Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
I) Logique
La logique permet de modéliser et d’étudier le raisonnement mathématique.
1) Définitions
I Proposition : On appelle proposition un énoncé ou une expression pouvant être vrai ou faux. On
associe à toute proposition une valeur de vérité V (vrai) ou F (faux).
Exemple 1.
I Lemme : On appelle lemme toute proposition vraie préparatoire à l’établissement d’un théorème de
plus grande importance.
2) Connecteurs logiques
Les connecteurs logiques permettent de définir d’autres propositions à partir d’une ou plusieurs proposi-
tions initiales. Soient P et Q deux propositions, on définit par :
I Négation : La négation d’une proposition P est la proposition, notée P , qui est vraie lorsque P est
fausse et fausse sinon.
Exemple 3. P : 3 est un nombre pair (F), P : 3 n’est pas un nombre pair (V).
I Conjonction : La conjonction des deux propositions P et Q est la proposition (P et Q), notée
(P ∧ Q), qui est vraie si P et Q sont toutes les deux vraies en même temps. Elle est fausse sinon. On
résume ceci dans la table de vérité suivante :
P Q P∧Q
V V V
V F F
F V F
F F F
Exemple 4. 2 divise 9 et 136 est un multiple de 17. (F)
1
I Disjonction : La disjonction des deux propositions P et Q est la proposition (P ou Q), notée (P ∨Q),
qui est vraie si au moins l’une des deux propositions est vraie. Elle est fausse sinon. On résume ceci dans
la table de vérité suivante :
P Q P∨Q
V V V
V F V
F V V
F F F
Exemple 5. 2 divise 9 ou 136 est un multiple de 17. (V)
I Implication : La proposition P implique Q, notée (P ⇒ Q), est la proposition qui est fausse lorsque
P est vraie et Q est fausse. Elle est vraie sinon.
En d’autres termes, il s’agit de la proposition (P ∨ Q).
P Q P ⇒Q
V V V
V F F
F V V
F F V
√
Exemple 6. 2 × 2 = 6 ⇒ 3 = 1. (V) (Si P est fausse alors P ⇒ Q est toujours vraie)
Remarque. À partir de l’implication (P ⇒ Q), on définit :
• L’implication (Q ⇒ P ), appelée réciproque de l’implication (P ⇒ Q).
• L’implication (Q ⇒ P ), appelée contraposée de l’implication (P ⇒ Q).
• La négation (P ⇒ Q) est la proposition (P ∧ Q).
2
3) Quantificateurs
Soit P (x) une proposition dépendant d’un élément x d’un ensemble E. On écrit
• ∀x ∈ E, P (x) : lorsque la proposition P est vraie pour tous les éléments x ∈ E.
∀, qui se lit quelque soit ou pour tout, est appelé quantificateur universel.
• ∃x ∈ E, P (x) : lorsqu’il existe au moins un élément x de l’ensemble E pour lequel la proposition P
est vraie.
∃, qui se lit il existe au moins un, est appelé quantificateur existentiel.
• ∃ ! x ∈ E, P (x) : lorsqu’il existe un unique élément x de l’ensemble E pour lequel la proposition P
est vraie.
Il y a conjointement existence et unicité de l’élément x vérifiant la proposition P .
Exemple 10.
1. ∀x ∈ [0, +∞[, x2 ≥ 0 (V)
2. ∀x ∈ R, x2 ≥ 4 (F)
3. ∃n ∈ N, n2 − n > n (V) (n=3, n=10, n=100).
4. ∃x ∈ R, x2 = −4 (F) (aucun réel au carré ne donnera un nombre négatif ).
5. ∃!n ∈ N, n2 − n > n (F)
Remarque.
• On peut trouver des propositions dépendant de deux quantificateurs.
Par exemple : ∀x ∈ R, ∃y > 0, x + y > 10.
• L’ordre des quantificateurs est très important. Prenons l’exemple des deux propositions suivantes :
∀x ∈ R, ∃y ∈ R, y > x et ∃x ∈ R, ∀y ∈ R, y > x.
La première est vraie et la seconde est fausse. En effet, dans la première on peut toujours trouver
un nombre supérieur à un nombre réel donné car R n’est pas borné. Tandis que pour la seconde, on
ne peut pas trouver un réel inférieur à tous les autres car R n’a pas de borne inférieure.
4) Modes de raisonnement
Voici quelques méthodes de raisonnement :
3
4.2 Contraposée
Le raisonnement par contraposée est basé sur l’équivalence suivante : (P ⇒ Q) ⇔ (Q ⇒ P ).
Donc si l’on souhaite montrer P ⇒ Q, il suffit de montrer Q ⇒ P .
Exemple 14. Soit n ∈ N. Montrons que si n2 est pair alors n est pair.
Écrivons d’abord la contraposée : Si n n’est pas pair alors n2 n’est pas pair.
On suppose que n n’est pas pair. On veut montrer que n2 n’est pas pair. Comme n n’est pas pair, il est
impair et donc il existe k ∈ N tel que n = 2k + 1. Alors
n2 = (2k + 1)2 = 4k 2 + 4k + 1 = 2l + 1 avec l = 2k 2 + 2k ∈ N.
Et donc n2 est impair.
Par conséquent, par contraposition, ceci est équivalent à : si n2 est pair alors n est pair.
4.3 Absurde
Le raisonnement par l’absurde pour montrer qu’une proposition P est vraie repose sur le principe suivant:
On suppose que P est vraie et on cherche une contradiction. Ainsi si P est fausse, cela veut dire que P
doit être vraie.
Exemple 15. Montrons la proposition suivante : 0 n’a pas d’inverse dans R.
Raisonnons par l’absurde c’est à dire supposons que 0 admette un inverse dans R.
1
Alors ∃x0 ∈ R : 0 = 0 ⇒ 0.x0 = 1 ⇒ 0 = 1. Ce qui est absurde, ainsi 0 n’a pas d’inverse dans R.
x
4.4 Contre-exemple
Ce mode de démonstration sert à montrer qu’une proposition de la forme : Pour tout x dans E, P (x) est
fausse. Pour cela, il suffit de montrer que sa négation est vraie, c’est à dire que : Il existe x dans E, P (x)
est vraie.
Exemple 16. Montrons que la proposition suivante ∀x ∈ R, x2 + 1 = 0 est fausse.
Il suffit de montrer que sa négation est vraie, c’est à dire : ∃x ∈ R, x2 + 1 6= 0 est vraie. En effet, pour
x = 1 on aura x2 + 1 = 2 6= 0 ce qui est vrai. Ainsi la proposition ∀x ∈ R x2 + 1 = 0 est fausse.
4.5 Récurrence
Le principe de récurrence permet de montrer qu’une proposition P (n), dépendant de n, est vraie pour
tout n ∈ N. La démonstration par récurrence se déroule en trois étapes :
L’initialisation : on montre que P (0) est vraie.
L’hérédité : On suppose que P (n) est vraie pour n ≥ 0 donné et on démontre que l’assertion au rang
suivant P (n + 1) est vraie.
La conclusion : On rappelle que le principe de récurrence P (n) est vraie pour tout n ∈ N.
Remarque. Si on doit montrer qu’une proposition est vraie pour tout n ≥ n0 alors on commence
l’initialisation au rang n0 .
Exemple 17. Montrons que : ∀n ∈ N, 2n > n.
Pour n ≥ 0, notons P (n) l’assertion suivante : 2n > n.
On va montrer par récurrence que P (n) est vraie pour tout n ≥ 0.
Initialisation : Pour n = 0 on a 20 = 1 > 0 donc P (0) est vraie.
Hérédité : Fixons n ≥ 1. Supposons que P (n) est vraie et montrons que P (n + 1) est vraie.
2n+1 = 2 · 2n
= 2n + 2n
> n + 2n car 2n > n
> n + 1 car 2n ≥ 1
Donc P (n + 1) est vraie.
Conclusion : par le principe de récurrence P (n) est vraie pour tout n ≥ 0, c’est à dire 2n > n ∀n ≥ 0.
4
II) Ensembles
Définition 1. Ensemble
Un ensemble est une collection d’objets, ces objets s’appellent les éléments de l’ensemble.
Si a est un élément d’un ensemble E, on écrit a ∈ E et on lit a appartient à E ou bien a est un élément
de E.
Si a n’est pas un élément de E, on écrit a ∈
/ E et on lit a n’appartient pas à E.
• On désigne en général les ensembles par des lettres majuscules : E, F, A, B, · · · . Les éléments sont
désignés en général par des lettres minuscules : a, b, x, y, · · · .
• On admet l’existence d’un ensemble noté ∅, appelé ensemble vide, qui ne contient aucun élément.
• Un ensemble réduit à un seul élément a est noté {a}. Il est appelé singleton.
• On dit que l’ensemble E est inclus dans l’ensemble F (ou est contenu dans F ) si tout élément de E
est un élément de F . On dit aussi que E est une partie ou un sous ensemble de F . On écrit E ⊂ F .
Par définition
(E ⊂ F ) ⇔ (∀x, x ∈ E ⇒ x ∈ F )
5
1) Opérations sur les ensembles
Définition 4. Union
On appelle union (ou réunion) de deux ensembles E et F et on note E ∪ F , l’ensemble des éléments x tels
que x ∈ E ou x ∈ F . On a donc
E ∪ F = {x : x ∈ E ou x ∈ F }.
Définition 5. Intersection
On appelle intersection de deux ensembles E et F et on note E ∩ F , l’ensemble des éléments x tels que
x ∈ E et x ∈ F . On a donc
E ∩ F = {x : x ∈ E et x ∈ F }.
Si E ∩ F = ∅ on dit que E et F sont disjoints.
Définition 6. Différence
La différence de deux ensembles E et F est l’ensemble formé des éléments de E n’appartenant pas à F .
La différence de E et de F (dans cet ordre), notée E \ F , est donnée par :
E \ F = {x : x ∈ E et x ∈
/ F }.
2) Propriétés
Soient A, B, C trois parties d’un ensemble E.
1. A ∩ B = B ∩ A, A ∩ (B ∩ C) = (A ∩ B) ∩ C, A ∪ B = B ∪ A, A ∪ (B ∪ C) = (A ∪ B) ∪ C.
2. A ∩ ∅ = ∅, A ∩ A = A, A ⊂ B ⇔ A ∩ B = A, A ∪ ∅ = A, A ∪ A = A, A ⊂ B ⇔ A ∪ B = B.
3. A ∩ (B ∪ C) = (A ∩ B) ∪ (A ∩ C), A ∪ (B ∩ C) = (A ∪ B) ∩ (A ∪ C).
3) Produit cartésien
Soient E et F deux ensembles. On appelle produit cartésien de E et F et on note E × F , l’ensemble
des couples (x, y) tels que x ∈ E et y ∈ F .
E × F = {(x, y) : x ∈ E et y ∈ F }
Exemple 20.
1. R2 = R × R = {(x, y) : x, y ∈ R}
2. [0, 1] × R = {(x, y) : 0 ≤ x ≤ 1, y ∈ R}
III) Applications
1) Définitions et exemples
Définition 7. Application
Soient E et F deux ensembles. Une application f de E dans F est une correspondance qui associe à
tout élément x de E un unique élément y de F , noté f (x). Autrement dit,
∀x ∈ E, ∃! y ∈ F, f (x) = y
6
Exemple 21.
1. √
f1 : R+ → R, x 7→ x, f2 : R → R, x 7→ sin x.
2. On appelle l’application identité d’un ensemble E et on note IdE ou 1E , l’application qui à tout
x ∈ E fait correspondre x à lui même. On a donc par définition :
IdE (x) = x pour tout x dans E
est Γ = {(a, α), (b, α), (c, β), (d, β), (e, δ)}.
Définition 9. Égalité
Soient f et g deux applications telles que f, g : E → F . On dit que f et g sont égales si et seulement si
pour tout x dans E, f (x) = g(x). On note f = g.
7
2. On appelle image réciproque de B par f , que l’on note f −1 (B) l’ensemble des x ∈ E tels que
f (x) ∈ B et on a :
f −1 (B) = {x ∈ E : f (x) ∈ B}
f (∅) = ∅, f −1 (∅) = ∅, f −1 (F ) = E
(h ◦ g) ◦ f = h ◦ (g ◦ f ).
2. On dit que f est surjective (ou bien une surjection) si pour tout y ∈ F , il existe x ∈ E tel que
y = f (x). Autrement dit
∀y ∈ F, ∃ x ∈ E y = f (x).
3. On dit que f est bijective si elle est à la fois injective et surjective. C’est à dire : pour tout y ∈ F ,
il existe un unique x ∈ E tel que y = f (x). Autrement dit :
∀y ∈ F, ∃ ! x ∈ E y = f (x).
8
Remarque 3. Une autre façon de formuler l’injectivité et la surjectivité est d’utiliser les antécédents.
• f est injective si et seulement si tout élément y de F a au plus un antécédent (et éventuellement
aucun).
• f est surjective si et seulement si tout élément y de F a au moins un antécédent.
On représente les notions d’injectivité, surjectivité et bijectivité d’une application comme suit :
Exemple 25.
1
1. Soit f : N → Q définie par f (x) = x+1 . Montrons que f est injective : Soient x1 , x2 ∈ N tels que
1 1
f (x1 ) = f (x2 ). Alors x1 +1 = x2 +1 c’est à dire x1 + 1 = x2 + 1 donc x1 = x2 . Ainsi f est injective.
Par contre, elle n’est pas surjective. Il s’agit de trouver un élément y qui n’a pas d’antécédent par
f . Ici, il est facile de voir que l’on a toujours 0 < f (x) ≤ 1 et donc, par exemple, y = 0 n’a pas
d’antécédent.
2. Soit g : Z → N définie par g(x) = x2 . Alors g n’est pas injective. En effet, on peut trouver deux
éléments x1 et x2 dans Z différents tels que g(x1 ) = g(x2 ). Il suffit de prendre par exemple x1 = 2,
x2 = −2. g n’est pas non plus surjective, en effet il existe des éléments y ∈ N qui n’ont aucun
antécédent. Par exemple√y = 3. Si y = 3 avait un antécédent x par g, nous aurions g(x) = y c’est à
dire x2 = 3, d’où x = ± 3. Mais alors x n’est pas un entier de Z. Donc y = 3 n’a pas d’antécédent
et g n’est pas surjective.