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Méthode

L’explication de texte
en 4 heures

Présentation de l’épreuve
Une explication de texte est un déploiement : il s’agit de déplier le texte, comme on peut
défroisser une boulette de papier pour en consulter le contenu. L’explication de texte
consiste avant tout à lire et à repérer la problématisation, la structure argumentaire ainsi que
la conceptualisation.

Objectif
Mettre au jour les concepts reliés par un enchaînement argumenté pour soutenir une thèse.
Compétences attendues :

● le discernement et l’analyse nuancée ;


● la connaissance des procédures philosophiques nécessaires pour comprendre la
pensée de l’auteur.

Qualités requises
● Patience : le texte résiste à la première lecture.
● Rigueur : expliquer, c’est se mettre au service d’une pensée, il s’agit donc de la
traiter correctement.

Outils
Les connaissances sur la notion pour confronter le texte à d’autres pensées philosophiques.
Les erreurs à éviter :

✘ Travestir les propos de l’auteur en récitant son cours ou en exprimant sa propre pensée.
✘ Se laisser duper par l’apparente clarté du texte et passer à côté des problèmes qu’il soulève : s’il
était clair dès la première lecture, il ne nécessiterait aucune explication.
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Organisation / Gestion de l’épreuve

Étape 1 ● Lire le texte attentivement

10 minutes
● Objectif de la première lecture : comprendre les notions impliquées dans le texte et
son propos général (le thème).
● Objectif de la deuxième lecture : identifier le problème qu’il soulève.
● Objectif de la troisième lecture : rédiger au brouillon une approche grossière de
l’argumentation.

Les erreurs à éviter :

✘ Choisir ce sujet si l’on ne parvient pas à identifier et à rédiger grossièrement ces trois éléments,
après les trois lectures.
✘ Revenir en arrière après avoir choisi cet exercice.

Étape 2 ● Comprendre le texte

50 minutes
Il convient à cette étape de relire le texte tant qu’il n’est pas parfaitement connu : jusqu’à dix
lectures successives peuvent être nécessaires pour entrer en familiarité avec
l’argumentation du texte.

Une fois que sa structure globale est claire, les étapes suivantes sont :
➡Repérer au surligneur toutes les conjonctions de coordination (mais, ou, et, donc, or, ni,
car) ou les ajouter au crayon soi-même si l’auteur n’en a pas utilisé. Rappel : il s’agit ici de
conjonctions logiques et non temporelles.
➡Repérer les concepts qu’il faudra définir au cours de la rédaction.
➡Identifier les exemples utilisés par l’auteur ou chercher soi-même des exemples et les
noter au brouillon s’il n’y en a pas dans le texte.
Pour s'entraîner à commenter les exemples d’un texte
➡Décomposer toutes les phrases complexes ou longues en déclarations plus
courtes, sans en modifier le sens, pour avoir une idée de l’ensemble des thèses émises et des «
briques » de sens.
➡Préciser pour chacune de ces déclarations si elles font appel à un repère au
programme ou si elles supposent un éclairage par un point de cours.

Étape 3 ● Identifier le problème et la thèse


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10 minutes
Un problème n’est pas seulement une question : il s’agit d’une difficulté qui empêche une
réponse immédiate et spontanée. La thèse est ce que l’auteur veut que ses lecteurs
admettent, ce dont il veut les convaincre. Il s’agit donc de :
➡Dégager et formuler au brouillon le problème, en cherchant ce qui empêche une
réponse rapide et simple.
Points clés :

● le problème peut être une distinction entre plusieurs sens d’une même notion, un
paradoxe ou un désaccord avec une thèse communément admise ;
● le problème est souvent difficile à déterminer, mais il s’agit de l’épine dorsale de
l’extrait. Il est important et de vérifier que tout le texte semble organisé pour y
répondre.

➡Formuler au brouillon la thèse que l’auteur défend et chercher une formulation


synthétique qui rende compte de tout le texte.

Point clé : la thèse correspond à l’idée principale que soutient l’auteur. Il s’agit d’identifier le
point de vue que l’auteur souhaite que l’on admette.

Étape 4 (facultative) ● Réaliser un schéma du


raisonnement

15 minutes
Le schéma du raisonnement consiste en une transcription graphique de l’extrait proposé,
permettant de visualiser le chemin de pensée de l’auteur. Il ne sert pas à expliquer au sens
propre, mais à saisir une totalité argumentaire et à vérifier qu’aucune thèse n’a été oubliée. Il
permet d’établir le plan d’étude du texte, chaque mouvement du texte étant une branche du
schéma. Deux types de mouvements peuvent être observés :
➡Le mouvement linéaire (les thèses découlent les unes des autres).
➡Le mouvement thématique (les thèses se répondent dans l’extrait).

Points clés :

● comme la philosophie procède essentiellement par l’argumentation, le mouvement


est généralement linéaire et l’explication le sera aussi ;
● une fois le diagramme réalisé, vérifier par une lecture que toutes les thèses et
explications sont bien dans le diagramme.

Étape 5 ● Rédiger

2 heures 15
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Rédaction de l’introduction (d’abord au brouillon)


➡Présenter l’auteur et l’œuvre dont est tiré l’extrait proposé.
Exemple : Ce texte de Kant est une réponse à Benjamin Constant concernant un droit de
mentir par humanité. Kant est un philosophe des Lumières qui est l’auteur d’une défi nition
rigoriste du devoir.

Les erreurs à éviter :

✘ Présenter toute la biographie de l’auteur (quelques mots suffisent) : seuls les éléments de
biographie permettant d’éclairer certains aspects du texte sont utiles.

➡Présenter le thème en mentionnant la notion au programme qui est concernée et le sujet


du texte.
Exemple : Ce texte porte sur les notions de vérité et de devoir. Il traite plus spécifi quement
de l’éventuelle légitimité du mensonge.
➡Présenter le problème.
Exemple : Le problème étudié dans ce texte est que le mensonge, bien qu’il paraisse
parfois nécessaire, est toujours à considérer comme une faute morale.
➡Présenter la thèse.
Exemple : Kant affirme dans cet extrait que le devoir de vérité n’est pas relatif aux
circonstances, mais s’impose toujours.

Points clés :

● la thèse n’est pas nécessairement l’idée générale du texte ;


● si la thèse est parfois claire, il convient en général de la clarifier.

➡Présenter le plan de l’extrait en indiquant les étapes que suit l’auteur pour démontrer sa
thèse ou l’expliquer. Le schéma du raisonnement doit servir à visualiser de manière rapide
et synthétique ces étapes.
Exemple : L’auteur explique qu’il existe une première raison de ne pas mentir, l’impératif
catégorique, qui nous ordonne de ne pas considérer autrui comme un moyen, plutôt que
l’auteur aborde les raisons pour ne pas mentir.

Points clés :

● il est important de détailler le contenu du plan ;


● toute nouvelle idée abordée doit correspondre à une nouvelle partie et toute idée
confortant une idée précédente doit correspondre à une sous-partie.

Rédaction de chaque partie du développement


➡Rappeler l’idée générale et son lien avec la thèse de l’auteur au début de chaque partie
du développement.
Point clé : chaque partie du développement doit correspondre à une partie du texte de
l’auteur dans laquelle il argumente une idée.
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➡Nommer l’étape de l’argumentation qui correspond au passage expliqué.


Exemple : L’auteur réfute, il illustre, il introduit une nuance, il revient sur, il fournit un autre
argument, il admet, etc.

Point clé : les « portions » de texte que l’on explique sont des groupes qui font sens. La
longueur de ces segments est donc variable : un mot, quelques mots, une portion de
phrase. La moindre infl exion de la signification du texte correspond à une nouvelle portion
du texte.
➡Expliquer le passage en se posant les questions suivantes (sans les écrire) : qui, quand,
comment, dans quel but, jusqu’à quelle limite, et en en livrant les réponses directement.
Exemple : Si l’on explique « La volonté constante de tous les membres de l’État est la
volonté générale », les questions peuvent être : Comment s’assurer de la volonté constante
de tous les membres de l’État ? Qui est défini comme « membre de l’État » ? Jusqu’à quelle
limite peut-on dire que l’addition des volontés de tous les membres de l’État constitue la
volonté générale ?

Explication d’un passage


➡ Utiliser la connaissance des repères au programme.
Les repères au programme peuvent aider à éliminer les hypothèses d’interprétation entre
deux sens d’une même expression.

Point clé : le sens d’un mot ou d’une expression doit être expliqué dans le contexte. Le fait
d’indiquer dans sa copie son hésitation entre deux sens possibles et d’expliquer cette
hésitation est valorisé.
➡Prêter attention aux nuances.
Chaque mot a une signification. Il n’y a pas de synonyme en philosophie, donc si un auteur
utilise un mot proche d’un autre, il insère très probablement une nuance.

Point clé : le changement de vocabulaire au sein du texte est un indice. Ainsi, si on lit : « Il y
a d’ailleurs une différence entre croire et avoir une opinion », cela suppose que l’on fasse
une nuance entre la croyance (une ignorance consciente d’elle-même), et l’opinion (une
ignorance non consciente d’elle-même).
➡S’exprimer clairement.
Il est important d’utiliser une langue simple et claire et de restituer les concepts utilisés, le
mouvement de l’argumentation de l’auteur et le lien entre ce qui est expliqué et la
problématique de la partie.

Point clé : expliquer un concept, c’est en donner la définition et la portée pour le texte.
➡Commenter avec prudence.
L’auteur peut être critiqué mais pas accusé : il s’agit de doser le principe de contestation
d’une thèse, ou d’un exemple du texte. Par principe, il vaut mieux considérer que l’auteur a
raison. Cependant, il peut être confronté à un autre auteur qui a une thèse différente (mais
pas forcément opposée).
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Point clé : voir de grandes incohérences dans le propos d’un auteur peut être le signe que
le texte n’a pas été compris. Dans ce cas, il faut donc respecter le principe du « jugement le
plus favorable envers l’auteur ».
➡Faire une transition vers le passage suivant en mettant en avant les inflexions de la
pensée et la raison pour laquelle une idée débouche sur une autre.
Pour s'entraîner à percevoir et réaliser des transitions

Point clé : il est nécessaire de traiter tous les passages, sans en traiter un plus qu’un autre.
Les exemples dans le texte doivent aussi être traités.

Les erreurs à éviter :

✘ Faire uniquement de la paraphrase, c’est-à-dire se contenter de répéter le texte sous


une autre forme.
✘ Utiliser le texte comme prétexte : éviter de parler brièvement du propos de l’auteur pour
disserter sur une notion impliquée dans le texte.
✘ Faire une dissection du texte qui aboutirait à définir tous les mots un par un.

Un mot ou une expression sont pris dans une « horlogerie » générale qui leur donne valeur
et portée. C’est cette « horlogerie » qu’il s’agit de mettre en lumière, et en aucun cas le sens
d’un mot sorti du contexte : un concept change de sens selon l’auteur qui l’emploie, et
parfois même, entre les oeuvres de jeunesse et de maturité d’un même auteur.

Rédaction de la conclusion
➡Récapituler les principaux mouvements de l’extrait et en restituer toute la dimension
logique, c’est-à-dire les liens entre ces mouvements.
➡Rappeler l’intérêt philosophique du problème traité.
Point clé : l’intérêt philosophique correspond à la portée du texte (sa dimension sociale,
historique) et à son apport (ce qu’il a pu amener à l’époque de sa rédaction et aujourd’hui).

Étape 6 ● Se relire en deux temps

20 minutes
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Correction de la langue
Il s’agit de vérifier la syntaxe, les tournures de phrase, le vocabulaire, et l’orthographe.

Cohérence générale de la copie


Il est important de s’assurer qu’aucun passage, argument ou un exemple n’a été oublié. En
cas d’oubli, un renvoi permet de corriger la composition.

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