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Chapitre 2 : Les modes d’acquisition des biens : expropriation pour cause d’utilité
publique
Introduction
La notion de domaine fut utilisée par les jurisconsultes romains pour désigner la propriété ou
le droit de propriété.
Par la suite, le domaine apparait comme l’ensemble des biens meubles ou immeubles
appartenant aux personnes publiques, ou qui sont mis à leur disposition.
Le domaine se confondait sous l’ancien régime avec les propriétés du Roi (point de domaine
en dehors du roi et point de domaine au-delà du roi) avant de se transformer en domaine de la
couronne. Le passage du domaine du roi au domaine de la couronne, fut consacré par
l’ordonnance de l’édit de Moulins de 1566. Le domaine se détachait ainsi de la personne du
roi et on assistait à la naissance d’une fiction juridique qui faisait du roi non plus le
propriétaire des biens publics mais le gardien du domaine (C’est à partir de ce moment
que le principe de l’inaliénabilité est consacré).
Les critères d’identification du domaine public vont connaitre une évolution durant le
XX siècle pour épouser la notion d’affectation à l’utilité publique sous la houlette de la
doctrine (Hauriou, Duguit, Waline)
L’alinéa 4 de l’article 13 prévoit l’intervention d’une loi pour en dégager les contours et le
contenu mais celle-ci n’est toujours pas intervenue.
Pour l’heure, l’article 298 de la loi n°2013-10 portant Code général des collectivités locales,
permet à l’État de déléguer les compétences de gestion du domaine public maritime et du
domaine public fluvial aux département et aux communes. Les actes de gestion pris par les
collectivités locales sont soumis à l’approbation du représentant de l’État.
Le domaine public artificiel reste géré par l’Etat conformément aux dispositions de l’article
299 ( à l’exception des voiries non classées à l’intérieur du périmètre communal ou des
monuments historiques dont la gestion peut être transférée aux CL).
Partant de ces évolutions, que faudrait-il retenir du droit administratif des biens ?
Le droit administratif des biens s’entend dès lors, comme cette branche du public qui
étudie toutes les questions relatives aux biens et droits mobiliers ainsi qu’ immobiliers
des personnes publiques ou qui sont à leur disposition. Biens soumis à un régime spécial
appelé domanialité publique. La notion de domanialité́ renvoie à un ensemble de règles
exorbitantes et dérogatoires de droit commun, qui s’appliquent aux biens publics
affectés à un service public ou à un usage direct du public, bénéficiant des lors d’une
protection spéciale qu’on ne saurait retrouver dans les règles de droit commun.
Il résulte de cette conception que la domanialité́ gravite autour de deux notions fondamentales
à savoir l’intérêt général et le service public. Selon le doyen Duguit et Hauriou, c’est
l’affectation des biens du domaine à un service public ou à l’utilité́ publique qui justifierait un
régime exorbitant de droit commun mais aussi une protection spéciale. Cette protection
spéciale épouse un certain nombre de principes mais aussi des mécanismes qui permettent la
conservation du domaine public. Pour pouvoir cerner l’ensemble des aspects qui caractérise
le droit administratif des biens au Sénégal, une approche de droit comparé avec la France à
travers ses dynamiques jurisprudentielles et législatives, est nécessaire.