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COURS INTEGRAL DE COMPTABILITE PUBLIQUE

BIBLIOGRAPHIE

Textes juridiques
- La directive n°01/11/UEAC-190-CM-22 relative aux lois de finances en
zone CEMAC.

- L'ordonnance n°62/OF/ du 7 février 1962 portant régime financier de


l’État.

- La loi n°2007/06 du 26 décembre 2007 portant régime financier de l'État

- La loi n° 2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’État


et des autres entités publiques

- Loi n° 2019/024 du 24 décembre 2019 portant code général des


collectivités territoriales décentralisées

- La loi n° 2014/025 du 23 décembre 2014 portant loi de règlement de la


République du Cameroun pour l'exercice 2013

- Le décret du 30 décembre 1912 et le titre de règlement définitif assimilé


à la loi des comptes

- Decret n°2013/16 du 15 mai 2013 portant règlement général de la


comptabilité publique

- Le décret n° 2020/375 du 07 juillet 2020 portant règlement général de la


comptabilité publique

- Décret n°2013/159 du 15 mai 2013 fixant le regime particulier du


contrôle administratif des finances publiques
Ouvrages
François Chouvel, Finances publiques, Gualino 23e éd, 2020, 248 pages.

1
Stéphanie Damarey, Droit de la comptabilité publique, Gualino, 2017, 142 pages.
Damien Catteau, Droit budgétaire Comptabilité publique, Hachette Éducation,
2017, 168 pages.

INTRODUCTION GENERALE

La promulgation par le Président de la République de la loi de finances


après son adoption par le Parlement marque le commencement de l’entrée en
vigueur de celle-ci. Le droit de la comptabilité publique, suite logique du droit
budgétaire se présente comme la discipline juridique qui dispose les
mécanismes nécessaires pour l’entrée en vigueur effective de la loi de finances.
Il se constitue d’un ensemble des règles juridiques qui encadre l’exécution des
opérations de dépenses et de recettes au sein d’une administration.
Suivant ces différentes considérations préliminaires, il ressort que le droit
de la comptabilité publique n’est pas une discipline à part, dès lors que son
contenu se présente comme une partie constitutive de la matière du droit des
finances publiques.
Objectifs
La comptabilité publique poursuit une triple finalité. C’est un outil
d’information, de gestion et de contrôle. Si le droit budgétaire répond à une
logique ex ante de prévision, le droit de la comptabilité publique est tendu vers
une finalité ex post, c’est dire qu’il organise la mise en œuvre des crédits
budgétaires et la réalisation des recettes de manière à pouvoir en retracer l’usage
et en rendre compte.
Globalement le Droit de la comptabilité publique est l’ensemble des règles
qui organise l’information financière permettant ainsi de :

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1. de saisir, de classer, d’enregistrer et de contrôler les données des
opérations budgétaires, comptables et de trésorerie afin d’établir des
comptes réguliers et sincères ;
2. de présenter des états financiers reflétant une image fidèle du patrimoine,
de la situation financière et du résultat à la date de clôture de l’exercice ;
3. de contribuer au calcul du coût des actions ou des services ainsi qu’à
l’évaluation de leur performance."

L'étude du droit des comptes publics permet de considérer les sources


ainsi que les acteurs de la comptabilité publique que sont les ordonnateurs et
les comptables publics, et de s'intéresser aux grands équilibres qui fondent
l'enregistrement et les modalités de restitution de l'information comptable des
administrations publiques. L'étude de la réglementation des recettes et des
dépenses présente, quant à elle, les règles qui régissent l'exécution financière
des actes juridiques des administrations publiques ainsi que le contentieux lié à
leur mise en œuvre.

Les sources

1- Les sources nationales

- L'ordonnance n°62/OF/ du 7 février 1962 portant régime financier de


l’État.
- La loi n°2007/06 du 26 décembre 2007 portant régime financier de l'État
- La loi n° 2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’État
et des autres entités publiques
- Le décret du 30 décembre 1912 et le titre de règlement définitif assimilé
à la loi des comptes
- Decret n°2013/16 du 15 mai 2013 portant règlement général de la
comptabilité publique
- Le décret n° 2020/375 du 07 juillet 2020 portant règlement général de la
comptabilité publique
- La loi n° 2014/025 du 23 décembre 2014 portant loi de règlement de la
République du Cameroun pour l'exercice 2013

2- Les sources Communautaires

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- La directive n°01/11/UEAC-190-CM-22 relative aux lois de finances en
zone CEMAC.

3- Les sources internationales


Il s’agit ici, des normes comptables internationales du secteur public. C’est
l’œuvre d’un comité crée par la Fédération internationale des experts-
comptables (IFAC). Il s’agit respectivement des Normes IPSAS (International
Public Sector Accounting Standard) qui ont succédé en 2001 aux « Normes
IAS » (International Accounting Standards) fixées par le Conseil des normes
comptables internationales du secteur public (IPSAS Board), dans le cadre plus
général de IASCF (International Accounting Standards Committe Foundation).
Ces standards internationaux en matière comptable ont pour objectif
d’améliorer la qualité de l’information financière et comptable des entités du
secteur public, pour permettre des décisions d’allocation de ressources fondées
sur l’information fiable et ainsi améliorer la transparence financière et la
responsabilité des acteurs publics. Selon William Gilles, « les normes
comptables ont pour objectif d’améliorer la qualité de l’information
comptable des administrations publiques ». C’est sans doute la raison pour
laquelle la matière atteint tous les niveaux du processus budgétaire. Le Droit de
la comptabilité publique met ainsi en avant d’une part les institutions (Partie I)
et les opérations (Partie II) d’autre part.

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PARTIE I : LES INSTITUIONS D’EXECUTION DE LA LOI
DE FINANCES
Deux catégories d’institutions importantes sont ici prises en compte : les
organes (chapitre I) et les agents (chapitre II).

CHAPITRE I : LES ORGANES D’EXECUTION DE LA LOI DE


FINANCES

L’exécution de la loi des finances interpelle deux grandes catégories


d’organes : les organes à compétence spécialisées (section I) et les organes
destinataires de crédit (section II).

SECTION I: LES ORGANES A COMPETENCE


SPECIALISEES

La compétence spécialisée ici porte sur la matière financière.


l’intervenant alors dans ce cadre que les institutions de l’État ayant pour
mission principale de cordonner l’exécution (I) et les institutions sectorielles
dans l’exécution (II).

I- L’institution de coordination de l’exécution


L’exécution de la loi des finances s’opère sous la réserve ou la coordination
générale du ministre des finances : « Le Ministre chargé des finances est
responsable, en liaison avec les ministres sectoriels, de la bonne
exécution de la loi des finances et du respect des soldes budgétaires
définis en application de l’article 13 de la présente loi », art 63 al 1 de la loi
n° 2018/ 012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’État et des autres
entités publiques. Il est l’ordonnateur principal du budget de l’État. C’est la
personne ayant qualité au nom de l’État pour prescrire l’exécution des recettes
et des dépenses inscrites au budget de l’État (article 65 de la loi n° 2018/021).
Le ministre chargé des finances est ordonnateur principal unique des recettes
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du budget général (article 67 de la loi n° 2018/021), des comptes spéciaux du
Trésor, à l’exception des comptes d’affectation spéciale (l’article 37 de la
directive relative aux lois de finances, et de l’ensemble des opérations de
trésorerie et de financement. Il prescrit l’exécution des recettes, constate les
droits de l’État, liquide et émet les titres de créances correspondants). Il est
aussi ordonnateur principal des crédits des programmes de son ministère. Il
prend toutes les dispositions nécessaires pour que la loi de finances produise
effectivement tous les effets juridiques escomptés.
En droit camerounais, cette autorité est investie dans l’exercice de ses
fonctions à la suite d’une nomination par le Président de la République chef
de l’État (voir article 12 de la constitution camerounais). Ses attributions en
matière financière sont généralement définies par ce dernier. Ainsi, la loi de
finances promulguée , le ministre de finances adopte dès le début de l’année
la circulaire portant exécution du budget de l’État et des entités publiques :
Circulaire n° 00000456/C/MINFI du 30 décembre 2021 portant
instructions relatives à l’exécution des lois de finances, au suivi et au
contrôle de l’exécution du budget de l’État et des autres entités
publiques pour l’exercice 2022. Cet acte juridique marque en réalité
l’entrée en vigueur effective de la loi de finances. Il interpelle par son contenu
les agents publics intervenant dans le processus d’exécution du budget pour
leur donner les orientations spécifiques à prendre en compte à cet effet.

II- LES INSTITUTIONS FINANCIERE A COMPETENCE


SECTORIELLE
Plusieurs institutions certainement toutes rattachées au ministère des
finances participent à l’exécution de la loi de finances en fonction de leurs
compétences alors délimitées par secteur. Il s’agit de la direction générale du

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budget (DGB) , de la direction générale des imports (DGI), la direction
générale des Douanes (DGD), la direction générale du Trésor, de la
coopérations financière et monétaire du trésor, de la coopération financière
et monétaire (DGTCFM), la caisse autonome d’amortissement (CAA) et de la
société de recouvrement des créances (SRC).
Deux catégories peuvent être aussi retenues pour opérer une
classification de toutes ces institutions sectorielles en matière financière. Il s’agit
d’une part des institutions sectorielles sous tutelle du MINFI (B) et d’autre
part des institutions sectorielles sous l’autorité hiérarchique du MINFI (A).
A- Les institutions sectorielles sous l’autorité hiérarchique du
MINFI
Il s’agit ici des directives générales du Ministère des finances :
- La direction générale du budget : placée sous l’autorité d’un directeur
général du budget, ses missions consistent en la préparation administrative et
technique des projets de loi des finances ainsi que le suivi et l’évaluation des
différents crédits ouverts dans la loi des finances pour le compte des chapitres
budgétaires.
- La direction générale des impôts : placée sous l’autorité d’un
directeur général des Impôts, elle assure les missions de prélèvement, des
collectes ou de recouvrement des différentes recettes fiscales dues par les
contribuables au profit de l’État.
- La direction générale des Douanes : placée sous l’autorité d’un
directeur des douanes, elle assure dans le cadre de ses missions, le prélèvement
des recettes fiscales et douanières dues par le contribuable dans le cadre des
importations ;
- La direction générale du trésor de la coopération financière et
monétaire : placée sous l’autorité d’un DG du trésor, elle assure dans le cadre

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de ses missions la protection du patrimoine de l’État. Elle assure également
les opérations de compatibilités : comptabilité budgétaire, générale, analytique
des coûts et de valeurs.
B- Les institutions sectorielles sous tutelle
Erigées en établissement publics, ces institutions se distinguent entre
la CAA et la SRC :
- La CAA (Caisse Autonome d’Amortissement) : placée sous
l’autorité d’un Directeur général, cette institution bénéficie d’une autonomie
administrative et financière. Elle a pour principale mission de procéder à
l’apurement du passif de l’État.
- La SRC (Société de Recouvrement des Créances) : placée sous
l’autorité d’un DG, cette institution bénéficie d’une autonomie administrative
et financière. Elle a pour mission principale d’assurer le recouvrement des
créances de l’État.

Section II : Les organes bénéficiant des crédits

Les crédits ouverts par la loi des finances sont affectés à des institutions
centralisées (I) et à des institutions décentralisées (II) sur le territoire de
l’État.

I- Les institutions centralisées bénéficiaires décentralisées


Correspondant dans le crédit de la loi des finances aux différents chapitres
budgétaires, ces institutions sont les organes ou pouvoirs publics
constitutionnels d’une part et les différents départements ministériels d’autre
part :
- Les organes ou pouvoir publics constitutionnels sont bénéficiaires de crédits
ouverts sur autorisation parlementaire. Ce sont la Présidence de la République,
l’Assemblée nationale, le Sénat, la Cour suprême, le Conseil Économique et

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Social, le Conseil constitutionnel. Dans la loi des finances, ces différents
organes correspondent au chapitre budgétaire organes constitutionnel.
Les crédits budgétaires qui leurs sont alloués sont gérés de manière
autonome et spéciale de par les missions de souveraineté qu’ils accomplissent.
- Les départements ministériels autant que chaque régime budgétaire dans
la loi de finance sont plutôt assujettis à une règle ordinaire de la comptabilité
publique. Il en ressort que pour l’exécution de crédits ouverts qui leurs sont
affectés, il n’existe pas de règles dérogatoires.

II- Les institutions décentralisées bénéficiaires de crédits


De par la forme unitaire décentralisée de l’État, les CTD sont assujetties
aux règles de la comptabilité publique, les communes et éventuellement les
organes lors que celles-ci seront effectives bénéficient d’un régime financier
spécial suivant les termes de la loi du 11 juillet 2018 portant régime financier de
l’État et des autres Entités publiques et de la loi n°2019/024 du 24 décembre
2019 portant code général des collectivités territoriales décentralisées.
Il en n’est de même des Établissements publics régis par la loi n° 2017/010
du 12 juillet 2017 portant statut général des établissements publics.

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CHAPITRE 2 : LES AGENTS D’EXECUTION DE LA LOI DE
FINANCES

L’exécution de la loi de finances ne peut être effective sans les institutions


mais aussi et surtout, sans les hommes investis des fonctions précises. Celles-ci
correspondent à des agents auxquels des compétences spécifiques sont
reconnues. Ils exercent leurs différentes fonctions en droit public financier avec
une rationalité particulière. Ils sont successivement chargés d’exécuter
juridiquement la loi de finances.

L’étude qui leur est consacrée ici, se rapporte d’une part à leur
identification (section 1) et d’autre part, à l’organisation de leurs fonctions
(section 2).

Section 1 : L’identification des agents

Suivant les termes de la loi n°2018/012 du 11 juin 2018 portant régime


financier de l’État et des autres Entités publiques, trois catégories d’agents à
moyen, participent à l’exécution à savoir l’ordonnateur (I), le contrôleur
financier (II) et le comptable public (III).

I- L’ordonnateur

Deux considérations sont ici importantes à savoir : le statut (A) et les


attributions de l’ordonnateur (B).

A- Le statut de l’ordonnateur

Suivant les dispositions du décret n°2013/160 du 13 mai 2013, est


ordonnateur, toute personne nommée dans l’exercice d’importantes fonctions
administratives ayant un certain nombre de compétences financières par

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rapport à la loi de finances. Deux modes d’accès au statut d’ordonnateur
peuvent être identifiés.

D’une part, la nomination proprement dite intervenant par un acte


administratif d’un supérieur hiérarchique (exemple : la nomination des
doyens de facultés et d’universités publiques par le Président de la République).

D’autre part, l’élection démocratique d’un maire choisi parmi tant


d’autres. L’ordonnateur exerce dont pour un temps bien déterminé.

B- Les fonctions de l’ordonnateur

L’ordonnateur participe à l’exécution de la loi de finances en prenant des


actes administratifs liés aux dépenses publiques ou aux recettes publiques. De
manière générale, ils procèdent aux engagements, liquidations et
ordonnancements des dépenses inscrites au budget. La liquidation et
l’ordonnancement sont concomitants et doivent intervenir immédiatement
après la certification du service fait. Les ordonnateurs émettent les ordres de
mouvement affectant les biens et matières de l’État. Ils veillent, sous leur
propre responsabilité, à la tenue de la comptabilité auxiliaire des matières,
valeurs et titres de l’État et participent ainsi à la tenue de la comptabilité
générale de l’État sous le contrôle du comptable.

L’ordonnateur reste cependant, accrédité par dépôt de leurs signatures


auprès des comptables publics assignataires des opérations de recettes et de
dépenses inscrites au budget dont ils prescrivent l’exécution.

Les actes de ces derniers (engagement, liquidation et ordonnancement)


sont retracés dans la comptabilité budgétaire permettant de suivre le
déroulement des opérations budgétaires et d’effectuer le rapprochement avec
les écritures des comptables publics.

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Les ordonnateurs disposent d’un pouvoir d’initiative discrétionnaire dans
le cadre défini par l’autorité budgétaire en matière de dépense et décident
librement de leur opportunité afin d’assurer le fonctionnement des services
publics. Cette liberté disparait pour les principaux postes de dépenses (Les
dépenses de personnel, qui sont des dépenses sans ordonnancement préalable)
et les charges de la dette. Cette liberté se manifeste par la non-obligation
d’engager la dépense ou la possibilité de l’engager à un niveau moindre que celui
autorisé par la loi de finance.

Pour les opérations d’exécution de la dépense publique, on distingue trois


catégories d’ordonnateurs : les ordonnateurs principaux, les ordonnateurs
délégués (chef des administrateurs auquel on compte assigner des
compétences précises).

En matière d’exécution des recettes publiques, l’ordonnateur prend


les actes administratifs relatifs à la constatation d’une créance de l’État, la
liquidation de la recette ainsi que l’ordonnancement de la dépense et
l’ordonnancement de la recette.

Toutefois, on peut penser à une catégorie d’ordonnateur principal, les


chefs de département ministériel qui auraient expressément reçu une
autorisation de la part du ministre de finance, pour procéder au recouvrement
des recettes publiques.

II- Le contrôleur financier

C’est un agent important dans la chaine d’exécution de la dépense publique.


Il est nommé par le ministre des finances et ne peut être révoqué que par celui-
ci.

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C’est une innovation dans la loi n°2018/012 du 11 juillet 2018 : il a existé
des contrôleurs en droit financier camerounais dans le cadre des décrets, mais
aucune loi en matière de finances publiques n’en fait mention avant la loi de
2018 portant régime financier de l’État.

Dans l’exercice de ses compétences, le contrôleur financier participe


en matière d’exécution de la dépense publique, participe à l’engagement de
celle-ci. En réalité lorsque l’ordonnateur prend l’acte de l’engagement de
dépense, le contrôleur financier vérifie et s’assure de l’existence de l’autorisation
de l’engagement et des crédits des paiements de ladite dépense. En d’autre
termes il s’assurer de la disponibilité et la soutenabilité de ceux-ci par rapport à
la dépense engagée. Il appose son visa favorable ou défavorable selon les cas
de disponibilité ou d’indisponibilité des crédits par rapport à l’engagement
d’une dépense publique.

NB : le contrôleur financier se présente alors comme un conseiller de


l’ordonnateur de dépense publique.

III- Le comptable public

La notion de comptable doit être précisée avant d’en déterminer le statut.


Deux points méritent ici l’attention. Il s’agit du statut du comptable (A) et de
ses attributions (B).

A- Le statut du comptable public

« Est comptable public tout agent public régulièrement habilité à effectuer,


à titre exclusif et au nom de l’État ou des autres entités publiques, des
opérations de recettes, de dépenses ou de maniement de titres, soit au moyen
de fonds et valeurs dont il a la garde, soit par virement interne d’écritures, soit
par l’intermédiaire d’autres comptables », article 5 al 1 du décret n° 2020/375

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du 07 juillet 2020 portant règlement général de la comptabilité publique. Au
regard du décret n°2013/160 du 15 mai 2013, portant règlement général de la
comptabilité publique, est comptable public toute personne nommée en cette
qualité par le ministre des finances. On dit alors que le comptable public est
agent accrédité à un poste comptable. Selon l’article 5 alinéa 3 du décret
n°2020/375, « les comptables assignataires sont les seuls habilités à
effectuer, sous leur responsabilité, certaines opérations de recettes et de
dépenses ». Article 5 al 4 : « ils sont nommés par le Ministre des finances ».

On distingue ainsi plusieurs catégories de comptables.

 Les comptables deniers et valeurs ;

Les comptables deniers et valeurs sont des personnes habilitées au


maniement et à la conservation des fonds publics, des valeurs qui sont des
valeurs de portefeuille, bons, traites, obligations, rentes et actions de société.

 Les comptables d’ordre.

Les comptables d’ordre sont ceux qui centralisent et présentent dans leurs
écritures et leurs comptes les opérations financières exécutées par d’autres
comptables. Toutefois, les fonctions de comptable d’ordre ne sont pas
incompatibles avec celles de comptable deniers et valeurs.

Chaque catégorie de comptable ainsi définie peut être qualifiée de


comptable principal ou secondaire comme c’est le cas au Cameroun ou de
comptable supérieur ou subordonné, de comptable centralisateur ou non
centralisateur.

Le comptable supérieur est le comptable qui a sous son autorité


hiérarchique un ou des comptables subordonnés. Le comptable principal est le
comptable qui rend directement ses comptes à la Chambre des comptes ; il a
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sous sa responsabilité des comptables secondaires. Le comptable centralisateur
est celui qui centralise les opérations des comptables inférieurs non
centralisateurs.

Les comptables des administrations financières des Impôts et des


Douanes sont des fonctionnaires ou agents ayant qualité de comptables deniers
et valeurs et chargés en particulier du recouvrement d’impôts, de droits, de
redevances et de recettes diverses, ainsi que des pénalités fiscales et des frais de
poursuite dans les conditions fixées par le Code général des impôts, le Code
des douanes.

Les comptables des administrations financières peuvent être organisés en


réseaux de postes comptables comprenant des comptables supérieurs ou
subordonnés, principaux ou secondaires, distincts du réseau du Trésor dans les
conditions fixées par les réglementations nationales. Les opérations des
comptables des administrations financières sont centralisées dans les écritures
du Trésor.

B. Les attributions du comptable public

Le comptable public intervient dans l’exécution des recettes publiques,


l’exécution de la dépense publique, la conservation des fonds et du patrimoine
public.

En matière d’exécution de la dépense publique, le comptable public


procède à l’acte matériel du paiement de la dette publique.

Cependant avant tout acte de paiement, le comptable opère un contrôle


pour s’assurer de la régularité de la dépense ordonnée par l’ordonnateur. Il
s’assure du service fait.

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Dans le cadre de l’exécution des recettes, le comptable public procède
à l’acte matériel de recouvrement de celles-ci. Cependant il doit s’assurer au
préalable que ladite recette a été régulièrement autorisée par l’autorité
compétente.

De manière plus détaillé, il est chargé de la :

 La prise en charge et le recouvrement des rôles, titres de perception, bulletins


de liquidation et ordres de recettes non fiscales qui lui sont remis par un
ordonnateur, des créances constatées par un contrat ou un marché public, un
titre de propriété ou tout autre titre ou acte dont il assure la conservation ainsi
que l’encaissement des droits au comptant et des recettes de toute nature que
les administrations publiques sont habilitées à recevoir ;

 Le visa, la prise en charge et le règlement des dépenses, soit sur ordre émanant
d’un ordonnateur accrédité, soit au vu des titres présentés par les créanciers,
soit de sa propre initiative, ainsi que la suite à donner aux oppositions et autres
significations ;

 La garde et la conservation des fonds, valeurs, titres et matières appartenant


ou confiés à l’État ou aux autres administrations publiques ;

 Le maniement des fonds et les mouvements des comptes de disponibilités;

 La conservation des pièces justificatives des opérations et des documents de


comptabilité ;

Sous l’autorité du ministre chargé des finances, les comptables directs du


Trésor, principaux ou secondaires, exécutent toutes opérations budgétaires, de
trésorerie et de financement de l’État, des budgets annexes et des comptes
spéciaux du Trésor.

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Les comptables publics peuvent avoir sous leur autorité des régisseurs de
recettes et d’avances. Ces régisseurs de recettes et/ou d’avances, sont habilités
à exécuter des opérations d’encaissement ou de décaissement. Ils sont
personnellement et pécuniairement responsables de leurs opérations.

Le comptable public de rattachement a l’obligation de contrôler sur pièces


et sur place les opérations et la comptabilité des régisseurs. Il est
personnellement et pécuniairement responsable des opérations des régisseurs
dans la limite des contrôles qui lui incombent. Les modalités de création, de
fonctionnement des régies de recettes et des régies d’avances, ainsi que les
conditions de nomination des régisseurs sont fixées par les règlementations
nationales. Les régies d’avances doivent être plafonnées quant à leur montant
et être limitées aux menues dépenses ayant un caractère répétitif et urgent.

Les comptables publics sont accrédités auprès des ordonnateurs ainsi que,
le cas échéant, des autres comptables publics avec lesquels ils sont en relation
par dépôt de leurs actes de nomination. Ils peuvent déléguer leurs pouvoirs à
un ou plusieurs mandataires ayant qualité pour agir en leur nom et sous leur
responsabilité. Sauf dérogation autorisée par le ministre chargé des finances, le
mandataire doit être choisi parmi les agents du poste. Le mandataire est
accrédité dans les mêmes conditions que le comptable titulaire.

Il exercer également un control en matière de recettes, il s’agit


respectivement :

 l’autorisation de percevoir les recettes, dans les conditions prévues, pour


l’État et chaque catégorie d’administrations publiques, par les lois et
règlements ;
 de la mise en recouvrement et de la liquidation des créances ainsi que de
la régularité des réductions et des annulations de titres de recettes.
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En matière de dépenses, on peut avoir le contrôle de la qualité de
l’ordonnateur ou de son délégué, et de l’assignation de la dépense ou de la
validité de la créance, portant sur :

 la justification du service fait, résultant de la certification délivrée par


l’ordonnateur et confirmée par le contrôleur financier ainsi que des
pièces justificatives produites ;
 l’intervention préalable des contrôles, autorisations, approbations, avis
ou visas réglementaires ;
 la production des justifications et, le cas échéant, du certificat de prise
en charge à l’inventaire ;
 de l’application des règles de prescription et de déchéance,
 du caractère libératoire du règlement incluant le contrôle de l’existence
éventuelle d’oppositions, notamment de saisies-arrêts ou de cessions.
En matière de patrimoine, le contrôle :
 de la prise en charge à l’inventaire des actifs financiers et non financiers
acquis ;
 de la conservation des droits, privilèges et hypothèques des
immobilisations incorporelles et corporelles.

Les comptables publics procèdent à l’arrêté périodique de leurs écritures


dans les conditions fixées par la réglementation comptable en vigueur. Au 31
décembre de chaque année, ils procèdent obligatoirement à l’arrêté de toutes
les caisses publiques (article 25 al 2 du décret n° 2020/375 : « Au 31 décembre
de chaque année, les comptables publics procèdent obligatoirement à
l’arrêté de toutes les caisses publiques ». À cette date, il est établi un procès-
verbal constatant et détaillant l’état de l’encaisse et des valeurs ainsi que celui
des comptes de dépôts justifiés par un état de rapprochement. Un acte du

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ministre chargé des finances fixe les modalités relatives à l’organisation, au
déroulement, au délai de dépôt, d’exploitation et de publication des rapports de
ces opérations de contrôle.

Section 2 : L’organisation rationnelle des fonctions des agents

Les missions accomplies par les agents dans l’exécution de la loi des
finances obéissent à une répartition rationnelle des tâches. Ces derniers sont
encadrés par le principe de la séparation des ordonnateurs et comptable (I)
même si on y observe quelques des dérogations (II).

I- Le principe de la séparation des ordonnateurs et comptables

Suivant quelques considérations, le principe de la séparation des


ordonnateurs et comptables doit être étudié à travers sa signification (A) et son
application (B).

A- La signification de la séparation

Le principe de la séparation ordonnateur comptable n’est ni un principe à


valeur constitutionnel, ni à valeur législative ni un principe général du droit (CE
22fevrier 2008, syndicat national des services du trésor-FO, n295281) mais un
principe à valeur réglementaire qui permet la perméabilité entre l’ordonnateur
et le comptable.

Dans sa conception traditionnelle, ce principe résulte de deux


préoccupations essentielles. D’une part la sécurité dans la gestion des fonds
publics (le principal objet de cette séparation est d’assurer un contrôle de
régularité des recettes et des dépenses afin d’éviter les malversations financière.
Il permet ainsi au comptable de bénéficier de l’indépendance nécessaire dans
l’exercice de son contrôle destiné à garantir la sincérité et la fidélité des comptes
dont il a la charge). D’autre part de la division rationnelle du travail (Il conduit
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ainsi à la répartition fonctionnelle des services en fonction des différents stades
d’exécution des opérations).

Dérivée de la suite logique de la séparation des pouvoirs comme en droit


constitutionnel, la séparation des ordonnateurs et comptables est consacrée en
droit camerounais par les articles 6 à 10 du décret n°2013/160 du 15 mai 2013,
portant règlement général de la comptabilité publique.

Suivant sa signification, la qualité de l’ordonnateur doit strictement être


distinguée de la qualité de comptable public dans l’exécution de finance
publique. D’avantage, il est interdit une usurpation de fonction de comptable
publique par ordonnateur et inversement.

B- L’application de la séparation

La règle de la séparation entre les ordonnateurs et les comptables publics


présente une certaine particularité dans son application. Le décret de 2013 crée
des incompatibilités dans la mise en œuvre de ce principe, il est fait interdiction
pour un ordonnateur d’avoir comme comptable publique dans sa structure
administrative, une personne avec laquelle il partage un lien de parenté.

Cependant dans l’application de ce principe, la loi n°2018/012 du 11 juillet


2018, portant régime financier de l’État et les autres entités publiques, donne la
possibilité à un agent de cumuler les fonctions de contrôleur financier et de
comptable public.

Il n’existe pas de lien hiérarchique entre l’ordonnateur et le comptable


public. Ainsi à l’exception des dérogations précitées, la méconnaissance de ce
principe fait courir à son auteur des sanctions.

II- Les dérogations du principe de la séparation

20
Les règles de la séparation entre ordonnateur et comptable public peuvent
être l’objet de quelques dérogations.

A- Les normes

Ce sont des opérations financières qui sont exercées sur la diligence d’un
ordonnateur, sous réserve d’une information et validation à posteriori par un
comptable public. Il s’agit des régimes d’avance et des régimes de recette.

- Les régimes d’avance, ce sont des dépenses publiques exécutées à


l’initiative de l’ordonnateur par un régisseur et à l’avance. Il enregistre, sous
réserve de la transmission à posteriori de l’état des dépenses au comptable
assignataire.
- Les régimes de recette, il s’agit du recouvrement en urgence d’un
ensemble de recette sous la diligence de l’ordonnateur par un régisseur de
recette. Les opérations d’encaissement effectuées en urgence par le régisseur de
recette doivent être transmisses à posteriori au comptable assignataire pour
enregistrement.
B- Des dépenses effectuées sans ordonnancement

Dans le cadre de l’exécution de certaines dépenses, le formalisme lié à


l’intervention de l’ordonnateur peut être écarté. Ainsi les comptables publics
peuvent procéder à l’écoulement des prestations sans avoir besoin qu’un acte
d’ordonnancement pris par l’ordonnateur n’intervienne. Il en est des dépenses
salariales.

21
DEUXIEME PARTIE : LA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI DE
FINANCES

Mettre en œuvre la loi de finance revient à déclencher l’effectivité de ses


effets juridiques. Suivant cette considération, deux catégories doivent être
prises en compte : les opérations d’exécution et la loi de finances (chapitre 1)
et les opérations de contrôle de l’exécution de la loi de finances (chapitre 2).

22
CHAPITRE I : LES OPERATIONS D’EXECUTION DE LA LOI DE
FINANCES

Dans le souci de sauvegarder les deniers publics, les règles qui gouvernent
la gestion des finances publiques doivent être rigoureusement observées.
Exécuter la loi de finances, conduit à dégager deux catégories d’opérations que
sont : les opérations budgétaires (section 1) et les opérations de gestion de la
trésorerie (section 2).

Section 1 : L’exécution du budget

Constitué de l’ensemble des prévisions, de dépenses et des recettes


contenues dans la loi de finances, le budget général de l’État n’est qu’un
document fictif qui relève d’une vision à court terme (annuel). Celui-ci a
vocation à devenir réel à travers la réalisation de toutes les dépenses et
recettes annoncées. Ainsi distingue-t-on l’exécution de dépenses publiques
(I), de l’exécution des recettes publiques (II).

I- L’exécution des dépenses publiques

La loi de finances ne fait qu’ouvrir des possibilités de dépenses. Elle


permet l’utilisation d’une certaine masse de deniers publics pour certaines fins
et pendant un certain temps. La dépense n’est encore que potentielle, il reste à
la réaliser. La mise en œuvre de la dépense publique obéit à quatre étapes :
l’engagement, la liquidation, l’ordonnancement et le paiement.

A- L’engagement de la dépense publique

L’engagement est la phase initiale de la procédure d’exécution de la


dépense publique. C’est la décision prise par l’autorité qui a qualité, à cet effet,
de prélever une partie des crédits ouverts à la rubrique budgétaire d’imputation
des dépenses, en accomplissant un acte duquel résultera une dette à la charge
23
de l’État. Relevant de la compétence de l’ordonnateur en tant
qu’administrateur, l’engagement de la dépense peut se présenter comme un acte
administratif unilatéral par lequel l’administration crée à sa charge une dette
qu’elle entend solder suivant une échéance précise. Cette opération constitue
l’administration comme un débiteur. (Ouverture des candidatures dans les
postes d’emploi, un lancement d’un marché public)

L’acte d’engagement est contrôlé par le contrôleur financier. Celui-ci


s’assure au moins du respect par l’ordonnateur de l’autorisation d’engagement
c’est-à-dire la limite supérieure du montant de la dépense pouvant être engagée.

B- La liquidation de la dépense publique

La liquidation est une phase de la procédure d'exécution administrative


d'une dépense publique. Opération réalisée sous la diligence de l’ordonnateur,
la liquidation de la dépense publique consiste aux calculs mathématiques du
montant global de la dépense engagée, en considération des estimatifs prévus
par l’autorisation budgétaire.

C- L’ordonnancement de la dépense publique

Relevant de la compétence de l’ordonnateur, l’ordonnancement se


présente ici quand l’acte par lequel l’administration atteste de l’accomplissement
du service fait.

Elle ordonne alors au comptable public de passer au paiement de la


dépense. C’est l’acte par lequel l’ordre est donné, conformément au résultat de
la liquidation, au Comptable Public de payer la dette de l’État. Dans la pratique,
elle se matérialise par l’édition et la signature du bordereau de transmission des
mandats ordonnancés (ordonnancement du titre de paiement) au Comptable
Public.

24
D- Le paiement de la dépense publique

C’est la phase terminale de la procédure. Elle se traduit par le paiement de


la dette par le Comptable Public. Étape exclusive pour la compétence du
comptable public, le paiement consiste pour celui-ci d’apprécier la dette de
l’administration. Il s’agit pour le comptable public de faire transiter les fonds
correspondant à montant de la dette de la caisse publique de l’État vers le
patrimoine de l’administré.

Toutefois, avant de procéder à une telle transaction, le comptable public


opère la certification administrative ayant préalablement été mise en œuvre par
l’ordonnateur. Il contrôle alors les crédits de paiement différent c’est-à-dire la
limite supérieure ou maximale du montant de la dépense pouvant être
ordonnancée. Il contrôle également le service fait.

NB : le comptable public peut refuser de procéder au paiement de la


dépense publique ordonnancée. Cependant l’ordonnateur peut procéder au
contournement de ce refus en prenant un acte administratif appelé ordre de
réquisition qui fait injonction au comptable public de procéder au paiement.
Dans une telle situation la responsabilité du comptable public est alors
déchargée et endossée par l’ordonnateur.

II- L’exécution des recettes publiques

Dans la conception classique, la procédure de droit commun de


l’exécution des recettes publiques est traditionnellement structurée autour d’un
découpage de l’opération en plusieurs phases. A la faveur de l’article 45 al 1 du
décret n° 2020/375 du 7 juillet 2020 portant règlement général de la
comptabilité publique, « Dans les conditions prévues pour chacune d’elles,
les recettes sont constatées, liquidées, et ordonnancées avant d’être
prises en charge et recouvrées ». Quatre mouvements d’ensemble doivent
25
ici être pris en considération : l’émission d’un titre de créance, la liquidation de
la créance, l’ordonnancement et le recouvrement de la créance.

A- L’émission d’un titre de créance

Il s’agit ici pour l’ordonnateur d’adopter un acte administratif par lequel il


constate l’existence d’une créance bénéficiant au patrimoine public à l’endroit
d’un administré. À titre d’exemple cet acte peut se traduire par l’émission d’un
avis de mise en recouvrement en matière fiscale.

B- La liquidation de la créance

« La liquidation a pour objet de déterminer le montant de la dette


des redevables et doit indiquer les bases sur lesquelles elle est effectuée »,
article 45 al 2 du décret n° 2020/375. La constatation du droit de créance de
l’État par l’ordonnateur nécessite une évaluation mathématique de son
montant. C’est ce qu’il convient de retenir comme étant la liquidation. En
matière fiscale par exemple, il s’agit d’appliquer à la matière imposable le taux
d’imposition retenu par la loi.

C- L’ordonnancement de la créance

C’est l’étape à l’occasion de laquelle l’ordonnateur donne l’ordre au


comptable public de procéder au recouvrement de la recette ou créance de
l’État.

D- Le recouvrement de la créance

Après ordonnancement, la créance publique a vocation à être recouvrée.


Cette opération consiste pour le comptable public à faire transiter l’argent du
patrimoine de l’administré vers la caisse publique. Il convient d’observer alors

26
que le paiement en nature encore appelé dation en paiement est en principe
interdit à l’initiative de l’administré.

Avant de procéder au recouvrement le comptable public doit s’assurer de


l’existence effective de la créance en droit.

Section 2 : La gestion de la trésorerie

Comment se gère la fortune publique ? C’est à cette préoccupation que


s’évertue de répondre le décret n° 2020/375 du 07 juillet 2020 portant
règlement général de la comptabilité publique abrogeant le décret n°2013/160
du 15 mai 2013 portant règlement général du comptable public au Cameroun.
Deux points méritent l’attention ici : le trésor public (I) et les missions de celui-
ci (II).

I- Le trésor public

Institution chargée d’administrer le patrimoine public, le trésor public


dépend de la direction générale du trésor de la coopération monétaire et
financière rattachée au MINFI. Il assure ses mises en collaboration avec le
ministère des domaines et des affaires foncières. Ce sont particulièrement les
agents formés dans le cadre de l’administration des régis financières à l’ENAM,
en particulier dans la branche du trésor qui sont investis des missions au sein
du trésor public.

Ils répondent tous devant le MINFI puisqu’ils sont nommés par celui. On
y retrouve des agents comptables, des percepteurs, les receveurs municipaux,
les trésoriers payeurs généraux.

Le trésor public peut dans certains cas particulier s’entourer de services,


de personne physique ou moral pour assurer la collecte et la conservation des

27
fonds publics. Ces collaborateurs sont alors appelés les correspondants du
trésor.

II- Les missions du trésor public


Quelques missions importantes incombent au trésor public :

- L’évaluation de la fortune publique : il s’agit d’identifier et de dénombrer


en les classant tous les biens meubles et immeubles en numéraire et les valeurs
qui font partie du patrimoine de l’État et des autres entités publiques
- La conservation de la fortune publique : il s’agit d’assurer la protection et
l’administration des transactions qui s’applique sur les biens publics. Ainsi dans
ce cadre, le trésor public doit pouvoir identifier les mouvements entrés et de
sortie des biens publics.

Le trésor assure alors les opérations de banque de l’État en conservant la


fortune publique mais aussi en dégageant les mouvements de prêt et d’emprunt.

28
CHAPITRE 2 : LE CONTROLE D’EXECUTION DE LA LOI DES
FINANCES
La transparence et la bonne gouvernance indiquées comme ligne de
conduite dans la gestion des finances publiques camerounaises impliquent le
contrôle de gestion. Ayant pour référence l’exécution de la loi des finances, ce
contrôle se décline suivant deux mouvements importants : le contrôle non
juridictionnel de la loi des finances et le contrôle juridictionnel de l’exécution
de la loi des finances.

Section 1 : Le contrôle non juridictionnel de l’exécution de la loi des


finances
S’il est non juridictionnel, le contrôle de la gestion financière de l’État se
fait par l’administration (I) et le parlement (II).

I- Le contrôle administratif des finances publiques


Conformément au décret n°2013/159 du 15 mai 2013 fixant le régime
particulier du contrôle administratif des finances publiques au Cameroun, on
peut s’assurer de la bonne gestion ou de la mauvaise gestion des finances
publiques pendant l’exécution de la loi de finance et après l’exécution de cette
dernière. Au sens de l’article 2 du décret cité, le Contrôle administratif est une
« activité permettant aux services spécialisés du pouvoir exécutif de
s’assurer du respect de la régularité des opérations budgétaires,
financières et du patrimoine de l’État, d’évaluer la performance des
administrations et de prévenir les risques de toute nature ».

Pendant l’exécution de la loi de finance, le contrôleur financier et le


comptable public chacun à son niveau de compétence veillent à la régularité de
toutes les étapes et opérations relatives à l’exécution du budget et à la gestion

29
de la trésorerie. Ils donnent alors leurs avis favorable ou défavorable selon les
cas.

Après l’exécution de la loi de finances le contrôle administratif se fait par


la réalisation des audits des comptes publics également par l’intervention
d’organes administratifs spécialisés dans le contrôle à savoir : le CDEF, le
CONSUPE, l’ANIF (traquer le blanchiment d’argent), CONAC.

II- Le contrôle politique parlementaire


L’exécution de la loi de finance n’échappe pas au contrôle des parlementaires.
Deux mécanismes sont mis en contribution en droit camerounais pour
s’enquérir de la gestion opérée par les comptables public et les ordonnateurs :

- Le contrôle par les questions et la matière de censure. Prévu dans le cadre


des arts. ces mécanismes permettent d’avoir une lisibilité sur la gestion des
finances par les membres du gouvernement. Des questions écrites et/ou orales
sont poses à l’occasion des sessions parlementaires portant sur le budget aux
membres du gouvernement.
- La loi de règlement : autre catégorie de loi de finances, la loi de règlement
dresse le bilan exhaustif des opérations financières effectivement réalisées pour
le compte d’une année budgétaire écoulée et prescrit des orientations pour la
préparation du budget de l’année à venir.

Section 2 : Le contrôle juridictionnel de l’exécution financière


Les juges ne sont pas spectateurs dans le contrôle de l’exécution de la loi
des finances. On retrouve de manière active le contrôle exercé par les
juridictions de compte (I), administratives (II) et judiciaires (III).

I- Le contrôle par la juridiction des comptes

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La juridiction des comptes au Cameroun est une structure constituée de
tribunaux régionaux des comptes et de la chambre des comptes de la cour
suprême. Encore non effectifs jusqu’à nos jours, les tribunaux régionaux des
comptes consacrés par la loi du 29 décembre 2006, voient leurs attributions
provisoirement exercées par la chambre des comptes de la cour suprême. Cette
dernière, assure conformément à la loi du 21 avril 2003 la certification des
comptes, des comptables publics de l’État, des établissements publics, des
CTD, des entreprises publiques.

Ainsi, les comptes de l’État et les comptes de gestion des comptables


publics principaux sont produits à la Chambre des comptes au plus tard trois
mois après la clôture de l’exercice. En cas de retard, des amendes peuvent être
infligées aux comptables par la Chambre des comptes.

La responsabilité des comptables publics se trouve engagée en cas de :

 Constatation de déficit de caisse ou de manquant en denier ou en valeur ;

 Défaut de recouvrement de recette ;

 Paiement irrégulier d’une dépense en manquement aux obligations de


contrôles

 Paiement irrégulier d’une indemnisation mise à la charge de l’État du fait du


comptable public.

Dans ce cas, la juridiction des comptes, après avoir entendu le comptable


intéressé, prend un arrêt qui fixe le montant que le comptable devra verser à
l’État, en tenant compte du montant du préjudice ainsi que des circonstances
de l’infraction. Elle peut en outre, en fonction de la gravité de la faute commise,
imposer une amende au comptable défaillant, dans la double limite du montant

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visé à l’alinéa précédent et d’une année de salaire du comptable intéressé. Les
comptables publics ne sont ni personnellement ni pécuniairement responsables
des erreurs commises dans l’assiette et la liquidation des produits qu’ils sont
chargés de recouvrer (affaire commune Biwong bulu)

La gestion de fait entraîne, pour son auteur déclaré comptable de fait par
la Chambre des comptes, les mêmes obligations et responsabilités que la
gestion patente pour le comptable public. Les comptables publics ne sont pas
tenus de déférer aux ordres irréguliers qui engagent leur responsabilité
personnelle et pécuniaire, sauf réquisition émanant de l’ordonnateur principal

La responsabilité pécuniaire d’un comptable public peut aussi être mise en


jeu par une décision de débet de nature administrative. Les arrêtés de débet
produisent les mêmes effets et sont soumis aux mêmes règles d’exécution que
les décisions juridictionnelles. Ils sont susceptibles de recours.

 la cessation de la fonction du comptable public et de la


libération des garanties

La cessation de fonction d’un comptable public est prononcée dans les


mêmes formes que sa nomination. Hormis le cas de décès ou d’absence
irrégulière, la cessation de fonction d’un comptable public donne lieu à
l’établissement d’un procès-verbal de remise de service.

La libération des garanties constituées par un comptable public ne peut


intervenir que dans les conditions suivantes :

 Pour les comptables principaux : après arrêts définitifs de quitus rendus par
la Chambre des comptes sur les différentes gestions dont ils avaient la charge
jusqu’à leur cessation de fonction ou par intervention de la prescription

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acquisitive conformément aux dispositions de l’article 77 de la Directive
portant loi de finances ;

 Pour les comptables secondaires : après obtention du certificat de décharge


délivré par le Directeur chargé de la comptabilité publique, sur avis des
comptables principaux auxquels ces comptables secondaires sont rattachés ;

 Le certificat de décharge est délivré dans un délai fixé par les réglementations
nationales. Il permet uniquement d’accorder la libération des garanties, mais
n’emporte pas de conséquences quant à l’appréciation de la responsabilité
éventuelle du comptable secondaire ;

 La libération des garanties est accordée par décision du ministre chargé des
finances sur proposition du directeur chargé de la comptabilité publique, après
constatation que les conditions prévues ci-dessus sont réunies.

II- Le contrôle par la juridiction administrative


Constitué des tribunaux administratifs régionaux et de la chambre
administrative de la cour suprême, la juridiction administrative au Cameroun
participe au contrôle de l’exécution de la loi de finance. Elle intervient pour
connaitre des recours en annulation pour excès de pouvoir dirigé contre les
actes administratifs qui auraient une incidence sur l’exécution budget ou la
gestion de la trésorerie. La connaissance des recours en indemnisation des
préjudices causés par les actes administratifs liés à une exécution financière lui
incombent également.

III- Le contrôle par la juridiction judiciaire


Le juge judicaire généralement requis dans le contrôle de l’exécution des
finances publiques c’est le juge pénal ou répressif. Ce dernier intervient pour la
sanction des infractions de deniers publics ou d’atteinte à la fortune publique.

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NB : Lorsque l’infraction de détournement de deniers publics porte sur un
montant supérieur ou égal à 50.000.000f CFA le TCS (Tribunal Criminel
Spécial) est la juridiction judiciaire exceptionnelle conviée pour la sanction des
délinquants.

L’exécution du budget doit être réalisée conformément aux autorisations


prévues dans la loi de finances et précisées dans les décrets de répartition. Une
division des tâches d’exécution est organisée entre les ordonnateurs, chargés de
prendre les actes administratifs prescrivant notamment les dépenses, et les
comptables, chargés des opérations matérielles de maniement de fonds et,
notamment, du paiement de la dépense. Ces fonctions sont nettement séparées
et l’article 9 du décret de 2012 dispose que les fonctions d’ordonnateur et de
comptable public sont incompatibles.

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