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Chapitre 1

Calcul propositionnel

Introduction
La logique des propositions (logique d’ordre 0) est une théorie mathématique du
raisonnement permettant de présenter des propositions d’une manière formelle (grâce à
des formules) en utilisant des symbole d’un langage L définit, et de dresser leurs tables
de vérité pour vérifier quand est ce qu’une proposition est vraie ou fausse.

Définition 1. On appelle proposition un assemblage de mots d’une langue naturelle


vérifiant les trois propriétés suivantes :
— (a) Elle est syntaxiquement correct.
— (b) Elle est sémantiquement correct.
— (c) Il est possible de lui assigner sans ambiguïté une valeur de vérité (vrai ou
faux).

Exemple 1. 1. "Louis 14 est un nombre premier", n’est pas une proposition, car
elle est sémantiquement fausse, (b) n’est pas vérifiée.
2. "La baleine est elle un mammifère ?" n’est pas une proposition car on ne peut
pas lui attribuer une valeur de vérité (phrase interrogative).
3. "La terre est une planête", "La table est ronde" sont des propositions car elles
férifient les proporiétés (a), (b) et (c).

1.1 Le langage propositionnel


Le langage propositionnel est composé de formules représentant des propositions. Il
est caractérisé par sa syntaxe et sa sémantique.

1.1.1 La syntaxe du langage propositionnel


La syntaxe d’un langage définit l’alphabet et les règles d’écriture (grammaire) des
expressions du langage. Elle ne s’intéresse pas à leurs sens.

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(a) L’alphabet : L’alphabet est composé des symboles du langage, à savoir :
• L’ensemble des variables propositionnelles que l’on représent généralement par
des lettres de l’alphabet latin.
• Les constantes : vraie et faux, représentée respectivement par 1 et 0 (ou bien
V, F).
• Connecteurs logiques : ¬, ∧, ∨, →, ↔.
• Les symboles auxilliaires : ().
(b) Les règles d’écriture : Les règles d’écriture précisent la manière dont sont
assemblés les symboles de l’alphabet pour former des expressions correctes dites
formules du langage propositionnel :
R1 : Toute variable propositionnelle est une formule (atomique) ;
R2 : Si α est une formule, alors ¬α ou (ᾱ) est une formule ;
R3 : Si α et β sont des formules, alors (α ∧ β), (α ∨ β), (α → β) et (α ↔ β) sont
des formules ;
Une expression n’est une formule que si elle est écrite conformément aux règles
R1, R2 et R3.

Exemple 2. Soit p, q et r des variables propositionnelles, alors (pq ∧ qr) n’est pas une
formule mais (¬p ∧ (¬(q) ∨ p)) est une formule.

• On peut simplifier les écritures des formules en oubliant certain parenthèses, selon les
règles suivants : la négation est prioritaire, puis dans l’ordre des priorités décroissantes,
nous trouvons la conjonction (∧), la disjonction (∨), l’implication (−→), et l’équiva-
lence (←→).
A priorité égale, le connecteur gauche est prioritaire, sauf pour l’implication.

Ainsi, la formule ¬p ∨ q ∧ p est une simplification de (¬(p) ∨ (q ∧ p)), qui est bien
sûr différente de ((¬p) ∨ q) ∧ p) et (¬(p ∨ q) ∧ p).

Définition 2. On appelle formule atomique ou atome une formule composée d’une


variable propositionnelle.
On appelle littéral une formule atomique ou la négation d’une formule atomique, (c-à-d
toute formule atomique est un littéral mais sa négation est un littéral et pas formule
atomique).

Exemple 3. 1. A, P, Q, γ, α sont des atomes.


2. A, ¬A, ¬Q, ¬β, P sont des littéraux.

1.1.2 Sémantique du langage propositionnel


— L’étude sémantique d’un langage pour le calcul des propositions a pour but de
donner une valeur de vérité aux formules du langage. Elle est aussi appelée la
théorie des modèles.

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— La sémantique associe une fonction de valuation V : V P → {V, F } à l’ensemble
V P des variables propositionnelles, et une fonction de vérité unique, ou fonction
d’interprétation à chaque connecteurs logiques. Cette fonction est décrite par
une table de vérité.
On considère les tables de vérité suivantes :

p q p∧q p q p∨q p q p −→ q p q p↔q


p ¬p V V V V V V V V V V V V
V F V F F V F V V F F V F F
F V F V F F V V F V V F V F
F F F F F F F F V F F V

— A chaque formule α à n variable propositionnelle correspond une fonction de


vérité unique de {V, F }n → {V, F } où n désigne le nombre de variables pro-
positionnelles qui apparaissent dans la formule. Le graphe de cette fonction est
définie par une table de vérité à 2n lignes représentant la valeur de véritéde α
correspondant à chaque combinaison de valeur de vérité des n variables.
Exemple 4. Soit α : P ∨ Q → R une formule à trois variables, le nombre de lignes de
la table de vérité est 23 = 8.

P Q R P ∨Q α
0 0 0 0 1
0 0 1 0 1
0 1 0 1 0
0 1 1 1 1
1 0 0 1 0
1 0 1 1 1
1 1 0 1 0
1 1 1 1 1

où 1 correspond à la valeur de vérité "Vraie" et 0 correspond à la valeur de vérité


"Faux".
Définition 3 (Satisfiabilité). Une formule α est dite satisfiable si et seulement si sa
table de vérité contient au moins une ligne où la valeur de vérité de α est vraie.
α est dite insatisfiable si elle est fausse sur toutes les lignes de sa table de vérité.
Exemple 5. 1. La formule α de l’exemple précédent est satisfiable.
2. Soit β : (P ∧ Q) ∧ ¬(P ↔ Q)
P Q P ∧ Q ¬(P ↔ Q) β
0 0 0 0 0
0 1 0 1 0 D’où β est insatisfiable.
1 0 0 1 0
1 1 1 0 0

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On généralise la notion de satisfiabilité à un ensemble de formules :
Un ensemble de formules est satisfiable si et seulement si étant donné la table de vérité
de toutes ses formules, il existe au moins une lignes où les valeurs de vérités sont vraies
simultanément.
La satisfiabilité d’un ensemble de formules est assimilée à la conjonction de toutes ses
formules.
Exemple 6. 1. L’ensemble {p ∧ q, p ∨ q, p → q} est satisfiable car sur la ligne
(P, Q) = (1, 1) toutes les formules sont vraies.

p q p ∧ q p ∨ q p −→ q
1 1 1 1 1
1 0 0 1 0
0 1 0 1 1
0 0 0 0 1

2. L’ensemble {P ∧ Q, P ∨ Q, ¬P } est insatisfiable, car si P = 1 alors ¬P = 0.


Définition 4 (Tautologie). Une formule α est une tautologie (notée  α), si et seule-
ment si α est vraie sur toutes les lignes de sa table de vérité.
Exemple 7. P ∧ Q → Q

P Q P ∧Q P ∧Q→Q
0 0 0 1
0 1 0 1 D’où |= P ∧ Q → Q
1 0 0 1
1 1 1 1

Remarques
1. Si  α → β, on dit que α implique logiquement β.
2. Si  α ↔ β, on dit que α est logiquement équivalente à β et on note α ≡ β.
3. Une formule insatisfiable est dite antilogie.
Lemme 1. Une formule α est une tautologie si et seulement si ¬α est insatisfiable.
 α ⇔ ¬α insatisf iable
Démonstration. ⇒) :  α ⇒ ¬α insatisfiable.
Supposons que ¬α est satisifiable, alors il existe au mois une ligne de sa table de
vérité qui prend la valeur vraie. Sur cette même ligne α prendera la valeur faux, ce qui
contredit le fait que  α. D’où  α ⇒ ¬α insatisfiable.
⇐) : ¬α insatisf iable ⇒ α.
Supposons que α n’est pas une tautologie. Donc, il existe au moins une ligne de sa table
de vérité où α est fausse. Pour cette ligne, ¬α est vraie, ce qui contredit l’hypothèse de
départ.

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Théorème 1.
Si  α et  α → β, alors  β.

Démonstration. Raisonnement par l’absurde.


Supposons que  α et  α → β et supposons que β n’est pas une tautologie, alors ∃ une
ligne de sa table de vérité où β est fausse, et puisque  α → β, alors α doit être fausse
pour cette même ligne, ce qui contredit  α,et donc notre hypothèse est fausse.

Propriétés des connecteurs logiques


1. Commutativité du ∨ et du ∧ :
α ∨ β ≡ β ∨ α,
α ∧ β ≡ β ∧ α.
2. Associativité du ∨ et du ∧ :
(α ∨ β) ∨ γ ≡ α ∨ (β ∨ γ),
(α ∧ β) ∧ γ ≡ α ∧ (β ∧ γ).
3. Distributivité du ∨ et du ∧ :
α ∨ (β ∧ γ) ≡ (α ∨ β) ∧ (α ∨ γ),
α ∧ (β ∨ γ) ≡ (α ∧ β) ∨ (α ∧ γ).
4. Loi de Morgan :
— ¬(α ∨ β) ≡ ¬α ∧ ¬β.
— α ∨ (α ∧ β) ≡ α.
— ¬(α ∧ β) ≡ ¬α ∨ ¬β.
— α ∧ (α ∨ β) ≡ α.
— ¬(¬α) ≡ α.

1.2 Conséquence logique


En language propositionnel, une formule β est conséquence logique d’une formule
α (et on note α |= β), si et seulement si étant donné la table de vérité de α et β, la
valeur de β est vraie sur toutes les lignes où la valeur de α est vraie.
• De manière générale, une formule β est conséquence logique d’un ensemble de formules
{α1 , α2 , . . . , αn } (et on note {α1 , α2 , . . . , αn } |= β) si et seulemnt si, étant donné la table
de vérité de α1 , α2 , . . . , αn , et β, la valeur de vérité de β est vraie sur toutes les lignes
où les valeurs de vérité de α1 , α2 , . . . , αn sont toutes vraies.

Exemple 8. p −→ q , ¬q |= ¬p
| {z } |{z} |{z}
α1 α2 β

p q ¬q p → q ¬p
V V F V F
V F V F F
F V F V V
F F V V V

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Théorème 2 (Théorème de substitution). Soit β une formule où figure la variable
propositionnelle p, et soit β 0 la formule obtenue à partir de β en substituant à p en
touts ses occurences une formule α. Si |= β alors β 0 est aussi une tautlogie.
• De manière générale, soit β une formule où figure les variables propositionnelles
p1 , p2 , . . . pn et β 0 la formule issue de β en substituant, simultanément, à toutes les
occurences de l’une ou de plusieurs variables propositionnelles p1 , p2 , . . . pn les formules
α1 , α2 , . . . αn respectivement. Si |= β alors |= β 0 .

Exemple 9. β : p −→ ((q −→ r) −→ p), (|= β).


β 0 : (a ∧ b) −→ ((q −→ (b ∨ c)) −→ (a ∧ b)), obtenue en substituant dans β : (a ∧ b) à
p et (b ∨ c) à r. (On peut vérifier que |= β).

Théorème 3 (Théorème de remplacement). Soit α une formule dans laquelle apparait


en une ou plusieurs occurences la formule β, et soit α0 la formule obtenue à partir de
α en remplaçant β en une ou plusieurs de ces occurences par la formule β 0 .
Si |= β 0 ↔ β alors |= α0 ↔ α.

Exemple 10. α : p1 ∨ (p1 → p3 ) ↔ p4 ∨ (p2 → p3 )


En remplaçant la formule (p2 → p3 ) par ¬p2 ∨ p3 , on obtient la formule :
α0 : p1 ∨ (p1 → p3 ) ↔ p4 ∨ (¬p2 ∨ p3 )
On peut aisément vérifier que |= α0 ↔ α

Le tableau suivant présente une comparaison des deux théorèmes précédents

Théorème de Subtitution Théorème de Remlpacement


1. La substitution s’applique 1. Le remplacement s’applique
aux tautologies à des formules quelconques
2. On l’applique à des variables propositionnelles 2. On l’applique à des formules
(On substitue des variables propositionnelles) (On remplace des formules)
3. On substitue toutes les occurences 3. On remplace une ou plusieurs
d’une même variable occurences d’une même formule

1.3 Système complet de connecteurs


Définition 5. Un ensemble Γ de connecteurs est dit complet, si étant donnée une for-
mule quelconque du calcul propositionnel, on peut trouver une formule α0 dans laquelle
n’interviennent que les connecteurs de Γ telle que α ≡ α0

Exemple 11. Γ = {¬, ∧} est un système complet de connecteurs.

Exercice 1. Prouvez le !

Remarque 1. Pour montrer qu’un ensemble de connecteurs n’est pas complet, il suffit
d’exhiber un connecteur n’appartenant pas à E et qui ne peut pas être exprimé unique-
ment avec les éléments de E.

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1.4 Formes normales
La mise sous forme normale transforme une formule en une formule équivalente nor-
malisé plus adaptée aux calculs. Ladéfinition de forme normale nécessite l’introduction
des concepts de littéral, clause, et monôme.

Définition 6. Nous introduisons trois concepts importants :


1. Un littéral : est une formule atomique ou la négation d’une formule atomique.
Autrement dit, c’est une formule de la forme p ou ¬p, où p est une variable
propositionnelle.
2. Un monôme (ou bien clause conjonctive) : est une conjonction de littéraux,
n
i.e : ∧ li , où les li sont des littéraux.
i=1
n
3. Une clause (ou bien clause disjonctive) : est une disonction de littéraux, i.e : ∨ li ,
i=1
où les li sont des littéraux.

1.4.1 Transformation en formes normales


Définition 7 (Forme Normale Disjonctive (Disjonction de monômes)). Une formule est
en forme normale disjonctive (en bref FND), si et seulement si elle est une disjonction
n n
de conjonction de littéraux, i.e : ∨ ( ∧ li ).
i=1 i=1

Exemple 12. (p ∧ q) ∨ (¬p ∧ ¬q ∧ r) est une F.N.D composée de deux monômes (p ∧ q)


et (¬p ∧ ¬q ∧ r).

Définition 8 (Forme Normale Conjonctive (Disjonction de monômes)). Une formule


est en forme normale conjonctive (en bref FNC), si et seulement si elle est une conjonc-
n n
tion de disjonction de littéraux, i.e : ∧ ( ∨ li ).
i=1 i=1

Exemple 13. (p ∨ q) ∧ (¬p ∨ ¬q ∨ r) est une F.N.C.

Théorème 4. Toute formule est logiquement équivalente à une FND (respect. FNC).

Exemple 14. Calculons le FND de F1 = p ∨ q −→ r ∧ s et le FNC de F2 = (p ∧ q) ←→


(¬p ∨ q).

F1 = p ∨ q −→ r ∧ s
≡ ¬(p ∨ q) ∨ (r ∧ s)
≡ (¬p ∧ ¬q) ∨ (r ∧ s) . . . FND

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F2 = (p ∧ q) ←→ (¬p ∨ q)
≡ ((p ∧ q) −→ (¬p ∨ q)) ∧ ((¬p ∨ q) −→ (p ∧ q))
≡ (¬(p ∧ q) ∨ (¬p ∨ q)) ∧ (¬(¬p ∨ q) ∨ (p ∧ q))
≡ ( ¬p ∨¬q ∨ ¬p ∨q) ∧ ((p ∧ ¬q) ∨ (p ∧ q))
|{z} |{z}
≡ (¬p ∨ ¬q ∨ q) ∧ (p ∧ (¬q ∨ q))
≡ (¬p ∨ ¬q ∨ q) ∧ p ∧ (¬q ∨ q) . . . FNC de F2
≡ (¬p ∨ 1) ∧ p ∧ 1
≡1∧p∧1
≡ p.

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