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LA DISSERTATION PEDAGOGIQUE

PLAN
INTRODUCTION

I. Définition
II. Les éléments constitutifs d’un sujet de dissertation
III. Les différentes parties de la dissertation

1. L’introduction
2. Le développement
3. La conclusion
IV. Les étapes de la dissertation
1. L’analyse/compréhension
2. Les consignes
3. Le plan détaillé
V. La rédaction du devoir de dissertation
1. La rédaction de l’introduction et de la conclusion
2. La rédaction de tout le devoir
3. Les mots liens
4. Les paragraphes de transition
CONCLUSION
INTRODUCTION

De façon générale, la dissertation est une épreuve redoutée par bon nombre de
candidats. Il n’est pas rare en effet de voir certains d’entre eux jeter l’éponge au premier
abord d’un sujet qu’ils jugent indomptable par leur esprit inculte. Pourtant, la
dissertation n’est qu’un exercice de communication qu’il faut savoir organiser pour
réussir.

Ce présent module vise à outiller les élèves-maîtres de compétences leur permettant de


réussir au mieux cet exercice. Mais en fait, qu’est-ce que la dissertation ?

I. DEFINITIONS

I.1. La dissertation

Selon le dictionnaire LE PETIT LAROUSSE ILLUSTRE de 2009, le mot dissertation


provient du latin « dissertare » et signifie l’action de disserter. Et disserter c’est discourir
méthodiquement, oralement ou par écrit sur un sujet précis.

La même source précise que la dissertation est un exercice écrit portant sur un sujet
littéraire, philosophique, historique, etc.

Il existe plusieurs sortes de dissertation. Nous pouvons citer : la dissertation littéraire, la


dissertation philosophique, la dissertation scientifique, la dissertation pédagogique.
Cette dernière forme fera l’objet de notre attention.

I.2. La dissertation pédagogique

La dissertation pédagogique est une composition française sur un sujet de pédagogie.


Lorsqu’elle porte sur une discipline précise, sur l’organisation et les conditions de mise
en œuvre de cette discipline, on parle de pédagogie appliquée.

Exemple : « L’histoire est une école de morale et d’immoralité ». Expliquez cette


affirmation et dites comment vous conduisez une leçon d’histoire dans une classe de
votre choix.

Quand le sujet porte sur l’enseignement en général, sur les méthodes d’enseignement ou
d’éducation, sur les finalités de l’éducation, les buts et objectifs généraux de
l’enseignement, l’organisation du système scolaire, la formation des maîtres etc, on parle
de pédagogie générale

Exemple : « Pour bien digérer le savoir, il faut l’avoir avalé avec appétit ».


Commentez ce propos et dites comment vous en tenez compte dans votre classe
II. LES ELEMENTS CONSTITUTIFS D’UN SUJET DE DISSERATION
Un sujet de dissertation comprend généralement trois parties qui sont : le libellé,
l’auteur et la consigne

Exemple : Alain déclare : « Il n’y a de progrès pour nul écolier au monde ni en ce
qu’il voit, ni à ce qu’il entend, mais seulement en ce qu’il fait ». Commentez !

 Le libellé : c’est la partie essentielle du sujet. Il peut être un point de vue, une
recommandation, un conseil, une instruction, bref, une réflexion soumise à
l’analyse du candidat. Dans ce sujet, le libellé est la partie entre guillemets
 L’auteur est la personne ou l’institution qui a fait la déclaration soumise à débat.
Il peut être cité au début ou à la fin du sujet. Lorsqu’il est connu, l’auteur est
nommément cité comme c’est le cas ici de Alain. S’il n’est pas connu, on peut le
qualifié de : penseur, pédagogue contemporain, auteur, homme politique, …
L’avantage de connaître l’auteur d’une citation est que cela nous permet de le
comprendre dans son contexte, de savoir quel était le mouvement de la pensée à
son époque s’il n’est pas un contemporain pour mieux analyser la situation qu’il
dépeint et la rapporter à notre époque.
 La consigne : Elle est la partie du sujet qui indique au candidat le travail à faire.
Elle fixe la démarche à suivre et impose une rigueur argumentative au candidat.

C’est pourquoi on dit que la dissertation est un discours méthodique. Dans le


présent sujet, la consigne est « commentez ! ».
Le sujet peut être proposé sans auteur. Dans ce cas il comprend essentiellement deux
parties : le libellé et la consigne.

Il existe plusieurs types de sujets selon la consigne. On peut citer:


 Les sujets simples qui comportent une seule consigne. Exemple : Expliquez
 Les sujets binaires (la consigne comprend deux parties). Exemple : Expliquez et
commentez
 Les sujets ternaires (la consigne a trois parties). Exemple : Expliquez, commentez
puis tirez les conséquences pédagogiques
 Les sujets quaternaires (la consigne a quatre parties). Exemple : Expliquez,
justifiez puis, après avoir rappelé quelques principes de l’enseignement de cette
discipline, dites comment vous conduisez une séance de…
 Les sujets à consigne incorporée ce sont des sujets sans consigne détachée du
libellé ou des sujets notions.
Exemple de sujet à consigne incorporée: A partir d’exemples précis, montrez
que l’histoire est un puissant moyen d’éducation.
Exemple de sujet notion : l’éducation inclusive
III. LES DIFFERENTES PARTIES DU DEVOIR DE DISSERTATION
Une bonne dissertation comprend trois parties intrinsèquement liées qui sont :
l’introduction, le développement et la conclusion. Chaque partie joue un rô le capital et sa
réussite ou son échec influe inévitablement sur l’ensemble du devoir.

III.1. L’introduction

Introduire c’est présenter, faire connaître l’essentiel de quelqu’un ou de quelque chose à


quelqu’un d’autre, à un auditoire.

L’introduction est la première partie du devoir et constitue le premier contact entre le


correcteur et la copie du candidat. Elle a pour objet de présenter le sujet en son essentiel
en le situant dans le contexte qui motive sa formulation (préambule), en le montrant tel
qu’il est formulé (reproduction intégrale ou synthétique), en mettant en relief le
problème qu’il soulève en rapport avec la consigne (problématique) et en indiquant avec
précision la démarche qui sera suivie pour résoudre le problème (plan).

Une bonne introduction comporte donc quatre parties essentielles qui sont : le
préambule, la citation du sujet, la problématique et le plan. Toutefois, certains estiment
que lorsque la problématique est bien posée, on peut se passer de l’annonce du plan.


Le préambule
Le préambule est la porte d’entrée du devoir. C’est par lui que le correcteur prend
contact avec la copie du candidat. Il doit donc être captivant pour accrocher le lecteur. Il
consiste à mettre à nu ce qui a bien pu être à l’origine d’un tel sujet. Partons du sujet
suivant pour découvrir les différentes techniques de construction d’un préambule.

 La technique de l’idée générale dite de l’entonnoir qui consiste à partir d’un


problème plus général dont le sujet est un cas particulier et on appel adroitement
le sujet.

 La technique du point de vue opposé qui consiste à partir d’un point de vue


contraire à celui du sujet et on contre attaque avec l’avis du sujet en le
convoquant comme une illustration.
 La technique de l’attaque directe : quand le sujet s’y prête, on commence
directement par poser une question dont la réponse est le sujet lui-même ou un
de ses aspects.

 La technique du fait parfait : elle évoque un fait, un cas précis d’actualité, un fait
historique, un fait divers, des statistiques, un constat, une œuvre, bref, un fait
patent qui pose à lui seul le problème du sujet.

 La technique du point de vue erroné : elle part d’une pratique en cours, d’une
conception en vogue mais erronée et appelle le sujet comme une mise en garde
de cette opinion, une correction, une invite à une approche critique.

NB : La qualité d’un préambule ne dépend pas de la technique utilisée mais du lien étroit
qu’il entretient avec le sujet. Le préambule révèle déjà la maîtrise du sujet par le
candidat. Une bonne analyse et une bonne reformulation du sujet aide énormément à
l’élaboration d’un préambule pertinent.


La citation du sujet
Lorsque le sujet est court il se reproduit intégralement, au style direct ou au style
indirect. Quand le sujet est long, on peut le résumer en ou le découper pour le citer par
morceau mais la vigilance doit être de mise pour ne pas perdre une partie essentielle.

 La problématique  :

La problématique comprend le problème posé et les questions se rapportant à la


consigne. Tout sujet de dissertation pose un problème qui cherche solution. Il s’agit ici
de poser clairement le problème que suscite la pensée soumise à réflexion.

Le problème posé peut s’exprimer sous forme affirmative dans une formule contractée
à l’image d’un titre de texte. Les termes suivants peuvent servir à l’introduire:

 Ce faisant le sujet pose le problème de… ; met à l’ordre du jour… ; nous invite à
réfléchir sur…
 Et se pose le problème de…
 Et voilà posé le problème de…
Le problème peut aussi être posé en fonction de la contradiction existant entre ce qui
est communément admis par l’opinion publique et ce que dit le sujet. Dans ce cas il
s’annonce sous forme questionnant. Les termes suivants peuvent servir à l’annoncer :

 Comment peut-on comprendre que…. censé être… soit

Après avoir posé clairement le problème, il faut poser les questions se rapportant à la
consigne. Signalons que chaque consigne a une exigence de questionnement qu’il faut
respecter. On pourrait avoir des questions commençant par :

 Mais en quoi ceci est-il… ?


 Pourquoi ceci est-il…?
 qu’est-ce qui fonde X à soutenir que… ?
 quels sont les fondements de… ?
 qu’est-ce qui légitime X quand il dit que… ?
 peut-on soutenir sans réserve que… ?
 plutô t que de…, ne vaudrait-il pas mieux… ?
Soulignons cependant que la problématique peut être élaborée sous forme affirmative.


L’annonce du plan
C’est la partie où le candidat précise les étapes, les contours, le mouvement que la
réflexion va suivre jusqu’à son dénouement final. C’est le contrat entre l’auteur de la
dissertation et son correcteur, une feuille de route dont le candidat ne peut se dérober
sans risque d’errance seul dans la nature. L’annonce du plan sert de paragraphe de
transition entre l’introduction et le développement.

Exercice pratique de construction d’une introduction : en 2à minute, construis une


introduction à partir du sujet suivant :

« L’EPS est une discipline négligée à l’école primaire. » Justifiez cette affirmation et
tirez les conséquences pédagogiques qui s’imposent.

III.2. Le développement
En dissertation, le développement est le lieu par excellence où le candidat expose ses
idées pour montrer la pertinence d’un propos, pour le critiquer ou pour proposer des
solutions à un problème. C’est le terrain du débat, le champ de bataille où le candidat se
sauve ou se condamne. Les parties du développement dépendent de la consigne. Selon la
consigne, le développement peut comprendre plusieurs parties :

 L’explication du sujet ou sens général


 La thèse ou justification de la pertinence du propos
 L’antithèse encore appelée limites ou réserves ou critiques
 La synthèse qui pourrait consister à la réponse à une question, la recherche de
solutions à un problème posé, la conciliation de deux ou plusieurs idées
contradictoires ou a une hiérarchisation de valeur.

 L’explication du sujet ou sens général

Avant de débattre d’une pensée, la dissertation pédagogique recommande qu’on


explique d’abord cette pensée. Il s’agit de dire clairement ce que l’auteur a dit dans son
propos.

Quand le sujet est court, le candidat s’appuie sur des mots clés porteurs de sens du sujet
pour déduire son sens général. Lorsque le sujet est long, il s’appuiera sur des
expressions dites « unités de sens » fortement chargées d’intérêts censées rendre
compte de tout le sujet.

 La thèse ou la justification

C’est la partie justification de la pertinence du propos de l’auteur s’il s’agit d’un sujet
citation ou de la pertinence d’un aspect du sujet s’il s’agit d’une question ouverte.

Dans cette partie, le candidat fait appel à tout ce qui prouve que le propos est juste, vrai
vérifiable, pertinent. Ces preuves pourraient être des faits, des chiffres, des dates, des
Idées ou citations d’auteurs, des définitions ou toute information pouvant créditer la
pensée de l’auteur.

La thèse commence par une idée prise de position qui présente clairement la position
à défendre qu’on commente en deux lignes maximum. Puis on fait l’inventaire des
raisons qui confirment la véracité de la position.

Chaque raison est reliée à la précédente par un mot de transition dit mot lien. Comme
exemple de mots liens nous avons : d’abord… ; ensuite… ; enfin… ;…

La raison constitue un paragraphe distinct comportant l’énoncé de l’argument sous


forme de titre suivi de son explication, de son illustration (exemple, citation, dates,
chiffres) et se termine par une conclusion qui laisse paraître en quoi l’argument vérifie
la position centrale pour laquelle il a été convoqué.

La thèse est reliée à la partie suivante par un paragraphe de transition qui résume la
thèse en ses grandes idées et annonce sous forme interrogative ou affirmative la partie
suivante.

 L’antithèse/limites /réserves/critiques

Ces quatre termes désignent une même réalité. Il s’agit de relever ce qui affaiblit l’idée
émise par le sujet, de faire parler les éléments qui l’infirment, la nuancent, la relativisent
ou même la contredisent. Il y a plusieurs techniques de recherche d’arguments pour
critiquer un propos :

 L’insuffisance ou la lacune
On recherche les réalités ou faits occultés par le propos qui, pris en compte, ne lui
auraient pas permis de s’affirmer.

 L’imprécision
On relève des précisions omises par le propos et qui sont pourtant nécessaires à
la bonne compréhension du sujet qui, à l’état actuel reste vague, imprécis.

 La contradiction
C’est relever les contradictions, les paradoxes que comporte ou soulève le propos.
La contradiction peut être interne (sujet qui soutient une chose et son contraire
dans le même texte), ou externe (opposition à un autre point de vue, à des faits
réels, à une pratique en vogue, à un fait d’actualité ou historique)

 Le renversement

C’est montrer que le contraire, inverse du propos est tout aussi défendable que
lui. Ici, le candidat prend le contre-pied de ce qu’affirme le sujet et le développe.

Un paragraphe de transition relie l’antithèse à la synthèse ou à la partie suivante selon


la consigne. Il résume la thèse en sa position centrale, l’antithèse en ses idées principales
(lacunes relevées) et annonce la synthèse sous forme interrogative ou questionnant.

 La synthèse

Selon le sujet, la synthèse peut être une conciliation de positions, une solution à un
problème ou une réponse définitive à une question. Il y a donc plusieurs formes de
synthèse :

 Le compromis : c’est la conciliation qui consiste à rechercher un juste milieu


entre deux idées opposées, deux positions contradictoires.
 La relativisation : elle consiste à ramener une pensée extrémiste, exagérée,
absolue à une juste proportion. Bref, c’est la nuancer.
 La suggestion : elle propose des mesures ou des précautions à prendre, des
stratégies à développer pour remédier à une situation, résoudre un problème
ou le prévenir.
 La hiérarchisation de valeurs : il s’agit pour le candidat d’opter
courageusement pour une position, un camp ; d’adhérer à la thèse ou à
l’antithèse au regard de certaines valeurs qui s’y défendent.
 Le complément : c’est apporter ce qui manque à un propos pour qu’il soit
indiscutable, irréfutable.
NB : Certaines consignes sont terminées par des instructions à suivre. On rencontre
généralement:

 Après avoir… ; tirez-en les implications pédagogiques qui s’imposent ;


 Après avoir…, vous tirerez les applications pédagogiques qui en découlent ;
 … et tirez les corollaires pédagogiques qui s’imposent.
II.3. La conclusion

La conclusion marque la fin du devoir. Comme disent les anciens, «  il faut savoir se
quitter ». Le candidat doit donc savoir quitter le correcteur en évitant toute surprise. La
conclusion fait le bilan du débat. Elle ne constitue pas une occasion d’apport de
nouveaux éléments (même très lumineux). Elle fait le résumé de la thèse et de
l’antithèse (selon le cas) dans un premier paragraphe (ou par paragraphe) et le point
d’aboutissement (synthèse) dans un second paragraphe.

C’est dire que la conclusion peut se tenir en deux ou trois paragraphes. Toutefois, tout
débat n’étant jamais définitivement clos, on peut procéder dans un dernier paragraphe à
l’ouverture de la discussion. Mais il faut éviter les ouvertures qui contrastent avec tout
ce qui a été dit ; une sorte de mouche dans la soupe qui peut laisser un arrière goû t
nauséabond à l’invité le plus affamé.

IV. Les étapes de la dissertation


1. L’analyse/compréhension
Face à un sujet de dissertation, le candidat doit prendre certaines dispositions pour bien
l’aborder. C’est l’analyse/compréhension du sujet. Il s’agit de:

 Lire tranquillement le sujet trois fois au moins pour s’assurer qu’on lit
exactement ce qui est écrit et non ce qu’on croit. Cette lecture permet également
de bien comprendre ce qui est dit.
 Souligner les mots qui paraissent fondamentaux dans le sujet.
 Décomposer le libellé en unités de sens s’il y a lieu. NB : une unité de sens est une
partie d’une pensée pouvant avoir un sens autonome par rapport au reste de la
pensée.
 Soumettre le sujet aux questions suivantes :
1. De quoi parle le sujet ?
Cette question permet de trouver le ou les thèmes du débat.

2. Que dit-il à propos ?

ela permet de relever les raisons, les constats de l’auteur ; ce qui l’a poussé à tenir ses
propos. Elle oriente le candidat dans la recherche des idées de la thèse.
3. A qui le dit-il ?
Cette question permet d’identifier le public cible à qui s’adresse l’auteur. Elle facilite la
recherche des solutions au problème que pose le sujet.

4. Quel est le problème posé ?


Le problème posé oriente le débat. A partir du problème clairement identifié, le
candidat pose les sous-problèmes qui lui permettront de répondre aux attentes de la
consigne.

5. Que me demande-t-on de faire ?


C’est une question essentielle. Ici, il s’agit de bien relire la consigne pour savoir le travail
qu’elle demande. Cela permettra au candidat de répertorier les différentes parties
auxquelles elle renvoie en vue de les traiter avec exhaustivité.

6. Quel est mon plan esquisse ?


Il s’agit ici de poser les questions se rapportant aux différentes étapes dégagées au point
précédent. A titre d’exemple les questions pourraient commencer par :

Thèse ou justification:

En quoi ceci est-il…………


Pourquoi ceci est-il………
Qu’est-ce qui fonde l’auteur à soutenir que…
Qu’est-ce qui légitime ce penseur lorsqu’il soutient que…
Antithèse : peut-on soutenir sans réserve que….
Pouvons-nous adhérer totalement à l’intelligence de…..
Mais au fond, ceci n’est-il pas….
Ne court-on pas de risque à soutenir fermement que…
Synthèse : en définitive, quels sont…
Au lieu de…, ne vaut-il pas mieux…
Quelles implications pédagogiques pouvons- nous en tirer ?
4. Le plan détaillé
2. Quelques consignes et leur exigence de plan
Chaque type de consigne a un plan précis qu’il faut suivre rigoureusement sous peine
d’être hors sujet ou de faire un travail à moitié. Voyons quelques consignes et leurs
exigences de plan.

2.1. Expliquez :

Expliquer une pensée c’est la rendre claire et compréhensible à tous. Il s’agit de traduire
clairement avec ses propres termes l’idée de l’auteur sans la déformer. Si la consigne est
uniquement « expliquez », le candidat devrait élaborer une explication conceptuelle et
une explication contextuelle. L’explication conceptuelle consiste à partir du sens de
quelques concepts clés du propos pour dégager son sens général.
L’explication contextuelle consiste à mettre la pensée dans son contexte et la développer
avec des exemples à l’appui. En un mot c’est la justifier dans son contexte.

NB : la consigne « expliquez »  est presque toujours sous-entendue même lorsqu’elle


n’est pas expressément demandée. La partie « développement » d’un devoir de
dissertation pédagogique commence toujours par une explication conceptuelle du
sujet.

2.2. Justifiez :

Justifier consiste à révéler la véracité d’un propos. Le candidat doit fournir des
arguments qui tendent à démontrer l’importance d’une pensée, à prouver que ce que
l’auteur dit est vrai. Pour ce faire, il faut expliquer la pensée et apporter des arguments
qui la défendent. Le plan esquisse est donc une explication suivie d’une justification

NB : même s’il est vrai qu’il n’y a pas de vérité absolue en ce monde, il n’est pas indiquer
de développer des arguments contraires à la pensée de l’auteur dans la consigne
« justifiez ».

2.3.Commentez :

Il s’agit d’expliquer, de justifier la pensée puis de relever ses limites ou insuffisances


pour en proposer des solutions ou indiquer les conditions de réalisation. Cette consigne
exige du candidat une analyse approfondie du sujet pour pouvoir identifier les éléments
qui confortent la position de l’auteur et ceux qui militent en faveur d’une réserve
éventuelle à formuler à l’encontre de cette pensée. Le plan esquisse est donc :
explication- justification- limites ou réserves- conditions de réalisation ou
solutions

2.4. Discutez :

Discuter consiste à examiner le pour et le contre d’une pensée afin de prendre une
résolution. Le travail consiste à expliquer le sujet, à le justifier en apportant tous les
arguments possibles qui le consolident.

Il s’agit ensuite de critiquer le sujet en répertoriant tous les faits qui le contredisent, le
fragilisent, le détruisent. Il s’agit enfin de concilier les positions en recherchant le juste
milieu où chacune se retrouve ou en recherchant des solutions au problème soulevé par
la discussion. Le plan esquisse est le traditionnel plan dialectique Thèse- Antithèse-
Synthèse. Mais comme nous l’avons déjà souligné, ces trois parties doivent être
précédées de l’explication du sujet.

NB : il ne faut pas confondre la synthèse et la conclusion. La synthèse est un


dépassement de la thèse et de l’antithèse. Elle se met au-dessus des deux positions pour
élargir le champ de vision. Elle règle le problème soulevé une fois pour toutes. Quant à la
conclusion, elle un bilan de tout le débat. Elle fait le résumé des différentes parties du
développement. La conclusion n’est donc pas le lieu d’apport de nouveaux éléments.
2.5. Appréciez :

Au sens propre, apprécier quelque chose, c’est porter un jugement de valeur sur cette
chose. En dissertation, apprécier consiste à expliquer un propos, à le justifier puis à se
prononcer sur son importance, sa valeur après l’avoir pesé et soupesé pour en dégager
les éventuels limites. De façon plus claire, le plan esquisse est le suivant : explication-
justification- appréciation (importance ou avantage et limites).

2.6. Comparez :

Comparer c’est examiner les rapports de ressemblance et de dissemblance qui existent


entre plusieurs choses. Ici il s’agit de mener une réflexion tendant à établir des rapports
concordants ou divergents entre deux ou plusieurs opinions ou positions. C’est aussi
faire ressortir les relations de complémentarité ou les influences réciproques qui
existent entre ces positions.

NB : il y a deux démarches possibles dans cette consigne. La comparaison peut être
simultanée c'est-à -dire une comparaison aspect par aspect des différentes pensées. Le
candidat peut aussi opter de présenter chaque position avec tout son argumentaire
nécessaire pour enfin les confronter en vue de dégager les ressemblances et les
divergences.

2.7. Développez :

Développer une pensée consiste à l’expliciter en s’attardant sur tous ses aspects. C’est
une forme de justification de la pensée par l’apport d’exemples pris dans la vie courante
ou des citations témoignant que d’autres auteurs ont abondé dans le même sens que le
présent penseur. Le plan esquisse est alors : explication- justification détaillée.

2.8. Examinez :

Examiner une pensée, c’est mener une réflexion attentive sur elle pour en déterminer la
véracité, les limites et la valeur. Le plan esquisse est le suivant : explication-
justification- limites- valeur.

2.9. Qu’en pensez- vous ?

Dire ce que l’on pense d’une pensée, c’est d’abord l’expliquer clairement et la justifier
pour prouver son bien fondé. C’est ensuite lui trouver des réserves qui limitent son
champ d’application ou même qui la contredisent. C’est enfin lui trouver une certaine
conciliation qui reflète en même temps notre opinion, notre conviction personnelle sur
la question.

2.10. Commentez et tirez les conséquences pédagogiques/ les applications


pédagogiques qui s’imposent :

Il s’agit ici de suivre le plan du commentaire (explication- justification) sans faire de


réserves et ajouter les conséquences pédagogiques ou les applications pédagogiques.
Les conséquences pédagogiques sont l’ensemble des répercussions, des visions, des
approches novatrices, des dispositions à prendre que la pensée suscite en nous. Cette
consigne est plus adaptée en pédagogie générale qu’en pédagogie appliquée. Le plan
esquisse est celui-ci : explication- justification- conséquences pédagogiques.

Les applications pédagogiques sont les dispositions à prendre pour mettre en pratique,
pour appliquer une nouvelle technique, une nouvelle recommandation, une innovation…
intervenue dans l’univers pédagogique et qui est véhiculée par la pensée soumise à
réflexion. Le plan esquisse est le suivant : explication- justification- applications
pédagogiques.

2.11. Commentez et discutez ; Expliquez, commentez et discutez : voir


discutez

2.12. Commentez et discutez au besoin :

Ceci est une consigne attrape- ni go. Elle donne l’impression au candidat qu’il a le choix,
qu’il est libre de discuter le propos ou de ne pas le faire. En réalité, c’est une obligation
de discuter et le plan esquisse est donc celui de la discussion.

Après l’analyse compréhension du sujet ayant abouti à l’élaboration du plan de


traitement selon la consigne, il faut faire une chasse aux idées qui permettront de
défendre chaque partie. Elle consiste à recenser les idées pèle mêle au brouillon selon
leur ordre d’arrivée dans notre mémoire. L’important c’est de les retenir par écrit pour
ne pas les perdre au fil du temps. Ces idées seront regroupées dans un tableau tenant
lieu de plan détaillé.

3. LE PLAN DETAILLE

Dans le plan détaillé les idées sont regroupées par rubrique selon le plan imposé par la
consigne. Ici, plusieurs procédures sont proposées par les formateurs. Pour notre part
nous vous proposons de diviser votre feuille de brouillon en trois colonnes.

 La première colonne servira à noter les idées maîtresses de chaque partie du


développement. Ce sont les Idées Prise de Position (IPP).
 La deuxième colonne servira à noter les arguments justifiant l’idée prise de
position. Ce sont les Idées Arguments (IA)
 La troisième colonne servira à relever les exemples ou citations pour appuyer
les arguments développés. Ce sont les Idées Exemples (IE)

Exemple : soit le sujet suivant : « l’homme est le reflet fidèle de son éducation » dit un
penseur. Discutez cette pensée ! Pour la thèse on pourrait avoir:

Idée prise de position Idées arguments Idées exemples


L’homme dans tous ses -sur le plan physique, la -du berceau à la course
aspects témoigne de posture humaine normale
-la théorie des enfants-
l’éducation qu’il a reçue s’acquiert par l’éducation
loups de Jean Itard

-« l’humanité n’est pas


innée ; elle est une
conquête »

Le développement de ce tableau donne le paragraphe suivant :

L’homme dans tous ses aspects témoigne de l’éducation qu’il a reçue. Divers constats
dans l’existence humaine nous confortent dans cette position. En effet, sur le plan physique,
la posture humaine normale n’est pas gagnée d’avance. Elle s’acquiert par l’éducation. Elle
est le fruit d’un long processus qui commence depuis le berceau où, couché, le bébé est
entraîné à s’asseoir puis à se tenir debout, à marcher à quatre pattes puis sur ses deux
pieds. Sans l’action des autres hommes, l’enfant prendra une autre posture. C’est
l’enseignement de la théorie des enfants-loups de Jean Itard. Des bébés abandonnés à la
naissance dans la forêt, recueillis et allaités par une louve et ayant grandi au milieu des
loups ont fini par adopter leur marche, mangeaient la viande crue et au lieu d’un langage
humain, aboyaient comme des loups. C’est donc dire que « l’humanité n’est pas innée ; elle
est une conquête ».

V. La rédaction du devoir

V.1. La rédaction de l’introduction et de la conclusion


A l’issue de l’élaboration du plan détaillé résumant tout le travail qui sera effectué, le
candidat rédige sa conclusion et son introduction en entier au brouillon.

V.2. La rédaction de tout le devoir

 Recopier proprement le sujet sur la feuille de composition

 Recopier correctement l’introduction rédigée et corrigée au brouillon

 rédiger directement le développement au propre. Là , l’expérience nous a montré


qu’en se relisant après chaque paragraphe, on corrige facilement les fautes et les
incorrections.

 Recopier correctement la conclusion déjà rédigée et corrigée au brouillon.

 Faire une relecture générale lente de tout le devoir pour corriger une dernière
fois les fautes ayant échappé à notre vigilance.
VI. Les paragraphes de transition en dissertation
Un paragraphe de transition est un paragraphe reliant deux parties d’un même
développement. Elle comprend généralement trois éléments:

 une conclusion partielle qui fait le bilan de la partie développée,


 une phrase de transition qui prévient qu’on va changer de ton
 une question d’ouverture sur la partie suivante.
La partie suivante commencera par une Idée Prise de Position qui est la réponse à la
question qui vient d’être posée.

Exemple de transition prenant en compte le paragraphe illustratif du point IV :

Comme nous venons de le constater, l’homme au plan physique, intellectuel, moral et


social est le résultat d’actions conjuguées des hommes qui l’entourent, preuve qu’il est le
fruit de son éducation. Cependant, une question d’importance reste posée : peut-on
soutenir sans réserve que tout en l’homme provient de son éducation ?

VII. LES MOTS LIENS

Le français est une langue riche en subtilités. Pour éviter la juxtaposition des idées ou la
monotonie dans la façon de les annoncer, on se sert de petits mots, de petites
expressions appelés mots liens. Chaque mot lien a ses particularités qu’il faut respecter
pour mieux se faire comprendre. Leur usage doit donc être réfléchi et mesuré au risque
de trahir l’idée que l’on veut faire savoir d’une situation. Nous vous proposons ici leur
regroupement par convenance pour faciliter leur exploitation :

 Les termes de liaison exprimant la complémentarité :


- D’abord : annonce une première idée à laquelle viendront s’ajouter d’autres idées
introduites par ensuite et enfin. Ces termes peuvent être remplacés par premièrement,
deuxièmement, troisièmement …

- En outre, par ailleurs, de plus, aussi (sans inversion de sujet) introduisent des idées
complémentaires à une première.

- D’une part… d’autre part : ces deux termes vont toujours ensemble pour mettre deux
idées en parallèle.

 Les termes de liaison exprimant la cause : 


- Parce que : fournit une explication
- Puisque : tend à démontrer
- Non que… mais parce que : présente une cause niée puis une cause justifiée
- Car : affirmation catégorique
- En effet : sert à apporter une preuve
- Grâce à : présente une cause comme bénéfique
- A cause de : présente une cause privative
 Les mots liens exprimant la conséquence :
- Ainsi, donc, c’est pourquoi, si bien que, de sorte que, tel que, tellement que, en conséquence

- Aussi (avec inversion de sujet). Sans inversion du sujet, « aussi » restera un terme de
complémentarité. Exemple : la cérémonie a lieu sur la place publique ; aussi devons-
nous nous y rendre.

 Les mots liens indiquant l’opposition

- Mais, cependant, bien que, quoique, néanmoins, toutefois …

VI. La présentation physique d’un devoir de dissertation

Un devoir de dissertation doit avoir une présentation agréable. Il doit être attrayant,
attirant et pour cela, il faut respecter les règles suivantes :

 Séparer l’introduction du développement en sautant deux lignes. Sauter autant de


lignes entre le développement et la conclusion.
 Sauter une ligne entre les différentes parties du développement (thèse- antithèse-
synthèse…)
 Développer chaque argument dans un paragraphe distinct. Pour ce faire, on ira à la
ligne pour commencer l’idée. Le premier mot de la phrase sera décaler vers la droite
d’un à deux cm de la marge.

VII. Exercice pratique de traitement d’un sujet de dissertation

BIBLIOGRAPHIE
 La dissertation pédagogique par l’exemple
 Zangré, P : Pratique de la dissertation, ed Béni-com, octobre 2012

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