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COURS DE PEDAGOGIE GENERALE

00 Introduction
01 Objectifs du cours

Ce cours vise globalement à doter les étudiants des notions


pédagogiques fondamentales dans le domaine de l’éducation. Ainsi, les
étudiants qui suivront ce cours régulièrement et avec attention soutenue seront
certes capables :
 d’utiliser correctement le vocabulaire pédagogique du domaine de
l’éducation ;
 d’émettre des idées pédagogiques plus objectives lors d’une discussion
pédagogique ;
 d’analyser sous différents aspects possibles (sociologiques,
psychologiques, pédagogiques) les questions ou problèmes touchant à
l’éducation qu’ils pourraient rencontrer ;
 de se servir des idées éducatives des célèbres pédagogues et psychologues
dans le cadre de leur vie personnelle ou professionnelle.
02 Contenu du cours
Le contenu (matières) du cours de cette année académique est constitué à partir
des thèmes répartis en chapitres suivants :
Chapitre 1 : Clarification des concepts fondamentaux en sciences de l’éducation
Chapitre 2 : La pédagogie
Chapitre 3 : Grands principes et principales formes de l’éducation
Chapitre 4 : Pensées éducatives des représentants célèbres de l’éducation
nouvelle.
3 Organisation du cours
Cours théoriques + exercices et échanges d’idées concernant les résultats de
quelques recherches psychopédagogiques.
4 Modalités d’évaluation
-Travail individuel (interrogation) et d’un travail en groupe en rapport à
quelques thèmes vus au cours ;
- Examen écrit comprenant des questions de compréhension, de restitution et
d’exemplification.
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1.0 . INTRODUCTION

Soucieux d’implanter les jalons pour l’essor pédagogique, le cours


de Pédagogie Générale nous oblige de le situer dans le temps et dans l’espace,
ou d’en faire une rétrospective (rétropédalage). Cela étant, l’histoire de
l’Humanité ne date pas de notre ère comme le notent les historiens, les
anthropologues et les sociologues.

Dans cette optique, il sied de signaler que le cours de Pédagogie


Générale vient de la Philosophie. Cette dernière fut baptisée « Mère des
sciences » ou « Discipline préscientifique » vu qu’elle était la première à avoir
abordé la vie de l’homme et du monde qui l’entoure qans les différents aspects
(sophistes).

Avec l’un ses grandes figures comme Socrate, la Philosophie parlait


de l’homme et son évolution ou sa situation dans le monde. Les dimensions
relatives à la sagesse, la vertu ou la morale, les valeurs, la méthode socratique
et ses deux phases (l’ironie et la maïeutique), et sa pensée célèbre de « connais-
toi, toi-même » et les différents courants philosophiques (Intellectualisme,
Existentialisme, Rationalisme, Empirisme, Constructivisme, Interactionnisme…)
ont aboutit à des bases solides pour l’éducation qui constitue l’objet de la
Pédagogie.

Au 18ème siècle, dit siècle de lumière, il y a eu des nouvelles


découvertes, des avancées significatives des progrès dans tous les domaines :
Technologie, Psychologie, Littéraire, Médical, Pédagogique, Astronomie (
Copernic)Economique etc. Cette éclosionscientifique a débouché à une sorte de
révolution face à la Philosophie au regard d’un critérium de scientificité portant
sur les éléments telles que l’Objet d’étude, Méthodologie, Interdépendance ou
Interdisciplinarité et Domaine d’intervention ou Champs d’application.

Ayant rempli ces critères avec paroxysme, la Pédagogie est


aujourd’hui une science, faisant partie du grand ensemble appelé « Sciences de
l’Education ».
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Chapitre I : CLARIFICATION DES CONCEPTS FONDAMENTAUX EN


SCIENCES DE L’EDUCATION

2.0 . INTRODUCTION

Le cours de pédagogie générale est un cours vaste étant donné les


multiples dimensions de cette discipline. Certains concepts reviendront de temps
en temps tout au long de ce cours parce qu’ils sont le fondement même de la
pédagogie.

Ainsi, avant de voir la pédagogie dans ses différentes dimensions, il


importe donc de clarifier d’abord certains concepts-clés de cette discipline, à
savoir : instruction, enseignement, apprentissage, école, efficacité scolaire,
enfant, adolescent, liberté, discipline, adulte, science et éducation.

1.1. Instruction

On retrouve le mot instruction dans plusieurs domaines. Suivant les domaines ce


concept a un sens précis. Par exemple :
 En religion : enseignement des principes de la foi d’une religion
 En informatique : informations exprimées en langage de programmation
et commandant l’exécution d’une opération informatique. Un programme
en informatique est une séquence d’instructions ;
 En administration publique : circulaire contenant des directives émanant
de l’autorité administrative.
Dans le domaine de l’enseignement, l’instruction est un aspect de
l’éducation consistant à la transmission des savoirs aux apprenants. C’est un
processus de formation des apprenants sur les plans intellectuel, technologique
et culturel.

En pédagogie, instruire, c’est faire acquérir des connaissances, des


capacités pratiques aux apprenants (élèves, étudiants, etc.). Somme toute,
l’instruction, c’est l’ensemble de connaissances acquises au cours de la scolarité.

1.2. Enseignement

Le concept « enseignement » a différents sens et peut avoir plusieurs


interprétations. Il peut signifier :

 institution englobant l’ensemble des activités et des organismes


participant à l’éducation ;
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 division correspondant à un niveau de l’organisation scolaire (EPST,


ESU), soit une branche de l’organisation ;
 manière d’enseigner
 domaine d’activités des enseignants ou profession.
Dans le cadre pédagogique, « enseignement » signifie une activité
intentionnelle et interpersonnelle qui vise à susciter chez l’apprenant
l’acquisition de connaissances (Kneller, cité par Lodi Shuwembo, 2010).
L’enseignant décrit, explique, questionne, évalue, encourage, menace et
persuade. C’est donc un processus systématique et organisé par lequel la société,
par le biais de l’enseignant, réalise les buts éducatifs.

L’enseignement est perçu comme un double processus : le maître


transmet des connaissances à l’élève et celui-ci les assimile (Lodi Shuwembo).
Enseigner, c’est causer la science dans autrui en l’aidant à se servir de sa raison
naturelle (Saint Thomas).

La façon d’enseigner de l’enseignant diffère de celle des parents car,


elle se caractérise par des connaissances approfondies sur ce qu’il enseigne ainsi
que par la manière de transmettre ces connaissances. Ainsi, Reuchlin (1971)
définit l’enseignement comme « l’arrangement de contingences de
renforcements qui entraînent les modifications du comportement chez l’élève. ».

La difficulté à faire accéder des adolescents à des savoirs a fait


désormais l’objet d’assez de témoignages, d’articles, de livres et de films pour
que l’opinion publique en soit convaincue.

La question principale que les pédagogues et didacticiens se posent


aujourd’hui est celle de comment faire pour transmettre des savoirs ou des
compétences à tous les élèves et non pas seulement à ceux qui sont de « bons »
élèves.

1.3. Apprentissage

L’apprentissage sous-entend le processus d’acquisition, par l’apprenant, des


connaissances, des compétences ou comportements nouveaux sous l’effet des
interactions avec les formateurs.
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1.4. Formation

Former, c’est tailler qui signifie ‘’donner une forme à ce qui était
difforme. Dans le cadre professionnel, il s’agit d’outiller une catégorie des
travailleurs des connaissances nécessaires pouvant leur permettre de pallier
qu’ils pourront rencontrer dans leur professions. Ce dernier porte sur un thème
bien déterminé pour le perfectionnement soit le recyclage. C’est aussi l’action de
donner à quelqu’un, à un groupe, les connaissances nécessaires à l’exercice
d’une activité : formation des cadres. Dans le cadre scolaire, il s’agit d’une
préparation (initiation) intégrale de l’enfant pour son adaptation à la société.

1.5. Efficacité scolaire

D’une manière générale, l’efficacité se définit comme le degré de


réalisation des objectifs d’un programme, traduit par le rapport entre les résultats
obtenus sur les objectifs visés.

1.6. Culture

Il n’est sans doute pas de notion aussi vaste et aussi polysémique en


sciences sociales que la notion de culture. Cette notion renvoie alternativement à
l’ensemble des symboles, des significations, des valeurs et des manières de faire
propres à un groupe et au domaine spécialisé des activités expressives, savantes
et populaires.
1.7. Ecole

Une école est un lieu où on instruit les élèves, un établissement où se


donne un enseignement collectif. Pour professeur Emin(1995), une école
est « une organisation scolaire qui, dans un environnement donné, et par un type
de fonctionnement, mobilise des ressources pour que les élèves qu’elle accueille
et qui sont dotés d’un certain nombre de caractéristiques en sortent avec les
caractéristiques de niveau supérieur ».
1.8. Enfant & adolescent(e)

Il faut entendre par enfant, la fille ou le garçon n’ayant pas encore


atteint la maturité. L’adolescent est une personne qui est en train de grandir
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comme le précise l’étymologie. C’est la fille ou le garçon se trouvant encore


dans la période appelée adolescence.
Depuis que cette notion d’adolescence s’est introduite dans le langage
courant, cette période s’étire en amont et en aval et les termes pour la nommer
n’ont de cesse de se diversifier. Pour certaines personnes, l’adolescence est la
période de croissance de l’enfant se situant entre12 à 18 ans. Pour d’autres,
l’adolescence se situe entre 12 et 20 ans voire 25 ans.
L’adolescent veut voler de ses propres ailes, même si celles-ci ne sont
pas totalement déployées. A nous tous qui l’entourons, faisons tout pour qu’il ne
se blesse en apprenant à voler. Après tout, pour l’adulte, l’adolescence n’est-elle
pas le miroir de ce que nous ne sommes plus, le territoire de notre nostalgie ?
1.9. Liberté

Dans le sens plus général, la liberté est la capacité qu’a l’être humain
de décider et d’accomplir des actes dont il a l’initiative, qui ne sont pas
déterminés par des causes physiques externes(Le fait donc d’échapper au
déterminisme).
Dans le domaine éducatif en général et particulièrement dans le
domaine de l’enseignement, la liberté est perçue par rapport à l’enfant. Pour que
l’enfant s’épanouisse normalement, pour que les potentialités en lui se
développent, il faut qu’il soit dans la « liberté »
1.10. Discipline

La notion de discipline est souvent associée aux idées de répression et


de tyrannie. Dans l’enseignement, le mot discipline désigne à la fois un champ
du savoir scolaire et un régime d’ordre et de règles à respecter.
1.11. Adulte

L’adulte est la personne qui a déjà dépassé la période de vie appelée


adolescence. Juridiquement, un adulte est celui qui a au moins 18 ans. En
éducation, nous faisons ici allusion à la personne adulte exerçant une certaine
action sur l’enfant en vue son développement intégral (physique, morale,
intellectuel, etc.)

1.12. Science

Le mot science signifie l’ensemble de connaissances précises sur un


objet bien déterminé. Dans la science, la vérité est unique et universelle. C’est
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différent de la politique où il y a une multiplicité de « vérités » et où chacun se


réserve toujours une porte de sortie.

1.13. Courant éducatif

Un courant est une idée, pensée soutenue par un auteur avec ses
partisans. Le soufixe ‘’isme’’ indique la doctrine ou théorie.

1.14. Education

Comme nous l’avons souligné précédemment, l’éducation est un


phénomène social, l’œuvre donc de la personne humaine et existe depuis que
des pères et des mères procréent des enfants et ont commencé à leur apprendre à
parler, à se nourrir, à se vêtir, à marcher, à se garder des dangers de tout genre et
à vivre en société.

Elle est un processus de transformation des individus, comme nous le


disons on ne né pas homme, mais on le devient. Etymologiquement, Education
vient du mot latin :’’Educare’’ qui signifie tirer hors, extraire, mettre en acte
faire manifester (développer l’homme dans l’homme, J.J.Rousseau)ou encore
‘’Exducere’’ composé de deux mots ‘’ex’’ qui signifie ‘’hors de ‘’ ducere’’
conduire. Cet exercice nous ramène à cette conclusion : ‘’conduire hors de’’ qui
veut dire ‘’modifier, transformer, changer …’’

L’éducation a trois missions dont la personnalisation, la compétence


(spécialisation) et la spécialisation. Elle se fait assurée par les moyens ci
après :l’exemple, l’étude, la discipline, la religion.

Elle est de plusieurs sortes, dans un sens, elle est :

 Religieuse : elle porte sur l’homme avec l’être suprême (Dieu ou dieu) la
divinité ;
 Morale : elle est relative à l’éthique et la déontologie, la conscience, bref,
faire du bien ;
 Civique : celle qui donne à l’homme les valeurs, les droits et les devoirs,
les symboles admis et tolérables dans une société ou un Etat ;
 Sexuelle : elle porte sur la santé, l’hygiène, l’anatomie, la physiologie des
différents organes génitaux chez l’homme comme chez la femme,
 Physique : Il s’agit ici de l’entretien du corps humain, sa locomotion et
ses articulations…pour éviter les maladies liées à l’immobilité.
Et dans un autre elle est :
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 Formelle : elle est celle instaurée, organisée, planifiée et uniformisée par


l’Etat et la fin de son cycle sanctionnée par un titre scolaire ou acadé-
mique)
 Non formelle : elle porte sur un thème quelconque dans le cadre d’une
formation, soit elle peut viser le renforcement des capacités dans un do-
maine (remise en niveau, un recyclage, briefing…). Elle peut se passer
dans un milieu organisé (école) ou non ;
 Informelle (Elle est celle qu’on reçoit sans intention dans la vie quoti-
dienne, partout de manière occasionnelle ou non, dans les médiats, dans
les voyages, dans l’entourage, dans l’environnement etc.
1.1. DEFINITIONS SELON LES AUTEURS

Plusieurs auteurs ont défini l’éducation. Ils définissent ce concept


suivant leurs options philosophiques ou leurs visions de l’humanité.
Comment le concept éducation a-t-il été défini par d’autres auteurs ?

1. HERBART

Pour Herbart, l’éducation a pour but de former l’individu pour lui-même, en


éveillant en lui ses différents intérêts.

2. WIILIAM JAMES

Selon William, l’éducation est un art qui s’acquiert en classes par une sorte
d’intuition et par l’observation systématique des faits et des données de la
réalité.

3. KANT

Quant à Kant, l’éducation consiste à développer dans l’individu toute la


perfection dont il est capable. Cette perfection étant conçue, elle-même, dans un
sens moral, plus que métaphysique.

4. DURU-BELLA et VAN ZANTEN

Duru et Zanten voient l’éducation comme des mécanismes par lesquels une
société transmet à ses membres les savoirs, les savoir-faire et les savoir-être
qu’elle estime nécessaires à sa reproduction.

5. E. DURKHEIM

Pour Durkheim, l’éducation est l’action exercée par les générations adultes sur
celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de
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susciter et de développer chez l’enfant un certain nombre d’états physiques,


intellectuels que réclament de lui la société dans son ensemble et également le
milieu spécifique auquel il est particulièrement destiné. (Selon Durkheim, c’est
la société qui définit les normes et les buts de l’éducation)

6. J. DEWEY

Pour John DEWEY, l’éducation est considérée comme la somme total


des processus par lesquels une communauté ou un groupe social, petit ou grand,
transmet ses pouvoirs et ses objectifs acquis afin d’assurer sa propre existence et
sa connaissance.

7. P. OSTERRIETH

Paul OSTERRIETH, de son côté, définit l’éducation comme un


processus aux innombrables aspects par lequel les adultes d’une société donnée
tentent d’intégrer les jeunes, nouveaux venus, à cette société en leur imposant
les modalités comportementales propres à celle-ci.

8. E. LABIN

De son côté, Edouard LABIN définit l’éducation comme « un ensemble


d’actions et d’influences exercées sur l’éduqué pour le munir d’un Registre de
moyens (connaissances, habitudes, goûts, curiosités, disciplines, modes de
conduite, réflexes, références pour la recherche ou critique, etc.) qui lui
permettent d’accomplir une série d’activités démontrables mieux que s’il avait
été laissé lui-même ».

9. J.J. Rousseau

Pour J. J. Rousseau, l’éducation consiste à la formation des hommes et des


femmes « libres » ; elle consiste à apprendre à l’enfant à devenir un Homme
avec un grand H.

10. DECROLY

Pour DECROLY, l’éducation consiste au développement global de l’enfant


(tête, cœur, corps) selon ses besoins et à son adaptation à la société.

11. D. TUKANDA MANYA


De sa part, Daniel TUKANDA définit l’éducation comme un
processus d’activités ou d’actions exercées par les personnes « matures » sur les
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personnes « immatures » en vue d’amener celles-ci à la maturité (physiques,


intellectuelles, morales, sociales, etc.) afin de les intégrer valablement dans la
société.

1.2. CARACTÈRES COMMUNS RESSORTANT DE DIFFÉRENTES


DÉFINITIONS SUR L’EDUCATION
Quand on examine minutieusement les différentes définitions sur l’éducation,
on constatera qu’elles ont certains traits communs ci-après :
elles limitent l’action éducative à l’espèce humaine ;
elles considèrent que l’éducation consiste dans une action exercée par un
être humain sur un autre, plus particulièrement par un adulte sur un être
jeune ;
elles reconnaissent toutes que l’action éducative est orientée vers un but,
vers une finalité, mais c’est le contenu à donner à ces buts qui diffère
d’une société à l’autre suivant les considérations philosophiques des
auteurs ;
toutes ces définitions considèrent que l’éducation ne consiste pas à la
possession des biens mais à l’acquisition de certaines aptitudes de
valeur.
1.3. DÉBUT ET LIMITE DE L’ÉDUCATION

1.3.1. Début de l’éducation

L’éducation est un phénomène social. Elle est l’œuvre de la personne humaine


et existe depuis que des pères et des mères procréent des enfants et ont
commencé à leur apprendre à parler, à se nourrir, à se vêtir, à marcher, à se
garder des dangers de tout genre et à vivre en société. Toute société est
composée des êtres humains et aucune n’est sans éducation.

Quand on remonte plus loin, on peut affirmer que l’éducation d’un enfant
commence même avant sa naissance (éducation prénatale). Ce que la mère
enceinte fait pendant cette période de grossesse peut influencer le
comportement tant physique que moral de l’enfant à naître. On ne s’étonnera de
voir certaines mères enceintes parler à l’enfant encore au ventre ou se comporter
différemment de ce qu’elles étaient avant.
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L’éducation est indispensable à la société. Sans elle, la continuité


de la culture d’une génération est impossible. Progressivement, la civilisation en
se développant et en s’affirmant, les connaissances en se multipliant et en
s’approfondissant ont rendu les parents incapables d’assurer à leurs progénitures
une préparation suffisante à la vie humaine en pleine évolution. Pour suppléer à
cette incapacité des parents à éduquer et instruire leurs enfants, une institution
nouvelle a été créée : l’école

Dans les pays développés ou en voie de développement,


l’enseignement est un des secteurs clés dans la mesure où c’est à lui que revient
la noble mission de former les compétences dont le pays a besoin pour sa
prospérité. Comme le soulignent Hofsteter et Schneuwly (2007) : « L’école
constitue l’une des principales scènes où se joue le devenir de la nation comme
de chacun de ses membres ».

1.3.2 Limites de l’éducation

Le monde est en marche et la personne a toujours besoin d’être


éduquée et instruite pour s’adapter à l’ère de son temps. Dans ce sens, on ne
peut pas parler des limites de l’éducation car on en a toujours besoin. Comme
l’éducation de l’enfant commence dès qu’il vient au monde, la fin de l’éducation
pour toute personne est quand elle ne vit plus dans ce monde ; autrement dit,
c’est quand la personne meurt.

Selon la théorie de la « toute puissance de l’éducation » du 18e siècle,


par l’éducation peut tout faire. Les philosophes de cette époque croyaient à la
puissance de la raison humaine (puissance illimitée de la science de l’éducation).
Il y a donc opposition entre la théorie qui dit que : « L’éducation peut faire
tout » et celle qui dit que : « L’éducation ne peut tout faire ». La discussion au
sujet de la puissance de l’éducation ne date pas d’aujourd’hui ; mais on
converge à dire que l’éducation peut tout faire, mais son influence est limitée car
il y a d’autres facteurs qui influencent l’être humain. Somme toute, l’éducation
peut beaucoup faire, mais son influence est limitée par l’hérédité et le milieu
social.
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Chapitre II : LA PEDAGOGIE

2.0 Introduction

Comme nous l’avons souligné précédemment, l’éducation est un phénomène


social, l’œuvre donc de la personne humaine et existe depuis que des pères et
des mères procréent des enfants et ont commencé à leur apprendre à parler, à se
nourrir, à se vêtir, à marcher, à se garder des dangers de tout genre et à vivre en
société.

Au long des siècles, des techniques se sont formées, élaborées et soulignant un


ensemble d’activités dont on veut que les enfants acquièrent la maîtrise (LABIN
Edouard, 1975).

L’antiquité (350-476) concentrait la problématique de l’éducation


sur la formation générale de l’homme et du citoyen (la paidéia). Cette formation
était privilégiée par rapport à la question de la transmission et contenu des
connaissances au sens étroit du terme.

Au moyen âge (476-1453), la pédagogie était assimilée à un catéchisme. Les


méthodes d’enseignement se fondaient au travers d’un enseignement
essentiellement axé autour de la linguistique, sur la transmission de la foi. En ce
temps là, on privilégiait la mémorisation et l’imitation et cela resta en vigueur
jusqu’au XVIIe siècle.

C’est à partir du siècle des lumières (18ème siècle) que la réflexion


sur la pédagogie prit un véritable essor, notamment avec Jean jacques
ROUSSEAU. L’auteur de l’Emile ou De l’éducation voit la spécificité de
l’enfant, non plus conçu comme un adulte en réduction(en miniature) mais
comme un être manifestant des besoins et des satisfactions spécifiques.

Rousseau fixa au pédagogue la mission d’observer les dispositions


de l’enfant et de chercher ou améliorées avec l’expérience et la connaissance.
Cette connaissance progressive, théorique et pratique, c’est la pédagogie. Celle-
ci s’est imposée à partir du 19ème siècle et s’interroge aujourd’hui sur les
conditions de réception du savoir, du continu et l’évaluation de celui-ci, sur le
rôle de l’éducateur et de l’élève dans le processus de l’apprentissage et plus
globalement sur les finalités de cet apprentissage, indissociable d’une norme
sociale et culturelle.
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2.1 Origine de la pédagogie

Dans l’antiquité gréco-romaine, ce sont les domestiques, les


esclaves qui accompagnaient, à pied, les enfants de leurs maîtres à l’école. Ces
domestiques, ces esclaves (conducteurs d’enfants) étaient considérés comme les
éducateurs, les pédagogues.

En effet, dans son origine étymologique stricte, le terme pédagogie


évoque « la conduite des enfants». Ce terme vient du mot grec « paedagogia »
qui signifie art d’élever les enfants. Le mot «pédagogue » était donc le mot par
lequel les grecs désignaient « l’esclave », un affranchi qui conduisait l’enfant à
l’école. Mais l’usage a, peu à peu, détaché ce mot de son étymologie stricte et
lui donne aujourd’hui le sens plus général, à savoir : l’art(ou si possible science)
qui régit(ou qui devait régir) la mise en ouvre de toutes les ressources par
lesquelles on peut éduquer(ou instruire) les gens quel que soit leur âge et quelle
que soit l’activité à en favoriser le développement suivant les enseignements du
principe « laisser croître ». Il insistait sur l’objectif fondamental de l’éducation,
celui d’éduquer l’homme en puissance.

2.2. Définitions de la pédagogie

Le terme pédagogie qui ne devient d’usage courant que dans la


seconde moitié du 19ème siècle exprime un contenu vaste et généralement
confus. Cette imprécision résulte du nombre, de la nature et de la complexité
des problèmes que pose l’éducation. Ainsi, on ne peut s’étonner que la
pédagogie ait plusieurs définitions.

Certains auteurs définissent la pédagogie comme « une méthode


employée dans l’enseignement dans un domaine particulier ». Pour d’autres,
c’est la qualité d’une personne qui sait transmettre des connaissances d’une
manière claire et efficace.

Pour certains auteurs encore, c’est « la science qui étudie les


méthodes de l’éducation et de la transmission du savoir » ou encore « comme
science et art de l’éducation. Cette dernière définition nous intéresse
particulièrement et vaut la peine que ses termes soient bien clarifiés.

2.2.1. Pédagogie comme science

Elle est une science dans la mesure où elle cherche une meilleure
connaissance de l’enfant, réfléchit sur les résultats obtenus par les éducateurs sur
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base des expériences. En plus elle étudie systématiquement les facteurs de


l’éducation.

De ce qui précède, on peut dire qu’une science se caractérise par


les éléments suivants :
 objet propre d’études ;
 méthodes appropriées à l’étude de cet objet ;
 une élaboration des résultats qui s’exprime par des lois groupées en un
tout cohérent ;
 domaine d’intervention ou champ d’application ;
 interdépendance (interdisciplinarité) ou dépendance réciproque.
On peut alors se poser la question de savoir quel est exactement l’objet de la
pédagogie pour qu’elle soit considérée comme une discipline scientifique et
quel est son degré d’autonomie par rapport à d’autres disciplines ?
L’objet de la pédagogie c’est l’éducation et le sujet de l’éducation
c’est l’homme. La pédagogie utilise les méthodes propres aux sciences
humaines (observation, analyse, expérimentation, etc.). Les résultats de ses
investigations sont aussi exprimés sous formes des lois. Cela étant, la pédagogie
est donc une science.

Les divergences à propos de son autonomie ou de son contenu


trouvent leurs sources dans le fait que les investigations pédagogiques
proviennent des champs fort variés : biologie, psychologie, philosophie,
politique, économique, etc. Dans ce cas alors l’expression « science
pédagogique » peut-elle encore se justifier ?

A cette question, on peut dire oui si l’on veut insister sur l’unité de
cette discipline. C’est pourquoi, les chercheurs préfèrent l’expression « sciences
pédagogiques » qui exprime mieux les champs variés de cette science. D’ailleurs
si l’on parle de « sciences médicales » au pluriel, pourquoi ne pourrait-on pas le
faire pour les sciences pédagogiques ?

2.2.2 Pédagogie comme philosophie

Dans cette approche, il s’agit d’une philosophie qui détermine les finalités de
l’éducation et apprécie les moyens choisis pour les atteindre.

2.2.3. Pédagogie comme art de l’éducation


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Elle est un art, parce qu’elle adapte les principes théoriques aux circonstances
concrètes suivant les caractères et les niveaux des enfants. Ex. Le Learning by
doing de John Dewey.

2.2.4. Pédagogie comme technique

Elle est aussi une technique parce qu’elle propose des méthodes et des procédés
pour la réussite de l’œuvre éducative.

2.8.Différentes branches de la science pédagogique


La science pédagogique est encore une science en pleine évolution.
Il n’est donc pas facile de mettre en relief toutes ses branches car celles-ci
continuent toujours à naître. Ici, nous nous contenterons de faire mention que de
quelques principales branches :

1. L’histoire de la pédagogie : elle donne un aperçu historique concernant les


faits et les doctrines pédagogiques. On essaie d’expliquer ces faits et
doctrines par leurs causes.
2. La pédagogie comparée : elle s’intéresse à l’étude comparative des
différents faits pédagogiques du monde, d’un pays, d’une région, d’une
époque. Cette pédagogie est très développée dans les pays occidentaux et
plus particulièrement au sein de la Société Européenne d’Education
Comparée. C’est Marc Antoine Julien de Paris qui a introduit en pédagogie la
méthode comparative dont le secrétariat est à Bruxelles.

Entre autres les pays les plus intéressés par cette pédagogie, on peut citer : les
USA, l’Allemagne, la Suisse, le Royaume-Uni, la France, la Belgique, etc.
Deux sortes de comparaison sont faites : verticale et horizontale. La
comparaison verticale compare les doctrines pédagogiques d’un pays à de
différentes périodes de l’histoire. La comparaison horizontale compare les faits
éducatifs entre les pays, par exemple entre la France et la RDC
Il convient de noter que la méthode comparative existe dans toutes les sciences.
On parle ainsi de l’anatomie comparée, de la psychologie comparée, de la
grammaire comparée, de la religion comparée, etc.

3. La pédagogie philosophique : elle détermine les finalités de l’éducation.


4. La pédologie : c’est un ensemble des études médicales centrées sur l’enfant.
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5. La pédagogie sociale : elle s’occupe de l’éducation en tant que phénomène


social c’est-à-dire dans la mesure où l’éducation assure la continuité de la
culture par la transmission des valeurs.
6. La pédagogie physique : elle étudie tout ce qui a trait aux organes, aux
muscles d’un point de vue pédagogique ;
7. La pédagogie intellectuelle : elle étudie les aptitudes intellectuelles(Binet).
8. La psychologie pédagogie : étudie des phénomènes psychologiques
intervenant dans une situation éducationnelle quelconque.
9. L’orthopédagogie : elle étudie des enfants freinés dans leur évolution
normale, notamment :

2.9Rapport de la pédagogie et les autres sciences

Nous avons vu que l’objet de la pédagogie c’est l’éducation et que le


sujet de l’éducation c’est l’homme. La définition que nous avons donnée des
sciences de l’éducation nous montre que pour agir sur l’homme, il faut le
connaître dans l’extraordinaire multiplicité des facteurs qui le déterminent.

Ainsi, il importe d’expliquer les relations entre l’éducation et les


déterminants de l’homme. Quoique chaque science se dise autonome c’est-à-dire
avec son objet propre, son but et ses méthodes, toutes les sciences ont pourtant
des connexions plus au moins grandes entre elles.

2.9.1Pédagogie et biologie

La croissance de l’être humain est mise en branle (se met en action)


par la fécondation de l’œuf. Elle continuera à se développer selon l’organisme
d’un chacun.

L’être humain qu’on veut éduquer doit obéir aux lois biologiques qui
déterminent un tout(le développement génétique et psychique). Dans
l’éducation, dans l’apprentissage scolaire, on doit tenir compte de ces lois
biologiques. Le problème de l’hérédité, de la transmission des caractères
individuels des parents à leurs enfants est très important pour étudier ce qui est
inné et ce qui est acquis pour pouvoir adapter l’action éducative à l’enfant.

L’hérédité est toujours associée au milieu et on ne peut difficilement


concevoir l’un sans l’autre. Le milieu permet aux dispositions héréditaires de se
réaliser, de se développer. Une loi biologique est celle des périodes sensibles.
17

Celles-ci sont des étapes de la vie humaine durant lesquelles l’apprentissage de


quelque chose est rendu plus ou moins réel.

A savoir : il existe des périodes sensibles pour l’apprentissage des


langues. Montessori, Médecin italienne, auteur de ces études enseigne que
l’acquisition du langage se fait dans des conditions maximum entre certaines
limites d’âges. On peut apprendre facilement toute langue à l’âge jeune mais à
l’âge avancé ça devient difficile.

L’endocrinologie (étude des glandes à sécrétion interne) réduit tout


comportement humain suite à l’action ou à l’inaction de quelques glandes. Il est
vrai que cette science peut parfois fournir des explications ou des difficultés
qu’on rencontre dans l’éducation chez les enfants. Comme le souligne Hubert,
la biologie est la base indispensable de toute action pédagogique parce que
l’évolution physique va ensemble avec l’évolution psychique.

2.9.2 Pédagogie et psychologie

La pédagogie moderne se réclame avant tout de la psychologie «nemo


pédagogue nisipsychologus ». En fait, il existe toute une psychologie de
l’enseignement. Si l’on veut éduquer quelqu’un on doit le connaître.
L’enseignement est une fonction difficile car le contenu d’apprentissage, les
capacités et personnalités des élèves et les conditions d’enseignement sont
autant de composantes et de contraintes à appréhender. Pour l’enseignant
confronté à cette tâche complexe, la psychologie est une discipline ressource
naturelle.

La pédagogie et la psychologie partagent en effet plusieurs domaines de


préoccupation et, au premier chef, la connaissance de l’élève, la compréhension
des mécanismes d’apprentissage et l’analyse des situations d’enseignement. Ces
deux disciplines ont des relations anciennes et fructueuses. Les textes
pédagogiques font une large place à de nombreux concepts psychologiques
(constructivisme, motivation, intelligence, représentation, etc.) illustrant la
contribution des recherches de la psychologie aux théories de l’éducation. Les
différentes théories psychologiques ont fort imprégné les conceptions de
l’enseignement :

- Les travaux de Binet (1857-1911) sur l’intelligence de l’enfant ont longtemps


orienté les interprétations des difficultés d’apprentissage. Aujourd’hui
l’inaptitude de l’intellectuelle est rarement évoquée pour expliquer les difficultés
18

scolaires. De même, la conception « béhavioriste » qui désignait les facteurs


externes (contraintes environnementales, répétitions, récompenses) comme les
principaux moteurs de l’apprentissage s’est vu également écartée. Faisons
remarquer que malgré qu’on les écarte, ce type de facteurs intervient aussi.

- Les travaux de PIAGET (1896-1980), sa théorie du développement cognitif,


interactionniste, constructiviste et stadiste, a été et est encore une référence dans
les pratiques pédagogiques. En résumé, sa théorie stipule que l’apprentissage
est essentiellement une construction mentale, de structure cognitives et de
connaissances, dans laquelle l’apprenant joue un rôle clé par le biais de sa
maturation, ses buts, ses expériences, ses activités mentales et ses structures
d’apprentissage ». La psychologie cognitive étudie les fonctions cognitives
(perception, mémoire, langage, etc.) qui servent à l’acquisition, au traitement et
à la production des connaissances.

Apport de différentes psychologies

 Psychologie générale : elle aide la pédagogie à comprendre certaines


façons d’agir des enfants et à adapter les méthodes et les leçons au niveau
des élèves.
 Psychologie génétique (appelée aussi psychologie du développement) :
elle aide la pédagogie au point de vue évolutif dans l’éducation d’un
enfant depuis la naissance jusqu’à l’âge adulte.
 Psychologie différentielle : les enfants comme les adultes ne sont pas
identiques, il faut dans l’éducation tenir compte de chaque individu.
Ainsi la Psychologie différentielle étudie des différences entre les
individus (différence interindividuelle) et différences dans les individus
(différence intra-individuelle)
 Psychopathologie : elle fournit à la pédagogie des éléments qu’il faut dans
l’éducation des individus anormaux.
 Psychiatrie : elle utilise les données fournies par la psychopathologie pour
essayer de guérir la personne souffrant psychologiquement.
 Psychanalyse (appelée aussi psychologie de profondeur) : elle aide
l’éducation à mieux comprendre et à mieux aider ceux qui souffrent
mentalement.
 Psychologie cognitive : elle étudie les fonctions cognitives (perception,
mémoire, langage…relatives à l’acquisition des connaissances) et les
opérations (planifier, exécuter, contrôler…) élémentaires.
19

2.9.3 Pédagogie et sociologie

La sociologie est l’étude scientifique des phénomènes sociaux. Cette


discipline offre aux pédagogues une lumière sur les phénomènes ou faits se
passant dans tel ou tel autre milieu social. Se servant de cette lumière c.-à-d. des
éléments culturels que leur donne la sociologie, les pédagogues conçoivent des
situations d’enseignement adaptées à chaque milieu. L’éducation est une
fonction sociale, parce qu’elle est l’expression des besoins et des exigences d’un
milieu de civilisation déterminé.

2.9.4. Pédagogie et philosophie

On désigne par « pédagogie philosophie », la partie de sciences


pédagogiques qui étudie les répercussions de la philosophie sur les problèmes
éducatifs. Derrière chaque science, il y a une certaine philosophie, une certaine
conception de la vie. La philosophie indique à la pédagogie le sens de la vie.
Dans la philosophie, l’homme est le centre de recherche. Donc, chaque système
pédagogique a ses fondements philosophiques.

2.9.5. Pédagogie et Didactique

Dans le sens que la didactique et la pédagogie ont en commun le but de


d’optimiser l’enseignement et l’apprentissage.

2.9.5 Autres sciences et méthodes auxiliaires de la pédagogie.

a) Statistique : il s’agit d’un ensemble des techniques qui rassemblent des


données chiffrés au sujet des phénomènes qu’on peut observer plusieurs fois
pour décrire et les interpréter plus facilement. Après la description des variables
et on donne une interprétation aux résultats.

b) Droit : En pédagogie, on parle aussi de droit à l’éducation, de droit de


parents, de droits des élèves, de droit de l’Etat voire même de droit de l’Eglise

c) Histoire : On comprend mieux une histoire, un phénomène pédagogique


quand on se place dans son contexte historique et culturel. Souvent, une
nouvelle théorie pédagogique est une réaction contre une autre théorie qui a
existé bien avant. En fait, pour comprendre le présent phénomène pédagogique,
il faut se référer au passé. Ce qui est présent est en quelque sorte une synthèse
compacte du passé.
20

Chapitre III :
GRANDS PRINCIPES ET PRINCIPALES FORMES DE L’EDUCATION

4.1 L’homme, sujet de l’éducation

La formation de « l’homme » est la préoccupation de toute forme d’éducation.


Rappelons ici la façon dont Anna Bonboir (1970) a défini l’éducation : « Le
désir de faire des êtres humains des membres actifs de leur société, émancipés à
l’égard de leurs ascendants et de leurs semblables, aptes à servir, à coopérer et
capables de contribuer au progrès». Pour Bonboir, ce désir se trouve à l’origine
de toute tentative de la définition de l’éducation.

Pris dans son sens plus large, l’éducation concerne toute personne et pas
seulement les enfants. L’individu réagit dès sa naissance jusqu’à sa mort
comme un tout aux influences extérieures et les différents types de learning sont
étroitement associés les uns aux autres. L’acquisition d’une capacité est liée à
des comportements nouveaux sur le plan de l’ajustement social, une technique
d’action n’est pas sans influence sur les intérêts et les idéaux.

Exemples montrant l’extension du concept « learning » :

 un animal apprend : pour sortir d’une cage, il apprend à pousser le loquet ;


 un bébé apprend : il a faim et il pleure : sa mère lui donne le sain
 on apprend à aller à vélo, à conduire un véhicule, à marcher ;
 un élève apprend à lire, à calculer.

Ces exemples, bien que différents ont en commun : le résultat ou la modification


du comportement. Le comportement est obtenu par une certaine forme d’activité
dans laquelle l’organisme se dirige vers un but, conscient ou non, activité par
laquelle l’individu essaie de sortir d’une situation, d’un problème.
L’apprentissage modifie l’organisme, la situation psychologique de l’individu.
Après l’apprentissage l’individu doit devenir autre que ce qu’il était avant
l’apprentissage.

En somme, tout le long de son existence l’homme se trouve en situation de


learning, c’est-à-dire de modification de son comportement dès sa naissance
jusqu’à sa mort. En d’autres termes, l’homme se modifie, se forme, s’éduque
tout le long de son existence. Cette éducation repose sur quelques principes.
21

4.2 Les grands principes de l’éducation

Parlant des grands principes de l’éducation, il s’agit de fondements, de bases sur


lesquels repose l’éducation. Ces fondements peuvent être internes et externes.

 La nature humaine

Le problème fondamental dans le domaine de l’éducation est celui de déterminer


la nature et la destinée de l’homme. La réponse à ce problème est déterminée
par la conception que chacun a de l’homme, par les conceptions philosophiques
de la vie de l’homme dans ce monde :

-Le naturalisme : doctrine qui exclut toute métaphysique (tout ce qui est jugé
obscur, compliqué et trop abstrait) et toute possibilité de réalité surnaturelle ;

-L’existentialisme : doctrine plaçant la présence de l’homme dans le monde et la


liberté au centre de la réflexion ;

-Le théisme : croyance non religieuse en un dieu créateur de l’univers ; ou


encore religieuse en un ou plusieurs dieux. Cette doctrine s’oppose au déisme
qui est la croyance en l’existence d’un Dieu fondée sur la seule raison naturelle,
sans référence à la révélation ;

-Le christianisme : religion fondée sur la personne et l’enseignement de Jésus-


Christ, apparue au 1er siècle de notre ère ;

-Le dualisme : théorie philosophique selon laquelle l’univers est un tout


composé de deux éléments qui s’opposent ex : dualisme du bien et du mal).

Il importe de souligner que toutes ces doctrines ont chacune une conception de
la nature et de la fin de l’homme ; elles préconisent par conséquent des principes
différents de l’éducation.

Pour ce qui nous concerne, l’homme est une unité substantielle, par essence
dynamique et une personne. Ce sont là les trois principes internes fondamentaux
de la nature humaine.

A. Les principes internes :

1. L’homme est une unité substantielle (qui existe en demeurant identique en


lui-même). L’homme a à la fois un aspect spirituel (de l’esprit) et physique
(corporel). Ces deux éléments sont inséparables. Nous réfutons ici le dualisme.
C’est nous qui agissons, qui réfléchissons, qui détestons, qui sommes
22

sympathiques ou antipathiques. Les comportements sont humains et attribuables


à cette unité humaine.

2. Principe d’essence dynamique de l’homme

Ce principe stipule que l’homme n’est pas statique : il agit et il évolue. Cette
évolution est dictée par la nature. L’homme est donc par nature tendu : il tend à
grandir, à se maintenir en vie, à faire des échanges avec le monde qui l’entoure.
Malgré ce dynamisme, son unité et sa stabilité restent, il est toujours identique à
lui-même.

L’homme a double tendances : se maintenir soi-même et faire des échanges avec


les autres :

sur le plan psychologique et social : nous nous réalisons par le contact


avec les autres, nous voulons nous affirmer ;
sur le plan métaphysique : l’homme aspire à être en relation avec l’Etre
absolu ;
sur le plan biologique : il veut entrer en contact avec le monde matériel
pour se renouveler et se stabiliser, se nourrir, se réaliser dans tous les
domaines.

3. Principe de responsabilité de l’homme


L’homme est une personne consciente et doit être de lui-même responsable de
ce qu’il fait, de ce qu’il pose comme actes.

Tout comportement de l’homme émane d’une même source active. C’est pour
cela que les autres nous attribuent la responsabilité de nos actes. Juridiquement,
à partir 18 ans, on est adulte et on est par conséquent responsable de tout acte
que l’on pose.

B. Les principes externes

Selon qu’on considère la nature humaine comme foncièrement bonne ou


mauvaise, on peut regrouper en deux catégories les principes sur lesquels la
plupart d’éducateurs s’appuient pour éduquer les enfants.

Les principes les plus généralement soulignés sont au nombre de deux : principe
d’autorité et principe de la liberté.

1. Principe d’autorité : ce principe part de l’idée selon laquelle l’homme est


foncièrement mauvais. Parce qu’il est foncièrement mauvais, l’autorité
sur lui est nécessaire pour son éducation.
23

2. Principe de liberté : ce principe part de l’idée selon laquelle l’homme est


foncièrement bon dès sa naissance. C’est le principe par excellence de
Jean- Jacques ROUSSEAU. La liberté est nécessaire à l’épanouissement
de l’homme, alors que l’autoritarisme le gêne.

Ce sont là deux principes généraux auxquels les éducateurs recourent le plus


souvent. Pour nous, la vérité n’est exclusivement dans l’un ou l’autre principe.
Dans tout processus éducatif, il faut associer les deux principes mais ne pas
privilégier l’un d’entre les deux.

4.3 Différentes formes de l’éducation

4.3.1 Education physique ou corporelle

4.3.1.1 Etat de la question

L’homme est un tout organique : les membres, les organes et autres facultés de
l’organisme sont intimement liés les uns aux autres et on ne peut les séparer.
Pendant très longtemps, les différents systèmes éducatifs ont marginalisé, sous
l’influence du christianisme mal compris ou de d’autres doctrines religieuses,
l’éducation physique ou corporelle.

4.3.1.2 Objet de l’éducation physique

L’éducation physique consistera à assurer la santé par le


développement normal de l’organisme en cherchant à remédier à toutes les
anomalies que l’enfant peut présenter dans sa constitution native et à celle qu’il
risque de contracter au cours de sa croissance. L’enfant maladif, mal nourri et
sous alimenté réussit difficilement dans ses études. Il faut donc apprendre à
l’enfant à entretenir son corps : se laver, laver et repasser ses habits, soigner ses
dents, marcher, courir, jouer, se reposer, etc.

4.3.2 Education intellectuelle

Avant de parler de l’éducation intellectuelle, il importe de comprendre d’abord


ce que veut dire le mot « intellect ». Si on se réfère au dictionnaire, on trouvera
que ce mot désigne :

« La faculté de connaître et de concevoir, distincte de la sensibilité ou de la


raison ». Ou encore« L’ensemble des facultés intellectuelles ».
24

Ce concept, bien que différent de l’intelligence, plusieurs auteurs s’en réfèrent


pour définir l’intelligence (concept actuellement défini en rapport avec la
compétence des élèves dans la réalisation d’une tâche scolaire).

4.3.3 Education morale

Souvent, quand on parle de l’éducation morale, on pense vite à l’éducation


morale religieuse. On a raison à penser ainsi parce que la religion évoque l’idée
de Dieu, créateur du monde, qui veut que tout soit bien dans ce qu’il a créé.
Mais, il ne sera pas seulement question ici de l’éducation morale religieuse mais
il s’agira de l’éducation morale civique.

Le concept de morale sous-entend l’ « Ensemble de règles de conduites et de


mœurs considérées comme bonnes et devant être appliquées en société »
[Remarque d’usage : le plus souvent au singulier].

En philosophie, la morale est définie comme « un principe philosophique de


discernement du bien et du mal ».

Dans ce domaine de l’éducation morale, Il y a une terminologie très confuse.


L’éducation morale est pour certaines personnes la formation du caractère et
pour les autres la formation de la personnalité, de la conscience, du
tempérament.

4.3.4 Education sexuelle

4.3.4.1 Importance d’une éducation sexuelle à l’école

Jadis, à l’école, on ne pouvait publiquement parler au jeune tout ce qui touche à


la sexualité. L’acte sexuel était un tabou, était donc interdit formellement d’en
parler au jeune. La sexualité correspondait à un mal qu’aucun enfant ne pouvait
sortir de sa bouche. L’acte sexuel était qualifié de « mauvaise affaire»,
d’ « esprit satanique envahissant ». Toutes ces expressions étaient dans le but
d’interdire aux jeunes de « faire l’amour »(accomplir l’acte sexuel) avant d’être
adulte.

Depuis quelques décennies, les pouvoirs publics et la population sont


convaincus du bien-fondé d’une éducation sexuelle à l’école. Le besoin d’en
parler aux jeunes se fait sentir depuis la découverte du fléau redoutable de sida
et le nombre toujours croissant, surtout dans les pays africains, des adolescentes
qui deviennent enceintes. En plus, le drame de pédophile, d’homosexualité…
sont autant de phénomènes nouveaux qui valent la peine que les jeunes soient
25

suffisamment informés dès leurs jeunes âges. La sexualité est en fait désormais
pensée en dehors de toute référence à la fécondité et au mariage.

4.3.4.2Quels facteurs sont à la base du comportement sexuel ?

Le comportement sexuel dépend d’une combinaison de facteurs internes


(physiologiques) et des facteurs externes (stimuli de l’environnement).

(a) Facteurs internes (physiologiques)

En ce qui concerne les facteurs physiologiques, il importe de noter qu’il y a des


hormones responsables de la maturation et du fonctionnement des organes de
reproduction.

L’hormone de croissance provient de l’hypophyse : glande endocrine située


sous le cerveau, qui sécrète plusieurs hormones importantes pour le
fonctionnement de l’organisme.

Chez la femelle les hormones hypophysaires stimulent les ovaires pour la


reproduction des hormones sexuelles : l’œstrogène et la progestérone. Chez les
hommes les hormones hypophysaires stimulent les cellules des testicules en vue
de la production et de la sécrétion d’un groupe d’hormones sexuelles appelées
androgènes dont la plus importante est la testostérone.

Les ovaires chez les jeunes filles ou les cellules des testicules chez les jeunes
garçons une fois qu’ils sont stimulés, entraînent des changements dans les
caractéristiques sexuelles primaires et secondaires durant l’adolescence.

Au début de l’adolescence, la plupart des jeunes connaissent une période de


croissance physique très rapide (la poussée de la croissance de l’adolescent) qui
s’accompagne du développement des organes de reproduction et des
caractéristiques secondaires (grossissement des seins chez la fille, aussi son
bassin s’élargit ; apparition de la barbe chez le garçon et présence de poils
pubiens chez les deux sexes.

Ces changements s’étalent sur une période de deux ans environ et atteignent leur
point culminant à la puberté, marquée par la menstruation chez la fille et
l’apparition de spermatozoïdes vivants dans l’urine chez les garçons.
(Menstruation ou règles = saignement périodique et passager de la muqueuse
utérine par le vagin qui survient de la puberté à la ménopause en l’absence de
grossesse et correspond au début d’un cycle œstral.)
26

L’âge auquel chacun parvient à la puberté varie beaucoup. Certaines fillettes ont
leurs premières règles dès l’âge de 11 ans, d’autres pas avant 17 ans. L’âge
moyen se situant à 12 ans 9 mois. Chez le garçon l’âge de la maturité sexuelle
varie tout autant mais en moyenne les garçons parviennent à la maturité deux
ans après les filles.

Autrefois, les jeunes filles comme les jeunes garçons subissaient les
transformations de la puberté sans savoir réellement ce qui leur arrivait et la
plupart des adultes étaient eux-mêmes mal informés au sujet de la maturité
sexuelle. Comme conséquences chez la jeune fille : troubles psychiques à la vue
des premières règles, grossesse non désirée, abandon scolaire, mariage précoce,
etc.

A l’approche de la puberté, la jeune fille doit être informée de ce qui


va lui arriver, non seulement pour qu’elle ne s’inquiète pas mais aussi pour
qu’elle assume ses responsabilités dans la sauvegarde de sa propre santé
physique et mentale. Elle doit savoir que les changements qu’elle va subir
résultent de la maturation des organes sexuels et qu’à partir de cette période, elle
peut facilement être enceinte. Ainsi, il importe qu’elle connaisse son cycle
ovarien, qu’elle sache dans ce cycle la période où elle peut tomber enceinte une
fois faisant rapport sexuel avec un garçon.

Cette connaissance de son cycle ovarien, cette prise de conscience de tout ce qui
peut lui arriver et cette responsabilité de soi, liée à la responsabilité que la jeune
fille assumera dans l’avenir vis-à-vis des autres, constitue probablement la pierre
angulaire de toute l’éducation des adolescentes.

Freud postule que l’énergie sexuelle (ou libido) s’accumule dans l’organisme et
doit trouver un exutoire c’est-à-dire trouver un moyen ou un canal d’évacuation
de cette énergie. Parmi les moyens permettant l’évacuation facile de cette
énergie, on peut citer : le sport, la gymnastique ou des exercices physiques.
D’où l’importance d’organiser ces activités non seulement au niveau de l’école
mais aussi au niveau de la vie communautaire. Il existe actuellement des organes
artificiels (pénis et vagins) remplissant le rôle des organes physio- logiques
naturels.

(b) Facteurs externes ou stimuli de l’environnement

Le comportement sexuel de l’être humain est fortement déterminé par les


influences culturelles. Toute société impose certaines contraintes à l’activité
27

sexuelle. Presque toutes sociétés bannissent l’inceste(les rapports sexuels entre


proches parents).

D’autres aspects du comportement sexuel tels que le jeu sexuel chez les enfants,
l’homosexualité, la masturbation et les relations avant le mariage sont l’objet de
tolérances variables d’une société ou d’un milieu à l’autre.

Dans certaines sociétés, le comportement sexuel s’installe vite chez les jeunes
gens parce que ces sociétés sont très tolérantes et encouragent les pratiques auto-
érotiques et le jeu sexuel entre les deux sexes. Il peut arriver qu’on leur donne
une éducation sexuelle ou qu’on leur permette d’observer l’activité sexuelle des
adultes. Les Chouas d’Afrique, par exemple, craignent que les enfants, à moins
qu’ils ne s’entraînent eux-mêmes à la sexualité, deviennent incapables d’avoir
une progéniture plus tard.

Par contre, les sociétés très rigides contrôlent la conduite sexuelle


préadolescente et empêchent les enfants à se mettre au courant des questions
sexuelles. Pour les Counas d’Amérique du sud, un enfant doit ignorer
complètement ce qui a trait à la sexualité jusqu’à ce qu’il se marie ; ils ne lui
permettent pas de regarder même les animaux en train de s’accoupler ou la
femelle en train de mettre bas. Chez les Ashantis d’Afrique les relations
sexuelles impliquant une fillette qui n’a pas encore passé par la cérémonie de
puberté sont susceptibles d’entraîner la peine de mort pour les deux partenaires
(fille et garçon).

4.3.4.3 Moyens pour éviter la grossesse et le sida

4.3.4.3.1 Moyens pour éviter la grossesse

De nombreuses familles des classes supérieures ont commencé, depuis le 17 e


siècle, à pratiquer la limitation volontaire des naissances ; les femmes prenaient
des contraceptifs pour ne pas tomber enceinte. Les grossesses non désirées
devenant de plus en plus nombreuses, surtout parmi les jeunes filles,
occasionnant plusieurs cas d’avortements entraînant même la mort.

Développés à partir du 19e, les sciences et médecine au service de la sexualité


ont mis au point plusieurs contraceptifs afin d’éviter aux femmes des grosses
non désirées. Toutes ces sortes de contraceptifs ont pour fonction d’empêcher la
fécondation. Entre autres contraceptifs, signalons les suivants :

- Diaphragme
28

- Cape cervicale
- Eponge vaginale spermicide
- Pilule contraceptive
- Préservatif
- Gels et crèmes spermicides
- stérilet

Autrefois, on ne pouvait parler aux jeunes filles de ces contraceptifs sous


prétexte que c’était une façon de les encourager à la prostitution. Aujourd’hui, il
n’en est plus question, ces moyens ne sont plus « tabous», il importe qu’ils
soient portés à la connaissance de toutes les jeunes filles. Ainsi, plusieurs
campagnes informations sont faites à l’intention des femmes même jusqu’au
niveau des villages afin d’éviter la fécondation non désirée.

4.3.4.3.2 Moyen pour éviter sexuellement le SIDA

Le sida a emporté (tué) et continue à emporter les gens, surtout les jeunes.
Contrairement à ce que pensent certains jeunes que le sida est une maladie
imaginaire pour décourager les jeunes à la sexualité, il est certain que ce virus
appelé VIH (syndrome immunodéficitaire acquis) existe effectivement et tue
beaucoup de gens. Même dans notre milieu, on a déjà assisté à plusieurs décès
dus à ce virus.

En médecine (en pathologie), c’est une grave affection du système immunitaire


due à un virus transmis par voie sexuelle ou sanguine, et qui constitue un fléau
épidémique mondial. Pour éviter ce virus par voie sexuelle, le moyen le plus
indiqué est l’usage de préservatif dans le rapport sexuel, surtout quand on a à le
faire avec celui ou celle qu’on ne connait pas médicalement son état de santé.

CHAPITRE IV : PENSEES EDUCATIVES DES REPRESENTANTS


CELEBRES DE L’EDUCATION NOUVELLE

5.0 Introduction

On regroupe sous l’expression « éducation nouvelle » un courant de pensée qui


s’est développé entre le 18ième et le 20ième siècle. Ce courant de pensées est en
quelque sorte une réaction contre la pédagogie traditionnelle. Dans ce chapitre,
nous évoquerons les idées éducatives de quelques représentants célèbres de ce
courant : Rousseau, Pestalozzi, Montessori, ClaparèdeetDecroly.
29

5.1 ROUSSEAU (1712-1778)

5.1.1 Œuvres de Rousseau

Rousseau est un philosophe du 18ième siècle qui a produit une œuvre originale
sur deux plans. Les idées de Rousseau s’inscrivent dans un contexte
prérévolutionnaire.

Sur le plan de la philosophie politique, il conteste l’idée selon laquelle le


pouvoir politique serait fondé sur une délégation divine. Rousseau s’oppose à
l’idée traditionnelle stipulant que le pouvoir est délégué par Dieu aux
monarchies ou aux rois. Il conteste aussi l’idée que le pouvoir politique est
simplement le fruit de l’évolution « naturelle » de l’espèce humaine. Dans son
discours sur l’origine des inégalités, Il tente de démontrer que les inégalités
entre les hommes sont tout sauf « naturelles ».

Pour Rousseau, le pouvoir politique ne peut se fonder et trouver sa légitimité


que dans le libre choix de ceux qui le reconnaissent et lui obéissent. Il est donc
fondé sur une sorte de « contrat », d’où le nom de son ouvrage « contrat social »
qui exprime cette thèse et constitue un des fondements modernes de la
conception de l’Etat [notion de souveraineté : c’est le peuple qui a la
souveraineté et non le monarque(Roi) par la délégation divine].

Sur le plan éducatif, Rousseau publie la même année(en 1762) l’ « Emile » :


ouvrage où il expose sa conception de l’éducation. Dans cet ouvrage, Rousseau
met en scène un précepteur qui a à s’occuper, depuis la naissance jusqu’à l’âge
adulte d’un garçon prénommé Emile. C’est un récit imaginaire relatant les
différentes étapes de vie se produisant entre le précepteur et son élève.

Bien entendu, ces deux ouvrages portent sur des objets différents, mais pour
bien comprendre l’Emile, il est nécessaire d’avoir en mémoire le précédent « le
contrat social ». Ces deux ouvrages ont révolutionné les idées des gens sur le
plan politique et sur le plan éducatif.

5.1.2 Conception de l’enfance selon Rousseau

Quelle est la conception de l’enfance de Rousseau ? La conception de l’enfance


de Rousseau est résumée en deux formules bien connues qui ont fait couler
beaucoup d’encre : -« L’homme naît bon, la société le corrompt » ; « Tout est
bien sortant des mains de l’auteur des choses, tout dégénère entre les mains de
l’homme ».
30

Par son ouvrage l’« Emile », Rousseau introduit dans le cadre éducatif une idée
nouvelle : l’importance dans l’action éducative de partir de l’enfant tel qu’il est,
avec ses capacités, ses besoins, ses intérêts…

Les idées de Rousseau ayant révolutionné le monde éducatif sont nombreuses :

- Rousseau déclare qu’ « on ne connaît point l’enfance sur les fausses idées
qu’on en a, plus on va, plus on s’égare. Les plus sages s’attachent à ce qu’il
importe aux hommes de savoir, sans considérer ce que les enfants sont en état
d’apprendre. Ils cherchent toujours l’homme dans l’enfant, sans penser à ce qu’il
est avant d’être homme(…) Commencer donc par mieux étudier vos élèves ; car
très assurément vous ne les connaissez pas » ;

- Rousseau considère que « la raison est le point de l’aboutissement de


l’éducation et non le point de départ. Il critique le fait de vouloir raisonner très
tôt l’enfant, comme s’il s’agissait d’adultes »;

- Rousseau critique l’excès de verbalisme : « Ne donnez à votre élève aucune


espèce de leçon verbale ; il n’en doit recevoir que de l’expérience ».

La conception de l’enfance de Rousseau, compte tenu de la bonté de l’enfant,


implique une sorte de coupure radicale entre l’enfant et la société jusqu’à l’âge
de 12 ans. Cette conception de Rousseau se justifie d’une part par le souci de
préserver un état de nature, mais aussi de protéger l’enfant de l’influence de la
société. Pour Rousseau, la société prive l’homme de sa liberté. Ici aussi,
Rousseau utilise une formule choc : « L’homme est né libre, partout il est dans
les fers »

5.1.3 Buts de l’éducation selon Rousseau

Quels sont les buts de l’éducation selon Rousseau ? Selon Rousseau,

Le but de l’éducation est :


(1) de former des hommes et des femmes « libres »
(2) d’apprendre à devenir un Homme avec un grand H ; Rousseau ne prépare
pas à un état social particulier. Il dit explicitement : « Qu’on destine mon
élève à l’épée, à l’église, au barreau, peu importe. Avant la vocation des
parents, la nature l’appelle à la vie humaine. Vivre est le métier que je
veux lui apprendre. En sortant de mes mains, il ne sera, j’en conviens, ni
magistrat, ni soldat, ni prêtre ; il sera premièrement homme(…) ».
31

5.2 PESTALOZZI (1746-1827)

5.2.1 Œuvres de PESTALOZZI

Pestalozzi tente de mettre en application les idées de Rousseau.


Toutefois, le contexte sera très différent. Rousseau imaginait une sorte
d’éducation donnée à un élève par un précepteur. Pestalozzi envisage lui
l’éducation non pas d’un enfant, mais celle du peuple.

5.2.2Conception de l’enfance selon PESTALOZZI

La conception de l’enfance est globalement la même chez Pestalozzi que chez


Rousseau. Pestalozzi considère que l’homme naît bon. Il valorise encore plus
que Rousseau la référence à l’état naturel. On dirait, Pestalozzi la sacralise. Pour
Pestalozzi : « si mince et si chétif que soit un individu, si bornées et si
imparfaites que puissent être ses dispositions, il le considère comme une image
de l’humanité, et voit en lui avec un saint respect, une manifestation de l’idée
divine. »

Pestalozzi prône également une éducation globale : tête, cœur, main (connaître,
vouloir, pouvoir…). Par contre, Pestalozzi se distingue de Rousseau parce que
pour lui l’éducation est collective ; il insiste sur le partage du savoir : éduquer
les formateurs. Dans la conception de l’enfance de Pestalozzi, il n’y a pas de
coupure nette entre l’enfant et la société, pas de coupure entre le monde de
l’éducation et la vie sociale.

En ce qui concerne l’aspect apprentissage (didactique) scolaire, Pestalozzi


rejoint en partie Rousseau sur plusieurs points :

- il critique le verbalisme ;
- il insiste beaucoup sur la nécessité d’une approche concrète, basée
sur le sens, d’une approche intuitive (il crée des jeux, du matériel
didactique permettant de passer du concret à l’abstrait…) ;
- il insiste beaucoup sur l’activité de l’enfant ;
- etc.

5.3 MONTESSORI (1870-1952)

5.3.1 Œuvres de Montessori

Elle était médecin et anthropologue. Professeur à l’Université de


Rome.
32

5.3.2 Conception de l’enfance selon Montessori

Pour Montessori, les problèmes d’éducation et en particulier ceux qui se


rapportent à la personnalité, au caractère, au développement de l’intelligence ont
leur origine dans le conflit permanent entre l’adulte et l’enfant.

Pour Montessori, l’éducation traditionnelle était l’éducation de conflit entre


l’adulte et l’enfant. Comment en effet concilier la liberté individuelle de l’élève
et la nécessité de lui inculquer les connaissances prévues au programme ?
L’enfant est dès lors perçu comme rétif, turbulent, indiscipliné, etc. Pour
Montessori la conception de la pédagogie traditionnelle est erronée ; c’est parce
qu’on le réprime que l’enfant manifeste de la résistance et non l’inverse.

Ce conflit entre l’enfant et l’adulte peut s’expliquer par une différence


fondamentale entre adulte et enfant. Selon le professeur Rey, l’adulte a un
rapport productif avec son milieu, il cherche à le transformer en fonction d’un
but, avec un souci de rentabilité et d’efficacité. Par contre, l’enfant n’a pas cette
préoccupation.

5.3.3 Buts de l’éducation

Pour Montessori, il s’agit avant tout de laisser s’accomplir un plan de


développement fixé par la Nature (et par Dieu) et d’éviter de contrarier ce
développement.

Pour laisser s’accomplir un plan de développement fixé par la Nature,


Montessori préconise comme moyens ci-après :

- créer une coupure avec le monde extérieur (ici le monde des


adultes). Elle est ici du point de vue de Rousseau ;
- renoncer l’autorité traditionnelle de l’adulte ;
- aménager un environnement qui respecte au maximum le
développement naturel de l’enfant, un environnement qui lui permet
de libérer ses « énergies vitales cachées » ;
- favoriser, grâce à cet environnement, l’attention, concentration
véritable qui, pour Montessori, sont le moteur de l’apprentissage.
Libéré des contraintes imposées habituellement par l’adulte, l’enfant
peut manifester persévérance, ténacité, concentration…

5.4 CLAPAREDE (1873-1940)


33

Médecin et psychologue suisse du 19em siècle. Partant de sa


formation bio-médicale, Claparède fait allusion à la dose de médicament qui est
toujours proportionnelle au degré de la maladie, à l’âge du patient et selon que le
malade est sensible ou allergique à ce produit là ; dans la même optique, il fait
référence en pratique de confection des habits où le tailleur coud l’habit en
fonction de la taille et de la grandeur de celui qui va le porter.

Sous cet angle, il ajoute une idée fondamentale de la psychologie


différentielle qui suppose que « chaque individu est différent d’un autre ».
Partant de cette idée, il ne préconise que l’enseignement à la mesure de l’élève.
D’où l’expression « école sur mesure » ou l’enseignement individualisé
(pédagogie différenciée) est une école qui adapte l’enseignement au niveau de
chaque élève. Il résout le problème d’homogénéité dans le milieu scolaire.

Il est d’avis que l’enfant n’agit, ne réfléchi, ne travaille en réalité


que lorsqu’il est suffisamment motivé par les besoins et intérêts du moment.
D’où l’expression « éducation fonctionnelle » ou enseignement fonctionnel
lequel répond aux besoins, aux intérêts et aux aspirations de l’élève ainsi qu’aux
réalités de la société. Son courant de pensée est dénommé pédagogie
fonctionnelle.

5.5DECROLY (1871-1932)

5.5.1 Conception de l’enfance selon Decroly

Comme médecin au service d’enfants « arriérés », Decroly est convaincu de


l’importance des facteurs innés et de l’hérédité. Néanmoins, son expérience lui a
montré à quel point la pauvreté, l’abandon peuvent avoir des effets néfastes sur
le développement intellectuel.

Pour Decroly, l’activité de connaissance ne se fait qu’en réponse à des besoins.


La connaissance a une fonctionnalité biologique ; Il existe, pour lui, un lien
profond entre intelligence et affectivité, entre données biologiques et le milieu.

5.5.3 Buts de l’éducation selon Decroly

Decroly assigne à l’éducation les buts ci-après :

- développement global (tête, cœur, corps) ;


- développement selon les besoins de l’enfant ;
34

- adaptation de l’enfant à la vie société.

5.5.4Critiques de Decroly contre l’école traditionnelle

5.5.4.1 Critique sur le plan disciplinaire

Decroly compare l’école à une caserne sans vie et qui prétend faire évoluer les
enfants en leur imposant immobilité et silence. Pour Decroly le milieu scolaire
constitue un facteur essentiel des déformations psychiques de l’enfant :
connaissances incomplètes, aversion (sentiments de répulsion, de violence) pour
le travail. Ces sentiments de révolte et violence découlent de blessures d’amour-
propre, etc.

5.5.4.2Critique sur le plan programme scolaire

Pour Decroly, les programmes de cette école étaient inadaptés, des programmes
qui ne répondent pas aux besoins de l’enfant, trop peu de rapport avec les
intérêts fondamentaux de l’enfant ; trop peu de cohésion entre différents
activités scolaires ; trop peu de leçons avec des sujets et des buts différents ;
prédominance des branches que l’on s’enseigne que par des méthodes verbales ;
beaucoup trop d’exercices ne donnant pas assez d’occasions à l’activité
personnelle spontanée de l’enfant

5.5.4.3Critique contre le verbalisme

Pour Decroly, l’école développe très peu les facultés réceptrices (très peu la vue
et le sens des mouvements, plus l’ouïe), très peu aussi les facultés élaboratrices
et les facultés d’action.

5.4.5 La Notion de globalisation de Decroly

Une des idées essentielles de Decroly est la notion de globalisation. Pour


Decroly, il s’agit d’un processus intellectuel complexe qui part du principe que
le jeune enfant apprend et accumule les expériences sans ordre, qu’il saisit
d’abord globalement, les êtres et les choses dans leurs relations entre eux et par
lui-même(…) Decroly souligne que cette démarche naturelle chez l’enfant est
celle que devrait adopter l’école, surtout dans l’enseignement maternel et au
début de l’enseignement primaire.

Comment traduire dans la pratique cette notion de globalisation ?


35

(1) Partir des besoins de l’enfant et, pour ce faire, regrouper les apprentissages
autour de « centres d’intérêt ». Le but est de créer un lien entre toutes les
matières, c’est vers l’enfant que tout se dirige, c’est de l’enfant que tout
rayonne. Les centres d’intérêt sont définis en référence aux besoins.

(2) Aborder chaque thème en trois phases :

- l’observation (elle encourage le travail des sens qui sont eux-mêmes stimulés
par l’intérêt) ;
- l’association (qui découle de l’observation et permet l’élaboration d’idées
générales grâce
à l’étude et à la comparaison d’objets à travers le temps et l’espace) ;
- l’expression (qui permet de traduire les idées induites par les associations)

(3) La « méthode globale » en lecture préconise de partir de la phrase ou du mot


avant d’arriver à la lettre qui n’est qu’un élément dénué de sens)
En conclusion, la pédagogie Decroly vise à répondre à deux difficultés de la
pédagogie traditionnelle :

- en faisant confiance à la fonction globalisante, elle supprime la progressivité


du savoir et la parcellisation de l’apprentissage, elle évite ainsi la perte de
sens… :
- elle ouvre la porte sur la vie extérieure : l’enfance n’est pas seulement une
préparation à la vie, c’est déjà la vie.

TABLEAU COMPARATIF DE LA PEDAGOGIE MODERNE ET LA PEDAGOGIE


TRADITIONNELLE
PEDAGOGIE TRADITIONNELLE PEDAGOGIE MODERNE

Ici l’accès est mis sur : Ici l’accès est mis sur :
 Maître  Elève
 Enseignement  Apprentissage
 Méthodes passives  Méthodes actives
 Méthodes expositives  Méthodes expo-interrogatives
 Verbalisme /Psythasisme  Learning by doing (maitrise)
 Autorité et dictature  Démocratie et liberté
 Egocentrisme  Pédocentrisme
 Acquisition  Nature
 Transmission  Construction et acquisition
 Enseignement magistral  Enseignement participatif
 Déposition  Discussion
36

BIBLIGRAPHIE

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3. BURNIAUX J., L’éducation des filles, éditions universitaires, 1965.

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éd. De Boeck, Pédagogie en développement, Bruxelles, 19918.
5. DE LANDSHEERE V., Définir les objectifs de l’éducation, P.U.F., Paris,
1979.
6. DE LANDSHEERE G., Dictionnaire de l’évaluation et de la recherche en
Education,
P.U.F., Paris, 1979.
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8. DE LANDSHEERE, G. La recherche en éducation dans le monde, PUF,
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Sociales (partie 1 et 2) Revue française de pédagogie n° 109 et 110 ; 1990.

10. ERNEST R. H, RITA L. A. et RICHARD C. A. introduction à la


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12. LEWEY A. L’élaboration des programmes scolaires à l’échelon central et à


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13. LODI SHUWEMBO LOMENA, Notes de cours de pédagogie Générale,1 er
graduat,
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14. O.C.D.E. Regard sur l’Education : les indicateurs de l’O.C.D.E., Paris, 1998

15. MORRISON ET McINTYRE D ; Profession : enseignant, Armand Colin,


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18. PERRENOUD, Ph., La pédagogie à l’école des différences, Paris, E.S.F.


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37

19. POURTOIS J.P., DESMET H. Epistémologie et instrumentation en


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20 REY, B. Discipline en classe et autorité de l’enseignant. Eléments de
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10.TUKANDA MANYA D., Evaluation de l’efficacité des établissements


d’enseignement secondaire. Analyse des indicateurs favorisant la plus-value
pédagogique des établissements, Etude réalisée en République démocratique
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22. UNESCO, Rapport mondial sur l’éducation. Le droit à l’éducation, 2000.

24. WOLFS J.L., Les grands courants de la pensée et de la recherche en


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1re candidature en sciences de l’éducation, ULB, Bruxelles, 2002.

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