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PLAN DU COURS
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : DROIT DU TRAVAIL, LES RELATIONS
INDIVIDUELLES DE TRAVAIL
CHAPITRE 1ER : LE RECRUTEMENT DANS L’ENTREPRISE
SECTION I : PREPARATION ET ELABORATION DU CONTRAT DE TRAVAIL
Paragraphe 1 : La phase de préparation du contrat de travail
Paragraphe 2 : La phase d’élaboration du contrat de travail
Section II : Les caractéristiques du contrat de travail
Paragraphe 1er : les caractéristiques secondaires du contrat de travail
Paragraphe 2 : la caractéristique principale du contrat de travail : le lien de
subordination
Section III : les formes de contrat de travail
Paragraphe 1 : Les formes classiques du contrat de travail
Paragraphe 2 : Les nouveaux types de contrat de travail
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DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE, Pr. Eloie SOUPGUI, Agrégé des
Facultés de Droit
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DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE, Pr. Eloie SOUPGUI, Agrégé des
Facultés de Droit
INTRODUCTION GENERALE
Le droit du travail peut être défini comme l’ensemble des règles juridiques qui
régissent dans le secteur privé, les relations individuelles et collectives de travail existant
entre un employeur et un ou plusieurs travailleurs. Le droit de travail qui apparaît comme le
corollaire de l’économie de marché a été introduit en Afrique par les colonisateurs. En effet,
les grands travaux engagés dans les pays africains pendant la colonisation nécessitaient une
main-d’œuvre indigène importante. Ainsi naquit le salariat en Afrique sous l’appellation de
« régime de l’indigénat » et les services des travailleurs étaient volontaires ou forcés avec ou
sans rémunération. L’application d’un véritable droit du travail libre de toutes les pesanteurs
au Cameroun est l’aboutissement d’un long processus qui passe par la suppression du travail
forcé, l’institution du contrôle de la main-d’œuvre indigène et l’amélioration des conditions
de travail.
A son accession à l’indépendance, le Cameroun comme les autres pays africains
dominés par la France hérite du code du travail d’outremer promulgué le 15 Décembre 1952.
Ce texte restera en vigueur au Cameroun jusqu’au 12 juillet 1967 date de promulgation d’un
nouveau code de travail.
L’évolution législative aboutit à l’adoption de la loi n° 92/007 du 14 août 1992 portant
code du travail qui constitue jusqu’aujourd’hui le socle juridique du droit du travail
camerounais. Quelles sont les personnes assujetties au code du travail ?
Le domaine d’application du code de travail est déterminé par l’article 1 er de la loi de
1992. Le code ne vise que les employeurs et les travailleurs du secteur privé et dans le secteur
public les contractuels et assimilés. Sont exclus du champ d'application du code de travail les
personnels régis par:
- le statut général de la fonction publique;
- le statut de la magistrature;
- le statut général des militaires;
- le statut spécial de la sûreté nationale;
- le statut spécial de l'administration pénitentiaire;
- les dispositions particulières applicables aux auxiliaires d'administration.
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dérisoires. C’est pour limiter l’exploitation de l’homme par l’homme que l’Etat impose des
règles particulières en matière sociale. Ce droit protecteur impose aux employeurs des règles
impératives à respecter sous peine de sanction ; ces règles sont relatives notamment aux
conditions de travail, à la maternité, au salaire, à l’hygiène à la sécurité et à la retraite.
-La garantie de la paix sociale. La réglementation du travail est liée au développement des
peuples et des nations raison pour laquelle la production des entreprises est recherchée. Le
droit du travail encourage le dialogue et la négociation comme mode d’aménagement des
relations professionnelles et de règlement des conflits de travail. Deux institutions sont
chargées d’entretenir le dialogue social au Cameroun : la Commission Nationale Consultative
de Travail réglementée par les articles 117 à 119 du Code de Travail et la Commission
Nationale de Santé et de Sécurité au Travail régie par les articles 120 et 121 du même code.
La paix est également recherchée à travers la stabilité de l’emploi. Dans cette perspective, le
Code du Travail réglemente rigoureusement le licenciement pour empêcher les employeurs de
procéder aux licenciements abusifs.
-La recherche de la stabilité politique. La stabilité politique est une préoccupation constante
dans tous les pays. A cet égard on note une double intervention de l’Etat en matière de
travail :
- L’intervention directe à travers l’élaboration des règles impératives qui s’imposent à tous les
partenaires sociaux. Les textes d’application du code de travail relèvent de la compétence des
autorités étatiques.
- L’intervention indirecte par le biais des syndicats et des négociations collectives. L’Etat
contrôle la constitution et le fonctionnement des syndicats ; en effet, l’exigence de la
déclaration et du dépôt des statuts auprès des greffiers des syndicats nommés par décret du
Président de la République témoignent de la volonté de contrôle des autorités étatiques. L’Etat
exerce une forte influence sur les négociations collectives ; les commissions paritaires (la
Commission Nationale Consultative de Travail et la Commission Nationale de Santé et de
Sécurité au Travail) sont présidées par le Ministre en charge du travail ou par son
représentant.
La recherche de l’équilibre entre la protection du travailleur et la sauvegarde de
l’entreprise. Il s’agit d’un objectif nouveau, né de l’observation de la réalité économique qui
montre que la protection du travailleur est inutile si l’entreprise doit fermer en raison des
difficultés économiques et financières insurmontables. La protection du travailleur passe par
la sauvegarde de l’entreprise. Cette préoccupation se manifeste à travers des dispositions du
Code de Travail notamment :
- l’article 32 alinéa K qui instaure le chômage technique ;
- l’article 40 permet au chef d’entreprise de réduire les effectifs chaque fois que
l’entreprise rencontre des difficultés.
- Les articles 157 et s. règlementent rigoureusement la grève en imposant une
procédure rigoureuse.
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Les règles de Droit du Travail proviennent de plusieurs origines dont les unes sont
internationales et les autres nationales.
b- Les recommandations
Les recommandations sont des suggestions formulées par l’O.I.T. à l’endroit des Etats
membres en vue de les orienter vers l’adoption des solutions d’ordre social. Bien qu’elles ne
soient pas obligatoires, elles exercent une grande influence sur le système juridique des Etats
membres.
L’O.I.T. joue un rôle déterminant dans la réglementation du travail dans les pays
membres. Cependant, en raison du principe de souveraineté des Etats, les sources nationales
conservent une place prépondérante dans la production des normes régissant le travail.
o La constitution
De manière générale, les préambules des constitutions africaines énoncent que tout homme a
le droit et le devoir de travailler. Ce principe général est renforcé par la protection de l’emploi
qui est considéré comme un droit fondamental du citoyen. La constitution précise que la
réglementation du travail relève du domaine de la loi.
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o La loi
Dans la plupart des pays africains le travail est réglementé par une loi. En droit
camerounais plusieurs lois se sont succédées et celle est vigueur actuellement est la loi n°
92/007 du 14 août 1992 portant Code du Travail. Elle est complétée par d’autres lois
réglementant notamment les prestations familiales, la prévoyance sociale, la prévention et la
réparation des accidents de travail et des maladies professionnelles, la pension de vieillesse
d’invalidité et de décès. L’application du code de travail et des autres lois nécessite des
précisions apportées par les règlements.
o Les règlements
Les règlements sont pris par l’autorité exécutive en vue de faciliter l’application ou
l’interprétation d’une loi. En matière de travail, le pouvoir réglementaire est exercé par le
président de la République et le premier ministre qui interviennent par voie de décret et
d’arrêtés et par le Ministre en charge du travail qui prend des arrêtés et des circulaires. Les
contestations relatives à l’application de différents textes sont soumises aux tribunaux.
o La jurisprudence
La jurisprudence est l’ensemble des solutions suggérées par une suite de décisions
concordantes rendues par les tribunaux sur une question spécifique du droit. Elle éclaire les
juges en donnant un contenu concret aux termes généraux non définis par les lois et
règlements. Il en est ainsi des notions de licenciement abusif de faute lourde et de faute grave.
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Le règlement intérieur est régi par l’article 29 du Code de Travail. Il est défini comme
l’ensemble des dispositions établies par le chef d’entreprise en vue de préciser les règles
relatives à l’organisation technique du travail, aux normes et à la procédure disciplinaire, ainsi
qu’aux prescriptions concernant l’hygiène et la sécurité au travail. Il vise à assurer la bonne
marche de l’entreprise. Le règlement intérieur est la charte de l’entreprise et ses prescriptions
s’imposent aux travailleurs.
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Le contrat d’apprentissage est une convention par laquelle, un chef d’entreprise industrielle,
commerciale ou agricole ou un artisan s’oblige à donner ou à faire donner une formation
professionnelle méthodique et complète à une personne qui s’oblige en retour, à se conformer
aux instructions qu’elle recevra et à exécuter les ouvrages qui lui seront confiés en vue de son
apprentissage. Art. 45 Code du travail.
Il ne peut être conclu que si l’apprenti a atteint 14 ans et le maître l’âge de 21 ans. Le contrat
d’apprentissage doit être conclu par écrit à peine de nullité absolue et sa durée ne peut être
supérieure à 4 ans. Il prend fin à l’arrivée du terme convenu par la délivrance d’un certificat
d’apprentissage précédé ou non d’un examen professionnel.
B- Le contrat de formation
L’essai est défini par l’art 28 du code de travail comme une période pendant laquelle
l’employeur se réserve le droit d’apprécier les aptitudes professionnelles et le rendement du
travailleur et le candidat à l’emploi, le droit d’apprécier les conditions de vie de rémunération,
d’hygiène de sécurité et la nature des relations dans l’entreprise. Il doit faire l’objet d’un écrit.
La durée de l’engagement à l’essai est fixée par l’art 2 de l’arrêté n° 17/MTPS du 26 mai
1993.
L’engagement à l’essai ne peut porter que sur une période maximale de 6 mois
renouvellement compris, sauf en ce qui concerne les cadres pour lesquels cette période peut
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être prolongée jusqu’à 8 mois. La prorogation des services après l’expiration du contrat sans
renouvellement exprès vaut engagement définitif prenant effet à compter du début de l’essai.
C.S Arr. n° 13/S du 16 Juillet 1987 aff. EKONO c/ CHE Cie.
Il y a également confusion entre le contrat d’engagement à l’essai (CEE) et le contrat définitif
de travail en cas de confirmation avant la fin de la période d’essai, du travailleur dans son
emploi. L’employeur ne peut plus ultérieurement le congédier pour essai non concluant. C.S
Arr. n° 53/S du 14 Mai 1985 aff. UCB c/ Giovanni.
La conclusion du contrat de travail obéit aux conditions générales de formation de tous les
contrats prévues par l’article 1108 du Code Civil : d’une part le consentement et la capacité
des parties, d’autre part l’objet et la cause du contrat. En plus de ces conditions générales, le
code du travail a prévu des conditions spécifiques au contrat de travail qui dérogent parfois
aux exigences du droit commun.
Les parties doivent exprimer librement leur consentement. Si l’employeur profite de la
condition misérable du travailleur pour lui imposer des conditions de travail défavorables le
contrat peut être annulé sur le fondement de la violence (morale). En effet, bien que
l’employeur n’ait exercé aucune violence sur le travailleur, l’état de nécessité dans lequel se
dernier se trouvait au moment de la conclusion explique qu’il ait accepté des conditions de
travail défavorables pour assurer sa survie. On comprend dès lors que le consentement donné
n’ait pas été libre. Cependant, l’annulation du contrat de travail n’a pas d’effet rétroactif.
Quant à la capacité des parties, le code du travail déroge au droit commun dans la mesure où
les enfants de 14 ans peuvent conclure un contrat de travail avec le consentement même
implicite de leur parent ou tuteur.
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Les contrats écrits doivent impérativement comporter des informations sur l’identité des
parties, la raison sociale de l’entreprise, la référence de la convention collective applicable s’il
y en a, la nature du contrat et de l’emploi, le lieu d’exécution.
De même le contrat d’un travailleur de nationalité étrangère doit avant tout commencement
d’exécution être visé par Le ministre du travail art 27 al2 du code du travail.
La formalité de visa est destinée à contrôler le recours à la main d’œuvre étrangère. L’art 27
al. 4 du code fixe à deux mois le délai de réponse accordé au ministre au-delà duquel le visa
est réputé avoir été accordé.
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Le terme du contrat à durée indéterminée n’est pas fixé à l’avance par les parties. Par
conséquent, il peut cesser à tout instant par la volonté de l’une ou l’autre partie à condition de
respecter le préavis et de notifier à l’autre partie le motif de la rupture. La durée du préavis
varie de 15 jours à 4 mois en fonction de la catégorie et de l’ancienneté du travailleur. Arrêté
n° 15/MTPS du 26 mai 1993.
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Catégories Ancienneté
Dans le contrat à durée indéterminée, l’employeur peut licencier le travailleur à tout moment
tout comme le travailleur peut démissionner, sous réserve du respect des conditions ci-dessus
évoquées. Mais la liberté de rupture reconnue à l’employeur est entravée par le système de
protection des salariés contre les licenciements abusifs.
Le contrat temporaire est un contrat ayant pour objet soit le remplacement d’un travailleur
absent ou dont le contrat est suspendu (pour cause de maternité, de garde à vue, de maladie du
travailleur…), soit l’achèvement d’un ouvrage nécessitant l’emploi d’une main-d’œuvre
supplémentaire dans un délai déterminé. Sa durée maximale est de 3 mois renouvelable une
fois (Art 2 et 6, décret n° 93/577/PM du 15 juillet 1993).
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Le contrat de travail crée des droits et des obligations à l’égard de toutes les parties. Il
convient de distinguer l’exécution par l’employeur de l’exécution par le travailleur.
B- Le pouvoir réglementaire
En vertu du pouvoir règlementaire, le chef d’entreprise élabore le règlement intérieur, les
circulaires et les notes de service applicables à l’ensemble du personnel. Le plus important de
ces textes est le règlement intérieur. Son élaboration relève de la compétence exclusive du
chef d’entreprise. Il est tenu de communiquer le projet au délégué du personnel pour avis et à
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l’inspecteur du travail pour son visa. Ce dernier peut exiger le retrait ou la modification de
certaines dispositions.
Le contenu du RI est limité aux règles relatives à l’organisation technique du travail, à la
procédure disciplinaire et aux prescriptions concernant l’hygiène et la sécurité du travailleur.
Pour les salariés, le RI constitue un véritable code de conduite qui définit à la fois les fautes et
les sanctions disciplinaires.
Lorsque l’inspecteur du travail donne son visa, le chef d’entreprise est tenu de faire la
publicité du RI par voie d’affichage sur les lieux de travail accessibles aux travailleurs et par
le dépôt d’une copie visée au greffe du TPI. Cette double publicité détermine sa date d’entrée
en vigueur.
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selon laquelle la vie couterait plus chère dans les villes que dans les villages. L’art 62 al. 2 du
code de travail précise que les catégories professionnelles et les salaires y afférents peuvent se
négocier dans le cadre des conventions collectives ou des accords d’établissement.
Les modalités de paiement du salaire sont fixées par la loi. Selon l’art. 68 al. 1 CT, le
salaire doit être payé à intervalle régulier ne pouvant excéder un mois et tout travailleur peut
sur sa demande, recevoir au bout de 15 jours un acompte portant sur la moitié de la quotité
mensuelle de son salaire de base. Le salaire est payé en espèce ou par virement bancaire.
Il est interdit à l’employeur d’effectuer le paiement dans un débit de boisson, un magasin de
vente sauf pour les travailleurs qui y sont employés. Le paiement doit être constaté par un
bulletin de paie et par le registre de paiement constitué des duplicatas des bulletins de paie.
Au moment du paiement l’employeur doit prélever toutes les retenues obligatoires à charge de
les reverser aux organismes destinataires.
L’action en revendication du salaire et des indemnités liées à la rupture du contrat de travail
se prescrit en 3 ans. Au-delà de cette période, le travailleur est en principe forclos. Mais la
prescription peut être écartée par un simple aveu de non-paiement de l’employeur : CS Arr. n°
123/S du 16 septembre 1982 affaire EBOMBOU c/ TSIMI Paul. Dans cette affaire,
l’employeur reconnaissait le non-paiement du salaire mais opposait la prescription triennale
au travailleur ; Il n’a pas été suivi par la haute juridiction. Ainsi, le salaire reste dû aussi
longtemps que l’employeur reconnait sa dette et l’action du travailleur reste recevable dès lors
qu’il prouve qu’il n’a pas encore été payé. Il ne pourra dans ce cas compter que sur la bonne
foi de son employeur.
La prescription triennale peut être interrompue par une réclamation écrite ou verbale du
travailleur, ou par une assignation en paiement. L’interruption de la prescription est une
mesure de protection du salaire.
Le salaire est doublement protégé contre les créanciers du salarié et contre ceux de
l’employeur. Pour tenir compte du caractère alimentaire du salaire le Décret n° 69/DF/289 du
30 juillet 1969 fixe la quotité saisissable et cessible à un tiers du salaire. Le travailleur
bénéficie d’un super privilège du salaire qui le protège contre les créanciers de l’employeur
dans les procédures collectives.
L’employeur est tenu de fournir le travail convenu dans un cadre sain qui préserve la santé
des travailleurs. Le contrôle des mesures d’hygiène et de sécurité est effectué par le médecin
et l’inspecteur de travail qui sont tenus de faire des visites périodiques dans les entreprises.
Les droits du travailleur sont renforcés par le droit de grève qui peut être mis en œuvre par
une collectivité de travailleurs, le droit d’enquête dans les entreprises reconnu à l’inspecteur
de travail en vue de s’assurer de l’application de la réglementation de travail.
A- L’obligation matérielle
L’employé est tenu d’exécuter le travail convenu. L’obligation du travailleur ayant un
caractère personnel, il ne peut se faire remplacer dans l’exécution de sa prestation sans
l’accord de son employeur. Il doit exécuter sa tâche avec diligence en évitant toute perte de
temps et tout gaspillage. Il peut donc être tenu de réparer le dommage causé par sa faute.
Partant de la notion de risque, la jurisprudence présume la bonne foi du travailleur dans
l’exécution de sa prestation. Ainsi la responsabilité des travailleurs n’est généralement mise
en œuvre qu’en cas de faute lourde.
B- Les obligations morales du travailleur
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Le code de travail permet également aux parties, d’insérer dans leur contrat une clause de non
concurrence qui entre en jeu après la rupture du contrat si elle est imputable au travailleur (art
31 al. 2 CT). Cette interdiction qui constitue une sanction à l’égard du travailleur fautif
(indélicat) est limitée dans le temps et dans l’espace : sa durée ne peut excéder 1 an et elle ne
s’applique que dans un rayon de 50 km autour du lieu de travail (Art 31 al. 3 CT).
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110/S du 06 mars 1987). Le travailleur doit notifier par écrit sa maladie à l’employeur.
Cependant, la jurisprudence décide que cette notification peut se faire par tout moyen,
même par une information directe de l’employeur par les proches du travailleur
malade. Généralement les règlements intérieurs et les conventions collectives fixent le
délai de prévenance à 48 heures. L’absence pour maladie non justifiée lorsqu’elle est
prolongée constitue une faute lourde (TGI de 6 février 1982). Toutefois, s’il est établi
que l’employeur a eu connaissance de la maladie, compte tenu des éléments de la
cause, les juridictions peuvent estimer que la production tardive du certificat médical
ne fait pas disparaître la protection légale. En principe, le travailleur malade ne doit
pas quitter l’hôpital ou son domicile et il doit s’abstenir de travailler.
Le non-respect par le travailleur de ces formalités et obligations est considéré comme un
motif légitime de licenciement (CS arr. n° 40/S du 8 janvier 1987 Koul Jean Pierre c/
SOCADA.
4. Le congé de maternité : la durée de suspension est de 14 semaines. Elle est
susceptible de prorogation de 6 semaines si la femme est malade de suite des couches
(le congé commence 4 semaines avant la date présumée de l’accouchement). La
protection de la femme enceinte qu’elle soit mariée ou célibataire vise 3 objectifs :
éviter qu’elle ne perde son emploi par licenciement du fait de la grossesse ou de
l’accouchement (interdiction de licencier une femme enceinte Art 84 C.T.), permettre
à la femme enceinte ou à la mère de se consacrer à sa maternité si elle le désire (elle a
le droit de résiliation art. 84), protéger pendant une certaine période la santé de la
femme enceinte et de la mère (congé + 15 mois à compter de l’accouchement, la mère
a droit à un repos pour allaitement 1h/journée).
5. La mise à pied disciplinaire ; Pour être valable, elle doit remplir les conditions
suivantes : durée maximale de 8 jours, notification par écrit au travailleur avec
indication des motifs pour lesquels elle est infligée. En plus une ampliation de la
notification doit être adressée dans les 48 heures à l’inspecteur du travail du ressort.
C’est la seule sanction qui entraine la réduction du salaire.
La mise à pied est qualifiée de conservatoire lorsqu’elle est infligée au délégué du personnel
coupable de faute lourde en attendant l’autorisation de l’inspecteur de travail pour le licencier.
6. L’accident de travail et la maladie professionnelle
- Est considéré comme accident de travail quelle qu’en soit la cause, l’accident survenu
par le fait ou à l’occasion du travail, à toute personne salariée ou travaillant à quelque
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La suspension s’analyse en une dispense provisoire pour les parties d’exécuter leur
obligations professionnelles. Malgré la suspension, le contrat de travail continue à produire
certains effets et le travailleur fait toujours partie de l’entreprise. Par conséquent, il conserve
son ancienneté et peut participer aux élections professionnelles qui se déroulent dans
l’entreprise.
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Le code du travail pose en son article 42 al. 1, le principe du maintien des contrats en ces
termes : en cas de changement d’employeur à la suite d’une succession, d’une vente, d’une
fusion, d’une transformation des fonds ou d’une mise en société, les contrats des travailleurs
en service dans l’entreprise doivent être conservés.
Cependant, ce principe admet des exceptions :
- lorsqu’il y a changement d’activité de l’entreprise, le nouvel employeur a le droit de
licencier les travailleurs dont les qualifications ne répondent plus à la nouvelle
activité ;
- Le maintien du contrat ne s’impose pas aux travailleurs qui peuvent manifester devant
l’inspecteur de travail leur volonté d’être licenciés avec paiement de leurs droits avant
le changement d’employeur.
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catégorie ancienneté
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Le licenciement est qualifié de légitime lorsqu’il est fondé sur un motif valable. Deux
principales causes peuvent entraîner un tel licenciement à savoir la faute du travailleur et
l’insuffisance professionnelle. La faute peut être définie de manière générale comme tout
comportement susceptible de troubler la bonne marche de l’entreprise. On en distingue trois
catégories : la faute légère ou faute simple, la faute grave et la faute lourde. Les
comportements susceptibles de justifier le licenciement sont les fautes graves et les fautes
lourdes qui ont été définies par la jurisprudence de la manière suivante :
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La faute grave est celle qui, selon les usages, rend intolérable le maintien des relations
de travail et justifie le licenciement. Le travailleur bénéficie de son préavis et de
l’indemnité de licenciement s’il réunit au moins deux années d’ancienneté dans
l’entreprise ;
La faute lourde quant à elle est définie par la Cour Suprême comme une faute
extrêmement grave qui d’après les usages rend intolérable le maintien de la relation
professionnelle et justifie le départ immédiat du travailleur de l’entreprise sans préavis
ni indemnité. Dans la plupart des cas, il s’agit d’une faute intentionnelle comme le vol
ou le détournement au préjudice de l’employeur, les coups et blessures et les voies de
fait sur l’employeur ou sur son supérieur hiérarchique, les propos injurieux ou
diffamatoires à l’égard de l’employeur, la désobéissance, les absences prolongées et
injustifiées, l’ivresse et la conduite en état d’ébriété… Dans quelques cas, il peut s’agir
des fautes non intentionnelles comme les négligences…
2- Le licenciement irrégulier
Le licenciement est irrégulier lorsqu’il intervient en violation des règles de procédure prévues
par la loi ou les conventions collectives. On peut citer à titre d’exemple la résiliation
unilatérale d’un contrat à durée indéterminée sans préavis par l’employeur.
Le travailleur irrégulièrement licencié peut prétendre aux indemnités de préavis, de
licenciement de congés payés et aux dommages et intérêts dont le montant ne peut excéder un
mois de salaire (article 39 alinéa 5 du code du travail).
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3- Le licenciement abusif
Le licenciement abusif est tout licenciement fondé sur un motif fallacieux erroné,
contradictoire, illégal, inconsistant ou insusceptible d’être prouvé. On peut citer à titre
d’exemple, le licenciement d’une femme pour fait de grossesse ou d’un travailleur pour son
engagement syndical ou son refus d’exécuter un ordre manifestement illicite.
D’après les articles 34 et 39 alinéa 5 du code de travail, le travailleur licencié en violation des
formalités légales a droit à :
- Indemnité de préavis
- Indemnités de congés payés
- Indemnité de licenciement
- Dommages-Intérêts fixés à un mois de salaire.
3- Licenciement abusif
- Indemnité de préavis
- Indemnité de congés payés
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- Indemnité de licenciement
- Dommages-Intérêts dont le montant doit être compris entre trois mois de salaire et un
mois de salaire par année d’ancienneté dans l’entreprise (article 39 alinéa 4).
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l’exécution de certains travaux. L’hypothèse de différends est celui qui peut naître entre
l’entrepreneur et le tâcheron.
Le différend entre travailleurs peut porter sur le partage des primes et des indemnités
collectives. Dans ce cas la procédure de règlement des conflits individuels ne peut être
engagée que si le différend oppose les travailleurs liés par un contrat de travail de travail à un
même employeur.
Les hypothèses de conflits ci-dessus présentées sont soumises à une même procédure de
règlement.
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tribunal de connaître les limites de sa saisine car le litige ne peut être extensible au-delà de ce
qui a été soumis à la tentative de conciliation.
A- La juridiction compétente
Sur le plan territorial, le tribunal compétent est en principe celui du lieu de travail. Il demeure
toutefois possible pour un travailleur de porter le litige devant le tribunal de sa nouvelle
résidence sous deux conditions : si les deux parties en conflit résident sur le territoire
camerounais et si le travailleur ne réside plus au lieu d’exécution du contrat.
Sur le plan matériel lorsque le montant de la demande est supérieur ou égal à 10 millions, le
Tribunal de Grande Instance est compétent alors que les demandes inférieur à 10 millions
relèvent de la compétence du Tribunal de Première Instance.
S’agissant des demandes non chiffrées, face au silence du législateur, il serait plus
convenable de saisir le TGI. Le référé est possible devant le président du TPI si les conditions
sont réunies : l’urgence et l’absence de préjudice au fond du litige principal.
L’action est introduite par une déclaration orale ou écrite faite au greffe du tribunal compétent
par la partie la plus diligente. La procédure de règlement des différends individuels est
gratuite tant en premier ressort que devant la juridiction d’appel. La consignation exigée en
matière civile avant l’inscription de l’affaire au rôle (enroulement) n’est pas applicable en
matière sociale.
Mais il convient de relever que cette gratuité n’a pourtant pas suffit à conduire tous les
justiciables au prétoire, car les frais qu’on débourse pour les actes de procédure restent assez
lourds pour des personnes qui ont perdu leur emploi.
Dans les deux jours à dater de la réception de la demande, le président du tribunal saisi cite les
parties à comparaître dans un délai qui ne peut excéder 12 jours. Les parties ont le droit de
comparaitre personnellement ou de se faire représenter conformément au droit commun.
Si le défendeur ne comparaît pas et ne se fait pas représenter le juge prononce un jugement
par défaut ; Dans ce cas le défendeur défaillant a un délai de dix jours après la notification
pour faire opposition. Si le défendeur absent a présenté ses moyens de défense sous forme de
mémoire le jugement rendu sera réputé contradictoire.
Lorsque le jugement est contradictoire, l’appel doit intervenir dans les quinze jours après le
prononcé du jugement.
La procédure du pourvoi est celle du droit commun. Le délai est de 30 jours à compter du
lendemain du jour de la signification à personne ou à domicile de l’arrêt de la cour d’appel.
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DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE, Pr. Eloie SOUPGUI, Agrégé des
Facultés de Droit
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