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Section 2 : Les axes d'améliorations pour une meilleure efficience de ces exonérations

Pour garantir une efficience des exonérations fiscales dans le secteur extractif, il est
primordial que celles-ci soient améliorées notamment avec le renforcement de la transparence
et de la gouvernance dans le secteur (paragraphe 1) et aussi la révision de la politique
d'exonération dans le secteur des industries extractives au Sénégal (paragraphe 2)

Paragraphe 1 : Le renforcement de la transparence et de la gouvernance

Pour assurer une utilisation responsable des ressources publiques, favoriser un développement
durable et maintenir la confiance des citoyens et surtout des investisseurs, le renforcement de
la transparence (A) et de la gouvernance (B) dans les exonérations fiscales du secteur extractif
est essentiel

A) Le renforcement de la transparence

« La lumière du soleil est le meilleur des désinfectants ». Cette phrase, prononcée par le juge
américain Louis Brandeis en 1913 face au manque de transparence des activités des banques
et des entreprises, a été adoptée comme mot d’ordre des défenseurs de la transparence. La
transparence s’est peu à peu imposée comme un standard minimum, puis comme la norme
pour de nombreux secteurs économiques, en particulier dans le secteur extractif.
En effet, le manque de transparence dans le secteur extractif constitue une des raisons
majeures qui explique cette paradoxe avec certains pays du continent africain qui dispose de
grandes réserves en ressources énergétiques alors qu’ils sont toujours confrontés aux réalités
de la pauvreté d’où la nécessité de renforcer les mécanismes de promotion de la transparence
fiscale dans le secteur notamment pour ce qui en est des exonérations.
L’article 25-1 de la constitution du Sénégal de 2016 dispose que «les ressources naturelles
appartiennent au peuple. Elles sont utilisées pour l’amélioration de ses conditions de vie.
L’exploitation et la gestion des ressources naturelles doivent se faire dans la transparence et
de façon à générer une croissance économique, à promouvoir le bien-être de la population en
général et à être écologiquement durables». Au regard de cette disposition, nous pouvons en
déduire que notre pays érige une place importante au respect de la transparence pour tout ce
qui touche aux ressources naturelles nationales.
Le renforcement de la transparence dans les exonérations fiscales dans le secteur extractif est
crucial pour assurer une gouvernance financière responsable. Cela pourrait impliquer la
publication détaillée des bénéficiaires d'exonérations, des montants concernés et des
justifications, favorisant ainsi la responsabilité et la lutte contre la fraude fiscale. Ainsi, en
posant un regard sur le secteur le extractif et plus précisément dans celui relatif aux ressources
pétrolières et minières, nous constatons que cette obligation de transparence est devenue la fer
de lance pour une gestion responsable de ces ressources. Ainsi, l’obligation de transparence
est de mise dans les activités pétrolières en se référant à l’article 55 du code pétrolier de 2019
qui dispose que «Conformément aux principes et exigences en matière de transparence et de
bonne gouvernance, notamment ceux de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries
Extractives (ITIE), les titulaires du titre minier d’hydrocarbures sont tenus de participer aux
mécanismes de transparence des paiements qu’ils effectuent à l’Etat au titre du présent Code.
Aux fins de faciliter les exercices annuels de collecte et de rapprochement des données
relatives aux paiements reçus des industries extractives, les titulaires de titre minier
d’hydrocarbures doivent en particulier : effectuer des déclarations basées sur les données qui
font l’objet d’audit par les instances compétentes en la matière ; déclarer aux instances
nationales de VITTE l’ensemble des revenus pétroliers et gaziers versés à l’Etat et des
réalisations sociales effectuées ; fournir des informations sur leurs bénéficiaires réels
conformément aux lois et règlements en vigueur». Cela va de même pour le code minier de
2016 qui instaure aussi cette obligation de transparence en son article 95 «Tout titulaire de
titre minier a l’obligation de respecter les principes et exigences de l’Initiative pour la
Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), notamment : d’effectuer des déclarations
basées sur les données qui sont l’objet d’audit par les instances compétentes en la matière ; de
déclarer aux instances nationales de l’ITIE toutes les informations relatives à ses paiements à
l’Etat, y compris les réalisations économiques et sociales».
À cela s’ajoute, l’utilisation d’un compte séparé au sein du budget plutôt que d’un fonds
(FONSIS)peut accroître la transparence et améliorer les exigences en matière de déclarations.
Pour échapper à ce paradoxe, notre pays se doit donc d’instaurer la transparence dans la
gestion des ressources minérales et, en pensant aux générations futures, réussir une
valorisation responsable des recettes tirées de leur exploitation, ce qui ne peut être réussi sans
le renforcement de la gouvernance

B) Le renforcement de la gouvernance
Le renforcement de la gouvernance dans le secteur extractif passe par la mise d’institutions
capable de gérer ces ressources naturelles.
En effet, la gestion des recettes publiques issues de l’exploitation des hydrocarbures est un
enjeu majeur pour les pays riches en ressources naturelles. Lorsqu’elles sont bien gérées, ces
recettes peuvent stimuler la croissance et le développement économiques du pays.
Inversement, une mauvaise gestion des recettes tirées de ces ressources (par exemple, par des
dépenses inopportunes) peut gâcher les possibilités qu’elles offrent et laisser peu de
perspectives aux générations futures. Les pays dont la gestion des ressources de l’industrie
extractive est particulièrement mauvaise peuvent se retrouver dans une situation encore pire
qu’avant la découverte des ressources.
Notre gouvernement a une excellente occasion, dans les années précédant l’exploitation dans
le secteur extractif , de concevoir un cadre approprié pour la gestion et l’utilisation des
revenus tirés des ressources afin d’atténuer les risques mentionnés plus haut.
De plus, le Sénégal pourrait renforcer la gouvernance dans le secteur extractif, en améliorant
par exemple la planification et l’exécution du budget (par exemple en accordant plus de temps
au processus) ; en publiant davantage d’informations (actualisées) sur des aspects importants
de la politique fiscale, notamment sur les revenus des industries extractives, ainsi que sur la
dette totale du secteur public ; et en traitant les incohérences dans certaines statistiques
fiscales. Le gouvernement pourrait également réduire les recours aux procédures de dépenses
simplifiées et aux appels d’offres publics uniques, qui présentent tous deux des risques de
corruption, et c’est d’ailleurs ce qu’il prévoit de faire. Une plus grande participation du public
au processus budgétaire serait également salutaire, ce que le gouvernement pourrait favoriser
au travers de différentes mesures. (Voir La gestion des revenus pétroliers et gaziers du
Sénégal, William Davis, Andrew Bauer, Pape Daouda Diène, p.4)

Paragraphe 2: La révision de la politique d'exonération dans le secteur des industries


extractives au Sénégal

Pour assurer l’efficience dans le secteur extractif sénégalais, il demeure nécessaire de revoir
cette politique d’exonération en tenant compte des mutations des enjeux économiques (A)
mais aussi d’une responsabilité sociale et environnementale à promouvoir (B)

A) Une politique à revoir en tenant compte des mutations des enjeux économiques
Le Sénégal est dans le processus de s’ériger en qualité de pays à fortes richesses extractives.
Pour que cela se produise, pas de de réformes doivent être accompli. Conscient de cela, le
Sénégal a entrepris une politique de réforme dans son secteur extractif afin de la rendre plus
efficiente.
Dans le secteur minier, l’adoption en 2016 du nouveau code minier a enfin été
l’aboutissement du processus de réforme fiscale du secteur minier sénégalais, l’exposé des
motif reconnaissant que « l’orientation incitative du code de 2003, marquée notamment par le
champ étendu des exonérations, n’a pas favorisé une répartition équitable des revenus entre
l’investisseur et l’État ». Le secteur pétrolier sénégalais n’est pas reste.
En effet, un regard sur l’exposé des motifs de la nouvelle législation dans le secteur pétrolier,
il nous renseigne que le Sénégal a entrepris une politique de se départir de son régime fiscal
foncièrement incitatif dans le secteur des hydrocarbures. C’est dans cette optique que pas mal
dispositions fiscales jadis incitatives ayant vu le jour sous le code pétrolier de 1998 ont été
révisées dans le but de permettre au pays de se conformer à ce qui se passe dans le secteur
dans les États producteurs d’hydrocarbures.(Voir l’exposé des motifs du CP de 2019)
Comme on le sait si bien, le secteur extractif est un grand pourvoyeur de revenus financiers
toutefois, une politique d’exonérations à tout-va peut irrémédiablement constituer un frein à
l’essor économique.
Une publication d’un quotidien de la place (l’AS paru le 6 Décembre 2023) que malgré les
223 milliards de F Cfa tirés de l’exploitation des ressources naturelles en 2021, le Sénégal
perd, selon une étude du Think-tank Leadership, Éthique, Gouvernance, Stratégies pour
l'Afrique (Legs-Africa), 391 milliards en exonérations fiscales au profit des entreprises qui
opèrent dans le secteur.

B) Une responsabilité sociale et environnementale à promouvoir

La révision de la politique d'exonération dans le secteur des industries extractives au Sénégal


peut être un levier essentiel pour promouvoir la responsabilité sociale et environnementale. En
incluant des incitations fiscales spécifiques liées à des pratiques durables, on encourage les
entreprises à adopter des comportements socialement responsables et respectueux de
l'environnement dans leurs opérations.
En effet, l’exploitation des ressources extractives influent sur la vie quotidienne des
populations riveraines à ces zones d’exploitation. Ces dernières, très souvent des
communautés pauvres sont très dépendantes de l’environnement qui leur fournit les moyens
de subsistance. Il apparaît donc crucial pour la législation dans le secteur extractif de les
prendre en considération.
Dans cette optique, une étude en amont de l’impact environnemental doit être conduite ainsi
que de nouvelles mesures comme par exemple l’institution de la taxe de pollution (système du
pollueur-payeur) pour compenser les retombées négatives de la dégradation de
l’environnement sur le quotidien de ces populations. (Voir El Hadji Dialigué Ba, Droit fiscal,
l’harmattan, 2016, p48 et suivants)

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