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DICOPHILO
Dictionnaire de philosophie en ligne

Comment trouver la
problématique ?
guillaume (@dicophilo) / Dissertation

Comment trouver la problématique en


dissertation de philosophie ? Quelles sont les
étapes clés ? les erreurs à éviter ? et que faire
si on n’y arrive pas ? On revoit la méthode avec
un exemple.

Puzzling (CC-BY Jolene Faber)

Cet article est le 2e de notre série sur la


problématique en dissertation. Voir aussi :
Comprendre le sujet de dissertation (1/3) et Poser
la problématique (3/3).

Comprendre ce qu’est la
problématique
La problématique est un problème intellectuel qui
apparaît lorsqu’on définit les mots du sujet de
dissertation. On la présente souvent comme un
paradoxe, c’est-à-dire quelque chose qui va contre
nos attentes et semble contenir une contradiction.

Chaque sujet est construit pour avoir une


problématique et une seule. Elle est “cachée” dans
le sujet et votre mission est de la découvrir. Une
fois le problème trouvé, votre développement de
dissertation proposera une solution.

On peut comparer le sujet à jeu de casse-tête où il


faut séparer des pièces imbriquées les unes dans
les autres. Il y a différentes pièces emboîtées :
c’est les définitions. On essaie de les séparer, mais
ça coince : c’est la problématique.

1. Définir les termes du sujet


Au brouillon, on liste les sens de chaque mot du
sujet. À cette étape, on peut s’aider d’un
dictionnaire généraliste (type wiktionnaire) et d’un
dictionnaire spécialisé en philosophie. Si le sujet
contient une expression courante (“désirer
l’impossible”, etc.) il faut en plus lister les sens de
l’expression.

Cela permet de se familiariser avec les termes du


sujet et de voir quels sont les grands champs
concernés (art, politique, science…). L’objectif est
de n’oublier aucun des sens importants de chaque
mot.

Sujet “Le temps nous appartient-il ?”: voilà à quoi


peut ressembler un début de brouillon

2. Garder les sens importants


en philosophie
Tous les sens listés à l’étape 1 ne sont pas utiles
pour une dissertation. On va réduire notre liste en
gardant seulement les sens issus d’un dictionnaire
de philosophie et ceux qui montrent que le sujet
joue sur les mots. On supprime aussi les
définitions relatives à la théorie d’un auteur ou
celles qui sont trop marquées par une tradition
intellectuelle.

L’objectif est d’obtenir des définitions réputées


“neutres philosophiquement”. C’est-à-dire que
n’importe quel philosophe pourrait accepter
comme point de départ de sa réflexion,
indépendamment de sa définition “personnelle”.
La définition personnelle d’un auteur est une
réponse, une prise de position sur un problème.
Ce qu’on cherche ici est une définition “point de
départ”.

En temps limité, il est conseillé de passer


directement à cette étape, sans rédiger au
brouillon tous les sens de chaque mot. C’est ce
que font ceux qui ont déjà l’habitude de la
dissertation.

Sujet “Le temps nous appartient-il ?” : à cette


étape on n’a gardé que les définitions de “temps”
intéressantes en philosophie

3. Chercher une contradiction


L’objectif est maintenant de trouver un problème
qui s’appuie sur ces définitions. En général, ce
problème a la structure suivante :

Il semble impossible que [[ idée ]].


Pourtant il semble inévitable que [[ même
idée ]]

La problématique nous met face à une


contradiction apparente : on a l’impression que
deux choses incompatibles entre elles sont vraies
en même temps.

Malheureusement, il n’y a pas de méthode


infaillible pour trouver cette contradiction. Mais
voilà quelques idées pour y arriver :

comparer les différents sens d’un même terme


rapprocher les termes du sujet, sens par sens
chercher des liens logiques entre les notions
chercher des différences / points communs
entre les notions

En bref, il faut manipuler les définitions. On doit se


demander ce qu’elles impliquent, ce qu’elles
supposent et quelles sont leurs relations.

Exemple de problématique
Reprenons le sujet “Le temps nous appartient-il ?”.
Ici le problème vient de deux aspects du temps qui
semblent contradictoires :

D’un coté, l’homme peut s’approprier le


temps. On choisit quoi faire de “notre”
temps, on dit “avoir” du temps. Le temps
est une durée qu’on occupe comme on
veut. Mieux, c’est nous qui le mesurons et
qui choisissons de le découper en heures,
en minutes, etc. En ce sens le temps
nous appartient.

D’un autre coté, le temps nous est


compté. Chaque instant qui passe est un
morceau de temps qui nous est enlevé.
L’homme fait partie du temps. Nous
vivons dedans, mais nous n’avons aucune
prise sur lui. Nous ne pouvons pas
l’arrêter. En ce sens le temps ne nous
appartient jamais.

On voit le problème : le temps nous appartient… et


en même temps il ne nous appartient pas. Mais
une bonne problématique va plus loin. Elle montre
que cette contradiction a des conséquences
désastreuses. Elle dramatise.

L’enjeu est de comprendre le rapport


entre le temps et nous-même. Car si le
temps ne nous appartient pas, c’est notre
existence elle-même qui nous échappe.
Pour que notre existence soit bien la
notre, il faut pouvoir en faire ce que l’on
veut. Elle doit nous appartenir.

Les erreurs à éviter


Ajouter / enlever des termes au sujet. La
problématique émerge des mots du sujets et de
ceux de leurs définitions. Il ne faut pas ajouter de
notions extérieures ou supprimer des notions
présentes. Le sujet “Peut-on croire la vérité ?”
n’est pas “Faut-il croire la vérité ?”.

Utiliser des synonymes. Il faut coller aux mots


exacts du sujet et ne pas s’en écarter. Un sujet sur
la “société” n’est pas un sujet sur la communauté,
le groupe ou même l’État. Si vous cherchez le
problème loin des mots du sujet, vous aller le rater.

Choisir un problème plus large que le sujet. Le


sujet fournit un contexte : il sous-entend que
certaines questions sont déjà résolues. Par
exemple “Pourquoi être moral ?” suppose que la
définition de “morale” est déjà connue. Le
problème n’est donc pas “Qu’est-ce que la morale
?”. Ce genre de question est plus large que le
problème que vous cherchez.

Choisir un “plaradoxe”. Évitez les “plaradoxes” :


les faux paradoxes qui tombent à plat. Il s’agit de
questions dont la réponse est évidente, parce
qu’elles ne correspondent pas à un vrai problème.
Exemple : “Comment les besoins peuvent-ils être
différents selon les gens ?” ; “Comment la
définition de science peut-elle être aussi différente
de la pratique des sciences ?”.

Mais si je ne trouve pas la


problématique ?
Pas de panique. Même s’il n’y a qu’une seule
“bonne” problématique, les correcteurs acceptent
quand même d’autres problématiques. Il s’agit de
problèmes proches ou de problèmes secondaires
qui sont considérés comme valables.

Au lycée, les professeurs sont bienveillants : ils


savent que la dissertation est un exercice difficile
et ne vous en voudront pas ne pas trouver LE
problème. Plus tard dans les études, c’est
différent. En fac de philo, on attend de vous de
trouver l’unique problème central lié au sujet.

S vous n’êtes pas sûr que le problème que vous


avez trouvé est le bon, demandez vous :

est-ce que je peux expliquer clairement à


quelqu’un d’autre où se trouve le paradoxe ?
est-ce qu’il est lié directement aux définitions
des mots du sujet ?
est-ce que le problème est solide ? est-ce qu’il
me semble difficile à résoudre ?
est-ce que d’autres étudiants ont trouvé le
même problème que moi pour ce sujet ?

À lire aussi : Comment poser la problématique en


introduction ? (conseils de rédaction pour bien
expliquer sa problématique) et Comment faire un
plan de dissertation ?

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