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On voit que les deux effets évoluent en sens inverse. Les néo-classiques font l’hypothèse que
l’effet-substitution l’emporte sur l’effet-revenu, d’où une courbe d’offre de travail
croissante quand le salaire horaire augmente. En d’autres termes, plus le salaire horaire
est élevé, plus les gens veulent travailler. La population active (celle qui travaille et celle
qui veut travailler) dépend donc du niveau du salaire d’équilibre. A 10 euros de l’heure
(le Smic en France), ils sont 30 millions à vouloir travailler en France. Mais si le salaire
minimum était de 5 euros de l’heure, on peut penser que la population active, donc l’offre de
travail se réduirait à 28 ou 27 millions, deux à trois millions de personnes refusant de travailler
pour un si faible salaire et préférant reprendre des études, garder les enfants au foyer ou
prendre leur retraite. Inversement, un salaire minimum à 12 ou 15 euros créerait un appel
d’air : un ou deux millions d’inactifs renonceraient à l’inactivité pour proposer l’offre de
travail. Il n’y a donc pas en France 30 millions de personnes qui veulent travailler coûte que
coûte, à tout prix, quel que soit le salaire : il y a en France 30 millions de personnes qui
veulent travailler à au moins 10 euros de l’heure. Comme on l’a vu pour le pétrole ou les
ressources naturelles, on raisonne en économiste quand on relit l’offre au prix. Il n’y a pas
une offre (de pétrole ou de travail) qui existe indépendamment du prix : l’offre est
toujours liée au prix. Ici, plus spécifiquement, le volume de la population active dépend
donc du prix du travail, le salaire.
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deux facteurs de production. Toutes choses égales par ailleurs, la
demande de travail est d’autant plus forte que le salaire est faible : dans
ce cas l’entreprise substitue du travail au capital. La courbe de demande de
travail est donc décroissante du niveau des salaires. Par exemple, le salaire
minimum relativement élevé en France (smic = 66% du salaire médian)
explique la mécanisation des postes à faible productivité, comme celui des
caissières, des pompistes, des veilleurs de nuit dans les hôtel, des emplois
dans les péages d’autoroute, des concierges dans les immeubles… A
l’inverse, aux EU, la faiblesse du salaire minimum (7,50 USD) fait que ces
emplois sont plus nombreux, car l’intérêt de les mécaniser est faible. On
estime en France qu’un Smic à 7 euros de l’heure créerait un ou deux
millions d’emplois (dans l’hôtellerie, la restauration, les supermarchés…)
L’entreprise embauche en fait tant que la productivité marginale du
travail est supérieure au salaire, ce qui lui permet de réaliser des
bénéfices : à l’équilibre, l’entreprise arrête d’embaucher quand le salaire est
égal à la productivité marginale du travail. En d’autres termes, avec un
Smic à 10 euros, seuls les travailleurs dont la productivité dépasse les 10
euros de l’heure sont embauchés ; ceux dont la productivité est de 8 ou ç
euros se retrouvent au chômage. Le salaire minimum crée donc du
chômage chez ceux dont la productivité est inférieure au niveau du
Smic.
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ne s’agit pas alors d’un problème économique, puisque le marché est à
l’équilibre, mais de choix individuels.
création d’un salaire minimum : le chômage de masse est apparu en France quand
on est passé du Smic au Smig, le salaire minimum augmentant plus rapidement que la
productivité des travailleurs peu qualifiés.
charges sociales : les salariés déterminent leur offre du travail en fonction du salaire
net (plus faible que le brut), d’où une offre réduite, alors que les entreprises raisonnent à
partir du coût total pour l’employeur (salaire net+ charges sociales, plus élevé que le brut)),
d’où une demande réduite
les allocations-chômage : elles diminuent le coût du loisir (ou la rentabilité nette du
travail), et accroissent ainsi le niveau de chômage
les rigidités du contrat de travail : en rendant les licenciements plus difficiles, le
droit du travail rend également l’embauche plus difficile, les entreprises hésitant à
embaucher du personnel dont elle ne pourra pas se séparer en cas de baisse du carnet de
commandes.
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difficilement se loger par exemple. C’est d’ailleurs pour éviter cela que le
salaire minimum a été créé. Mais pour les libéraux, créé un salaire minimum
n’est pas la solution : il permettra certes à ceux dont la productivité est assez
forte de trouver du travail mais créera du chômage chez ceux dont la
productivité est inférieure au salaire minimum.
D’un point de vue libéral, le problème du chômage et celui des bas salaires
sont disjoints. On ne peut décréter par la loi le niveau des salaires : un
salaire fixé au dessus du niveau d’équilibre, donc au dessus de la
productivité de certains travailleurs, ne créera que du chômage. Les salaires
n’ont pas augmenté au XXème siècle par la loi, mais bien parce que la
productivité des salariés avait augmenté, à mesure que le capital/tête
augmentait. Si on veut augmenter le salaire des travailleurs pauvres, il faut
le faire par des politiques qui augmentent leur productivité. Cela implique
donc d’augmenter le capital physique à leur disposition (un ouvrier
travaillant sur des machines sera plus productivité qu’un autre, et donc
mieux payé) ou d’accroître leur capital humain (formation). En d’autres
termes, pour réduire le stock de travailleurs pauvres, il faut mener des
politiques favorables à l’accumulation du capital productif, donc à
l’épargne : ce faisant, on arriverait à augmenter les salaires de tous de 3 à
5% par an, comme pendant les Trente glorieuses. Si l’augmentation du
capital par travailleur permet d’augmenter la productivité, donc les salaires,
de tous de 5% par an, les salaires doubleraient en 14 ans sans créer de
chômage. Si on considère que le salaire d’équilibre ne France est de 7 euros
de l’heure, soit environ 1000 euros bruts par mois, alors une telle politique
aboutirait en 14 ans à un salaire d’équilibre de 14 euros, soit 2000 euros
bruts par mois en euros constants, sans chômage.
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soit en raison de l’illusion nominale dont seraient victimes les salariés : en
cas de baisse de la demande des entreprises liées par exemple à des
anticipations pessimistes, un chômage apparaît qui ne peut être résorbé par
la baisse des salaires. Le chômage est donc involontaire : il résulte d’une
dégradation de la conjoncture qui empêche les entreprises
d’embaucher, et non d’une volonté des salariés de se retirer du marché du
travail faute de rémunération suffisante.
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1.3- Les nouvelles théories du marché du travail
le salaire n’est pas qu’un coût mais aussi une source de motivation : le salarié est
d’autant plus motivé qu’il est mieux rémunéré. Le lien productivité-salaire est donc
inversé : c’est le salaire qui détermine la productivité et non l’inverse.
Les coûts de rotation de la main d’œuvre : de faibles salaires entraînent un taux de
démission important (turn over) et donc des coûts de rotation élevés (frais de recrutement
et de formation, coût du licenciement). Pour conserver leurs salariés, les entreprises leur
offre donc un salaire supérieur au salaire d’équilibre.
L’asymétrie d’information : le salarié connaît sa réelle productivité, que l’entreprise
ignore. Comme la recherche d’informations sur la qualité réelle du candidat à l’embauche
est coûteuse, l’entreprise va proposer un salaire plus élevé pour attirer les meilleurs
candidats, un salarié se déclarant prêt à travailler pour un salaire moindre révélant ses
faibles compétences.
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II- Les politiques de l’emploi
on a vu plus haut que sur le long terme croissance de la population active et chômage
étaient déconnectés
remplacer un chômeur par un retraité entraîne des coûts identiques, qui pèsent sur le
salaire d’équilibre (coût de la cotisation-chômage ou coût de la cotisation-retraite) : on a
simplement substitué un inactif à un actif inoccupé.
La France utilisé largement ces politiques dans les années 1980 ; elle semble y avoir renoncé
aujourd’hui.
2- le partage du travail : il repose sur l’idée que le travail est homogène et divisible à l’infini. Dès lors,
si l’on réduit la durée du travail de 10%, on peut augmenter les emplois de 10%. Les promoteurs
avancent qu’un partage implicite existe sur le marché du travail : 8% de la population travaillent 0h, et
92% travaillent 35h. L’idée serait que par exemple 100% travaillent 32h. Le partage du travail a été
mené timidement en 1982 (passage au 39h) et plus fortement en 1998 (passage aux 35h). Le bilan
est controversé. Ses partisans disent qu’il a permis de créer 500.000 emplois. Mais compte tenu de la
baisse de la durée du travail de 10%, on aurait pu s’attendre à 2 millions de créations d’emplois. Si
cela n’a pas été le cas, c’est que :
En fait, le partage du travail repose sur l’idée que la quantité de travail disponible dans une économie
est fixe : il n’en est rien bien sûr. Cette quantité varie selon le niveau de croissance du Pib, selon le
niveau des salaires, etc.
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manifestations qu’il a provoquées. Depuis, les gouvernements tentent de
modérer l’augmentation du SMIC en renonçant aux coups de pouce, çàd
aux revalorisations au-delà de ce qu’exige la loi.
Bilan :
Pour les keynésiens, le chômage est un moins un problème de coût du travail qu’un problème de
demande insuffisante. D’où les politiques de relance menées, en 1975 et en 1982, qui se sont
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cependant soldées par des échecs (voir les critiques libérales à ce propos). De même, la stratégie
d’embauche de fonctionnaires (un million en 1982, un autre million dans la fonction publique
territoriale après les lois de décentralisation) n’a pas résorbé le chômage : les emplois créés sont
financés par des impôts qui pénalisent la création d’emplois privés.
On résume parfois les politiques menées depuis l’apparition du chômage de masse en 1974 pa
l’opposition entre politiques passives et politiques actives :
Les politiques passives n’agissent pas sur l’emploi mais sur le sort des chômeurs :
indemnisation des chômeurs, formation des chômeurs, dispense de recherche d’emploi pour
les plus jeunes (en leur offrant des formations) ou les plus âgés (pré-retraite).
Les politiques actives visent à créer des emplois et à rendre plus actif le marché du travail :
partage du travail, relance de l’activité, flexibilité, réduction du chômage frictionnel (en
développement la formation pour accroître la mobilité professionnelle ; en facilitant la
mobilité géographique).
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