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* Il faut d'abord s'attacher à lire le texte attentivement en prêtant attention aux mots de liaison (mais, pourtant,
néanmoins, toutefois...) afin de repérer sa construction et les différentes étapes de l'argumentation de l'auteur.
N'hésitez pas à souligner les mots et les expressions essentielles.
* Surtout prenez le temps de lire et relire le texte, car souvent on croit comprendre un texte alors qu'en réalité il n'en est
rien. Il est important de vous rappeler que vous n’êtes pas l’auteur du texte et donc vous ne pouvez accéder aisément à
l’intelligence du texte qui vous a été proposé à la première lecture. Aussi, faut-il se méfier des textes simples en
apparence, car en réalité ils contiennent souvent des pièges redoutables générateurs de contresens.
* Enfin, repérez les exemples contenus dans le texte afin de montrer soigneusement par la suite en quoi ils nous
éclairent. Le sens philosophique de la démarche de l'auteur ne peut souvent être saisi qu'à travers eux.
* Comprendre (com-prehendere = prendre avec soi, assimiler, faire sien) un texte, c’est fondamentalement se placer en
face du texte et chercher à écouter ce qu’il nous dit. Car l’auteur s’adresse à nous aussi, et nous parle de quelque chose
dont nous avons par ailleurs expérience ou bien dont nous allons faire l’expérience.
* Comprendre le texte, c’est aussi faire le pari du sens, c’est-à-dire faire surgir les idées implicites, éclairer les idées
(un peu comme quand on explique l’histoire d’un film à quelqu’un : on ne raconte pas seulement les images qu’on a
vues, mais on donne du sens à l’histoire). Ici, on donne du sens au texte proposé à l’explication.
* Le principe : une immense connaissance philosophique de la doctrine de l’auteur n’est pas exigée. L’a formule
officielle qui accompagne le troisième sujet au baccalauréat (l’explication de texte) dit ceci : « La connaissance de la
doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise
du texte, du problème dont il est question. » En effet, la connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise, mais
la connaître peut aider. Cependant, il est nécessaire de connaître les notions et problèmes du programme auxquels
les textes proposés sont attachés ; et aussi les grands classiques contre lesquels l’auteur peut écrire, et peut-être
surtout les doxai (opinions communes) qu’il cherche à dépasser. Donc, il est nécessaire d’avoir une connaissance
philosophique, ne serait-ce connaître son programme de l’année de philosophie !
II – LA PREPARATION DU TRAVAIL
A – Quelques points à garder scrupuleusement à l’esprit
1 – Le travail préparatoire
1 – Lire et relire : ne pas s’étonner de ne pas comprendre le texte immédiatement. Les textes philosophiques sont des
textes denses, où chaque mot compte. Ils nécessitent une lecture très attentive. Considérer chaque mot, chaque
expression comme un piège à désamorcer.
2 – Chercher à identifier les moments de l’argumentation ou d’évolution du texte. Essayer de résumer chacun d’entre
eux par une phrase, afin d’y référer constamment au cours de votre travail d’explication.
3 – Chercher le paradoxe du texte si possible ou bien chercher le présupposé du texte : ce qui aide à déceler la thèse
de l’auteur dans le texte.
* Pour cela, essayer de repérer la ou les « formules chocs » qui ressortent de la lecture, et essayer de comprendre en
quoi cette formule recouvre un paradoxe, une idée inattendue/surprenante/choquante ou scandaleuse… Cela revient à
vous demander contre quoi le texte est-il écrit ? Qui met-il en accusation ? Quel préjugé combat-il ? Quel problème
pose-t-il ? Ou encore quelle idée courante défend-il ou explicite-t-il ?
* L’intérêt immédiat à poursuivre, et qui vous aidera à conduire l’explication de texte, serait de mettre en exergue le
problème que pose l’auteur dans le texte, et aussi de conduire la réflexion sur le texte à partir de ce problème.
4 – Identifier les concepts mis en jeu par le texte (l’art, la liberté, l’Etat …) et essayer d’expliciter les définitions que
l’auteur leur donne. Cela vous aidera à comprendre le thème sur lequel l’auteur écrit son texte.
5 – Repérer l’enjeu du texte et le mettre en exergue afin de l’avoir constamment à l’esprit car il constitue en somme, le
fil conducteur de la pensée de l’auteur dans le texte
* Quand le texte donne un exemple concret, expliquer la thèse générale que cet exemple est censé justifier.
Réciproquement, quand le texte énonce une thèse générale, essayer d’illustrer celle-ci par un ou des exemples concrets
tirés du texte.
7 – Analyse critique1 : l’analyse critique est l’expression la plus appropriée à ce qu’on désigne généralement par
discussion. Cela consiste évidemment à faire une analyse conceptuelle du texte (en relevant déjà les concepts établis
par l’auteur dans le texte) et porter par la même occasion un regard sur le texte dans un esprit philosophique pour
éclairer votre lecteur-correcteur (à qui vous donnez la preuve de votre compréhension du texte). Cela constitue une
partie intégrante de votre travail d’explication et ne peut être dissociée comme une partie finale de votre texte.
Important à savoir et à respecter : il n’y a pas une partie explicative et une partie discursive.
* Soumettre le texte à l’analyse critique signifie : examiner les arguments développés par l’auteur en se demandant si
sa définition du terme est solide, s’il est possible de trouver des contre-exemples, et donc s’il est possible de montrer les
limites de ces arguments. Parlez donc plutôt des « limites du textes », de ses « présupposés implicites » ou des
« contre-exemples » que vous pouvez trouver à sa thèse. N’oubliez pas : il s’agit d’expliquer le texte dans un esprit
philosophique.
* Rester humble face à l’auteur : on peut parfaitement avoir un regard critique sur le texte dans un esprit
philosophique, mais cela ne vous autorise jamais à dire que l’auteur « a tort » ; qu’il « se trompe comme si vous aviez
tout compris mieux que lui.
Nota bene : nous pouvons et nous devons nous interroger sur le texte et non le remettre en cause. S’il vous arrive de le
faire, c’est que ceci provient d’une analyse insuffisante du texte de votre part, et en particulier de l’incapacité à
identifier le préjugé à partir duquel le texte pourrait être écrit, à le saisir en tant que tel, et donc à comprendre l’enjeu du
texte.
8 – Dans l’analyse critique, ATTENTION à ne pas retomber dans le préjugé naïf qui était justement critiqué par
l’auteur. Ce faisant, vous montreriez alors que vous n’avez rien compris à sa critique ! Mieux vaut ne pas faire de la
discussion du tout que de tomber dans ce travers.
1
Critique : du grec « krinein » = discerner, trier. Sens général en philosophie : 1 – Analyse des fondements – 2 – chez Kant : assignation à la raison
de ses pouvoirs et de ses limites.
- La critique renvoie à une activité spécifique de la raison : opérer des partages, des distinctions, des discernements et porter des jugements. La
critique, c’est la raison qui sépare le bon du mauvais, distingue le vrai du faux, le bien et le mal sur le plan à partir des critères (criterium = règle
établie et reconnue comme telle !) qui sont posés et admis par tous sinon par la majorité au moins.
10 – Relisez-vous avec attention. N’oubliez pas que l’orthographe et la correction de la langue sont fondamentales pour
que le correcteur puisse concentrer son attention sur vos analyses.
Nota bene : attention à ne pas faire une analyse littéraire du texte à la place de votre explication de texte
philosophique, mais vous partirez aussi de ce travail pour appréhender le caractère du texte, ce qui vous aide à faire une
bonne explication de texte philosophique puisqu’un texte philosophique obéit aussi à des règles littéraires. Sauf qu’il est
aussi et surtout porteur d’une pensée philosophique !
B – Le raisonnement par l’absurde : type particulier de syllogisme, qui consiste à supposer le contraire de la thèse
que l’on veut démontrer, à montrer que cela mène à des absurdités, et donc à affirmer la vérité de sa thèse initiale :
1 – Supposition du contraire de ce que l’on veut montrer.
2 – Déduction de conséquences absurdes.
3 – Donc vérité de la thèse de départ.
Tout texte est écrit contre un préjugé. Tout texte est la position d’un problème.
La thèse d’un texte est toujours la démonstration des limites d’une thèse explicite ou implicite.
Il faut alors déceler le problème pour trouver la thèse !
Le texte philosophique critique une certaine position dogmatique (une croyance religieuse par exemple) : il donne,
pendant un temps, l’impression d’être sceptique. Il vous faut ensuite montrer qu’il ne l’est pas, mais qu’il propose une
définition nouvelle de concepts anciens. A de rares exceptions près, on peut donc dire que :
Un texte philosophique propose toujours une solution médiane entre dogmatisme et scepticisme
Votre but est de montrer l’enjeu philosophique du texte et de porter un éclairage ses arguments en essayant une
justifiant ou même d’y porter une interrogation, pour bien les faire comprendre à votre lecteur.
Il y a ainsi toute une gamme, qui va des analyses les plus conceptuelles à des remarques d’ordre plus « littéraire ». Tout
est permis, à condition d’éviter les remarques gratuites. Les analyses qui précèdent constituent la matière brute de
l’explication : elles doivent avoir d’une introduction et il faudrait les articuler entre elles, en rédigeant des paragraphes
de transition.
Porter un regard critique sur le texte à étudier, c’est faire son analyse critique ; et cela consiste à montrer que vous
en avez bien compris les enjeux, et vous êtes capable de voir ses limites. Ce travail fait partie intégrante de
l’explication de texte philosophique.
Rien n’est plus désastreux, après une explication de qualité moyenne, qu’une pseudo-critique qui se veut féroce et qui
ne fait que renforcer le sentiment que vous n’avez pas compris le texte.
Remarque : Vous avez donc la possibilité, si cela vous paraît plus commode, de construire votre explication de texte,
sous la forme d’un commentaire composé, en consacrant chaque partie à un niveau d’analyse plutôt que de suivre
l’ordre du texte mais ceci est un exercice risqué mais seulement possible pour ceux possèdent une réelle expertise en
la matière.
2
Voir le sens de la page 3
Vous avez le droit d’essayer de justifier la « doxa » malgré tout : mais à condition de fonder votre justification sur une
critique des arguments de l’auteur donc en apportant de nouveaux arguments, et pas en répétant ceux que l’auteur
critiquait.
A retenir :
B – L’introduction
On l’a vu, tout texte est paradoxal. « Para-doxal », c’est à dire qu’il s’oppose à une opinion commune, à un préjugé (ou
éventuellement à la thèse d’un autre philosophe). Quel est ce préjugé et pourquoi l’auteur le dénonce t-il, quel problème
y voit-il ? Voilà ce qu’il exposer dès le début de votre explication, pour permettre tout simplement à votre lecteur de
savoir de quoi l’on parle et quel est le problème philosophique traité.
Par exemple :
* « Nous analyserons d’abord le premier temps du texte » : identification de ce premier temps, son statut formel (thèse,
exemple, question…) et son contenu.
* « Dans un second temps … » : identification de ce second temps, son statut formel et de son contenu.
* Etc… (selon le nombre de parties selon lequel vous décomposez le mouvement du texte).
* Annonce du problème que vous pourrez traiter tout au long de l’explication à travers le texte et non en opposition au
texte et à la thèse de l’auteur.
Le problème désigne la question de la question, l’aporie 3 fondamentale qui bouscule les évidences, la question difficile
mais quasi impensable et qui ne saurait être pensée en toute bonne logique élémentaire (propre au sens commun). C’est
une question qui trouve sa source dans cette évidence au second degré qui ne peut être résolu avec la logique du sens
commun même si nous partons de l’évidence du sens commun. Il ne relève jamais d’une « résolution » à proprement
parler. Car l’objet de la philosophie n’est pas de tout niveler. Déceler le problème en philosophie consiste à partir
absolument de la question du sens commun afin de dépasser cette évidence du 1er degré qui relève du sens commun
3
Aporie : du grec antique a-poros = sans chemin = impasse
Le problème peut être défini comme la question qui est au cœur de la question initiale et qui ne transparaît pas
forcément à la première lecture ; il est l’aporie4 fondamentale qui bouscule les évidences, la question difficile mais
quasi impensable et qui ne saurait être pensée en toute bonne logique élémentaire (propre au sens commun). C’est une
question qui trouve sa source dans cette évidence au second degré, et qui ne peut être résolu avec la logique du sens
commun même si nous partons de l’évidence du sens commun, comme point de départ pour y remonter. Il ne relève
jamais d’une « résolution » à proprement parler. Car l’objet de la philosophie n’est pas de tout niveler.
Déceler le problème en philosophie consiste à partir absolument de la question du sens commun afin de dépasser cette
évidence du premier degré qui relève du sens commun pour aboutir à la question aporétique. Cette question qui
constitue le problème, n’est pas pour autant insoluble mais doit subir une réflexion philosophique, qui ne peut se faire
sans l’élaboration d’une problématique.
Quid de l’enjeu ?
L’enjeu5 du sujet n’est jamais explicitement formulé, c’est au candidat de le dégager à partir d’une analyse minutieuse
des données du sujet. D’où la nécessité de la démarche de l’analyse minutieuse du sujet à l’aide des repères qu’il aura
décelé à travers les définitions et les distinctions conceptuelles.
Ce concept provient de l’expression « en jeu ». L’enjeu signifie d’abord : 1 – ce que l'on risque dans un jeu et qui doit, à
la fin de la partie, revenir au gagnant ; 2 – ce que l'on peut gagner ou perdre dans n'importe quelle entreprise.
Quid de sa projection dans le champ philosophique ? Il y a une difficulté à le circonscrire dans l’exercice de dissertation
philosophique. Jacqueline RUSS nous situe bien sur cette difficulté et nous conduit à une analyse qui permet de définir
le concept : « Certains y voient le problème philosophique en jeu et le confondent avec lui. Et l’enjeu ne représente pas
davantage la question, mais bien l’importance du problème soulevé ou de la question énoncée, ce qu’ils enveloppent de
décisif sur le plan de la réflexion ou de la pratique, de la portée d’une idée caractérisée par son aptitude à produire des
effets : ce que nous gagnerons ou perdons dans l’ordre de la réflexion, si nous répondons à telle ou telle question, à tel
ou tel problème » (in Les méthodes en philosophie, Editions Armand Colin).
4
Aporie (terme du grec antique a-poros = alpha privatif et passage) : signifiant sans chemin, impasse, absence d'issue et dans le cas qui nous
préoccupe ici = embarras de la pensée dans la mesure où on se retrouve sans perspective sauf si elle se déploie autrement.
5
L’enjeu ne peut être confondu ni avec le présupposé, ni avec le problème. L’un et l’autre peuvent aider à le saisir sans pour autant les supplanter.
Les repères servent bien à le situer et les distinctions permettent aussi à déceler les concepts en jeu dans le sujet.