Vous êtes sur la page 1sur 7

SUPPORT DE COURS |UVS| 2018 SJ

Licence 1
SCIENCE JURIDIQUE

Cours : Méthodologie Juridique


Séquence 1 : La dissertation juridique
Université Virtuelle du Sénégal, support de cours 2018

Chapitre I : La dissertation juridique


Ne soyez pas l’étudiant qui…
  Qui se précipite sur son stylo pour écrire sans avoir réfléchi
  Pour qui trouver un plan relève du pur hasard

  Qui croit que le style juridique est nécessairement pompeux et obscur



 
Qui écrit douze pages sans jamais aller à la ligne

La dissertation (du latin disserere, exposer des raisonnements, des idées liées les unes aux
autres) correspond à la mise en œuvre d’un discours ordonné et cohérent à propos d’un
problème envisagé dans sa dimension juridique. Les maîtres mots de cet exercice sont
l’exhaustivité et la rigueur. Exhaustivité, parce qu’il faut aborder tous les aspects importants
du sujet. Rigueur, parce qu’il faut éviter les hors sujets et veiller à ce que les développements
correspondent à ce qui a été annoncé par la problématique exposé dans l’introduction et les
intitulés du plan.

La dissertation juridique comporte souvent une introduction (1) et un développement (2), la


conclusion étant une étape peu familière dans le cadre de cet exercice.

1. L’introduction
« L’ordre affranchit la pensée » René DESCARTES

« Sans technique, le don n’est rien qu’une sale manie ».

Le terme introduction vient du latin intro ducere qui signifie conduire dedans. L’introduction
sert à conduire à l’intérieur du sujet. Elle est une partie intermédiaire entre le sujet et les
développements qu’il appelle. Il s’agit, par une analyse des termes de l’intitulé de formuler au
mieux la question posée et d’en délimiter le champ. Cette première étape suscite un certain
nombre questionnement.

  Qui, quoi et comment ?


  De quoi on parle ?
  Pourquoi on en parle ?
 Comment on en parle ?

Système en entonnoir

L’introduction comporte sept (7) parties :

-Amener le sujet

Il s’agit de partir du général au particulier. En d’autres termes cette étape consiste à placé le
sujet dans son contexte (juridique, économique social, historique etc.)

2
Université Virtuelle du Sénégal, support de cours 2018

-Poser le sujet

Cette tâche consiste à éclairer le contenu du sujet. En général, les sujets sont formulés de
façon énigmatique. Poser le sujet, c’est formuler le sujet la sujet de façon plus clair ; il est
même conseillé de le reformuler.

-Définir des termes du sujet

Les termes du sujet doivent être explicités : pourquoi tel terme a été employé et pas un autre,
à quel champ sémantique renvoi tel ou tel terme, etc. Tous les mots du sujet doivent être
analysés, jusqu’aux articles (analyser l’emploi du singulier ou du pluriel, de l’article défini ou
indéfini, etc.) De l’analyse précise des termes du sujet on peut alors déduire la problématique.

-Délimitation du sujet (s’il y a lieu)

L’introduction peut servir également à évacuer certaines questions marginales ou qui ne


présente pas d’intérêt pour l’étude que l’on voudrait faire. Il s’agit de situer progressivement
la question à traiter dans l’ensemble de la matière, en centrant jusqu’à la cerner avec précision
la question soulevée. Toutefois, la délimitation ne doit être un prétexte, pour écarter des
éléments (que l’on ne maitrise pas) qui mérite d’être traités. Elle doit être nécessaire. Cela
signifie que lorsque le sujet est assez clair et précis, l’opération de délimitation n’est d’aucune
utilité.

-Problématique

C’est la question centrale que soulève le sujet et qui va imprégner tout le développement qui
suivra. Parfois, la question que vous devez traiter est directement posée dans le sujet. Il
convient alors de répondre précisément à la question posée. Exemple : la jurisprudence
constitue-t-elle une source de droit ? En général, ce genre de sujet invite l’étudiant à
prendre personnellement position. D’autres fois, la question que vous devez exposer n’est
pas clairement exprimée dans le sujet. Dans cette hypothèse, il ne vous appartient pas
d’inventer n’importe quelle problématique. La problématique préexiste certainement, et vous
devez la retrouver à travers le sujet. En général, elle a été exposée en cours et elle figure dans
les manuels.

Eventuellement, si vous avez du mal à dégager la problématique, essayez de reformuler le


sujet sous forme interrogative en utilisant des formules variées : « Quelle est l’influence de
… ? » ; « A quoi sert … ? » ; « Comment fonctionne … ? » ; « Quelle est la portée de
… ? »……..

- L’intérêt du sujet

Une fois la problématique soulevée, il faut insister sur l’intérêt du sujet. Il s’agit de répondre à
la question : « pourquoi dois-je parler de ce sujet ? ». Si le sujet a été donné, c’est qu’il est
important. Il faut donc rechercher pourquoi le sujet a été donné et le dire franchement. Ces
intérêts, souvent liés à des développements d’actualité, peuvent être d’ordre pratique et/ou
théorique :

3
Université Virtuelle du Sénégal, support de cours 2018

Intérêt théorique :

Ce sont les implications théoriques du sujet à savoir : les débats qui se sont soulevés (ce sont
les controverses doctrinales), lorsque les principes juridiques traduisent une évolution
particulière (de la législation, des mœurs, de la société…).

L’intérêt pratique

L’intérêt pratique se découvre la plupart du temps en cherchant à imager des cas d’application
concrets des règles juridiques en cause. On peut alors montrer que la question envisagée se
pose fréquemment, que les solutions à dégager intéressent beaucoup de personnes ou
commandent des conséquences (économiques, sociologiques…) importantes. Faire apparaître,
quand c’est possible, l’actualité des problèmes renforce considérablement le dynamisme de la
dissertation ; mais n’extrapolez surtout pas !

-Justification et annonce du plan

Vous voilà en possession de votre problématique qui prend le plus souvent la forme d’une
question. Le plan n’est autre que la réponse en deux points à cette question. Mais il ne s’agit
pas seulement de dire quelle articulation a été choisie ; il faut justifier ce plan. On doit
commencer par exprimer l’idée ou les idées essentielles animant le sujet ; puis on annonce
l’ordonnancement de la démonstration. Le plan adopté doit apparaître comme une
conséquence logique et naturelle des principes antérieurement dégagés.

L’essentiel consiste donc à expliquer pourquoi la présentation retenue s’impose.


L’annonce proprement dite se limite à la phrase dans laquelle vous ferez apparaître entre
parenthèse le I et le II du plan. Ex : ...............(I), ...................(II).

En première année, vous pouvez vous satisfaire de phrases assez simple comme : dans un
premier temps, puis dans un second, ou, dans une première partie nous traiterons telle chose
et puis telle autre dans une seconde. Mais il faudra assez vite dépasser ce stade car il
n’apporte pas de réelle satisfaction sinon celle de mettre en parallèle deux idées principales

-Annonce du plan (deux parties) : plan bateau, plan chronologique, plan technique-plan
d’idée.

2. Le plan
Le plan est commandé par le sujet, ou, plus précisément, par l’idée directrice que vous avez
dégagée. Il convient donc d’adopter un plan qui suive une ligne directrice claire, que l’on
s’attache à respecter et à démontrer.

Concrètement : le plan est la réponse à la problématique posée.

4
Université Virtuelle du Sénégal, support de cours 2018

En droit, le plan se structure en deux parties, deux sous-parties. Ce qui fait un total de .... 4
sous parties. Si vous avez lu attentivement ce qui précédait, vous devez vous souvenir que,
lors de la recherche de notre problématique, nous avons regroupé nos idées en 4 catégories.
Celles-ci correspondent aux 4 sous parties. Mais pour réaliser le plan, ces 4 catégories doivent
être contenues dans deux grandes catégories. De telle sorte que :

Catégorie 1 regroupe Une sous-catégorie, Une seconde sous-catégorie,

Catégorie 2 regroupe Une sous-catégorie, Une seconde sous-catégorie.

Ce travail doit aboutir à plan qui devra avoir pour résultat ce qui suit :

Structure du Plan d’une dissertation juridique

I. Le titre de ma PREMIERE PARTIE

J’annonce ce dont je vais parler dans ma première sous-partie (A), puis dans ma seconde sous-
partie (B).

A. Le titre de ma première sous-partie.

Je fais une transition pour annoncer la seconde sous-partie.

B. Le titre de ma seconde sous-partie.

Je fais une transition pour annoncer la SECONDE PARTIE.

II. Le titre de ma SECONDE PARTIE.

J’annonce ce dont je vais parler dans ma première sous-partie (A), puis dans ma
seconde sous-partie (B).

A. Le titre de ma première sous-partie.

5
Université Virtuelle du Sénégal, support de cours 2018

Je fais une transition vers ma seconde sous-partie.

B. Le titre de ma seconde sous-partie.

(Pas de conclusion)

3. Le développement (la rédaction proprement dit)

Il ne faut jamais perdre de vue que la dissertation sert à faire une démonstration. Il ne s’agit ni
d’un catalogue de connaissances, ni d’une récitation de cours. On doit donc toujours expliquer
pourquoi on évoque tel ou tel point et montrer qu’il sert à démonter l’idée développée dans la
problématique.

Contrairement à la forme, le fond ou le contenu est fonction du sujet qui vous est donné. Mais
il y a quelques règles essentielles qui ne changent pas. Elles sont relatives à la rédaction ou la
formulation du contenu et son développement.

Faites des phrases courtes et simples. Les phrases courtes rendent le contenu dynamique, léger et
maintient l’attention du correcteur ou du lecteur. Les phrases simples rendent la dissertation plus
claire et compréhensible. Vous éviterez ainsi de perdre le lecteur. Généralement tout se passe en
trois temps : je vais dire quelque chose, je dis la chose en question, voilà ce que je voulais vous
dire. Il faut exprimer vos intentions, les réaliser et les résumer.

Privilégiez une idée par partie, mais une idée importante peut être accompagnée d’autres
idées accessoires. Le risque reste que des idées accessoires peuvent être hors sujet.

Il n’est pas possible de schématiser ou d’aller plus en profondeur pour deux raisons : la
première c’est qu’il existe une multitude de sujet et que chaque sujet peut être traité
différemment. C’est selon l’importance que l’on accorde à telle ou telle idée.

Pour quelques conseils de rédaction: soigner l’écriture, l’orthographe et l’expression ;


proscrire les abréviations, les sigles et les schémas ; éviter les familiarités ; ne pas
employer le mot « je », mais plutôt « nous », « on », « il » ; éviter l’emploi de verbes dans
les intitulés ; éviter les répétitions ; aller à ligne pour chaque idée nouvelle, enchaîner les
phrases de manière logique ; enfin, relire la copie.

6
Université Virtuelle du Sénégal, support de cours 2018

Vous aimerez peut-être aussi