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PERMANENT
Social
Bulletin
no 1064
Juin 2023
Pour tout renseignement, contactez Iolanda Tribuno Combot au 01 83 10 10 10 ou par e-mail : itribunocombot@editions-legislatives.fr
Partage de la valeur :
retour sur le projet de loi
suite de la page 1
suite de la page 1 entreprises soumises à l’obligation de mettre en
place un tel régime (accord collectif de travail,
– l’extension des clauses de revoyure à tous les
accords d’intéressement, quelle que soit la modalité accord avec des représentants syndicaux, accord
choisie. avec le CSE ou ratification d’un projet d’accord à la
majorité du personnel) mais autorise, après échec
Certaines de ces mesures relèvent du domaine
des négociations, la mise en place d’un dispositif de
réglementaire, d’autres seront peut-être intégrées
participation par décision unilatérale. Mais dans
dans d’autres lois, notamment dans la prochaine loi
l’exposé des motifs, le gouvernement semble
de financement de la sécurité sociale.
exclure cette alternative.
Retour sur les dispositions du projet de loi.
REMARQUE : s’agit-il d’un mauvais renvoi d’article (l’article visé
Pour favoriser le développement des dispositifs de Attention ! Les entreprises déjà pourvues d’un tel
partage de la valeur dans les entreprises de moins de dispositif à la date d’entrée en vigueur de la loi ne
50 salariés, le projet de loi reprend les deux mesures pourraient déroger à la formule de calcul légale de la
expérimentales proposées par l’ANI : RSP qu’en concluant un nouvel accord.
– la possibilité de mettre en place un régime de parti-
REMARQUE : dans ce cas, le recours à la décision unilatérale
cipation volontaire dérogeant à la formule légale de
est exclu.
calcul de la réserve spéciale de participation (RSP)
dans un sens moins favorable (art. 2 du projet) ;
Les entreprises de 11 à moins de 50 salariés
– l’obligation de disposer d’au moins un dispositif de
devraient disposer d’au moins un dispositif
partage de la valeur dans les entreprises de 11 à
de partage de la valeur
moins de 50 salariés (art. 3 du projet).
Les entreprises de 11 à moins de 50 salariés,
Ces deux mesures revêtent un caractère expé- constituées sous forme de société, qui ont réalisé
rimental : à compter de la promulgation de la loi, elles un bénéfice net fiscal au moins égal à 1 % de leur
seraient applicables pendant une durée de 5 ans. Un chiffre d’affaires pendant 3 exercices consécutifs,
bilan de ces expérimentations devrait être réalisé par devraient se doter d’au moins un des dispositifs
le Gouvernement ainsi qu’un suivi annuel transmis aux légaux de partage de la valeur (v. ci-après) au cours
partenaires sociaux au niveau national et interprofes- de l’exercice suivant, si elles ne sont pas déjà cou-
sionnel. vertes par un tel dispositif au moment de la réalisa-
tion de la condition relative au bénéfice net fiscal.
Les entreprises de moins de 50 salariés
REMARQUE : le bénéfice net fiscal visé est celui retenu pour
pourraient mettre en place une participation
moins favorable que la formule légale le calcul de la formule légale de la RSP, à savoir le bénéfice
réalisé en France métropolitaine et dans les départements
Les entreprises de moins de 50 salariés, non sou-
d’outre-mer, tel qu’il est retenu pour être imposé à l’impôt
mises à l’obligation de mettre en place un régime sur les sociétés ou à l’impôt sur le revenu.
de participation, pourraient mettre en place un dis-
positif de participation reposant sur une formule de Les entreprises auraient le choix entre :
la RSP moins favorable que la formule légale. Ce qui – mettre en place un régime de participation
est interdit aujourd’hui (◆ C. trav., art. L. 3324-2) : volontaire ;
– soit en reprenant le dispositif prévu par sa branche – mettre en place un dispositif d’intéressement ;
par le biais d’un accord collectif ou d’une décision
– distribuer une prime de partage de la valeur ;
unilatérale :
– abonder un PEE, un PEI, un Perco, un Perco-I, un
– soit en concluant un accord de participation
plan d’épargne retraite d’entreprise collectif (PEREC)
d’entreprise dans les conditions prévues par
ou regroupé : l’ANI ne visait pas le Perco et ne pré-
l’article L. 3323-6 : cet article prévoit la mise en
cisait pas le type de plan d’épargne retraite d’entre-
place d’un dispositif de participation volontaire dans
prise visé.
les mêmes conditions que celles applicables aux
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Toutefois, cette nouvelle obligation ne serait assor- PPV, l’entreprise remplirait son obligation même si
tie d’aucune sanction. En outre, dans l’hypothèse le montant accordé est infime.
d’un abondement à un plan ou d’une distribution de
Négociation à engager dans les entreprises – l’entreprise ne dispose pas, à la date d’entrée en
de 50 salariés et plus en cas de résultats vigueur de la loi, d’un dispositif d’intéressement ou de
exceptionnels participation : elle devrait négocier sur ce point au
Dans les entreprises de 50 salariés et plus, dotées moment de la négociation sur la mise en place de la
d’au moins un délégué syndical et soumises à l’obliga- participation obligatoire (et, éventuellement, d’un dis-
tion de mettre en place un accord de participation, le positif d’intéressement) ;
projet de loi impose de négocier obligatoirement sur – l’entreprise dispose, à la date d’entrée en vigueur de
les conséquences d’un résultat exceptionnel de la loi, d’un dispositif d’intéressement ou de
l’entreprise s’agissant du partage de valeur (art. 5 du participation : elle aurait jusqu’au 30 juin 2024 pour
projet). ouvrir des négociations sur ce point, à moins :
Concrètement, les négociations portant sur l’intéresse- • d’être pourvue d’un accord de participation ou d’inté-
ment et la participation devraient porter également sur ressement comportant déjà une clause spécifique pre-
l’insertion d’une clause spécifique dont l’objet est de nant en compte les bénéfices exceptionnels,
définir ce qu’il convient d’entendre par « augmentation • d’être pourvue d’un régime de participation
exceptionnelle du bénéfice de l’entreprise » et fixer les comportant une base de calcul conduisant à un résultat
modalités de partage de la valeur en découlant. Ce par- plus favorable que la formule légale de calcul de la RSP.
tage pourrait être mis en œuvre :
REMARQUE : dans ces deux dernières situations, l’entreprise
– par le versement du supplément de participation ou
n’aurait nul besoin d’ouvrir des négociations.
d’intéressement ;
– par l’ouverture d’une nouvelle négociation ayant pour En l’état actuel du projet, la mesure n’est pas exempte
objet de mettre en place un accord d’intéressement si de critiques :
l’entreprise n’en est pas pourvue, d’abonder un PEE/ – première critique : la condition relative à l’existence
PEI, un Perco/Perco-I, un PEREC ou un PERE regroupé d’au moins un délégué syndical pose question dans la
ou bien de distribuer une prime de partage de la mesure où la mise en place d’un accord de participa-
valeur. tion ou d’intéressement peut être conclu sous d’autres
Quant à la date d’ouverture de cette négociation, deux formes : il peut notamment être conclu avec le CSE ou
situations devraient être distinguées : bien encore être ratifié à la majorité du personnel.
Peut-être était-il envisagé de négocier ce point non pas
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lors de la mise en place des dispositifs mais dans le Les entreprises bénéficiaires du report à la date
cadre de la négociation obligatoire relative à la rémuné- d’entrée en vigueur de la loi conserveraient le bénéfice
ration, le temps de travail et le partage de la valeur de ce report jusqu’à son terme.
ajoutée, qui, elle, ne peut être menée qu’en présence
de délégués syndicaux. En tout cas, le projet de loi ne Sécurisation des avances sur intéressement
vise pas expressément cette négociation obligatoire et extension du dispositif à la participation
mais bel et bien la négociation relative à la mise en Le projet de loi sécurise les avances sur intéresse-
place de ces dispositifs. Les entreprises non pourvues ment et étend le dispositif à la participation (art. 9 du
de délégué syndical ne seraient donc pas soumises à projet).
cette nouvelle obligation ;
La sécurisation du recours aux avances est capitale
– deuxième critique mise en lumière par l’avis du puisqu’aujourd’hui, il est compliqué à gérer, la récupé-
Conseil d’État rendu du 17 mai 2023 : si dans l’ANI du ration d’un éventuel trop-perçu étant difficile. Le projet
10 février 2023, le mécanisme laissait au seul de loi améliore considérablement ce point de crispa-
employeur le soin de définir la notion de « résultats tion.
exceptionnels », le projet de loi renvoie désormais
Concrètement, les avances nécessiteraient l’autorisa-
cette définition à la négociation collective. Le Conseil
tion expresse du bénéficiaire. Leur périodicité ne pour-
d’État avait alerté sur le risque d’incompétence néga-
rait être inférieure au trimestre. L’éventuel trop-perçu
tive de la version de l’ANI, ce qui avait conduit le gou-
serait récupéré par retenue sur salaire dans les condi-
vernement à renvoyer la définition des résultats excep-
tions prévues à l’article L. 3251-3 (la retenue ne pour-
tionnels à une telle négociation. Toutefois, dans son
rait pas être supérieure à 1/10e du salaire net).
avis définitif rendu le 17 mai dernier, le Conseil d’État
suggère au gouvernement de ne pas maintenir la Si l’avance est placée sur un plan d’épargne salariale
mesure en l’absence de critères encadrant cette négo- (donc bloquée), l’employeur pourrait pratiquer cette
ciation (taille de l’entreprise, secteurs d’activité, résul- retenue sur salaire, la somme placée étant considérée
tats des années antérieures). La mesure pourrait donc alors comme un versement volontaire n’ouvrant pas
faire l’objet d’amendements ; droit aux exonérations liées au dispositif. Le salarié
devrait en être informé, dans des conditions restant à
– troisième critique : si l’entreprise choisit de verser un
fixer par décret.
supplément d’intéressement ou de participation, le
supplément distribué peut être infime, le projet de loi
ne prévoyant pas de montant minimal ;
Sécurisation des primes « plancher »
d’intéressement
– quatrième critique : si l’entreprise choisit d’ouvrir une
Le projet de loi sécurise les clauses des accords d’inté-
négociation, il ne s’agit que d’une obligation de moyen,
ressement prévoyant des primes plus favorables aux
elle n’est pas tenue d’aboutir à un accord. En outre, si
bas salaires, le dispositif étant déjà prévu par la loi pour
les négociations aboutissent au versement d’un abon-
la participation (art. 10 du projet).
dement à un plan ou bien d’une PPV, accorder un
montant très faible aux salariés suffirait à remplir cette
obligation ;
Simplification de la procédure de révision
d’un PEI
– cinquième critique : cette obligation de négocier
Jugée trop contraignante et limitant la capacité d’adap-
n’est assortie d’aucune sanction.
tation du plan et la mise en place d’offres orientées
REMARQUE : selon l’étude d’impact du projet de loi, seules 40 % vers les investissements responsables et/ou verts, la
des 20 000 entreprises de 50 salariés et plus disposent d’un procédure de modification des règlements d’un plan
délégué syndical. Ainsi seules 8 000 entreprises seraient d’épargne interentreprises serait simplifiée.
concernées par cette obligation.
Ainsi, lorsque la modification du règlement du PEI ne
fait qu’ajouter des possibilités pour les entreprises et
L’amélioration des dispositifs leurs salariés, la procédure de révision passerait par la
existants conclusion d’un avenant entre les entreprises fonda-
trices et l’envoi d’une simple information aux entre-
Durcissement des règles de déclenchement prises adhérentes (art. 11 du projet). La modification
de l’obligation de mettre en place un dispositif pourrait s’appliquer dès cette information.
de participation
La règle reportant de 3 ans l’obligation de mettre en Obligation de proposer deux fonds socialement
place un dispositif de participation en présence d’un responsables
accord d’intéressement serait supprimée, comme le Afin de promouvoir une orientation des fonds de
préconisait l’ANI (art. 4 du projet). l’épargne salariale et de l’épargne retraite vers des
supports d’investissement à visée sociale, en faveur
de la transition écologique ou de l’économie produc-
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d’appréciation de la valeur, de la situation nette comp- REMARQUE : si l’accord prévoit la tacite reconduction du plan, il
table, de la rentabilité et des perspectives d’activité devra préciser tous les points précités pour la mise en œuvre
(critères appréciés éventuellement sur une base de cette reconduction.
consolidée ou, à défaut, en tenant compte des élé-
Pour bénéficier des régimes social et fiscal de faveur,
ments financiers issus des filiales significatives). A
cet accord devrait être déposé auprès de l’administra-
défaut de formule ou si cette formule de valorisation
tion compétente (probablement sur le site Téléac-
s’avérait inapplicable, la valorisation de l’entreprise
cords.fr) et devrait faire l’objet d’un contrôle de légalité
retenue serait égale au montant de l’actif net réévalué,
de la part de l’Urssaf, dans des conditions et délais
calculé d’après le bilan le plus récent.
restant à fixer par décret.
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– en cas d’attribution catégorielle, le taux est fixé à Les plafonds globaux d’attributions d’actions seraient
10 % mais les sociétés non cotées répondant à la relevés de + 5 % dans le dispositif classique. En cas
condition communautaire des PME peuvent relever ce d’attribution catégorielle, le taux serait fixé à 15 % pour
taux jusqu’à 15 % : dans ce cas, l’écart entre le les sociétés cotées et 20 % pour les sociétés non
nombre d’actions distribuées à chaque salarié peut cotées (dans ce cas, l’écart maximal entre le nombre
être supérieur à un rapport de 1 à 5 ; d’actions distribuées à chaque salarié pourrait être supé-
– en cas d’attribution à l’ensemble des salariés, le taux rieur au rapport de 1 à 5). Si l’AGA bénéficie à des
est fixé à 30 % pour les sociétés cotées et non cotées membres du personnel salarié représentant 25 % du
mais dans ce cas, l’écart maximal entre le nombre total des salaires bruts versés lors du dernier exercice
d’actions distribuées à chaque salarié doit respecter un social, ce taux serait porté à 30 %. En cas d’attribution
rapport de 1 à 5. à l’ensemble du personnel, le taux serait porté à 40 %.
Au-delà du pourcentage de 15 ou de 20 %, l’écart entre
Le projet de loi assouplit ces limites (art. 13 du projet).
le nombre d’actions distribuées à chaque salarié ne
pourrait être supérieur à un rapport de 1 à 5.
Assouplissements envisagés
Si les limites individuelles, soit 10 % du capital social, REMARQUE : attention ! Si les mandataires sociaux peuvent se
restent inchangées, ne seraient pris en compte dans voir attribuer des actions dans les mêmes conditions que les
ce pourcentage que les titres de la société détenus membres du personnel salarié, leurs rémunérations brutes et
leur nombre seraient pris en compte pour déterminer les
directement depuis moins de 7 ans. Ainsi, salariés et
seuils relatifs aux salaires bruts et à l’effectif salarié.
mandataires sociaux seraient à nouveau éligibles à un
dispositif d’AGA plus rapidement. Géraldine ANSTETT
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A retenir
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A retenir
tion seraient augmentés par décret, à hauteur de 500 € de prise Le salarié conservera le bénéfice de tous les avantages
en charge par point mobilisé contre 375 € aujourd’hui. acquis avant le début du congé (◆ C. trav., art. L. 4163-8-5
nouv.).
Le compte sera mobilisable à tout moment…
La demande d’utilisation du C2P pour un projet de recon- La reconversion fera l’objet d’un accompagnement
version professionnelle pourra intervenir à tout moment de Le projet de reconversion professionnelle fera l’objet d’un
la carrière du titulaire du compte. Il en sera de même pour accompagnement par les Opco qui informeront, oriente-
une demande de formation suivie dans ce cadre, que le ront et aideront les salariés à formaliser leur projet
demandeur soit salarié ou demandeur d’emploi (◆ C. trav., (◆ C. trav., art. L. 4163-8-2 nouv.).
art. L. 4163-7, II mod.).
Par ailleurs, les commissions paritaires interprofession-
… pour financer des actions liées à la reconversion… nelles régionales dites « associations Transitions Pro »
Le C2P pourra être utilisé pour financer des actions de for- (ATPro), en charge des projets de transition profession-
mation, de bilan de compétences ou de validation des nelle, assureront l’instruction et la prise en charge adminis-
acquis de l’expérience (◆ C. trav., art. L. 4163-7, I mod.). A trative et financière des projets de reconversion profession-
cette fin, les points acquis seront convertis en euros pour nelle, dans des conditions qui seront fixées par décret
couvrir les frais pédagogiques afférents (◆ C. trav., (◆ C. trav., art. L. 4163-8-3 nouv.).
art. L. 4163-8-1 nouv.). Le passage à temps partiel avant 60 ans sera limité
… et, le cas échéant, un congé de reconversion Avant le 60e anniversaire du salarié, l’utilisation de points
professionnelle pour un passage à temps partiel sera limitée à un plafond
fixé par décret à paraître (◆ C. trav., art. L. 4163-7, III mod.),
En cas d’actions de formation devant être suivies en tout
aucune limite n’étant imposée jusqu’à présent.
ou partie pendant le temps de travail, les salariés concer-
nés pourront demander un congé spécial dit « de reconver- REMARQUE : l’objectif de cette mesure est d’encourager l’utilisa-
sion professionnelle » à leur employeur, dans des condi- tion du C2P pour passer à temps partiel à partir de 60 ans.
tions qui seront précisées ultérieurement par décret
(◆ C. trav., art. L. 4163-8-4 nouv.). Une promotion du recours au C2P
Ils pourront alors utiliser les points de leur C2P pour assu- La loi prévoit que l’organisme gestionnaire (Cnam au
rer le maintien de leur rémunération pendant ces périodes niveau national, Carsat au niveau local) devra communiquer
(◆ C. trav., art. L. 4163-8-1 nouv.). sur le dispositif du C2P à l’égard des employeurs et des
bénéficiaires du compte (◆ C. trav., art. L. 4163-7, II bis
La durée du congé sera assimilée à une période de travail nouv.).
effectif pour la détermination des droits liés à l’ancienneté.
Tableau avant/après
Sont résumés ci-après, sous forme de tableau, les principaux aménagements apportés par l’article 17 de la loi n° 2023-270 du
14 avril 2023 au dispositif du C2P.
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A retenir
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A retenir
En surtaxant les ruptures conventionnelles intervenant Les modifications apportées au régime fiscal et social
avant l’âge de départ à la retraite, le gouvernement espère des indemnités de rupture conventionnelle intervenant à
diminuer leur nombre en fin de carrière et ainsi augmenter compter du 1er septembre 2023 sont un peu plus
le taux d’emploi des seniors. complexes à appréhender.
Remarque : le gain financier que cette mesure générera Tout d’abord, à moins d’une modification législative ou
est également non négligeable : entre 200 et 250 millions réglementaire ultérieure, le régime fiscal actuel de l’indem-
de recettes, selon l’exécutif. nité de rupture conventionnelle demeurera applicable aux
indemnités intervenant après le 31 août 2023.
On peut toutefois douter de l’efficacité de cette surtaxe sur
le taux d’emploi des seniors. S’agissant du régime social, l’idée générale réside en ce
que ce régime ne variera plus selon que le salarié est en
Cette mesure constituera-t-elle un frein suffisant pour les
droit ou non de bénéficier d’une pension de retraite de
entreprises à se séparer des seniors, hormis pour les TPE
base.
plus sensibles au coût financier d’une rupture du contrat de
travail ? Certains praticiens jugent la mesure incohérente Ainsi, quel que soit l’âge du salarié, l’indemnité inférieure à
parce qu’elle touche toutes les ruptures conventionnelles, 10 plafonds annuels de la sécurité sociale sera exonérée :
quel que soit l’âge du salarié. – de cotisations sociales pour sa fraction non imposable,
Un régime social unique pour les indemnités dans la limite de deux fois le plafond annuel de la sécurité
de rupture conventionnelle et de mise à la retraite sociale ;
intervenant à compter du 1er septembre 2023 – de CSG/CRDS, pour sa fraction également exonérée de
La loi n° 2023-270 du 14 avril 2023 (article 4) harmonise le cotisations sociales, dans la limite du montant de l’indem-
régime social applicable aux indemnités de rupture conven- nité légale ou, dans certains secteurs d’activité, conven-
tionnelle et de mise à la retraite. tionnelle de licenciement, étant entendu que l’indemnité
Pour les indemnités de mise à la retraite intervenant à comp- conventionnelle de licenciement est issue d’un accord de
ter du 1er septembre 2023, la contribution patronale spéci- branche, d’un accord professionnel ou interprofessionnel.
fique de 50 % actuelle sera supprimée et remplacée par une Elle ne sera plus soumise au forfait social mais ce forfait
contribution patronale de 30 % applicable sur la fraction de sera remplacé par une contribution patronale de 30 %
l’indemnité exonérée de cotisations (soit – 20 points et une applicable sur la fraction de l’indemnité exonérée de cotisa-
assiette réduite). Les modifications apportées sont donc plus tions (soit + 10 points pour les ruptures conventionnelles
favorables à l’employeur. de salariés n’ayant pas atteint l’âge légal de la retraite).
Indemnité de rupture conventionnelle : tableau de comparaison avant/après le 1er septembre 2023
Régime social et fiscal de l’indemnité de rupture conventionnelle individuelle
Cotisations/Impôt sur le revenu Rupture intervenant jusqu’au 31 août 2023 Rupture intervenant à compter du
1er septembre 2023
Salarié ayant droit à une pension de retraite de base
Impôt sur le revenu (IR) Soumise à l’IR dès le premier euro Soumise à l'IR dès le premier euro (1)
Cotisations sociales et charges de même as- Soumise à cotisations sociales dès le premier Exonérée à hauteur de la fraction imposable
siette euro calculée comme pour le salarié n’ayant pas
droit à une pension de retraite de base, dans la
limite de 87 984 € (soit 2 PASS)
CSG/CRDS Soumise à CSG/CRDS dès le premier euro Exonérée (sans abattement d’assiette) pour sa
fraction exonérée de cotisations sociales dans
la limite de l’indemnité de licenciement légale
ou conventionnelle
Contribution sociale spécifique Aucune 30 % sur la fraction exonérée de cotisations so-
ciales
Salariés n’ayant pas droit à une pension de retraite de base
Impôt sur le revenu Non soumise à l’IR dans la limite la plus élevée Non soumise à l’IR dans la limite la plus élevée
entre : entre :
– 2 fois le montant de la rémunération annuelle – 2 fois le montant de la rémunération annuelle
brute perçue par le salarié au cours de l'année brute perçue par le salarié au cours de l'année
civile précédant la rupture de son contrat de civile précédant la rupture de son contrat de
travail ou 50 % du montant de l'indemnité si travail ou 50 % du montant de l'indemnité si
cette valeur est supérieure (dans la limite de cette valeur est supérieure (dans la limite de
263 952 €, soit 6 PASS) 263 952 €, soit 6 PASS)
– ou le montant de l'indemnité de licenciement – ou le montant de l'indemnité de licenciement
conventionnelle ou légale conventionnelle ou légale
Cotisations sociales et charges de même as- Exonérée pour sa fraction imposable dans la li- Exonérée pour sa fraction imposable, dans la
siette mite de 87 984 € (soit 2 PASS) limite de 87 984 € (soit 2 PASS)
CSG/CRDS Exonérée (sans abattement d’assiette) pour sa Exonérée (sans abattement d'assiette) pour sa
fraction exonérée de cotisations sociales dans fraction exonérée de cotisations sociales, dans
la limite de l’indemnité légale ou convention- la limite de l'indemnité légale ou convention-
nelle de licenciement nelle de licenciement
Contribution patronale spécifique/forfait social 20 % sur la fraction exonérée de cotisations so- 30 % sur la fraction exonérée de cotisations so-
ciales ciales
(1) Il est possible que le régime fiscal de l'indemnité de rupture conventionnelle du contrat de travail d'un salarié ayant droit à une pension de retraite de base
soit finalement aligné sur celui applicable aux indemnités de rupture du contrat de travail d'un salarié n'ayant pas droit à cette pension. Nous ne manquerons
pas d'en tenir informés nos abonnés.
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A retenir
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A retenir
Précisions ministérielles du questions-réponses A noter que l’ensemble des précisions ci-dessous vaut
du 13 avril 2023 pour les CDD mais aussi pour les contrats de travail tem-
L’administration a livré le mode d’emploi du contrat multi- poraire également visés par l’expérimentation.
remplacement à travers 27 questions-réponses concernant
notamment l’entrée en vigueur du dispositif, la rédaction Droit transitoire
du contrat de travail, la rémunération, la durée et le temps Comment s’applique ce dispositif dans le temps ? Le QR
de travail, le terme du contrat, l’inaptitude et la protection. précise qu’il est possible de proposer un avenant au
Nous avons retenu tout particulièrement les précisions sui- contrat initial déjà signé au 13 avril 2023 afin d’ajouter un
vantes. ou plusieurs autres salariés absents à remplacer (Q1).
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A retenir
REMARQUE : l’ajout d’un nouveau remplacement par voie d’ave- mentera la durée contractuelle (régime temps partiel ou
nant en cours de contrat ne doit pas avoir pour effet d’excéder temps plein dans le respect des règles de droit commun
la durée maximale du CDD conclu avec un terme précis prévu
par la convention ou l’accord de branche étendu (◆ C. trav., applicables au régime concerné) ;
art. L. 1242-8) ou à défaut, par l’article L. 1242-8-1 du code du
travail, renouvellements compris. Si tel était le cas, il incombe- REMARQUE: il n’est pas possible de recourir aux heures complé-
rait aux parties de conclure un nouveau contrat. mentaires pour augmenter le temps de travail initial et qui cor-
respondrait à la nouvelle absence pour laquelle il est fait appel
Par ailleurs, un contrat conclu le 13 avril 2025 pourra conti- au même salarié (Q16).
nuer à produire ses effets au-delà de cette date (Q2). – sur la durée maximale du contrat de travail. La durée
légale maximale de 18 mois ou, le cas échéant, la durée
Rédaction du contrat
maximale conventionnelle, s’appliquent (Q17).
Le CDD de remplacement doit contenir l’ensemble des
informations obligatoires. Il doit être établi par écrit, Période d’essai
comporter la définition précise de son motif et comporter Si la période d’essai du premier remplacement est rompue,
notamment la date du terme ou la durée minimale pour plus aucun des autres contrats prévus ne peuvent produire
laquelle il est conclu lorsqu’il ne comporte pas de terme d’effets. L’ensemble des remplacements susceptibles
précis (Q4). Il doit également indiquer le nom et la qualifi- d’être inscrits au contrat ne sont plus assurés par le salarié
cation professionnelle de la personne remplacée et son titulaire du contrat rompu. En effet, dans le cadre de ce dis-
temps de travail, y compris les horaires (Q3). positif, une seule période d’essai est autorisée et s’appli-
Le CDD doit faire correspondre expressément le nom et la querait au début de la relation contractuelle (Q21).
qualification professionnelle de la personne remplacée à la
durée du remplacement de cette personne, ou à défaut, la Refus d’un CDI
durée minimale du remplacement. En outre, le contrat doit L’indemnité de fin de contrat n’est pas due lorsque le sala-
faire figurer la date du terme (date de fin de la relation rié refuse d’accepter la conclusion d’un CDI pour occuper
contractuelle) ou la durée minimale pour laquelle il est le même emploi ou un emploi similaire, assorti d’une
conclu lorsqu’il ne comporte pas de terme précis (Q4). rémunération au moins équivalente. Le QR précise que
pour apprécier le caractère similaire de l’emploi occupé si
Les souplesses offertes par le dispositif la durée de travail et/ou la rémunération n’a pas été la
Le dispositif ne prévoit aucune limite géographique pour même durant le CDD en raison des différents remplace-
les postes visés, pas plus que du nombre de salariés rem- ments, l’emploi proposé en CDI et le niveau de rémunéra-
placés (Q5 et Q6). tion doivent correspondre à la qualification du salarié et à la
désignation d’un des postes de travail qu’il a occupés au
REMARQUE : dès lors que le contrat est conclu à compter d’une
certaine date, il est possible, par voie d’avenant, d’ajouter un
titre du contrat de travail conclu pour remplacer plusieurs
salarié supplémentaire à remplacer (Q8). salariés absents (Q24).
Les remplacements n’ont pas à être limités à des postes
Inaptitude
identiques (Q9).
En cas d’inaptitude sur un des postes remplacés, il est pos-
REMARQUE : dans ce cas, lorsque les remplacements ne se font sible que dans le cadre d’un contrat conclu pour remplacer
pas sur le même poste, le salarié bénéficie d’une rémunération plusieurs salariés absents, le salarié remplaçant soit déclaré
différente pour chaque remplacement en raison du coefficient inapte à l’exercice d’une de ces tâches correspondant en
afférent dans la grille de classification propre à chaque poste
occupé. L’employeur peut soit décomposer la rémunération au pratique à un seul remplacement, sans que la constatation
prorata, en fonction des différentes caractéristiques des postes d’inaptitude n’ait d’incidence sur l’exercice d’autres tâches
occupés le cas échéant, soit proposer une rémunération supé- correspondant à un autre remplacement.
rieure, en particulier pour des motifs d’attractivité (Q13).
Le QR indique que l’employeur est tenu de proposer au
Les motifs d’absence des différents salariés remplacés
salarié, compte tenu des conclusions écrites du médecin
peuvent également être différents (Q11). Toutefois, il n’est
du travail et de ses indications sur l’aptitude du salarié à
pas envisageable de conclure un contrat pour remplacer
exercer l’une des tâches existant dans l’entreprise, un
plusieurs salariés absents avec des périodes d’inactivité
autre emploi approprié à ses capacités et aussi comparable
(Q7).
que possible à celui précédemment occupé, au besoin par
Temps de travail la mise en œuvre de mesures telles que mutations, amé-
nagements, adaptations ou transformations de postes exis-
Le QR apporte plusieurs précisions intéressantes sur la ges- tants ou aménagement du temps de travail. Une modifica-
tion du temps de travail du salarié en CDD qui remplace plu- tion du contrat de travail par voie d’avenant peut être
sieurs salariés absents simultanément ou successivement : envisagée pour retirer par exemple le remplacement d’un
– sur la quotité de travail. Il est possible de prévoir l’alter- salarié absent dès lors que l’état de santé du salarié rem-
nance de périodes à temps plein et à temps partiel. Si plaçant est incompatible avec le travail à effectuer (Q26).
cette alternance n’est pas prévisible et connue dès la
conclusion du contrat initial, il est possible de prévoir par REMARQUE : cette modification du contrat proposée au salarié
avenant, sous réserve de l’accord du salarié, le passage nécessite son accord pour s’appliquer.
d’un temps partiel à un temps plein, et inversement, dans Protection sociale complémentaire
le respect des règles de droit commun applicables au
régime concerné et particulièrement concernant le pas- Lorsqu’un salarié cumule le remplacement de deux salariés
sage à un temps partiel (Q15) ; qui ne bénéficient pas du même régime obligatoire de
complémentaire santé et prévoyance (par exemple
– sur l’ajout d’une nouvelle période de remplacement. Si lorsqu’un salarié remplacé dispose du statut cadre mais
l’entreprise fait face à une nouvelle absence, il est possible pas l’autre), l’employeur doit opter pour la protection
de prévoir par avenant, sous réserve de l’accord du salarié, sociale complémentaire la plus favorable correspondant à
l’ajout d’une nouvelle période de remplacement qui aug-
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14 © DICTIONNAIRE PERMANENT Social - Bulletin
A retenir
la situation du salarié, précise le QR. L’employeur doit ligne sur l’intranet de l’entreprise étant insuffisante (◆ Cass.
appliquer la règle du prorata temporis.(Q27). soc., 20 avr. 2005, no 03-41.802).
Dès l’instant qu’un salarié remplit les conditions pour occu-
◆D. no 2023-263, 12 avr. 2023 : JO, 13 avr.
per le poste, l’employeur a l’obligation d’accéder à sa
◆QR, min. trav., 13 avr. 2023 demande (◆ Cass. soc., 29 mars 1995, no 91-45.378).
Françoise ANDRIEU
Dans une affaire récente, la Cour de cassation s’est pro-
Florence MEHREZ
noncée, pour la première fois, sur la charge de la preuve du
Études « Contrat à durée déterminée » et « Travail temporaire » respect de l’obligation de priorité d’emploi.
Une salariée à temps partiel demande la résiliation judi-
❚ Loi « JO 2024 » : enquête administrative ciaire de son contrat de travail ainsi que le paiement de
dommages-intérêts pour non-respect de la priorité
d’emploi par son employeur. Elle est déboutée par la cour
de sécurité avant d’affecter des intérimaires
sur des missions de sécurité d’appel au motif que l’employeur contestait avoir recruté
des salariés à temps complet dans sa catégorie profession-
Afin de garantir la sécurité des jeux Olympiques et Para- nelle et qu’elle n’apportait pas la preuve que des emplois à
lympiques de 2024, l’article 11 de la loi du 19 mai 2023 temps plein correspondant à sa catégorie professionnelle
ouvre la possibilité de demander la réalisation d’une étaient à pourvoir dans l’entreprise.
enquête administrative de sécurité au titre de l’article
L. 114-2 du code de la sécurité intérieure, avant l’affecta- Une obligation à la charge de l’employeur
tion de personnels intérimaires à des fonctions sensibles Estimant que les juges du fond ont fait peser à tort la
(missions en lien direct avec la sécurité des personnes ou charge de la preuve du respect de l’obligation de priorité
des biens) dans les entreprises de transport (transport d’emploi sur elle, la salariée se pourvoit en cassation. Selon
public de personnes ou transport de marchandises dange- elle, c’est à l’employeur de justifier des raisons pour les-
reuses tenue d’adopter un plan de sûreté) ou de gestion quelles il n’a pas pu accéder à sa demande de bénéficier
d’infrastructure. Il s’agit de vérifier, si « le comportement d’un temps complet dans la mesure où le bien-fondé de sa
des personnes intéressées donne des raisons sérieuses de demande dépend d’éléments détenus par lui seul.
penser qu’elles sont susceptibles, à l’occasion de leurs
La Cour de cassation lui donne raison : il résulte des
fonctions, de commettre un acte portant gravement
articles L. 3123-3 et L. 3123-8 du code du travail précités,
atteinte à la sécurité ou à l’ordre publics ».
qu’en cas de litige, c’est « à l’employeur qu’il appartient de
Cette disposition, destinée à couvrir la période des JO, est rapporter la preuve qu’il a satisfait à son obligation » et
temporaire. Elle s’applique du 1er mai au 15 septembre donc qu’il était dans l’impossibilité d’attribuer un emploi à
2024. temps complet à la salariée.
◆L. no 2023-380, 19 mai 2023, art. 11 : JO, 20 mai La Cour ajoute que la preuve est rapportée lorsque
Étude « Travail temporaire » l’employeur établit :
– soit qu’il a porté à la connaissance du salarié la liste des
postes disponibles ressortissant de sa catégorie profes-
❚ Priorité d’emploi des salariés à temps sionnelle ou d’un emploi équivalent ;
– soit en justifiant de l’absence de tels postes.
partiel : la charge de la preuve
En cas de litige relatif à la priorité d’emploi La cour d’appel, en demandant à la salariée de justifier que
à temps complet des salariés à temps partiel, des emplois à temps plein correspondant à sa catégorie
c’est à l’employeur de rapporter la preuve professionnelle étaient disponibles dans l’entreprise, a
qu’il a satisfait à son obligation en établissant inversé la charge de la preuve. Sa décision est donc logi-
soit qu’il a porté à la connaissance du salarié quement cassée et l’affaire est renvoyée devant la même
la liste des postes disponibles de sa catégorie cour autrement composée.
professionnelle ou d’un emploi équivalent, ◆Cass. soc., 13 avr. 2023, no 21-19.742
soit en justifiant de l’absence de tels postes. Ouriel ATLAN
Juin 2023
© DICTIONNAIRE PERMANENT Social - Bulletin 15
A retenir
Rappel des règles mises en place lui présenter ses observations et à justifier des motifs de
Ainsi, elle prévoit de porter la proportion de femmes parmi sa défaillance dans un délai d’un mois, prorogé d’un mois
les cadres dirigeants et les membres des instances à la demande de l’intéressé, si les circonstances ou la com-
dirigeantes : plexité de la situation le justifient. L’employeur pourra être
entendu à sa demande.
– d’au moins 30 % à compter du 1er mars 2026 ;
Ensuite, le Dreets notifiera à l’employeur la décision moti-
– et d’au moins 40 %, à compter du 1er mars 2029. vée fixant le taux de pénalité qui lui sera appliqué, dans un
REMARQUE : pour rappel, selon l’article L. 3111-2 du code du tra- délai de 2 mois après expiration du délai de présentation
vail, sont considérés comme ayant la qualité de cadre dirigeant des observations et justifications de l’employeur.
les cadres auxquels sont confiées des responsabilités dont
l’importance implique une grande indépendance dans l’organi- Ce taux tient compte de la situation initiale de l’entreprise,
sation de leur emploi du temps, qui sont habilités à prendre des des mesures prises par l’entreprise en matière de repré-
décisions de façon largement autonome et qui perçoivent une sentation des femmes et des hommes, de la bonne foi de
rémunération se situant dans les niveaux les plus élevés des l’employeur, ainsi que des motifs de défaillance dont il a
systèmes de rémunération pratiqués dans leur entreprise ou
établissement. Le code de commerce définit, à l’article L. 23- justifié.
12-1, l'instance dirigeante comme toute instance mise en place Dans un délai de 2 mois suivant cette notification, l’entre-
au sein de la société, par tout acte ou toute pratique sociétaire, prise communiquera à l’administration les rémunérations
aux fins d’assister régulièrement les organes chargés de la
direction générale dans l’exercice de leurs missions. et gains servant de base au calcul de la pénalité.
Les entreprises concernées sont celles qui emploient, pour REMARQUE : la décision de notification du taux de la pénalité rap-
le troisième exercice consécutif, au moins 1 000 salariés. pellera cette obligation.
Depuis le 1er mars 2022, l’employeur doit publier chaque Le Dreets établira un titre de perception fixant le montant
année les écarts éventuels de représentation entre les de la pénalité sur la base du taux notifié et des données
femmes et les hommes parmi les cadres dirigeants et les transmises par l’entreprise, qu’il transmettra au directeur
membres des instances dirigeantes : départemental ou régional des finances publiques. Celui-ci
– sur le site internet de l’entreprise, au plus tard le 1er mars en assurera le recouvrement et le versement au budget
de l’année en cours ; général de l’État.
– et sur celui du ministère du travail, au plus tard le Si l’employeur ne transmet pas les informations requises,
31 décembre. dans le délai ou si celles-ci sont manifestement erronées,
la pénalité sera alors calculée sur la base de deux fois la
A compter du 1er mars 2029, l’employeur, qui ne respec- valeur du plafond mensuel de la sécurité sociale, par salarié
tera pas le taux minimum de femmes dans les postes de de l’entreprise et par mois compris dans l’année civile de
direction, disposera d’un délai de 2 ans pour se mettre en calcul.
conformité.
Les écarts de répartition intégrés à la BDESE
REMARQUE :au bout d’un an, l’entreprise devra publier des objec-
tifs de progression et les mesures de correction retenues, sur Le décret du 15 mai 2023 prévoit en outre que la BDESE
le site internet de l’entreprise au plus tard le 1er mars suivant la doit comporter, pour les entreprises d’au moins
publication des écarts de représentation et sur la même page 1 000 salariés les écarts de répartition entre les femmes et
qu’eux. les hommes parmi les cadres dirigeants et les membres
A l’expiration de ce délai, si les résultats obtenus sont tou- des instances dirigeantes.
jours en deçà du taux fixé, l’employeur pourra se voir appli-
Cette disposition est entrée en vigueur le 17 mai 2023 (len-
quer une pénalité financière d’un montant de 1 % des
demain de la publication au Journal officiel).
rémunérations et gains versés aux travailleurs salariés ou
assimilés au cours de l’année civile précédant l’expiration ◆D. no 2023-370, 15 mai 2023 : JO, 16 mai
du délai. Virginie GUILLEMAIN
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16 © DICTIONNAIRE PERMANENT Social - Bulletin
A retenir
qualifié les faits de la sorte (◆ Cass. soc., 13 sept. 2017, chait à la salariée d’avoir dénoncé des faits ayant entraîné
no 15-23.045). selon elle une dégradation de ses conditions de travail et
de son état de santé.
REMARQUE : dans cette affaire, le salarié avait dénoncé dans un
courriel des comportements « abjects, déstabilisants et profon- La mauvaise foi de la salariée n’ayant pas été démontrée,
dément injustes » sans les qualifier de harcèlement moral. le licenciement prononcé à son encontre est donc nul.
Dans une décision du 19 avril, la Cour de cassation opère ◆Cass. soc., 19 avr. 2023, no 21-21.053
un revirement de jurisprudence et abandonne l’exigence Ouriel ATLAN
de qualification des faits par le salarié.
Étude « Harcèlement au travail »
Abandon de la nécessité de qualifier
les faits dénoncés
Une salariée est licenciée pour faute grave après avoir
adressé à des membres du conseil d’administration de
❚ Le DRH est-il un cadre dirigeant ?
Le salarié qui doit, en dépit d’une grande
l’association qui l’employait un courrier mettant gravement
autonomie dans l’exercice de ses fonctions,
en cause l’attitude et les décisions prises par son supérieur
en référer au directeur général, et qui ne signe
hiérarchique, lesquelles auraient entraîné une dégradation
ni les lettres de convocation à l’entretien
de ses conditions de travail.
préalable, ni les lettres de licenciement,
Soutenant que le licenciement a été prononcé pour avoir n’a pas la qualité de cadre dirigeant.
dénoncé des faits de harcèlement moral, la salariée saisit
la juridiction prud’homale. Selon le code du travail, sont considérés comme cadres
dirigeants et donc exclus notamment de la réglementation
Son employeur avance logiquement que la salariée, qui a légale et réglementaire de la durée du travail, les cadres
n’a pas employé le terme de « harcèlement moral » dans (◆ C. trav., art. L 3111-2) :
son courrier, ne peut se prévaloir des dispositions protec-
trices des articles L. 1152-2 et L. 1152-3 du code du travail – auxquels sont confiées des responsabilités dont l’impor-
conformément à la jurisprudence de la Cour de cassation tance implique une grande indépendance dans l’organisa-
de 2017. tion de leur emploi du temps ;
Les juges du fond reconnaissent tout de même l’existence – qui sont habilités à prendre des décisions de façon large-
d’un harcèlement moral et prononcent la nullité du licencie- ment autonome ;
ment, validée par la Cour de cassation qui revient ainsi sur – et qui perçoivent une rémunération se situant dans les
sa jurisprudence. niveaux les plus élevés des systèmes de rémunération pra-
A l’appui de son revirement, la Cour de cassation avance tiqués dans leur entreprise ou établissement.
deux arguments : Ces critères cumulatifs impliquent que seuls relèvent de
– tout d’abord le principe d’égalité des armes dans la cette catégorie les cadres participant à la direction de
mesure où la Cour a octroyé la faculté à l’employeur d’invo- l’entreprise.
quer devant le juge la mauvaise foi du salarié licencié pour En cas de litige, il appartient au juge d’examiner la fonction
avoir dénoncé des faits de harcèlement moral et ce sans que le salarié occupe réellement au regard de chacun de
qu’il soit tenu d’en avoir fait mention dans la lettre de licen- ces critères (◆ Cass. soc., 6 juill. 2016, no 15-10.987).
ciement (◆ Cass. soc., 16 sept. 2020, no 18-26.696). Dans une affaire récente, une cour d’appel a estimé qu’un
L’employeur bénéficiait ainsi d’une possibilité d’améliorer DRH remplissait l’ensemble de ces critères et bénéficiait
sa défense devant le juge alors même que l’arrêt du notamment d’une large autonomie de décision dans la
13 septembre 2017 la refusait au salarié ; mesure où celui-ci, qui était chargé de la gestion du
– ensuite la cohérence avec la protection qu’elle a conférée personnel :
au salarié licencié qui a fait un usage non abusif de sa – avait la responsabilité des procédures de licenciement,
liberté d’expression, et dont le licenciement a été annulé quand bien même les courriers y afférents étaient signés
pour ce seul motif (◆ Cass. soc., 16 févr. 2022, no 19- du directeur général ;
17.871), à l’instar de la sanction du licenciement prononcé
– avait toute latitude pour définir le quantum des provisions
au motif de la dénonciation par le salarié de faits qu’il a
sur risque lié aux licenciements effectués, quand bien
expressément qualifié de harcèlement moral.
même il en référait à son directeur général qui validait les
Elle conclut que « il y a lieu désormais de juger que le sala- chiffrages ;
rié qui dénonce des faits de harcèlement moral ne peut
– bénéficiait de subdélégations de la part du directeur
être licencié pour ce motif, peu important qu’il n’ait pas
général pour procéder à la signature des contrats de travail
qualifié lesdits faits de harcèlement moral lors de leur
et de leurs avenants, à l’engagement de diverses
dénonciation, sauf mauvaise foi (…) ».
dépenses, telles l’assistance et la sous-traitance extérieure,
Attention au « caractère évident » des faits dénoncés frais généraux incluant les impôts et taxes et frais de per-
sonnel incluant le paiement des salaires.
La notice de l’arrêt précise toutefois que cette solution ne
s’applique « que si l’employeur ne pouvait légitimement La Cour ajoutait que la tonalité des échanges entre le direc-
ignorer, à la lecture de l’écrit adressé par le salarié ayant teur général et le salarié confirmait la grande marge de
motivé son licenciement, que ce dernier dénonçait bien manœuvre dont disposait ce dernier dans la définition des
des agissements de harcèlement ». orientations stratégiques en matière juridique et de risque
lié aux ruptures de contrats de travail envisagées.
Il appartient donc aux juges du fond de vérifier le caractère
évident de la dénonciation de harcèlement dans l’écrit du Pour la cour d’appel, le salarié avait donc bien la qualité de
salarié, quand bien même le terme « harcèlement moral » cadre dirigeant.
n’a pas été employé. A tort pour la Cour de cassation. La Haute juridiction retient
La Cour de cassation considère que c’était bien le cas en que si le salarié bénéficiait bien de la part du directeur
l’espèce dans la mesure où la lettre de licenciement repro- général, seul titulaire des délégations de la part du conseil
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A retenir
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18 © DICTIONNAIRE PERMANENT Social - Bulletin
A retenir
– si à l’issue du délai de 15 jours, la personne contrôlée n’a La fin du contrôle doit prendre fin à la date d’envoi de la
pas répondu ou a accepté de manière explicite, l’agent de lettre d’observations.
contrôle peut utiliser son matériel professionnel. La per-
REMARQUE : ces précisions correspondent à ce qui est indiqué
sonne contrôlée est alors tenue de mettre à la disposition
dans la charte du cotisant de 2022 lorsque la fixation de la
de l’agent les copies numériques des documents, des don- durée maximale du contrôle de 30 jours pour les entreprises de
nées et des traitements nécessaires sous forme de 10 à 20 salariés était expérimental.
fichiers à l’exercice du contrôle. Les fichiers correspon-
dants répondent aux formats informatiques indiqués par Documents obtenus lors du contrôle
l’agent ; d’une autre entreprise du groupe
(art. 1,8o ; CSS, art. R. 243-59-10 nouv.)
– si dans ce délai de 15 jours à compter de l’information
donnée par l’agent de contrôle, la personne contrôlée La loi de financement de la sécurité sociale pour 2023 a
refuse par écrit que l’agent utilise son matériel profession- instauré la possibilité, pour les agents de contrôle, d’utiliser
nel ou en cas d’impossibilité technique avérée de mise en les documents et informations obtenus lors du contrôle de
œuvre d’un traitement automatisé sur le matériel de toute personne appartenant au même groupe que la per-
l’agent, la personne contrôlée est tenue : sonne qu’ils contrôlent (◆ CSS, art. L. 243-7-4).
– soit de réaliser elle-même les traitements sur son propre REMARQUE : le groupe est entendu comme l’ensemble des per-
matériel et de produire les résultats au format et dans les sonnes entre lesquelles il existe un lien de dépendance ou de
contrôle au sens des articles L. 233-1 et L. 233-3 du code de
délais indiqués par l’agent chargé du contrôle ; commerce (◆ CSS, art. L. 243-7-4)
– soit d’autoriser l’agent chargé du contrôle à procéder lui- Un décret était nécessaire pour pouvoir mettre en œuvre
même ou par l’intermédiaire d’un utilisateur habilité par la ce nouveau droit des agents de contrôle, ce décret devant
personne contrôlée, sur le matériel de la personne contrô- définir les garanties à l’égard de la personne contrôlée.
lée, aux opérations de contrôle, par la mise en place de trai-
tements automatisés. Le décret du 12 avril 2023 apporte ces précisions.
En cas de recherche d’infraction pour travail dissimulé, Pour les contrôles effectués à compter du 14 avril 2023
l’agent de contrôle n’a pas à solliciter l’acceptation de la (date de publication du décret du 12 avril 2023), lorsqu’il uti-
personne contrôlée et peut recourir d’emblée à son propre lise des documents ou informations obtenus dans le
matériel professionnel. Toutefois, lorsqu’il n’est pas pos- groupe, l’agent chargé du contrôle doit préciser dans la
sible pour l’agent chargé du contrôle, notamment en cas lettre d’observations :
d’impossibilité technique avérée de mettre en œuvre un – la nature de ces documents ou informations ;
traitement automatisé sur son matériel professionnel, il – leur contenu ou les éléments d’information sur lesquels il
procède lui-même ou par l’intermédiaire d’un utilisateur s’appuie pour fonder son redressement ;
habilité par la personne contrôlée, sur le matériel de la per-
– la référence au contrôle et l’identité de la ou des per-
sonne contrôlée, aux opérations de contrôle, par la mise en
sonnes du même groupe d’où proviennent ces documents
place de traitements automatisés.
ou informations ;
Les copies des fichiers transmis sont détruites au plus tard
– la faculté offerte à la personne contrôlée de demander
à la date soit de l’envoi de la mise en demeure soit de la
une copie des documents.
communication des observations ne conduisant pas à
redressement ou de la notification d’un solde créditeur. Lorsque la personne contrôlée a demandé la communica-
tion d’une copie dans le délai de réponse à une lettre
Durée du contrôle dans les entreprises de moins d’observation (30 jours ou 60 jours selon le cas), la période
de 20 salariés (art. 1, 6o du décret ; CSS, art. R. 243-59- contradictoire ne prend fin qu’à la date d’envoi de la copie,
6-A nouv.) sauf si cette date est antérieure à celle de la réponse de
La durée des contrôles des entreprises versant des rému- l’agent chargé du contrôle.
nérations à moins de 20 salariés est limitée à 3 mois à ◆D. no 2023-262, 12 avr. 2023 : JO, 13 avr.
compter du début effectif du contrôle (◆ CSS, art. L. 243- Nathalie LEBRETON
13).
Étude « Contrôle de l’Urssaf »
REMARQUE ce délai de 30 jours peut être prorogé une fois à la
:
demande expresse de l’entreprise contrôlée ou du contrôleur,
sauf cas de travail dissimulé, abus de droit, obstacle à contrôle.
C’est la loi de financement de la sécurité sociale pour 2023 ❚ DOETH : la déclaration doit être effectuée via
qui a pérennisé cette durée maximale du contrôle pour les la DSN d’avril sous peine d’une contribution
entreprises de 10 à 20 salariés. forfaitaire
REMARQUE : l’effectif est calculé selon les règles de décompte de
La sanction applicable aux entreprises
l’effectif prévues par le code de sécurité sociale (art. L. 130-1 et d’au moins 20 salariés qui n’ont pas effectué
R. 130-1). Si la société appartient à un groupe, la limite d’effec- leur déclaration d’emploi des travailleurs
tif de 20 salariés ne doit pas être franchie au niveau du groupe handicapés via la DSN d’avril, exigible
pour que ces dispositions puissent s’appliquer.
le 5 ou 15 mai, est précisée par un décret
Le décret du 12 avril 2023 apporte des précisions sur le du 20 avril 2023.
point de départ et de fin du contrôle à prendre en compte
pour apprécier si le délai de 3 mois a été respecté. Le décret no 2023-296 du 20 avril 2023 officialise, dans le
code du travail, le décalage de la déclaration annuelle de
Le début effectif du contrôle correspond : l’emploi des travailleurs handicapés (DOETH) sur la DSN
– à la date de la première visite de l’agent chargé du d’avril (exigible le 5 ou 15 mai) et prévoit une contribution
contrôle en cas de contrôle sur place ; forfaitaire pour les employeurs qui omettent d’effectuer
– ou à la date de début des opérations de contrôle men- cette déclaration.
tionnée dans l’avis de contrôle adressé à la personne
contrôlée, en cas de contrôle sur pièces.
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© DICTIONNAIRE PERMANENT Social - Bulletin 19
A retenir
Pérennisation de l’échéance de la déclaration DOETH ficiaires de l’obligation d’emploi déclarés, le cas échéant,
à la DSN d’avril par l’employeur au cours de l’année.
Jusqu’à présent, le code du travail indiquait que la DOETH
REMARQUE : le coefficient à retenir est de 400 fois le SMIC horaire
et le paiement de la contribution devaient être réalisés sur brut pour les entreprises de 20 à moins de 250 salariés ; 500
la DSN du mois de février, exigible le 5 ou le 15 mars. fois le SMIC horaire brut pour les entreprises de 250 à moins
Cette échéance avait été décalée de 2 mois, depuis 2021, de 750 salariés et 600 fois le SMIC horaire brut pour les entre-
et le site des URSSAF avait indiqué que ce report serait prises d’au moins 750 salariés (◆ C. trav., art. D. 5212-20).
pérennisé. Cette contribution forfaitaire est égale à :
[coefficient (400 ou 500 ou 600 SMIC horaire) 3 (nombre
REMARQUE: l’Urssaf avait en effet décalé les DOETH 2021, 2022
et 2023, au titre des années 2020, 2021 et 2022 via des de BOETH devant être employés – nombre de BOETH
communiqués, sans toutefois de fondement juridique. déclarés)] 3 1,25.
Un décret du 20 avril officialise ce décalage et modifie le : au titre de l’obligation d’emploi 2022, une entreprise de
EXEMPLE
code du travail afin de le rendre pérenne. La déclaration 56,75 salariés décide de ne pas effectuer sa déclaration en
annuelle, et le paiement de la contribution, au titre de 2023.
l’emploi d’une année N doivent être effectués dans la DSN
du mois d’avril de l’année N + 1, exigible le 5 ou 15 mai de Le nombre de BOETH à employer (arrondi à l’entier inférieur)
de l’entreprise est égal à 56,75 3 6 % = 3,40, arrondi à 3
l’année N + 1. BOETH. Par hypothèse, elle ne déclarera rien au cours de
Le décret modifie également d’autres échéances pour tenir l’année 2023.
compte de ce décalage : Pour l’OETH 2022 (déclarée en 2023), le Smic horaire brut appli-
– transmission par l’Urssaf au 15 mars (au lieu du cable au 31 décembre 2022 (année d’assujettissement) est
31 janvier), en prenant en compte les déclarations men- égal à 11,07 €.
suelles des employeurs réceptionnées jusqu’au 15 février, Le coefficient (C) applicable en fonction de l’effectif d’assujet-
de l’effectif d’assujettissement de l’entreprise, du nombre tissement de l’entreprise est égal à 400 3 valeur du Smic au
de BOETH à employer, de l’effectif des BOETH réels (hors 31 décembre 2022.
salariés mis à disposition) et de l’effectif de salariés rele- Sa contribution provisoire et forfaitaire est égale à:
vant d’un emploi exigeant des conditions d’aptitude parti- 400 3 11,07 3 3 3 1,25 = 16 605 €.
culière (Ecap) ;
Si, en cours d’année, l’entreprise déclare finalement qu’elle a
– envoi aux employeurs au 15 mars (au lieu du 31 janvier) embauché réellement 2,32 BOETH, la contribution provisoire
par les entreprises de travail temporaire et les groupe- sera alors de : 400 3 11,07 3 (3 2,32) 3 1, 25 = 3 763,80 €.
ments d’employeurs, de l’attestation annuelle portant sur
le nombre de BOETH mis à disposition ; Le taux de majoration est augmenté de 5 points à chaque
échéance non déclarée consécutive.
REMARQUE : le BOSS avait précisé que l’effectif des BOETH
externes ou mis à disposition des associations intermédiaires, REMARQUE : si une entreprise n’effectue pas sa déclaration en
des agences de mannequins, des entreprises de travail à temps 2023, 2024 et 2025, le taux de majoration de la contribution
partagé ou des groupements d’employeurs est transmis par le sera alors égal à 35 % en 2025.
biais d’une attestation annuelle (BOSS-Eff.-1280). Il n’en est La contribution est notifiée avant le 31 décembre de
pas fait mention dans le décret du 20 avril.
l’année au cours de laquelle la déclaration aurait dû être
– envoi aux entreprises clientes au 15 mars (au lieu de souscrite.
31 janvier) par les entreprises adaptées, les ESAT, les tra-
vailleurs indépendants handicapés, ainsi que les entre- EXEMPLE : en l’absence de déclaration en 2023, au titre de
prises de portage salarial (si le salarié porté est BOETH), de l’emploi 2022, la contribution sera notifiée avant le
l’attestation des dépenses annuelles ouvrant droit à 31 décembre 2023.
déductions ;
Régularisation
– le cas échéant, transmission par l’employeur au plus tard Lorsque l’employeur effectue sa déclaration annuelle
le 31 mai (au lieu du 31 mars) à l’autorité administrative d’emploi des travailleurs handicapés après la notification de
compétente pour agrément d’un accord en faveur des tra- la contribution forfaitaire, le montant de la contribution est
vailleurs handicapés. régularisé. La majoration de retard appliquée est de 8 %.
Une contribution forfaitaire pour défaut
de déclaration Application de la contribution en l’absence de déclaration
en 2021 et 2022
Mode de calcul de la contribution Les employeurs qui n’ont pas, à la date de publication du
Avant que la déclaration d’emploi ne soit effectuée via la décret (soit, le 22 avril) rempli leur obligation déclarative
DSN, il existait une pénalité, due au Trésor public, lorsque annuelle en 2021 au titre de l’année 2020 et/ou en 2022 au
l’entreprise ne transmettait pas sa déclaration. Cette péna- titre de l’année 2021 peuvent régulariser leur situation au
lité a été abrogée au 1er janvier 2020. plus tard à l’échéance de juillet 2023. Ils ne se verront pas
appliquer la contribution forfaitaire.
Le décret du 20 avril 2023 prévoit que lorsque l’employeur
assujetti à l’obligation d’emploi ne satisfait pas à son obli- REMARQUE: la régularisation doit être effectuée au plus tard dans
gation déclarative annuelle, un montant de contribution est la DSN de juin 2023, exigible au 5 ou 15 juillet 2023.
fixé à titre provisoire. En l’absence de régularisation, la date limite de notification
Ce montant correspond au produit, majoré de 25 %, du de la contribution forfaitaire est fixée au 31 décembre
coefficient applicable pour le calcul de la contribution en 2023.
fonction de l’effectif d’assujettissement de l’entreprise, par ◆D. no 2023-296, 20 avr. 2023 : JO, 21 avr.
la différence entre le nombre de bénéficiaires de l’obliga- LA RÉDACTION SOCIALE
tion d’emploi devant être employés et le nombre de béné-
Étude « Travailleurs handicapés »
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A retenir
❚ Prescription d’une action en paiement crée une dérogation temporaire au repos dominical afin de
répondre aux besoins du public, des touristes et des travail-
de la gratification d’une médaille du travail :
leurs. Cette dérogation s’appliquera aux commerces situés
la Cour de cassation affine sa position dans les communes d’implantation des sites de compéti-
L’action en paiement d’un rappel de tion ainsi que dans les communes limitrophes ou à proxi-
gratification allouée au titre de la médaille du mité de ces sites.
travail en vertu d’un engagement unilatéral de
l’employeur est soumise à la prescription REMARQUE : selon l’étude d’impact du projet de loi, c’est parce
triennale applicable aux actions en paiement qu’aucune dérogation au repos dominical prévue par le code du
travail n’était adaptée à la situation à venir, qui nécessite des
du salaire. ouvertures de commerces ciblées et limitées dans le temps,
Lorsque l’action en paiement de la gratification d’une que le législateur a créé ce dispositif de dérogation préfectorale
au repos dominical ad hoc, distincte de la dérogation accordée
médaille du travail est fondée sur des faits de discrimina- par le préfet prévue à l’article L. 3132-20 du code du travail.
tion allégués, elle est soumise au délai de prescription de Son objectif est de répondre aux besoins générés par
5 ans applicable à une action en réparation résultant d’une l’organisation des JO, compte tenu des lieux de compéti-
discrimination (◆ Cass. soc., 30 juin 2021, no 19-14.543). tion et d’hébergement du public, tout en assurant aux sala-
En revanche, l’action en paiement de la gratification d’une riés les garanties minimales prévues par le code du travail.
médaille du travail en vertu d’un engagement unilatéral
(donc non fondée sur une discrimination) est bien soumise Cadre de la dérogation
à la prescription triennale prévue pour les actions en paie-
ment du salaire (◆ C. trav., art. L. 3245-1). Établissements concernés
Le préfet, en tant que représentant de l’État dans le dépar-
Dans cette affaire, suite à une promotion, un salarié se voit
tement, pourra autoriser l’ouverture le dimanche des éta-
décerner une médaille du travail accompagnée d’une grati-
blissements de vente au détail qui mettent à disposition
fication versée en mai 2014. Deux ans et demi plus tard, il
des biens ou des services. Il devra, pour cela, tenir compte
saisit la justice afin d’obtenir un rappel de gratification de
des besoins du public résultant de l’affluence exception-
médaille de travail. Ce rappel lui est accordé par les juges
nelle attendue de touristes et de travailleurs. Ces établisse-
du fond.
ments devront être situés dans les communes d’implanta-
Son employeur se pourvoit en cassation, estimant que tion des sites de compétition des JO de 2024 ainsi que
l’action portait sur l’exécution du contrat de travail. Elle était dans les communes limitrophes ou situées à proximité de
donc prescrite, les actions portant sur l’exécution du ces sites (◆ L. no 2023-380, art. 25, al. 1).
contrat de travail se prescrivant par 2 ans à compter du jour
où celui qui les exerce a connu ou aurait dû connaître les REMARQUE : le préfet devra prendre en compte les types de pro-
faits lui permettant d’exercer son droit (◆ C. trav., duit et services vendus et les besoins générés par les JO
(Étude d’impact). Les commerces visés pourraient notamment
art. L. 1471-1). être des commerces alimentaires, qui ne peuvent actuellement
A tort. être ouverts que le dimanche matin, des commerces vendant
du matériel informatique, de photographie ou de téléphonie,
Rappelant que la durée de prescription est déterminée par des commerces d’habillement ou encore des commerces de
la nature de la créance invoquée, la Cour de cassation services, tels que les coiffeurs (◆ Avis Sénat no 246).
rejette le pourvoi. L’action en rappel de gratification n’était Compte tenu des nombreuses demandes attendues de la
pas prescrite puisque le délai de prescription était triennal. part des commerçants, un amendement adopté en com-
◆Cass. soc., 11 mai 2023, no 21-15.187 mission a simplifié la procédure d’autorisation de déroga-
Géraldine ANSTETT tion au repos dominical. Le préfet, après avoir accordé une
autorisation à un commerce, pourra étendre cette autorisa-
Étude « Médaille du travail » tion à plusieurs établissements éligibles dans les mêmes
conditions sans qu’ils aient besoin de déposer de
demandes individuelles (art. 25, al. 5).
Le préfet pourra également, le cas échéant, suspendre un
arrêté de fermeture hebdomadaire pris dans le cadre de
l’article L. 3132-29 du code du travail pendant la période de
Durée du travail mise en œuvre de la dérogation relative au JO (art. 25,
et rémunérations al. 3).
REMARQUE : l’arrêté de fermeture hebdomadaire permet à un pré-
fet, saisi par les organisations syndicales de salariés ou les
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A retenir
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A retenir
devenu art. L. 3121-18). La cour d’appel l’avait déboutée de roulement ne sont pas la contrepartie d’un dépassement
sa demande en paiement de dommages-intérêts au titre de la durée du travail telle que conventionnellement fixée
de ces dépassements en retenant qu’elle ne démontrait mais qu’ils résultent du seul fait que cette durée du travail
avoir subi aucun préjudice à ce titre, « lequel ne peut être est répartie sur 4 jours.
nécessaire mais doit être établi ». Il fait valoir que, sauf disposition contraire, lorsque le jour
S’appuyant sur l’ancien article L. 3121-34 du code du travail férié habituellement chômé coïncide avec le jour de repos
interprété à la lumière de la directive 2003/88/CE du hebdomadaire du salarié, il ne donne pas lieu à une indem-
4 novembre 2003 concernant certains aspects de l’aména- nisation. Il n’en va autrement que lorsque cette coïnci-
gement du temps de travail, la chambre sociale donne rai- dence porte sur des jours de repos acquis en contrepartie
son à la salariée : « pour rejeter la demande de la salariée d’un dépassement de l’horaire légal ou conventionnel appli-
en paiement de dommages-intérêts pour dépassement de cable dans l’entreprise.
l’amplitude horaire journalière, l’arrêt, après avoir constaté La Cour de cassation valide l’analyse de l’employeur et
qu’elle avait exécuté des journées de travail de plus de censure la décision du juge d’appel. Elle énonce que
10 heures, retient que l’intéressée ne démontre pas avoir l’accord d’entreprise en cause prévoit une durée hebdoma-
subi un préjudice à ce titre. En statuant ainsi, alors que le daire de travail de 35 heures sur 4 jours. Elle en déduit que
seul constat du dépassement de la durée maximale de tra- les 3 jours non travaillés constituent des jours de repos qui
vail ouvre droit à la réparation, la cour d’appel a violé le n’ont pas vocation à compenser des heures de travail
texte susvisé ». effectuées au-delà de la durée légale ou conventionnelle.
◆Cass. soc., 11 mai 2023, no 21-22.281 FS-B En conséquence, la coïncidence entre ces jours et des
Elise DRUTINUS jours fériés n’ouvre droit ni à repos supplémentaire ni à
Étude « Durée du travail » indemnité compensatrice.
◆Cass. soc., 10 mai 2023, no 21-24.036
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A retenir
REMARQUE: en revanche, les cotisations et contributions salariales rer et fidéliser certains salariés de très haut niveau ou au
de prévoyance et de retraite supplémentaire ne sont pas profil bien particulier, comme, en l’espèce, les traders.
déduites du montant de la rémunération.
Le ministère du travail confirme tout d’abord que les contri- Très fréquemment, l’acquisition de l’intégralité de cette
butions et cotisations sociales à déduire pour calculer le net prime est subordonnée à une condition de présence dans
social sont celles effectivement acquittées (« payées ») par l’entreprise après son versement pendant une durée déter-
le salarié (QR n° 2.17 nouv.). minée fixée par le contrat de travail. En cas de démission
du salarié durant cette période, la prime est acquise au pro-
En conséquence, pour la prise en compte des exonérations rata du temps passé par le salarié dans l’entreprise et le
et allègements, le calcul dépend de l’affichage sur le bulle- salarié est tenu de rembourser le solde à l’employeur.
tin de paie du montant des exonérations et allègements
(QR n° 2.17 nouv.) : Une telle clause de remboursement porte-t-elle atteinte à
la liberté de travailler du salarié ? C’était la question posée
– si le montant est en valeur négative, on soustrait le mon- à la Cour de cassation dans un arrêt publié rendu le 11 mai
tant des exonérations et allègements de cotisations aux dernier.
contributions et cotisations salariales à déduire ;
– si le montant est en valeur positive, on ajoute le montant Le bénéfice intégral de la prime d’arrivée
des exonérations et allègements de cotisations aux contri- est subordonné à l’absence de démission
butions et cotisations salariales à déduire. pendant 3 ans
Dans la majorité des cas, le montant de la ligne d’allége- Dans cette affaire, un trader est engagé, à compter du
ment est indiqué en négatif sur le bulletin de paie. Il faut 1er janvier 2016. Pour s’assurer sa collaboration dans la
durée, son employeur lui octroie une prime d’arrivée d’un
donc effectivement l’enlever des cotisations calculées pour
montant de 150 000 €, versée dans les 30 jours de son
obtenir le montant à déduire pour le net social.
entrée en fonction. Le contrat de travail du salarié subor-
Un mois supplémentaire pour les entreprises donne l’acquisition de l’intégralité de cette prime à une
pratiquant le décalage de la paie condition de présence de ce dernier dans l’entreprise pen-
Le montant net social est rattaché à la date de versement dant 3 ans après son versement et prévoit le rembourse-
du salaire, non à la période d’emploi. Par conséquent, en ment de la prime au prorata du temps que le salarié, en rai-
février dernier, le ministère du travail avait précisé que pour son de sa démission, n’aura pas passé dans l’entreprise
les entreprises pratiquant le décalage de la paie, les bulle- avant l’échéance prévue.
tins de paie liés à l’activité du mois de juin 2023, dont la Le salarié démissionne le 16 mars 2017, soit un peu plus
rémunération est versée en juillet 2023, devaient indiquer de 13 mois après sa prise de fonction. L’employeur saisit
le montant net social. la justice pour obtenir le remboursement partiel de la prime
Sans remettre en cause le principe de rattachement au d’arrivée, soit un peu plus de 79 000 €.
mois de versement, le ministère du travail accorde un délai Les juges du fond ne font pas suite à cette demande. Pour
supplémentaire d’un mois aux employeurs pratiquant le eux, l’octroi définitif de la prime d’arrivée au salarié en jan-
décalage de la paie pour intégrer la mention du net social vier 2016 à la condition que ce dernier ne démissionne pas
sur leur bulletin de paie (QR n° 1.21). à une date postérieure à son versement a pour effet de
Ainsi, en cas d’impossibilité d’afficher le montant net social fixer un coût à la démission et porte donc atteinte à la
sur les bulletins de paie liés à l’activité du mois de juin liberté de travailler du salarié.
2023, les entreprises en décalage de la paie pourront l’affi- L’employeur se pourvoit alors en cassation.
cher à partir des bulletins de paie relatifs à la période
d’emploi de juillet 2023 (et donc aux versements réalisés En cas de démission durant cette période,
en août 2023). son remboursement partiel est licite…
La Cour de cassation valide la clause de remboursement.
◆Min. trav., Le montant net social sur le bulletin de paie :
foire aux questions, mise à jour du 4 mai 2023 Après avoir rappelé qu’une atteinte aux droits et libertés
Valérie BALLAND des salariés doit être justifiée par la nature de la tâche à
accomplir et proportionnée au but recherché (◆ C. trav.,
Étude « Salaire : paiement et protection » art. L. 1121-1) et qu’un contrat de travail doit être exécuté
de bonne foi (◆ C. trav., art. L. 1221-1 ◆ C. civ., art. 1104,
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A retenir
Cette précision est importante. prime, le dispositif a été reconduit en 2020 puis en 2021/
En effet, si la prime était liée à la rémunération de l’activité 2022 mais pas complètement à l’identique. Finalement, le
du salarié, son versement ne peut être soumis à une condi- dispositif de la PEPA est pérennisé depuis le 1er juillet 2022
tion de présence à une date postérieure à son versement, et rebaptisé, pour la circonstance, prime de partage de la
sans porter atteinte aux libertés et droits fondamentaux du valeur (PPV) (◆ L. no 2022-1158, 16 août 2022, art. 1er : JO,
salarié (et donc à la liberté de travail) (◆ Cass. soc., 18 avr. 17 août).
2000, no 97-44.235 ◆ Cass. soc., 3 avr. 2007, no 05-45.110 Pour la prime de partage de la valeur comme pour les
◆ Cass. soc., 8 juill. 2020, no 18-21.945 ◆ Cass. soc., PEPA, le montant de la prime peut être modulé selon les
29 sept. 2021, no 13-25.549 ◆ Cass. soc., 6 juill. 2022, bénéficiaires en fonction de critères limitativement prévus
no 21-12.242). par la loi (pouvant se combiner entre eux), parmi lesquels
◆Cass. soc., 11 mai 2023, no 21-25.136 la durée de présence effective du salarié dans l’entreprise.
Géraldine ANSTETT REMARQUE : pour rappel, s’agissant de la PPV, ce critère est appré-
Étude « Salaire : éléments constitutifs et fixation » cié sur les 12 mois glissants précédant le versement de la
et « Clause du contrat » prime soit dans les mêmes conditions que celles prévues pour
le calcul de la valeur du Smic prise en compte pour le calcul de
la réduction Fillon (c’est-à-dire en proportion de la durée de tra-
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A retenir
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A retenir
REMARQUE : en effet, dans l’hypothèse où le salarié décide de dénommé congé de transition professionnelle lorsqu’il suit sa
commencer sa demi-journée de travail à 7h30 et d’effectuer formation en tout ou partie durant son temps de travail. Il peut
ses 4 heures de travail de manière continue, sa demi-journée aussi obtenir un financement par l’association Transition Pro
prend fin à 11h30, soit durant la plage mobile durant laquelle la (ATPro) qui gère les projets de transition professionnelle. Elle
pause méridienne doit être prise. peut prendre en charge les frais de formation et la rémunéra-
tion du salarié.
… et le salarié a droit à un titre-restaurant L’article L. 6323-17-1 du code du travail est complété par
même s’il ne prend pas effectivement la pause repas un nouvel alinéa qui prévoit que le projet de transition pro-
Pour sa défense, l’employeur soutenait, feuilles de poin- fessionnelle d’un salarié concerné par les facteurs de
tage à l’appui, que le salarié n’avait qu’à très peu de risques professionnels mentionnés au 1o du I de l’article
reprises, interrompu ses 4 heures de travail du vendredi L. 4161-1 pourra être financé par la dotation versée par
pour prendre une pause déjeuner puis revenir travailler. France compétences aux associations Transitions Pro
Hormis ces rares exceptions, le salarié effectuait sa jour- (ATPro), en vue de permettre au salarié d’accéder à un
née intégralement avant le déjeuner et ne reprenait donc emploi non exposé aux facteurs de risques professionnels
pas son activité après de sorte que, selon l’employeur, les mentionnés à l’article L. 4161-1. Le projet de transition pro-
repas n’étaient pas compris dans ses horaires de travail. fessionnelle du salarié devra faire l’objet d’un cofinance-
Mais la seule condition d’obtention d’un titre-restaurant est ment par l’employeur. Les conditions d’application de cette
que le repas du salarié soit compris dans son horaire jour- mesure seront fixées par décret.
nalier, ce qui était bien le cas en espèce (v. ci-avant). Peu
REMARQUE : les facteurs de risques professionnels mentionnés au
importe que le salarié ait ou non effectivement pris sa 1o du I de l’article L. 4161-1 du code du travail sont les facteurs
pause déjeuner. Un titre-restaurant lui était dû chaque ven- liés à des contraintes physiques marquées (manutentions
dredi travaillé. manuelles de charges, postures pénibles définies comme posi-
tions forcées des articulations, vibrations mécaniques). Les fac-
◆Cass. soc., 13 avr. 2023, no 21-11.322 teurs de risques professionnels mentionnés aux 2o et 3o sont
Géraldine ANSTETT liés à un environnement physique agressif (agents chimiques
dangereux y compris les poussières et les fumées et activités
Étude « Titres-restaurant » et « Temps partiel » exercées en milieu hyperbare et températures extrêmes) et à
certains rythmes de travail (nuit, équipes successives alter-
nantes, travail répétitif caractérisé par la réalisation de travaux
impliquant l’exécution de mouvements répétés sollicitant tout
ou partie du membre supérieur à une fréquence élevée et sous
cadence contrainte.
Le salarié devra également justifier d’une durée minimale
Emploi d’activité professionnelle dans un métier concerné par les
facteurs de risques professionnels. Cette durée minimale
chômage et formation d’activité sera déterminée par décret. Elle ne sera toutefois
pas exigée pour le salarié bénéficiaire de l’obligation
d’emploi mentionnée à l’article L. 5212-13 du code du tra-
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A retenir
– Selon la Direction générale du travail, l’employeur qui entend se séparer d’un salarié en CDI en abandon
de poste volontaire doit faire jouer la présomption de démission, sans possibilité alternative de recourir
à un licenciement pour faute. De nombreux juristes contestent cette position. Deux actions en justice ont
été intentées pour excès de pouvoir et ont demandé la remise en cause de cette interprétation figurant
dans la FAQ qui avait été publiée sur le site du ministère du travail le 17 avril. Le ministère du travail a
décidé de retirer l’ensemble des questions-réponses de son site jusqu’à ce que le conseil d’État ait tran-
ché. Mais il a maintenu son interprétation dans un communiqué. Il faudra attendre la décision
– Plusieurs arguments militent pour le maintien de la voie du licenciement
• cette voie n’est pas interdite expressément par le code du travail, contrairement à la rupture conven-
L’employeur peut-il encore utiliser tionnelle individuelle (◆ C. trav., art. L. 1237-11)
la voie du licenciement pour faute • cette interdiction va à l’encontre du pouvoir de direction de l’employeur et notamment de son pouvoir
en cas d'abandon de poste ? disciplinaire
• la voie du licenciement pour faute peut être plus sécurisée pour l’employeur que la voie de
la démission présumée ; elle protège davantage les droits de la défense du salarié en prévoyant l’orga-
nisation d’un entretien préalable au cours duquel le salarié peut être assisté
A noter que le risque de contentieux pour requalification d’un licenciement pour faute en une démission
reste très limité ; le salarié comme l’employeur, a priori, n’y auront aucun intérêt. La fraude à la loi que
pourrait éventuellement invoquer l’Assedic, pour demander le remboursement des allocations indûment
versées, sera difficile à relever dans la mesure où les motifs de la rupture ne sont pas indiqués dans l’at-
testation chômage
Le dispositif de la présomption de démission ne prévoit pas l’exigence d’un écrit du salarié. Or, en cas de dé-
Que faire si la convention collec- mission « classique » la disposition conventionnelle qui exige la formalisation de la démission par un écrit du
tive exige que le salarié donne salarié est une règle de pure forme qui ne remet pas en cause la démission (◆ Cass. soc., 28 sept 2004, no 02-
sa démission par écrit ? 43.299). Reste à savoir si cette jurisprudence sera étendue au cas de la présomption de démission
– Mentions légales obligatoires : demande de justifier l’absence et de reprendre le poste et délai
Quelles sont les précautions – Mention préconisée : préciser qu’à défaut de réponse dans le délai fixé, le salarié sera présumé démis-
à prendre pour rédiger sionnaire et qu'il ne pourra pas,à ce titre, prétendre à une indemnisation chômage. Cette précision, qui
la mise en demeure ? était reprise dans la FAQ du ministère publiée le 17 avril mais, supprimée depuis fin mai, reste opportune
pour permettre au salarié d'apprécier les conséquences de l'absence de réponse sur la situation
– Les règles de droit commun du préavis en cas de démission s’appliquent, à défaut de précisions
contraires dans les textes. Il commence à courir à l’expiration du délai fixé dans la mise en demeure. Le
Quelle est l’incidence contrat est donc maintenu jusqu’à l’expiration du préavis. Si le salarié ne l’exécute pas de son propre fait,
de la présomption de démission il n’a pas droit à l’indemnité compensatrice. Si l’employeur dispense le salarié du préavis, l’indemnité
sur le préavis ? compensatrice est due
– L’inexécution du préavis par le salarié peut ouvrir droit à une indemnité compensatrice pour l’em-
ployeur (◆ Cass. soc., 18 juin 2008, no 07-42.161)
– La clause de non-concurrence trouve à s'appliquer en cas de démission présumée pour abandon de
poste. Son point de départ c'est la date de fin du préavis. Sauf renonciation de l'employeur, elle donne
droit au versement de l'indemnité compensatrice
Que faire en cas de clause – Si l'employeur souhaite renoncer à l'application de cette clause, il doit le notifier au salarié dans le délai
de non-concurrence ? fixé par le contrat ou la convention collective. S'il est prévu que la renonciation doit intervenir au plus
tard à la date de rupture du contrat, l'employeur devra le notifier avant l'expiration du délai fixé dans la
mise en demeure. Dans ce cas, il faudra rédiger ce courrier de telle façon qu'il ne soit pas qualifié de lettre
de rupture du contrat
Que faire en cas de clause
d’entrée en fonction A priori la jurisprudence récente autorisant le remboursement de cette prime prorata temporis en cas de
(prime d’embauche démission anticipée est transposable à la démission présumée pour abandon de poste (◆ Cass. soc.,
subordonnée à l’absence 11 mai 2023, no 21-15.136)
de démission avant un certain
délai) ?
Non. La procédure de la présomption de démission pour abandon de poste ne s'applique qu'aux salariés
La procédure s’applique-t-elle en contrat à durée indéterminée. Elle figure dans la section du code du travail concernant les ruptures de
aux salariés en CDD ? CDI. Pour les CDD, la procédure disciplinaire pour faute grave peut être utilisée.
– Cette situation n’est pas envisagée par le code du travail contrairement à la rupture conventionnelle in-
dividuelle. Le code du travail prévoit que les salariés protégés peuvent conclure une rupture convention-
nelle individuelle après autorisation de l’inspecteur du travail (◆ C. trav., art. L. 1237-15)
– La voie de la présomption de démission en cas d’abandon de poste semble échapper à la protection
Que faire si le salarié spécifique contre le licenciement, qui en théorie ne s’applique qu’aux cas de ruptures à l’initiative de
est un salarié protégé ? l’employeur. Mais en l’absence de volonté claire et non équivoque en cas d’abandon de poste, n’est ce
pas risqué ? Dans ce cas, la procédure disciplinaire pourrait être la voie la moins risquée même si elle est
en contradiction avec la position du ministère du travail qui estime que seule la voie de la démission pré-
sumée est ouverte en cas d’abandon de poste.
– La question reste en suspens
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A retenir
Licenciement pour inaptitu- Le salarié handicapé bénéficie, en cas de licenciement Le salarié, licencié pour inaptitude d’origine profession-
de professionnelle d’un sala- au doublement de la durée du préavis dans la limite de nelle a droit à une indemnité compensatrice de préavis
rié handicapé : montant de 3 mois. ce doublement s’applique-t-il en cas de licencie- (montant de l’indemnité prévue à l’article L. 1234-5)
l’indemnité de préavis ment pour inaptitude d’origine professionnelle ? (◆ C. trav., art. L. 1226-14). Si le salarié licencié est han-
dicapé, le doublement de la durée du préavis n’est pas
applicable à l’indemnité compensatrice prévue à l’ar-
ticle L. 1226-14 (◆ Cass. soc., 24 mai, no 21-25.683)
Il s’agit d’une confirmation de jurisprudence (◆ Cass.
soc., 27 janv. 2016, no 14-12.710)
Nullité du licenciement pour – Le salarié dont le licenciement pour inaptitude est – « L’existence du harcèlement moral à l’origine de
inaptitude : étendue du droit frappé de nullité, notamment en raison du lien entre l’inaptitude du salarié ayant conduit à la nullité du licen-
à réintégration l’inaptitude et des faits de harcèlement moral, peut de- ciement ne constitue pas une impossibilité de
mander sa réintégration dans l’entreprise (◆ C. trav., réintégration »
art. L. 1235-3-1) – Il en est de même de l’inaptitude du salarié, constatée
– Lorsque sa réintégration est impossible, le juge oc- 4 ans auparavant. En effet, on peut imaginer que l’état
troie une indemnité de 6 mois de salaire de santé du salarié a pu évoluer au moment de sa de-
– Pour s’opposer à la réintégration, l’employeur peut-il mande de réintégration
invoquer l’inaptitude du salarié ou le harcèlement ? – ◆ Cass. soc., 19 avr. 2023, no 21-25.221
– l’impossibilité de réintégration a été admise pour un
salarié qui était auteur de faits de harcèlement moral
(◆ Cass. soc., 1er déc. 2021, no 19-25.715)
Inaptitude d’un salarié Lorsqu’un salarié protégé, licencié pour inaptitude, – Le juge judiciaire (conseil des prud’hommes) est com-
protégé : juge compétent conteste son licenciement car il estime que l’inaptitude pétent pour déterminer si l’inaptitude du salarié protégé
est liée à des faits de harcèlement moral dont la cause a pour origine un manquement de l’employeur à ses
est son mandat d’élu de CSE et que son licenciement se- obligations consistant en un harcèlement moral ou une
rait une mesure de discrimination syndicale, quel est le discrimination syndicale
juge compétent ? – Lorsqu’il autorise le licenciement d’un salarié protégé,
il n’appartient pas à l’inspecteur du travail de rechercher
la cause de l’inaptitude, y compris dans le cas où la
faute invoquée résulte d’un harcèlement moral ou
d’une discrimination syndicale dont l’effet serait la nul-
lité de la rupture du contrat de travail
– ◆ Cass. soc., 19 avr. 2023, no 21-21.349
Remarque : il s’agit d’une confirmation de jurispru-
dence (◆ Cass. soc., 17 oct. 2018, no 17-17.985)
Quel est le juge compétent pour déterminer si l’inaptitu- Le juge judiciaire est compétent pour rechercher si
de du salarié protégé est d’origine professionnelle ou l’inaptitude du salarié protégé a ou non une origine pro-
non ? fessionnelle. En l’espèce, le salarié pouvait prétendre à
l’indemnité spéciale du fait de l’origine professionnelle
de l’inaptitude au motif que l’employeur avait commis
un manquement à son obligation de sécurité à l’origine
de l’inaptitude, que cette inaptitude avait pour origine
en partie un accident du travail dont avait connaissance
l’employeur au moment du licenciement (◆ Cass. soc.,
13 avr. 2023, no 22-10.758)
Nathalie LEBRETON
Étude « Inaptitude au travail »
❚ Acceptation d’un CSP : le motif de rupture REMARQUE : ce motif peut notamment être indiqué au salarié dans
le document d’information sur le CSP, ou dans la lettre de licen-
invoqué peut être précisé dans les 15 jours ciement à titre conservatoire que l’employeur peut être tenu de
Lorsqu’un salarié adhère au contrat lui adresser (◆ Cass. soc., 17 mars 2015, no 13-26.941).
Cet écrit doit être porté à la connaissance du salarié au plus
de sécurisation professionnelle, l’employeur tard au moment de l’acceptation du dispositif (◆ Cass. soc.,
doit l’informer par écrit du motif de la rupture. 16 nov. 2016, no 15-12.293 ◆ Cass. soc., 27 mai 2020, nos 18-
Ce motif peut être précisé dans les 15 jours 20.153, 18-24.531 et 18-20.142).
de l’acceptation du CSP, à la demande Pour répondre aux exigences des articles L. 1233-16 et
du salarié ou à l’initiative de l’employeur. L. 1233-42 du code du travail, la notification du licencie-
La procédure de précision du motif invoqué à l’appui d’un ment doit mentionner à la fois les raisons économiques
licenciement, instaurée par l’ordonnance no 2017-1387 du prévues par la loi et leur incidence sur l’emploi ou le contrat
22 septembre 2017, s’applique en cas d’adhésion d’un de travail. A défaut, le licenciement est dépourvu de cause
salarié au contrat de sécurisation professionnelle (CSP). réelle et sérieuse (◆ Cass. soc., 30 avr. 1997, no 94-42.154
◆ Cass. soc., 28 janv. 2015, no 13-20.861).
C’est ce que vient de décider la Cour de cassation, dans un
arrêt du 5 avril 2023. Dans cette affaire, l’employeur avait remis aux salariées un
document d’information sur le CSP au cours de l’entretien
L’employeur doit informer le salarié adhérant au CSP préalable au licenciement, ainsi qu’un courrier spécifiant les
sur le motif de la rupture motifs économiques de la rupture. Il leur avait ensuite
La règle est classique, et fréquemment rappelée par la adressé, pendant le délai de réflexion, une lettre de licen-
Cour de cassation. La rupture du contrat de travail résultant ciement à titre conservatoire rappelant ces motifs écono-
de l’acceptation par le salarié d’un CSP doit avoir une cause miques et indiquant que leurs postes de travail étaient sup-
économique réelle et sérieuse. L’appréciation de cette primés.
cause ne peut résulter que des motifs énoncés par Les salariées soutenaient que la rupture de leurs contrats
l’employeur dans un document écrit (◆ Cass. soc., 27 mai de travail, insuffisamment motivée, était dépourvue de
2009, no 08-43.137 ◆ Cass. soc., 18 janv. 2023, n° 21- cause réelle et sérieuse.
19.349).
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32 © DICTIONNAIRE PERMANENT Social - Bulletin
A retenir
Le document sur le motif de la rupture peut être quer que le reclassement du salarié est impossible (◆ QR min.
précisé dans les 15 jours trav., 15 juill. 2020 sur la rupture du contrat de travail, question
no 4). Rappelons que, en revanche, l’employeur ne peut pas
La Cour de cassation rappelle la procédure issue de ajouter un nouveau motif à sa lettre dans le cadre de cette pro-
l’ordonnance du 22 septembre 2017. Les motifs énoncés cédure, mais ce n’était pas le cas en l’espèce.
dans la lettre de rupture du contrat de travail peuvent être ◆Cass. soc., 5 avr. 2023, no 21-18.636
précisés par l’employeur à son initiative dans les 15 jours Laurence MECHIN
suivant la notification du licenciement, par lettre recom-
mandée avec avis de réception ou remise contre
Étude « Contrat de sécurisation professionnelle »
récépissé. De son côté, le salarié peut demander, dans ce
même délai et ces mêmes formes, des précisions sur ces
motifs. L’employeur dispose alors de 15 jours après la
réception de cette demande pour les lui communiquer
❚ La rupture conventionnelle collective
ne peut pas remplacer un PSE
dans les mêmes formes et délai, s’il le souhaite (◆ C. trav., en cas de cessation d’activité
art. L. 1235-2 et R. 1232-13 pour le licenciement pour motif
personnel, et R. 1233-2-2 pour le licenciement pour motif Statuant pour la première fois sur la validité
économique). d’un accord de rupture conventionnelle
collective, le Conseil d’État précise les limites
Si le salarié n’a pas demandé de précisions à l’employeur
de ce dispositif, qui ne peut pas être conclu
dans le délai de 15 jours, l’irrégularité que constitue une
dans un contexte de cessation d’activité
insuffisance de motivation de la lettre de licenciement ne
conduisant nécessairement au licenciement
prive pas, à elle seule, le licenciement de cause réelle et
des salariés.
sérieuse. Cette irrégularité ouvre seulement droit à une
indemnité qui ne peut pas excéder un mois de salaire Instaurée par l’ordonnance 201-1387 du 22 septembre
(◆ C. trav., art. L. 1235-2). 2017, la rupture conventionnelle collective (RCC) permet à
l’employeur de réaliser une opération de réduction d’effec-
REMARQUE : cette procédure s’applique aux licenciements pronon- tifs en prévoyant, par accord collectif validé par l’administra-
cés pour motif personnel ou pour motif économique depuis le tion, des suppressions d’emplois en dehors de tout licen-
18 décembre 2017 (◆ Cass. soc., 22 sept. 2021, no 19-21.605).
L’employeur n’est pas tenu d’informer le salarié de son droit ciement et sans justifications économiques (◆ C. trav.,
d’obtenir des précisions sur les motifs de la lettre de licencie- art. L. 1237-19 et s.).
ment (◆ Cass. soc., 29 juin 2022, no 20-22.220).
La décision du 21 mars 2023 offre une première occasion
La Cour de cassation décide, pour la première fois à notre au Conseil d’État de se prononcer sur la validation par
connaissance, que le document par lequel le salarié qui se l’administration d’un accord de rupture conventionnelle col-
voit proposer un CSP est informé sur le motif de la rupture lective. Dans le sillage de la décision de la cour administra-
peut être précisé par l’employeur, soit à son initiative, soit tive d’appel de Versailles du 20 octobre 2021 (◆ CAA Ver-
à la demande de l’intéressé. Dans ce cas, le délai de sailles, 20 oct.2021, no 21VE02220), il confirme l’annulation
15 jours pour accomplir cette démarche court à compter de la décision de validation de l’accord et précise les limites
de l’adhésion du salarié au dispositif. de ce dispositif.
REMARQUE : il semble logique que la Cour de cassation ait choisi En l’espèce, le Direccte (devenu Dreets) avait validé un
de faire courir le délai de 15 jours à compter non pas de la accord collectif majoritaire portant sur une rupture conven-
remise du document d’information au salarié, mais de la date tionnelle collective concernant un établissement dans
d’adhésion au CSP, puisque c’est cette dernière qui emporte
rupture du contrat de travail (◆ C. trav., art. L. 1233-67). En lequel étaient employés 33 salariés et dont la fermeture
l’espèce, l’employeur avait précisé, de sa propre initiative, le était prévue. Un syndicat non signataire a contesté cette
motif de la rupture. Mais la solution devrait être la même, selon décision devant le juge administratif et obtenu son annula-
nous, lorsque c’est le salarié qui demande des précisions sur le tion en appel.
motif économique : sa demande est à formuler dans les
15 jours qui suivent l’adhésion au CSP, et l’employeur pourra
REMARQUE : l’annulation de l’accord de rupture conventionnelle
répondre, s’il le souhaite, dans les 15 jours qui suivent la récep- collective produit des conséquences sur les ruptures indivi-
tion de cette demande.
duelles de contrat de travail conclues sur le fondement de
En l’espèce, les salariées s’étaient vu remettre le docu- l’accord. Les salariés concernés peuvent s’en prévaloir pour sai-
ment d’information sur le CSP et sur le motif économique sir le conseil de prud’hommes d’une contestation de la rupture
le 21 septembre. Elles avaient adhéré au CSP le de leur contrat de travail.
27 septembre. Pour la Cour de cassation, la lettre de notifi- L’étendue du contrôle du Dreets sur l’accord de RCC
cation du licenciement à titre conservatoire qui leur était est précisée
parvenue ensuite valait lettre de précision du motif. Par Le Dreets saisi d’une demande de validation d’un accord
conséquent, en leur adressant ce courrier le 9 octobre sui- de rupture conventionnelle collective effectue un contrôle
vant, l’employeur avait respecté le délai de 15 jours qui lui dont l’étendue est délimitée par l’article L. 1237-19-3 du
était imparti pour préciser le motif de la rupture. code du travail. Il s’assure ainsi :
REMARQUE : l’arrêt ne précise pas si la lettre de licenciement – que l’accord est conforme à l’article L. 1237-19 du code
apportant une précision sur la suppression du poste avait été du travail, c’est-à-dire, notamment, qu’il exclut tout licencie-
adressée au salarié par lettre recommandée avec avis de récep- ment pour atteindre l’objectif qui lui est assigné en termes
tion ou remise contre récépissé, comme l’exige le code du tra-
vail. Il serait intéressant de connaître la position de la Cour de de suppressions d’emplois ;
cassation sur la portée du non-respect de cette formalité. – qu’il comporte les clauses obligatoires prévues par
L’arrêt adopte la même position que l’administration sur la
notion de précision du motif. L’indication que le poste du salarié l’article L. 1237-19-1 ;
est supprimé constitue bien, selon les juges, une précision, et – qu'il contient des mesures d’accompagnement et de
non l’ajout d’un nouveau motif. L’administration, dans un ques- reclassement externe précises et concrètes ;
tions-réponses diffusé sur internet, a en effet indiqué que
l’employeur a tout intérêt à préciser sa lettre de licenciement – que, le cas échéant, la procédure d’information du comité
s’il s’aperçoit après son envoi qu’il manque un élément essen- social et économique a été régulière.
tiel à sa motivation : elle cite l’exemple du licenciement pour
inaptitude physique pour lequel l’employeur aurait omis d’indi-
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© DICTIONNAIRE PERMANENT Social - Bulletin 33
A retenir
Le Conseil d’État ajoute, pour la première fois à notre manière certaine à ce que les salariés n’ayant pas opté
connaissance, que l’administration doit également s’assu- pour le dispositif fassent l’objet d’un licenciement écono-
rer que l’accord n’est pas entaché de vices ayant affecté mique à la fin de sa période d’application.
les conditions de sa négociation et qui seraient de nature à Peu importe que, comme en l’espèce, les licenciements
l’annuler. ne soient pas mis en œuvre pendant la période d’applica-
Dans une décision du même jour (no 446492), le Conseil tion de l’accord, mais reportés par l’effet d’une clause à
d’État apporte la même précision concernant les conditions son expiration. Pour le juge administratif, l’accord viole les
de négociation d’un autre accord de rupture convention- dispositions de l’article L. 1237-19 du code du travail.
nelle collective. Pour démontrer que le projet de réorganisation de l’entre-
REMARQUE : un bloc de compétences, comparable à celui appli-
prise comportait la fermeture du site de production et le
cable en matière de plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), est transfert des activités et de l’ensemble des salariés, le syn-
confié au Dreets et, en cas de litige, au juge administratif par dicat requérant s’appuyait sur une note d’information
l’article L. 1237-19-8 du code du travail. On relèvera que l’admi- remise au comité social et économique avant la conclusion
nistration doit contrôler les vices affectant la négociation de de l’accord.
l’accord de RCC, par exemple, la fourniture par l’employeur aux
syndicats négociant l’accord d’informations erronées de nature La cessation d’activité de l’entreprise conduit manifeste-
à les inciter à conclure un accord peu favorable aux salariés. En ment à imposer une rupture à tous les salariés. Tous les
revanche, le contrôle du consentement individuel du salarié qui
adhère à l’accord de RCC relève du contrôle du juge judiciaire. emplois devant être supprimés, ils se voient privés de la
possibilité de choisir entre un départ volontaire et le main-
C’est le contrôle du juge administratif sur le premier point -
tien dans l’emploi.
la conformité de l’accord de RCC aux dispositions de
l’article L. 1237-19 du code du travail - qui était en cause ici. En cas de cessation d’activité de l’établissement, il
convient de distinguer selon que les contrats de travail des
L’accord prévoyait en effet qu’aucun licenciement n’inter-
salariés disposent ou non d’une clause de mobilité suscep-
viendrait pendant sa période d’application. Les salariés fai-
tible d’être mise en œuvre en vue de leur transfert vers
sant le choix de ne pas adhérer à l’accord de RCC
d’autres établissements de l’entreprise. S’ils n’en
n’auraient donc pas été licenciés pendant cette période. La
contiennent pas, ce qui était le cas en l’espèce comme le
RCC était donc, au sens strict, exclusive de tout licencie-
relève le Conseil d’État, pour pouvoir fermer l’établisse-
ment, ce qui avait justifié le rejet du recours du syndicat en
ment, l’employeur peut se voir contraint d’engager une
première instance, devant le tribunal administratif.
procédure de licenciement pour motif économique, le sala-
Mais, dans la mesure où, à terme, le site devait être fermé rié étant alors privé de la possibilité de choisir le maintien
et tous les postes supprimés, la cour administrative d’appel dans l’emploi. En revanche, s’ils comportent une clause de
de Versailles a donné raison au syndicat requérant : la fer- mobilité, l’employeur est susceptible de fermer l’établisse-
meture du site ayant été décidée en amont de la conclu- ment concerné en transférant les salariés vers d’autres éta-
sion de la rupture conventionnelle collective, les salariés blissements de l’entreprise.
concernés n’avaient pas été en mesure de faire un réel
choix entre un départ volontaire et le maintien dans leur REMARQUE : le Conseil d’État confirme la position prise par l’admi-
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34 © DICTIONNAIRE PERMANENT Social - Bulletin
A retenir
vail au moment de la fermeture de l’établissement n’était Le lendemain, le syndicat désigne un de ses adhérents
pas expressément envisagé, mais il était implicite. comme DS.
La RCC et un projet de licenciement collectif pour motif REMARQUE : rappelons que la renonciation écrite d’un candidat
économique sont-ils nécessairement exclusifs ? La ayant obtenu 10 % doit être préalable à la désignation d’un
réponse, affirmative en cas de cessation d’activité d’un éta- adhérent (◆ Cass. soc., 9 juin 2021, no 19-24.678).
blissement ou d’une entreprise, n’est pas certaine dans Mais quelques mois plus tard, c’est un autre DS qu’il faut
d’autres cas de figure. La jurisprudence du Conseil d’État remplacer. Et le syndicat désigne à nouveau cette salariée
viendra préciser comment ces dispositifs peuvent s’articu- ayant précédemment renoncé au mandat.
ler. L’employeur conteste cette désignation, au motif que la
renonciation au droit d’être désigné délégué syndical valait
REMARQUE : saisie de cette question dans la perspective de l’exa-
men d’une décision d’homologation du document unilatéral pour tout le cycle électoral.
d’un PSE, la cour administrative d’appel de Paris a jugé, dans Mais le tribunal et la Cour de cassation ne sont pas
un arrêt du 14 mars 2022 (◆ CAA Paris, 14 mars 2022, d’accord.
no 21PA06607), qu’un accord de rupture conventionnelle collec-
tive ne fait pas obstacle à ce que l’employeur établisse et Et la chambre sociale précise, pour la première fois que « la
mette en œuvre un PSE, dès lors que ce dernier respecte les renonciation par l’élu ou le candidat, ayant recueilli au
stipulations de l’accord qui lui sont applicables. En l’espèce, la moins 10 % des suffrages exprimés au premier tour des
réorganisation avait été engagée pendant la période de mise en dernières élections au CSE, au droit d’être désigné délégué
œuvre de l’accord.
syndical, qui permet au syndicat représentatif de désigner
◆CE, 4e-1re ch. réunies, 21 mars 2023, no 459626 un adhérent ou un ancien élu en application de l’alinéa 2 de
◆CE, 4e-1re ch. réunies, 21 mars 2023, no 446492 l’article L. 2143-3 précité, n’a pas pour conséquence de pri-
Clément GEIGER ver l’organisation syndicale de la possibilité de désigner
Laurence MECHIN ultérieurement, au cours du même cycle électoral, l’auteur
de la renonciation en qualité de délégué syndical ».
Étude « Rupture conventionnelle collective »
En d’autres termes, le salarié peut revenir sur sa
renonciation au cours du cycle électoral.
REMARQUE : à noter qu’il n’est cependant pas nécessaire d’obtenir
la renonciation des candidats ayant obtenu 10 % à chaque nou-
velle désignation de DS. En effet, l’avocate générale, dans son
Relations collectives avis publié avec l’arrêt, considère « important de souligner qu’il
convient de ne pas soumettre l’exception de l’article L. 2143-3
de travail du code du travail à un formalisme excessif ». Elle précise
ensuite que « les syndicats peuvent rencontrer des difficultés
pratiques à rassembler les renonciations afin de pouvoir dési-
gner un adhérent ». Elle en conclut, « qu’admettre qu’une
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© DICTIONNAIRE PERMANENT Social - Bulletin 35
A retenir
entreprises, puis elle rappelle ces règles permettant la dési- frages exprimés dans son collège au premier tour des der-
gnation d’un adhérent. nières élections au CSE, quel que soit le nombre de
Puis, elle cite un de ses arrêts antérieurs décidant que les votants (◆ C. trav., art. L. 2143-3).
candidats de la liste présentée par le syndicat en cause S’il est impossible de déroger à cette règle d’ordre public,
dans cette affaire, soit ne cotisent plus depuis plus d’une il apparaît souvent difficile de trouver des salariés qui
année, soit ne sont plus dans les effectifs de la société, acceptent le mandat de délégué syndical. C’est pourquoi,
« ce dont il résultait que l’organisation syndicale ne dispo- l’alinéa 2 de l’article L. 2143-3 du code du travail prévoit la
sait plus de candidats en mesure d’exercer un mandat de possibilité de désigner un adhérent, qui n’est pas un candi-
délégué syndical à son profit, (…) la désignation d’un adhé- dat aux élections dans certains cas, notamment en cas de
rent qui n’avait pas été candidat aux dernières élections
renonciation au droit d’être désigné par « l’ensemble des
professionnelles était valide » (◆ Cass. soc., 26 mars 2014,
élus qui remplissent les conditions ». La Cour de cassation
no 13-20.398).
s’est emparée de cette question, et sa jurisprudence est
En conséquence, elle exige du tribunal de rechercher, abondante.
comme il était soutenu, si le 4e candidat présenté par le
syndicat et ayant obtenu 10 % à titre personnel, « avait Dans cet arrêt du 5 avril 2023, la chambre sociale apporte
renoncé à l’activité syndicale et ne cotisait plus depuis plus une précision : cette renonciation n’est obligatoire que pour
de 2 ans à l’union locale ». les candidats présentés par le syndicat ayant recueilli au
moins 10 % des suffrages exprimés.
Ainsi, un adhérent peut être désigné si tous les candidats
ayant obtenu au moins 10 % présentés par le syndicat Désignation d’un adhérent en remplacement
renoncent par écrit. Mais un tel candidat qui n’a pas payé de son DS par un syndicat représentatif
ses cotisations syndicales n’est plus considéré comme
« étant en mesure d’exercer un tel mandat pour le syndicat Dans cette affaire, un syndicat représentatif désigne un de
qui l’a présenté sur sa liste pour les élections ses adhérents en remplacement de son DS.
professionnelles ». Celui-ci est considéré comme ayant, de L’employeur conteste au motif que la désignation d’un
ce fait, renoncé à ses activités syndicales, il ne peut donc adhérent est subordonnée à la condition que tous les can-
être exigé sa renonciation écrite préalable pour ouvrir au didats présentés par le syndicat aux dernières élections
syndicat le droit de désigner un de ses adhérents. En effet, professionnelles aient préalablement renoncé par écrit à
comme le souligne l’avocate générale dans son avis publié leur droit d’être désigné délégué syndical. Or, si le syndicat
avec l’arrêt : « en réalité, l’absence de cotisation syndicale justifiait bien de la renonciation écrite des candidats ayant
démontre que le salarié en cause n’est plus membre du obtenu au moins 10 %, ce n’était pas le cas d’un candidat
syndicat ». n’ayant pas obtenu 10 %. Pour ce dernier, le syndicat four-
REMARQUE : plus largement, on peut dire, à l’instar de l’avocate nit une attestation de renonciation au mandat postérieure à
générale que « dès lors que le syndicat peut démontrer que le la désignation litigieuse. Pour l’employeur, une telle attes-
salarié, candidat à l’élection et ayant obtenu 10 % des voix, tation ne constitue pas une renonciation écrite préalable à
n’est plus membre du syndicat, l’organisation syndicale repré- la désignation, et ne peut donc régulariser cette dernière.
sentative n’est pas tenue de le désigner », et n’a donc pas à
obtenir sa renonciation pour désigner un de ses adhérents. Il
REMARQUE : la Cour de cassation a en effet précisé que la
n’y a donc pas de règle précise quant à la durée d’absence de
paiement des cotisations, cette démission du syndicat pouvant renonciation écrite doit être préalable à la désignation de l’adhé-
être entérinée par d’autres faits (par exemple, si le syndicat rent comme DS (◆ Cass. soc., 9 juin 2021, no 19-24.678).
peut prouver qu’il milite pour un autre syndicat, ou s’il a fait
savoir publiquement qu’il n’est plus membre de son syndicat Renonciation des seuls candidats ayant obtenu
d’origine…). au moins 10 % des suffrages
A nouveau cette décision permet de protéger la liberté syn- Le tribunal judiciaire et la Cour de cassation ne sont pas
dicale, en n’exigeant pas d’un syndicat qu’il désigne un d’accord et la désignation de l’adhérent est validée.
salarié qui ne serait plus membre de l’organisation. Les juges rappellent tout d’abord les dispositions du code
◆Cass. soc., 19 avr. 2023, no 21-23.348 du travail. Ainsi, « l’article L. 2143-3 du code du travail, dans
sa rédaction issue de la loi no 2018-217 du 29 mars 2018,
◆Avis de l’avocate générale (arr. no 21-23.348)
fait obligation au syndicat représentatif qui désigne un délé-
◆Cass. soc., 19 avr. 2023, no 21-60.127 gué syndical de le choisir parmi les candidats aux élections
◆Avis de l’avocate générale (arr. no 21-60.127) professionnelles qui ont recueilli au moins 10 % des suf-
Séverine BAUDOUIN frages exprimés au premier tour des dernières élections au
comité social et économique. Aux termes du deuxième ali-
Étude « Droit syndical dans l’entreprise »
néa de ce texte, si aucun des candidats présentés par
l’organisation syndicale aux élections professionnelles ne
❚ Désignation du DS parmi les adhérents : remplit les conditions mentionnées au premier alinéa de ce
texte, ou s’il ne reste, dans l’entreprise ou l’établissement,
plus aucun candidat aux élections professionnelles qui rem-
seule compte la renonciation
des candidats ayant obtenu 10 % des suffrages plit ces conditions, ou si l’ensemble des élus qui rem-
plissent les conditions mentionnées audit premier alinéa
Un syndicat représentatif peut désigner renoncent par écrit à leur droit d’être désigné délégué syn-
un adhérent comme délégué syndical dical, le syndicat peut désigner un délégué syndical parmi
si les candidats qu’il a présentés renoncent les autres candidats ou, à défaut, parmi ses adhérents au
au droit d’être désigné. La Cour de cassation sein de l’entreprise ou de l’établissement ou parmi ses
précise que cette renonciation ne concerne anciens élus ayant atteint la limite de durée d’exercice du
que les candidats ayant obtenu 10 % mandat au comité social et économique fixée au deuxième
des suffrages à titre personnel alinéa de l’article L. 2314-33 ».
lors des élections professionnelles.
Ainsi, en conclut la chambre sociale, il résulte des disposi-
Le délégué syndical (DS) doit être choisi par l’organisation tions de l’article L. 2143-3, alinéa 2 du code du travail « que
syndicale représentative parmi les candidats aux élections la renonciation au droit d’être désigné délégué syndical, est
professionnelles qui ont recueilli au moins 10 % des suf- celle des candidats présentés par l’organisation syndicale
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36 © DICTIONNAIRE PERMANENT Social - Bulletin
A retenir
aux dernières élections professionnelles ayant recueilli au Réinterrogée à ce sujet, la chambre sociale opère un revi-
moins 10 % des suffrages exprimés ». rement de jurisprudence au titre de la liberté syndicale, et
La Cour de cassation confirme ainsi sa jurisprudence à ce autorise les syndicats représentatifs à choisir librement son
sujet : la renonciation est celle des candidats présentés par délégué syndical parmi les élus du CSE.
l’organisation syndicale, il n’est donc pas obligatoire de pro- Désignation comme DS d’un élu présenté
poser le mandat aux candidats ayant obtenu au moins sur la liste d’un autre syndicat aux dernières
10 % présentés sur d’autres listes syndicales, même si élections professionnelles
cela est possible (◆ Cass. soc., 23 févr. 2013, no 12-15.807
Dans cette affaire, dans une entreprise de moins de
◆ Cass. soc., 8 juill. 2020, no 19-14.605).
50 salariés, un salarié est élu au CSE sur une liste CFTC.
Mais elle apporte une précision concernant la renonciation Ce salarié est désigné comme délégué syndical, mais il
des candidats de l’organisation syndicale en cause : la démissionne de ce mandat syndical quelques mois plus
renonciation écrite préalable n’est exigée que des candi- tard, tout en restant membre du CSE.
dats ayant obtenu au moins 10 % des suffrages.
C’est alors que la CFDT le désigne comme son DS.
REMARQUE : il demeurait en effet un doute à ce sujet, suite à l’arrêt L’employeur conteste cette désignation, et celle-ci est
du 8 juillet 2020. La Cour de cassation avait précisé que, eu annulée, conformément à la jurisprudence de la Cour de
égard aux travaux préparatoires à la loi no 2018-217 du 29 mars
2018, l’exception prévue à l’alinéa 2 de l’article L. 2143-3 du code cassation.
du travail « doit être interprétée en ce sens que lorsque tous les Mais le salarié et le syndicat contestent, arguant que c’est
élus ou tous les candidats qu’elle a présentés aux dernières élec-
tions professionnelles ont renoncé à être désignés délégué syn- au seul syndicat désignataire d’apprécier si l’élu est en
dical, l’organisation syndicale peut désigner comme délégué syn- mesure d’accomplir sa mission.
dical l’un de ses adhérents au sein de l’entreprise ou de Et c’est la logique que retient la chambre sociale dans cet
l’établissement ou l’un de ses anciens élus ayant atteint la limite
de trois mandats successifs au CSE ». Ainsi, la renonciation est arrêt, modifiant ainsi sa jurisprudence en la matière.
exigée non seulement des élus, mais aussi des candidats pré-
sentés par le syndicat. En précisant que, parmi ses candidats, Une évolution nécessaire de la jurisprudence
seuls ceux ayant obtenu au moins 10 % des suffrages sont au nom de la liberté syndicale
concernés par cette renonciation écrite préalable, la Cour de cas-
sation tranche le doute résultant de la formulation de sa décision La Cour de cassation commence par rappeler les disposi-
de 2020. tions de l’article L. 2143-6 du code du travail imposant la
Et dans cette affaire, la Cour de cassation constate que désignation d’un membre du CSE comme DS dans les
« sur les dix candidats présentés par le syndicat aux élec- entreprises de moins de 50 salariés. Celui-ci ne bénéficie
tions professionnelles, cinq candidats avaient été désignés pas d’heures de délégation supplémentaires pour ce man-
en qualité de délégué syndical et que, parmi les cinq dat, mais peut utiliser son crédit d’heures d’élu dans ce
autres, les deux seuls candidats ayant obtenu au moins cadre.
10 % des suffrages avaient renoncé à leur droit d’être dési- REMARQUE : l’article L. 2143-6 du code du travail vise en fait « les
gnés délégué syndical ». Le syndicat avait donc valable- établissements de moins de 50 salariés », mais la Cour de cas-
ment désigné l’un de ses adhérents en qualité de délégué sation a précisé qu’un élu ne peut être désigné comme délégué
syndical. syndical dans un établissement de moins de 50 salariés qui
dépend d’une entreprise de plus de 50 salariés (◆ Cass. soc.,
◆Cass. soc., 5 avr. 2023, no 21-24.752 29 avr. 2009, no 08-60.484). Il s’agit donc bien des seules entre-
Séverine BAUDOUIN prises de moins de 50 salariés, avec la possibilité de désigner
un DS pour chacun de ses établissements, le cas échéant, ce
Étude « Droit syndical dans l’entreprise » qui reste assez rare.
Puis, est rappelée la jurisprudence de la chambre sociale,
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A retenir
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A retenir
Mais le tribunal valide la désignation, considérant que L’employeur peut demander en référé l’indication
l’incapacité d’exercer un mandat syndical n’est que relative de l’utilisation des heures de délégation…
au syndicat qui l’avait désigné initialement. Tout d’abord, l’employeur souhaitait obtenir du juge des
référés qu’il enjoigne au salarié, sous astreinte, de préciser
Incapacité du salarié d’exercer le mandat de RSS les dates et heures de délégation et d’indiquer les activités
jusqu’aux 6 mois précédant les élections
exercées durant son crédit d’heures. La cour d’appel lui a
La Cour de cassation donne raison à l’employeur. donné raison, estimant en effet que le tableau produit par
Elle rappelle les dispositions relatives au RSS, et en déduit le représentant du personnel, qui déclinait mois par mois
« que l’interdiction de désigner en qualité de représentant ses heures de délégation et ses activités au titre de ses
d’une section syndicale jusqu’aux 6 mois précédant la date mandats, était insuffisamment précis. A l’appui de son
des élections professionnelles suivantes dans l’entreprise pourvoi, le salarié reproche aux juges du fond d’avoir
un salarié, précédemment désigné en qualité de représen- excédé leurs pouvoirs et inversé la charge de la preuve en
tant de section syndicale dont le mandat a pris fin lors des lui ordonnant de fournir la justification de l’utilisation de ses
dernières élections professionnelles dès lors que le syndi- heures de délégation.
cat qui l’a désigné n’est pas reconnu représentatif dans Telle n’est pas la vision de la Cour de cassation qui valide
l’entreprise, est opposable à toute organisation syndicale la position de la cour d’appel. Ce faisant la Haute juridiction
non représentative dans l’entreprise, qu’elle soit ou non confirme sa jurisprudence constante sur le sujet en rappe-
celle ayant précédemment désigné le salarié en qualité de lant que si l’employeur ne peut pas exiger devant le juge
représentant de section syndicale ». des référés la justification de l’utilisation des heures de
Ainsi, l’incapacité à être de nouveau désigné comme RSS délégation (◆ Cass. soc., 22 avr. 1992, no 89-41.253), il
jusqu’aux 6 mois précédant la date des élections suivantes peut en revanche saisir avant contestation cette juridiction
suite à l’échec aux élections professionnelles du syndicat pour obtenir du salarié des indications sur cette utilisation
qui l’a désigné, est une incapacité totale touchant la per- (◆ Cass. soc., 8 juill. 1992, no 90-43.980).
sonne du salarié en cause. Il ne peut être désigné comme
REMARQUE : l’employeur, une fois doté des indications sur l’utilisa-
RSS par aucun syndicat non représentatif.
tion des heures de délégation par le salarié, peut saisir le juge
◆Cass. soc., 19 avr. 2023, no 21-23.483 au fond d’une demande de remboursement des heures dont il
Séverine BAUDOUIN estime que leur utilisation n’est pas conforme avec l’objet du
mandat, à charge pour lui d’en apporter la preuve (◆ Cass. soc.,
Étude « Droit syndical dans l’entreprise » 1er déc. 1993, no 89-44.297).
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A retenir
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A retenir
du travail prévoit que lorsque le CSE est appelé à siéger pour CSE et de l’expert selon la procédure accélérée au fond, la
examiner le rapport relatif à l’accord de participation, les ques- cour d’appel avait condamné la société à transmettre à
tions ainsi examinées font l’objet de réunions distinctes ou
d’une mention spéciale à son ordre du jour. Il n’est nullement l’expert une série de documents et prolongé de 2 mois le
rattaché à la consultation sur la situation économique et finan- délai imparti au comité pour rendre son avis à compter de
cière. Enfin, ce rapport comporte les éléments servant de base la notification de la décision, les documents devant être
au calcul de la réserve spéciale de participation et des indica- transmis à l’expert dans les 15 jours suivant cette notifica-
tions précises sur la gestion et l’utilisation des sommes affec-
tées à cette réserve. Or, ces dernières n’ont pas été intégrées tion.
à la BDESE. Même s’il est possible de faire le choix d’intégrer
ces informations dans la BDESE, ce rapport constituant une REMARQUE : les éléments dont la communication avait été ordon-
information récurrente, un rapport ad hoc doit donc bien être née par la cour d’appel étaient les suivants : suivi mensuel des
établi et présenté au CSE dans le cadre d’une information spé- effectifs de l’année précédente ; livre de paie « détaillant
cifique, laquelle doit avoir lieu dans un certain délai (6 mois qui globalement » toutes les rubriques des rémunérations versées
suivent la clôture de chaque exercice), ce qui ne correspond au personnel durant les 2 années précédentes, par catégorie de
pas forcément avec la consultation sur la situation économique personnel ; pour les salariés cadres et Etam, fichiers électro-
et financière et son expertise y afférente. Il semble que ce soit niques des rémunérations comprenant, notamment, le
ce délai de présentation du rapport, lié à la clôture de l’exercice, matricule, le sexe, la date de naissance, l’entreprise d’origine
qui justifie que la Cour de cassation considère que cette exper- pré-fusion, le service de rattachement, la date d’entrée dans
tise « participe de la consultation sur la situation économique et l’effectif de l’entreprise et la date d’ancienneté, l’intitulé précis
financière de l’entreprise ». du poste, la nature du contrat de travail et, le cas échéant,
l’échéance de celui-ci, les rémunérations devant être ventilées
◆Cass. soc., 5 avr. 2023, no 21-24.752 en salaire de base mensuel, primes de 13e mois, de vacances,
Séverine BAUDOUIN de fin d’année, d’ancienneté, bonus et primes exceptionnelles,
avantages en nature, les horaires devant être précisés…
Études « CSE : réunions et attributions » et « Participation
des salariés » La société s’était pourvue en cassation contre l’arrêt de la
cour d’appel. A l’appui de son pourvoi, elle faisait valoir
notamment deux arguments.
❚ La BDESE n’est pas une fin en soi Selon elle tout d’abord, l’employeur remplirait son obliga-
tion de communiquer les pièces utiles à la consultation
pour l’expert du CSE annuelle du CSE sur la politique sociale de l’entreprise
L’information à laquelle a droit « dès lors qu’il met à disposition du comité, et par suite de
l’expert-comptable désigné par le CSE l’expert désigné par ce dernier », l’ensemble des éléments
dans le cadre de sa consultation devant figurer dans la BDES (aujourd’hui BDESE), les-
sur la politique sociale de l’entreprise quelles sont des moyennes ou des médianes ou des don-
ne se borne pas à celle à la disposition nées collectives, telles que définies à l’article R. 2312-9 du
du comité dans la BDESE en vue code du travail, et il ne serait « pas tenu, en revanche, de
de cette consultation, mais peut porter fournir au comité, ni à l’expert désigné par ce dernier, » des
sur d’autres données si elles sont nécessaires informations individuelles sur la rémunération de chacun
à l’exercice de la mission de l’expert : c’est des salariés ; par conséquent, selon la société, la demande
ce que vient de confirmer la Cour de cassation. de l’expert relative aux fichiers électroniques de rémunéra-
tion pour les salariés cadres et Etam, comportant des infor-
Pendant longtemps, et après un « pic de départ » dans les
mations individuelles sur chaque salarié et sa rémunéra-
années 1990, la jurisprudence, au moins au niveau de la
tion, excédait ce qui était nécessaire à l’accomplissement
Cour de cassation, sur l’accès de l’expert du comité
de la mission de l’expert.
d’entreprise à l’information a été relativement rare, mais
les décisions se sont faites plus fréquentes dernièrement, La société soutenait, en second lieu, que l’expert désigné
avec la disparition du comité d’entreprise et la création du par le CSE dans le cadre de sa consultation sur la politique
CSE. sociale ne peut pas exiger de documents n’existant pas et
dont la production n’est pas obligatoire et l’employeur n’a
En témoignent deux arrêts récents, rendus à propos de
pas à constituer, pour les seuls besoins de l’expertise, des
l’expert désigné par le CSE dans le cadre de sa consulta-
fichiers électroniques en procédant, à la place de l’expert,
tion sur la politique sociale de l’entreprise, les conditions de
à un retraitement de données issues de différents docu-
travail et l’emploi prévus à l’article L 2312-17 du code du
ments légaux tels que bulletins de paie, registres du per-
travail. Ces arrêts sont, certes, confirmatifs, mais ils
sonnel et livres de paie. En l’espèce, les fichiers réclamés
méritent d’être signalés dans la mesure, d’une part, où ils
par l’expert n’existant pas et ne correspondant à aucun
constituent d’intéressantes illustrations des éléments que
document dont la confection est légalement obligatoire
peut demander l’expert-comptable du CSE consulté sur la
pour l’employeur, il ne pouvait lui être imposé de les éta-
politique sociale de l’entreprise et où, d’autre part, la posi-
blir, leur confection impliquant un travail d’analyse de don-
tion de la chambre sociale de la Cour de cassation en la
nées relevant de la mission de l’expert qu’il lui appartenait
matière semble se heurter à l’incompréhension de certains
d’effectuer à partir des documents déjà fournis.
employeurs ou conseils de ceux-ci.
Le pourvoi de la société est rejeté.
L’employeur peut devoir communiquer à l’expert Elle « évacue » tout d’abord, si l’on peut dire, le second
des fichiers contenant des informations individuelles… argument de l’employeur. Après avoir énoncé la règle
Dans le premier arrêt (no 21-24.208), l’expert saisi par le selon laquelle l’expert-comptable du CSE ne peut pas exi-
CSE dans le cadre de sa consultation récurrente sur la poli- ger la production de documents n’existant pas et dont
tique sociale avait demandé, immédiatement après sa dési- l’établissement n’est pas obligatoire pour l’entreprise, la
gnation, les informations et documents qu’il estimait utiles Cour de cassation juge que la cour d’appel avait fait ressor-
à la réalisation de sa mission. La société ne lui avait, malgré tir l’existence des fichiers électroniques de rémunération
une relance rapide, pas communiqué certains d’entre eux des Etam et des cadres demandés par l’expert : la société
puis, plusieurs mois après, lors de la réunion de consulta- avait indiqué, par courrier électronique, transmettre les élé-
tion, avait indiqué qu’elle considérait les pièces déjà trans- ments sollicités par l’expert-comptable pour les compa-
mises comme « nécessaires et suffisantes à l’expertise gnons et précisé qu’elle le ferait ensuite pour les Etam et
sur la politique sociale de l’entreprise ». Sur assignation du cadres ; les juges avaient relevé que la société ne dévelop-
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A retenir
pait aucun motif valable pouvant justifier la transmission entreprises d’au moins 300 salariés et en l’absence
des fichiers pour les premiers et non pour les derniers ; la d’accord sur le sujet, l’employeur met à la disposition du
taille et la structure de la société ne lui permettait pas de CSE dans la BDES en vue de cette consultation. Elle faisait
prétendre qu’elle ne disposait pas des documents récla- aussi valoir que des informations chiffrées sur les rémuné-
més sur les effectifs et les salaires de son personnel. rations et charges accessoires figuraient dans le bilan social
La chambre sociale rejette également le premier argument (◆ C. trav., art. L. 2312-28 à L. 2312-35) et que la BDES
de l’employeur. La cour d’appel avait relevé que la commu- comportait des informations sur la hiérarchie des rémuné-
nication, pour l’ensemble des salariés, du suivi mensuel rations (◆ C. trav., art. R. 2312-9) et que, en revanche, les
des effectifs de l’année précédente, du livre de paie textes ne prévoyaient pas que l’employeur doive fournir
« détaillant globalement » toutes les rubriques des rému- des informations brutes individualisées.
nérations versées au personnel durant les 2 années précé- Le pourvoi de la société est également rejeté dans cette
dentes, par catégorie de personnel, ainsi que, pour les affaire, sur le fondement du même trio d’articles L. 2315-
cadres et les Etam, des fichiers électroniques n’excédait 91, L. 2312-26, I et L. 2315-83 du code du travail. La cour
pas la mission légale de l’expert, faisant ainsi ressortir que d’appel avait énoncé, d’une part, que la production des
cette communication était nécessaire à l’exercice de la données brutes réclamées par l’expert s’avérait nécessaire
mission d’expertise dans le cadre de la consultation sur la à la réalisation de sa mission d’analyse de la politique
politique sociale de l’entreprise, les conditions de travail et sociale de l’entreprise, notamment sur l’évolution des
l’emploi. salaires et sur les informations et les indicateurs chiffrés
Elle ajoute qu’il importait peu que les informations deman- sur la situation comparée des femmes et des hommes
dées ne soient pas au nombre de celles devant figurer pour chacune des catégories professionnelles de l’entre-
dans la base de données du comité. prise et que, d’autre part, les informations retraitées et
consolidées, seules produites par la société, étaient sus-
En affirmant que le droit d’accès de l’expert à l’information ceptibles de fausser l’analyse de l’expert.
ne se limite pas au contenu de la BDESE mais est condi-
tionné par le contenu de sa mission, l’arrêt confirme égale- Et la chambre sociale d’ajouter qu’il importait peu que les
ment de précédentes décisions (◆ Cass. soc., 23 mars informations demandées ne fussent pas au nombre de
2022, no 20-17.186 et, surtout, de manière plus explicite celles devant figurer dans le bilan social, en application de
◆ Cass. soc., 18 mai 2022, no 20-21.444). l’article L. 2312-30 ou dans la BDES en application des
articles L. 2312-36, R. 2312-9 et R. 2312-20 du code du tra-
La solution est d’ailleurs fondée sur les 3 mêmes articles du vail.
code du travail que ce dernier arrêt : L. 2315-91, qui affirme
le droit pour le CSE de recourir à un expert-comptable dans ◆Cass. soc., 19 avr. 2023, nos 21-24.208 et 21-25.563
le cadre de sa consultation sur la politique sociale de l’entre- Pascale PEREZ DE ARCE
prise, L. 2312-26, sur l’objet de cette consultation, et Étude « CSE : réunions et attributions »
L. 2315-83, sur l’obligation pour l’employeur de fournir à
l’expert les informations nécessaires à l’exercice de sa mis-
sion.
❚ La rupture conventionnelle avec un salarié
REMARQUE le trio d’articles visé par la décision résume, d’une
: protégé harcelé ou discriminé peut-elle être
certaine manière, le raisonnement à tenir en la matière : le CSE
a le droit de se faire aider d’un expert dans le cadre d’une autorisée ?
consultation ; cette consultation a un objet déterminé, lequel Pour le Conseil d’État, des faits
limite le droit de l’expert à l’information ; à l’intérieur de cette
limite, et pour donner un effet utile au droit du comité, de harcèlement moral ou de discrimination
l’employeur est tenu de fournir à l’expert les éléments deman- ne font pas obstacle, par eux-mêmes,
dés. Ce raisonnement pourrait être, à notre sens, transposable à la rupture conventionnelle conclue
à d’autres consultations du CSE donnant lieu à expertise. avec un salarié protégé. L’inspecteur du travail
… ainsi que des informations brutes individualisées, y ne doit refuser d’autoriser la rupture
compris relatives à des cadres supérieurs que si ces faits ont vicié le consentement
du salarié.
Dans la seconde affaire (no 21-25.563), la cour d’appel avait
condamné la société à transmettre à l’expert-comptable La rupture conventionnelle conclue avec un salarié protégé
désigné par le CSE pour l’assister dans le cadre de sa n’est pas homologuée par le Dreets, mais autorisée par
consultation sur la politique sociale, dans les 10 jours de la l’inspecteur du travail en raison de la protection exorbitante
signification de la décision sous peine d’une astreinte pro- du droit commun dont bénéficie l’intéressé (◆ C. trav.,
visoire, l’extraction d’informations brutes, individuelles et art. L 1237-15). C’est donc le juge administratif, et non le
anonymisées sur la totalité de l’effectif, avait prorogé de juge judiciaire, qui est compétent pour statuer, en cas de
2 mois le délai de consultation du comité, le point de litige, sur la validité de la rupture, même si le salarié
départ de ce délai étant fixé au jour de la remise par la invoque un vice du consentement (◆ Cass. soc., 26 mars
société des documents à l’expert. 2014, no 12-21.136 ◆ Cass. soc., 20 déc. 2017, no 16-
14.880).
REMARQUE : parmi les éléments dont la transmission était ordon-
née par la cour d’appel figurait notamment une extraction Dans une décision inédite qui sera mentionnée aux tables
d’informations brutes, individuelles et anonymisées concernant du recueil Lebon, le Conseil d’État se prononce sur le
les cadres de niveaux 9, 9 + et « HC », y compris les données contrôle exercé par l’inspecteur du travail – et, en cas de
relatives aux sites et services de rattachement, et au libellé de litige, par le juge administratif – sur la demande d’autorisa-
l’emploi.
tion de rupture conventionnelle du contrat de travail d’un
La société soutenait notamment que l’employeur n’est salarié protégé.
tenu de communiquer à l’expert désigné par le CSE dans
le cadre de sa consultation sur la politique sociale de Les points de contrôle de l’inspecteur du travail
l’entreprise que les pièces utiles à cette consultation, à Le Conseil d’État fixe, pour la première fois à notre
savoir les éléments recensés à l’article R. 2312-20 du code connaissance, le cadre du contrôle devant être exercé par
du travail, qui détermine les informations que, dans les l’inspecteur du travail saisi d’une demande d’autorisation
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A retenir
de la rupture conventionnelle conclue avec un salarié pro- administratif, qui s’est notamment appuyé sur l’ancienneté
tégé. des manquements de l’employeur et les conditions de
L’inspecteur du travail doit vérifier : conclusion de la convention de rupture. Il appartient donc à
l’inspecteur du travail et, en cas de litige, au juge adminis-
– qu’il est bien saisi d’une demande d’autorisation tratif d’examiner au cas par cas les circonstances de fait
de rupture conventionnelle au sens des articles L. 1237-11 pour déterminer si le consentement du salarié a été vicié.
et suivants du code du travail, et non d’une rupture amiable
conclue dans le cadre d’un accord de GPEC, d’un plan de REMARQUE : ainsi, le Conseil d’État adopte la même position que
sauvegarde de l’emploi ou d’un accord de mobilité ou de la Cour de cassation, qui juge de manière constante à propos
rupture conventionnelle collective ; des salariés non protégés qu’aucune circonstance ne permet,
par elle-même, d’annuler la rupture conventionnelle. Ainsi, la
– que la procédure et les garanties fixées par le code du rupture n’est pas nulle du seul fait de l’existence d’un différend
travail ont bien été respectées : négociation de la conven- opposant les parties au moment de sa conclusion
tion, contenu, indemnité de rupture et observation du délai (◆ Cass. soc., 23 mai 2013, no 12-13.865) ou de faits de harcè-
lement (◆ Cass. soc., 23 janv. 2019, no 17-21.550). Mais si
de rétractation ; l’examen des circonstances met en évidence un vice du
– et que les parties ont librement consenti à cette rupture, consentement, la rupture est annulée : ainsi jugé en cas de har-
cèlement moral (◆ Cass. soc., 28 janv. 2016, no 14-10.308
qui ne doit pas avoir été imposée. ◆ Cass. soc., 29 janv. 2020, no 18-24.296) ou sexuel
(◆ Cass. soc., 4 nov. 2021, no 20-16.550), ou de menaces et
REMARQUE : ainsi, l’inspecteur du travail exerce, a minima, un pressions de l’employeur (◆ Cass. soc., 8 juill. 2020 no 19-
contrôle identique à celui opéré par le Dreets lorsqu’il est saisi 15.441).
d’une demande d’homologation d’une rupture conventionnelle
conclue avec un salarié « ordinaire ». ◆CE, 13 avr. 2023, no 459213
Le Conseil d’État précise que l’inspecteur du travail doit en Laurence MECHIN
outre vérifier, au vu des pièces du dossier, qu’aucune cir- Étude « Représentants du personnel (Protection) »
constance en rapport avec le mandat exercé par le salarié ou
avec son appartenance syndicale n’a vicié son consente-
ment.
Le consentement du salarié protégé à la rupture n’est pas
❚ Licenciement du salarié protégé : le coemploi
éclipsé au profit d’une recherche du véritable
libre s’il a été extorqué par l’employeur ayant exercé des
pressions sur lui pour obtenir son départ de l’entreprise, en employeur
raison de ses fonctions représentatives. En cas de licenciement d’un salarié protégé
pour cessation d’activité d’une entreprise
REMARQUE : cette précision du Conseil d’État s’appuie sur un argu-
appartenant à un groupe, l’inspecteur
ment textuel : l’article L. 1237-15 du code du travail, applicable
à la rupture conventionnelle conclue avec un salarié protégé, du travail ne doit pas contrôler l’existence
renvoie aux dispositions de ce code relatives au licenciement d’un coemploi mais rechercher le véritable
dudit salarié. Et donc, notamment, aux articles R. 2421-7 et employeur de l’intéressé, juge le Conseil
R. 2421-16 qui imposent à l’inspecteur du travail saisi d’une d’État.
demande d’autorisation de licenciement de rechercher si cette
mesure est en lien avec son mandat ou son appartenance syn- Lorsqu’il est saisi d’une demande d’autorisation de licen-
dicale. ciement d’un salarié protégé pour motif économique par
Sauf vice du consentement, harcèlement une entreprise appartenant à un groupe, l’inspecteur du tra-
et discrimination n’empêchent pas la rupture vail doit-il rejeter la demande s’il constate une situation de
« coemploi » avec une autre société que la société
Si l’inspecteur du travail constate que le salarié fait l’objet
employeur ? La question n’avait jamais été tranchée par le
d’un harcèlement ou d’une discrimination en lien avec son
Conseil d’État. C’est chose faite avec l’arrêt rendu le
mandat, doit-il systématiquement refuser d’autoriser la rup-
28 avril 2023, qui sera publié au recueil Lebon.
ture conventionnelle ? Le Conseil d’État répond par la
négative, reprenant à son compte un principe posé par la Une demande d’autorisation de licenciement
Cour de cassation à propos des salariés non protégés. pour cessation d’activité
Dans cette affaire, un salarié titulaire de mandats électifs et Dans cette affaire, neuf salariés protégés faisaient l’objet
conseiller prud’homme avait attaqué son employeur pour d’une demande d’autorisation de licenciement en raison de
harcèlement moral et discrimination syndicale, et obtenu la cessation d’activité de leur entreprise, qui appartenait à
gain de cause en appel devant le juge judiciaire. Il avait un groupe.
demandé la résiliation judiciaire de son contrat de travail, et Avant même que la loi Travail du 8 août 2016 (no 2016-
l’employeur avait en parallèle engagé une procédure de 1088) n’intègre dans le code du travail la cessation d’acti-
licenciement. L’inspecteur du travail ayant refusé d’autori- vité comme une situation justifiant un licenciement écono-
ser la rupture, les parties avaient finalement signé une rup- mique (◆ C. trav., art. L. 1233-3, 4o), le Conseil d’État
ture conventionnelle, mettant ainsi un terme à leur litige. reconnaissait déjà le caractère autonome de ce motif. Cela
Mais le salarié avait ensuite demandé l’annulation de cette signifie qu’en cas de demande d’autorisation de licencie-
rupture, au motif que son consentement était vicié par le ment économique fondée sur la cessation d’activité de
harcèlement et la discrimination qu’il avait subis. l’entreprise l’inspecteur du travail doit seulement vérifier
La cour administrative d’appel saisie du litige a débouté le que la cessation est totale et définitive. Il n’effectue pas le
salarié. Son analyse est approuvée par le Conseil d’État, contrôle classique de l’existence de mutations technolo-
selon lequel l’existence de faits de harcèlement moral ou giques, de difficultés économiques ou d’une menace
de discrimination syndicale n’est pas de nature, par elle- pesant sur la compétitivité de l’entreprise (◆ CE, 8 avr.
même, à faire obstacle à ce que l’inspection du travail auto- 2013, no 348559).
rise une rupture conventionnelle. A cet égard, lorsque l’entreprise appartient à un groupe, la
Seul le vice du consentement qui résulterait du harcèle- circonstance qu’une autre société du groupe ait poursuivi
ment ou de la discrimination justifie l’annulation de la rup- une activité de même nature ne fait pas en soi obstacle à
ture. Or tel n’était pas le cas, en l’espèce, selon le juge ce que la cessation d’activité soit reconnue comme totale
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A retenir
et définitive. En revanche, le Conseil d’État juge que l’admi- l’existence d’un coemploi pour annuler l’autorisation admi-
nistration doit tenir compte de toute autre circonstance nistrative, alors que seule la circonstance qu’une autre
pouvant faire obstacle au licenciement, notamment une entreprise est, en réalité, le véritable employeur des sala-
reprise, même partielle, de l’activité de l’entreprise qui riés protégés pouvait entraîner le rejet de la demande
impliquerait un transfert du contrat de travail du salarié à un d’autorisation.
nouvel employeur en application de l’article L. 1224-1 du
code du travail (◆ CE, 22 mai 2015, no 375897 ◆ CE, REMARQUE : la solution s’inscrit dans la droite ligne de la position
prise par la Haute juridiction administrative dans un arrêt rendu
22 mai 2015, no 381926). en 2016 par lequel, déjà, elle écartait la prise en compte par
l’administration d’une situation de coemploi, au profit d’une
Un refus de l’administration fondé sur l’existence recherche du « véritable employeur » des salariés (◆ CE sect.,
d’un coemploi dans le groupe 17 oct. 2016, no 386306). Le contexte était celui de l’homologa-
Une situation de « coemploi » dans le groupe, telle que tion par le Direccte (aujourd’hui « Dreets ») d’un document uni-
latéral portant PSE dans une entreprise appartenant à un
définie par la jurisprudence de la Cour de cassation, consti- groupe.
tue-t-elle une circonstance susceptible de remettre en Selon les conclusions du rapporteur public sur cette affaire,
cause le caractère autonome du licenciement pour cessa- la recherche du véritable employeur fait référence à la
tion d’activité ? notion de personne morale transparente utilisée par le juge
Pour la Cour de cassation, la réponse est positive : administratif de longue date pour identifier, derrière une
lorsqu’un salarié a pour coemployeurs des entités faisant entité privée, une personne publique sous-jacente à qui
partie d’un même groupe, la cessation d’activité de l’une doivent être attribuées certaines responsabilités ou obliga-
d’elles ne peut constituer une cause économique de licen- tions. Le recours à cette technique dans le cadre du droit
ciement qu’à condition d’être justifiée par des difficultés du travail consiste non pas à savoir s’il existe deux coem-
économiques, par une mutation technologique ou par la ployeurs, mais à savoir si la personne morale employeur
nécessité de sauvegarder la compétitivité du secteur d’acti- des salariés n’est pas fictive.
vité du groupe (◆ Cass. soc., 18 janv. 2011, no 09-69.199).
Coemploi et véritable employeur :
REMARQUE après avoir fait émerger la notion de coemploi au
: vers des critères similaires ?
regard des rapports de domination économique entre deux
sociétés (par opposition au coemploi classique fondé sur l’exis- L’arrêt du Conseil d’État rendu le 28 avril 2023 reprend la
tence d’un lien de subordination), la chambre sociale de la Cour technique de la recherche du véritable employeur dans le
de cassation en a progressivement durci les critères de recon- contexte de la demande d’autorisation de licenciement du
naissance. En l’état actuel, elle juge qu’en dehors de l’exis- salarié protégé pour motif économique. Le juge ne donne
tence d’un lien de subordination une société faisant partie d’un
groupe ne peut être qualifiée de coemployeur du personnel pas de précisions sur les critères de reconnaissance de la
employé par une autre que s’il existe une immixtion perma- personne morale transparente ou fictive. Mais ces critères
nente de cette société dans la gestion économique et sociale pourraient rejoindre ceux du coemploi, à la faveur de l’évo-
de la société employeur, conduisant à la perte totale d’autono- lution de la jurisprudence judiciaire. En effet, dans la note
mie d’action de cette dernière, et ce, au-delà de la nécessaire
coordination des actions économiques entre sociétés du même explicative relative à l’arrêt de novembre 2020, qui a fixé la
groupe et de l’état de domination économique que cette appar- conception restrictive du coemploi (voir ci-dessus), la
tenance peut engendrer (◆ Cass. soc., 25 nov. 2020, no 18- chambre sociale de la Cour de cassation indiquait que cette
13.769 ◆ Cass. soc., 23 nov. 2022, no 20-23.206). définition « se rapproche de la notion de transparence de la
Dans l’affaire des neuf salariés protégés, le ministre du tra- personne morale utilisée par le Conseil d’État ».
vail avait autorisé leur licenciement, mais la cour adminis- Les deux voies du coemploi et du véritable employeur
trative d’appel avait approuvé l’annulation de cette décision pourraient donc aboutir à un contrôle similaire, ce qui évite-
au motif qu’il existait une situation de coemploi entre la rait le risque de solutions divergentes rendues dans le
société et le groupe dont elle relève faisant obstacle à une cadre d’une même affaire pour les salariés protégés et non
autorisation administrative de licenciement pour cessation protégés. Le risque existe également pour un même sala-
d’activité de la société employeur. Elle calquait ainsi son rai- rié protégé, dans l’hypothèse où le juge judiciaire resterait
sonnement sur celui de la Cour de cassation. compétent pour examiner la question du coemploi, même
La recherche d’un véritable employeur, en présence d’une autorisation administrative de licencie-
pas celle d’un coemployeur ment.
Le Conseil d’État annule les neuf arrêts de la cour adminis- REMARQUE : la Cour de cassation jugeait jusqu’à présent que, si
trative d’appel. Il commence par rappeler le principe du l’inspecteur du travail ne s’est pas prononcé sur l’existence
caractère autonome de la cessation d’activité, à condition d’un coemploi, le juge judiciaire est compétent sur ce point
qu’elle soit totale et définitive, comme motif de licencie- (◆ Cass. soc., 30 sept. 2015, no 13-27.872). La notion de
« coemploi » étant désormais jugée inopérante pour l’adminis-
ment économique, mais l’assortit de deux exceptions. Le tration, le juge judiciaire pourra-t-il encore l’examiner, y compris
licenciement doit être refusé : si celle-ci a déjà contrôlé l’existence d’un « véritable
employeur » ? La coexistence de deux notions proches, mais
– s’il apparaît que le contrat de travail doit être regardé distinctes, pour appréhender la même problématique des rap-
comme transféré à un nouvel employeur. Ce principe avait ports de domination économique entre sociétés d’un groupe
déjà été posé (voir ci-dessus) ; présente l’inconvénient de ne pas régler immédiatement l’appli-
cation du principe de séparation des pouvoirs.
– s’il est établi qu’une autre entreprise est, en réalité, le
véritable employeur du salarié. ◆CE, 28 avr. 2023, no 453087
Fanny DOUMAYROU
Au regard de cette deuxième exception, la cour administra-
tive d’appel a commis une erreur de droit en retenant Études « Représentants du personnel (Protection) »
et « Licenciement économique : procédures »
Juin 2023
44 © DICTIONNAIRE PERMANENT Social - Bulletin
A retenir
❚ Le salarié protégé inapte qui fait obstacle l’impossibilité de s’acquitter loyalement de son obligation
de reclassement. En effet, selon le Conseil d’État, dans de
au reclassement peut être licencié pour faute
telles circonstances particulières, l’employeur aurait légale-
Lorsqu’un salarié protégé est déclaré inapte ment pu envisager un licenciement pour un autre motif
à son poste par le médecin du travail, que l’inaptitude – ici, un motif disciplinaire, tenant à la
l’inspecteur du travail ne peut pas, déloyauté de la salariée.
en principe, autoriser son licenciement
pour un motif autre que l’inaptitude. La Cour de cassation retient, elle aussi, quelques excep-
Toutefois, par exception, le licenciement peut tions au principe lorsque la recherche d’une solution de
être prononcé pour un autre motif lorsque reclassement est vouée à l’échec. Ainsi, le salarié déclaré
la recherche de reclassement est vouée inapte peut être licencié pour motif économique lorsque
à l’échec, notamment quand le salarié l’entreprise est en cessation totale d’activité et n’appartient
y fait obstacle. pas à un groupe (◆ Cass. soc., 4 oct. 2017, no 16-16.441
◆ Cass. soc., 15 sept. 2021, no 19-25.613 ◆ Cass. soc.,
Le salarié protégé déclaré inapte à son emploi par le méde- 26 oct. 2022, no 20-17.501). Le licenciement disciplinaire a
cin du travail peut-il être licencié, avec l’autorisation de l’ins- été admis dans un cas où, après avoir refusé un poste de
pecteur du travail, pour un autre motif que l’inaptitude reclassement, le salarié s’est délibérément soustrait aux
physique ? C’est à cette question, inédite, que répond le nouvelles convocations devant le médecin du travail en vue
Conseil d’État dans un arrêt qui sera mentionné aux tables de la recherche d’autres possibilités de reclassement et a
du recueil Lebon. sciemment fait obstacle à la recherche d’un poste appro-
prié à ses capacités (◆ Cass. soc., 22 juin 2011, no 10-
Pas de licenciement du salarié inapte 30.415).
pour un autre motif que l’inaptitude…
Dans cette affaire, la salariée protégée est déclarée inapte Le juge administratif et le juge judiciaire partagent donc la
par le médecin du travail en 2016. Elle refuse son reclasse- même analyse : le salarié (protégé ou non) déclaré inapte
ment et est licenciée mais, faute d’autorisation administra- ne peut pas être licencié pour un autre motif que l’inapti-
tive, ce licenciement est annulé. Le juge judiciaire ayant tude, sauf exceptions, notamment quand le salarié fait obs-
ordonné sa réintégration en 2018, l’employeur la convoque tacle à la recherche de reclassement. Il appartiendra en
à un entretien afin de mettre en œuvre la procédure de l’espèce à la cour administrative d’appel de renvoi de sta-
reclassement. Mais la salariée, qui exerce un autre emploi tuer sur le cas de cette salariée.
à plein temps, refuse de s’y rendre. L’employeur engage ◆CE, 12 avr. 2023, no 458974
alors une nouvelle procédure de licenciement, en invo- Laurence MECHIN
quant un motif disciplinaire. Le licenciement est autorisé Études « Représentants du personnel (Protection) »
par l’inspecteur du travail, régulièrement saisi. La et « Inaptitude au travail »
salariée conteste cette autorisation devant le juge adminis-
tratif.
La cour administrative d’appel donne raison à la salariée :
elle considère que les dispositions des articles L. 1226-2-1
et L. 1226-12 du code du travail font obstacle à ce que le
licenciement du salarié déclaré inapte soit fondé sur un
autre motif que l’inaptitude. Ces textes disposent en effet
Retraite
que le contrat de travail du salarié déclaré inapte ne peut
être rompu qu’en cas d’impossibilité de reclassement ou
et prévoyance
de dispense expresse de reclassement par le médecin du
travail.
Le Conseil d’État, saisi du litige, approuve le socle du rai-
sonnement de la cour administrative d’appel : en principe,
❚ Réforme des retraites : vue d’ensemble
l’inspecteur du travail ne peut pas, postérieurement à l’avis des impacts de la loi du 14 avril 2023
d’inaptitude du médecin du travail, autoriser le licenciement sur les fins de carrière
pour un motif autre que l’inaptitude. La loi no 2023-270 du 14 avril 2023, outre
le recul de l’âge de départ à la retraite,
REMARQUE : ce raisonnement rejoint celui que le juge
judiciaire applique aux salariés non protégés. Selon la Cour de comporte plusieurs mesures impactant
cassation, en effet, l’employeur ne peut pas licencier un salarié la gestion des fins de carrière touchant
déclaré inapte pour un motif autre que l’inaptitude (notamment la retraite progressive, le cumul emploi-
disciplinaire), même si la procédure de licenciement pour une retraite, le régime social des indemnités
autre cause a été engagée avant la déclaration d’inaptitude
(◆ Cass. soc., 20 déc. 2017, no 16-14.983 ◆ Cass. soc., 8 févr. de rupture, l’instauration d’un dispositif
2023, no 21-16.258 ◆ Cass. soc., 13 avr. 2023, no 21-10.897). de reconversion professionnelle
En effet, le régime de l’inaptitude emporte des garanties pour les salariés exposés aux facteurs
d’ordre public prévues par le code du travail au bénéfice du de risque.
salarié : la recherche d’un emploi de reclassement et, à défaut
de reclassement ou de licenciement dans le délai d’un mois, la La loi de financement rectificative de la sécurité sociale
reprise du versement du salaire. pour 2023 (LFRSS) portant sur la réforme du système de
… sauf si la recherche de reclassement retraite, loi no 2023-270 du 14 avril 2023, a été publiée au
ne peut pas aboutir Journal officiel du 15 avril.
S’il approuve le principe retenu par la cour administrative 31 textes d’application (27 décrets et 4 arrêtés) sont atten-
d’appel, le Conseil d’État censure néanmoins sa décision : dus d’ici la fin de l’été 2023 ; seuls 2 ont été publiés à cette
il lui reproche de ne pas avoir recherché si, en refusant de date. L’un concerne le secteur public (◆ D. n° 2023-435,
se rendre aux convocations que lui avait adressées 3 juin 2023) ; l'autre concerne les modalités de report pro-
l’employeur, la salariée n’avait pas mis ce dernier dans gressif de l’âge de la retraite et les conditions de départ
anticipé (◆ D. n° 2023-436, 3 juin 2023).
Juin 2023
© DICTIONNAIRE PERMANENT Social - Bulletin 45
A retenir
Nous vous présentons, dans le tableau ci-après, la liste des 1er septembre 2023 ; d’autres sont applicables depuis le
mesures qui ont un impact pour les salariés et les 16 avril 2023, lendemain de la publication de la loi au Jour-
employeurs du secteur privé dans la gestion des fins de nal officiel. Ces mesures sont développées dans différents
carrière. La plupart d’entre elles entreront en vigueur le articles de ce bulletin.
REMARQUE: certains articles de la loi no 2023-270 du 14 avril 2023 ne sont pas développés dans ce bulletin : il s’agit des articles de la loi
concernant les régimes spéciaux et le secteur public ainsi que les mesures n’ayant pas d’impact direct sur les salariés et les entreprises.
Juin 2023
46 © DICTIONNAIRE PERMANENT Social - Bulletin
A retenir
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© DICTIONNAIRE PERMANENT Social - Bulletin 47
A retenir
❚ Report de l’âge légal de départ Ils s’appliquent aux pensions prenant effet à compter du
1er septembre 2023.
et augmentation accélérée de la durée
de cotisation
Le relèvement progressif de l’âge légal Relèvement progressif de l’âge de départ
de départ et l’accélération du calendrier (art. 10, I, 2o)
Touraine entreront en vigueur dès septembre Le décret n° 2023-436 du 3 juin 2023 a précisé les nou-
prochain. Retour sur ces deux mesures. velles modalités de l’âge d’ouverture du droit à une pen-
Ce sont les deux points centraux de la réforme des sion. Actuellement fixé à 62 ans, il augmentera progres-
retraites issus de l’article 10 de la loi n° 2023-270 du sivement dès le 1er septembre 2023 pour atteindre 64
14 avril 2023 : un recul de l’âge légal de départ de 62 à ans en 2030 pour les assurés nés à compter du
64 ans et une augmentation de la durée de cotisation 1er janvier 1968. Pour ceux nés entre le 1er septembre
requise pour le taux plein plus rapide que prévue. 1961 et 1967, l’augmentation de l’âge légal sera progres-
sive, à raison de 3 mois par génération (◆ CSS, art. L.
REMARQUE : si les auteurs des saisines du Conseil constitutionnel 161-17-2 mod. ; v. tableau ci-après).
estimaient que l’article 10 de la LFRSS contenant ces mesures
portait atteinte au onzième alinéa du Préambule de la Constitu- Le décret n° 2023-436 du 3 juin 2023 a repris, dans les
tion de 1946, tel n’a pas été l’avis des Sages qui ont validé cet grandes lignes, les précisions annoncées le 10 janvier par
article le 14 avril (voir l’article publié le 17 avril sur la veille per- Elisabeth Borne.
manente du Dictionnaire permanent Social).
EXEMPLE : l’âge légal de départ sera de 63 ans et 3 mois à la fin
du quinquennat en 2027 pour les assurés nés en 1965.
Accélération du calendrier Touraine : une durée de cotisation de 43 ans dès 2027 (art. 10, I, 3o)
Au report de l’âge légal de départ s’ajoute une accélération du calendrier prévu par la loi no 2014-40 du 20 janvier 2014 (dite « loi
Touraine »), c’est-à-dire une mise en œuvre plus rapide de l’augmentation de la durée d’assurance requise pour percevoir une
pension de retraite à taux plein. La cible de 43 annuités (172 trimestres) demeure inchangée mais sera atteinte dès 2027 au lieu
de 2035, à raison d’un trimestre supplémentaire par an au lieu d’un trimestre tous les 3 ans (◆ CSS, art. L. 161-17-3 mod.
◆ D. n° 2023-456, 3 juin 2023).
Age de la décote maintenu à 67 ans (art. 10, I, 5o) aux organismes de sécurité sociale entre le 5 juin et le
Malgré le report de l’âge légal de départ, l’âge d’annulation 31 octobre 2023 inclus.
de la décote sera maintenu à 67 ans (◆ CSS, art. L. 351-8,
REMARQUE : lors des débats sur la réforme, il a été question du fait
1o mod.). Concrètement, même si elles n’ont pas atteint la qu’une augmentation de l’âge légal de départ risquerait de faire
durée de cotisation requise, les personnes partant à la chuter le nombre de bénévoles, le bénévolat étant souvent fait
retraite à 67 ans bénéficieront toujours automatiquement par de jeunes retraités. Pour évaluer ce phénomène, la loi
d’une pension à taux plein. n° 2023-270 du 14 avril 2023 introduit une disposition selon
laquelle, dans un délai d’un an à compter de la promulgation, le
Gouvernement remettra au Parlement un rapport sur les consé-
Quid des assurés ayant demandé leur pension quences de l’article 10 sur l’engagement de la population au
avant le 1er septembre ? (art. 10, XXVI) sein d’activités bénévoles, qui étudiera en particulier les
Les assurés ayant demandé leur pension avant l’entrée en moyens de valoriser cet engagement bénévole dans les moda-
lités de calcul de la pension de retraite (art. 10, XXXI).
vigueur des mesures précitées, à savoir le 1er septembre
2023, mais qui devaient entrer en jouissance de leur pen- ◆L. no 2023-270, 14 avr. 2023, art. 10 : JO, 15 avr.
sion après le 31 août 2023 pourront bénéficier, sur leur ◆D. n° 2023-435, 3 juin 2023 : JO, 4 juin
demande, d’une annulation de leur pension ou de leur ◆D. n° 2023-436, 3 juin 2023 : JO, 4 juin
demande de pension. Cette demande devra être adressée
Elise DRUTINUS
Études « Départ en retraite » et « Retraite de base »
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48 © DICTIONNAIRE PERMANENT Social - Bulletin
A retenir
❚ Changements apportés aux validations A compter du 1er septembre 2023, cette limite est relevée
à 32 trimestres (◆ D. n° 2023-436, 3 juin 2023).
et rachats de trimestres
La loi n° 2023-270 du 14 avril 2023 apporte Changements apportés au rachat de trimestres
quelques changements sur les périodes
permettant la validation de trimestres Sportifs de haut niveau
et élargit les possibilités de rachat Les sportifs de haut niveau (tels que définis ci-dessus)
de trimestres. auront la possibilité de racheter des trimestres (◆ CSS,
art. L. 351-14-1, I mod. par L. no 2023-470, 14 avr. 2023,
Nouvelles périodes permettant la validation art. 10, I, 6o et XXX). Les conditions de ce rachat ont été
de trimestres précisées par un décret n° 2023-436 du 3 juin 2023.
Périodes de stage de la formation professionnelle Études supérieures
Jusqu’à maintenant, certains stages de la formation profes- Les assurés peuvent procéder au rachat de cotisations
sionnelle indemnisés par l’État sur la base d’une assiette dans le cadre du dispositif des versements pour la retraite
forfaitaire réduite ne permettaient pas la validation de tri- (VPLR) au titre des périodes d’études supérieures, mis en
mestres d’assurance au titre de la retraite. place depuis le 1er janvier 2004. Dans le cadre de ce dispo-
Pour les pensions de retraite liquidées à compter du sitif, la loi du 20 janvier 2014 garantissant l’avenir et la jus-
1er septembre 2023, pourront être validées les périodes de tice du système de retraites a prévu de faire bénéficier les
stage suivantes (◆ CSS, art. L. 351-3 mod. par L. no 2023- jeunes actifs d’un tarif réduit s’ils en font la demande dans
270, 14 avr. 2023, art. 23, I) : les 10 ans suivant la fin de leurs études (◆ CSS, art. L. 351-
– les périodes de stage dont les cotisations sociales ont été 14-1).
prises en charge par l’État et ayant pour finalité l’insertion Cette demande de rachat de trimestres pour études supé-
dans l’emploi par la pratique d’une activité professionnelle rieures est possible, à compter du 1er septembre 2023,
définie par décret en Conseil d’État ; jusqu’à l’âge de 30 ans ; elle ne devra plus être effectuée
– les périodes de stage réalisées par des jeunes de 18 à dans les 10 ans de la fin des études (◆ CSS, art. L. 351-14-
26 ans dans le cadre de l’article 3 de la loi n° 79-575 du 1, II mod. par L. no 2023-470, 14 avr. 2023, art. 10, I, 7o et
10 juillet 1979 portant diverses mesures en faveur de ◆ D. n° 2023-436, 3 juin 2023).
l’emploi ;
Stages dans le cadre des études
– les périodes d’initiation à la vie professionnelle suivies par
des jeunes de 16 à 25 ans (◆ C. trav. anc., art. L. 980-9). Les étudiants peuvent demander le rachat de périodes de
stage en entreprise, dans la limite de 2 trimestres. L’assuré
Le décret n° 2023-436 du 3 juin 2023 précise que 50 jours pourra présenter une telle demande jusqu’à l’âge de
de stages de formation professionnelle dans ces dispositifs 25 ans, qui ne pourra être inférieur à 25 ans (◆ CSS,
sont nécessaires pour ouvrir droit à la validation d’une art. L 351-17, 1o mod. ◆ D. n° 2023-436, 3 juin 2023).
période assimilée. Il précise que sont concernés les tra- Avant le 1er septembre, la demande devait intervenir 2 ans
vaux d’utilité collective (TUC), les stages en entreprise du au maximum après le stage.
plan Barre (1977-1988), les stages « jeunes volontaires »
(1982-1987) et les programmes d’insertion locale (1987- Remboursement des rachats de cotisation
1990).
Pour les assurés nés à compter du 1er septembre 1961 qui
Périodes validées au titre de l’assurance vieillesse auraient, pour compléter leur durée d’assurance, versé des
des aidants cotisations au titre d’un rachat de trimestres avant le
15 avril 2023 (publication de la loi), la loi prévoit une possi-
Les trimestres d’assurance acquis au titre de l’assurance bilité de remboursement, à la condition que l’assuré n’ait
vieillesse des aidants (comme pour l’assurance volontaire fait valoir aucun droit à pension au titre des régimes de
des parents au foyer) seront pris en compte dans le calcul base et complémentaires légalement obligatoires.
de la durée d’assurance requise pour accéder au dispositif
de retraite anticipée pour carrière longue. En revanche, ces La demande de remboursement devra être présentée
trimestres ne sont pas pris en compte pour les autres dis- avant le 14 avril 2025 (délai de 2 ans à compter de la pro-
positifs de retraite (◆ CSS, art. L. 351-1-1 mod. par mulgation de la loi). Le montant des cotisations à rembour-
L. no 2023-470, 14 avr. 2023, art. 11, I, 6o b). ser sera calculé en faisant application des coefficients
annuels de revalorisation (◆ L. no 2023-470, 14 avr. 2023,
Le décret n° 2023-436 du 3 juin 2023 précise que la limite art. 10, XXV).
du nombre de trimestres retenus est de 4.
◆CSS, art. L. 351-14-I, L. 351-17 mod. par L. n° 2023-470,
Périodes en tant que sportif de haut niveau 14 avr. 2023, art. 10 : JO, 15 avr.
Jusqu’à maintenant, les périodes pendant lesquelles un ◆CSS, art. L. 351-3 mod. par L. n° 2023-270, 14 avr.
sportif est inscrit sur la liste des sportifs de haut niveau, 2023, art. 23, I, 1o et II : JO, 15 avr.
mentionnée à l’article L 221-2 du code du sport, sont assi- ◆D. n° 2023-435, 3 juin 2023 : JO, 4 juin
milées à des périodes d’assurance vieillesse, dans la limite ◆D. n° 2023-436, 3 juin 2023 : JO, 4 juin
de 16 trimestres (◆ CSS, art. L. 351-3, 7o et R. 351-12, 9o
La rédaction sociale
mod. par L. no 2023-470, 14 avr. 2023, art. 10, I, 6o).
Études « Retraite de base » et « Stage en entreprise »
Juin 2023
© DICTIONNAIRE PERMANENT Social - Bulletin 49
A retenir
❚ Retraite anticipée pour les salariés Pour ceux nés entre le 1er septembre 1963 et le
31 décembre 1968, le départ anticipé sera possible 2 ans
en situation particulière : les changements
et 6 mois avant leur âge légal de départ, soit à partir de :
Comme aujourd’hui, plusieurs catégories
de personnes continueront de pouvoir – 60 ans et 3 mois pour les générations nées entre le
bénéficier de départs anticipés à la retraite 1er septembre 1963 au 31 décembre 1963 ;
après le 1er septembre 2023 : jusqu’à 9 ans – 60 ans et 6 mois pour les générations nées en 1964 ;
avant l’âge légal pour les travailleurs – 60 ans et 9 mois, pour les générations nées en 1965 ;
handicapés, 6 ans pour les bénéficiaires
– 61 ans, pour les générations nées en 1966 ;
d’une carrière longue ou encore 2 ans
pour les invalides/inaptes. Présentation – 61 ans et 3 mois, pour les générations nées en 1967 ;
des mesures. – 61 ans et 6 mois, pour les générations nées en 1968 ;
Pour « limiter les effets sur les publics les plus affectés par – 61 ans et 9 mois, pour les assurés nés en 1969.
la réforme », la loi n° 2023-270 du 14 avril 2023 préserve
les dispositifs existants de départs anticipés. Elle regroupe REMARQUE : aucune montée en charge progressive de l’âge de
départ anticipé n’est en revanche prévue pour les bénéficiaires
désormais dans une disposition générique (art. 11) les d’une carrière longue au titre de la nouvelle borne d’âge de
modalités d’abaissement de l’âge de départ pour les béné- 21 ans. De fait, au 1er septembre 2023, les concernés verront
ficiaires d’une carrière longue, les assurés en situation de leur âge de départ anticipé fixé à 63 ans, ce qui est supérieur à
handicap, reconnus inaptes au travail ou justifiant d’une l’âge légal de départ « de droit commun », qui sera alors de
62 ans et 3 mois. Concrètement, ce nouveau dispositif ne
incapacité permanente, et ceux utilisant leur compte pro- devrait donc pas être mobilisé avant la génération née en 1965
fessionnel de prévention ou recourant à la retraite progres- puisqu’avant cela, il serait désavantageux.
sive (◆ CSS, art. L. 351-1-1, A nouv.). Certains dispositifs,
et notamment celui des carrières longues, ont toutefois été
profondément remaniés. Le décret n° 2023-436 du 3 juin Une clause de sauvegarde pour les assurés
2023 précise de nombreux points mais les nouveautés devenus inéligibles du fait de la réforme
seront applicables aux pensions prenant effet à compter du L’article 8 du décret n° 2023-436 introduit une clause de
1er septembre 2023 (art. 11, VII, B). sauvegarde au bénéfice des assurés éligibles au dispositif
Quatre bornes d’âge de départ pour les carrières de départ anticipé « carrières longues » avant le
longues (art. 11, I, 5o et 6o)... 1er septembre 2023, mais qui ne le seraient plus après
cette date du fait du relèvement de la durée d’assurance
Principe requise pour leur génération. Ainsi, les assurés nés entre le
Pour l’heure, les assurés qui réunissent, avant la fin de 1er septembre 1961 et le 31 décembre 1963 qui rem-
l’année civile de leurs 16 ans, au moins 4 ou 5 trimestres plissent cette condition peuvent demander à se voir appli-
d’assurance selon leur trimestre de naissance peuvent quer, pour une pension prenant effet à partir du
liquider une pension de retraite à taux plein à partir de 1er septembre 2023, les dispositions relatives aux carrières
58 ans s’ils justifient de la durée d’assurance requise pour longues dans leurs rédactions antérieures à l’entrée en
obtenir le taux plein majoré de 8 trimestres. Ceux ayant vigueur de la réforme.
validé 4 ou 5 trimestres avant leurs 20 ans peuvent partir à Par exemple, une personne née en 1963, ayant cotisé
partir de 60 ans s’ils justifient de la durée minimale d’assu- 5 trimestres avant 20 ans, pourra bien partir en retraite anti-
rance cotisée nécessaire au taux plein (◆ CSS art. L. 351-1- cipée après le 1er septembre 2023 avec seulement
1, D. 351-1-1 et D. 351-1-3). 168 trimestres cotisés (normalement 170 avec la réforme),
A compter du 1er septembre 2023, les deux conditions dès lors que ces trimestres étaient déjà acquis avant cette
seront : justifier de la durée d’assurance requise pour le date.
taux plein, et avoir atteint l’une des 4 bornes d’âge fixées Un départ anticipé dès 55 ans toujours possible
par le décret n° 2023-436 du 3 juin 2023 (◆ CSS, pour les travailleurs en situation de handicap
art. L. 351-1-1 mod.). (art. 11, I, 2o, 5o et 8o)…
Cette durée est à terme de 43 annuités et l’âge de départ Selon la législation toujours en vigueur, les assurés handi-
pour carrière longue est abaissé à : capés ayant accompli, alors qu’ils étaient atteints d’une
– 58 ans pour un début d’activité avant 16 ans ; incapacité permanente d’au moins 50 %, une certaine
durée d’assurance dont tout ou partie a donné lieu à coti-
– 60 ans pour un début d’activité avant 18 ans ;
sations peuvent partir à la retraite à taux plein à partir de
– 62 ans pour un début d’activité avant 20 ans ; 55 ans (◆ CSS, art. L. 351-1-3, D. 351-1-5, D. 351-1-6 et
– 63 ans pour un début d’activité avant 21 ans. D. 821-1).
A compter du 1er septembre prochain, leur âge minimal de
REMARQUE : la loi n° 2023-270 du 14 avril 2023 a introduit égale-
ment le fait que les trimestres acquis au titre de l’assurance départ reste fixé à 55 ans. Parallèlement, la double condi-
vieillesse du parent au foyer ou de la nouvelle assurance vieil- tion de trimestres cotisés et validés en situation de handi-
lesse des aidants, à savoir 4 trimestres, sont pris en compte, cap est supprimée, seule la condition de trimestres cotisés
dans une limite fixée par le décret n° 2023-436 du 3 juin 2023, étant conservée (◆ CSS, art. L. 351-1-3 mod.).
pour le bénéfice du dispositif de carrière longue.
Cette durée d’assurance cotisée nécessaire correspond à
Une dérogation pour certains assurés nés de 1961 à 1963 la durée de cotisation de droit commun diminuée d’un cer-
Une exception importante est introduite par le décret tain nombre de trimestres, et dépend donc de l’année de
n° 2023-346 du 3 juin qui concerne les assurés ayant naissance des travailleurs concernés. Pour ceux nés à par-
commencé à travailler avant 20 ans. Par dérogation, pour tir de 1973, elle ne change pas avec la nouvelle réforme
ceux nés entre le 1er septembre 1961 et le 31 août 1963 des retraites. En revanche, pour les générations d’avant, le
inclus, l’âge de départ anticipé demeurera fixé à 60 ans décret n° 2023-436 augmente le nombre de trimestres à
malgré le report progressif de l’âge légal de départ de 62 à déduire de la durée de cotisation de droit commun pour
64 ans.
Juin 2023
50 © DICTIONNAIRE PERMANENT Social - Bulletin
A retenir
neutraliser les effets de l’accélération du calendrier Tou- Quant au décret n° 2023-435 du 3 juin 2023, il introduit le
raine. fait que :
Autre nouveauté : le taux d’incapacité nécessaire pour sai- – la condition d’identité des lésions avec les lésions indem-
sir la commission ad hoc permettant de valider rétroactive- nisées au titre des maladies professionnelles pour les assu-
ment au moment du départ à la retraite des trimestres en rés ayant une IP consécutive à un accident du travail des
situation de handicap est abaissé de 80 % à 50 % (◆ CSS, taux compris entre 10 % et 19 % est supprimée ;
art. L. 161-21-1 mod. ◆ D. n° 2023-436, 3 juin 2023). – l’avis de la commission pluridisciplinaire n’est pas requis
… et dès 62 ans pour ceux reconnus inaptes au travail lorsque l’IP est consécutive aune maladie professionnelle
(art. 11, I, 5o et 9o) liée à une exposition à l’un des facteurs de risques sortis
du compte professionnel de prévention en 2017.
L’assuré reconnu inapte, c’est-à-dire qui « n’est pas en
mesure de poursuivre l’exercice de son emploi sans nuire REMARQUE : la loi prévoit également la délivrance aux victimes titu-
gravement à sa santé et qui se trouve définitivement atteint laires d’une rente pour incapacité permanente, avant un âge
d’une incapacité de travail médicalement constatée, compte déterminé par décret (à paraître), d’une information sur l’exis-
tence de la retraite anticipée pour carrière pénible (art. 17, I,
tenu de ses aptitudes physiques et mentales à l’exercice 4o ◆ CSS, art. L. 434-2 mod.).
d’une activité professionnelle » (◆ CSS, art. L. 351-7), ne
◆L. no 2023-270, 14 avr. 2023, art. 11 et 17 : JO, 15 avr.
pouvait jusqu’à présent pas partir à la retraite avant l’âge
légal de 62 ans. Cependant, par dérogation, il pouvait liquider ◆D. n° 2023-435, 3 juin 2023 : JO, 4 juin
sa pension à 62 ans à taux plein, quel que soit son nombre ◆D. n° 2023-436, 3 juin 2023 : JO, 4 juin
de trimestres cotisés (◆ CSS, art. L. 351-8, 2o). Elise DRUTINUS
Avec la réforme et le report de l’âge légal de départ, l’inap- Étude « Départ en retraite »
titude devient un nouveau motif de départ anticipé puisque
les assurés inaptes au travail pourront continuer de liquider
leur pension de retraite à taux plein à 62 ans (◆ CSS,
art. L. 351-1-1, A nouv. et L. 351-1-5 nouv. ◆ D. n° 2023- ❚ Un accès facilité à la retraite progressive
436, 3 juin 2023). Du fait du relèvement de l’âge légal de départ,
l’accès à la retraite progressive devrait être
REMARQUE : ce départ à 62 ans à taux plein concerne également
les personnes invalides puisque « la pension d’invalidité prend
plus tardif. Cependant, la loi n° 2023-270
fin à l’âge prévu à l’article L. 351-1-5. Elle est remplacée à partir du 14 avril 2023 favorise le recours
de cet âge par la pension de vieillesse allouée en cas d’inapti- au dispositif : extension à l’ensemble
tude au travail » (art. 11, I, 3o ◆ CSS, art. L. 341-15 mod.). des régimes de base et à tous les salariés,
Deux âges distincts pour les départs anticipés encadrement des possibilités de refus
pour incapacité permanente (art. 17, I, 2o) de l’employeur,…
Pour rappel, les personnes atteintes d’une incapacité per- C’était une priorité de la réforme des retraites : faire aug-
manente d’au moins 20 % suite à un accident de travail ou menter le taux d’emploi des seniors (56 % des 55-64 ans
une maladie professionnelle peuvent actuellement, sous en 2021) en facilitant les transitions entre l’activité et la
certaines conditions, partir à la retraite à 60 ans à taux plein retraite. Dans ce but, outre le CDI et l’index seniors, qui ont
(◆ CSS, art. L. 351-1-4, D. 351-1-8 et D. 351-1-9). Les assu- été censurés par le Conseil constitutionnel, la loi n° 2023-
rés justifiant d’un taux d’incapacité permanente inférieur à 270 du 14 avril 2023 assouplit les modalités de recours à la
20 % mais au moins égal à 10 % peuvent partir au même retraite progressive, qui permet aux assurés en fin de car-
âge, mais avec des conditions additionnelles, notamment rière de percevoir partiellement une retraite tout en conti-
une exposition à un ou plusieurs risques professionnels nuant leur activité professionnelle avec une durée de travail
pendant au moins 17 ans (◆ CSS, art. L. 351-1-4 et D. 351- réduite. Une mesure nécessaire puisque, selon les der-
1-10). niers chiffres de la Cnav, au 31 décembre 2022 seuls
24 237 retraités étaient bénéficiaires d’une retraite progres-
La loi n° 2023-270 du 14 avril 2023 vient expressément
sive, « soit une proportion de retraités de droit direct très
entériner l’âge de 60 ans dans le premier cas, en le renfor-
faible (0,2 %) ». Présentation des évolutions à venir, appli-
çant même car il est désormais inscrit dans la partie légis-
cables en principe à compter du 1er septembre prochain
lative du code du travail et non plus dans sa partie régle-
(art. 26, XII). Des décrets restent toutefois attendus pour
mentaire. En revanche, lorsque le taux d’incapacité
en préciser certaines.
permanente est compris entre 10 et 19 %, la loi prévoit
désormais que l’âge de départ est abaissé de 2 ans par rap- Recul de l’âge d’accès au dispositif (art. 26, I, 7o)
port à l’âge légal de départ à la retraite : lorsque ce dernier
Actuellement, la retraite progressive peut être demandée à
aura atteint 64 ans, les assurés entrant dans le dispositif de
condition d’avoir atteint l’âge légal de la retraite diminué de
la retraite anticipée pour incapacité permanente pourront
deux années, c’est-à-dire 60 ans, et d’avoir validé au moins
liquider leur pension de retraite à taux plein à partir de
150 trimestres (◆ CSS, art. L. 351-15 et R. 351-39).
62 ans (◆ CSS, art. L. 351-1-4 mod.).
Avec la réforme et selon les annonces du gouvernement,
De son côté, le décret n° 2023-436 du 3 juin vient faciliter l’âge d’accès à la retraite progressive devrait augmenter
l’instruction des dossiers par la commission pluridiscipli- selon le même calendrier que le report progressif de l’âge
naire puisque le fait que l’activité que l’assuré a exercée légal de départ, pour ainsi atteindre 62 ans en 2030. De
pendant 17 ans soit inscrite sur les listes de métiers ou son côté, la durée d’assurance devrait être maintenue à
d’activités particulièrement exposés aux facteurs de 150 trimestres. Ces éléments devront cependant être
risques ergonomiques pourra désormais servir de justifica- confirmés car la loi n° 2023-270 du 14 avril 2023 énonce
tif pour établir le lien entre l’incapacité et l’exposition à des seulement que « le bénéfice d’une retraite progressive est
facteurs de risque (◆ CSS, art. D. 351-1-12 mod.). accordé, à condition d’avoir atteint un âge, inférieur à celui
mentionné à l’article L. 161-17-2, déterminé par décret, et
de justifier d’une durée d’assurance et de périodes recon-
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© DICTIONNAIRE PERMANENT Social - Bulletin 51
A retenir
nues équivalentes fixées par décret en Conseil d’État » Cas particulier des personnes déjà bénéficiaires
(◆ CSS, art. L. 161-22-1-5 nouv.). d’une retraite progressive au 1er septembre
(art. 26, XII, 4o)
Extension du champ des bénéficiaires La loi n° 2023-270 du 14 avril 2023 précise que, sauf
(art. 26, I, 7o et XII) exception précitée, les dispositions actuelles « dans leur
En vertu du nouvel article L. 161-22-1-5 du code de la rédaction antérieure à la présente loi, continuent de s’appli-
sécurité sociale, la retraite progressive sera désormais quer aux assurés bénéficiant d’une retraite progressive à la
ouverte à « l’assuré exerçant à titre exclusif une activité date du 1er septembre 2023. Toutefois, la liquidation de la
salariée ou non salariée qui, n’étant pas assujettie à une pension complète ne peut être obtenue que lorsque ces
durée d’activité définie par un employeur, lui procure un assurés remplissent les conditions d’âge et de durée
revenu minimal et donne lieu à diminution des revenus d’assurance prévues aux articles L. 161-17-2 et L. 161-17-3
professionnels ». De fait les assurés des professions libé- du code de la sécurité sociale, dans leur rédaction résultant
rales et les avocats, jusqu’alors exclus, deviendront éli- de la présente loi ». Concrètement, elles continueront de
gibles au dispositif. De même, en visant les salariés non régir la situation des personnes déjà bénéficiaires d’une
assujettis à une durée d’activité définie par un employeur, retraite progressive mais la liquidation de leur pension com-
la loi semble l’ouvrir aux salariés non rémunérés selon un plète ne pourra être obtenue que lorsqu’elles rempliront les
temps de travail comme par exemple les VRP, les salariés nouvelles conditions d’âge et de durée d’assurance.
rémunérés à la tâche, au rendement, à la pige, etc.
◆L. no 2023-270, 14 avr. 2023, art. 26 : JO, 15 avr.
Enfin, la retraite progressive pourra bénéficier aux assurés Elise DRUTINUS
titulaires d’une pension d’invalidité. Le code de la sécurité
sociale prévoit une substitution de la pension de retraite à Étude « Retraite supplémentaire des salariés »
la pension d’invalidité lorsque l’assuré atteint l’âge de
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52 © DICTIONNAIRE PERMANENT Social - Bulletin
A retenir
emploi-retraite, sans préjudice des dispositions ou des sti- Autre précision : en cas de décès de l’assuré, la nouvelle
pulations régissant les régimes complémentaires auxquels pension de retraite constituée dans le cadre du cumul
ils sont affiliés. Ces nouveaux droits seront sans incidence emploi-retraite intégral ouvrira droit pour le conjoint survi-
sur le montant de la pension de vieillesse résultant de la vant à une pension de réversion (art. 26, I, 15o ◆ CSS,
première liquidation (◆ CSS, art. L. 161-22-1-1, al. 1 nouv.). art. L. 353-1 mod.).
La création de nouveaux droits ne sera cependant permise Un cumul emploi-retraite plafonné possiblement
en cas de reprise d’activité chez le dernier employeur déplafonné (art. 26, I, 6o)
qu’après le respect d’un délai de carence de 6 mois suivant
la liquidation de la retraite. Une exception : ce délai ne sera A l’image de ce qui avait été prévu pour les soignants pen-
pas applicable aux assurés ayant liquidé leur pension au dant la première vague de la Covid-19, la LFRSS ouvre la
plus tard 6 mois après la publication de la loi (art. 26, XII, possibilité de suspendre temporairement par décret les pla-
7o). fonds de revenus (qu’ils soient prévus par le régime de
retraite de base ou complémentaire) et le délai de 6 mois
Enfin, malgré le fait que le cumul emploi-retraite devienne avant la reprise d’un emploi chez le dernier employeur
créateur de nouveaux droits, le salarié ne pourra bénéficier applicable en matière de cumul emploi-retraite plafonné
que d’une seule indemnité de départ ou de mise à la « lorsque des circonstances exceptionnelles nécessitent,
retraite, attribuée lors de la première liquidation. Il ne en urgence, la poursuite ou la reprise d’activités par des
pourra pas en réclamer une autre à l’issue de son cumul assurés susceptibles de les exercer ».
emploi-retraite (◆ C. trav., art. L. 1237-7 et L. 1237-9 mod.).
Ces dérogations pourront être prises « pour une durée qui
REMARQUE : il est précisé par la LFRSS que la liquidation des pen- ne peut excéder un an et qui peut être renouvelée pour
sions intervenant à compter du 1er septembre 2023 prendra en une durée ne pouvant excéder 6 mois », soit 18 mois au
compte, le cas échéant, les droits en vue d’une nouvelle pen- total. Le décret définira les catégories d’activités et d’assu-
sion de vieillesse constitués à partir du 1er janvier 2023 (art. 26,
XII, 3o). rés concernés par la suspension et pourra en prévoir l’appli-
cation rétroactive, dans la limite d’un mois avant sa publica-
Quel régime pour la seconde pension ? (art. 26, I, 6o) tion (◆ CSS, art. L. 161-22-1-4 nouv.).
La seconde pension bénéficiera du taux plein et aucune Elles s’appliquent rétroactivement à compter du 1er janvier
majoration, aucun supplément ni aucun accessoire ne 2023 (art. 26, XII, 1o), sauf la possibilité de déroger aux pla-
pourra être octroyé à ce titre (◆ CSS, art. L. 161-22-1-1, fonds, seuils et délai minimaux de reprise prévus par les
al. 2 à 4 nouv.). En outre, son montant sera plafonné par régimes de retraite complémentaire qui est entrée en
décret (◆ CSS, art. L. 161-22-1-1, al. 6 nouv.). vigueur le lendemain de la publication de la LFRSS, c’est-à-
La loi ajoute qu’aucun droit nouveau ne pourra être acquis dire le 16 avril 2023 (art. 26, XII, 2o).
en cas de reprise d’une activité après la liquidation de cette ◆L. no 2023-270, 14 avr. 2023, art. 26 : JO, 15 avr.
seconde pension (◆ CSS, art. L. 161-22-1-2 nouv.). Elise DRUTINUS
Étude « Retraite et activité professionnelle »
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A retenir
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DURET ■ Principal associé : LEFEBVRE SARRUT ■ Imprimerie Chirat – 744, rue de Sainte-Colombe – 42540 SAINT-JUST-LA-PENDUE. Dépôt légal : juin 2023. Imprimé en
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