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Module du semestre 3 :

2023/2024
Introduction :
Suite à la consolidation de la stabilité du cadre macro-économique vers la fin des années 90,
le Maroc a lancé des réformes politiques, financières, sectorielles et économiques dans le but
d’accélérer le développement socio-économique du pays, de rattraper les retards enregistrés en
matière de développement humain et de satisfaire les besoins croissants de la population en
termes d’accès aux services sociaux de base.

Dans un contexte marqué par la rareté des ressources financières et par des besoins
croissants de la population, le Maroc a lancé un processus de réformes structurelles visant
notamment la consolidation de la bonne gouvernance, le développement du capital humain et
le renforcement des mécanismes de solidarité et de cohésion sociale et spatiale.

A cet effet, la nouvelle constitution de 2011 vient couronner cette série de réformes
en instituant les principes de bonne gouvernance, notamment en matière des finances publiques
par la tenue de l’obligation de la réédition des comptes , de contrôle et d’évaluation des deniers
publics.

« … la démocratisation de l'Etat et de la société, et l'amélioration du climat des affaires


passent par l'adoption des règles de bonne gouvernance. Elles nécessitent ainsi la mise en Œuvre
des principes et des mécanismes prévus par la Constitution, avec, au premier chef, la corrélation
entre la responsabilité et la reddition des comptes, la moralisation de la vie publique…
» Discours de SM le Roi du Vendredi 14 Octobre 2011

En matière des finances publiques, la loi organique relative à la loi des finances de 1998,
consacre un budget de moyens ne mettant pas en exergue les résultats et les coûts réels
concernant l’exécution des politiques publiques.

En plus des limites que représente la gestion budgétaire axée sur les moyens, il est devenu
impératif, conformément aux engagements du gouvernement contenus dans son programme, de
procéder à la refonte de la loi organique n°7-98 relative à la loi de finances. Cette réforme
s’inscrit dans un contexte international marqué par l’engagement des divers pays précurseurs à
la réforme de leurs systèmes des finances publiques vers l’adoption d’une logique de gestion
budgétaire axée sur les résultats.

La réforme de la loi organique des finances est l’aboutissement dudit processus de réformes
entamé depuis le début des années 2000 qui vient pour contrecarrer les limites de la loi
organique relative à la loi organique des finances de 1998.
Chapitre 1 : la notion de la loi de finances et de budget
Section 1 : la notion du droit budgétaire
Dans son acceptation la plus large, le budget est un état prévisionnel et limitatif des dépenses
et des recettes au cours d’une année, c’est un instrument d’organisation et d’encadrement de
l’avenir.
D’un point de vue juridique, seules constituent des budgets ; les documents prévoyant et
autorisant les recettes et les dépenses de l’Etat et des organismes publics.
La notion du budget a subi une évolution intéressante. Elle retrace toute l’’évolution des
finances publiques d’elles-mêmes.
La première définition proposée du budget remonte à l’article 5 du décret français de 31
mai 1862 reproduite par le dahir du 20 moharrem 1378 (6 août 1958) portant règlement sur la
comptabilité publique du Maroc qui stipule que « le budget et l’acte par lequel sont prévues et
autorisées les recettes et les dépenses annuelles de l’Etat et des autres services que la loi
assujettit aux mêmes règles ».
Le budget était donc à la fois un acte de prévisions et d’autorisation : comme acte de
prévision, il était une évaluation a priori des recettes et dépenses de l’année à venir et se
distinguait aussi du bilan d’une société commerciale qui était établie a posteriori des résultats
financiers obtenus. Comme acte d’autorisation, il était une décision du parlement donnant au
gouvernement le pouvoir de percevoir les recettes publiques et d’effectuer les dépenses
publiques. Le budget était enfin un acte période car il était toujours limité à une année civile.
L’intégration de l’activité financière de l’Etat dans la politique économique a provoqué une
transformation de la conception du budget. Ainsi, une nouvelle définition a été proposée par le
décret-loi français du 15 juin 1956 dans son article premier qui stipule que « le budget de l’Etat
prévoit et autorise en la forme législative, les charges et les ressources de l’Etat. Il est arrêté par
le parlement dans la loi de finances qui traduit les objectifs économiques et financiers du
gouvernement ».
Cette définition dégage une notion nouvelle, celle de la loi des finances. Le Maroc s’est
inspiré de cette nouvelle définition dès 1962. Les finances sont intégrées au texte juridique le
plus important, c’est-à-dire la constitution. L’article 50-75 de la constitution marocaine de 2011
qui stipule qu’une loi organique est chargée d’organiser toute la matière financière. La chambre
des représentants vote la loi de finances dans les conditions prévues par une loi organique.
Dès lors, la notion de budget m’occupe plus aujourd’hui qu’une place discrète, la
détermination des données générales de l’équilibre financier et économique incombe désormais
à la loi de finances de l’année. D’ailleurs, l’article premier la loi organique n° 130-13 relative
à la loi de finances promulguée par le dahir n°1-15-62 du 2 juin 2015 stipule « la loi de finances
détermine, chaque année budgétaire l’ensemble des ressources et des charges de l’Etat, ainsi
que l'équilibre budgétaire et financier qui en résulte.... ».
Comment peut le constater, le législateur marocain laisse entrevoir une loi de finances axée
sur l’équilibre économique et financier.
L’étude du concept de loi de finances entraîne l’existence de plusieurs variétés de la loi de
finances et la loi de règlement.
A – La loi de finances de l’année :
La LOF qui constitue un couronnement au processus de l’expérimentation de la
réforme budgétaire entamée depuis 2001 a pour finalité la mise en place d’une gestion plus
démocratique et plus efficace des dépenses publiques. Ainsi, elle définit les principes régissant
la gestion des finances publiques, détermine le cadre juridique des lois de finances et encadre
tout le processus budgétaire depuis la programmation jusqu’à l’évaluation .Elle a pour
objectifs :

Le renforcement du rôle de la loi de finances. Elle constituera à terme, le principal outil de


mise en œuvre des politiques publiques et des stratégies sectorielles. Cette politique permettra
d'assurer le développement économique et social durable. La répartition équitable des fruits de
la croissance tout en conservant l'équilibre financier du pays représente également un objectif
de taille.

Le renforcement de l'efficacité, de l'efficience et de la cohérence des politiques publiques ;


et l'amélioration de la qualité du service public fourni au citoyen ainsi que la responsabilisation
des gestionnaires ;

L'amélioration de la soutenabilité des finances publiques et de la lisibilité budgétaire ; et le


renforcement de la transparence des finances publiques ;

L'accroissement du rôle du Parlement dans le débat budgétaire, dans le contrôle et dans


l'évaluation des politiques publiques.

La loi organique n° 130-13 relative à la loi de finances promulguée par le dahir n°1-15-62
du 2 juin 2015 dispose dans son article 3 que la loi de finance :
« Prévoit, évalue, énonce et autorise pour chaque année budgétaire l’ensemble des ressources
et décharges de l’Etat », il en résulte qu’elle ne détermine pas seulement les opérations
définitives décrites par le budget général, mais aussi les opérations retracées dans les comptes
spéciaux du trésor et les opérations spécialisées inscrites dans les budgets annexes.
La loi des finances a donc prit une importance primordiale. Elle raisonne sur un ensemble
et par là elle devient l’instrument de la politique économique et sociale.

B – La loi de finances rectificatives :


La loi de finances rectificative (LFR) ou collectif budgétaire est la seule loi permettant de
modifier en cours d'année, de manière significative, les dispositions de la loi de finances initiale
(LFI) concernant notamment le plafond des dépenses du budget de l'État et les données
générales de l'équilibre budgétaire.
La loi rectificative des finances intervient au cours d’année pour modifier la détermination
des charges et des ressources qui avaient été établies initialement par la loi de finances
annuelles. Pour éviter les inconvénients d’une telle procédure qui risque de détruire l’équilibre
financier, le législateur marocain a pris la précaution de soumettre ces lois rectificatives aux
mêmes règles de présentation et de vote de la loi de finances de l’année.

C – la loi de règlement :
La loi de règlement est une loi de finances. Elle arrête le montant définitif des dépenses et
des recettes de l'État et le résultat financier qui en découle. Elle est renommée loi relative aux
résultats de la gestion et portant approbation des comptes de 'année à compter de l'exercice.
La loi de règlement constate les résultats financiers de chaque année civile et approuve les
différences entre les résultats et les prévisions de la loi de finances de l’année. La loi de
règlement fait un bilan du budget en constatant de façon définitive les encaissements des
recettes et des ordonnancements de dépenses se rapportant à une année budgétaire. L’objectif
de la loi de règlement est double ; elle fournit tout d’abord un document unique contenant des
résultats de l’exécution budgétaire, elle facilite ensuite le contrôle parlementaire de l’exécution.

Section II : La structure de la loi de finances :


La loi de finances est structurée autour de 3 composantes : budget général, budgets des
services de l'Etat gérés de manière autonomes et budgets des comptes spéciaux du trésor.
A – Le budget général :
Le budget de l’État est un document établi par le gouvernement et voté par le Parlement qui
prévoit et définit les dépenses et les recettes que l’État a le droit d’engager et de percevoir pour
l’année à venir.
Tous les ans, les services du ministère de l’Économie et des Finances préparent un « projet de
loi de finances » (l’autre nom du budget) qui est soumis à l’Assemblée Nationale puis au Sénat
à l’automne. Le Parlement peut alors proposer des modifications avant d’adopter une « loi de
finances initiale » qui sera signée par le Président de la République et publiée dans le journal
officiel avant la fin de l’année. Cette loi peut être révisée au cours de l’exercice par une loi
rectificative, aussi appelée « collectif ».

B – Budgets des services de l'Etat gérés de manière autonomes :


Constituent des services de l'Etat gérés de manière autonome, les services de l'Etat, non
dotés de la personnalité morale, dont certaines dépenses, non imputées sur les crédits du
budget général, sont couvertes par des ressources propres.
L'activité de ces services doit tendre essentiellement à produire des biens ou à rendre des
services donnant lieu à rémunération. Les services de l'Etat gérés de manière autonome sont
créés par la loi de finances. Cette loi prévoit les recettes de ces services et fixe le montant
maximum des dépenses qui peuvent être imputées sur les budgets desdits services.
La création d'un service de l’Etat géré de manière autonome est conditionnée par la
justification de l'existence de ressources propres provenant de la rémunération de biens ou de
services rendus.
Les ressources propres doivent représenter, à compter de la 3éme année budgétaire suivant
la création desdits services, au moins trente pour cent (30%) de l'ensemble de leurs ressources
autorisées au titre de la loi de finances de ladite année, et ce pour les services de l'Eta t gérés
de manière autonome créés à partir du 1er janvier 2016. Les services de l'Etat gérés de
manière autonome qui ne répondent pas à cette condition sont supprimés par la loi de finances
suivante.
Les opérations des budgets des services de l'Etat gérés de manière autonome sont prévues,
autorisées et exécutées dans les mêmes conditions que les opérations du budget général sous
réserve des dispositions qui suivent.
C – Les comptes spéciaux du trésor :
Les comptes spéciaux du Trésor sont créés par la loi de finances à l'intérieur de l'une des
catégories visées à l'article 27 ci-après. Cette loi prévoit les recettes et les dépenses de ces
comptes et fixe le montant maximum des dépenses qui peuvent être imputées sur ceux-ci. Des
autorisations d'engagement par anticipation peuvent être accordées au profit des comptes
d'affectation spéciale et aux comptes de dépenses sur dotation, par la loi de finances de l'année,
dans la limite d'un montant maximum qu'elle prévoit. En cas d'urgence et de nécessité
impérieuse et imprévue, des comptes spéciaux du Trésor peuvent être créés, en cours d'année
budgétaire, par décrets, conformément à l'article 70 de la Constitution. Les commissions
parlementaires chargées des finances en sont préalablement informées. Ces décrets doivent être
soumis au Parlement pour ratification dans la plus prochaine loi de finances.

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