nous appelons ensemble toute réunion M d’objets de notre concep-
tion, déterminés et bien distincts, que nous nommérons éléments de
M.
ou
Un ensemble est une collection dobjets (que l’on appelle éléments
de l’ensemble), ou une multitude qui peut être comprise comme un
tout.1
Cantor utilise les lettres majuscules pour les ensembles, et les lettres minuscules
pour les éléments d’ensembles. Comme lui, nous utilisons la notation
M = {x, y, c}
pour écrire en extension l’ensemble M qui contient exactement les éléments x, y et
c. Notons que l’élément x est bien distinct de l’ensemble {x} qui contient x!

Nous allons en plus adopter le point de vue extensionnaliste d’identifier deux


ensembles qui contiennent les mêmes éléments. Ainsi, par exemple, les ensembles
{1, 1, 2} et {1, 2}
sont égaux.
Soit c le nombre de souffles que Jules César a fait le dernier jour avant sa mort.
D’après la définition de Cantor,
E = {20000, c}
est un ensemble. C’est l’ensemble qui contient exactement le nombre 20000 et le
nombre c. D’après le point de vue extensionnaliste, nous ne pouvons pas savoir si cet
ensemble contient un élément ou deux, car il est tout à fait possible que c = 20000,
auquel cas on aurait E = {20000}.

Quelques notations:
Nous écrivons x ∈ E pour dire x appartient à E ou x est élément de E.
1
L’original en allemand est: Unter einer ’Menge’ verstehen wir jede Zusammenfassung M von
bestimmten, wohlunterscheidbaren Objekten m unserer Anschauung oder unseres Denkens (welche
die ’Elemente’ von M genannt werden) zu einem Ganzen.
17
18 2. THÉORIE DES ENSEMBLES

Nous dirons que E est une partie (ou: un sous-ensemble) de F si tout élément de E
est aussi un élément de F, et nous écrivons tout court E ⊂ F. Plus formellement,
E⊂F :⇔ ∀x (x ∈ E → x ∈ F).
Si E et F sont deux ensembles égaux, nous écrivons E = F. Avec notre définition
de la partie et avec le point de vue extensionnaliste, on a
E=F ↔ (E ⊂ F ∧ F ⊂ E).
Nous définissons la réunion E ∪ F comme l’ensemble qui contient tous les éléments
de E et de F, et l’intersection E ∩F comme l’ensemble qui contient tous les éléments
qui appartiennent à la fois à E et à F. La différence E \ F est l’ensemble de tous
les éléments dans E qui n’appartiennent pas à F. Si F ⊂ E, alors nous notons aussi
∁E F = E \ F et nous appelons ∁E F le complément de F dans E. Enfin, la différence
symétrique E△F est l’ensemble défini par E△F = (E \ F) ∪ (F \ E).
Il est important à noter que l’approche naı̈ve à la théorie des ensembles (basée
sur la définition de Cantor) est malheureusement contradictoire, comme Bertrand
Russell a démontré. Il a considéré l’ensemble E de tous les ensembles qui ne se
contiennent pas eux-mêmes:
(2.1) E = {F : F est ensemble et F < F}.
Si E ∈ E, alors par la définition de E, E < E. Mais si E < E, alors par la définition
de E, E ∈ E. On obtient donc E ∈ E ∧ E < E, ce qui est contradictoire.
Bertrand Russell a aussi formulé la variante suivante:
Epiménides, le crétois, dit: tous les crétois sont des menteurs. Est-ce
que Epiménides est un menteur?

2. Approche axiomatique à la théorie des ensembles


Dans la suite, toutes les lettres désignent des ensembles!!!

Dans cette partie, on va introduire la théorie des ensembles à partir de quelques


axiomes. Par ”définition”, un axiome est une règle sans prémisses. Ou un axiome
est par définition un théorème vrai qui ne nécessite pas de démonstration.

2.1. L’axiome de l’extensionalité. Le premier axiome nous dit quand est-ce


que deux ensembles sont égaux; encore une fois, nous adoptons le point de vue
extensionnaliste. Le premier axiome explique la signification du symbole = dans la
théorie des ensembles (voir le paragraphe précédent).
Axiome 1 (Extensionalité). Deux ensembles qui contiennent les mêmes éléments
sont égaux.
En langage des prédicats:
∀E ∀F (∀x(x ∈ E ↔ x ∈ F)) → E = F.
2. APPROCHE AXIOMATIQUE À LA THÉORIE DES ENSEMBLES 19

Nous rappelons que d’après cet axiome, deux ensembles E et F sont égaux si et
seulement si E ⊂ F et F ⊂ E. C’est cette caractérisation de l’égalité qu’on utilise
d’habitude pour montrer que deux ensembles sont égaux.
2.2. L’axiome de la compréhension. Le deuxième axiome permet de constru-
ire des ensembles à partir d’un ensemble donné et des propriétés données.
Axiome 2 (Compréhension). Si E est un ensemble et Px est une propriété, alors
il existe l’ensemble
{x ∈ E : Px}.
Notons que cet axiome de compréhension marque une différence importante par
rapport à l’approche naı̈f à la théorie des ensembles. Alors que la définition de
Cantor implique que
{x : x est un ensemble}
est un ensemble (l’ensemble universel de tous les ensembles!) et que
{x : x est un ensemble et x < x}
est aussi un ensemble (l’ensemble du paradoxe de Russell), l’axiome de
compréhension (Axiome 2) ne garantit pas que l’ensemble universel est vraiement un
ensemble. Au contraire: avec l’axiome de compréhension on peut même démontrer
que l’ensemble universel n’existe pas! En particulier, on ne peut pas construire
l’ensemble de tous les ensembles qui ne se contiennent pas eux-mêmes. Le paradoxe
de Russell qui montrait que l’approche naı̈f à la théorie des ensembles est contradic-
toire n’a donc plus de sens. Si on voulait démontrer que le système d’axiomes que
nous allons présenter ici est contradictoire, il faudrait trouver une autre contradic-
tion.
Proposition 2.1. On suppose les Axiomes 1 et 2. Alors pour tout ensemble E il
existe un ensemble F tel que F < E.
Démonstration. Soit E un ensemble quelquonque. On définit
F := {x ∈ E : x < x}.
D’après l’Axiome 2, F est un ensemble. On montre que F < E. Pour cela, on fait un
raisonnement par l’absurde.
Supposons alors que F ∈ E. Alors deux cas sont possibles. Soit F ∈ F, soit
F < F. Si F < F, alors par définition de F, on obtient F ∈ F. De même, par la
définition de F, si F ∈ F, alors F < F. On a donc trouvé F ∈ F et F < F, ce qui est
une contradiction. Ainsi, l’hypothèse F ∈ E est faux, c.à.d. F < E. 
Remarque 2.2. Le raisonnement dans cette démonstration (disjonction des deux
cas F ∈ F et F < F) est celui qu’on utilise dans le paradoxe de Russell, mais ici
c’est nécessaire que F ∈ E.
Les Axiomes 1 et 2 sont déjà suffisants pour définir l’intersection de deux en-
sembles et de dire que elle est de nouveau un ensemble.
20 2. THÉORIE DES ENSEMBLES

Définition 2.3 (Intersection). Soient E, F deux ensembles. On définit


E ∩ F := {x ∈ E : x ∈ F},
et on appelle E ∩ F l’intersection de E et de F. D’après l’Axiome 2, l’intersection
E ∩ F est un ensemble.
On a
E ∩ F = F ∩ E.
En effet, on a
x∈E∩F ↔ x∈E∧x∈F
↔ x∈F∧x∈E
↔ x ∈ F ∩ E.
L’égalité E ∩ F = F ∩ E est donc une conséquence de l’Axiome 1 et de la définition
de l’intersection.
Définition 2.4 (Différence). Soient E, F deux ensembles. On définit
E \ F := {x ∈ E : x < F},
et on appelle E \ F la différence de E et de F. D’après l’Axiome 2, la différence
E \ F est un ensemble.
2.3. L’axiome de l’existence.
Axiome 3 (Existence). Il existe un ensemble.
On suppose les Axiomes 1-3. Soit E un ensemble (qui existe d’après l’Axiome
3). Alors on peut définir
∅ := {x ∈ E : x , x}.
D’après l’Axiome 2, ∅ est un ensemble. On appelle ∅ l’ensemble vide. D’après
l’Axiome 1, l’ensemble ∅ est unique (sa définition ne dépend par exemple pas de
l’ensemble E de départ). L’ensemble vide est le premier (et jusqu’ici le seul!) en-
semble concret.

L’axiome de l’existence sera plus tard remplacé par un axiome plus fort, notam-
ment par l’axiome de l’existence d’un ensemble infini.

2.4. L’axiome de la réunion. L’existence de la réunion de deux ensembles n’est


pas encore garanti après les premiers trois axiomes, et en fait, il faut un axiome
supplémentaire pour garantir cette existence. Il y a deux version de l’axiome de
l’existence de la réunion: l’existence de la réunion de deux ensembles (ou d’un
nombre fini d’ensembles), et l’existence de la réunion d’une famille quelconque
d’ensembles.
La première version est la suivante.
2. APPROCHE AXIOMATIQUE À LA THÉORIE DES ENSEMBLES 21

Axiome 4 (Réunion). Si E et F sont deux ensembles, alors il existe un ensemble


qui contient tous les éléments de E et de F.
En langage des prédicats:
∀E ∀F ∃G ((x ∈ E ∨ x ∈ F) → x ∈ G).
Définition 2.5. Soient E et F deux ensembles, et soit G un ensemble qui contient
tous les éléments de E et de F (un tel ensemble existe d’après l’Axiome 4). Alors
on définit
E ∪ F := {x ∈ G : x ∈ E ∨ x ∈ F},
et on appelle E ∪ F la réunion de E et de F. D’après l’Axiome 2, la réunion est un
ensemble.
La définition de la réunion ne dépend pas de l’ensemble G d’après l’Axiome 1.
En plus, on a
E ∪ F = F ∪ E.
La deuxième version de l’axiome de la réunion est la suivante.

Axiome 4’ (Réunion). Pour tout ensemble E il existe un ensemble qui contient


tous les éléments des éléments de E.
En langage des prédicats:
∀E ∃F ∀x ∀X ((x ∈ X ∧ X ∈ E) → x ∈ F).

Remarque 2.6. Attention: les deux axiomes de la réunion sont indépendants l’un
de l’autre, c.à.d. le premier n’implique pas le deuxième et vice versa! Le deuxième
axiome de la réunion impliquerait le premier si pour tout pair E et F d’ensembles on
savait que {E, F} est un ensemble. Mais l’existence de l’ensemble {E, F} n’est pas
garantie avec les Axiomes 1-3.
2.5. L’axiome de l’ensemble des parties.
Axiome 5 (Ensemble des parties). Si E est un ensemble, alors il existe un ensem-
ble qui contient toutes les parties de E.
En langage des prédicats:
∀E ∃P ∀F (F ⊂ E → F ∈ P).
Définition 2.7. Soit E un ensemble, et soit P un ensemble qui contient toutes les
parties de E (un tel ensemble existe d’après l’Axiome 5). Alors on définit
P(E) := {F ∈ P : F ⊂ P},
et on appelle P(E) l’ensemble des parties de E.
L’axiome de l’ensemble des parties nous permet de construire de nouveaux en-
sembles. Rappelons que l’ensemble vide ∅ est toujours le seul ensemble concret dont
nous savons l’existence. Certainement, ∅ est une partie de ∅, et c’est en fait la seule
partie de ∅ (pourquoi?). D’après l’Axiome 5 et la Définition 2.7 nous savons alors
22 2. THÉORIE DES ENSEMBLES

que {∅} est un ensemble. Attention: {∅} n’est l’ensemble vide, mais c’est l’ensemble
qui contient ∅ comme seul élément.
Nous constatons ensuite que ∅ et {∅} sont deux parties de l’ensemble {∅}, et que
ce sont en fait les deux seules parties (pourquoi?). Ainsi, d’après l’Axiome 5 et la
Définition 2.7, nous savons que {∅, {∅}} est un ensemble.
Si nous continuous ce procédé de construire l’ensemble des parties, nous voyons
que l’Axiome de l’ensemble des parties (avec l’Axiome de l’existence d’un ensem-
ble) garantit l’existence d’une infinité d’ensembles. Ce sont
∅,
{∅},
{∅, {∅}},
{∅, {∅}, {{∅}}, {∅, {∅}}},
..
.
Malheureusement, aucun des ces ensembles contient une infinité d’éléments, et en
fait, l’existence d’un ensemble infini (pratiquement, l’existence de N) est seule-
ment la conséquence d’un autre axiome que nous allons discuter dans le troisième
chapitre.

3. Le produit cartésien
Définition 2.8 (Couple ordonné). Soient E et F deux ensembles, et soient x ∈ E
et y ∈ F. Alors on définit le couple ordonné (x, y) par
(x, y) := {{x}, {x, y}}.
On doit vérifier si (x, y) est vraiement un ensemble dont l’existence est assuré
par les Axiomes 1-5. Premièrement,
{x} = {z ∈ E : z = x}
et
{x, y} = {z ∈ E ∪ F : z = x ∨ z = y}
sont des ensembles; en fait, ce sont tous les deux parties de E ∪ F. On utilisera
l’Axiome 4 de la réunion et l’Axiome 2 de la compréhension pour voir ça. Par
l’Axiome 5 de l’ensemble des parties, P(E ∪ F) est un ensemble, et {x}, {x, y} ∈
P(E ∪ F). Donc
{{x}, {x, y}} = {z ∈ P(E ∪ F) : z = {x} ∨ z = {x, y}}
est un ensemble (on applique l’Axiome 2 de la compréhension encore une fois), qui
est partie de P(E ∪ F), ou élément de P(P(E ∪ F)).

Le lemme suivant justifie d’appeler (x, y) couple ordonné. La propriété dans


le lemme suivant sert des fois comme définition de couple ordonné, mais nous
préférons de définir le couple ordonné comme un ensemble.
3. LE PRODUIT CARTÉSIEN 23

Lemme 2.9. On a
(x, y) = (x′ , y′ ),
si et seulement si
x = x′ et y = y′ .
Démonstration. Premièrement, l’implication
(x = x′ ∧ y = y′ ) → (x, y) = (x′ , y′ )
est une conséquence de la définition du couple ordonné.
Puis, on a les équivalences
(x, y) = (x′ , y′ ) ↔ {{x}, {x, y}} = {{x′ }, {x′ , y′ }}
↔ {x} ∈ {{x′ }, {x′, y′ }} ∧ {x, y} ∈ {{x′ }, {x′ , y′ }} ∧
∧{x′ } ∈ {{x}, {x, y}} ∧ {x′ , y′ } ∈ {{x}, {x, y}}
↔ ({x} = {x′ } ∨ {x} = {x′ , y′ }) ∧
∧({x, y} = {x′ } ∨ {x, y} = {x′ , y′ }) ∧
∧(({x′ } = {x} ∨ {x′ } = {x, y}) ∧
∧({x′ , y′ } = {x} ∨ {x′ , y′ } = {x, y})
On va distinguer plusieurs cas. Premièrement,
{x} = {x′ } ∧ {x, y} = {x′ , y′ } → x = x′ ∧ {x, y} = {x, y′ }
→ x = x′ ∧ (y = x ∨ y = y′ ) ∧ {x, y} = {x′ , y′ }
→ (x = x′ = y ∨ (x = x′ ∧ y = y′ )) ∧ {x, y} = {x′ , y′ }
→ x = x′ = y = y′ ∨ (x = x′ ∧ y = y′ )
→ (x = x′ ∧ y = y′ ).
Deuxèmement,
{x} = {x′ , y′ } ∧ {x, y} = {x′ , y′ } → x = x′ = y′ ∧ {x, y} = {x, y′ }
→ x = x′ = y′ ∧ {x, y} = {x′ }
→ x = x′ = y = y′
→ (x = x′ ∧ y = y′ ).
Troisiémement,
{x} = {x′ , y′ } ∧ {x, y} = {x′ } → x = x′ = y′ ∧ x = y = x′
→ x = x′ = y = y′
→ (x = x′ ∧ y = y′ )
Quatrièmement,
{x} = {x′ } ∧ {x, y} = {x′ } → x = x′ ∧ x = y = x′
→ x = x′ = y.
24 2. THÉORIE DES ENSEMBLES

Dans le quatrième cas, la propriété {x′ , y′ } = {x} ∨{x′ , y′ } = {x, y} devient simplement
{x′ , y′ } = {x}. Ceci implique x = x′ = y′ , et avec le quatrième cas, on obtient
x = x′ = y = y′ .
Donc, dans tous les cas, x = x′ et y = y′ . 
Définition 2.10. Soient E et F deux ensembles. On définit le produit cartésien
E × F par
E × F := {z ∈ P(P(E ∪ F)) : ∃x ∈ E ∃y ∈ F (z = (x, y))}.
Le produit cartésien est un ensemble d’après les Axiome 4 et 5 (qui impliquent
que P(P(E ∪ F)) est un ensemble) et d’après l’Axiome 2 de compréhension.
Afin d’allegér la notation, on va noter
(x, y, z) au lieu de ((x, y), z) ou (x, (y, z))
et
E × F × G au lieu de (E × F) × G ou E × (F × G).
De manière similaire pour les produits cartésiens de quatre ou plus d’ensembles.
Définition 2.11 (Relation). Soient E et F deux ensembles. Une relation de E
dans F est une partie R de E × F. Si E = F, alors on dit simplement que R est une
relation dans E. Si R ⊂ E ×F est une relation, alors on écrit xRy au lieu de (x, y) ∈ R.

4. Relations d’équivalence
Définition 2.12. Soit E un ensemble. Une relation ∼ dans E est appelée relation
d’équivalence si les trois propriétés suivantes sont satisfaites:
(i) (Reflexivité) Quelque soit x ∈ E, on a x ∼ x.
(ii) (Symétrie) Quelque soit x, y ∈ E, on a x ∼ y si et seulement si y ∼ x.
(iii) (Transitivité) Quelque soit x, y, z ∈ E, si x ∼ y et y ∼ z, alors x ∼ z.
Exemple 2.13. Supposons que l’ensemble Z est déjà construit. On dit qu’un
nombre n ∈ Z est divisible par 3, s’il existe un entier m ∈ Z tel que n = 3m. On
définit une relation ∼ dans Z par
x∼y :⇔ x − y est divisible par 3.
Cette relation ∼ est une relation d’équivalence, parce que:
(i) Si x ∈ Z, alors x − x = 0 est divisible par 3. Donc x ∼ x pour tout x ∈ Z, c.à.d. ∼
est reflexive.
(ii) Si x, y ∈ Z, et si x ∼ y, alors x − y est divisible par 3. Alors y − x est aussi
divisible par 3, et donc y ∼ x. Ainsi, ∼ est symétrique.
(iii) Si x, y, z ∈ Z sont tels que x ∼ y et y ∼ z, alors x−y 3
et y−z
3
sont des entiers. En
prenant la somme, on voit que x−z 3
est entier, c.à.d. x ∼ z. Ainsi, ∼ est transitive.
Bien sur, dans cet exemple, le nombre 3 peut être remplacé par n’importe quel
autre nombre n ∈ Z \ {0}.
4. RELATIONS D’ÉQUIVALENCE 25

Définition 2.14. Soit E un ensemble, et soit ∼ une relation d’équivalence dans


E. Pour tout x ∈ E on définit la classe d’équivalence x̄ par
x̄ := {y ∈ E : x ∼ y}.
En plus, on définit l’ensemble E/F de toutes les classes d’équivalences par
E/∼:= {A ∈ P(E) : ∃x ∈ E (A = x̄)},
et on appelle E/ ∼ le quotient de E par la relation ∼.
Définition 2.15. Soit E un ensemble. Une partition P de E est un sous-ensemble
de P(E) vérifiant les trois propriétés suivantes:
(i) ∀A ∈ P (A , ∅),
(ii) ∀A, B ∈ P (A , B → A ∩ B = ∅), c.à.d. les ensembles dans P sont mutuellement
disjoints,
S et
(iii) A∈P A = E.
Proposition 2.16. Soit E un ensemble non-vide, et soit ∼ une relation
d’équivalence dans E. Alors l’ensemble des classes d’équivalences E/ ∼ est une
partition de E.
Démonstration. (i) Pour tout x ∈ E on a x ∼ x par réflexivité de ∼. Donc, x ∈ x̄,
ce qui implique que toute classe d’équivalence est non-vide.
(ii) On démontre l’implication
∀x, y ∈ E ( x̄ , ȳ → x̄ ∩ ȳ = ∅)
par contraposition. Supposons que x̄ ∩ ȳ , ∅. Alors il existe un élément z dans x̄ ∩ ȳ,
et pour cet élément z on a
x ∼ z et y ∼ z.
Comme la relation ∼ est symétrique et transitive, ceci implique
x ∼ y.
On démontre qu’alors x̄ = ȳ. En fait, si u ∈ x̄, alors x ∼ u. Comme on a aussi
x ∼ y, et comme ∼ est symétrique et transitive, on obtient y ∼ u, et donc u ∈ ȳ.
Inversement, si u ∈ ȳ, alors y ∼ u. Comme on a aussi x ∼ y, et comme ∼ est
symétrique et transitive, on obtient x ∼ u, et donc u ∈ x̄. On a donc démontré que
x̄ = ȳ (Axiome 1) si x̄ ∩ ȳ , ∅.
(iii) En utilisant la propriété x ∈ x̄, on obtient
[ [
E= {x} ⊂ x̄ ⊂ E,
x∈E x∈E


S
ou, d’après l’Axiome 1, E = x∈E x̄.
Exemple 2.17. Soit ∼ la relation sur Z qui a été définie dans l’Exemple 2.13.
Alors la classe d’équivalence qui contient 0 est
0̄ = {x ∈ Z : x ∼ 0}
= {x ∈ Z : x est divisible par 3},
26 2. THÉORIE DES ENSEMBLES

et de manière similaire,
1̄ = {x ∈ Z : x − 1 est divisible par 3}
et
2̄ = {x ∈ Z : x − 2 est divisible par 3}
On voit que 0̄ ∪ 1̄ ∪ 2̄ = Z, et donc, d’après la Proposition 2.16, il n’y a pas d’autres
classes d’équivalences. Par exemple, on a 0̄ = 3̄, car 0 ∼ 3.
On trouve alors que le quotient de Z par la relation d’équivalence ∼ (ou:
l’ensemble des classes d’équivalences) est donné par
Z/ ∼= {0̄, 1̄, 2̄}.
Ce quotient sera aussi noté Z/3Z.
La proposition suivante est une réciproque à la Proposition 2.16.
Proposition 2.18. Soit E un ensemble non-vide, et soit P une partition de E.
Alors la relation ∼ définie par
x∼y :⇔ ∃A ∈ P (x ∈ A ∧ y ∈ A)
est une relation d’équivalence dans E, et E/∼= P.

5. Relations d’ordre
Définition 2.19. Soit E un ensemble. Une relation ≤ dans E est appelée relation
d’ordre dans E si les trois propriétés suivantes sont satisfaites:
(i) (Reflexivité) Quelque soit x ∈ E, on a x ≤ x.
(ii) (Anti-symétrie) Quelque soit x, y ∈ E, si x ≤ y et y ≤ x, alors x = y.
(iii) (Transitivité) Quelque soit x, y, z ∈ E, si x ≤ y et y ≤ z, alors x ≤ z.
Un ensemble muni d’une relation d’ordre est dit ordonné.
Exemple 2.20. Soit E un ensemble, et soit P(E) l’ensemble des parties de E.
Alors l’inclusion ⊂ est une relation d’ordre dans P(E). (Exercice).
Exemple 2.21. On suppose que l’ensemble N des entiers relatifs est déjà con-
struit. Soit N∗ = N \ {0}. Pour deux éléments n, m ∈ N∗ on définit
n|m :⇔ n divise m.
Alors | est une relation d’ordre dans N∗ . En fait:
(i) Quelque soit n ∈ N∗ on a que n divise n, ou n|n. La relation | est donc reflexive.
(ii) Quelque soit n, m ∈ N∗ , si n divise m, et si m divise n, alors n = m. La relation |
est donc anti-symétrique.
(iii) Quelque soit k, n, m ∈ N∗ , si k divise n, et si n divise m, alors k divise m. La
relation | est donc transitive.
Définition 2.22. Soit E un ensemble, et soit ≤ une relation d’ordre dans E. Soit
A ⊂ E, A , ∅.
5. RELATIONS D’ORDRE 27

(i) On dit que l’ordre est total si


∀x, y ∈ E (x ≤ y ou y ≤ x).
(ii) On dit que l’ordre est partiel, s’il n’est pas total.
(iii) On dit que m ∈ E est un majorant (resp. minorant) de A si
∀x ∈ A (x ≤ m) (resp. (m ≤ x)).
(iv) On dit que M ∈ A est un plus grand élément (resp. plus petit élément) de A
si M est un majorant de A (resp. un minorant de A).
(v) On dit que m ∈ E est une borne supérieure (resp. borne inférieure) de A, et
on note m =: sup A (resp. m =: inf A), si m est le plus petit des majorants
(resp. le plus grand des minorant).
(vi) On dit que M ∈ E est maximal dans A si M ∈ A et si
∀x ∈ A (M ≤ x → M = x).
(vii) On dit que M ∈ E est minimal dans A si M ∈ A et si
∀x ∈ A (x ≤ M → M = x).
Proposition 2.23. Soit E un ensemble ordonné, et soit A ⊂ E tel que A , ∅.
Si A admet un plus grand élément (resp. un plus petit élément, resp. une borne
supérieure, resp. une borne inférieure), alors cet élément est unique.
Démonstration. Soient M et N deux plus grand éléments dans A. Alors M ∈ A,
N ∈ A, et M et N sont des majorants de A. Comme M est majorant de A, alors
N ≤ M. Comme N est majorant de A, alors M ≤ N. Comme la relation d’ordre ≤ est
anti-symétrique, on obtient que M = N. Donc, il y a au plus un plus grand élément
dans A.
D’une manière similaire, on montre qu’il y a au plus un plus petit élément.
Le fait qu’il y a au plus une borne supérieure et au plus une borne inférieure de
A est une conséquence de la définition de la borne supérieure comme plus petit des
majorants (resp. de la borne inférieure comme plus grands des minorants) et de ce
qu’on vient de démontrer sur l’unicité du plus petit (resp. plus grand) élément. 
Proposition 2.24. Soit E un ensemble ordonné, et soit A ⊂ E tel que A , ∅.
Alors l’élément M ∈ E est le plus grand élément (resp. plus petit élément) de A si et
seulement si M ∈ A et M = sup A (resp. M = inf A).
Proposition 2.25. On considère l’ensemble ordonné (R, ≤). Soit A ⊂ R non-vide,
et soient m, M ∈ R. Alors
(i) M = sup A si et seulement si
∀x ∈ A (x ≤ M) et ∀ε > 0 ∃xε ∈ A (M − ε ≤ xε ), et
(ii) m = inf A si et seulement si
∀x ∈ A (m ≤ x) et ∀ε > 0 ∃xε ∈ A (xε ≤ m + ε).
28 2. THÉORIE DES ENSEMBLES

Exemples 2.26. (i) Dans (R, ≤) l’intervalle A = [0, 1[ admet un plus petit élément
(qui est 0), mais pas de plus grand élément. De plus, sup A = 1 et inf A = 0.
(ii) Dans (Q, ≤), l’ensemble A = {x ∈ Q : x2 ≤ 2} n’a pas de borne supérieure, et
donc a fortiori pas de plus grand élément.
(iii) Dans (N∗ , |), tout nombre premier est minimal.
(iv) Dans (P(Ω), ⊂) on a sup{A, B} = A ∪ B et inf{A, B} = A ∩ B.
6. Fonctions et applications
Définition 2.27 (Fonction, application). Soient E et F deux ensembles. Une
fonction de E dans F est une relation de E dans F ayant la propriété que si x, x′ ∈ E
et y ∈ F sont tels que (x, y) ∈ f et (x′ , y) ∈ f , alors x = x′ . Si (x, y) ∈ f , alors on
appelle x l’antécédant de y, et y l’image de x. On note
f : E → F,
x 7→ y = f (x)
pour dire que f est une fonction de E dans F, et que f (x) est l’image de x.
Si f est une fonction de E dans F, alors nous appelons
D( f ) := {x ∈ E : ∃y ∈ F (x, y) ∈ f }
le domaine de définition de f . C’est donc l’ensemble de tous les x qui possèdent une
image.
Une application de E dans F est une fonction de E dans F donc le domaine de
définition est E.
La fonction f = ∅ est appelée la fonction vide.
Définition 2.28 (Injection, surjection, bijection). Soient E et F deux ensembles.
On dit qu’une fonction f de E dans F est
- injective si
∀x, y ∈ E ( f (x) = f (y) → x = y),
- surjective si
∀y ∈ F ∃x ∈ E ( f (x) = y).
Une injection est une application injective. Une surjection est une application sur-
jective. Une bijection est une application qui est injection et surjection.
Exemple 2.29. Soit E un ensemble. L’application identique 1E : E → E définie
par 1E (x) = x est une bijection.
Définition 2.30 (Composition de fonctions). Soient E, F et G trois ensembles.
Si f : E → F et f : F → G sont deux fonctions de domaine de définition respectifs
D( f ) et D(g), alors la composée g◦ f est la fonction de E dans G définie par g◦ f (x) =
g( f (x)), son domaine de définition étant l’ensemble D(g ◦ f ) = {x ∈ E : x ∈ D( f ) et
f (x) ∈ D(g)}.
Proposition 2.31. La composée de deux applications (resp. injections, resp. sur-
jections, resp. bijections) est une application (resp. injection, resp. surjection, resp.
bijection).
7. LOIS DE COMPOSITION 29

Proposition 2.32. Si f est une bijection de E dans F, alors il existe une unique
bijection g de F dans E vérifiant g ◦ f = 1E et f ◦ g = 1F .
Définition 2.33 (Bijection réciproque). Soit f une bijection de E dans F. Alors
l’unique bijection g de F dans E vérifiant g ◦ f = 1E et f ◦ g = 1F (Proposition 2.32)
est appelée bijection réciproque et on note g =: f −1 .
Définition 2.34 (Images directes et réciproques). Soit f : E → F une fonction,
et soient A ⊂ E, B ⊂ F. On pose
f (A) = {y ∈ F : ∃x ∈ A ( f (x) = y)} et
−1
f (B) = {x ∈ E : ∃y ∈ B (y = f (x))},
et on appelle f (A) l’image directe de A, et f −1 (B) l’image réciproque de B.
Proposition 2.35. Soient f : E → F une fonction et Ai ⊂ E, Bi ⊂ F pour i ∈ I.
Alors
(i) f (AS1 ∪ A2 ) = Sf (A1 ) ∪ f (A2 ),
(ii) f ( i∈I Ai ) = i∈I f (Ai ),
(iii) f −1(B −1 −1
1 ∪ B2 ) =Sf (B1 ) ∪ f (B2 ),
−1 S −1
(iv) f ( i∈I Bi ) = i∈I f (Bi ),
(v) f −1 (BT1 ∩ B2 ) = Tf −1(B1 ) ∩ f −1 (B2 ),
−1
(vi) f ( i∈I Bi ) = i∈I f −1 (Bi ),
(vii) f −1 (∁F B) = ∁E f −1 (B).
Exercice 2.36. Donner un exemple qui montre qu’en général f (A1 ∩ A2 ) ,
f (A1 ) ∩ f (A2 ). Est-ce qu’au moins une des inclusions f (A1 ∩ A2 ) ⊃ f (A1 ) ∩ f (A2 )
ou f (A1 ∩ A2 ) ⊂ f (A1 ) ∩ f (A2 ) est vraie?
Exercice 2.37. Si E et F sont deux ensembles, alors on note F E pour l’ensemble
des applications de E dans F.
(a) Montrer que si E contient n éléments, et si F contient m éléments, alors F E
contient mn éléments.
(b) Trouver une bijection entre R × R -le produit cartésien - et R2 - l’ensemble de
toutes les applications de 2 (vu comme un ensemble; voir le prochain chapitre) et R.
7. Lois de composition
Définition 2.38. Une loi interne T sur E est une application T : E × E → E. On
note xT y au lieu de T (x, y) l’image de (x, y) ∈ E × E.
Une loi externe sur E à domaine d’opérateurs dans K est une application T :
K × E → E. On note λT x au lieu de T (λ, x) l’image de (λ, x) ∈ K × E.
Exemples 2.39. (i) L’addition + et la multiplication · sont des lois internes dans
R (resp. N, Z, Q).
(ii) Si E est un ensemble, alors la composition ◦ est une loi interne dans l’ensemble
des applications de E dans E.
(iii) Si E est un ensemble, alors l’intersection ∩ et la différence symétrique △ sont
des lois internes dans P(E) (l’ensemble des parties de E).
30 2. THÉORIE DES ENSEMBLES

Définition 2.40. Soit E un ensemble. Une loi interne T sur E est dite
- commutative si ∀x, y ∈ E on a xT y = yT x,
- associative si ∀x, y, z ∈ E on a (xT y)T z = xT (yT z),
- distributive par rapport à une deuxième loi interne S si ∀x, y, z ∈ E on a xT (yS z) =
(xT y)S (xT z) et (xS y)T z = (xT z)S (yT z).
La loi interne T admet un élément neutre e ∈ E si ∀x ∈ E on a xT e = eT x = x. Si
T admet un élément neutre, alors un élément inverse de x ∈ E est un élément x′ ∈ E
tel que xT x′ = x′ T x = e.
Lemme 2.41. Soit E un ensemble, et soit T une loi interne sur E. Alors:
(i) il existe au plus un élément neutre, et
(ii) si T admet un élément neutre et si T est associative, alors pour tout x ∈ E il
existe au plus un élément inverse.
Démonstration. (i) Soient e et e′ deux éléments neutres. Alors
e = eT e′ ,
parce que e′ est élément neutre, et
eT e′ = e′ ,
parce que e est élément neutre. Donc, e = e′ , ce qui veut dire qu’il existe au plus un
élément neutre.
(ii) Soit e ∈ E l’élément neutre. Soit x ∈ E, et soient x′ , x′′ ∈ E deux éléments
inverse. Alors, comme e est élément neutre, et comme x′′ est élément inverse de x,
x′ = x′ T e = x′ T (xT x′′ ).
De la même manière,
x′′ = eT x′′ = (x′ T x)T x′′ .
Comme T est associative, on obtient donc x′ = x′′ , ce qui veut dire qu’il existe au
plus un élément inverse. 
Exemples 2.42. (i) L’addition + et la multiplication · dans R sont commutatives
et associatives, et la multiplication est distributive par rapport à l’addition. L’élément
0 est un élément neutre pour l’addition, et 1 est un élément neutre pour la multipli-
cation.
(ii) Si E est un ensemble, et si
Sym (E) := { f ∈ P(E × E) : f est une bijection}
est l’ensemble de bijections de E dans E, alors la composition ◦ est une loi interne
sur Sym (E) qui est associative, mais non commutative (exemple!). L’application
identique 1E est l’élément neutre, et si f ∈ Sym (E), alors la fonction réciproque f −1
est l’élément inverse.
(iii) L’intersection ∩ et la différence symétrique △ dans P(E) sont commutatives et
associatives, et l’intersection est distributive par rapport à la différence symétrique.
L’élement neutre pour l’intersection est l’ensemble E, l’élément neutre pour la
7. LOIS DE COMPOSITION 31

différence symétrique est l’ensemble vide ∅. Si A est une partie de E, alors son in-
verse par rapport à la différence symétrique est A. En général, il n’y a pas d’élément
inverse pour l’intersection.
Définition 2.43 (Anneau). Un triplet (A, +, ·) qui consiste d’un ensemble A et de
deux lois internes + et · sur A est appelé anneau (unitaire) si
(i) l’addition + est commutative, associative, admet un élément neutre (noté 0), et
tout élément x ∈ A admet un élément inverse pour l’addition, et
(ii) la multiplication · est associative, distributive par rapport à l’addition, et admet
un élément neutre (noté 1).
Si de plus, la multiplication · est commutative, alors on dit que (A, +, ·) est un anneau
commutative.
Exemples 2.44. (Z, +, ·), (Q, +, ·), (R, +, ·) et (P(E), △, ∩) sont des anneaux com-
mutatives.
CHAPITRE 3

Arithmétique

1. L’axiome de l’ensemble infini et définition de N


Jusqu’ici, dans les exemples, on a déjà utilisé les ensembles N, Z, Q, R, munis
des lois internes qui sont l’addition et la multiplication, et munis de l’ordre ≤. On a
supposé que ces ensembles sont connus.

Dans ce chapitre on va définir N (à partir d’un nouvel axiome) et ensuite con-
struire Z à partir de N. Ce sera un exercice de construire Q à partir de Z. On ne va
pas décrire une construction de R ici.

Afin de pouvoir définir N on a besoin de l’axiome suivant qui garantit l’existence


d’un ensemble infini, et bien un peu plus. L’axiome suivant est donc une extension
de l’axiome de l’existence d’un ensemble (Axiome 3).

Axiome 6 (Existence d’un ensemble récursif). Il existe un ensemble récursif E


avec les propriétés suivantes:
(i) ∅ ∈ E et
(ii) si x ∈ E, alors x ∪ {x} ∈ E.

Définition 3.1 (de N). Soit E un ensemble récursif (Axiome 6). On définit
\
N := {F ∈ P(E) : F est récursif}

comme l’intersection de tous les sous-ensembles récursifs de E.

Par définition, l’ensemble N est le plus petit ensemble récursif. L’ensemble N


contient exactement les éléments

∅,
{∅} = ∅ ∪ {∅},
{∅, {∅}} = {∅} ∪ {{∅}},
{∅, {∅}, {∅, {∅}}} = {∅, {∅}} ∪ {{∅, {∅}}},
..
.
33
34 3. ARITHMÉTIQUE

Afin d’alléger la notation, on définit


0 := ∅,
1 := {∅} = {0},
2 := {∅, {∅}} = 1 ∪ {1} = {0, 1},
3 := 2 ∪ {2} = {0, 1, 2},
4 := 3 ∪ {3} = {0, 1, 2, 3},
5 := 4 ∪ {4} = {0, 1, 2, 3, 4},
..
.
et alors N est l’ensemble qui contient exactement les éléments 0, 1, 2, 3, 4, 5, . . . .
L’existence de l’ensemble N est maintenant garantit par l’Axiome 6.
On remarque qu’avec la définition ci-dessus les nombres 0, 1, 2, 3, 4, 5, . . .
sont des ensembles! Par exemple, le nombre 4 est l’ensemble qui contient les quatre
éléments 0, 1, 2 et 3. Avec ce point de vue, il est naturel de définir l’ordre suivant
sur N.
Proposition 3.2 (Ordre sur N). Pour tout n, m ∈ N on définit
n≤m :⇔ n ⊂ m.
Alors ≤ est une relation d’ordre dans N.
Proposition 3.3 (Addition sur N). On définit l’addition + : N × N → N comme
suivant: on définit premièrement
n + 0 := n et
n + 1 := n ∪ {n},
et si n + m est déja définit, alors
n + (m + 1) := (n + m) + 1.
Alors l’addition + est une loi interne sur N qui est commutative, associative, et qui
admet 0 comme élément neutre.
Proposition 3.4 (Multiplication sur N). On définit la multiplication · : N×N → N
comme suivant: on définit premièrement
n · 0 := 0 et
n · 1 := n,
et si n · m est déja définit, alors
n · (m + 1) := (n · m) + n.
Alors la multiplication · est une loi interne sur N qui est commutative, associative,
distributive par rapport à l’addition, et qui admet 1 comme élément neutre.
2. CONSTRUCTION DE Z 35

2. Construction de Z
En supposant que (N, +, ·, ≤) est construit, on va maintenant construire Z à l’aide
d’une relation d’équivalence.
Proposition 3.5. Pour tout (a, b), (c, d) ∈ N2 on pose
(a, b) + (c, d) := (a + c, b + d) et
(a, b) · (c, d) := (ac + bd, ad + bc),
et on définit une relation ∼ par
(a, b) ∼ (c, d) :⇔ a + d = b + c.
Alors + et · sont des lois internes sur N2 , et ∼ est une relation d’équivalence dans
N2 . En plus, pour tout (a, b), (c, d), (a′ , b′), (c′ , d ′) ∈ N2 on a

(a, b) ∼ (a′ , b′) et (c, d) ∼ (c′ , d ′) ⇒


⇒ (a, b) + (c, d) = (a′ , b′) + (c′ , d ′) et (a, b) · (c, d) = (a′ , b′ ) · (c′ , d ′).
Définition 3.6 (de Z). On pose
Z := N/∼,
et on appelle Z l’ensemble des entiers relatifs. Sur Z, on définit l’addition + et la
multiplication · par
(a, b) + (c, d) := (a, b) + (c, d) et
(a, b) · (c, d) := (a, b) · (c, d).
Remarques 3.7. (a) On remarque premièrement que pour tout élément (a, b) dans
Z il existe un n ∈ N tel que
(a, b) = (n, 0) ou (a, b) = (0, n).
Afin de voir cela, il suffit de démontrer que pour tout (a, b) ∈ N2 il existe un n ∈ N
tel que
a = b + n ou a + n = b.
En conséquent, tous les éléments de Z s’ecrivent de la forme (n, 0) ou (0, n) pour un
n ∈ N.
(b) On remarque deuxièmement que pour tout (a, b) ∈ N2 on a
(a, b) + (b, a) = (b, a) + (a, b) = (a + b, a + b),
et que (a + b, a + b) = (0, 0) est l’élément neutre pour l’addition. En particulier, tout
élément de Z admet un élément inverse pour l’addition.
Proposition 3.8. Soient Z, l’addition + et la multiplication · sur Z comme ci-
dessus. Alors (Z, +, ·) est un anneau.
36 3. ARITHMÉTIQUE

Proposition 3.9. L’application


i : N → Z,
n 7→ (n, 0),
est injective. En plus, pour tout n, m ∈ N on a
i(n + m) = i(n) + i(m) et
i(n · m) = i(n) · i(m).
Si on identifie N avec son image direct i(N), alors on peut dire que N est un
sous-ensemble de Z, et l’addition et la multiplication dans N coincide (sous cette
indentification) avec l’addition et la multiplication dans Z.
Dans la suite, on va identifier N avec son image direct i(N). En plus, on note les
éléments de Z simplement n, m, k, . . . . Si n ∈ Z, alors on note −n l’élément inverse
pour l’addition. On écrit n − m au lieu de n + (−m).
D’après la Remarque 3.7 (a), pour tout n ∈ Z on a
n∈N ou − n ∈ N.
Proposition 3.10. On définit, pour tout n, m ∈ Z,
n≤m :⇔ m − n ∈ N.
Alors ≤ est une relation d’ordre sur Z qui, quand on la restreint sur N, coincide avec
la relation d’ordre sur N.

3. L’algorithme d’Euclide
Définition 3.11. Pour tout n ∈ Z on définit la valeur absolue |n| par |n| :=
sup{n, −n}.
Proposition 3.12. Pour tout n, m ∈ Z on a
|n| = 0 ⇔ n = 0,
|n + m| ≤ |n| + |m| et
|n · m| = |n| · |m|.
Proposition 3.13 (Division avec reste). Pour tout n, m ∈ Z, m , 0, il existe des
éléments unique q, r ∈ Z tel que
n=q·m+r et 0 ≤ r < |m|.
Démonstration. Unicité: Supposons qu’il y a deux solutions pour la division
avec reste, c.à.d. supposons que q1 , q2 , r1 , r2 ∈ Z sont tels que
n = q1 · m + r 1 et 0 ≤ r1 < |m| et
n = q2 · m + r 2 et 0 ≤ r2 < |m|.
Alors
m · (q2 − q1 ) = r1 − r2
3. L’ALGORITHME D’EUCLIDE 37

ce qui implique
|m| · |q2 − q1 | = |r1 − r2 |.
Ainsi, on trouve que |r1 − r2 | ≥ 0 est un multiple de |m|. Avec la condition 0 ≤ r1 ,
r2 < |m|, ce n’est possible que si |r1 − r2 | = 0 ce qui implique d’un côté r1 = r2
et d’autre côté |m| · |q2 − q1 | = 0. Comme m , 0, on trouve alors nécessairement
q1 = q2 . On a donc démontré unicité.
Existence: On suppose que m > 0; le cas m < 0 se démontre d’uns façon
similaire. Si m > 0, alors il existe un q ∈ Z tel que
(3.1) q · m ≤ n < (q + 1) · m.
En fait, l’ensemble A = {q′ ∈ Z : q · m ≤ n} est borné supérieurement. En plus, dans
Z, toute partie non-vide majorée admet une borne supérieure. Si on pose q = sup A,
alors on trouve (3.1). Après avoir établit (3.1), il suffit de poser r = n − q · m. 
Exemples 3.14.
n = 20, m = 7, 20 = 7 · 2 + 6;
n = 20, m = −7, 20 = (−7) · (−2) + 6;
n = −20, m = 7, −20 = 7 · (−3) + 1;
n = −20, m = −7, −20 = (−7) · 3 + 1.
Définition 3.15. Soient a, b ∈ Z, a , 0.
(i) On dit que a divise b s’il existe q ∈ Z tel que aq = b.
(ii) On dit que a est premier si les seuls diviseurs de a sont a, −a, 1 et −1.
(iii) Le plus grand commun diviseur de a et b (noté a ∧ b ou pgcd (a, b)) est le plus
grand des diviseurs communs à a et à b. (iv) On dit que a est premier avec b si
a ∧ b = 1.
Théorème 3.16 (Algorithme d’Euclide). Soient a, b ∈ Z, a , 0. On pose
r−1 := a et
r0 := b.
Si r j−1 et r j sont donnés, et si r j , 0, alors il existe des uniques éléments q j , r j+1 ∈ Z
tels que
(3.2) r j−1 = r j q j + r j+1 et 0 ≤ r j+1 < |r j |;
(division avec reste). Alors il existe un n ∈ N ∪ {−1} tel que rn+1 = 0 et rn , 0. Pour
ce dernier reste non nul on a rn = a ∧ b.
Démonstration. Si n = −1, c.á.d. si a est le dernier reste non nul et b = 0, alors
a = a ∧ b, et il n’y a plus rien a démontrer. Si n = 0, c.à.d. si b est le dernier reste
non nul (b est un diviseur de a), alors b = a ∧ b, et il n’y a plus rien à démontrer non
plus. Donc, on suppose que n ≥ 1.
On montre premièrement que
(3.3) ∀ 0 ≤ j ≤ n − 1 : r j−1 ∧ r j = r j ∧ r j+1 .
38 3. ARITHMÉTIQUE

Plus particulièrement, on montre la proposition plus forte:


∀ 0 ≤ j ≤ n − 1 ∀d ≥ 1 : d est diviseur commun de r j−1 et r j si et
seulement si d est diviseur commun de r j−1 et r j .
Il est clair que cette proposition implique (3.3).
Soit d un diviseur commun de r j−1 et r j . Alors il existe des nombres k, l ∈ Z tel
que r j−1 = d k et r j = d l. Par l’algorithme (3.2),
r j+1 = r j−1 − q j r j
= d (k − q j l),
et donc d est diviseur de r j+1 . Comme d est toujours diviseur de r j , alors d est
diviseur commun de r j et r j+1 .
Si d est diviseur commun de r j et r j+1 alors on démontre de la même façon que
d est diviseur commun de r j−1 et r j .
On obtient donc la propriété (3.3).
De cette propriété on obtient
a ∧ b = r0 ∧ r1 = · · · = rn−1 ∧ rn .
Mais d’après l’algorithme (3.2),
rn−1 = rn qn + rn+1 = rn qn ,
parce que rn+1 = 0, et donc rn est diviseur de rn−1 . Ceci implique rn−1 ∧ rn = rn , et le
théorème est démontré. 
Dans la suite, si a ∈ Z, alors
aZ = {an : n ∈ Z}.
Proposition 3.17 (Relation de Bezout). Soient a, b ∈ Z, a , 0. Alors
(3.4) aZ + bZ = (a ∧ b)Z.
Démonstration. L’inclusion
aZ + bZ ⊂ (a ∧ b)Z
est facile.
Afin de démontrer l’autre inclusion
aZ + bZ ⊃ (a ∧ b)Z,
il suffit de démontrer que a ∧ b ∈ (aZ + bZ) ce qui veut dire que
(3.5) ∃x, y ∈ Z : ax + by = a ∧ b.
On reprend l’agorithme d’Euclide (3.2) et on montre que
(3.6) ∀ j = −1, . . . , n ∃x j , y j ∈ Z : ax j + by j = r j .
4. L’ANNEAU DES POLYNÔMES 39

Cette relation est certainment vérifiée pour n = 0. En fait r−1 = a = a · 1 + b · 0 et


r0 = b = a · 0 + b · 1. Si n = 0, alors (3.6) est déjà démontré. Sinon, supposons qu’il
existe k tel que 0 ≤ k ≤ n − 1 et tel que
∀ j = −1, . . . , k ∃x j , y j ∈ Z : ax + by = r j .
D’après l’algorithme (3.2),
rk−1 = rk qk + rk+1
ou
rk+1 = (axk + byk )qk − (axk−1 + byk−1 )
= a (xk qk − xk−1 ) + b (yk qk − yk−1 ).
Ceci implique, par récurrence que (3.6) est vrai. En particulier,
a ∧ b = rn = axn + byn ,
ce qui termine la démonstration. 
Remarque 3.18. Si a, b ∈ Z sont premiers entre eux, alors il existe n, m ∈ Z tel
que
an + bm = 1;
voir (3.5) ci-dessus. Ceci est une autre formulation de la relation de Bezout.
Proposition 3.19. Soit n ∈ N, n , 0. Pour tout a, b ∈ Z on définit
a ∼ b :⇔ ∃q ∈ Z : a − b = q · n.
Alors ∼ est une relation d’équivalence sur Z.
Si n ∈ N, n , 0, et si ∼ est la relation d’équivalence de la proposition précédente,
alors on note Z/nZ pour l’ensemble Z/ ∼ des classes d’équivalences. Notons que
deux éléments a, b ∈ Z sont dans la même classe d’équivalence si la division de
a − b par n donne le reste 0. D’une manière équivalente, deux éléments a, b ∈ Z sont
dans la même classe d’équivalence si la division de a resp. b par n donne le même
reste. On a
Z/nZ = {0̄, 1̄, . . . , n −¯ 1},
et on vérifie que l’addition et la multiplication données par
ā + b̄ := a + b et
ā · b̄ := a · b
sont bien définis dans Z/nZ.
Proposition 3.20. (Z/nZ, +, ·) est un anneau commutatif.
4. L’anneau des polynômes
CHAPITRE 4

L’axiome du choix

41
Bibliographie

1. H. Brézis, Analyse fonctionnelle, Masson, Paris, 1992.


2. L. C. Evans, Partial Differential Equations, Graduate Studies in Mathematics, vol. 19, American
Mathematical Society, Providence, RI, 1998.
3. D. Gilbarg and N. S. Trudinger, Elliptic Partial Differential Equations of Second Order, Springer
Verlag, Berlin, Heidelberg, New York, 2001.
4. F. John, Partial Differential Equations. Fourth Edition, Applied Mathematical Sciences, vol. 1,
Springer Verlag, New York, Heidelberg, Berlin, 1982.
5. J.-L. Lions, Quelques méthodes de résolution des problèmes aux limites non linéaires, Dunod,
Gauthier-Villars, Paris, 1969.
6. J.-E. Rakotoson and J.-M. Rakotoson, Analyse fonctionnelle appliquée aux équations aux dérivées
partielles, Presse universitaire de France, Paris, 1999.
7. H. Reinhard, Equations aux dérivées partielles. Introduction, Dunod, Paris, 2001.

43

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