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Chapitre 11 : Marché du travail et

politiques pour l’emploi


I) La théorie du marché du travail et l’institutionnalisation de la relation salariale
En se limitant à une présentation graphique simple et en insistant sur les déterminants de l’offre et de la
demande, on expliquera l’analyse néo-classique du fonctionnement du marché du travail. Pour rendre compte de
la spécificité de la relation salariale, on montrera l’intérêt de relâcher les hypothèses du modèle de base en
introduisant principalement les hypothèses d’hétérogénéité du facteur travail et d’asymétrie d’information. À
partir de quelques exemples, on montrera que le taux de salaire dépend également du résultat de négociations
salariales et de l’intervention de l’État. Acquis de première : salaire, marché, productivité, offre et demande, prix
et quantité d’équilibre, asymétries d’information,
NOTIONS : Taux de salaire réel, salaire d’efficience, salaire minimum, contrat de travail, conventions collectives,
partenaires sociaux, segmentation du marché du travail.
II) Les politiques pour l’emploi
Afin de montrer que la diversité des formes et des analyses du chômage explique la pluralité des politiques, on
analysera les politiques macroéconomiques de soutien de la demande globale pour lutter contre le chômage keynésien,
les politiques d’allégement du coût du travail pour lutter contre le chômage classique, les politiques de formation et de
flexibilisation pour réduire la composante structurelle du chômage. On soulignera que les politiques de l’emploi sont
aussi fondées sur la prise en compte du rôle du travail et de l’emploi dans l’intégration sociale. On se demandera en
quoi ce lien entre travail et intégration sociale est fragilisé par certaines évolutions de l’emploi. Acquis de première :
chômage, productivité, demande globale, politique monétaire, politique budgétaire, rationnement.

NOTIONS : Flexibilité du marché du travail, taux de chômage, taux d’emploi, qualification, demande anticipée, salariat,
précarité, pauvreté.
I) La théorie du marché du travail et l’institutionnalisation de la relation salariale

A) L’analyse néoclassique du marché du travail

Le modèle néo-classique de base repose sur la modélisation du fonctionnement du


marché du travail, le travail est appréhendé comme une marchandise comme les autres.
Son prix est le taux de salaire réel (salaire horaire une fois déduits les effets de l’inflation).
Il se calcule en faisant salaire horaire nominal / indice des prix.
Dans le raisonnement néoclassique, les agents économiques sont rationnels, ils
recherchent un optimum en maximisant leur utilité (comportement d’homo
oeconomicus).

NE PAS CONFONDRE OFFRE (DEMANDE) DE TRAVAIL ET OFFRE


(DEMANDE) D’EMPLOI !
Théorie économique Sphère médiatique

Les travailleurs… Offre de travail Demande d’emploi

Les employeurs… Demande de travail Offre d’emploi


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L’offre de travail
Offreur de travail = les ménages

2) Deux effets:
• Effets de substitution: Arbitrage entre travail et loisir. Le travail est considéré comme une désutilité (aversion
pour le travail) car il signifie que l’on se prive de loisir. Mais il apporte un revenu donc permet de consommer
ce qui accroît la satisfaction. Dans l’univers néoclassique, les agents pratiquent un raisonnement à la marge.
Ils vont comparer l’utilité que permet le salaire obtenu pour une heure de travail supplémentaire et la
désutilité entrainer par le sacrifice d’une heure de loisir. Sil l’utilité est supérieure à la désutilité, ils vont
décider d’offrir une heure de travail supplémentaire. Dans le cas contraire, ils ne sont pas prêts à sacrifier une
heure de loisir supplémentaire. Plus le taux de salaire réel est élevé, plus les agents sont prêts à offrir une
quantité importante de travail puisque la consommation s’accroît plus fortement ce qui permet de
compenser la désutilité entrainée par la perte d’heures de loisir.
• L’incitation à travailler est donc d’autant plus forte que le taux de salaire réel est élevé.

• Effet revenu: les ménages visent un certain niveau de revenu. Quand le salaire réel baisse, ils offrent plus de
travail pour gagner autant… et quand le salaire réel augmente, ils réduisent leur offre de travail.
3) L’offre de travail augmente avec le salaire réel à condition que l’effet de substitution l’emporte sur l’effet
revenu ce qui est supposé être le plus souvent le cas, notamment pour les ménages ayant peu de revenu et
espérant consommer plus… sachant par ailleurs que l’existence de minima sociaux ou les revenus du conjoint
peuvent permettre de survivre sans travailler:
 DONC: L’incitation à travailler est donc d’autant plus forte que le taux de salaire réel est élevé.
page 284

Demande de travail
décroissante par rapport au
taux de salaire réel
1) La demande de travail émanent des
organisations de production.
2) La demande de travail est décroissante par
rapport au taux de salaire réel.

3) Les néo-classiques pratiquent un raisonnement à la marge (c’est à dire qu’ils étudient les calculs à
la marge auxquels se livrent les individus dans la recherche du maximum de satisfaction ou de profit).
L’employeur compare donc le coût marginal du salarié (coût d’une heure de travail supplémentaire
dans l'entreprise) avec la productivité marginale du travail (ce que le travailleur produit comme
richesse supplémentaire pour une heure de plus dans l'entreprise).
Rappel 1ES: la productivité marginale du travail est considérée comme décroissante à stock de
capital donné.
Il va continuer d’embaucher tant que le coût marginal est inférieur à la productivité marginale.
Il s’arrête d’embaucher lorsque le coût marginal (taux de salaire réel) est égal à la productivité
marginale.
Plus le taux de salaire réel est élevé, plus l’incitation à demander du travail est faible puisque le
coût marginal du travail s’élève et risque d’être supérieur à la productivité marginale.
Donc la demande de travail est décroissante par rapport au taux de salaire réel.

Lorsqu’Offreurs et demandeurs de travail tombent d’accord entre eux, ils signent un


contrat de travail: accord par lequel un salarié s’engage à mettre à la disposition d’un
employeur sa force de travail pendant des horaires convenus pour effectuer une tâche
particulière en échange d’un salaire convenu. Cela implique subordination.
Page 286
Doc 2 page 286: Equilibre sur le marché du travail néoclassique
Salaire
Réel (w/p) Offre de
travail

W/p*

Demande
de travail

Q* Q demandées Quantité de
Q offertes travail

2) A l’équilibre, tous ceux qui veulent travailler au salaire du marché peuvent le faire!
3) A l’équilibre, tous ceux qui ne travaillent pas l’ont choisi car ils trouver le salaire trop
bas… Ce sont des chômeurs volontaires! Donc de faux chômeurs… donc il n’y a pas de
chômage involontaire possible.
5) La demande est supérieure à l’offre… Le niveau de salaire réel va augmenter pour
rééquilibrer offre et demande.
Schéma du fonctionnement du marché du travail néoclassique

Comparaison ?

Comparaison ?
L’équilibre sur le marché du travail vu par les néoclassiques
 Si les conditions de la concurrence parfaite sont réunies, le marché du travail revient
naturellement à l’équilibre. On dit qu’il s’autorégule.
Le marché retourne automatiquement à l’équilibre à condition que les conditions de la concurrence
parfaite soient respectées et que le taux de salaire réel soit parfaitement flexible.
L’équilibre est le point qui égalise l’offre et la demande de travail. Il existe un niveau de taux de salaire
réel qui permet cet équilibre.

Sur un marché qui a de telles caractéristiques de concurrence parfaite, les agents économiques sont
preneurs de prix (price taker). Cela signifie qu’en raison de la concurrence, ils ne peuvent agir sur les
prix qui sont donc des données pour eux. Ils vont en revanche pouvoir décider des quantités qu’ils
sont prêts à offrir et demander pour chaque niveau de prix.

 La flexibilité du taux de salaire réel permet d’atteindre un équilibre lorsque l’offre et la


demande de travail varient.

 L’augmentation de l’offre de travail (pour des raisons démographiques ou sociologiques) conduit à


une baisse du taux de salaire réel.
 La diminution de l’offre de travail (pour des raisons démographiques ou sociologiques) conduit à une
hausse du taux de salaire réel.
 L’augmentation de la demande de travail (parce que les salariés sont plus productifs ou parce que les
commandes sont plus importantes) conduit à une hausse du taux de salaire réel.
La diminution de l’offre de travail (parce que les salariés sont plus productifs ou parce que les
commandes sont plus importantes) conduit à une baisse du taux de salaire réel.
BREF: il n’y a jamais de chômage possible si les conditions de la CPP sont réunies.
B) Le marché du travail est-il un marché concurrentiel?
Conditions de la concurrence
parfaite pour le marché des biens Traduction pour le marché du travail Vérifiée ou non?
et services
Plutôt oui… même si les négociations
Quantité très grande d’offreurs et Beaucoup d’employeurs et beaucoup de salariales se font souvent de façon
Atomicité de demandeurs salariés, dans tous les métiers. collective, avec 4 ou 5 grands syndicats
et un syndicats d’employeur…
Le travail fourni par quiconque est NON: une heure de travail d’un salarié
strictement le même, donc tous les ou d’un autre, ce n’est pas du tout la
Homogénéité Produit unique et uniforme
travailleurs ont les mêmes qualifications et même chose… Il y a une infinité de
compétences. qualité différentes!
NON: un employeur ne connaît pas à
Tous les agents savent tout sur la Les employeurs savent exactement quelle
Transparence/ l’avance la véritable compétence et
qualité et le prix des quantités est la qualité de la force de travail qu’ils
Information parfaite motivation d’un salarié… et elle n’est
échangées achètent
pas facile à mesurer une fois embauché
Plutôt oui, même si certains vendeurs
Chaque offreur est libre de choisir de
(trop jeunes, travaillant déjà trop…) ne
Libre entrée et N’importe quel agent peut entrer proposer ou non son travail, chaque
peuvent pas vendre leur force de travail
sortie et sortir du marché. demandeur peut (ou pas) demander du
travail.
Et certains contrats de travail ne
peuvent pas être rompus sans coûts
Les facteurs qui permettent la
Mobilité des production du bien ou service
Pas pertinent, le travail n’est pas un BS
considéré doivent être librement
facteurs de disponibles et pouvoir se déplacer
produit en combinant des facteurs de Pas pertinent
production.
production facilement d’une production à une
autre.
Les salaires s’ajustent immédiatement aux NON: Négociation collectives qui
Les prix s’ajustent immédiatement
variations de l’offre et de la demande de aboutissent à des grilles salariales,
aux variations de l’offre et de la
Flexibilité des prix demande de façon à résorber tous
façon à résorber tous les excès d’offre ou de Salaire Minimum (SM), on ne peut pas
demande de travail baisser le salaire d’un contrat déjà
les excès d’offre ou de demande
signé… Beaucoup de rigidités, de règles!
C) L’explication du chômage par la rigidité du salaire réel (chômage classique)
Dans cette perspective, le chômage involontaire ne peut venir que d’imperfections ou de perturbations extérieures au
marché qui créent des rigidités (chômage structurel).
Le taux de salaire réel n’est plus suffisamment flexible pour permettre le retour à l’équilibre. Si le taux de salaire réel
du marché est supérieur au taux de salaire réel d’équilibre, la demande de travail est inférieure à l’offre. Il y a alors
du chômage involontaire.
Représentation du chômage causé par un salaire > salaire d’équilibre sur le
marché du travail néoclassique
Salaire Réel (w/p) Des individus auraient accepté le salaire du marché
CHOMAGE mais ils n’ont pas réussi à vendre leur force de travail
Taux de
salaire w/p involontaire Offre de travail
du marché
(observé)

Quelque W/p*
chose bloque
l’ajustement
du salaire
réel! Demande de travail

D’ Q* O’ Quantité de travail

Plusieurs explications à ces rigidités sont avancées par les néoclassiques .


C) 1) Des rigidités institutionnelles à la baisse du salaire réel (perturbations extérieures)
 C)1)a) L’existence d’un salaire minimum supérieur au salaire d’équilibre
Le SMIC concerne surtout les salariés les moins qualifiés qui sont aussi les moins payés. Or, dans la logique
néoclassique, ces salariés sont ceux qui ont la productivité marginale la plus faible. Donc le fait que le SMIC soit fixé
au-dessus du salaire d’équilibre les pénalise tout particulièrement car les entreprises vont supprimer ces emplois
peu productifs au regard du salaire qu’elles doivent verser.
CHOMAGE
Salaire Minimum
Brut= involontaire Offre de travail
1500€

W/p*
Salaire d’équilibre
théorique= 1000€???

Demande de travail

D’ Q* O’ Quantité de travail
Période 2018 SMIC brut SMIC net
Montant du SMIC horaire 9,88€ 7,83€
Montant du SMIC mensuel pour 35h ; 1 498,50€ 1 188€
Montant du SMIC Annuel à temps complet 17 982€ 14 256€
Productivité
marginale

Productivité Salariés rentables


marginale > SMIC
à employer

Salaire Minimum Brut=1500€


SMIC

Productivité Salariés non


marginale < SMIC rentables à employer

-
 C)1) b) L’existence des syndicats comme source de rigidités institutionnelles
L’autorisation des syndicats et la reconnaissance des négociations collectives conduirait à un salaire
supérieur au salaire d’équilibre (relâchement de l’hypothèse d’atomicité car les vendeur de travail
se regroupent pour devenir agir sur les prix, ici les salaires), ce qui leur est bénéfique: ceux qui
un emploi sont mieux payés grâce aux syndicats que si le salaire avait été celui du salaire
d’équilibre… mais il y a des chômeurs involontaires et le potentiel de production n’est pas
réalisé…
Doc 4 page 293

Effectivement on observe qu’il existe


une forte corrélation entre fort taux de
couverture par des conventions
collectives et faible taux d’emplois à
bas salaires…
Il me semble que l’écart en 2010
entre 10% de salariés au smic et 7%
des emplois au smic peut s’expliquer
par le fait que le graphique raisonne
en emplois équivalents temps plein et
que les smicards sont surreprésentés
parmi les emplois à temps partiel…
Par exemple:
2 salariés au smic à ½ temps= 1
emploi équivalent temps plein au
smic (ici bas salaire)
Doc A : Insiders/Outsiders
Développée par un économiste suédois, Lindbeck, et un Américain, Snower, mais aussi
par les Britanniques Layard et Nickell, elle [la théorie insider-outsider] repose sur le
fait que les négociations au sein de l'entreprise, que ce soit sur les salaires ou sur
l'emploi, sont réalisées soit par des représentants des salariés de l'entreprise, soit par
des salariés permanents. Dans les deux cas, ceux qui négocient sont déjà au sein de
l'entreprise –des insiders. Ils ne tiennent pas compte des intérêts des outsiders – ceux
qui sont hors de l'entreprise –, c'est-à-dire les chômeurs. Du fait de leur pouvoir de
négociation (menace de grève par exemple), les insiders obtiennent des conditions
au-delà de ce que le marché devrait accorder, ce qui provoque ou prolonge l'exclusion
des outsiders.. En effet, même si l'économie repart ou si la politique est corrigée, les
insiders vont chercher à accaparer les gains de la nouvelle situation au détriment du
retour à l'emploi des outsiders. C'est ce qui semble alors se passer en Grande-
Bretagne : malgré l'affaiblissement des syndicats, malgré un très fort chômage, les
entreprises continuent d'offrir des salaires croissants.
Philippe ASKENAZY, Les décennies aveugles. Emploi et croissance 1970-2010, Seuil,
2011
1) Pourquoi, même en cas de reprise de l’activité, la situation des outsiders ne s’améliore
pas autant que la théorie libérale pourrait le laisser penser ?
Certains auteurs ont mis en avant à partir de cette segmentation du marché du travail une
opposition entre les insiders (salariés en poste) et les outsiders (travailleurs cherchant un
emploi).
Les insiders ont un pouvoir de négociation (menace de grève par exemple) que leur confère
leur présence dans l’entreprise et ils peuvent en profiter pour demander des conditions, y
compris de rémunération, que le marché ne leur aurait pas accordées.
En cas de hausse de l’activité, les insiders en profitent pour obtenir des hausses de salaires
importantes (cf dernière phrase du texte)) et freiner l’embauche des chômeurs.
De même, en période de chômage, cette situation freine la baisse des salaires et empêche les
outsiders de se faire embaucher à un niveau de salaire faible.

Bref: la situation privilégiée des insiders leur permet d’obtenir des conditions de salaires plus
favorables que celles qui résulteraient d’un équilibre sur le marché du travail.

On peut considérer le pouvoir des syndicats comme une rigidité institutionnelle car l’Etat fait
le choix d’autoriser les syndicats et de reconnaître la validité des accords qu’ils passent avec les
employeurs.

C’est une cause de chômage involontaire car :


1) Les entreprises ne demandent PAS le travail des chômeurs les moins productifs au niveau de salaire
élevé négocié par les syndicats.
2) Le salaire élevé négocié par les syndicats conviendrait parfaitement à de nombreux chômeurs… mais
ils ne trouvent pas d’employeurs prêts à les embaucher!
Productivité
marginale

Salaires
Productivité négociés Salariés rentables
marginale > par les
insiders à employer
Salaires
Salaires négociés par les insiders =2000€ négociés
par les
insiders
Salaires
Productivité négociés Salariés non
marginale < par les rentables à employer
insiders

-
Salaire CHOMAGE
négociés
par les involontaire Offre de travail
insiders
2000€

W/p*
Salaire d’équilibre
théorique= 1000€???

Demande de travail

D’ Q* O’ Quantité de travail
La segmentation du marché du travail et ses conséquences sur la fixation des salaires

Document B : La segmentation du marché du travail


Un marché du travail interne est défini comme une unité où les mécanismes de détermination des salaires et
d'allocation du travail sont gouvernés par des règles et procédures administrées. Ce marché s'oppose au marché du
travail externe dont le fonctionnement dépend avant tout de variables économiques. Au-delà de la diversité de leurs
formes, les marchés internes accordent tous des droits et des privilèges à leurs salariés, les règles régissant le
rapport salarial et la gestion de la main-d'œuvre ayant une certaine rigidité ou inertie vis-à-vis des conditions
économiques externes. On les rencontre surtout dans les grandes entreprises industrielles à main-d'œuvre très
majoritairement masculine où la spécificité des compétences, la formation par les pairs, le fonctionnement de
collectifs de travail ayant la même socialisation et partageant les mêmes systèmes de valeurs ont permis l'émergence
de règles privilégiant l'ancienneté. Leur présence suppose aussi que les directions d'entreprise cherchent ainsi à
limiter les coûts de sélection, de recrutement, de formation et de turn-over en favorisant la stabilité et la promotion
professionnelles. Le concept de marché interne débouche sur la notion de dualisme. Le marché du travail est divisé
en deux segments avec un marché primaire et un marché secondaire. Le premier est constitué de la réunion des
marchés internes : les emplois de ce segment offrent une relative sécurité de l’emploi, de bonnes conditions de
travail, des possibilités d’avancement codifiées dans des règles, des salaires convenables et des avantages sociaux
appréciables. Quant au marché secondaire, il regroupe différents types d’emplois dont les caractéristiques
s’opposent point par point à celles du marché primaire : insécurité d’emploi, mauvaises conditions de travail, turn-
over élevé, règles de fonctionnement et d’avancement arbitraires…
D’après Nicole Gadrey, A propos des théories de la segmentation, Travail et genre : approches croisées, l’Harmattan,
2001

1) Remplissez le tableau ci-dessous à partir du texte.


Segments du Marché primaire Marché secondaire
marché du travail (Marchés internes d’entreprises) (Marché externe)
Types de
Qualifiés Peu qualifiés
travailleurs
CDD-Intérim (insécurité de
Types de contrats CDI (peu de turn-over) l’emploi)

Turn-over élevé
Niveau des
Plus élevées Moins élevées
rémunérations
Possibilités de promotions et
Avancement Peu de perspectives de carrière
d’augmentation de salaires

Surtout par l’organisation


bureaucratique (règles collectivement
Modes de négociées avec les syndicats au niveau Surtout par le marché
coordination de de la l’entreprise ou de la branche); concurrentiel et la loi de l’offre
l’utilisation du progression à l’ancienneté. et de la demande même si l’Etat
facteur travail fixe des règles à suivre
Ne dépend pas de la conjoncture
économique sur le marché.
Segments du Marché primaire Marché secondaire
marché du travail (Marchés internes d’entreprises) (Marché externe)
Types de
Qualifiés Peu qualifiés
travailleurs
CDD-Intérim (insécurité de
Types de contrats CDI (peu de turn-over) l’emploi)

Turn-over élevé
Niveau des
Plus élevées Moins élevées
rémunérations
Possibilités de promotions et
Avancement Peu de perspectives de carrière
d’augmentation de salaires

Surtout par l’organisation (règles


collectivement négociées avec les
Modes de syndicats au niveau de la l’entreprise Surtout par le marché
coordination de ou de la branche); progression à concurrentiel et la loi de l’offre
l’utilisation du l’ancienneté. et de la demande même si l’Etat
facteur travail fixe des règles à suivre
Ne dépend pas de la conjoncture
économique sur le marché.
2) En quoi la segmentation du marché du travail remet-elle en cause le modèle
néoclassique en concurrence parfaite ?

La segmentation du marché du travail désigne le processus de fractionnement du marché du travail


en marchés distincts. Selon les caractéristiques des emplois offerts et des populations, les pratiques
de recrutement, les modes de rémunération... diffèrent.

L'hypothèse d'homogénéité du facteur travail n'est donc plus respectée. On parle de dualisme
lorsqu'il y a deux marchés, appelés marché primaire et marché secondaire, entre lesquels existe une
frontière étanche.

Le fonctionnement des deux marchés diffère : le marché primaire repose sur des règles
collectivement négociées (salaires, promotions, garanties et avantages sociaux,... négociées avec les
syndicats) alors que le marché secondaire connaît un fonctionnement plus concurrentiel.

Ici encore, l’idée d’un salaire d’équilibre unique fixé par les seuls mécanismes marchands est remise
en cause par l’imperfection du marché.
En effet, sur le marché primaire, ce n’est pas la rencontre d’une offre et d’une demande de travail
dans un univers concurrentiel qui détermine le salaire, mais des mécanismes internes à l’entreprise.
Sur le marché secondaire qui concerne les travailleurs les moins qualifiés, le niveau de salaire est
davantage fixé par le jeu de l’offre et de la demande … (en faisant abstraction de l’existence du SMIC)
Principal enseignement à tirer des documents A et B:

La fixation du salaire ne se fait pas uniquement sur un marché concurrentiel


(rencontre entre l’offre et la demande de travail). Elle aussi dépendante du
fonctionnement interne des organisations.
La segmentation du marché du travail entraîne un salaire sur le marché primaire
supérieur au salaire d’équilibre en concurrence parfaite.
Explication du chômage par les rigidités
C)1) Perturbations extérieures
C)1) b)
C)1) a)

Salaires observés sur le marché supérieurs au salaire


théorique qui équilibrerait le marché du travail.

Schéma réalisé par Jean-François Freu

Ces rigidités entraveraient la libre négociation des salaires et le retour à l’équilibre. Toute entrave à la flexibilité à la baisse du taux
de salaire réel est une entrave à la réduction du chômage classique car lorsque les prix sont rigides, l’ajustement se fait par les quantités.
C) L’explication du chômage par la rigidité du salaire réel
C) 1) Des rigidités institutionnelles à la baisse du salaire réel
C) 2) Les imperfections du marché à l’origine de la rigidité du salaire réel (ici l’Etat n’est
pas coupable du fait de ses interventions de la rigidité des salaires)

C)2) a)La prise en compte du temps induit une certaine rigidité du taux réel

Le marché parvient à l’équilibre, on est au plein-emploi.


Tous les travailleurs qui souhaitent travailler pour le taux de salaire d’équilibre parviennent à le
faire.

Ceux qui ne travaillent pas sont alors des « chômeurs volontaires » : ils ne souhaitent pas travailler
pour ce taux de salaire d’équilibre, par exemple parce qu’ils peuvent vivre grâce aux allocations
chômage (renvoie à la théorie des trappes à chômage).

Toutefois, le marché du travail concurrentiel connaît quelques imperfections qui n’excluent pas un
« chômage frictionnel » :

 Au temps nécessaire pour que le taux de salaire réel s’adapte aux nouvelles conditions
économiques ;
 Au temps qu’il faut pour un chômeur pour retrouver un emploi dans des conditions normales.
(Frictionnel comme les frictions qui ont une influence sur la vitesse des objets qui glissent sur une
surface qui n’est jamais parfaitement lisse et qui perturbe donc un peu le calcul de la vitesse en
fonction de la pente et de la hauteur de la surface sur laquelle ils glissent…
C) L’explication du chômage par la rigidité du salaire réel
C) 1) Des rigidités institutionnelles à la baisse du salaire réel
C) 2) b)Les asymétries d’information contribuent à la
rigidité du salaire réel
Asymétrie d’information : situation sur un marché où un agent
dispose de plus d’information que les autres.
Risque ou aléa moral : situation où un agent, non ou mal informé,
ne peut pas contrôler l’action d’un partenaire qui peut en profiter.
Doc 2 page 290 : la théorie du salaire d’efficience
1) Non, puisque le travail est supposé homogène … et que
l’information est supposée parfaite. Or il y a un risque
d’aléa moral : faire semblant de faire des efforts, d’être à
son maximum… sans l’être… L’employeur ne peut pas
toujours le savoir… Et l’intérêt du salarié est de percevoir
un salaire, pas que les performances de l’entreprise soient
bonnes… Le salarié sait s’il fait des efforts, l’employeur ne
le sait pas (asymétrie d’info) ET le salarié se dit que s’il est
le seul à ne pas faire d’efforts, cela ne va pas affecter les
résultats de l’entreprise… il se sentira « assuré » de
recevoir une rémunération fixe quelque soient les
résultats de l’entreprise…

2) Les asymétries d’informations posent deux problèmes à l’employeur dans la relation d’emploi

• L’Anti sélection à l’embauche : proposer un salaire bas à l’embauche risque de faire venir seulement les mauvais
candidats qui savent que ce salaire est bon pour eux compte tenu de leur mauvaise productivité… et les bons
candidats ne vont pas se présenter car ils pensent qu’ils méritent plus… Comme pour le marché des voitures
d’occasion étudié par Akerlof où seuls les « lemons » se vendent… et où le marché disparait,.
Sur le marché du travail, le fait d’offrir le salaire qui équilibrerait le marché du travail peut ne faire venir que des
mauvais candidats…Certes, l’existence des diplômes permet de lever un peu les asymétries d’informations…

• La faible productivité des salariés: Proposer un salaire bas risque de ne pas motiver « les salariés embauchés » et
leur productivité risque d’être faible. C’est surtout vrai pour des emplois où il est difficile de contrôler la qualité
du travail des salariés;
3) Du fait des asymétries d’informations, certaines
entreprises sont prêtes à rémunérer les travailleurs au-
dessus du salaire d’équilibre pour :

 Limiter le risque d’antisélection : en offrant des salaires élevés, l’entreprise cherche à


s’attirer les meilleurs travailleurs, qui sont difficiles à déceler lors des entretiens d’embauche.
Des salaires trop faibles désinciteraient les meilleurs travailleurs à se présenter à l’embauche.

 Limiter le risque moral : en raison des asymétries d’information, il est difficile de s’assurer
de la fidélité et de l’implication des travailleurs. En offrant des salaires élevés, l’entreprise
cherche à limiter ce risque. En effet, pour éviter de perdre cet emploi et le salaire intéressant
qui va avec, les travailleurs vont donc tout faire pour satisfaire les demandes de l’employeur et
être les plus efficaces possible. C’est aussi une façon d’établir une relation de confiance entre
salariés et entreprise propice au total investissement de ceux-ci.

On peut ajouter l’objectif de fidélisation des salariés qui ont un capital humain spécifique lié à
l’expérience dans l’entreprise et éviter les rotations trop importantes de la main-d’œuvre qui
obligeraient à former de nouveaux salariés, ce qui a un coût.

4) Même si les autres conditions de la concurrence parfaite étaient réunies (pas de SMIC, pas de
syndicats et donc bonne atomicité), les asymétries d’information et le caractère non-homogène de la
marchandise « travail » conduisent les entreprises à avoir intérêt à pratiquer des salaires supérieurs au
salaire d’équilibre (salaire d’efficience) pour gagner en productivité et en rentabilité.

On a là une autre explication des rigidités à la baisse du salaire réel et donc une explication
néoclassique au chômage involontaire.
Productivité
marginale

Productivité Salaires Salariés rentables


marginale > d’efficience
à employer
Salaire d’efficience= 2000€
Salaires
d’efficience

Productivité Salaires Salariés non


marginale < d’efficience rentables à employer

-
Salaire CHOMAGE
d’efficience
involontaire Offre de travail

W/p*
Salaire d’équilibre
théorique= 1000€???

Demande de travail

D’ Q* O’ Quantité de travail
Explication du chômage involontaire par les rigidités
C)1) Perturbations extérieures
C)1) b)
C)1) a)

C2) Imperfection du marché

C) 2) b) Choix des
entreprises de proposer un
salaire efficient supérieur
au salaire d’équilibre pour
Imperfection du
lever les asymétries
marché (C2
d’informations
Salaires observés sur le marché supérieurs au salaire
C) 2) a) Temps nécessaire à théorique qui équilibrerait le marché du travail.
l’évolution du salaire, à la
recherche d’emploi

Schéma réalisé par Jean-François Freu

Ces rigidités entraveraient la libre négociation des salaires et le retour à l’équilibre. Toute entrave à la flexibilité à la baisse du taux
de salaire réel est une entrave à la réduction du chômage classique car lorsque les prix sont rigides, l’ajustement se fait par les quantités.
D) Comment justifier l’institutionnalisation de la relation salariale par l’Etat ?

(Passage d’une relation contractuelle marchande à une relation salariale encadrée


par l’Etat)

L’analyse néoclassique du travail est très réductrice car elle fait du travail une simple
marchandise et considère que le salaire – comme tous les autres prix – est fixé par la
rencontre entre une offre et une demande sur un marché concurrentiel.

Or des règles d’origine étatique (code du travail en France) ou qui résultent d’accords
entre partenaires sociaux à travers des conventions collectives limitent fortement ce
qui peut relever de la négociation entre des acheteurs et des vendeurs de travail
atomisés.

1) La relation salariale est fondamentalement asymétrique

Nous allons voir que si initialement la relation salariale pouvait être considérée comme
une relation purement marchande, celle-ci a connu un processus
d’institutionnalisation progressive.
Doc C La relation salariale est fondamentalement asymétrique
C’est par l’accord qui se fait habituellement entre ces deux personnes, [l’employeur et le
salarié], dont l’intérêt n’est nullement le même, que se détermine le taux commun des
salaires. Les ouvriers désirent gagner le plus possible ; les maîtres, à donner le moins
qu’ils peuvent ; les premiers sont disposés à se concerter pour élever les salaires, les
seconds pour les abaisser. Il n’est pas difficile de prévoir lequel des deux partis, dans
toutes les circonstances ordinaires, doit avoir l’avantage dans le débat, et imposer
forcément à l’autre toutes ses conditions. Les maîtres, étant en moindre nombre,
peuvent se concerter plus aisément ; et de plus, la loi les autorise à se concerter entre
eux, ou au moins ne le leur interdit pas ; tandis qu’elle l’interdit aux ouvriers. Nous
n’avons point d’actes du Parlement contre les ligues qui tendent à abaisser le prix du
travail ; mais nous en avons beaucoup contre celles qui tendent à le faire hausser.
Dans toutes ces luttes, les maîtres sont en état de tenir ferme plus longtemps. Un
propriétaire, un fermier, un maître fabricant ou marchand, pourraient en général, sans
occuper un seul ouvrier, vivre un an ou deux sur les fonds qu’ils ont déjà amassés.
Beaucoup d’ouvriers ne pourraient pas subsister sans travail une semaine, très peu un
mois, et à peine un seul une année entière. A la longue, il se peut que le maître ait autant
besoin de l’ouvrier, que celui-ci a besoin du maître ; mais le besoin du premier n’est pas si
pressant.
A. Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776.

1) En quoi ce texte montre que la relation salariale ne peut être considérée comme un
contrat librement consenti entre un acheteur de travail et un vendeur de travail ?
1) En quoi ce texte montre que la relation salariale ne peut être considérée comme un contrat librement
consenti entre un acheteur de travail et un vendeur de travail ?

Salariés et employeurs sont dans une position fondamentalement asymétrique lorsqu’il négocie en tête à
tête la relation salariale. L’employeur peut attendre, il a du capital, il pourrait même ne pas produire!
Du plus, l’existence d’un chômage permanent permet de mettre les chômeurs en concurrence. (Marx parle
de l’utilité de l’armée de réserve des chômeurs).
Sans revenus de remplacement, l’analyse néoclassique de la baisse de l’offre de travail avec la baisse des
salaires est absurde: les employeurs peuvent profiter de leur avantage pour faire baisser les salaires et
dégrader les conditions de travail sans limite!

Historiquement:
Cette condition est restée dominante jusqu’à la fin du 19ème siècle où le rapport salarial était un simple
rapport individuel entre le patron et le salarié (le salarié est seul face à son patron). Pas de protection. On
peut être licencié du jour au lendemain. On vit au jour le jour. La vulnérabilité sociale est la condition
majoritaire des salariés. Insécurité sociale permanente : le salarié est à la merci du moindre aléa de la vie
(chômage, accident du travail, vieillesse) Cette extrême fragilité réduit fortement son pouvoir de
négociation: c’est un cercle vicieux!

C’est pourquoi, comme nous allons le voir, la relation salariale a été peu à peu encadrée par le droit du
travail et les conventions collectives. Et cette protection n’a cessé de s’affermir au cours des 19e et 20e
siècles. (Voir grandes dates doc 3 page 295)
(Voir grandes dates doc 3 page 295)
Salariat:
Offreur de travail
devient un salarié,
statut auquel sont
associées de
nombreuses
protections.
Le développement
de ces protections,
c’est le
développement du
salariat.
Le travail est de
moins en moins
considéré comme
une simple
marchandise!
Doc D : Le contrat de travail
Société Durand, 12 rue Leblanc, 68000 Colmar
Entre la société Durand d’une part, et Monsieur Marcel Dupont, né le 20 janvier 1960 à Paris 14ème
et habitant 4 rue Violette à Wintzenheim, d’autre part, il a été convenu ce qui suit conformément aux
dispositions de la convention collective nationale du commerce de détail et de l’habillement.
Monsieur Marcel Dupont est engagé à partir du 1er juin 2009 dans les conditions suivantes : période
d’essai : 1 mois ; nature de l’emploi : vendeur hautement qualifié ; capable de faire des étalages ;
qualification : catégorie 7 ; horaire : mardi 10h-13h et 14h-18h et du mercredi au samedi 9h30 13h et
14h-18h30 ; salaire mensuel brut : 1 430 euros ; durée du contrat : indéterminée ; congés payés : 5
semaines uniquement aux dates de fermeture de la société ; journées de repos hebdomadaire :
dimanche et lundi. Les parties contractantes s’engagent à se conformer aux dispositions du règlement
intérieur dont l’intéressé déclare avoir pris connaissance. Fait en double exemplaire à Colmar le 1er
juin 2009, signatures des 2 parties précédées de la mention « lu et approuvé ».

1) Relevez les dispositions qui s’imposent à l’employeur et au salarié ? D’où viennent ces obligations ?
• La période d’essai ne peut pas durer indéfiniment.
• Qualification précisée dans la convention collective.
• Les horaires de travail sont aussi encadrés par le droit du travail.
• Les motifs de rupture du CDI sont précisés par le droit du travail.
• La durée minimale de congés payés aussi.
• Le nombre de jours de repos hebdomadaires aussi.
2) Les évolutions de la norme d’emploi à l’origine d’une désinstitutionalisation de la
relation salariale ?

Définition norme d’emploi : façon privilégiée d’utiliser la MO dans les entreprises, qui
se traduit par un type de contrat de travail majoritaire.

Les CDD sont


devenus la norme
d’embauche…
Doc 3 page
321:

… Toutefois, le
CDI reste
largement la
norme de
l’emploi.

On remarque
cependant
qu’entre 1982
et 2012, la part
des contrats
temporaires
dans le total
des emplois a
presque triplé.
On peut donc parler d’une certaine désinstitutionalisation de la relation salariale, le
mouvement à l’œuvre historiquement semblant s’être renversé… la proportion des emplois
très bien protégés baissant. De plus, le discours sur la légitimité du salariat a aussi évolué.
De plus on constate une augmentation des emplois à temps partiels (1/4 temps, mi-temps)
qui ne permettent pas toujours de bien vivre de son travail.
Le temps partiel concerne surtout les femmes : 82 % des salariés à temps partiel
sont occupés par des femmes et 31 % des femmes salariées sont à temps partiel
(contre 7 % des hommes).
Doc 4 p295: L’intervention publique contestée 1)
Contrairement à ce que l’on
pourrait espérer, le CDD ne
semble pas être en France
« un bon tremplin » pour
l’emploi stable en CDI… Les
employés en CDD sont
souvent durablement utilisés
comme une variable
d’ajustement et ne
parviennent alors pas à
décrocher un CDI. Cela paraît
étonnant car la loi française
cherche à rendre difficile la
répétition des CDD.
2) En raison du niveau élevé et incertain des coûts qui pèsent sur les rupture de CDI. La
protection élevée du CDI est ici présentée comme la source du chômage et de la précarité.
Une solution proposée par Jean Tirole, dernier prix Nobel d’économie et français, un contrat
unique avec des droits progressifs, qui augmenteraient au fil du temps, pour casser la
dichotomie CDD/CDI, casser la logique du tout ou rien…
Pour éviter de pénaliser 90% des salariés, il propose de n’applique cette réforme du contrat
unique qu’aux nouveaux contrats signés… (On ne remet pas en cause les droits du grand-
père).
II ) Comment lutter contre le chômage ?

A) Quelques rappels sur la mesure du chômage:

 Un chômeur est une personne , sans emploi, disponible pour travailler et qui
cherche un emploi.

 Un actif est une personne qui a ou qui cherche un emploi.

Remarque: Il est possible d’être étudiant ou retraités et d’avoir un emploi (même


s’il y a des limites à respecter dans le cas des retraités.)

 Un inactif est une personne qui n’a pas d’emploi et qui ne souhaite pas, ou ne
peut pas en avoir.

Exemples: personnes de moins de 15 ans, étudiants non-salariés, personnes au


foyer par choix, retraités non salariés, personnes malades, personnes en prison,
personnes en congés maternité…
Remarque: Chômage et indemnisation du chômage
Les chômeurs ne sont pas tous indemnisés par des allocations chômage!
Et des allocations chômage sont en général faibles…
Le taux de chômage
Formule : Taux de chômage dans un groupe

Nombre de chômeurs du groupe concerné*100


Nombre d’actifs dans le groupe concerné

Doc 4 page 309: chômage, des frontières floues.


Le taux de chômage officiel sous-
estime de façon mécanique la
réalité du problème du sous-
emploi en France, du fait de
l’existence de zones à la frontière
entre chômage, emploi et
inactivité dans laquelle on trouve
des personnes qui souhaitent
travailler (ou travailler plus) et
qui ne sont pas comptabilisées
parmi les chômeurs.
Remarque: Le taux d’emploi, un meilleur indicateur que le taux de chômage?
Doc 2 page 308: Quel taux pour mesurer le chômage?
«Il existe un indicateur plus pertinent: le taux d'emploi», lance André Zylberberg, économiste français,
spécialiste du marché du travail et directeur de recherche émérite au CNRS. En effet, «celui-ci donne une
bonne indication du potentiel productif d'un pays, puisqu'il mesure les capacités humaines mobilisées pour la
production de biens et services. De son côté, le taux de chômage est plus un indicateur du déséquilibre du
marché du travail. Il faut le considérer comme complémentaire du taux d'emploi», ajoute-t-il.
L'élévation du taux d'emploi accroît la production de richesse par habitant et favorise l'inclusion sociale des
populations. «Le taux d'emploi d'une classe d'individus est calculé en rapportant le nombre d'individus de la
classe ayant un emploi au nombre total d'individus dans la classe. Il peut être calculé sur l'ensemble de la
population d'un pays, mais on se limite le plus souvent à la population en âge de travailler (personnes âgées
de 15 à 64 ans)» résume l'Insee.
«Il y a toujours des ambigüités sur ce que veut dire “chercher un travail”. En revanche, “avoir un emploi”,
même à temps partiel, est nettement moins ambiguë»
Par rapport à l'Allemagne, la France a un déficit de taux d'emploi d'environ 10 points en 2014. Quant à la
Grèce, son taux d'emploi est nettement inférieur à celui des autres pays. «Cela explique une grande partie de
ses problèmes», poursuit l'économiste.
Le taux d'emploi des jeunes en France est plus faible (28,1%) que celui de l'Union européenne (UE) (32,5%).
En Grèce, il est de 13,3% quand il s'élève à 46% en Allemagne. Côté «seniors» le taux d'emploi en France est
également bas: 47%. Enfin, l'Allemagne arrive à 65,5% et l'UE à 51,8%. La Grèce est toujours à la traîne avec
34% d'emploi des 55-64 ans. Dans la tranche 25-54 ans (deuxième graphique ci-dessous), la France fait
pratiquement jeu égal (80,5%) avec l'Allemagne (83,5%). Par contre, la Grèce n'est qu'à 62,4%.
Taux de chômage ou taux d'emploi, quel est l'indicateur le plus pertinent ?, Par Marie Théobald, Le Figaro,
Juin 2015
1) Pourquoi le taux d’emploi serait-il plus pertinent que le taux de chômage?

Parce qu’il permet de mesurer indirectement « le non-emploi » dans une population en


âge de travail… ce qui pertinent pour mesurer les problèmes d’accès à l’emploi.
La définition de ce que c’est d’avoir un emploi est plus claire que celle d’être un
chômeur.

2) Quel lien existe-t-il entre taux d’emploi et taux de chômage?


Toutes choses égales par ailleurs, si le taux de d’emploi augmente, le taux de chômage
va baisser mais…il n’existe aucun lien automatique:
 mais il toujours possible qu’une partie des nouveaux emplois occupés le soit par
d’anciens inactifs… (et qui étaient donc considérés à tort comme inactifs…).
 De même, il peut y avoir une baisse du chômage sans hausse du taux d’emploi si
certains chômeurs renoncent à chercheer un emploi et choisissent l’inactivité.

3) Pourquoi le taux faible taux d’emploi de la Grèce expliquerait-il une grande partie
de ses problèmes?
Le faible taux d’emploi est à la fois la conséquence des problèmes de la Grèce, mais
aussi sa cause… avec si peu de personnes employées à produire des richesses, le
PIB/habitant est faible…
A étudier les taux de chômage entre les
hommes et les femmes, ont pourrait penser
que les hommes on plus de difficultés à
trouver un emploi… or ils sont une
proportion beaucoup plus grande que les
femmes à avoir un emploi quand ont étudie
les taux d’emploi.
B) Pourquoi lutter contre le chômage et le sous-emploi?

Chômage peut être source de désaffiliation (Castel), de disqualification (Paugam) , MAIS aussi
source de pauvreté. Toutefois, du fait des solidarités au sein des groupes primaires ET de l’existence
de la protection sociale, le chômage n’est pas toujours synonyme de remise en cause de
l’intégration ni de pauvreté.
Néanmoins, avec la désinstitutionalisation de la relation salariale (précariat remplacerait le
salariat), le fait d’avoir « un mauvais emploi » peut tout autant que le chômage remettre en cause
l’intégration et être cause de pauvreté.
On distingue 4 façons de décrire la pauvreté:
1) La pauvreté subjective: on interroge les individus sur leur sentiment d’être
pauvres:

D’après l’Insee, en France en 2012, 35% des


ménages déclarent rencontrer des
difficultés financières…
2) La mesure monétaire relative de la pauvreté:
 niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté:

Cette mesure de la pauvreté permet de


quantifier précisément le nombre des pauvres…
mais elle pose problème car la fixation du seuil
de pauvreté est extrêmement arbitraire.

Habituellement, en France, on retenait comme


seuil de pauvreté 50% du revenu disponible brut
par uc médian mais pour s’aligner sur les
pratiques de l’UE, l’Insee utilise depuis 2008 le
seuil de 60% du revenu disponible brut par uc
médian

Ainsi, si un individu vit dans un ménage dont le


revenu disponible brut par uc < 60% du revenu
disponible brut par uc médian… sera considéré
comme pauvre.

Toutefois, le changement de seuil fait


considérablement changer le nombre de
pauvres.
Jusqu’en 2008, le seuil de pauvreté le plus souvent utilisé était équivalent à la moitié du
revenu médian. Depuis 2008, l’Insee utilise la définition européenne de la pauvreté, c’est-à-dire le
seuil à 60 % du revenu médian. Ce saut de 50 à 60 % change tout : il fait augmenter le seuil de
pauvreté mensuel de 840 à 1 008 euros (pour une personne seule), le nombre de personnes
concernées de 5 à 8,8 millions et le taux pauvreté de 8,1 à 14,1 %

Taux de pauvreté= % de personnes pauvres dans une population


Cette mesure imparfaite de la pauvreté met tout de même en évidence des liens entre absence d’emploi et pauvreté:

 Près d’un quart des chômeurs sont pauvres « au sens monétaire, avec un seuil
de 50% du niveau de vie médian » et près d’un inactif en âge de travailler sur 5 est
pauvre.
3) La mesure administrative de la pauvreté : les titulaires de minima sociaux

On peut aussi mesurer le nombre de pauvres à partir de celui des titulaires de minima
sociaux. On comptabilise alors les personnes « reconnues » comme devant être assistées au
sein de la société par l’administration.

On constate que la très majorité des bénéficiaires des minimas sociaux… n’ont pas de revenu d’activité… Ils sont
donc chômeurs ou inactifs.
Le nombre « des pauvres (au sens d’assisté ) actifs occupés » est donc relativement faible, le nombre des
bénéficiaires du RSA activité (devenu prime d’activité depuis 2016) étant largement inférieur au nombre des
bénéficiaires du RSA socle.
Là encore le lien entre absence emploi et pauvreté (au sens d’assisté) est observé avec cette mesure imparfaite
de la pauvreté.
4) La pauvreté en termes de conditions de vie

En France, un ménage est dit pauvre en conditions de vie (ou déprivé) lorsqu’il cumule
au moins 8 privations ou difficultés sur les 27 recensées ci-après.
Par convention, une personne est privée matériellement lorsque son ménage l’est.
Les 27 privations ou difficultés retenues par l’Insee pour mesurer le taux de déprivation
matérielle sont les suivants :
En 2014:
En 2014:
Chômeurs surreprésentés dans les personnes ayant des difficultés de logements
C) Lutter contre le chômage en soutenant la demande globale

Doc E Anticiper la demande future Doc F Le plein-emploi n'est pas la règle

Toute production est destinée en dernière analyse à satisfaire un Rien dans la détermination du niveau de production Y ne
consommateur. Or il s'écoule habituellement du temps - parfois garantit qu’il correspond au revenu (ou à la production)
beaucoup de temps - entre la prise en charge des coûts par le permettant d'atteindre le plein-emploi. Ce serait même le
producteur (pour le compte du consommateur) et l'achat de la résultat d'un hasard qu'il en soit ainsi. En effet, Y dépend de la
production par le dernier consommateur. Dans l'intervalle, propension à consommer (qui est indépendante de l'emploi) et
l'entrepreneur (cette appellation s'appliquant à la fois à la de l'investissement qui est fonction de décisions qui ne font à
personne qui produit et à celle qui investit) est obligé de prévoir aucun moment intervenir la préoccupation de l'emploi.
aussi parfaitement que possible la somme que les
Le chômage n'est donc pas une exception mais la norme dans
consommateurs seront disposés à payer lorsque, après un laps
une économie laissée à elle-même, dès lors que l'incitation à
de temps qui peut être considérable, il sera en mesure de les
investir est insuffisante. Une telle économie est pourtant en
satisfaire directement ou indirectement. Il n'a pas d'autre
situation d'équilibre (de sous-emploi), c'est-à-dire dans un état
ressource que de se laisser guider par ces prévisions, tout au
qui risque de se perpétuer parce que les agents économiques
moins lorsqu'il emploie des procédés de production qui exigent
n'ont aucune raison de modifier les comportements ou les
du temps. [ ...] Ce sont ces diverses prévisions qui déterminent
décisions qui y ont conduit. En d'autres termes, contrairement à
le volume de l'emploi offert par chaque entreprise.
la logique néoclassique du marché du travail, il n'existe ici aucune
John Maynard Keynes, Théorie générale de l'emploi, force de rappel qui écarterait du sous-emploi. La régulation par
de l'intérêt et de la monnaie (1936), Payot, 1998. les prix est inopérante.

John Maynard Keynes, Théorie générale de


l'emploi. de l'intérêt et de la monnaie (1936),
Payot, 1998.
1. EXPLIQUER. Expliquez la phrase soulignée. « Dans l'intervalle, l'entrepreneur (cette appellation
s'appliquant à la fois à la personne qui produit et à celle qui investit) est obligé de prévoir aussi
parfaitement que possible la somme que les consommateurs seront disposés à payer (Doc. E)
.
Cette phrase explique que, étant donné le délai nécessaire à la production, les entrepreneurs sont
obligés d’anticiper au plus près les sommes que les consommateurs souhaiteront dépenser au moment
ou la production sera disponible et ils n’ont pas les moyens d’avoir des certitudes… ils doivent se fier à
leur intuition: c’est ce qui fonde la demande anticipée sur le marché des BS.
2. EXPLIQUER. Qu'est-ce qui détermine le niveau de l'emploi que les entreprises désirent offrir ? (Doc. E)
A partir des prévisions de demande, les entreprises déterminent le niveau de la production, qui
va ainsi définir le niveau de l’emploi nécessaire à sa réalisation. Le niveau de l’emploi est donc fixé
sur le marché des biens et services et pas sur le marché du travail.
Ces prévisions peuvent être erronées et ne garantissent pas automatiquement un niveau de plein
emploi. Cette nécessaire prise en compte de l'incertitude face à l'avenir introduit une variable
psychologique : « l'état de la confiance » des entrepreneurs.
3. CONSTATER. Quelle est, pour Keynes, la cause du chômage ? (Doc. E et F)
Selon Keynes, le niveau de l’emploi induit par la production déterminée par l’anticipation de la
demande n’a aucune raison de correspondre exactement à l’offre de travail. Le chômage est
donc la norme. Il faudrait que la demande anticipée soit très importante pour qu’elle incite les
entreprises à demander exactement la quantité de travail qui est offerte par la population
active. C’est donc l’insuffisance de la demande anticipée qui crée le chômage.
anticipée < demande qui permettrait d’assurer le plein-emploi.
4. Qu’est-ce qu’un équilibre de sous-emploi ?

Equilibre de sous-emploi : situation d’équilibre entre l’offre et la demande de


biens et services, mais avec un niveau de production qui en découle insuffisant
pour absorber la main-d’œuvre disponible et prête à travailler pour un salaire
égalant sa productivité.
Equilibre car les agents économiques n’ont aucune raison de modifier leur
comportement contrairement à ce qu’affirme la théorie néoclassique qui
considère que la baisse du taux de salaire réel permettra de revenir au plein-
emploi.
5. RÉCAPITULER. À l'aide des deux textes et de vos connaissances, retracez sous forme
d'un schéma la détermination de l'emploi dans la perspective keynésienne. Voici les
expressions à placer dans le schéma :
Emploi – Investissement – Propension à consommer – Demande anticipée –
Consommation – Revenu – Production

Emploi
Production

Investissement
Propension à
consommer
Consommation Demande
anticipée
Revenu
Dans la logique « macroéconomique » keynésienne, l’apparition du chômage ne va pas
provoquer un ensemble de mécanismes ramenant au retour au plein emploi (baisse du
salaire, baisse de l’offre et hausse de la demande…) MAIS au contraire l’apparition d’un
certain type de chômage peut (et va probablement) provoquer un ensemble de
mécanismes qui vont au contraire écarter de plus en plus du plus emploi : cercle vicieux…
Choc négatif
externe

Baisse du Baisse de Hausse des


Baisse de la
revenu des la stocks
consommation
Hausse ménages demande
du
chômage
Baisse de Baisse de la
l’investissement demande
Baisse de la anticipée
production Destructions d’emplois

Chômage Keynésien= chômage dont la cause est l’insuffisance de la demande anticipée

A ce type de chômage particulier, il faut appliquer un type de remède particulier


Rappels: Fonction de stabilisation de Musgrave, politiques conjoncturelles (budgétaires et
monétaires)…

Seul l’Etat peut permettre à l’activité économique de sortir de la récession.

La politique budgétaire de relance : l'Etat peut lancer une politique de grands travaux (augmentation des
investissements publics) qui vont susciter un flux de dépenses et provoquer le phénomène du multiplicateur ; il
peut aussi augmenter les revenus sociaux des catégories défavorisées de la population car elles ont une forte
propension à consommer ; il peut aussi diminuer la fiscalité sur les revenus ou sur la consommation afin de
redonner du pouvoir d’achat aux consommateurs pour qu’ils augmentent leur consommation ; il peut, enfin,
subventionner ou défiscaliser les investissements privés afin d’inciter les agents économiques à investir.
Revoir les politiques conjoncturelles face aux chocs de demande négatifs (chapitre 2).

La politique monétaire : L'Etat (ou la BC indépendante), pour relancer la demande, doit diminuer le taux d'intérêt
afin d’inciter les agents économiques à emprunter pour dépenser. Cela permet aussi d'accroître la profitabilité des
entreprises et les inciter à investir.

Keynes est à l'origine de la plupart des politiques économiques menées par les Etats après la seconde guerre
mondiale (la politique du New Deal de Roosevelt peut être considérée comme une politique pré-keynésienne). A
l’époque, les BC n’étaient pas indépendantes du gouvernement.

Cette politique keynésienne semble avoir du succès au moment de la crise de 2008-2009. Les pouvoirs publics se
sont mobilisés avec une rapidité, une vigueur et un degré de coordination relativement sans précédent. Une
politique keynésienne mondiale a répondu au risque systémique pesant sur les institutions financières et à la
menace d'une déflation. Ils ont adopté des plans de relance budgétaire plus ou moins importants : plus de 2% du
PIB aux Etats- Unis, près de 1,5% du PIB en Allemagne et au Japon mais 0,5% du PIB en France.
D) Lutter contre le chômage en réduisant le coût du travail

Coût du travail au sens strict pour un employeur = salaire brut + cotisations patronales
= (salaire net + cotisations sociales salariales) + cotisations sociales patronales
Coût du travail total= (salaire brut + cotisations patronales)+ coût de gestion de la main d’œuvre (embauche,
licenciement, formation)

D)1) Lutter contre le chômage en réduisant le coût du travail au sens strict

Le coût du travail est-il trop élevé et responsable du chômage ? Les exonérations de cotisations sociales sont-elles
réellement efficaces ? Quelles conséquences les exonérations de cotisations sociales ont-elles sur les finances publiques ?
Ne sont-elles pas à l’origine de la formation de trappes à bas salaire ?

Doc G : Rigidité des salaires et chômage


L’hypothèse majeure qui fonde les discours et les politiques libérales en matière d'emploi et de chômage est bien connue
: les rigidités institutionnelles (syndicats, SMIC, cotisations sociales) qui entravent la libre négociation des salaires et
grèvent le coût du travail pénalisent l'emploi. Cette hypothèse serait notamment confirmée par la comparaison entre les
pays d'Europe continentale à chômage élevé et les États-Unis. Outre-Atlantique en effet, depuis les années 1980, une
plus grande flexibilité des salaires (à la baisse) va de pair avec un dynamisme plus marqué de l'emploi et un taux de
chômage presque deux fois plus faible qu'en Europe. [...] La régulation institutionnelle du travail et des salaires conduirait
à un coût du travail structurellement supérieur à son niveau d'équilibre. [...]
Dans ce cadre, la solution au chômage persistant en Europe et aux difficultés spécifiques des jeunes et des non-qualifiés
serait la baisse du coût du travail (notamment par réduction des charges sociales). La baisse du coût relatif du travail (par
rapport au coût du capital) stimule directement l'emploi en incitant les entreprises à substituer du travail au capital ; elle
devrait aussi le faire indirectement en soutenant l'activité par divers canaux : effet de compétitivité (amélioration de la
compétitivité-prix favorable aux exportations) ; effet de profitabilité (hausse de la part des profits dans la valeur ajoutée
favorable à l'investissement) ; désinflation qui libère un pouvoir d'achat disponible pour la consommation.
Jacques GENÉREUX, Les vraies lois de l'économie, tome 2, Le Seuil, 2002.

1) Quelle est la cause du chômage mise en évidence dans ce texte ? Expliquez les mécanismes.
1) Quelle est la cause du chômage mise en évidence dans ce texte ? Expliquez les
mécanismes.

Rigidités des salaires à la baisse qui conduit à un salaire sur le marché du travail
supérieur au salaire d’équilibre. C’est le chômage classique !
Les rigidités institutionnelles sur le marché du travail (législation sur les licenciements,
sur l’utilisation des emplois précaires, salaire minimum, des cotisations sociales, fait que
les salaires soient fixés parfois collectivement dans les conventions collectives et
échappent donc au jeu du marché) empêchent le salaire d’être flexible à la baisse, ce
qui perturbe les mécanismes du marché, empêchant celui-ci de s’autoréguler et de
conduire l’économie vers le salaire d’équilibre et au plein-emploi.
 Faible demande de travail+ pb de compétitivité prix et produit ce qui réduit l’activité
et le niveau d’emploi.
2) Quel est l’effet direct de l’abaissement du coût du travail sur l’emploi ? Expliquez en le
mécanisme.

Rappelons d’abord que selon la théorie néoclassique standard, les demandeurs de travail
(les entreprises) prennent leur décision d’embauche en comparant la productivité
marginale du travail (ce que rapporte l’utilisation d’une heure de travail supplémentaire ou
d’un salarié supplémentaire) et le salaire réel (ce que coûte ce salarié ou cette heure de
travail supplémentaire).
Or, le SMIC concerne surtout les salariés les moins qualifiés qui sont aussi les moins payés.
Or, dans la logique néoclassique, ces salariés sont ceux qui ont la productivité marginale la
plus faible. Donc le fait que le SMIC soit fixé au-dessus du salaire d’équilibre les pénalise
tout particulièrement car les entreprises vont supprimer ces emplois peu productifs au
regard du salaire qu’elles doivent verser.
Si on baisse le coût du travail, certains salariés dont la productivité était inférieure au
salaire réel et qu’il n’était pas rentable pour l’entreprise d’embaucher, deviennent
rentables. De plus, il devient moins rentable d’utiliser des machines (du capital) et
préférable d’embaucher des salariés (travail). Il y a donc substitution du travail au capital.

Il peut s’agir de salariés que l’entreprise embaucherait dès que le coût de leur travail est
assez bas, SANS SE SOUCIER DES DIFFICULTES A ECOULER SA PRODUCTION, et donc dont la
non-embauche ne s’expliquait pas par une demande trop faible!
3) Quels sont les trois effets indirects de l’abaissement du coût du travail sur l’emploi ?
Expliquez en les mécanismes.

Baisse du coût du travail qui permet de limiter l’inflation :


 les entreprises sont plus compétitives ce qui stimule la demande externe et donc les
exportations, donc la croissance et l’emploi ;
 le pouvoir d’achat des consommateurs est stimulé, donc la demande, la croissance et
l’emploi.
 Baisse du coût du travail qui accroît le taux de marge, ce qui est favorable à
l’investissement dans une perspective qui met en avant la rentabilité et la capacité des
entreprises à se financer. Donc à la croissance et l’emploi (Investissement de capacité). Le
partage de la valeur ajoutée devient favorable aux profits. Or, selon le théorème du
chancelier Helmut Schmidt, « les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain
et les emplois d’après-demain ».

Face à l’impossibilité de réduire le SMIC, la critique libérale s’est portée sur le niveau trop élevé
des « charges sociales ». Depuis 1993, ces théories ont reçu un important écho de la part des
dirigeants politiques.

Raffarin en 2002 : « Les baisses de charges constituent la clé de voûte de notre stratégie. Ce n’est
pas de l’idéologie, mais tout simplement « ça marche », ça crée des emplois. Et c’est pour ça qu’il
faut le faire. On n’a pas trouvé ça dans un petit livre rouge, dans un petit livre bleu. On a trouvé ça
dans les résultats de l’Insee. C’est là où il y a de la création d’emplois, c’est pour ça qu’il faut
alléger les charges. »
Page 314

3) Le problème
de la France
(dont le
chômage est plus
élevé que les
autres pays
présentés dans
le graphique,
comme nous
l’avons vu…)
semble être que
les coûts du
travail ont
augmenté plus
vite qu’ailleurs…
D) 2) Lutter contre le chômage en réduisant le coût du travail au sens large grâce à la
flexibilisation du marché du travail
Flexibilité du marché du travail (NPT) : ensemble des mesures destinées à permettre un ajustement plus rapide des
salaires et de la quantité de travail aux variations de l’activité économique.

Doc I Les Flexibilité quantitative Flexibilité qualitative


formes de la
flexibilité

 Adapter les effectifs aux besoins par Remplacer le contrat de travail


le recours à des contrats de courte par un contrat plus facile à
durée (CDD ) rompre :
Flexibilité
 Facilités d’embauches et de o sous-traitance pour des
externe
licenciement activités annexes à la
production ;
o intérim
 Ajustement de la quantité de travail  Flexibilité fonctionnelle :
aux besoins (heures sup., temps réallocation du travailleur dans
Flexibilité partiel, annualisation du temps de l’entreprise, polyvalence.
interne travail, chômage partiel, etc.)
Doc J : Avantages et inconvénients de la protection de l’emploi
La législation relative aux licenciements et les dispositions qui
encadrent le recours aux contrats à durée déterminée et d'intérim
peuvent être considérées comme autant de restrictions à la marge de
manœuvre dont disposent les employeurs pour ajuster leurs effectifs et
maîtriser leurs coûts de main-d'œuvre. (…)
Un degré élevé de protection de l'emploi peut aussi réduire la capacité
des entreprises à s'adapter à un environnement qui évolue très
rapidement sous l'effet de la mondialisation, des nouvelles technologies
et des changements organisationnels qui en résultent.
De plus, elle peut freiner les décisions d'embauche en période de
croissance de la demande. En effet, avant d'engager quelqu'un à titre
permanent, les employeurs sont amenés à prendre en compte les coûts
qu'ils pourraient avoir à supporter, à l'avenir, en cas de licenciement.
Dans ces conditions, il peut être plus difficile pour un chômeur de trouver
un emploi, ce qui contribue à augmenter le chômage de longue durée.
« La protection de l'emploi : coûts et avantages d'une meilleure sécurité
de l'emploi », Synthèses, OCDE, janvier 2005.
1) A quelle forme de flexibilité s’opposent les rigidités évoquées dans le premier paragraphe ?

Flexibilité quantitative externe. Ces rigidités empêcheraient les employeurs d’adapter facilement et à moindre coût la
quantité de leur main-d’œuvre au volume de l’activité.
2) Expliquez la phrase soulignée.

avant d'engager quelqu'un à titre permanent, les employeurs sont amenés


à prendre en compte les coûts qu'ils pourraient avoir à supporter, à
l'avenir, en cas de licenciement.

Parce que leurs débouchés futurs sont incertains, les entreprises souhaitent pouvoir adapter rapidement leur
volume d’emplois et considèrent que le contrat à durée indéterminée est un obstacle à cette flexibilité. En effet,
les licenciements occasionnent des frais importants pour les entreprises et sont toujours susceptibles de déclencher
des conflits.

En période de reprise économique, l’entreprise a besoin d’augmenter sa quantité


de main-d’œuvre.

D’après les libéraux, si elle doit embaucher des CDI, elle peut être réticente en raison du fait qu’elle ne pourra que
difficilement se séparer de ces nouveaux salariés (règles de licenciement, indemnités de licenciement) si la
conjoncture se retourne. Elle tiendrait compte des éventuels frais futurs en cas de licenciement ou de conflit.
Dans cette perspective, paradoxalement, les coûts de licenciement, censés protéger du chômage, contribueraient en
fait à l’accroître, parce qu’ils décourageraient les entreprises d’embaucher.
La solution est d’embaucher des salariés en CDD ou des intérimaires dont le contrat est relativement court et dont
elle pourra facilement se séparer sans indemnité. Mais ces contrats sont encadrés et ne peuvent être utilisés que
dans certains cas précisés par le droit du travail.
AUTRE EFFET PERVERS DES RIGIDITES D’APRES LIBERAUX

Le manque de flexibilité conduirait les entreprises à conserver un volume d’emploi


supérieur au volume d’emploi désiré. Cela nuirait donc à leur productivité et augmenterait
les coûts de production.
C’est notamment le cas lors d’une baisse temporaire de l’activité. Si l’entreprise a une
majorité de CDI, elle pourra difficilement s’en séparer difficilement. Donc elle sera d’obligée
de conserver une quantité de main-d’œuvre pendant par exemple deux mois alors qu’elle
n’en aurait pas réellement besoin, ce qui accroît le coût du travail.

Donc, d’après les chefs d’entreprise, les rigidités accroissent le coût du travail avec les
conséquences qui en découlent dans une perspective libérale.

Les libéraux réclament donc plusieurs mesures.


D’une part le développement des emplois à durée limitée et leur extension à des cas pour l’instant
interdits (création sous Sarkozy d’un CDI pour « la réalisation d’un objet défini » entre 18 mois et 36
mois). Ils recommandent aussi un assouplissement des règles qui encadrent l’organisation du travail,
des tâches… des horaires… de façon à pouvoir affecter le facteur travail à l’intérieur des entreprises là
où il y en a besoin.
D’autre part, un assouplissement des règles de licenciement. En France, le CNE (contrat nouvelle
embauche) a été une tentative en ce sens. De même pour la création d’une nouvelle modalité de
rupture d’un CDI (rupture conventionnelle).
Remarque : les arguments libéraux sont ceux promus par le patronat lors des négociations paritaires.
3) Quel effet pervers sur la consommation et l’investissement des ménages peut
avoir la précarisation de la main-d’œuvre liée à la flexibilité quantitative externe ?

La principale critique de la flexibilité quantitative externe est qu’une vulnérabilité


accrue de la main d'œuvre due à la précarité devient préjudiciable à la demande
(incertitude quant à l’avenir, revenus irréguliers donc pas de consommation). Elle
risque d'accentuer l'incertitude et l'aversion au risque, donc de freiner la croissance.
Epargne de précaution.

4) Quel effet pervers sur l’implication des salariés peut avoir la précarisation ?

La flexibilité peut aussi avoir des effets négatifs sur la productivité du travail. Quand le
travail est précaire, le salarié peut être moins impliqué, il a moins le temps de
développer ses capacités ; la formation permanente aux transformations
technologiques peut se révéler sélectives (et exclure par exemple les intérims),.
De plus, la productivité est principalement collective et des équipes de travail
soudées, dans lesquelles les savoirs-faire se transmettent sont un gage d’efficacité. La
rotation élevée de la main-d’œuvre dans l’entreprise va évidemment à l’encontre de
ces échanges et de cette efficacité collective.
Document K Voir aussi doc 3 page 319
L’indice OCDE de protection de
l’emploi mesure à partir de trois
critères :
Protection des travailleurs
permanents contre les licenciements
individuels.
Réglementation des formes d’emploi
temporaire.
Obligations spéciales applicables aux
licenciements collectifs.

1) Quel pays a la flexibilité de l’emploi la plus forte ?


USA : protection de l’emploi la plus faible, donc flexibilité la plus forte.
2) La corrélation entre protection de l’emploi et taux de chômage vous semble-t-elle
significative ?
Corrélation positive (mais faiblement positive). Flexibiliser ne semble donc pas être la
solution miracle. D’autres études de l’OCDE ont mis en évidence une absence de
corrélation.
E) Lutter contre le chômage en favorisant les « dépenses actives »
On peut considérer que le chômage est dû à des problèmes d’appariements entre l’offre de travail et la
demande de travail. Il s’agira alors d’agir sur la formation des salariés pour permettre une meilleure
adéquation entre cette offre et cette demande.
Si le chômage est dû à une mauvaise adaptation aux changements permanents des besoins des
entreprises (chômage structurel), il faut rendre les contrats de travail plus souples et les qualifications
plus adaptables ; en un mot, il faut flexibiliser le marché du travail.

Doc H Inciter et aider les chômeurs au retour à l’emploi


L'activation renvoie à une stratégie globale visant à réduire les dépenses passives au profit des dépenses actives.
Elle repose sur une idée simple : il vaut mieux consacrer des efforts à aider les chômeurs à trouver un emploi
plutôt qu'à simplement les indemniser. [...] Les Danois ont été parmi les premiers à avoir adopté ce genre de
mesures. Ils ont rendu obligatoire le suivi d'une formation (au moins 75% du temps) au bout d'un an de chômage,
et aboli la possibilité de refuser toute offre d'un programme d'activation de l'agence pour l'emploi (formation,
emploi subventionné dans les secteurs privé et public...). Il est intéressant de noter que cette politique semble
avoir été efficace surtout par un effet de dissuasion (ou « menace »).
[...] L'individualisation et le renforcement du suivi sont allés de pair avec l'activation. Ceci s'est notamment traduit
par une mise en œuvre systématique du profilage des chômeurs. Cette pratique consiste à les classer selon leur
degré d'employabilité, repéré en fonction de caractéristiques individuelles (dont leur parcours antérieurs). Le
renforcement du suivi des chômeurs s'est souvent traduit par un durcissement des procédures de contrôle de
l'effectivité de la recherche d'emploi. Quand on fait le bilan des mesures mises en œuvre, il semblerait que le
simple renforcement du contrôle ait en moyenne assez peu d'impact sur la durée de chômage indemnisée, mais
qu'en revanche celle-ci puisse être significativement diminuée par le recours à des programmes
d'accompagnement individualisé. En France, la mise en place à partir de 2001 du plan d'aide au retour à l'emploi
(PARE), se fondant pour chaque chômeur sur un projet d'action personnalisée, semble avoir eu un effet positif en
termes de réduction de la récurrence du chômage, dénotant un effet positif sur la qualité de l'appariement.
Jérôme Gautié, Le Chômage, Repères, La Découverte, 2009.
1) Quel est le fondement des politiques d’activation ?

Dépenser de l’argent public pour conduire les chômeurs à retrouver un emploi plutôt que
dépenser cet argent pour les indemniser. Donc dépenses actives (ou « activantes ») plutôt
que dépenses passives.

2) Comment cette politique s’est-elle traduite concrètement au Danemark ? et en France ?


Obligation pour les chômeurs d’accepter les formations ou les contrats aidés proposés par
l’agence pour l’emploi.
Plan d’Aide au Retour à l’Emploi (PARE) en France avec un contrôle renforcé des chômeurs
et un suivi davantage individualisé – du moins en théorie !
Voir en France: https://www.afpa.fr/

3) Quel volet de la politique d’activation semble donner les meilleurs résultats ?


L’auteur affirme que le suivi individualisé des chômeurs a eu une certaine efficacité,
diminuant la récurrence du chômage pour les chômeurs suivis. On peut imaginer que ces
politiques facilitent la mise en relation des chômeurs et des emplois vacants (processus
d’appariement). L'existence d'un chômage frictionnel et technologique se traduit par des
vacances d'emploi. Certains postes ne sont pas momentanément pourvus, parce que la
sélection d'un travailleur prend du temps ou parce que l'employeur ne trouve pas
immédiatement un travailleur correspondant au profil recherché. Il y aurait en France
autour de 150 000 emplois vacants selon Eurostat.
Les politiques de formation (formation Doc 2 page 316
professionnelle ou formation proposée aux
chômeurs) peuvent faciliter l’ajustement entre
l’offre et la demande de travail ce qui devrait
réduire le chômage technologique.

L’idée est de faciliter les reconversions des


salariés : lorsque des emplois sont supprimés
dans un secteur, il faut que les salariés de ces
secteurs puissent être formés pour occuper les
emplois créés dans d’autres secteurs.

A ce titre, il peut sembler nécessaire de permettre


une formation initiale générale la plus longue
possible pour chaque individu de manière à ce
qu’ils puissent s’adapter aux changements dans la
structure des emplois.

Cela va à l’encontre des discours sur


l’apprentissage et l’orientation professionnelle
avant 16 ans.

Par ailleurs, il existe des inégalités face à la formation professionnelle : les membres des
classes populaires sont ceux qui y ont le moins accès. De même, ce sont le plus souvent
les salariés qui ont déjà un emploi qui bénéficient le plus souvent de la formation
professionnelle (pour changer d’emploi), et non pas les chômeurs.
4) Quelles critiques peut-on faire de cette stratégie ?
Le contrôle des chômeurs ne semble pas avoir des effets, ce qui remet une nouvelle fois en cause l’idée
de trappe à chômage et de chômeurs ne cherchant pas véritablement d’emploi.

 Si le chômage est keynésien, en période de récession, l’effet de ces politiques sur le taux de
chômage ne peut être que limité. On aura beau aider les chômeurs à chercher un emploi, tant que le
volume de l’emploi est insuffisant, le chômage ne peut diminuer.

 De même si les chômeurs sont malades (voir le film de Ken Loach « Moi, Daniel Blake), trop peu
qualifiés, trop peu qualifiables… et donc réellement inemployables…
De plus, cette approche qui peut-être culpabilisante (si vous ne trouvez pas d’emploi, c’est que vous ne
faites pas assez d’efforts et vous serez donc sanctionné) peut renforcer le processus de
« disqualification » de personnes déjà fragilisées dans leur identité sociale et les enfermer encore plus
dans des trajectoires qui les éloigneront du marché de l’emploi…

Or, ces politiques de contrôle des chômeurs peuvent être utilisées pour réduire artificiellement les
chiffres du chômage en radiant certains chômeurs qui se seraient découragés devant les exigences
administratives de plus en plus strictes : rendez-vous réguliers parfois jugés inutiles pour les chômeurs,
nécessité de prouver une recherche active d’emploi.

Situation critique de pôle emploi. Impossible d’avoir un suivi efficace des chômeurs. De plus la force du
discours sur la responsabilité des chômeurs peut conduire à une réduction des budgets pour les
« chômeurs », et donc aussi pour les dépenses d’individualisation de la prise en charge des chômeurs,
pour leur formation, pour les emplois aidés…
IV) Les conséquences des politiques de l’emploi.
1) Les conséquences de la flexibilisation du marché du travail sur l’intégration au travail
Les évolutions de l’emploi liées à une flexibilité accrue précarisent les trajectoires
professionnelles qui alternent de plus en plus les périodes d’emploi et les épisodes
de chômage. Le lien entre travail et intégration sociale se trouve fragilisé pour
plusieurs raisons:.
 La flexibilité détache tout d’abord les travailleurs des organisations qui les emploient :
les carrières professionnelles sont de plus en plus mobiles, ce qui peut engendrer des
comportements de retrait, de repli sur soi, et n’incite pas à l’accumulation de
compétences spécifiques à un poste de travail dont la pérennité est devenue moins
prévisible.
 Elle individualise ensuite les relations de travail : la diversification des contrats place
parfois les membres d’un collectif de travail dans des situations si différentes qu’il
leur est difficile d’éprouver une identité et des intérêts communs, et a fortiori de
s’engager dans une action collective.
 La flexibilité de l’emploi met de plus parfois en concurrence les travailleurs, par
exemple lorsque les contrats temporaires sont utilisés par les employeurs comme une
phase d’observation et de sélection préalable à l’embauche durable. Cela ne favorise
pas toujours la productivité collective.
 La flexibilité horaire brouille quant à elle les emplois du temps des collectifs de travail
et des familles, complique l’engagement associatif et affecte les pratiques de
sociabilité (hors de la sphère du travail).
Idée d’ouverture:

Toutefois, la précarité n’est pas nécessairement la contrepartie de la flexibilité du


marché du travail.

Le ‘’modèle’’ dit de « flexicurité » ou « flexisécurité », inspiré de l’expérience danoise,


combine ainsi faible protection de l’emploi, indemnisation généreuse du chômage,
politique d’activation vigoureuse axée sur la formation des demandeurs d’emploi,
conciliant alors une réallocation très dynamique des emplois et un fort sentiment de
sécurité professionnelle des salariés exprimé dans les enquêtes d’opinions.

Ces dispositifs, qui valoriseraient non seulement l’emploi rémunéré mais aussi d’autres
activités socialement utiles comme la recherche d’emploi, la reprise d’études, le temps
partiel ou l’interruption d’activité pour bénévolat ou pour raisons familiales, restent
largement à construire.

Ainsi, le statut de chercheur d’emploi occupé à d’autres activités utiles socialement et


de ce fait bénéficiant de revenus assez stables et suffisants procureraient une sécurité
financière et identitaire assez forte pour garantir l’intégration.
2) Les conséquences de l’activation des dépenses passives sur les emplois et la protection
sociale

L’activation des dépenses passives vise à diminuer le taux de chômage tout en augmentant
le taux d’emploi, deux objectifs qui n’avaient pas été auparavant toujours associés.

C’est ainsi qu’en France, les dispositifs de préretraites développés dans les années 1970 et
1980 ont progressivement reculé, tandis que la mise en place du R.S.A. et une
indemnisation du chômage moins longue, dégressive, amoindrie et soumise à un contrôle
toujours plus étroit des démarches de recherche d’emploi se présentent comme un
ensemble de mesures susceptibles de faire diminuer le taux de chômage en augmentant le
taux d’emploi.
MAIS:
L’activation des dépenses passives, en colmatant la trappe à inactivité, peut ouvrir la
trappe à emplois de pauvres : la priorité au retour rapide à l’emploi peut se faire au
détriment de la qualité de l’appariement, inciter les actifs à accepter des emplois peu
qualifiés.
Il peut y avoir une contradiction entre l’objectif du retour rapide à l’emploi (ou « workfirst
») et celui d’accroissement des capacités et opportunités des demandeurs d’emploi dans
le long terme (ou « empowerment »).
Les allègements de cotisations sociales et autres dispositifs en faveur des moins qualifiés
jouent favorablement sur leur taux d’emploi mais n’encouragent pas la qualification et le
progrès technique. Trappes à emplois peu qualifié.s
P 322
1) Que signifie l’expression
« pauvreté en emploi »
Avoir un emploi et être
pauvre…
2) Que signifient les données
pour le type de ménage « avec
enfants »?
D’après Eurostat, en 2008,  en
France 8% des familles dans
lesquelles au moins un adulte vit
avec un ou plusieurs enfants
sous le même toit sont pauvres
alors qu’elles sont 10% à être
pauvre dans l’UE.
3) Illustrez le fait que la
précarité de l’emploi accentue
le risque de pauvreté
D’après Eurostat, en 2008, en France
et dans l’EU, 12,5% des salariés en
emplois précaires sont pauvres,
contre seulement 5% de ceux qui
sont en emploi stable. (3 fois plus
souvent, + 10 points!)
L’individualisation du traitement du chômage et de l’accompagnement du chômeur fait
par ailleurs du chômage une expérience individuelle qui sera alors plus souvent
intériorisée comme un échec personnel culpabilisation des chômeurs
(disqualification)

Enfin, les réductions de cotisations sociales (liées à la politique libérale de lutte contre le
chômage classique par une baisse du coût du travail) altèrent le financement de la
protection sociale et peuvent véhiculer dans les représentations sociales l’idée qu’elle
serait une charge et non un bien commun.

Conclusion:

L’impact des politiques de l’emploi se ressent donc au-delà de leurs bénéficiaires


immédiats : ce sont bien les normes d’emploi du salariat comme statut étendu et
consolidé au cours du XXème siècle qui sont affectées

L’Allemagne, ce n’est pas forcément le paradis…


Ainsi les réformes Hartz en Allemagne, associées à l’institutionnalisation de « Mini-jobs »
très faiblement rémunérés et largement exonérés de cotisations sociales et d’impôts,
ont contribué à une élévation du taux d’emploi et une baisse du taux de chômage, mais
aussi exercé une pression à la baisse sur les salaires et contribué à une augmentation du
nombre de travailleurs pauvres et à la détérioration des conditions d’emploi de certains
salariés.
Définition du Mesures à mettre en
Doc L chômage
Causes du chômage
place
Limites

Exonération de
Coût du travail > salaire
cotisations sociales Risque de freiner la
d’équilibre
pour réduire le coût du demande.
Chômage
travail
classique
Rigidités sur le marché du Fragilise la capacité
Flexibiliser le marché
travail qui en élèvent le intégratrice du
du travail
coût travail.
Libéraux Chômage Problèmes d’appariement Politiques d’activation :
frictionnel + entre offre et demande de formation et suivi Peu d’effets si
chômage travail individualisée des manque d’emplois.
technologique chômeurs (ex PARE)

Chômage Contrôle des chômeurs.


Trappes à chômage et Stigmatisation des
volontaire Incitations à la reprise
préférence pour le loisir chômeurs.
d’activité (RSA)
Inflation; Contrainte
extérieure.
Chômage Contrainte de
Politiques de relance
keynésien Insuffisance de la demande financement.
Keynésiens (soutien à la demande
(chômage anticipée Contraintes
globale)
involontaire) institutionnelles dans
l’UE sur déficits et
Explication du chômage involontaire par les rigidités
C)1) Perturbations extérieures

C2) Imperfection du marché

Salaires observés sur le marché supérieurs au salaire


théorique qui équilibrerait le marché du travail.

Schéma réalisé par Jean-François Freu

Ces rigidités entraveraient la libre négociation des salaires et le retour à l’équilibre. Toute entrave à la flexibilité à la baisse du taux
de salaire réel est une entrave à la réduction du chômage classique car lorsque les prix sont rigides, l’ajustement se fait par les quantités.
Analyse des
questions de
connaissances
sur le chapitre
11

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