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Méthode de la dissertation philosophique

Durant l’épreuve du Baccalauréat (qui dure quatre heures), vous aurez le choix entre trois sujets dont deux
seront des questions de dissertation. Prenez le temps de bien déterminer quel sujet vous allez traiter en
prenant bien le temps de les lire avec attention.

Réflexion libre : noter, sans vous censurer ou vous limiter, toutes les idées, les exemples et les références
philosophiques ou culturelles qui vous semblent liés à la question du sujet. Vous vous servirez par la suite de
ces éléments de réflexion pour organiser votre argumentation.

Éléments de l’introduction :

Introduire la question du sujet au moyen d’un exemple précis de présentation qui amène
naturellement à se poser la question du sujet. Il s’agit de mettre en valeur l'intérêt ou l'actualité de la
question posée. Il possible de partir d'un exemple ou d'une situation concrète qui permettent de
comprendre pourquoi nous en sommes venus à nous poser cette question précise. Évitez les expressions
convenues et trop générales telles que « De tous temps, les hommes se sont posé la question de… »,
« Tous les philosophes se sont posés depuis toujours la question de savoir... » car vous n’en savez rien et
elles constituent des généralités qui n’apportent rien à la question du sujet.

Définir les termes du sujet. Ce travail de définition est indispensable car il permet de reformuler la question
du sujet pour élaborer un problème, puis une problématique philosophique. Généralement, les sujets de
dissertation philosophique commencent par les expressions « peut-on », « doit-on », « faut-il » qui expriment
une modalité qu’il convient d’expliciter. Peut-on exprime le pouvoir de faire quelque chose, c’est-à-dire la
capacité physique indépendamment de toutes considérations morales ; cependant, dans votre réflexion, vous
devrez peut-être si c’est pertinent envisager les implications morales du sujet. Les définitions à apporter ne
sont pas définitives ; il s'agit de définitions opératoires, c'est-à-dire qu'elles sont immédiatement utiles pour
penser et qu'elles servent de point de départ à la réflexion. Il faudra peut-être redéfinir les termes du sujet tout
au long du développent pour préciser votre pensée.

Reformuler la question du sujet pour élaborer un problème philosophique. La question posée par le sujet
est bien déjà un problème philosophique à part entière mais en le reformulant vous vous appropriez le sujet et
vous montrez que vous l'avez compris. Pour cela, il suffit de remplacer les termes du sujet, que vous avez
préalablement définis, par des expressions équivalentes ou des synonymes sans pour autant simplifier le
problème posé ou restreindre sa portée. Un problème philosophique est une thèse exprimée sous une forme
interrogative. Par exemple, si la question posée est : faut-il toujours dire la vérité ? Le problème philosophique
correspondant, après redéfinition des termes du sujet, serait : Est-il moral d’être sincère en toute occasion ?
Faut-il faire en sorte que nos propos correspondent tout le temps à la réalité ?

Élaborer une problématique philosophique. Il s'agit d'ajouter une alternative à votre problème
philosophique en réfléchissant à la thèse opposée. La problématique est une question qui constitue une
alternative (exprimée par ou bien) entre deux thèses opposées. Il s’agit, en quelques sortes, de l’application du
principe logique du tiers-exclu à la question du sujet qui admettrait comme seules réponses possibles deux
thèses contradictoires entre lesquelles il faudrait choisir. Il faut donc penser à ce qui se passerait si vous
répondiez non à la question. Par exemple, si la question posée est : faut-il toujours dire la vérité ? La
problématique possible pourrait être : Faut-il toujours dire la vérité ou bien est-il moral de mentir en certaines
occasions ? Si la question posée est : Faut-il chercher à tout démontrer ? La problématique pourrait être : Faut-il
chercher à tout démontrer ou bien existe-t-il des vérités indémontrables ?

Déterminer la thèse. Maintenant que la question du sujet a été problématisée, vous avez nécessairement un
avis sur la question, une idée que vous voulez défendre. Cette position philosophique que vous voulez soutenir
au moyen d’une réflexion argumentée s'appelle une thèse philosophique.

Proposer un plan. Le développement de la dissertation ne peut se réduire à énoncer vos idées à mesure qu'elles
présentent dans votre esprit au risque de vous contredire ou paraître confus. Le développement d'une dissertation
philosophique a pour seul fonction de défendre votre thèse de la façon la plus convaincante ; c'est pourquoi, il
faut organiser méthodiquement votre argumentation en proposant un plan rationnel. Il s'agit donc d'organiser au
mieux les idées, les arguments, les exemples, les raisonnements, les définitions et les références (issus de la
phase de réflexion libre au brouillon) en les affectant à des parties au contenu distinct qui présentent entre elles
une progression logique et qui constituent chacune une étape nécessaire de votre argumentation.
Le plan est une stratégie argumentative dans la défense d'une thèse. Plusieurs stratégies argumentatives
sont donc envisageables en fonction de la thèse que vous allez choisir de défendre et de la progression de vos
arguments. Dans une première partie, vous pouvez partir de l'examen de l'opinion commune et montrer
dans quelle mesure l'avis majoritaire est légitime mais vous ne pouvez pas vous en contenter. Cette opinion
commune sur le sujet doit être nécessairement dépassée, dans une deuxième partie, pour prendre en compte
les différentes pensées philosophiques de votre connaissance qui apportent des thèses concurrentes sur le
sujet. Enfin, dans une troisième partie, il s'agit alors de retenir parmi ces différentes thèses philosophiques,
celle qui vous semble la plus pertinente et que vous souhaitez défendre. Cette façon de procéder correspond à
la méthode dialectique d'Aristote.
Vous pouvez également commencer, dans un premier temps, par exprimer une thèse, qui répond par
l’affirmative à la question du sujet ; puis, dans un second temps, examiner son antithèse, qui répond par la
négative à la question du sujet et correspond aux objections logiques de la première thèse exprimée ;
enfin, dans un troisième temps, il convient de dépasser l’opposition de la thèse et de son antithèse en
réalisant une synthèse qui apporte une résolution à la contradiction dialectique posée par la question du
sujet. Cette manière de traiter la question du sujet, correspond à la dialectique de Hegel.
Vous pouvez exprimer le plan par trois axes argumentatifs qui énoncent l’idée principale de chacune des
trois parties. Il est également possible d’annoncer le plan sous la forme de trois questions subordonnées à
votre problématique.

Comment rédiger le développement de la dissertation philosophique ?

Consignes d’ordre de formel : Sauter des lignes seulement entre vos parties principales. Chaque partie
doit comporter au moins trois arguments et autant d'exemples pour les illustrer. Chaque partie doit
être introduite par un paragraphe qui expose brièvement l'idée générale ou l'argument principal qui
sera développé et conclue par un paragraphe synthétique qui récapitule la progression de votre
argumentation et qui sert également de transition avec la partie suivante. Exprimez-vous à la
première personne du pluriel afin d’indiquer à votre lecteur que vous l’incluez dans votre réflexion et
que votre propos, bien qu’il soit personnel, prétend dépasser votre subjectivité individuelle pour atteindre
une certaine objectivité, voire l’universalité, en présentant des arguments rationnels susceptibles d’être
acceptés par une majorité d’individus raisonnables. Employez un vocabulaire précis appartenant au
registre écrit. Il vaut mieux privilégier les phrases simples (sujet, verbe, complément) et claires à la
syntaxe maîtrisée que d'élaborer des propositions plus complexes mais peu claires. Veillez à soigner
votre écriture pour vous assurer d'être bien lu par le correcteur.

Comment argumenter sa thèse ? Cela revient à trouver les raisons qui pourrait convaincre une autre
personne de votre position philosophique comme si vous essayez de convaincre un interlocuteur
imaginaire de la légitimité de l’idée que vous défendez. Par exemple, si vous avez décidé de soutenir la
thèse qu’il vaut mieux toujours dire la vérité. Vous pouvez donner l’argument que cela permet que votre
parole soit bien considérée par autrui, qu’elle ait de la valeur ou encore que la justice n’a de sens, par
exemple, qui si les témoins à un procès disent la vérité.

Comment introduire une progression logique dans l’argumentation de sa thèse ? Philosopher, c’est
dialoguer ; or, le jour de l’épreuve vous serez seul face au sujet, il convient donc de simuler cet échange
dialectique avec un interlocuteur pour stimuler votre réflexion et vous obliger à dépasser vos
propres idées préconçus sur le sujet. Si vous avez développé votre idée de départ ou l’opinion
commune sur la question du sujet, dans une première partie, il convient, dans une seconde partie de
mentionner les objections que quelqu’un, qui ne serait pas d’accord avec vous, pourrait vous opposer
et montrer en quoi elles sont légitimes ou discutables. Pour reprendre l’exemple précédent, quelqu’un
pourrait vous objecter que la vérité peut blesser et que quelqu’un pourrait vous retirer son amitié si vous
lui dites une vérité difficile à entendre. Dans une troisième partie, il convient, par conséquent, de
répondre à ces objections en trouvant des arguments (autant que d’objections) ou des exemples en
dépassant les difficultés et les limites soulevées dans la deuxième partie ainsi que votre idée de départ sur
la question du sujet exposée dans la première partie. Par exemple, vous pouvez répondre à l’objection que
dire la vérité pourrait blesser un ami par l’idée que nous attendons précisément d’un ami qu’il soit sincère
avec nous et que s’il ne le fait pas alors nous pourrions légitimement le lui reprocher.

Comment élaborer un exemple ? Il convient d’accorder votre préférence et la priorité à des


exemples culturels exprimant un certain savoir. Ainsi, les références littéraires, scientifiques,
artistiques, historiques religieuses sont à valoriser ainsi que les exemples philosophiques proposés par
les penseurs étudiés. Cependant, le traitement du sujet peut parfois cous demander d’élaborer un exemple
pour appuyer un argument. Dans ce cas, il ne s’agit pas de raconter une anecdote privée ou un souvenir
personnel avec un luxe de détails inutiles mais, au contraire, de retirer de l’exemple proposé tout ce
qu’il aurait de trop subjectif pour que votre correcteur puisse s’identifier à la situation proposée :
l’exemple doit avoir une portée suffisamment générale pour qu’il puisse être accepté comme
élément d’argumentation à part entière.

Une bonne dissertation doit-elle comporter beaucoup de références philosophiques ? Il est possible
de faire une bonne dissertation sans aucune référence ou citation philosophique si, et seulement si,
vous avez problématisé la question du sujet et que votre thèse est bien argumentée, présente une
progression logique dans son déploiement et que vous apportez une réponse précise à la question du sujet.
Toutefois, les citations ou des références philosophiques tirées du cours ou issues de votre culture
personnelle apporte évidemment un soutien dans votre effort de réflexion et d’argumentation. Il ne
s’agit pas de restituer tout ce dont vous vous rappelez du cours à propos d’une notion présente dans la
question du sujet mais bien de réinvestir judicieusement des éléments de connaissance qui ont
directement à voir avec la réponse que vous apportez à la question du sujet. Par ailleurs, évitez de
vous servir des références philosophiques comme argument d’autorité : ce n’est pas parce que
Aristote ou Platon a affirmé quelque chose que cela répond de façon pertinente à la question précise posée
par le sujet donné ?

Conclusion

Il convient de rappeler la question posée et votre problématique car, au terme de votre réflexion, vous êtes,
maintenant, en mesure d’y apporter une réponse précise. Cette réponse est personnelle et correspond à la
thèse que vous avez défendue au cours de votre développement. Il s’agit donc d’exprimer votre thèse en une
proposition qui rende compte de la progression logique de votre réflexion dans les trois parties du
développement. Par ailleurs, il convient de faire la synthèse rapide des acquis de votre réflexion et des
principales étapes de votre argumentation. Votre réponse à la question du sujet ne doit en aucun cas se
réduire à une sorte de point de vue moyen et relativiste qui donnerait l’impression que vous n’avez pas de réel
avais sur la question et qui ruinerait votre argumentation et votre effort de réflexion.
Enfin, vous devez achever la conclusion sur une question d’ouverture qui correspond à un problème
secondaire, une difficulté annexe ou un aspect du sujet que vous n’avez pas traité dans le développement mais
qui présente un intérêt philosophique. La question d’ouverture correspond à un problème philosophique
original suscité par le traitement de la question du sujet. Quel sujet de dissertation aimeriez-vous soumettre au
correcteur ? Prenez garde de ne pas choisir une question d’ouverture qui corresponde à un problème qui aurait
dû être traité dans le développement et qui intéressait directement la réponse à la question du sujet.

Pensez à vous relire plusieurs fois pour corriger les fautes de français.

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