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Cette proposition pose les bases d’une assurance chômage comme 5ème
pilier de la sécurité sociale.
AVRIL 2021
CONTRE L’EMPLOI A TOUT PRIX
Les politiques qui sont menées actuellement par les gouvernements européens, la France
y compris, n’ont pour objectif qu’un soit disant retour au plein emploi.
Hors le plein emploi est un mythe, il n’a jamais existé. Quand on fait référence au soi-
disant plein emploi des années 60, il est bon de rappeler que 50% de la population n’était
considérée comme « actives », puisque les femmes n’étaient que très peu employées !
Toutes ces politiques basées sur un objectif de plein emploi conduisent toutes à une
logique de durcissement des conditions d’accès aux droits à l’assurance chômage et à
une baisse des revenus de l’indemnisation.
On le voit bien avec les dernières réformes de l’assurance chômage :
- renforcement des contrôles comme si le chômeur était un délinquant,
- durcissement des conditions d’accès avec le 1er volet de la réforme entrée en
vigueur en novembre 19 qui exclu 20 000 allocataires par mois,
- Baisse des allocations prévues avec le second volet prévu au 1 er juillet.
Ce durcissement à pour effet second de dégrader les conditions de travail de ceux qui
sont en situation d’emploi (baisse des salaires, flexibilité accrue, chantage à l’emploi).
Il faut donc penser l’assurance chômage à partir du constat d’un impossible retour au
plein emploi. Le plein emploi est-il au demeurant souhaitable s’il est lié à des logiques
de surproduction aux conséquences écologiques néfastes ?
C’est en opposition avec cette pensée de l’emploi à tout prix que la CIP a construit sa
réflexion et créer un Nouveau Modèle d’Assurance Chômage qui se veut un outil
d’émancipation sociale.
Si le plein emploi est un mythe qu’il faut s’acharner à déconstruire, c’est aussi pour faire
valoir que l’emploi ne recouvre pas le travail et la production de richesse. Elever ses
enfants, militer, s’engager bénévolement dans des associations, etc. sont autant
d’activité productrice de richesse sociale que le « marché » ne peut pas capter et que le
système actuel se refuse de rémunérer.
Il est pour nous également essentiel que le progrès social aillent dans le sens de la
réappropriation de la maitrise de notre temps. D’avoir le choix de nos activités, des
conditions dans lesquelles nous voulons l’exercer, et d’avoir également le choix qu’une
partie de notre temps soit consacré à regarder l’herbe pousser…
UN MODELE PENSEE POUR L’EMPLOI DISCONTINU
Il est parti de la réalité des pratiques professionnelles des intermittents du spectacle, par
essence en contrats courts et discontinus. La première chose qui a été pensé dans ce
modèle, c’est de supprimer la liste des métiers pour créer une annexe unique pour tout
l’emploi discontinu, peut-importe le secteur d’activité.
Il faut rappeler que c’est l’essence même de l’annexe 10 qui a été créé en 1965 pour les
techniciens du cinéma, non pas au nom d’une « exception culturelle », mais parce qu’ils
avaient une pratique d’emploi discontinue et qu’ils étaient à l’époque une exception. Or,
aujourd’hui l’emploi discontinu est une seconde norme dans les pratiques d’emploi.
C’est aussi au nom de ces pratiques d’emploi discontinu qu’avait été créé l’annexe 4. Si
l’annexe 4 a été supprimée dans les dernières réformes, et si les annexes 8 et 10 sont
constamment attaquées, c’est bien parce que les tenant du pouvoir n’ont aucun intérêt à
ce que les travailleurs soit protégé de ces pratiques d’emploi précaires.
Pour rappel c’est le même principe qui était à l’œuvre pour les intermittents du spectacle
avant 2016, où on acquérait 243 jours de droit à chaque renouvellement.
Un système mutualiste est fondé sur l’ouverture de droit à date anniversaire fixe.
La date anniversaire est la date d’admission dans le régime d’assurance chômage qui
devient alors la date fixe de réexamen et donc l'éventuelle réouverture de droit.
La date anniversaire fixe ouvre des droits à un possible versement d’indemnités sur
12 mois. C’est à dire que nous n’avons plus un nombre de jours d’indemnité à
« dépenser » mais une possible indemnisation sur 12 mois :
- Si une personne ne travaille pas du tout sur ces 12 mois, elle percevra 12 mois
d’indemnité.
- Si au contraire, une travaille beaucoup et pour un haut salaire, elle ne touchera
probablement pas d’indemnité durant ces 12 mois.
Dans cette logique mutualiste ceux qui travaillent beaucoup perçoivent moins
d’indemnités, assurant ainsi une solidarité intra et interprofessionnelle.
De plus, la date anniversaire donne à la personne une lisibilité sur son parcours.
Avec un système par capitalisation de droit, la fin de droits est constamment mouvante
en fonction de l’épuisement des droits. Là encore se joue la question de la maîtrise de
chacun sur son temps, l’absence de lisibilité entraînant l’absence de maîtrise.
UN REVENU GARANTI POUR TOUS
L’indemnité journalière
Elle fait évoluer l’indemnité journalière (IJ) entre un plancher fixé à un SMIC/jour
et un plafond fixé à K fois le SMIC/jour. Aujourd’hui nous proposons un plafond
à 2,3 SMIC jour.
Cette formule est aussi pensée pour éviter les effets de seuil. C’est à dire que l’IJ ne
double pas soudainement à partir d’un nombre heure, mais augmente progressivement
en fonction du salaire et du nombre d’heures travaillées.
Cette IJ est calculé à date anniversaire et valable pour les 12 mois suivant. Elle est
recalculé chaque année en fonction de l’activité salarié de l’année qui vient de s’écouler.
Pourquoi un SMIC ?
Nous défendons que pour être émancipateur vis-à-vis de l’emploi, le revenu du chômage
doit être équivalent au revenu minimum de l’emploi. Ainsi, nous devenons libre de
choisir ou refuser l’emploi. Nous regagnons un rapport de force vis-à-vis des
employeurs pour obtenir un salaire juste, des conditions de travail décentes. Cela relâche
la pression du dit « marché du travail ». Ce modèle permet ainsi de rentrer et sortir de
l’emploi librement.
Le plafond
Ce plafond permet ainsi une meilleure distribution des allocations en fonction des
besoins de l’allocataire. Il se substitue à la franchise (ou carence) en modulant la pénalité
tout au long de l’année d’indemnisation.
***
Ce modèle permet le passage d’une annexe à l’autre : si un salarié en CDI à temps plein
se fait licencier, il est indemnisé via l’annexe « emploi continu » puis si au bout de ses
2 ou 3 ans d’indemnité, s’il n’a pas été à nouveau salarié, il bascule sur l’annexe
discontinue où à NHT = 0 il obtient une indemnité au SMIC
Est-ce qu’on accepterait que 6 malade sur 10 ne soit pas soigner sous prétexte que la
sécurité sociale coûte trop chère ?
D’une part, aujourd’hui, les politique d’emploi à tout prix, exonérant les employeurs de
leur cotisation sociale sous couvert que cela permettrait de la création d’emploi (qui n’a
jamais lieu), coûte 100 Milliards d’euros par an. Ces mêmes milliards pourraient tout à
fait être réorienté vers le financement de ce modèle d’assurance chômage.
Avant le passage à la CSG les cotisations des annexes 8 et 10 était 2 fois supérieure à
celle du régime général pour couvrir le « risque » plus élevé de chômage pour l’emploi
discontinu. On pourrait tout à fait imaginer que ce pourcentage de cotisation soit
appliqué à l’ensemble des contrats salariés, sans plafonnement…
Et il faut aussi repenser le fléchage des recettes de l’UNEDIC, au delà des frais de
gestion exorbitant de cette organisme à la gestion opaque, un exemple concret : les
millions dépensés dans les politiques de flicage des chômeurs, pourraient tout aussi bien
être basculé sur l’indemnisation de ces mêmes chômeurs…
Il est illégitime que le patronat ait voix au chapitre de ce salaire socialisé qui appartient
aux salariés. Dans la ligné d’Ambroise Croisat, nous pensons qu’il appartient aux
salariés de gérer l’assurance chômage.