Vous êtes sur la page 1sur 4

Méthodologie : élaborer une problématique

Bibliographie
« Construire une problématique », in Pratiques, septembre 1993, n°79.

Sitographie
« Du questionnement à la problématique » : Les méthodes pour définir une problématique.
www.ac-nice.fr/docazur/article.php3?id_article=73
« Je me lance dans un remue-méninges » : Les étapes pour se lancer dans une brainstorming.
www.ebsi.umontreal.ca/jetrouve/projet/etape1/brain.htm

C’est la première des grandes étapes du cheminement de la pensée historienne, qui procède
par allées et venues du niveau du sujet présent (celui de l’historien) au niveau de l’objet passé
(dont il ne reste que des traces). cheminement logique mais non forcément chronologique et
linéaire comme peut le suggérer la courbe de Marrou.
« C’est en cela que notre schéma géométrique de la parabole peut induire en erreur, la
démarche concrète de l’historien ne décrit pas une trajectoire au tracé aussi simple que
celui d’une courbe du second degré : elle procède par allées et venues, sa marche en avant
sans cesse interrompue de retours en arrière. Il est rare qu’à la question posée une réponse
appropriée fasse immédiatement écho – sauf, bien entendu, si la question est simple
(« Quand mourut Hugues Capet? ») mais en histoire les questions intéressantes sont
toujours complexes et subtiles. Le plus souvent, au contact de la documentation,
l’historien découvre que sa question était mal posée; c’est inévitable; s’il craint, plus que
tout, de pécher par anachronisme, il ne peut éviter l’écueil, surtout au départ: son
questionnaire est alimenté par les préoccupations de son esprit moderne, reflétant le mode
de penser, de sentir des hommes d’aujourd’hui; il est rarement, avant retouches, adapté à
la réalité originale du passé. Progressivement, au fur et à mesure qu’avance la
compréhension des documents, la question sera reprise, corrigée, soumise à un nouvel
essai, retouchée à nouveau jusqu’à devenir méconnaissable, si bien que l’enquête amorcée
finit par prendre une direction imprévue. »
(Henri-Irénée Marrou, « Comment comprendre le métier d’historien », in Charles
Samaran (éd.), L’histoire et ses méthodes, Paris, Gallimard, 1961, p. 1510.)

1. Définitions

La problématique est une question précise qui se prête à un débat contradictoire et appelle une
réponse argumentée. Problématiser c’est donc transformer un sujet une question précise et
limitée.

« Ensemble des questions pertinentes qui se posent à l’observateur scientifique à propos de


phénomènes, questions qui sont susceptibles d’avoir une réponse logique et contrôlable et de
donner lieu à des opérations classées par ordre selon les disciplines qui les provoquent ».
Abraham MOLES, Théorie structurale de la communication et société, Paris, Masson, 1986.
« Problématiser ce n’est pas discuter de son opinion. Problématiser nécessite de se situer dans
un champ de questions intellectuellement légitimes. Il faut avoir des connaissances pour se
poser des problèmes. Il n’y a de problèmes que sous un horizon de savoirs, qu’à partir de
perspectives qui mettent ensemble ou excluent un certain nombre de données, qui permettent
d’interroger, d’interpréter la réalité ou les faits sous une certaine lumière, sous un certain
point de vue. Cet ensemble on l’appellera une problématique ».
Patrice ALLARD, Marc BUONOMO, Simone GUYON et ali., La problématique d’une discipline à
l’autre, Paris, ADAPT, 1997 (Avant-propos).

« Dans l’examen d’une question fondamentale, la problématique permet de penser ensemble


des éléments hétérogènes ou contradictoires. Elle appelle une argumentation, une validation
d’hypothèse et une réponse originale. Fruit d’une élaboration théorique, elle correspond à une
construction ».
Pierre DESPLANQUES, La géographie en collège et en lycée, Paris, Hachette Éducation, 1994, p.11.

« Art, science de poser les problèmes. Voir : questionnement »


Le nouveau Petit Robert : dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, Paris,
Dictionnaires le Robert, 2000.

« La problématique est une question que se pose le grand public ou la communauté


scientifique. Elle appelle un ensemble de questions partielles qu’il faut se poser. La
problématique ne débouche pas sur une réponse immédiate, ni sur une réponse limitée à
« oui » ou « non ». Elle doit mettre en jeu une argumentation. Elle exprime une situation qui
fait problème incitant à la formulation d’hypothèses. L’objectif du travail de recherche sera de
valider ou d’invalider les hypothèses ».
Marie-Christine BIALAIS, Le questionnement du sujet : de la recherche documentaire à la
construction du savoir, Lyon, IUFM (mémoire), 2002.

1.1. Question ou problème ?

Question Problème1
Demande que l’on adresse à quelqu’un en Question à résoudre qui prête à discussion
vue d’apprendre quelque chose de lui. Voir dans une science.
interrogation.
Connaissance incomplète ou incertaine, qui Difficulté qu’il faut résoudre pour obtenir un
peut donner lieu à discussion. Sujet qui certain résultat. Situation instable ou
implique des difficultés à résoudre, d’ordre dangereuse exigeant une décision. Voir
théorique ou pratique. difficulté.
Torture infligée aux accusés pour leur Chose, personne qui pose des problèmes.
arracher des aveux. Voir énigme.

1.2. Les différents types de questions2

Question comprenant en elle-même la réponse : une seule réponse est possible.


« Ah ?! vous en êtes sûr ? » « Non » (bien sûr)

1
Tableau élaboré à partir de Le nouveau petit Robert : dicitonnaire alphabétique et analogique de la
langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, 2000.
2
André GIORDAN, Les origines du savoir, Paris, Delachaux & Niestlé, 1987, p.151.
Question fermée : sur un sujet ponctuel, une seule réponse convient.
« Comment s’appelle-t-il ? » « Il s’appelle X ».

Question ouverte : sur un sujet plus général, plusieurs réponses sont possibles.
« Comment expliquez-vous cela ? »

Question d’incitation : elle invite à la recherche, à l’approfondissement d’un argument, à


l’action.
« Comment pourrait-on s’y prendre pour répondre à cette question ? »

Problème ouvert Problème fermé


Aucun but n’est déterminé L’objectif est connu
L’énoncé n’induit ni la méthode ni la L’énoncé est prescriptif.
solution.
Le sujet n’est qu’une indication d’énoncé. Il Résoudre le problème c’est résoudre le
revient à celui qui écrit de rédiger l’énoncé problème posé par l’énoncé.
du problème.

2. Les composants d’une problématique

ne problématique bien formulée s’appuie sur des questions, un cadre théorique, un problème à
résoudre. Tout le sujet doit être circonscrit par la problématique. Le problème mis en avant
doit être explicité et la question formulée doit mettre des termes en tension. La problématique
met donc en tension les termes du sujet et se situe dans un champ thématique, chronologique
et géographique.
La question centrale d’une problématique sera toujours une question d’incitation, i.e. qui
invite à la recherche, à l’approfondissement d’un argument, à l’action. Elle amène d’autres
questions satellites.
La problématique doit susciter le débat, la confrontation de réponses multiples qui doivent
conduire à choisir un cheminement, argumenter pour répondre à la question.
Une problématique N’EST PAS une question n’amenant qu’une définition limitée, ou une
réponse unique et fermée, ne faisant pas débat.

3. Comment problématiser ?

Selon qu’on est au CAPES ou à l’agrégation, on doit problématiser :


- À partir d’un corpus de documents
Le corpus est utilisé comme une mémoire externe : on ne puise pas exclusivement dans
ses connaissances (ce qui ne dispense cependant pas d’en avoir, évidemment), mais dans
des documents présélectionnés pour leur capacité à provoquer le questionnement.
- À partir d’un brainstorming
Là encore, on peut procéder par étapes
→ par l’approche lexicale, qui consiste à recueillir le lexique (mots, expressions)
qu’évoque la thématique du sujet
→ par l’approche structurale qui permet d’organiser le lexique en classes ou sous-classes
→ par l’approche conceptuelle qui conduit à définir les notions essentielles, trouver des
synonymes et organiser le tout pour constituer le champ sémantique de chaque notion
→ par questionnement (Quoi ? Qui ? Quand ? Où ? Comment ? Pourquoi ?)

Sujet de dissertation

Liste de questions...
... organisées, hiérarchisées
dans...
... un questionnement

Un problème : dans le questionnement, relever


Des paradoxes
Des oppositions
Des contradictions
« Qu’est-ce qui ne va pas ? »

Un cadre : dans le sujet identifier


Le domaine de connaissance impliqué
L’espace concerné, les bornes chronologiques
Les mots clés, les notions principales

Une hypothèse Une question centrale

Vous aimerez peut-être aussi