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Plan du cours :

Première partie : La structure domaniale au Sénégal

Chapitre 1: Les éléments constitutifs

Section 1: La composition du domaine de l’État

Para 1: Les critères de distinction domaine public/ domaine privé

A/ Les critères généraux

B/ Les critères complémentaires

Para 2 : La consistance du domaine de l’État : cas spécifique du domaine public

A/ Le domaine public naturel

B/ Le domaine public artificiel

Section 2: La particularité sénégalaise: le domaine national

Para 1 : Le cadre de justification de la loi sur le domaine national

Para 2 : Le cadre de classification des terres du domaine national

Chapitre 2: La circulation des biens entre les domaines

Section 1: L’entrée des biens dans le domaine public

Para 1 : L’entrée des biens dans le domaine public naturel

Para 2 : L’entrée de biens dans le domaine public artificiel

Section 2: La sortie des biens du domaine public

Para 1 : Le procédé de sortie

Para 2 : La situation juridique du bien sorti du domaine public

Deuxième partie : Le régime juridique de la domanialité publique

Chapitre 1 : Les modalités de protection du domaine public

Section 1 : La protection à travers des mécanismes spécifiques de protection

Para 1 : Les principes de protection

Para 2 : La protection pénale

Section 2 : La protection à travers des modalités particuliers d’utilisation

Para 1 : L’utilisation collective


Para 2 : l’utilisation privative

Chapitre 2 : Les modes d’acquisition des biens : expropriation pour cause d’utilité
publique

Introduction
La notion de domaine fut utilisée par les jurisconsultes romains pour désigner la propriété ou
le droit de propriété.

Par la suite, le domaine apparait comme l’ensemble des biens meubles ou immeubles
appartenant aux personnes publiques, ou qui sont mis à leur disposition.

Progressivement, la notion de domaine va aussi s’étendre à des droits réels mobiliers et


immobiliers appartenant aux personnes publiques.

Aujourd’hui, la notion de domaine renvoie plus précisément à l’ensemble des biens


mobiliers et immobiliers ainsi qu’aux droits réels qui appartiennent aux personnes
publiques ou mis à leur disposition.

Le domaine se confondait sous l’ancien régime avec les propriétés du Roi (point de domaine
en dehors du roi et point de domaine au-delà du roi) avant de se transformer en domaine de la
couronne. Le passage du domaine du roi au domaine de la couronne, fut consacré par
l’ordonnance de l’édit de Moulins de 1566. Le domaine se détachait ainsi de la personne du
roi et on assistait à la naissance d’une fiction juridique qui faisait du roi non plus le
propriétaire des biens publics mais le gardien du domaine (C’est à partir de ce moment
que le principe de l’inaliénabilité est consacré).

A la révolution française de 1789, la couronne cède la place à la Nation et le domaine de la


couronne devient le domaine de la Nation.

Du domaine de la nation, on est passé au domaine de l’État en 1957 ( code du domaine de


l’État en France) qui trouvera son pendant au Sénégal par le truchement de la loi n°76- 66 du
2 juillet 1976 portant code du domaine de l’État. Ce domaine de l’État est subdivisé en
domaine public et domaine privé.
Selon l’article 2 du code du domaine de l’État, le domaine public comprend l’ensemble des
biens qui en raison de leur nature ou de la destination qui leur est donnée ne sont pas
susceptibles d’appropriation privée . Ce critère sur lequel repose la définition du domaine
public, met l’accent sur la nature du bien concerné et accessoirement sur la destination de
ce bien. Le domaine privé quant à lui, est défini de manière négative par rapport au domaine
public. C’est-à-dire tous les biens qui n’appartiennent pas au domaine public, relèvent du
domaine privé.

Le législateur sénégalais de 76 a emprunté les critères utilisés dans le code du domaine de


l’État de 1957 en France, qui correspondaient à la domanialité publique naturelle.

Les critères d’identification du domaine public vont connaitre une évolution durant le
XX siècle pour épouser la notion d’affectation à l’utilité publique sous la houlette de la
doctrine (Hauriou, Duguit, Waline)

Parallèlement au domaine de l’État, il faut relever la particularité domaniale sénégalaise


symbolisée par le domaine national. Ce dernier domaine est créé par la loi du 14 juin 1964
relative au domaine national. Le domaine national intègre « toutes les terres qui n’ont pas fait
l’objet d’immatriculation, qui n’appartiennent pas au domaine public » et ne peuvent pas faire
l’objet d’appropriation de quelque nature que ce soit.

Cette loi se voulait un cadre conforme à la conception socialiste et négro-africaine de la


terre, tout en visant un équilibre entre la socialisation de la propriété foncière conforme à la
tradition négro-africaine et le développement économique du pays.

Au demeurant, on doit également faire mention d’une autre particularité liée à la


propriété. Contrairement à la France ou il y’a une approche extensive de la propriété
(quasiment toutes les toutes personnes publiques peuvent être propriétaires du domaine
public) au Sénégal, le législateur s’attache à une approche restrictive de la propriété. En effet,
Au Sénégal, seul l’Etat (article 1 du code du domaine de l’État) pouvait être propriétaire du
domaine public mais l’acte 3 de la décentralisation en son article 13 ( qui reprend les
dispositions de l’article 11de l’ancien code), amorce très vaguement le domaine des CL  :
« Le domaine public et le domaine privé des CL se composent des biens meubles et
immeubles acquis à titre onéreux ou gratuit ».

Les dispositions de l’article 13 inspirent trois commentaires :


- Le législateur tire les conséquences de la personnalité juridique des CL qui doivent
disposer d’un patrimoine propre distinct de celui de l’État

- En utilisant la formule « biens acquis à titre onéreux ou gratuit », le domaine des CL


ne semble pas intégrer le domaine public naturel tel que défini dans le code du
domaine de l’État.

- Le législateur semble confondre les notions de patrimoine et de domaine qui sont


distinctes. Le patrimoine renvoie à une logique de propriété qu’elle soit publique ou
privée. Alors qu’un domaine ne fait forcément l’objet d’une appropriation. Si tout
patrimoine peut intégrer un domaine, tout domaine n’est pas forcément patrimonial
( cas du domaine national). La notion de patrimoine correspond plus à l’esprit des
dispositions de l’article 13.

L’alinéa 4 de l’article 13 prévoit l’intervention d’une loi pour en dégager les contours et le
contenu mais celle-ci n’est toujours pas intervenue.

Pour l’heure, l’article 298 de la loi n°2013-10 portant Code général des collectivités locales,
permet à l’État de déléguer les compétences de gestion du domaine public maritime et du
domaine public fluvial aux département et aux communes. Les actes de gestion pris par les
collectivités locales sont soumis à l’approbation du représentant de l’État.

Le domaine public artificiel reste géré par l’Etat conformément aux dispositions de l’article
299 ( à l’exception des voiries non classées à l’intérieur du périmètre communal ou des
monuments historiques dont la gestion peut être transférée aux CL).

Partant de ces évolutions, que faudrait-il retenir du droit administratif des biens ?

Le droit administratif des biens s’entend dès lors, comme cette branche du public qui
étudie toutes les questions relatives aux biens et droits mobiliers ainsi qu’ immobiliers
des personnes publiques ou qui sont à leur disposition. Biens soumis à un régime spécial
appelé domanialité publique. La notion de domanialité́ renvoie à un ensemble de règles
exorbitantes et dérogatoires de droit commun, qui s’appliquent aux biens publics
affectés à un service public ou à un usage direct du public, bénéficiant des lors d’une
protection spéciale qu’on ne saurait retrouver dans les règles de droit commun.
Il résulte de cette conception que la domanialité́ gravite autour de deux notions fondamentales
à savoir l’intérêt général et le service public. Selon le doyen Duguit et Hauriou, c’est
l’affectation des biens du domaine à un service public ou à l’utilité́ publique qui justifierait un
régime exorbitant de droit commun mais aussi une protection spéciale. Cette protection
spéciale épouse un certain nombre de principes mais aussi des mécanismes qui permettent la
conservation du domaine public. Pour pouvoir cerner l’ensemble des aspects qui caractérise
le droit administratif des biens au Sénégal, une approche de droit comparé avec la France à
travers ses dynamiques jurisprudentielles et législatives, est nécessaire.

Partant, ce cours vase entre la structure domaniale au Sénégal (première partie) et le


régime juridique applicable à la domanialité publique (partie 2).

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