Vous êtes sur la page 1sur 110

M.

LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

PREMIER SEMESTRE
La Dissertation juridique

Construction d'une dissertation juridique


Une dissertation juridique n'a rien à voir avec une dissertation littéraire ou
philosophique. Elle se présente, comme tout devoir de droit, en deux parties. Dans
chacune de ces parties, il y a deux sous-parties, qui comporte deux paragraphes... mais
bon après ca n'a plus trop d'intérêt. En résumé, un plan de dissertation en droit a cette
forme :

I. Titre de la partie
A. Titre de la sous-partie

B. Titre de la 2e sous-partie

II. Titre de la 2e partie


A. Titre de la sous-partie

B. Titre de la 2e sous-partie

Il n'y a pas réellement de plan type pour une dissertation, tout dépend du sujet. En droit on ne
demande pas de nuance, ou pas tellement. Les parties doivent donc être assez différentes,
parfois même opposée. Il faut essayer de trouver deux centres d'intérêt autour du sujet, deux
manières de l'aborder. Un des "trucs" pratiqués consistent à mettre sur une feuille tout ce qui
entre dans le sujet et qui est intéressant. Une fois qu'on arrive à une liste de 7, 8 idées, il reste
à les rapprocher entre elles, puis à les mettre à la suite les unes des autres, en retenant
l'essentiel au milieu... tout le découpage et le plan aura été fait.. Il faut toujours garder, comme
pour le commentaire, le sujet dans l'axe de son devoir, ne pas s'en écarter. C'est vrai que c'est
plus dur de citer le sujet à tous les paragraphes, mais vraiment ne vous éloignez pas (trop) du
sujet. On part assez vite en hors sujet. Un des points fondamentaux du devoir (comme pour le

1
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

commentaire d'arrêt) est l'introduction. C'est elle qui va non seulement introduire le devoir,
mais le justifier, lui donner de l'intérêt... ce qui est fondamental.

L'introduction

Elle comporte en principe 8 points. Si ces 8 points sont présents, c'est selon les profs,
incontestablement un plus...
On ne vous donne pas d'exemples, car on n'en a vraiment pas fait beaucoup. Cependant c'est
une méthode très proche de celle du commentaire, donc vous pouvez vous référer à ce dernier

1) Amener le sujet

. C‟est la phrase d‟accroche, encore appelée l‟entrée en matière


Il s‟agit de situer progressivement la question à traiter dans l‟ensemble de la matière, en
centrant jusqu‟à la cerner avec précision. C‟est la méthode de l’entonnoir. Cependant, il faut
éviter de prendre la question de trop loin ou de trop haut, ce qui retarderait à l‟excès l‟étude
du sujet lui-même (par exemple il ne faut pas décrire toutes les sources de la règle de
droitavant d’en arriver à la jurisprudence ou encore, il ne faut pas exposer la règle de droit
àpropos de l’étude de la preuve des droits subjectifs). Il faut essayer aussi de se distinguer en
proposant parfois une accroche qui va dans le sens du cours qui vous a été dispensé, mais qui
provient d‟une autre source. Vous prouverez en outre que vous avez fait des recherches, donc
fourni un travail qui donne une valeur ajoutée à votre devoir. Citer le professeur de cours
magistral ou le chargé de TD n‟est pas conseillé.
Exemple d’entrée en matière par la méthode de l’entonnoir (sujet : l’abrogation de la loi
par désuétude)
Situer la question consiste à la placer dans le cadre général des sources du droit positif et,
parmi ces sources, la loi (dont on mentionnera la prééminence), puis à propos de la loi, à
poser la question de sa durée d‟application, de son abrogation en général, et enfin du cas
particulier de son abrogation par désuétude
Cette façon d‟ « attaquer » le sujet n‟est pas la seule : L‟entrée en matière peut notamment
faire référence à l‟actualité juridique ou à l‟histoire. Mais la méthode de l‟entonnoir est la plus
usuelle.

2
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

2) Poser le sujet
Le sujet doit être progressivement annoncé. Il ne doit pas y avoir de rupture entre l‟entrée en
matière et la citation du sujet

3) La définition des termes

C'est un passage obligé, parce qu’on ne peut pas bien traiter un sujet de dissertation
sans définir le sujet. Là on ne délimite plus le sujet, à l'intérieur de cette délimitation on
essaye de décortiquer le sujet. Dans le droit fil de la phrase d‟accroche qui peut être une
définition, vient le moment où il faut définir le sujet (après l‟avoir posé) pour le comprendre.
Montrer que vous l‟avez compris, comment vous l‟avez compris et pourquoi. En fait, il s‟agit
de prendre les mots du sujet et de les définir en disant pourquoi vous avez retenu telle
signification particulière de chaque mot et du sujet en général. En procédant ainsi, vous
dégagez et mettez en évidence, le sens du sujet.

A RETENIR : seuls les mots qui font partie du langage juridique sont à définir. Aussi, seuls
les vocables en relation directe avec le sujet appellent des définitions. Il n’y a pas
lieud’expliquer chaque terme technique rencontré, ce qui alourdirait trop la dissertation.
Pour le sujet précédent (l‟abrogation de la loi par désuétude : il s‟agit de définir les termes :
loi, abrogation et désuétude).

4) La délimitation du sujet

Vous devez ciblez les idées que le sujet vous impose de traiter, tout en les délimitant d‟abord
par rapport au sujet, mais aussi en prenant en compte des paramètres temporels (dates,
chronologie), géographique (le sujet impose-t-il de traiter que le cas sénégalais ou d‟autres
pays sont concernés ? ), voire institutionnels (si le sujet impose une institution particulière,
peut-être cela suppose-t-il d‟en évoquer d‟autres. Ne serait ce que parce que l‟institution du
sujet entretien des rapports avec les autres institutions).
Chose très importante aussi, dites ce que vous ne traiterez pas et pourquoi. L‟intérêt de passer
par cette étape, consiste à montrer que vous avez connaissance de certaines notions mais dont
vous ne voyez pas l‟utilité pour la démonstration que vous allez mener.

3
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

A RETENIR : délimiter un sujet ne consiste surtout pas à écarter une ou des questions qui
n‟ont rien à voir avec le sujet (exemple pour traiter de la formation du mariage, l‟étudiant n‟a
pas à préciser que la question du divorce ne sera pas abordée parce que c‟est une évidence).
Pourquoi dois-je parler de ce sujet :
Le sujet soulève une ou plusieurs questions fondamentales qui présentent certainement des
intérêts (sinon on ne vous l‟aurait pas proposé). A ce stade, posez la problématique et le (ou
les) intérêt (s) du sujet.

5) Problématique du sujet

Sujets sous forme interrogative

Parfois, la question que vous devez traiter est directement posée dans le sujet. Il convient alors
de répondre précisément à la question posée. Exemple : la jurisprudence constitue t-elle
une source de droit ? En général, ce genre de sujet invite l‟étudiant à prendre
personnellement position. Il doit donc réunir les éléments de résolution du sujet présentés
dans le cours et les manuels, et les organiser pour construire un plan sous forme de réponse à
la question posée.

Sujets sous forme non interrogative

D‟autres fois, la question que vous devez exposer n‟est pas clairement exprimée dans le sujet.
Dans cette hypothèse, il ne vous appartient pas d‟inventer n‟importe quelle problématique. La
problématique préexiste certainement, et vous devez la retrouver à travers le sujet. En général,
elle a été exposée en cours et elle figure dans les manuels.
Eventuellement, si vous avez du mal à dégager la problématique, essayez de reformuler le
sujet sous forme interrogative en utilisant des formules variées : « Quelle est l‟influence de
… ? » ; « A quoi sert … ? » ; « Comment fonctionne … ? » ; « Quelle est la portée de
… ? » Pour la réponse, vous devez vous servir des matériaux (cours, documents) et de vos
réflexions personnelles.

4
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

6) L'intérêt du sujet

L‟intérêt du sujet
Une fois que vous pensez savoir (mais mieux vaut en être certain) où le sujet veut vous
emmener, il faut insister sur l‟intérêt du sujet. Il s‟agit de répondre à la question : «
pourquoidois-je parler de ce sujet ? ». Si le sujet a été donné, c‟est qu‟il est important. Il faut
donc rechercher pourquoi le sujet a été donné et le dire franchement. Ces intérêts, souvent liés
à des développements d‟actualité, peuvent être d‟ordre pratique et/ou théorique :
Intérêt théorique :
Ce sont les implications théoriques du sujet à savoir : les débats qui se sont soulevés (ce sont
les controverses doctrinales), lorsque les principes juridiques traduisent une évolution
particulière (de la législation, des mœurs, de la société…).

Exemple d’intérêt théorique


- Actualité législative. Par exemple avec l‟OHADA, la consécration d‟un patrimoine
d‟affectation avec la société unipersonnelle.
- Controverse doctrinale. Par exemple, en ce qui concerne la nature du patrimoine, du droit au
nom ou du droit réel, la nature juridique du mariage.
- Evolution d‟un fondement du droit. Par exemple, en matière de responsabilité, l‟idéologie de
la réparation qui conduit à indemniser toutes sortes de préjudices.
L’intérêt pratique
L‟intérêt pratique se découvre la plupart du temps en cherchant à imager des cas d‟application
concrets des règles juridiques en cause. On peut alors montrer que la question envisagée se
pose fréquemment, que les solutions à dégager intéressent beaucoup de personnes ou
commandent des conséquences (économiques, sociologiques…) importantes. Faire apparaître,
quand c‟est possible. L‟actualité des problèmes renforce considérablement le dynamisme de
la dissertation ; mais n’extrapolez surtout pas !

Exemple d’intérêt pratique


- Conflit dans les sources du droit. Par exemple, le problème de la violation de la
Convention de l‟OIT soulevé dans l‟affaire Séga Seck Fall, le problème de la violation de la
convention de New York contre la torture dans l‟affaire Hissen Habré.

5
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

- Hiatus entre la législation existante et les besoins pratiques. Par exemple les problèmes
posés par l‟exigence du divorce judiciaire et la pratique de la répudiation ; les problèmes
posés par la limitation des dépenses excessives dans les cérémonies familiales.
- Aspects sociologiques. Par exemple en France, le débat judiciaire sur l‟adoption d‟enfants
par des couples homosexuels (NB : la question sera bientôt réglée par la loi).
Eventuellement, on peut retracer à ce stade de l‟intérêt du sujet l‟évolution du sujet dans le
temps (historique) et dans l‟espace (droit comparé).

A RETENIR : un sujet peut revêtir un intérêt théorique ou un intérêt pratique (pas forcément
les deux à la fois). Aussi, lorsque vous souligner l‟existence d‟un intérêt, il faudra
effectivement le préciser. Exemple : Il ne suffit pas de dire (comme on le remarque dans la
plupart des copies) : le sujet revêt un intérêt théorique (sans aucune précision). [Vous ne
soulignez là aucun intérêt !].

7) L'annonce et la justification du plan du plan

Vous voilà en possession de votre problématique qui prend le plus souvent la forme d‟une
question. Le plan n‟est autre que la réponse en deux points à cette question. Mais il ne s‟agit
pas seulement de dire quelle articulation a été choisie ; il faut justifier ce plan. On
doitcommencer par exprimer l’idée ou les idées essentielles animant le sujet ; puis on
annonce l‟ordonnancement de la démonstration. Le plan adopté doit apparaître comme une
conséquence logique et naturelle des principes antérieurement dégagés.
L’essentiel consiste donc à expliquer pourquoi la présentation retenue s’impose.
L‟annonce proprement dite se limite à la phrase dans laquelle vous ferez apparaître entre
parenthèse le I et le II du plan. Ex : ...............(I), ...................(II).
En première année, vous pouvez vous satisfaire de phrases assez simple comme : dans un
premier temps, puis dans un second, ou, dans une première partie nous traiterons telle chose
et puis telle autre dans une seconde. Mais il faudra assez vite dépasser ce stade car il
n‟apporte pas de réelle satisfaction sinon celle de mettre en parallèle deux idées principales.
A RETENIR : l‟étudiant doit impérativement, dans l‟introduction, veiller à: Amener et
poser le sujet – Définir les termes du sujet – Poser la problématique – Donner l’intérêt
du sujet – Justifier et annoncer le plan.
Les différentes phases de l’introduction ne doivent pas être intitulées dans la rédaction.
Il suffit d’aller à la ligne après chaque phase.

6
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

B. Le plan
Le plan est commandé par le sujet, ou, plus précisément, par l‟idée directrice que vous avez
dégagée. Il convient donc d‟adopter un plan qui suive une ligne directrice claire, que l‟on
s‟attache à respecter et à démontrer.
Concrètement : le plan est la réponse à la problématique posée.
En droit, le plan se structure en deux parties, deux sous-parties. Ce qui fait un total de
quatre sous parties. Si vous avez lu attentivement ce qui précède, vous devez vous souvenir
que, lors de la recherche de notre problématique, nous avons regroupé nos idées en 4
catégories. Celles-ci correspondent aux 4 sous parties. Mais pour réaliser le plan, ces 4
catégories doivent être contenues dans deux grandes catégories. De telle sorte que : Catégorie
1 regroupe Une sous catégorie, Une seconde sous catégorie, Catégorie 2 regroupe Une sous
catégorie, Une seconde sous catégorie.
Ce travail doit aboutir à plan qui devra avoir pour résultat ce qui suit :
Structure du Plan d’une dissertation juridique
I. Le titre de ma PREMIERE PARTIE
J‟annonce que je vais parler ma première sous-partie (A), puis de ma seconde sous-partie (B)
A. Le titre de ma première sous-partie
Développement

Je fais une transition pour annoncer la seconde sous-partie


B. Le titre de ma seconde sous-partie
Développement

Je fais une transition pour annoncer la SECONDE PARTIE


II. Le titre de ma SECONDE PARTIE
J‟annonce que je vais parler de ma première sous-partie (A), puis de ma seconde sous-partie
(B)

7
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

A. Le titre de ma première sous-partie


Développement

Je fais une transition vers ma seconde sous-partie


B. Le titre de ma seconde sous-partie
Développement

ATTENTION : il est préférable et même important de réserver le I.B. et le II.A. aux


catégories les plus essentielles. C’est le cœur de votre devoir.
Comme vous pouvez le voir, le plan n’est pas qu’une succession de catégories. Il y a des
titres. Chaque titre de PARTIE doit être suffisamment englobant pour regrouper les
sous parties qui le composent (les sous parties doivent correspondre aux parties. Soit
elles se complètent ou elles s’opposent). De même, les titres doivent être la réponse à
votre problématique, de telle sorte qu’en le lisant le correcteur sait ce que vous allez dire
dans les parties et sous parties.
Ce n‟est pas parce que vous n‟avez pas le même plan que votre camarade que vous êtes hors
sujet ou que vous avez fait un faux plan. Idem, en ce qui concerne votre plan et celui du
chargé de TD. Il y a plusieurs bonnes démarches pour traiter un sujet.
Tout dépend de la façon dont vous avez compris le sujet (en restant, bien sûr, dans le cadre de
la problématique posée par le sujet) mais aussi, dont vous l‟avez amené. Il est alors important
de justifier (de bien justifier) les choix que vous avez faits lors de la délimitation du sujet.
Les différents plans possibles:
Le plan d’idées : c‟est un plan qui valorisera toujours votre travail. Il est construit à partir
d‟une idée que vous avez du sujet exposée en deux parties. Exemple de plan d’idées sur le
sujet le « dol » I- Le dol, vice du consentement dans la formation du contrat II- Le dol, délit
dans l‟exécution du contrat.

8
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Les plans types


- Les plans de comparaison : pour les sujets de comparaison, il faut proscrire l‟examen séparé
des deux termes de la comparaison (Exemple pour le sujet Droit et morale, éviter de faire : I-
Le droit II- La morale). A la limite, on peut envisager de présenter successivement : les
ressemblances (I) et les différences (II), en habilitant ces intitulés.
- Les plans de continuation : le plan type le plus utilisé est celui dit « de continuation », dont
les deux parties se prolongent en intégrant deux aspects distincts du sujet.
I-/ Les conditions II-/ Les effets /// I- La formation II- Le contenu /// I- La formation
II /L‟exécution
/// I- Les sujets ou les titulaires du droit II- L‟objet ou le contenu du droit….

A RETENIR : Veiller à réaliser un certain équilibre des parties et sous-parties, en volume et


en intérêt autant que possible.
III- La rédaction
Vous devez retenir qu‟une dissertation est une démonstration et non pas un simple exposé des
connaissances. Les connaissances sont mises au service de la démonstration, c‟est à dire de la
problématique.
Contrairement à la forme, le fond ou le contenu est fonction du sujet qui vous est donné. Mais
il y a quelques règles essentielles qui ne changent pas. Elles sont relatives à la rédaction ou la
formulation du contenu et son développement.
Faites des phrases courtes et simples. Les phrases courtes rendent le contenu dynamique, léger
et maintient l‟attention du correcteur ou du lecteur. Les phrases simples rendent la dissertation
plus claire et compréhensible. Vous éviterez ainsi de perdre le lecteur. Généralement tout se
passe en trois temps : je vais dire quelque chose, je dis la chose en question, voilà ce que je
voulais vous dire. Il faut exprimer vos intentions, les réaliser et les résumer.
Privilégiez une idée par partie, mais une idée importante peut être accompagnée d‟autres idées
accessoires. Le risque reste que des idées accessoires peuvent être hors sujet.
Il n‟est pas possible de schématiser ou d‟aller plus en profondeur pour deux raisons : la
première c‟est qu‟il existe une multitude de sujets et que chaque sujet peut être traité
différemment. C‟est selon l‟importance que l‟on accorde à telle ou telle idée.
Pour quelques conseils de rédaction: soigner l’écriture, l’orthographe et l’expression ;
proscrire les abréviations, les sigles et les schémas ; éviter les familiarités ; ne pas
employer le mot « je », mais plutôt « nous », « on », « il » ; éviter l’emploi de verbes dans

9
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

les intitulés ; éviter les répétitions ; aller à ligne pour chaque idée nouvelle, enchaîner les
phrases de manière logique ; enfin, relire la copie.
Remarque générale
Tout exposé de connaissances est un exercice de communication. Il requiert:
- Aisance et maîtrise de soi
- Brièveté et concision
- Nécessité absolue d'un plan tant pour l'écrit que pour l'oral
- Indication des Titres
- Transitions
- Ecriture aérée et lisible
Surtout éviter le remplissage hors sujet qui indispose fortement le lecteur et témoigne d'une
profonde méconnaissance du sujet demandé.
NB : Explication pratique en cours

Application pratique de la méthodologie de la dissertation


juridique

Sujets :

1/ DROIT ET EQUITE

2/ DROIT ET MORALE

3/ DROIT ET RELIGION

4/ SPECIFICITE DE LA REGLE DE DROIT

5/ LOI ET REGLEMENT

6/ AUTORITE DES TRAITES EN DROIT INTERNE

7/ DROITS REELS ET DROITS PERSONNELS

8/ DROITS PATRMONIAUX ET DROITS EXTRA PATRIMONIAUX

9/ THEOTIE CLASSIQUE DU PATRIMOINE

10/ LA PREUVE DES ACTES JURIDIQUES

10
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

SUJET : DROIT ET EQUITE

La règle de droit n‟est pas la seule règle de conduite sociale ; il existe bien d‟autres
prescriptions qui ont également pour but d‟assurer le fonctionnement harmonieux des
relations humaines, sans pour autant ressortir de la sphère du droit. Ainsi en est-il notamment
des règles de bienséance, des préceptes moraux, des lois religieuses et des commandements de
l‟équité. Mais en ce qui nous concerne, seule l‟étude du droit et de l‟équité sera envisagée.

Si le droit peut être considéré comme" l‟ensemble des règles de conduite socialement édictées
et sanctionnées qui s'imposent aux membres d'une société», l‟équité en revanche est selon
Aristote une force qui corrige les éléments d'injustice du droit strict.C‟est le principe
modérateur du droit objectif selon lequel chacun peut prétendre à un traitement juste,
égalitaire et raisonnable.
Dès lors se pose la problématique de savoir des rapports entre le droit et équité. En d‟autres
termes l‟équité est elle prise en compte dans l‟application du droit ?
Droit et équité ne sont ni identique ni très différents. Le droit ne permet pas au juge de statuer
en équité. Celui ci doit juger en droit. Cela peut conduire à des jugements inéquitables, des
arrêts considérés comme injustes et contraire au bon sens. Mais c‟est un rempart efficace
contre une insécurité juridique qui rendrait difficile à évaluer les conséquences de tout acte.
Pour autant cela ne signifie pas que l‟équité n‟est pas prise en compte par le droit.
L‟étude d‟un tel sujet renferme un double intérêt théorique et pratique. S‟agissant de l‟intérêt
théorique, il faut préciser que l‟étude des rapports entre droit et équité est très controversée en
doctrine. En effet, Aristote, après avoir affirmé la difficulté de séparer l‟équité de la loi, du
fait que « leurs caractères ne sont pas absolument identiques sans différer spécifiquement »,
pose que la nature propre de l‟équité consiste à corriger la loi dans la mesure où elle se montre
insuffisante en raison de sa généralité. Pour MALAURIE en revanche « l‟équité est une
notion pour laquelle il existe un risque constant d‟imprévisibilité et d‟insécurité, sans compter
l‟arbitraire du juge ».
S‟agissant de l‟intérêt pratique, l‟étude d‟un tel sujet nous permet de savoir que l‟équité n‟est
pas une source du droit et le juge reste soumis au droit et non à l‟équité en raison de la
subjectivité inhérente à cette notion. Cependant, On assiste en effet à une renaissance du
jugement dit « ex æquo et bono », dans la mesure où le juge n‟a pas pour intention de
concurrencer la loi, mais seulement d‟écarter dans un cas considéré, une législation
inopportune ou malfaisante dans une espèce.

11
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Le droit se distingue de l‟équité. Mais Dans certains cas limités, la loi fait une place à la
notion d'équité en laissant au juge le soin de se déterminer selon ce qui est équitable et bon
c'est à dire, en écartant les règles légales lorsqu'il estime que leur application stricte aurait des
conséquences inégalitaires ou déraisonnables.
Pour en avoir la conviction, il y a lieu dans un premier temps de voir le principe de
l‟exclusion de l‟équité dans l‟application du droit (I) avant de voir dans un second temps la
prise en compte exceptionnelle de l‟équité dans l‟application du droit (II)

I/ principe de l’exclusion de l’équité dans l’application du droit


Ce principe se manifeste au niveau de l‟interdiction faite au juge de statuer en équité (A) et
sur le caractère subjectif de l‟équité (B)

A/ l’interdiction faite au juge de statuer en équité

Le droit sénégalais et le droit français ne permettent pas au juge de juger en équité. Celui ci
doit juger en droit. Cela est valable dans tous les domaines du droit. Ainsi le juge civil
français est soumis à l‟article 12 du code de procédure civile français : " le juge tranche le
litige conformément aux règles de droit qui lui sont applicables ". Il rend la justice en droit, au
moyen d‟une décision soutenue par des motifs de droit. On lui demande d‟appliquer la loi à la
cause, peu important les blessures et les conséquences dommageables, souvent perçues
comme injustes qui peuvent résulter de cette application inflexible des textes : " Dura lex, sed
lex ". La Cour de Cassation sanctionne de façon systématique tout jugement établi par des
moyens s‟appuyant sur le principe d‟équité.

Le droit administratif impose lui aussi au juge de statuer en droit et non pas en équité. C‟est
une règle très solidement établie et officiellement formalisée. Ainsi dans l‟arrêt du conseil
d‟Etat du 6 juillet 1956, Dame Monfort, on peut lire " le moyen tiré de ce que l‟application
d‟une réglementation entraînerait des conséquences inéquitables pour les agents concernés
n‟est pas susceptible d‟être invoqué à l‟appui d‟un recours en excès de pouvoir "

Cette conception du droit en général s‟oppose donc à la justice rendue en équité, qui s‟appuie
sur un sentiment de droiture interne, de respect de l‟équilibre des situations en présence.
Celle-ci s‟efforce de tenir compte, au delà de l‟application stricte de la loi, de la situation
particulière du conflit, pour parvenir à résoudre celui-ci au mieux des intérêts des deux

12
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

parties. Cela conduit à des jugements conformes aux règles de droit, mais parfois inéquitables
et perçues comme profondément injustes

Pourtant, le droit a de bonnes raisons de se méfier du jugement en équité. Le principe qui


consiste à juger uniquement au regard de la règle de droit possède de très solides fondements
juridiques et pratiques. Il évite de dévier vers l‟arbitraire et de compromettre la sécurité
juridique du justiciable. Les sentiments, les intuitions, les désirs d‟être bon et équitable sont
subjectifs et inévitablement changeants au gré de la diversité des caractères, des opinions, de
l‟état d‟esprit des juges et des plaideurs.

B/ le caractère subjectif de l’équité

Les sentiments, les intuitions, les désirs d‟être bon et équitable sont inévitablement
changeants au gré de la diversité des caractères, des opinions, de l‟état d‟esprit des juges et
des plaideurs. L‟utilisation du principe d‟équité tel quel conduirait à une forte insécurité
juridique, et à des disparités de traitement encore plus injustes et plus fréquents que les
problèmes que pose le fait de ne juger qu‟au regard de règles de droit semblables pour tous.
Le risque est aussi de voir les juges tentés de substituer leur propre appréciation à celle du
législateur. En second lieu, la notion d‟équité est dominée par sa dimension morale,
émotionnelle. En effet, d‟un côté purement logique, la spécificité première de l‟équité est de
faire appel aux sentiments, dans la mesure où les décisions admettant cette notion varient
indiscutablement en fonction de la décision rendue, selon la conscience et la morale de
chacun. Ce caractère, permet même si cette notion demeure importante, de légitimer le
principe de la prédominance de la loi et de ne justifier le recours à cette notion que pour des
cas exceptionnels.
Les parlements de l'ancien droit s'octroyaient le droit de juger en équité. Le problème est que
Dans la pratique, cela a donné lieu à plusieurs abus qui ont entraîné les réactions des
révolutionnaires. Et pendant la révolution on pouvait entendre : “ Dieu nous garde de l'équité
des parlements ”. Le culte de la loi, expression de la volonté générale, a chassé l'équité des
parlements. Permettre au juge de statuer en équité, c‟est prendre le risque d‟une justice
arbitraire, d‟insécurité juridique car l‟équité reste une notion subjective.
Donc, l‟équité a longtemps suscité la méfiance en droit sénégalais et français. Le juge ne peut
généralement pas juger en équité. Le but est d‟éviter la grande insécurité juridique qui
risquerait de se développer si l‟on jugeait en équité, ainsi que des décisions arbitraires, tenant

13
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

autant à la personnalité du juge qu‟aux faits. Cela ne signifie pas pour autant que l‟équité soit
absente du droit.

II/ la prise en compte exceptionnelle de l’équité dans l’application


Du droit
L'équité est un moyen de réaliser cet idéal de justice, moyen qui nécessite une médiation
juridique concrète. Le droit objectif, apparaît clairement être l'outil par lequel l'équité pourra
s'appliquer en vue d'une justice idéale. C‟est justement la raison pour laquelle il y‟a dans un
premier temps une référence à l‟équité dans le droit (A) sans oublier dans un second temps le
recours du juge à l‟équité dans certains cas (B)

A/ la référence à l’équité dans le droit

L‟équité, si elle ne constitue pas un critère de jugement pour le juge, n‟en est pas moins
présente dans les textes de loi, qu‟elle soit directement mentionnée ou qu‟elle en ait inspiré la
rédaction. Dans certains cas, La loi nomme explicitement l'équité, mais elle fait de plus
référence à la compétence du juge. Il en est de même dans l'article 1135 du Code civil, selon
lequel les conventions obligent non seulement à ce qui y est exprimé, mais encore à toutes les
suites que l'équité, l'usage ou la loi donnent à l'obligation d'après sa nature. Mais le domaine
le plus représentatif de l‟évolution actuelle est le droit civil et en particulier le droit des
contrats. Tout le développement récent du droit des contrats pousse vers un plus grand
équilibre contractuel. Le droit de la consommation, comme le droit de la concurrence ont ainsi
contribué à faire du contrat un engagement plus équitable. Ainsi l‟obligation de bien informer
l‟autre partie, le délai de rétractation laissé au client sont autant de dérogations à l‟autonomie
de la volonté, élaborées dans le but de rendre le contrat plus équitable. La possibilité pour le
juge d‟annuler les clauses abusives est la encore inspirée du principe d‟équité. De même
l'article 700 du NCPC permet au juge de condamner une partie à lui payer une certaine
somme qu'il détermine "lorsqu'il paraît inéquitable de laisser à la charge d'une partie" par
exemple les honoraires de son propre avocat. D'autres fois, c'est plus indirectement que le
pouvoir d'équité est attribué aux juges. Ainsi, le juge peut octroyer des délais au débiteur
malheureux (art. 1244 al. 2 du code civil). Ce pendant au delà de cette référence, le juge peut
aussi avoirs recours à l‟équité pour statuer

14
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

B/ le recours du juge à l’équité


Les règles de droit, laissent parfois une place à la recherche de l‟équité par le juge. Dans tous
les cas où le juge est appelé à donner une appréciation subjective d‟une responsabilité ou
d‟une indemnité, sa décision recherchera l‟équité. C‟est le cas du partage des responsabilités
dans un accident, l‟évaluation des droits à indemnité de chaque ayant droit en cas de partage
ou encore l‟évaluation du montant de préjudices difficilement chiffrables comme celui de
préjudices moraux. De même, Le principe premier de l‟interprétation des contrats est celui de
l‟autonomie de la volonté des parties. Il ne saurait donc être question pour le juge
d‟interpréter un texte clair. Quand la loi est claire, il faut la suivre; quand elle est obscure, il
faut en approfondir les dispositions. Si l‟on manque de loi, il faut consulter l‟usage ou
l‟équité. L‟équité est le retour à la loi naturelle, dans le silence, l‟opposition ou l‟obscurité des
lois positives. C‟est ainsi que l‟article 103 du code des obligations civiles et commerciales
dispose que : « En l'absence de volonté exprimée, le contrat oblige à toutes les suites que la
loi, les usages, la bonne foi ou l'équité donnent à l'obligation d'après sa nature ». Par ailleurs,
en matière d‟arbitrage. L‟article 811 du code de procédure civile sénégalais prévoit que « Les
arbitres et les tiers arbitres décident, d‟après les règles du droit, à moins que le compromis ne
leur donne pouvoir de prononcer comme amiables compositeurs ». Dans cette optique, le juge
a le pouvoir de juger selon son intime conviction. Néanmoins, il faut préciser que pour que
l'habilitation du juge soit licite, deux conditions sont nécessaires : L'accord des plaideurs, le
fait que seuls les droits dont les parties ont la libre disposition peuvent faire l'objet d'un
jugement en équité).
Donc, l‟équité a longtemps suscité la méfiance en droit. Le juge ne peut généralement pas
juger en équité. Le but est d‟éviter la grande insécurité juridique qui risquerait de se
développer si l‟on jugeait en équité, ainsi que des décisions arbitraires, tenant autant à la
personnalité du juge qu‟aux faits. Cela ne signifie pas pour autant que l‟équité soit absente du
droit. Le jugement ne doit pas être rendu au regard de l‟équité, mais les principes de droit
tiennent souvent compte de l‟équité.

15
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

SUJET : DROIT ET RELIGION

La règle de droit, de caractère général et impersonnel, n'est pas la seule qui régisse les
rapports dans la société. D‟autres règles comme notamment la morale, la religion et la
bienséance régissent aussi la vie en société. Mais en ce qui nous concerne, seule l‟étude du
droit et de la religion sera envisagée.

Si le droit peut être défini comme un ensemble de règles régissant la conduite des hommes
vivant en société et dont le respect est assuré par l‟autorité publique, la religion en revanche
est considérée comme un ensemble de croyances et de dogmes définissant les rapports de
l'homme avec Dieu.

Des lors se pose la problématique de savoir : quels sont les rapports entre droit et religion ?

Droit et religion sont deux règles de conduite distinctes dans plusieurs points mais si il est
reconnu que cette distinction n‟est absolue que droit et religion peuvent se rencontrer dans
certains domaines.

L‟étude d‟un tel sujet renferme un double intérêt théorique et pratique. S‟agissant de l‟intérêt
théorique, il faut préciser que les débats sur le fait religieux bénéficient d‟une place
importante dans la doctrine. Ainsi, pour Jean Carbonnier, si l‟Etat et la religion ne peuvent
pas s‟ignorer, c‟est sans doute parce que les droits positifs empruntent néanmoins ne fut ce
que par la médiation de la morale ou des mœurs, à la religion qui les entoure. Paul Esmein en
revanche décelait la notion théologique du pêché sous la notion juridique de la faute.

S‟agissant de l‟intérêt pratique, il faut préciser que l‟étude des rapports entre Droit et Religion
intéresse particulièrement l‟actualité notamment avec l‟interdiction en France du port des
signes religieux dans les lieux publiques qui montre l‟indifférence du droit vis-à-vis de la
religion même si cette indifférence doit être nuancée.

Le Droit a un but précis qui est de maintenir l‟ordre et l‟harmonie dans la société alors que la
religion vise le salut de l‟être humain, sa conformité avec les prescriptions divines. Raison
pour laquelle la violation du droit entraine des sanctions extérieures alors celle de la Religion
se manifeste par des troubles, remords, blâme etc.

16
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

C‟est justement la raison pou laquelle il est important de voir dans un premier temps : la
distinction du Droit et de la Religion (I) avant de voir dans un second temps : la relativité de
la distinction du Droit et la Religion (II)

I/ la distinction du Droit et de la Religion

La distinction s‟opère dans un premier temps quant aux sources et à la finalité des deux corps
de règles (A) ensuite quant aux sanctions des deux types de règles (B)

A/la distinction du Droit et de la Religion quant à leurs


sources et leur finalité
Fondée sur un rapport transcendant, la religion présente ses commandements comme venant
de Dieu. La règle religieuse veille au salut de l'être humain. Elle a donc une source divine
alors que la règle provient du législateur qui édicte les règles de droit selon une procédure
bien déterminée.
La séparation du droit et la religion est aussi conceptuellement satisfaisante si l‟on considère
que les deux sortes de règles n‟ont pas la même finalité. En effet, au contraire de la règle de
droit dont la finalité sociale se traduit dans l‟organisation des relations humaines au sein de la
cité temporelle, la règle religieuse vise au salut de l‟âme, finalité spirituelle dans la rencontre
avec dieu.Le droit régit donc par essence le temporel c'est-à-dire la vie en société de façon à
assurer l‟ordre et la sécurité des personnes et des biens sur terre alors que La religion prend
en charge le domaine spirituel, les liens de l‟être humain avec le divin et les moyens de les
renforcer. Il en va de même de la sanction.

B/la distinction du Droit et de la Religion quant leur sanction


La distinction s‟affirme aussi quant à la sanction attendue de leur violation : dans le
commandement religieux, la sanction n‟appartient pas à l‟Etat. Elle ébranle plutôt l‟espérance
d‟une attente spirituelle. La sanction de la violation de la règle religieuse émane donc de dieu
et intervient dans l‟au-delà alors que la sanction de la règle de droit émane de l‟Etat et
s‟applique ici bas. Le manquement à la règle de droit engendre une sanction objective mettant
en mouvement l‟appareil de la puissance publique : juge, commissaire de police etc.
La règle de droit, en effet, a pour but de faire régner l‟ordre dans la société en délimitant la
sphère d‟activité de chacun vis-à-vis d‟autrui. Qu‟un empiétement se produise, il faut le

17
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

repousser, à peine de laisser s‟instaurer l‟anarchie ; et ce rétablissement doit venir de la force


publique.
Ces distinctions devront néanmoins être nuancées car les forces religieuses ne sont pas
ignorées du droit.

II/ la relativité de la distinction du Droit et la Religion


La distinction du Droit et la Religion doit être nuancée car la religion influence le droit (A) et
le droit aussi prend en compte le fait religieux notamment à travers la laïcité. (B)
A/ l’influence de la Religion sur le Droit
La religion exerce une certaine influence sur le droit. Le droit sénégalais de la succession
musulmane s‟est inspiré de la religion. Il en est de même du mariage coutumier. Le droit
français actuel est imprégné de morale judéo-chrétienne et il suffit pour s‟en convaincre de
constater que la plupart des prescriptions du Décalogue sont consacrées par le droit positif et
il est ainsi par exemple de l‟art. 371 c. civ.: qui dispose que «L‟enfant, à tout âge, doit
honneur et respect à ses père et mère»).
En outre, dans certaines sociétés, les préceptes religieux sont élevés au rang de règles
juridiques de sorte que leur effectivité est assurée au moyen de la contrainte étatique. Il s‟agit
des Etats théocratiques ou religieux. Dans ces pays, la distinction des règles de droit et des
règles religieuses est souvent difficile et artificielle. On en compte quelques uns dans le
monde : le Soudan, Israël, l‟Iran, l‟Afghanistan, etc. Ces Etats sont à distinguer des Etats laïcs
comme le Bénin, le Sénégal, La France, au sein desquels la contrainte étatique n‟assure pas
l‟application des règles religieuses.
B/ la prise en compte du fait religieux par le droit
La question de la gestion des croyances dans une société laïque ressurgit en ce début de
XXème siècle, comme en témoignent les récentes lois qui cherchent à adapter le concept de
laïcité à l'évolution du paysage religieux en France. On peut citer entre autres la loi du 12 juin
2001 qui met en place un dispositif pour pouvoir mieux prendre en compte les phénomènes
sectaires en France et prévenir ses effets les plus dangereux, ou la très controversée loi sur le
port des signes religieux dans les écoles, collèges et lycée du 15 mars 2004. Au Sénégal,
l‟article 1er de la constitution du 22 janvier prévoitégalement que « La République du Sénégal
est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens, sans
distinction d'origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances. » de
même l‟article 24 de la constitution prend en compte la liberté religieuse en disposant : « La
liberté de conscience, les libertés et les pratiques religieuses ou cultuelles, la profession

18
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

d'éducateur religieux sont garanties à tous sous réserve de l'ordre public. Les institutions et les
communautés religieuses ont le droit de se développer sans entrave. Elles sont dégagées de la
tutelle de l'Etat. Elles règlent et administrent leurs affaires d'une manière autonome ».
Thème : le droit objectif.

Sous thème : la règle de droit.

Dissertation : Droit et Moral.

La conduite humaine met en jeu des normes qui prescrivent et autorisent des actions. Ainsi,
ces normes peuvent être coutumières, juridiques et même morales.

C‟est justement ces deux dernières catégories de règles dont il est question dans le sujet
soumis à notre étude à savoir droit et moral.

De ce fait, il faut entendre par droit l‟ensemble des dispositions interprétatives qui, à un
moment et dans un Etat déterminé, règlent le statut des personnes et des biens ainsi que les
rapports que les personnes publiques et privés entretiennent. Autrement dit, il s‟agit de
l‟ensemble des préceptes, règles ou lois qui gouvernent l‟activité humaine dans la société et
dont l‟inobservation est sanctionnée au besoin par la contrainte sociale ou la force publique.

La morale quant à elle, a trouvé son origine dans le mot latin « moralis » qui signifie «
relatif aux mœurs » est une loi bien précise qui régit les sociétés modernes et qui est respectée
parce qu‟elle est imposée par la foi, la raison, la conscience ou tout simplement suivie par
l‟habitude ou par respect humain(Ripert).

Réfléchir sur un tel sujet revient à faire une étude comparative de la morale et le droit.
Cependant, force est de rappeler que nous écarterons toute autre règle de conduite sociale
comme l‟équité, la religion qui sont toutes des règles mais n‟entrent pas dans notre champs
d‟étude.

Ainsi la problématique dégagée par le sujet est celle de savoir comment concevoir le rapport
entre droit et moral ? Autrement dit qu‟est –ce qui fait l‟intérêt de la distinction entre le droit
et la morale ? Celle-ci est-elle absolue ou relative ?

L‟étude d‟un tel sujet soulève deux intérêts à la fois théoriques et pratiques.

L‟intérêt théorique du sujet se justifie par le fait qu‟un tel rapport a fait l‟objet d‟une
controverse doctrinale entre les idéalistes (Kant) qui soutiennent que le droit est

19
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

l‟autoréalisation de l‟exigence morale. Cela veut dire que pour eux la morale sert de
fondement au droit. Et de l‟autre côté les réalistes (Hobbes, Rousseau) qui soutiennent que le
droit est l‟auto- réalisation des penchants sauvages et la condition du progrès moral des
hommes. IL en est également que cet intérêt est régi par les textes notamment les articles
42 ,76 ,93 ,187 du code des obligations civiles et commerciales(C.O.CC).

L‟intérêt pratique quant à lui se justifie par le fait que le droit comme la morale sont tous deux
des règles de conduite sociale destinées à encadrer la vie en société et dont les sanctions l‟une
sont externes et l‟autre internes.

Pour mieux étudier notre sujet, nous verrons dans une première partie que le droit et la
morale sont deux règles de conduite différentes (I) et dans une seconde partie nous
aborderons le caractère relatif de cette distinction (II).

I/ Droit et morale : deux règles de conduite différentes.


Etudier les sources formelles du droit, les textes de lois nous permettent de souligner
d‟emblée qu‟il y‟a une nette distinction ² entre le droit et la morale. Et cette distinction se
ressent aussi bien à leur source qu‟à leur finalité (A) mais également au niveau de leur
sanction( B).

A/ Droit et morale : deux règles de conduite différentes quant à


leur source et leur finalité.
Les sources du droit et de la morale ne coïncident pas, mieux encore n‟ont pas la même
origine.

En effet, nous pouvons apporter une distinction du point de vue des sources. La morale peut
être d‟origine divine et peut provenir de la conscience et même de la science.la loi quant à elle
est édictée par les autorités institutionnelles. En outre la finalité du droit et de celle de la
morale sont également différentes.

La morale s‟occupe par exemple non seulement des devoirs de l‟homme en vers autrui mais
aussi de ses devoirs en vers lui-même et en vers Dieu.

L‟étude de la morale peut être plus large que celle du droit. A contrario, le droit est
susceptible de choquer la morale. On peut par exemple être surpris d‟apprendre qu‟un voleur
devient propriétaire de la chose volée après l‟écoulement d‟un certain délai fixé par la loi.

20
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

La finalité fixée par la morale peut être plus exigeante. La morale cherche la perfection alors
que le droit ne s‟occupe que du maintien de la sécurité, de l‟ordre et de la paix.

Mais cette distinction liée aux sources et à la finalité ne suffit pas car à côté d‟elle il existe une
autre liée aux sanctions.

B/ Droit et morale : deux règles de conduite différentes quant à


leur sanction
Les sanctions du droit et celles de la morale sont bel et bien distinctes. En effet la violation
ou la transgression de la morale se répercute sur la conscience humaine en faisant naitre un
sentiment de culpablité.IL n‟en est pas de même de la violation du droit qui, elle appelle une
réaction exogène, externe, une réaction étatique celle de la puissance publique. En outre la
règle de droit est donc imposée par la contrainte, par la coercition. Sa sanction est
indépendante du sujet lui-même alors que la sanction des principes moraux est d‟ordre
personnel, psychologique. Kant disait que la législation parce que morale est dite intérieure
qu‟elle nous est connue dans l‟intérêt de la conscience. C‟est pour cela que même une
mauvaise intention sans qu‟une action s‟en suive est déjà moralement répréhensible. A
l‟évidence il n‟en va pas ainsi du point de vue du droit. Si le droit fait l‟objet d‟une
l‟législation externe , c‟est parce qu‟il concerne le rapport externe entre deux individus
considérés comme libres et déterminés si l‟action de l‟un s‟accorde avec la liberté de
l‟autre.IL ne s‟agit pas alors de savoir si l‟action est faite par devoir , mais seulement si elle
est conforme au devoir , à la loi. En somme, il convient de remarquer que si le droit se
différencie de la morale dans plusieurs domaines, il est à remarquer également que cette
différence n‟est pas absolue car droit et moral ont des points communs.

II/ la relativité de la Distinction


Rappelons que le but visé par le droit n‟est pas le même que celui de la morale. Le droit
cherche la justice et l‟ordre social alors que la morale tend à la vertu et à la perfection de
l‟individu. La morale est en chacun d‟entre nous alors que le droit est la manifestation d‟un
pouvoir étatique. Cependant il ne fait aucun doute que plusieurs règles de droit s‟inspirent de
la morale. Autrement dit la morale influence le droit(A), et il faut noter qu‟il existe plusieurs
interférences entre ces deux règles de conduite(B).

21
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

A/l’influence de la morale sur le droit.


La morale exerce une influence remarquable sur certaines règles juridiques. En effet, la
plupart des règles de droit tendent à consacrer une règle morale. La morale irrigue le droit,
elle le nourrit et on peut même dire qu‟il n‟y a pas de séparation radicale entre le droit et la
morale. Par exemple ,l‟article 371 du code civil en prévoyant qu‟un enfant doit honneur et
respect à l‟égard de ses parents et qu‟en cas de litiges graves avec les enfants , les parents ont
droit de révoquer et d‟annuler donation consacre un droit moral.IL faut également faire
référence à certains commandements du Décalogue qui prendront la formule de règles
juridiques tels que l‟interdiction de tuer autrui. Notons aussi que cette relativité apparait
surtout dans le droit des contrats ou la plus part des règles sont des règles morales. Exemple la
règle « pacta sunt servanda » qui veut dire que les conventions doivent être respectées , règle
qui est devenue l‟article 96 du c.occ, ou bien le respect de la parole donné.IL en est encore de
l‟article 76 du c.occ qui dispose que « le contrat est nul pour cause immoral ou illicite lorsque
le motif déterminant de la volonté des parties est contraire à l‟ordre public ou aux bonnes
mœurs ».Nous remarquons ici que cet article consacre une véritable règle morale en prenant
en compte la notion de bonnes mœurs.

Au-delà de cette dite influence exercée par la morale sur le droit, il convient de préciser que
certaines règles juridiques sont teintées de moralité.

B/Les interférences entre le droit et la morale.


Certaines règles juridiques ont une valeur morale dès lors qu‟elles tendent directement ou
indirectement à assurer le respect de la morale. C‟est le cas notamment de certaines règles du
code de la route imprégnées d‟une valeur morale puis qu‟elles tendent à sauvegarder la vie
humaine. Plus généralement, l‟ordre et la paix sociale sont des valeurs que la morale ne peut
également ignorer. Le respect de la règle juridique est également une obligation morale, tant
que le droit ne transgresse pas lui-même la morale la violation du droit est donc immorale
sauf si la règle violée est elle-même contraire à la morale.

Cet aspect des rapports entre le droit et la morale pose le problème fondamental de la
résistance à une loi injuste.

22
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

METHODOLOGIE DU CAS PRATIQUE

(Inspirée d’Isabelle Defrénois-Souleau, Je veux réussir mon droit. Méthodes de travail et


clés du succès, 7è éd., Dalloz, 2010)

Comme tous les exercices juridiques, le cas pratique est un travail de démonstration qui
conduit à une réponse ponctuelle et précise à la question posée. Aucune extrapolation n‟est
admise. L‟étudiant doit mener une démonstration concise en évitant de verser dans des
développements théoriques sans intérêt.
Dans un cas pratique, on ne vous demande pas lequel des protagonistes, vous semble dans son
bon droit, ou quel arrangement vous paraîtrait équitable.
On vous demande la solution imposée par la loi ou, plus largement, par le droit positif en
vigueur ; autrement dit, la solution qu‟apporterait un tribunal si le cas lui était donné à juger.
Vous devez découvrir les règles applicables et les mettre en œuvre comme si vous étiez le
juge.
Puisque la solution d‟un cas pratique ne s‟invente pas, des connaissances précises sont
nécessaires pour parvenir à des réponses exactes. N‟essayez pas de résoudre un cas avant
d‟avoir appris et compris la matière théorique sur laquelle il porte.
Il faut connaître les règles de droit, leurs conditions d‟application, leurs effets, leurs
exceptions, sans oublier les détails tels que la durée des délais, etc. Il faut savoir quelle est la
position de la jurisprudence récente, et pour cela, avoir étudié quelques arrêts.
Il faut avoir acquis une certaine familiarité avec la terminologie, afin que les mots employés
dans l‟énoncé ne soient pas vides de sens, mais éveillent des échos, déclenchent des
associations d‟idées, suggèrent des solutions possibles. En un mot, il faut être précis et
attentifà tous les détails. Ne cherchez pas un plan subtil. Le cas pratique est un exercice
simple, qui n‟obéit à aucune règle de forme particulière. Il s‟agit seulement de répondre,
dans l’ordre, aux questionsposées. On attend de vous une réponse qui soit à la fois précise et
raisonnée. Une solution nonjustifiée par un raisonnement juridique serait sans valeur
pour le correcteur. Et, demême, une argumentation ou un exposé de connaissances qui
ne déboucherait pas surune réponse précise à la question posée resterait inachevé.
Donc : pas de solution sans raisonnement, pas de raisonnement sans une solution.
Et pour justifier clairement la solution, la meilleure méthode est celle du raisonnement
juridique classique :
1. Résumé des faits
2. Qualifications juridiques

23
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

3. problème juridique
3. Règles applicables
4. Corrélation entre les faits et la solution
4. Solution finale.
Construction
A- Schéma d’un cas pratique ne comportant qu’une question
1- Exposé des faits
Pour présenter l‟exposé des faits, exprimez-vous en juriste. Il est sans intérêt de reprendre
textuellement l‟énoncé, ou de le paraphraser maladroitement. L‟exposé des faits doit se faire
dans l‟ordre chronologique (la démarche consistant à exposer les faits dans l‟ordre de leur
importance est aussi admise). Les actes, les évènements doivent être précisés en termes
juridiques et abstraits. Les personnes ne doivent pas être nommées sauf si le cas pratique est
relatif à l‟identification des personnes.
2- Qualification juridique des faits
Qualifier, c‟est nommer en termes juridiques. On qualifie des faits, ou une situation, en les
exprimant en termes juridiques et abstraits, afin de les rattacher aux cas prévus et réglementés
par la loi. Exemple, dire est-ce qu‟il s‟agit d‟un problème d‟application de la loi dans le
temps, est-ce un problème de preuve ou un problème de nullité du mariage etc.
3- Formulation du ou des problèmes de droit à résoudre
Elle permet de dégager et de formuler un ou plusieurs problèmes de droit. Elle n‟est
nécessaire que quand la question n‟est pas déjà formulée en termes techniques et précis.
D‟une demande de conseil, d‟une question posée en langage courant, ou en termes vagues (du
genre « quels sont ses droits, de moyens dispose-t-il, que peut-il faire, qu‟en pensez vous
? »), Vous tirez donc une ou plusieurs questions de droit, précises, bien circonscrites,
auxquelles l‟exposé des règles applicables va répondre.
Pour être parfaitement clair et précis, aboutissez à la formulation de problèmes de droit, posés
en termes abstraits et concis.
A RETENIR: Le problème de droit doit toujours être posé au regard de la règle de
principe
4- Règles applicables (ou principes de solution)
La deuxième phase du raisonnement consiste en une description et une explication des règles
applicables à la situation juridique que vous venez de dégager. Ce sont ces règles qui
apportent les principes de solution et qui justifient vos réponses.
Cet examen du droit positif portera sur : Textes (légaux et réglementaires) et grands principes.
24
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Jurisprudence (quelques mots sur l‟évolution, puis explication des solutions actuelles).
Doctrine.
Expliquez de manière approfondie les points de droit utiles à la solution mais n‟indiquez
que brièvement ceux qui ne font pas de difficulté en l‟espèce.
5. Corrélation entre les faits et la solution
Il s‟agit ici de revenir dans le cas d‟espèce et d‟établir un rapport entre les faits et les règles
applicables ou principes de solution en l‟espèce
6- SOLUTION (ou réponse) finale
La dernière étape consiste à tirer les raisonnements en appliquant les règles de droit aucas
d’espèce. On aboutit ainsi aux solutions imposées par le droit positif.
Dans la dernière partie de votre devoir, vous devez apporter des solutions nettes etexplicites à
un double niveau :
Au plan juridique et abstrait, donnez réponse aux problèmes de droit que vousavez dégagés
plus haut. Expliquez de manière claire et convaincante la solutiontirée des règles exposées, la
décision que prendrait un tribunal saisi de l‟affaire.
Puis au plan concret, répondez à la question pratique posée : donnez une réponseou conseil
concret et précis.
Eventuellement, pour une deuxième réponse écartant une autre solution, et/ou proposantune
solution subsidiaire, le plan sera le même.
A RETENIR : De manière détaillée, dans un cas pratique il faut obligatoirement :rappeler les
faits, qualifier juridiquement les faits, poser le problème juridique, donner le(ou les)
principe(s) de solution, rattacher le (ou les) principe (s) de solution au casd‟espèce, donner la
solution.
B- Schéma d’un cas pratique comportant plusieurs questions
- Exposé des faits (dans l‟ordre chronologique (par exemple), en se limitant à ceux
quiconstituent les données de l‟ensemble des questions).
- Qualification juridique des faits
PREMIERE QUESTION
Transposition de la question en termes juridiques (si nécessaire) et formulation d’un
ouplusieurs problèmes de droit (concis et abstraits).
Réponse au premier problème :
Règles applicables : exposé du droit positif.
Corrélation entre les faits et la solution
. Solution du problème de droit
25
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

. Réponse concrète.
Réponse à un deuxième problème (s’il y a lieu) : même raisonnement.
DEUXIEME QUESTION : même raisonnement.
TROISIEME QUESTION : même raisonnement

1/ Conflits de lois dans le temps

Cours
L'entrée en vigueur d'une loi nouvelle peut créer un problème de conflit de loisdans le temps.
Il faut organiser cette succession pour éviter l‟instabilité juridique. Lorsque deux lois se
succèdent, il faut déterminer à quels faits s'appliquent la loi nouvelle. Cependant, les faits
régis par la loi ne sont pas tous instantanés. Il arrive bien souvent qu‟une situation juridique se
prolonge dans le temps (ex. mariage, contrat de location, de travail, etc..). Il faut donc
déterminer la loi applicable pour les situations juridiques qui ont commencé sous l'empire de
la loi ancienne et qui se poursuivent sous celui de la loi nouvelle. Le problème de conflits de
lois dans le temps a une importance pratique considérable, étant donné l'inflation des textes
législatifs et réglementaires.
Ex. Divorce aboli en 1816. Que se passe t-il pour ceux qui se sont mariés avant 1816 alors
que le divorce était possible à cette époque ?
- Parfois, le législateur prévoit dans le corps du texte de la loi nouvelle, ses modalités
d'application dans le temps et prévoit des mesures transitoires, chargé d'aménager la
transition entre la loi nouvelle et le régimeantérieur. Les dispositions du législateur
s‟appliquent prioritairement aux règles de conflits de lois dans le temps.
Mais s'il est muet sur ce point, le juge doit recourir à l'application d'un certain nombre de
principes.
- Les individus ont besoin de sécurité juridique : ils accomplissent les actes de la vie
juridique en fonction de la législation en vigueur à l'époque où ils agissent. Mais la loi est
supposée réaliser une amélioration par rapportà la loi ancienne. Donc, le besoin de justice
rend son application rapide nécessaire. De plus, l'égalité entre lescitoyens peut conduire à
appliquer généralement et immédiatement la loi nouvelle pour que tous les citoyens soient
régis par la même loi. Sécurité juridique, égalité des citoyens et amélioration du droit, le
législateur a tenté de poser des principes répondant à ces deux exigences contradictoires.
Ceux-ci sont énoncés à l‟article 2 du Code civil : "La loi ne dispose que pour l'avenir ; elle
n'a point d'effet rétroactif"et à l‟article 831 du code de la famille « La loi nouvelle a effet
immédiat au jour de sa mise en vigueur. Elle régit les actes et faits juridiques postérieurs et les
conséquences que la loi tire des actes ou faits qui ont précédé sa mise en application.
Demeurent soumis aux règles en vigueur lorsqu‟ils ont été passés ou sont intervenus, les actes
ou faits ayant fait acquérir un droit ou créer une situation légale régulière. »

26
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Deux principes résultent de cette proposition : le principe de non-rétroactivité des lois (§1) et
le principe de l'effet immédiat de la loi nouvelle (§2). Chacun de ces principes sera étudié
successivement.

§ 1 : LA NON-RETROACTIVITE DES LOIS


L‟article 2 pose le principe de la non-rétroactivité des lois (I) mais l‟application de ce principe
connaît certaines limites (II).

I. -Le principe de non-rétroactivité

Aux termes de l’article 831, alinéa 2 du code de la famille : « Demeurent soumis aux règles
en vigueur lorsqu‟ils ont été passés ou sont intervenus, les actes ou faits ayant fait acquérir un
droit ou créer une situation légale régulière. »
- Une loi est rétroactive lorsqu‟elle s‟applique à des situations juridiques constituées avant sa
mise en vigueur, ainsi qu‟aux effets passés de cette situation.
- La loi n‟a pas, en principe, d‟effets rétroactifs, ce qui signifie qu‟une loi est sans application
aux situations juridiques dont les effets ont été entièrement consommés sous l‟empire de la loi
ancienne. Il ne faut donc pas appliquer une loi à des actes ou des faits juridiques qui se sont
passés antérieurement au moment où elle a acquis effet obligatoire. Une loi nouvelle ne peut
modifier ou effacer des effets juridiques qui se sont produits sous l‟empire de la loi ancienne.
Ex. 1 : La loi du 8 mai 1816 a supprimé, en France, le divorce. Des époux qui ont divorcés
avant la loi du 8 mai 1816 ne peuvent voir leur divorce remis en cause. La loi ne peut pas
remettre en cause des situations juridiques valablement créée sous l‟empire de la loi en
vigueur au moment de leur constitution.
Ex. 2 : La loi du 31 décembre 1917 a modifié l‟article 755 du Code civil en matière de
succession. Avant cette loi, il était possible d‟hériter d‟un parent, jusqu‟au douzième dégré.
Depuis cette loi, il n‟y a plus, en principe, de vocation successorale au delà du sixième degré.
Maintenant, imaginons une succession ouverte en 1916 et qui a été liquidée conformément
aux prescriptions de la loi en vigueur. Le partage a été fait et l‟actif successoral a été mis en
possession e collatéraux du huitième degré. Il est clair que cette succession ne sera pas remise
en cause par la loi de 1917 qui lui est postérieure.
- Le principe de non-rétroactivité est une règle qui apparaît non seulement rationnelle mais
encore juste.
Il faut, en effet protéger la liberté de l‟homme contre la loi. L‟homme a besoin de sécurité
juridique. Or, il n‟y aurait plus aucune sécurité si on pouvait remettre en question les actes
passés par les individus conformément aux prescriptions légales. Imaginons une loi selon
laquelle les testaments doivent être faits devant notaire sous peine de nullité. Si la loi est
rétractive, elle s‟appliquera à tous les testaments antérieurement et à leurs effets passés.
Toutes les successions dévolues par testament avant l‟entrée en vigueur de la loi seront
remises en cause. Si les dispositions testamentaires conféraient à X des immeubles, il s‟en
trouve dessaisi par l‟effet de cette loi. Or, X a pu conclure, entre temps des conventions
relatives à ces biens : ces opérations tomberont alors automatiquement. De plus, on peut faire
valoir que si les lois avaient un effet rétroactif, il n‟y aurait plus aucun intérêt à les respecter.

27
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

En effet, n‟importe quelle prescription impérative pouvait être remise en cause, respecter la
loi ne serait même plus un gage de sécurité. N‟importe quel agissement, pourtant régulier,
pouvant être remis en cause par une loi nouvelle et inconnue.
- Cependant, il ne faut pas exagérer la portée du principe de non-rétroactivité des lois
nouvelles. En effet, ce principe ne s‟impose en réalité qu‟aux juges et aux autorités
administratives. Il ne s‟agit que d‟un principe d‟interprétation. En l‟absence de dispositions
transitoires, le juge doit appliquer la loi nouvelle sans rétroactivité.
- On peut d‟ailleurs observer que les juges ne respectent pas toujours cette règle, notamment à
l‟occasion de revirement de jurisprudence. En effet, ces revirements vont s‟appliquer aux
litiges en cours. Il y aura donc rétroactivité car les plaideurs ont constitués une situation
juridique sous l‟empire de l‟ancienne jurisprudence et se voient appliquer la nouvelle
jurisprudence. Mais il ne s‟agit pas là d‟une véritable exception dans la mesure où il n‟y a pas,
à proprement parler, de véritable loi nouvelle. En revanche, d‟autres cas de figures
apparaissent comme de sérieuses limites au principe de la non-rétroactivité des lois.

II. - Les limite au principe de non-rétroactivité

- A la différence de la Constitution de l'an III, le principe de la non-rétroactivité des lois ne


figure pas dans notre Constitution. Le Préambule n'impose que la non-rétroactivité des lois
pénales. Aussi, ce principe de non rétroactivité est un principe qui ne s'impose qu'au juge. Le
législateur peut y porter atteinte, de façon directe en adoptant des lois expressément
rétroactives (A), soit de façon indirecte, en adoptant des lois "faussement" interprétatives (B).
Il faut noter qu'il est de mauvaise politique d'édicter des lois rétroactives, qui ruinent toute
sécurité juridique. Une particularité du droit pénal implique les lois pénales plus douces soient
toujours rétroactives (C).
A - Les lois expressément rétroactives

· En matière pénale, il n‟est pas possible d‟édicter une loi expressément active lorsque la loi
est plus sévère (nouvelle incrimination, aggravation de la peine, suppression de circonstances
atténuantes…) Il s‟agit d‟un principe constitutionnel inscrit dans la Déclaration des droits de
l‟homme de 1789. Le Conseil Constitutionnel veille à son respect et annule les lois qui y
porteraient atteinte.
· En matière civile, les lois expressément rétroactives sont possibles mais elles sont rares.
Elles interviennent souvent en période exceptionnelle. On pourrait citer ainsi quelques lois
prises à la Révolution, comme celle de 1794 qui a réformé le système des successions et
déclarée applicable pour toutes les successions ouvertes depuis 1789 ! On a du refaire toutes
les successions liquidées avec les principes nouveaux. Il y eut aussi une loi du 27 juillet 1940
qui a exonéré les chemins de fer de leur responsabilité à l'égard des transports effectués
depuis l'invasion allemande. Ces lois exceptionnelles, rétroactives correspondent à des
périodes à des périodes troublées de l'Histoire où il existe une volonté de faire table rase du
passé. Les lois ne sont rétroactives que si le législateur l'a expressément prévu. Aujourd'hui
ces lois sont très rares. On peut cependant noter, assez récemment, la loi du 5 juillet 1985
relative aux accidents de la circulation comportant un article 47 disposant : «les dispositions
des articles 1er à 6 s‟appliqueront dès la publication de la présente loi, même aux accidents
28
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

ayant donné lieu à une action en justice introduite avant cette publication, y compris aux
affaires pendants devant la Cour de cassation». La disposition donnant un caractère rétroactif
à la loi est bien expressément exprimée.

B - Les lois interprétatives

- Une loi est interprétative lorsqu'elle vient seulement "préciser et expliquer le sens obscur
et contesté d'un texte déjà existant" (Soc. 20 mars 1956) On considère alors que la loi
nouvelle fait corps avec la loi ancienne,qu'elle n'est qu'une partie, un prolongement de la loi
ancienne. Aussi, la jurisprudence décide que la loiinterprétative rétroagit au jour où la loi
ancienne est entrée en vigueur. Ce procédé législatif est critiqué car lerôle d'interprétation
n'appartiendrait qu'aux tribunaux et non au législateur et surtout parce que parfois,
souscouvert d'interprétation, la loi "interprétative" ajoute à la loi ancienne qu'elle est chargée
d'interpréter.
- Un tel procédé est assez contestable. Par définition, si le législateur éprouve le
besoind‟intervenir, c‟est parce qu‟il n‟est pas d‟accord avec une interprétation
jurisprudentielle : il change donc le droit existant. Il a été utilisé lorsque le législateur voulait
contrecarrer une interprétation jurisprudentielle qu'il contestait. Cette intervention est
limitée par le fait que la jurisprudence ne se considère pas liée par l'intitulé de la loi et vérifie
sielle est bien rétroactive. Le juge veille ainsi au respect du principe de non-rétroactivité.

C - Les lois pénales plus douces

- Lorsqu'une loi pénale plus douce entre en vigueur, soit parce qu'elle réduit la peine
encourue, soit parce qu'elle supprime l'infraction ou une circonstance aggravante, par
exemple, elle s'applique immédiatement à toutes les situations juridiques pénales, même nées
avant son entrée en vigueur. C'est, ce qu'on appelle la rétroactivité "in mitius". Les délits
antérieurs sont jugés conformément à la loi nouvelle, car il semble normal de considérer que
si une loi pénale nouvelle est plus douce, c'est parce que la sévérité antérieure n'a plus
d'utilitésociale. Si le législateur estime inutile de maintenir une sanction plus sévère pour un
comportement délictueux déterminé, il n'y a aucune raison de continuer à l'appliquer à des
délits antérieurs à la loi nouvelle. Cette règle spécifique à la matière pénale a une valeur
constitutionnelle et toute loi contraire serait donc annulée par la
Conseil Constitutionnel sur le fondement de la l'article 8 de la Déclaration des droits de
l'Homme et du citoyen de 1789.
Aussi, le délinquant pourra t-il invoquer une loi pénale plus douce même pendant le procès.
La Cour de cassation annulera simplement la décision mais ne cassera pas la décision qui n'a
pas violé la loi. Le 5 sept. 2000, la Chambre criminelle a rappelé la règle : « Les dispositions
d’une loi nouvelle s’appliquent aux infractions commises avant leur entrée en vigueur et
n’ayant pas donné lieu à une condamnation passée en force de chose jugée ». La Cour de
cassation a, par exemple récemment, annulé de nombreuses décisions rendues avant l‟entrée
en vigueur de la loi du 10 juillet 2000 modifiant l‟art. 121-3 du Code pénal sur les délits
d‟imprudence, dans un sens plus favorable aux délinquants. Si la décision a acquis l'autorité
définitive de la chose jugée, sa condamnation n'est plus remise en cause.
29
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

§ 2 : L’EFFET IMMEDIAT DE LA LOI NOUVELLE

Nous étudierons le principe de l‟effet immédiat dans un premier temps (I). Mais nous verrons
que ce principe ne s‟applique qu‟en matière extra-contractuelle. En effet, en matière
contractuelle, c‟est un autre principe qui est applicable : celui de la survie de la loi ancienne
(II).
.
I. Le principe de l’effet immédiat

Selon l‟article 831, alinéa 1er du code de la famille :


« La loi nouvelle a effet immédiat au jour de sa mise en vigueur. Elle régit les actes et faits
juridiques postérieurs et les conséquences que la loi tire des actes ou faits qui ont précédé sa
mise en application » .
- La loi nouvelle s'empare des situations juridiques nées postérieurement à son entrée en
vigueur et s'applique immédiatement à eux. La loi nouvelle va aussi saisir les effets futurs
(c'est-à-dire non encore réalisés) d'une situation juridique née antérieurement à son entrée en
vigueur qui seront régis par elle. La loi ancienne n'est plus applicable.
- Le législateur peut donc modifier à tout moment les effets des situations juridiques en
cours. Il peut modifier les effets de la situation juridique du père (plus de droits pour le père
naturel par la loi du 8 janvier 1993), de l'épouse (égalité des droits par la loi du 30 décembre
1985), du propriétaire (restriction des droits des propriétaires pour l'aliénation d'œuvre d'art),
etc... Leur qualité résulte d'une situation juridique qui est née dans le passé mais qui se
prolonge dans l'avenir et dont le législateur modifie les effets futurs. Ainsi, par exemple, la loi
du 3 janvier 1972 a voulu donner aux enfants (qu'ils soient légitimes ou naturels) des droits
égaux, notamment sur le plan successoral. Cette loi n'a pas remis en cause les successions
déjà ouvertes (effet non rétroactif) mais elle a été déclarée immédiatement applicable aux
successions ouvertes et non liquidées ainsi qu'aux successions qui s'ouvriraient dans l'avenir.
- Il ne s'agit certainement pas d'un effet rétroactif, car comme le soulignait Portalis, "Détruire
une institution qui existe, ce n'est certainement pas faire une loi rétroactive, car, si cela était, il
faudrait dire que les lois ne peuvent rien changer. Le présent et l'avenir sont sous leur empire.
Elles ne peuvent certainement pas faire qu'une chose qui existe n'ait pas existé, mais elles
peuvent décider qu'elle n'existera plus".
- Pour résumer, les conditions de validité et les effets passés sont soumis à la loi ancienne
tandis que les effets à venir es situations non contractuelles en cours sont soumises à la loi
nouvelle. 3 cas de figures doivent donc être distingués :
- Concernant les conditions d’établissement des situations juridiques, la loi nouvelle ne les
remet pas en cause. Il n‟y a pas rétroactivité de la loi nouvelle. Ainsi, imaginons qu'une loi
nouvelle impose que chaque époux ait au moins 2 témoins pour se marier (alors qu'on exige
qu'un par époux) : les mariages déjà célébrés avec un témoin par époux resteront valables.
- Concernant les effets passés des situations juridiques antérieurement créées, ils restent
eux aussi soumis à la loi ancienne. La loi nouvelle ne s‟applique pas à eux en vertu du
principe de non-rétroactivité.

30
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

- Concernant les effets futurs des situations juridiques antérieurement créées, ils sont
saisis par la loi nouvelle en vertu du principe de l‟effet immédiat.
- Le principe de l‟effet immédiat s‟inspire de l‟idée que la loi nouvelle est meilleure. Il faut
donc que tous les individus en bénéficient. Cette solution est aussi nécessaire pour assurer une
certaine harmonie juridique. Il est important que tous les individus soient soumis à la même
loi. Cependant, ces considérations cèdent devant un autre impératif : celui de la sécurité
juridique en matière contractuelle.

II. Le principe de la survie de la loi ancienne en matière contractuelle

- Il y a survie de la loi ancienne lorsqu'elle continue de régir des faits qui se situent après
l'entrée en vigueur de la loi nouvelle, c'est-à-dire après l'abrogation de la loi ancienne.
La loi nouvelle ne va donc pass'appliquer immédiatement mais la loi ancienne va régir les
effets futurs nés sous l'empire de la loi nouvelle. Lajurisprudence a décidé que "les effets
d'un contrat sont régis, en principe, par la loi en vigueur à l'époque où il a été passé"
(Com. 27 oct. 1969) Cela signifie donc que les contrats en cours d'exécution, lorsqu‟entre en
vigueur la loi nouvelle, continuent à être régis par le loi qui était en vigueur au moment de
leur conclusion. La loi ancienne survit donc puisqu'elle s'applique après son abrogation et
ceci dans tous les cas où une situation contractuelle est née avant elle.
- On explique cette exception par le fait que la situation contractuelle est largement laissée à
la maîtrise de ceux qui l'ont crée. On peut considérer que la loi ancienne s'était incorporée
dans le contrat (ex. statut d'une société rédigés selon la loi ancienne : ils ont acquis une
nature contractuelle). Cette exception s'explique dans un système libéral où l'on privilégie
l'autonomie de la volonté sur la volonté du législateur. Il est normal que les volontés des
cocontractants ne soient pas déjouées par la suite. Il est nécessaire qu'existe une certaine
sécuritéjuridique et les contractants peuvent être ainsi certains que l'équilibre qu'ils ont crée
par contrat ne sera pas déjouer plus tard par une loi nouvelle.
- Néanmoins, il existe une exception au principe de la survie de la loi ancienne en matière
contractuelle pour les lois d'ordre public. A chaque fois que le législateur l'impose parce
qu'il veut uniformiser toutes les situations juridiques, quelles soient en cours ou celles qui
sont à venir, il va décider que la loi nouvelle est immédiatement applicable, même aux
situations juridiques contractuelles en cours. Il en va souvent ainsilorsque la loi nouvelle
exprime un intérêt social tellement impérieux que la stabilité des conventions ne saurait
y faire échec. le seul fait que la loi nouvelle soit impérative au sens de l‟article 6 ne saurait
suffire à attester de l‟existence d‟un tel intérêt.
- En revanche, il en est fréquemment ainsi lorsque le législateur intervient en matière de baux
à usage d'habitation et professionnels. C'est parfois aussi le cas en matière de prêt d'argent
ou de contrat d'assurance vie, de droit du travail. La survie de la loi ancienne ne sera
écartée par le juge que s'il existe soit une disposition expresse du législateur en ce sens, soit
si pour des motifs tirés de l'ordre public, "l'uniformité des situations juridiques doit
l'emporter sur le respect des prévisions des parties". Cet ordre public doit
êtreparticulièrement grave et impérieux pour faire céder la sécurité des contractants pour des
raisons sociales ounationales. La Cour de cassation considère que cet ordre public impose
31
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

l'uniformisation de certaines situations,comme celle qui découlent de l'exécution du contrat


de travail. En raison de l'abondante et impérativeréglementation à laquelle est soumis le
contrat de travail, sa nature n'est plus vraiment contractuelle. Lajurisprudence décide alors
que les lois nouvelle s'appliquent aux effets futurs de tous les contrats de travail, cequi
conduit à une juste égalité des citoyens devant la loi, quelque soit la date de leur contrat de
travail. Ainsi, siune loi nouvelle accorde un avantage social aux salariés, il paraît juste que
tous les salariés bénéficient de ceprogrès social immédiatement. L'intérêt poursuivi justifie
que le bienfait de la loi s'étende même aux contrats encours.

32
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

APPLICATION PRATIQUE.
Devoir de droit civil : Introduction au droit
Cas n°1 (Durée 3h)

KèneBougoulest née le 12 décembre 1980. A cette date, elle n‟était pas reconnue par son père
comme étant son enfant. Voulant établir sa filiation paternelle, sa demande fut rejetée au
motif que le code de la famille interdit la recherche de paternité à tout enfant naturel. Mais en
1998, une loi nouvelle entre en vigueur et modifie les dispositions relatives à la recherche de
paternité. Par cette loi, le législateur prévoit que « l’action en recherche de paternité est
ouverte à tout enfant naturel désirant établir sa filiation paternelle ».KèneBougoulqui
était désespérée saisit la justice d‟une demande en établissement de sa filiation paternelle.
Mais son père Baye soutient que cette loi ne peut lui être appliquée car au moment de la
naissance de KèneBougoulla loi qui était en vigueur n‟autorisait pas une telle action.
Qu‟en pensez-vous ?

Cas n° 2
La société Immobilière Keur Gui avait acheté en 2000 des Immeubles à Mbour ; Rufisque
et ToubabeDialaw. Au moment de l‟achat aucune formalité administrative n‟était requise par
la loi en vigueur. Mais une loi entrée en vigueur en 2005 soumet à autorisation administrative
préalable, à peine de nullité, toutes les ventes portant sur des immeubles. Un étudiant en
deuxième année de droit vient voir la société et lui affirme que les achats qu‟elle avait faits en
2000 ne sont plus valables. La société désespérée et ne sachant plus quoi penser vient vous
voir pour savoir si les acquisitions, faites avant l‟entrée en vigueur de la loi de 2005,
demeurent valables, bien que l‟autorisation administrative n‟est point été sollicitée.
Cas n°3

Dans les années cinquante, l‟entreprise LE PLAISIR DE BOIRE était prospère : elle avait mis
sur le marché une boisson pétillante, fortement sucrée, légèrement amère et d‟un rouge
magnifique. On se l‟arrachait, et rien n‟était plus prisé, depuis le cocktail chez l‟ambassadeur
jusqu‟aux surprises- parties que d‟absorber ce breuvage. Le fabricant avait pour cela, dès
1952 et pour dix (10) ans, passé un contrat avec le producteur d‟une substance chimique, de
nature à donner à la boisson cette belle couleur rouge. Mais, en 1958, une loi nouvelle interdit
l‟usage de cette substance, dont on a démontré la nocivité pour la santé de l‟homme, et prévoit
que sa production, son utilisation et sa distribution en sont désormais strictement interdites.
Qu’advient-il du contrat ?

Cas n° 4

AdjiNdellaa commis un avortement clandestin en juin 2011. Au moment de l‟avortement la


loi qui était en vigueur prévoyait une peine de 10 ans pour l‟auteur et 3 ans pour les
complices. Mais avant son jugement, une loi entre en vigueur et prévoit désormais une peine
de 5ans pour l‟auteur et 30 ans pour les complices.

Qu’en pensez-vous ?

33
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Proposition de correction
Cas n° 1

Kène Bougoul est une enfant naturelle née en 1980. A cette date, la loi en vigueur n‟autorisait
pas l‟action en recherche de paternité. Mais en 1998, une loi nouvelle entre en vigueur et
autorise désormais la recherche de paternité à tout enfant naturel désirant établir sa filiation
paternelle.

Les faits soumis à notre réflexion concernent l‟application de la loi dans le temps en matière
extra contractuelle.

Le problème de droit qui se pose est de savoir si une nouvelle loi qui autorise la recherche de
paternité peut s‟appliquer à un enfant naturel née antérieurement à son entrée en vigueur ?

Aux termes de l‟article 831 alinéa 1er du code de la famille : « La loi nouvelle a effet
immédiat au jour de sa mise en vigueur. Elle régit les actes et faits juridiques postérieurs
et les conséquences que la loi tire des actes ou faits qui ont précédé sa mise en
application. » En d‟autres termes, la loi nouvelle s‟applique immédiatement à toutes les
situations extra contractuelles en cours à partir de son entrée en vigueur.
Dans notre cas d‟espèce, au moment de la naissance de Kènebougoul ; la loi qui était en
vigueur interdisait la recherche de paternité à tout enfant naturel. Mais quelques temps après
son entrée en vigueur une loi nouvelle entre en vigueur et autorise l‟action en recherche de
paternité naturelle à tout enfant désirant établir sa filiation paternelle. Nous somme donc en
présence d‟une situation extra contractuelle qui entraine l‟application immédiate de la loi
nouvelle.
En conclusion nous pouvons donc préciser conformément à ce qui précède qu‟à partir de
l‟entrée en vigueur de la nouvelle loi, Kènebougoul pourra établir sa filiation paternelle avec
Baye conformément à la loi nouvelle.
Cas n° 2

Une société immobilière avait acquis en 2000 des immeubles à Mbour, Rufisque et Toubab
Dia Lao. A cette époque aucune formalité administrative n‟était requise par la loi en vigueur.
Cependant en 2005, une loi nouvelle entre en vigueur et exige désormais une autorisation
administrative préalable pour toutes les ventes portant sur des immeubles.
Les faits soumis à notre réflexion concernent l‟application de la loi dans le temps sur les
droits acquis.

34
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Le problème de droit qui se pose est de savoir si une loi nouvelle qui soumet à autorisation
administrative préalable toutes les ventes d‟immeubles peut remettre en cause les ventes faites
avant son entrée en vigueur ?
Selon l‟article 831 alinéa 2 : « Demeurent soumis aux règles en vigueur lorsqu’ils ont été
passés ou sont intervenus, les actes ou faits ayant fait acquérir un droit ou créer une
situation légale régulière. »En d‟autres termes, les acquisitions faites sous l‟empire d‟une loi
restent régies par cette loi. Les droits acquis ne sont donc pas remis en cause par la loi
nouvelle.
Dans notre cas d‟espèce, la société Immobilière Keur Gui avait acquis à Mbour, Rufisque et
Toubab dia Lao des immeubles sans autorisation administrative conformément à la loi qui
était en vigueur en 2000. Mais en 2005, une loi nouvelle entre en vigueur et soumet à
autorisation administrative préalable les ventes portant sur des immeubles. Nous sommes
donc en présence des droits acquis sous l‟empire d‟une loi ancienne qui restent soumis à cette
loi.
Pour terminer, nous pouvons préciser que les acquisitions faites par la société avant l‟entrée
en vigueur de la loi de 2005, demeurent valables conformément à la loi de 2000.
Cas n° 3

Une entreprise avait mis sur le marché une boisson d‟un rouge magnifique. En 1952, elle avait
pour 10 ans conclus un contrat avec le producteur d‟une substance chimique de nature à
donner à la boisson cette belle couleur rouge. Mais en 1958, une loi nouvelle interdit l‟usage
de cette substance dont on‟ a démontré la nocivité pour la santé de l‟homme, et prévoit que sa
production, son utilisation et sa distribution en son strictement interdites.
Les faits soumis à notre réflexion concernent l‟application de la loi dans le temps en matière
contractuelle.
Le problème de droit qui se pose est de savoir : si une loi nouvelle peut remettre en cause un
contrat conclu avant son entrée en vigueur ?
En matière contractuelle, c‟est le principe de la survie de la loi ancienne qui s‟applique au
contrat. Ce principe se justifie par le fait que le contrat est un accord de volonté entre les deux
parties qui se sont conformées à la loi qui était en vigueur au moment de la conclusion du
contrat. Une loi ne peut donc remettre en cause les prévisions contractuelles des parties.
Ce principe comporte cependant des exceptions qui sont les lois d‟ordre public qui expriment
un intérêt social tellement impérieux qu‟elles doivent être appliquées immédiatement,
même aux contrats en cours.

35
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Dans notre cas d‟espèce, l‟entreprise LE PLAISIR DE BOIRE avait conclus un contrat avec
le producteur d‟une substance chimique de nature à donner à la boisson une belle couleur
rouge. Mais avant la fin du contrat, une loi nouvelle entre en vigueur et interdit désormais la
production, l‟utilisation et la distribution de la substance. Il s‟agit donc d‟une loi d‟ordre
public qui s‟applique immédiatement au contrat en cours.
En conclusion, nous pouvons retenir que la loi de 1958 étant une loi d‟ordre public va
s‟appliquer immédiatement au contrat. Par conséquent, à partir de son entrée en vigueur, le
contrat ne pourra plus produire d‟effets juridiques.
Cas n° 4

36
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Travaux dirigés: Introduction à l'étude du droit


Séance N°5
Thème: Application de la loi dans le temps
Sous-thème: Le conflit de lois dans le temps
Exercice: Résoudre les cas pratiques suivants
Cas n°1

Modou est depuis 2000 locataire pour dix (10) ans d'une maison sur laVDN pour un loyer de
250.000FCFA. En 2005, intervient une loi nouvelle quifixe le loyer maximum à
lOO.OOOFCFA dans le but de lutter contre la propensiondes bailleurs à fixer des taux de
loyer exorbitant.Modou demande à son bailleur de lui rembourser les 150.000F de plusperçus
pendant les 5 années passées. Devant le refus catégorique de ce dernier,Modou s'est adressé à
son voisin juriste qui lui explique qu'il ne pourraitprétendre au remboursement demandé mais
qu'il ne paiera plus pour l'avenir lasomme convenue dans le contrat de location.Justifiez
juridiquement les solutions avancées.

Cas n°2

Ndioukhoump, un grand escroc devant l'éternel, a commis un vol enréunion avec/une


personne qu'il avait connue en prison. Ils furent condamnés enpremière instance à dix (10) ans
de prison. Le lendemain, une loi nouvelle entreen vigueur et fixe la peine maximum pour de
tels faits à cinq (05) ans.Ayant interjeté appel, Ndioukhoump s'est vu affirmer par son avocat
quesa condamnation sera revue à la baisse conformément à la loi nouvelle. Devant lejuge
d'appel, sa condamnation fut effectivement ramenée à cinq (05) ans.Tout heureux d'avoir
bénéficié de la loi nouvelle à l'issue de son procès enappel, il en fait part à .son complice qui
estime qu'il doit aussi en bénéficierpuisqu'étant condamné en même temps que celui-ci. Mais
son avocat déçoit sonespoir en lui disant qu'il ne peut en bénéficier.
Justifiez juridiquement ces solutions avancées.

Cas n°3

Lamine s'est marié avec deux femmes sous le régime polygamique. Séducteurinvétéré, il s'est
entiché de la ravissante Coumba avec qui il s'est fiancé le 2 mai2004 et la date du mariage fut
fixée au courant du mois de mars 2005. Mais le 1erjanvier 2005, intervient une loi nouvelle
qui interdit la polygamie.Devant le refus de l'officier d'état-civil de célébrer son mariage
avecCoumba alors qu'il a déjà versé la dot, il s'affole lorsque ce dernier lui dit qu'ildevra
même se séparer d'une de ses femmes.
Il vient vous voir pour avoir des éclairages juridiques sur les dires del'officier d'état-civil.

37
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

PROPOSITION DE CORRECTIION

Cas n°1

En 2000, une personne a loué une maison pour dix (10) ans,pour un loyer de 250.000FCFA.
En 2005, intervient une loi nouvelle qui fixe le loyer maximum à 100 000 FCFA dans le but
de lutter contre la propensiondes bailleurs à fixer des taux de loyer exorbitant. Le locataire
demande à son bailleur de lui rembourser les 150.000F de plusperçus pendant les 5 années
passées.
Les faits soumis à notre réflexion concernent le conflit de lois dans le temps en matière
contractuelle.
Les problèmes de droit qui se posent sont de savoir d‟une part : une loi nouvelle qui modifie
les taux de loyer, peut elle remettre en cause les effets postérieurs d‟un contrat antérieur à son
entrée en vigueur ? D‟autre part, une loi nouvelle qui modifie les taux de loyer des contrats en
cours, peut elle remettre en cause les effets antérieurs d‟un contrat antérieur à son entrée en
vigueur ?

Première question : une loi nouvelle qui modifie les taux de loyer, peut elle remettre en
cause les effets postérieurs d’un contrat antérieur à son entrée en vigueur ?

En matière contractuelle, c‟est le principe de la survie de la loi ancienne qui s‟applique au


contrat. Ce principe se justifie par le fait que le contrat est un accord de volonté entre les deux
parties qui se sont conformées à la loi qui était en vigueur au moment de la conclusion du
contrat. Une loi ne peut donc remettre en cause les prévisions contractuelles des parties.
Ce principe comporte cependant des exceptions qui sont les lois d‟ordre public quiexpriment
un intérêt social tellement impérieux qu‟elles doivent être appliquées immédiatement,
même aux contrats en cours.
En l‟espèce, au moment de la conclusion du contrat, la loi qui était en vigueur prévoyait un
taux de 250.000FCFA. Mais, pour lutter contre la propensiondes bailleurs à fixer des taux de
loyer exorbitant, une nouvelle entre en vigueur et fixe le loyer maximum à 100 000 FCFA.
Nous sommes donc en présence d‟une loi d‟ordre public qui s‟applique donc immédiatement
aux effets postérieurs des contrats en cours

En conclusion, qu‟à partir de l‟entrée en vigueur de la nouvelle loi, le locataire ne paiera que
100 000f conformément à la nouvelle loi de 2005.

38
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Deuxième question :une loi nouvelle qui modifie les taux de loyer des contrats en cours,
peut elle remettre en cause les effets antérieurs d‟un contrat antérieur à son entrée en vigueur
?
Aux termes l‟article 831, alinéa 2 : « Demeurent soumis aux règles en vigueur lorsqu’ils
ont été passés ou sont intervenus, les actes ou faits ayant fait acquérir un droit ou créer
une situation légale régulière. »En d‟autres termes, les acquisitions faites sous l‟empire
d‟une loi restent régies par cette loi. Les droits acquis antérieurement ne sont donc pas remis
en cause par la loi nouvelle.
En l‟espèce, au moment de la conclusion du contrat, la loi qui était en vigueur prévoyait un
taux de 250.000FCFA.Une nouvelle entre en vigueur et fixe le loyer maximum à 100 000
FCFA. Ainsi, le débiteur vient voir son bailleur pour lui réclamer les 150.000F de plusperçus
pendant les 5 années passées.Nous sommes donc en présence des droits acquis sous l‟empire
d‟une loi ancienne qui restent soumis à cette loi.
En conclusion, nous pouvons donc retenir que le locataire ne pourra en aucun cas obtenir
remboursement des 150.000F de plusperçus pendant les 5 années passées qui restent soumis à
la loi ancienne.

Cas n°2

Un escroc, a commis un vol enréunion avec/une personne qu'il avait connue en prison. Ils
furent condamnés enpremière instance à dix (10) ans de prison. Le lendemain, une loi
nouvelle entreen vigueur et fixe la peine maximum pour de tels faits à cinq (05) ans.Ayant
interjeté appel, l‟escroc s'est vu affirmer par son avocat quesa condamnation sera revue à la
baisse conformément à la loi nouvelle. Devant lejuge d'appel, sa condamnation fut
effectivement ramenée à cinq (05) ans.Tout heureux d'avoir bénéficié de la loi nouvelle à
l'issue de son procès enappel, il en fait part à .son complice qui estime qu'il doit aussi en
bénéficierpuisqu'étant condamné en même temps que celui-ci. Mais son avocat déçoit
sonespoir en lui disant qu'il ne peut en bénéficier.
Les faits soumis à notre analyse sont relatifs au conflit de lois dans le temps en matière
pénale.
Le problème de droit qui se pose est alors de savoir : une loi nouvelle réduisant la peine
encourue pour une infraction, peut elle s‟appliquer à une personne condamnée en première
instance et qui n‟a pas interjeté appel dans les délais ?

Aux termes de l‟article 831, alinéa 1er, du code la famille : « La loi nouvelle a effet
immédiatau jour de sa mise envigueur. Elle régit les actes etfaits juridiques postérieurs et
lesconséquences que la loi tire desactes ou faits qui ont précédé samise en application. » En
d‟autres termes, la loi a effet immédiat à partir de son entrée en vigueur, elle n‟a pas vocation
à revenir en arrière pour régir des situations qui étaient sous l‟empire d‟une loi ancienne. Ce

39
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

pendant, si tel est le principe, il comporte des exceptions qui sont les lois interprétatives, les
déclarées expressément rétroactive par le législateur et les lois pénales plus douces qui
suppriment une incrimination ou réduisent le taux d‟une peine lors que la condamnation n‟est
pas encore passée en force de chose jugée.
En l‟espèce, au lendemain de sa condamnation en première instance, une loi nouvelle entre
en vigueur et ramène la peine maximum pour de tels faits à cinq (05). Nous somme donc en
présence d‟une loi pénale plus douce qui ne s‟applique si la condamnation n‟est pas encore
définitive. Malheureusement, le complice n‟ayant pas interjeté appel dans les délais, il est
forclos et ne pourra plus bénéficier de cette nouvelle loi.
En conclusion, nous pouvons préciser conformément à ce qui précède que l‟avocat se fonde
simplement sur le fait que son client est forclos parce qu‟il n‟a pas interjeté appel dans les
délais et par conséquent, il ne pourra plus bénéficier de cette nouvelle loi.

Cas n°3

Une personne s'est mariée avec deux femmes sous le régime polygamique. Séducteurinvétéré,
il s'est entiché d‟une ravissante fille avec qui il s'est fiancé le 2 mai2004 et la date du mariage
fut fixée au courant du mois de mars 2005. Mais le 1erjanvier 2005, intervient une loi nouvelle
qui interdit la polygamie.Devant le refus de l'officier d'état-civil de célébrer son mariage avec
la fille alors qu'il a déjà versé la dot, il s'affole lorsque ce dernier lui dit qu'ildevra même se
séparer d'une de ses femmes.

Les faits soumis à notre réflexion concernent l‟application de la loi dans le temps en matière
extra contractuelle.

Les problèmes de droit qui se posent sont de savoir : une loi nouvelle interdisant la polygamie
peut elle empêcher la célébration du mariage d‟un époux déjà polygame ? Ensuite, une loi
nouvelle interdisant la polygamie peut elle entrainer le divorce d‟un mariage polygame
intervenu avant son entrée en vigueur ?

Première question :une loi nouvelle interdisant la polygamie peut elle empêcher la
célébration du mariage d‟un époux déjà polygame ?

Aux termes de l‟article 831 alinéa 1er du code de la famille : « La loi nouvelle a effet
immédiat au jour de sa mise en vigueur. Elle régit les actes et faits juridiques postérieurs
et les conséquences que la loi tire des actes ou faits qui ont précédé sa mise en
application. » En d‟autres termes, la loi nouvelle s‟applique immédiatement à toutes les
situations extra contractuelles en cours à partir de son entrée en vigueur.
Dans notre cas d‟espèce, au moment du mariage, la loi nouvelle autorisait le mariage
polygame, mais avant de prendre une troisième épouse, une loi nouvelle entre en vigueur et

40
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

interdit désormais la polygamie. Par voie de conséquence, à partir de son entrée en vigueur
aucun mariage polygamique ne peut être valablement célébré.

En conclusion, le choix exprimé par cet homme lors de son premier mariage est devenu caduc
des lors qu‟il n‟a pas les trois épouses au moment de l‟entrée en vigueur de la nouvelle loi.
Pour cette raison, l‟officier d‟état civil à raison de refuser de célébrer le mariage.

Deuxième question :une loi nouvelle interdisant la polygamie peut elle entrainer le divorce
d‟un mariage polygame intervenu avant son entrée en vigueur ?

« Demeurent soumis aux règles en vigueur lorsqu’ils ont été passés ou sont intervenus,
les actes ou faits ayant fait acquérir un droit ou créer une situation légale régulière. »En
d‟autres termes, les acquisitions faites sous l‟empire d‟une loi restent régies par cette loi. Les
droits acquis antérieurement ne sont donc pas remis en cause par la loi nouvelle.
En l‟espèce, le Monsieur avait déjà les deux épouses avant l‟entrée en vigueur de la nouvelle
loi, par conséquent même si la loi nouvelle s‟applique immédiatement, elle ne remet
nullement en causes le mariage avec les deux précédentes épouses qui est déjà acquis sous
l‟empire de la loi ancienne.
En conclusion, on peut convenir qu‟il n‟a pas divorcé avec l‟une de ses épouses car son
mariage avec ses deux épouses reste soumis à la loi ancienne.

41
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

THEME : Application de la loi


Sous-thème : conflits de lois dans le temps
Exercice: faire les cas pratiques
Cas n° 1
Mamadou et Aïda se sont mariés en juin 2009, puis ont divorcé en mars 2011 pour cause
d‟incompatibilité d‟humeur à la demande de l‟époux. Une pension alimentaire de 50 000 F
CFA par mois fut alors fixée à la charge de ce dernier.
Pour des raisons diverses, une loi nouvelle entre en vigueur en juillet 2011 et prévoit que le
divorce n‟est autorisé qu'après sept ans de mariage. Elle exige en outre que la pension
alimentaire soit plafonnée à 25000 FCFA par mois.
Le divorce est-il valable ?
Mamadou pourra- t-il profiter du plafonnement à 25000 F CFA et obtenir
remboursement des 25000 F CFA des mois précédents?

Cas n° 2
Ababacar, un commerçant très connu dans le marché du riz, a contracté un prêt auprès de sa
banque en octobre 2010 pour financer son commerce. La banque lui avait consenti ce prêt à
un taux d‟intérêt de 11% pour une durée de trois ans. Ababacar espère voir sa dette allégée
avec cette information qui lui est parvenue d‟un de ses neveux, étudiant en droit, selon
laquelle, une loi est entrée en vigueur en avril 2011 et qu‟elle propose aux banques de fixer
les taux d‟intérêt des prêts à moins de 10 %. Ababacar a-t-il raison d’espérer bénéficier
destaux proposés par la loi nouvelle?

Cas n°3
Jean, homme d‟affaires, marié et père de deux enfants, a convolé en secondes noces ; il a,
depuis qu‟il s‟est remarié il y a dix mois, quitté la résidence conjugale et cessé d‟assurer les
charges de son premier ménage. Il est, de ce fait, après jugement, condamné pour abandon de
famille le 2 mars 2009 à 3 mois de prison et à une amende de 200 000 F CFA. Une loi
nouvelle, entre en vigueur le 10 mars 2009 pour limiter la sanction de l‟abandon de famille à
une amende de 200 000F CFA. L‟avocat de Jean, confiant, lui apprend qu‟il va bientôt être
libéré. Sur quel argument se fonde t-il ?

42
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Proposition de correction des cas

Cas n°1

Un couple s‟est marié en juin 2009, puis ont divorcé en mars 2011 pour incompatibilité
d‟humeur à la demande du mari. Il fut alors condamné à verser une pension alimentaire de
50 000 par mois à sa femme. En juillet 2011, le législateur une nouvelle loi qui reporte
qu‟après 7 ans de mariage et plafonne en même temps la pension alimentaire à 25 000f.

Les faits soumis à notre réflexion concernent l‟application de la loi dans le temps en
matière extra contractuelle.

La question qui se pose est alors de savoir : une loi n‟autorisant le divorce qu‟après 7
ans de mariage, peut-elle remettre en cause un divorce antérieur à son entrée en vigueur. ?
Ensuite une nouvelle loi qui plafonne la pension alimentaire à 25 000f, peut elle remettre en
cause une pension fixée en 50 000 par une loi ancienne ? Enfin, une loi qui diminue la
pension alimentaire peut elle entrainer remboursement des mois précédents ?

En ce qui concerne la première question ; il faut préciser qu‟aux termes l‟article 831,
alinéa 2 : « Demeurent soumis aux règles en vigueur lorsqu’ils ont été passés ou sont
intervenus, les actes ou faits ayant fait acquérir un droit ou créer une situation légale
régulière. »En d‟autres termes, la loi nouvelle ne remet pas en cause des situations
intervenues sous l‟empire d‟une loi ancienne.
Dans notre cas d‟espèce, la loi de mars 2011 autorisait le divorce sans aucune condition.
Par conséquent, une loi nouvelle ne peut venir pour remettre en cause un divorce régulier
intervenu sous l‟empire de cette loi ancienne.
En conclusion, nous pouvons soutenir que le divorce de Mamadou et Aida intervenu sous
l‟empire de la loi de mars 2011 reste toujours valable.
Concernant maintenant la question de savoir si une nouvelle loi qui plafonne la pension
alimentaire à 25 000f CFA, peut remettre en cause une pension fixée en 50 000f CFA par une
loi ancienne. Il faut soutenir que l‟article 831 alinéa 1er du code de la famille : « La loi
nouvelle a effet immédiat au jour de sa mise en vigueur. Elle régit les actes et faits
juridiques postérieurs et les conséquences que la loi tire des actes ou faits qui ont
précédé sa mise en application. » En d‟autres termes, la loi nouvelle s‟applique
immédiatement à toutes les situations extra contractuelles en cours à partir de son entrée en
vigueur.

43
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

En l‟espèce, au moment du divorce, la loi qui était en vigueur prévoyait pension


alimentaire de 50 000f CFA par mois mais après quelques versements, une loi nouvelle entre
en vigueur et diminue la pension alimentaire à 25 000f CFA. Nous somme donc en présence
d‟une situation extra contractuelle qui entraine l‟application immédiate de la loi nouvelle.
En conclusion, nous pouvons soutenir conformément à ce qui précède qu‟à partir de l‟entrée
en vigueur de la nouvelle loi Mamadou pourra profiter du plafonnement à 25 000f CFA.
Concernant enfin la question de savoir si une loi qui diminue la pension alimentaire peut
entrainer remboursement des mois précédents, il faut préciser que « Demeurent soumis aux
règles en vigueur lorsqu’ils ont été passés ou sont intervenus, les actes ou faits ayant fait
acquérir un droit ou créer une situation légale régulière. »En d‟autres termes, les
acquisitions faites sous l‟empire d‟une loi restent régies par cette loi. Les droits acquis ne sont
donc pas remis en cause par la loi nouvelle.
Dans notre cas d‟espèce, Aida avait acquis le droit de percevoir une pension alimentaire
de 50 000f CFA par mois conformément à la loi de mars 2011 mais après quelques
versements, une loi nouvelle entre en vigueur et diminue la pension alimentaire à 25 000f
CFA. Nous sommes donc en présence des droits acquis sous l‟empire d‟une loi ancienne qui
restent soumis à cette loi.
Pour terminer, nous pouvons préciser que Mamadou ne pourra pas obtenir remboursement des
25 000f CFA des mois précédents acquis régulièrement par Aida sous l‟empire de la loi
ancienne.

44
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Cas n°2

Un Monsieur a contracté un prêt auprès de sa banque en octobre 2010. Le prêt a été


consenti avec un taux de 11% pour une durée de trois ans. En avril 2011, le législateur met en
vigueur une loi qui propose aux banques de fixer le taux d‟intérêt à moins de 10%.

Les faits soumis à notre analyse concernent l‟application de la loi dans le temps en matière
contractuelle.

La question qui se pose est alors de savoir : une loi qui propose un taux d‟intérêt des
prêts à moins de 10% peut elle s‟appliquer à un prêt consenti antérieurement à son entrée en
vigueur ?

En matière contractuelle, c‟est le principe de la survie de la loi ancienne qui s‟applique au


contrat. Ce principe se justifie par le fait que le contrat est un accord de volonté entre les deux
parties qui se sont conformées à la loi qui était en vigueur au moment de la conclusion du
contrat. Une loi nouvelle ne peut donc remettre en cause les prévisions contractuelles des
parties.
Ce principe comporte cependant des exceptions qui sont les lois d‟ordre public qui expriment
un intérêt social tellement impérieux qu‟elles doivent être appliquées immédiatement,
même aux contrats en cours.
Dans notre cas d‟espèce, l‟entreprise Babacar avait conclus un contrat de prêt avec la
banque avec un taux de 11%. Mais avant la fin du contrat, une loi nouvelle entre en vigueur et
propose aux banques de fixer le taux d‟intérêt à moins de 10%. Il ne s‟agit donc pas d‟une loi
d‟ordre public car cette n‟est qu‟une simple proposition et ne s‟applique donc pas au contrat.
En conclusion nous pouvons soutenir que Babacar n‟a pas raison d‟espérer car la
nouvelle loi n‟est pas une loi d‟ordre public et ne s‟impose donc pas à la banque.

45
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Cas n°3

Un homme marié a convolé en secondes noces. Il a depuis qu‟il s‟est marié il y‟a dix mois
quitté la résidence familiale et à arrêter d‟assurer les charges du premier ménage. Condamné
le 2 mars 2009 en première instance à 3 mois de prison et une amende de 200 000f CFA. Une
nouvelle entre en vigueur le 10 mars et limite la sanction de l‟abandon de famille à une
amende de 200 000f CFA seulement.

Les faits soumis à notre réflexion concernent l‟application de la loi dans le temps en matière
pénale.

La question de droit qui se pose est alors de savoir : une loi qui limite la sanction de
l‟abandon de famille à une simple amende peut elle s‟appliquer à une personne condamnée en
première instance à une peine pour abandon de famille ?

Selon l‟article 2 du code civil : « la loi ne dispose que pour l‟avenir, elle n‟a point d‟effet
retro actif » en d‟autres termes, la loi concerne le futur, elle ne revient pas en arrière pour
résoudre des situations qui étaient sous l‟empire d‟une loi ancienne. Si tel est le principe elle
comporte cependant des exceptions qui sont notamment les lois déclarées expressément
rétroactive par le législateur, les lois interprétatives et les lois pénales plus douce qui
suppriment une condamnation ou diminuent le taux d‟une peine lorsque la condamnation
n‟est pas encore définitive.

Dans notre cas d’espèce, Jean fut condamné en première à une peine de 3 mois de prison et
une amende de 200 000f CFA conformément à la loi qui était en vigueur. Mais avant l‟appel,
Une nouvelle entre en vigueur le 10 mars et limite la sanction de l‟abandon de famille à une
amende de 200 000f CFA seulement. Nous somme donc en présence d‟une loi pénale plus
douce qui intervient avant l‟épuisement des voies de recours.

En conclusion nous pouvons dire que : puisque les voies de recours ne sont pas encore
épuisées, Jean sera libre parce qu‟en appel il sera jugé conformément à la nouvelle loi qui
prévoit une amende de 200 000f CFA seulement.

46
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

SANS CORRECTION
Sous-thème : conflits de lois dans le temps
Exercice: faire les cas pratiques
Cas n° 1
Le 15 Octobre 2003, Birane et Ousmane ont conclu par acte sous seing privé un contrat de
bail à usage d‟habitation d‟une durée de 5 ans. Le montant du loyer mensuel est fixé par les
deux parties à 290 000 frs/ mois
Le 15 juin 2005, le législateur qui a voulu mettre fin aux prix prohibitif des bailleurs, a fixé un
plafond à 150 000 frs/ mois pour un bail de cette nature. Dans la même loi figure une nouvelle
disposition selon laquelle « tout bail à usage d‟habitation dont le montant dépasse 100 000frs
/mois doit faire l‟objet d‟un acte notarié à peine de nullité ».
1°/ A quel montant le locataire Ousmane doit il payer les loyers qui restent à courir après
l‟entrée en vigueur de la nouvelle loi ?
2°/ Le bail liant Birane à Ousmane est il valable après l‟entrée en vigueur de la nouvelle loi ?

Cas n°2
La semaine dernière Demba a brulé un feu rouge et le policier qui l‟a interpellé et a dressé un
constat l‟a prévenu qu‟il serait convoqué au tribunal et qu‟une telle infraction était passible
dune amende et d‟un retrait de permis de conduire. Mai il a entendu dire que le gouvernement
envisageait de supprimer la sanction lorsqu‟il n‟y avait pas de récidive et qu‟il s‟agissait donc
de la première infraction de ce genre.

1°/ Il vous demande si il pourrait bénéficier de cette reforme si celle-ci était votée avant qu‟il
ne soit jugée.

2°/ que se passerait-il si cette reforme était votée après sa condamnation définitive ?

Cas n° 3
Adji Awa a commis un avortement clandestin en juin 2011. Au moment de l‟avortement la
loi qui était en vigueur prévoyait une peine de 10 ans pour l‟auteur et 3 ans pour les
complices. Mais avant son jugement, une loi entre en vigueur et prévoit désormais une peine
de 5ans pour l‟auteur et 30 ans pour les complices.

Cette loi est elle applicable en l’espèce ?

47
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Sous-thème : conflits de lois dans le temps


Exercice: faire les cas pratiques

Cas n° 1
ALIMA, une jeune villageoise qui a quitté le collège après son échec au BFEM vient en ville
pour travailler comme domestique. Pendant deux années, elle est payée 25. 000 F CFA (vingt
cinq mille francs CFA) le mois. Un jour, à la radio, elle apprend qu‟une loi nouvelle est en
vigueur depuis des mois et qu‟elle prévoit un salaire minimum de 35. 000 F CFA (trente cinq
mille francs CFA) pour tout travailleur. Au retour de son employeur, ALIMA le lui fait savoir
et lui demande une augmentation de 10. 000 F CFA (dix mille francs CFA). Mieux, elle lui
demande de lui rembourser le surplus de 10. 000 F CFA (dix mille francs CFA) par mois pour
les deux années déjà écoulées. Qu‟en pensez-vous ?

Cas n° 2
Modou est un farouche opposant politique ; il ne se lasse jamais d‟afficher dans des endroits
publics des tracts contenant des messages hostiles au pouvoir en place.
Un jour, il est surpris et appréhendé par un agent de police pour affichage illégal.
Après jugement, il est condamné à 1 mois de prison. La semaine suivant sa condamnation,
entre en vigueur une loi qui dépénalise l‟affichage illégal.
Son avocat, confiant, lui apprend qu‟il va bientôt être libéré. Sur quels arguments se fonde ce
dernier ?

Cas n° 3
Mor Thiam est inquiet. Lors d‟une discussion à la place du village, un étudiant en sciences
juridiques venu en vacances, lui a appris qu‟il avait été voté une loi interdisant la polygamie
au-delà de 2 épouses sous peine d‟emprisonnement. Mor Thiam, qui, déjà, avait 3 épouses, a
deux craintes majeures : Il envisageait de convoler en quatrième noce le mois suivant ; son
projet a-t-il des chances d‟aboutir ?
D‟un autre côté, le jeune étudiant en droit lui a fait savoir qu‟il devait divorcer d‟avec l‟une de
ses trois épouses sous peine de violer la loi ? Ce dernier a-t-il raison ?

Cas n° 4

En 1993,M. Malade est victime d‟un grave accident de la circulation qui lui a provoqué une
commotion cérébrale. Ce qui nécessite une greffe de la moelle épinière. C‟est ainsi que son
médecin conseil à sa famille d‟acquérir ledit organe auprès de M. Bonnemort qui était atteint
d‟un cancer irréversible. Ce dernier qui avait besoin d‟argent pour subvenir aux besoins de sa
famille vient vous demander si la conclusion d‟un tel contrat est juridiquement possible ?

48
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Sous-thème : conflits de lois dans le tempsAnnée Universitaire 2010-2011


Exercice: faire les cas pratiques
Université Cheihk Anta Diop
Faculté des SciencesJuridiques et Politiques
Licence 1 Semestre 1
Groupe B Droit civil
(Séance 4)

Programme de révision: Les sources du Droit


Thème: L'application de la loi dans le temps
Exercice: Résoudre les cas pratiques fictifs suivants
Cas n°1
Bodian s'est marié le 17 février 1996 sous le régime de la polygamie limitée à trois épouses.
Le 20 mars 2003, est entrée en vigueur une loi modificative du Code de la famille interdisant.
Le 31 janvier 2004, Bodian, devenu relativement aisé, convole en secondes noces avec
unedame aussi belle que Sogolon. Dépitée, sa première décide de poursuivre l'annulation
dusecond mariage pour cause de bigamie.
Cette action a-t-elle des chances d'aboutir?
A cette date, son ami Alain a quatre épouses. Il vous consulte pour savoir s'il doit seconformer
à la loi du 20 mars 2003.

Cas n°2
Ndour fut embauché en 1982 en qualité de contremaître dans une entreprise dans
uneentreprise de BTP à l'âge de 31 ans.
Une loi de 2004 a prévu l'augmentation de l'âge de la retraite de 55 à 60 ans. Le 31 Janvier
2006, son employeur lui intime l'ordre de faire valoir ses droits à la retraite. M. Ndourconteste
la légalité d'une telle mesure.
Qu'en pensez-vous?
Pour rénover sa maison, Ndour obtient de la Société Générale un prêt de 3 millions à un
tauxd'intérêt de 15%. A treize mois de la dernière échéance, une loi vient fixer «le
tauxconseillé» de 10 pour cent pour les prêts de consommation.
A quel taux d'intérêt il devra payer à la banque?

Cas n°3
Le 25 mars 1990, le sieur Bâ est arrêté et déféré au tribunal pour un vol commis dans
laboutique de son quartier. Au moment de la commission de l'infraction, le vol était puni
detrois ans d'emprisonnement. Par une loi du 1er avril 1990, le législateur fixe désormais à
deuxans d'emprisonnement la peine encourue en cas de vol. Son jugement étant fixé au 2 mai
de lamême année, M. Bâ vous consulte aux fins de savoir s'il se verra ou non appliquer la
peine de2 ans prévue par la loi du 1er avril.

49
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Cas n° 4:
En raison des problèmes de mobilité urbaine à Dakar, Daouda a emprunté à sa banque le
montant de 800000 F payable en vingt quatre mois à un taux d'intérêt de 15%, pour
s'acheterun scooter. Le contrat de prêt fait l'objet d'un acte sous-seing privé en date du 15 juin
2007.
Le 14 février 2008 entre en vigueur une loi qui impose à peine de nullité l'acte notarié
pourtout contrat de prêt de numéraires dont le montant est supérieur à 700 000 F. En outre,
laditeloi prohibe (dans le but de relancer l'économie nationale à travers la consommation) tout
tauxd'intérêt supérieur à 10% et prévoit un taux conseillé à 7%.
1- Le contrat de prêt est-il toujours valable?
2 - A quel taux d'intérêt Daouda doit-il payer après l'entrée en vigueur de la loi d~ 14 février
2008 ?
Cas n° 5 :

Afin de soutenir ses parents dont Les revenus sont très limités, Samba, un jeune élève de 18
ans a trouvé un travail de gardiennage de nuit dans un magasin d'alimentation pour une durée
de deux ans. Il touche une rémunération de 50.000frs CF A. Six mois après son embauche,
une
loi qui fixe le salaire minimum pour tout travail de nuit à 100.000 frs CFA entre en vigueur.
Il en est informé à travers la presse et va voir immédiatement son employeur afin de
bénéficier de l'application de la nouvelle loi mais aussi de réclamer un rappel de 300.000 frs
CFA correspondant aux six mois pendant lesquels il a été payé à hauteur de 50.000 frs CFA.
Votre avis est sollicité sut la question.
Cas n°6
De caractère très conservateur, Baye Mor est un père de famille qui a une aversion manifeste
pour toutes les règles édictées par l'autorité publique qu'il juge "déracinées". Aussi, a-t-il
toujours refusé de déclarer à l'état civil ses deux enfants nés en 2008 et 2010. Il ne compte
pas non plus le faire pour les jumeaux que son épouse attend pour le mois de mars 2013.
Mais en décembre 2012, le législateur, soucieux de l‟effectivité des règles du code de la
famille, - a adopté une loi sanctionnant de dommages et intérêts, à hauteur de 1 000 000 frs
CF A tout parent qui n'aurait pas déclaré son enfant à l'état civil à la naissance. Très inquiet,
Baye Mor qui est dans tous les sens, sachant qu'il ne parviendra jamais à réunir
2 000 000 à payer. il pense même à se réfugier en Gambie.
A-t-il des raisons de s'inquiéter? Quel doit être son attitude pour le futur?
Cas n°7

Le législateur des assurances s'est rendu compte que les sociétés d'assurance commettaient
des abus par rapport aux prix proposés à leurs clients dans le cadre de l'assurance automobile
obligatoire. Aussi, a-t-il, situation inédite, introduit dans le code CIMA un nouvel article qui
interdit aux sociétés d'assurance de dépasser une certaine limite. Une jeune femme, Jeanine,
est aux anges; en effet, elle avait souscrit une police d'assurance
d'une durée d'un an moyennant une prime mensuelle allant bien au-delà du nouveau plafond
autorisé. Elle va voir son assureur pour bénéficier de l'application du nouveau texte à son
contrat qui n'en est qu'à son troisième mois d'exécution. L'assureur refuse sous prétexte que
la conclusion de leur accord précédait la nouvelle loi.

50
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR Année Universitaire 2012 / 2013


FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES LICENCE 1
ET POLITIQUES
COURS DE RENFORCEMENT BADJI et LO

CORRECTION
Cas n°5

Un jeune élève âgé de 18 ans ; travail en tant que gardiennage de nuit pour une durée de 2 ans
et moyennant une rémunération de 50 000f CFA par mois.Six mois après la conclusion du
contrat ; une loi nouvelle entre en vigueur et fixe le salaire minimum pour tout travail de nuit
à 100 000f CFA.

Les faits soumis à notre analyse concernent l‟application de la loi dans le temps en matière
contractuelle.

La question qui se pose est alors de savoir : une loi qui augmente le salaire minimum
pour tout travail de nuit peut elle s‟appliquer à un contrat de travail conclu avant son entrée en
vigueur ? Ensuite, si une telle loi doit s‟appliquer au contrat, pourra t- elle cependant entrainer
le remboursement des mois précédents ?

En matière contractuelle, c‟est le principe de la survie de la loi ancienne qui s‟applique au


contrat. Ce principe se justifie par le fait que le contrat est un accord de volonté entre les deux
parties qui se sont conformées à la loi qui était en vigueur au moment de la conclusion du
contrat. Une loi nouvelle ne peut donc remettre en cause les prévisions contractuelles des
parties. Ce principe comporte cependant des exceptions qui sont les lois d‟ordre public
quiexpriment un intérêt social tellement impérieux qu‟elles doivent être appliquées
immédiatement, même aux contrats en cours.
Dans notre cas d‟espèce ; au moment de la conclusion du contrat. La loi qui était en vigueur
permettait 50 000CFA. Mais avant la fin du contrat.une loi nouvelle entre en vigueur et fixe le
salaire minimum à 100 000f CFA. Nous sommes donc en présence d‟une loi d‟ordre public
qui s‟applique immédiatement au contrat en cours.

En conclusion, nous pouvons soutenir qu‟à partir de l‟entrée en vigueur de la nouvelle loi,
Samba percevra 100 000f par mois conformément à la nouvelle loi.

51
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Concernant enfin la question de savoir si une telle loipourra entrainer le remboursement des
mois précédents, il faut préciser que selon l‟article 831, alinéa 2 du code la
famille :« Demeurent soumis aux règles en vigueur lorsqu’ils ont été passés ou sont
intervenus, les actes ou faits ayant fait acquérir un droit ou créer une situation légale
régulière. »En d‟autres termes, les acquisitions faites sous l‟empire d‟une loi restent régies
par cette loi. Les droits acquis ne sont donc pas remis en cause par la loi nouvelle.
Dans notre cas d‟espèce, au moment de la conclusion du contrat, la loi en vigueur autorisait
une rémunération de 50 000f CFA. Mais en cours d‟exécution, une loi nouvelle augmente la
rémunération à 100 000f. Cette loi ne retro agit pas ce pendant sur les effets passés des
situations juridiques.
En conclusion, nous pouvons préciser que Samba ne pourra pas prétendre au remboursement
des mois précédents qui restent soumis à la loi ancienne.
Cas n°6

Un père de famille a toujours refusé de déclarer à l‟état civil ses enfants nés en 2008 et 2010.
En plus, il ne compte pas déclarer ses à naitre en 2013. En décembre 2012, le législateur
soucieux de l‟effectivité des règles du code de la famille, a adopté une loi sanctionnant de
dommage intérêt tout parent qui n‟aurait pas déclaré son enfant à l‟état civil à la naissance.

Les faits soumis à notre réflexion concernent l‟application de la loi dans le temps en
matière extra contractuelle.

La question qui se pose est alors de savoir : une loi sanctionnant de dommage intérêt le refus
de déclaration d‟un enfant à la naissance à l‟état civil peut elle s‟appliquer à une naissance
antérieure non déclarée ? Ensuite, une telle loi pourra telle s‟appliquer à une naissance
postérieure ?

Aux termes de l‟article 831, alinéa 2 du code la famille : « Demeurent soumis aux règles en
vigueur lorsqu’ils ont été passés ou sont intervenus, les actes ou faits ayant fait acquérir
un droit ou créer une situation légale régulière. »En d‟autres termes, la loi nouvelle ne
remet pas en cause des situations intervenues sous l‟empire d‟une loi ancienne.
Dans notre cas d‟espèce au moment de la naissance des deux premiers enfants, la loi en
vigueur ne prévoyait aucune sanction, donc baye Mor n‟a pas à s‟inquiéter.

52
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Concernant enfin la question de savoir si une telle loi pourra s‟appliquer à une naissance
postérieure, il faut préciser que selon l‟article 831 alinéa1er du code de la famille : « La loi
nouvelle a effet immédiat au jour de sa mise en vigueur. Elle régit les actes et faits
juridiques postérieurs et les conséquences que la loi tire des actes ou faits qui ont
précédé sa mise en application. » En d‟autres termes, la loi nouvelle s‟applique
immédiatement à toutes les situations extra contractuelles en cours à partir de son entrée en
vigueur.
Dans notre cas d‟espèce, la loi nouvelle prévoit désormais que toute naissance doit être
déclarée à l‟état civil. Il s‟agit donc d‟une situation extra contractuelle qui en traine
l‟application immédiate de la nouvelle loi à la situation en cours à partir de son entrée en
vigueur.
En conclusion nous pouvons préciser qu‟à partir de l‟entrée en vigueur de la nouvelle loi,
Baye doit aller déclarer tous ses enfants à l‟état civil.

53
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

COURS DE RENFORCEMENT BADJI ET LO

REVISION DROIT CIVIL 2011-2012 (FSJP)

Application de la loi dans le temps

Cas n° 1

Le 10 Décembre 2011, le SieurBeuriFitna prête à un de ses clients Niémé Bor, la somme


de sept cents mille (700 000) francs payable en douze (12) mensualités, avec un taux d‟intérêt
de 13%. Le 20 janvier 2012, une loi votée par l‟Assemblée Nationale dispose : « qu‟en
matière de prêt d‟argent, le taux d‟intérêt ne peut dépasser 8%, à peine de nullité absolue du
contrat ». La même loi ajoute que « pour tout prêt dont le montant dépasse cinq cents mille
(500 000) francs, un acte authentique doit être dressé. Le SieurBeurifitna vient vous voir
pour savoir si le contrat qui le lie à Niémé Bor et qui a fait l‟objet d‟un acte sous seing privé
est valable. Et à quel taux de remboursement doit-il être fait après l‟entrée en vigueur de la
nouvelle loi ?

Cas n° 2

Abdou est employé dans un grand restaurant qui s‟appelle Mossalma. Cela fait plus de 10
ans qu‟il travail. Il s‟est marié il ya deux ans avec une très belle fille et va bientôt découvrir
les joies de la paternité. Un de ses meilleurs amis Ousmane lui fait part d‟une nouvelle loi
entrée en vigueur et qui consacre désormais un congé parental à la naissance de son
enfant. Or son employeur ne veut rien savoir prétextant que son contrat de travail a été signé
voila plus de 10 ans, bien avant l‟entrée en vigueur de la nouvelle loi instituant ce congé.
Qu’en pensez-vous ? Motivez votre réponse.

Cas n° 3

Ndèye Boury s‟est mariée avec Touki, un modou modou qui est parti en France depuis plus
de dix ans. Entre temps, Ndèye Boury est tombée enceinte d‟un autre homme. Ne voulant
pas que son mari découvre sa grossesse, elle décide de recourir à l‟avortement clandestin. Au
moment de l‟avortement la loi qui était en vigueur prévoyait une peine maximale de 10 ans.
Alors qu‟elle est en détention provisoire, une loi nouvelle qui décriminalise l‟avortement est
adoptée par le législateur sénégalais. Quel sera le sort de Ndèye Boury ?

Cas n° 4

Massata a loué un appartement à usage d‟habitation chez Keur Gui pour une durée de quatre
(4) ans renouvelables avec un loyer mensuel d‟un montant de 60 000francs. Au bout de huit
(8) mois d‟occupation, une loi nouvelle intervient pour fixer désormais les taux des loyers à
40 000 francs pour lutter contre le taux prohibitif appliqué par les bailleurs. Massata
interpelle son bailleur Keur Gui pour pouvoir profiter de cette baisse. Le bailleur refuse de se
conformer à la nouvelle loi en soutenant que cette loi n‟est pas applicable à leur contrat.

Tranchez ce différend.

54
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

La distinction entre meubles et immeubles

La distinction entre meubles et immeubles reposait en droit romain sur un critère matériel, la
possibilité de déplacer ou pas une chose. Sous l‟Ancien droit, il est apparu nécessaire de
distinguer les choses selon leur valeur, c‟est-à-dire de distinguer différentes valeurs de
propriété des choses. Or cette nouvelle distinction correspondait à la césure meuble-
immeuble. La propriété des meubles n‟avait que peu de valeur au regard des propriétés
terriennes : res mobilis, res vilis.
Aussi la distinction meubles-immeubles a-t-elle désormais reposé sur un double critère
physique et économique. La prise en compte de ce dernier critère explique que la distinction
meuble-immeuble ait été appliquée non seulement aux choses corporelles mais aussi aux
choses incorporelles et même aux droits sur les choses, c‟est-à-dire aux biens. En fonction de
leur valeur, les choses incorporelles ont été rattachées à l‟une ou l‟autre des catégories : ainsi
les offices considérés comme des immeubles sous l‟Ancien Régime ont été par la suite
qualifiés de meubles.
La distinction, reprise par le Code civil et toujours importante dans notre droit, présente de
multiples intérêts.

Certains tiennent à la nature physique de la chose.


Exemple : Les aliénations immobilières sont soumises à publicité, pas les aliénations
mobilières.
De même, si la juridiction compétente est en principe celle du lieu où demeure le défendeur
(art. 42 NCPC), « en matière réelle immobilière, la juridiction du lieu où est situé l’immeuble
est seulecompétente » (art. 44 NCPC). La fixité des immeubles par rapport aux meubles
explique que le débiteur qui consent une hypothèque sur un immeuble en conserve la
possession alors que le débiteur qui consent un gage sur un meuble en est souvent dépossédé
au profit du créancier
L‟intérêt le plus important concerne les effets attachés à la possession. Par exemple, en cas de
possession de bonne foi, le possesseur d‟un meuble en acquiert immédiatement la propriété
(art. 2279 C. civ. Et 262 COCC), alors qu‟il faut un délai de dix ou vingt ans en matière
immobilière (art. 2265 C. civ.).
D‟autres intérêts attachés à cette distinction reposent sur une prétendue différence de valeur
entre la propriété des meubles et des immeubles, qui s‟est estompée depuis le Code civil. Ils
apparaissent parfois anachroniques.
On peut citer en exemple les règles relatives à la lésion. La vente d‟immeuble est rescindable
pour cause de lésion de plus des sept-douzièmes subie par le vendeur (art. 1674 C. civ.), alors
que la vente de meuble ne l‟est pas en principe.
De même, sur le plan fiscal, en principe, le transfert de propriété des immeubles est taxé, pas
celui des meubles.

1. Les meubles

On peut distinguer plusieurs catégories de meubles :


• les meubles par nature,
• les meubles par anticipation
• et les meubles par détermination de la loi.

55
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

• Meubles par nature

« Sont meubles par leur nature, les animaux et les corps qui peuvent se transporter d’un
lieu à l’autre, soit qu’ils se meuvent par eux-mêmes, comme les animaux, soit qu’ils ne
puissent changer de place que par l’effet d’une force étrangère, comme les choses
inanimées » (art. 528 C. civ.).
Exemple : On peut citer à titre d‟exemples : voitures, meubles meublants, navires, livres,
billets de banque…

• Meubles par anticipation

Les meubles par anticipation sont des immeubles par nature considérés comme des
meublesparce qu‟ils sont appelés à le devenir bientôt. La raison d‟être de la catégorie des
meubles paranticipation est surtout fiscale, les mutations immobilières étant lourdement
taxées.

Exemple : Tel est par exemple le cas d‟une récolte sur pied, normalement immeuble par
naturepuisqu‟elle est rattachée au sol, mais qui est meuble par anticipation car elle a vocation
à êtrecoupée et donc à devenir meuble.

• Meubles par détermination de la loi

Cette catégorie regroupe d‟abord les choses incorporelles : clientèle commerciale, œuvre
artistique, office ministériel ou action de société (art. 529 C. civ.). D‟une manière beaucoup
plusdiscutable, le législateur a parfois confondu les droits et les choses sur lesquels portent ces
droits.
Les droits réels ou personnels portant sur un meuble, les actions en justice relatives à un
meublesont ainsi considérés par la loi comme des meubles.

2. Les immeubles
La catégorie des immeubles se subdivise en immeubles par nature, immeubles par destination
etimmeubles par l‟objet auquel ils s‟appliquent.

• Immeubles par nature


Les immeubles par nature sont les choses qui ne peuvent ni se déplacer, ni être déplacés.
• Il s‟agit d‟abord du « fonds de terre » (art. 518 C. civ.), c‟est-à-dire du sol (surface etsous-
sol).
• Il s‟agit également de ce qui est fixé au sol. Le Code civil évoque les « bâtiments » (art. 518
C. civ.) ou « les moulins à vent ou eau, fixés sur piliers et faisant partie du bâtiment » (art.
519C. civ.), mais plus largement, toute construction fixée dans le sol et tout ce qui s‟intègre
danscette construction sont des immeubles : bâtiment, serre, poteau électrique… mais il
fautimpérativement un ancrage dans le sol.
• Il s‟agit enfin des végétaux : « les récoltes pendantes par les racines, et les fruits des
arbresnon encore recueillis, sont pareillement immeubles » (art. 520, al. 1er, C. civ.). Il n‟en

56
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

vaautrement que pour les végétaux détachés du sol : les fruits détachés ne sont par
exempleplus des immeubles.

• Immeubles par destination

Les immeubles par destination sont des choses qui seraient normalement meubles par
naturemais qui sont considérées comme immeubles parce que leur propriétaire les a
rattachéesmatériellement ou économiquement à un immeuble qui lui appartient.
L‟intérêt de cette catégorie intervient principalement en cas de vente : lorsque la vente
d‟unimmeuble par nature intervient sans autre précision, la vente porte également sur les
immeublespar destination

Trois conditions sont donc exigées pour la qualification d’immeuble par destination :

Première condition, l‟immeuble par destination et l‟immeuble auquel il est rattaché


doiventappartenir au même propriétaire.

Deuxième condition, il faut également que le propriétaire accomplisse un acte d‟affectation


del‟immeuble par destination à l‟immeuble auquel il est rattaché, la volonté du propriétaire
jouantainsi un rôle non négligeable dans la qualification d‟immeuble par destination. Le
propriétaire peutainsi faire cesser l‟immobilisation en aliénant séparément les deux biens ou
en faisant cesser leurrattachement. A l‟inverse, il ne peut être mis fin à l‟immobilisation sans
sa volonté.

Enfin, troisième condition, il faut que cet acte d‟affectation puisse découler d‟un
rattachementéconomique ou matériel de l‟immeuble par destination à l‟immeuble par nature.
Sont économiquement rattachés à un fonds les animaux et les objets que « le propriétaire
d’unfonds y a placés pour le service et l’exploitation de ce fonds » (art. 524 C. civ.).
Jurisprudence :
La jurisprudence a renforcé cette condition, exigeant que le bien soit indispensable à
l‟exploitationdu fonds (par exemple la Cour de cassation a considéré qu‟un stock de cognac
ne constitue pasun immeuble par destination car il n‟est pas indispensable à l‟exploitation du
domaine agricoledans lequel il est produit : Civ., 1, 1er déc. 1975).

L‟article 524 du Code civil donne une liste d‟exemples pris dans le domaine agricole, qui
nemanque pas de poésie pour un lecteur d‟aujourd‟hui : animaux attachés à la culture,
ustensilesaratoires, semences données aux fermiers, pigeons des colombiers, lapins de
garenne, ruches àmiel… Cette liste n‟est pas limitative et peut être actualisée (tracteurs,
machines…). Les
immeubles par destination peuvent aussi servir à une exploitation industrielle (cf. art. 524 C.
civ. : «les ustensiles nécessaires à l’exploitation des forges, papeteries et autres usines » ;
aujourd‟huicamions ou matériel de production), voire commerciale ou civile (comptoir d‟un
magasin ou fauteuildu dentiste…)..
Sont également immeubles par destination les meubles matériellement rattachés à un
immeuble, «les effets mobiliers que le propriétaire a attachés au fonds à perpétuelle demeure
» (art. 524 C.civ.). L‟article 525 du Code civil explicite cette dernière expression : « Le
propriétaire est censéavoir attaché à son fonds des effets mobiliers à perpétuelle demeure,
quand il y sont scellés enplâtre ou à chaux ou à ciment, ou lorsqu’ils ne peuvent être détachés

57
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

sans être fracturés etdétériorés, ou sans briser ou détériorer la partie du fonds à laquelle ils
sont attachés », donnantplusieurs exemples.
Les glaces d‟un appartement, les tableaux ou les autres ornements sont censés être mis
àperpétuelle demeure lorsque le parquet sur lequel ils sont attachés « fait corps avec la
boiserie».
« Quant aux statues, elles sont immeubles lorsqu’elles sont placées dans une niche
pratiquéeexprès pour les recevoir, encore qu’elles puissent être enlevées sans fracture ou
détérioration. ».
Le rattachement matériel à un immeuble découle donc d‟une adhérence matérielle qui ne
pourraitcesser sans détérioration de cet immeuble ou du bien qui y est rattaché.

Exemple : Par exemple, des boiseries simplement posées sur le sol qui peuvent être
arrachéessans dommage pour elles mêmes ou pour l‟immeuble ne sont pas des immeubles par
destination.

• Immeubles par l‟objet auquel ils s‟appliquent (art. 526 C. civ.)


Par une confusion entre le droit et la chose qui en est l‟objet, similaire à celle rencontrée à
proposdes meubles, le législateur a qualifié d‟immeubles les droits portant sur un immeuble :
« l’usufruitdes choses immobilières ; les servitudes ou services fonciers ; les actions qui
tendent àrevendiquer un immeuble » (art. 526 C. civ.).
La doctrine affirme en général que cette liste est imprécise et incomplète. Devraient
êtreconsidérés comme immeubles au titre de l‟article 526 du Code civil, les droits réels
portant sur unimmeuble (exemples : servitude, hypothèque…), les droits personnels relatifs à
un immeuble(exemple : créance de transfert de la propriété d‟un immeuble lorsque celui-ci a
été retardé) ettoutes les actions réelles immobilières, c‟est-à-dire toutes les actions qui
sanctionnent des droitsréels immobiliers (exemple : actions possessoires).

B/. Les droits

1. Les droits réels et droits personnels


a. Les droits réels
Le droit réel est celui qui confère à son titulaire un pouvoir direct et immédiat sur la chose
(exemple : la propriété). Les droits réels se décomposent traditionnellement en droits réels
principaux et droits réels accessoires.
Si la question du caractère limitatif ou non des droits réels divise les auteurs, deux certitudes
s‟imposent toutefois.
Le législateur peut créer de nouveaux droits réels, comme en témoignent deux exemples
postérieurs au Code civil : le bail à construction né de la loi du 16 décembre 1964 par lequel
le preneur s‟engage à édifier des constructions sur le terrain dont il a la jouissance, l‟article L.
251-3 du Code de la construction lui reconnaissant un droit réel, et le bail à réhabilitation né
de la loi du 31 mai 1990 par lequel une personne morale de droit public s‟engage à réaliser
des travaux de réhabilitation sur l‟immeuble qu‟elle loue dans le but de le louer à son tour
pour assurer le logement de certaines personnes, l‟article L. 252-2 du Code de la construction
reconnaissant à cette personne morale un droit réel.
De plus, la limite à la création de nouveaux droits réels est plus pratique que juridique car
l‟imagination ne permet pas de décomposer à l‟infini les pouvoirs sur une chose.
On distingue les droits réels principaux et les droits réels accessoires :

58
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

• Les droits réels principaux


Les droits réels principaux sont le droit de propriété et ses démembrements.
Le droit de propriété est le droit réel par excellence, puisqu‟il confère à son titulaire le
pouvoir de disposer de la chose (abusus), de l‟utiliser (usus) et d‟en percevoir les fruits
(fructus).
Les prérogatives du droit de propriété peuvent être démembrées de différentes manières.
L‟usufruit confère à l‟usufruitier le droit d‟utiliser la chose et d‟en percevoir les fruits,
laissant au nu-propriétaire le droit d‟en disposer. On peut rapprocher de l‟usufruit le droit
d’usage (conférant à son titulaire le droit d‟utiliser une chose et d‟en percevoir les fruits dans
les limites de ses besoins et de ceux de sa famille) et le droit d’habitation (droit reconnu à
une personne d‟utiliser une habitation dans les limites de ses besoins et de ceux de sa famille).
Un autre démembrement du droit de propriété est la servitude, charge imposée à un
immeuble bâti ou non bâti, que l‟on appelle fonds servant, au profit d‟un autre que l‟on
appelle fonds dominant. Par exemple, lorsqu‟un fonds est enclavé, c‟est-à-dire n‟a pas d‟accès
suffisant à une voie publique, il dispose d‟une servitude de passage sur un fonds voisin, à
charge d‟indemniser le propriétaire (art. 682 C. civ.).
On rattache également aux démembrements du droit de propriété l‟emphytéose, bail
immobilier d‟une durée pouvant aller jusqu‟à 99 ans ou le droit de superficie, droit de
propriété portant sur les édifices et les plantations du terrain d‟autrui conféré au superficiaire,
le tréfoncier conservant la propriété du sol et du sous-sol.
• Les droits réels accessoires
Les deux plus importants droits réels accessoires sont l‟hypothèque, qui porte en principe sur
un immeuble, et le gage, qui porte en principe sur un meuble.
Ces droits réels accessoires confèrent à leur titulaire un droit de préférence et un droit de
suite.
Le droit de préférence permet au créancier titulaire d‟un droit réel accessoire d‟être payé
avant les créanciers chirographaires. Le droit de suite lui permet de saisir le bien sur lequel
portait son droit réel en quelque main qu‟il se trouve. Ainsi, un créancier hypothécaire peut se
faire payer en saisissant l‟immeuble hypothéqué entre les mains d‟un tiers acquéreur à qui son
débiteur l‟aurait vendu.

b. Les droits personnels


Le droit personnel (ou obligation) est le lien de droit entre deux personnes, en vertu duquel
l‟une d‟entre elles, le créancier peut exiger de l‟autre, le débiteur, l‟exécution d‟une prestation
de donner, de faire, ou de ne pas faire. Les droits personnels sont en nombre illimité.
Les droits personnels peuvent naître d‟un acte juridique, manifestation de volonté destinée à
produire des effets de droit. La catégorie la plus importante des actes juridiques est le contrat,
accord de volonté destiné à produire des effets de droit. Ainsi, par un contrat de travail,
l‟employeur est débiteur de l‟obligation de payer le salaire dont le salarié est créancier ; le
salarié est débiteur de l‟obligation d‟accomplir un travail, dont l‟employeur est créancier.
Les droits réels peuvent également naître d‟un fait juridique, qui est un événement
indépendant de la volonté d‟où découle des effets de droit : décès, accident…

59
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

3. Appréciation de la distinction
La distinction entre droit réel et droit personnel a fait l‟objet de nombreuses critiques
doctrinales, la plus célèbre ayant été émise à la fin du XIXe siècle par Planiol.
Affirmer qu‟un rapport d‟ordre juridique puisse exister entre une personne et une chose serait
un non sens : tout droit ne peut être qu‟un rapport entre personnes. Le droit réel établirait ainsi
un rapport entre son titulaire, sujet actif, et toutes les autres personnes considérées comme
sujets passifs.
Exemple : Par exemple, le propriétaire a le droit d‟exiger que tout individu respecte sa
propriété. À l‟instar du droit personnel, le droit réel engendrerait une obligation, mais très
spécifique. Il s‟agirait d‟une obligation passive (n‟imposant qu‟une abstention : ne pas
troubler la possession du sujet actif) et universelle (les sujets passifs seraient toutes les
personnes en relation avec le titulaire du droit réel).
Force est de constater que cette analyse personnaliste n‟a pas connu d‟applications pratiques
et a même été rejetée par la doctrine dominante. Les auteurs font en particulier valoir qu‟elle
reposerait sur une confusion entre caractère obligatoire d‟un droit et opposabilité de ce droit.
Un droit personnel crée une obligation, qui permet au créancier de demander à un débiteur
déterminé uneprestation précise. Le droit personnel oblige ainsi le débiteur, mais il est
également opposable auxtiers, en ce sens qu‟ils ne peuvent lui porter atteinte.

Exemple : Par exemple, un tiers qui pousserait une personne à lui vendre un bien au mépris
d‟unepromesse de vente engagerait sa responsabilité. Le droit réel ne crée pas de lien
obligatoire :l‟obligation passive universelle est trop imprécise pour être une véritable
obligation. Mais le droitréel doit simplement, comme le droit personnel, être respecté par les
tiers : il leur est opposable.
D‟autres critiques plus récentes ont débouché sur des propositions de nouvelles
classifications,mais n‟ont pas eu plus de succès.
Remarque :
Mais la principale imperfection de la distinction entre droits réels et droits personnels tient à
sonimpossibilité de prendre en compte ce qu‟on appelle les droits intellectuels, droits dont
l‟objet estimmatériel et procède généralement de l‟activité de l‟esprit. Les frontières de ces
droits sontimprécises, mais on peut citer le droit d‟un auteur sur son œuvre, le droit d‟un
inventeur sur soninvention, le droit d‟un commerçant ou d‟un membre d‟une profession
libérale sur sa clientèle…
Ces droits ne peuvent s‟analyser comme des liens entre deux personnes et ne peuvent donc
êtreconsidérés comme des droits personnels : le droit d‟un auteur sur son œuvre par exemple
nes‟exerce pas par rapport à un sujet passif mais s‟impose à tous.
On pourrait songer à classer les droits intellectuels parmi les droits réels. L‟absence de
débiteur,l‟existence d‟un objet distinct de la personne (œuvre, clientèle, invention) les en
rapproche. On lesdésigne d‟ailleurs souvent sous le terme de propriété : propriété littéraire et
artistique, propriétéindustrielle…
Mais les particularités des droits intellectuels rendent difficile une telle assimilation :
• Tout d‟abord, alors que la propriété est par essence perpétuelle, les droits intellectuels
sontlimités dans le temps : par exemple, le droit d‟un écrivain sur son œuvre est limité à 50
ansaprès son décès.
• D‟une manière plus fondamentale encore, pour reprendre l‟exemple d‟un auteur, le droit
surson œuvre ne se confond pas avec le support dans lequel elle s‟incorpore (livre,
60
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

tableau,sculpture…) : « La propriété incorporelle définie par l’article L. 111-1 est


indépendante de lapropriété de l’objet matériel » (art. L. 111-3 du Code de la propriété
intellectuelle). La notionde droit réel ne permet pas de prendre en compte les prérogatives
attachées au droit morald‟un auteur sur son oeuvre (droit de repentir, droit de publication,
droit au respect…). Lesdroits intellectuels semblent donc former une catégorie de droits
irréductibles à la dualitédroits réels-droits personnels

2. Les droits patrimoniaux et droits extrapatrimoniaux


1. Notion de patrimoine

Définition : Même si le terme de patrimoine a aussi un sens courant, même si la mode est
àinvoquer dans des textes juridiques un patrimoine culturel (cf. Convention du Conseil de
l‟Europedu 3 octobre 1985 pour la sauvegarde du patrimoine architectural de l‟Europe), un
patrimoinecommun de la nation (pour le territoire sénégalais, même s‟il existe désormais un
Code dupatrimoine, le terme de patrimoine n‟en garde pas moins une signification juridique
précise.
Le Code civil n‟a évoqué le patrimoine qu‟indirectement, et la théorie du patrimoine est
l‟œuvre d‟Aubry et Rau qui définissent le patrimoine comme « l’ensemble des biens d’une
personne,envisagé comme formant une universalité de droit » (Cours de droit civil français,
5ème éd., 1917,§ 573). Le patrimoine est donc l‟ensemble des biens et des obligations
formant une universalitédans laquelle actif et passif ne peuvent être dissociés. Cette théorie
repose sur deux idéesessentielles : le patrimoine est une universalité ; le patrimoine est lié à la
personne.

Du patrimoine conçu comme une universalité, on peut déduire deux conséquences :


• Tout d‟abord, l‟unité du patrimoine entraîne corrélation entre l‟actif et le passif. Ainsi
s‟expliqueque l‟ensemble des biens composant le patrimoine d‟une personne constitue le gage
communde ses créanciers. L‟article 2284 du Code civil dispose en ce sens que : « Quiconque
s’estobligé personnellement, est tenu de remplir son engagement sur tous ses biens
mobiliers etimmobiliers, présents et à venir. ».1Cette corrélation explique également que les
successeursd‟une personne recueillent l‟ensemble de l‟actif et du passif de cette personne.
• D‟autre part, le patrimoine forme un tout dont les éléments sont interchangeables grâce
aumécanisme de la subrogation réelle, mécanisme de remplacement d‟un bien par un autre,
lebien nouveau ayant la même nature que le bien ancien.

Exemple : La créance du prix remplace l‟immeuble vendu sans affecter l‟existence du


patrimoine

Le lien étroit entre le patrimoine et la personne peut être schématisé en trois propositions :
• Première proposition, toute personne a un patrimoine. L‟existence d‟un patrimoine
estindépendante de la situation financière de son titulaire : même un individu criblé de dettes
oune possédant aucun bien a un patrimoine. Le patrimoine est ainsi conçu plus comme
uneenveloppe, un contenant d‟éventuels biens ou créances que comme un contenu concret.
• Deuxième proposition, toute personne n’a qu’un patrimoine L‟ensemble de ses
biensforme une masse qui ne peut être divisée, en particulier pour restreindre le droit de
poursuitede ses créanciers.

1
Voir article 200 Cocc

61
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

• Troisième proposition, tout patrimoine est lié à une personne. Une personne ne peut
donccéder entre vifs son patrimoine, ce qui reviendrait à aliéner sa personnalité. On ne peut
parlerde patrimoine de la famille, de l‟indivision, ou du groupe de société qui sont dépourvus
de lapersonnalité morale.

Critiques : Cette théorie produit des conséquences parfois critiquables.


L‟exigence d‟un lien entre patrimoine et personne limite la création de fondations, c‟est-à-
direl‟affectation de certains biens à un but charitable ou culturel : il apparaît impossible de
créer unefondation par testament, faute d‟une personne apte à recevoir les biens au moment
du décès. Lajurisprudence a dû imaginer d‟ingénieuses combinaisons avant que le législateur
n‟intervienne parune loi du 23 juillet 1987, complétée le 4 juillet 1990 admettant la fondation
comme « acte parlequel une ou plusieurs personnes physiques ou morales décident
l’affectation irrévocable debiens, droits ou ressources à la réalisation d’une oeuvre d’intérêt
général » (art. 18, al. 1er).

L’indivisibilité du patrimoine débouche également sur des conséquences critiquables.


Ainsi, les biens et dettes d‟un défunt se confondent avec le patrimoine de son héritier pour
neformer qu‟un tout. Cette confusion peut être préjudiciable à l‟héritier, si la succession se
révèleinsolvable, préjudiciable aux créanciers du défunt si c‟est l‟héritier qui est insolvable.
Pour remédierà ces inconvénients sans méconnaître la règle de l‟unité du patrimoine, le droit
français a dûrecourir à des mécanismes complexes : acceptation à concurrence de l‟actif net,
privilège deséparation des patrimoines.
L‟indivisibilité du patrimoine présente aussi des inconvénients économiques : une personne
peuthésiter à se lancer dans l‟exercice d‟une activité en sachant que ses créanciers
professionnelspourront saisir ses biens personnels. Or, d‟autres pays comme l‟Allemagne,
admettent la théoriedu patrimoine d‟affectation qui évite cet inconvénient. Chaque personne
peut affecter une massede biens à une activité déterminée : les créances liées à l‟exercice de
cette activité ne serontpayées que sur cette masse de biens.
Le droit français a voulu arriver à une solution voisine, tout en ménageant la conception
classiquedu patrimoine.
Ainsi, la loi du 11 juillet 1985 a créé l‟EURL, entreprise unipersonnelle à responsabilité
limitée, laloi du 12 juillet 1999 ayant également autorisé la SASU, société par action
simplifiéeunipersonnelle. Chaque individu pourra isoler son patrimoine personnel et son
patrimoineprofessionnel en créant une EURL, même s‟il faut observer que la cloison entre les
deuxpatrimoines se révèle souvent illusoire, les créanciers professionnels réclamant
l‟engagementpersonnel de leur débiteur en qualité de caution. La loi du 11 juillet 1985, si elle
aconsidérablement perturbé le droit des sociétés permet de sauvegarder la conception
traditionnelledu patrimoine, puisque l‟EURL ainsi créée est dotée de la personnalité morale.
Une loi du 1er août 2003, par dérogation expresse à l‟indivisibilité du patrimoine, a permis à
unepersonne physique exerçant une activité commerciale, artisanale, agricole ou libérale de
déclarerunilatéralement par acte notarié sa résidence principale insaisissable par ses
créanciersprofessionnels postérieurs à la déclaration (art. L 526-1 C. Com.).
Quelles que soient les critiques formulées, la théorie classique du patrimoine, malgré
sesimperfections, fait partie de notre droit positif.

62
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

2. Contenu de la distinction
Définitions : Les droits patrimoniaux ont une valeur pécuniaire qui permet de les inclure dans
le patrimoine d‟un individu, et qui leur confère plusieurs caractéristiques.
Ils sont cessibles (entre vifs), transmissibles (à cause de mort), prescriptibles (ils disparaissent
après l‟écoulement d‟un certain délai), saisissables (par le créancier de leur titulaire). Un droit
réel sur un bien, un droit de créance contre une personne constituent par exemple des droits
patrimoniaux. À l‟inverse, un droit extra-patrimonial n‟a pas de valeur pécuniaire. Sont des
droits extra-patrimoniaux les droits de l‟homme ou libertés publiques (droit de penser
librement, de s‟exprimer librement, d‟aller et venir…), les droits liés à la personne (droit au
respect de la vie privé et ses différentes facettes), les droits liés à la famille (prérogatives de
l‟autorité parentale…). Les droits extra-patrimoniaux ont des caractéristiques inverses des
droits patrimoniaux : ils sont incessibles, intransmissibles, imprescriptibles, insaisissables.
Appréciation : Cette distinction entre droits patrimoniaux et droits extra-patrimoniaux n‟est
pas toujours aussi rigide. On peut d‟abord observer que droits patrimoniaux et extra-
patrimoniaux peuvent parfois coexister dans un même cadre : par exemple le droit d‟un auteur
sur son œuvre comprend à la fois des aspects patrimoniaux (droit de céder l‟édition de son
œuvre) et extra-patrimoniaux (droit moral de faire respecter son œuvre, de ne pas la
divulguer, voire de la détruire).
D‟autres constatations relativisent d'avantage la distinction :
• La patrimonialité d‟un bien est susceptible de degrés, comme en témoignent plusieurs
exemples. Le cas le plus éloquent est peut-être celui des clientèles civiles. En raison des liens
personnels entre le professionnel et ses clients, la jurisprudence s‟est refusée à admettre leur
cession 24 jusqu‟il y a peu. On peut également évoquer la force de travail, à mi-chemin entre
la sphère patrimoniale et la sphère extra-patrimoniale.
• D‟autre part, les droits extra-patrimoniaux ne sont pas toujours dépourvus de conséquences
pécuniaires : par exemple, l‟établissement d‟un lien de filiation pour un enfant produit des
conséquences patrimoniales.
• Enfin, on ne peut que constater une certaine patrimonialisation de la personne : la violation
d‟un droit extra-patrimonial a souvent une compensation pécuniaire, à travers la
responsabilité civile. Par exemple, qu‟il soit porté atteinte au droit à l‟honneur d‟une personne
dans la presse, et elle obtiendra des dommages-intérêts compensant ce préjudice. De plus, la
personne ou certains de ses éléments devient fréquemment l‟objet de conventions : contrats
relatifs à l‟exploitation de l‟image d‟une personne, dons d‟organes en sont autant d‟exemples.

63
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Université Cheihk Anta Diop Année Universitaire 2010-2011


Faculté des Sciences
Licence 1groupe B
(Séance n05)
Thème: Les droits subjectifs
Sous - thème: La classification des droits
Exercice: Résoudre les cas suivants
Cas n° 1:
Pierre a loué des tracteurs pour exploiter le verger qu'il a acquis à titre de propriété à la suite
du décès de son père. Les oranges sont mures alors que les citrons encore verts ont trouvé un
acheteur qui a déjà donné une avance.
Quelle est la nature juridique de ces biens?

Cas n° 2:
Monsieur Bâ dispose d'un hôtel à Salynon loin de Mbour. Dans le grand restaurant on peut
voirencastrés dans le mûr du côté droit de magnifiques tableaux qui attirent beaucoup de
touristes.De l‟aure côté gauche de la salle des statues Bantu sont disposées en figures
géométriques trèsadmirées par les visiteurs. Il dispose aussi d'un tracteur immobilisé à
quelques mètres de l'entrée del'hôtel, sous un grand manguier lui appartenant aussi. Monsieur
Ba est aussi propriétaire de quelqueshectares de terre laissés en jachère où divaguent les
vaches et les moutons des voisins pour qu‟ils lesfertilisent.
Qualifiez juridiquement les biens ci-dessus énumérés

Cas n°3

M. Diouf, un riche d'homme d'affaires doit des sommes importantes à son ami Moussa. Ce
dernier asaisi le Tribunal pour obtenir le règlement de ce qui lui est dû. C'est ainsi que le
Tribunal lui donnal'autorisation de saisir l'ensemble des biens immeubles de M. Diouf. Ce
dernier dispose d'un domaineagricole de 10 hectares où il utilise des animaux, des tracteurs
pour la récolte et un camion pour lalivraison des produits. Son frère lui a aussi installée dans
son domaine.
Il a aussi un luxueux hôtel comprenant un restaurant avec des tables de marbre, un service
ordinaire etun autre en or pour la clientèle de luxe. Dans les chambres d'hôtels, des tableaux y
sont installés (dontles uns sont scellés tandis que les autres sont accrochés au mur) ainsi que
des mobiliers divers. Ildispose enfin, de deux immeubles qu'il a donné en location et dans
lesquels des statuettes de grandevaleur ont été installées par les locataires dans des niches
situées dans les différentes chambres sanscompter une œuvre de science fiction écrite en 2002
et 200 actions acquises lors de la privatisation de la Sonatel.

64
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Proposition de correction
Cas n°1

Pour exploiter son verger, un homme a loué des tracteurs. Les oranges sont murs alors que les
citrons encore verts ont trouvé un acheteur.

Les faits soumis à notre réflexion concernent la classification des droits subjectifs.

Le problème de droit qui se pose est de savoir : quelle est la nature juridique de ces biens ?

En ce qui concerne les tracteurs loués ; il faut préciser que selon l‟article 528 du code civil,
« Sont meubles par leur nature, les animaux et les corps qui peuvent se transporter d‟un lieu à
l‟autre, soit qu‟ils se meuvent par eux-mêmes, comme les animaux, soit qu‟ils ne puissent
changer de place que par l‟effet d‟une force étrangère, comme les choses inanimées ».

Les tracteurs correspondent à cette définition. Nous pouvons en principe affirmer que les
tracteurs sont donc des meubles par nature. Néanmoins, on peut se demander s‟ils ne sont pas
des immeubles par destination. Deux conditions doivent alors être réunies. L‟identité de
propriétaire c'est-à-dire que les tracteurs et verger doivent appartenir à Pierre. Ensuite,
l‟existence d‟un rapport de destination qui peut résulter soit de l‟attache à perpétuelle demeure
(article 525 du code civ.), soit de l‟affectation à l‟exploitation agricole (article 524 du code
civ.).

Dans notre cas d‟espèce, les tracteurs ne remplissent pas la première condition, il n‟appartient
pas à Pierre. En conséquence, les tracteurs les tracteurs peuvent être qualifiés de meubles par
nature.

Concernant les oranges, l‟article 520 du code civil prévoit les récoltes pendantes par les
racines et les fruits des arbres non encore recueillis sont pareillementimmeubles.
En l‟espèce, les oranges ne sont pas encore cueillis, ils sont donc immeubles par nature.

Concernant les citrons verts, il faut mentionner que les meubles par anticipation sont des
immeubles par nature considérés comme des meublesparce qu‟ils sont appelés à le devenir
bientôt .Tel est le cas en l‟espèce des citrons verts, normalement immeuble par nature
puisqu‟elle est rattachée au sol, mais qui est meuble par anticipation car elle a vocation à être
coupée et donc à devenir meuble.

Cas n° 2

Les faits soumis à notre réflexion concernent la classification des biens.

La question de droit qui se pose est de savoir : quelle la nature juridique de ces biens ?

L’hôtel : selon l‟article 518 du code civil :Les fonds de terre et les bâtiments sont immeubles
par leur nature.

65
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

En l‟espèce l‟hôtel étant un bâtiment peut être considéré comme immeuble par nature
conformément à l‟article 518 du code civil.

Grand restaurant :selon l‟article 518 du code civil :Les fonds de terre et les bâtiments sont
immeubles par leur nature.

Le grand restaurant étant un bâtiment peut également être considéré comme immeuble par
nature.

Les tableaux encastrés dans le mur : selon l‟article 525 du code civil sont immeubles par
destination les choses mobilières que le propriétaire a attaché à son fonds à perpétuelle
demeure. L‟attache à perpétuelle demeure découle de la volonté du propriétaire de lier
durablement le bien meuble et le bien immeuble.
L‟article 525, alinéa 4 du code civil, pose une telle présomption concernant lestableaux et
autres ornements lorsque ceux-ci sont scellés en plâtre ou à chaux ou à ciment, ou, lorsqu'ils
ne peuvent être détachés sans être fracturés oudétériorés, ou sans briser ou détériorer la partie
du fonds à laquelle ils sont attachés.
En l‟espèce, les tableaux sont encastrés dans le mur c'est-à-dire qu‟ils sont attachés à
perpétuelle demeure. En conséquence nous pouvons préciser qu‟ils sont immeubles par
destination conformément à l‟article 525 du code civil.

Les statues Bantu : selon l‟article 525 du code civil sont immeubles par destination les
choses mobilières que le propriétaire a attaché à son fonds à perpétuelle demeure. L‟attache à
perpétuelle demeure découle de la volonté du propriétaire de lier durablement le bien meuble
et le bien immeuble.Il en est de même des tableaux et autres ornements.

En l‟espèce les statues bantu constituent des ornements mises à perpétuelle demeure par le
propriétaire.

En conclusion, nous pouvons donc préciser que les statues bantu sont immeubles par
destination.

Le tracteur immobilisé : selonl‟article 528 du code civil sont « Sont meubles par leur nature,
les animaux et les corps qui peuvent se transporter d‟un lieu à l‟autre, soit qu‟ils se meuvent
par eux-mêmes, comme les animaux, soit qu‟ils ne puissent changer de place que par l‟effet
d‟une force étrangère, comme les choses inanimées ».

Le tracteur immobilisé est donc en principe immeuble par destination. Nous pouvons
cependant nous demander si le tracteur est immeuble par destination. Pour cela deux
conditions posées aux articles 524 et 525 du code civil doivent alors être réunies : l‟identité de
propriétaire. L‟existence d‟un rapport de destination qui peut résulter soit l‟affectation du bien
mobilier à l‟exploitation de l‟immeuble, soit de l‟attache à perpétuelle demeure du bien
mobilier au bien immobilier. Le bien mobilier est qualifié d‟immeuble par destination si son
propriétaire l‟a placé au service de son fond, à la condition qu‟il soit objectivement
indispensable à son exploitation.

66
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

En l‟espèce le tracteur est simplement immobilisé et n‟est pas affecté à l‟exploitation d‟un
fonds. En conséquence nous pouvons soutenir qu‟il est meuble par nature conformément à
l‟article 528 du code civil.

Grand manguier : selon l‟article 520 du code civil :les récoltes pendantes par les racines et
les fruits des arbres non encore recueillis sont immeubles par nature.
En l‟espèce, le grand manguier est fait partie des récoltes pendantes. Par conséquent c‟est un
immeuble par nature.

Les hectares de terre :selon l‟article 518, du code civil les fonds de terre et les bâtiments
sont immeubles par leur nature.
En l‟espèce les hectares de terre sont des fonds de terre.
En conclusion : les hectares de terre sont donc des immeubles par nature.

Les vaches et les moutons des voisins : selon l‟article 528 du code civil, « Sont meubles par
leur nature, les animaux et les corps qui peuvent se transporter d‟un lieu à l‟autre, soit qu‟ils
se meuvent par eux-mêmes, comme les animaux, soit qu‟ils ne puissent changer de place que
par l‟effet d‟une force étrangère, comme les choses inanimées ».

En l‟espèce les vaches et les moutons étant des animaux sont des meubles par nature
conformément à l‟article 528 du code civil.

Cas 3

Les faits soumis à notre réflexion concernent la classification des biens.

La question de droit qui se pose est de savoir : quels sont les biens immeubles pouvant
faire l’objet de saisi ?

Les sommes d’argent : selon l‟Article 529, du code civilSont meubles par la détermination
de la loi, les obligations et actions qui ont pour objet des sommes exigibles ou des effets
mobiliers, les actions ou intérêts dans les compagnies de finance, de commerce ou d'industrie,
encore que des immeubles dépendant de ces entreprises appartiennent aux compagnies.
Ces actions ou intérêts sont réputés meubles à l'égard de chaque associé seulement, tant que
dure la société.Sont aussi meubles par la détermination de la loi, les rentes perpétuelles ou
viagères, soit sur l'Etat, soit sur des particuliers.
En l‟espèce les sommes d‟argent étant des sommes exigibles sont donc des meubles par
détermination de la loi conformément à l‟article 529 et ne peuvent donc faire l‟objet de saisi.
Domaine agricole : selon article 517. Les biens sont immeubles, ou par leur nature, ou par
leur destination, ou par l'objet auquel ilss'appliquent.Et l’article 518 prévoit aussi que. Les
fonds de terre et les bâtiments sont immeubles par leur nature
El l‟espèce, le domaine agricole étant un fond de terre est donc immeuble par nature et peut
donc faire l‟objet de saisi.

67
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Les animaux ; aux termes de Article 524. Les animaux et les objets que le propriétaire d'un
fonds y a placés pour le service et l'exploitation de ce fonds sont immeubles par destination.
Ainsi, sont immeubles par destination, quand ils ont été placés par le propriétaire pour le
service et l'exploitation du fonds: Les animaux attachés à la culture; Les ustensiles aratoires;
Les semences données aux fermiers ou colons partiaires.
En l‟espèce, les animaux servant à l‟exploitation du domaine sont donc des immeubles par
destination et peuvent donc faire l‟objet de saisi

Thème : Les droits subjectifs


Sous-thème : La classification des biens
Exercice : Faire les cas pratiques

Cas 1
Amadou et Amina, deux jeunes stars de la chanson sénégalaise ont enfin pu réaliser leurrêve:
s'installer à Sangalkam pour y vivre éloignés de toutes les peines de la capitale. Ils ontacheté
un terrain, bordé de manguiers à la sortie du village. L'immobilier étant hors de prix,ils ont dû
contracter un prêt auprès d‟une banque pour accéder à leur bonheur, leurs droitsd'auteurs ne
suffisant pas pour régler le tout.
Le terrain est alors bien aménagé avec une partie habitation, un jardin muni de gazon et
unesurface cultivable.
Goûtant à cette nouvelle vie, Amadou et Amina ont décidé d'arrêter la chanson et de selancer
dans la culture de haricot. Ils achètent à cet effet tout le matériel nécessaire. Ilsexercent cette
activité sur la surface cultivable. Ils ont fait construire un entrepôt à cet effet.
Malheureusement cette entreprise est un échec et leur haricot ne se vend pas. Il leur resteen
stock dans l‟entrepôt plus de trois mille kilos. Pour subvenir à leurs besoins, ils ont vendules
mangues qui seront cueillies par l‟acheteur lorsqu‟elles seront plus mûres. Comme si celane
suffisait pas, la banque leur réclame le remboursement du prêt. Elle leur rappelle
qu'elledispose d'une hypothèque sur leurs biens immobiliers et que le cas échéant elle pourra
enfaire usage.

Amadou et Amina viennent vous consulter afin de connaître les droits de la banque sur
leurs biens.
Cas 2
Modou est récemment décédé. Il a légué ses biens immobiliers à sa fille cadette Fama qui
toujours été à ses côtés et ses biens mobiliers à son fils Abdou qui vit à la capitale avec sa
petite famille. Etabli à Sébikhotane, Modou avait pour activité professionnelle l‟élevage de
bovins. Il était ainsi propriétaire de plusieurs hectares de terre, cultivés en foin.
Il avait également une ferme avec la partie habitation proprement dite, ainsi qu‟une étable et
un hangar.
Modou occupait son temps libre en faisant du jardinage et de l‟horticulture. A cette fin, il
avait installé, à quelques mètres de la maison, une serre aisément démontable.

68
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

L‟étable est un bâtiment construit à la même époque que la ferme, dans les mêmes matériaux
et avec la même assise. Elle abrite plusieurs bovins, que le chien de la maison aime embêter.
En revanche, le hangar est de construction plus récente. C‟est un bâtiment précaire qui abrite
un tracteur loué et une petite voiture achetée au début de l‟année pour que Fama puisse
conduire Modou à l‟hôpital. Le foin récolté, destiné à l‟alimentation des bovins, y est
également entreposé.
Abdou vient vous consulter et vous demande de quels biens il héritera.

Cas 3
Le 03 juillet 2011, AdamaFall, homme d‟affaire très endetté, vend, à contrecoeur, au sieur
Sidi Dieng une maison, sise à Ngaparou, qu‟il a héritée de son père et qui servait d‟habitation
à ses ascendants depuis plusieurs générations. Auparavant M. Dieng avait procédé à une visite
des locaux, accompagné d‟un notaire et d‟un expert.
Avant la remise des clefs, prévue dans le contrat pour le 01 Janvier 2012 auprès du notaire,
AdamaFall entreprend de déménager et emmène avec lui certains objets de souvenir. C‟est
ainsi qu‟il retire la poterie ornementale placée dans un renfoncement du vestibule. Cette
poterie avait été achetée par l‟arrière grand père de M. Fall. Par ailleurs, M. Fall a enlevé la
tapisserie encastrée dans un mur du salon lors de la construction de la maison, et a pris les
tableaux d‟art qui étaient accrochés sur les murs de l‟espace familial.
Or, pour M. Dieng, ces objets font partie intégrante de la vente. D‟ailleurs, leur existence a
déterminé son acceptation du prix de vente.
Qui est le propriétaire de chacun de ces biens, à l’issue de la vente?

69
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

CAS PRATIQUES
Cas n° 1

Viticulteur à Bignona, M. Gomis est propriétaire d‟une maison entourée de vignes. Dans la
cave, on trouve des cuves et un pressoir posés à même le sol. La salle à manger est garnie
d‟un mobilier de grande valeur.
La sœur de M. Gomis possède quelques veaux. Elle les élève dans un enclos situé dans la
propriété du viticulteur. M. Paye a prêté une importante somme d‟argent à M. Gomis qui lui a
consenti une hypothèque sur ses biens. A l‟échéance, M. Gomis ne peut pas payer sa dette.
M. Paye vient aujourd‟hui vous demander conseil.

Cas n° 2

Au cours d‟un repas donné par son amie TERALE GANE, Alma a prêté la somme de
300 000frcs à son fils Thiakhane qui se disait dans le besoin. En voyant le geste d’Alma,
TERALE GANE s‟est dite émue de la complicité et de la confiance existant entre le père et
le fils. Alma est excédé. Il vient d‟apprendre que pour asseoir son image de diaye
tar,Thiakhane s‟est acheté une voiture de sport avec la somme prêtée. Avec une particulière
mauvaise foi,Thiakhane prétend aujourd'hui que son père ne lui a jamais prêté d‟argent.
Alma est d‟autant plus préoccupé qu‟il n‟avait exigé de son fils aucune reconnaissance écrite
de dette : ayant toujours entretenu de très bons rapports avecThiakhane, jamais Alma
n‟aurait imaginé qu‟il puisse se montrer si malhonnête. Or cette somme lui serait aujourd‟hui
nécessaire pour honorer ses propres dettes. Sa banque lui réclame plusieurs échéances du prêt
qu‟elle lui avait accordé pour financer la construction de sa maison bâtie sur 7 hectares de
terrain. Dans l‟entrée se trouve une statue à l‟effigie d’Alma, réalisée par un célèbre sculpteur
Italien. Celle-ci est fixée au sol par du ciment. Au fond de la propriété est posé à même le sol
un abri de jardin en bois. Afin de garantir le paiement de sa dette, Alma avait consenti à sa
banque une hypothèque sur ses biens immobiliers. La banque menace Alma de saisir les biens
composant l‟assiette de l‟hypothèque. Celui-ci souhaite savoir s‟il peut contraindre son
filsThiakhane à lui rembourser la somme qu‟il lui a prêtée. Il vous demande également quelle
est la nature de chacun de ses biens, afin de déterminer lesquels seraient susceptibles d‟être
saisis par la banque si celle-ci devait mettre sa menace à exécution, étant précisé que
l‟existence de la créance de la banque est établie et non discutée.

70
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

LA PREUVE DES DROITS SUBJECTIFS


Prouver est faire apparaître ou reconnaître quelque chose comme vrai, réel, certain ; la
preuve est donc cequi sert à établir qu'une chose est vraie.
En matière judiciaire, il s'agit de convaincre le juge de la vérité de l'allégation. (Ghestin et
Goubeaux) Elle permet à celui qui se prévaut de l‟affirmation de la faire tenir pour vraie et
d‟en tirer les bénéfices juridiquesqui y sont attachées. Cette matière présente un intérêt
pratique considérable et bien souvent l'issue d'unprocès dépend directement de la preuve
d'un droit. Celui qui perd son procès est bien souvent celui qui n'a pas puapporter la preuve de
l'existence du droit allégué. Finalement, il ne suffit pas d‟être titulaire d‟un droit pourobtenir
satisfaction. Encore faut-il pouvoir en établir l‟existence. Aussi, même si l’existence du droit
et sapreuve sont fondamentalement différents, puisque le droit ne dépend pas, dans son
existence de la preuve quipeut en être rapportée, il n‟en demeure pas moins, qu’en pratique,
ils sont très liés. Quel intérêt y a t-il à êtretitulaire d’un droit, si on ne peut en établir
l’existence et donc en bénéficier ? Dès lors, on affirme, depuisle droit romain que n’avoir
pas de droit et ne pouvoir le prouver sont des situations équivalente pour lapersonne
!Avant de voir comment prouver, il faut auparavant, et c’est l’objet de cette section
préliminaire,déterminer ce sur quoi doit prouver la preuve, en clair quoi prouver.

SECTION PRELIMINAIRE : L’OBJET DE LA PREUVE


- L’objet de la preuve est ce sur quoi doit porter la preuve. Or, la détermination de l‟objet
de la preuve estcommandée par la distinction du fait et du droit. En effet, tous les droits
subjectifs dont une personne esttitulaire ont été acquis à la suite d'un acte ou d'un fait
juridique. Ils constituent la source des droits subjectifs.C'est ce fait ou cet acte juridique
qui doit être prouver par celui qui invoque à son profit un droitsubjectif. Ainsi, par
exemple, une personne qui se prétend créancière d‟une autre au titre de la réparation
dudommage qui lui a été causé à l‟occasion d‟un accident. Elle devra rapporter la preuve de la
réalité de l‟accident,l‟importance du préjudice qu‟elle a ressenti à cette occasion, ces éléments
étant les faits pertinents à prouver.
- Par principe, les parties n’ont pas à prouver l’existence, le contenu ou la portée des
règles juridiquesqu’elles invoquent pour appuyer leur prétention. Il n'est pas nécessaire
pour celui qui invoque un droitsubjectif à son profit de prouver la règle de droit objectif qui
lui reconnaît telle prérogative, tel droitsubjectif. En effet, les parties doivent elles-mêmes
faire la preuve des faits qu'elles allèguent mais elles n'ont pasà faire la preuve de la règle de
droit qui leur reconnaît un droit subjectif. C'est au juge qu'il appartient de vérifierl'existence et
le sens de la règle de droit.
- Par exception, l’existence de certaines règles de droit doit être rapportée par les parties.
Le juge est endroit de les ignorer. Il en est ainsi des usages et coutumes qui doivent, en cas
de contestation, être établis dansleur existence et dans leur teneur par celui qui s‟en prévaut.
On a vu que cette preuve peut être facilitée par ladélivrance de parères délivrées par les
Chambres de commerces qui en attestent l‟existence. La preuve del‟existence et du contenu
des lois étrangères doit également être rapportée par les parties. Là encore, il ne peutêtre
reproché au juge français d‟ignorer toutes les lois étrangères. Le juge va se contenter de
71
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

déclarer la loiétrangère applicable. Il appartiendra aux parties de rapporter le contenu de la loi


applicable.
- En définitive, les parties prouvent les faits et le juge applique la loi qu'il doit connaître.
Les parties n'ontpas à prouver la loi (sauf coutume, usages et loi étrangère : les parties doivent
apporter la preuve de leurexistence et de leur contenu). C'est le sens de l'article 9 du nouveau
Code de procédure civile français : "Il incombe àchaque partie de prouver conformément
à la loi les faits nécessaires au succès de sa prétention". Quand aurôle du juge, il est précisé
à l'article 12, alinéa 1 du nouveau Code de procédure civile français : "Le juge tranche le
litige conformément aux règles de droitqui lui sont applicables." Très souvent, les parties
indiquent au juge la norme juridique qu'elles estimentapplicables, mais il s'agit là d'une simple
suggestion, d'un simple avis, car la loi reconnaît au juge le pouvoir de"donner ou restituer leur
exacte qualification aux faits et actes litigieux sans s'arrêter à la dénomination que lesparties
en auraient proposée. (art. 12 alinéa 2)" Aux parties, le fait ; au juge, le droit ».
- Les parties doivent prouver les faits qu'elles allèguent. Il faut noter que notre procédure
civile est organiséeselon un modèle contradictoire. Le juge est, en principe, neutre au
procès civil. Il se borne à trancher àtrancher deux prétentions opposées.
- La preuve des droits subjectifs soulèvent deux questions : qui doit prouver ? C'est le
problème de la charge dela preuve (Section 1). Comment prouver ? C'est le problème des
procédés de preuve déterminés par la loi, c'est -à-dire la manière dont doit se faire la preuve
(Section 2).

SECTION I : LA DETERMINATION DE LA CHARGE DE LA PREUVE


- Il est capital de savoir lequel des deux adversaires au procès a la charge de la preuve, au
moins lorsque rienne peut être établi ni par l'un, ni par l'autre. Dans ce cas, celui sur qui
pesait la charge de la preuve perdra sonprocès. C'est sur lui que pèse le risque de la
preuve. La Cour de cassation française a eu l'occasion de le rappeler :"l'incertitude et le
doute subsistant à la suite de la production d'une preuve doivent nécessairement
êtreretenus au détriment de celui qui avait la charge de cette preuve" (Soc. 31 janv.
1962, Bull. IV n°105).
- C'est à propos des obligations, dans les articles 9 à 38 que le Code des obligations civiles
et commerciales expose l'essentiel des règles defond concernant la preuve. La solution n'est
pas satisfaisante car la généralisation des solutions posent parfois des difficultés. L'article 9 du
Code des obligations civiles et commerciales donne la solution de principe en matière de
charge de la preuve (§1)mais la loi apporte des exceptions à ce principe en posant des
présomptions légales (§2).

§ 1 : LE PRINCIPE

- L'article 9 duCode des obligations civiles et commerciales (cocc), pourtant relatif à la


preuve des obligations, est considéré comme ayant une portéegénérale. Il pose, dans deux
alinéas, les règles qui permettent de déterminer qui supporte la charge de la preuve :
" Celui qui réclame l'exécution d'une obligation doit en prouver l'existence.
Celui qui se prétend libéré doit prouver que l'obligation est inexistante ou éteinte. ".

72
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

- Suivant l’article 9 COCC, il convient de distinguer celui qui réclame et celui qui se prétend
libéré : L‟alinéa 1er dispose : «Celui qui réclame l'exécution d'une obligation doit en
prouver l'existence». Interprétée enterme généraux, cette règle est la traduction de l'adage :
"Actori incumbit probatio ; reus in excipiendio fit actor" Ce qui signifie : "au demandeur
incombe la charge de la preuve ". On peut donc ériger en principegénéral, "La preuve
incombe à celui qui avance la réalité d'un fait" (Mazeaud et Chabas). Généralement, la
placedu « demandeur à la preuve » coïncide avec celle de demandeur à l„instance : c‟est celui
qui saisit le juge et quiforme la première prétention et la première affirmation, qui doit agir
sur le terrain de la preuve.
L’alinéa 2 ajoute : «Celui qui se prétend libéré doit prouver que l'obligation est
inexistante ou éteinte». Là encore, en généralisant, il apparaît que celui qui seprétend libéré a
pour charge d‟en rapporter la preuve. Or, il est rare qu‟une personne saisisse la Justice pour
qu‟ilsoit constaté qu‟elle ne doit plus rien. En fait, le plus souvent, c‟est lorsqu‟elle est
assignée en Justice qu‟elle vaprétendre qu‟elle ne doit rien. Elle a dû quelque chose mais elle
n‟est plus débitrice.
- A travers l’article 9 du cocc se dessine ainsi le dialogue entre les parties qui caractérise
le procèscivil.
- Au cours de ce dialogue, le défendeur peut se contenter de nier les faits allégués par le
demandeur etadopter une attitude purement passive. Ainsi si le demandeur veut engager
la responsabilité pour faute dudéfendeur, il lui appartient d'apporter la preuve d'une faute
imputable au défendeur. Le défendeur peutdemeurer purement passif et l'issue du procès
dépendra du succès du demandeur dans l'administration dela preuve. Mais, le plus
souvent, le défendeur est actif : il invoque un fait grâce auquel il entend paralyserla
demande. Dans notre exemple, le défendeur va tenter de démontrer qu'il n'a pas commis de
faute, qu'il a euune attitude diligente, qu'une autre personne placée dans les mêmes
circonstances aurait agit de la même façon.
- De ce fait, le défendeur qui invoque un fait de nature à faire échouer la requête du
demandeur, se place luiaussi dans la situation d'un demandeur : il lui appartient
d'apporter la preuve du fait qu'il invoque. (Reus in excipiendo fit actor: le défendeur joue
le rôle de demandeur chaque fois qu'il invoque une exception). Ainsi,au cours du procès, la
charge de la preuve peut peser alternativement sur chacune des parties, au fur et
àmesure qu'elles avancent de nouveaux faits qui ont pour effet d’opérer un
renversement de la charge de lapreuve. L'ordre théorique de la production des preuves n'est
donc pas toujours suivi par les parties. Chacune desparties contribue à la recherche de la
vérité et le juge lui-même intervient le plus souvent de façon active. La loia accordé au juge
des pouvoirs d'initiative dans le domaine de la preuve : il peut ordonner des
expertisesdestinées à établir la réalité des faits et donc l'éclairer dans son jugement.
- La règle que nous venons de présenter a un aspect trop théorique. Elle ne rend pas non plus
compte du fait quele demandeur ne doit pas tout prouver. Il est certains faits qui sont d'une
telle évidence, qu'il n'est pasnécessaire d'en apporter la preuve. Ainsi celui qui invoque
une situation normale n'a pas à la prouver.
Celui qui se prévaut du fait qu'à minuit, la visibilité était très réduite, n'a pas à prouver ce fait.
Par compte s'ilveut démontrer qu'en raison d'un éclairage artificiel ou d'un clair de lune, la

73
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

visibilité était excellente, devra leprouver. La charge de la preuve pèse sur celui des deux
adversaires qui veut démontrer un fait contraire àla réalité apparente (Thèse Gény,
repris par Mazeaud et Chabas). De nombreux auteurs soutiennent que celuiqui doit faire la
preuve est celui contre lequel l'apparence existe. Il faudrait donc apprécier, dans chaque
cas,où est la situation normale pour attribuer la charge de la preuve. On peut relever, par
exemple, qu'a priori, toutepersonne jouit d'une pleine capacité juridique et qu'il appartiendra
donc à celui qui entend démontrer l'incapacitédu contractant de la prouver. De même, a priori
toutes les situations et tous les actes sont conformes auxprescriptions légales. Il appartiendra à
celui qui se prévaut du contraire de le prouver.
- Cependant, si cette idée de l'apparence explique un certain nombre de solutions, elle ne
suffit pas toujourspour expliquer toutes les situations. Ainsi, que décider si une personne
veut récupérer les deniers qu'elleprétend avoir prêté et que l'autre prétend avoir reçu à titre de
donation. Quelle est l'apparence ? Dans de tellessituations, il faut revenir à la règle selon
laquelle c'est au demandeur, celui qui agit est celui qui a versé l'argent,qu'il appartient
d'apporter la preuve du prêt. Un arrêt de la CA de Paris (D. 2000-776, note Vich-Y-Llado)
arappelé récemment cette solution : « Il appartient à celui qui revendique la chose de
rapporter la preuve del’absence d’un tel don » (donc nécessité de rapporter la preuve du
prêt). Si cette preuve est apportée, il appartientau défendeur, celui qui détient les fonds, de
démontrer que finalement le prêteur avait ultérieurement renoncé àsa créance, en faisant
donation des fonds prêté.

§ 2 : LES PRESOMPTIONS LEGALES


- Très souvent, il est extrêmement difficile de prouver le fait même qu'on désire établir.
On peut néanmoinsrelever un certain nombre de circonstances qui rendent très probables
l'existence du fait qu‟on n‟arrive pas à établir.Pour venir en aide au demandeur, il existe un
certain nombre de présomptions. Une présomption, c'est déduired'un fait connu l'existence
d'un fait inconnu. Il y a, selon l'expression de Bartin, " déplacement de la preuve".On
n'exige plus de demandeur la preuve du fait précis sur lesquels il fonde ses droits, mais un
fait voisin, plusfacile à prouver, duquel on va en déduire l'existence du fait inconnu.
"Lesprésomptions sont des conséquences que la loi ou le magistrat tire d'un fait connu à
un fait inconnu". Lesconséquences déduites par la loi sont de présomptions légales. Les
conséquences déduites par le magistrat sontdes présomptions de l'homme.
Lesprésomptions de l'homme sont des procédés de preuve. On les envisageraplus loin. En
revanche, les présomptions légales sont analysées comme des dispenses de preuve. Le plus
souvent,il suffira d'établir un fait plus facile à prouver et la loi en déduira l'existence du fait
inconnu. Il y a alors unrenversement de la charge de la preuve. Ces présomptions s'imposent
au juge : il doit obligatoirement appliquerla déduction prévue par la loi. Les présomptions
sont simples ou irréfragables.

I. - LES PRESOMPTIONS LEGALES SIMPLES


- La présomption simple, dite également présomption relative est celle qui souffre de
preuve contraire. Ils'agit donc d'une conséquence que la loi tire d'un fait connu mais qui peut
être renversée par la preuve contraire.Il est donc possible de démontrer que la conséquence

74
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

que la loi tirait du fait connu n'existe pas en l'espèce. Onpeut apporter la preuve contraire. Il
faut noter qu'en principe, c'est-à-dire à défaut de disposition contraire,les présomptions
légales sont simples.
- La loi a édicté un certain nombre de présomptions simples qui se caractérisent par la
vraisemblance de laconséquence déduite. Ainsi, la loi présume que la personne qui a
l'apparence d'être titulaire de certainsdroits, en est véritablement titulaire. En effet, la
possession d'un bien fait présumer la propriété ou n'importequel droit réel. De même, celui
qui a la possession d'état d'enfant légitime est présumé être un enfant légitime.
- Le juge est souverain dans l'appréciation de cette preuve contraire.
- Les règles relatives aux présomptions simples constituent des règles de preuve. A ce titre,
elles s'appliqueraientimmédiatement au procès en cours.

II. - LES PRESOMPTIONS LEGALES IRREFRAGABLES


- Les présomptions dites irréfragables ou absolues sont des présomptions légales contre
lesquelles la preuve contraire n'est pas possible. Il n'est pas permis de démontrer
l'inexistence de la conséquence déduitepar le législateur du fait connu. Le juge ne dispose
d'aucun pouvoir d'appréciation. Le bénéficiaire d'uneprésomption irréfragable est donc
dispensé de faire la preuve de la circonstance dont il se prévaut pour bénéficierd'un droit.
L'article 10 alinéa 1er du COCC énonce cette caractéristique : "Celui qui établit les actes ou
faits auxquels la loi a attaché une présomption bénéficie pour le surplus d'une dispense
de preuve. ". Son adversaire ne peut pas démontrerl'inexistence de cette circonstance. C‟est
ce que prévoit l‟article 11alinea 2 du COCC qui précise que la preuve contraire est
: « Interdite dans les cas expressément prévus par la loi, la preuve contraire peut
également être limitée dans son objet ou dans les moyens de preuve laissés à la
disposition des parties. »
- Les présomptions irréfragables sont des règles de fond qui modifient la situation
juridique d'une personne : elles ne s'appliqueraient qu'aux faits futurs. Les présomptions
irréfragables sont énuméréeslimitativement par la loi. Une disposition expresse est
nécessaire.
- Le législateur, en vertu de présomptions irréfragables, dénie certaines actions en
justice. La loi va alorsaccorder au défendeur une exception qui va lui permettre d'écarter
l'action de son adversaire. Ainsi, l'article 211 COCC présume que le paiement a été effectué
lorsque le créancier a remis le titre de créance au débiteur. Une autre présomption
irréfragable, d'une grande importance pratique, est prévue par l'article 1351 du Code civil.
Cette présomption irréfragable est liée à la décision de justice. Il est nécessaire, en effet,
que ce qui aété définitivement jugé ne puisse être remis en cause. Sans cette présomption, il
n'existerait aucune sécuritéjuridique et il n'y aurait aucune fin au procès. Les nécessités de
l'administration judiciaire impliquent l'existenced'une règle absolue qui consacre l'autorité
absolue des décisions de justice. Il existe donc une présomptionirréfragable d'autorité de
la chose jugée qui tient pour vrai ce qui a été définitivement été jugé. On ne peutdès lors
remettre en cause une décision définitive, même en apportant la preuve contraire, tel l'aveu ou
leserment.

75
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

SECTION 2 : LA DETERMINATION DES PROCEDES DE PREUVE


Pour déterminer les procédés de preuve admis par le droit, il faut au préalable analyser la
nature de la prétentionémise par le demandeur, celui sur qui pèse la charge de la preuve : que
veut-il prouver ? En effet, nous verronsque notre droit n‟admet pas tous les procédés de
preuve (§ 1). Ce point résolu, nous examinerons les différentsprocédés de preuve existants(§
2).

§ 1 : L’ADMISSIBILITE DES PROCEDES DE PREUVE


Domat a pu écrire : "La preuve, c'est tout ce qui persuade l'esprit d'une vérité". Dès lors,
on aurait puconcevoir que le droit admette tous les modes de preuve envisageable quel que
soit la circonstance dont ledemandeur invoque l'existence. Or, dans notre droit, tous les
modes de preuve ne sont pas égalementadmissibles : il existe une certaine hiérarchie
entre eux. Certains s'imposent au juge, d'autres laissent au jugesa liberté d'appréciation. Notre
droit a donc adopté un système mixte en matière de preuve. Dans certaineshypothèses, la
preuve est légale. Cela signifie que le législateur et non le juge apprécie la valeur des
procédés depreuve. Dans d'autres hypothèses, la preuve est libre, c'est-à-dire que le juge
apprécie en conscience si le fait estou non prouvé.
Cette opposition se traduit par deux systèmes de procédés de preuve. Le système de la
preuve légalecorrespond à la preuve des actes juridiques ; tandis que le système de la
preuve libre correspond à lapreuve des faits juridiques.
Pour connaître les procédés de preuve admis par le droit, il faut examiner la nature de la
prétention de celui surqui pèse la charge de la preuve : Veut-il prouver un acte ou un fait
juridique ? Cette distinction entre actes et faitsjuridiques (I) est donc fondamentale pour
déterminer les règles de la preuve. Nous verrons, en effet, que les actesjuridiques (II) ne se
prouvent pas comme les faits juridiques (III).

I. - LA DISTINCTION DES ACTES ET DES FAITS JURIDIQUES


Elle repose sur une distinction sur les circonstances d’après lesquelles une personne se
prétend titulaired’un droit. La classification que nous allons maintenant étudier est fondée
sur la volonté ou l'absence devolonté de ceux qui créent le droit. Toute personne peut en
principe, modifier sa situation juridique. L'acte devolonté par lequel une personne va modifier
sa situation juridique, est un acte juridique (A). Sa situationjuridique peut se modifier en
dehors sa volonté ou même contre sa volonté. Cette modification résulte alors de lasurvenance
d'un fait juridique (B).

A- LES ACTES JURIDIQUES


- L'acte juridique est une manifestation de volonté destinée à modifier une situation
juridique, à produiredes effets de droit. Ces effets de droit sont la création, l'extinction ou
la transmission d'un droit subjectif.
Nous n‟envisagerons ici que les différentes classifications des actes juridiques.

76
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

- Lorsqu'un acte juridique est la manifestation de la volonté d'une seule personne, on


l'appelle acteunilatéral. Une personne peut modifier seule sa situation juridique mais ne
peut, de sa seule volonté modifier lasituation juridique d'un tiers.
L'occupation, l'abandon d'une chose. La personne, par sa seule volonté, devient propriétaire
ou perdson droit de propriété. Le testament est aussi un acte unilatéral. C'est l'acte juridique
en vertu duquel letestateur règle sa succession pour le temps où il ne sera plus, en faisant
échec aux règles de ladévolution légale. Seule la volonté du testateur intervient ; celles des
légataires ne sont pas requises aumoment de la rédaction du testament : ils peuvent d'ailleurs
en ignorer l'existence. Puisqu'il s'agit d'unacte unilatéral, les légataires, visés par le testament,
peuvent refuser le legs. On peut également citer lareconnaissance d'un enfant naturel, qui
est un acte juridique unilatéral de nature extra-patrimonial.
On se pose la question de savoir si un acte juridique unilatéral peut être générateur
d'obligations.Il est bien certain qu'une personne ne peut de sa seule volonté créer une
obligation à la charge d'un tiers.
Mais on peut se demander si une personne peut de sa seule volonté, créer une obligation au
profit d'untiers. C'est l'engagement unilatéral de volonté qui suscite un débat doctrinal. La
jurisprudence admetquelques hypothèses d'engagement unilatéral (offre).
- Lorsque l'acte juridique entraîne la modification juridique de plusieurs personnes,
toutes ces personnesdoivent donner leur accord de volonté. Cet acte juridique, accord de
volonté de plusieurs personnes, estappelé convention. C'est un terme générique. Le contrat
est une espèce particulière de convention. Le contrat,c'est l'acte juridique plurilatéral créateur
d'obligations. Les autres actes juridiques, qui ont pour but de modifierou d'éteindre une
obligation sont des conventions.

B - LES FAITS JURIDIQUES


- Il y a fait juridique lorsque l'événement a crée, transmis ou éteint un droit sans qu'une
personne aitvoulu ce résultat. Le fait juridique peut être un fait naturel, c'est-à-dire
l'œuvre de la nature : un décès, lamaladie, etc. Ce fait naturel va produire des conséquences
juridiques : naissance de prérogatives, extinction dedroits, etc. Le fait juridique peut être le
fait de l'homme, c'est-à-dire l'œuvre de l'homme. Celui qui commetune maladresse et
blesse quelqu'un, a accompli un fait juridique. Il n'a pas voulu cet événement et
lesconséquences juridiques. Même si l'événement est intentionnel (ex. meurtre ou assassinat),
il s'agit toujours d'unfait juridique parce que son auteur n'a pas voulu les conséquences
juridiques (obligation d'indemniser,sanctions pénales). Et quand bien même les aurait-il
voulu, ce n'est sa volonté qui est la source de sesconséquences juridiques mais bien la loi qui
est la seule source du droit subjectif dont va être titulaire lavictime de ce fait juridique.-
Cette classification des actes et faits juridiques a une importance capitale, surtout dans le
domaine de la preuve, car la qualification de l'événement détermine directement le régime
de la preuve.

77
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

II. - LA PREUVE DES ACTES JURIDIQUES


- Il convient ici de distinguer la preuve de l'existence d'un acte juridique (A) et la preuve
contre l'écrit quiconstate un acte juridique (B).
A - PREUVE DE L'EXISTENCE D'UN ACTE JURIDIQUE
- Rappelons qu'un acte juridique est une manifestation de volonté ayant pour but de la
création, lamodification ou l'extinction d'un droit. Il s'agit d'un acte réfléchi, pensé. Dès
lors, au moment de sa naissance,il est tout à fait possible de consigner cet acte juridique par
écrit afin d'en conserver la preuve. Il est tout à fait possible de préconstituer un écrit, de se
ménager une preuve. Cette circonstance explique la sévérité dulégislateur qui interdit la
preuve des actes juridiques par un mode de preuve imparfait, considérés commedangereux.
Dès lors, la règle est que les actes juridiques se prouvent par une preuve parfaite. C'est le sens
del'article 14 du COCC.
- Il convient de rappeler qu'il ne s'agit que d'une règle de preuve. Cela ne concerne pas la
validité des actesjuridiques qui n'est soumise à aucune condition de forme, donc pas à la
rédaction d'un écrit. Cela ne concernepas non plus l'interprétation de l'acte juridique. Si celui-
ci est obscur, le juge peut avoir recours, par exemple, autémoignage pour déterminer ce que
les parties ont réellement convenu. Aussi paradoxalement, l'écrit n'est pasune condition de
validité de l'acte juridique mais une nécessité quant à sa preuve. On dit que l'écrit n'est
exigé que ad probationemet non ad solemnitatem. Il faut noter une expression qui peut parfois
prêter àconfusion : le terme "acte". En effet, on peut remarquer qu'il est employé dans l'article
14 du COCC mais dans le sens"d'écrit". Il faut prendre garde à ne pas confondre le terme
"acte" dans le sens de l'acte juridique, manifestation de volonté, le négotium avec le terme
"acte" dans le sens de l'écrit, l'instrumentum.
- Il faut noter que cette règle ne concerne pas les tiers. S'il s'agit pour eux de prouver une
convention àlaquelle ils sont étrangers, ils peuvent utiliser tous modes de preuve. La
convention constitue pour eux un faitjuridique, pouvant se prouver par tous moyens.
- Cette règle selon laquelle les actes juridiques ne se prouvent que par une preuve parfaite
souffre d'un certainnombre d'exceptions qui sont au nombre de 5. Si l'une des ces
exceptions trouve application, le demandeurpourra prouver l'acte juridique en ayant recours à
une preuve imparfaite, plus facile à administrer.
- Première exception : Le principe de la preuve parfaite pour un acte juridique est
écarté lorsqu'il s'agitde prouver un acte dont le montant est inférieur ou égal à 20.000F.
Lorsque l'acte juridique concerne des affaires de moindre importance, l'usage n'est pas de
constater cet acte parécrit. Cette formalité constituerait un important obstacle aux échanges
économiques s'il fallait constater tous lesaccords par écrit. Les actes juridiques portant sur une
somme inférieure ou égale à 20.000 F. se prouvent partous moyens. Si l'objet du litige est une
prestation indéterminée en valeur, la preuve par écrit est toujours requise.
Il peut se poser des problèmes d‟évaluation de l‟objet en cause, notamment lorsqu‟il ne s‟agit
pas directementd‟une somme d‟argent, mais d‟une chose dont il faut apprécier la valeur. Dans
ce cas, il appartient alors audemandeur de l‟évaluer.
- Deuxième exception : L'article 16 du COCC prévoit une exception à la règle de la
preuve parfaitede l'acte juridique lorsqu'il existe un commencement de preuve par écrit.

78
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Les rédacteurs du COCC endonnent une définition à l'alinéa 2 : "On appelle


commencement de preuve par écrit tout écrit qui rend vraisemblable le fait allégué et
qui émane de celui auquel on l'oppose, de son auteur ou de son représentant.". Ce texte
exige laréunion de 3 éléments.
- Un écrit : Il ne s'agit bien sur pas d'un écrit constatant l'accord de volonté puisque sinon, il
suffit àprouver l'acte juridique. Il s'agit d'un commencement de preuve. N'importe quel écrit
peut être considéré commeun commencement de preuve par écrit : il peut s'agir de lettres
missives, de papiers domestiques, de livres decomptes, d'un projet d'acte, d'un chèque, etc....
Tout écrit, même s'il n'avait pas été utilisé à titre de preuve. Onpeut aussi inclure dans cette
catégorie l'écrit qui avait pour but de constater l'acte juridique mais dont le vice deforme
l'empêche d'être pleinement probant. Cet acte inefficace à titre de preuve parfaite peut
néanmoinsconstituer une preuve imparfaite. La jurisprudence a entendu cette notion de
commencement de preuve par écritde façon de plus en plus extensive. Elle a, par exemple,
considéré que les paroles prononcées par le défendeur aucours d'une comparution personnelle
et consignée par le greffier, pouvaient s'analyser comme un commencementde preuve par
écrit. Cette solution jurisprudentielle a été consacrée par le législateur Sénégalais et figure à
l'alinéa 3 de l'article 16 du COCC qui prévoit même que « Sont assimilées au
commencement de preuve par écrit les déclarations faites au cours d'une comparution
personnelle ordonnée par le juge. » preuve par écrit. On peut d'ailleurs noter une certaine
contradiction entre l'alinéa 1er et l'alinéa 3 puisque lepremier que le commencement par écrit
"existe" alors que l'alinéa 3 implique une naissance de l'écrit au momentdu procès (Mazeaud
et Chabas). Certains juges ont même retenu comme étant un écrit, constituant
uncommencement de preuve, l'enregistrement de paroles sur un magnétophone.
- L'écrit doit émaner de celui contre lequel le demande est formée (et non de celui qui
s’enprévaut), ou de celui qui le représente. La jurisprudence admet aussi que l'écrit émane
de celui a été mandaté.Mais elle a refusé de considéré l'écrit émanant de l'avocat de celui
contre lequel on veut prouver l'acte juridique.Cette condition est très importante, car si on
admettait comme commencement de preuve l'écrit émanant d'untiers, cela reviendrait à
admettre le témoignage pour prouver un écrit.
- Un écrit rendant vraisemblable le fait allégué : Il faut donc que cet écrit soit pertinent,
qu'il rendevraisemblable l'existence de l'acte juridique. Ainsi, on peut imaginer une lettre
missive par laquelle l'emprunteursollicite des délais pour le remboursement ou remercier le
prêteur, etc...
Il faut, en dernier lieu, que cet écrit ne prouve pas : il constitue seulement un commencement
de preuve. La Cour de cassation francaise interdit au juge de se contenter de ce seul élément.
Le commencement de preuve par écrit rendadmissibles les procédés imparfaits de preuve, tel
le témoignage. Le commencement de preuve doit donc êtrecomplété par d'autres éléments. Il
ne suffit pas à lui seul.
- Troisième exception : les copies. La loi reconnaît un certain effet probatoireaux copies à
certaines conditions :
- Il faut en premier lieu qu'une partie ou le dépositaire n'ait pas conservé l'original.
L'original doitavoir disparu et cette disparition doit être prouvée.

79
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

- En second lieu, il faut que la copie soit fidèle et durable. l'article 28 du COCC tente de
définir ces caractéristiques : "La copie, photocopie ou toute autre reproduction d'actes
authentiques, ou d'actes sous seings privés a la même force probante que l'acte lui-même
lorsqu'elle est certifiée conforme par un officier public ou, dans les limites de leurs
attributions, par le conservateur de la propriété foncière et le receveur de
l'enregistrement".(Loi du 6 juillet 1989).
La copie, photocopie ou toute autre reproduction d'actes sous-seings privés a également
la même force probante que l'acte lui-même, lorsqu'elle est certifiée conforme par un
officier depolice judiciaire.,". Il s‟agit de s‟assurer que la copie n‟est pas susceptible
defalsification. La loi a pensé, en premier lieu, au microfilm. Mais la photocopie en est un
autre exemple, on peutaussi songer au carbone ou au fax (mais problème la télécopie peut être
manipulée dans la date qu'elle affiche).
En l'état actuel de la science, rien ne permet d'affirmer qu'une copie est l'exacte réplique de
l'original, sauf si lacopie est certifiée conforme à l'original. Et même dans ce cas, quelle est la
valeur de la conformité : elle est celled'un témoignage.
Si la loi du 6 juillet 1989 a accordé une certaine valeur probatoire aux copies, encore faut-
il savoir laquelle.
Certains auraient voulu que la copie vaille l'original, quand bien même celui-ci ne pourrait
être produit. Lelégislateur n'a pas voulu aller aussi loin. Il s'est contenté d'affirmer que la
copie fidèle et durable, sans valoirl'original, rendait recevable, dans un système de
preuve légale, la présomption ou le témoignage. Or, c'étaits'arrêter en chemin. En effet, en
vertu de l'art. 16 du COCC (commencement de preuve par écrit), la Cour de cassation adonné
un effet identique à toutes les sortes de copies, que la copie soit fidèle et durable ou non. En
effet, laCour de cassation française admet, en cas de commencement de preuve par
écrit, la recevabilité de la preuvecomplémentaire par témoignages ou présomptions. Par
un arrêt du 14 fév. 1995 (J.C.P. 1995-II-22402, noteChartier), elle a décidé qu‟une photocopie
constitue un commencement de preuve par écrit. Une valorisation dela copie fidèle et durable,
pour le rendre équivalente à l'original, est sans doute nécessaire. Par un autre arrêt, laCour de
cassation française semble vouloir aller en ce sens. Elle a reconnu (Com., 2 déc. 1997) une
pleine force probante àla télécopie « dès lors que son intégrité et l’imputabilité de son
contenu à l’auteur désigné ont été vérifiées ou ne sont pas contestées ». La doctrine est
divisée sur la portée de cette décision.
- Quatrième exception : l'impossibilité matérielle ou morale de se procurer une preuve
littérale de l'actejuridique. Cette rédaction résulte de l’article 15 du COCC. L'hypothèse
d'une impossibilitépurement "matérielle" n'a jamais reçu d'application en jurisprudence
et on ne voit les situations qu'ellerecouvre. C‟est l'exemple des dépôts faits par les voyageurs
dans les hôtelleries mais il faut releverqu'il n'y a aucune impossibilité matérielle de se
préconstituer un écrit. Il n'y a qu'une impossibilité morale. Aussiest-ce l'impossibilité morale
de se préconstituer un écrit qui suscite une jurisprudence abondante car cettenotion est
entendue de façon assez large. L’impossibilité morale résulte de relations de famille,
d’affection,de subordination entre les parties, de pratiques professionnelles ou d’usages
commerciaux (vente deproduits de luxe). Les exemples sont multiples en jurisprudence. Il a
été décidé qu'il y a impossibilité moralepour un fils d'exiger un reçu de sa mère, ou pour un

80
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

frère à l'encontre de sa sœur, ou encore de se préconstituer un écrit entre fiancés (lien de


parenté et d'alliance). De même, il y a impossibilité morale pour un médecind'établir par écrit
ses visites. La même solution a été admise dans les rapports de maître à serviteur. On peut
sedemander si l'impossibilité morale existe entre simples amis ou entre concubins. Les auteurs
ont des positionsvariées mais il semble qu'il n'existe aucune réponse absolue et qu'il convient,
in concreto, dans chaque cas, d'examiner la réalité de l'affectation unissant les intéressés. La
jurisprudence apprécie de façon assez largecette notion d'impossibilité morale. C'est à
celui qui se prévaut de cette impossibilité morale d'en apporterla preuve. Là encore, s'il y
a impossibilité de se préconstituer un écrit, les parties sont admises à prouver l'actejuridique
par tout moyens.
Perte de l'écrit constatant l'acte juridique oul'impossibilité matérielle. C‟est le cas de la
perte du titre qui lui (à l'acte juridique) servait de preuve littérale, par suite d'un cas fortuit ou
d'uneforce majeure. Il faut établir l'existence préalable de l'écrit. Mais, il ne suffit pas que
l'écrit ait été perdu. Cetteperte doit être due à un événement de force majeure, c'est-à-dire
un événement imprévisible et irrésistibledont il faudra prouver l'existence (ex. incendie
accidentel de l'immeuble dans lequel était conservé le document).
Il faudra également prouver l’existence antérieure du titre détruit par cas fortuit. Si la
perte de l'écrit par casfortuit est démontrée, la preuve pourra se faire par tous moyens.
- cinquième exception : Les opérations commerciales entre commerçants. Les
caractéristiques de la vie desaffaires rend impossible une exigence formaliste, même si elle est
limitée à la preuve. La rapidité des opérationscommerciales rend impossible la rédaction d'un
écrit constatant cette opération. De nombreuses opérationscommerciales ou financières sont
conclues par téléphone, oralement. La preuve des opérations commerciales estdonc libre, peut
donc se faire par tous moyens. Il faut cependant préciser que l'article 5 de l’Acte Uniforme
sur le Droit Commercial Général , qui pose en principe cette liberté de la preuve, précise
cette règle ne joue"qu'à l'égard des commerçants". Dès lors, la jurisprudence en a déduit
que s'il s'agit d'un acte mixte, c'est-à- direconclu entre un particulier et un commerçants (ex. :
vente entre un commerçant et un client civil), la preuveest libre à l'égard du commerçant
mais doit se faire par preuve parfaite à l'égard du civil. Le régime de lapreuve va donc
dépendre de la qualité de personne commerçante ou civile de celui contre lequel la preuve
estapportée. Si le demandeur à la preuve est commerçant, il devra rapporter une preuve
littérale ; si ledemandeur à la preuve est civil, il pourra tenter de convaincre le juge par
tous moyens. Le législateur estintervenu pour exiger la preuve par écrit de certains contrats
commerciaux spécifiques. Il en est ainsi du contratde société, du contrat d'assurance.

B - PREUVE CONTRE L'ECRIT QUI CONSTATE L'ACTE JURIDIQUE

- On suppose que le plaideur se trouve confronté à un acte juridique constaté par écrit ou dont
la preuve a étéfaite par un commencement de preuve par écrit complété par une autre preuve.
Peut-il apporter une preuvecontre et outre le contenu de l'acte juridique ? : "Il n'est
reçu aucune preuve par témoins contre et outre le contenu aux actes, ni sur ce qui serait

81
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

allégué avoir été dit avant, lors ou depuis les actes, encore qu'il s'agisse d'une somme ou
valeur moindre" (c‟est-adire inférieure à 20.000 F.) Celui quivoudrait donc démontrer
que l'écrit est inexact ou incomplet ou a été modifié depuis par un autre actejuridique,
devra se servir d'un procédé de preuve parfait.
- La première exception relative à la valeur de l'acte juridique est expressément écartée
par la loi. On peutdès lors se demander s'il ne convient pas d'écarter les autres exceptions. La
jurisprudence a admis les autresexceptions, tant celles relatives à la commercialité des
relations, que l'impossibilité d'établir un écrit ou encore lecommencement de preuve par écrit.
Seule la première exception est écartée.

C. LES CONVENTIONS SUR LA PREUVE


- La jurisprudence a affirmé le caractère d'ordre privé des règles de preuve. Ainsi, la
Cour de cassation a admis que les parties au contrat puissent accorder valeur probatoire au
document, pourtant dénué de toute signature, résultant d'une transaction relative à
l'utilisation d'une carte bancaire de paiement, dès lors que le client avait composé son code
confidentiel (Com. 8 nov. 1989 (deux arrêts), D. 1990-369, note Ch. Gavalda ; J.C.P. 1990-II-
21576, note G. Virassamy).
Il résulte, en effet, l’article 37 du COCC que « Les conventions sur lapreuve sont
valables dans lamesure où les parties règlentconventionnellement l'acquisitionou la
perte d'un droit parla production d'un mode de preuve déterminé » que les règles sur la
preuve peuvent faire l‟objet d‟un aménagement conventionnel.Les règles de preuve ne sont
donc pas d'ordre public : elles ne s'imposent pas aux parties qui peuvent y dérogerpar
conventions. La question a été vivement discutée en doctrine. La jurisprudence a décidé que
pourvu que lesconventions sur la preuve ne touchent pas à l'organisation judiciaire ou à la
définition légale des pouvoirs desofficiers publics, les parties sont libres d'aménager le
régime probatoire, tout comme elles peuvent disposerde leurs droits.
- Les parties peuvent librement déroger aux règles d'admissibilité de la preuve et
prévoir que la convention établie pourra se prouver par tous moyens ou par d'autres
modes. En pratique, les conventionssont une limite très importante aux exigences probatoires
relative aux actes juridiques. Il n'est d'ailleurs pascertain que cette liberté soit au-dessus de
toute critique, dans la mesure où la preuve littérale peut avoir pourfonction de protéger la
partie contractante faible, contrainte d'adhérer aux conditions imaginées par lecocontractant
puissant. On prive alors la partie faible de la protection que constitue la preuve légale.

Ce pendant, les conventions portant sur la charge de la preuve sont nulles. C‟est ce que
prévoit l’article 38 du COCC qui dispose que « Sont nulles les conventions ayant pour
objet de modifier la charge de la preuve telle qu'elle est répartie par la loi.». Cette règle
est d‟ordre public et sa violation entraine la nullité absolue de la convention.

III. - LA PREUVE DES FAITS JURIDIQUES


- Nous rappelons qu'un fait juridique est un événement qui peut survenir de façon soudaine ou
inattendue. Les intéressées n'ont pas pu rédiger un écrit pour constater l'événement. La preuve

82
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

écrite est peu concevable pour les faits juridiques. Aussi le législateur a prévu une quasi-
liberté du juge pour fonder sa conviction. Tous les moyens peuventêtre utilisés pour la
preuvedes faits juridiques. (art. 13 du COCC).

§ 2 : LES DIFFERENTS PROCEDES DE PREUVE


- On distingue les preuves parfaites et les preuves imparfaites. Les premières sont, en
principe, requises pourla preuve des actes juridiques. Ces procédés de preuve lient le juge :
il n'a aucun pouvoir d'appréciation (I).Les preuves imparfaites sont admises pour les faits
juridiques et pour les actes juridiques, par exception. Cespreuve imparfaites sont laissées à
l'appréciation souveraine du juge (II).

I. LES PREUVES PARFAITES


- Il existe 3 procédés de preuve dite parfaite : l'écrit, dit également preuve littérale (A), l'aveu
judiciaire (B) et le serment décisoire (C). Seul le premier a une grande importance pratique.

A- LA PREUVE LITTERALE (L’ECRIT)


- Le COCC distingue deux catégories de preuve littérale : l'acte sous seing privé (1) et l'acte
authentique (2). (Attention au terme : "acte". Il signifie ici "écrit").

1. - LES ACTES SOUS SEING PRIVE


L'acte sous seing privé est l‟écrit qui, contenant un acte juridique, comporte la signature des
parties. C'est la seule condition de forme requise par la loi.
L‟art. 19 du COCC précise que l'acte sous seings privés est valable lorsqu'il est signé par les
parties. L‟acte sous seing privé peut être relatif à un contrat synallagmatique ou à un
engagement unilatéral.
- Nous rappelons qu'un contrat synallagmatique est un contrat comportant des obligations
réciproques, où chacune des parties est à la fois débitrice et créancière. Dans ce cas, il apparaît
nécessaire, puisque chacune des parties est créancière, que chacune des parties se ménage une
preuve dans le cas où le cocontractant refuserait d'exécuter son engagement. Cette formalité
tend à assurer l‟égalité entre les parties et ainsi éviter que l‟une soit à la merci de son
adversaire. Aussi l'article 21 du COCC dispose : " L'acte sous seings privés relatif à une
convention synallagmatique doit être rédigé en autant d'originaux qu'il y a de parties ayant un
intérêt distinct.
Chaque original doit contenir la mention du nombre des originaux établis.." Cette formalité
estappelée la formalité du "double original " ou du "double" car le plus souvent, il n'y a que
deux parties àl'acte juridique. Cette formalité s'explique par la nécessité qu'a chacun
d'apporter la preuve del'obligation de l'autre. La Cour de cassation française a néanmoins
décidé qu'un seul original suffit, même pour uncontrat synallagmatique, quand il se trouve
déposé entre les mains d'un tiers qui a pour mission dele produire à la requête de
chacune des parties (Par ex. Civ. 3e, 3 nov. 1968, Civ. 3e, 5 mars 1980).
Aussi, en pratique, il suffit aux parties de rédiger un seul original et le déposer chez un
notaire (coûtmoins élevé que la rédaction d'un acte authentique). Il faut aussi noter que

83
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

cette formalité du"double" n'est pas requise lorsqu'une des deux parties a déjà exécuté
son obligation (par ex., Civ.1re, 14 déc. 1983). Ainsi, à l'occasion d'un contrat de vente à
crédit, si la chose a déjà été livrée, il suffitde rédiger un seul original que le vendeur
conservera pour le cas où l'acheteur ne paie pas le prixcomme convenu. L'écrit ne présente
aucun intérêt pour l'acheteur à l'égard de qui le débiteur a déjàexécuté ses obligations.
Lorsque l'acte est constaté par plusieurs originaux, il doit être fait mention,dans l'écrit,
du nombre d'originaux. Bien entendu lorsque les règles posées par l'article 21 du COCC ne
sontpas respectées, l'acte juridique n'est pas nul, l'écrit est simplement dépourvu de force
probante. Lajurisprudence décide que si l'une de ces formalités n'est pas respecté, c'est-à-dire
la formalité du"double" et la mention du nombre d'originaux, l'écrit n'a pas de force
probante mais il joue le rôled'un commencement de preuve par écrit.
- Des formalités particulières sont aussi exigées pour certains actes unilatéraux. L'article
22 du COCC dispose : " L'acte sous seings privés contenant un engagement unilatéral
doit être rédigé en entier de la main de celui qui le souscrit.
Dans le cas contraire, il faut que celui qui s'engage écrive de sa main, outre sa signature
un bon pour ou un approuvé portant en toutes lettres le montant de son obligation dont
il fait preuve.
La présence des témoins certificateurs dispense les illettrés de l'accomplissement de la
présente formalité. " Cette règle a été édictée pour prévenir le risque de fraude qui consiste à
modifier la somme inscrite en chiffres par grattage. Dès lors que la somme est inscrite en
toutes lettres, il est plus difficile d'imiter l'écriture du débiteur et cette imitation pourra être
décelée par expertise. La loi n'exige aucune formule telle que "bon pour" ou "lu et approuvé"
qui n'ont aucune portée juridique. La loi exige que, outre la signature du souscripteur, il
indique, par lui-même, la somme ou la quantité à la fois en toutes lettres et enchiffres. La
loi précise qu'en cas de différence entre les deux sommes, c'est la somme écrite en
touteslettres qui prévaut (plus difficile à imiter). On peut dire que la formalité est
exigéelorsque l'objet de l'obligation porte sur une chose fongible. Tel sera le cas en matière de
cautionnementoù la caution devra indiquer, de sa main, en chiffres et en lettres, le montant
de la somme cautionnéeainsi que les intérêts prévus. Après une période de divergence entre
la Première Chambre civile etla Chambre commerciale de la cour de cassation française,
la première a fini par admettre avec la seconde que cette exigence de lamention manuscrite
n‟est qu‟une règle de preuve et non une règle de validité de l‟acte, c‟est à dire le
négotium.(Civ. 1re, 15 nov. 1989) En effet, si la formalité requise par l'article 22 n'est pas
observée, l'écrit( l‟instrumentum) ne perd que sa force probatoire. Néanmoins, la
jurisprudence considère qu'il vaut àtitre de commencement de preuve par écrit.

- FORCE PROBANTE DE L’ECRIT :


L'acte sous seing privé tire sa force probatoire de la signature des parties. Néanmoins, si
l'écrit n'est signé, lajurisprudence a décidé que le juge peut néanmoins le retenir à titre
de commencement de preuve parécrit.
Dès lors qu'il a été régulièrement établi, " L'acte sous seings privés reconnu par celui
auquel on l'oppose, ou déclare sincère par le juge, fait foi de son contenu à l'égard de
tous jusqu'à preuve contraire. " (art. 23). Aussi, si les parties contestent l'écriture, l'acte

84
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

perdmomentanément sa force probante. La loi précise que celui auquel on oppose l'écrit
doit avouer ou désavouerformellement son écriture ou sa signature. La jurisprudence a décidé
que "dans le cas où lasignature est déniée ou méconnue, c'est à la partie qui se prévaut de
l'acte qu'il appartient d'en démontrerla sincérité" (Par ex. Civ. 1re, 17 mai 1972). La
charge de la preuve pèse sur celui qui veut opposer l'écrit. Illui faudra alors intenter une
procédure de reconnaissance ou de vérification d'écriture. C'est là la principaledifférence
avec l'acte authentique. Dans le cadre d'un acte sous seing privé, celui qui veut l'opposer doit
établir saréalité par la vérification d'écriture.
- Si l'écrit n'est pas désavoué ou s'il est établi qu'il émane bien de celui auquel on
l'oppose, l'écrit va fairepreuve de son contenu, jusqu'à preuve contraire.

- La jurisprudence n’a jamais requis la mention de la date. La date figurant sur l'écrit
fait, à l'égard desparties, foi jusqu'à preuve contraire. Un acte sous seing privé doit
seulement constater l'acte juridique etcomporter la signature des parties. A l'égard des tiers,
l'analyse est plus délicate. On peut, en effet, craindre unaccord des parties pour antidater l'acte
juridique et ainsi frauder les droits des tiers. Ainsi, on peut imaginer quele propriétaire d'une
chose la vende une première fois et ensuite une seconde fois en indiquant dans ce
deuxièmeacte une date antérieure à la première vente. Aussi, l'article 24 du COCC prévoit-il
que les actes sous seingprivé ne font pas foi de leur date à l'égard des tiers. Ceux-ci peuvent
toujours contester la date. Cependant, il estpossible pour les parties de remédier à cette
faiblesse de l'acte sous seing privé en recourant à deux procédés :
- L'enregistrement de l'acte. Dans ce cas, les parties présentent deux originaux à
l‟Enregistrement. L'acte sous seing privé aura acquis date certaine du jour de
l'enregistrementmais du jour où il a été passé. Un certain nombre d'actes juridiques sont
soumis à un enregistrementobligatoire (ex. promesse unilatérale de vente d'un bien
immobilier).
- L'autre procédé qui rend certaine la date de l'acte sous seing privé, c'est la constatation de
cet acte dans un acte authentique. On peut également envisager un acte authentique
mentionnant un acte sous seing privé antérieur. L'acte authentique confère ainsi date certaine
à l'acte sous seing privé.Enfin, on doit relever que l'acte sous seing privé acquiert date certaine
au jour du décès de l'un des signataires.Il est, en effet, évident que l'acte sous seing privé
n'a pu être rédigé, au plus tard, le jour du décès de l'un des signataires.

2. - LES ACTES AUTHENTIQUES


- L'article 17 définit l'acte authentique : "L'acte authentique est celui qui a été reçu par un
officier public compétent instrumentant dans les formes requises par la loi.".
- Les officiers publics est une catégorie recouvrant des professions nombreuses. L'officier
public exerce unemission d'intérêt général. Cette mission lui a été conférée par le législateur.
On peut ainsi citer les notaires, lesagents diplomatiques (consul à l’étranger), les huissiers
de justice et même les officiers de l'état civil (maire,adjoints, conseillers municipaux) qui ne
sont pas nommés par le gouvernement mais élus. Ces officiers sontchargés de rédiger les
actes auxquels les parties doivent conférer le caractère d’authenticité et d’en 0assurer la

85
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

conservation. Ces personnes présentent des garanties sérieuses de moralité. Il leur est
interditd'instrumenter pour eux-mêmes ou les membres de leur famille. Ils encourent de très
graves sanctions pénaleset civiles en cas de faux. Toutes ces raisons expliquent pourquoi le
législateur confère une très grande forceprobante aux actes authentiques.
- Il faut relever les trois conditions requises pour qu'un acte puisse être qualifié d'authentique
- L'écrit doit être dressé par un officier public.
L'officier public doit être compétent. La compétence d'attribution de l'officier public
concerne lamatière à propos de laquelle il peut instrumenter. Les officiers de l'état civil n'ont
compétence que pourdresser les actes de l'état civil. Les huissiers n'ont compétence que pour
signifier les actes de procédureet assurer l'exécution des décisions de justice. Les notaires ont
une compétence très étendue puisqu'ilsont qualité pour "recevoir tous les actes et contrats
auxquels les parties doivent ou veulent fairedonner le caractère d'authenticité attaché
aux actes de l'autorité publique...".
La compétence territoriale des officiers publics est fixée par la loi.
- Les formalités prévus par la loi doivent être respectées, l'acte doit être dressé avec les
"solennitésrequises". De nombreuses formalités sont prévues par la loi dans le but d'éviter
les fraudes pendant larédaction mais surtout après. On peut ainsi citer l'obligation du notaire
d'utiliser un papier d'une qualitésuffisante garantissant la conservation de l'acte, l'obligation de
rédiger en langue française, de ne pasfaire d'abréviations, de blanc ou de surcharge. La date
doit être énoncée en lettres. Les pages sontnumérotées et leur nombre est indiqué en fin d'acte,
etc...
- On peut se demander qu'elle estla sanction de l'inobservation de l'une ou l'autre de ces
conditions. Lasanction est énoncée par l'article 1318 du Code civil : "L'acte qui n'est point
authentique par l'incompétence del'officier, ou par un défaut de forme, vaut comme l'écriture
privée, s'il a été signé des parties". Lajurisprudence française a donc décidé que l'acte
authentique entaché de nullité peut néanmoins valoir comme acte sousseing privé, s'il obéit
aux conditions de forme de ces actes (Civ. 1re, 11 juill. 1955).
- Mais si l'acte authentique est régulier en la forme, il est alors doté d'une force probante
particulière.
Cette force s'attache à la réalité même de l'acte et les constatations faites par l'officier public
(présence desparties, conformité entre leurs déclarations et les indications mentionnées dans
l'acte, la date de rédaction del'acte authentique). L'acte authentique fait alors foi jusqu'à
inscription de faux de sa réalité et desconstatations de l'officier public, à l'égard des
parties et des tiers. Pour le reste, c'est-à-dire par exemple, ceque déclarent les parties,
l'opinion de l'officier public, elles ne feront foi que jusqu'à preuve contraire ou n'auront
que la valeur d'un simple témoignage. Aussi, le contenu de l'acte authentique est tenu
pour vrai aussi longtemps que son caractère erroné n'aura pas été démontré à l'issue
d'une procédure d'inscription defaux. Cette procédure est prévue par l‟article 18 du COCC.
La procédure est périlleuse car si le demandeur ne démontre pas le caractère erroné de l'acte
authentique, il sera condamné, non seulement aux frais mais aussi à une amende, voire des
dommages et intérêts.
- L'original de l'acte authentique signé par l'officier public et les parties sera conservé à
l'étude ou au tribunal. Cet original s'appelle la minute. Parmi les copies délivrées par le
notaire ou le greffe du tribunal, il faut distinguer celle qui est revêtue de la formule
86
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

exécutoire, la grosse. Sur simple présentation de la grosse, le créancier peut faire valoir ses
droits, c'est-à-dire procéder à l'exécution forcée de l'obligation (ex. saisie) sans passer par le
tribunal. Les autres copies sont les expéditions. Ces copies sont authentifiées par le
dépositaire, le notaire ou un clerc habilité à cet effet.

3-L'ADMISSION DE LA PREUVE ELECTRONIQUE DANS LE DROIT


SENEGALAIS
Un nombre croissant d'opérations sont réalisées actuellement à l'aide de moyens
électroniques, et il devient important de reconnaitre leur existence dans la pratique juridique
pour pouvoir revendiquer les droits légaux s'y rattachant. La définition de la preuve
électronique est donnée par l’article 2 de la Loi n° 2008 – 08 du 25 janvier 2008 sur les
transactions électroniques.Aux termes de cet article le Courrier électronique est tout message,
sous forme de texte, de voix, de son ou d'image, envoyé au moyen d’un réseau public de
communication, stocké sur tout serveur ou dans l'équipement terminal du destinataire,
jusqu'à ce que ce dernier en prenne connaissance.

 LA FORCE PROBANTE DE LA PREUVE ELECTRONIQUE

Aux termes de l‟article 37 de la Loi n° 2008 – 08 du 25 janvier 2008 sur les transactions
électroniques: " l’écrit sous forme électronique est admis en preuve au même titre que
l'écrit sur support papier et a la même force probante que celui-ci, sous réserve que
puisse être dûment identifiée la personne dont il émane et qu'il soit établi et conservé
dans des conditions de nature à en garantir l'intégrité."Donc, le droit sénégalais reconnaît
la preuve électronique comme une preuve écrite. « L‟écrit sur support électronique a la même
force probante que l'écrit sur support papier ». Lorsque il y a des conflits de preuve dans la
procédure, l‟article 39 de la même loi précise qu‟il appartient au juge d‟apprécier
souverainement, au regard des circonstances de l‟espèce, quelle est la preuve littérale la plus
vraisemblable.

B - L'AVEU JUDICIAIRE
- Il faut ici citer la définition classique d'Aubry et Rau: "l'aveu est la déclaration par
laquelle une personne reconnaît pour vrai et comme devant être tenu pour avéré à son
égard, un fait de nature à produire contre elle des conséquences juridiques." Planiol et
Ripert ont précisé la notion en relevant que le terme aveu doit être réservé aux "déclarations
accidentelles, faites après coup, par lesquelles une partie laisse échapper la
reconnaissance du fait ou de l'acte qu'on lui oppose". On dit que l'aveu est la reine des
preuves, si cela est faux en matière pénale, cela est finalement peut-être exact en droit civil.
Le COCC distingue deux sortes d’aveu : "L'aveu qui est opposé à une partie, est
extrajudiciaire ou judiciaire".Seul l‟aveu judiciaire sera ici étudié puisque lui seul est une
preuve parfaite, liant le juge quant au prononcé de sadécision.
- L'aveu judiciaire est celui qui est fait au cours d'un procès et dont dépend le sort de ce
procès. Bienentendu, cette forme d'aveu est rare. Le plaideur reconnaît rarement le bien-
fondé de la prétention de son adversaire au cours du procès. Il le reconnaît avant ou jamais. Le
COCC précise qu' "il fait pleine foi contre celui qui l'a fait". Cela signifie que l'aveu est un

87
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

procédé de preuve parfait. Il lie le juge. Le juge doit tenir pour vrai ce qui est avoué et y
conformer sa décision. Pour prouver un acte juridique, l'aveu est aussi efficace que
l'écrit. Pendant très longtemps, l'aveu était un mode de preuve interdit en matière de divorce
pour faute. Le législateur français du 11 juillet 1975 a admis expressément ce mode de
preuve pour la faute en matière dedivorce. La règle est contenue dans l'article 259 du Code
civil.
- L'aveu emportant des conséquences si graves, il est nécessaire qu'il émane d'une personne
capable de disposer pleinement de ses droits. Aussi, l'aveu n'est pas recevable s'il émane
d'un mineur ou d'un majeur protégé.
- L'aveu judiciaire est indivisible. L'article 33 alinéa 2 le précise : "il ne peut être divisé
contre lui". Cette règle signifie qu'on ne peut retenir qu'une partie de l'aveu et rejeter
l'autre. Mais l'aveu peut être complexe c'est-à-dire que l'auteur, tout en reconnaissant le fait
allégué par son adversaire, "articule un nouveau fait dont le résultat serait de créer une
exception à son profit". La jurisprudence a écarté la règle de l'indivisibilité de l'aveu,
lorsque l'aveu est complexe. Cette règle a diminué considérablement la portée du principe de
l‟indivisibilité de l'aveu. Dans ce cas, les juges écartent les faits affirmés qui n'ont qu'un
rapport indirectavec le fait principal ou les faits qui apparaissent grossièrement
invraisemblables. Par exemple, la jurisprudence considère que l'aveu de l'existence d'une
convention n'oblige pas les juges à adopter l'interprétation que l'auteur de l'aveu donne
de cette convention. Ainsi, il a été décidé qu'il est possible demaintenir l'aveu de l'existence
d'un prêt et d'écarter l'affirmation selon laquelle l'emprunteur se serait libéré de sa dette (Civ.
1re, 17 juin 1968).
- L'aveu est enfin irrévocable. Le dernier alinéa de l'article 33 le précise : "il ne peut être
révoqué, à moins qu'on ne prouve qu'il a été la suite d'une erreur de fait". Il ne pourrait être
révoqué sous prétexte d'une erreur de droit. Cela signifie l'aveu ne fait foi que jusqu'à preuve
contraire. L'auteur de l'aveu peut donc démontrer la fausseté de son aveu, en apportant la
preuve qu'il n'a été donné qu'à la suite d'une erreur de fait.

C - LE SERMENT DECISOIRE
- "Le serment est la déclaration par laquelle un plaideur affirme d'une manière
solennelle et devant le juge, la réalité d'un fait qui lui est favorable". (Ghestin et
Goubeaux) Le serment décisoire est une espèceparticulière de serment, très rare en pratique,
car très dangereux pour celui qui serait tenté de l'utiliser. Pourcette raison, seules les
personnes capables de disposer de leurs droits peuvent déférer le serment. En effet,l'un
des plaideurs offre de s'en remettre au serment de son adversaire pour établir le fait contesté,
dont dépend l'issue du débat. On dit qu'il défère serment à son adversaire. Celui-ci peut
adopter 3 attitudes. Ou bien il prête le serment qui lui est déféré et gagne son procès. Ou
bien il refuse de le prêter, ce qui constitue un véritable aveu judiciaire dont l'autre
partie pourra se prévaloir pour gagner le procès. Il lui reste une troisième attitude
possible : il peut référer le serment au plaideur qui le lui a déféré. Si ce dernier prête
serment, il gagne le procès ; si, au contraire, il refuse de prêter le serment, il perd le
procès.

88
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

- Le serment décisoire est un mode de preuve parfait. Le serment décisoire lie le juge qui
doit conformer sadécision aux conséquences du serment. Le serment dicte sa décision. Cet
appel à la bonne foi de son adversaireest, on se l'imagine, très rare.
II. - LES PREUVES IMPARFAITES
- L'élément commun des procédés de preuve imparfaits est qu'ils ne lient jamais le juge. Le
juge reste toujourslibre de son appréciation. On distingue quatre types de preuve imparfaits :
le témoignage (A), les présomptionsdu fait de l'homme (B), l‟aveu extra-judiciaire (C) et le
serment supplétoire (D).
A - LA PREUVE TESTIMONIALE
- Le COCC n'envisage le témoignage que sous l'angle de l'admissibilité de ce type de preuve.
Une définitiondu témoignage a été donnée par un auteur, M. Le Roy, "la preuve testimoniale
est celle qui résulte des déclarations faites sous serment en justice, au cours d'une
enquête par des personnes qui ont perçu avec leurs propres sens le fait contesté".
Aujourd'hui, la preuve testimoniale recouvre aussi les déclarations écrites sous forme
d'attestations. Le témoignage peut donc revêtir une forme orale ou écrite.
- Qui témoigne ? L'article 10 du Code civil dispose "Chacun est tenu d'apporter son
concours à la justice envue de la manifestation de la vérité. Celui, qui sans motif
légitime, se soustrait à cette obligation lorsqu'il en a été légalement requis, peut être
contraint d'y satisfaire, au besoin à peine d'astreinte ou d'amendecivile, sans préjudice
de dommages et intérêts". L'article 206 du N.C.P.C. F. Plus spécifique au témoignage
rappelle "Est tenu de déposer quiconque en est légalement requis". Mais il prévoit des
dispenses : "Peuvent être dispensées de déposer les personnes qui justifient d'un motif
légitime. Peuvent s'y refuser les parents ou alliés en ligne directe de l'une des parties ou son
conjoint, même divorcé". On peut donc en conclure que ces personnes bénéficient d'une
présomption de motif légitime quant à leur refus de témoigner. Les autres doivent en
apporter la preuve.
- L'objet du témoignage est toujours ce que le témoin a personnellement vu ou entendu.
Le témoin doit relater ce qu'il a perçu par ses propres sens (Mazeaud). Notre droit positif
prohibe la preuve par commune renommée, ou preuve par "on dit". Le déclarant se fait
l'écho de bruits incontrôlables qui se colportent debouche à oreilles. Cette preuve, courante
sous l’ancien Droit, était et reste très dangereuse par son imprécision croissante au fur et à
mesure que l‟on s‟éloigne du témoignage direct. Le danger est évident étant donné la grande
probabilité de déformation des faits. Parcontre, la Cour de cassation française paraît
admettre, de façon critiquable, le témoignage indirect qui est celui d'un témoin qui a
personnellement entendu la déclaration d'une autre personne relatant ce qu'elle a
constaté elle-même. Les juges devront bien sur apprécier souverainement la valeur probante
de tels "témoignages".
B - LA PREUVE PAR PRESOMPTIONS
- On appelle présomptions de l'homme ou présomption du fait de l'homme ou encore
présomption de fait,"les conséquences que le magistrat tire d'un fait connu à un fait
inconnu". C'est en fait l'intime conviction du juge qui, à partir de divers éléments de fait, va

89
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

forger son intime conviction quant à l'existence du faitlitigieux. Il s‟agit d‟un mode de
raisonnement.
- Les indices à partir desquels le juge peut former son intime conviction sont nombreux. Il
peut s'agir de constatations matérielles, de déclarations de personnes qui ne peuvent être
entendues en qualité de témoins, tous les documents quelle qu'en soit la nature ou l'origine,
de l'attitude des parties au cours d'une comparution personnelle (ex. refus de se soumettre à
une expertise sanguine), des résultats d'une expertise, etc...
- Les présomptions du fait de l'homme ne sont, bien entendu pas un mode de preuve
scientifique. On peut même dire qu'elles sont dangereuses. Elles sont néanmoins
indispensables car il est bien rare que le fait litigieux précis soit prouvé, car c'est bien
souvent le doute quant à son existence qui a été l'occasion de la saisie du juge. La loi
recommande au juge la prudence quant à l'appréciation de ce procédé de preuve. Elle
précise que "Les présomptions qui ne sont point établies par la loi, sont abandonnées aux
lumières et à la prudence du magistrat, qui ne doit admettre que des présomptions graves,
précises et concordantes, ..." La formule légale n'est qu'un conseil de prudence adressé au
magistrat. Aussi, il a été décidé qu’il peut se baser sur un indice unique (concordant ?) Le
juge est libre quant à son appréciation, il est toujours libre de rejeter ces présomptions ou
de les accueillir si elles lui paraissent déterminantes.
C - L'AVEU EXTRA-JUDICIAIRE
- Tout aveu qui n'est pas émis devant le juge compétent au cours de l'instance dans
laquelle le fait est encause est un aveu extra-judiciaire. Il ne présente pas les mêmes
garanties que celui qui est fait au cours de l'instance en cause. L'aveu extra-judiciaire a pu
être extorqué par violence, dol ou à la suite d'une erreur. L'aveu extra-judiciaire n'a pas du
tout la même force probante que l'aveu judiciaire. L'aveu extra-judiciaire ne liepas le
juge. C'est un mode de preuve qui se rattache à la catégorie des présomptions du fait de
l'homme. Même si le législateur ne l'a pas précisé, il faut ranger l'aveu extra-judiciaire dans
la catégorie des modes de preuve imparfaits. On peut déduire cette conséquence de l'article
32 du COCC qui dispose que"L'aveu extrajudiciaire vaut comme présomption du fait de
l'homme.", c'est-à-dire pour la preuve des actes juridiques. La pertinence de l'aveu
extrajudiciaire dépend entièrement de l'appréciation du juge, de son intime conviction.
D - LE SERMENT SUPPLETOIRE
- Le serment supplétoire est celui par lequel : "Le juge peut déférer à l'une des parties le
serment, ou pour en faire dépendre la décision de la cause, ou seulement pour
déterminer le montant de la condamnation". C'est le juge qui défère d‟office ce serment et
non les parties. Il s'agit pour lui d'un pouvoir discrétionnaire. Il choisit librement la
personne à laquelle il défère le serment. C'est un moyen d'instruction réservé à son usage. Le
serment ne vise qu'à éclairer le juge sur les circonstances de la cause. Aussi, le serment
supplétoire ne lie pas le juge. Le juge reste libre de sa décision. Le serment n'est utilisé que
pour compléter une preuve et fortifier la conviction du juge. Ce procédé de preuve, on s'en
doute, est très peu employé. Le serment des parties n'offre aucune garantie sérieuse de
véracité de leurs affirmations.

90
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

RESOUDRE LE CAS PRATIQUE SUIVANT

Pathé s‟est marié en 2004 sous le régime de la polygamie limitée à deux épouses. En 2007, est
entrée en vigueur une loi modificative du Code de la famille qui interdit la polygamie. En
janvier 2008, Pathé convole en seconde noces conformément à l‟option exprimée en 2004. Sa
première épouse poursuit l‟annulation du mariage en invoquant que son mari a violé la loi en
prenant une seconde épouse. Son action a-t-elle des chances d’aboutir ?
Par une autre procédure Pathé conteste la créance de vingt cinq mille (25 000) que lui réclame
Samb.
Sur qui pèse la charge de la preuve ?
Samb qui disposait d‟un écrit l‟a perdu à la suite de l‟inondation de sa maison.
Par quels moyens de preuve peut-il prouver sa créance ?
Par ailleurs, un ami de Pathé, Cisse est traduit en justice par Alphonse pour un prêt dont le
montant est de 10 000 000frs CFA (dix millions) en présence de Leuz. Devant le juge,
Alphonse apporte comme mode de preuve un acte sous seing privé. Malheureusement, il
constate que l‟acte sous seing privé ne comportait pas de signature. En plus Alphonse soutient
qu‟il a beaucoup de problème pour distinguer le gage de l‟hypothèque. Il vous consulte pour
savoir : comment il peut faire pour apporter la preuve de ses allégations et souhaite aussi que
vous lui expliquer le gage et l‟hypothèque. En outre, après la vente d‟un terrain à usage
agricole, le vendeur vient récupérer des biens s‟y trouvant, mais à propos desquels le contrat
de vente n‟apporte aucune précision. Ces biens se composent de tracteurs loués, d‟instruments
aratoires et de vache servant à la production de lait et à la fertilisation des sols. L‟acquéreur
s‟oppose fermement à la récupération de ces biens
Ces biens sont- ils inclus dans la vente ?
NB : les réponses doivent être motivées

91
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Correction du cas

Après son mariage en 2004 sous le régime de la polygamie limitée à deux épouses, une loi
modificative du Code de la famille qui interdit la polygamie entre en vigueur en 2007. En
janvier 2008, cet homme convole en seconde noces conformément à l‟option exprimée en
2004.

Les faits soumis à notre réflexion concernent l‟application de la loi dans le temps en matière
extra contractuelle.

Une loi nouvelle interdisant la polygamie peut elle entrainer l’annulation d’un second
mariage intervenu postérieurement à son entrée en vigueur ?

Aux termes de l‟article 831 alinéa 1er du code de la famille : « La loi nouvelle a effet
immédiat au jour de sa mise en vigueur. Elle régit les actes et faits juridiques postérieurs
et les conséquences que la loi tire des actes ou faits qui ont précédé sa mise en
application. » En d‟autres termes, la loi nouvelle s‟applique immédiatement à toutes les
situations extra contractuelles en cours à partir de son entrée en vigueur.
Dans notre cas d‟espèce, au moment du mariage, la loi nouvelle autorisait le mariage
polygame, mais avant de prendre une seconde épouse, une loi nouvelle entre en vigueur et
interdit désormais la polygamie. Par voie de conséquence, à partir de son entrée en vigueur
aucun mariage polygamique ne peut être valablement célébré.

En conclusion, le choix exprimé par cet homme lors de son premier mariage est devenu caduc
des lors qu‟il n‟a pas les deux épouses au moment de l‟entrée en vigueur de la nouvelle loi.
Pour cette raison, le second mariage peut être annulé.

Par une autre procédure ce débiteur conteste la créance de vingt cinq mille (25 000) que lui
réclame son créancier.

Ces faits concernent la preuve des actes juridiques.

Le problème de droit qui se pose est de savoir : Sur qui pèse la charge de la preuve ?

Aux termes de l’article 9 alinéa 1er du code des obligations civiles et commerciales : «Celui
qui réclame l'exécution d'une obligation doit en prouver l'existence». En d‟autres termes,
il appartient à celui qui réclame l‟exécution d‟une obligation d‟en rapporter la preuve. Cette
personne se place dans la situation du demandeur lorsque la créance est contestée.

92
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Dans notre cas d‟espèce, le créancier réclame le paiement au débiteur qui ne fait que nier
l‟existence de la dette. Par conséquent, il appartient à Samb de prouver l‟existence de la
créance.

En conclusion, nous pouvons soutenir que la charge de la preuve pèse sur Samb qui doit
prouver le droit qu‟il invoque. A défaut de prouver son droit, il perd son procès.

Le créancier qui disposait d‟un écrit l‟a perdu à la suite de l‟inondation de sa maison.

Ces faits concernent aussi la preuve des actes juridiques.

Le problème de droit qui se pose est de savoir : par quels moyens peut-on prouver une
convention dont l’objet excède 20 000f CFA ?

Aux termes de l‟article 14, code des obligations civiles et commerciales(COCC) « Il doit être
passé acte devant notaire ou sous signatures privées de toute convention dont l'objet excède
20.000 francs. » Cela signifie qu‟à chaque fois que la somme à prouver dépasse 20 000f CFA,
on doit prouver par écrit. Cette règle comporte ce pendant des exceptions. En effet, l‟article
15 du même code dispose que « La règle ci-dessus reçoit exception toutes les fois qu'il n'a pas
été possible au créancier de se procurer ou de produire une preuve écrite de la convention. »
c'est à- dire en cas d‟impossibilité matérielle ou morale de prouver par écrit.
Dans notre cas d‟espèce, ayant perdu son titre à la suite d‟une intempérie, le créancier Samb
peut invoquer l‟impossibilité matérielle de produire un écrit pour pouvoir prouver par tous
moyens notamment par témoignage ou par présomptions.

En conclusion, Samb peut donc invoquer l‟impossibilité matérielle pour prouver par tous
moyens notamment par témoignage ou par présomptions nonobstant le montant de sa créance
qui excède 20 000f CFA.

Par ailleurs, une autre personne est traduite en justice pour un prêt dont le montant est de 10
000 000frs CFA (dix millions) en présence d‟un témoin. Devant le juge, le créancier apporte
comme mode de preuve un acte sous seing privé. Malheureusement, il constate que l‟acte
sous seing privé ne comportait pas de signature. En plus le créancier soutient qu‟il a beaucoup
de problème pour distinguer le gage de l‟hypothèque.

Ces faits concernent aussi la preuve des actes juridiques.

93
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Le problème de droit qui se pose est de savoir : un acte sous seing privé ne comportant
pas de signature peut il servir de preuve ? En d’autres termes : quelle la valeur d’un
acte sous seing privé ne comportant pas de signature ?

Aux termes de l‟article 14, code des obligations civiles et commerciales(COCC) « Il doit être
passé acte devant notaire ou sous signatures privées de toute convention dont l'objet excède
20.000 francs. » Cela signifie qu‟à chaque fois que la somme à prouver dépasse 20 000f CFA,
on doit prouver par écrit. L‟article 19 du COCC prévoit que l'acte sous seings privés est
valable lorsqu'il est signé par les parties. Lorsque l‟acte n‟est pas signé, il devient un
commencement de preuve par écrit. L‟article article 16 du COCC prévoit en même temps
que les témoignages et présomptions sont également recevables, lorsqu'il existe un
commencement de preuve par écrit.
En espèce, le créancier a un acte sous seing privé qui ne comporte pas de signature. Il devient
un commencement de preuve qu‟il doit compléter par le témoignage pour prouver sa créance.
En conclusion, nous pouvons soutenir qu‟Alphonse pourra prouver sa créance par le
commencement de preuve par écrit qu‟il devra compléter par le témoignage dont il dispose
parce que le commencement de preuve ne suffit pas pour prouver.

Le gage est définit par l‟article 92 de l’Acte Uniforme portant Organisation des Sûretés,
comme le contrat par lequel le constituant accorde à un créancier le droit de se faire payer par
préférence sur un bien meuble corporel ou un ensemble de biens meubles corporels, présents
ou futurs. Alors que l’hypothèque est considérée par l‟article 190 de l’Acte Uniforme portant
Organisation des Sûretés, comme l'affectation d'un immeuble déterminé ou déterminable
appartenant auconstituant en garantie d'une ou plusieurs créances, présentes ou futures à
condition qu'elles soient déterminées ou déterminables. Le gage est donc une garantie qui
porte sur un bien meuble alors que l‟hypothèque est une garantie qui porte sur un bien
immeuble.

En outre, après la vente d‟un terrain à usage agricole, le vendeur vient récupérer des biens s‟y
trouvant, mais à propos desquels le contrat de vente n‟apporte aucune précision. Ces biens se
composent de tracteurs loués, d‟instruments aratoires et de vache servant à la production de
lait et à la fertilisation des sols. L‟acquéreur s‟oppose fermement à la récupération de ces
biens
Ces faits concernent la distinction des meubles et des immeubles.

94
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Le problème de droit qui se pose est de savoir : quelle est la nature juridique faisant l‟objet de
revendication ?

En l‟absence de précision du contrat de vente, il faut déterminer si les biens objet de la


revendication sont ou non des immeubles par destination. En effet, les immeubles par
destination suivent le sort de l‟immeuble principal.

Pour qu‟il ait immobilisation par destination, il faut

- Que le meuble et l‟immeuble appartiennent à la même personne


- Que le meuble serve à l‟exploitation de l‟immeuble.

Il s‟agit maintenant de vérifier la réunion de cette double condition.

En ce qui concerne les tracteurs loués ; il faut préciser que selon l‟article 528 du code civil,
« Son meubles par leur nature, les animaux et les corps qui peuvent se transporter d‟un lieu à
l‟autre, soit qu‟ils se meuvent par eux-mêmes, comme les animaux, soit qu‟ils ne puissent
changer de place que par l‟effet d‟une force étrangère, comme les choses inanimées ».

Les tracteurs correspondent à cette définition. Nous pouvons en principe affirmer que les
tracteurs sont donc des meubles par nature. Néanmoins, on peut se demander s‟ils ne sont pas
des immeubles par destination. Deux conditions doivent alors être réunies. L‟identité de
propriétaire c'est-à-dire que les tracteurs et le terrain doivent appartenir au vendeur. Ensuite,
l‟existence d‟un rapport de destination qui peut résulter soit de l‟attache à perpétuelle demeure
(article 525 du code civ.), soit de l‟affectation à l‟exploitation agricole (article 524 du code
civ.).

Dans notre cas d‟espèce, les tracteurs ne remplissent pas la première condition, il n‟appartient
pas au vendeur. La condition tenant à l‟identité de propriétaire fait défaut. En conséquence,
les tracteurs sont donc exclus de la vente.

Les instruments aratoires : aux termes de l‟article 524 du code civil « sont immeubles par
destination, quand ils ont été placés par le propriétaire pour le service et l'exploitation du
fonds : Les animaux attachés à la culture ; Les ustensiles aratoires.. » les instruments aratoires
remplissent la double condition prévue pour être considérer comme immeuble par
destination. Par conséquent, ils font parti de la vente.
Les vaches : elles servent à l‟exploitation du domaine agricole et elles appartiennent au
vendeur. Elles constituent des immeubles par destination et font partie donc de la vente

95
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

DEVOIR COURS DE RENFORCEMENT 2013

Pathé est un jeune étudiant qui n‟a jamais aimé les études. Apres le BAC, il est orienté en
droit mais il refuse de poursuivre ses études parce qu‟il veut partir en France. Ce pendant, son
ami Madi le convainc de poursuivre ses études de droit parce qu‟avec le droit on peut
facilement réussir soit en devenant avocat, magistrat ou conseiller juridique. Convaincu, Pathé
accepte de rester et emprunte 300 000 frs CFA à un autre ami Ciss pour financer ses études.
A l‟échéance, Ciss réclame son argent Pathé, mais ce dernier soutient qu‟il s‟agissait d‟un
cadeau offert par Ciss qui venait de percevoir son premier salaire.

A qui incombe la charge de la preuve ? Par quels moyens doit-il prouver ?

Par ailleurs Khady, une étudiante sachant que Pathé est un Play boy qui n‟aime pas être
dérangé, lui conseil de louer un appartement à la VDN. Apres avoir visité l‟appartement,
Pathé décide de le louer le 5 mars 2010 à 250 000frs CFA par mois. Le bail conclu pour une
durée de 5 ans a été constaté par acte sous seing privé. Le 5 mars 2013 le législateur
intervient par une nouvelle loi qui limite le taux des loyers maximum à 100 000 frs CFA et
prévoit aussi dans cette même loi que lorsque le montant du loyer excède 90 000frs CFA, le
bail doit à peine de nullité être constaté par acte authentique.

A quel taux Pathé doit il payer les loyers qui reste, ensuite le contrat conclu par Pathé est il
toujours valable après l‟entré en vigueur de la nouvelle loi ?

Ensuite, Pathé est très content parce qu‟il a eu écho qu‟un de ses amis encadreur aux cours de
renforcement M. Badiane est devenu un très grand avocat. Sachant qu‟un de ses amis étudiant
Amadou est traduit en justice pour vol, il saisit Badiane pour le défendre. Devant le tribunal
de première instance Amadou est condamné à 6 mois d‟emprisonnement ferme. Son avocat
Badiane interjette appel. Mais avant que les juges d‟appel ne statuent, une loi nouvelle
intervient et réduit le vol à 3 mois. Badiane est très content car il est persuadé que la peine de
son client va bientôt être réduite mais un de ses amis M. Samb soutient le contraire, car selon
lui, l‟étudiant est déjà jugé et condamné et qu‟il ne peut plus bénéficier de la nouvelle loi

Que vous inspire cette situation ?

En outre après la vente d‟un terrain à usage agricole, le vendeur vient récupérer des biens s‟y
trouvant, mais à propos desquels le contrat de vente n‟apporte aucune précision.

Ces biens se composent de tracteurs loués, d‟instruments aratoires et de vache servant à la


production de lait et à la fertilisation des sols.

L‟acquéreur s‟oppose fermement à la récupération de ces biens

Ces biens sont- ils inclus dans la vente ?

96
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Licence 1 Université Cheikh Anta Diop


Semestre 1 Faculté des Sciences Juridiques et Politiques
Groupe B
Droit civil
(Séance n06)
-*-
Programme de révision: La preuve des droits subjectifs
Thème_: Les moyens de preuve
Exercice: Résoudre les cas pratiques fictifs suivants
Cas n° 1
M. Ndiaye a assigné le sieur Wade en paiement d'une créance. Le principe de l'existence dela
créance étant contesté, le sieur Ndiaye produit une reconnaissance de dette dont la teneurest la
suivante: « Bon pour un million de francs à titre de prêt au profil de Ndiaye et payable au 1er
avril 2003 » ?
Le sieur Wade qui reconnait avoir écrit et signé l'acte de sa main soutient, malgré tout qu'ilne
doit rien à Ndiaye. L'acte étant établi sous l'effet de la menace du prétendu créancier derévéler
à sa femme ses relations coupables avec un « péripatéticienne ».
Par quels moyens, le sieur Wade pourra-t-il prouver qu'il ne doit rien à Ndiaye?
Cas n° 2
A la suite d'un incendie intervenu chez lui, Keita a perdu un certain nombre de biens et
dedocuments notamment une reconnaissance de dette d'un montant nominal de dix millions.
Toutefois au moment du sinistre, il a réussi à déposer auprès d'un voisin la somme de
500000 frs et des bijoux d'une valeur de 5 millions.
Quinze jours plus tard, Keita réclame d'une part le paiement de sa créance échue de
dixmillions, d'une autre part la restitution par le dépositaire des bijoux et de l'argent. L'un
etl'autre nient catégoriquement devoir quoi que ce soit au sinistré.
Par quels moyens Keita pourra-t-il prouver devant le tribunal l'existence de ses droits?
Un malheur ne venant jamais seul, Keita est lui-même poursuivi par le tribunal régional parun
autre voisin en paiement d'un prêt de 3 millions sans écrit ni témoins. Keita déclare devantle
juge que: « je reconnais qu'on m'a prêté cette somme d'argent, mais je l'ai remboursé ».
Le prétendu créancier invoque cet aveu pour justifier ses droits.
1- Cet aveu peut-il être retenu comme moyen de preuve enl'espèce?
2- Si l'aveu est retenu pour justifier l'existence de la créance, peut-on contraindre ledébiteur à
prouver sa libération?

97
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

:Cas n° 4
Paresse intente une action en désaveu de paternité à la suite de la mise au monde par safemme
d'un joli petit garçon. Au soutien de sa demande le seul argument qui consiste à direque dans
la cité où se trouver la résidence conjugale « on dit.» que sa femme est trop souventavec son
patron en dehors des heures de service et que ce dernier est probablement le père decet enfant.
Cet argument est-il un moyen depreuve?
Cas n° 4
Abdou est un artisan menuisier, connaît suite à sa passion immodérée pour le poker
quelquesdifficultés financières. Sachant que l'un de ses employés, Charles est très économe, il
envisagede lui de demander un prêt de deux cent milles (200000) francs. Charles n'osant pas
refusercette faveur que lui demande son employeur, verse à celui-ci la somme de deux cent
milles
(200000) francs en liquide, en présence de Jacques, également employé dans l'entreprise.
Abdou se sentant soulagé promet de rembourser la somme dès que possible.
Malheureusement quelques mois plus tard, Charles est licencié et manifeste alors son
intentionde récupérer l'argent prêté. Mais Abdou prétend n'avoir jamais rien reçu et donc ne
riendevoir. '
Charles indigné par cette attitude, souhaite savoir s'il pourra obtenir le remboursement
dela somme prêtée.

98
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

CAS PRATIQUE
Cas n° 1
Fatima et Tapha sont de jeunes mariés. Ce dernier, représentant de commerce, vient
de subir un accident de voiture. Son véhicule, indispensable à l‟exercice de sa profession, a
été endommagé. Tapha ne dispose d‟aucune économie et ne voit pas comment il pourrait
financer l‟achat d‟une nouvelle voiture. Il décide de solliciter son beau-père, Amadou, et lui
demande de lui avancer la somme de 5 000 000 (cinq million). Soucieux d‟instaurer de
bonnes relations avec son gendre qu‟il sait d‟un tempérament dépensier, Amadou lui remet la
somme de 5 000 000 (cinq million) en présence de son épouse, Mamy. Tapha s‟engage à
rembourser Amadou rapidement, dès qu‟il aura touché sa prime de fin d‟année. Pour montrer
sa bonne foi, il remet à son beau-père un document entièrement écrit de sa main, libellé
comme suit : « Je soussigné Tapha fall, demeurant à keur Mbalakadiaw, reconnais devoir
la somme de 5 000 000 (cinq million) à Amadou Sambe ».
Suite à l‟achat, Amadou reçoit une lettre de remerciements de Tapha qui y écrivait :
« Grâce à vous, j’ai pu acheter une excellente voiture d’occasion chez mon
concessionnaire. Je l’ai payée 5 000 000 (cinq million frcs cfa), mais je pense qu’en réalité
elle en vaut beaucoup plus. Merci encore de m’avoir aidé ! ». Quelques jours plus tard, sa
fille Fatima vient l‟avertir que Tapha n‟a aucune intention de le rembourser et qu‟il entend
considérer la somme comme un cadeau de bienvenue dans la famille. Amadou vient vous
demander conseil sur la manière de récupérer les 5 000 000 (cinq million).

Cas n° 2
Aliouet Aissatouce sont mariés en 1989. Au moment de leur mariage, la loi de 1989
prévoyait que la femme mariée était soumise à l‟autorité de son mari : la puissance maritale.
Elle lui devait obéissance totale et par voie de conséquence était incapable de passer seule des
contrats ; ceux-ci n‟était valables que moyennant l‟autorisation de son mari. En 1995, une loi
nouvelle entre en vigueur et supprime la puissance maritale, ainsi que l‟incapacité de la
femme mariée. En 1998, Astou signe un contrat de vente d‟un immeuble avec Cheikh, son
mari intente une action en nullité de la vente conformément à la loi de 1989.
Cette action a-t-elle des chances d‟aboutir ?

99
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Introduction à l’étude du droit


QCM sur le droit de la preuve

Consignes :
Vous pouvez ne cocher aucune ou plusieurs réponses par question.

1 – L'objet de la preuve porte sur :

A) la règle de droit et les faits, toujours


B) les faits uniquement
C) la règle de droit et les faits, parfois
D) obligatoirement sur les faits et parfois sur la règle de droit
2 – Le droit de la preuve est d'ordre public :

A) vrai, on ne peut jamais y déroger


B) faux, il est possible d'y déroger

3 – Suite à un conflit de voisinage, Monsieur Ndiaye et Madame Diop viennent vous


consulter – tout l'immeuble sait que vous êtes étudiant en droit. Monsieur Ndiaye,
garagiste de son état, réclame le paiement de travaux effectués sur la voiture de sa
voisine en arguant qu'elle doit justifier qu'elle avait bien commandé les réparations.
Celle-ci affirme qu'il méconnait les règles relatives à la charge de la preuve. Votre
réaction :

A) outré(e) : chaque mois, c'est la même histoire ( la voiture de Madame Diop est très
ancienne ). Et chaque mois vous leur rappelez que c'est bien votre voisine qui a raison. C'est à
Monsieur Ndiaye de prouver l'obligation dont il réclame l'exécution

B) révolté(e) : en vertu de l'adage Actori incumbit probatio, traduisant l'alinéa 1er de l'article

9 du COCC, c'est à Madame Diop de démontrer qu'elle a payé et qu'elle s'est libérée de son
obligation

C) agacé(e) : en application des dispositions du Code de procédure civile, chacun doit


prouver, conformément à la loi, les faits nécessaires au succès de sa prétention

4 – Votre oncle est très consciencieux et tient un livre de ses dépenses. Suite au nettoyage
de son manteau de jeunesse, il doit verser une somme importante au teinturier. Il
prétend avoir déjà effectué le paiement, et en veut pour preuve qu'il a noté dans son
livre de dépenses :

« jeudi 23 octobre, 150 000francs payés à la teinturerie Tachetache » :

100
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

A) la présentation de son livre de dépenses vaut preuve, d'autant qu'il s'agit d'un écrit

B) la présentation de son livre de dépenses ne vaut pas preuve

5 – La preuve par témoins consiste en :

A) la déposition en justice par les témoins de ce qu'ils ont entendu d'autres personnes au sujet
de l'affaire en cause

B) la déposition en justice par les témoins des faits dont ils ont personnellement
connaissance

6 – En matière de faits juridiques, la règle est :

A) la recevabilité de la preuve par témoins

B) l'irrecevabilité de la preuve par témoins

7 – Abdou a vendu son matériel hi-fi à son ami, pour une valeur de 20 000francs. Un
écrit est-il nécessaire ?

A) oui

B) non

8 - Il doit être passé acte devant notaires ou sous signatures privées de toute convention
dont l’objet excède 20 000 francs, et il n'est reçu aucune preuve par témoins contre et
outre le contenu aux actes, ni sur ce qui serait allégué avoir été dit avant, lors ou depuis
les actes, encore qu'il s'agisse d'une somme ou valeur moindre. L'interdiction de
prouver contre et outre un écrit par des témoins, issue de l'article 14 COCC, concerne :

A) tous les actes écrits, quel qu'en soit le montant

B) uniquement les actes écrits dont le montant est supérieur à 20 000 francs

9 – Mari est embêtée : étudiante en droit, elle a reçu un mail de sa famille lui posant une
question en droit de la preuve. Son père a signé un contrat comportant une clause qui
écarte l'exigence d'une preuve littérale et impose la preuve par témoins et
photographies. Ses cours remontant à sa première année, elle hésite sur la réponse à
donner et recherche sur des sites juridiques la réponse. Voici ce qu'elle trouve, elle se
demande quelle proposition est exacte :

A)« pas de souci, l'article 14 du COCC n'est pas d'ordre public ! Tu peux tout à fait
stipulerautre chose »
B) « mais si c'est dans le cadre d'un contrat de consommation, tu es obligé de garder la preuve
par écrit non ? »
C) « depuis quand l'article 14 peut être écarté ?! Retourne à la fac »

101
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

10 – Aissatou commerçante vend des vases. Elle s'est notamment engagée à vendre à un
de ses clients, Modou, particulier, une centaine de vases motifs baroques. Quelles règles
de preuve sont applicables, dans le cas où Aissatou ne s'exécute pas et dans celui où
Modou, ne s'exécute pas ?

A) Modou peut prouver par tous moyens son engagement

B) Modou doit prouver l'engagement par un écrit

C)Aissatou peut prouver par tous moyens son engagement

D) Aissatou doit prouver l'engagement par écrit

Dissertation

Sujet : la preuve des actes juridiques


UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR Année universitaire 2011/2012
LICENCE 1EN DROIT
FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES
ET POLITIQUES
SESSION DU 1er SEMESTRE
GROUPEB
SESSION DU 1erSEMESTRE

INTRODUCTION AU DROIT
ETUDIANTS QUI FONT T. D. EN INTRODUCTION AU DROIT

Exercice: Résoudre les cas pratiques fictifs suivants


Cas n° 1

Un délinquant est poursuivi pour crime de parricide. Un tel crime est sanctionné par lamort
d'après la loi applicable au moment de la commission de l'infraction. A la veille de la session
dela cour d'assises qui doit le juger, est entrée en vigueur une loi portant abolition de la peine
de mort.
La peine maximale pour les infractions les plus graves est désormais l'emprisonnement à
perpétuité.

Quelle est la peine encourue par le délinquant?

Cas n°2

Mme TERRE a vendu à M. SPECUL une de ses maisons. M. SPECUL a constatéavec


surprise que la dame TERRE est venue récupérer des biens qui s'y trouvaient au moment de
lavente et à propos desquels le contrat n'a rien précisé.
Ces biens litigieux sont constitués d'un cocotier planté au milieu de la cour, d'undivan posé
dans un salon, d'une glace scellée dans le mur par un locataire.

Quels sont les biens inclus dans la vente?

102
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Cas n° 3

M. CHACAL prête à Mme FAILLITE le montant de 125000 francs. MmeFAILLITE, qui a


promis de payer si elle reçoit sa .pension alimentaire, a consenti à signer unereconnaissance
de dette. Mais M. CHACAL l'en dissuade au motif qu'il a confiance en elle.Al‟échéance,
Mme FAILLITE refuse de payer en niant la créance.

Sur qui pèse la charge de la preuve?

Une lettre missive émanant de la femme de M. CHACAL faisant état de l'existence de la


créance litigieuse peut-elle être produite comme moyen de preuve du prêt?

103
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR Année universitaire 2012/2013


FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES LICENCE 1 EN DROIT
ET POLITIQUES SESSION DU 1er SEMESTRE
GROUPE A
EXAMEN INTRODUCTION A L'ETUDE DU DROIT
(Durée: 3 H)

Résoudre le cas pratique suivant:

Après une longue période de chômage, Assane, un ingénieur informaticien très doué, a
putrouver un emploi dans une société de téléphonie. En septembre 2010, pour payer les
fraisd'inscription universitaire de son fils aîné, la seule solution qui s'offrait à lui était de
solliciterun prêt bancaire d'un montant de trois millions de francs 'CFA (3 000 000 FCF A) à
un tauxd'intérêt de Il %. Pour avoir le prêt bancaire, il lui a fallu hypothéquer la ferme héritée
de songrand gère paternel. Il avait d'ailleursréussi à la valoriser. En effet, l'exploitation
comptaitfinalement cinquante (50) vaches laitières et vingt (20) moutons, sept (7) hectares de
terre cultivés en foin, de la volaille et un hangar pour garder le matériel agricole et stocker le
foin.
Identifiez la nature de chacun des biens en question
Précisez les biens concernés par l'hypothèque
Assane vit le calvaire mais il a une lueur d'espoir que soient allégées ses charges
financièresauprès de la banque avec la promulgation, le 02 juillet 2012, d'une loi qui plafonne
le tauxd'intérêt des prêts à 9%.
A-t-il raison de croire au rabais du taux d'intérêt initial?
Par ailleurs, à l'occasion de la fête de tabaski, Assane avait vendu cinq (5) de ses moutons àun
revendeur, ami et confident de longue date de son père, pour soixante dix mille francs
(70 000 F CFA) la tête en présence de deux de ses voisins. Aucun écrit n'a été rédigé.
Lerevendeur devait payer après la fête. Interpellé par Assane deux mois plus tard, ce
dernierestime qu'il ne s'agissait que deux moutons pour trente mille francs (30 000 frs CFA) la
tête. Assane saisit le juge.
Sur qui pèse la charge de la preuve?
Assane aura t-il raison devant le juge?

104
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

Bonne chance

INTRODUCTION AU DROIT
(Durée: 3 H)
SUJET POUR LES ETUDIANTS QUI FONT T. D. EN DROIT CIVIL
SESSION DE RATTRAPAGE 2012-2013
GROUPE B
1. Epreuve pour les étudiants qui n'ont pas validé le premier semestre
Sujet: Résoudre le cas pratique suivant:

Devant se marier le 14 février 2013, PIERRE conclut un contrat de bail à usaged'habitation, le


28 janvier de la même année, pour une durée de 3 ansrenouvelable. Le contrat prévoit un
loyer mensuel de 175000 francs pour lajouissance d'un appartement comportant une chambre
et un petit salon.
En janvier 2014, entre en vigueur une loi tendant à moraliser les baux à usaged'habitation.
Cette loi prévoit une réduction de 29% pour les baux dont le loyermensuel est inférieur ou
égal à 150 000 francs.
PIERRE consulte sa nièce: étudiante en Licence 2 de Droit, pour savoir si soncontrat est
concerné par la baisse des loyers. Sa nièce lui répond ceci:

a) Le bail étant un contrat, seule la volonté commune des parties peut modifier le prix du
loyer. Autrement dit, le législateur ne peut pas intervenir avant le renouvellement du contrat;
b} Et si jamais, il devait bénéficier de la baisse des loyers, le bailleur doit lui restituer le
surplus des 175000 perçus depuis février 2013.
Que pensez-vous des réponses données par la nièce de PIERRE ?
Par ailleurs, PIERRE avait prêté de l'argent à un collègue de bureau en présencede leur
patron. A l'échéance, le collègue bénéficiaire refuse de payer au motif qu'ilne doit rien.

Quelles devraient être les réponses de la nièce de PIERRE relativement aux questions
suivantes :
a) Sur qui pèse la charge de la preuve?
b) Dans quelle mesure hl preuve par témoignage est elle recevable, étant entendu que le
montant du prêt litigieux est de 120 000 francs?

105
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

SEANCE 4
Thème : application de la loi
Sous thème : conflits de lois dans le temps
Exercice: faire les cas pratiques

Cas n°1

Khady, une jeune villageoise qui a quitté le collège après son échec au BFEM vient en ville
pour travailler comme domestique. Pendant deux années, elle est payée 25.000 F CFA (vingt
cinq mille francs CFA le mois. Un jour, à la radio, elle apprend qu'une loi nouvelle est en
vigueur depuis, des mois et qu‟elle prévoit un salaire minimum de 35. 000 F CF A (trente cinq
mille francs CFA) pour tout travailleur. Au retour de son employeur, Khady le-lui fait-savoir
et lui demande sur le champune augmentation 10 000 F CFA (dix mille francs CFA). Mieux,
elle lui demande de lui rembourser le surplus de 10.000 F CFA. (dix mille francs CFA) par
mois pour les deux années déjà écoulées.
Qu'en pensez-vous?

Cas n°2

Modou est un farouche opposant politique; il ne se lasse jamais d'afficher dans des endroits
publics des tracts contenant des messages hostiles au pouvoir en place. Un jour, il est surpris
et appréhendé par un agent de police pour affichage illégal. Après jugement, il est condamné à
1 mois de prison. La semaine suivant sa condamnation, entre en vigueur une loi qui
dépénalise l'affichage illégal. Son avocat confiant, lui apprend qu'il va bientôt être libéré.

Sur quels arguments se fonde ce dernier?

Cas n°3

Mor Thiam est inquiet. Lors d'une discussion à la place du village, un étudiant en sciences
juridiques venu en vacances, lui a appris avait été voté une loi interdisant la polygamie au-
delà de 2 épouses sous peine d'emprisonnement. Mor Thiam, qui, déjà, avait 3 épouses, a
deux craintes majeures. Il envisageait de convoler en quatrième noce le mois suivant; son
projet a-t-il des chances d'aboutir ?

D'un autre côté, le jeune étudiant en droit lui a fait savoir qu'il devait divorcer d'avec l'une de
ses trois épouses sous peine de violer la loi? Ce dernier a-t-il raison?

106
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

UCAD- F. S. J. P. - LICENCE 1- GROUPE A


INTRODUCTION AU DROIT 1DROIT DES PERSONNES ET DE LA FAMILLE

(Examen de droit civil : Durée: 3 H)

Pour celles et ceux gui ont la matière en TD : Cas pratique

Le 12 décembre 2012, l'Assemblée Nationale vote une loi qui dispose en son article premier
que tout enfant qui naît d'un père ou d'une mère de nationalité sénégalaise est sénégalais.
Cette disposition abroge la disposition de la loi antérieure selon laquelle seul l'enfant né d'un
père sénégalais est sénégalais. L'enfant né d'une mère sénégalaise et d'un père étranger ne
pouvait acquérir la nationalité sénégalaise qu'à sa majorité et à condition d'en faire la demande
avant l'âge de 25 ans. Penda Diop Ndiaye, de nationalité sénégalaise, vous consulte pour
savoir si, à partir de l'entrée en vigueur de la loi nouvelle sur la nationalité, sa fille Khadija
Tall, née en 2009 d'un père mauritanien, pourra avoir un certificat de nationalité sénégalais.

2. François Gomis, un jeune homme de 30 ans, de mère sénégalaise et de .père Bissau-


guinéen, vous consulte pour savoir s'il peut prétendre à l'application des dispositions de la loi
nouvelle alors qu'il a laissé passer le délai qui lui était imparti par la loi précédente pour
demander la nationalité sénégalaise.
Le deuxième article de la loi du 12 décembre 2012 dispose que le conjoint étranger d'un
Sénégalais pourra déposer à tout moment une demande d'obtention de la nationalité
sénégalaise dès que le mariage aura eu plus de deux ans d'existence. Cet article abroge la
disposition de la loi précédente selon laquelle l'époux d'une femme de nationalité sénégalaise
devait attendre au moins cinq ans avant de déposer une demande d'obtention de la nationalité
sénégalaise; tandis que l'épouse d'un Sénégalais obtenait automatiquement, dès
l'enregistrement de son mariage, la nationalité sénégalaise.

3. Ibnou Samaké, de nationalité sénégalaise, qui s'est marié le 1erdécembre 2012 avec Marie-
Jeanne Blanchard de nationalitéfrançaise veut savoir si, dès son entrée en vigueur, la
nouvelleloi sera applicable à son épouse ou si cette dernière peutcontinuer à bénéficier des
dispositions de la loi ancienne.

4. Penda Diop Ndiaye qui s'est mariée le 3 mars 2009, à la Mairie de Pikine, avec Maciré Tall,
de nationalité mauritanienne, vousconsulte pour savoir à quelle date son mari pourra déposer
unedemande d'obtention de la nationalité sénégalaise.

107
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

INTRODUCTION A L’ETUDE DU DROIT

Cas n° 1
Le 15 Octobre 2003, Birane et Ousmane ont conclu par acte sous seing privé un contrat de
bail à usage d‟habitation d‟une durée de 5 ans. Le montant du loyer mensuel est fixé par les
deux parties à 290 000 frs/ mois
Le 15 juin 2005, le législateur qui a voulu mettre fin aux prix prohibitif des bailleurs, a fixé un
plafond à 150 000 frs/ mois pour un bail de cette nature. Dans la même loi figure une nouvelle
disposition selon laquelle « tout bail à usage d‟habitation dont le montant dépasse 100 000frs
/mois doit faire l‟objet d‟un acte notarié à peine de nullité ».
1°/ A quel montant le locataire Ousmane doit il payer les loyers qui restent à courir après
l‟entrée en vigueur de la nouvelle loi ?
2°/ Le bail liant Birane à Ousmane est il valable après l‟entrée en vigueur de la nouvelle loi ?

Cas n°2
La semaine dernière Demba a brulé un feu rouge et le policier qui l‟a interpellé et a dressé un
constat l‟a prévenu qu‟il serait convoqué au tribunal et qu‟une telle infraction était passible
dune amende et d‟un retrait de permis de conduire. Mai il a entendu dire que le gouvernement
envisageait de supprimer la sanction lorsqu‟il n‟y avait pas de récidive et qu‟il s‟agissait donc
de la première infraction de ce genre.

1°/Il vous demande si il pourrait bénéficier de cette reforme si celle-ci était votée avant
qu‟elle ne soit jugée.

2°/ que se passerait-il si cette reforme était votée après sa condamnation définitive ?

Cas n°3
En 1993 M. Sommeil est victime d‟un grave accident de la circulation qui lui a provoqué une
commotion cérébrale. Ce qui nécessite une greffe de la moelle épinière. C‟est ainsi que son
médecin conseil à sa famille d‟acquérir ledit organe auprès de M. Bonnemort qui était atteint
d‟un cancer irréversible. Ce dernier qui avait besoin d‟argent pour subvenir aux besoins de sa
famille vient vous demander si la conclusion d‟un tel contrat est juridiquement possible ?

108
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

La preuve des droits subjectifs


Exercice : Faire les cas pratiques

Cas n° 1
Pour venir en aide à son voisin qui est menacé d‟expulsion pour des arriérés de loyers, M.
baldé l‟interpelle discrètement et lui prête, en espèce, une somme de 300 000 F CFA. Au bout
de 3 mois, voyant que son voisin a acheté de nouveaux meubles, il lui réclame son argent. Ce
dernier, de très mauvaise foi, dit ne pas se souvenir d‟une quelconque dette à l‟égard de Mr
Baldé. Très déçu, mais aussi remonté contre son voisin, Mr Baldé l‟assigne en justice et
propose à son avocat d‟invoquer l‟impossibilité morale.
Cet argument peut-il prospérer ?

Cas n° 2
Fatou Ndiaye est une grande commerçante qui rencontre ces derniers temps des difficultés
financières. Sa fille a obtenu le baccalauréat, et elle veut l‟emmener au Canada poursuivre ses
études. Elle s‟en ouvre à un autre grand commerçant, Abdoulaye qui consent à lui prêter3
millions de francs CFA ; une reconnaissance de dette est établie par cette dernière.A
l‟échéance du prêt, Fatou Ndiaye refuse de payer, car, dit-elle, Abdoulaye lui avait une fois
vendu de la mauvaise marchandise. Elle est poursuivie en justice par ce dernier. Un ami du
commerçant, juriste de formation lui fait comprendre qu‟il n‟a pas à apporter de preuve écrite
car il était lié à une commerçante. Cet ami a-t-il raison ?
Un des voisins, avocat, lui conseille de se servir de la reconnaissance de dette de sa débitrice.
A quel titre peut-il s‟en servir ?

Cas n° 3
Dame Sarr, un père de famille est inquiet. La semaine dernière il a été victime d‟un
cambriolage et le sac dans lequel étaient contenus tous ses reçus de loyers a été emporté.
Au courant de cette situation, son bailleur, un grand escroc, en profite pour le pousser à la
porte et lui réclame paiement des trois derniers mois de loyers.
Traduit devant le juge par son bailleur, Dame Sarr soutient avoir déjà payé.
Qu’en pensez-vous

Cas n° 4
Par l‟intermédiaire de sa sœur qui fait ses études à Saint-Louis, Coumba fait la connaissance
d‟Aïta une Saint-Louisienne. Elles finissent par nouer des relations cordiales et Aïta la
sollicite pour un prêt de 7 millions. Coumba accepte et l‟opération se fait par voie
électronique. Six mois après, à l‟échéance du prêt, sa débitrice reste introuvable et refuse de
répondre à ses appels. Sa colère atteint le comble lorsqu‟au détour d‟une conversation, sa
sœur lui apprend qu‟Aïta est en réalité une femme malhonnête qui a eu par le passé, à rouler
beaucoup de personnes. Elle s‟en ouvre à un de ses amis avocat.
Dans quelle mesure peut-elle espérer rentrer dans ses fonds ?

109
M. LO , TEL :773070176, cours de renf ciss et lo

DE RENFORCEMENT BADJI ET LO
REVISION DE DROIT CIVIL
CAS PRATIQUES

Cas n° 1

Bari sagne sagne achète à son voisin Bari Auto une voiture d‟occasion pour la somme de
deux millions de francs. Apres avoir remis un chèque de deux millions de francs en paiement
de la voiture, Bari sagne sagne persuade son homonyme de se rendre chez un notaire afin de
faire constater la transaction par acte authentique. Chez le notaire, il est dressé un acte de
vente de la voiture de Bari Auto à Bari sagne sagne pour la somme de deux millions déjà
remise au vendeur. Quand Bari Auto se présente devant la banque pour se faire payer, le
caissier lui déclare que le compte de Bari sagne sagne est vide. Prétendant que c4est la
banque qui a fait une erreur sagne sagne qui fait le « taxi clando » avec la voiture, lui assure
qu‟il va lui verser, tous les mois, 50% de ses recettes jusqu‟à extinction de sa dette. Pour
apaiser son voisin, sagne sagne accepte même de coucher cet engagement par écrit et de le
signer. Harcelé par Bari Auto qui, au bout de deux paiements estime que le montant des
recettes est trop faible, sagne sagne le menace de ne plus rien lui verser car après tout il
dispose d‟un acte notarié établissant qu‟il a déjà payé la voiture. Bari Auto vous consulte sur
ses possibilités de contester le de l‟acte authentique en cause.

Cas n° 2

Modou Modou ne sait ni lire ni écrire mais il a le sens des affaires, avec ses économies et
l‟argent qu‟il a emprunté à la Banque Sénégalaise de Développement (B.S.D) en donnant
son champ de mangues en garantie, il loue une cantine au marché de la capitale, où il vend
des marchandises d‟importation. Au bout de quelques années, non seulement Modou Modou
a remboursé toutes ses dettes mais il est devenu un homme immensément riche et considéré.
Quand le frère de sa quatrième femme, Ka ndaw, un jeune homme entreprenant et bardé de
diplômes lui demande de l‟accompagner à la B.S.D. pour l‟appuyer dans sa demande de prêt,
c‟est tout naturellement que Modou Modou accepte. Sur place, Modou Modou et Ka ndaw
sont introduits dans le bureau du banquier. Apres avoir expliqué le motif de leur visite,
Modou Modou signe en faveur de son beau frère un engagement de se porter caution, c'est-à-
dire de garantir personnellement le prêt de trente millions de francs que la banque consent à
Ka ndaw, pour qu‟il se lance dans les affaires. A l‟échéance de la dette, Ka ndaw qui n‟a pas
le talent pour faire fructifier l‟argent de son beau frère s‟avère insolvable. La banque somme
alors Modou Modou de payer en sa qualité de caution. Mais Modou Modou refuse de
s‟exécuter en arguant du fait qu‟étant illettré, il ne pouvait savoir que l‟accord qu‟il avait
signé l‟engageait à titre de caution. Il croyait juste avoir attesté que Ka ndaw était un garçon
honnête à qui la banque pouvait faire confiance car en vérité, il n‟aurait jamais signé un
engagement de se porter caution si le banquier lui en avait précisé la signification, autrement
dit qu‟en cas de défaillance du débiteur principal Ka ndaw, il aurait l‟obligation de
rembourser à sa place. Sur de son bon droit mais néanmoins inquiet, il vous consulte afin de
savoir si la banque a des chances de gagner contre lui si l‟affaire va devant les tribunaux.

110

Vous aimerez peut-être aussi