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COORDINATION NATIONALE

DES INTERMITTENTS ET PRECAIRES

Pour une Nouveau Modèle d’Assurance Chômage

Pour des droits attachés à la personne

Pour un modèle social d’émancipation collective

Cette proposition pose les bases d’une assurance chômage comme 5ème
pilier de la sécurité sociale.

Il est un objet de lutte que chacun.e.s peut s’approprier.

L’assurance chômage est un outil existant, à nous d’en faire un outil


d’autonomie collective

AVRIL 2021
CONTRE L’EMPLOI A TOUT PRIX

Aujourd’hui, 40% de la population active est en situation précaire face à l’emploi


(chômeurs, CDD, Intérim, nouveaux indépendants, temps partiels).
Et cela ne peut aller qu’en augmentant puisque 90% des embauches se font actuellement
en contrats courts.

Les politiques qui sont menées actuellement par les gouvernements européens, la France
y compris, n’ont pour objectif qu’un soit disant retour au plein emploi.
Hors le plein emploi est un mythe, il n’a jamais existé. Quand on fait référence au soi-
disant plein emploi des années 60, il est bon de rappeler que 50% de la population n’était
considérée comme « actives », puisque les femmes n’étaient que très peu employées !

Toutes ces politiques basées sur un objectif de plein emploi conduisent toutes à une
logique de durcissement des conditions d’accès aux droits à l’assurance chômage et à
une baisse des revenus de l’indemnisation.
On le voit bien avec les dernières réformes de l’assurance chômage :
- renforcement des contrôles comme si le chômeur était un délinquant,
- durcissement des conditions d’accès avec le 1er volet de la réforme entrée en
vigueur en novembre 19 qui exclu 20 000 allocataires par mois,
- Baisse des allocations prévues avec le second volet prévu au 1 er juillet.

Ce durcissement à pour effet second de dégrader les conditions de travail de ceux qui
sont en situation d’emploi (baisse des salaires, flexibilité accrue, chantage à l’emploi).

Il faut donc penser l’assurance chômage à partir du constat d’un impossible retour au
plein emploi. Le plein emploi est-il au demeurant souhaitable s’il est lié à des logiques
de surproduction aux conséquences écologiques néfastes ?

C’est en opposition avec cette pensée de l’emploi à tout prix que la CIP a construit sa
réflexion et créer un Nouveau Modèle d’Assurance Chômage qui se veut un outil
d’émancipation sociale.

Il s’agit un système de protection sociale mutualiste et redistributif où le droit est


attaché à la personne et non à l’emploi.

Si le plein emploi est un mythe qu’il faut s’acharner à déconstruire, c’est aussi pour faire
valoir que l’emploi ne recouvre pas le travail et la production de richesse. Elever ses
enfants, militer, s’engager bénévolement dans des associations, etc. sont autant
d’activité productrice de richesse sociale que le « marché » ne peut pas capter et que le
système actuel se refuse de rémunérer.

Et si l’emploi ne recouvre pas le travail, le travail ne recouvre pas la vie.

Il est pour nous également essentiel que le progrès social aillent dans le sens de la
réappropriation de la maitrise de notre temps. D’avoir le choix de nos activités, des
conditions dans lesquelles nous voulons l’exercer, et d’avoir également le choix qu’une
partie de notre temps soit consacré à regarder l’herbe pousser…
UN MODELE PENSEE POUR L’EMPLOI DISCONTINU

Ce nouveau modèle a été pensée pendant la lutte de 2003 contre la réforme de


l’assurance chômage touchant les annexes 8 et 10.

Il est parti de la réalité des pratiques professionnelles des intermittents du spectacle, par
essence en contrats courts et discontinus. La première chose qui a été pensé dans ce
modèle, c’est de supprimer la liste des métiers pour créer une annexe unique pour tout
l’emploi discontinu, peut-importe le secteur d’activité.

Il faut rappeler que c’est l’essence même de l’annexe 10 qui a été créé en 1965 pour les
techniciens du cinéma, non pas au nom d’une « exception culturelle », mais parce qu’ils
avaient une pratique d’emploi discontinue et qu’ils étaient à l’époque une exception. Or,
aujourd’hui l’emploi discontinu est une seconde norme dans les pratiques d’emploi.
C’est aussi au nom de ces pratiques d’emploi discontinu qu’avait été créé l’annexe 4. Si
l’annexe 4 a été supprimée dans les dernières réformes, et si les annexes 8 et 10 sont
constamment attaquées, c’est bien parce que les tenant du pouvoir n’ont aucun intérêt à
ce que les travailleurs soit protégé de ces pratiques d’emploi précaires.

La destruction progressive de l’assurance chômage, ne fait que pressuriser le « marché


de l’emploi » en constituant une « armé de réserve » de précaires obligé à accepter
n’importe quel emploi à n’importe quel prix. Avec une protection sociale adaptée à
l’emploi discontinu, ces pratiques d’emploi pourraient être librement choisi, puisque la
précarité contractuelle serait détachée de la précarité de revenu.

C’est pourquoi nous revendiquons une annexe unique adaptée à l’ensemble de


l’emploi discontinu.

A pratique d’emploi spécifique, il faut penser des droits spécifiques


Et à pratique d’emploi égale, condition de traitement égale.
UN SYSTEME MUTUALISTE

Aujourd’hui le système d’assurance chômage du régime général est un système par


capitalisation de droit. C’est à dire qu’en fonction du nombre de jours employé, la
personne acquiert un capital de droit, un nombre de jours d’indemnisation qu’il va
ensuite épuiser au fur et à mesure des jours non travaillés.

Pour rappel c’est le même principe qui était à l’œuvre pour les intermittents du spectacle
avant 2016, où on acquérait 243 jours de droit à chaque renouvellement.

Contre cette logique individualiste et assurantielle,


nous défendons une logique mutualiste.

Un système mutualiste est fondé sur l’ouverture de droit à date anniversaire fixe.

La date anniversaire est la date d’admission dans le régime d’assurance chômage qui
devient alors la date fixe de réexamen et donc l'éventuelle réouverture de droit.

La date anniversaire fixe ouvre des droits à un possible versement d’indemnités sur
12 mois. C’est à dire que nous n’avons plus un nombre de jours d’indemnité à
« dépenser » mais une possible indemnisation sur 12 mois :
- Si une personne ne travaille pas du tout sur ces 12 mois, elle percevra 12 mois
d’indemnité.
- Si au contraire, une travaille beaucoup et pour un haut salaire, elle ne touchera
probablement pas d’indemnité durant ces 12 mois.

Dans cette logique mutualiste ceux qui travaillent beaucoup perçoivent moins
d’indemnités, assurant ainsi une solidarité intra et interprofessionnelle.

De plus, la date anniversaire donne à la personne une lisibilité sur son parcours.
Avec un système par capitalisation de droit, la fin de droits est constamment mouvante
en fonction de l’épuisement des droits. Là encore se joue la question de la maîtrise de
chacun sur son temps, l’absence de lisibilité entraînant l’absence de maîtrise.
UN REVENU GARANTI POUR TOUS

L’indemnité journalière

La formule de calcul de l’indemnité journalière a une exigence de répartition plus juste


des allocations sur un principe mutualiste et réduit l’écart entre les faibles et les fortes
indemnités.

La formule tient à la fois du salaire annuel et du nombre d’heures déclarées.

Elle fait évoluer l’indemnité journalière (IJ) entre un plancher fixé à un SMIC/jour
et un plafond fixé à K fois le SMIC/jour. Aujourd’hui nous proposons un plafond
à 2,3 SMIC jour.

Cette formule est aussi pensée pour éviter les effets de seuil. C’est à dire que l’IJ ne
double pas soudainement à partir d’un nombre heure, mais augmente progressivement
en fonction du salaire et du nombre d’heures travaillées.
Cette IJ est calculé à date anniversaire et valable pour les 12 mois suivant. Elle est
recalculé chaque année en fonction de l’activité salarié de l’année qui vient de s’écouler.

Les critères d’accès

La construction même de la formule permet de définir le nombre d’heures employé


(NHT) minimum requises pour entrer dans le régime.

Nous défendons une entrée dans le régime à NHT = 0

A NHT = 0, la personne perçoit un SMIC.


Cela devient donc un revenu garanti, via l’assurance chômage

Pourquoi un SMIC ?
Nous défendons que pour être émancipateur vis-à-vis de l’emploi, le revenu du chômage
doit être équivalent au revenu minimum de l’emploi. Ainsi, nous devenons libre de
choisir ou refuser l’emploi. Nous regagnons un rapport de force vis-à-vis des
employeurs pour obtenir un salaire juste, des conditions de travail décentes. Cela relâche
la pression du dit « marché du travail ». Ce modèle permet ainsi de rentrer et sortir de
l’emploi librement.

Le nombre d’heure employé pour accéder à ce régime étant de 0, cela permet


l’intégration de ceux qui sont aujourd’hui exclu de l’assurance chômage : auto-
entrepreneur, travailleur indépendant, artiste-auteurs, plasticiens, étudiants, etc.

Le plafond

Afin d’affirmer le caractère mutualiste de ce modèle, nous instaurons un mode


de régulation efficace sous forme d’un plafond de cumul mensuel salaires + indemnités.
Ce plafond est recalculé chaque mois en fonction d’une moyenne pondérée des cumuls
salaires + indemnités des 12 mois précédents. Il ne sera versé d’indemnité à l’allocataire
que jusqu’à hauteur de ce plafond. Au-delà, il n’aura droit à aucune indemnité.

Ce plafond permet ainsi une meilleure distribution des allocations en fonction des
besoins de l’allocataire. Il se substitue à la franchise (ou carence) en modulant la pénalité
tout au long de l’année d’indemnisation.

***

Nous arrivons à un modèle d’indemnisation chômage à 2 annexes :

Une annexes pour l’emploi discontinu à taux de rémunération variable


(nouveau modèle).

Une annexe pour l’emploi continu, couvrant le chômage accidentel, dans un


modèle proche de l’actuel régime générale

Ce modèle permet le passage d’une annexe à l’autre : si un salarié en CDI à temps plein
se fait licencier, il est indemnisé via l’annexe « emploi continu » puis si au bout de ses
2 ou 3 ans d’indemnité, s’il n’a pas été à nouveau salarié, il bascule sur l’annexe
discontinue où à NHT = 0 il obtient une indemnité au SMIC

Ce modèle se pense « toute chose égale par ailleurs »,


c’est à dire qu’on ne supprime rien du système de protection sociale actuel
(Hormis le RSA qui n’a plus lieu d’être)
FINANCEMENT et GESTION

Tout comme ce modèle, son financement est un choix politique. A l’argument « ça va


couter trop cher », nous répondons qu’il s’agit d’une volonté politique de trouver les
moyens de financer une protection sociale juste.

Est-ce qu’on accepterait que 6 malade sur 10 ne soit pas soigner sous prétexte que la
sécurité sociale coûte trop chère ?

Plusieurs sources de financement sont possibles :

D’une part, aujourd’hui, les politique d’emploi à tout prix, exonérant les employeurs de
leur cotisation sociale sous couvert que cela permettrait de la création d’emploi (qui n’a
jamais lieu), coûte 100 Milliards d’euros par an. Ces mêmes milliards pourraient tout à
fait être réorienté vers le financement de ce modèle d’assurance chômage.

D’autre part, la bascule du financement de l’assurance chômage de la cotisation vers la


CSG n’est autre pour les employés qu’une baisse de leur salaire. En effet, la cotisation,
n’est pas comme les employeurs aiment le dire une « charge » qui pèse sur le « cout »
du travail, mais la partie socialisée de notre salaire. Cette partie que nous mettons en
commun pour être redistribué de manière mutualiste.

Nous revendiquons le retour de la cotisation dans le financement de l’assurance


chômage, à hauteur du financement nécessaire de celle-ci.

Avant le passage à la CSG les cotisations des annexes 8 et 10 était 2 fois supérieure à
celle du régime général pour couvrir le « risque » plus élevé de chômage pour l’emploi
discontinu. On pourrait tout à fait imaginer que ce pourcentage de cotisation soit
appliqué à l’ensemble des contrats salariés, sans plafonnement…

Et il faut aussi repenser le fléchage des recettes de l’UNEDIC, au delà des frais de
gestion exorbitant de cette organisme à la gestion opaque, un exemple concret : les
millions dépensés dans les politiques de flicage des chômeurs, pourraient tout aussi bien
être basculé sur l’indemnisation de ces mêmes chômeurs…

Enfin, la question éminemment politique est :


qui décide et gère cette nouvelle assurance chômage ?
.

Il est illégitime que le patronat ait voix au chapitre de ce salaire socialisé qui appartient
aux salariés. Dans la ligné d’Ambroise Croisat, nous pensons qu’il appartient aux
salariés de gérer l’assurance chômage.

Ce nouveau modèle va donc de pair avec une refonte complète de l’UNEDIC

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