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Economie générale Le marché du travail CPGE/ECT

CHAPITRE 5 - Le marché du travail

I. Les composantes du marché du travail

Le marché du travail est un marché qui met en relation les salariés, qui offrent leur travail, et les entreprises
qui demandent ce travail, facteur de production.
L’offre de travail des salariés correspond aux demandes d’emploi, la demande de travail des entreprises aux offres
d’emploi.
 L’offre de travail

L’offre de travail dépend de la population active et de la volonté d’entrer ou de rester en activité.

A. L’observation de la population active

1. Les notions de population active et de population active occupée

La population active comprend l’ensemble des personnes qui exercent une activité rémunérée ou recherchent un
emploi (population active occupée + chômeurs).
La population active occupée correspond aux actifs ayant un emploi.

2. Les évolutions de la population active

Entre 1965 et 2005, le nombre d’emplois en France, mesuré par les effectifs de la population active occupée, est passé
de 20 millions à 25 millions, soit une augmentation de 25 %. Si l’on se fie aux projections de population active
établies par l’INSEE, on observe une hausse jusqu’en 2012 puis une relative stabilité jusqu’à 2050. Pour le Maroc, les
chiffres sur l’évolution de la population son présentés dans l’annexe 1.

B. Les facteurs de transformation de la population active

1. L’influence de la démographie :
L’évolution de l’offre de travail dépend de la démographie car les jeunes qui arrivent sur le marché du travail sont nés
vingt à vingt-cinq ans plus tôt. Cependant, d’autres facteurs que la démographie explique l’évolution de la population
active. Le nombre de personnes susceptibles de travailler est aussi déterminé par la durée des études, l’âge de départ
en retraite, la durée du travail, la volonté de travailler des femmes, des facteurs sociologiques et diverses
réglementations.

2. Les taux d’activité :


Le taux d’activité d’un groupe donné est le rapport des personnes actives de ce groupe à la population totale de ce
groupe. En trente ans, le taux d’activité de l’ensemble de la population française s’est accru, passant de 67 % en 1975
à 69,1 % en 2005.
Entre 1975 et 2005, le taux d’activité des hommes est resté stable, aux alentours de 75 %, alors que celui des femmes
a connu une progression constante et tend à se rapprocher de celui des hommes (63,8 % en 2005). Le taux d’activité
des 15-24 ans n’a cessé de baisser entre 1975 et 2003 du fait de l’allongement de la durée des études.

 La demande de travail

A. Les déterminants de la demande de travail

Parmi les déterminants de la demande de travail, on peut retenir les conditions de la production, et tout
particulièrement le coût du travail, ainsi que le niveau de la demande anticipée par les entrepreneurs.
Un employeur n’embauchera que si la productivité du salarié est suffisante pour couvrir le coût du travail, c’est-à-dire
si ce dernier produit plus qu’il ne coûte. De même, l’entrepreneur comparera les coûts relatifs du travail et du capital :
si le capital coûte moins cher que le travail, il substituera du capital au travail. D’autres facteurs interviennent dans la
décision d’embauche de salariés, comme le degré de flexibilité de l’emploi (la plus ou moins grande liberté de
licenciement) et les effets de la durée du travail sur le coût du travail. Par ailleurs, la demande anticipée, et donc les
profits escomptés, détermine le niveau de la production qui fixe l’importance de la demande de travail.
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La demande de travail résulte directement des choix de l’entreprise portant sur le niveau de production et sur la
combinaison optimale des facteurs de production, c’est-à-dire celle qui permet de maximiser le profit.

B. L’évolution qualitative de la demande de travail

1. Mode de production et demande de travail


La croissance économique qui a suivi la Seconde Guerre mondiale a eu pour base une organisation tayloriste de la
production. Dans ce mode de production, on faisait appel à une main-d’œuvre peu qualifiée et sans autonomie.
Dorénavant, les techniques de production utilisant de l’électronique sont plus complexes à mettre en œuvre et
nécessitent des travailleurs plus qualifiés, capables d’autonomie et de prise en charge des incidents mineurs. La
modification des techniques de production des entreprises entraîne donc une demande de travail différente. De plus, la
tertiairisation de l’économie entraîne une modification des types d’emplois proposés.

2. La tertiarisation des emplois


La tertiairisation des emplois correspond à l’augmentation quantitative du secteur tertiaire dans la population active.
Le secteur tertiaire correspond à l’ensemble des activités de services tels que le commerce, les banques, les
assurances, l’hôtellerie, le secteur de la santé et de la formation… Les activités de services représentent dorénavant un
peu plus des trois quarts de l’emploi total contre un peu moins d’un quart pour l’industrie et la construction.

II. La formation des salaires

Le salaire constitue, très souvent, l’unique source de revenu des travailleurs. Il doit permettre aux salariés de
vivre décemment et d’élever leurs enfants. Pour ces raisons, le SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) est
fixé par le gouvernement.
Les pouvoirs publics interviennent également dans la formation des salaires en fixant un cadre juridique, le
droit social. Le niveau des salaires résulte pour l’essentiel, d’une négociation générale entre les partenaires sociaux
(syndicats de salariés et représentants des employeurs), mais aussi d’une négociation directe entre salarié et
employeur.

 Les théories du marché du travail

Avec la persistance d'un chômage à un niveau élevé, les économistes ont été amenés à rejeter l'hypothèse de
parfaite flexibilité des salaires. De nouveaux modèles s'efforcent de rendre compte de la rigidité des salaires réels,
ainsi que de son corollaire : un ajustement du marché du travail reposant davantage sur l'emploi que sur les salaires.

On peut différencier les rigidités endogènes du marché du travail (au sens où celles-ci sont liées au comportement
même des agents économiques), des rigidités plus exogènes (qui relèvent plutôt de la législation ou de la
règlementation : indemnisation du chômage, salaire minimum…)

Les rigidités endogènes : Les nouvelles approches micro-économiques de la relation salariale montrent que le
fonctionnement du marché du travail n'est pas nécessairement concurrentiel.

- Le salaire d'efficience : Cette approche met l'accent sur le rôle des stratégies d'incitation dans le déroulement
du contrat de travail. Elle permet d'expliquer la rigidité des salaires et peut aussi servir de fondement théorique
à l'analyse du dualisme du marché du travail. L'hypothèse centrale est que la productivité de chaque salarié
dépend de son effort, lequel croît avec le salaire versé. L'entreprise engagera un salarié supplémentaire tant
que la productivité marginale reste supérieure au salaire réel par unité efficiente de travail.
Le salaire optimum, dit "d'efficience", est alors tel que l'élasticité de l'effort par rapport au salaire est unitaire.
Il se peut que le salaire réel optimal soit supérieur au salaire de réservation des chômeurs. Dans ce cas, ces
derniers souhaiteraient travailler pour un salaire inférieur, mais les entreprises préfèrent ne pas les embaucher
à ce salaire qui diminuerait la productivité des salariés déjà embauchés. Dans cette analyse, tout choc qui
modifie la productivité du travail tend à modifier l'emploi sans changer le salaire réel optimal.

- Les contrats implicites : L'incertitude portant sur l'environnement incite les agents à conclure des contrats
susceptibles de les protéger contre les risques associés aux aléas de la conjoncture. Dans ces modèles, la
fixation des salaires s'établit, entre employeurs et salariés, selon des contrats implicites de long terme. Les
salariés, qui ont une aversion pour le risque, préfèrent s'assurer auprès des entreprises contre l'incertitude
portant sur leurs revenus, par des contrats de long terme qui réduisent la sensibilité des salaires aux
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fluctuations de la demande. Dans les périodes de conjoncture favorable, les salariés reçoivent un salaire réel
inférieur à leur productivité marginale, et inversement. Dès lors que l'aversion des entreprises pour le risque
est plus faible que celle des salariés, les entreprises préfèrent ces contrats, car en moyenne, la valeur attribuée
par les salariés à l'assurance ainsi fournie par les entreprises permet à celles-ci de les rémunérer à un salaire
plus bas.

- Le dualisme du marché du travail : Cette segmentation oppose un secteur primaire, caractérisé par des salaires
élevés, une stabilité de l'emploi, des bonnes conditions de travail et des perspectives de carrière, à un secteur
secondaire, dans lequel les salaires sont plus faibles, le risque de chômage plus important et les promotions
inexistantes. Le dualisme du marché du travail s'est accru à partir du milieu des années soixante-dix. D'une
part, le chômage touche davantage les travailleurs les moins qualifiés, et d'autre part, le recours à des formes
d'emploi précaire s'est alors fortement développé. Les modèles de marché dual expliquent à la fois le
rationnement sur le marché de l'emploi primaire, et la possibilité de chômage pour les autres salariés. Le
chômage serait la résultante de l'existence d'une quasi-rente salariale, que les salariés du secteur primaire
peuvent s'approprier, soit par l'exercice d'un pouvoir syndical, soit par leur pouvoir "d'insider" dans le cadre
de négociations salariales. L'ajustement global ne se fait pas au sein de l'autre secteur dit "secondaire", car la
flexibilité du salaire est contrariée par un système d'indemnisations du chômage, une législation de salaire
minimal et une rémunération fondée sur un salaire d'éfficience : l'équilibre du marché du travail n'est pas
atteint.

- Le modèle "insiders-outsiders" : Sans faire référence aux syndicats, cette analyse avance que les "insiders"
(salariés du secteur primaire), disposent d'une rente de situation leurs permettant d'obtenir des salaires
supérieurs sans que les "outsiders" (secteur secondaire ou chômeurs) puissent leurs faire concurrence. Cette
imparfaite substituabilité tient aux coûts fixes liés au travail (coûts d'embauche, de formation et de
licenciement). La priorité est alors accordée à ceux qui appartiennent déjà à l'entreprise, et ceux-ci obtiennent
des salaires supérieurs à ceux qu'ils obtiendraient sur un marché du travail concurrentiel dans le cadre de
contrats individuels.

Annexe 1 : Situation et évolution du marché du travail

La population active âgée de 15 ans et plus a atteint au cours du quatrième trimestre de l’année 2014, 11.816.000
personnes, soit une hausse de 0,6% par rapport au quatrième trimestre de l'année 2013 (+0,8% en milieu urbain et
+0,4% milieu rural). Le taux d’activité a diminué de 0,4 point, passant de 48,2% au quatrième trimestre de l’année
2013 à 47,8% au cours du même trimestre de l’année 2014.
Dans ce cadre, 75.000 postes d’emplois rémunérés ont été crées au cours de la période, résultat d’une création de
51.000 postes en milieu urbain et 24.000 en milieu rural. L’emploi non rémunéré, composé principalement (97,8%)
d’aides familiales, a enregistré une baisse de 31.000 postes en zones urbaines et 2.000 postes en zones rurales, ce qui
correspond à 33.000 postes d’emploi perdus.
Principaux indicateurs :
Entre le quatrième trimestre de l’année 2013 et la même période de 2014, 42.000 postes d’emploi ont été créés par
l’économie marocaine, 20.000 en milieu urbain et 22.000 en milieu rural. Ces nouveaux postes d’emplois constituent
le solde entre la création de 35.000 par le secteur de l'"agriculture, forêt et pêche", 11.000 par le secteur des "services"
et 4.000 par celui de l’"industrie y compris l’artisanat" et la perte de 8.000 postes dans le secteur des BTP.
Le secteur de l’"agriculture, forêt et pêche" en zones rurales et celui de l’"industrie y compris l’artisanat" en zones
urbaines sont à l'origine de la quasi-totalité des emplois créés.

Dans ce contexte, entre les deux périodes, le nombre de chômeurs au Maroc, en enregistrant une augmentation de
33.000 personnes, 31.000 en milieu urbain et 2.000 en milieu rural, a atteint 1.149.000 personnes. Le taux de chômage
a ainsi enregistré un accroissement de 0,2 point, passant de 9,5% à 9,7%. En milieu urbain, ce taux est passé de 14,4%
à 14,8% et en milieu rural il s’est maintenu à 4%. Parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, il a été de 19,7% au lieu de
19,6% et parmi les détenteurs de diplômes, de 17% au lieu de 16,5%.
De son côté, le taux de sous-emploi est passé, entre les deux périodes, de 10,1% à 10,3% au niveau national, de 8,8%
à 9% en milieu urbain et de 11,3% à 11,5% en milieu rural.

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