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PRIMATURE République du Mali

Un peuple – Un but – Une foi

7ème PROMOTION

Etude de cas:

Module: Règles et pratique Comptabilité publique

THEME

« Le contrôle parlementaire de
l’action gouvernementale dans
le cadre de l’exécution de la loi
de finances»
PRESENTE PAR LES MEMBRES DU GROUPE VII

1- Aly SANGARE……………………………………………………Administrateur Civil


2- Sidi CISSE………………………………………………………....Administrateur Civil
3- Moussa TRAORE………………………………………………….Administrateur Civil
4- Amadou GUIRE……………………………………………..…Inspecteur des Finances
5- Ibrahim HAMADIKINANE..…………………………………..Inspecteur des Finances
6- Mahambé KAGNASSI..…………………………Inspecteur des Services Economiques
7- Abdoulaye TANGARA……………………………………….……Inspecteur du Trésor
8- Diakaridia KONE………………………………………………..…Inspecteur du Trésor
9- Brehima OMBOTIMBE……………………………………...…Inspecteur des Douanes
10- Abraham COULIBALY……………………………………….….Inspecteur des Impôts
11- Mamasselou DIALLO……………………………………….….……….… Planificateur
12- Ousmane TOURE……………………………………Conseiller des Affaires Etrangères

Chargé du cours : M. Mohamed Traoré


SIGLES ET ABREVIATIONS

CNT : Conseil National de Transition

LLF : Loi relative à la Loi des Finances

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

I
SOMMAIRE

INTRODUCTION....................................................................................................................................1
I. LE CONTROLE CONCOMITANT DE L’EXECUTION DE LA LOI DES FINANCES.............3
II. LE CONTROLE A POSTERIORI DE L’EXECUTION DE LA LOI DE FINANCES..............6
III. LE RENFORCEMENT DES CAPACITES DU PARLEMENT POUR UN CONTROLE
EFFICACE...............................................................................................................................................9
CONCLUSION......................................................................................................................................13
BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................................................14

II
INTRODUCTION

Il n’y a pas de bonne gestion des finances publiques sans un système de contrôle efficace. C-
D.KOFFI, ancien Président du Conseil des Ministres des Finances de l’UEMOA disait que :
« La fonction de contrôle est inhérente à la nécessité de rechercher l’efficacité et l’efficience
et de parvenir à une gestion transparente et optimale des ressources financières et
matérielles ».

Le contrôle s’impose dans la mesure où les ressources de l’Etat proviennent essentiellement


d’un prélèvement fiscal. Par conséquent, il appartient aux contribuables de demander compte
à ceux qui sont chargés de manier les deniers publics. C’est ce que dit l’article 15 de la
déclaration française des droits de l’homme et du citoyen du 26 aout 1789 en ces termes : « la
société a le droit de demander compte à tout agent public de son Administration ».

Cette volonté de soumettre les gestionnaires des deniers publics à l’obligation de rendre
compte est aussi consacrée par l’article 90 de la Loi n o 028 et l’article 85 de la Directive
no07/2009 : « Sans préjudice des pouvoirs de l’Assemblée nationale, les opérations
d’exécution du budget de l’Etat sont soumises à un double contrôle, administratif et
juridictionnel ». Dans ces conditions, l’institution d’un régime de responsabilité s’appliquant
sur les gestionnaires de deniers publics et qui sanctionne les irrégularités constatées lors de
l’exécution de la loi de finances trouve toute sa justification.

Pour revenir au concept de « contrôle », le terme lui-même est assez ambivalent parce qu’il
renvoie autant à la maitrise ou la direction d’un processus (si l’on l’appréhende dans
l’acception anglo-saxonne de « to control » qu’à la vérification de la conformité d’un acte
posé (ou à sa régularité, ou encore à sa légalité) au regard des textes en vigueur ; c’est-à-dire
l’idée que renvoie le thème du « contrôle ». Dans certains pays anglo-saxons, c’est plutôt le
terme « audit » qui est préféré à celui de contrôle, en ce sens que ce dernier concept met
davantage l’accent sur la recherche de la performance de l’action administrative, qui semble
mieux adapté aux impératifs de la gestion moderne.

Sous le bénéfice de ces précisions, le terme sera pris dans le sens proposé par le professeur
Jean-Pierre FABRE. Ainsi selon ce dernier, le contrôle en matière de finances publiques
évoque « l’idée de vérification, c’est-à-dire le fait de s’assurer qu’une chose est bien telle
qu’on la déclarée ou telle qu’elle doit être par rapport à une norme donnée »1.
1
Jean-Pierre Fabre, le contrôle des Finances publiques, Paris, PUF, 1968, P8.

1
Le contrôle de l’exécution du budget répond à une double nécessité. Financièrement, il permet
d’éviter la dilapidation des fonds publics. Politiquement, il donne au parlement la possibilité
d’intervenir en matière financière et d’asseoir son autorité.

Le contrôle peut être préalable ou à priori, en cours ou à posteriori.

Le contrôle à priori est essentiellement exercé par le contrôleur financier. C’est un contrôle
préventif qui présente des avantages et des inconvénients.

Le contrôle en cours d’exécution intervient au cours du processus d’exécution des opérations


budgétaires. Ce contrôle est le fait d’agents du ministère des finances et des corps de contrôle
ou d’inspections existant dans les ministères.

Le contrôle à postériori parce qu’il intervient après l’exécution des opérations budgétaires. Il
permet d’apprécier soit la régularité, soit la qualité de la gestion et éventuellement de
sanctionner les irrégularités et les mauvaises gestions.

Dans les Etats démocratiques, le contrôle de l’exécutif est une tâche essentielle des
parlementaires. En effet, il revient aux parlementaires de s’assurer que le budget a été exécuté
par le gouvernement conformément aux autorisations données. Dans le schéma des contrôles
de l’exécution des lois de finances, le contrôle politique opéré par le parlement tient en
principe la première place. Ayant initialement autorisé la mise en œuvre des opérations de
recettes et de dépenses, il suit le déroulement puis se prononce sur l’exécution définitive du
budget. Cependant, dans la pratique, le contrôle parlementaire de l’exécution du budget est
loin d’occuper une place prééminente, ayant un caractère formel. Ce contrôle peut être
effectué soit en cours d’exécution, soit en fin d’exécution.

L’analyse de ce thème est intéressante à double titre. Au plan théorique, elle permet de
connaitre en long et en large les contrôles opérés par le parlement sur la loi des finances. Au
plan pratique, elle permet de savoir si ce contrôle est réellement efficace.

Pour mieux cerner le thème, nous nous posons la problématique suivante : Quels sont les
contrôles qu’effectue l’Assemblée Nationale sur l’exécution de la loi des finances ?

La réponse à cette interrogation nous permettra d’examiner tout d’abord le contrôle en cours
d’exécution (I) ensuite le contrôle en fin d’exécution (II) et enfin porter une analyse sur le
renforcement des capacités du parlement pour un contrôle efficace (III).

2
I. LE CONTROLE CONCOMITANT DE L’EXECUTION DE LA LOI DES
FINANCES

Si l’exécution du budget au Mali est de la compétence du gouvernement et de son


administration, elle n’échappe cependant pas au contrôle du parlement. L’équilibre des
pouvoirs définis dans la Constitution confère, en effet, au parlement une mission générale de
contrôle de l’action gouvernementale. Le contrôle du parlement sur le budget intervient, en
réalité, à toutes les étapes du cycle. En la matière, le parlement dispose d’une diversité
d’instruments qu’il met en œuvre pendant l’exécution budgétaire.

Le contrôle exercé par le parlement sur les Finances Publiques nationales n’intervient pas
uniquement à la fin de l’exécution, mais prend également en compte les aspects de la gestion
infra annuelle. À ce titre, celui-ci dispose d’un droit à l’information sur l’exécution du budget
initialement voté par lui, qui se développe davantage. À travers ces informations, le parlement
donne ensuite son approbation sur des actes que l’exécutif n’était pas habilité à prendre. En
cours d’exécution, cela se matérialise par le vote de la loi de finances rectificative.
L’importance de la loi de finances rectificative a pu être sous-estimée, parfois même ignorée,
pourtant, son examen constitue « un des moments privilégiés de l’exercice du contrôle
budgétaire par le parlement »2. A ce niveau on va s’intéresser au développement de
l’information parlementaire et au renforcement de la portée de la loi de finances rectificative.

S’agissant du développement de l’information parlementaire, l’exercice du contrôle


parlementaire sur l’action gouvernementale ne saurait être effectif sans une bonne
information.

Le droit à l’information comporte, en substance, le droit d’être informé, et le droit de


s’informer3.

En ce sens, les parlements disposent d’un ensemble de moyens leur permettant d’accéder à
ces informations. Au titre de ces moyens, figurent en bonne place les Commissions
parlementaires, qui peuvent être permanentes, spéciales ou encore créées de façon ad hoc pour
connaitre de certaines affaires particulières 4. Alors, parmi toutes ces commissions
2
LE GUERN (H.), MESSAGE (H.), TESSIER (A.), « Le contrôle parlementaire du budget de l’État : Le rôle de
l’Assemblée Nationale, 1983-1987 », RFFP, no22-1998, p.210 ;
3
ALBERT (J-L), Finances publiques, op. cit, p.519 ;
4
Pour une étude approfondie des commissions parlementaires dans une dimension comparative, cf.
FRAYSSE (F.) et HOURQUEBIE(F.), (dir.), « Les commissions parlementaires dans l’espace francophone »,
Actes du colloque organisé à l’Assemblée nationale et au Sénat par l’Université Toulouse 1 Capitole les 1 er et 2
octobre 2010, édition Montchrestien, Collection Grands Colloques, 2011, 282 pages ; SELLIER (B.), (dir), « Le
contrôle parlementaire de l’administration », Dalloz 2010, 172 pages.

3
parlementaires, celle investie d’une compétence générale en matière budgétaire est la
commission des Finances5. La nouvelle Loi relative aux Lois Finances renforce les
attributions de cette dernière dans la gestion annuelle du budget. Celle-ci est en effet chargée,
sans préjudice des pouvoirs généraux du parlement, de veiller au cours de la gestion annuelle,
à la bonne exécution des lois de Finances 6. Elle détient ainsi un pouvoir général de suivi et de
contrôle des lois de finances, et examine en ce sens, la régularité de l’exécution budgétaire et
propose des remèdes aux dysfonctionnements constatés 7.Elles sont destinataires, d’une part,
de documents d’information qui leur sont transmis par l’exécutif, mais peuvent, d’autre part,
également mener des enquêtes. Ainsi, les actes règlementaires portant modification de
l’autorisation parlementaire initiale sont transmis « dès leur signature » à la Commission des
finances. L’ancienne loi 1996 ne rendait obligatoire que la communication des ouvertures de
crédits supplémentaires par décrets d’avance8. Désormais, en plus de ces dernières, la
nouvelle LLF, en son article 25, ajoute la communication d’autres mouvements de crédits
effectués par arrêtés et décrets, notamment les transferts et virements de crédits, la répartition
des crédits globaux pour dépenses accidentelles et imprévisibles, ou les décrets annuels de
reports de crédits. Il est également prévu que le Gouvernement transmette
« trimestriellement » des rapports sur l’exécution du budget et l’application du texte de la loi
de finances. Ces rapports présentent l’exécution du budget en dépenses et en recettes, du
budget général et des comptes spéciaux du Trésor. En plus de ces informations transmises
obligatoirement à la commission des finances, celle-ci dispose également d’un pouvoir
d’investigation. Ainsi, elle peut mener des investigations sur place ou sur pièces et les
informations demandées ne peuvent lui être refusées. Tous les renseignements et documents
d’ordre financier et administratif demandés par cette Commission, y compris les rapports
établis par les organismes et services chargés du contrôle de l’Administration, doivent lui être
fournis9. Elle peut également demander l’audition des ministres ou de tout Responsable de
Programme si elle le juge opportun.

Cependant, l’un des écueils auxquels doivent faire face les Parlements africains de façon
générale, sous peine de réduire le travail parlementaire à une simple formalité sans incidences

5
La dénomination de cette Commission varie d’un pays à l’autre. Ainsi, alors qu’au Mali elle porte le nom de
commission des Finances, de l’économie, du plan et de la promotion du secteur privé, au Burkina Faso elle porte
le nom de Commission des Finances et du Budget, Au Bénin, il s’agit de la Commission des Finances et des
échanges.
6
Article 73 de loi no2013-028 relative aux lois de finances au Mali.
7
ARTICLE 52 de la loi n096-60 du 27 juin 1996 relative à la loi de finance au Mali.
8
ALBERT (J-L), Finances publiques, op. cit, p. 521.
9
Article 73 de loi no2013-028 relative aux lois de finances au Mali.

4
sur la procédure budgétaire, est la faible maitrise des questions financières par les
parlementaires. Si ce phénomène n’est pas propre aux Etats africains, il y prend cependant
une dimension toute particulière. A titre d’illustration, parmi les vingt-sept (27) députes qui
composent la commission des finances de l’Assemblée Nationale du Mali, certains ne savent
pas lire et comprendre exactement les lignes budgétaires. Actuellement avec le Conseil
National de Transition (CNT), la commission de finances est composée de (15) membres qui
comprennent tous le français et ont des diplômes élevés contrairement à la législature
précédente. Ce phénomène est à encourager pour les prochaines échéances électorales pour
avoir une Assemblée Nationale à la hauteur10.

Pour remédier à ce problème, comme le relève le Professeur Ismaila Madior FALL, il


convient d’« améliorer le profil des députes en exigeant aux partis et coalitions de partis
d’investir des candidats ayant un niveau d’instruction sur lequel il faut s’accorder. L’exigence
d’un niveau d’instruction pareil permet de lutter contre l’analphabétisme des députes, d’élever
la capacité de compréhension des dossiers et règle les problèmes de traduction des débats
parlementaires. Il s’agit d’une réforme qui peut considérablement améliorer la qualité du
travail parlementaire »11

En ce qui concerne le renforcement de la loi de finances rectificative, aux termes des


dispositions de l’article 4, alinéa 2 de la nouvelle LLF, les lois de finances rectificatives
modifient, en cours d’année, les dispositions de la loi de finances initiale.

Concrètement, au Mali, l’intervention d’une loi des finances rectificatives s’impose lorsque
les grandes lignes de l’équilibre budgétaire ou financier définies par la loi de finances de
l’année se trouvent bouleversées, notamment par décret d’avance ou arrêté d’annulation de
crédits, lorsque les recettes de l’année dépassent sensiblement les prévisions de la loi de
finances de l’année, ou enfin. Lorsqu’il y a intervention de mesures législatives ou
règlementaires affectant de manière substantielle l’exécution du budget. Le renforcement du
contrôle parlementaire en cours d’exécution résulte de l’obligation de ratification des autres
actes réglementaires de gestion annuelle. Il s’agit en l’occurrence des arrêtés et décrets relatifs
aux mouvements de crédits, tels que les transferts et virements, les décrets de répartition des
crédits globaux de la dotation pour dépenses accidentelles et imprévisibles, les décrets de
reports de crédits, les arrêtés d’annulation de crédits.12
10
commission des finances du conseil national de transition du Mali, le 01 novembre 2021
11
FALL(I.M), Sénégal : une démocratie « ancienne » en mal de réforme, Rapport sur l’état de la démocratie et
de la participation politique au Sénégal,2e édition, AFRIMAP/OSIWA 2013,p.6.
12
Aux termes de l’article 52 de l’ancienne loi, les décrets d’avances étaient soumis à ratification.

5
Les lois de finances rectificatives sont des lois de finances particulières que les textes
communautaires mettent au même niveau que la loi de finances initiale et la loi de règlement,
et « aucun autre instrument juridique financier ne saurait se substituer à elles »13, en principe.
Cela démontre la suprématie des lois de finances rectificatives sur les actes réglementaires de
mouvements des crédits. Le regard parlementaire sur l’exécution budgétaire va ainsi au-delà
de la simple information.

II. LE CONTROLE A POSTERIORI DE L’EXECUTION DE LA LOI DE


FINANCES

Le vote de la loi de règlement est un moment important de l’exercice des prérogatives du


parlement en matière d’exécution budgétaire. Il a pour objet en effet d’examiner la conformité
des résultats de l’exécution de la loi de finances à l’autorisation initiale donnée par le
parlement. Il acquiert, avec la modernisation du cadre technique des finances publiques, une
dimension nouvelle, contribuant à renforcer le rôle du parlement en matière de vérification
des comptes de l’Etat. Mais, l’introduction de la logique de performance conduit
nécessairement à repenser ou du moins à revaloriser le rôle du parlement, dans la mesure où la
liberté de gestion donnée aux acteurs de la gestion budgétaire implique une obligation de
rendre des comptes sur la réalisation des objectifs attendus et la pertinence des indicateurs de
performance.14

La loi de règlement, encore appelée loi de comptes, revêt un caractère fondamental pour les
prérogatives budgétaires du parlement, dans la mesure où elle lui permet d’examiner chaque
année les résultats effectifs de l’exécution des lois de finances initiales 15.Il s’agit d’une loi de
finances particulière. Cette particularité découle tant de sa nature juridique, que de son régime
juridique. En effet, en vertu de la nouvelle LLF, la loi de règlement :

- constate le montant définitif des encaissements de recettes et des ordonnancements de


dépenses ;
- rend compte de la gestion de la trésorerie de l’Etat et de l’application du tableau de
financement de l’Etat ;
- arrête les comptes et les états financiers de l’Etat et affecte les résultats de l’année ;
- enfin, rend compte de la gestion et des résultats des programmes.

13
FALL(M), « les lois de finances rectificatives », Revue Afrilex no4, 2004,p.294.
14
ZOURE(Daouda), thèse de doctorat en droit public,p.450
15
BOUVIER(M) et (al),finances publiques,op.cit.,p.503.

6
- elle constate l’ensemble des opérations réalisées tout au long de l’exercice. Ainsi, elle
ratifie également, le cas échéant, les ouvertures supplémentaires de crédits décidées par
décret d’avances depuis la dernière loi de finances, ou encore régularise les dépassements
de crédits constatés résultant de circonstance de force majeure ou des reports de crédits et
procède à l’annulation des crédits non consommés.16

Le renforcement des prérogatives budgétaires du parlement à travers la loi de règlement


s’analyse également compte tenu des documents qui y sont joints. Il s’agit notamment :

- des comptes et des états financiers de l’Etat issus de la comptabilité budgétaire et de la


comptabilité générale de l’Etat.
- d’annexes explicatives développant, par programme, dotation, budget annexe et comptes
spéciaux du Trésor, le montant définitif des crédits ouverts, des dépenses et, le cas échéant,
des recettes constatées ;
- des rapports annuels de performance par programme rendant compte de leur gestion et de
leurs résultats.

À travers ces documents, on constate une évolution induite par la nouvelle logique de
performance.

Ces nouveaux documents sont d’une telle importance qu’ils auront pour effet de transformer
la discussion du projet de loi de règlement en un nouveau temps fort de la discussion
budgétaire.17

Constatant l’exacte exécution de la loi de finances telle qu’arrêtée initialement, elle s’intéresse
donc aux comptes de l’Etat.

Ainsi, l’assistance que la cour des comptes lui apporte, surtout dans sa nouvelle mission,
apparait indispensable. Quant au régime juridique de loi de règlement, quelques insuffisances
doivent cependant être relevées malgré le renforcement apporté par le nouveau régime
financier. En effet, le projet de loi de règlement doit être « déposé sur le bureau du parlement
et distribué au plus tard le jour de l’ouverture de la session budgétaire de l’année suivant celle
de l’exécution du budget auquel il se rapporte »18.Cependant, il a pu être constaté qu’aucun
délai n’est fixé au niveau communautaire pour l’examen de la loi de règlement par le

16
Article 48 de la loi no2013-028 relative aux lois de finances au Mali.
17
LEVOYER(L.), thèse, op.cit., p.212
18
Article 63 de la directive no06/2009/CM/UEMOA.

7
parlement, et que les Etats comme le Mali, qui ont déjà transposé dans leur droit interne ces
textes communautaires, n’ont pas tenu compte de cette nécessité.19

Parce que le cycle budgétaire s’ouvre avec l’autorisation parlementaire, cette institution
trouve là la raison profonde de son existence ; il est donc tout à fait normal que ce soit elle qui
l’achève.

Telle pourrait être l’illustration d’une espèce de « parallélisme de forme budgétaire » qui veut
que celui qui autorise, avalise après coup. La plupart des pays modernes pratiquent cette
formule de validation législative du budget aussi bien en Europe (Allemagne, Pays Bas,
Danemark) qu’en Afrique (Maroc, Sénégal, Mali, et entre autres).

La loi de règlement permet au parlement de prendre acte de la gestion du gouvernement, de


donner des autorisations, d’annuler les crédits non utilisés de façon à faire concorder les
autorisations avec les opérations effectivement exécutées. L’examen de loi règlement est
l’occasion d’un véritable contrôle a priori. Au risque de défoncer des portes ouvertes, on peut
s’empêcher de rappeler, à la suite d’éminents auteurs que dans notre système financier, qui se
ressent de la forte influence du dispositif en vigueur en France, un tel contrôle se matérialise
par l’adoption d’une loi dite de règlement qui ne donne pas lieu à d’âpres débats ; c’est-à-dire
que sa portée politique n’est pas en rien comparable à celle de la loi initiale. Elle reste très
limitée, pour ne pas dire plus.

- L’objet de la loi de règlement

Le contrôle a posteriori de l’exécution du budget institué sous la restauration en France par la


loi du 15 mai 1818, représentait un acte politique très important lorsque « La loi des
comptes » était l’une des rares occasions par laquelle le parlement porte un jugement sur la
politique du gouvernement. En revanche, avec l’installation progressive du pouvoir
parlementaire et sa consolidation, le vote relatif au budget exécuté a connu un certain
désintérêt, étant devenu un rite, une formalité annuelle vidée de sa signification d’origine.
L’objet de la loi de règlement est cependant important. Comme l’indique l’article 4 de la loi
no028 « la loi de règlement constate les résultats financiers de chaque année et rend compte de
l’exécution du budget ainsi que de l’utilisation des crédits ». La loi de règlement comporte
ainsi en réalité plusieurs aspects. D’une part, elle constate et arrête le montant des recettes et
des dépenses budgétaires ; d’autre part, elle approuve les éventuels ajustements de crédits en

19
OUEDRAOGO(D),<<Vers un renouveau de la loi de règlement dans les pays membres de
L’UEMOA>>,Revue juridique et politique des Etats Francophones no3-2015,p.302.

8
cours d’exécution non utilisés. Enfin elle détermine le résultat d’ensemble des opérations de
trésorerie de l’Etat.

- Procédure

Le projet de loi règlement est préparé par le gouvernement avec la collaboration de la section
des comptes comme le prévoit l’article 62 de la loi no028, article 63 de la directive no06/2009.

Le texte doit comporter différentes annexes, dont le rapport général de conformité entre les
comptes individuels des comptables et la comptabilité des ministres. Le projet de loi de
règlement doit être déposé et distribué au plus tard avant la fin de l’année qui suit l’exécution
du budget, de manière à permettre une clôture des comptes sans trop de retard.

Cette exigence qui est respectée dans l’ensemble au Mali depuis l’année 2004, ne donne pas
toutefois la possibilité d’un examen immédiat par le parlement ; déposé généralement au mois
de décembre, le projet ne peut être discuté matériellement que courant 1 er trimestre de l’année
suivante, après par conséquent que le nouveau projet de loi de finances initiale pour l’année à
venir ait été examiné.

III. LE RENFORCEMENT DES CAPACITES DU PARLEMENT POUR UN


CONTROLE EFFICACE

Au regard des lacunes évoquées précédemment il convient de noter qu’il y a urgence dans les
pays à développer des stratégies en vue de renforcer les capacités des parlementaires, des
membres de la commission finances ainsi que le personnel permanent qui constitue la
mémoire de l’institution.20 Ainsi il serait souhaitable de mettre en place des programmes de
formation de développement des compétences des membres de commissions des finances, les
assistants parlementaires avec la mise à disposition d’un pool d’experts en finances publiques
ainsi que l’amélioration des ressources et conditions de travail des structures de contrôle. En
ce qui concerne les parlementaires, un programme de formation continue en finances
publiques doit être conçu à leur intention durant toute la période de leur législature, de même
les fonctions. Les membres de la commission de finances, ainsi que les membres des
différentes commissions responsables du contrôle budgétaire et appelés à donner leur avis sur
les budgets des ministères lors des discussions budgétaires doivent être bénéficiaires de cette
formation. Pour le renforcement de la capacité du parlement, nous allons voir le renforcement

20
Avec l’Introduction DOB les parlementaires pourront influencer en amont les politiques budgétaires.

9
des capacités d’évaluation du parlement avant d’analyser la coordination des interventions des
bailleurs de fonds.

Par ailleurs, il serait souhaitable de doter les autres structures de contrôle des moyens
financiers, matériels et humains leur permettant de mener à bien leur travail afin de garantir
leur autonomie et accomplir leur mission constitutionnelle. En matière de finances publiques,
le parlement pourra bénéficier du soutien de la Cour des comptes, dans la mesure où selon les
21
dispositions de l’article 75 de la nouvelle constitution financière « la Cour des comptes
assiste le parlement dans le contrôle de l’exécution des lois de finances ». Ces relations
privilégiées permettront aux commissions de finances de renforcer leur mission d’évaluation
des politiques publiques à l’image des pays anglo-saxons. En effet, dans les pays anglo-
saxons, contrairement aux pays francophones, l’examen de la régularité des comptes a ouvert
la voie à l’évaluation des politiques publiques. Cependant cette problématique ne semble être
une préoccupation des pays francophones, dans le système anglophone nous allons nous
intéresser au système américain qui dispose de moyen impressionnant dans le domaine de
l’évaluation des politiques publiques. En effet, l’histoire de l’audit aux Etats-Unis trouve son
fondement dans une loi le « Budget Accounting Act » en 1921 qui créa le GAO (General
Accounting Office) dans un contexte d’augmentation des dépenses et d’endettement qui a
incité le Congrès à demander plus d’information et de contrôle sur les dépenses. Agence
indépendante et non partisane, le GAO travaille pour le compte du congrès. Originellement il
avait pour mission de vérifier la régularité des comptes publics, mais au fil du temps, à la
demande du Congrès il s’est orienté vers l’évaluation de l’efficacité et efficience des fonds
fédéraux, la qualité des programmes et politiques et l’évaluation des coûts. Cette mission
d’évaluation n’exclut pas celle de savoir si les fonds ont été utilisés de façon régulière.

Ainsi la mission du GAO est d’assister le congrès à remplir ses responsabilités


constitutionnelles et d’aider à améliorer la performance et l’obligation de rendre compte du
gouvernement fédéral au profit du peuple américain. C’est pourquoi ses rapports sont
largement diffusés.

De même le système Anglais construit sur le modèle américain va également dans le sens du
développement de l’évaluation parlementaire. Le NAO (Nation Audit Office) organe
indépendant crée en 1983 (Nation Audit Act.de 1983) est placé sous la supervision d’un
contrôleur et d’un auditeur général qui travaille en étroite collaboration avec la commission
des comptes du parlement. Le rôle du NAO est de faire un rapport au parlement sur les
21
Directive 06/2009/ CMU/UEMOA.

10
dépenses du gouvernement et à cet égard de conduire des audits financiers et des audits du
type « Value for Money »22.Cette étroite collaboration entre le NAO et la commission des
comptes du parlement permet à celle-ci d’accomplir efficacement sa mission d’évaluation.
Enfin, pour ce qui concerne le bureau du Vérificateur General au Canada il s’est beaucoup
inspiré du système américain. En 1878, un ancien député fédéral, John Lorn. McDougall, fut
nommé le premier vérificateur général indépendant du Canada. Le vérificateur général de
l’époque avait pour mission d’examiner la régularité des opérations exécutées. Les travaux du
vérificateur ont pris leur orientation actuelle dans les années 1950, lorsque le vérificateur
général a commencé à signaler les<<paiements improductifs>>. Ces opérations, bien que
légales, ne procuraient aucun avantage apparent aux Canadiens.

Il ressort que les évolutions constatées partout dans le monde convergent vers le renforcement
de l’évaluation parlementaire qui est devenue une exigence contemporaine. En outre, il faut
noter que dans de nombreux pays la réforme visant à mettre en place des dispositions
d’assistance au parlement en matière d’évaluation a nécessité une révision de la constitution.
Tel fut le cas en France où, en juillet 2008, une révision de l’article 24 de la Constitution a
ouvert la possibilité pour le parlement de voter la loi, contrôler l’action du gouvernement et
évaluer les politiques publiques.

Face à la pluralité des appuis apportés au parlement malien, celui-ci a entrepris l’organisation
d’une rencontre de concertation des bailleurs intervenant dans le renforcement parlementaire
en 2007.

Cette rencontre visait à promouvoir un échange sur la question relative au renforcement


parlementaire, poser les jalons d’une concertation entre les différents acteurs, faire connaitre
les meilleurs pratiques et des stratégies de renforcement parlementaire.23

Les interventions des différents bailleurs de fonds peuvent se résumer comme suit : l’octroi de
matériels et équipements. Le projet a également permis le recrutement d’assistants
parlementaires et prévoit également un volet renforcement des aptitudes communicationnelles
des membres de la commission des finances. Il a également permis le financement des
activités de communication, en l’occurrence, la traduction simultanée pour un meilleur flux de
la communication au sein de l’Assemblée Nationale ainsi que l’organisation des journées
parlementaires d’information.

22
Value for money se traduit par efficience.
23
Rapport de la rencontre des bailleurs intervenant dans le renforcement parlementaire Mali 2007.

11
12
CONCLUSION

Le contrôle parlementaire de l’exécution de la loi des finances joue un rôle très important
dans un état de droit. Ce contrôle peut s’effectuer soit a priori ou en cours, soit en posteriori.

Bien que le parlement dispose des moyens non négligeables pour suivre le budget au fur et à
mesure de son exécution, le parlement exerce en ce domaine un contrôle relativement faible.

Ce contrôle reste bien limité pour ne pas dire plus.

La dynamique de la modernisation du cadre technique des finances publiques au Mali a


conduit à une rénovation des systèmes de contrôle. En effet, la nouvelle logique de
performance, avec son corollaire la responsabilisation des acteurs, se traduit en termes de
contrôle par un assouplissement du contrôle a priori, et en sens inverse, un renforcement du
contrôle a posteriori. Il est primordial, en effet, que le contrôle, pour être efficace, combine la
discipline et la flexibilité afin d’être plus réceptif et plus efficient 24.Cette nouvelle méthode de
contrôle est « plus rationnelle, scientifique et professionnelle »25. Elle se décline de la sorte
dans tous les types de contrôle, qu’ils soient administratifs, juridictionnel ou parlementaire.

24
Banque Mondiale, Cote d’Ivoire. Renforcement de la gestion et du contrôle des dépenses publiques, revue des
dépenses publiques, rapport No27141-IVC, 16 décembre 2003, p.50
25
PRAT (M) et CHAIGNEAU – PEIROUX (S). << La modernisation des modèles de contrôle >>, op.cit., p.23

13
BIBLIOGRAPHIE

1- Ouvrages généraux :

- LE GUERN (H.), MESSAGE (H.), TESSIER (A.), « Le contrôle parlementaire du


budget de l’État : Le rôle de l’Assemblée Nationale, 1983-1987 », RFFP, no22-1998 ;
- ALBERT (J-L), Finances publiques, op. cit;
- BOUVIER(M) et (al), finances publiques, op.cit.

2- Ouvrages spécialisés:

- Jean-Pierre Fabre, le contrôle des Finances publiques, Paris, PUF, 1968 ;


- FALL(M), « les lois de finances rectificatives », Revue Afrilex n°4, 2004.

3- Rapports d'études:

- Rapport de la rencontre des bailleurs intervenant dans le renforcement parlementaire


Mali 2007 ;
- Banque Mondiale, Cote d’Ivoire. Renforcement de la gestion et du contrôle des
dépenses publiques, revue des dépenses publiques, rapport No27141-IVC, 16
décembre 2003.

4- Thèses et mémoires:

- (Sawadogo (EF), les instruments de convergences de politique budgétaire dans les


états membres de l'UEMOA, thèse de doctorat de droit public, université de bordeaux
17 mai 2016 530p ;

- ZOURE (Daouda), thèse de doctorat en droit public ;


- LEVOYER (L.), thèse, op.cit.

5-Articles et contributions:

- commission des finances du conseil national de transition du Mali, le 01 novembre


2021 ;
- PRAT (M) et CHAIGNEAU – PEIROUX (S). « La modernisation des modèles de
contrôle », op.cit.

6- Textes juridiques nationaux et communautaires:

- Loi no2013-028 relative aux lois de finances au Mali ;


- Loi n096-60 du 27 juin 1996 relative à la loi de finance au Mali ;
- Directive n°06/2009/CM/UEMOA.

14
TABLE DES MATIERES

SIGLES ET ABREVIATIONS.................................................................................................................I
SOMMAIRE............................................................................................................................................II
INTRODUCTION....................................................................................................................................1
I. LE CONTROLE CONCOMITANT DE L’EXECUTION DE LA LOI DES FINANCES.............3
II. LE CONTROLE A POSTERIORI DE L’EXECUTION DE LA LOI DE FINANCES..............6
III. LE RENFORCEMENT DES CAPACITES DU PARLEMENT POUR UN CONTROLE
EFFICACE...............................................................................................................................................9
CONCLUSION......................................................................................................................................13
BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................................................14

II

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