Bonnes pratiques en sécurité sociale

Bonne pratique implémentée depuis: 2010

Les conventions collectives de responsabilité

commune dans le secteur de la sécurité sociale: un
outil qui favorise le travail décent en milieu rural
Une pratique du Secrétariat à la sécurité sociale

Secrétariat à la sécurité sociale

Argentine

Publié 2012 www.issa.int

Résumé
Les conventions collectives de responsabilité commune sont des accords conclus entre les
responsables syndicaux et les entreprises qui sont suffisamment représentatifs du secteur de
l’emploi dans les zones rurales. Les accords sont conçus de façon à faciliter l’accès à la
couverture sociale pour les travailleurs et leur famille et, ainsi, favoriser les liens
professionnels formels et garantir les revenus découlant des cotisations versées aux régimes
de sécurité sociale.

Dans le cadre de ces conventions, les employeurs peuvent différer le versement des
cotisations sociales au moment le plus opportun de la production ou du processus
commercial. Le montant des contributions à verser est déterminé en fonction d’un taux de
remplacement convenu entre les parties à l’accord. Cette prorogation ne change pas le
contenu des rapports mensuels que les employeurs doivent présenter concernant les
employés et leurs salaires réels.

Une fois signé, l’accord est envoyé au Secrétariat de la sécurité sociale afin qu’il soit ratifié
par l’organe responsable de la perception des cotisations l’Administration fédérale des
recettes publiques (Administración Federal de Ingresos Públicos), et l’Administration
nationale de la sécurité sociale (Administración Nacional de la Seguridad Social (ANSES)).

CRITÈRE 1:

Quel(le) était le problème/la question/le défi que la bonne pratique a

permis de résoudre/relever? Veuillez fournir une brève description.
La nature saisonnière d’une grande partie des activités en milieu rural en Argentine (et
l’importante rotation de personnel qui s’ensuit) amène les travailleurs à se déplacer sur une
base régulière en fonction de leur travail temporaire. Ainsi, à cause d’un taux de roulement
élevé, de nombreux travailleurs ruraux changent fréquemment d’employeurs au cours d’une
période de temps relativement courte et, par conséquent, ne sont pas correctement inscrits.

Ces travailleurs non déclarés et leur famille ne sont pas couverts par le régime de sécurité
sociale argentin, ce qui signifie une absence de protection en matière de retraite, de santé,
d’allocations familiales, de chômage et d’accidents du travail. Cette situation peut
éventuellement mener à la marginalisation et à la pauvreté.

La question du travail des enfants est un des points essentiels contenus dans les accords, étant
donné la récurrence de ce problème dans le domaine agricole. Ces accords doivent
obligatoirement comprendre une déclaration signée par toutes les parties où ces dernières
conviennent qu’elles n’auront pas recours à une main d’œuvre enfantine.

CRITÈRE 2:

Quels étaient les principaux objectifs et les résultats attendus?

L’objectif des conventions collectives de responsabilité commune est d’impliquer toutes les
parties concernées dans la gestion et la défense des droits des travailleurs, et ce dans le respect
des obligations prévues par le régime de sécurité sociale.
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Nous aimerions créer une nouvelle culture de la sécurité sociale dans le secteur agricole qui
changerait à la fois la perception qu’ont les producteurs-employeurs de leurs obligations et
celle qu’ont les travailleurs de leurs droits.

Nous essayons également d’améliorer les méthodes de contrôle, d’imposition et de perception

des cotisations tout en adaptant au mieux les obligations et les prestations du système aux
besoins individuels. Il s’agit en fait de créer un outil clé de l’extension de la protection sociale
aux groupes vulnérables.

Ce type de conventions est également conçu pour lutter contre le travail informel et réduire,
par conséquent, la concurrence déloyale dont souffrent les producteurs qui accomplissent
leurs obligations.

CRITÈRE 3:

Quelle a été l’approche ou la stratégie innovante suivie pour

atteindre les objectifs?
Le caractère innovant des conventions collectives de responsabilité commune réside dans la
participation active des différentes parties professionnelles concernées dans la détermination
du montant et du moment de versement des cotisations de sécurité sociale, cotisations qui
autrement seraient des paiements mensuels d’un montant prédéterminé. Les avantages
principaux de ces conventions pour l’employeur sont la simplification des mécanismes de
paiement, de contrôle, de suivi et de perception des cotisations, ainsi que la prorogation du
paiement des cotisations à la fin du cycle de production.

Ainsi, de nouveaux facteurs sont pris en compte dans le calcul du montant des cotisations à la
sécurité sociale, tels que le type et le volume de production, le niveau d’emploi de la main-
d’œuvre (niveau de technologie), la terre cultivée et le cycle de production. Ce changement
signifie que, au-delà de la part des cotisations allouée à chaque régime de sécurité sociale, le
taux de remplacement est également déterminé par ces autres facteurs, tenant ainsi compte de
la réalité de la production dans chaque secteur.

Chaque convention est unique. Dans la mesure où ces conventions doivent être adaptées à
chaque produit et à chaque zone, tous les acteurs qui participent à une activité rurale doivent
être impliqués dans l’analyse qui vise à déterminer le montant du paiement et le moment où il
doit être effectué, soit par la description qu’ils font du cycle de production soit par celle du
type de production et du produit concerné.
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CRITÈRE 4:

Les ressources et moyens ont-ils été utilisés de façon optimale

pour atteindre les principaux objectifs et les résultats attendus?
Veuillez préciser de quelle évaluation interne ou externe la pratique
a fait l'objet, et quels sont les impacts/résultats identifiés/obtenus
jusqu’à présent.
Le Secrétariat de la sécurité sociale est l’organe responsable de l’exécution des conventions
collectives de responsabilité commune. Afin de remplir ses fonctions, il a besoin du soutien
technique du ministère de l’Agriculture, du Bétail et de la Pêche, de l’Administration fédérale
des recettes publiques, ainsi que des autorités municipales et provinciales. Le Secrétariat de
sécurité sociale est en charge de la promotion, la sensibilisation et la diffusion de cet outil
auprès des entreprises et des travailleurs. Pour ce faire, il participe à différents événements à
l’échelle provinciale, nationale et internationale, ainsi qu’à des réunions organisées par les
autorités provinciales, les syndicats et les associations de producteurs dans les différentes
provinces.

Les coûts de diffusion de cet outil n’ont pas encore été calculés, dans la mesure où des
activités variées de sensibilisation sont toujours en cours dans certaines régions du pays.

Ni le gouvernement ni les producteurs n’encourront des dépenses supplémentaires en termes

de suivi et d’inspection puisque les employeurs soumettent leur déclaration de la même
manière qu’auparavant. Grâce à la simplicité et à la flexibilité de cet outil, les employeurs
sont en fait davantage poussés à correctement déclarer et à inscrire tous les travailleurs qu’ils
emploient.

L’amélioration des méthodes de contrôle et de perception des cotisations réduira la fréquence

des inspections, ce qui entraînera une économie considérable des ressources
gouvernementales.

De plus, un taux plus élevé de déclaration des emplois augmentera les ressources financières
du régime de sécurité sociale, ce qui rendra le modèle existant plus viable.

Les résultats des premières conventions signées sont très encourageants. Par exemple, le
travail dans le secteur forestier dans la province de Chaco était presque exclusivement
informel et non déclaré : on estimait qu’environ 5% des 6 000 travailleurs étaient inscrits. Au
cours de la première année suivant la signature de la convention, plus de 25% des travailleurs
étaient répertoriés et nous avons de bonnes raisons de croire que cette tendance se maintiendra
l’année prochaine.
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CRITÈRE 5:

Quels sont les enseignements qui ont été tirés de l’application de la

bonne pratique? Dans quelle mesure votre bonne pratique se prête-
t-elle à une reproduction par d’autres institutions de sécurité
sociale? Veuillez expliquer brièvement.
Nous avons compris qu’il était nécessaire de créer et d’innover afin de mettre en place une
culture fondée sur le travail structuré et ce, afin de s’assurer que tous les régimes de sécurité
sociale couvrent la population dans sa totalité, et pas seulement les personnes occupant des
postes déclarés.

Cette expérience nous a rapprochés des populations rurales qui se trouvent sur notre territoire
national étendu. Elle nous a permis de mieux comprendre leurs besoins et leur a permis en
retour de mieux comprendre leurs droits.

En ce qui concerne l’emploi, nous avons malheureusement découvert que la culture

informelle est bien ancrée dans les habitudes et qu’elle existe depuis de nombreuses années,
mais nous sommes convaincus que cette situation peut être changée si les efforts nécessaires
sont déployés en matière de diffusion de l’information et d’éducation.

En comptant sur la collaboration des différents organes étatiques concernés, ainsi que sur
celle des employeurs et des syndicats, ce type d’expérience peut être menée partout où il
existe un niveau élevé de travail informel dans les activités rurales saisonnières à haut taux de
rotation de personnel.