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CONSEILS POUR LA DISSERTATION


Considérations générales (mais utiles):
Les instructions officielles disaient naguère : “La dissertation joue un rôle essentiel dans l’enseignement
philosophique; elle permet d’apprécier l’exercice du jugement, la conduite d’une réflexion cultivée et l’aptitude à les
exprimer dans un discours ordonné.”
“L’exercice du jugement” : on vous demande en effet de juger, et de juger juste, bref, de faire la distinction entre le
vrai et le faux, et – pourquoi pas? – de faire preuve de bon sens. “La conduite d’une réflexion cultivée” : on vous
demande de mettre en relation vos références culturelles, d’éclairer l’une par l’autre, de circuler à travers les
pensées. “L’aptitude à les exprimer par un discours ordonné” : C’est le plus important. Discours ordonné signifie :
discours qui procède par étapes vers une conclusion. Toute dissertation philosophique est donc progressive. Ce qui
fait que votre première partie et votre deuxième partie ne doivent pas pouvoir être interverties. Enfin il faut
comprendre par là que la dissertation n’est pas un récit mais une démonstration : elle doit donc, en tant que telle,
suivre un ordre nécessaire, selon lequel le passage d’une idée à une autre doit être justifié.
Le libellé (la formulation) du sujet.
Le sujet de dissertation est toujours une question. On vous demande d’y répondre. Cette réponse doit apparaître
clairement dans la conclusion. Pour donner une réponse satisfaisante, il faut d’abord soigneusement analyser le sujet.
Soyez d’abord attentif à la forme de la question. Prenons un exemple: “Peut-on considérer les droits de l’homme
indépendamment du citoyen?” La question porte donc sur une possibilité conceptuelle. Mais il y a des questions qui
portent sur une possibilité morale ou pratique (exemples: “Peut-on être heureux en étant seul?”; “Les hommes
peuvent-ils vivre sans Etat?”), une nécessité (“Faut-il être philosophe pour ne pas craindre la mort?”), sur un devoir
moral (“Doit-on toujours dire la vérité?”), etc.
Voyez ensuite si la question ne comporte pas un présupposé. Dans le sujet suivant : “N’y a-t-il que l’homme qui soit
doué de langage?”, il est présupposé que l’homme au moins est doué de langage. Dans cet autre sujet: “La
conscience morale peut-elle n’être qu’un fait de culture?”, le sujet présuppose ou suggère que la moralité
s’évanouirait si elle n’était que le produit des conventions culturelles. On voit que le présupposé doit être aperçu et
indiqué dans la copie, voire interrogé et remis en question. En tout cas il donne à la question une tournure qui la
distingue, qui fait son originalité, sa spécificité, et c’est bien à cette question précise qu’on vous demande de
répondre. En outre, on vient de voir que celui qui est attentif au présupposé d’un sujet perçoit dans la question un
élément qui n’est pas mis en question (puisqu’il est présupposé) mais qui permet précisément en tant que tel de
donner un sens à cette question.
Il faut enfin analyser les notions du sujet, et en donner une définition, même succincte, dans l’introduction. Car il
faut savoir de quoi l’on parle. Ainsi définir la conscience morale, ce sera la distinguer de la conscience perceptive,
définir la notion d’Etat ce sera la distinguer des notions de pays ou de nation. Pour cela aidez-vous des dictionnaires
usuels, d’un lexique de philosophie, du cours de philosophie, ou de textes philosophiques connus dans lesquels
certaines notions sont définies. Sachez néanmoins qu’il ne faut pas donner une définition trop polémique, ou trop
étroite, ou encore une définition telle que s’y trouve d’emblée la réponse à la question posée. Car là n’est pas, là ne
doit pas être la solution du problème, mais la base de sa résolution. Car il s’agit d’abord de comprendre le problème,
et pour ce faire il faut bien en comprendre et en définir les éléments. Des définitions au moins provisoires sont donc
les bienvenues en introduction.
La (fameuse) problématique:
La problématique n’est pas le plan. La problématique, c’est le problème tel que vous l’aurez vous-même
formulé, le bout par lequel vous allez le prendre, la direction que vous donnerez à votre réflexion. C’est
pourquoi on distingue souvent la question formulée par le sujet et le problème qui y est implicite, et que vous devez
dégager. Pour comprendre la distinction entre la question du sujet et le problème que vous devez faire ressortir,
considérez avec quelle perplexité ou avec quelle surprise vous découvrez tel ou tel sujet. La question vous semble
sans intérêt, ou bien elle vous semble confuse, ou bien encore elle vous semble tout à fait arbitraire. Eh bien, quand
vous aurez découvert l’intérêt de la question, son enjeu (ce qui se joue en elle), ce pourquoi elle se pose ou doit se
poser, alors vous pourrez construire une problématique. Une fois que vous aurez compris le problème essentiel qui
donne son sens à la question, vous pourrez en effet déterminer la voie à suivre pour le résoudre1. Si la question vous

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Il est possible que le sujet donne lieu à des problématiques diverses. Choisissez-en une, celle qui vous semble la plus importante, la plus
féconde, la plus conforme à la question posée.
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paraît absurde ou sans intérêt, c’est inquiétant ! Demandez-vous donc pourquoi, en quelles circonstances, pour qui
elle peut se poser, et quelles conséquences cela aurait d’y répondre de telle ou telle façon.
L’introduction:
L’introduction doit s’efforcer d’introduire la question. Autrement dit, celle-ci ne doit pas être posée abruptement,
car alors elle paraîtrait arbitraire. Demandez-vous donc pourquoi cette question est posée, cherchez par exemple une
situation concrète où le problème se fait jour, un exemple ou une anecdote (fait d’actualité ou référence littéraire) qui
replace la question au sein des préoccupations humaines, morales ou scientifiques. Il convient aussi d’analyser la
forme précise de la question et les notions qu’elle met en œuvre. De là doit sortir votre problématique2. Vous
indiquerez enfin succinctement le plan de votre réflexion (ses grandes étapes), en essayant de souligner la logique de
sa progression (pourquoi il vous faudra passer de tel point à tel point). Il peut être utile à ce propos de poser
plusieurs questions, car la solution du problème nécessitera que vous y ayez répondu. Néanmoins n’accumulez pas
les questions sans lien, ne serait-ce que parce que le plus souvent les copies qui posent beaucoup de questions en
introduction ne tiennent pas leurs promesses par la suite, en n’y répondant pas. Notons encore qu’il est inutile
d’annoncer la solution du problème dès l’introduction, de même qu’il est déplacé de donner le nom de l’assassin dès
le début du film. Enfin, on conseille généralement de rédiger l’introduction (au propre) une fois que la dissertation
est finie, pour éviter les promesses non tenues et plus généralement pour que l’introduction annonce bien la réflexion
qui a eu lieu et non une autre.
Le développement:
Le développement de la dissertation doit être de nature progressive. On part d’un point de départ et on arrive à une
solution. Il est essentiel que les idées que vous formulez soient justifiées, démontrées, argumentées. C’est
pourquoi vous vous méfierez de l’argument d’autorité (du type: “c’est vrai si Descartes l’a dit”). Vous vous méfierez
aussi des opinions communes, qui n’ont pas de valeur si elles n’ont été remises en question3. Enfin pour passer d’une
idée à une autre il faut qu’il y ait une raison. Soit la première est fondement de la seconde. Soit elle amène à
s’interroger sur la seconde. Soit elle est réfutée par la seconde. Montrez donc toujours le lien existant entre vos divers
paragraphes, en usant de “connecteurs” tels que: “mais ; or ; donc ; de la même manière ; en revanche ; c’est dire que ;
attardons-nous sur cet exemple ; pour en revenir à notre question initiale ; à ce stade de notre réflexion nous pouvons
affirmer que...”. Notez en outre qu’il est bon de rappeler couramment quel progrès vous avez fait dans votre réflexion,
c’est-à-dire où vous en êtes sur le chemin qui vous mène à la réponse finale. D’ailleurs, il faut que ce soit clair pour
vous, alors autant en faire profiter le correcteur.
En ce qui concerne les exemples, ils sont les bienvenus, pour clarifier la pensée, pour préciser de quoi il est
question, pour donner de l’aération au texte, pour mettre à l’épreuve une idée générale, etc. Néanmoins n’oubliez pas
qu’un exemple n’est qu’un cas particulier, c’est-à-dire un cas particulier d’une vérité générale qu’il vous incombe de
formuler. Bref, un exemple est exemple de quelque chose, et il faut bien préciser de quoi. Ne pensez pas non plus
qu’un exemple suffit à démontrer une idée. Ce n’est pas parce que mon oncle est brun que tous les oncles sont bruns.
Les exemples ont donc avant tout une fonction d’illustration. Et c’est en cela qu’ils sont les bienvenus, car on veut
vérifier si vous comprenez de quoi vous parlez, et si vous pouvez appliquer vos idées (générales ou abstraites) à des
cas concrets.
En ce qui concerne les références culturelles et notamment les citations, sachez que toute citation doit être introduite
et motivée (elle ne doit pas tomber comme un cheveu sur la soupe), mais aussi expliquée et commentée4. A moins
que ce ne soit une telle lapalissade qu’il soit inutile d’invoquer pour cela un grand auteur! Ne citez donc pas des
passages que vous ne comprenez pas clairement, car ils pourraient signifier autre chose que ce que vous supposez.
Bien sûr, ne citez pas n’importe qui (comme Jean-Claude Van Damme ou Maître Gims), mais des philosophes ou de
grands écrivains.
Quant aux références à la pensée des auteurs, elles ne sauraient tenir lieu de démonstration. Ce n’est pas parce que
Kant a dit plein de choses compliquées sur tel sujet que cela est vrai. Evitez aussi de bâtir un paragraphe
commençant ainsi: “selon Kant, blablabla”, et de commencer le suivant ainsi: “Nietzsche pense au contraire que
blablabla.” Il faut que vous montriez la raison pour laquelle vous passez de l’un à l’autre, et pour laquelle vous

2
Cf. plus haut. Le mot « problématique » ne doit pas apparaître dans votre copie. En tout cas, on ne dit pas : « pour répondre à
notre problématique », mais, par exemple : « pour répondre à la question telle que nous l’avons reformulée », « pour résoudre ce
problème ». De la même façon, et pour des raisons d’élégance, n’employez pas le mot « dissertation », mais plutôt celui de
« réflexion » (« au cours de notre réflexion », « notre réflexion portera d’abord sur … », etc.)
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Il n’est pas inutile à cet égard de commencer en rappelant l’opinion commune, pour la remettre en question.
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Il faut aussi savoir citer. Ecrire : « “Je pense donc je suis”, Descartes. » est incorrect. Il faut écrire plutôt : « “Je pense donc je suis”,
écrit Descartes. »
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n’avez pas d’abord commencé par Nietzsche avant d’invoquer Kant. Bref, les grands auteurs doivent aider votre
réflexion, mais non pas s’y substituer.
En ce qui concerne le plan, on recommande trois parties5. Néanmoins, on n’interdit pas les dissertations en deux,
voire quatre parties6. Il faut seulement qu’il y en ait plus d’une, car on veut tester votre aptitude à remettre en
question certaines idées, à les réfuter et à proposer des idées plus vraies. Cela ne veut pas dire que vous devez
contredire la première partie dans la seconde, puis la seconde partie dans la troisième. Pour un sujet tel que:
“L’homme est-il naturellement bon?”, on trouve trop souvent des copies dont la première partie commence ainsi:
“l’homme est naturellement bon parce ... blablabla” et dont la seconde partie commence ainsi: “l’homme est
naturellement mauvais (ou ni bon ni mauvais) parce que ... blablabla”. On se demande alors pour quelle raison
l’élève a commencé par telle thèse plutôt que par telle autre. N’oubliez pas que vous devez justifier la progression de
votre pensée, et cela implique qu’il doit y avoir une raison pour laquelle une idée a été avancée avant une autre.
Sachez enfin que si l’on attend en général que vos deux premières parties s’opposent (ce qu’on appelle thèse-
antithèse), d’une part ce n’est pas une règle absolue (la seconde peut donner une expression plus adéquate ou une
justification plus profonde d’une vérité formulée dans la première partie), d’autre part on ne vous demande pas de
fabriquer une troisième partie avec des éléments contenus dans les deux premières. Si la thèse répond “oui” et
l’antithèse “non”, la synthèse que doit être la troisième partie doit prendre en compte ce qui a été dit avant,
précisément pour le dépasser, et aller plus loin: la synthèse ne doit donc pas répondre “oui mais non”, “oui et non”,
ou “cela dépend”. N’oubliez jamais que la dissertation doit être progressive, et donc que ce qui se trouve au début ne
doit pas se retrouver à la fin (sinon soit vous vous répétez, soit vous vous contredisez, bref, vous montrez que votre
réflexion n’a pas avancé d’un pas). Dernier conseil de bon sens: votre dernière partie doit aboutir à votre réponse
définitive, et c’est pourquoi la conclusion doit être conforme à la dernière idée de votre dernière partie.
Quant à la longueur du devoir (dissertation ou commentaire de texte), on attend généralement au moins une double
page (quatre feuillets), et au maximum deux doubles pages7, même si, évidemment, la qualité prime la quantité. Le
délayage (remplissage) se remarque vite.
La conclusion :
La conclusion doit apporter une réponse claire à la question initiale. Elle peut résumer les étapes de votre
réflexion, mais le principal est qu’elle conclue8. C’est pourquoi elle peut être très courte. En effet, toutes vos idées
doivent avoir été déjà analysées dans le corps de la dissertation, et il ne faut donc ajouter aucune idée nouvelle,
aucun concept nouveau en conclusion. C’est pourquoi aussi, contrairement à la légende (ou à des disciplines autres
que la philosophie), la conclusion ne doit pas ouvrir ou élargir le sujet9. Au contraire, elle doit fermer, c’est-à-dire
conclure. La question doit être réglée, fermement.

Erreurs à éviter :
1) faire de l’histoire: le correcteur se moque de savoir que tel philosophe a dit telle chose sur le sujet, puis tel autre
philosophe telle autre chose, si cela ne sert à faire avancer le “schmilblick”. Il est aussi faux de supposer que tel
philosophe, parce qu’il est plus récent qu’un autre, serait plus proche de la vérité. En outre, on trouve souvent, dans
les copies, de la mauvaise histoire (des rapprochements imprudents entre certains auteurs, des anachronismes).
Evitez donc aussi le style historique: toutes les idées, fussent-elles de Platon ou de Kant, sont mises sur le même plan
par votre réflexion; en tant que philosophique, une pensée n’est pas “datée”. L’usage du passé simple est donc
interdit (c’est le temps du récit, non de la démonstration). Enfin évitez les vues d’ensemble insignifiantes, que l’on
retrouve, surtout en introduction, dans toutes les copies et sur tous les sujets (du type: “de tous temps l’homme s’est
interrogé sur ... blablabla”).

5
Ne mettez pas de numéro ni de titre en début de chaque partie. Contentez-vous de sauter une ligne. A l’intérieur de chaque
partie, ne sautez pas de ligne. La marge des copies classiques suffit pour mes annotations.
6
De fait, je vous conseille de composer des dissertations en deux parties (thèse-antithèse), car c’est ce qui est nécessaire et suffisant.
La seule chose à affiner est la transition entre ces deux parties. Trop souvent dans les copies d’élèves la seconde partie commence en
contredisant abruptement la première.
7
Pour un devoir à la maison, c’est un minimum (même si bien sûr on peut avoir la moyenne avec seulement 3 pages très denses). Il ne
faut pas non plus faire trop long (pas plus de deux copies doubles) ; une copie trop longue sera sanctionnée. L’introduction doit faire
entre 10 et 30 lignes, la conclusion entre 3 et 10 lignes.
8
« conclue » : ici au subjonctif. A l’indicatif, on doit écrire : « On en conclut que… », « on en conclura que… »
9
Cela n’est pas interdit, mais je le déconseille, pour les raisons invoquées ci-dessus. En outre, ce genre de conclusion concise et
simplement conclusive (que je recommande vivement) me paraît plus simple que les conclusions qui prétendent élargir le sujet, et qui
trop souvent l’élargissent n’importe comment, soit en sautant du coq à l’âne, soit en formulant une question qui s’avère être l’enjeu
précis du sujet, auquel cas il est manifeste que le sujet n’a pas été traité, car cette question qui arrive à la fin aurait dû être posée au
début, et résolue dans la dissertation.
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2) la juxtaposition : cela consiste à avancer une idée après une autre, sans que soit motivé ou justifié le passage de
l’une à l’autre. On aurait tout aussi bien pu les mettre dans l’ordre inverse. Or, la nécessité interne de l’enchaînement
de vos parties doit apparaître. Il est donc grave que deux paragraphes se suivent sans qu’on en voie le lien. Or, si le
lien est clair pour vous, autant en faire profiter tout le monde. Quelques indices de juxtaposition: “par ailleurs”,
“d’un autre côté”, “selon Kant ... blablabla, selon Hegel ... blablabla”. Cela revient au même que de rédiger à la suite
deux paragraphes sans indiquer aucun lien logique. Or, le lien logique de vos idées est primordial et doit toujours
clairement apparaître.
3) l’absence d’argument : grave défaut qui se remarque vite. Le fait que telle thèse ait été défendue par un
philosophe ne vous dispense pas d’argumenter ; au contraire, il doit se trouver dans ses textes tous les arguments
dont vous avez besoin. Evitez aussi les arguments “bidon”, qui ne prouvent rien. Evitez aussi de démontrer une
vérité générale à l’aide d’un simple exemple, alors qu’avec un peu de réflexion on pourrait tout aussi bien trouver un
contre-exemple qui viendrait anéantir votre thèse.
4) la citation non expliquée, non justifiée. Très souvent les citations qu’on trouve dans les copies ne sont pas
expliquées, et d’ailleurs leur caractère inopportun montre généralement qu’elles n’ont pas été comprises. Citer des
auteurs qu’on ne comprend pas, c’est utiliser l’argument d’autorité (lequel est proscrit en philosophie).
5) les propos non illustrés, trop abstraits. Ils sont parfois l’indice d’une déblatération confuse où l’élève veut faire
croire qu’il philosophe, et où il ne sait plus ce qu’il dit. Testez donc la solidité de vos grandes idées en les illustrant
par des exemples choisis.
6) le hors-sujet : est hors sujet tout ce qui ne répond pas à la question posée, ou qui n’est pas un moyen de parvenir
à la réponse. Bref, tout dans la copie doit servir à mener à la conclusion. Il existe aussi le hors-sujet global, lorsque
l’élève n’a pas compris le sujet, généralement parce qu’il l’a lu sans attention. Ainsi on pourra considérer comme
hors sujet une copie qui répond que l’on peut alors que la question était de savoir si l’on doit. Par exemple sur le
sujet : “Doit-on toujours dire la vérité? ”, une copie qui s’attacherait à démontrer qu’on peut toujours la dire serait
hors sujet, puisque là n’est pas la question.
7) les conclusions qui ne répondent pas clairement à la question posée, ou qui refusent de répondre (en se
cachant souvent derrière un relativisme facile, du type : “Sur cette question les avis divergent”10). Il faut répondre, il
faut se mouiller. La dissertation n’a servi à rien si elle ne mène à une conclusion claire et ferme.
8) le style “personnel” : Evitez l’emploi de la première personne, à moins que ce ne soit le “je” philosophique,
décrivant une expérience propre à tout sujet pensant. Evitez les anecdotes personnelles ou les références à votre
sensibilité propre. On vous demande de convaincre n’importe quel sujet pensant, n’importe quel correcteur, et le
récit de votre vie ou l’étalage impudique de vos soucis personnels ne peuvent qu’irriter.
9) le “recopiage” : pire encore que le style personnel, le recopiage relève de l’absence de pensée. Il ne sert donc à
rien de recopier un manuel ou un texte pris sur internet, d’une part parce que sa qualité n’est pas certaine, d’autre
part parce qu’il est immoral de taire ses sources, enfin parce qu’il y a de fortes chances que le texte recopié ne cadre
pas précisément avec le sujet. Ce qui trahit presque toujours le recopiage, c’est le fait que l’article recopié répond à
une question un peu différente (voire très différente, si on l’a à peine lue !) de la question posée, et aussi le fait que
le style de l’élève ne ressemble pas du tout aux passages qu’il a recopiés. Le patchwork (assemblage de parties
recopiées) n’échappe pas à cette règle. On peut donc s’aider de livres ou de documents, mais il faut les refermer
au moment de rédiger. Car si votre pensée est claire, vous devez pouvoir l’exprimer tout seul. Tout recopiage (tout
plagiat) sera sévèrement sanctionné11.
10) l’orthographe calamiteuse et la présentation négligée : Cela fait mauvais effet, et rebute le lecteur. Relisez-
vous soigneusement et aérez votre copie en séparant chaque partie (ainsi que l’introduction et la conclusion) par une
ligne, et en écrivant des paragraphes point trop longs présentant une réelle unité. N’ajoutez pas de marges (sauf si les
feuilles sur lesquelles vous écrivez n’en ont pas), mais réservez un espace suffisant, en première page, pour
l’appréciation du correcteur.

Bonne chance quand même. Si vous avez lu jusqu’ici, c’est déjà bon signe. Aidez-vous de ces conseils au moment
de rédiger.

10
Ce genre de conclusion (« On ne peut pas répondre puisque les avis divergent », ou bien « on ne peut pas répondre parce que la notion
centrale du sujet est ambiguë et a plusieurs sens »…), ce genre de conclusion qui ne répond pas est formellement proscrit (interdit).
11
Aussi une copie intégralement recopiée mérite-t-elle un zéro. Si seule l’introduction ou quelques phrases sont de la plume de l’élève,
cela ne change pas grand-chose. Apprenez à rédiger seul(e), car vous serez seul(e) le jour de l’épreuve. Donc, consultez tous les livres
ou sites que vous voulez, mais refermez-les au moment de rédiger, pour échapper à la tentation de recopier. Inutile, aussi, d’emprunter
TOUS vos arguments à un document trouvé sur internet, que vous maquilleriez en les reformulant pour échapper à l’accusation de
plagiat. Bref, développez une réflexion personnelle. Et exercez-vous-y, pendant toute l’année, à chaque devoir.

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