Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Licence de Mathématiques
1ère année, 1er semestre
Année 2008/09
1
Contenu
Chapitre 1. Logique 5
1. Logique des propositions 5
2. Logique des prédicats 10
3. Modes de raisonnement 12
Chapitre 2. Théorie des ensembles 17
1. L’approche naı̈ve à la théorie des ensembles 17
2. Approche axiomatique à la théorie des ensembles 18
3. Le produit cartésien 22
4. Relations d’équivalence 24
5. Relations d’ordre 26
6. Fonctions et applications 28
7. Lois de composition 29
Chapitre 3. Arithmétique 33
1. L’axiome de l’ensemble infini et définition de N 33
2. Construction de Z 35
3. L’algorithme d’Euclide 36
4. L’anneau des polynômes 39
Chapitre 4. L’axiome du choix 41
Bibliographie 43
3
CHAPITRE 1
Logique
Remarque 1.2. (a) En mathématiques, une proposition est dite vraie si elle est
démontrable.
(b) On écrit tout court p, q, . . . afin de désigner une proposition.
Définition 1.3 (Négation, ’non’). La négation d’une proposition est une propo-
sition qui est vraie si celle-ci est fausse et vice-versa.
Notation: ¬.
p ¬p
0 1
1 0
Quelques traductions usuelles: ”non”, ”il est faux que”, ”ne . . . pas”.
Exemples 1.4. (a) Vous n’êtes pas sans savoir que Beethoven a écrit l’Hymne à
la Joie.
(b) Un androgyne n’est ni homme ni une femme.
Remarque 1.12. La négation est un connecteur unaire (elle n’a qu’un argu-
ment), alors que la conjonction, la disjonction, l’implication et l’équivalence sont
des connecteurs binaires (elles ont deux arguments). La conjonction, la disjonction
et l’équivalence sont commutatives dans le sens que les propositions p ∧ q et q ∧ p
(respectivement p ∨ q et q ∨ p, ou p ↔ q et q ↔ p) ont la même table de vérité.
L’implication n’est pas commutative; les propositions p → q et q → p n’ont pas la
même table de vérité.
Remarque 1.13. Attention: ”parce que”, ”à cause de cela”, ”que”, ”car” et
”puisque” ne sont pas des connecteurs logiques. Ainsi, les schémas ”p parce que
q”, ”p à cause de cela q” etc. ne sont pas des schémas de propositions.
1.3. Formules et langage des propositions. Les symboles du langage abstrait
(langage objet) que l’on va définir sont:
• des lettres de proposition: p, q, r, . . .
• des symboles: ¬, ∧, ∨, →, ↔
• des parenthèses: ()
Définition 1.14 (constructive).
(i) Une lettre de proposition est une formule dite atomique.
(ii) Si A est une formule, alors ¬A l’est aussi.
(iii) Si A et B sont des formules, alors (A ∧ B), (A ∨ B), (A → B) et (A ↔ B)
sont aussi des formules.
(iv) Rien d’autre n’est une formule.
Exemple 1.15. (¬(p ∨ q) → (¬p ∧ ¬q)) est une formule.
Afin d’alléger l’écriture, on convient que l’on peut enlever les parenthèses
extérieures dans l’assemblage final (et non dans les écritures intérmediaires).
Attention: les schémas ¬(p) ou (p → q → r) ne sont pas des formules!
8 1. LOGIQUE
Exemple 1.20. La proposition Paul est malade ou n’est pas malade est logique-
ment vraie car sa formule p ∨ ¬p est valide.
Remarques 1.21. (a) Une proposition contradictoire a une formule complète dont
la table de vérité ne comporte que des 0.
(b) Les formules sont réparties en trois classes, à savoir: les formules valides, les
formules contradictoires, et les formules neutres, c.à.d. les formules qui ne sont ni
valides ni contradictoires (formules dont la table de vérité contient à la fois des 0 et
des 1).
Cette formule est valide (vérifier par la table de vérité!), l’argument complété est
tautologique.
10 1. LOGIQUE
Les symboles du nouveau langage abstrait (langage objet) que l’on va définir
sont:
• les lettres de prédicats à 0, 1, ou plusieurs arguments: p, q, r, . . .
• les lettres de variables d’objets ou variables d’individus: x, y, z, . . .
• les quantificateurs: ∀, ∃
• les symboles: ¬, ∧, ∨, →, ↔
• les parenthèses: ()
Remarque 1.25. Les prédicats à 0 arguments ne sont rien d’autre que les propo-
sitions définis dans la section précédente.
Définition 1.26 (constructive).
(i) Si p est un prédicat à n arguments et si x1 , . . . , xn sont des variables, alors
p(x1 , . . . , xn ) est une formule dite atomique.
(ii) Si A est une formule, alors ¬A l’est aussi.
(iii) Si A et B sont des formules, alors (A ∧ B), (A ∨ B), (A → B) et (A ↔ B)
sont aussi des formules.
(iv) Si A est une formule et x est une variable, alors ∀xA et ∃xA sont des for-
mules.
(v) Rien d’autre n’est une formule.
Il faut comparer cette définition du langage des prédicats avec celle du langage
des propositions (Définition 1.14). Les lettres de propositions sont remplacées par
des lettres de prédicats (qui peuvent en plus dépendre d’une ou plusieurs variables),
et on a ajouté les symboles ∀ et ∃. Contrairement au langage des propositions, dans
le langage des prédicats pas toutes les formules représentent des propositions. La
définition suivante peut servir pour reconnaı̂tre les propositions.
Définition 1.27. Une variable qui apparaı̂t dans un quanteur est dite liée. Une
variable qui n’apparaı̂t dans aucun quanteur est dite libre.
Un énoncé (resp. une formule) qui ne comporte aucune variable libre est dit clos
(resp. close). Un énoncé clos est une proposition.
Définition 1.28. La clôture universelle (resp. clôture existentielle) d’une formule
est la formule obtenue en adjoignant au début de cette formule les quanteurs ∀x, ∀y,
. . . (resp. ∃x, ∃y, . . . ) correspondants aux variables libres (s’il en existe) x, y, . . . de
cette formule.
2.3. Formules valides et inconsistentes.
Définition 1.29. Une formule est dite valide si sa clôture universelle est valide,
c.à.d. si toutes les instances de sa clôture universelles sont vraies.
Une formule est dite inconsistente si sa négation est valide.
12 1. LOGIQUE
La proposition suivante est une conséquence immédiate de la proposition
précécente.
Proposition 1.34 (Transitivité de l’équivalence). La formule suivante est valide:
((p ↔ q) ∧ (q ↔ r)) → (p ↔ r).
Proposition 1.35 (Lois de De Morgan). Les formules suivantes sont
équivalentes:
(a) ¬(p ∧ q) et ¬p ∨ ¬q,
(b) ¬(p ∨ q) et ¬p ∧ ¬q
Démonstration. (a) On écrit la table de vérité
p q ¬(p ∧ q) ¬p ∨ ¬q
0 0 1 1
0 1 1 1
1 0 1 1
1 1 0 0
(b) On écrit la table vérité
p q ¬(p ∨ q) ¬p ∧ ¬q
0 0 1 1
0 1 0 0
1 0 0 0
1 1 0 0
3.2. Raisonnement par implications. Règle du modus ponens.
Principe 1.36 (Modus ponens). Si p est vraie et si p → q est vraie, alors q est
vraie.
Ainsi, pour démontrer une propriété C (conséquence) partant d’une proposition
vraie H (hypothèse), on démontrera
H → P0 , P0 → P1 , . . . , Pn−1 → Pn et Pn → C.
Exemple 1.37.
Exercice 1.38. (1) Montrer sans calculer des dérivées que la fonction définie par
2
f (x) = ex−x+1
+1
est croissante sur R+ .
(2) Montrer que l’ensemble des sommes de deux carrés d’entiers est stable par mul-
tiplication.
(3) Les formules
((p → q) → r) → (p → r)
ou
((p → q) ∧ (q → r)) → (p → r)
14 1. LOGIQUE
sont-elles valides?
(4) Montrer que si une fonction f : R → R est dérivable en un point x0 , alors elle est
continue en x0 .
(5) Sachant que pour tout n ∈ N l’on a nk=0 k = n(n+1) , montrer que pour tout n ∈ N∗
P
Pn 2
l’on a k=1 (2k − 1) = n2 .
3.3. Raisonnement par équivalences.
Principe 1.39. On établit l’équivalence p ↔ q à l’aide d’une chaine
d’équivalences car l’équivalence est transitive (Proposition 1.34).
des parties de E.
(3) Montrer que la proposition suivante est vraie:
√
2
∃x(x ∈ R \ Q ∧ x ∈ Q.
(4) Montrer que l’ensemble des entiers naturels premier est infini.
(5) Montrer qu’on a
√
2 < Q.
3.6. Raisonnement par contraposition.
Proposition 1.45. Les implications p → q et ¬q → ¬p sont équivalentes.
Cette proposition, qui se démontre facilement à l’aide d’une table de vérité, jus-
tifie le principe suivant.
Principe 1.46. Pour démontrer l’implication p → q, on démontre ¬q → ¬p.
Exercice 1.47. (1) Montrer que la relation ≤ est antisymétrique dans R.
(2) Montrer que la formule
(p → q) ↔ (¬q → ¬p)
est valide.
(3) Montrer que pour tout (x, y) ∈ R2 on a (x , y) → (x3 , y3 ).
(4) Montrer que si θ ∈ R \ 2πZ, alors la suite (einθ )n∈N diverge.
3.7. Raisonnement par récurrence.
Principe 1.48. Pour démontrer que la proposition
∀n((n ∈ N) → P(n)),
est vraie on peut effectuer les deux étapes suivantes:
(i) On prouve P(0).
(ii) On prouve que si P(n) est vraie pour un certain n ∈ N, alors P(n + 1) est vraie.
Remarque 1.49. Une variante du raisonnement par récurrence est la suivante:
(i) On prouve P(0).
(ii) On prouve que si P(0), . . . , P(n) sont vraies pour un certain n ∈ N, alors P(n + 1)
est vraie.
Exercice 1.50. (1) Montrer que pour tout n ∈ N l’on a nk=0 k = n(n+1)
P
2
.
Pn 3 n(n+1) 2
(2) Montrer que pour tout n ∈ N l’on a k=0 k = 2 .
(3) Montrer que pour des entiers k ≤ n, le nombre de sous-ensembles à k éléments
n!
d’un ensemble à n éléments est Cnk = k!(n−k)! .
(4) Montrer que si a ∈ N, alors pour tout n ∈ N l’entier (a + 1)n+1 − a(n + 1) − 1 est
multiple de a2 .
16 1. LOGIQUE
Quelques notations:
Nous écrivons x ∈ E pour dire x appartient à E ou x est élément de E.
1
L’original en allemand est: Unter einer ’Menge’ verstehen wir jede Zusammenfassung M von
bestimmten, wohlunterscheidbaren Objekten m unserer Anschauung oder unseres Denkens (welche
die ’Elemente’ von M genannt werden) zu einem Ganzen.
17
18 2. THÉORIE DES ENSEMBLES
Nous dirons que E est une partie (ou: un sous-ensemble) de F si tout élément de E
est aussi un élément de F, et nous écrivons tout court E ⊂ F. Plus formellement,
E⊂F :⇔ ∀x (x ∈ E → x ∈ F).
Si E et F sont deux ensembles égaux, nous écrivons E = F. Avec notre définition
de la partie et avec le point de vue extensionnaliste, on a
E=F ↔ (E ⊂ F ∧ F ⊂ E).
Nous définissons la réunion E ∪ F comme l’ensemble qui contient tous les éléments
de E et de F, et l’intersection E ∩F comme l’ensemble qui contient tous les éléments
qui appartiennent à la fois à E et à F. La différence E \ F est l’ensemble de tous
les éléments dans E qui n’appartiennent pas à F. Si F ⊂ E, alors nous notons aussi
∁E F = E \ F et nous appelons ∁E F le complément de F dans E. Enfin, la différence
symétrique E△F est l’ensemble défini par E△F = (E \ F) ∪ (F \ E).
Il est important à noter que l’approche naı̈ve à la théorie des ensembles (basée
sur la définition de Cantor) est malheureusement contradictoire, comme Bertrand
Russell a démontré. Il a considéré l’ensemble E de tous les ensembles qui ne se
contiennent pas eux-mêmes:
(2.1) E = {F : F est ensemble et F < F}.
Si E ∈ E, alors par la définition de E, E < E. Mais si E < E, alors par la définition
de E, E ∈ E. On obtient donc E ∈ E ∧ E < E, ce qui est contradictoire.
Bertrand Russell a aussi formulé la variante suivante:
Epiménides, le crétois, dit: tous les crétois sont des menteurs. Est-ce
que Epiménides est un menteur?
Nous rappelons que d’après cet axiome, deux ensembles E et F sont égaux si et
seulement si E ⊂ F et F ⊂ E. C’est cette caractérisation de l’égalité qu’on utilise
d’habitude pour montrer que deux ensembles sont égaux.
2.2. L’axiome de la compréhension. Le deuxième axiome permet de constru-
ire des ensembles à partir d’un ensemble donné et des propriétés données.
Axiome 2 (Compréhension). Si E est un ensemble et Px est une propriété, alors
il existe l’ensemble
{x ∈ E : Px}.
Notons que cet axiome de compréhension marque une différence importante par
rapport à l’approche naı̈f à la théorie des ensembles. Alors que la définition de
Cantor implique que
{x : x est un ensemble}
est un ensemble (l’ensemble universel de tous les ensembles!) et que
{x : x est un ensemble et x < x}
est aussi un ensemble (l’ensemble du paradoxe de Russell), l’axiome de
compréhension (Axiome 2) ne garantit pas que l’ensemble universel est vraiement un
ensemble. Au contraire: avec l’axiome de compréhension on peut même démontrer
que l’ensemble universel n’existe pas! En particulier, on ne peut pas construire
l’ensemble de tous les ensembles qui ne se contiennent pas eux-mêmes. Le paradoxe
de Russell qui montrait que l’approche naı̈f à la théorie des ensembles est contradic-
toire n’a donc plus de sens. Si on voulait démontrer que le système d’axiomes que
nous allons présenter ici est contradictoire, il faudrait trouver une autre contradic-
tion.
Proposition 2.1. On suppose les Axiomes 1 et 2. Alors pour tout ensemble E il
existe un ensemble F tel que F < E.
Démonstration. Soit E un ensemble quelquonque. On définit
F := {x ∈ E : x < x}.
D’après l’Axiome 2, F est un ensemble. On montre que F < E. Pour cela, on fait un
raisonnement par l’absurde.
Supposons alors que F ∈ E. Alors deux cas sont possibles. Soit F ∈ F, soit
F < F. Si F < F, alors par définition de F, on obtient F ∈ F. De même, par la
définition de F, si F ∈ F, alors F < F. On a donc trouvé F ∈ F et F < F, ce qui est
une contradiction. Ainsi, l’hypothèse F ∈ E est faux, c.à.d. F < E.
Remarque 2.2. Le raisonnement dans cette démonstration (disjonction des deux
cas F ∈ F et F < F) est celui qu’on utilise dans le paradoxe de Russell, mais ici
c’est nécessaire que F ∈ E.
Les Axiomes 1 et 2 sont déjà suffisants pour définir l’intersection de deux en-
sembles et de dire que elle est de nouveau un ensemble.
20 2. THÉORIE DES ENSEMBLES
L’axiome de l’existence sera plus tard remplacé par un axiome plus fort, notam-
ment par l’axiome de l’existence d’un ensemble infini.
Remarque 2.6. Attention: les deux axiomes de la réunion sont indépendants l’un
de l’autre, c.à.d. le premier n’implique pas le deuxième et vice versa! Le deuxième
axiome de la réunion impliquerait le premier si pour tout pair E et F d’ensembles on
savait que {E, F} est un ensemble. Mais l’existence de l’ensemble {E, F} n’est pas
garantie avec les Axiomes 1-3.
2.5. L’axiome de l’ensemble des parties.
Axiome 5 (Ensemble des parties). Si E est un ensemble, alors il existe un ensem-
ble qui contient toutes les parties de E.
En langage des prédicats:
∀E ∃P ∀F (F ⊂ E → F ∈ P).
Définition 2.7. Soit E un ensemble, et soit P un ensemble qui contient toutes les
parties de E (un tel ensemble existe d’après l’Axiome 5). Alors on définit
P(E) := {F ∈ P : F ⊂ P},
et on appelle P(E) l’ensemble des parties de E.
L’axiome de l’ensemble des parties nous permet de construire de nouveaux en-
sembles. Rappelons que l’ensemble vide ∅ est toujours le seul ensemble concret dont
nous savons l’existence. Certainement, ∅ est une partie de ∅, et c’est en fait la seule
partie de ∅ (pourquoi?). D’après l’Axiome 5 et la Définition 2.7 nous savons alors
22 2. THÉORIE DES ENSEMBLES
que {∅} est un ensemble. Attention: {∅} n’est l’ensemble vide, mais c’est l’ensemble
qui contient ∅ comme seul élément.
Nous constatons ensuite que ∅ et {∅} sont deux parties de l’ensemble {∅}, et que
ce sont en fait les deux seules parties (pourquoi?). Ainsi, d’après l’Axiome 5 et la
Définition 2.7, nous savons que {∅, {∅}} est un ensemble.
Si nous continuous ce procédé de construire l’ensemble des parties, nous voyons
que l’Axiome de l’ensemble des parties (avec l’Axiome de l’existence d’un ensem-
ble) garantit l’existence d’une infinité d’ensembles. Ce sont
∅,
{∅},
{∅, {∅}},
{∅, {∅}, {{∅}}, {∅, {∅}}},
..
.
Malheureusement, aucun des ces ensembles contient une infinité d’éléments, et en
fait, l’existence d’un ensemble infini (pratiquement, l’existence de N) est seule-
ment la conséquence d’un autre axiome que nous allons discuter dans le troisième
chapitre.
3. Le produit cartésien
Définition 2.8 (Couple ordonné). Soient E et F deux ensembles, et soient x ∈ E
et y ∈ F. Alors on définit le couple ordonné (x, y) par
(x, y) := {{x}, {x, y}}.
On doit vérifier si (x, y) est vraiement un ensemble dont l’existence est assuré
par les Axiomes 1-5. Premièrement,
{x} = {z ∈ E : z = x}
et
{x, y} = {z ∈ E ∪ F : z = x ∨ z = y}
sont des ensembles; en fait, ce sont tous les deux parties de E ∪ F. On utilisera
l’Axiome 4 de la réunion et l’Axiome 2 de la compréhension pour voir ça. Par
l’Axiome 5 de l’ensemble des parties, P(E ∪ F) est un ensemble, et {x}, {x, y} ∈
P(E ∪ F). Donc
{{x}, {x, y}} = {z ∈ P(E ∪ F) : z = {x} ∨ z = {x, y}}
est un ensemble (on applique l’Axiome 2 de la compréhension encore une fois), qui
est partie de P(E ∪ F), ou élément de P(P(E ∪ F)).
Lemme 2.9. On a
(x, y) = (x′ , y′ ),
si et seulement si
x = x′ et y = y′ .
Démonstration. Premièrement, l’implication
(x = x′ ∧ y = y′ ) → (x, y) = (x′ , y′ )
est une conséquence de la définition du couple ordonné.
Puis, on a les équivalences
(x, y) = (x′ , y′ ) ↔ {{x}, {x, y}} = {{x′ }, {x′ , y′ }}
↔ {x} ∈ {{x′ }, {x′, y′ }} ∧ {x, y} ∈ {{x′ }, {x′ , y′ }} ∧
∧{x′ } ∈ {{x}, {x, y}} ∧ {x′ , y′ } ∈ {{x}, {x, y}}
↔ ({x} = {x′ } ∨ {x} = {x′ , y′ }) ∧
∧({x, y} = {x′ } ∨ {x, y} = {x′ , y′ }) ∧
∧(({x′ } = {x} ∨ {x′ } = {x, y}) ∧
∧({x′ , y′ } = {x} ∨ {x′ , y′ } = {x, y})
On va distinguer plusieurs cas. Premièrement,
{x} = {x′ } ∧ {x, y} = {x′ , y′ } → x = x′ ∧ {x, y} = {x, y′ }
→ x = x′ ∧ (y = x ∨ y = y′ ) ∧ {x, y} = {x′ , y′ }
→ (x = x′ = y ∨ (x = x′ ∧ y = y′ )) ∧ {x, y} = {x′ , y′ }
→ x = x′ = y = y′ ∨ (x = x′ ∧ y = y′ )
→ (x = x′ ∧ y = y′ ).
Deuxèmement,
{x} = {x′ , y′ } ∧ {x, y} = {x′ , y′ } → x = x′ = y′ ∧ {x, y} = {x, y′ }
→ x = x′ = y′ ∧ {x, y} = {x′ }
→ x = x′ = y = y′
→ (x = x′ ∧ y = y′ ).
Troisiémement,
{x} = {x′ , y′ } ∧ {x, y} = {x′ } → x = x′ = y′ ∧ x = y = x′
→ x = x′ = y = y′
→ (x = x′ ∧ y = y′ )
Quatrièmement,
{x} = {x′ } ∧ {x, y} = {x′ } → x = x′ ∧ x = y = x′
→ x = x′ = y.
24 2. THÉORIE DES ENSEMBLES
Dans le quatrième cas, la propriété {x′ , y′ } = {x} ∨{x′ , y′ } = {x, y} devient simplement
{x′ , y′ } = {x}. Ceci implique x = x′ = y′ , et avec le quatrième cas, on obtient
x = x′ = y = y′ .
Donc, dans tous les cas, x = x′ et y = y′ .
Définition 2.10. Soient E et F deux ensembles. On définit le produit cartésien
E × F par
E × F := {z ∈ P(P(E ∪ F)) : ∃x ∈ E ∃y ∈ F (z = (x, y))}.
Le produit cartésien est un ensemble d’après les Axiome 4 et 5 (qui impliquent
que P(P(E ∪ F)) est un ensemble) et d’après l’Axiome 2 de compréhension.
Afin d’allegér la notation, on va noter
(x, y, z) au lieu de ((x, y), z) ou (x, (y, z))
et
E × F × G au lieu de (E × F) × G ou E × (F × G).
De manière similaire pour les produits cartésiens de quatre ou plus d’ensembles.
Définition 2.11 (Relation). Soient E et F deux ensembles. Une relation de E
dans F est une partie R de E × F. Si E = F, alors on dit simplement que R est une
relation dans E. Si R ⊂ E ×F est une relation, alors on écrit xRy au lieu de (x, y) ∈ R.
4. Relations d’équivalence
Définition 2.12. Soit E un ensemble. Une relation ∼ dans E est appelée relation
d’équivalence si les trois propriétés suivantes sont satisfaites:
(i) (Reflexivité) Quelque soit x ∈ E, on a x ∼ x.
(ii) (Symétrie) Quelque soit x, y ∈ E, on a x ∼ y si et seulement si y ∼ x.
(iii) (Transitivité) Quelque soit x, y, z ∈ E, si x ∼ y et y ∼ z, alors x ∼ z.
Exemple 2.13. Supposons que l’ensemble Z est déjà construit. On dit qu’un
nombre n ∈ Z est divisible par 3, s’il existe un entier m ∈ Z tel que n = 3m. On
définit une relation ∼ dans Z par
x∼y :⇔ x − y est divisible par 3.
Cette relation ∼ est une relation d’équivalence, parce que:
(i) Si x ∈ Z, alors x − x = 0 est divisible par 3. Donc x ∼ x pour tout x ∈ Z, c.à.d. ∼
est reflexive.
(ii) Si x, y ∈ Z, et si x ∼ y, alors x − y est divisible par 3. Alors y − x est aussi
divisible par 3, et donc y ∼ x. Ainsi, ∼ est symétrique.
(iii) Si x, y, z ∈ Z sont tels que x ∼ y et y ∼ z, alors x−y 3
et y−z
3
sont des entiers. En
prenant la somme, on voit que x−z 3
est entier, c.à.d. x ∼ z. Ainsi, ∼ est transitive.
Bien sur, dans cet exemple, le nombre 3 peut être remplacé par n’importe quel
autre nombre n ∈ Z \ {0}.
4. RELATIONS D’ÉQUIVALENCE 25
S
ou, d’après l’Axiome 1, E = x∈E x̄.
Exemple 2.17. Soit ∼ la relation sur Z qui a été définie dans l’Exemple 2.13.
Alors la classe d’équivalence qui contient 0 est
0̄ = {x ∈ Z : x ∼ 0}
= {x ∈ Z : x est divisible par 3},
26 2. THÉORIE DES ENSEMBLES
et de manière similaire,
1̄ = {x ∈ Z : x − 1 est divisible par 3}
et
2̄ = {x ∈ Z : x − 2 est divisible par 3}
On voit que 0̄ ∪ 1̄ ∪ 2̄ = Z, et donc, d’après la Proposition 2.16, il n’y a pas d’autres
classes d’équivalences. Par exemple, on a 0̄ = 3̄, car 0 ∼ 3.
On trouve alors que le quotient de Z par la relation d’équivalence ∼ (ou:
l’ensemble des classes d’équivalences) est donné par
Z/ ∼= {0̄, 1̄, 2̄}.
Ce quotient sera aussi noté Z/3Z.
La proposition suivante est une réciproque à la Proposition 2.16.
Proposition 2.18. Soit E un ensemble non-vide, et soit P une partition de E.
Alors la relation ∼ définie par
x∼y :⇔ ∃A ∈ P (x ∈ A ∧ y ∈ A)
est une relation d’équivalence dans E, et E/∼= P.
5. Relations d’ordre
Définition 2.19. Soit E un ensemble. Une relation ≤ dans E est appelée relation
d’ordre dans E si les trois propriétés suivantes sont satisfaites:
(i) (Reflexivité) Quelque soit x ∈ E, on a x ≤ x.
(ii) (Anti-symétrie) Quelque soit x, y ∈ E, si x ≤ y et y ≤ x, alors x = y.
(iii) (Transitivité) Quelque soit x, y, z ∈ E, si x ≤ y et y ≤ z, alors x ≤ z.
Un ensemble muni d’une relation d’ordre est dit ordonné.
Exemple 2.20. Soit E un ensemble, et soit P(E) l’ensemble des parties de E.
Alors l’inclusion ⊂ est une relation d’ordre dans P(E). (Exercice).
Exemple 2.21. On suppose que l’ensemble N des entiers relatifs est déjà con-
struit. Soit N∗ = N \ {0}. Pour deux éléments n, m ∈ N∗ on définit
n|m :⇔ n divise m.
Alors | est une relation d’ordre dans N∗ . En fait:
(i) Quelque soit n ∈ N∗ on a que n divise n, ou n|n. La relation | est donc reflexive.
(ii) Quelque soit n, m ∈ N∗ , si n divise m, et si m divise n, alors n = m. La relation |
est donc anti-symétrique.
(iii) Quelque soit k, n, m ∈ N∗ , si k divise n, et si n divise m, alors k divise m. La
relation | est donc transitive.
Définition 2.22. Soit E un ensemble, et soit ≤ une relation d’ordre dans E. Soit
A ⊂ E, A , ∅.
5. RELATIONS D’ORDRE 27
Exemples 2.26. (i) Dans (R, ≤) l’intervalle A = [0, 1[ admet un plus petit élément
(qui est 0), mais pas de plus grand élément. De plus, sup A = 1 et inf A = 0.
(ii) Dans (Q, ≤), l’ensemble A = {x ∈ Q : x2 ≤ 2} n’a pas de borne supérieure, et
donc a fortiori pas de plus grand élément.
(iii) Dans (N∗ , |), tout nombre premier est minimal.
(iv) Dans (P(Ω), ⊂) on a sup{A, B} = A ∪ B et inf{A, B} = A ∩ B.
6. Fonctions et applications
Définition 2.27 (Fonction, application). Soient E et F deux ensembles. Une
fonction de E dans F est une relation de E dans F ayant la propriété que si x, x′ ∈ E
et y ∈ F sont tels que (x, y) ∈ f et (x′ , y) ∈ f , alors x = x′ . Si (x, y) ∈ f , alors on
appelle x l’antécédant de y, et y l’image de x. On note
f : E → F,
x 7→ y = f (x)
pour dire que f est une fonction de E dans F, et que f (x) est l’image de x.
Si f est une fonction de E dans F, alors nous appelons
D( f ) := {x ∈ E : ∃y ∈ F (x, y) ∈ f }
le domaine de définition de f . C’est donc l’ensemble de tous les x qui possèdent une
image.
Une application de E dans F est une fonction de E dans F donc le domaine de
définition est E.
La fonction f = ∅ est appelée la fonction vide.
Définition 2.28 (Injection, surjection, bijection). Soient E et F deux ensembles.
On dit qu’une fonction f de E dans F est
- injective si
∀x, y ∈ E ( f (x) = f (y) → x = y),
- surjective si
∀y ∈ F ∃x ∈ E ( f (x) = y).
Une injection est une application injective. Une surjection est une application sur-
jective. Une bijection est une application qui est injection et surjection.
Exemple 2.29. Soit E un ensemble. L’application identique 1E : E → E définie
par 1E (x) = x est une bijection.
Définition 2.30 (Composition de fonctions). Soient E, F et G trois ensembles.
Si f : E → F et f : F → G sont deux fonctions de domaine de définition respectifs
D( f ) et D(g), alors la composée g◦ f est la fonction de E dans G définie par g◦ f (x) =
g( f (x)), son domaine de définition étant l’ensemble D(g ◦ f ) = {x ∈ E : x ∈ D( f ) et
f (x) ∈ D(g)}.
Proposition 2.31. La composée de deux applications (resp. injections, resp. sur-
jections, resp. bijections) est une application (resp. injection, resp. surjection, resp.
bijection).
7. LOIS DE COMPOSITION 29
Proposition 2.32. Si f est une bijection de E dans F, alors il existe une unique
bijection g de F dans E vérifiant g ◦ f = 1E et f ◦ g = 1F .
Définition 2.33 (Bijection réciproque). Soit f une bijection de E dans F. Alors
l’unique bijection g de F dans E vérifiant g ◦ f = 1E et f ◦ g = 1F (Proposition 2.32)
est appelée bijection réciproque et on note g =: f −1 .
Définition 2.34 (Images directes et réciproques). Soit f : E → F une fonction,
et soient A ⊂ E, B ⊂ F. On pose
f (A) = {y ∈ F : ∃x ∈ A ( f (x) = y)} et
−1
f (B) = {x ∈ E : ∃y ∈ B (y = f (x))},
et on appelle f (A) l’image directe de A, et f −1 (B) l’image réciproque de B.
Proposition 2.35. Soient f : E → F une fonction et Ai ⊂ E, Bi ⊂ F pour i ∈ I.
Alors
(i) f (AS1 ∪ A2 ) = Sf (A1 ) ∪ f (A2 ),
(ii) f ( i∈I Ai ) = i∈I f (Ai ),
(iii) f −1(B −1 −1
1 ∪ B2 ) =Sf (B1 ) ∪ f (B2 ),
−1 S −1
(iv) f ( i∈I Bi ) = i∈I f (Bi ),
(v) f −1 (BT1 ∩ B2 ) = Tf −1(B1 ) ∩ f −1 (B2 ),
−1
(vi) f ( i∈I Bi ) = i∈I f −1 (Bi ),
(vii) f −1 (∁F B) = ∁E f −1 (B).
Exercice 2.36. Donner un exemple qui montre qu’en général f (A1 ∩ A2 ) ,
f (A1 ) ∩ f (A2 ). Est-ce qu’au moins une des inclusions f (A1 ∩ A2 ) ⊃ f (A1 ) ∩ f (A2 )
ou f (A1 ∩ A2 ) ⊂ f (A1 ) ∩ f (A2 ) est vraie?
Exercice 2.37. Si E et F sont deux ensembles, alors on note F E pour l’ensemble
des applications de E dans F.
(a) Montrer que si E contient n éléments, et si F contient m éléments, alors F E
contient mn éléments.
(b) Trouver une bijection entre R × R -le produit cartésien - et R2 - l’ensemble de
toutes les applications de 2 (vu comme un ensemble; voir le prochain chapitre) et R.
7. Lois de composition
Définition 2.38. Une loi interne T sur E est une application T : E × E → E. On
note xT y au lieu de T (x, y) l’image de (x, y) ∈ E × E.
Une loi externe sur E à domaine d’opérateurs dans K est une application T :
K × E → E. On note λT x au lieu de T (λ, x) l’image de (λ, x) ∈ K × E.
Exemples 2.39. (i) L’addition + et la multiplication · sont des lois internes dans
R (resp. N, Z, Q).
(ii) Si E est un ensemble, alors la composition ◦ est une loi interne dans l’ensemble
des applications de E dans E.
(iii) Si E est un ensemble, alors l’intersection ∩ et la différence symétrique △ sont
des lois internes dans P(E) (l’ensemble des parties de E).
30 2. THÉORIE DES ENSEMBLES
Définition 2.40. Soit E un ensemble. Une loi interne T sur E est dite
- commutative si ∀x, y ∈ E on a xT y = yT x,
- associative si ∀x, y, z ∈ E on a (xT y)T z = xT (yT z),
- distributive par rapport à une deuxième loi interne S si ∀x, y, z ∈ E on a xT (yS z) =
(xT y)S (xT z) et (xS y)T z = (xT z)S (yT z).
La loi interne T admet un élément neutre e ∈ E si ∀x ∈ E on a xT e = eT x = x. Si
T admet un élément neutre, alors un élément inverse de x ∈ E est un élément x′ ∈ E
tel que xT x′ = x′ T x = e.
Lemme 2.41. Soit E un ensemble, et soit T une loi interne sur E. Alors:
(i) il existe au plus un élément neutre, et
(ii) si T admet un élément neutre et si T est associative, alors pour tout x ∈ E il
existe au plus un élément inverse.
Démonstration. (i) Soient e et e′ deux éléments neutres. Alors
e = eT e′ ,
parce que e′ est élément neutre, et
eT e′ = e′ ,
parce que e est élément neutre. Donc, e = e′ , ce qui veut dire qu’il existe au plus un
élément neutre.
(ii) Soit e ∈ E l’élément neutre. Soit x ∈ E, et soient x′ , x′′ ∈ E deux éléments
inverse. Alors, comme e est élément neutre, et comme x′′ est élément inverse de x,
x′ = x′ T e = x′ T (xT x′′ ).
De la même manière,
x′′ = eT x′′ = (x′ T x)T x′′ .
Comme T est associative, on obtient donc x′ = x′′ , ce qui veut dire qu’il existe au
plus un élément inverse.
Exemples 2.42. (i) L’addition + et la multiplication · dans R sont commutatives
et associatives, et la multiplication est distributive par rapport à l’addition. L’élément
0 est un élément neutre pour l’addition, et 1 est un élément neutre pour la multipli-
cation.
(ii) Si E est un ensemble, et si
Sym (E) := { f ∈ P(E × E) : f est une bijection}
est l’ensemble de bijections de E dans E, alors la composition ◦ est une loi interne
sur Sym (E) qui est associative, mais non commutative (exemple!). L’application
identique 1E est l’élément neutre, et si f ∈ Sym (E), alors la fonction réciproque f −1
est l’élément inverse.
(iii) L’intersection ∩ et la différence symétrique △ dans P(E) sont commutatives et
associatives, et l’intersection est distributive par rapport à la différence symétrique.
L’élement neutre pour l’intersection est l’ensemble E, l’élément neutre pour la
7. LOIS DE COMPOSITION 31
différence symétrique est l’ensemble vide ∅. Si A est une partie de E, alors son in-
verse par rapport à la différence symétrique est A. En général, il n’y a pas d’élément
inverse pour l’intersection.
Définition 2.43 (Anneau). Un triplet (A, +, ·) qui consiste d’un ensemble A et de
deux lois internes + et · sur A est appelé anneau (unitaire) si
(i) l’addition + est commutative, associative, admet un élément neutre (noté 0), et
tout élément x ∈ A admet un élément inverse pour l’addition, et
(ii) la multiplication · est associative, distributive par rapport à l’addition, et admet
un élément neutre (noté 1).
Si de plus, la multiplication · est commutative, alors on dit que (A, +, ·) est un anneau
commutative.
Exemples 2.44. (Z, +, ·), (Q, +, ·), (R, +, ·) et (P(E), △, ∩) sont des anneaux com-
mutatives.
CHAPITRE 3
Arithmétique
Dans ce chapitre on va définir N (à partir d’un nouvel axiome) et ensuite con-
struire Z à partir de N. Ce sera un exercice de construire Q à partir de Z. On ne va
pas décrire une construction de R ici.
Définition 3.1 (de N). Soit E un ensemble récursif (Axiome 6). On définit
\
N := {F ∈ P(E) : F est récursif}
∅,
{∅} = ∅ ∪ {∅},
{∅, {∅}} = {∅} ∪ {{∅}},
{∅, {∅}, {∅, {∅}}} = {∅, {∅}} ∪ {{∅, {∅}}},
..
.
33
34 3. ARITHMÉTIQUE
2. Construction de Z
En supposant que (N, +, ·, ≤) est construit, on va maintenant construire Z à l’aide
d’une relation d’équivalence.
Proposition 3.5. Pour tout (a, b), (c, d) ∈ N2 on pose
(a, b) + (c, d) := (a + c, b + d) et
(a, b) · (c, d) := (ac + bd, ad + bc),
et on définit une relation ∼ par
(a, b) ∼ (c, d) :⇔ a + d = b + c.
Alors + et · sont des lois internes sur N2 , et ∼ est une relation d’équivalence dans
N2 . En plus, pour tout (a, b), (c, d), (a′ , b′), (c′ , d ′) ∈ N2 on a
3. L’algorithme d’Euclide
Définition 3.11. Pour tout n ∈ Z on définit la valeur absolue |n| par |n| :=
sup{n, −n}.
Proposition 3.12. Pour tout n, m ∈ Z on a
|n| = 0 ⇔ n = 0,
|n + m| ≤ |n| + |m| et
|n · m| = |n| · |m|.
Proposition 3.13 (Division avec reste). Pour tout n, m ∈ Z, m , 0, il existe des
éléments unique q, r ∈ Z tel que
n=q·m+r et 0 ≤ r < |m|.
Démonstration. Unicité: Supposons qu’il y a deux solutions pour la division
avec reste, c.à.d. supposons que q1 , q2 , r1 , r2 ∈ Z sont tels que
n = q1 · m + r 1 et 0 ≤ r1 < |m| et
n = q2 · m + r 2 et 0 ≤ r2 < |m|.
Alors
m · (q2 − q1 ) = r1 − r2
3. L’ALGORITHME D’EUCLIDE 37
ce qui implique
|m| · |q2 − q1 | = |r1 − r2 |.
Ainsi, on trouve que |r1 − r2 | ≥ 0 est un multiple de |m|. Avec la condition 0 ≤ r1 ,
r2 < |m|, ce n’est possible que si |r1 − r2 | = 0 ce qui implique d’un côté r1 = r2
et d’autre côté |m| · |q2 − q1 | = 0. Comme m , 0, on trouve alors nécessairement
q1 = q2 . On a donc démontré unicité.
Existence: On suppose que m > 0; le cas m < 0 se démontre d’uns façon
similaire. Si m > 0, alors il existe un q ∈ Z tel que
(3.1) q · m ≤ n < (q + 1) · m.
En fait, l’ensemble A = {q′ ∈ Z : q · m ≤ n} est borné supérieurement. En plus, dans
Z, toute partie non-vide majorée admet une borne supérieure. Si on pose q = sup A,
alors on trouve (3.1). Après avoir établit (3.1), il suffit de poser r = n − q · m.
Exemples 3.14.
n = 20, m = 7, 20 = 7 · 2 + 6;
n = 20, m = −7, 20 = (−7) · (−2) + 6;
n = −20, m = 7, −20 = 7 · (−3) + 1;
n = −20, m = −7, −20 = (−7) · 3 + 1.
Définition 3.15. Soient a, b ∈ Z, a , 0.
(i) On dit que a divise b s’il existe q ∈ Z tel que aq = b.
(ii) On dit que a est premier si les seuls diviseurs de a sont a, −a, 1 et −1.
(iii) Le plus grand commun diviseur de a et b (noté a ∧ b ou pgcd (a, b)) est le plus
grand des diviseurs communs à a et à b. (iv) On dit que a est premier avec b si
a ∧ b = 1.
Théorème 3.16 (Algorithme d’Euclide). Soient a, b ∈ Z, a , 0. On pose
r−1 := a et
r0 := b.
Si r j−1 et r j sont donnés, et si r j , 0, alors il existe des uniques éléments q j , r j+1 ∈ Z
tels que
(3.2) r j−1 = r j q j + r j+1 et 0 ≤ r j+1 < |r j |;
(division avec reste). Alors il existe un n ∈ N ∪ {−1} tel que rn+1 = 0 et rn , 0. Pour
ce dernier reste non nul on a rn = a ∧ b.
Démonstration. Si n = −1, c.á.d. si a est le dernier reste non nul et b = 0, alors
a = a ∧ b, et il n’y a plus rien a démontrer. Si n = 0, c.à.d. si b est le dernier reste
non nul (b est un diviseur de a), alors b = a ∧ b, et il n’y a plus rien à démontrer non
plus. Donc, on suppose que n ≥ 1.
On montre premièrement que
(3.3) ∀ 0 ≤ j ≤ n − 1 : r j−1 ∧ r j = r j ∧ r j+1 .
38 3. ARITHMÉTIQUE
L’axiome du choix
41
Bibliographie
43