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KiïK
INTRODUCTION À la
2e édition
Dans cet ouvrage, le générique masculin est utilisé sans aucune discrimination
et uniquement pour alléger le texte.
Imprimé au Canada
Une explication des enjeux et Chaque chapitre s’ouvre sur un énoncé des objectifs
d’apprentissage, suivi d’un court texte qui situe le sujet
des problèmes économiques actuels
dans l’univers des étudiants pour capter leur attention,
et de quelques lignes qui en annoncent les grands titres.
Nous ne nous contentons pas de parler de ces principes
Une fois dans le chapitre, loin de réduire l’écono¬
et de ces outils, nous nous en servons pour aider les étu¬
mique à une série de recettes à mémoriser, nous encou¬
diants à comprendre les grandes questions de l’heure.
rageons l’étudiant à prendre le temps de bien assimiler
Ainsi, nous traitons, parfois en profondeur, de l’environ¬
chaque concept. Pour l’aider à suivre et à garder son in¬
nement, des écarts de revenu grandissants, des déficits
budgétaires et de l’anti-protectionnisme. térêt, nous avons veillé à ce que toute notion abstraite
s’incarne et s’anime dans un exemple concret. Et, dès
que nous avons fini d’expliquer un principe, nous nous
Un outil souple et polyvalent empressons de l’appliquer à un enjeu ou à un problème
du monde réel, espérant ainsi insuffler au néophyte une
Si tout professeur d’économique a une conception très certaine dose d’enthousiasme et d’assurance.
précise de ce qu’il faut enseigner et de la façon de le faire,
cette conception est loin d’être la même pour tous. Ce
trait qui rend notre discipline si captivante fait de la ré¬
daction d un manuel d économique une véritable ga¬ Les nouveautés de
geure, car 1 outil doit être assez polyvalent pour se prêter la nouvelle édition
a diverses utilisations et convenir à des professeurs de di¬
vers horizons. Nous avons tenté de relever cette gageure. _ La structure de cette nouvelle édition
Nous tenions également à ce que ce manuel s’adresse s’inspire largement de celle de la précédente, mais elle
aussi bien aux étudiants q ui se destinent à l’économique reflète aussi les objectifs du remaniement: axer la matière
qu’à ceux qui s’orientent vers l’administration ou vers sur les principes fondamentaux, expliquer des questions
une autre discipline. de l’heure, alléger et simplifier.
VII
Présentation
Le chapitre 1 a été substantiellement modifié ; il Les chapitres suivants traitent des problèmes de poli¬
s articule maintenant autour de deux grands titres : tique économique. Le chapitre 17 propose un nouveau
«Les économistes: comment ils raisonnent» et «Les traitement du cycle économique, qui intègre la théorie
économistes: ce quils font». Nous avons enrichi le du cycle d’origine réelle. Le chapitre 18 offre une explica¬
chapitre 3 d exemples inspirés de la vie courante pour tion plus simple et plus claire de l’inflation. Le cha¬
illustrer les principes fondamentaux de la rareté, du pitre 19 brosse un tableau général de la politique macro¬
choix, du coût d opportunité, de l’avantage comparatif économique, et montre comment elle peut influer sur
et des gains à 1 échange. Nous avons étayé et raffiné le la croissance à long terme et la balance des paiements
chapitre 4, qui traite des principes fondamentaux de internationaux.
l’offre et de la demande. Le chapitre 20 sur le commerce international s’est
Le chapitre 5 survole le paysage macroéconomique ; enrichi d’une section sur les arguments protectionnistes.
il décrit les origines de cette discipline, les circonstances Finalement, le chapitre 21, entièrement refait, traite plus
de sa réapparition durant la Grande Dépression, son simplement et de manière plus accessible de la détermina¬
évolution historique au Canada et ailleurs, ainsi que les tion du taux de change et des causes de ses fluctuations.
grands défis actuels de la politique macroéconomique.
Le chapitre 6 ramène à l’essentiel l’explication du
flux circulaire des dépenses et des revenus ; par contre,
nous avons étoffé l’exposé sur les utilisations du PIB et
des comparaisons internationales.
Le chapitre 7, qui porte sur le modèle de la demande
Des caractéristiques propres
agrégée et de l’offre agrégée, a été complètement réécrit ;
il se concentre maintenant sur les éléments primordiaux. à l’apprentissage
Le chapitre 8, qui résume la matière des chapitres 8 et 9
_ Comme la précédente, cette édition du
de la première édition, explique le modèle keynésien de
manuel Introduction à la macroéconomie moderne
la dépense agrégée ainsi que le multiplicateur. Les cha¬
présente de nombreuses caractéristiques propres à
pitres 7 et 8 sont conçus pour qu’on puisse commencer
l’apprentissage.
indifféremment par l’un ou l’autre.
Nous abordons les questions de politique macro¬
économique dès le chapitre 9 — un nouveau chapitre sur
Une approche visuelle novatrice
le budget et la politique budgétaire —, et les chapitres 10
et 11 sur la monnaie et la politique monétaire en traitent
Si la précédente édition de cet ouvrage a connu un tel
également. Le chapitre 12, un chapitre facultatif qui
succès, elle le doit en bonne partie à une approche vi¬
porte sur les interactions de la politique budgétaire et de
suelle si novatrice qu elle est devenue un modèle du
la politique monétaire, est plus court et plus simple que
genre. L’analyse graphique est sans doute l’outil le plus
dans la première édition.
important dans l’enseignement et l’apprentissage de
Le chapitre 13, lui aussi facultatif, porte sur les
l’économique; malheureusement, elle donne souvent
courbes de l’offre agrégée à court terme et à long terme.
du fil à retordre aux étudiants. Il fallait donc apporter un
Le chapitre 14, presque entièrement nouveau, utilise la
soin particulier à la présentation des graphiques : nous les
demande et l’offre pour expliquer les tendances de 1 em¬
voulions non seulement attrayants, mais capables de
ploi, du chômage et du salaire réel; on peut étudier cette
représenter sans ambiguïté les principes économiques
matière n’importe quand une fois qu on a vu le cha¬
qu’ils illustrent. Depuis la parution de ce manuel, ses fi¬
pitre 5. Le chapitre 15, un nouveau chapitre optionnel,
gures et ses graphiques n’ont jamais cessé de nous valoir
traite en profondeur des marchés des capitaux et des
les éloges des utilisateurs, ce qui confirme bien que nous
notions fondamentales relatives aux taux d intérêt réels.
avions raison d’y accorder une telle importance. Nous
Entièrement nouveau, le chapitre 16 propose une
avons donc conservé leur style limpide qui dégage si bien
explication très accessible de la croissance economique
les données et les tendances, avec une amélioration ce¬
et de la théorie de la croissance; il décrit la croissance
pendant: les graphiques qui illustrent les processus de
des économies canadienne et mondiale ainsi que les
l’économie distinguent maintenant les divers agents
causes du ralentissement de la croissance de la produc¬
économiques.
tivité. On pourra étudier tous les chapitres qui portent
Notre objectif a toujours été de montrer où se situe
sur l’offre agrégée — les chapitres 13, ' ' *■1 15 l’activité économique. À cette fin, nous avons établi un
ainsi que le chapitre 16 sur la croissance à long terme
code visuel rigoureux pour la notation et l’emploi de la
avant les chapitres sur la dem régée (les chapi¬ couleur. Ainsi :
tres 8, 9, 10, 11 et 12). Cette flexibilité permet au
professeur qui le souhait; ours sur le long ■ la couleur rouge indique les points d’équilibre, les
terme et d’étudier les fluctuation; :ourt terme dans déplacements des courbes et les éléments les plus
importants;
cette perspective.
VIII
Présentation
■ les flèches de couleur indiquent la direction d’un les grands principes économiques aux événements quoti¬
déplacement dans ce qui est habituellement une diens comme à leur couverture médiatique, notre ru¬
représentation statique ; brique « Entre les lignes » est également très appréciée.
■ plusieurs figures regroupent les graphiques et les Vous y trouverez des articles parus dans The Economist,
tableaux de données qui ont servi à tracer les The Globe and Mail, The Financial Post et d’autres grands
courbes ; journaux canadiens; tous couvrent des sujets de nature à
■ l’utilisation d’un code de couleur cohérent met en intéresser les étudiants. Un certain nombre de ces ru¬
évidence divers éléments du contenu des graphiques, briques, intitulées «Pleins feux sur les politiques», por¬
et permet de s’y référer clairement dans le texte et les tent sur des débats politiques très actuels : la lenteur de la
légendes ; croissance économique, l’emploi et le chômage, l’infla¬
■ de petits encadrés teintés dans les graphiques attirent tion, la politique de la Banque du Canada et la politique
l’attention sur des informations clés ; commerciale internationale. Sous le titre « Si vous deviez
■ le recours à l’informatique permet d’atteindre une voter», une série de questions ouvertes invitent l’étudiant
précision maximale dans chaque graphique. à faire une évaluation critique des politiques actuelles et à
participer au processus politique en mettant ses idées par
Autre mérite de la conception visuelle : elle facilite
écrit, pour éventuellement les faire parvenir aux députés.
l’étude et la révision de la matière :
L’icône permet de repérer dans la table des matières
■ les figures et les tableaux clés listés à la fin de chaque
les rubriques «Entre les lignes» consacrées aux politiques
chapitre sont facilement repérables grâce à une petite
économiques.
icône rose A ;
■ complètes en elles-mêmes, les légendes des tableaux
et des graphiques en résument les points essentiels ;
Des jalons historiques : la rubrique
l’étudiant peut les parcourir pour réviser un chapitre
«L’évolution de nos connaissances»
ou pour en avoir un aperçu, et y revenir ponctuel¬
lement pour se rafraîchir la mémoire sur un point
La rubrique «L’évolution de nos connaissances» trace
précis.
l’histoire des idées maîtresses en économique. L’étudiant
pourra ainsi constater leur universalité, mais aussi leur
pérennité : les prodigieuses idées d’Adam Smith sur la
Des entretiens avec d’éminents
division du travail s’appliquent aussi bien à la création
économistes d’une puce électronique qu’à la fabrication d’épingles
dans une manufacture du XVIIIe siècle.
Dans l’édition précédente, nos entretiens avec d’éminents
économistes ont connu un vif succès. Nous maintenons
la tradition en vous offrant ici cinq autres entretiens avec
Les repères pédagogiques
des économistes qui ont contribué notablement à l’avan¬
cement de la théorie et de la pratique économique. Cha¬ Pour que le manuel soutienne et complète le plus
cun de nos entretiens sert d’introduction à l’une des cinq efficacement possible les apprentissages faits en classe,
parties de l’ouvrage et porte sur des sujets qu’on y traite. nous avons prévu dans chaque chapitre plusieurs
Les étudiants pourront les lire avant d’entamer l’étude repères pédagogiques :
des chapitres d’une partie et les relire par la suite pour
en apprécier la teneur. Les objectifs Une liste des objectifs du chapitre
En conclusion du premier de ces entretiens, Douglass permet à l’étudiant de se fixer des buts avant d’en
North, lauréat du prix Nobel de science économique, entreprendre l’étude.
incite les étudiants à questionner les économistes sur leurs
champs de spécialisation, leur contribution à l’écono¬ Le texte d’introduction Truffé de devinettes, de
mique et leurs perspectives. «[...] vous devez continuel¬ métaphores et de paradoxes, le texte d’introduction
lement tenter d’en tirer tout ce que vous pouvez. » Nous cherche à piquer la curiosité en soulevant des questions
avons mis ce conseil en pratique : l’ensemble des entre¬ qui trouveront une réponse dans le chapitre.
tiens constitue une sorte de symposium informel sur les
Les capsules «À retenir» Chaque section du
grands sujets économiques de l’heure.
chapitre se termine sur une capsule qui en résume
l’essentiel en quelques lignes.
Des exercices d’analyse critique : Les mots clés Les caractères gras mettent en relief
la rubrique « Entre les lignes » les termes clés du vocabulaire économique, qui sont
ensuite listés à la fin du chapitre avec un renvoi à la page
Conçue pour donner aux étudiants 1 occasion de s’exer¬ de référence, puis repris et définis dans un glossaire à la
cer à 1 analyse critique et pour les habituer à appliquer fin du manuel (p. 561), avec leur équivalent en anglais.
IX
Présentation
Les rubriques de fin de chapitre En fin de chapitre, Le Guide de l’étudiant Chaque chapitre de ce guide
on trouve un résumé de la matière par sections, la liste correspond à un chapitre du manuel et comprend les
des mots clés et celle des figures et tableaux clés avec les rubriques suivantes :
pages de référence, des « Questions de révision » et plu¬ ■ Concepts clés Une ou deux pages qui résument la
sieurs « Problèmes », souvent accompagnés de graphiques. matière, les concepts et les définitions clés du chapitre ;
Les questions de la rubrique «Analyse critique» — une ■ Rappels Des suggestions pour éviter les erreurs les
nouveauté de cette édition — portent sur le sujet de la plus communes et bien assimiler les concepts les plus
rubrique «Entre les lignes» ou sur d’autres sujets d’ac¬ importants ;
tualité. Nous avons beaucoup travaillé pour mettre au ■ Autoévaluation Un test qui permet à l’étudiant de
point des questions de révision, des sujets d’analyse s’exercer aux examens en lui proposant divers types de
critique et des problèmes qui favorisent l’assimilation questions (vrai ou faux, questions à choix multiple) et
efficace de la matière. de problèmes (problèmes à court développement,
Les questions d’analyse critique et problèmes pré¬ analyse graphique et critique, problèmes axés sur les
cédés de l’icône renvoient les étudiants à des sites politiques économiques), avec les réponses et de
Web comme ceux de Statistique Canada, de Finances brèves explications.
Canada, de la Banque du Canada ou du Fraser Institute. Le Guide de l’étudiant propose aussi des sections de
Nous espérons leur donner ainsi l’habitude d’utiliser les révision, comportant chacune un problème et un examen
ressources d’Internet pour se tenir au courant. de mi-étape. Le problème, axé sur la politique écono¬
mique, permet à l’étudiant de vérifier s’il a bien assimilé
les concepts, s’il maîtrise leur articulation logique et s’il
peut appliquer ces connaissances à la résolution d’un
problème du monde réel. Quant à l’examen, ses questions
La polyvalence imitent celles d’un véritable examen de mi-étape; l’étu¬
diant peut ainsi s’y préparer en vérifiant s’il maîtrise bien
Un trimestre, c’est bien peu pour atteindre tous les objec¬ toute la matière. Les réponses figurent dans le Guide.
tifs d’un cours d’initiation à la microéconomie, et le man¬ Plusieurs éléments du Guide— les vrai ou faux, les
que de temps oblige souvent les professeurs a faire des questions à choix multiple, les problèmes à court dévelop¬
choix. Pour tenir compte de la contrainte de temps et fa¬ pement et les problèmes des sections « Révision » — visent
ciliter ces choix, nous avons rendu optionnelle une bonne à rompre l’étudiant à l’analyse critique. D’autres éléments
partie du contenu de l’ouvrage; le «Tableau d’enseigne¬ cherchent plutôt à lui faciliter l’apprentissage de l’écono¬
ment à la carte» de la page X départage les chapitres qui mique — les «Concepts clés», les « Rappels», les réponses
portent sur des notions fondamentales, et distingue ceux détaillées aux questions à choix multiple ainsi que les sec¬
qui traitent de leur application et ceux qui sont facultatifs. tions «Révision» et l’examen de mi-étape.
Puisqu’il existe plusieurs approches des principes de la
macroéconomie, nous vous proposons un manuel assez Le CD-ROM Pour faciliter l’enseignement en classe,
polyvalent pour s’adapter à divers styles d enseignement tous les graphiques importants du manuel sont proposés
et à différentes façons d organiser la matière. au professeur sur support informatique.
X
Présentation
5. Notions de macroéconomie
10. La monnaie, les banques II. La politique monétaire 12. Les interactions de la politique
et les taux d’intérêt monétaire et de la politique
budgétaire
Si vous voulez mettre l’accent 14. L’emploi, les salaires et 13. L’offre agrégée à long terme et à
sur le côté de l’offre et sur la le chômage court terme
croissance à long terme, vous On peut intervertir
pouvez couvrir ces chapitres les chapitres 13 et 14.
avant ceux qui traitent de la
demande agrégée. 16. La croissance économique 15. L’investissement, le capital
et l’intérêt
I 7. Le cycle économique
Voici maintenant quelques recommandations sur ce dans le monde de demain, un baccalauréat ne suffit pas
que vous pouvez faire de votre côté pour atteindre ces à vous assurer une carrière vraiment satisfaisante. En
mêmes objectifs. moyenne, le rendement d’un diplôme d’études supé¬
rieures est largement suffisant pour compenser l’in¬
■ Consacrez au moins quatre heures par semaine à l’éco¬
vestissement qu’il exige. En fait, pour la plupart d’entre
nomique en plus de vos cours en classe. Travaillez assi¬
nous, ce sera le meilleur investissement de notre vie !
dûment semaine après semaine. Ne comptez pas sur
Mais quelle discipline choisir ? Le grand avantage d’un
un sprint final pour réussir; cela ne fonctionnera pas.
baccalauréat en économique est de nous préparer à
■ Lisez votre manuel avant chaque cours et prenez des tout un éventail de professions : comptabilité, finance,
notes détaillées. banque, administration, affaires, droit, journalisme,
urbanisme et même médecine. La pensée économique
■ Ne ratez aucun cours. Dès qu’un cours est terminé,
sert dans tous les domaines de la vie.
complétez vos notes en y intégrant les points sur
lesquels votre professeur a insisté.
D’après notre expérience (et nous avons enseigné à dès la seconde année d’études, il devient impossible de
plusieurs milliers d’étudiants), si vous suivez ces recom¬ réussir en économie en évitant les mathématiques. De
mandations, non seulement vous réussirez votre cours, toute façon, une culture de base en mathématiques est
essentielle de nos jours. Alors, si vous en avez la capacité
mais vous y prendrez plaisir et vous pourriez même
et l’envie, suivez quelques cours de mathématiques paral¬
devenir un mordu de l’économique.
lèlement à vos cours d’initiation à l’économique.
La majeure en économique
Faut-il absolument un ordinateur ?
Nous vous suggérons de vous rendre d’abord à la page il met à votre disposition toutes les données monétaires
d’accueil de Statistique Canada (http://www.statcan.ca/ dont vous puissiez avoir besoin. Cliquez sur Statistiques
start_f.html), reproduite ci-dessous. En cliquant sur financières: vous accéderez à un menu proposant une
Nouvelles du Quotidien, vous accéderez au journal en ligne foule de données statistiques, notamment sur les agrégats
de Statistique Canada, qui publie une mise à jour quoti¬ monétaires, les taux d’intérêt et les taux de change. Vous
dienne des dernières données. Le lien Le Canada en trouverez tous les documents et communiqués publiés
Statistiques vous amènera à un menu offrant des informa¬ par la Banque du Canada sous la rubrique Publications &
tions mensuelles et trimestrielles récentes sur l’économie, Recherches.
ainsi qu’une multitude de données sur les économies cana¬ M. Parkin met également à votre disposition un site
dienne et internationale. à l’adresse suivante: http://www.econlOO.com.
Les pages d’accueil de deux autres sites à visiter Ces quelques indications ne vous donnent évidem¬
sont également reproduites ci-contre, celle du minis¬ ment qu’un avant-goût de la prodigieuse quantité d’infor¬
tère des Finances du Canada et celle de la Banque du mation que recèle le Web. Le monde macroéconomique
Canada. Le site du ministère des Finances du Canada est à votre portée : à vous de cliquer !
(http://www.fin.gc.ca/fin-fra.html) vous propose entre
autres un fichier téléchargeable contenant les renseigne¬ Robin Bade et Michael Parkin, University
ments budgétaires les plus récents. Quant au site de la of Western Ontario
Banque du Canada (http://www.bank-banque-canada.ca), Benoît Carmichael, Université Laval
■■■
La page d’accueil de
STATISTIQUE CANADA cm:} Statistique Canada vous
donne accès à une quantité
Bienvenue à Statistique Canada!
Message du Statisticien en chef du Canada
considérable de données
sur l’économie canadienne.
Q Nouvelles du Quotidien 1Ü| Le Canada en statistiques Le lien Nouvelles du Quoti¬
Faits saillants des plus récentes données diffusées, horaire Tableaux de données gratuits sur certains aspects
dien vous amène à une
de diffusion des principaux communiqués et annonces des de l’économie, du territoire, de la société et du
nouveaux produits et services. gouvernement canadiens. mise à jour quotidienne
13 Recensement des dernières données
Produits et services
Des données gratuites sous forme de tableaux et des ren¬ Catalogue; CANSIM et données sur le commerce ($); publiées, et le lien Le
seignements d’actualité sur le recensement de 1996; le publications téléchargeables ($); documents
Canada en Statistiques
Profil statistique des communautés de recherche; information sur les séminaires, les
canadiennes et des renseignements portant sur le recense¬ conférences et les autres services.
vous amène à un menu
ment de 2001. Pour commander proposant des informa¬
Ressources éducatives Concepts, définitions et méthodes tions mensuelles et
Programmes et produits pour intégrer des données statis¬ Documentation sur les programmes; classifications types trimestrielles récentes sur
tiques canadiennes dans le processus (SC1AN Canada); documents de discussion; question¬
d’enseignement et d’apprentissage.
l’économie ainsi qu’une
naires; information sur les nouvelles enquêtes.
multitude de données sur
En profondeur ^ À propos de Statistique Canada
Une sélection d’articles tirés de nos périodiques l’économie canadienne
L’organisme statistique national du Canada.
analytiques et internationale.
Participez-vous à une enquête de
iÿ] Centres de services Statistique Canada?
Information sur nos centres de consultation régionaux, les
bibliothèques et les autres E3 L’an 2000
distributeurs des données de Statistique Canada.
^ Teu-questionnaire Canada
|jfy Possibilités d’emploi Explorez notre site et vous découvrirez le Canada et les
Canadiens.
Liens à d'autres sites
m
XIII
Présentation
Quoi de neuf.
; An sujet du Ministère.
| Communiqués et discours.
Publications.
■ Nouveautés.
■ Au sujet de la Banque
■ Passage a l'an 2000
■ Statistiques financières
■ Bulletin hebdomadaire de st.itiniques finjinçjèniS
■ Publications A Recherches
La demande
partie agrégée 151
Q partie L’économie mondiale 505
Chapitre I
Questions économiques 6
L’économie:vue d’ensemble 15
Les décideurs 17
Les marchés 18
La coordination des décisions économiques 18
Les liens internationaux 20
Chapitre 2
La demande 68
Les facteurs qui influent sur les intentions d’achat
Chapitre 3
La loi de la demande 68
Le barème de demande et la courbe de demande
La production, la croissance et l’échange 41 L’évolution de la demande 69
Le mouvement le long de la courbe de demande
Faire plus avec moins 42
et le déplacement de la courbe 7I
La courbe des possibilités de production 43
L’offre 73
La courbe des possibilités de production
Les facteurs qui influent sur les intentions de vente
d’une entreprise 43
La loi de l’offre 73
L'efficience dans la production 44
Le barème d’offre et la courbe d’offre 73
Le coût d’opportunité de production d’une entreprise 45
La modification de l’offre 73
Les coûts d’opportunité sont inévitables 45
Le mouvement le long de la courbe d’offre et
L’augmentation du coût d’opportunité 46 le déplacement de la courbe 75
Le compromis entre les missiles et les jeux vidéo 46
La détermination des prix 76
La forme de la CPP 47
Le rôle régulateur des prix 76
Le calcul du coût d’opportunité 47
L’équilibre 77
Le coût d’opportunité est un ratio 48
Les coûts d’opportunité croissants sont omniprésents 49 La prédiction des variations dans les prix
et les quantités échangées 78
La croissance économique 49 La modification de la demande 78
Le coût du déplacement de la courbe 49
La modification de l’offre 79
Le progrès technologique et l’accumulation de capital 50
Les modifications simultanées de l’offre
La croissance économique des ménages 5! et de la demande 80
La croissance économique des nations 5I Les lecteurs de disques compacts, le café
Les avantages de l’échange 52 et les bananes 82
L’avantage comparatif 52 *;* Entre les lignes
Tirer profit de l’échange 53 L’effet de l’offre et de la demande sur
L’avantage absolu 54 le prix des téléavertisseurs 84
L’avantage comparatif dynamique 55
Entre les lignes
Les conventions sociales et l’échange 56 L’offre et la demande en action 86
Les marchés 56
L’évolution de nos connaissances
Le droit de propriété 56
La loi de l’offre et de la demande:genèse
La monnaie 56
d’une découverte 93
Entre les lignes
Note mathématique
Le Canada se spécialise et fait des échanges 58
L’équilibre d’un marché 95
L’évolution de nos connaissances
Les sources de la richesse économique 63
Introduction
à la
partie macroéconomie Chapitre 6
La macroéconomie : ses origines et ses objets d’étude 102 L’évaluation du PIB canadien I3I
Les enjeux à court et à long terme I 02 La méthode des dépenses 13 I
Les perspectives d’avenir i 02 La méthode des revenus des facteurs I 33
Le calcul du PIB par la production des entreprises I 34
L’emploi et le chômage 103
L’emploi 103 Le niveau des prix et l’inflation 136
Le chômage 103 L’indice des prix à la consommation I 36
Le chômage au Canada 103 L’indice implicite du PIB 137
Le chômage dans le monde 104 Comment interpréter les mesures de l’inflation I 38
Les conséquences du chômage I 04
L’utilité du PIB réel 140
La croissance économique 105 La comparaison du PIB entre les pays I4I
La croissance économique au Canada I 06 Le bien-être économique 141
La croissance économique dans le monde 108 Entre les lignes
Les avantages et les coûts de la croissance Le calcul du PIB pour
économique I I0 les différentes provinces 144
L’inflation I I I
L’inflation au Canada I I I
L’inflation dans le monde I I2
L’inflation est-elle un problème? I I2
Les déficits I 13
Les déficits budgétaires des gouvernements I I3
Le déficit commercial du Canada I I3
Les incidences d’un déficit I 14
XVIII
La demande
partie agrégée Chapitre 8
Note mathématique
Le calcul algébrique du multiplicateur 207
XIX
Chapitre 9 La réglementation financière 248
Les fonctions économiques des institutions
La politique budgétaire 210 financières 248
L’argent mène le monde ! 240 Les effets de la politique monétaire sur les taux
d’intérêt et le taux de change 276
Qu’est-ce que la monnaie ? 241 Les effets sur les taux d’intérêt 276
L’instrument d’échange 241 Les effets sur le taux de change 276
L’unité de compte 241
Le réservoir de valeur 242 Les effets en chaîne de la politique monétaire 277
La monnaie-marchandise 242 Le taux d’intérêt et les fluctuations
Le papier-monnaie convertible 242 du taux de change 277
La monnaie fiduciaire 243
La monnaie dans le modèle DA-OA 279
La monnaie scripturale 243
Les mesures destinées à réduire le chômage 279
La masse monétaire actuelle du Canada 244 Les mesures anti-inflationnistes 280
Les intermédiaires financiers 247 La politique monétaire et les fluctuations du PIB réel 28 I
Les banques à charte 247 La théorie quantitative de la monnaie 281
Les caisses d’économie et les caisses populaires 248 Données historiques canadiennes et théorie
Les sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire 248 quantitative de la monnaie 282
XX
L’offre
Données internationales et théorie quantitative
de la monnaie 283 partie agrégée
La masse monétaire et 1 inflation : corrélation
et causalité 283
Entretien avec Thomas J. Sargent 3 19
La Banque du Canada passe à l’action 284
La politique anti-inflationniste de Gerald Bouey 284
La politique de stabilisation des prix de John Crow 284
Prévoir la politique de la Banque du Canada :
une activité rentable 285
Chapitre 13
Le PIB réel, le niveau des prix et les taux d intérêt 308 Entre les lignes
Les effets à court terme sur le PIB réel La productivité des employés
et sur le niveau des prix 308 de bureau est-elle faible ou élevée? 340
Les effets à long terme sur le PIB réel
et sur le niveau des prix 309
L’emploi, les salaires et le chômage 345 L’équilibre à long terme dans l’économie mondiale 383
La détermination du taux d’intérêt réel 383
Signes vitaux 346 La politique budgétaire, les taux d’intérêt
L’inflation 455
Entretien avec Paul Martin 425
De Rome à la Russie 456
La théorie du cycle d’origine réelle 437 L’inflation et le chômage: la courbe de Phillips 467
La courbe de Phillips à court terme 467
L’impulsion du COR 437
La courbe de Phillips à long terme 468
Le mécanisme du COR 437
Les variations du taux de chômage naturel 469
Les critiques de la théorie du COR 440
La courbe de Phillips au Canada 469
La défense de la théorie du COR 440
Les taux d’intérêt et l’inflation 471
La récession de 1990-1991 441
Les effets de l’inflation sur
Les origines de la récession de 1990-1991 441
les emprunteurs et les prêteurs 471
La demande et l’offre agrégées durant
L’inflation et les taux d’intérêt au Canada 47 I
la récession de 1990-1991 443
Le marché du travail des années 1990 443 Entre les lignes
L’inflation est-elle enrayée au Canada? 474
La Grande Dépression 444
Les causes de la Crise 445
Risquons-nous de revivre une telle crise? 448
Chapitre 19
Entre les lignes
À quoi faut-il s’attendre : reprise ou récession ? 446
Les défis de la politique macroéconomique 478
L’évolution de nos connaissances
Les cycles économiques 453 Que peut faire la politique économique? 479
La politique macroéconomique:
ses outils et sa performance 482
La politique budgétaire depuis 1970 482
La politique monétaire depuis 1975 483
XXIII
L’économie
La politique de croissance à long terme 484
L’épargne nationale 484 partie mondiale
L’investissement dans le capital humain 486
L’investissement dans de nouvelles techniques 486
Entretien avec Jacob Frenkel 505
La politique en matière de cycle
économique et de chômage 487
Les politiques fondées sur des règles fixes 487 Chapitre 20
Les politiques fondées sur des règles de rétroaction 487
Les politiques discrétionnaires 487
Le commerce international 508
La stabilisation de la demande agrégée 487
La stabilisation de l’offre agrégée 491
De la route de la soie à l’ALENA 509
Les politiques en matière de taux
de chômage naturel 492 La structure du commerce international 5 10
Le commerce international du Canada 5 10
La politique en matière d’inflation 493
La structure géographique du commerce canadien 5I I
La prévention de l’inflation par les coûts 493
Les tendances de l’échange 5I2
Le ralentissement de l’inflation 495
La balance commerciale et les mouvements
La réduction de l’inflation en pratique 496
internationaux de capitaux 5I2
La politique en matière de compte courant 498
Le coût d’opportunité et l’avantage comparatif 513
La dévaluation du dollar 498
Le coût d’opportunité à Fermia 5 13
La hausse des tarifs ou l’imposition
Le coût d’opportunité à Manufactura 5I3
de quotas à l’importation 498
L’avantage comparatif 5 14
La réduction du déficit public 498
Les gains à l’échange 514
Entre les lignes
La réalisation des gains à l’échange 5 14
Naviguer entre le chômage et l’inflation 500
L’équilibre des échanges 5I5
Les changements dans la production
et dans la consommation 5I5
Un échange où tout le monde gagne 5I7
L’avantage absolu 5I7
Chapitre 21
Glossaire 561
Index 569
Introduction
Washington de Seattle. Pendant trois Aussi, je me suis d’abord questionné Les économistes peuvent-ils expliquer
ans, j’ai joué aux échecs tous les jours sur la manière dont se font les échan¬ cette évolution radicalement dif¬
avec mon collègue Donald Gordon. ges, compte tenu des frais de trans¬ férente?
Donald était un bon économiste et, à action considérables qu’ils im¬ Cette question est au cœur même de
force de discuter d’économie avec lui pliquent. ce que devrait être l’histoire écono¬
devant l’échiquier, je me suis peu à mique, et de ce quelle est en partie.
peu détaché du marxisme pour Comment l’économie d’un pays
Et le deuxième principe?
devenir un économiste orthodoxe. comme les Etats-Unis est-elle arrivée
Le deuxième principe veut que les
là où elle est aujourd’hui ? Pourquoi
frais de transaction soient intime¬
Quels sont les principes économiques des pays comme l’ex-Union sovié¬
ment liés à la manière dont les êtres
clés qui guident votre travail — les tique ont-ils évolué différemment ?
humains ont structuré l’ordre écono¬
principes et les perspectives que Le but de mes recherches, y compris
mique — donc à leurs institutions.
l’économiste apporte à l’étude des de mes travaux sur l’histoire écono¬
Ce fait m’a poussé à réfléchir sur une
processus historiques à long terme? mique des États-Unis, consiste en
deuxième question : la manière dont
Il y en a deux. Le premier concerne grande partie à découvrir le processus
les institutions évoluent avec le
l’importance des frais de transaction de différenciation du changement
temps pour améliorer l’efficience
— les frais que l’on engage pour institutionnel.
des marchés.
commercer avec des partenaires. Au départ, les Etats-Unis ont reçu
La science économique cherche à en héritage de la Grande-Bretagne
Lorsqu’un économiste parle d’institu¬
comprendre comment les sociétés les institutions qui, dès la fin du
tions économiques, qu’entend-il
font face au problème de la rareté XVIIIe siècle, avaient fait de ce pays
exactement par là? Que sont ces
— au fait que les gens désirent tou¬ la première nation du monde. Ils s’en
institutions?
jours plus que ce que leur permettent sont inspirés, en les modifiant et en
Les institutions sont des règles
leurs ressources limitées. Traditionnel¬ les raffinant, ce qui a eu pour résultat
sociales qui structurent les interac¬
lement, les économistes se sont con¬ deux siècles et demi de croissance
tions humaines — des règles très offi¬
centrés sur la manière dont les res¬ économique. Une grande partie du
cielles comme les constitutions et les
sources sont réparties à un moment reste du monde, et en particulier la
lois, et des règles courantes comme
particulier de l’histoire — par exem¬ Russie, a évolué avec des institutions
les statuts et les règlements. Mais il y
ple, sur ce qui détermine aujourd’hui beaucoup moins efficientes.
a plus ; il y a aussi toutes ces règles
la répartition des dépenses entre les Au fil du temps, les gouverne¬
tacites qui régissent les interactions
écoles et les hôpitaux, les ordinateurs ments successifs de la Grande-
quotidiennes des gens, et qui sont en
et les automobiles... L’histoire écono¬ Bretagne et des États-Unis ont
quelque sorte des règles de conduite.
mique, elle, s’intéresse à la manière instauré un ensemble de règles qui
Les institutions sont le squelette
dont les sociétés évoluent avec le laissent aux individus énormément
sur lequel se greffent toutes les inter¬
temps ; elle cherche à découvrir pour¬ de liberté et de latitude pour conclure
actions humaines — politiques,
quoi certaines sociétés deviennent
sociales et économiques. Par consé¬
prospères tandis que d’autres restent
quent, le fait de comprendre com¬
pauvres, j’ai acquis la conviction que
ment elles fonctionnent, de savoir
le raisonnement économique qui
pourquoi elles sont efficientes dans [...]pour avoir des mar¬
sous-tend les principes économiques
certaines conditions et non dans
est celui qui permet le mieux de com¬
d’autres, est vraiment la clé de la chés efficients, un pays
prendre comment les sociétés évo¬
richesse des nations, La législation
luent au fil du temps. Et cette con¬
antitrust, la législation sur les brevets doit mettre en place
viction m’a entraîné très loin...
et la législation sur les faillites sont
Revenons à l’époque où j’étudiais
des exemples d’institutions écono¬ une réglementation
l’économique; les théories écono¬
miques.
miques étaient alors fondées sur le
qui incite les gens à se
postulat que, dans des marchés effi¬
cients, les individus peuvent se spé¬ Les institutions qui ont été instaurées
montrer productifs et
cialiser et échanger leurs produits. aux Etats-Unis ont permis le déve¬
Mais ces théories ne tenaient pas loppement économique et la pros¬
créatifs, à produire
compte des frais de transaction — périté, alors que celles qui ont été
c’est-à-dire des frais que les gens mises en place en ex-Union soviétique
des biens de meilleure
encourent pour commercer entre — et qui, dans une certaine mesure,
eux, et des frais que les gouverne¬ prévalent toujours en Russie et dans
qualité à moindre coût.
ments et les entreprises engagent d’autres pays d’Europe de l’Est — ont
pour faire fonctionner les marchés. entraîné la stagnation et la pauvreté.
3
Introduction
Les vedettes de cinéma, les chanteurs populaires, les présentateurs de nouvelles télé¬
visées, les vedettes sportives, les avocats, les médecins et les dirigeants de grandes entre¬
prises gagnent de gros revenus. Les pompistes, les caissières des supermarchés et les
travailleuses en garderie ne gagnent que quelques dollars l’heure. En moyenne, les hom-
mes gagnent plus que les femmes. Ces faits soulèvent une deuxième question écono¬
mique fondamentale :
Qu’est-ce qui détermine le revenu des travailleurs ? Pourquoi les femmes sont-elles
moins payées que les hommes, même quand elles occupent selon toute apparence
des emplois semblables ?
Au fil des ans, le champ d’intervention de l’État s’est élargi. Au temps de la Confédéra¬
tion canadienne, la principale tâche du gouvernement était d’assurer l’ordre public.
Aujourd’hui, les gouvernements fédéral et provinciaux s’occupent autant de santé, de
sécurité sociale, d’éducation et de paiements de péréquation que de défense nationale. Ils
réglementent également la production alimentaire et pharmaceutique, l’énergie nucléaire
et 1 agriculture. Ce n’est pas tout. Avec le temps, nous avons pris conscience de la fragilité
de notre environnement. Nous croyons que les chlorofluorocarbones (CFC), ces pro¬
duits chimiques qui se retrouvent dans d’innombrables produits (des liquides de refroi¬
dissement des réfrigérateurs et climatiseurs aux téléphones en plastique en passant par les
solvants de dégraissage pour les circuits électroniques), endommagent la couche d’ozone
qui protège l’atmosphère. De plus, les combustibles fossiles — mazout et pétrole_
dégagent dans cette atmosphère du dioxyde de carbone et d’autres gaz qui empêchent les
rayonnements infrarouges de s’échapper, entraînant, semble-t-il, ce qu’on appelle «l’effet
de serre». Ces faits soulèvent une troisième question économique fondamentale:
Quel est le rôle de l’État dans la vie économique? Peut-il nous aider à protéger
notre environnement et à produire des biens et des services aussi efficacement que
le secteur privé?
' -■«. puis la fin des années 1970, la Chine opère une spectaculaire transformation écono¬
mique Les revenus y ont augmenté de plus de 10% par année — doublant tous les
sept ans • dans des villes comme Shanghai, ils ont augmenté de plus de 20% certaines
années. :1a n’arrive pas qu’en Chine! On a également constaté cette croissance
rapide des venus à Hong Kong, en Inde, en Indonésie, en Malaisie, à Singapour, en
Corée du Sud, à Taiwan et en Thaïlande, bien quelle se soit ralentie ces dernières
années. Dans les pays riches — au Canada et aux États-Unis, au Japon, en Europe
identale, en Australie et en Nouvelle-Zélande —, les revenus continuent de croître,
U ; : tythm de l’expansion est plus lent que dans les années 1960. Contraste saisis-
sant avec ces miracles de croissance, les revenus russes ont diminué d’un alarmant 12%
en 1993. Les revenus ont également diminué en République tchèque et en Hongrie.
Ces faits soulèvent une quatrième question économique fondamentale :
Au plus creux de la crise du début des années 1930, près du cinquième de la population
active du monde industrialisé était au chômage. Ce fut là une période de difficultés par¬
ticulièrement extrêmes, mais un taux de chômage élevé n’est pas un phénomène inha¬
bituel. Ces dernières années, le Canada, le Royaume-Uni, la France et l’Italie affichaient
un taux de chômage de l’ordre de 10% ou plus. Au Canada, lorsque le taux de chô¬
mage moyen est de 9 % — comme c’était le cas au début de 1998 —, le taux de chô¬
mage chez les jeunes (de 15 à 24 ans) s’élève à près de 16,5 %, et grimpe à 27 % chez les
jeunes de Terre-Neuve. Ces faits soulèvent une cinquième question économique fonda¬
mentale :
En 1993, au Brésil, le coût de la vie a augmenté de 2 500%. Cela signifiait que sur la
plage de Copacabana un ananas qui coûtait 15 cruzeiros le 1er janvier en coûtait 390 à
la fin de l’année. Toujours en 1993, en Russie, les prix ont augmenté de près de
1 000 %. Par contre, cette année-là au Canada, les prix n’ont augmenté que de 2 %,
alors qu’à la fin des années 1970 ils augmentaient de plus de 10% par année. Ces faits
soulèvent une sixième question économique fondamentale:
Dans les années 1960, presque tous les véhicules automobiles qui sillonnaient les routes
nord-américaines étaient des Ford, des Chevrolet et des Chrysler; en 1996, plus du
cinquième des véhicules était importé. Et ce phénomène n a rien d exceptionnel.
Nous importons aujourd’hui la plupart de nos téléviseurs, de nos vêtements et de
nos ordinateurs.
L’État impose des taxes (appelées tarifs douaniers) sur les importations et limite la
quantité de certaines marchandises qui peuvent etre importées. Il conclut egalement avec
d’autres États des ententes comme 1 Accord de libre-echange nord-américain (ALENA)
négocié entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. Ces faits soulèvent une septième
question économique fondamentale :
Quels sont les facteurs qui déterminent le volume des échanges commerciaux entre
les pays, et en quoi les accords de commerce international influent-ils sur l’emploi
et la prospérité au Canada et dans d autres pays ?
O Ces sept questions nous donner.: une idée de ce qu’est la science économique.
Toutefois, elles ne nous disent pas. ' i vraiment. Elles ne nous disent pas com¬
ment reconnaître une question A, ■'* comment la distinguer d’une question
non économique. Elles ne nous : n plus comment les économistes abordent
les questions économiques ni • i citent à y répondre.
Au fait, comment lésée ' tissent-ils les questions économiques?
— Les économistes, en tant qu’individus, sont dans ses travaux scolaires doit, elle aussi, faire face à la
des gens comme les autres. Ils ont leurs objectifs person¬ rareté. Même les perroquets n’y échappent pas...
nels, leurs projets personnels et leurs opinions person¬
nelles sur toutes sortes de sujets, économiques ou non.
Vous vous êtes peut-être dit que les sept questions écono¬ Les choix et le coût d’opportunité
miques dont nous venons de parler étaient de nature très
Le problème de la rareté impose des choix. Devant l’im¬
politique. Vous avez raison. Elles exercent une énorme
possibilité d’obtenir tout ce que nous désirons, il faut
influence sur la qualité de la vie humaine et suscitent de
vifs débats. choisir parmi les possibilités qui s’offrent. Les concepts
de rareté et de choix définissent F économique. L’écono¬
En tant que professionnels, les économistes s’effor¬
cent de faire abstraction de leurs émotions et d’aborder mique est en effet l’étude de l’influence de la rareté sur les
choix des personnes ou des organisations. C’est d’ailleurs
leur travail avec le détachement, la rigueur et l’objectivité
pourquoi on appelle parfois l’économique la science des
des scientifiques. La première étape de ce processus con¬
siste à déterminer le problème fondamental dont décou¬
choix— c est la science qui explique les choix que font les
gens et qui prédit comment ces choix changeront selon
lent toutes les questions économiques. Ce problème
les circonstances. Si nous décidons de consacrer une par¬
fondamental — LE problème économique — est que
tie de nos ressources à quelque chose, inévitablement, il
nos ressources sont limitées tandis que nos besoins et
nos désirs sont illimités. nous en reste moins pour d’autres choses. Quoi que nous
ayons choisi, nous aurions pu choisir autre chose à la
place. « Rien n’est jamais gratuit», « On ne peut avoir à la
La rareté fois le beurre et l’argent du beurre. » Ces dictons popu¬
laires expriment de manière éloquente l’idée centrale de
Lorsque les ressources disponibles pour satisfaire nos l’économique : tout choix a un coût.
besoins et nos désirs sont insuffisantes, nous faisons face Les économistes appellent coût d’opportunité le
au phénomène de la rareté. La rareté est omniprésente. coût de tout choix imposé par la rareté. Le coût d’oppor¬
Tout le monde désire être en bonne santé, vivre long¬ tunité d’une décision représente la valeur de la meilleure
temps, jouir du confort matériel, se sentir en sécurité, se possibilité que l’on écarte par cette décision. Autrement
délasser le corps et l’esprit, acquérir des connaissances. dit, la valeur de l’option la plus avantageuse qui n’a pas été
Mais personne ne réussit jamais à combler tous ces be¬ choisie — de l’occasion la plus intéressante à laquelle on a
soins et ces désirs; il subsiste toujours quelque insatisfac¬ renoncé — est le coût de cette décision.
tion. Bien que de nombreux Canadiens aient tout le Attention ! Le coût d’opportunité d’un choix n’est pas
confort matériel qu ils désirent, beaucoup d’autres en sont toutes les possibilités auxquelles on renonce, mais seule¬
privés. Personne n’est complètement satisfait de son état ment la meilleure. Prenons un exemple pour clarifier cette
de santé et de son espérance de vie. Personne ne se sent notion importante. Votre cours d’économie a lieu le lundi
tout à fait en sécurité, même en cette période d’après- matin à 8 h 30. Si vous n’y allez pas, vous avez le choix
guerre froide, et personne ne dispose d’assez de temps entre deux possibilités : dormir une heure de plus ou con¬
pour voyager, faire du sport, prendre des vacances, aller au sacrer une heure au jogging. Comme il vous serait impos¬
cinéma et au spectacle, lire et s’adonner à d’autres loisirs à sible de passer cette heure à la fois à dormir et à faire du
sa guise. jogging, le coût d’opportunité du cours ne peut être à la
La rareté n’est pas la pauvreté. Elle n’épargne pas le fois la perte des bienfaits d’une heure de sommeil et d’une
riche. L’enfant qui veut acheter un soda à 75 <t et une heure de jogging. Si vous n’envisagez que ces deux seules
possibilités et que vous séchez votre cours, vous devrez
choisir l’une des deux. Pour le mordu du jogging, le coût
d’opportunité du cours correspond à une heure d’exercice
et, pour le grand dormeur, à une heure de sommeil.
laquelle on a renoncé, le coût d’opportunité d’un livre est marge, en quelque sorte. Ainsi, ils décident de faire un
de quatre disques compacts. peu plus ou un peu moins d’une activité. Avant de pren¬
Il est indispensable de regarder ce qui se cache der¬ dre une telle décision, ils comparent son coût avec les
rière les coûts monétaires lorsque le prix des objets avantages qu'ils peuvent en retirer. Ainsi, pour décider
change. Par exemple, un livre qui coûte aujourd’hui 40$ quand vous arrêterez de lire ce livre, vous comparerez ce
n en coûtait que 25 $ en 1987, mais on ne peut pour qu’il vous en coûte de continuer à le lire cinq minutes de
autant en conclure que le coût d’opportunité du livre a plus avec les avantages que vous en attendez ou en espé¬
augmente. Pour calculer le changement du coût d’oppor¬ rez. Lorsque vous en arriverez au point où le coût de cinq
tunité d un livre, il faut connaître le coût monétaire minutes de lecture supplémentaires excède l’avantage
aujourd’hui et en 1987 de la meilleure possibilité à la¬ attendu, vous vous arrêterez.
quelle on a renoncé. Si un disque compact coûtait 25 $ On appelle coût marginal le coût que présente un
en 1987, le coût d’opportunité d’un livre a bel et bien léger accroissement d’une activité. Ainsi, supposons que
augmenté — passant de un disque en 1987 à quatre dis¬ votre ordinateur ait une mémoire de deux mégaoctets et
ques aujourd’hui. Pourquoi? Parce que le prix des livres que vous songiez à l’amener à trois mégaoctets. Le coût
a augmenté et que celui des disques a diminué. marginal de l’augmentation de la mémoire de votre ordi¬
L’important à retenir, c’est qu’exprimer les coûts nateur est le coût du mégaoctet de mémoire supplémen¬
d’opportunité en unités monétaires ne pose pas de pro¬ taire que vous voulez installer.
blème à condition, premièrement, de ne pas oublier On appelle avantage marginal l’avantage découlant
qu’il ne s’agit là que d’une unité de mesure commode et, d’un léger accroissement d’une activité. Ainsi, l’avantage
deuxièmement, de ne pas comparer les coûts d’opportu¬ marginal est l’avantage que vous retirerez du mégaoctet de
nité en unités monétaires de différentes époques si la mémoire supplémentaire dans votre ordinateur, et non
valeur de la monnaie a changé. l’avantage que vous retirerez des trois mégaoctets dont
vous disposerez si vous ajoutez un mégaoctet de mémoire.
Le coût du temps Le coût d’opportunité d’un bien Comme vous jouissez déjà de l’avantage procuré par les
ou d’un service inclut la valeur du temps consacré à deux mégaoctets existants, ils ne comptent pas dans la
obtenir ce bien ou ce service. S’il vous faut une heure décision que vous êtes en train de prendre.
pour aller chez le dentiste, vous devrez ajouter la valeur Pour prendre votre décision quant à la mémoire de
de cette heure au montant que vous payez au dentiste. votre ordinateur, vous comparez le coût marginal d’un
On peut convertir le temps en un coût monétaire à l’aide mégaoctet à son avantage marginal. Si cet avantage est
du taux salarial horaire d’une personne. Si vous vous supérieur au coût marginal, vous vous procurez la mé¬
absentez du travail pendant une heure pour aller chez le moire supplémentaire. Si le coût marginal dépasse l’avan¬
dentiste, le coût d’opportunité de cette visite (exprimé en tage marginal, vous vous en tenez à ce que vous avez.
unités monétaires) comprend les honoraires versés au Lorsque l’avantage marginal d’une option est su¬
dentiste ainsi que le salaire que vous avez perdu en vous périeur à son coût marginal, le fait de choisir cette option
absentant du travail. Là encore, il importe de ne pas contribue plus à l’avantage total qu’au coût total.
oublier que le coût d’opportunité n est pas 1 argent lui- Lorsque le coût marginal d’une option est supérieur à
même, mais les biens et les services que vous auriez son avantage marginal, le fait de ne pas choisir l'action
achetés avec cet argent. contribue plus à l’avantage total qu’au coût total. Evaluer
les coûts marginaux et les avantages marginaux nous per¬
Le coût externe Les coûts d’opportunité que vous met de tirer le meilleur parti possible de nos ressources
supportez ne découlent pas tous de vos propres decisions. limitées.
Les décisions d’autres personnes vous imposent parfois
des coûts d’opportunité. Par exemple, au restaurant, si
quelqu’un fume à la table voisine, vous supportez un
coût. De même, vos propres choix peuvent imposer un La substitution et les incitatifs
coût d’opportunité à autrui. Par exemple, lorsque vous
conduisez votre voiture, une partie de son coût d oppor¬ Lorsque les coûts d’opportunité changent, les gens recon¬
tunité, supportée par les autres, est la quantité accrue de sidèrent leurs choix. Un autre principe fondamental en
économique est celui de la substitution: quand le coût
dioxyde de carbone dans 1 atmosphère provenant du
d’opportunité d’une activité augmente, on remplace cette
combustible brûlé.
activité par une autre. Toute activité a un substitut. Le ski
est un substitut du patin ; le surf est un substitut de la
plongée libre; l’achat d’un Pepsi-Cola est un substitut à
L’analyse marginale
l’achat d’un Coca-Cola; un cours de danse est un substi¬
L’analyse marginale est un concept fondamental en tut à un cours d’économie. Un substitut peut être sem¬
économique. Elle repose sur l’id individus font blable à 1 original — Pepsi-Cola et Coca-Cola — ou
différent — cours de danse et cours d’économie.
des choix en y allant par peth
IO
Si le coût d’opportunité du Coca-Cola augmente, Les effets d’une perturbation économique se font
certaines personnes remplaceront le Coca-Cola par un habituellement sentir avec le temps. Les effets immédiats
Pepsi-Cola; si le coût d’opportunité lié à un cours d’éco¬ correspondent aux substitutions effectuées par les gens en
nomie augmente (considérablement), certaines personnes réaction à des incitatifs. Mais ces effets entraînent à leur
remplaceront leur cours d’économie par un cours de tour des effets ultérieurs qui se répercutent sur l’ensemble
danse. Plus les substituts sont semblables, plus le taux de de f économie et qui sont, dans certains cas, très diffé¬
substitution est important lorsque le coût d’opportunité rents des effets initiaux ou effets immédiats. Songez, par
change. exemple, aux effets d’un gel en Floride. Les effets immé¬
Le remplacement d’activités coûteuses par des acti¬ diats sont une augmentation du prix du jus d’orange et le
vités moins coûteuses répond à des incitatifs. Un inci¬ remplacement du jus d’orange par d’autres jus de fruits
tatif est un encouragement à poser (choisir) une action (du jus de pomme, par exemple). Les effets ultérieurs
particulière. Cet incitatif peut être une récompense (la sont les conséquences de la concurrence accrue pour
carotte) ou une punition (le bâton). Des changements obtenir des pommes dont la quantité est limitée. Les bu¬
dans les coûts d’opportunité — coûts marginaux — et veurs de jus entrent alors en concurrence avec les man¬
dans les avantages marginaux sont des incitatifs qui geurs de pommes pour obtenir les pommes disponibles,
poussent les gens à modifier leur façon d’agir. Par exem¬ et le prix des pommes augmente. Cette hausse du prix
ple, les compagnies de téléphone incitent leurs clients à des pommes incite les gens à se tourner vers des substi¬
faire des appels le soir et les fins de semaine en leur tuts, le jus de canneberge par exemple. À mesure que les
offrant une réduction du prix à ces moments-là. Les sta¬ effets ultérieurs se font sentir, une longue chaîne de sub¬
tions de ski réduisent leurs prix durant la saison estivale stitutions et de changements de prix se met en place. Et
pour inciter les gens à fréquenter leurs installations toute tout cela a été déclenché par un simple gel en Floride...
l’année. Les compagnies d’électricité font payer un prix
plus élevé aux usagers industriels en périodes de pointe. Les économistes essaient de prédire les effets ulté¬
Quand un événement inhabituel perturbe le cours rieurs en tenant compte de toutes les substitutions im¬
normal des choses, l’économiste se demande toujours: portantes que risque d’engendrer la concurrence entre les
« Comment les coûts d’opportunité vont-ils évoluer et gens pour obtenir les ressources. Essayer de prédire le
quelles substitutions cette modification des incitatifs nombre de places de stationnement libres un jour de
va-t-elle entraîner ? » Par exemple, un gel détruit la récolte semaine au centre-ville de Montréal ou de New York
d oranges de la Floride et entraîne une augmentation ver¬ illustre bien l’importance des effets de la concurrence,
tigineuse du prix du jus d’orange. Cette hausse de prix, ainsi que la différence entre les effets initiaux et les effets
étant donné que le prix des autres denrées n’a pas bougé, ultérieurs. Lorsqu’un acheteur satisfait rentre chez lui et
augmente le coût d’opportunité du jus d’orange, et incite libère une place de stationnement, l’effet immédiat est
les gens à en boire moins ou à le remplacer par d’autres une place vacante. Mais cet effet initial est de courte
jus de fruits. Autre exemple: une récolte exceptionnelle durée, car la concurrence pour les places de stationne¬
de brocolis au Canada fait dégringoler le prix du brocoli. ment entraîne l’occupation presque instantanée des
Cette baisse de prix, alors que le prix des autres denrées places libres. Aussi, compte tenu de la concurrence et
n’a pas bougé, réduit le coût d’opportunité du brocoli et des effets ultérieurs, on peut prédire que l’on trouve
incite les gens à choisir le brocoli comme substitut au rarement un endroit pour stationner au centre-ville de
chou-fleur et à d’autres légumes. Montréal ou de New York un jour de semaine !
■ La concurrence a des répercussions sur la chaîne des quantités de jeux produits et vendus tandis que la macro¬
substitutions ; les effets ultérieurs surpassent les effets économie étudie les effets de ces facteurs sur le montant
tions macroéconomiques.
La science économique
La microéconomie et
Comme les spécialistes des autres sciences humaines
la macroéconomie
(science politique, psychologie ou sociologie), l’écono¬
La microéconomie est l’étude des décisions des gens et miste a pour principale tâche de découvrir comment
des entreprises ainsi que de 1 interaction de ces décisions fonctionne le monde économique. Pour atteindre ce but,
dans les marchés. La microéconomie cherche à expliqua l’économiste (comme tous les autres scientifiques) doit
les prix et les quantités d un bien ou d un service. Elle distinguer deux types d’énoncés :
étudie également les effets des réglementations gouverne¬ ■ les énoncés relatifs à ce qui est,
mentales et des taxes sur les prix et quantités de biens et
m les énoncés relatifs à ce qui devrait être.
de services individuels. Par exemple, la microéconomie
étudie les forces qui déterminent le prix des automobiles Les énoncés relatifs à ce qui «tsont des énoncés posi¬
ainsi que la quantité d’automobiles produites et vendues. tifs. Ils traduisent ce que l’on croit être la manière dont
Elle étudie également les effets des réglementations gou¬ fonctionne le monde. Un énoncé positif peut être vrai ou
vernementales et des taxes sur le marché des automobiles. faux ; on peut le vérifier en le confrontant aux faits. Les
12
énoncés relatifs à ce qui devrait être sont des énoncés nor¬ sion en pensant, par exemple, au modèle que nous uti¬
matifs ; ils reposent sur des valeurs et sont invérifiables. lisons chaque fois que nous avons besoin d’un livre à la
Pour mieux saisir la distinction entre les énoncés po¬ bibliothèque. Ce modèle est le catalogue de la biblio¬
sitifs et les énoncés normatifs, prenons l’exemple de la thèque et le plan de l’étage; il nous indique l’emplace¬
controverse entourant le réchauffement de la planète. ment des livres. Le catalogue ne précise pas la couleur du
Selon certains scientifiques, des siècles de chauffage au livre cherché, et le plan de l’étage ne montre pas où sont
charbon et au mazout ont causé une augmentation du cachés les fils électriques, car ces renseignements n’ont
taux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère et entraîné aucun rapport avec ce que nous cherchons.
ainsi l’augmentation de la température planétaire, ce qui Un modèle économique nous montre comment un
finira par avoir des conséquences désastreuses pour la vie certain nombre de variables sont déterminées par un cer¬
terrestre. « Notre planète se réchauffe à cause d’une accu¬ tain nombre d’autres variables. Par exemple, un modèle
mulation croissante de dioxyde de carbone dans l’atmo¬ des effets économiques de la récente et spectaculaire dé¬
sphère» est un énoncé positif. On peut le vérifier (en couverte de nickel à Terre-Neuve peut révéler les effets de
principe et si 1 on dispose de données suffisantes). Par cette decouverte sur le nombre d’emplois, sur le nombre
contre, « Nous devrions réduire notre consommation de de maisons et d appartements, sur les loyers, et sur les
combustibles carbonés comme le charbon et le mazout» prix et les revenus dans cette région. Un tel modèle peut
est un énoncé normatif. On peut être d’accord ou non également prédire les effets de la découverte de nickel sur
avec cet énoncé, mais on ne peut le vérifier. Il est fondé les futurs revenus du gouvernement de Terre-Neuve.
sur des valeurs.
Autre exemple de cette distinction, d’ordre écono¬ La vérification des modèles Les prédictions d’un
mique celui-là. «L’universalité des soins de santé permet modèle peuvent correspondre ou non à la réalité. On
de réduire le nombre d’absences au travail pour cause de peut les vérifier en les confrontant aux faits. Une théorie
maladie » est un énoncé positif. Par contre, « Tous les économique est une généralisation qui résume ce que
Canadiens devraient avoir un accès égal aux soins de nous croyons comprendre sur les choix économiques des
santé» est un énoncé normatif. gens ainsi que sur la performance des industries et des
La science économique s’est donné pour tâche — et économies. La théorie établit une relation entre un mo¬
ce n est pas une mince tâche — de découvrir et de cata¬ dèle économique et l’économie réelle.
loguer des énoncés positifs qui rendent compte des phé¬ On élabore une théorie en suivant un processus de
nomènes observés et nous permettent de comprendre le construction et de vérification de modèles. Ainsi, vous
fonctionnement du monde économique. Cela se fait en avez une théorie qui prédit que, en suivant le plan
trois étapes : d étage de la bibliothèque (le modèle), vous arriverez aux
■ l’observation et la mesure, rayons du deuxième étage (la réalité). Vous pouvez véri¬
fier votre théorie en suivant le plan de l’étage. Supposons
■ la construction de modèles,
qu’il n’indique pas que seul l’ascenseur nord donne accès
■ la vérification des modèles. aux rayons du deuxième étage. Vous prenez l’ascenseur
sud et vous débouchez sur une impasse. Vous venez de
L’observation et la mesure Les économistes réper¬ mettre votre théorie à l’épreuve ; vous savez maintenant
torient la quantité et l’emplacement des ressources (natu¬ quelle ne correspond pas à la réalité et qu’il faut la reje¬
relles et humaines), le niveau des salaires et le nombre ter. Mais vous pouvez élaborer une autre théorie fondée
d’heures travaillées, les prix et les quantités des divers sur un modèle qui, lui, tient compte de l’hypothèse
biens et services produits, les taux d intérêt et les sommes essentielle qu’un mur de briques sépare l’ascenseur sud
empruntées ou prêtées, les impôts et les dépenses pu¬ des rayonnages du second étage.
bliques ainsi que la quantité de biens et services vendus La figure 1.1 illustre le processus d’élaboration des
et achetés aux pays étrangers. Cette liste donne une idée théories économiques à partir de la construction et de la
de la diversité des facteurs que peuvent observer et me¬ vérification de modèles. D’abord, on construit un modèle
surer les économistes.
fondé sur des hypothèses. À partir des implications de ce
modèle, on formule des prédictions sur des événements
La construction de modèles Pour comprendre le réels. Ces prédictions et leur vérification donnent la base
monde économique, la seconde étape consiste à cons¬ d’une théorie. Si les faits contredisent les prédictions, il
truire un modèle. Un modèle économique est une re¬ faut soit rejeter cette théorie au profit d’une meilleure,
présentation schématique du monde économique qui ne soit revenir au stade de la construction du modèle pour
comprend que les éléments nécessaires au but recherché. tenter de l’améliorer en modifiant ses hypothèses.
Ce qu un modèle englobe et ce dont il fait abstraction Bien que la figure 1.1 dégage la structure logique de
découlent d'hypothèses sut ce qui est essentiel et ce qui la recherche de nouvelles connaissances, elle n’en décrit
ne l’est pas.
pas les véritables processus. Dans la réalité, la découverte
Nous pouvons voir comment le fait d exclure un élé¬ scientifique est une activité humaine faite de tâtonne¬
ment est utile voire essentiel — à notre compréhen¬ ments, de fausses pistes, d'éclairs de génie et, de temps à
13
Les économistes:ce qu’ils font
autre, d’idées révolutionnaires. De plus, certains modèles Dans les sciences de laboratoire comme la chimie et
sont rejetés même lorsqu ils correspondent à la réalité, la physique, les chercheurs font des expériences en main¬
tandis que d’autres continuent d être utilises bien qu ils tenant constants tous les facteurs pertinents sauf celui
qui est à l’étude. Dans les sciences non expérimentales
ne soient pas très adéquats. Comme le disait le grand
comme l’économie (et l’astronomie), les chercheurs
physicien Albert Einstein,
observent habituellement les résultats de l’action simul¬
La conception d’une théorie n a rien de commun avec tanée de plusieurs facteurs — qui sont parfois très nom¬
la démolition d’une vieille grange à la place de laquelle breux. Il est donc difficile de dégager les effets de chacun
on érigerait un gratte-ciel. C est plutôt, après 1 ascen¬
sion d’une montagne, la découverte d horizons plus
vastes, la création de nouvea ^ens entre notre point 1 Oliver Sacks attribue à Einstein cette citation dans une lettre
de départ et le monde qui 1 < n toute. Mais notre point adressée à The Listener (vol. 88, n° 2279, 30 novembre 1972, p. 756).
H
Chapitre I Qu’est-ce que la science économique ?
des facteurs afin de les confronter aux prédictions d’un et, quelques secondes plus tard, vous entendez le ton¬
modèle. Pour contourner ce problème, les économistes nerre; si vous en concluez que l’éclair est la cause du ton¬
recourent à trois approches complémentaires. nerre, vous commettez l ’erreur du post hoc ergo propter
La première consiste à rechercher des paires d’événe¬ hoc. En fait, 1 éclair et le tonnerre sont évidemment des
ments où les autres facteurs sont comparables (sembla¬ effets simultanés de la perturbation électrique atmo¬
bles). Les économistes étudieront, par exemple, les effets sphérique qui les a causés.
de l’assurance-emploi sur le taux de chômage en compa¬ Nous 1 avons dit, en économie, il est extrêmement
rant deux pays comme le Canada et les États-Unis, des difficile de séparer la cause de l’effet. Et souvent, la simple
économies où les gens sont assez semblables. observation de la séquence des événements n’est pas très
La deuxième consiste en une technique statistique utile. Par exemple, le marché boursier connaît un boom
mise au point par les économistes, Y économétrie, qui per¬ et, quelques mois plus tard, c’est l’essor économique —
met de départager les facteurs qui influent simultané¬ les emplois et les revenus augmentent. Le boom du
ment sur le comportement économique. marché boursier a-t-il provoqué l’expansion économique ?
La troisième approche est relativement nouvelle et C est probable, mais il peut y avoir une autre explication.
fort intéressante : les économistes commencent à conce¬ Par exemple, il se peut que plusieurs entreprises aient
voir et à entreprendre des expérimentations en labora¬ commencé à planifier une augmentation de leur produc¬
toire. Ils placent des sujets réels (habituellement des tion parce qu une nouvelle technologie permettant de
étudiants) en situation de prise de décision et modifient réduire les coûts est devenue disponible; quand cette nou¬
leurs incitatifs pour tenter d’isoler l’effet particulier du velle s’est répandue, le marché boursier a réagi en prévision
facteur manipulé. d une expansion économique. Pour dégager la cause de
Les économistes veillent constamment à éviter les l’effet, les économistes ont recours à des modèles, à des
erreurs de raisonnement qui aboutissent à une conclusion données et, lorsqu’ils le peuvent, à l’expérimentation.
erronée. Pourtant, deux de ces erreurs sont communes, et Nous venons de voir comment les économistes
1 on doit faire preuve d’une grande vigilance pour les essaient de comprendre le monde par la science écono¬
éviter :
mique. Voyons maintenant comment ils tentent de con¬
■ l’erreur de composition, tribuer à l’amélioration de l’efficacité économique.
■ 1 erreur du post hoc ergo propter hoc.
La politique économique
L’erreur de composition L’erreur de composition ou,
comme disent certains, le sophisme de composition, con¬ La politique économique est la discipline qui essaie
siste à prétendre (à tort) que ce qui est vrai pour une par¬
de concevoir des actions gouvernementales et des institu¬
tie d’un tout l’est également pour le tout, et vice-versa. tions capables d’améliorer la performance économique.
Par exemple, pour une entreprise de pêche (partie d’un Les économistes jouent deux rôles dans la formulation
tout), il est vrai que l’utilisation de plus grands filets et d’une politique économique.
de plus grands bateaux permet de pêcher davantage de Premièrement, ils essaient de prédire les conséquen¬
poissons. Mais on commettrait l’erreur de composition ces de plusieurs politiques envisageables. Ainsi, des éco¬
en affirmant que, si toutes les entreprises de pêche (le nomistes qui travaillent à la réforme des soins de santé
tout) utilisaient de plus grands filets et de plus grands
tenteront de prédire le coût, les avantages et l’efficacité
bateaux, tout le monde pécherait davantage de poissons. de diverses manières de financer et d’organiser l’industrie
En réalité, cela entraînerait une surpêche et, en fin de
des soins de santé; des économistes qui travaillent sur les
compte, tout le monde prendrait moins de poissons. questions environnementales essaieront de prédire les
L’erreur de composition est plus fréquente en répercussions de modifications apportées aux normes
macroéconomie, car l’interaction des parties résulte en relatives à l’émission de polluants par les automobiles
un tout qui peut différer de l’intention des parties. Par sur le coût et la qualité de l’air urbain ; des macroécono¬
exemple, une entreprise met des travailleurs à pied; elle mistes chercheront à prédire les effets de divers taux
parvient ainsi a réduire ses coûts et à augmenter ses pro¬ d’intérêt sur le marché boursier et sur l’emploi.
fits. Mais, si toutes les entreprises prenaient la même
Deuxièmement, les économistes évaluent les diverses
mesure, les revenus des gens baisseraient, et leurs dépen¬ politiques envisageables et les classent de la meilleure à
ses également. Notre entreprise vendrait moins et ses la pire. Pour ce faire, ils doivent préciser les objectifs visés
profits n’augmenteraient pas.
par la politique économique à mettre en place. Si ces ob¬
jectifs sont clairs et précis, ils pourront les analyser avec
L erreur du post hoc ergo propter hoc L’expression autant d’objectivité et de rigueur qu’ils en mettraient à
latine post hoc ergo propter hoc signifie « après cela, donc à élaborer une théorie économique. Au fil des ans, en ré¬
cause de cela». On 1 utilise pour désigner l’erreur de agissant aux sociétés dont ils font partie et en interpré¬
raisonnement qui consiste à prendre pour cause ce qui tant les sentiments exprimés dans l'arène politique, les
n est qu un antécédent Par exemple, vous voyez un éclair économistes ont établi des critères qui leur permettent
15
L’économie: vue d’ensemble
d évaluer les résultats d une politique économique, tant Les politiques gouvernementales peuvent favoriser ou
sur le plan social que politique. entraver la croissance économique. Ainsi, les incitatifs fis¬
Une politique économique doit viser quatre objectifs : caux pour la recherche-développement peuvent favoriser
■ l’efficience, la croissance, alors que les taxes visant la conservation des
■ l’équité, ressources peuvent la freiner. Dans leurs conclusions rela¬
■ la croissance, tives aux politiques économiques, les économistes doivent
l’augmentation soutenue du revenu par personne et de la répartir des ressources limitées en vue d’utilisations con¬
production par personne. La croissance économique ré¬ currentes. Ce mécanisme doit permettre de résoudre cinq
sulte de progrès technologiques continus, de 1 accumula¬ questions essentielles :
tion d’une quantité croissante de capital productif et d un ■ Quoi ?
niveau d’éducation de plus en plus elevé. Grâce à la crois¬ ■ Comment ?
sance économique, des sociétés pauvres se transforment
■ Quand ?
en sociétés riches. Mais la croissance economique a un
coût. Elle entraîne l’épuisement des ressources naturelles ■ Où?
non renouvelables, et parfois même la destruction de la ■ Pour qui ?
végétation naturelle. Elle détériore I environnement. Ce¬
pendant, ces inconvénients de la croissance ne sont pas 1. Quoi? Quels biens et services faut-il produire et
inévitables, et les pays les plus riches >nt ceux qui dé¬ en quelles quantités ? Y aura-t-il plus de compagnies
ploient le plus d’efforts pour améliorer et protéger l’envi¬ de câblodistribution qui offriront le cinéma à la
carte ou construira-t-on davantage de salles de
ronnement.
16
Chapitre I Qu’est-ce que la science économique ?
TABLEAU 1 . 1
Pourcentage
d’économistes
Il faudrait appliquer les lois plus rigoureusement pour restreindre le pouvoir des monopoles. 72 28
Il faudrait réduire les dépenses publiques. 55 45
Les tarifs douaniers et les quotas à l’importation diminuent habituellement le bien-être économique. 93 7
Un budget fédéral élevé a un effet néfaste sur l’économie. 84 16
Les paiements en espèces sont plus avantageux pour les assistés sociaux que les transferts
en nature de valeur égale. 84 15
Les taxes à la pollution sont plus efficaces que les interdictions de polluer. 78 21
Source: Richard M. Alston.J. R. Kearl et Michael B. Vaughan,«Is There a Consensus Among Economiste'» American Economie Review, n° 82 (mai 1992), p. 203-209.
cinéma? Les jeunes professionnels préféreront-ils heures par jour et six jours par semaine ? Telle usine
passer leurs vacances en Europe ou vivre dans de plus d’automobiles fermera-t-elle pendant l’été et mettra-
grandes maisons ? Fabriquera-t-on plus de voitures t-elle ses employés à pied ? Y aura-t-il une poussée
de sport ou plus de camionnettes et de voitures soudaine de la construction domiciliaire au prin¬
familiales ? temps, avec augmentation des salaires et des heures
de travail pour les travailleurs de la construction ?
2. Comment? Quelles méthodes doit-on adopter
Le pétrole brut sera-t-il utilisé maintenant ou stocké
pour produire des biens et services ? Dans tel super¬ pour plus tard ?
marche, vaut-il mieux installer trois caisses enregis¬
treuses avec lecteur au laser ou six caisses tradition¬ 4. Où ? À quel endroit les divers biens et services
nelles à enregistrement manuel ? Dans telle usine de seront-ils produits ? La compagnie American Express
montage automobile, vaut-il mieux confier le sou¬ traitera-t-elle ses bordereaux d’achat à crédit et ses
dage des pièces à des ouvriers ou à des robots ? Les comptes à Toronto ou transférera-t-elle ses dossiers
fermiers enregistreront-ils à la main les horaires d’ali¬ par satellite à la Barbade, où la main-d’œuvre est
mentation du bétail et l’état des stocks ou utiliseront- moins coûteuse ? La compagnie Honda fabriquera-
ils un ordinateur ? Les compagnies de cartes de crédit t-elle ses véhicules au Japon pour les expédier au
utiliseront-elles des ordinateurs ou les employés Canada ou ouvrira-t-elle une usine en Ontario pour
liront-ils eux-mêmes les bordereaux d’achat à crédit? exporter des véhicules du Canada au Japon ? La com¬
pagnie General Motors construira-t-elle des locomo¬
3. Quand ? À quel moment est-il préférable de pro¬ tives à London en Ontario ou fermera-t-elle cette
duire les divers biens et services ? Tel supermarché usine de montage pour en installer une nouvelle à
sera-t-il ouvert en tout temps ou seulement huit Beijing?
17
L’économie: vue d’ensemble
5. Pour qui? Pour qui produit-on les divers biens et ressources limitées et qui décide quoi, comment, quand et
services ? La répartition de leur production dépend de où les divers biens et services seront produits, et qui les
la répartition des revenus ; les consommateurs à reve¬ consommera.
nus élevés peuvent consommer davantage de biens et Le modèle économique présenté à la figure 1.2
services que ceux à faibles revenus. Le niveau de con¬ inclut deux composantes :
sommation dépend donc des revenus de chacun. Le
■ les décideurs,
moniteur de ski consommera-t-il plus que la secré¬
■ les marchés.
taire juridique? Les gens de Hong Kong consomme¬
ront-ils plus que les Éthiopiens ?
FIGURE 1.2
colocataires, etc.) et qui agit en tant qu’unité décision¬ produire de nouveaux produits ; en contrepartie, le capital
nelle. Dans une économie, tout le monde appartient à génère un intérêt. L’esprit d’entreprise est une aptitude
un ménage. Chaque ménage a des désirs illimités et des particulière qui permet de coordonner les trois autres fac¬
ressources limitées. teurs de production, de prendre des décisions commer¬
Une entreprise est un organisme qui utilise des res¬ ciales, d’innover et d’assumer les risques commerciaux;
sources pour produire des biens et services. On considère l’esprit d’entreprise est récompensé par le profit.
comme une entreprise tout producteur de biens ou de La figure 1.2 montre que les transactions sur les
services, quelles que soient sa taille et sa production. Les marchés des produits et des facteurs découlent des déci¬
fabricants d’automobiles, les agriculteurs, les banques et sions prises par les ménages et les entreprises. Les mé¬
les compagnies d’assurances sont des entreprises. nages décident combien de travail, de terre et de capital
Un gouvernement est un organisme aux multiples ils vont vendre ou acheter sur le marché des facteurs. Ils
fonctions : il instaure des lois et des règlements, il admi¬ reçoivent des revenus sous forme de salaires, de loyers,
nistre le mécanisme qui voit au respect de ces lois et rè¬ d intérêts et de profits. Les ménages décident également
glements (tribunaux et forces policières), il impose des comment ils dépensent leurs revenus en biens et services
impôts aux ménages et aux entreprises, et il fournit des produits par les entreprises.
services publics comme la défense nationale, la santé, les Les entreprises décident combien de travailleurs elles
services sociaux, les transports, etc. embaucheront, comment elles les utiliseront pour pro¬
duire des biens et services, quels biens et services elles
produiront et en quelles quantités. Elles vendent leur
Les marchés production sur le marché des produits.
La figure 1.2 illustre les flux résultant des décisions
En langage courant, le mot marché désigne le lieu où l’on des ménages et des entreprises. Les flux rouges représen¬
achète et vend des produits comme les fruits et légumes, tent les facteurs de production qui vont des ménages aux
le poisson ou la viande. En économie, il a un sens plus entreprises ainsi que les biens et services qui vont des
large : le marché désigne un ensemble de dispositions qui entreprises aux ménages. Les flux verts, qui circulent
permettent aux acheteurs et aux vendeurs d’obtenir de dans le sens inverse, représentent les sommes payées au
1 information et de commercer les uns avec les autres. cours de ces échanges.
Prenons l’exemple du marché mondial du pétrole — le Un processus de choix publics détermine les lois et
marché où l’on achète et vend du pétrole. Ce marché les règlements imposés par les gouvernements, les impôts
n est pas un lieu physique. C’est un réseau de produc¬ qu’ils lèvent ainsi que les biens et services qu’ils four¬
teurs et d’utilisateurs de pétrole, de grossistes, et d’inter¬ nissent. La figure 1.2 illustre également ces choix publics
médiaires qui achètent et vendent du pétrole. Dans le des gouvernements.
marché mondial du pétrole, les décideurs ne se rencon¬
trent pas en personne; ils commercent de partout dans
le monde par téléphone, par télécopieur, par Internet La coordination des décisions
et par liaison directe entre ordinateurs. économiques
La figure 1.2 montre deux types de marchés: les
marchés des produits et les marchés des facteurs. On ap¬ Le fait le plus marquant relativement aux choix des mé¬
pelle marchés des produits les marchés où s’échangent nages, des entreprises et des gouvernements est probable¬
des biens et services, et marchés des facteurs les marchés ment que, tôt ou tard, ils entrent en conflit. Ainsi, dans
où s’échangent des facteurs de production. les marchés des facteurs, les ménages décident de la
Les facteurs de production sont les ressources quantité de travail qu’ils fourniront et de leur spécialisa¬
productives de 1 économie. On les classe en quatre caté¬ tion, mais les entreprises décident du type et de la quan¬
gories : tité de main-d’œuvre qu’elles emploieront. Autrement
■ le travail, dit, les ménages décident du type et de la quantité de tra¬
vail à vendre, et les entreprises, du type et de la quantité
■ la terre,
de travail à acheter. De même, dans les marchés des pro¬
■ le capital, duits, les ménages décident quels types et quelles quan¬
■ l’esprit d’entreprise. tités de produits et services ils vont acheter, alors que les
entreprises décident quels types et quelles quantités de
Le travail correspond au temps et à l’effort consacrés biens et services elles vont vendre.
par le travailleur a la production de biens et services ; Comment les milliards de décisions prises par les
le travailleur échange ce travail contre un salaire. La terre ménages, les entreprises et les gouvernements peuvent-
englobe toutes les ressources naturelles utilisées pour pro¬ elles s’équilibrer ? Qu’est-ce qui fait que les ménages
duire des biens et services ; l’utilisation de la terre s’échan¬ désirent vendre le même type et la même quantité de tra¬
ge contre un loyer. Le capital comprend l’équipement, les vail que le type et la quantité de travail que souhaitent
bâtiments, 1 outillage ainsi que tous les biens destinés à acheter les entreprises ? Que se passe-t-il si le nombre de
19
L’économie: vue d’ensemble
ménagés qui désirent travailler dans une compagnie qu’une solution temporaire au déséquilibre de l'offre et de
aérienne excède le nombre de travailleurs que les com¬ la demande. Tôt ou tard, un ajustement des prix s’impose.
pagnies aeriennes désirent embaucher ? Comment les Nous venons de voir comment la coordination des
entreprises savent-elles ce qu il faut produire pour répon¬ décisions par le marché détermine quoi produire — dans
dre à la demande des ménages ? Que se passe-t-il si les notre exemple, des hamburgers. La coordination par le
entreprises désirent vendre plus de hamburgers qu’en marché détermine également comment les biens et services
demandent les ménages ? sont produits. Par exemple, les producteurs de hambur¬
gers peuvent utiliser le gaz, l’électricité, le charbon ou le
La coordination par le marché Les marchés coor¬ bois pour faire cuire leurs hamburgers. Le choix du com¬
donnent les décisions individuelles au moyen d’ajuste¬ bustible dépend du goût recherché par le producteur, mais
ments de prix. Pour saisir comment, songez au marché également du coût des divers combustibles. Quand un
des hamburgers de votre localité. Imaginez que, au prix combustible devient très coûteux, comme ce fut le cas du
courant, la quantité de hamburgers en vente soit infé¬ pétrole dans les années 1970, on en utilise moins et on
rieure à la quantité de hamburgers que les consomma¬ recourt davantage aux autres combustibles. Cette substitu¬
teurs souhaitent acheter. Certains consommateurs qui tion provoquée par la fluctuation du prix est la réponse du
veulent acheter des hamburgers ne peuvent pas le faire. marché à la question comment?
Pour que le choix des acheteurs et celui des vendeurs cor¬ La coordination par le marché détermine également
respondent, les acheteurs doivent réfréner leur désir de quand les biens et les services sont produits. Si les dé¬
hamburgers, et une plus grande quantité de hamburgers penses des consommateurs en restauration rapide dimi¬
doit être mise en vente. On obtient ce résultat en aug¬ nuent temporairement et que les prix tombent en deçà
mentant le prix des hamburgers. La pénurie de hambur¬ du niveau qui permet de supporter la masse salariale et
gers entraîne la hausse de leur prix. Ce prix plus élevé les autres dépenses, les producteurs de hamburgers et de
incite les producteurs à offrir un plus grand nombre de hot-dogs sont forcés de fermer leurs portes et de mettre
hamburgers ; il freine également le désir de hamburgers leurs employés à pied. Si les dépenses du consommateur
du consommateur et l’incite à modifier son menu. Un augmentent ainsi que le prix de la restauration rapide, les
moins grand nombre de consommateurs achète des ham¬ entreprises réagissent en produisant davantage de ham¬
burgers et un plus grand nombre achète des hot-dogs burgers et de hot-dogs.
(ou autres substituts des hamburgers). Une plus grande De plus, la coordination par le marché détermine où
quantité de hamburgers (et de hot-dogs) est offerte sur le les biens et services sont produits. Si le prix des galettes de
marché. hamburger augmente au Canada et baisse au Mexique,
Imaginons maintenant la situation inverse. Au prix McDonald et les entreprises du même genre déplacent
courant, il y a plus de hamburgers à vendre que les con¬ leur production de galettes à l’endroit qui offre le plus bas
sommateurs n’en désirent. Dans ce cas, pour que le choix prix.
des acheteurs et celui des vendeurs concordent, il faut Enfin, la coordination par le marché détermine qui
que les consommateurs achètent davantage de hambur¬ consomme les biens et les services produits. Les compé¬
gers et que les producteurs en mettent moins en vente. tences, talents et ressources rares et très valorisés com¬
Ce résultat est obtenu par une baisse du prix des ham¬ mandent un prix élevé, et leurs détenteurs reçoivent une
burgers. Un surplus de hamburgers entraîne la baisse de grande partie de la production économique. Les compé¬
leur prix. Cette baisse de prix décourage la production de tences, talents et ressources courants et moins valorisés se
hamburgers et en favorise la consommation. Les deci¬ vendent à bas prix et leurs détenteurs ne reçoivent qu’une
sions de produire et de vendre, d acheter et de consom¬ faible partie de la production économique.
mer sont continuellement ajustées et harmonisées au
moyen d’ajustements de prix. La coordination par directives La coordination par le
Il arrive parfois que les prix soient bloques ou geles. marché est l’un des mécanismes de coordination possi¬
Par exemple, le gouvernement peut imposer un plafond bles. Il en existe un autre : la coordination par directives. La
des loyers ou un salaire minimum qui empechent les fluc¬ coordination par directives est également un mécanisme
tuations de prix et, par conséquent, 1 harmonisation de qui permet de déterminer quoi, comment, quand et où les
l’offre et de la demande. D autres mécanismes se déclen¬ biens et services sont produits et pour qui ils sont pro¬
chent alors : par exemple, 1 apparition de files d attente où duits, mais en utilisant -— plutôt que le marché — une
les premiers arrivés sont les premiers servis, et où les der¬ structure organisationnelle hiérarchique où les individus
niers arrivés ne pourront peut-être pas s’approvisionner. exécutent les directives qu’on leur donne. Le meilleur
Autre possibilité : le recours aux stocks sert de soupape de exemple de ce type de structure est le modèle militaire.
sécurité temporaire. Si le prix est trup bas, les entiepiises Les commandants prennent des décisions d’action qui
vendent plus quelles ne le souhaitent et leurs stocks sont transmises par voie hiérarchique et les soldats exécu¬
s’épuisent; s’il est trop élevé, les entreprises vendent tent sur le terrain les ordres qu’on leur donne.
moins quelles ne le souhaitent et lis stocks s accumu¬ Une économie coordonnée par directives est une écono¬
lent. Les files d’attente et les varierions de stocks ne sont mie qui repose sur un mécanisme de coordination par
2,0
Résumé
R É S U M É
Q U E S T I O N S D _E_R É V I S I O N
1. Qu’est-ce que la science économique ? 15. Quelle est la différence entre la microéconomie et
2. Donnez des exemples (autres que ceux du chapitre) la macroéconomie ?
de questions auxquelles la science économique
16. Dites quelle est la différence entre un énoncé posi¬
tente de répondre.
tif et un énoncé normatif, et donnez trois exemples
3. Qu’est-ce que la rareté et en quoi diffère-t-elle de la de chacun.
pauvreté ?
17. Qu’est-ce qu’un modèle économique?
4. Pourquoi la rareté impose-t-elle des choix aux gens ?
18. Que signifie ceterisparibus'i
5. Pourquoi la rareté force-t-elle les gens à réagir aux
coûts ? 19. Qu’est-ce que l’erreur de composition? Donnez-en
6. Qu’est-ce qu’un coût d’opportunité ? un exemple.
7. Pourquoi la somme d’argent que nous dépensons 20. Qu’est-ce que l’erreur du post hoc ergopropter hoc ?
pour acheter quelque chose ne nous révèle-t-elle Donnez-en un exemple.
pas son coût d’opportunité? 21. Expliquez la différence entre la théorie économique
8. Pourquoi le temps consacré à faire quelque chose et la politique économique.
fait-il partie du coût d’opportunité ?
22. Quels sont les quatre grands objectifs d’une poli¬
9. Qu est-ce que le coût marginal et pourquoi est-ce le tique économique ?
coût le plus pertinent dans la prise d’une décision ?
23. Qui sont les décideurs en matière d’économie ?
10. Qu’est-ce qu’un coût externe?
11. Qu est-ce que le principe de substitution ? 24. Quelles décisions économiques prennent les
ménages ? les entreprises ? les gouvernements ?
12. Qu est-ce qu’un incitatif et comment les individus
réagissent-ils aux incitatifs ? 25. Qu’est-ce qu’un marché?
13. Pourquoi la rareté entraîne-t-elle la concurrence? 26. Qu’est-ce que la coordination par directives ?
14. Pourquoi la concurrence entraîne-t-elle des effets 27. Comment le marché détermine-t-il quels biens et
ultérieurs qui déterminent les conséquences d’une services seront produits, comment, quand, où et
perturbation économique ? pour qui ?
ANALYSE C R I T I Q U E
1. Les économistes font souvent la remarque suivante : 5. La Ville de Québec s’apprête à adopter la proposi¬
« On ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre ! » tion suivante : les propriétaires de véhicules auto¬
Expliquez le sens de cette remarque. mobiles vieux de plus de cinq ans devront, à
2. «À tout choix, à toute décision correspond un coût chaque renouvellement de leur permis de conduire,
d’opportunité. » Pouvez-vous donner un exemple faire inspecter leur véhicule pour vérifier s’il est
qui contredit cette affirmation ? conforme aux règlements antipollution. Il leur en
coûtera 25 $ par inspection.
3. Serait-il possible d’éliminer la rareté en distribuant
a) Quel serait le coût d’opportunité de cette
aux pauvres une partie de ce qui appartient aux
mesure pour les propriétaires de véhicules auto¬
riches afin que tout le monde vive dans l égalité ?
mobiles vieux de plus de cinq ans ?
Justifiez votre réponse.
b) Le coût d’opportunité lié à la propriété de ces
4. La liberté d’expression est-elle gratuite pour la vieux véhicules automobiles serait-il entière¬
société ? Justifiez votre réponse. ment supporté par les conducteurs ?
23
Problèmes
c) Le coût de la vérification d’une automobile entreprises. Le gouvernement a fixé le prix des den¬
vieille de plus de cinq ans fait-il partie du coût rées de base et coordonné l’offre et la demande en
d opportunité de cette mesure ? imposant de longues files d’attente aux consomma¬
6. Lex-Union soviétique n’a pas eu recours aux teurs. Que pouvez-vous dire sur les coûts d’oppor¬
mécanismes de coordination par le marché pour tunité des produits de base en ex-Union soviétique
harmoniser la demande des ménages et l’offre des comparés à ceux du Canada ?
PROBLÈMES
1. Vous projetez d’étudier durant la saison estivale. Si 5. Parmi les énoncés suivants, lesquels sont des énon¬
vous le faites, vous ne pourrez pas occuper votre cés positifs ;
emploi habituel, où vous auriez gagné 6 000$, ni a) Une diminution des salaires réduira le nombre
vivre chez vos parents, où vous ne payez aucun de personnes qui souhaitent travailler.
loyer. Vos frais de scolarité pour le semestre d’été
b) Des taux d’intérêt élevés empêchent de nom¬
seront de 2 000 $, le coût de vos fournitures sco¬
breuses personnes d’acheter leur première
laires, de 200 $ et vos frais de subsistance, de
maison.
1 400 $. Quel est le coût d’opportunité de vos
c) Aucune famille ne devrait payer plus de 25 %
études estivales ?
de ses revenus en impôts.
2. Le jour de la Saint-Valentin, Bernard envoie des
d) Le gouvernement devrait réduire le nombre
roses rouges à Catherine, et Catherine offre une
d’hommes dans les Forces armées canadiennes
boîte de chocolats à Bernard. Ils dépensent chacun
et engager plus de femmes.
15 $. Ils mangent au restaurant et paient chacun la
moitié de la facture de 50 $. Catherine ou Bernard e) Le gouvernement devrait éliminer les dépenses
ont-ils supporté des coûts d’opportunité? Si oui, de publiques inutiles.
combien ? Justifiez votre réponse. f) Le gouvernement devrait veiller à l’utilisation
3. Nancy demande à Joëlle d’être demoiselle d’hon¬ efficace de ses ressources.
neur à son mariage. Joëlle accepte. Indiquez les¬
6. Vous venez d’être engagé par une entreprise qui
quels des coûts suivants font partie du coût
fabrique et commercialise des cassettes et des dis¬
d’opportunité lié à sa décision, et justifiez votre
ques compacts. Votre employeur va vendre ces
réponse.
produits dans une nouvelle région qui compte
a) les 200$ quelle a dépensés pour acheter une
10 millions d’habitants. Selon un sondage, 50% des
nouvelle tenue pour cette occasion ;
gens achètent seulement de la musique populaire,
b) les 50$ quelle a dépensés pour recevoir chez
10% seulement de la musique classique, et per¬
elle les amies de Nancy;
sonne n’achète les deux types de musique. Selon un
c) l’argent qu elle a dépensé pour une coupe de
autre sondage, le revenu moyen d’un amateur de
cheveux une semaine avant le mariage ;
musique populaire est de 10 000 $ par an et celui
d) la visite de deux jours chez sa grand-mère, qui
d’un amateur de musique classique est de 15 000$
fêtait ses 75 ans la même fin de semaine que le
par an. Un troisième sondage révèle que les gens à
mariage avait lieu ; faibles revenus dépensent en moyenne un quart de
e) les 10$ quelle a dépensés pour se payer une
1 % de leurs revenus en cassettes et disques com¬
collation en se rendant au mariage.
pacts, alors que les personnes à revenus élevés y
4. Le centre commercial local a un parc de station¬
consacrent 2 % de leurs revenus. Vous devez con¬
nement gratuit, mais il est toujours plein et il faut
cevoir pour votre employeur un modèle qui permet¬
habituellement 30 minutes pour y trouver une
tra de prédire les dépenses en musique populaire et
place libre. Aujourd’hui, vous en avez enfin trouvé
en musique classique dans cette région pour une
une, que Philippe convoitait lui aussi. Est-ce que le
année.
stationnement est vraiment gratuit a ce centre com¬
a) Énumérez vos hypothèses.
mercial ? Si ce n’est pas le cas, combien cela vous a-
b) Quelles sont les prédictions de votre modèle ?
t-il coûté pour y stationner aujourd hui ? Lorsque
vous avez garé votre voiture, avez-vous imposé des c) Mettez en évidence les sources potentielles
coûts à Philippe ? Expliquez vos réponses. d’erreurs dans vos prédictions.
Objectifs Construire un diagramme de dispersion,
du chapitre un graphique de série chronologique ainsi
qu’un graphique de coupe transversale,
et les interpréter
1|§I§§§ Faire la distinction entre une relation linéaire
et une relation non linéaire. Comprendre
les notions de maximum et de minimum
dans ces relations
Définir la pente d’une droite, et la calculer
Exprimer graphiquement les relations entre
plus de deux variables
P
Uenjamin Disraeli, premier ministre de Grande-Bretagne à la fin du XIXe siècle, recon¬
et... la statistique. Le graphique est l’un des moyens les plus utiles pour exprimer visuel¬
lement des données statistiques et, comme elles, il peut induire en erreur. Cela dit, n’en
graphique est une invention récente : il n’a fait son apparition qu’à la fin du XVIIIe siè¬
Aujourd’hui, à l’ère de l’ordinateur et de l’affichage sur écran, les graphiques ont pres¬
que supplanté les mots et les chiffres. Quel usage les économistes font-ils des graphi¬
ques ? De quels types de graphiques se servent-ils ? Que révèlent ces graphiques, et que
dissimulent-ils ? ♦ Les sept grandes questions que vous avez étudiées au chapitre 1
questions complexes. Elles portent sur des relations où interviennent un grand nombre
unique. Au contraire, un grand nombre de variables influent les unes sur les autres. On
dit souvent qu’en économie tout est en tout, autrement dit que tout dépend de tout.
Les hauts et les bas de la consommation de crème glacée, par exemple, dépendent de
son prix, de la température et de plusieurs autres facteurs. Comment illustrer par des
relations ?
mique. Nous apprendrons à les construire et à les lire. Nous apprendrons aussi à mesu¬
rer l’effet d’une variable sur une autre. Vous ne trouverez pas, dans la suite de ce
manuel, de graphiques plus complexes que ceux que nous aurons vus dans ce chapitre.
Si vous connaissez déjà les diverses méthodes de représentation graphique des données,
qu’il en soir, il vous servira de référence et vous pourrez y revenir au besoin pour com¬
prendre les graphiques que vous rencontrerez au cours de vos études en science
économique.
26
FIGURE 2.1
100 °c
Négative Positive /
-1-1_i_i 1 ! I , Oj ,
-60 -40 -20 0 20 40 60 80 100 120
(a) Température
6 194 m
En dessous
du niveau de la mer Au-dessus\du niveau de la mer
-1 1 1 1
-6 -4 -2 0 2 4 6W 8 1012 Pour représenter graphiquement la relation entre deux variables,
Altitude (en milliers de mètres) on trace deux axes perpendiculaires. Dans cet exemple, l’altitude
est mesurée sur l'axe des ordonnées (y), et la température sur
(b) Altitude
l’axe des abscisses (x). Le point c représente le sommet du mont
Tout graphique comporte une échelle qui illustre la quantité McKinley, situé à 6 194 m au-dessus du niveau de la mer (mesuré
comme s il s agissait d’une distance. Ici, les deux échelles mesurent sur l’axe vertical), à une température de -20 °C (mesurée sur
respectivement la température et l’altitude. Les chiffres à droite l’axe horizontal). Le point d représente la température de 40°C
du zéro sont positifs; les chiffres à gauche du zéro sont à l’intérieur d’un sous-marin qui explore les profondeurs de
négatifs. - l’océan à 2 000 m au-dessous du niveau de la mer.
maiaiiKBmirow»
Z7
La représentation graphique des données
Examinons chacun de ces types de graphiques. chiffres qui désigne l’année. Par exemple, le point 94
indique qu’en 1994 la consommation moyenne était de
15 442$ et le revenu moyen, de 26 470$.
Les diagrammes de dispersion
Les coupures d’axes Chaque axe de la figure 2.3 est
Un diagramme de dispersion est un graphique qui brisé par deux petites barres parallèles. Ces coupures
montre les valeurs d’une variable économique par rap¬ indiquent que, pour ne pas comprimer inutilement le
port à celles d’une autre variable. On a recours a ce type graphique, on a «sauté» de l’origine — la valeur 0 —
de graphique pour voir s’il existe une relation entre deux jusqu’aux premières valeurs enregistrées. On a utilisé ces
variables économiques ou, le cas échéant, pour illustrer raccourcis parce que, au cours de la période couverte par
prendre 1 habitude de lire attentivement le long des axes economiques, on a recours à des graphiques de série
les indications relatives aux variables — les définitions de chronologique.
ce qui est mesuré et les unités de mesure utilisées —
avant d’interpréter un graphique.
tre qu’on ne peut établir aucune relation claire entre le si celui-ci est élevé ou. bas. Ici, par exemple, lorsque la
taux d’inflation et le taux de chômage. courbe s’écarte beaucoup de l’axe des abscisses, le
prix du café est élevé ; lorsqu’elle s’en rapproche, le
Le diagramme de dispersion permet de voir s’il existe
prix est bas.
une relation entre deux variables économiques ; cepen¬
dant, il ne peut illustrer clairement leur évolution dans 2. Il nous indique aussi le sens de la variation du prix:
le temps. Pour étudier l’évolution de variables à la hausse ou à la baisse. Ici, si la courbe monte,
FIGURE 2.4
80
800
• 91
£
-tü
c *89
o> 84 • 90
O
E • 87
600 f: 85
• 88 • 86 • 85
$ 86
.87
400 «88
89 o90
95
91 *092 • 97 • 93
200 96 @92
93
98
voir s’il y a une tendance. Une tendance est une orienta¬ lation à un moment donné. Le graphique présenté à la
tion générale qui caractérise l’évolution d une variable, figure 2.7 en est un exemple ; il montre le taux de chô¬
dans le sens d’une hausse ou d une baisse. Ainsi, on peut mage dans les grandes villes du Canada en janvier 1992.
Dans ce graphique, au lieu de points et de courbes, on
constater à la figure 2.3 que, du milieu des années 70 au
début des années 90, la tendance générale pour le prix du utilise des bandes dont la longueur indique le taux de
chômage dans 10 grandes villes canadiennes. On peut
café était à la baisse.
30
Chapitre 2 Les graphiques — construction et utilisation
12,0 • • 2
Saint-Jean T ■'-- L iI
11,5 • cû (Terre-Neuve)
E Saint-Jean
3 (Nouveau-Brunswick)
"U
0 Montréal
O?
G
C Halifax
0w
im Vancouver
3
O
Q.
C Toronto
0
Saskatoon
O Ottawa-Hull
'0
U)
"S Edmonton
-fi
-4 w» Winnipeg
J3
û.
3
• • • • • • •
-5 «/» 0 2 4 6 8 10 12
1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998
Taux de chômage
Année (en pourcentage de la main-d'œuvre)
Examinons chacun de ces > v n cas. kilomètre diminue selon un taux décroissant. Cette
32
Chapitre 2 Les graphiques — construction et utilisation
FIGURE 2.9
(a) Pente positive constante (b) Pente positive croissante (c) Pente positive décroissante
relation est représentée par une courbe à pente négative, Le graphique 2.11 (a) montre la relation qui existe
qui est d’abord abrupte lorsque le trajet est court et qui entre le nombre de jours de pluie au cours d’un mois et
s’aplatit au fur et à mesure que le trajet s’allonge. la récolte de blé. Faute de pluie, le blé ne pousse pas et la
Le graphique 2.10(c), quant à lui, montre la relation récolte est nulle. Jusqu’à 10 jours de pluie par mois, la
entre le nombre d heures de loisir que s’accorde un étu¬ récolte de blé augmente graduellement. Avec exactement
diant et le nombre de problèmes qu’il parvient à 10 jours de pluie par mois, la récolte atteint un maxi¬
résoudre. Plus le nombre d’heures de loisir augmente, mum de 2 t par hectare (point a). Dès qu’il pleut pen¬
plus le nombre de problèmes qu’il réussit à résoudre dant plus de 10 jours par mois, la production de blé
diminue. Il s’agit donc d’une relation négative dont la commence à diminuer. À la limite, s’il pleut tous les
pente est relativement douce tant que le nombre d’heures jours, le blé souffre du manque de soleil et la récolte est
de loisir est restreint, mais qui s’accentue au fur et à pratiquement nulle. D’abord positive, cette relation
mesure que le nombre d heures de loisir augmente. atteint un maximum, puis devient négative.
Le graphique 2.11 (b) illustre le cas inverse: une rela¬
tion d’abord négative atteint un minimum, puis devient
Les relations qui ont un maximum et positive. Le coût de l’essence au kilomètre par rapport à
un minimum la vitesse de parcours en est un bon exemple. À basse
vitesse, comme dans un embouteillage, le nombre de
En économique, on analyse comment tirer le meilleur kilomètres parcourus au litre est faible et la dépense d’es¬
parti de ressources limitées ; on cherche, par exemple, à sence au kilomètre est très élevée. À très grande vitesse,
réaliser le profit le plus élevé possible en produisant au la voiture fonctionne au-delà de son taux de rendement
coût le plus faible possible. Les économistes utilisent optimal : le nombre de kilomètres parcourus au litre est
donc fréquemment des graphiques qui décrivent des faible, et la dépense d’essence au kilomètre est élevée. En
relations ayant un maximum ou un minimum. La fi¬ fait, c’est à une vitesse de 100 km/h que la dépense au
gure 2.11 fournit des exemples de telles relations. kilomètre est à son minimum (point b).
33
Les graphiques utilisés dans les modèles économiques
FIGURE 2.10
Pente
40
négative
décroissante
20
10 -
o
(J
i_i_i_i_i
(a) Pente négative constante (b) Pente négative décroissante (c) Pente négative croissante
Les trois graphiques de la figure montrent une relation négative négative: la pente s’atténue à mesure qu’on se déplace de gauche
(ou inverse) entre deux variables. Le graphique (a) montre une à droite sur la courbe. Finalement, le graphique (c) illustre le
relation négative linéaire:à mesure qu’une variable augmente, troisième type de relation négative: la pente s’accentue à mesure
l’autre diminue au même rythme et on se déplace le long d’une qu’on se déplace de gauche à droite sur la courbe.
droite. Le graphique (b) présente un deuxième type de relation
FIGURE 2.11
Les points maximum et minimum
Les variables indépendantes prix des bananes (sur l’axe des abscisses). De toute évi¬
dence, votre note (75 %) ne dépend aucunement du prix
Il existe une infinité de situations où une variable ne des bananes. L’absence de toute relation entre ces deux
dépend pas d’une autre; quelles que soient les variations variables se traduit ici par une droite horizontale, ni
de l’une, l’autre demeure constante. La figure 2.12 illus¬ ascendante ni descendante. Dans le graphique 2.12(b), la
tre l’indépendance de deux varia nies. Dans le graphique production de vin français est mesurée sur l’axe horizon¬
2.12(a), la note que vous avez obtenue en économique tal. Comme on peut s’y attendre, la production de vin
(exprimée ici sur l’axe des ordonnées) est comparée au français (15 milliards de litres par an, dans cet exemple)
34
Chapitre 2 Les graphiques — construction et utilisation
FIGURE 2.12
I §,100
■- O
o ° 20
"c ^
Cette figure illustre la construction
de graphiques comportant deux
o £ O £
C CL
§ I
U 3
variables qui n’ont entre elles
1 S. 75 £ ^ 15 “
O Q- aucune relation. Dans le graphi¬
(U c
~7~ Aucune
«, -SL
3C Aucune
S -o relation que (a), la note de 75% qu’un étu¬
0, 'u 3 (verticale)
LS 50 relation diant obtient en économique n’a
'£ .o 10
(horizontale) C
aucun lien avec le prix des bananes,
o
Z mesuré sur l’axe des abscisses. La
25
ligne est horizontale. Dans le
graphique (b), les précipitations en
Ontario n’ont pas d’incidence sur la
20 40 60 80 10 15 20 production de vin en France. La
Prix des bananes (en cents par kilogramme) Production de vin en France
ligne est verticale.
(en milliards de litres par année)
(a) Variables indépendantes: ligne horizontale (b) Variables indépendantes: ligne verticale
n’est pas touchée par le taux de précipitation en Ontario. La pente d’une droite
L’absence de toute relation entre ces deux variables se
traduit ici par une droite verticale. La pente d’une droite demeure la même, quel que soit
Les figures 2.9 à 2.12 illustrent, au total, dix formes 1 endroit sur la ligne où on la calcule. En d’autres termes,
différentes susceptibles de servir dans l’étude de modèles la pente d’une droite est constante. Calculons, par exem¬
économiques. Lors de la description des graphiques, ple, les pentes des lignes contenues dans la figure 2.13.
nous avons parlé de la pente des courbes. La notion de Dans le graphique (a), lorsque x passe de 2 3.6, y passe de
pente est très importante. Voyons pourquoi. 3 à 6. La variation de xest donc égale à +4 (Ax= 4).
Quant à la variation dey, elle est égale à +3 (A,y= 3). La
pente de cette droite est donc la suivante :
Ay _ 3
La pente d’une relation
Ax 4
— On peut mesurer l’influence d’une variable sur Dans le graphique (b), lorsque x passe de 2 à 6,
une autre par la pente de la courbe. La pente d’une rela¬ y passe de 6 à 3. La variation de y est égale à moins
tion correspond à la variation de la quantité mesurée sur 3 {Ay- -3). La variation de xest égale à plus A (Ax= 4).
1 axe des ordonnées (axe vertical) divisée par la variation La pente de cette droite est alors la suivante :
correspondante de la quantité mesurée sur l’axe des
Ar = -3
abscisses (axe horizontal). On utilise la lettre grecque A
{delta) pour signifier 1 idée de variation. Le symbole Ay Ax 4
représente alors la variation de la valeur de la variable Remarquez que les pentes des deux droites sont
inscrite sur l’axe des ordonnées, tandis que le symbole Ax d’importance égale en valeur absolue, soit 3/4. Toutefois,
représente la variation de la valeur de la variable inscrite dans le graphique (a), la pente est positive (+3/+4 = 3/4)
sur 1 axe des abscisses. La pente de la relation entre les tandis que, dans le graphique (b), elle est négative
variables x et y s’exprime donc comme suit: (-31+4 = -3/4). La pente d’une relation positive est
Ay/Ax. positive ; la pente d’une relation négative est négative.
FIGURE 2.13
_i_;_i_i_i_:_i_l
0 12345678
Pour calculer la pente d’une droite, il suffit de diviser la variation Le graphique (b) montre le calcul d’une pente négative. Quand la
de la valeur de y par la variation correspondante de la valeur de x. valeur de x passe de 2 à 6, Ax est égal à 4. Cette variation de x
Le graphique (a) montre le calcul d’une pente positive. Lorsque x donne lieu à une diminution de y, qui passe de 6 à 3, de sorte que
passe de 2 à 6, la variation de x est égale à 4 (Ax = 4). Ce change¬ Ay = -3. La pente (Ay/Ax) est donc égale à -3/4.
ment de x est accompagné d’un changement de y, qui passe de 3 à
6 (Ay = 3). La pente (Ay/Ax) est alors égale à 3/4.
La pente en un point sur la courbe Pour calculer la Ainsi, la pente de la courbe au point a est égale
pente en un point précis d’une courbe, vous devez tracer à 3/4.
une ligne droite ayant la même pente que la courbe en ce
point. Le graphique 2.l4(a) illustre comment effectuer
La pente le long d’un arc Le calcul de la pente d’une
ce calcul. Supposons que vous désiriez calculer la pente
courbe le long d’un arc est identique à celui d’une pente
de la courbe au point a. Placez une règle sur le graphique
« moyenne » pour cet arc. Un arc de courbe est un
pour quelle touche la courbe au point a seulement, puis
morceau de courbe. Dans la figure 2.14, la courbe du
tirez une ligne droite. Une telle droite (ici, tracée en graphique (b) est la même que celle du graphique (a)
rouge) porte le nom de tangente. Elle touche la courbe mais, plutôt que de calculer la pente au point a, nous
au point a. Si la règle touche la courbe au point a seule¬ calculons la pente le long de l’arc entre b et c. En se
ment, la pente de la courbe en ce point doit égaler la déplaçant le long de l’arc de b à c, x et y augmentent, pas¬
pente de la règle elle-même. Si la courbe et la règle n ont sant respectivement de 3 à 5 et de 4 à 5,5. La variation
pas la même pente, la ligne qui longe la règle coupera de xest égale à 2 (Ax= 2), et celle dejyà 1,5 (Ay- 1,5).
la courbe au lieu de la toucher — ce ne sera pas une Par conséquent, la pente de la droite est la suivante :
tangente.
Lorsque vous avez déterminé la droite dont la pente Ay = i,5 = 3
est la même que celle de la courbe au point a, vous pou¬ Ax 2 4
vez trouver la pente de la courbe au point a en calculant
la pente de la droite. Au fur et a mesure que x augmente, La pente de la courbe le long de l’arc bc est donc
passant de 0 à 4 (Ax = 4), y augmente, passant de 2 à 5 égale à 3/4.
(Ay =3). La pente de la droite est donc égale à. Ce calcul nous donne la pente de la courbe entre les
points b et c. La pente que l’on calcule est celle de la
Ay _ 6 3 droite qui réunit les points b et c. Cette pente est ap¬
proximativement la même que la pente moyenne de la
Ax 8 4 ’
36
FIGURE 2.14
Pour calculer la pente de la courbe en un point a, on trace Pour calculer la pente le long d’un arc bc, il suffit de tracer une
(comme ici en rouge) une droite qui touche la courbe en ce point droite qui réunit les deux points b et c, comme dans ce graphique.
(la tangente de la courbe en ce point). On obtient la pente de On obtient la pente de la droite bc en divisant la variation de y
cette tangente en divisant la variation de y par la variation de x. par la variation de x. En se déplaçant de b à c,x augmente de
Lorsque x passe de 0 à 4, Ax est égal à 4. Ce changement de x est 2 (Ax = 2), et y augmente de 1,5 (Ay = 1,5). La pente de la courbe
accompagné d’un changement de y qui passe de 2 à 5, de sorte le long de l’arc bc est égale à 1,5 divisé par 2, soit 3/4.
que Ay est égal à 3. La pente de la ligne rouge est égale à 3/4. Par
conséquent, la pente de la courbe au point a est de 3/4.
courbe le long de l’arc bc. Dans cet exemple, la pente le phénomènes qui peuvent nous intéresser comportent des
long de l’arc bc est identique à la pente de la courbe au relations entre de nombreuses variables, et pas seulement
point a dans le graphique (a). Cependant, comme vous deux. Par exemple, la quantité de crème glacée consom¬
le constaterez en construisant d’autres graphiques, le cal¬ mée dépend à la fois de son prix et de la température
cul de la pente d une courbe ne donne pas toujours des extérieure. Si le prix de la crème glacée est élevé et qu’il
résultats aussi précis.
fait froid, on en consomme beaucoup moins que si son
prix est bas et qu’il fait chaud. Quel que soit le prix de la
crème glacée, la quantité consommée varie en fonction
de la température et, quelle que soit la température, la
consommation varie en fonction du prix.
La représentation
La figure 2.15 illustre la relation entre trois variables.
graphique de relations Le tableau indique le nombre de litres de crème glacée
entre plus de deux variables consommée chaque jour, selon la température qu’il fait et
le prix de la crème glacée. Comment peut-on représenter
— Nous AVONS VU QU’IL EST POSSIBLE DE REPRÉSENTER tous ces chiffres dans un même graphique ?
graphiquement une seule variable par un point situé sur Pour exprimer dans un graphique une relation entre
une ligne droite. Nous avons aussi appris à exprimer la plus de deux variables, on étudie ce qui se produit quand
relation entre deux variables en utilisant deux axes (axe toutes les variables sauf deux sont maintenues constantes.
des ordonnées et axe des abscisses) dans un graphique à Comme on l’a vu au chapitre 1 (p. 13), il est d’usage
deux dimensions. Mais, vous vous en doutez, même si les d’appeler cette façon de faire ceterisparibus. Le graphi¬
graphiques a deux dimensions sont utiles, la plupart des que (a) de la figure 2.15 nous en donne un exemple ; il
37
La représentation graphique de relations entre plus de deux variables
FIGURE 2.15
montre ce qu’il advient de la consommation de crème le prix de la crème glacée est maintenu constant, comme
glacée lorsque le prix varie et que la température est dans le graphique 2.15(b). La courbe étiquetée 60 <t
maintenue constante. La courbe étiquetée 21 C exprime montre comment la consommation de crème glacée varie
la relation entre la consommation de crème glacée et le avec la température quand le cornet coûte 60 d, et l’autre
prix lorsque la température demeure à 21 C.. Les chiffies courbe montre la même relation lorsqu’il est de 15 d. Par
qui ont servi à tracer cette courbe ont été tirés de la exemple, lorsque le cornet coûte 60 d, on consomme
troisième colonne du tableau de la figure 2.1 5. Par exem¬ 10 L de crème glacée quand la température est de 21 °C,
varie et que la température est maint nue à 32 C. mière courbe illustre les combinaisons qui aboutissent à
On peut également montrer la relation entre la Line consommation de 10 L par jour, et une deuxième,
consommation de crème glacée et la température lorsque les combinaisons qui produisent une consommation de
38
Chapitre 2 Les graphiques — construction et utilisation
7 L par jour. La consommation de crème glacée peut être V Les connaissances que vous avez acquises sur les
la même si le prix est élevé et qu’il fait chaud que si le graphiques vous permettront d’aller de l avant dans
prix est bas et qu’il fait froid. Par exemple, 10 L seront l’étude de l’économique. Aucun graphique de ce manuel
consommés s’il fait 32 °C et que le cornet coûte 90 ê, ou ne dépasse en complexité ceux que nous avons vus dans
s’il fait 21 °C et que le cornet coûte 60 <t. ce chapitre.
RÉSUMÉ
QUESTIONS DE REVISION
1. Quels sont les trois types de graphiques utilisés 4. Donnez un exemple de graphique de coupe trans¬
pour illustrer des données économiques ? versale.
2. Donnez un exemple de diagramme de dispersion. 5. Énumérez trois éléments qu’un graphique de série
3. Donnez un exemple de graphique de série chronologique révèle clairement.
chronologique. 6. Qu’est-ce qu’une tendance ?
39
Problèmes
7. Comment un graphique peut-il être trompeur? 9. Dans la question 8, quelle est la relation positive et
8. Construisez des graphiques qui illustrent: quelle est la relation négative ?
a) deux variables qui varient ensemble dans le
même sens ; 10. Qu’est-ce que la pente d’une relation ?
b) deux variables qui varient en sens opposé ;
11. Quelles sont les deux façons de calculer la pente
c) une relation entre deux variables ayant un
d’une courbe ?
maximum ;
d) une relation entre deux variables ayant un 12. Comment représente-t-on par un graphique des
minimum. relations entre plus de deux variables ?
PROBLÈMES
1. De 1974 à 1997, le taux d’inflation au Canada et les (iv) Au cours de quelles années l’inflation
taux d’intérêt sur les bons du Trésor du gouverne¬ a-t-elle baissé ?
ment canadien ont évolué comme suit : (v) En quelle année l’inflation a-t-elle monté
le plus rapidement?
Taux d’inflation Taux d’intérêt (vi) En quelle année l’inflation a-t-elle baissé
Année (en pourcentages) (en pourcen le plus rapidement ?
(vii) Quelles ont été les tendances principales
1974 11,0 7,9 de l’inflation ?
1975 9,0 7,4
b) Construisez un diagramme de dispersion pour
1976 8,0 8,9
montrer la relation entre l’inflation et le taux
1977 5,9 7,4
d’intérêt.
1978 5,7 8,6
1979 9,1 11,6 c) Existe-t-il une relation entre l’inflation et le
1980 9,6 12,7 taux d’intérêt? Si oui, quelle est la nature de
1981 10,8 17,8 cette relation ?
1982 8,7 13,8
1983 5,0 9,3
2. Utilisez l’information suivante pour construire un
1984 3,1 11,1 graphique qui montrera la relation entre x
1985 2,6 9,5
et y.
1986 2,4 9,0
*01234 5 6 7 8
1987 4,7 8,2
9,4 y 0 1 4 9 16 25 36 49 64
1988 4,6
1989 4,8 12,0 a) La relation entre * et y est-elle positive ou néga¬
1990 3,1 12,8 tive ?
1991 2,7 8,9
b) La pente de la relation augmente-t-elle ou
1992 1,4 6,5
diminue-t-elle lorsque la valeur de * aug¬
1993 1,1 4,9
mente?
1994 0,6 5,4
1995 1,8 7,0
1,6 4,3 3. En utilisant les données du problème n° 2:
1996
1997 1,6 3,2 a) Calculez la pente de la relation entre * et y
quand * est égal à 4.
a) Construisez un graphique de série chrono¬
logique pour montrer le taux d inflation et b) Calculez la pente le long de l’arc lorsque *
utilisez ensuite ce graphique pour répondre passe de 3 à 4.
4. Le tableau ci-dèssous présente des données concer¬ Construisez un graphique montrant la relation
nant le prix d’un tour en montgolfière, la tempéra¬ entre :
ture et le nombre de tours par jour.
a) le prix et le nombre de tours effectués, lorsque
la température est constante ;
Prix d’un tour Tours en montgolfière
(en dollars) (Nombre par jour) b) le nombre de tours effectués et la température,
lorsque le prix est constant;
10 °c 20 °C 30 °C
c) la température et le prix, lorsque le nombre de
5,00 32 40 60
tours est constant.
10,00 27 32 48
15,00 18 27 32
20,00 10 18 27
Objectifs Expliquer ce qu’est une courbe des possibilités
de production
dy chapitre
Définir l’efficience dans la production
Calculer le coût d’opportunité
Expliquer comment la croissance économique
augmente les possibilités de production et
montrer quelle a un coût
Définir la notion d’avantage comparatif
Comprendre les motifs qui poussent
les individus à se spécialiser ainsi que
les avantages qu’ils retirent de l’échange
I ïotre mode de vie aurait bien surpris nos grands-parents et il aurait probablement
stupéfié nos arrière-grands-parents. La plupart d’entre nous habitons des maisons plus
confortables et plus spacieuses que les leurs. Notre alimentation est plus variée et plus
abondante ; nous sommes plus grands et nous vivons plus vieux qu’eux. Il y a 20 ans à
nous soyons encore contraints de faire des choix et d’en supporter les coûts ? N’y a-t-il
donc rien de gratuit ? ♦ Nous vivons dans un monde d’échanges et de spécialisation.
Chacun se spécialise dans un métier : le droit, la construction automobile, l’entretien
ménager. Notre spécialisation a atteint un tel niveau que le labeur d’un seul travailleur
agricole suffit à nourrir 100 personnes. Moins du sixième de la population active cana¬
dienne travaille dans le secteur manufacturier ; plus de la moitié est employée dans la
vente en gros ou au détail, dans les banques et autres établissements financiers, dans la
siècles que nous les tenons pour acquises. Mais pourquoi ont-elles été instituées ? Quelle
a été leur évolution ? Et comment favorisent-elles la spécialisation des tâches et l’accrois¬
sement de la production ?
C» Voilà un aperçu des questions que nous allons aborder dans ce chapitre. Nous nous
pencherons d’abord sur les limites de la production et sur le concept d’efficience. Nous
apprendrons ensuite à calculer le coût d’opportunité. Puis nous verrons comment on
peut accroître la production par la spécialisation et les échanges.
43
La courbe des possibilités de production
biens et en services. Au premier chapitre, nous avons Pour étudier la courbe des possibilités de production,
défini ces facteurs de production que sont le travail, la nous ne prendrons en considération que deux biens à la
terre et le capital. Revenons brièvement sur ces notions. fois, peu importe lesquels, en supposant que les quantités
Le travail désigne le temps et l’effort que les gens de tous les autres biens produits restent constantes
consacrent à la production de biens et de services ; il — nous aurons donc recours au principe ceteris paribus
dont il a été question au chapitre 1. Nous pourrons ainsi
englobe donc l’activité des millions de personnes qui
obtenir un modèle économique — un modèle où toutes
appliquent leurs aptitudes physiques et intellectuelles à la
choses demeurent constantes sauf la production des deux
fabrication de produits de toutes sortes : automobiles,
biens qui nous intéressent.
sodas, gommes à mâcher, colle, papiers peints, arrosoirs,
Examinons d’abord la courbe des possibilités de pro¬
services financiers, services de garde, etc. Par terre, on
duction d’une seule entreprise, en l’occurrence, une
entend toutes les richesses de la nature utilisées pour
manufacture de jeans en denim.
produire des biens et des services, y compris l’air, l’eau,
l’écorce terrestre et les minéraux quelle renferme. Le
capital désigne l’ensemble des biens qu’on a produits et La courbe des possibilités de
qui peuvent servir à la production d’autres biens et ser¬ production d’une entreprise
vices : autoroutes, édifices à bureaux, barrages et installa¬
tions hydroélectriques, aéroports et avions, lignes de Marc est entrepreneur. Sa manufacture, Jeans inc.,
montage automobile, manufactures de jupes ou de emploie une cinquantaine de personnes (travail). Jeans
biscuits, pour n’en nommer que quelques-uns. inc. possède, sur un terrain exigu (terre), un immeuble
On parle plus particulièrement de capital humain équipé de machines à tailler et à coudre (capital). Marc
pour désigner l’ensemble des connaissances et des com¬ utilise ces quantités limitées de terre, de capital et de tra¬
pétences que les êtres humains acquièrent par l’instruc¬ vail pour produire deux modèles de jeans : un jean de
tion et la formation professionnelle. Ainsi, pendant que coupe western et un jean de coupe ample. Quelle que
vous étudiez l’économie ou une autre matière, vous aug¬ soit la combinaison des modèles, les ressources dont dis¬
mentez votre capital humain, et ce capital continuera de pose Marc lui permettent de produire au maximum
s’accroître avec l’expérience acquise sur le marché du tra¬ 5 000 jeans par semaine.
vail. Le capital humain permet d’améliorer la qualité du La figure 3.1 illustre les possibilités de production de
travail. Marc. Grâce à cette quantité fixe de travail, de terre et de
La terre, le travail et le capital sont coordonnés par capital, la quantité maximale de jeans que peut produire
un quatrième facteur de production, l’esprit d’entreprise. Marc est de 5 000 par semaine. S’il utilise toutes ses res¬
Les entrepreneurs trouvent de nouvelles réponses aux sources pour produire des jeans amples, il ne peut plus
questions quoi, comment, quand et où produire ; ils pren¬ produire de jeans western. Cette combinaison de jeans,
nent des décisions clés et en assument les risques. 5 000 jeans dont aucun de coupe western, est l’une des
Les biens et les services englobent tout ce qu une po¬ possibilités de production de Marc — c’est la possibi¬
pulation produit. Les biens sont matériels — automo¬ lité a du tableau de la figure 3.1. Mais il existe de nom¬
biles, cuillères, magnétoscopes ou pain — tandis que les breuses autres possibilités dont ce tableau nous donne
services sont immatériels — coupes de cheveux, tours de quelques exemples. Ainsi, il y a la possibilité b, où Marc
manège ou appels téléphoniques. On distingue deux ty¬ utilise un cinquième de ses ressources pour produire
pes de biens : les biens de production et les biens de con¬ des jeans western. Il produit donc 1 000 jeans western
sommation. Les biens de production sont ceux qui servent et 4 000 jeans amples -— toujours pour un total de
à produire d’autres biens ; les immeubles, les ordinateurs, 5 000 jeans par semaine. On peut continuer ainsi
les lignes de montage et les téléphones, par exemple, sont jusqu’à la possibilité f, où Marc consacre la totalité de
des biens de production. Les biens de consommation sont ses ressources à la production de 5 000 jeans western,
les biens qu’achètent les ménages. Certains biens de con¬ et ne produit plus aucun jean ample.
sommation sont durables, comme les iiaussures ou les Les chiffres du tableau sont illustrés dans le gra¬
jupes, et d’autres, non durables, comme us cornichons à phique de la figure 3.1. La quantité de jeans western en
l’aneth ou le dentifrice. On app< consommation le lait milliers figure sur l’axe horizontal et celle des jeans
amples en milliers, sur l’axe vertical. Les points a, b, c, d,
d’utiliser des biens et des sers
La somme des biens et serv u n peut pro¬ eet/représentent les quantités de la ligne correspon¬
face au problème des coûts d opportunité. Voyons com¬ L’obligation de faire des compromis s’applique à
ment ce problème se pose. toutes les situations imaginables du monde réel. À tel
moment précis, le monde dispose de telle quantité pré¬
cise de travail, de terre, de capital et d’esprit d’entreprise.
Le coût d’opportunité
La technologie disponible aidant, ces ressources peuvent
de production d’une entreprise
servir à produire des biens et des services. Mais il y a une
limite au nombre de biens et services qui peuvent être
On 1 a vu au chapitre 1, le coût d’opportunité représente
produits. Cette limite établit la frontière entre un niveau
ce qu on sacrifie lorsqu on fait un choix; autrement dit,
de production réalisable et un niveau de production
la meilleure de toutes les options auxquelles on a renoncé
irréalisable; cette frontière est la courbe des possibilités
est le coût d’opportunité de l’option choisie. La courbe
de production de l’économie mondiale, et elle détermine
des possibilités de production peut nous aider à préciser
les compromis que nous devons faire. Sur cette courbe,
la notion de coût d’opportunité. Comme la courbe des
l’augmentation de la production de n’importe quel bien
possibilités de Marc ne lui donne le choix qu’entre deux
ou service impose la réduction de la production d’autres
types de produits, il est facile de déterminer la meilleure
biens ou services.
option à laquelle il a renoncé. Compte tenu des ressources
Par exemple, le parti politique qui promet une
et de la technologie dont il dispose actuellement, Marc ne
amélioration des services sociaux et de l’éducation fait un
peut augmenter sa production de jeans western que s’il
compromis. Si davantage de ressources sont consacrées à
réduit sa production de jeans amples. Par conséquent, la
ces activités, il en restera nécessairement moins pour la
production de chaque jean western supplémentaire en¬
défense nationale ou pour la consommation des parti¬
gendre un coût d’opportunité égal à la quantité de jeans
culiers. Le coût d’opportunité de l’amélioration des ser¬
amples que Marc doit renoncer à produire. De même, le
vices sociaux et de l’éducation est une réduction conco¬
coût d’opportunité de la production de chaque jean
mitante d’autres biens et services.
ample supplémentaire est égal au nombre de jeans wes¬
Un groupe de pression prônant la réduction de l’ex¬
tern que Marc doit renoncer à produire. Ainsi, au point c
ploitation forestière pour protéger une faune menacée
de sa courbe des possibilités de production (voir la figure
d'extinction fait un compromis. Si davantage de ressour¬
3.1), Marc produit moins de jeans western et plus de
ces forestières sont consacrées à la protection de la faune,
jeans amples qu’au point d. S’il choisit le point «/plutôt
il y en aura moins de disponibles pour la production de
que le point c, les 1 000 jeans western supplémentaires
pâte et papier, qui repose sur l’exploitation des forêts.
coûtent 1 000 jeans amples. Bref, un jean western coûte
À une échelle plus petite, mais non moins impor¬
un jean ample, et un jean ample coûte un jean western.
tante, nous faisons un compromis chaque fois que nous
Dans cet exemple, les coûts d’opportunité de la pro¬
décidons de louer un film vidéo. Pourquoi ? Simplement
duction accrue de l’un ou l’autre modèle de jeans sont les
parce que nous décidons de ne pas utiliser nos revenus
mêmes. Ils sont également constants, indépendamment
limités pour acheter un soda, du mais soufflé ou tout
du niveau de production de chaque modèle. En d autres
autre produit qui nous aurait fait plaisir. Pour chaque
termes, à n’importe quel point situé sur la CPP illustrée
film loué, nous assumons un coût d’opportunité parce
à la figure 3.1, un jean western vaut un jean ample. Ici,
que nous devrons nous contenter d’une quantité moin¬
les coûts d’opportunité sont constants parce que les res¬
dre d’un autre bien ou service.
sources utilisées pour produire les jeans ont une produc¬
tivité égale, qu’elles produisent des jeans western ou des
jeans amples.
À RETENIR
Les coûts d’opportunité sont
inévitables ■ La courbe des possibilités de production (CPP) sépare
les niveaux de production réalisables et ceux qui ne le
Le modèle économique d’une manufacture de jeans en
sont pas.
denim nous a appris une leçon fondamentale: nous
■ Les points situés sur la CPP et à l’intérieur de la
devons constamment faire des compromis. Un compro¬
courbe correspondent aux niveaux de production
mis est le résultat d’une contrainte qui nous force à
réalisables, et les points situés à l’extérieur de la CPP,
abandonner une chose pour en obtenir une autre. 1 our
aux niveaux de production irréalisables.
Marc, le compromis concerne le type de modèle de jean
à produire — western ou ample; sa courbe des possibi¬ ■ Les points situés sur la CPP décrivent des possibilités
efficientes et les points situés à l’intérieur de la CPP,
lités de production définit les conditions de ce compro¬
mis. De même, les limites de vos ressources financières des possibilités inefficientes.
— quelles quelles soient — vous forcent à faire des ■ En faisant un choix parmi les points efficients de la
compromis : si vous allez au cinéma, vous devez renoncer CPP, on doit faire un compromis et supporter un coût
L’augmentation du coût
s
d’opportunité
2
_ Dans la quasi-totalité des cas, le travail, la
beurre, des jeux vidéo. vidéo, la CPP, s’arque vers l’extérieur étant donné que les
ressources ne sont pas également productives dans toutes les
activités. La production est au point e — 2 000 missiles et
Le compromis entre les missiles et les 4 000 jeux vidéo par an. En nous déplaçant de e à f sur la courbe,
jeux vidéo nous obtenons une légère augmentation de la production de jeux
vidéo au coût d’une diminution marquée de la production de
La courbe des possibilités de production de missiles ou missiles. En nous déplaçant de fà e sur la courbe, nous obtenons
de jeux vidéo définit les limites de la production de ces une augmentation relativement grande de la production de mis¬
deux biens, compte tenu de la totalité des ressources dis¬ siles, au coût d’une légère diminution de la production de jeux
Imaginons qu au cours d une année 4 000 jeux vidéo de production de la figure 3.2. Pour cela, nous calculons
et 2 000 missiles sont produits, ce qui, dans la figure 3.2, combien de missiles nous devons sacrifier pour produire
correspond à la possibilité e du tableau et au point e de la plus de jeux et combien de jeux nous devons sacrifier
courbe du graphique. Par ailleurs, le graphique montre pour produire plus de missiles.
d autres possibilités de production. Par exemple, dans un Si toutes les ressources disponibles sont affectées
contexte de tension internationale, nous pourrions arrêter à la production de missiles, nous produirons 4 000 mis¬
de produire des jeux vidéo pour affecter à la production siles et aucun jeu. Mais si nous décidons de produire
de missiles tous les concepteurs de jeux vidéo ainsi que 1 000 jeux vidéo, quel sera le coût d’opportunité de ces
tous les programmeurs, travailleurs de la chaîne de mon¬ 1 000 jeux? Il correspondra au nombre de missiles que
tage, ordinateurs, immeubles et les autres ressources ha¬ nous devrons sacrifier. Le graphique de la figure 3.2 nous
bituellement utilisées pour produire ces jeux. Nous indique que, pour produire 1 000 jeux, nous nous dé¬
obtiendrions ainsi une production de 4 000 missiles par plaçons de a à b et que la production de missiles diminue
année — qui se situerait au point a — et la production de de 200 unités pour passer à 3 800 missiles par année. Le
jeux disparaîtrait. Inversement, dans un autre contexte coût d’opportunité des 1 000 premiers jeux vidéo pro¬
— celui de la concertation internationale de désarme¬ duits est donc de 200 missiles. Si nous décidons de pro¬
ment, par exemple —, nous pourrions choisir de clore le duire 1 000 jeux de plus, à combien de missiles devrons-
programme de missiles pour affecter ses ressources à la nous renoncer ? Cette fois-ci, nous nous déplaçons de b à
production de jeux. Dans ce cas, la production serait de csur la courbe, et la production de missiles diminue de
5 000 jeux vidéo et se situerait au point g 300 unités.
Le graphique 3.3(a) illustre ces coûts d'opportunité.
Les deux premières lignes du tableau (a) indiquent les
La forme de la CPP
coûts d’opportunité que nous venons de calculer. Les
lignes suivantes indiquent également les coûts d’oppor¬
Examinez attentivement, à la figure 3.2, la forme de la
tunité de la production de 1 000 jeux supplémentaires
courbe des possibilités de production. Dans le cas d’une
lorsque nous nous déplaçons de c à d, de d à e, et de e à g
grande production de missiles et d’une petite production
le long de la courbe des possibilités de production. Pour
de jeux vidéo — entre les points a et d—, la pente de la
vérifier si vous comprenez bien le calcul du coût d’oppor¬
courbe est douce. Dans le cas d’une grande production
tunité, évaluez le coût d’opportunité d’un déplacement
de jeux et d’une petite production de missiles — entre les
de e à £sur la courbe.
points eet f-—, la pente de la courbe est abrupte. Pour
Nous venons de voir comment calculer le coût
cette raison, la courbe des possibilités de production est
d’opportunité des jeux vidéo. Nous pouvons maintenant
arquée vers l’extérieur. procéder de la même manière pour calculer le coût d’op¬
Cette caractéristique de la courbe des possibilités de
portunité des missiles. Si nous consacrons toutes les res¬
production traduit le fait que les ressources n ont pas la
sources à la production de jeux vidéo, nous produirons
même productivité dans toutes les activités. Les concep¬
5 000 jeux vidéo par an et aucun missile. Si nous déci¬
teurs et les programmeurs de jeux vidéo peuvent tra¬
dons de produire 1 000 missiles, à combien de jeux
vailler à la construction de missiles, mais ils ne sont pas
devrons-nous renoncer ? Là encore, vous pouvez trouver
aussi qualifiés pour construire des missiles que les em¬
la réponse en vous servant de la figure 3.2. Pour cons¬
ployés de la défense qui en sont habituellement chargés. truire 1 000 missiles, nous nous déplacerons de g&f
De ce fait, lorsqu’ils passent de la création de jeux a la sur la courbe, et la production de jeux diminuera de
construction de missiles — en se déplaçant le long de la 400 unités pour passer à 4 600 unités par an. Le coût
courbe de production de f vers a—, la production de d’opportunité de la production des 1 000 premiers mis¬
missiles augmente légèrement tandis que la production siles est donc de 400 jeux vidéo. Si nous décidons de
de jeux vidéo baisse considérablement. construire 1 000 missiles de plus par an, à combien de
De même, les employés de la défense sont capables jeux devrons-nous renoncer? Cette fois, nous nous
de produire des jeux vidéo, mais ils ne sont pas aussi déplacerons de f à e sur la courbe, et la production
compétents (créatifs) dans cette tâche que les personnes de jeux diminuera de 600 unités.
qui y sont affectées habituellement. Aussi, lorsque les Le graphique 3.3(b) illustre ces coûts d’opportunité.
employés de la défense se mettent a la conception et à la Les deux premières lignes du tableau (b) indiquent les
fabrication de jeux vidéo, la production de jeux n aug¬ coûts d’opportunité que nous venons de calculer. Les
mente que légèrement et la production de missiles lignes suivantes présentent les coûts d’opportunité de la
diminue considérablement. production de 1 000 missiles supplémentaires lorsque
nous nous déplaçons de e à det de d à a le long de la
nité courbe des possibilités de production du graphique de la
Le calcul du coût d
figure 3.2. Pour vérifier si vous comprenez bien, prenez
les missiles un exemple quelconque et évaluez le coût d’opportunité
Nous pouvons calculer le cou
courbe des possibilités d’un déplacement de dz Æsur la courbe.
et des jeux en nous servant d !
48
Chapitre 3 La production,la croissance et l’échange
FIGURE 3.3
0 12 3 4 5
Jeux vidéo (en milliers par an)
Le premier millier de jeux coûte 200 missiles. Le premier millier de missiles coûte 400 jeux.
Le deuxième millier de jeux coûte 300 missiles. Le deuxième millier de missiles coûte 600 jeux.
Le troisième millier de jeux coûte 500 missiles. Le troisième millier de missiles coûte I 000 jeux.
Le quatrième millier de jeux coûte I 000 missiles. Le quatrième millier de missiles coûte 3 000 jeux.
Les tableaux indiquent les coûts d’opportunité des jeux et des 2 000 missiles pour le cinquième et dernier ensemble de
missiles, et les graphiques illustrent ces coûts d’opportunité au I 000 jeux vidéo. Dans la partie (b), le coût d’opportunité
moyen de barres et de flèches. des missiles passe de 400 jeux vidéo pour le premier millier
Dans la partie (a), le coût d’opportunité des jeux passe de de missiles à 3 000 jeux vidéo pour le quatrième millier de
200 missiles pour le premier ensemble de I 000 jeux vidéo à missiles.
Le coût d’opportunité est un ratio Comme le coût d’opportunité est un ratio, le coût
d’opportunité de la production du bien X (le nombre
Le coût d’opportunité de la production d’une unité sup¬ d’unités du bien Lauquel on a renoncé) est toujours égal
plémentaire d’un bien est un ratio. Il correspond à la à la réciproque du coût d’opportunité de la production
diminution de la production d’un bien divisée par l’aug¬ du bien Y (le nombre d’unités du bien Fauquel on a
mentation de la production d’un autre bien, obtenue renoncé). Vérifions cette proposition en revenant une
alors que l’on se déplace le long de la courbe des possibi¬ fois de plus à la figure 3.3. Pour faire passer la produc¬
lités de production. Par exemple, comme on le voit à la tion de jeux vidéo de 4 600 à 5 000, soit une augmen¬
figure 3.3, le coût d’opportunité des 1 000 premiers mis¬ tation de 400 unités, la production de missiles doit
siles est la diminution de la production de jeux vidéo, passer de 1 000 à 0. Le coût d’opportunité des 400 jeux
400, divisée par l’augmentation de la production de mis¬ supplémentaires est de 1 000 missiles, ou de 2,5 mis¬
siles, 1 000. Le coût d’opportunité de 1 missile est donc siles par jeu. De même, 1 000 missiles supplémentaires
de 0,4 jeu vidéo.
coûtent 400 jeux; le coût d’opportunité de 1 missile est
49
La croissance économique
donc de 0,4 jeu et le coût d opportunité de 1 jeu est de ■ La courbure vers l’extérieur de la CPP et l’augmenta¬
2,5 missiles (1/0,4 = 2,5). tion du coût d’opportunité sont dues au fait que les
ressources n’ont pas la même productivité dans toutes
les activités, et que, pour toute activité, on utilise en
Les coûts d’opportunité croissants
premier les ressources les plus appropriées.
sont omniprésents
Nous venons de voir comment la courbe des possi¬
Le coût d opportunité croissant et la courbe des possibi¬ bilités de production définit les limites de la production
lités de production arquée vers l’extérieur sont deux ma¬ et comment elle peut nous aider à calculer le coût d’op¬
nières d’exprimer la même idée : les mêmes ressources portunité. Notre prochaine tâche consiste à étudier les
n’ont pas la même productivité dans toutes les activités. facteurs qui nous permettent d’augmenter nos possibi¬
En réalité, pratiquement toutes les activités auxquelles lités de production.
vous pouvez penser ont des coûts d’opportunité crois¬
sants. La production de denrées alimentaires et la pro¬
duction de services de santé en sont deux exemples.
Nous affectons les agriculteurs les plus compétents et les
La croissance économique
terres les plus fertiles à la production alimentaire. Nous
faisons appel aux meilleurs médecins pour dispenser les
_ Loin d’être immuable, la courbe des possibilités
soins de santé et nous consacrons les terres les moins fer¬
de production qui délimite la frontière entre production
tiles à la construction d’hôpitaux. Si nous enlevons aux
réalisable et production irréalisable se modifie constam¬
agriculteurs expérimentés les terres fertiles et les trac¬
ment. Parfois elle s’arque vers l'intérieur, reflétant une
teurs pour leur demander de devenir brancardiers à
réduction de nos possibilités de production. En agricul¬
l’hôpital, la production alimentaire baissera considéra¬ ture, cela peut se produire, par exemple, à la suite d’une
blement et nous noterons une légère augmentation de la sécheresse, d’un verglas ou d’autres conditions clima¬
production de services de santé, augmentation qui, à son tiques extrêmes. À d’autres moments, quand le temps est
tour, entraînera à la hausse le coût d’opportunité d’une propice aux récoltes, la productivité augmente et la
unité de services de santé. De même, si nous affectons courbe s’arque vers l'extérieur.
les ressources des services de santé à l’agriculture, nous Au fil des ans, nos possibilités de production se sont
devrons employer un plus grand nombre de médecins et considérablement accrues. Cette expansion soutenue
d’infirmières comme agriculteurs et un plus grand nom¬ s’appelle croissance économique. Grâce à elle, notre
bre d’hôpitaux comme fabriques de tomates hydropo- production est bien supérieure à ce qu’elle était il y a
niques. La production de services de santé diminuera 100 ans ou même une décennie. Si ce rythme de crois¬
considérablement et nous noterons une légère augmen¬ sance se maintient, nos possibilités de production seront
tation concomitante de la production agricole. Le coût encore plus grandes en l’an 2000. Pouvons-nous, en
d’opportunité de la production d une unité alimentaire déplaçant la courbe vers l’extérieur, éviter les contraintes
augmentera. que nous imposent nos ressources limitées ? Pouvons-
Bien entendu, cet exemple est caricatural, mais les nous éviter les coûts d’opportunité? Se peut-il que les
mêmes principes s’appliquent à tous les choix imagi¬ économistes se trompent lorsqu’ils affirment que rien
nables : production de diamants ou d unités de logement, n’est gratuit?
de fauteuils roulants ou de chariots de golf, de cereales
destinées à la consommation humaine ou animale.
Compte tenu des limites des ressources, dès qu on aug¬ Le coût du déplacement
mente la production d’un bien, il faut inévitablement de la courbe
réduire la production d’un autre bien, et, comme les
ressources n’ont pas une même productivité dans toutes Comme nous allons le découvrir, avec le temps, on arrive
les activités, plus la production d un bien augmente et à déplacer la courbe des possibilités de production vers
plus son coût d’opportunité est élevé. l’extérieur; cependant, il ne peut y avoir de croissance
économique sans que nous en payions le prix. Plus la
croissance est rapide, plus nous disposerons de biens et
services dans l’avenir, et plus il faut se serrer la ceinture
pour ce qui est de la consommation immédiate de biens.
A retenir Mais, pour mieux comprendre les coûts de la croissance
économique, penchons-nous d’abord sur ses causes et sur
■ La courbe des possibilités de production {CPP) est la manière dont s’opère le choix entre le présent et
l’avenir.
arquée vers l’extérieur, es
Les deux principaux moteurs de la croissance écono¬
production d’un bien varie ; OI *c *a produc¬
mique sont le progrès technologique et l’accumulation de
tion de ce bien.
Chapitre 3 La production,la croissance et l’échange
La. croissance économique des nations celle qui a affiché le rythme de croissance le plus rapide,
mais des pays comme Singapour, Taiwan, la Corée du
Si, collectivement, nous consacrons s totalité de nos Sud et la Chine ont obtenu des résultats semblables,
ressources à la production de denn mentaires, grugeant l’écart qui les séparait du Canada.
S*
Chapitre 3 La production,la croissance et l’échange
L’avantage comparatif
(b) Hong Kong peut être un receveur médiocre et une brillante avocate
peut se révéler une enseignante médiocre. Ce qu’une per¬
En I960, les possibilités de production par personne au Canada (a) sonne trouve facile, une autre le trouvera difficile ; ce
étaient de loin supérieures à celles de Hong Kong (b). Mais Hong constat s’applique à presque toutes les activités humaines.
Kong a consacré plus du tiers de ses ressources à l’accumulation Il en va de même pour la terre et pour le capital. Telle
de capital, et le Canada s’en est tenu au cinquième — point a de parcelle de sol est fertile mais ne recèle aucun gisement
chacun des graphiques. L'accumulation plus rapide de capital à minéral ; tel site offre un panorama exceptionnel mais son
Hong Kong a engendré un déplacement plus rapide de sa courbe sol est stérile. Telle machine est d’une incroyable préci¬
des possibilités de production. En 1997, les possibilités de produc¬ sion, mais difficile à manoeuvrer; telle autre est ultra-
tion par personne étaient pratiquement les mêmes au Canada et rapide mais tombe souvent en panne.
à Hong Kong. Si personne n’excelle dans toutes les activités, il est
certain que certaines personnes en surpassent bien
d’autres dans de nombreuses activités. Mais elles n’ont
pas pour autant d'avantage comparatif 'dans chacune de
ces activités. Céline Dion danse mieux que la plupart des
À R E T E N I R
gens, mais elle est encore meilleure chanteuse. Son avan¬
tage comparatif 'est son talent de chanteuse.
Le progrès technologique et 1 accumulation de capital
Les différences entre les compétences individuelles et
entraînent la croissance économique.
entre d’autres ressources relatives à la terre et au capital
Le coût d opportunité d’une croissance économique entraînent des écarts dans les coûts d’opportunité asso¬
plus-rapide est une baisse de la consommation ciés à la production des biens et services. L’avantage com¬
courante. paratif est le résultat de ces différences. Examinons de
53
Les avantages de l’échange
plus près cette notion d avantage comparatif en repre¬ Dans la production de quel bien Mireille a-t-elle un
nant 1 exemple de Marc et de sa manufacture de jeans. avantage comparatif? Rappelez-vous qu’une personne a
Nous avons vu que Marc était en mesure de produire un avantage comparatif dans la production d’un bien
des jeans ou d installer des machines. Mais il peut aussi lorsque son coût d’opportunité est inférieur à celui des
modifier ses machines et produire d’autres biens. Sup¬ autres personnes. Mireille jouit donc d'un avantage com¬
posons que 1 un de ces biens soit les jupes en denim. Et paratif dans la production de jupes. Vous pouvez le cons¬
supposons que la courbe des possibilités de production tater en comparant les deux courbes des possibilités de
de jeans et de jupes de Marc soit celle que montre le gra¬ production de la figure 3.6. La courbe des possibilités de
phique (a) de la figure 3.6. Comme nous l’avons vu à la production de Mireille est plus abrupte que celle de
figure 3.1, si Marc consacre toutes ses ressources à la fa¬ Marc. Pour produire une jupe supplémentaire, Mireille
brication de jeans, il peut produire 5 000 jeans par se¬ doit sacrifier moins de jeans que Marc (0,08 jean contre
maine. La CPP du graphique (a) nous indique que, s’il 0,5 jean pour chaque jupe additionnelle). La production
utilise toutes ses ressources pour fabriquer des jupes, il d’une jupe supplémentaire engendre un coût d’opportu¬
peut produire 10 000 jupes par semaine. Toutefois, pour nité moins grand pour Mireille que pour Marc, ce qui
produire des jupes, Marc doit diminuer sa production de signifie que la production de jupes confère un avantage
jeans. Pour chaque lot de 1 000 jupes produites, il doit comparatif à Mireille.
réduire sa production de jeans de 500 unités. Le coût Marc, au contraire, a un avantage comparatif dans la
d’opportunité supporté par Marc pour la production production de jeans. En effet, sa courbe des possibilités
d’une jupe est donc de 0,5 jean. de production est plus plate que celle de Mireille, ce qui
Inversement, si Marc désire augmenter sa production signifie qu’il doit sacrifier moins de jupes qu’elle lorsqu’il
de jeans, il doit diminuer sa production de jupes. Pour accroît sa production de jeans (2 jupes contre 12,5 par
chaque lot de 1 000 jeans supplémentaires, il doit réduire jean supplémentaire). Le coût d’opportunité de la pro¬
sa production de jupes de 2 000 unités. Le coût d’oppor¬ duction d’un jean est moins élevé pour Marc que pour
tunité de la production d’un jean est donc de deux jupes. Mireille ; par conséquent, la production de jeans confère
Supposons que Marc ne soit pas seul dans le marché à Marc un avantage comparatif.
des jeans et des jupes en denim ; une autre manufacture,
exploitée par Mireille, peut également en produire. Mais
les machines de la manufacture de Mireille conviennent Tirer profit de l’échange
mieux à la fabrication des jupes qu’à celle des jeans et sa
main-d’œuvre est plus habituée à fabriquer des jupes, de Si Marc, qui a un avantage comparatif dans la produc¬
sorte que la manufacture de Mireille peut produire tion de jeans, y consacre toutes ses ressources, il peut
25 000 jupes ou 2 000 jeans par semaine. produire 5 000 jeans par semaine — point b de sa CPP.
Cette différence entre les deux manufactures signifie Si Mireille, qui a un avantage comparatif dans la produc¬
que la courbe des possibilités de production de Mireille tion de jupes, y consacre toutes ses ressources, elle peut
— graphique 3.6(b) — est différente de celle de Marc. Si produire 25 000 jupes par semaine — point b sur sa
Mireille consacre toutes ses ressources à la fabrication de CPP. En se spécialisant, Marc et Mireille pourraient pro¬
jupes, elle peut en produire 25 000 par semaine. Si elle duire au total 5 000 jeans et 25 000 jupes par semaine.
consacre toutes ses ressources à la fabrication de jeans, Pour recueillir les profits de la spécialisation, Marc et
elle peut en produire 2 000 par semaine. Pour produire Mireille doivent faire des échanges. Supposons, par
des jeans, Mireille doit réduire sa production de jupes. exemple, qu’ils s’entendent sur les mesures suivantes:
Pour chaque lot de 1 000 jeans supplémentaires, elle doit chaque semaine, Mireille produit 25 000 jupes et Marc
réduire sa production de jupes de 12 500 unités. Le coût produit 5 000 jeans; Mireille fournit à Marc 12 500
d’opportunité de la production d un jean a la manufac¬ jupes en échange de 2 500 jeans. Grâce à cette mesure,
Marc et Mireille se déplacent le long de la «droite des
ture de Mireille est de 12,5 jupes.
Inversement, si Mireille désire augmenter sa produc¬ échanges» (en rose dans les graphiques de la figure 3.6)
tion de jupes, elle doit diminuer sa production de jeans. jusqu’au point c. À ce point, chacun possède 12 500
Pour chaque lot de 1 000 jupes supplémentaires, elle jupes et 2 500 jeans, soit 1 100 jeans et 5 400 jupes de
devra réduire sa production de jeans de 80 unités. Ainsi, plus que lorsqu’ils diversifient leur production sans
le coût d’opportunité de la production d une jupe est de faire d’échanges (point a de leurs CPP respectives). Ces
1 100 jeans et ces 5 400 jupes supplémentaires représen¬
0,08 jean.
Marc comme Mireille peuvent diversifiei leurs acti¬ tent les profits que Mireille et Marc retirent de la spécia¬
lisation et de l’échange.
vités en produisant à la fois des jeans et des jupes. Sup¬
En résumé, Mireille peut soit produire des jeans à un
posons par exemple que Marc er Mireille pioduisent la
même quantité de jupes et ch. jean - soit 1 400 jeans et coût d’opportunité de 12,5 jupes soit acheter ses jeans de
Marc au prix de 5 jupes par jean. Marc, lui, peut pro¬
7 100 jupes. Leur production s< au point a de leurs
courbes des possibilités de | ipectives. Leur duire des jupes au coût d’opportunité de 0,5 jean par
jupe ou acheter des jupes à Mireille au prix de 0,2 jean
production totale est de 2 , 4 jupes.
54
Chapitre 3 I_a production,la croissance et l’échange
FIGURE 3.6
par jupe. Donc, Mireille obtient ses jeans à un moindre duire une plus grande quantité des deux produits que
coût lorsqu’elle les achète de Marc, et Marc obtient ses l’autre.
jupes à un moindre coût en les achetant de Mireille. Par Si, avec un même ensemble de facteurs de produc¬
la spécialisation et l’échange, Mireille et Marc parvien¬ tion, une personne arrive à produire davantage des deux
nent à obtenir davantage de jeans et de jupes; c’est biens qu’une autre, on dit que cette personne détient un
comme s ils pouvaient atteindre un niveau de production avantage absolu dans la production des deux biens.
à l’extérieur de leurs courbes des possibilités de produc¬ Dans notre exemple, ni Marc ni Mireille ne détient
tion respectives.
d’avantage absolu sur l’autre dans la production des
deux biens.
On serait tenté de croire qu’une personne (ou un
L’avantage absolu pays) qui détient un avantage absolu ne peut tirer profit
de la spécialisation et de l’échange, mais ce serait une
Nous venons de voir que Marc jouit d’un avantage com¬ erreur. Voyons pourquoi en reprenant l’exemple de Marc
paratif dans la production de jeans et Mireille, dans la et Mireille. Supposons que Mireille invente et brevette
production de jupes. Nous avons également vu que Marc un procédé de production qui lui permette d’être quatre
peut produire une plus grande quantité de jeans que fois plus productive. Grâce à sa nouvelle technique,
Mireille; et Mireille, une plus grande quantité de jupes Mireille peut produire 100 000 jupes par semaine (4 fois
que Marc. Par contre, ni Marc ni Mireille ne peut pro¬ les 25 000 d’autrefois) ou 8 000 jeans (4 fois les 2 000
S5
Les avantages de l’échange
d origine) si elle consacre toutes ses ressources à l’une ou duction vers l’extérieur, les avantages comparatifs chan¬
1 autre de ses productions. Notez que Mireille détient gent. Par ailleurs, les individus deviennent plus compé¬
maintenant un avantage absolu dans la production de ces tents dans une tâche qu’ils accomplissent à répétition.
deux articles. Lorsqu’on produit à maintes reprises le même bien ou
Rappelons qu on retire des profits de la spécialisation service, on devient plus productif dans cette activité ;
lorsque chaque personne se spécialise dans la production c’est ce qu on appelle 1 apprentissage par la pratique.
du bien qui lui confère un avantage comparatif, et qu’on Ainsi, plus vous jouez à un jeu vidéo, meilleur vous de¬
détient un avantage comparatif dans la production d’un venez à ce jeu. L’apprentissage par la pratique est le fon¬
bien lorsqu on le produit à un coût d’opportunité inférieur dement même de favantage comparatif dynamique,
à celui de la concurrence. c’est-à-dire de l’avantage comparatif dont jouit un pro¬
Ici, les coûts d’opportunité de Marc restent exacte¬ ducteur (ou un pays producteur) qui, en raison de sa spé¬
ment les mêmes qu’auparavant. Mais qu’en est-il des cialisation dans la production d’un bien ou d’un service
coûts d’opportunité de Mireille maintenant quelle est et de son apprentissage par la pratique, arrive maintenant
quatre fois plus productive ? Si nous les calculons en à produire ce bien ou ce service au coût d’opportunité le
procédant comme nous avons appris à le faire, nous ver¬ plus bas.
rons qu’ils n’ont pas changé. En effet, comme Mireille L’avantage comparatif dynamique s’applique aux
peut produire quatre fois plus des deux marchandises individus, aux entreprises et aux pays. La courbe des pos¬
qu’auparavant, pour augmenter sa production de jeans sibilités de production de certaines personnes présente
de 1 000 unités par semaine (sur sa nouvelle courbe des une pente abrupte — au début, elles ne semblent pas se
possibilités de production), elle doit toujours réduire sa distinguer des autres, mais, par la pratique et leur travail
production de jupes de 12 500 unités. Pour elle, le coût acharné, elles atteignent une productivité exceptionnelle
d’opportunité de la production d’un jean est toujours de dans certaines activités. Ainsi, le fabricant canadien de
12,5 jupes. De même, pour augmenter sa production de matériel ferroviaire et de transport Bombardier jouit d’un
jupes de 1 000 unités, elle doit réduire sa production de avantage comparatif dynamique. À mesure que sa main-
jeans de 80 unités, et son coût d’opportunité pour une d’œuvre et ses dirigeants ont pris de l’expérience dans la
jupe est toujours de 0,08 jean. construction de trains à grande vitesse, l’entreprise a pu
Lorsque Mireille devient quatre fois plus productive réduire ses coûts et consolider son avantage comparatif.
qu’avant, chaque unité de ses ressources produit davan¬ Singapour, la Corée du Sud, Hong Kong et Taiwan
tage, mais ses coûts d’opportunité restent les mêmes. La ont misé énergiquement sur l’avantage comparatif dyna¬
production d’un jean supplémentaire coûte la même mique. Ils ont mis sur pied des industries où, au départ,
chose qu’auparavant, en termes de nombre de jupes à ils ne jouissaient pas nécessairement d’un avantage com¬
sacrifier. Étant donné que ni les coûts d’opportunité de paratif et, en tirant parti de l’apprentissage par la pra¬
Mireille ni ceux de Marc n’ont changé, Mireille continue tique, ils produisent maintenant des biens de haute tech¬
de jouir d’un avantage comparatif dans la production de nologie à des coûts d’opportunité peu élevés. La décision
jupes et Marc, dans la production de jeans. Marc peut d’établir une industrie de génie génétique à Singapour
encore acheter des jupes à Mireille à un prix inferieur au illustre bien ce phénomène : à l’origine, cette ville ne
coût d’opportunité qu’il supporterait s il décidait de les jouissait probablement pas d'un avantage comparatif
produire lui-même. Et Mireille peut encore acheter des dans le domaine du génie génétique, mais elle pourrait
jeans à Marc à un prix inférieur au coût d opportunité bien en acquérir un à mesure que ses scientifiques et ses
quelle supporterait si elle décidait de les produire elle- travailleurs de la production deviendront de plus en plus
même. Tous deux peuvent donc encore tirer profit de la compétents dans ce domaine.
spécialisation et de l’échange.
Il est essentiel de bien comprendre que, même si 1 on
détient un avantage absolu, il est impossible de jouir
d’un avantage comparatif dans tous les domaines. C est À RETENIR
pourquoi on peut toujours tirer des gains de la spécialisa¬
tion et de l’échange. ■ La production augmente lorsque les gens se spécia¬
lisent dans l'activité où ils jouissent d’un avantage
comparatif.
L’avantage comparatif dynamique
■ Tout producteur d’un bien ou d’un service détient un
avantage comparatif lorsque son coût d’opportunité
Le concept d’avantage comparatif nest pas un concept
pour la production de ce bien ou de ce service est
statique. À tout moment, les ressources disponibles et la
inférieur à celui de ses concurrents.
technologie employée déterminent les avantages com¬
paratifs des individus et des ir conséquent, à ■ Les profits découlant de la spécialisation et de
mesure que le progrès technologie: ' acc umulation l’échange proviennent des écarts entre les coûts
de capital déplacent des courbes de possibilités de pro¬ d’opportunité.
$6
Chapitre 3 La production,la croissance et l’échange
Lorsque, avec un même ensemble de facteurs de pro¬ duire. En comparant ce coût d’opportunité au prix du
duction, un producteur peut produire une plus grande marché, chacun peut décider d’être acheteur ou vendeur.
quantité des mêmes biens qu’un autre producteur, on Un producteur qui peut produire un bien ou un service à
dit qu’il jouit d’un avantage absolu. un coût d’opportunité inférieur au prix du marché peut
Même les individus qui détiennent un avantage en tirer profit en produisant ou en vendant ce bien ou ce
absolu peuvent retirer des gains en se spécialisant dans service. Et toute personne qui peut produire un bien à
les activités qui leur confèrent un avantage comparatif un coût d’opportunité supérieur au prix du marché a
et en faisant des échanges. avantage à l’acheter plutôt qu’à le produire.
Les marchés sont l’une des conventions sociales qui
L'apprentissage par la pratique peut permettre
permettent aux gens de se spécialiser et de tirer des pro¬
d’obtenir un avantage comparatif dynamique.
fits de la production accrue qu’entraîne la spécialisation.
Toutefois, les marchés ne fonctionneraient pas très bien
sans ces autres conventions sociales que sont le droit de
propriété et la monnaie.
— Les particuliers et les pays peuvent retirer des Le terme droit de propriété désigne un ensemble de con¬
profits en se spécialisant dans la production des biens et ventions sociales qui régissent la possession, l’utilisation
des services qui leur confèrent un avantage comparatif et et la cession de facteurs de production et de biens et
en effectuant des échanges — voir « L’évolution de nos services. Les biens tangibles comprennent la terre et les
connaissances», p. 63. Toutefois, pour récolter les profits immeubles, qu’on appelle propriétés dans le langage cou¬
des échanges entre des milliards de personnes spécialisées rant, ainsi que les biens d’entreprise comme les usines et
dans des millions d’activités différentes, il faut organiser l’équipement. Les biens financiers comprennent les ac¬
et structurer ces échanges. À cette fin, on a adopté des tions, les obligations et l’argent à la banque. La propriété
conventions sociales dont les plus importantes sont : intellectuelle est le produit intangible de l’activité créa¬
trice ; elle inclut les livres, la musique, les programmes
■ les marchés,
informatiques ainsi que les inventions de toutes sortes, et
■ le droit de propriété, elle est protégée par les droits d’auteur et les brevets.
■ la monnaie. Si le droit de propriété n’existe pas ou s’il est mal
protégé, la spécialisation et la production de biens où
l’on détient un avantage comparatif perdent leur intérêt.
Les marchés A quoi bon en effet vouloir se spécialiser dans une pro¬
duction et échanger son produit si n’importe qui peut
Au chapitre 1, nous avons défini un marché comme un s’en emparer par la force sans rien céder en contrepartie ?
lieu où acheteurs et vendeurs se réunissent pour échanger À quoi bon si la somme de temps, d’énergie et d’autres
de l’information et commercer entre eux. Les marchés ressources qu’il faut consacrer à la protection du patri¬
peuvent être des lieux réels comme la boulangerie ou la moine — et qui est perdue pour la production — gruge
poissonnerie, ou encore des lieux virtuels comme le les gains éventuels de la spécialisation et de l’échange ?
marché mondial du pétrole. Établir le droit de propriété est l’un des plus grands
Réels ou virtuels, tous les marchés ont en commun défis qu’ont à relever la Russie et les autres pays de
de mettre en relation des producteurs et des consomma¬ l'Europe de l'Est pour instaurer des économies de
teurs de biens et de services. Ces relations sont tantôt marché. Même dans des pays comme le Canada, où le
directes — dans le marché de la coupe de cheveux, par droit de propriété est pourtant bien établi, il est parfois
exemple — et tantôt indirectes parce quelles engagent difficile de faire respecter le droit de propriété intellec¬
plusieurs paliers de producteurs de services et de com¬ tuelle, car la technologie moderne permet de copier assez
merçants — comme dans le marché du pétrole. facilement des livres, du matériel visuel et sonore ou des
Les marchés opèrent en regroupant une quantité programmes informatiques.
considérable d’informations sur les offres et les demandes
de produits et en ramenant cette information à un seul
chiffre : le prix. Le prix fluctue en fonction des décisions La monnaie
des acheteurs et des vendeurs. Il s’élève en cas de pénurie,
et diminue en cas d’abondance relative. Le prix est un Les marchés et le droit de propriété permettent aux indi¬
signal pour les acheteurs et les vendeurs. Chaque vidus de se spécialiser et d’échanger le fruit de leur pro¬
acheteur ou vendeur potentiel connaît le coût d’opportu¬ duction. Mais comment ces échanges se font-ils? Par deux
nité des biens et des services qu’il peut lui-même pro¬ moyens :
57
Les conventions sociales et l’échange
PI'ei ir
F E 1J X
1s Le Canada se spécialise et
sur les fait des échanges
politiques
Les faits
v
égnaÎemnentSdes ventes considérables
évites d’exportation du
Les activités et peu ■ SR Telecom vend ses
Canada sont en plein
d’entrepnses sont plus p
SR Telecom inc., dont le siégé
P ^
que
«-^^ortation
Ses ventes recentes ai exp ^ ^
produits à 77 pays d’Asie,
d’Europe, du Moyen-Orient,
comprenaient un co rArabie
est à Saint-Laurent. brication de d’Afrique et d’Amérique
lions de dolla de 81 millions,
'TSÎcommun.ca.ion à Saoudite et un autre, üe o latine.
systèmes de te pour les
hyperfréquences ^ ées & réa. avec la Thaïlande. de géants
Malgré la conçu teli NEc ■ Avec la modernisation et
régions rurales & plus de
Usé un chiffre d affaires de p ^
précédente... débuts
dix premiers mois de 1995, ce
qui représente une hausse de
18,4 % par rapport à la même
période de l’année précé¬
dente.
Analyse
É C O N O I Q U E
■ Toutefois, si le Canada
années, les Canadiens ont
0 • • • • •
acquis un avantage comparatif consacre davantage de 1980 1985 1990 1995
communication. La courbe
bleue est la courbe des possi¬ échange mais davantage Si vous
bilités de production du d’autres biens et services. DEVIEZ VOTER
Canada (CPP), et la rouge est la
courbe des échanges du ^ Les Canadiens bénéficient ■ Certaines personnes prétendent que le
de la spécialisation et des
les
mis que fait le Canada entre la que les Canadiens ne peuvent pas la concur¬
production de matériel de rencer. Qu’en pensez-vous ? Pourquoi !
6o
Chapitre 3 La production, la croissance et l’échange
Points clés pour les autres, et on échange des biens produits au coût
d opportunité le plus bas possible. Les avantages com¬
La courbe des possibilités de production La courbe paratifs changent avec le temps, et l’apprentissage par la
des possibilités de production sépare le niveau de pro¬ pratique entraîne l’avantage comparatif dynamique.
duction réalisable et le niveau de production irréalisable (p. 52-56)
lorsque toutes les ressources disponibles sont utilisées à
plein régime. La production peut se situer à n’importe Les conventions sociales et l’échange Dans le
quel point sur la courbe des possibilités de production ou monde réel, les échanges s’appuient sur la spécialisation
à l’intérieur de la courbe, mais elle est irréalisable à l’ex¬ de milliards d’individus dans des millions de différentes
térieur de la courbe. Les points situés sur la courbe des activités. Pour permettre aux individus et aux sociétés de
possibilités de production sont efficaces et les points se spécialiser et d’effectuer des échanges, les marchés, le
situés à l’intérieur sont inefficaces. Le long de la courbe droit de propriété et la monnaie ont été établis. Ces con¬
des possibilités de production, le coût d’opportunité de ventions sociales permettent aux individus de recueillir
l’augmentation de la production d’un bien ou d’un ser¬ les gains provenant de la spécialisation et des échanges.
vice est la production de 1 autre bien ou service qu’on a (p. 56-57)
dû sacrifier. Le coût d’opportunité est inévitable et les
individus y réagissent en faisant des compromis.
(p. 43-46)
Figures clés ^
L’augmentation du coût d’opportunité On calcule le
coût d’opportunité en divisant la réduction de la quantité
Figure 3.1 La courbe des possibilités de production de
d’un bien par l’augmentation de la quantité de l’autre
jeans, 44
bien, lorsqu’on se déplace le long de la courbe des possi¬
Figure 3.2 La courbe des possibilités de production de
bilités de production. Le coût d’opportunité d’un bien
missiles et de jeux vidéo, 46
augmente avec le niveau de production de ce bien ; la
Figure 3.3 L’augmentation du coût d’opportunité, 48
courbe des possibilités de production s’arque vers l’ex¬
Figure 3.4 La croissance économique dans une manu¬
térieur et le coût d’opportunité augmente du fait que les
facture de jeans, 50
ressources n’ont pas la même productivité dans toutes les
Figure 3.5 La croissance économique au Canada et à
activités. À mesure que l’économie se déplace le long de la
Hong Kong, 52
CPP— c’est-à-dire que la production de l’un des biens
Figure 3.6 Les avantages de la spécialisation et des
augmente et que la production d’un autre diminue —, les
échanges, 54
facteurs de production sont affectés à des tâches aux¬
quelles ils conviennent de moins en moins, ce qui en¬
traîne l’augmentation du coût d’opportunité, (p. 46-49)
Mots clé s
QUESTIONS de révision
1. En quoi la courbe des possibilités de production 7. Comment nos choix influent-ils sur le rythme de la
reflète-t-elle la rareté ? croissance économique ?
2. En quoi la courbe des possibilités de production
8. Qu’est-ce que le coût d’opportunité de la croissance
reflète-t-elle l’efficience de la production ?
économique ?
3. En quoi la courbe des possibilités de production
illustre-t-elle le coût d’opportunité ? 9. Pourquoi les gens ont-ils avantage à se spécialiser et
4. Pourquoi la courbe des possibilités de production à faire des échanges ?
s’arque-t-elle vers l’extérieur pour la plupart des 10. Quels sont les gains découlant de la spécialisation
produits ?
et des échanges? D’où proviennent-ils?
5. Pourquoi le coût d’opportunité augmente-t-il à
11. Quelle est la différence entre l’avantage comparatif
mesure que le niveau de production d’un bien
augmente ? et l’avantage absolu ?
6. Quels facteurs peuvent faire en sorte que la courbe 12. Pourquoi des conventions sociales comme les
des possibilités de production s’arque vers l’exté¬ marchés, le droit de propriété et la monnaie
rieur? vers l’intérieur? sont-elles devenues nécessaires?
ANALYSE CRITIQUE
1. Lisez attentivement l’article de journal reproduit mettait à exporter une plus grande quantité de ces
dans la rubrique «Entre les lignes» (p. 58). produits et moins de matériel de télécommunica¬
a) Décrivez la croissance des exportations cana¬ tion, quelles en seraient les conséquences ?
diennes de matériel de télécommunication et
4. Selon vous, quel est l’effet de la croissance des
de produits de pâte et papier.
exportations canadiennes sur le volume de la pro¬
b) Expliquez pourquoi les exportations
duction du Canada ? La nature des exportations
canadiennes de matériel de télécommunication
a-t-elle une importance ?
ont connu un essor aussi rapide ces dernières
années. 5. Expliquez pourquoi la croissance économique
c) Expliquez pourquoi les Canadiens y gagnent n’élimine pas la rareté.
lorsque des entreprises comme SR Telecom
6. Pourquoi les travailleurs se spécialisent-ils dans une
produisent des biens destinés à l’exportation.
profession ou un métier ? Quels sont les avantages
2. Les pays qui achètent du matériel de télécommuni¬
de la spécialisation ?
cation canadien ont-ils intérêt à le faire? Dites pré¬
cisément ce qu’ils y gagnent ou y perdent, et 7. Comment se fait-il que tout le monde retire des
expliquez comment. avantages de la spécialisation et des échanges ?
3. Traditionnellement, le Canada exporte du bois Pourquoi les plus productifs ne sont-ils pas les seuls
d’œuvre et des produits de pâte et papier. S il se à en profiter?
PROBLÈMES
1. Le Pays des Cigales ne produit que deux biens : des a) Tracez le graphique de la courbe des possibi¬
denrées alimentaires et des filtres solaires. Le tableau lités de production du Pays des Cigales.
suivant présente ses possibilités de production.
b) Quels sont les coûts d’opportunité de la pro¬
Denrées alimentaires Filtres solaires duction de denrées alimentaires et de filtres
(en kilogrammes par mois) (en litres par mois)
solaires du Pays des Cigales pour chaque possi¬
et 0 bilité de production présentée dans le tableau?
300
2. Le Pays des Fourmis ne produit que deux biens : b) La nouvelle technique a-t-elle modifié les coûts
des denrées alimentaires et des Filtres solaires. Ses d’opportunité de la production de denrées ali¬
possibilités de production sont les suivantes: mentaires et de filtres solaires du Pays des
Fourmis ?
Denrées alimentaires Filtres solaires
c) Le Pays des Fourmis a-t-il maintenant un avan¬
(en kilogrammes par mois) (en litres par mois)
tage absolu dans la production de ces deux
150 et 0 biens ?
100 et 100 d) Le Pays des Fourmis peut-il obtenir des gains
4. Supposons que le Pays des Fourmis acquière une Calculez le coût d’opportunité de deux heures de
nouvelle technique et devienne trois fois plus pro¬ tennis si Louise augmente le temps quelle consacre
ductif qu’il ne l’était au problème n° 2. au tennis de...
Savant de premier ordre, Adam Smith a apporté une extraordinaire contribution non seule¬
ment à l’économie — qu’il éleva au rang de science —, mais aussi aux domaines de l’éthique
L’économiste
et de la jurisprudence. Né en 1723 à Kirkcaldy, un petit village de pêcheurs près d’Édimbourg,
Adam Smith il était l’enfant unique de l’agent des douanes de la ville (qui mourut avant sa naissance).
À l’âge de 28 ans, il devint professeur de logique à
l'Université d’Oxford. Treize ans plus tard, il accepta
une charge de précepteur qui consistait à accompa¬
gner pendant deux ans un riche duc écossais dans un
grand périple en Europe. Après quoi, ce duc lui accor¬
da une rente annuelle de 300 livres sterling.ee qui
NOS
V
Objectifs Établir la distinction entre le prix en argent et
le prix relatif
du chapitre
Expliquer les principaux facteurs qui influent
sur la demande
J
s
Une escalade vertigineuse, une dégringolade abrupte, des montées et des descentes.
On croirait qu’il est question de montagnes russes, mais détrompez-vous ; ces termes
sont employés couramment pour décrire l’évolution des prix. ♦ On pourrait multiplier
leur ventes annuelles n’ont jamais cessé d’augmenter, alors comment expliquer que leur
prix baisse constamment ? Pourquoi l’augmentation des ventes n’a-t-elle pas permis,
au contraire, de maintenir un prix élevé ? ♦ L’escalade ou flambée des prix est un autre
phénomène courant. Comme toute flambée, elle est de courte durée. En 1993 et 1994,
nous avons connu une flambée du prix du café : le kilo est passé de 1,30 $ en 1993
saison, d’année en année, les prix de certains produits — le café, les bananes, le maïs,
le prix des bananes varie-t-il tellement alors que le goût des consommateurs pour les
bananes ne se dément pas ? ♦ Tandis que certains prix font des montagnes russes, bon
du prix des cassettes audio vierges. Pourtant, bien que leur prix ne diminue jamais, les
elles à vendre de plus en plus de cassettes vierges si elles sont incapables de les vendre
plus cher ? Et comment expliquer que nous achetions de plus en plus de cassettes
tion entre les prix et les quantités. Mais, d’abord, examinons de plus près la notion de
Le coût d’opportunité
et le prix
ainsi obtenu donne le coût d opportun ; d un article de ce bien par rapport au prix moyen des autres biens et
exprimé en quantité du « pan e s qu il a fallu services (baisse qui peut effectivement entraîner une
diminution du coût monétaire).
sacrifier pour se le procurer
La figure 4.1 illustrer i différence Voyons maintenant ce qu’on entend par l’offre et la
demande, en commençant par la demande.
entre un coût monétaire et ’ ^gne verte
68
Chapitre 4 L'offre et la demande
demande et par la courbe de demande. Pour construire 3. Le prix qu’on s’attend à payer dans l’avenir Si
un barème de demande et en tracer la courbe, nous on s’attend à une augmentation du prix d’un bien et si ce
avons supposé que, à l’exception du prix du bien, tous les bien peut être stocké en prévision d’un usage futur, son
facteurs ayant une incidence sur les intentions d’achat coût d’opportunité actuel est inférieur à ce qu’il sera après
des consommateurs restaient constants. Voyons main¬ l’augmentation. Dans cette éventualité, les consomma¬
tenant quel effet chacun de ces autres facteurs peut avoir teurs devancent leurs achats. Ils achètent une plus grande
sur le consommateur. quantité du bien avant l’augmentation prévue (et une
moins grande quantité par la suite), de sorte que la de¬
I. Le prix des autres biens La quantité de cassettes mande courante augmente.
audio vierges que les consommateurs désirent acheter Supposez, par exemple, qu’un gel endommage toute
dépend en partie du prix de certains autres biens et ser¬ la récolte d’oranges de la Floride de la saison. Vous vous
vices qui sont soit des substituts, soit des compléments attendez à une flambée du prix du jus d’orange et, devant
aux cassettes audio vierges. cette éventualité, vous stockez du jus d’orange congelé de
Un substitut, ou bien substitut; est un bien qui peut façon à ne pas avoir à en acheter au cours des six pro¬
être utilisé à la place d un autre. Par exemple, vous pou¬ chains mois. Votre demande courante de jus d’orange a
vez prendre l’autobus plutôt que le train ; vous pouvez augmenté (et votre demande future a diminué).
manger un hamburger plutôt qu’une poutine, une poire De même, si on pense que le prix d’un bien va
plutôt qu une pomme. Comme nous l’avons vu, les cas¬ diminuer dans les mois qui viennent, le coût d’opportu¬
settes audio vierges peuvent avoir plusieurs substituts : les nité actuel de ce bien est plus élevé que le prix qu’on
disques compacts, les cassettes préenregistrées, les émis¬ s’attend à payer plus tard. Là encore, les consommateurs
sions de radio ou de télévision, les concerts en direct. Or, modifient leurs achats. Ils achètent moins de ce bien en
quand le prix d’un produit substitut augmente, les gens attendant que son prix baisse (et davantage après), de
consomment moins de ce produit et achètent davantage sorte que la demande courante de ce bien diminue.
de cassettes. Par exemple, si le prix du disque compact Le prix des ordinateurs ne cesse de baisser, ce qui
augmente, ils feront davantage d’enregistrements et la pose un dilemme au consommateur. Faut-il acheter un
demande de cassettes vierges augmentera. nouvel ordinateur maintenant, au début de l’année sco¬
Un complément, ou bien complémentaire, est un laire, ou attendre que les prix baissent? Comme les gens
bien qui est consommé avec un autre. Par exemple, les s’attendent à ce que les prix des ordinateurs continuent à
hamburgers et les frites sont des compléments. Il en va baisser, la demande actuelle des ordinateurs est inférieure
de même pour les amuse-gueules et l’apéritif, les spaghet¬ (la demande future lui est supérieure) à ce quelle serait
tis et la sauce tomate, les souliers de course et les survête¬ normalement.
ments, etc. Les cassettes ont, elles aussi, leurs complé¬
ments : les baladeurs, les magnétophones et les lecteurs 4. La population La demande dépend également de
de cassettes. Si le prix d’un de ces compléments aug¬ la taille de la population et de sa répartition selon l’âge.
mente, les gens achètent moins de cassettes. Par exemple, Toutes autres choses étant égales, plus la population aug¬
si le prix des baladeurs augmente, les consommateurs en mente, plus la demande de tous les biens et services
achètent moins et il se vend moins de cassettes : la de¬ s’accroît. Par contre, plus la population est faible, moins
mande de cassettes diminue. la demande de tous les biens et services est importante.
Ainsi, la demande de places de stationnement, de films,
2. Le revenu des consommateurs Un autre facteur de cassettes et de tout autre bien imaginable est beau¬
qui a une incidence sur la demande est le revenu des con¬ coup plus grande à Montréal qu’à Fermont.
sommateurs. Toutes autres choses étant égales, lorsque Plus la tranche d’âge d’une population donnée est
leur revenu augmente, les consommateurs augmentent importante, toutes autres choses étant égales, plus la
leur demande de la plupart des biens. Par contre, quand demande pour les types de biens et de services que con¬
leur revenu diminue, ils diminuent leur demande en con¬ somme ce groupe d’âge augmente. Par exemple, en 1995,
séquence. Une hausse du revenu accroît la demande de la on comptait au Canada environ 1,9 million de jeunes
plupart des biens, mais pas nécessairement de tous. Les âgés de 20 à 24 ans comparativement à 2,3 millions en
biens pour lesquels la demande s’accroît avec le revenu 1985. Par conséquent, le nombre d’inscriptions dans les
sont appelés biens normaux. Les biens pour lesquels la universités a diminué entre 1985 et 1995. Dans la même
demande baisse lorsque le revenu augmente sont appelés période, le nombre de personnes de 85 ans et plus vivant
biens inférieurs. Les transports en commun sont un au Canada a augmenté, ce qui a entraîné une augmenta¬
exemple de bien inférieur. Ceux qui utilisent le plus les tion des demandes de services d’hébergement pour per¬
transports en commun sont les gens à faible revenu. Au sonnes âgées.
fur et à mesure que le revenu augmente, la demande de
transport en commun diminue. Les gens optent alors 5. Les préférences des consommateurs Enfin, la
pour des moyens de transport plus onéreux mais plus demande dépend des préférences des consommateurs.
pratiques ; ils font appel au transport privé. Par préférences, on entend les habitudes ou les goûts des
7i
La demande
consommateurs en matière de biens et services. Par un mouvement le long de la courbe de demande. Par
exemple, un amateur de musique rock achètera davan¬ exemple, la figure 4.2 montre que, si le prix d’une cas¬
tage de cassettes audio qu un bourreau de travail qui n’a sette passe de 3 $ à 5 $, il y a un mouvement le long de la
aucun penchant pour la musique. Par conséquent, à courbe, du point c au point e.
revenu égal, leur demande de cassettes sera très dif¬
férente. Le déplacement de la courbe de demande Si le
Le tableau 4.1 résume les influences exercées sur la prix d’un bien demeure constant alors qu’un des autres
demande de cassettes audio vierges. facteurs susceptibles d’influer sur les intentions d'achat
des consommateurs varie, il y a une modification de la
demande de ce bien. Ce changement de la demande s’ex¬
Le mouvement le long de la courbe prime sur le graphique par un déplacement de la courbe
de demande et le déplacement de de demande. Par exemple, une baisse du prix du bala¬
la courbe deur, complément de la cassette, a pour effet d’accroître
la demande de cassettes. Nous pouvons illustrer cette
Tout changement d’un des facteurs qui influent sur les augmentation de la demande de cassettes par un nouveau
intentions d’achat des consommateurs provoque soit un barème et une nouvelle courbe de demande. Si le prix du
mouvement le long de la courbe de demande, soit un baladeur baisse, les consommateurs achètent davantage
déplacement de la courbe. Voyons de plus près chacune de cassettes vierges quel que soit leur prix. C’est ce
de ces possibilités. qu’illustre le déplacement de la courbe de demande: on
achète un plus grand nombre de cassettes à tous les prix.
Le mouvement le long de la courbe de demande La figure 4.3 montre ce déplacement de la courbe
Si le prix d’un bien varie alors que tous les autres facteurs correspondant à une modification de la demande. Le
restent constants, la quantité demandée de ce bien tableau présente d’abord le barème de demande initial
change. Ce changement se traduit sur le graphique par lorsque le prix des baladeurs était de 200 $, puis le nou¬
veau barème de demande lorsque le prix tombe à 50 $.
Le graphique illustre le déplacement de la courbe de
demande de cassettes qui résulte de cette baisse du prix
TABLEAU 4.1
du baladeur : la courbe se déplace vers la droite.
La demande de cassettes
La modification de la demande et la modification de
la quantité demandée À un prix donné, la quantité
LA LOI DE LA DEMANDE demandée est représentée par un point sur la courbe de
demande. Une modification de la demande se traduit
La quantité de cassettes demandée... par un déplacement de la courbe de demande, tandis
qu’une modification de la quantité demandée se traduit
diminue si: augmente si:
par un mouvement le long de la courbe de demande.
■ Le prix des cassettes augmente. m Le prix des cassettes dimi¬ La figure 4.4 illustre et résume cette distinction. Si le
nue. prix d’un bien baisse et qu’aucun autre facteur ne change,
la quantité demandée de ce bien augmente, ce qui occa¬
L’ÉVOLUTION DE LA DEMANDE sionne un mouvement vers le bas le long de la courbe de
demande Dq. À l’inverse, si le prix augmente et que tous
La demande de cassettes...
les autres facteurs restent constants, la quantité demandée
diminue si: augmente si: diminue, et il a un mouvement vers le haut le long de la
» Le prix d’un substitut baisse. m Le prix d’un substitut courbe D0.
augmente. S’il y a modification d’un ou de plusieurs des autres
■ Le prix d’un complément facteurs susceptibles d’influer sur les plans d’achat des
■ Le prix d’un complément
diminue. consommateurs, la courbe de demande se déplace et il y a
augmente.
modification de la demande (à la hausse ou à la baisse).
■ Le revenu diminue*. a Le revenu augmente*.
Une augmentation du revenu (dans le cas d’un bien nor¬
■ On s’attend à une baisse du On s’attend à une hausse du mal), de la taille de la population, du prix d’un substitut,
prix de la cassette dans prix de la cassette dans du prix qu’on s’attend à payer dans l’avenir, ou encore
l’avenir. l’avenir. une baisse du prix d’un complément entraîneront un
, La population augmente. déplacement de la courbe de demande vers la droite
■ La population diminue.
(D\ en rose). Il y aura alors augmentation de la demande.
Inversement, la courbe de demande se déplacera vers la
* Une cassette est un bien normal.
gauche {D2 en bleu) s’il y a une diminution du revenu, de
la taille de la population, du prix d’un substitut ou du prix
7*
Chapitre 4 L’offre et la demande
Demande de cassettes
(baladeur à 50 $)
Demande de cassettes
(baladeur à 200 $)
Quantité
6 8 10 12 14
La variation du prix d’un bien entraîne un mouvement le long de la
Quantité (en millions de cassettes par semaine)
courbe de demande et une modification de la quantité demandée.
Par exemple, sur la courbe de demande D0, une hausse du prix
provoque une diminution de la quantité demandée, tandis qu’une
Barème de demande initial Nouveau barème de demande
(baladeur à 200$) (baladeur à 50 $) baisse du prix produit une augmentation de la quantité demandée.
Les flèches bleu pâle sur la courbe de demande D0 montrent ces
Prix Quantité Prix Quantité mouvements le long de la courbe de demande.
(en dollars par (en millions de (en dollars (en millions de cassettes
cassette) cassettes par semaine) par cassette) par semaine)
Si l’un des autres facteurs ayant une incidence sur la demande
varie de manière à faire augmenter la quantité que les consomma¬
a I 13 teurs ont l’intention d’acheter, la courbe de demande se déplace
b 2 6 b' 2 10 vers la droite (de D0 à D,), et il y a augmentation de la demande.
c 3 4 c' 3 8
À l’inverse, si l’un de ces facteurs modifie la demande de manière
à réduire la quantité que les consommateurs ont l’intention
d 4 3 d' 4 7
d’acheter, il y a déplacement de la courbe de demande vers la
e 5 2 e' 5 6 gauche (de D0 à D2) et diminution de la demande.
® Tout changement d un des facteurs d’influence autre l’augmentation du prix est donc une condition nécessaire
que le prix du bien provoque une modification de la pour que les producteurs acceptent d’augmenter leur
demande, ce qui se traduit par un déplacement de la production.
courbe de demande.
TABLEAU 4.2
L’offre de cassettes
LA LOI DE L’OFFRE
LA MODIFICATION DE L’OFFRE
L’offre de cassettes...
■ On s’attend à une hausse du s On s’attend à une baisse du Barème d’offre initial Nouveau barème d’offre
prix des cassettes dans prix des cassettes dans (ancienne technique) (nouvelle technique)
l’avenir. l’avenir.
Prix Quantité Prix Quantité
■ Le nombre de fabricants de ■ Le nombre de fabricants de (en dollars par (en millions de (en dollars (en millions de cassettes
cassettes diminue. cassettes augmente. cassette) cassettes par semaine) par cassette) par semaine)
d 4 5 tf 4 10
Le mouvement le long de la courbe e 5 6 e' S 12
d’offre et le déplacement de
la courbe Si le prix d’un bien demeure constant alors qu’un autre facteur
susceptible d’influer sur les intentions de vente des producteurs
Toute variation d’un des facteurs qui influent sur les varie, il y a un nouveau barème d’offre et la courbe d’offre se
plans des producteurs provoque soit un mouvement le déplace. Par exemple, si Sony et 3M mettent au point une tech¬
long de la courbe, soit un déplacement de cette courbe. nique qui permet de produire les cassettes à des coûts plus bas,
le barème d’offre change, comme le montre le tableau.
Le mouvement le long de la courbe Si le prix d un À 3$ l’unité (ligne c du tableau), les producteurs planifiaient
bien varie alors que tous les autres facteurs qui ont une avec l'ancienne technique une offre hebdomadaire de 4 millions
incidence sur les plans de vente des producteurs restent de cassettes; au même prix, avec la nouvelle technique, ils
constants, il se produira un mouvement le long de la prévoient une offre hebdomadaire de 8 millions de cassettes.
courbe d’offre. Comme le montre la figure 4.5, si le prix Le progrès technique fait augmenter l’offre de cassettes et
d’une cassette passe de 3 $ à 5 $, par exemple, il y a un déplace la courbe d’offre vers la droite, comme l’indiquent
mouvement le long de la courbe d offre: on passe du le mouvement de la flèche et la courbe rose qui en résulte.
point c (4 millions de cassettes par semaine) au point e
(6 millions de cassettes par semaine). La pente positive de
la courbe d’offre révèle qu’une hausse du prix d’un bien
a modification de l’offre et déplacement de la courbe.
ou d’un service augmente la quantité offerte de ce bien.
Nous l’avons déjà mentionné, le progrès technologique
C’est la loi de l’offre.
permet de réduire les coûts de production et d’augmen¬
ter l’offre, ce qui modifie le barème d’offre. Le tableau de
Le déplacement de la courbe > ,e pbx d un
bien reste inchangé, mais qu’ avant une la figure 4.6 contient des données fictives qui illustrent
ce phénomène. On y voit deux barèmes d’offre : le
incidence sur les plans de vc
76
Chapitre 4 L’offre et la demande
À RETENIR
Sur la courbe d’offre O0, une hausse du prix du bien provoque un offre est la relation globale entre la quantité offerte et
accroissement de la quantité offerte, tandis qu’une baisse du prix le prix, toutes autres choses étant égales.
provoque une diminution de la quantité offerte, comme l’indiquent Lorsque le prix d’un bien varie, toutes autres choses
les flèches bleu pâle. Si un autre des facteurs susceptibles d’influer étant égalés, il y a modification de la quantité offerte,
sur I offre fait augmenter la quantité que les producteurs ont l’in¬ qui est représentée par un mouvement le long de la
tention de vendre, la courbe d'offre se déplace vers la droite (de courbe d’offre.
O0 à O,) et l’offre augmente. Inversement, si un de ces facteurs varie Toute modification, autre que celle du prix, d’un fac¬
de manière à entraîner une diminution de la quantité que les pro¬ teur qui a une incidence sur les plans des producteurs
ducteurs sont disposés à vendre, la courbe d’offre se déplace vers a pour effet de modifier l’offre et de déplacer la courbe
la gauche (de O0 à 02), et l’offre diminue. d’offre.
3 4 4 0
L’équilibre 4 3 5 +2
5 2 6 +4
Un équilibre est une situation où des forces opposées
se compensent réciproquement. Il y a donc équilibre
dans un marché lorsque le prix est tel que les forces
opposées — les intentions des acheteurs et celles des
Le tableau donne les quantités demandées et offertes ainsi que les
vendeurs — se compensent. Le prix d équilibré est le
pénuries ou les surplus de cassettes selon leur prix. Lorsque le
prix où la quantité demandée est égale à la quantité
prix unitaire des cassettes est de 2$, la quantité demandée est de
offerte. La quantité d’équilibre est la quantité achetée
6 millions par semaine et la quantité offerte, de 3 millions. Il y a
et vendue au prix d’équilibre.
donc pénurie de 3 millions de cassettes par semaine, ce qui en fait
Afin de bien comprendre cette notion d équilibre, il
augmenter le prix. Lorsque le prix est de 4$, la quantité demandée
nous faut examiner de plus près le comportement des
est de 3 millions par semaine et la quantité offerte, de 5 millions. Il
acheteurs et des vendeurs en cas de pénurie ou de suiplus.
en résulte un surplus de 2 millions de cassettes par semaine, ce
qui en fait baisser le prix. Quand le prix s’établit à 3 $, la quantité
Une pénurie entraîne une hausse des prix Suppo¬
offerte et la quantité demandée s’équilibrent; à 4 millions de cas¬
sons que les cassettes vierges se vendent 2 $ chacune. Les
settes par semaine, il n’y a ni surplus ni pénurie. Les consomma¬
consommateurs sont prêts à acheter 6 millions de casset¬
teurs et les producteurs n’ont alors aucun avantage à faire varier
tes par semaine et les producteurs ont 1 intention d en
le prix. Le prix où la quantité demandée est égale à la quantité
vendre 3 millions par semaine 1 mu les consomma¬
offerte est le prix d’équilibre.
teurs ne peuvent pas obliger les pro lucteuis a offrir plus
de cassettes, la quantité vendue sera de > millions par
7»
Chapitre 4 L’offre et la demande
cette situation de surplus, de puissantes forces intervien¬ Pour conclure ce chapitre, voyons comment la
nent pour faire baisser le prix jusqu’à son niveau d’équi¬ théorie de 1 offre et de la demande peut nous aider à
libre. Certains producteurs, incapables d’écouler la comprendre et même à prédire les variations de prix,
quantité de cassettes prévue, baissent leur prix. D’autres montées vertigineuses, chutes abruptes et montagnes
doivent même diminuer la production. Certains ache¬ russes dont nous parlions dans l’introduction.
teurs, qui ont remarqué le nombre de cassettes invendues
sur les étagères, offrent de les acheter à un prix plus bas.
Comme les producteurs se disputent la clientèle et
comme les acheteurs proposent des prix plus bas, le prix
tend vers l’équilibre. La chute du prix réduit le surplus,
La prédiction des variations
car elle fait augmenter la quantité demandée et diminuer dans les prix et les quantités
la quantité offerte. Lorsque le prix est assez bas pour échangées
éliminer tout surplus et que les forces qui font baisser les
prix cessent d opérer, le prix atteint son équilibre. — La théorie de l’offre et de la demande permet
diminuent. 4 3 7 S
5 2 6 6
La modification de l’offre
■ Si 1 offre diminue, la quantité échangée baisse et le par cassette) par semaine) Ancienne technique Nouvelle technique
prix augmente.
i 9 0 3
2 6 3 6
3 4 4 8
de l’offre et de la demande 5 2 6 12
le même sens, c’est-à-dire quand toutes les deux aug¬ Lorsque le prix unitaire se maintient à 3$, il y a un surplus de
mentent, ou quand toutes les deux diminuent. Nous 4 millions de cassettes par semaine. Le prix de la cassette baisse et
prendrons ensuite un deuxième exemple pour voir ce qui le nouveau prix d’équilibre est de 2$ la cassette. Lorsque le prix
se passe lorsque l’offre et la demande évoluent dans des chute à 2$, la quantité demandée augmente, comme le montre la
directions opposées, soit que la demande diminue et que flèche bleu pâle sur la courbe de demande, et la nouvelle quantité
l’offre augmente, soit le contraire. d’équilibre s’établit à 6 millions de cassettes par semaine. L’aug¬
mentation de la quantité offerte accroît la quantité demandée,
La demande et l’offre évoluent dans le même sens mais la demande demeure la même ; il n’y a aucun déplacement de
Les lecteurs de disques compacts, cassettes par semaine. Une baisse du prix du lecteur de disques
le café et les bananes compacts fait diminuer la demande de cassettes, tandis que le pro¬
grès technique fait augmenter leur offre. La nouvelle courbe d’of¬
Au début de ce chapitre, nous avons examiné quelques fre croise la nouvelle courbe de demande à un prix unitaire de 2$.
faits concernant les prix et les quantités échangées des Le prix est moins élevé mais, dans ce cas, la quantité échangée
lecteurs de disques compacts, du café et des bananes. Pour demeure stable à 6 millions de cassettes par semaine. La diminu¬
expliquer les changements qui surviennent dans les prix et tion de la demande et l’augmentation de l'offre ont pour effet de
les quantités échangées de ces biens, nous ferons encore faire baisser le prix, mais la quantité échangée demeure la même.
FIGURE 4.13
<D ai 80 •
La demande de bananes (D)
E
E E
p demeure constante, mais
b) l’offre fluctue entre O0 et
o
30 • •• • • • • •
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
Quantité Année
VSSSraMBI
Entre les lignes
L effet de l’offre
et de la demande
sur le prix des
Les faits
téléavertisseurs EN BREF
■ Le progrès de la technologie
des téléavertisseurs a fait baisser le
prix de ces appareils, qu’on utilise
maintenant à de nouvelles fins.
tenMnsTonnvôuede1lus en plus
P“ nu attend le lancement, prévu ■ Bien que le prix des téléphones
d’établissements à
comme le Bugaboo ^ cellulaires baisse encore plus
Steak House, ur
Massachusetts^ remettre^d
_
^ jes —s® rapidement que celui des téléaver¬
tisseurs, les ventes de téléavertis¬
avertisseurs a leur ge libère.
. !§ÉSS 5
rien n'indique qu
dans un avenrr premalb^
études montrent les
j t des
_ ^
^
:ïf=siss
kï."pï=i s cll'nte,e
téléavertisseurs c°’
gresser d'environ 25 /o P
année.
%
E C O N © M I Q U E
L’offre et la demande
en action
Les faits
EN BREF
ï
soclale- Une
\z
1 tuation inacceptable».
■■
Analyse
E C O N O M I Q U E
achetée est la même que la ■ Le Manitoba a-t-il vraiment besoin d’une com¬
quantité de lait vendue et cor¬ mission de révision du prix du lait?
respond à Q|.
■ Pourquoi ne peut-on pas laisser les pressions
du marché déterminer librement le prix du lait?
les
hausse de prix?
Une chute de prix: les lecteurs de disques compacts bouger la courbe d’offre vers la gauche, de O0 à O,. Or,
Le graphique 4.13(a) montre le marché des lecteurs de au même moment, la demande augmentait légèrement.
disques compacts. En 1983, quand les premiers lecteurs Cette augmentation au départ assez faible a été stimulée
de disques compacts sont arrivés sur le marché, les entre¬ par une hausse des revenus et une augmentation de la
prises qui en fabriquaient étaient rares et l’offre — repré¬ population. La courbe de demande s’est alors déplacée
sentée par la courbe O0 — était faible. Cette même
vers la droite, de D0 à D^. L’importante chute de l’offre et
année, les titres de disques compacts n’étaient pas nom¬
une faible augmentation de la demande ont provoqué
breux et la demande de lecteurs — représentée par la
une montée rapide du prix du café, qui est passé de
courbe D0— était faible. Cette année-là, les quantités
1,30$ le kilogramme au deuxième trimestre de 1993 à
offertes et demandées étaient égales à Q0 et le prix d’un
4,60 $ le kilogramme au cours du troisième trimestre de
lecteur de disques compacts était de 1 160 $ (en dollars
1994. Comme on le voit au graphique 4.13(b), la quan¬
de 1997).
tité échangée a diminué, passant de Q0 à Q,.
Le progrès technique et l’intensification de la produc¬
tion de lecteurs de disques compacts par des usines de
Un prix qui fait des montagnes russes : l’exemple
plus en plus nombreuses ont fait augmenter l’offre, de
des bananes Le graphique 4.13(c) illustre le marché
sorte que la courbe d’offre s’est déplacée vers la droite, de
des bananes. La demande de bananes, représentée par la
Oo à 0\. Simultanément, la hausse des revenus, combinée
courbe D, reste relativement stable au fil des ans. Par
avec la baisse des prix des disques compacts et l’augmen¬
contre, 1 offre de bananes, qui dépend surtout des condi¬
tation du nombre de titres de disques compacts, a pro¬
tions climatiques, fluctue entre Oq et 0\. Elle correspond
voqué un accroissement de la demande des lecteurs de
à 01 si les conditions climatiques sont propices à une
disques compacts, accroissement beaucoup moindre,
bonne récolte, et à O0, qui indique une baisse de l’offre,
cependant, que celui de l’offre. La courbe de la demande
si elles ne sont pas favorables. Les fluctuations de l’offre
s est déplacée vers la droite, de Dq à D\. Avec la nouvelle
font varier la quantité échangée entre Q0 et Qb c’est-à-
courbe de demande Z), et la nouvelle courbe d’offre Ou
dire entre 46 <f (en cents de 1997) le kilogramme (le prix
le prix d équilibré d un lecteur de disques compacts est
le plus bas) et 77 4 le kilogramme (le prix le plus haut).
tombé à 170$ et la quantité échangée a augmenté à Q,.
Le graphique 4.13(c) montre la courbe du prix des
La forte augmentation de l’offre, combinée avec la
bananes, qui évoque des montagnes russes.
hausse plus faible de la demande, a provoqué une aug¬
mentation de la quantité de lecteurs de disques com¬
La maîtrise de la théorie de l’offre et de la demande
pacts échangée et une chute importante de leur prix. Le
vous permettra non seulement d’expliquer les fluctuations
graphique 4.13(a) montre la chute du prix des lecteurs
du prix et de la quantité échangée d’un bien, mais aussi
de disques compacts.
de prévoir les fluctuations de prix. Mais vous voudrez
aller plus loin. L’étude de la microéconomie vous ap¬
Un prix qui monte en flèche:l’exemple du café prendra aussi à prévoir l’ampleur des fluctuations, et
Le graphique 4.13(b) illustre le marché du café. Au cours
l’étude de la macroéconomie à expliquer les fluctuations
du deuxième trimestre de 1993, la courbe d’offre pour le
de l’économie dans son ensemble. En fait, la théorie de
café se présentait comme O0 et la courbe de demande
1 offre et de la demande peut nous aider à répondre à
comme D0. Le prix du café était de 1,30 $ le kilog ranime
presque toutes les questions d'ordre économique. Vous
et la quantité échangée équivalait à Q0.
en avez deux exemples dans la rubrique « Entre les lignes »
Puis, plusieurs gels consécutifs au Brésil ont endom¬ (p. 84 et 86). Ces études de cas permettent de mieux
magé les caféiers et réduit considérablement la récolte, et
comprendre comment les pressions exercées par l’offre
donc l’offre de café. Cette diminution de l’offre a fait
et la demande définissent le monde d’aujourd’hui.
RÉSUMÉ
Points clés
La demande La quantité demandée d’un bien ou d’un
service désigne la quantité que les consommateurs ont
l’intention d’acheter à un prix déterminé dans une pé¬
Le coût d opportunité et le prix Le coût d’opportu¬ riode donnée. Toutes autres choses étant égales, plus le
nité correspond au prix relatif. On peut le calculer en prix d’un bien augmente, plus la quantité demandée
divisant ie coût monétaire d un bien ou d un service par diminue. Toute variation du prix d’un bien provoque
le prix (1 indice) d un « panier» d’autres biens et services. une modification de la quantité demandée, variation qui
La théorie de 1 offre et de la demande explique comment se traduit par un mouvement le long de la courbe de
sont déterminés les prix relatifs, (p. 67)
demande de ce bien. La variation de tout facteur autre
89
Questions de révision
que le prix du bien ayant une incidence sur les intentions baisse du prix. Une diminution de l’offre entraîne une
d’achat des consommateurs se traduit par un déplace¬ diminution de la quantité échangée et une augmentation
ment de la courbe de demande — vers la droite dans le du prix. (p. 78-88)
cas d une augmentation de la demande et vers la gauche
dans le cas d’une diminution de la demande, (p. 68-73)
Figures et tableaux clés
Mots clés
La détermination des prix Plus le prix est élevé, plus
Biens inférieurs, 70
la quantité offerte est grande et plus la quantité demandée
Biens normaux, 70
est faible. Au prix d’équilibre, la quantité demandée est
Complément, 70
égale à la quantité offerte. Lorsque le prix est supérieur au
Courbe de demande, 69
prix d’équilibre, il y a surplus — la quantité demandée est
Courbe d’offre, 73
plus faible que la quantité offerte — et le prix baisse.
Demande, 69
Lorsque que le prix est inférieur au prix d équilibre, il y a
Modification de la demande, 71
pénurie — la quantité offerte est moins grande que la
Modification de la quantité demandée, 71
quantité demandée — et le prix monte, (p. 76-78)
Modification de la quantité offerte, 76
Modification de l’offre, 76
La prédiction des variations dans les prix et les Offre, 73
quantités échangées Une augmentation de la de¬ Prix d’équilibre, 77
mande entraîne une hausse des prix et un accroissement Prix relatif, 67
de la quantité échangée. Inversement, une baisse de la Quantité demandée, 68
demande provoque une diminution du prix et de la Quantité d’équilibre, 77
quantité échangée. Une augmentation de 1 ollre donne Quantité offerte, 73
lieu à un accroissement de la quantité échangée et à une Substitut, 70
Q U E S T I O N_S_ E REVISION
1. Qu’est-ce qui distingue un coût monétaire et un chacun si une variation à la hausse entraînera une
prix relatif? Lequel des deux est un coût d’opportu¬ augmentation ou une diminution de cette
demande.
nité ? Pourquoi ?
2. Qu’est-ce que la quantité demandée d’un bien ou 5. Énumérez les principaux facteurs qui influent sur
l’offre faite par les producteurs en expliquant pour
d’un service?
3. Qu’est-ce que la quantité d’un bien ou d un chacun d’entre eux si une variation à la hausse
entraînera une augmentation ou une diminution
service ?
4. Énumérez les principaux ici un. qui .influent sui la de cette offre.
demande des consommateurs pliquant pour 6. Énoncez la loi de l’offre et de la demande.
90
Chapitre 4 L’offre et la.demande
7. Si la quantité disponible d’un bien est constante, 11. Quel est 1 effet sur le prix des cassettes et sur la
que nous révèle la courbe de demande sur le prix quantité de cassettes vendues...
que les consommateurs sont prêts à payer pour
a) d une augmentation du prix des disques com¬
obtenir cette quantité fixe du bien ?
pacts ?
8. Si les consommateurs ne désirent acheter qu’une
b) d’une augmentation du prix des baladeurs ?
quantité fixe d’un bien, que nous révèle la courbe
d’offre sur le prix auquel les entreprises sont prêtes c) d’une augmentation de l’offre de lecteurs de
à vendre cette quantité ? disques compacts ?
9. Quelle est la différence entre: d) d’une situation où le revenu des consomma¬
a) une modification de la demande et une modifi¬ teurs augmente et où les fabricants de cassettes
cation de la quantité demandée ? adoptent de nouvelles techniques qui réduisent
b) une modification de l’offre et une modification les coûts de production ?
de la quantité offerte ?
c) d’une augmentation des prix des moyens de
10. Pourquoi le prix d’équilibre est-il celui où la quan¬ production qu’on utilise pour fabriquer les
tité demandée est égale à la quantité offerte ? cassettes ?
r N R I U
1. Etudiez le marché du lait au Manitoba (« Entre les entreprises vendent-elles plus de cassettes, même si
lignes», p. 86), puis:
elles n’en obtiennent pas un prix plus élevé, et
a) Expliquez pourquoi l’offre du lait a diminué. pourquoi les consommateurs continuent-ils à
b) Tracez un diagramme de l’offre et de la acheter davantage de cassettes, même si leur prix
demande pour expliquer ce qui est arrivé au n’a pas baissé depuis une décennie ?
prix du lait et à la quantité échangée.
c) Expliquez ce qui est arrivé à la demande de lait 4. Le gouvernement fédéral a réduit de 50% la flot¬
et à la quantité demandée. tille de pêche de la Colombie-Britannique. Quels
d) Expliquez ce qui est arrivé au marché mondial effets aura cette décision sur le prix du saumon de
d’aliments pour le bétail. la Colombie-Britannique et sur la quantité
échangée ?
2. Étudiez le marché des téléavertisseurs («Entre les
lignes», p. 84), puis: 5. Après la guerre du Golfe, l’ONU a interdit toute
a) Décrivez les variations de prix des téléavertis¬ importation de pétrole en provenance de l’Irak.
seurs et des quantités vendues. Cette interdiction a-t-elle entraîné une pénurie de
b) Tracez un diagramme de l’offre et de la pétrole ? Expliquez votre réponse.
demande pour expliquer les variations du prix
6. Pour des raisons de santé publique, de nombreux
des téléavertisseurs et de la quantité échangée.
pays ont banni l’utilisation de l’amiante dans la
3. Pourquoi, en dépit de la stabilité du prix des cas¬
construction de bâtiments. Quel effet aura cette
settes audio, le nombre de cassettes achetées ne décision sur le prix de l’amiante et sur la quantité
cesse-t-il d’augmenter chaque année ? Pourquoi les échangée ?
problèmes
1. Associez chacun des événements suivants à l’effet c) On abolit les limites de vitesse sur les
qu’il produira.
autoroutes.
d) On invente un moteur qui consomme une
a) Établissez le nouveau barème de demande pour b) Quelle est la nouvelle quantité d’équilibre de la
la gomme à mâcher. gomme à mâcher?
b) Quelle est la nouvelle quantité d’équilibre de la c) Quel est le nouveau prix d’équilibre du paquet
gomme à mâcher ? de gomme à mâcher ?
c) Quel est le nouveau prix d’équilibre du paquet 7. Complétez le tableau ci-dessous en ajoutant dans
de gomme à mâcher ? chaque colonne une flèche dirigée vers le haut pour
indiquer une augmentation, une flèche dirigée vers
d) Y a-t-il un mouvement le long de la courbe de
le bas pour indiquer une diminution, et un point
demande ou un déplacement de la courbe de
d’interrogation pour indiquer une situation
demande?
indéterminée (augmentation ou diminution selon
e) Y a-t-il un mouvement le long de la courbe l’ampleur de la modification de l’offre et de la
d’offre ou un déplacement de la courbe demande). Un conseil: pour faire ce tableau,
d’offre ?
établissez séparément pour chaque cas un barème
6. Supposons que le barème de demande et le barème de demande et un barème d’offre.
d’offre pour la gomme à mâcher soient les mêmes Augmentation Pas de changement Diminution
Antoine-Augustin Cournot
c + dQ* =a-bQ*
bQ* + dQ* = a - c
(b + d)Q* — u — c
Q*
b +d
2e partie
Introduction
à la macroéconomie
■
433 000. Toutefois, malgré cette forte progression, pas moins de 1,4 million de
Canadiens en moyenne étaient chaque jour à la recherche d’un emploi durant cette
année, et ce, sans compter ceux, jamais recensés, qui, découragés, avaient abandonné
s’est accrue à un taux annuel d’environ 3,7 %. Avec un tel taux de croissance, la pro¬
duction de 1997 représentait presque quatre fois celle de 1961. Cependant, cette crois¬
sance n’a pas été régulière. De 1961 à 1973, la production a augmenté à un rythme très
rapide, soit 5,5 % par année. Toutefois, depuis 1973, le rythme a beaucoup diminué,
mis à part une période de cinq années (entre 1983 et 1988). Puis, en 1990 et 1991,
de la production ? Les autres pays ont-ils eux aussi connu de telles périodes de ralen¬
tissement ? Les récessions sont-elles fréquentes ? Celle du début des années 90 était-elle
170$ en 1960, est passé à plus de 2 000$ en 1997. Face à cette hausse des prix et des
salaires, les entreprises ont besoin de plus d’argent pour payer leurs employés et nous
aussi, pour acheter les biens et les services que nous consommons. On appelle ce
phénomène l’inflation. Quelle est son importance ? Quels sont ses effets ? ♦ De nos
un problème ?
science économique qui étudie le chômage, les hauts et les bas de la production, de
meme que les déficits budgétaires et l’inflation. Nous vivons à une époque où les
jes ( i - dvent, vous comprendrez mieux ces phénomènes, les enjeux qu’ils
L’emploi et le chômage
4. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, on a 1 Ouest, mais le cycle en est déphasé par rapport à celui
pu observer une tendance à la hausse du taux de chô¬ du Canada et des États-Unis. Au Japon, par contre, les
mage. cycles du chômage sont faibles et on observe une ten¬
dance à la hausse.
Nous avons vu quelques faits relatifs au chômage,
Le chômage dans le mondef
tant au Canada que dans d’autres pays. Examinons
maintenant certaines conséquences du chômage, con¬
Comment le taux de chômage du Canada se compare-t-il
séquences qui en font un sérieux problème.
à celui des autres pays ? La figure 5.2 illustre le taux de
chômage du Canada, des États-Unis, de l’Europe de
l’Ouest et du Japon. Comme on peut le constater pour la
période étudiée, le taux de chômage tournait, au Canada, Les conséquences du chômage
autour de 8,5 %. Il y était beaucoup plus élevé qu’au
Japon (2,1 %), qu’aux États-Unis (6,7 %) et qu’en Le chômage constitue un grave problème sur les plans
Europe de l’Ouest (environ 6,3 %). Même si, au économique, personnel et social. Sur le plan écono¬
Canada, le taux moyen était plus élevé que dans les mique, il réduit la production et les revenus, ce qui cause
autres pays indiqués à la figure 5.2, le chômage a aug¬ des pertes irrécupérables. Lorsque le taux de chômage
menté plus rapidement en Europe de l’Ouest et, en est élevé, les pertes sont énormes. Durant la Grande
1994, le taux de chômage de l’Europe de l’Ouest avait Dépression, qui a duré plusieurs années, la production
rejoint celui du Canada. et les revenus ont chuté de presque 30 %.
Le taux de chômage fluctue au Canada et ses cycles Sur le plan personnel, le chômage peut causer des
suivent ceux des États-Unis. En fait, dans les années 70, dommages permanents à une personne en interrompant
les taux de chômage sont presque identiques dans les sa carrière et en ralentissant l’évolution de son capital
deux pays. Mais, dans les années 80 et 90, le taux de chô¬ humain. Prenons l’exemple de Julie dont la fin des études
mage du Canada dépasse celui des États-Unis. On note en droit coïncide avec une période de chômage élevé, ce
également une fluctuation dans les pays de l’Europe de qui l’empêche de trouver un emploi dans un cabinet
FIGURE 5.1
Grande
vie économique, mais son
Dépression taux varie. À l’époque où il
20 • sévissait le plus, c’est-à-dire
durant la Grande Dépression,
19,3% de la population active
était en chômage. Même lors
des récessions plus récentes,
le taux de chômage atteignait
plus de 11%. Depuis la fin de
la Seconde Guerre mondiale,
on a pu observer une ten¬
dance à la hausse du taux de
chômage.
0®® ® ® ® • • • • • • • • • • • • ^
1920 1925 1930 1935 1940 1945 1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
Année
Sources: Statistiques historiques du Canada, lre et 2e éditions pour les années de 1921 à 1975, et Statistique Canada, CANSIM, série D980745. pour celles de 1976 à 1998.
i°5
La croissance économique
0)
14#
À RETENIR
U
O
La croissance économique
d’avocats. Ayant désespérément besoin d un revenu, elle — VOS PARENTS SONT PLUS RICHES QUE VOS GRANDS-
devient chauffeur de taxi. Après une année à faire ce tra¬ parents ne l’étaient quand ils étaient jeunes. Mais, vous,
vail, elle découvre qu elle ne peut plus faire concurrence serez-vous plus riche que vos parents ? Et vos enfants,
aux nouveaux diplômés en droit et se rend compte seront-ils plus riches que vous ? Les réponses à ces ques¬
qu’elle est obligée de continuer à conduire un taxi. tions dépendent du taux de croissance économique.
Enfin, sur le plan social, le chômage crée des ten¬ La notion de croissance économique renvoie à la
sions au sein de la collectivité et de la famille. Par exem¬ capacité pour une économie d’augmenter sa production
ple, on note une augmentation de la criminalité durant de biens et de services. C’est un accroissement des possi¬
les périodes de chômage élevé. En effet, lorsqu une per¬ bilités de la production économique qui se traduit par
sonne ne peut plus gagner sa vie en faisant un travail un déplacement vers la droite de la courbe des possibi¬
honnête, elle peut être incitée à recourir à des activités lités de production (CPP) — voir le chapitre 3, page 51.
illégales. Cela explique en grande partie i augmentation On mesure la croissance économique par l’augmen¬
des vols observée lorsque le chômage est à la hausse. Les tation, d’une année à l’autre, du produit intérieur brut
périodes de chômage élevé sont également associées à la (PIB) réel. Le PIB réel représente la valeur de la produc¬
recrudescence de l’alcoolisme, des dépressions, des sui¬ tion agrégée ou totale du pays : celle des fermes, des
cides et de la violence conjugale. Ces conséquences ^ usines, des magasins et des services évaluée aux prix
découlent de faibles revenus, de i - .ssemcnt de 1 in¬ observés au cours d’une année particulière1 jrfDe nos
jours, au Canada, on évalue le PIB réel selon le niveau
certitude et de la peur, et de ! s ' ^ hustra"
tion personnelle. Ces facteurs c réent de ns au sein des prix de 1992. Le fait de se référer à une seule année
de la famille, ce qui peut provoque c es à 1 en¬ permet d’éliminer l’influence de Y inflation— la hausse
io6
Chapitre 5 Notions de macroéconomie
des prix — et d évaluer l’augmentation de la production Il est bien difficile de donner une réponse exacte à
réelle d’une année à l’autre. (Pour plus de détails sur le des questions d une telle complexité. Parmi les nombreux
PIB réel, voir le chapitre 6, page 131.) facteurs en jeu, trois ont été déterminants: la crise
Le PIB réel n’est pas une mesure parfaite de la pro¬ énergétique, les changements structurels et une forte
duction totale. Il ne comptabilise pas toutes les activités inflation. (On trouvera une explication de ces trois fac¬
productives. Par exemple, il ne mesure pas la valeur des teurs, qui sont probablement à l’origine du ralentisse¬
activités domestiques quotidiennes (lessive, peinture, jar¬ ment de la productivité, au chapitre 16, page 404-407.)
dinage, etc.). Il ne mesure pas non plus la valeur de la Le Canada a-t-il été le seul pays à connaître un
production de l’«économie souterraine», soit les revenus ralentissement de la productivité? La réponse est « non».
gagnés qui ne sont pas déclarés aux autorités pour éviter Plus loin dans ce chapitre, quand nous examinerons la
de payer des impôts et ceux qui sont tirés d’activités illé¬ croissance économique dans le monde, nous verrons
gales ou criminelles. Mais, en dépit de ces lacunes, le PIB d autres exemples de pays qui ont connu le même sort.
réel demeure la meilleure mesure de la valeur de la pro¬ Quant aux conséquences, nous les connaissons : nos
duction totale. revenus sont aujourd’hui beaucoup plus faibles qu’ils ne
Voyons en quoi cette mesure peut vous être utile l’auraient été si le ralentissement de la productivité
dans l’étude de la croissance économique du Canada. n avait pas eu lieu. Nous nous étendrons sur les con¬
séquences un peu plus loin dans ce chapitre quand nous
étudierons les avantages et les coûts de la croissance
La croissance économique au Canada économique.
Techniquement, dans le calcul du PIB réel, on comptabilise unique¬ et 90; le PIB réel n’a augmenté que de 1,9% par année en
ment la valeur des biens et des services finis, c’est-à-dire des biens et moyenne durant les années 90. Le PIB réel fluctue autour du PIB
des services qu on achète en vue d’une utilisation finale. Par exemple, potentiel.
le pare-brise qu achète General Motors n’est pas un produit fini. Par
Source : Statistique Canada, CANSIM, série D14872, septembre 1998.
contre, une voiture en est un. On trouvera une explication plus détail¬
lée de cette notion au chapitre 6, p. 132.
107
La croissance économique
FIGURE 5.4
Un cycle économique se caractérise par deux points de retourne¬ cycle économique comporte deux phases: la récession et l’expan
ment: un sommet et un creux. Lors du cycle économique le plus sion. La dernière récession a débuté lors du sommet de 1990 et
récent, le sommet s’est produit au cours ; pi emier trimestre s’est prolongée jusqu’au creux de 1991, pour faire place à une
nouvelle période d’expansion.
de 1990, et le creux au cours du premier imestre de 1991. Un
■V.
108
L’expansion est une période marquée par un I Canada, en 1997, le PIB réel était de 786 milliards de
accroissement du PIB réel. Elle va d’un creux à un som¬ dollars et la population était de 30,2 millions d’habi¬
met. Dans la figure 5.4, on voit une première phase d’ex¬ tants. Le PIB réel par habitant y était donc de 786 mil¬
pansion qui se termine au sommet de 1990, suivie d’une liards de dollars divisé par 30,2 millions, soit 26 394$.
autre qui débute au creux de 1991.^Cette expansion subit La figure 5.5 montre le PIB réel par habitant entre
un ralentissement au cours du premier trimestre de I960 et 1992 au Canada et dans les trois grandes puis¬
1995, puis continue à reprendre de la vigueur tout au sances économiques: les États-Unis, le Japon et
long de 1998, dernière année du graphique. l’Allemagne. Les courbes de l’évolution du PIB réel par
Nous avons vu que, au Canada, le PIB a augmenté à habitant dans ces pays présentent trois caractéristiques
long terme. Mais nous avons également noté que la crois¬ communes :
sance avait ralenti au cours des années 70, 80 et 90, et
■ des ralentissements identiques de la croissance de la
que la courbe ascendante du PIB réel était entrecoupée de
productivité,
périodes de récession. Voyons maintenant si d’autres pays
ont connu une situation semblable à celle du Canada. ■ des cycles économiques semblables,
FIGURE 5.5
20 •
PIB réel par personne (en milliers de dollars américains de 1985)
L’évolution de la croissance
économique du Canada et
celle des trois grandes puis¬
sances économiques (États-
Unis, Allemagne et Japon) ont
suivi une même tendance.
Les taux de croissance ont
ralenti au cours des
années 70 et chacun de ces
pays a connu un cycle
économique similaire. Ce
sont les États-Unis qui ont
connu la croissance la plus
faible, et le Canada a réussi à
réduire l'écart qui le séparait
de ce pays. La plus forte
croissance s’est produite au
0* • * « , • • • , Japon, qui a rattrapé
1960 1965 1970 1975 1995 l’Allemagne.
1980 1985 1990
Année
Source: Robert Summers et Alan Heston, nouvelle disquette informatique (Mark 5.6, janvier 1995), distribuée par le Bureau national américain de recherche économique mise à
|our de «The Penn World Table (Mark 5): An Expanded Set of International Comparisons, 1950-1988»; QuaterlyJournal of Economies, mai 1991, p. 327-368.
109
La croissance économique
2,5 % à 1,3 % par année aux États-Unis, de 3,4 % à 2 % On peut également noter des écarts dans les taux de
en Allemagne et de 7,8 % à 3,1 % au Japon. croissance comme ceux qu’illustre la figure 5-5 dans
À 1 exception des pays producteurs de pétrole, plusieurs autres grandes régions du monde. La figure 5.6
presque tous les autres pays du monde ont connu le montre la moyenne de quelques taux de croissance du
même ralentissement que le Canada, les États-Unis, le PIB réel par habitant pour la période comprise entre
Japon et l’Allemagne. 1973 et 1992. On remarque que, parmi les pays indus¬
trialisés (barres rouges), c’est le Japon qui a connu la
Cycles économiques semblables Les trois grandes plus forte croissance, et les États-Unis la plus faible. Le
puissances économiques ont connu des cycles Canada arrive en deuxième place, juste après le Japon.
économiques semblables. Il s’est d’abord produit une Les pays en voie de développement et ceux en transition
expansion, qui a commencé au début ou au milieu des vers une économie de marché ont enregistré toute une
années 60 pour se prolonger jusqu’en 1973. Cette expan¬ gamme de taux de croissance. La croissance la plus rapide
sion a été suivie d’une récession, de 1973 à 1975, et s’est produite en Asie et en Union soviétique (dans ce
d’une nouvelle expansion jusqu’en 1979, puis d’une pays, le taux de croissance a été calculé sur la période
autre récession au début des années 80, et enfin d’une 1973-1989), où la moyenne du taux de croissance était
longue phase d’expansion qui a duré jusqu’à la fin des de presque 3,5 % par année, c’est-à-dire 1,75 fois celle
années 80. Le Canada a connu des cycles similaires, mais
ceux-ci n’ont entraîné aucune diminution de la produc¬
tion, à l’inverse de ce qui s’était produit pour les trois
grandes puissances au milieu des années 70. FIGURE 5.6
Tout comme c’était le cas pour le ralentissement de
la croissance de la productivité économique, la plupart
Quelques taux de croissance
des pays du monde ont aussi connu un même cycle dans le monde : 1973-1992
économique.
Pays industrialisés
Différences dans le taux de croissance du PIB
potentiel La diversité des taux de croissance du PIB Japon
plus frappant dans la figure 5.5. En 1960, le PIB réel par Europe de l'Ouest
Moyen-Orient ■
ment de la croissance de la productivité. Après le ralen¬
Afrique ■
tissement, même si le taux de croissance de son PIB
potentiel avait diminué de plus de la moitié, le Japon
• • • •
0 12 3
présentait un taux de croissance du PIB réel par habitant Taux de croissance du PIB réel par
qui équivalait à plus des trois quarts de celui que con¬ personne (en pourcentage annuel)
du Canada. La croissance la plus faible a été enregistrée et le gaz naturel. Et, troisièmement, elle peut contribuer
par différents pays en voie de développement en Afrique, à dégrader l’environnement (accroissement de la pollu¬
au Moyen-Orient et en Amérique latine. Parmi les ré¬ tion de l’air, des rivières et des océans). Mais aucun de
gions du monde représentées à la figure 5.6, l’Afrique ces problèmes n’est inévitable. Le progrès technologique
est la seule région ayant subi une chute du PIB par per¬ qu apporte la croissance économique permet souvent de
sonne entre 1973 et 1992. préserver les ressources naturelles et de maintenir un
environnement plus sain. Par exemple, l’efficacité des
moteurs à combustion interne a permis de réduire la
consommation d’essence et les émissions de polluants.
Les avantages et les coûts de la Quatrièmement, la croissance économique peut
croissance économique entraîner des changements plus fréquents dans la sélec¬
tion des produits que nous consommons, dans l’organi¬
Nous venons de voir quelques faits concernant la crois¬ sation de notre travail et dans le choix de notre lieu de
sance économique au Canada et dans le monde. Mais
résidence. En faisant naître un grand nombre de nou¬
pourquoi s’intéresser à la croissance économique ? Quels velles entreprises, elle peut accélérer la disparition de
en sont les avantages ? Quelles sont les conséquences d’un
celles qui existent déjà. La création et la disparition des
ralentissement du taux de croissance comme celui qui
entreprises vont de pair avec celles des emplois. La crois¬
s’est produit dans les années 70 ?
sance économique accélère la création d’emplois, mais
La croissance économique a comme principal avan¬
probablement aussi leur disparition. Dans une économie
tage d accroître le potentiel de consommation, notam¬
à forte croissance, les gens doivent être prêts à accepter
ment dans des domaines comme les soins de santé pour
un nouveau travail, à faire preuve d’une plus grande
les pauvres et les personnes âgées, la recherche sur le can¬
mobilité géographique et à absorber les coûts que ces
cer et le sida, l’éducation, les arts, la voirie et l’habitation. changements impliquent.
Il est même possible de dépolluer les lacs, de replanter
Les choix qu’effectuent les individus — qu’il
des arbres et de respirer un air plus sain en attribuant
s’agisse de choix personnels ou de choix publics faits par
plus de ressources à l’environnement.
l’entremise des institutions gouvernementales — pour
Lorsque le rythme de croissance ralentit, certains de
tenter d’équilibrer les avantages et les coûts de la crois¬
ces avantages disparaissent et les pertes peuvent être
sance économique déterminent le rythme effectif qu’aura
importantes. Par exemple, si la croissance économique
cette croissance. Nous examinerons ces choix et leurs
n’avait pas subi un ralentissement dans les années 80
conséquences dans le chapitre 16.
et 90, le PIB réel (en dollars de 1992) aurait, en 1997,
atteint 1 074 milliards, l’équivalent de 35 500$ par habi¬
tant, plutôt que d’avoir été de 786 milliards, c’est-à-dire
26 400 $ par habitant. Si le rythme de croissance s’était
maintenu au niveau des années 60, les Canadiens
auraient eu 288 milliards de dollars de plus à dépenser en
1997 et chaque personne aurait possédé, en moyenne,
9 100$ de plus. Un tiers de ce revenu supplémentaire ■ La croissance économique est l’expansion des possibi¬
aurait permis à l’État d améliorer les services offerts dans lités de production. On mesure le taux de croissance à
les secteurs de la santé et de l’éducation, de créer des long terme par le taux de croissance du PIB potentiel.
garderies et de moderniser les hôpitaux, et ce, sans
■ Êa croissance économique du Canada et celle des
diminuer les dépenses pour les autres services publics.
autres pays du monde ont ralenti au cours des
Il y aurait même eu un énorme surplus budgétaire.
années 70.
Parallèlement, en tant que particulier, vous auriez eu
« Dans un cycle économique, le PIB réel fluctue. Une
6 066 $ de plus pour acheter ce qui vous aurait fait
plaisir. phase d'expansion menant à un sommets suivie d’une
L’inflation
L’inflation au Canada
L’inflation
La figure 5.7 illustre l’évolution, entre 1960 et 1998, du
taux d’inflation au Canada. On y voit que, au début des
— Le niveau moyen des prix peut varier à la
années 60, le taux d’inflation était inférieur à 3 % par
hausse, à la baisse ou rester stable. L’inflation est un
année. L’inflation a commencé à augmenter vers la fin
mouvement a la hausse du niveau des prix. On mesure le
des années 60 lorsqu’à éclaté la guerre du Vietnam. Au
taux d’inflation en prenant le pourcentage de change¬
cours de cette période, les pressions inflationnistes qui
ment du niveau moyen des prix ou plus simplement le
avaient pris naissance aux États-Unis se sont étendues
niveau des prix. Pour mesurer celui-ci, on utilise X indice
aux autres pays. Mais l’augmentation la plus forte a eu
des prix à la consommation (IPC). Cet indice exprime les
lieu en 1974 et en 1980, années au cours desquelles les
fluctuations mensuelles du niveau moyen des prix de
activités de l’Organisation des pays exportateurs de pé¬
tous les biens et services que consomme habituellement
trole (OPEP) ont provoqué des hausses considérables du
une famille canadienne qui vit en milieu urbain. (On
prix du pétrole. On a réussi à maîtriser l’inflation au
trouvera une explication de l’IPC au chapitre 6, p. 136.)
début des années 80. À cette époque, le président du
Pour que vous puissiez mieux saisir comment on cal¬
Fédéral Reserve System aux États-Unis, Paul Volcker, et
cule le taux d’inflation, nous recourrons à un exemple
le gouverneur de la Banque du Canada, Gerald Bouey,
concret. En janvier 1996, l’IPC était de 104,7, compara¬
ont poussé les taux d’intérêt à un niveau record, ce qui a
tivement à 106,4 en janvier 1997. Le taux d’inflation
obligé les consommateurs à réviser leurs projets de
durant cette période a donc été de :
dépenses. Le taux d’inflation a continué à diminuer
durant les années 90 avec l’adoption par le gouverneur
Taux d’inflation = 106’4 ~ 104’7 x 100 de la Banque du Canada, John Crow, de mesures visant
104,7
la stabilité des prix, c’est-à-dire que le gouverneur voulait
amener le taux d’inflation à l’intérieur d’une fourchette
= 1,62%. I
de 1 % à 3 % pour la période comprise entre 1995
et 1998.
FIGURE 5.7
Année
wma
112
de connaître un ralentissement de celle-ci durant les (a) Canada et autres pays industrialisés
années 80. Mais, au cours des années 90, l’inflation a été
moins forte au Canada quelle ne l’a été dans les autres
a>
pays industrialisés. Le graphique (b) montre que le taux
c 90»
moyen d’inflation était beaucoup plus bas dans les pays
industrialisés qu il ne l’était dans les pays en voie de
1
0>
80*
économie, c’est-à-dire celle des déficits. cial du Canada. Le solde est appelé compte courant et il
H4
Chapitre S Notions de macroéconomie
FIGURE 5.9
Le déficit commercial du
Canada:1970-1998 * O
1 •
Année
Depuis 1974 et jusqu’à tout récemment, le gouvernement fédéral
n’a cessé d’accuser d’importants déficits annuels. Les gouverne¬
ments provinciaux ont connu, eux aussi, et de façon persistante, un
Depuis 1970, le Canada a accusé un déficit commercial, et ce,
important déficit durant les années 80 et 90. Le déficit total pour
presque chaque année. Ce déficit est demeuré aux alentours de
l’ensemble des gouvernements, c’est la somme du déficit du gou¬
3 à 4 % du PIB au cours des années 90.
vernement fédéral et des déficits des gouvernements provinciaux.
Source : Statistique Canada, Balance des paiements internationaux du Canada, n° de cata¬
Source : Statistique Canada, CANSIM, séries D151 16 et D15 155, mars 1999. logue 67-001 ; Comptes nationaux des revenus et dépenses. n° de catalogue 13-201. 1998.
est constitué de la valeur de nos exportations moins celle Pour déterminer s’il vaut la peine d’emprunter et de
de nos importations auxquelles on ajoute les paiements payer de gros intérêts, il faut tenir compte de l’utilisation à
d’intérêts nets reçus des autres pays, c’est-à-dire l’écart laquelle est destiné l’emprunt. Si on emprunte pour aller
entre les intérêts reçus des autres pays et les intérêts versés en vacances, il faudra éventuellement se serrer la ceinture,
à ceux-ci. Pour pouvoir comparer le déficit d’une année à réduire ses dépenses, et rembourser la dette ainsi que les
une autre, la figure montre le déficit extérieur en pour¬ intérêts. Mais, si on emprunte pour investir dans une
centage du PIB. Le déficit extérieur a fluctué au Canada entreprise qui génère des bénéfices intéressants, on peut
mais, depuis les années 80, il demeure aux environs de être capable de rembourser la dette et les intérêts tout en
3 ou 4% du PIB.
continuant d’augmenter ses dépenses. Pour un gouverne¬
ment ou un pays, c est la meme chose. Un gouvernement
ou un pays qui emprunte pour accroître sa consommation
Les incidences d’un déficit connaîtra des difficultés à long terme. Par contre, s’il
emprunte pour acheter des actifs susceptibles de générer
Pourquoi les déficits suscitent-ils des craintes? Que se des bénéfices, il fait un investissement fort sensé.
passe-t-il lorsque les recettes fiscales ne permettent plus Au chapitre 9, nous examinons plus en détail le
de couvrir les dépenses d’un gouvernement ou lorsqu’un déficit budgétaire gouvernemental et, au chapitre 21, le
pays achète à d autres pays plus de marchandises qu’il ne déficit extérieur du Canada.
leur en vend?
__ Si on dépense plus qu’on ne gagne, on enregistre un
déficit et on est alors forcé d emprunter pour combler
celui-ci. Chaque nouvel emprunt fait augmenter notre
dette et ajoute aux intérêts à payer sur celle-ci. Lomme
nous, si un gouvernement ou un pays enregistre un
■ Lorsque les dépenses gouvernementales excèdent les
déficit,'il doit emprunter. Et comme nous, il devra payer
recettes fiscales, le budget du gouvernement est défici¬
des intérêts sur cette dette. taire.
IIS
Les défis de la politique macroéconomique et les moyens de les relever
• Au Canada, a partir du début des années 70, et ce, tions de façon à augmenter l’épargne, l’investissement et
jusqu a tout récemment, le gouvernement fédéral et la productivité. En période de récession, le gouverne¬
les gouvernements provinciaux ont constamment ment peut réduire les impôts ou augmenter ses dépenses
enregistré des déficits. pour tenter de diminuer le taux de chômage. Inver¬
Lorsque ses importations excèdent ses exportations, sement, lorsque le PIB réel est supérieur au PIB potentiel
un pays accuse un déficit commercial. et que l’inflation est en hausse, le gouvernement peut
être amené à augmenter les impôts ou à réduire ses
■ Au cours des années 80 et 90, le Canada n’a cessé
dépenses pour éviter une surchauffe de l’économie. On
d’enregistrer un important déficit commercial.
trouvera une explication plus détaillée de la politique
budgétaire aux chapitres 9 et 12.
impôts et les dépenses gpuve )ur ‘n^uer sur rubrique «Entre les lignes», page suivante, vous trouverez
l’économie. Ces actions relcv mement une étude de la situation macroéconomique au Canada
fédéral et des gouvernemen 'k iDn peut en 1995 et des explications sur le ralentissement de la
faire appel à des mesures Dudgénures pour remanier le croissance économique, du chômage et de l’inflation qui
montant total des dépenses ou pour me diFicr les incita¬ s’est produit durant cette année.
Entre les lignes
L’économie
en
I994-I995
Les faits
en bref
novembre.
1996. „tal POSI, traduction et reproducUon autorisées.
ÆÊÊ
É C O N O M ! Q U E
J ü.
s 0,0 <
1994 1995
Année
les
Figure 3 L’inflation
Entre
Chapitre 5 Notions de macroéconomie
RÉSUMÉ
L’emploi et le chômage Au Canada, 200 000 emplois Les défis de la politique macroéconomique et les
sont créés en moyenne chaque année. Pourtant, il est moyens de les relever La politique macro¬
déjà arrivé au cours de 1995 que l’on compte 1,4 million économique vise à faire diminuer le chômage, à stimuler
de chômeurs et, au cours de la dernière période de réces¬ la croissance économique, à stabiliser le cycle
sion, que le nombre de chômeurs atteigne 1,7 million. économique, à combattre l’inflation, et à réduire les
Le taux de chômage du Canada suit le même cycle que déficits budgétaire et commercial. Pour relever ces défis,
celui des États-Unis, mais le taux de chômage est plus on fait appel à des mesures budgétaires ainsi qu’à des
élevé au Canada qu’il ne l’est aux États-Unis. Le chô¬ mesures monétaires, (p. 115)
mage constitue un grave problème sur les plans
économique, social et personnel, (p. 103-105)
Figures clés
La croissance économique La croissance
économique est l’accroissement des possibilités de pro¬ Figure 5.1 Le chômage au Canada: 1921-1998, 104
duction. Pour la mesurer, on calcule l’accroissement en Figure 5.3 La croissance économique du Canada :
pourcentage du PIB potentiel. Dans un cycle 1961-1998, 106
économique, le PIB réel fluctue par rapport au PIB Figure 5.4 Le plus récent cycle économique au
potentiel. Une comparaison de plusieurs pays révèle Canada, 107
des ralentissements de la productivité et des cycles Figure 5.7 L’inflation au Canada: 1960-1998, 111
économiques similaires, mais des taux de croissance Figure 5.9 Les déficits budgétaires gouvernemen¬
differents du PIB potentiel. Si elle permet notamment taux: 1970-1998, 114
d accroître la capacité de consommation, la croissance Figure 5.10 Le déficit commercial du Canada :
économique a également ses coûts. Les plus importants 1970-1997, 114
sont la réduction de la consommation courante, le risque
d’épuisement des ressources et la pollution environ¬
nementale, et de fréquents et coûteux changements en ce
Mots clés
qui concerne le type d’emploi occupé, (p. 105-110)
QUESTIONS DE RÉVISION
1. Qu’est-ce que le chômage ? 10. Dans quelle phase du cycle économique le Canada
2. Que nous indique le taux de chômage sur le nom¬ se trouvait-il en 1982 ? en 1985 ? en 1990 ? en
bre de sans-emploi ? 1997?
3. Quels sont les principaux coûts du chômage? 11. Qu’est-ce que l’inflation ? En quoi se différencie-
t-elle de l’hyperinflation ?
4. Quelle est la différence entre le PIB réel et le PIB
potentiel ? 12. Énumérez quelques coûts de l’inflation.
13. Quels sont les éléments qui déterminent un déficit
5. Le PIB réel est-il une mesure idéale de la produc¬
gouvernemental ? Quelle a été l’évolution des
tion totale ? Expliquez votre réponse.
déficits des gouvernements fédéral et provinciaux
6. Qu’est-ce que la croissance économique?
depuis 1970 ?
7. Comment mesure-t-on le taux d’une croissance
14. Qu’est-ce que le déficit commercial d’un pays?
économique de longue durée ?
Comment a évolué le déficit commercial du
8. Quels sont les avantages et les coûts d’une crois¬ Canada depuis 1970 ?
sance économique de longue durée ? 15- Quels sont les principaux défis de la politique
9. Qu’est-ce que le cycle économique? Décrivez ses macroéconomique et les moyens dont elle dispose
différentes phases. pour les relever ?
ANALYSE CRITIQUE
1. Étudiez l’article de la rubrique «Entre les lignes» 2. Que peut-on faire pour améliorer la production du
(p. 116), puis répondez aux questions Canada et réduire le taux de chômage? Quels sont
suivantes : les coûts et les avantages des mesures que vous sug¬
a) Quel a été le taux de croissance du PIB réel en gérez ? Dites si vous recommanderiez ces mesures.
1995 ? Comparez-le à celui de 1994. 3. Indiquez cinq sujets tirés de la presse de cette
b) Quel était le taux de chômage au Canada semaine qui portent sur les variables clés de la
en 1995 ? Était-il supérieur ou inférieur à celui macroéconomie. Quel est le problème traité par
de 1994? chacun ? S’agit-il de problèmes à court ou à long
c) Quel était le taux d’inflation au Canada en terme ? Y a-t-il des problèmes qui relèvent de la
1995 ? Était-il supérieur ou inférieur à celui politique macroéconomique?
de 1994? 4. Lisez la dernière page de The Economist de cette
d) Quels étaient les principaux problèmes concer¬ semaine intitulée « Emerging-Market Indicators».
nant la situation macroéconomique du Canada (Vous trouverez sûrement ce magazine à la biblio¬
en 1995 ? thèque, sinon demandez l’aide de votre pro¬
e) Selon vous, qu’est-ce que le gouvernement ou fesseur.)
la Banque du Canada pourrait faire pour a) Comparez les taux de croissance du PIB réel
résoudre certains des problèmes macro¬ dans les nouveaux pays industrialisés. Dans
économiques du pays ? quel pays le taux de croissance était-il le plus
f) Pensez-vous qu’on devrait se préoccuper davan¬ fort ? le plus faible ? Quelle comparaison peut-
tage d’une croissance économique faible, d un on faire avec le Canada ? Selon vous, pourquoi
taux de chômage élevé et d une diminution de la croissance en Chine était-elle si forte ?
l’inflation que du déficit commercial ? b) Comparez les taux d’inflation dans les nou¬
Expliquez votre réponse en précisant les coûts veaux pays industrialisés. Dans quel pays le
et les avantages macroéconomiques des diverses taux d’inflation était-il le plus fort? le plus
solutions envisagées. De pli -, réfléchissez à la faible ? Quelle comparaison peut-on faire avec
répartition des coûts : des avantages: qui sup¬ le Canada? Selon vous, pourquoi le taux d’in¬
porte les coûts et qui ' des avantages. flation est-il aussi élevé en Russie ?
120
Problèmes
Reportez-vous a la figure et répondez aux questions 7. Recueillez des données sur l’inflation aux États-
suivantes : Unis, au Canada, en Allemagne et en Russie
a) Combien de récessions l’Allemagne a-t-elle depuis 1990. Vous trouverez ces données à la page
connues durant cette période ? Web de la Division de statistique de la CEE-ONU
b) Quels sont les trimestres (il peut ne pas y en (http://www.unicc.org/unece/stats/ trend/trend_
avoir) au cours desquels l’Allemagne a connu h.htm). Après avoir tracé un graphique à l’aide de
un sommet dans son cycle économique ? ces données, répondez aux questions suivantes :
c) Quels sont les trimestres (il peut ne pas y en
Dans quel pays trouve-t-on :
avoir) au cours desquels l’Allemagne a connu
a) le taux d’inflation le plus élevé?
un creux dans son cycle économique ?
b) le taux d’inflation le plus bas ?
d) Quels sont les trimestres (il peut ne pas y en
c) l’accroissement le plus rapide du taux d’infla¬
avoir) au cours desquels l’Allemagne a connu
tion ?
une expansion ?
d) la chute la plus rapide du taux d’inflation ?
6. Recueillez des données sur le PIB réel trimestriel au 8. Consultez le site Web de Statistique Canada
Canada à partir du quatrième trimestre de 1998 et (http://www.statcan.ca/français/ econoind/)
prolongez la courbe dans la figure 5.4. Vous trou¬ et étudiez les indicateurs économiques pour le
verez ces données en consultant des exemplaires Canada. Quelle est la valeur de chacune des varia¬
récents de La Revue de la Banque du Canada, qui est
bles suivantes pendant la période la plus récente ?
publiée tous les trimestres par la Banque du Canada,
Comment cette valeur a-t-elle évolué au cours de
ou la page Web de Statistique Canada
l’année dernière ?
(http://www.statcan.ca/français/econoind/). Servez-
a) Le taux de chômage
vous de ces données pour répondre aux questions
b) Le taux d’inflation
suivantes :
c) Le déficit budgétaire gouvernemental
a) L’économie canadienne connaît-elle actuelle¬
d) Le déficit commercial
ment une période de récession ou d’expansion ?
9. Consultez le site Web de Statistique Canada
b) Si l’économie est dans une phase d’expansion,
depuis combien de temps y est-elle ? (http://www.statcan.ca/francais/econoind/)
et trouvez le taux de chômage et le taux
c) En 1998, le taux de croissance a-t-il augmenté
d’inflation du Québec.
ou ralenti ?
a) Quelle a été la valeur de chacune de ces varia¬
d) La récession de 1990-1991 a mis fin à une
période d’expansion. Comparez cette période bles pendant la période la plus récente ?
d’expansion avec celle qui a débuté en 1991. b) Comment la valeur de chacune de ces variables
Laquelle des deux a été la plus longue ? a-t-elle évolué au cours de la dernière année ?
Laquelle a enregistré l’accroissement le plus c) Comparez la valeur de chacune de ces variables
rapide du PIB réel ? avec celle des provinces avoisinantes.
L’évolution de nos connaissances
La révolution keynésienne
Au cours de la révolution industrielle qui s’est produite en Angleterre et sur le continent
européen, des inventions ont supprimé des emplois. La majorité de la population jouissait de cette
Les prospérité nouvelle alors qu’une importante minorité se retrouvait en chômage. Cette situation
QUESTIONS ET portait à se demander si l’économie pouvait croître indéfiniment ou si elle n’allait pas plutôt attein¬
dre une limite au-delà de laquelle la demande ne suffirait plus à assurer la vente de tous les biens et
LES IDÉES services produits. Jean-Baptiste Say affirmait que, à long terme, l’offre ne pourrait dépasser la
demande. Selon lui, la production de biens et de services engendrait un revenu suffisant pour per¬
mettre d’acheter les biens et les services produits:l’offre crée sa propre demande. La théorie selon
laquelle l’offre crée sa propre demande est connue sous le nom de loi de Say.
Au fur et à mesure qu’ils s’industrialisaient, les pays étaient sujets à un cycle économique, c’est-
a-dire à une alternance de périodes de récession et d’expansion. La théorie de Say paraissait juste.
Dans I ensemble, l’offre réussissait à créer sa propre demande.
Cependant, lors de la Grande Dépression des années 30 qui s’éternisait et prenait même de
l’ampleur, la loi de Say apparaissait de moins en moins crédible. C’est John Maynard Keynes qui a
révolutionné la macroéconomie en réfutant carrément la loi de Say. Selon Keynes, le PIB réel ne
dépend pas des biens et des services offerts. Il est déterminé au contraire par ce que les individus
sont prêts à acheter, c’est-à-dire par la demande ou par ce qu’il appelle le principe de la demande
effective. Il peut arriver, comme le faisait remarquer Keynes, que les gens refusent de dépenser la
totalité de leur revenu. Dans le même ordre d’idées, si les entreprises refusent d'investir dans de
nouveaux équipements, la demande peut devenir inférieure à l’offre. Dans ce cas, les ressources
deviennent sous-employées et le demeurent indéfiniment.
Hier...
En I 766, James Hargreaves, un tisserand et menuisier anglais, mit au point
un métier à filer rudimentaire (voir image ci-contre). Cette machine permet¬
tait de filer simultanément 80 brins de fil. Des milliers d’ouvriers qui travaillaient à l’aide du
rouet, lequel ne permettait de filer qu’un fl à la fois, perdirent leur emploi. Ils protestèrent en
détruisant les métiers à tisser. Ces ouvriers, que la machine avait remplacés, finirent par se
trouver du travail, souvent dans les usines qui fabriquaient les machines qui avaient con¬
tribué à abolir leur emploi précédent. Depuis les tout premiers jours de la révolution indus¬
trielle, les travailleurs n ont cessé de perdre leur emploi au fur et à mesure que de nouvelles
technologies venaient automatiser ce qui avait été accompli jusque-là par l’effort humain.
...ET AUJOURD’HUI
Jean-Baptiste Say
CONNAISSANCES
sujets de désaccord. Jean-Baptiste Say, né à Lyon, en
Les
France, en 1767 (il avait 9 ans lors de la publication de
ÉCONOMISTES La Richesse des nations d’Adam Smith), souleva la colère
de Napoléon lorsqu’il émit l’idée que le gouvernement
Jean-Baptiste
ne devait pas s’immiscer dans l’économie. En con¬
Say et John séquence, il fut forcé de travailler comme journaliste,
Maynard puis comme manufacturier dans l’industrie du coton,
avant de poursuivre sa carrière comme professeur
Keynes d’économie. Au début du XIXe siècle, Say était déjà
l’économiste le plus réputé d’Europe et des Etats-
Unis, et son Traité d’économie politique, publié en 1803,
servait d’ouvrage de référence dans les universités des
John Maynard Keynes
NOS
deux continents.
John Maynard Keynes, né en Angleterre en 1883, fut un des grands esprits du
XXe siècle. Il rédigea des documents sur les probabilités et sur l’économie et fut
DE
- m
dictions du PIB réel de ce pays pour les dix prochaines années. De même, quand la
récentes données sur le produit intérieur brut, ou PIB, sont des éléments clés pour
d’un pays. Les économistes se penchent sur ces données statistiques pour comparer les
tendances passées de la croissance du PIB réel et de l’inflation, et pour essayer d’y déce¬
ler une périodicité qui leur permettrait d’entrevoir l’avenir. Mais comment les analystes
croissance économique évolue à la hausse, mais parfois elle ralentit. Pour déterminer
de l’inflation sur le PIB, c’est-à-dire évaluer l’évolution du PIB réel. Comment arrive-
t-on à isoler les effets de l’inflation pour déterminer le PIB réel ? ♦ Plusieurs catégories
de personnes, les économistes comme les ménagères, portent une attention particulière
Chaque mois, les analystes des journaux et de la télévision sont à l’affût des derniers
chiffres publiés sur l’IPC par Statistique Canada afin d’expliquer à leurs lecteurs et à
leurs téléspectateurs les causes des changements, et pour y aller de leur préfiguration
ce dernier reflète-t-il le coût réel de la vie pour les consommateurs ? ♦ Certains pays
sont riches, alors que d’autres sont pauvres et commencent à peine à développer leur
revenus d’un pays à ceux d’un autre pays? Comment peut-on faire des comparaisons
cajcuj, PIB réel et le niveau des prix. Nous verrons également comment
On peut appliquer l’exemple que l’on vient de voir du PIB potentiel et sur les fluctuations à court terme du
pour 1 usine de Zabe Jeans a 1 ensemble de l’économie. PIB réel. Par exemple, la croissance du stock de capital
La valeur du stock de capital d une nation diminue en est l'un des éléments qui expliquent la croissance du PIB
fonction de 1 amortissement du capital et augmente en potentiel. On peut également lier les fluctuations du PIB
fonction de 1 investissement brut. En conséquence, la réel aux fluctuations de F investissement. Le capital et
variation du stock de capital d’une année à une autre est l’investissement, tout comme la richesse et l’épargne,
égale à son investissement net. font partie des notions clés qui nous aident à compren¬
dre les fluctuations et la croissance à long terme du PIB.
La richesse et l’épargne Un autre stock important en Les flux de l’investissement et de l’épargne et les flux
macroéconomique est la richesse, soit la valeur de tous des revenus et de la consommation s’influencent mutuel¬
les avoirs des individus. Ce que les individus possèdent, lement pour créer un flux circulaire de revenus et de dé¬
c’est-à-dire un stock, dépend de ce qu’ils gagnent, c’est- penses. Dans ce flux, le revenu agrégé est égal à la dé¬
à-dire un flux. Le revenu est la somme d’argent reçue par pense agrégée qui, à son tour, équivaut à la valeur de la
un individu en échange des facteurs de production qu’il production totale. C’est sur cette surprenante égalité
met à la disposition d’une entreprise durant une période qu’on se fonde pour établir la comptabilité nationale
donnée. Ce revenu peut être dépensé ou épargné. et mesurer le PIB.
On appelle dépenses de consommation l’ensemble
des dépenses consacrées aux biens et aux services de con¬
sommation. Quant à l’épargne, elle représente la dif¬ L’égalité entre les dépenses, les
férence entre le revenu disponible et les dépenses de revenus et la valeur de la production
consommation. L’épargne accroît la richesse alors que la
désépargne (épargne négative) la réduit. Par exemple, Afin de comprendre pourquoi, lorsqu’on considère
supposons que, à la fin de l’année scolaire, vous possédiez l’économie dans son ensemble, le revenu est égal à la
250$ dans un compte d’épargne et des manuels d’une dépense et aussi à la valeur de la production, il nous faut
valeur totale de 300 $. Ceci constitue tout votre avoir, examiner le flux circulaire de revenus et de dépenses
soit 550$. Supposons encore que vous trouviez un travail tel qu'il est illustré dans la figure 6.2. On voit que
d’été qui vous procure un revenu de 5 000 $. Vous faites l’économie se divise en quatre secteurs ; les ménages,
très attention pour ne dépenser que 1 000 $ en biens de les entreprises, les gouvernements et les pays étrangers
consommation durant l’été. Vous avez donc épargné (losanges mauves). Cette figure illustre également trois
4 000 $ au cours de l’été. Votre épargne est égale à votre marchés agrégés : les marchés des facteurs, les marchés
revenu de 5 000 $ moins vos dépenses en biens de con¬ des biens (et services) et les marchés financiers. Exami¬
sommation de 1 000 $. À la fin de l’été, à la rentrée, vous nons d’abord les ménages et les entreprises.
avez 4 250$ dans votre compte d’épargne; votre richesse
est alors de 4 550$. Elle a augmenté de 4 000$, l’équiva¬ Les ménages et les entreprises Les ménages offrent
lent de la somme que vous avez épargnée au cours de sur les marchés des facteurs de production la main-
l’été. d’œuvre, le capital, la terre et l’esprit d’entreprise,
C’est la même chose pour la richesse et 1 épargne facteurs que les entreprises achètent. En contrepartie
d’un pays. La richesse d une nation au début d un exer¬ de ces services productifs, les entreprises versent aux
cice financier est égale à sa richesse au début de 1 année ménages diverses formes de revenus : des salaires aux tra¬
précédente, à laquelle s’ajoute l’épargne réalisée au cours vailleurs, des intérêts pour l’utilisation du capital, des
de l’année courante. Quant à son épargne, elle est égale loyers pour l’utilisation de la propriété foncière et, enfin,
à ses revenus, moins ses dépenses pour fins de consom¬ des profits pour les entrepreneurs. Les bénéfices non
mation. répartis des entreprises, c’est-à-dire les profits qui ne sont
Nous reviendrons plus loin dans ce chapitre sur le pas transférés aux ménages, sont également comptabilisés
revenu et les dépenses de consommation d une nation. dans les revenus des ménages. (On peut considérer les
Mais, avant, voyons de quelle façon les fluctuations bénéfices non répartis comme étant une épargne des
à court terme et la croissance à long terme de la pro¬ ménages que ceux-ci prêtent par la suite aux entreprises.)
duction — un des thèmes récurrents de la macroecono- On appelle revenu agrégé l’ensemble des sommes que les
mie — sont influencées par l’évolution des stocks et des entreprises versent à titre de revenus aux ménages en
flux, notions que nous venons tout juste d étudier. échange des facteurs de production que ceux-ci ont four¬
nis. La ligne en pointillé bleu (identifiée par la lettre Y)
Quand le court terme rejoint le long terme Dans dans la figure 6.2 illustre le flux du revenu agrégé qui va
le chapitre 5, nous avons vu que le PIB potentiel croissait des entreprises aux ménages.
sans cesse, année après année ' ot ‘ns également vu Sur les marchés des biens et services, les entreprises
que le PIB réel croissait et li 111 du poten¬ offrent aux ménages divers biens et services de consom¬
tiel. Les stocks et les flux que d crudier exer¬ mation, par exemple le maïs soufflé, les films, les fours à
cent une influence à la fois sur i -nn; e a long terme micro-ondes et les services de nettoyage. Les dépenses de
128
Chapitre 6 Le calcul du PIB,de l’inflation et de la croissance économique
FIGURE 6.2
C 529,4
/ 155,1
gouverne- t
• menfs G 190,4
XN 11.8
XN Y 886,7
Emprunts
étrangers
XN
Les ménages reçoivent des revenus (Y) de la part des entreprises ménages (£) et les taxes et impôts nets (T) sont des fuites
(flux bleu) et font des dépenses de consommation (C); les entre¬ du flux circulaire. Les entreprises empruntent pour financer
prises font des dépenses d’investissement (/); les gouvernements leurs investissements, et les gouvernements et les pays étrangers
achètent des biens et services (G), et les pays étrangers achètent empruntent pour financer leur déficit ou prêtent le montant
des exportations nettes (XN) (flux rouges). Le revenu agrégé (flux de leur surplus (flux vert).
bleu) est égal à la dépense agrégée (flux rouge). L’épargne des
consommation sont les sommes totales que les ménages sommes consacrées à l’achat de nouveaux biens (usines,
consacrent à l’achat de biens et de services de consom¬ biens d’équipement, immeubles), ainsi qu’à l’accrois¬
mation. La ligne en pointillé rouge (identifiée par la sement des stocks.
lettre C) dans la figure 6.2 illustre le flux des dépenses La ligne en pointillé rouge (identifiée par la lettre I)
de consommation. dans la figure 6.2 illustre le flux de l’investissement.
Sur les marchés des biens, les entreprises achètent et Remarquez que les dépenses d’investissement sont
vendent également de nouveaux biens d’équipement, par représentées ici par un flux qui va des entreprises au
exemple la société IBM qui vend 1 000 ordinateurs per¬ marché des biens et qui retourne ensuite aux entreprises.
sonnels à la société General Motors ou encore la société Certaines entreprises, en effet, produisent des biens
Bombardier qui vend un avion à la compagnie Air d équipement que d’autres entreprises achètent (les
Canada. Toutefois, les entreprises ne vendent pas tou¬ entreprises peuvent également «racheter» leurs
jours la totalité des biens et services quelles produisent. propres stocks).
Dans ce cas, elles ajoutent à leurs inventaires les quantités Les ménages placent leur épargne sur les marchés
invendues. Si, par exemple, la société GM construit financiers, et les entreprises empruntent sur ces marchés
1 000 voitures mais ne réussit à en vendre que 950, les les fonds nécessaires pour financer leurs investissements.
50 voitures invendues iront s’ajouter aux stocks. Lors¬ La ligne en pointillé vert étiquetée « Épargne des mé¬
qu une entreprise ajoute à ses propres stocks un bien nages» (identifiée par la lettre É) et «Èmprunts des
qu elle a produit, on peut voir cela comme une vente entreprises» dans la figure 6.2 illustre ces flux. Remarquez
qu elle se fait à elle-même. On appelle investissement\ts que ces flux ne sont ni des revenus ni des dépenses. Le
IZ9
Le produit intérieur brut
revenu est la somme d argent versée pour les services en pointillé vert étiquetée «Emprunts étrangers» illustre
d un facteur de production, et la dépense, le paiement ce flux. Au contraire, lorsque nos exportations nettes
des biens ou services. sont négatives, notre pays doit emprunter à l’étranger ou
vendre des éléments d’actif qu’il y détient. Là encore, ces
Les gouvernements Les gouvernements achètent transactions s'effectuent sur les marchés financiers. Pour
auprès des entreprises des biens et des services. Ces illustrer ce dernier cas, il suffirait d’inverser la direction
dépenses gouvernementales, ou dépenses publiques, des deux flux en question : celui des exportations nettes
sont la somme des coûts engendrés pour les autoroutes, et celui des «Emprunts étrangers».
l’éducation, le maintien de l’ordre public, les musées, Pour faciliter la lecture de la figure 6.2, qui repré¬
les galeries d’art, etc. Elles englobent les dépenses de sente le flux circulaire des revenus et des dépenses, nous
consommation et les dépenses d’investissement du gou¬ avons indiqué chaque type de flux par une ligne en
vernement. Si nous prenons la figure 6.2, la ligne en pointillé de couleur différente : en rouge, nous retrou¬
pointillé rouge (identifiée par la lettre G) illustre le flux vons les dépenses pour les biens et les services ; en bleu,
des dépenses gouvernementales. Les gouvernements les revenus ; et en vert, les transferts financiers. Les flux
prélèvent des taxes et des impôts pour payer leurs dé¬ des dépenses (en rouge) comprennent les dépenses de
penses. La ligne en pointillé vert (identifiée par la consommation, les investissements, les dépenses gou¬
lettre T) illustre les taxes et impôts nets. Ce flux vernementales ainsi que les exportations nettes. Le flux
représente la différence entre les revenus totaux du des revenus (en bleu) est celui du revenu agrégé. Quant
gouvernement en taxes et en impôts et les paiements aux transferts financiers (en vert), ils englobent l'épargne,
de transfert qu’il verse. Les paiements de transfert sont les taxes et impôts nets, ainsi que les emprunts du gou¬
des sommes d’argent qui vont du gouvernement aux vernement, des étrangers et des entreprises.
ménages et aux entreprises : prestations d’assurance À la figure 6.2, les deux plus importants flux sont
sociale, prestations d’assurance-emploi et subventions1. celui du revenu agrégé (en bleu) et celui des dépenses
Lorsque les dépenses publiques (G) excèdent les (en rouge), comme le démontre le tableau qui donne
taxes et impôts nets (T), le secteur gouvernemental l’ampleur de ces flux pour 1998. Nous allons découvrir
accuse un déficit budgétaire qu’il tentera de combler que le flux bleu est égal à la somme des flux rouges. En
en empruntant sur les marchés financiers. La ligne en d’autres termes, le revenu agrégé est égal à la dépense
pointillé vert « Emprunts des gouvernements » illustre agrégée. Voyons pourquoi.
cette situation.
Le produit intérieur brut Le produit intérieur brut
Le secteur étranger Le Canada exporte certains (PIB) mesure la valeur de la production agrégée d’un pays
biens et services à l’étranger et en importe d autres en au cours d’une année. Le flux circulaire des revenus et
provenance de l’étranger. La différence entre la valeur de des dépenses illustre deux méthodes pour calculer le PIB.
ses exportations et celle de ses importations constitue les En effet, on peut mesurer la production de biens et ser¬
exportations nettes. La ligne en pointillé rouge (identi¬ vices de deux façons :
fiée par les lettres XN) dans la figure 6.2 illustre le flux 1. en comptabilisant les dépenses que les acheteurs ont
des exportations nettes. engagées pour acquérir des biens et des services ;
Si la valeur de nos exportations excède celle de nos 2. en comptabilisant le coût des facteurs engagés dans
importations, nos exportations nettes sont positives et un la production des biens et des services.
flux va du secteur étranger vers notre économie. Si, au
contraire, la valeur de nos exportations est inférieure a Pour les acheteurs, la valeur des biens et services cor¬
respond au prix qu ils ont payé pour les acquérir et, pour
celle de nos importations, nos exportations nettes sont
les producteurs, elle correspond à ce qu’il leur en a coûté
négatives et le flux va de nos entreprises vers les pays
pour les produire. Il serait très ennuyeux que ces deux
étrangers.
valeurs soient différentes. Heureusement, elles sont tou¬
Lorsque nos exportations nettes sont positives, les
jours égales; en effet, on obtient toujours le même résul¬
pays étrangers doivent emprunter à notre économie ou
tat en ce qui concerne le PIB, et ce, indépendamment
vendre des éléments d’actif qu ils y détiennent. Ces trans¬
de la façon dont on s’y prend pour le mesurer. Voyons
actions s’effectuent sur les marches financiers et la ligne
pourquoi l’utilisation de l’un ou l’autre de ces concepts
de valeurs mène toujours à un résultat identique.
1 Le diagramme ne fait pas état des impôts et des taxes que les entre¬
prises paient ni des subventions qu elles reçoivent. 1 n lait, on peut
considérer que les taxes et impôts nets qi ton p yés par les entrepri¬ L’égalité entre les dépenses et les revenus La
ses le sont en réalité par les ménages propnet : - »l< ces entreprises. somme totale consacrée aux achats de biens et services
Ainsi, le prélèvement d’un impôt sur 1< s profits I < ntreprise vient constitue la dépense agrégée. Examinons, à la figure 6.2,
simplement réduire le revenu des méi la dépense agrégée. Les flux en pointillé rouge illustrent
ménages encaissaient tous les profits, .■< ;1'Pnt sur ces
les dépenses pour l’achat de biens et de services. Les reve¬
profits. Cette façon de voir a l’avamv. : si» .Imcr la figure 6.2,
nus que les entreprises tirent de la vente de leurs biens et
sans modifier en rien les conclus» <
130
services correspondent aux dépenses de consomma¬ qui en sortent. Le flux du revenu agrégé, représenté
tion (C), auxquelles on ajoute les investissements (/), les par le trait pointillé en bleu et identifié par la lettre Y
dépenses gouvernementales (G) et les exportations nettes y entre; les flux des dépenses de consommation (C),
(XN)'i La somme de ces quatre flux ( C + I + G + XN) représentés par un trait pointillé en rouge, et ceux de
correspond à la dépense agrégée de biens et de services. l’épargne (E), des taxes et impôts nets (T), représentés
L’ensemble des coûts inhérents à la production de par un trait pointillé vert, en sortent. Ainsi, tout ce que
biens et de services est égal aux revenus versés en échange les ménages reçoivent est soit dépensé en biens et en
des services rendus par les facteurs de production. Le flux services de consommation, soit épargné ou utilisé pour
en bleu dans la figure 6.2 montre le revenu agrégé (Y). payer les taxes et impôts nets. On peut donc écrire :
La somme des flux de dépenses (en rouge) est égale
Y= C+É+ T.
au flux du revenu (en bleu). La raison en est la suivante:
la totalité des recettes qu’une entreprise tire de la vente En soustrayant la deuxième équation de la première,
de ses produits sert à payer les services rendus par les fac¬ on obtient:
teurs de production quelle a utilisés et aussi à verser des
1+ G+X-É- T - IM= 0.
dividendes aux ménages qui y ont droit. L’égalité entre la
dépense agrégée et le revenu agrégé s’exprime sous forme On ajoute ensuite l’épargne (É), les taxes et impôts
algébrique de la façon suivante : nets ( T) ainsi que les importations (IM) de part et
d’autre de cette équation, ce qui nous donne :
Y= C+ /+ G+XN.
I + G + X = É+ T + IM.
Les sommes versées par les acheteurs de la produc¬
tion agrégée correspondent à la dépense agrégée, et les Le membre de gauche de cette équation regroupe
sommes versées par les vendeurs de la production agrégée les injections dans le flux circulaire des revenus et des
correspondent au revenu agrégé. Mais, comme la dé¬ dépenses, tandis que le membre de droite regroupe les
pense agrégée équivaut au revenu agrégé, ces deux mé¬ fuites de ce flux circulaire. Nous avons donc:
thodes pour évaluer la production agrégée donnent le Injections = Fuites.
même résultat. Par conséquent, la valeur de la produc¬ Le flux circulaire des revenus et des dépenses est
tion agrégée, c’est-à-dire le PIB, est égale à la dépense l'outil de base dont on se sert pour calculer le PIB. Mais
agrégée, ou au revenu agrégé. il nous aide aussi à comprendre comment les flux que
nous venons d’étudier financent les investissements, qui
Les injections et les fuites On pourrait comparer
accroissent notre stock de capital.
le flux des revenus et des dépenses à un réseau de tubes
dans lesquels circulerait un fluide. Le flux des revenus
équivaut à celui des dépenses pour les biens et services.
Le financement des investissements
Toutefois, le flux circulaire des revenus et des dépenses
n’est pas un réseau complètement étanche en raison de
Pour financer les investissements, on peut avoir recours à
la présence d’injections et de fuites. On appelle fuites
deux moyens :
du flux circulaire les revenus qui ne sont pas consacrés
■ l’épargne nationale,
à l’achat de biens et de services nationaux. L’épargne,
■ les emprunts étrangers.
les taxes et impôts nets ainsi que les importations sont
des fuites. Les injections permettent d’éviter que le flux
L’épargne nationale L’épargne nationale est la
circulaire ne s’assèche. Les injections dans le flux circu¬
somme de l’épargne des ménages (E) et de celle du gou¬
laire des revenus et des dépenses sont constituées des
vernement. L’épargne gouvernementale est la différence
dépenses qui n’émanent pas des ménages. Les investis¬
entre les taxes et impôts nets et les dépenses gouverne¬
sements, les dépenses gouvernementales et les exporta¬
mentales (T— G). Si le gouvernement enregistre un sur¬
tions sont des injections. Nous allons maintenant voir
plus budgétaire, l’épargne gouvernementale est positive
que les injections sont toujours égales aux fuites.
(T > G), et ce surplus peut servir à financer les in¬
Nous avons vu que l’égalité du revenu agrégé et de
vestissements. Par contre, si le gouvernement connaît
la dépense agrégée nous donnait :
un déficit budgétaire, l’épargne gouvernementale est
Y= C+I+ G+XN. négative (T< G) et une partie de l’épargne des ménages
Le montant des exportations nettes (XN) est égal sert à financer ce déficit. On aura ainsi :
à celui des exportations (X) moins les importations (IM).
Épargne nationale - É+ (T— G).
Nous pouvons donc reformuler l’équation ci-dessus de
la façon suivante :
Les emprunts étrangers Lorsqu’ils dépensent plus
Y= C+ 1+ G+X-IM.
en biens et en services étrangers que les étrangers ne le
A l’aide de la figure 6.2, examinons maintenant les font pour les biens canadiens, les Canadiens doivent
flux qui se dirigent vers le secteur des ménages et ceux emprunter à l’étranger pour payer la différence. En fait,
I3I
L’évaluation du PIB canadien
Inversement, si les pays étrangers dépensent plus en ■ la méthode des revenus des facteurs.
biens et en services canadiens que ne le font les Cana¬
diens pour les biens étrangers, ils doivent alors emprun¬
ter au Canada pour combler la différence. Une partie de La méthode des dépenses
l’épargne nationale canadienne est alors dirigée vers les
pays étrangers et n’est plus disponible pour financer des Pour calculer le PIB par la méthode des dépenses, on
investissements au Canada. recueille des données sur les dépenses de consomma¬
En 1998, le montant des investissements au Canada tion (C), l’investissement (/)., les dépenses gouverne¬
était de 155,1 milliards de dollars. L’épargne des mé¬ mentales (G), les exportations {X) et les importa¬
nages, quant à elle, était de 151,1 milliards. Comme les tions {IM). Cette méthode est illustrée au tableau 6.1.
divers paliers de gouvernement étaient collectivement en
surplus de 15,8 milliards de dollars, l’épargne gouverne¬
mentale était de 15,8 milliards. L’épargne nationale était
donc de 166,9 milliards. Comme les exportations nettes
TABLEAU 6.1
du Canada se chiffraient à 11,8 milliards de dollars, nous
avons prêté 11,8 milliards aux pays étrangers. Si on sous¬ Le calcul du PIB par
v
a.
trait ce montant de l’épargne nationale, on obtient
la méthode des dépenses
le montant des investissements, soit 155,1 milliards.
Montant
en 1998
(en milliards Pourcentage
Catégorie Symbole de dollars) du PIB
Dépenses personnelles
Les chiffres, en milliards de dollars, sont pour l’année en biens et en services qui, de loin, représentent la plus
1998. Dans la première colonne, on retrouve la nomen¬ grande part ; la plus petite est celle des investissements
clature des différents postes tels qu’ils apparaissent dans des entreprises.
les Comptes nationaux des revenus et dépenses et, dans la
deuxième, les symboles que nous avons déjà utilisés dans
Les dépenses que l’on exclut de l’évaluation du PIB
les équations qui définissent le PIB.
La dépense agrégée, qui est égale au PIB, n’inclut pas
Selon la méthode des dépenses, on mesure le PIB en
tous les biens et services que les gens et les entreprises
additionnant les éléments suivants : les dépenses person¬
achètent. Pour distinguer la dépense totale incluse dans
nelles de consommation en biens et en services (C), les
le PIB des autres dépenses, on lui donne le nom de
investissements des entreprises (/), les dépenses gou¬
dépense finale. Les dépenses qui ne sont pas incluses dans
vernementales (G) et les exportations de biens et de
la dépense finale ni dans l’évaluation du PIB compren¬
services (X), puis on soustrait les importations de biens
nent les achats suivants :
et de services (IM).
L les biens et services intermédiaires,
Les dépenses personnelles de consommation en biens
et en services englobent l’ensemble des dépenses que les 2. les biens d’occasion,
ménages consacrent aux biens et aux services de consom¬ 3. les valeurs mobilières.
mation. Elles incluent des biens (boissons gazeuses, dis¬
ques compacts, livres et revues, etc.) aussi bien que des Par biens et services intermédiaires, on entend les
services (assurances, services bancaires, conseils juri¬ biens et les services que les entreprises achètent les unes
diques, etc.), mais ne comprennent pas l’achat d’une des autres et utilisent pour produire des biens et des
maison neuve qui, lui, est comptabilisé dans les dépenses services qu’elles vendront à des utilisateurs finals. On
d’investissement. pourrait donner comme exemple de bien intermédiaire
Par investissement des entreprises, on entend non une puce informatique que la compagnie Dell achète de
seulement les dépenses que celles-ci engagent pour la société Intel. Un ordinateur de Dell constitue un bien
l’achat de biens d'équipement et de bâtiments ou celles fini, mais une puce informatique de chez Intel est un
que les ménages font pour l’achat de maisons neuves, bien intermédiaire. Si on additionne les dépenses portant
mais aussi les variations de la valeur des stocks des entre¬ sur les biens et les services intermédiaires et les dépenses
prises — stocks de matières premières, produits semi- portant sur les biens finis, on compte les mêmes mon¬
finis et produits finis qui n’ont pas été vendus et que tants deux fois. C’est ce qu’on appelle le double comptage.
les entreprises possèdent en inventaire. Certains biens sont considérés tantôt comme des
Les dépenses gouvernementales (publiques) correspon¬ biens intermédiaires, tantôt comme des biens finis. Par
dent aux achats de biens et de services de tous les paliers exemple, le cornet de crème glacée que vous achetez au
gouvernementaux, du gouvernement fédéral jusqu’à la cours d’une chaude journée d’été est un bien fini, mais
mairie de la plus petite municipalité. Elles comprennent la crème glacée qu’un restaurant achète pour fabriquer
les coûts engendrés par la défense nationale, l’administra¬ des coupes glacées est un bien intermédiaire. C’est l’utili¬
tion de la justice, le maintien de l’ordre public, l’éclairage sation qu’on fait d’un bien qui détermine s’il s’agit d’un
des rues, 1 enlèvement des ordures ménagères, etc. Elles bien intermédiaire ou d’un bien fini.
englobent les dépenses de consommation et les dépenses On ne tient pas compte des dépenses relatives aux
d’investissement du gouvernement, mais excluent les biens d'occasion pour évaluer le PIB puisqu’on les a déjà
paiements de transfert. Comme nous l’avons vu, ceux-ci comptabilisées dans le PIB de la période au cours de
constituent des transferts d argent du gouvernement aux laquelle ces biens ont été produits. Par exemple, une
ménages, et non des achats de biens et services. automobile de 1995 faisait partie du PIB de 1995. Ainsi,
Les exportations de biens et de services représentent si cette automobile fait l’objet d’une transaction sur le
la valeur des biens et des services vendus à l’étranger. Si, marché des voitures d’occasion en 1998, le montant
par exemple, la société Bombardier vend un wagon de déboursé pour son achat ne sera pas inclus dans le PIB
train à Eurostar, la société etiropéenne qui opère le train de 1998.
à grande vitesse sous la Manche, la valeur de cet équi¬ Les entreprises émettent souvent des valeurs mobi¬
pement fait partie des exportations canadiennes. lières, par exemple des actions ou des obligations, pour
Les importations de biens et de services correspondent financer l’achat d’équipements neufs. De telles dépenses
à la valeur des biens et des services achetés à l’étranger. pour l’équipement sont incluses dans le calcul du PIB.
Lorsque, dans votre municipalité, le concessionnaire des Par contre, les dépenses portant sur les valeurs mobilières
voitures Volkswagen augmente son stock de coccinelles, ne le sont pas. Pour évaluer le PIB, on tient donc compte
ces dépenses s’inscrivent dans le montant global des des montants qui ont servi à l’acquisition de nouveau
importations du Canada. capital, mais non des montants qui ont servi à faire
Le tableau 6.1 illustre 1 importance relative des cinq l’acquisition des valeurs mobilières.
composantes de la dépense agrégée. Comme on peut le Voyons maintenant la deuxième façon de mesurer le
voir, ce sont les dépenses personnelles de consommation PIB.
133
L’évaluation du PIB canadien
La méthode des revenus des facteurs le bâtiment comme facteurs de production dans l’entre¬
prise. Puisqu’il est difficile de distinguer les diverses com¬
La méthode des revenus des facteurs nous permet d’évaluer posantes du revenu d’un tel propriétaire (rémunération
le PIB par 1 addition de tous les revenus que les entrepri¬ de la main-d’œuvre, paiements d'intérêt pour l’utilisation
ses versent aux ménages pour les services des facteurs de du capital, loyer du terrain ou des bâtiments et profits
production qu elles engagent : salaires des travailleurs, de l’entreprise), les statisticiens des comptes nationaux
intérêts pour 1 utilisation du capital, loyers aux proprié¬ regroupent l’ensemble de ces revenus en une même caté¬
taires fonciers et profits aux entrepreneurs. Examinons gorie.
le fonctionnement de cette méthode. Le tableau 6.2 montre les cinq types de revenus des
On distingue dans la comptabilité nationale, ou facteurs et leur importance respective. Comme on le voit,
Comptes nationaux des revenus et dépenses, cinq types de la catégorie la plus importante est celle des salaires, traite¬
revenus des facteurs : ments et autres revenus complémentaires du travail.
1. les salaires, traitements et autres revenus complé¬
mentaires du travail,
2. les bénéfices des sociétés avant impôts, 2 ,
3. les intérêts et revenus divers de placements,
4. les revenus nets des agriculteurs, TABLEAU 6.2
5. les revenus nets des entreprises non agricoles Le calcul du PIB par la méthode
individuelles.
Les salaires, traitements et autres revenus complémen¬
des revenus des facteurs 4 ^
taires du travail sont composés de tous les paiements que
les entreprises effectuent en échange des services de la Montant
en 1998
main-d’œuvre. Ce poste comprend les salaires nets et les Pourcentage
en milliards
traitements — « paie encaissable » — que les travailleurs Catégorie de dollars) du PIB
reçoivent, plus les impôts retenus à la source et les avan¬
tages sociaux comme l’assurance-emploi et les contribu¬ Salaires, traitements et autres
tions à une caisse de retraite. revenus complémentaires
Les bénéfices des sociétés avant impôts sont formés des du travail 464,9 52,5
profits totaux réalisés par les sociétés. Certains de ces
Bénéfices des sociétés
profits sont versés aux ménages sous forme de dividen¬
avant impôts 84,5 9,5
des, tandis que d’autres sont retenus par les sociétés sous
forme de bénéfices non répartis. Intérêts et revenus
divers de placements 45,5 5,1
Les intérêts et revenus divers de placements représen¬
tent le montant total des paiements d’intérêt que les Revenus nets des agriculteurs 1,8 0,2
ménages reçoivent pour les prêts qu ils ont consentis,
Revenus nets des entreprises
moins les paiements d’intérêt qu’ils doivent verser
non agricoles individuelles 56,2 6,3
pour leurs propres emprunts. Ce poste inclut, du côté
positif, les paiements d’intérêt sur les obligations que Impôts indirects moins
les entreprises versent aux ménages et, du côte négatif, subventions 1 19,3 13,5
les paiements d’intérêt que les ménages doivent verser
sur le solde impayé de leurs cartes de crédit. Ce poste Amortissement (dépréciation) 1 14,5 12,9
comprend aussi les paiements pour 1 usage des terrains
et des autres biens de production. On inclut également Produit intérieur brut 886,7 100,0
que ceux-ci soient loués ou détenus en propriété.) 886,7 milliards de dollars. La rémunération des employés, ou re¬
Quant aux revenus nets des agriculteurs et aux revenus venu du travail, constituait le plus important de tous les revenus
nets des entreprises non agricoles individuelles, ils sont en des facteurs.
fait une combinaison des éléments que nous venons de Source: Statistique Canada, CANSIM, matrice 6520, 1999.
décrire. Un fermier ou un entrepreneur propriétaire
apporte la main-d’œuvre, le capital et parfois le terrain et
134
Chapitre 6 Le calcul du PIB,de l’inflation et de la croissance économique
La somme de ces cinq catégories de revenus de fac¬ tion, qu’on y ajoute les impôts indirects et qu’on en dé¬
teurs constitue ce qu’on appelle le revenu intérieur net duit les subventions, on obtient le produit intérieur net
au coût des facteurs. Ce n’est pas le PIB. Pour mesurer au prix du marché. Nous recherchons le produit intérieur
le PIB, nous devons apporter deux ajustements: le pre¬ brut. Quelle différence y a-t-il entre les termes « brut » et
mier consiste à passer d’une production au coût des fac¬ « net » ?
teurs à une production au prix du marché ; le second, Le terme brut signifie avant d’avoir soustrait l’amor¬
d’une production nette à une production brute. tissement, l’amortissement étant la diminution de la
valeur du stock de capital, due à l’usure et à l’obsoles¬
Le prix du marché et le coût des facteurs Lorsqu’on
cence. Quant au terme net, il signifie après avoir soustrait
fait la somme des dépenses de biens et services finis, on ob¬
l’amortissement.
tient ce qu’on appelle le produit intérieur brut au prix du
Un des éléments de la dépense agrégée est l’investis¬
marché. On évalue ces dépenses au prix du marché, c’est-
sement brut, c’est-à-dire le montant dépensé pour l’achat
à-dire au prix que les agents économiques paient pour faire
de capital neuf et pour le remplacement du capital dépré¬
l’acquisition d'un bien ou d’un service. On peut également
cié. En conséquence, la somme de toutes les dépenses en
calculer la valeur d’un bien ou d’un service selon la mé¬
biens et services nous donne une mesure qui englobe
thode du coût des facteurs. Par coût des facteurs, on entend
l’amortissement, c’est-à-dire une mesure brute.
la somme des coûts de tous les facteurs utilisés dans la
Un des éléments du revenu agrégé est le profit net
production d’un bien ou d’un service. S’il n’y avait pas
des entreprises, c’est-à-dire le profit moins l’amortisse¬
de gouvernement et si l’économie ne comportait que des
ment du capital. En conséquence, la somme de tous les
transactions entre les ménages et les entreprises, le calcul
revenus de facteurs nous donne un chiffre qui exclut
par le prix du marché et le calcul par le coût des facteurs
l’amortissement, c’est-à-dire une mesure nette. Pour faire
seraient identiques. Toutefois, la présence des divers paliers
concorder la méthode des dépenses et celle des revenus,
de gouvernement introduit un écart entre ces deux mé¬
nous devons ajouter l’amortissement au produit intérieur
thodes de calcul, en raison des taxes indirectes et des sub¬
net.
ventions. Les taxes indirectes ou impôts indirects ne sont rien
d’autre que les taxes que paient les consommateurs lors¬
qu’ils achètent des biens et des services. (À l’opposé, une
Le calcul du PIB par la production
taxe directe ou impôt direct s’applique au revenu gagné.) Les
des entreprises
taxes de vente provinciales (laTVQau Québec), la taxe fé¬
dérale sur les produits et services (TPS), de même que les
Les méthodes utilisées pour calculer le PIB dont nous
taxes sur l’alcool, l’essence et le tabac sont des exemples
venons de parler peuvent également permettre d’évaluer
d’impôts indirects. En imposant de telles taxes, les gou¬
la contribution que chaque entreprise apporte à l’éco¬
vernements obligent les consommateurs à payer un mon¬
nomie. Toutefois, pour évaluer correctement la contribu¬
tant supérieur à celui que les producteurs reçoivent pour
tion d’une entreprise à l’économie, il faut veiller à ne
les biens et les services qu’ils vendent. Ainsi, le prix du
comptabiliser que la valeur ajoutée par cette entreprise.
marché est plus grand que le coût des facteurs. Par exem¬
La valeur ajoutée par une entreprise est la différence
ple, si la taxe de vente est de 16%, vous devrez débourser
entre la valeur de sa production et la valeur des biens
1,16$ pour une tablette de chocolat qui se vendrait 1 $
intermédiaires quelle achète des autres entreprises. Or,
sans taxes. Le coût des facteurs entrant dans la production
comme nous l’avons vu précédemment, l’écart entre la
de cette tablette de chocolat, y compris le profit du fabri¬
valeur de la production et la valeur des biens intermé¬
cant, est de 1 $, et le prix du marché est de 1,16$.
diaires équivaut aussi à la somme des revenus (incluant
Les subventions sont des paiements qu’un gouverne¬
les profits) versés par l’entreprise pour le service des fac¬
ment verse à des producteurs. On peut fournir comme
teurs de production engagés. Pour illustrer concrètement
exemple de subventions les sommes versées aux produc¬
la notion de valeur ajoutée, observons étape par étape le
teurs de céréales et aux producteurs laitiers. Grâce aux
cycle de fabrication d’une baguette de pain.
subventions, le montant que paient les consommateurs
La figure 6.3 relate la courte vie d’un pain. Tout
pour certains biens et services est moindre que celui que
commence avec l’agriculteur, qui fait pousser le blé. Pour
reçoivent les producteurs. Le prix du marché est inférieur
cela, il engage de la main-d’œuvre, se sert d’équipements
au coût des facteurs.
et de terres. Il paie des salaires à ses employés ainsi que
Pour évaluer le PIB à partir des revenus, il faut ajou¬
des intérêts et un loyer aux propriétaires du capital et des
ter aux revenus totaux des facteurs le montant des impôts
terres. Mais il réalise également un profit. La valeur to¬
indirects et en soustraire celui des subventions. Cepen¬
tale du blé produit correspond à la valeur ajoutée par
dant, cet ajustement n’est pas suffisant pour obtenir la
l’agriculteur. Le meunier achète le blé à l’agriculteur et le
juste mesure du PIB. Il faut effectuer un ajustement
transforme en farine. Pour cela, il embauche de la main-
supplémentaire.
d’œuvre et loue des équipements. Il paie des salaires à ses
Produit intérieur net et produit intérieur brut Si ouvriers et des intérêts aux propriétaires du capital. Le
l’on additionne tous les revenus des facteurs de produc¬ meunier réalise un profit. Il a ainsi ajouté de la valeur au
135
L’évaluation du PIB canadien
Jusqu ici, pour le calcul du PIB, nous avons consi¬ Pour mieux saisir la méthode de calcul de l’IPC,
déré la valeur monétaire dti PIB et de ses composantes. nous recourrons à un exemple concret que résume le
Mais le PIB peut fluctuer soit parce qu’il y a des varia¬ tableau 6.3. Supposons que, durant la période de
tions des prix, soit parce qu’il y a un changement dans les référence, le panier type du consommateur contienne
quantités produites de biens et de services, c’est-à-dire 5 kilos d’oranges, 6 coupes de cheveux et 200 billets
dans le PIB réel. Voyons maintenant comment on mesure d’autobus. Le tableau montre le prix payé et la dépense
le niveau des prix et comment on fait la distinction entre totale effectuée par le consommateur durant la période
la valeur monétaire et la valeur réelle du PIB. de référence. Le consommateur a acheté en moyenne
200 billets d’autobus à 0,70$ chacun, soit une dépense
de 140$. On répète ensuite la même opération avec
les 5 kilos d’oranges, puis avec les 6 coupes de cheveux;
on arrive ainsi à une dépense totale de 210$ pour les
Le niveau des prix trois biens et services. La valeur du panier pendant la
et l’inflation période de référence est donc de 210 $.
Pour calculer l’indice des prix de la période courante,
— On MESURE LE NIVEAU DES PRIX (NIVEAU MOYEN il faut connaître les prix des biens du panier durant cette
des prix) a 1 aide d un indice des prix. Pour établir cet période. Il n’est pas nécessaire de connaître les quantités
indice,' on compare la valeur actuelle d’un panier de achetées. Supposons que les prix sonr ceux indiqués dans
biens et services à celle d’un panier équivalent au cours le tableau 6.3 à la colonne intitulée «Période courante».
137
Le niveau des prix et l’inflation
TABLEAU 6.3
210,00 $ 231,00 $
IPC -1-- x 100 = 100 100 = 1 10
210,00 $ 210,00 $
Un panier de biens et de services dont le contenu est fixe (5 kilos par la valeur de ce même panier pour la période de référence;
d’oranges, 6 coupes de cheveux et 200 billets d’autobus) valait ce rapport est ensuite multiplié par 100. Pour la période de réfé-
210 $ pendant la période de référence. Mais les prix ont changé rence, l’IPC a, par convention, une valeur de 100. Pour l’année
et, pour la période courante, le même panier vaut 23 I $. L'IPC courante, la valeur de l’indice s’établit à I 10.
correspond à la valeur de ce panier pour l’année courante, divisée
égal à 100. Un IPC de 110 nous indique que le niveau calcul de l’indice implicite du PIB de cette économie.
des prix durant la période courante est de 10 % plus Commençons par le calcul du PIB nominal; nous
utiliserons la méthode des dépenses. Le tableau montre
élevé que durant la période de référence.
la quantité de biens finis, ainsi que leurs prix. Le ta¬
bleau 6.4 montre que la production, durant la période
courante, s’élève à 4 240 kilos d’oranges, 5 ordinateurs
L’indice implicite du PIB
et 1 060 mètres de ruban adhésif rouge. Pour obtenir
L'indice implicite du PIB mesure niveau moyen la valeur du PIB nominal, il faut d’abord calculer la dé¬
pense afférente à chaque bien durant la période courante,
des prix de tous les biens et se; >
le calcul du PIB. On le calcule en ayam '«cours à la et additionner ensuite les trois catégories de dépenses.
Les dépenses de consommation (oranges) totalisent
formule suivante:
138
TABLEAU 6.4
16,012 $
Indice implicite du PIB = - x 100 = 104,7
15,300 $
Le tableau décrit une économie fictive, où l’on ne produirait que riode courante, on obtient 15 300$ comme PIB réel. L’indice im¬
des oranges, des ordinateurs et du ruban adhésif. Pour la période plicite du PIB pour la période courante est de 104,7, chiffre qu’on
courante, le PIB nominal s’élève à 16 012 $. Si on évalue aux prix a obtenu en divisant le PIB nominal par le PIB réel de cette pé¬
de la période de référence les quantités produites pendant la pé¬ riode, puis en multipliant ce quotient par 100.
4 452 $, les dépenses d’investissement (ordinateurs) On pourrait comparer le PIB nominal à un ballon
10 500$, et les achats du gouvernement (ruban adhésif) qui se gonfle au fur et à mesure que la production aug¬
1 060$. Le PIB nominal est donc de 16 012$. mente et que les prix montent. La figure 6.5 illustre cette
Passons maintenant au calcul du PIB réel, c’est- idée. Dans le graphique (a), le PIB réel est indiqué par la
à-dire de la valeur réelle de la production courante. hauteur de la zone rouge pour une année donnée, et le
Pour y arriver, nous évaluons les quantités produites PIB nominal correspond à la somme des hauteurs des
durant la période courante, aux prix de la période de zones rouge et verte pour une année donnée. Dans le
référence. Comme nous nous sommes servi de l’an¬ graphique (b), l’indice implicite du PIB dégonfle le bal¬
née 1992 comme période de référence, le PIB réel est lon (PIB nominal) en éliminant sa partie inflationniste
exprimé en «dollars de 1992». Le tableau 6.4 montre — imputable à la hausse des prix —, ce qui laisse le PIB
les prix pour la période de référence. Nous obtenons la réel. Le ballon rose représente le PIB réel pour 1992, et le
dépense réelle consacrée aux oranges pendant la période ballon vert le PIB nominal pour 1998. Quant au ballon
courante en multipliant 4 240 kilos par 1 $ le kilo, soit rouge, il indique le PIB réel pour 1998. Pour obtenir la
une dépense totale de 4 240 $. Si nous effectuons la valeur du PIB réel pour 1998, on effectue une déflation
même opération pour les ordinateurs et le ruban adhésif, statistique du PIB nominal à partir de l’indice implicite
et que nous additionnons ces trois dépenses, nous du PIB. En comparant les ballons rouge et rose, on peut
arrivons à un PIB réel d’une valeur de 15 300$. évaluer la croissance du PIB réel depuis 1992.
Appliquons ces chiffres à la formule qui sert à cal¬
culer l’indice implicite du PIB. Le PIB nominal étant
égal à 16 012 $, et le PIB réel à 15 300 $, cela nous Comment interpréter les mesures
donne : de l’inflation
, ,. , __16 012$
Indice implicite du PIB = X 100 = 104,7. L’IPC et l’indice implicite du PIB servent à mesurer l’in¬
15 300$
flation. Les mesures obtenues ont plusieurs applications
Si la période courante est également la période de pratiques. Par exemple, PIPC est souvent utilisé dans la
référence, le PIB nominal sera égal au PIB réel et l’in¬ formule d’indexation des prestations d’assurance sociale.
dice implicite du PIB équivaudra alors à 100. Un indice L’IPC sert également lors de l’indexation de la grille de
implicite du PIB de 104,7 indique que le niveau des calcul de l’impôt sur le revenu. Rappelons qu’une grille
prix pendant la période courante est 4,7 % plus élevé de calcul de l’impôt délimite les tranches d’imposition
que celui de la période de référence. des revenus sur lesquels s’appliquent les taux marginaux
139
Le niveau des prix et l’inflation
FIGURE 6.5
1000*
800 •
600*
o
-o
o 400*
■o
«
-o
Im
o
200 •
CO
£
1998
Dans le schéma (a), on voit qu’une partie de l’augmentation du PIB schéma (b), l’indice implicite du PIB dégonfle le ballon du PIB no-
est attribuable à l’inflation, et une autre à l’accroissement de la minai en éliminant sa portion inflationniste ; il dévoile ainsi le PIB
production, c’est-à-dire à l’accroissement du PIB réel. Dans le réel et l’ampleur de sa croissance.
d’imposition. Avec quelle exactitude l’IPC et l’indice pour d’autres, comme en 1981, c’est l’inverse: le taux
implicite du PIB nous permettent-ils d’évaluer 1 inflation? d’inflation donné par l’IPC est supérieur à celui donné
Une augmentation de 2 % de l’IPC signifie-t-elle que le par l’indice implicite du PIB. Par ailleurs, les deux me¬
coût de la vie s’est accru de 2 % ? Une augmentation de sures du taux d’inflation peuvent également diverger
3 % de l’indice implicite du PIB veut-elle dire que les prix quant à la direction des changements. Par exemple, en
des biens et services qui entrent dans le calcul du PIB réel 1998, l’IPC indique une hausse du niveau général des
ont augmenté de 3 % ? Voyons un peu ce qui en est. prix de 1 % alors que l’indice implicite du PIB révèle
Il est des plus importants de pouvoir mesurer le taux une année de déflation de 0,4%.
d’inflation avec exactitude. D une part, ce taux nous ren¬ Pis encore, ces mesures, l’une comme l’autre, suresti¬
seigne sur les variations de la valeur de la monnaie et, ment probablement le taux d’inflation. Les principales
d’autre part, il modifie notre évaluation des changements sources de biais sont les suivantes :
du PIB réel. Une surestimation de 1 % du taux d infla¬ ■ les effets de substitution,
tion se traduit par une sous-estimation de 1 % du taux de ■ l’apparition de nouveaux produits,
croissance du PIB réel. Si cette sous-estimation se main¬ ■ les améliorations apportées à la qualité.
tient pendant dix ans, elle entraînera un biais dans 1 esti¬
mation du PIB réel de plus de 10%. Les effets de substitution Toute variation de l’IPC
Même lorsqu’on apporte la plus grande précision indique, en pourcentage, le changement du prix d'un
dans le calcul de l’IPC et de 1 indice implicite du I IB, panier de biens et services dont le contenu est fixe. Mais
on obtient toujours une évaluation différente du taux une hausse des prix relatifs incite les consommateurs à
d’inflation et ni l’un ni l’autre de ces indices ne fournit se tourner vers des biens moins coûteux. Par exemple, les
une mesure parfaite. La figure 6.6 illustre la dilféience consommateurs paieront moins cher en fréquentant plus
entre ces deux mesures. Celles-ci fournissent un taux souvent les magasins de rabais plutôt que les dépanneurs
d’inflation moyen identique de 4V ; 1 ,lir ta période ou en profitant de tarifs réduits pour leurs déplacements
étudiée. Par contre, pour certaines années, comme en avion. Ce type de substitution, qui consiste à rem¬
en 1974, l’indice implicite du PIB indique un taux placer un bien par un autre, moins cher, n’est pas pris en
d’inflation beaucoup plus élevé que l’IPC, alors que compte par l’IPC. En raison de ces substitutions, l’indice
140
Deux mesures de l’inflation souvent comme résultat de faire grimper les prix. Toute¬
fois, de telles hausses n’ont rien d’inflationniste. Suppo¬
sons, par exemple, qu’une automobile construite en 1998
soit 5 % plus perfectionnée et 5 % plus chère qu’une
automobile construite en 1997. Si on prend en consi¬
dération les améliorations apportées à cette automobile,
son prix est demeuré constant. Mais, dans l’évaluation
de l’IPC, on considère que le prix de l’automobile a
augmenté de 5%.
On considère que l’ampleur du biais qui provient de
ces trois sources varie d’un pays à l’autre. Aux États-Unis,
le calcul annuel du taux d’inflation surestime probable¬
ment le taux d inflation réel de 1 % à 2 %. Par contre, au
Canada, le biais est moindre: il varierait entre 0,1 % et
1 % annuellement. Pour réduire les biais au minimum,
Statistique Canada révise périodiquement le contenu
du panier utilisé pour le calcul de l’IPC et s’efforce de
choisir des produits de qualité équivalente. Ces efforts
font que l’IPC est probablement une mesure très fiable
pour calculer le prix moyen des biens de consommation
au Canada.
Les taux moyens d’inflation mesurés à l’aide de MPC (4,9 % par
année) et de l’indice implicite du PIB (4,9 % par année) sont sem¬
blables tout au long de la période représentée ici. Les fluctuations
des deux mesures de l’inflation semblent être sensiblement du A RETENIR
même ordre de grandeur. Lune et l’autre de ces mesures suréva¬
luent probablement le taux d’inflation pour les raison évoquées L’indice des prix à la consommation (IPC) mesure
dans le texte. le niveau moyen des prix d’un panier type de biens et
de services que consomme habituellement une famille
Source : Statistique Canada, CANSIM, matrices 6521,6522 et 9940, et calculs des
auteurs, 1999. canadienne qui vit en milieu urbain.
L’apparition de nouveaux produits De nouveaux Nous savons à présent comment on calcule le taux
produits font constamment leur apparition sur le marché d’inflation et ce que signifient les mesures qui y sont re¬
et viennent remplacer des produits existants. Par exem¬ liées. Nous avons vu également que, en laissant l’inflation
ple, les disques compacts se sont substitués aux disques s échapper du ballon qu est le PIB nominal, on obtenait le
de vinyle et les ordinateurs personnels sont venus rem¬ PIB réel. Mais pourquoi au juste cherche-t-on à mesurer
placer les machines a écrire. Supposons, par exemple, que le PIB réel ? C’est ce que nous allons tenter de voir.
nous voulions comparer le niveau des prix de 1998 et
de 1978. Il nous faudrait comparer les prix actuels d’un
disque compact et d’un ordinateur avec les prix de 1978
d un disque de vinyle et d’une machine à écrire. Les prix
des disques compacts et des ordinateurs sont plus élevés
L’utilité du PIB réel
que ceux des disques de vinyle et des machines à écrire.
— Les mesures du PIB réel et de son taux de
Ainsi, 1 apparition de ces nouveaux produits crée un biais
qui surestime le niveau des prix. croissance ont de multiples applications. Elles permet¬
tent notamment:
Les améliorations apportées à la qualité On ne ■ de comparer le PIB réel entre les pays,
cesse d améliorer la qualité de la plupart des produits. ■ d’apprécier l’évolution du bien-être économique
Chaque année, on perfectionne un peu plus les automo¬ au cours des années.
141
L’utilité du PIB réel
économistes Robert Summers et Alan Heston de la Uni- D’après les statistiques officielles publiées par le Fonds monétaire
versity of Pennsylvania donne un tout autre éclairage. En international (FMI) et la Banque mondiale, la Chine apparaît
fait, tout dépend des prix qu’on utilise. Les statistiques comme un pays pauvre et en voie de développement. Par contre,
officielles sont fondées sur des prix d’articles chinois que si l’on considère une autre source, en l’occurrence la Penn World
l’on convertit ensuite en dollars américains au taux de Table (PWT) qui, elle, se réfère au pouvoir d’achat des monnaies,
change du marché. Or, les prix utilisés sont trompeurs, le PIB réel de la Chine est quatre fois plus élevé que le taux publié
car certains produits qui sont chers aux États-Unis se par les organismes internationaux officiels, et ce pays se classerait
vendent à bas prix en Chine. Si l’on convertit le prix de au troisième rang mondial pour sa production totale.
ces articles en dollars américains, leur valeur ne constitue Source: Fonds monétaire international. Annuaire des statistiques financières interna¬
plus qu’une infime fraction du PIB réel de la Chine. tionales. 1994, Washington, D.C. : Banque mondiale, Rapport sur le développement dans
le monde, 1994, Washington. D.C ; « The Penn World Table (Mark 5.6a) : An Expanded
Par contre, si l’on évalue tous les biens et services pro¬ Set of International Comparisons. 1950-1988 » ; Quaterly Journal of Economies, mai
duits en Chine aux prix qui prévalent aux États-Lînis, 1991, p. 327-368 ; nouvelle disquette informatique, mise à jour du Mark 5.6a ; et
calculs des auteurs.
on peut effectuer une meilleure comparaison. On
obtient alors ce qu’on appelle la parité des pouvoirs
d’achat.
Lorsqu’on utilise les prix américains pour évaluer ment la possibilité d’étendre leurs activités à la Chine et
la production de la Chine, on obtient un PIB chinois aux autres pays d’Asie.
incroyablement différent. Au lieu de se chiffrer à 325 $ Ces approximations du PIB réel de la Chine ne sont
par habitant, le PIB réel pour 1990 atteint 1 325 $, c est- pas très fiables, et il n’est pas possible de déterminer sa
à-dire quatre fois plus que ce qu on avait officiellement valeur exacte. Même si cela l’était, la comparaison entre
estimé. La figure 6.7 illustre 1 étonnante différence. le PIB réel des États-Unis et celui de la Chine resterait
D’après les données de la Banque mondiale et du probablement difficile à faire. On se bute aux mêmes
Fonds monétaire international, la Chine ferait partie des difficultés lorsqu’on veut effectuer des comparaisons
pays pauvres, en voie de développement. Par contre, si on sur une longue période de l’histoire d'un pays. Cela est
se référé à la Penn World Table (PWT), la Chine serait un dû au fait que le PIB réel est une mesure imparfaite du
pays à revenu moyen. Toujours d après ces données, le bien-être économique.
PIB réel de la Chine serait même supérieur à celui de
l’Allemagne. La Chine se situerait au troisième rang
mondial, tout juste derrière les États -Unis et le Japon. Le bien-être économique
S’il est vrai que l’évaluation du niveau du I ÏB réel de
la Chine comporte des écarts imp ' u cela est beau¬ Le bien-être économique est une mesure globale du bien-
coup moins vrai pour son taux e- Léconomie être général. S’il évolue en fonction de la croissance du
chinoise se développe à un rythm .derable, ce qui PIB réel, il dépend également d’un grand nombre
pousse la plupart des entreprises à étuT très serieuse- d’autres facteurs qui n’entrent pas dans le calcul du PIB.
142
En voici quelques-uns : repas et les soins apportés aux enfants, entrent main¬
■ les améliorations apportées à la qualité, tenant dans le calcul du PIB.
ception, 1 économie souterraine ne peut que régresser. En Les ressources utilisées pour la protection de l’envi¬
conséquence, on peut attribuer une portion du ralentisse¬ ronnement sont comptabilisées dans le calcul du PIB.
ment (probablement faible) du PIB réel que le Canada a Par exemple, la valeur des convertisseurs catalytiques qui
connu dans les années 1990 à une expansion de l’écono¬ permettent de protéger l’atmosphère en réduisant les gaz
mie souterraine plutôt qu à une diminution de la produc¬ d’échappement des automobiles est comptabilisée dans le
tion. calcul du PIB. Cependant, si nous n’utilisions pas de tels
convertisseurs, la détérioration de l’air que nous respirons
La santé et l’espérance de vie La santé et la lon¬
engendrerait des coûts qui ne seraient pas considérés
gévité — le souhait de tous et chacun — n’apparaissent
comme négatifs dans le calcul du PIB.
pas dans le calcul du PIB réel, tout au moins pas directe¬
Une société industrielle pollue probablement plus
ment. Un PIB réel plus élevé nous permet d’investir
l’atmosphère que ne le fait une société agricole. Mais il
de plus grosses sommes dans la recherche médicale, de
n’est pas toujours vrai de dire que l’aggravation de la pol¬
dépenser plus en soins de santé et de nous procurer
lution va de pair avec l’accroissement de la richesse. En
une nourriture plus saine ou des appareils d’exercice.
effet, s’il y a une chose à laquelle les gens riches tiennent,
L’accroissement du PIB réel a entraîné une augmentation
c’est bien à la propreté de l’environnement, et ils sont
de l’espérance de vie: de 70 ans quelle était à la fin de
les premiers à y consacrer des ressources. Si on compare
la Seconde Guerre mondiale, elle s’approche de 80 ans
la situation en Allemagne de l’Est à la fin des an¬
aujourd’hui. La mortalité infantile et la mortalité à
nées 1980 avec celle du Canada, on s’aperçoit que, en
l’accouchement, deux fléaux redoutables au XIXe siècle,
Allemagne de l’Est, pays relativement pauvre, la pollu¬
ont presque disparu.
tion des rivières, des lacs et de l’atmosphère avait pris
Par contre, chaque année, nous devons faire face à
une ampleur inimaginable au Canada ou dans la riche
de nouveaux problèmes liés à la santé et à la longévité. Le Allemagne de l’Ouest.
sida, la consommation abusive de drogues et le nombre
croissant de familles qui vivent sous le seuil officiel de la La liberté politique et la justice sociale La plupart
pauvreté constituent de graves sources d’inquiétude. Si des gens tiennent en haute estime la liberté politique
on tient compte de ces aspects négatifs, on voit que que leur garantissent la Charte canadienne des droits
la croissance du PIB réel surévalue les progrès liés au et libertés et la Constitution canadienne. Ils apprécient
bien-être économique. aussi la justice sociale et l’équité, c’est-à-dire l’égalité
des chances et l’accès à des mesures de sécurité sociale
Les loisirs Le temps de loisirs dont nous disposons est
qui les protègent des malheurs extrêmes.
un bien économique qui ajoute à notre bien-être. Toutes
Il peut arriver dans un pays que le PIB par personne
choses étant égales par ailleurs, plus nous disposons de
soit très élevé, mais que la liberté politique et l’équité y
loisirs, plus nous améliorons notre qualité de vie. Le
soient restreintes. Par exemple, une petite élite pourrait
temps que nous passons au travail entre dans le calcul
jouir d’une entière liberté politique et d’une extrême
du PIB, mais pas celui que nous passons à nous divertir.
richesse alors que la grande majorité de la population
Pourtant, du point de vue du bien-être économique, les
pourrait être réduite à l’esclavage et à une misère abjecte.
heures de loisirs ont une valeur aussi grande (sinon plus
On considère généralement que le bien-être économique
grande) que le salaire gagné lors de notre dernière heure
est, dans une telle économie, inférieur à celui d’un autre
de travail. Si tel n’était pas le cas, nous remplacerions vite
pays où le PIB est identique mais où tous les individus
nos heures de loisirs par des heures de travail. Au fil des
jouissent d’une liberté politique. De nos jours, la Chine
ans, le temps que nous consacrons aux loisirs a constam¬
connaît une croissance rapide du PIB réel, mais la liberté
ment augmenté. La semaine de travail a diminue, les
politique y est limitée, tandis que la Russie voit son PIB
gens sont de plus en plus nombreux à prendre une
décroître et connaît l’émergence d’un système politique
retraite anticipée et les jours de vacances ont augmenté.
démocratique. Les économistes n’ont aucun moyen de
Ces améliorations du bien-être economique n entrent
déterminer dans lequel des deux pays la situation est la
pas dans le calcul du PIB réel. Ainsi, le taux de croissance
meilleure.
du PIB réel sous-évalue les améliorations au bien-etre
économique. Le revenu net Qu’entendons-nous par revenu net ?
La qualité de l’environnement Lactivité econo¬ Les fluctuations du PIB réel enregistrées fournissent-elles
mique a une répercussion directe sur la qualité de une mesure erronée des fluctuations du bien-être écono¬
l’environnement. La consommation de combustibles mique ? Les facteurs omis dans le calcul du PIB peuvent
hydrocarbonés est l’activité dont la no ivite pour 1 envi¬ revêtir une grande importance et représenter des sommes
ronnement est la plus manifeste. Et 1 fiu un exem¬ considérables. Ainsi, dans les pays en voie de dévelop¬
ple. L’appauvrissement des ress 1 ouvelables, pement, l’activité des secteurs informels (l’équivalent
de l’activité souterraine dans les pays développés) et
la déforestation massive et la ;
les activités domestiques représentent, par rapport à
rivières font partie des graves c
l’ensemble de l’économie, une part beaucoup plus grande
nementales de l'industrialisât
Le calcui du PIB
pour les différentes Les faits
EN BREF
provinces
■ En 1995, le PIB réel du
Canada a augmenté de 2%.
De toutes les composantes, ce
sont les exportations qui ont
connu la croissance la plus
rapide (11,8%), et les investis¬
sements dans le secteur de
l’habitation qui ont enregistré
la chute la plus brutale
(13,8%).
■ L’Ontario et l’île-du-Prince-
au PIB onlanen Édouard ont connu une crois¬
sance supérieure à la crois¬
ranada l'activité générée
Statistique Canada. dp mise en sance nationale.
par le projet Hiberm pétrolifère
par bruce Little valeur du .rm plus à corn- ■ L’Ontario a enregistré un
extracôtier ne stPucturelle de
taux de croissance de 2,9%.
Vécmaomîe tore-neurâenne^^ qUe la Ses exportations, qui ont aug¬
Selon une dédaraüon J;^fdtquX Cependant emn e & dj
menté de 13,9%, représentent
^Æ^a&tionpnr habi¬ 51 % de la valeur totale des
supérieure a la m aura été xnarquee
tant a en fait a“^”roissance qu’a exportations canadiennes.
en 1995, ^^ budgétaires, une
La Tontario est due à un
par des res^ demande des consotm connue 1 °ata 13go/0 des expor- ■ L’île-du-Prince-Édouard,
Seeuresdeet une morosité dans accroissement a • quatrième
dont l’économie a été stimulée
marché du 'oftemen . avec une tâtions reelle®'. aue la valeur des
année consecut qcette province par d’importants investisse¬
L’Ontario aux P partie
exportation ent pour élimi- ments dans la construction
récession Pead^ une vigoureuse
— apres un «q J ™ussedes prix —
de l'annee, a co de croissance le d’un pont destiné à relier 1*116
reprise, avec 1 j provinces,
plus élevé de touilles ^ de façon permanente au con¬
tinent ainsi que par une ré¬
S°n Pde29% etce, principalement diennes ontf a^|™milliards de dol-
accru de 2,9 ' ■ accroissement con- pour atteindr somme était colte exceptionnelle de pom¬
en ralf °n , exportations. Cest lars. et 51% de cette q ,a mes de terre, a enregistré une
sidérable de ses e^ ^ ans que
redevable a l O et l’Alberta,
la première fx» loton cana- Colombie-Bntarmq ^ crolssance croissance de 2,6%.
VOntario est en J™ PsanCe éco- qui ont connu d ta ^ de 11>4o/0 de
dien quant a la cro
respectifs de 1 . ettes, se sont
■ Le taux de croissance du
nomique. nCe-Édouard, dont Manitoba a été identique à
leurs exportation tario quant aux
rapprochées exportations.
revenus generes par les xp^^ d celui de la moyenne nationale.
En fait, c est cteur de
investissements d^a & le pl ■ Le PIB de Terre-Neuve a
de la production nationale, et
1985 1990 1995
le Manitoba et la Saskatchewan Année
un treizième.
Entre
^■i Ontario
■i Provinces centrales et Ouest canadien
que dans les pays industrialisés. Ainsi, on peut supposer cateurs de bien-être économique que sont la santé,
que, au fur et à mesure qu’une économie se développe, l’espérance de vie, le temps consacré aux loisirs, la
une portion de la croissance apparente peut refléter un qualité de l’environnement, la liberté politique et
passage de l’économie informelle à la production régulière la justice sociale.
et un mouvement des activités domestiques vers la pro¬
duction de marché. Cette erreur de mesure surévalue le
O Dans le chapitre 5, nous avons étudié la performance
taux de la croissance économique et l’amélioration du
macroéconomique du Canada durant les dernières
bien-être économique d’une nation.
années : la croissance et les fluctuations du chômage, le
D’autres facteurs influent sur le niveau de vie: le
PIB réel, l’inflation, le déficit gouvernemental et le
temps de loisirs dont dispose la population, la qualité de
déficit commercial. Nous venons de voir les méthodes
l’environnement, l’assurance d’avoir un emploi et un
utilisées pour mesurer certains des indicateurs de la per¬
gîte, la sécurité publique, et ainsi de suite. Il est possible
formance macroéconomique. Nous avons également vu
de définir un outil de mesure plus global qui tiendrait
comment on mesurait le PIB réel et le niveau des prix, et
compte des divers facteurs qui contribuent au bonheur
à quoi servaient ces mesures. La rubrique « Entre les
des humains. Le PIB ferait certes partie de cet outil mais,
lignes» (p. 144) explique comment se mesure le PIB
en aucun cas, il n’en constituerait la totalité.
pour les différentes provinces canadiennes.
Dans les chapitres subséquents, nous étudierons
divers modèles macroéconomiques qui nous permettent
À RETENIR de comprendre et de prévoir les mouvements du PIB
réel, le niveau des prix, l’emploi et le chômage. Nous
■ Le PIB réel n’est pas une mesure exacte du bien-être débuterons, dans le prochain chapitre, par un modèle
économique parce qu’il sous-évalue les améliorations macroéconomique de l’offre et de la demande, c’est-
apportées à la qualité des produits, omet certaines à-dire un modèle où interviennent la demande agrégée
activités productives et ne tient pas compte des indi¬ et l’offre agrégée.
RÉSUMÉ
QUESTIONS DE RÉVISION
1. Faites la distinction entre les notions de stock 13. En quoi consiste la méthode des revenus des
et de flux. facteurs utilisée pour calculer le PIB ?
2. Quels sont les principaux stocks macroécono¬ 14. Quelle différence y a-t-il entre les dépenses con¬
miques? Quels sont les flux qui les modifient? sacrées aux biens finis et celles qui sont consacrées
3. Quelles sont les composantes de la dépense aux biens intermédiaires ?
agrégée ? 15. Qu’est-ce que la valeur ajoutée? Comment la
4. Quelles sont les composantes du revenu agrégé ? calcule-t-on ?
16. Quels sont les deux principaux indices de prix
5. Pourquoi le revenu agrégé est-il égal à la dépense
utilisés pour mesurer le niveau des prix?
agrégée ?
17. Comment calcule-t-on l’indice des prix à la
6. Pourquoi la valeur de la production (PIB) est-elle
consommation ?
égale au revenu agrégé ?
18. Comment choisit-on le panier type de biens et de
7. Établissez la distinction entre les dépenses gou¬
services utilisé pour le calcul du PIB ? Le panier
vernementales en biens et services et les paiements
type dont on se sert en 1999 est-il le même que
de transfert.
celui dont on se servait en 1955 ? Sinon, en quoi
8. Identifiez les injections dans le flux circulaire des diffère-t-il ?
dépenses et des revenus. Énumérez les fuites de ce 19. L’IPC permet-il de comparer adéquatement le coût
même flux ? de la vie d’aujourd’hui et celui des années 80 ?
9- Expliquez pourquoi les injections dans le flux Sinon, pourquoi ne le permet-il pas?
circulaire des dépenses et des revenus sont égales 20. Comment calcule-t-on l’indice implicite du PIB?
aux fuites. 21. La croissance du PIB réel permet-elle de mesurer
10. Qu’est-ce qui détermine l’épargne nationale? adéquatement la croissance de l’activité écono¬
11. Quelles sont les méthodes utilisées par Statistique mique réelle ?
Canada pour mesurer le PIB? 22. Le PIB réel permet-il d’évaluer parfaitement l’état
12. En quoi consiste la méthode des dépenses utilisée du bien-être économique d’une nation? Sinon,
pour calculer le PIB ? dites pourquoi.
148
ANALYSE CRITIQUE
1. Après avoir étudié la rubrique « Entre les lignes» 2. Tous les jours, il reste une certaine quantité de pain
(p. 144), répondez aux questions suivantes: invendue à la boulangerie de votre quartier. Quelle
est la valeur ajoutée de ce pain ? Expliquez votre
a) En 1995, quelle province a connu le taux de
réponse.
croissance le plus rapide et laquelle a connu le
3. Le Journal des aubaines est un journal gratuit qui
taux de croissance le plus lent ?
contient des petites annonces. La production de ce
b) Quelle province a enregistré le PIB le plus journal entre-t-elle dans le calcul du PIB canadien ?
élevé ? Les transactions que les gens effectuent en réponse
c) Quelles ont été les principales composantes aux annonces de ce journal sont-elles comptabi¬
de la dépense agrégée qui ont entraîné une lisées dans le PIB ? Dans chaque cas, justifiez votre
hausse rapide des revenus dans certaines réponse.
provinces ? 4. Classez les éléments qui suivent selon qu’ils sont
ou non inclus dans le PIB, puis indiquez, pour
d) Quels ont été les principaux facteurs de ralen¬
ceux qui le sont, à quelles composantes du PIB ils
tissement dans certaines provinces ?
appartiennent.
e) Pourquoi, selon vous, les provinces de a) L’achat d’une maison construite il y a 50 ans.
l’Atlantique ont-elles connu la croissance la b) L’achat d’une voiture de 1990 par un vendeur
plus faible au Canada depuis 1985 ? de voitures d’occasion.
c) L’achat de 5 000 rouleaux d’essuie-tout qui
f) D’après vous, quelles mesures le gouvernement
seront entreposés jusqu’à ce que le prix du
fédéral pourrait-il prendre pour améliorer la
papier subisse une hausse.
croissance économique dans les provinces de
d) La collecte de bouteilles destinées au recyclage.
l’Atlantique ?
e) Le cadeau d’une toile du Groupe des Sept à la
g) Quels seraient les avantages et les incon¬ Galerie d’art de Winnipeg.
vénients des mesures gouvernementales que f) Un abonnement à l’Orchestre symphonique
vous avez proposées en (f) ? de Montréal.
PROBLÈMES
1. La figure de la page ci-contre illustre le flux des 4. Dans une économie fictive, on a observé l’an
revenus et des dépenses sur une île fictive au cours dernier les flux monétaires suivants :
de 1998. Les montants sont exprimés en milliers de
dollars. Calculez:
a) la dépense agrégée, Catégorie Millions de dollars
b) le revenu agrégé,
Salaires versés 800 000
c) le PIB,
Dépenses de consommation 600 000
d) le déficit gouvernemental,
Taxes 250 000
e) la valeur ajoutée totale,
Paiements de transfert 50 000
f) l’épargne,
Profits des entreprises 200 000
g) l’épargne gouvernementale,
Investissements 250 000
h) les emprunts étrangers,
Dépenses gouvernementales 200 000
i) l’épargne nationale.
Exportations 300 000
2. Calculez, à partir du problème n° 1, la valeur des Epargne 300 000
éléments suivants : Importations 250 000
a) deux fuites du flux circulaire,
b) deux injections dans le flux circulaire.
a) Calculez le PIB de cette économie.
3. Toujours en vous référant au problème n° 1, b) Quelle méthode de calcul avez-vous utilisée :
calculez : celle des dépenses ou celle des revenus des
a) les emprunts des entreprises, facteurs ?
b) les emprunts des gouvernements, c) Quelle donnée vous manque-t-il pour calculer
c) les emprunts aux pays étrangers. le produit intérieur brut?
149
Problèmes
5. En vous servant des données du problème a) la valeur du panier utilisé pour calculer l’IPC,
n° 4, b) l’indice des prix à la consommation,
a) calculez les fuites du flux circulaire des revenus c) le taux d’inflation entre l’année de référence et
et des dépenses, l’année courante.
b) calculez les injections dans le flux circulaire des 10. L’économie d’un pays a enregistré les résultats
revenus et des dépenses. suivants en 1995, 1996 et 1997 :
c) Les injections sont-elles égales aux fuites ? PIB réel PIB nominal
(en milliards (en milliards
6. Toujours à partir du problème n° 4, calculez: Année de dollars) de dollars)
12. Visitez le site Web de la Banque du Canada mesuré par l’IPC, entre 1 % et 3 % par année,
(http ://www.bank-banque-canada.ca/french/intro- et ce, en excluant de l’indice la nourriture,
f.htm) pour recueillir des données dans le tableau l’énergie et les effets des taxes et impôts indi¬
de l’IPC. Vous trouverez les informations requi¬ rects. Notez le taux d’inflation (c’est-à-dire
ses dans le Bulletin hebdomadaire de statistiques le changement en pourcentage, selon l’IPC,
financières. excluant la nourriture, l’énergie et les effets
a) Notez le taux d’inflation (c’est-à-dire le chan¬ des taxes et impôts indirects au cours de
gement, en pourcentage, de l’IPC global au l’année dernière) pour chaque mois à partir
cours de l’année dernière) pour chaque mois à de janvier 1998 et représentez graphiquement
partir de janvier 1998 et représentez ces données. La Banque du Canada a-t-elle
graphiquement ces données. atteint son objectif depuis janvier 1998 ?
b) La Banque du Canada s’est donné comme Expliquez votre réponse.
objectif de maintenir le taux d’inflation, tel que
3 ' partie La demande agrégée
^■
et économiste en chef à la Banque Royale du Canada, poste qu’il détient En fait, c’est le hasard. J’effectuais des
études de premier cycle à l’Université de
depuis 1994. Né à Montréal en 1950, il a fait ses études de premier cycle Cambridge et le système britannique
à l’Université de Cambridge et est diplômé de l’Université de Paris et de veut qu’on opte pour une matière
unique. Or, j’aimais les lettres et les
l’Université McGill, où il a obtenu un doctorat en 1977. Avant d’occuper sciences humaines ainsi que les mathé¬
son poste actuel, M. McCallum matiques et j’ai découvert, par un pro¬
cessus d’élimination, que l’économie
a enseigné l’économie à
était à peu près la seule matière à inté¬
l’Université du Manitoba, grer les deux. Donc, sans jamais avoir
entendu parler de John Maynard
à l’Université Simon
Keynes, je me suis rendu à Cambridge,
Fraser ainsi qu’à l’Univer¬ sa ville natale et le bastion du keyné¬
sianisme. J’étais beaucoup trop jeune
sité du Québec à Montréal
pour rencontrer l’homme lui-même,
et à l’Université McGill, où mais juste assez vieux pour profiter de
l’enseignement de ses disciples : Joan
il a été doyen de la faculté
Robinson, Nicholas Kaldo, Richard
des arts entre 1992 et 1994. Kahn et Luigi Pasinett. N’étant pas un
La demande agrégée
fédéral a été essentiel à la création Banque a parallèlement fait preuve Trois choses sont importantes, pas
d’un environnement permettant des d’un assouplissement monétaire con¬ nécessairement dans cet ordre:
taux d’intérêt aussi bas. Il ne faudrait sidérable cette dernière année alors obtenir de bonnes notes, faire preuve
donc pas le modifier. Toutefois, il que le taux d’inflation avait déjà d’imagination en manipulant les
pourrait y avoir place pour un assou¬ presque atteint le dernier échelon de principes de base de la science
plissement de la politique monétaire ce quelle avait préconisé. Comme je économique pour analyser des pro¬
ou pour l’implantation de modestes l’ai dit plus tôt, cet assouplissement blèmes et des questions de la vie
mesures de relance budgétaire, s’il monétaire devrait conduire à une réelle, et posséder un esprit d’équipe.
Chapitre
La demande agrégée
et l’offre agrégée
«K:
«■$ r-; :
:: ' 'C : ■
L économie peut se comparer à un océan. La direction générale vers laquelle elle tend
(ou tendance à long terme) équivaudrait à la marée, et les cycles économiques aux
vagues prises individuellement. Et, tout comme celles-ci qui, une à une, montent et
il faut savoir choisir sa vague pour tenir le plus longtemps possible sur la planche.
Et, à l’instar de ces champions, les analystes économiques arrivent parfois à choisir
la vague qui leur permettra de rester à flot. Toutefois, les cycles de l’économie restent
difficiles à interpréter. Quelles sont les forces qui gouvernent l’économie et qui la font
fluctuer comme des vagues autour de sa tendance à long terme ? ♦ Parfois, l’économie
connaît une croissance importante, puis s’écroule, comme cela est arrivé lors de la
Grande Dépression de 1929. Elle peut également s’accroître et demeurer prospère pen¬
dant une longue période, comme cela s’est produit au milieu des années 80. Et, il peut
aussi arriver quelle subisse un déclin prolongé, comme au début des années 80 et 90.
Quels sont les facteurs qui sont à l’origine de telles variations du cycle économique ?
qu’a connue l’Asie au cours des vingt-cinq dernières années a fait augmenter la concur¬
rence à laquelle doivent faire face les entreprises canadiennes sur le marché des biens
manufacturés. L’économie subit également l’influence des mesures politiques qui sont
prises à Ottawa, à Washington ainsi que dans les capitales d’Asie et d’Europe. Com¬
ment les événements qui surviennent dans les autres pays et les décisions politiques
O Pour répondre à ces questions, nous avons besoin d’un modèle macroéconomique
qui nous permette de prévoir le PIB réel et le niveau des prix. Dans le présent chapitre,
agrégées., et nous l’utiliserons ensuite pour répondre aux questions que nous venons
Y = C+ 1+ G+X-IM.
Nous étudierons d’abord la relation entre la quantité Niveau de prix PIB réel
(indice implicite du PIB)
demandée de PIB réel et le niveau des prix. À cette fin, (en milliards de dollars de 1992)
nous supposerons que tous les autres facteurs qui ont une
a 90 900
incidence sur les intentions d’achat demeurent constants.
b 100 850
La question qu’on se pose est la suivante : « Comment
varie la quantité demandée de PIB réel lorsque le niveau C 110 800
des prix change ? » d 120 750
e 130 700
Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le niveau des La courbe de demande agrégée (DA) représente la quantité
prix est élevé, plus la quantité demandée de PIB réel est demandée de PIB réel en fonction des divers niveaux de prix. Elle
faible. On appelle demande agrégée cette relation entre la correspond au barème de la demande qui apparaît dans le tableau;
quantité demandée de PIB réel et le niveau des prix. On les points a à e de la courbe correspondent aux lignes aàedu
illustre la demande agrégée en construisant un barème barème. Ainsi, lorsque le niveau des prix est de 110, la quantité
{barème de demande agrégée) à partir duquel on trace la demandée de PIB réel est de 800 milliards (point c de la figure).
courbe correspondante {courbe de demande agrégée). Toutes choses étant égales par ailleurs, une variation du niveau des
La figure 7.1 illustre la demande agrégée. La courbe prix entraîne une variation de la quantité demandée de PIB et un
mouvement le long de la courbe DA
qui représente celle-ci {DA ) correspond au barème qui
est présenté sous la forme d’un tableau ; chaque point
La demande agrégée
Pourquoi la courbe DA a-t-elle une égales par ailleurs, la quantité demandée du PIB réel
pente négative ? change également. Cette variation est représentée par
un mouvement sur la courbe de demande agrégée. Les
La courbe de demande agrégée a une pente négative pour flèches dans la figure 7.1 illustrent les variations de la
deux raisons : quantité demandée de PIB réel.
■ l’effet de richesse, Nous venons de voir comment la quantité demandée
■ les effets de substitution. de PIB réel change à la suite d’une variation du niveau
des prix. Mais comment les autres facteurs qui ont une
L’effet de richesse Toutes choses étant égales par
incidence sur les intentions d’achat modifient-ils la
ailleurs, plus le niveau des prix est élevé, moins les gens
demande agrégée ?
sont riches. Et moins ceux-ci sont riches, moins ils achè¬
tent de biens et de services. La richesse décroît lorsque le
niveau des prix augmente parce que la valeur des actifs Les déterminants de la demande
(argent en banque, obligations, actions, etc.) ne permet agrégée
plus d’acheter la même quantité de biens et de services.
Les gens réduisent leurs intentions d’achat, et les entre¬ Toute variation de l’un des facteurs qui peuvent influer sur
prises leurs projets d’investissement. les intentions d’achat, mis à part le niveau des prix, en¬
Pour comprendre l’effet de richesse, considérez traîne un changement de la demande agrégée. Quels sont
l’exemple suivant. Supposons que vous ayez en poche 5 $ ces facteurs et quels effets ont-ils sur la demande agrégée ?
et que la tasse de café coûte 1 $. Vous pouvez donc acheter
Les anticipations Même si l’ensemble des anticipa¬
cinq tasses de café. Par contre, si la tasse coûte 2,50 $, les
tions relatives aux variables économiques futures influe
5 $ que vous possédez ne vous permettent plus d’acheter
sur les intentions d’achat, ce sont celles qui portent sur
que deux tasses. Plus le prix est élevé, moins vous pouvez
les revenus, sur l’inflation et sur les profits futurs qui sont
acheter avec un montant donné et moins grandes sont vos
les plus déterminantes.
intentions de dépenser.
Toutes choses étant égales par ailleurs, une augmen¬
Les effets de substitution Pour bien comprendre les tation des anticipations quant au revenu futur entraînera
effets de substitution que nous allons aborder, il faut se une hausse des dépenses de consommation (particuliè¬
rappeler que nous analysons les effets d’un changement rement pour les articles dont le prix unitaire est élevé,
du niveau des prix lorsque tous les autres facteurs qui ont comme les automobiles) que les gens projettent d’effec¬
une incidence sur les intentions d’achat restent constants, tuer et fera ainsi augmenter la demande agrégée.
particulièrement le niveau des prix future t le niveau des Une augmentation du taux d’inflation anticipé,
prix étrangers. Dans ces conditions, si le niveau des prix toutes choses étant égales par ailleurs, provoque une aug¬
monte au Canada, les biens et les services peuvent coûter mentation de la demande agrégée. Cela est dû au fait que,
plus cher aujourd’hui que ce que les gens prévoyaient lorsque les gens prévoient une augmentation du taux
payer dans l’avenir. Les gens réduisent alors leurs achats d’inflation, ils s’attendent à payer les biens et les services
présents et les remettent à plus tard. Cet effet de substi¬ plus cher dans l’avenir et, pour cette raison, ils considè¬
tution a une incidence déterminante sur les achats de rent que les biens et les services sont relativement bon
biens de capital (biens d’investissement) et sur les achats marché dans le présent, ce qui les amène à dépenser plus
de biens durables effectués par les consommateurs. Par aujourd’hui et moins dans l’avenir.
exemple, vous pouvez reporter l’achat d’un nouvel ordi¬ Une augmentation des profits anticipés, toutes choses
nateur si le niveau des prix aujourd’hui est plus élevé que étant égales par ailleurs, modifie à la hausse les intentions
ce que vous vous attendez à payer l’an prochain. d’investissement des entreprises.
Par ailleurs, si le niveau des prix augmente au Canada,
La politique budgétaire et la politique monétaire
les biens et les services produits ici deviennent plus coû¬
Le gouvernement se sert de la politique budgétaire pour
teux que ceux produits à l’étranger. Ainsi, les gens rédui¬
tenter d’influer sur l’économie en établissant et en modi¬
sent leurs achats d’articles fabriqués au Canada pour ache¬
fiant le montant des impôts, celui des paiements de
ter des biens fabriqués à l’étranger. Cet effet de substitu¬
transfert et celui des dépenses gouvernementales. Une
tion influe sur les exportations et sur les importations. Par
diminution des impôts ou une augmentation des
exemple, si, au Canada, le niveau des prix augmentait par
paiements de transfert (pensions de sécurité de la vieil¬
rapport à celui des États-Unis, les Américains pourraient
lesse, prestations d’assurance-emploi et prestations d’aide
acheter moins d’automobiles construites au Canada (les
sociale) qui ne s’accompagne d’aucun changement des
exportations canadiennes diminueraient) et les Canadiens
dépenses gouvernementales provoque une augmentation
pourraient acheter plus d’automobiles construites aux
de la demande agrégée. Ces deux mesures fiscales influent
États-Unis (les importations canadiennes augmenteraient).
sur la demande agrégée parce quelles font augmenter le
Les variations de la quantité demandée de PIB revenu disponible des ménages. Le revenu disponible est
Lorsque le niveau des prix change, toutes choses étant le revenu agrégé moins les impôts nets. Plus le revenu
158
disponible est élevé, plus les gens achètent de biens de Au Canada, cela entraînera une baisse des exportations,
consommation, et plus la demande agrégée est élevée. une hausse des importations et une diminution de la
Les dépenses en biens et en services que le gouverne¬ demande agrégée.
ment projette d’effectuer constituent un des éléments de Une augmentation du revenu dans un pays étranger
la demande agrégée. Par conséquent, si les impôts et les provoque une hausse des exportations canadiennes et une
paiements de transfert demeurent inchangés, mais que le augmentation de la demande agrégée au Canada. Par
gouvernement projette de construire plus d’hôpitaux, exemple, une augmentation du revenu au Japon ou en
plus de routes et plus d’écoles, la demande agrégée aug¬ Allemagne fait hausser la demande des consommateurs et
mentera. des producteurs japonais ou allemands pour les biens de
La politique monétaire permet de modifier les taux consommation et les biens d’équipement fabriqués au
d’intérêt et la quantité de monnaie en circulation dans Canada.
1 économie. Ce sont la Banque du Canada et les banques
Les déplacements de la courbe de demande agrégée
commerciales qui, par leurs actions respectives, détermi¬
Graphiquement, on représente un changement de la de¬
nent la quantité de monnaie en circulation (le processus
mande agrégée par un déplacement de la courbe qui la
de création de la monnaie est décrit aux chapitres 10
représente. La figure 7.2 illustre deux variations de la
et 11). Nous verrons dans les prochains chapitres qu’une
demande agrégée et résume les facteurs qui en sont à
augmentation de la masse monétaire provoque une
hausse de la demande agrégée. 1 origine. Au départ, la demande agrégée est représentée
nétaire exerce sur la demande agrégée, imaginons ce qui La courbe de la demande agrégée se déplace vers la
du pays. Évidemment, la plupart des gens se précipite¬ tales en biens et en services, paiements de transfert, masse
monétaire. Une diminution du taux de change, des
raient, toutes affaires cessantes, pour recueillir leur part de
cet argent tout neuf et en dépenseraient une partie, ce qui impôts et des taxes ou du taux d’intérêt entraîne égale¬
ferait augmenter la demande de biens et de services. ment un déplacement de la courbe vers la droite.
Toutefois, on peut facilement imaginer que les gens La courbe de demande agrégée se déplace vers la
ne planifieraient pas de dépenser toute la monnaie qu’ils gauche, de DAq à DA2, à la suite de la diminution de
auraient ainsi récoltée. Une partie serait assurément dé¬ l’un des facteurs suivants: profits anticipés, taux d’infla¬
posée dans les banques qui, pour la faire fructifier, s’em¬ tion anticipé, revenus des pays étrangers, dépenses pu¬
presseraient de l’offrir en nouveaux prêts à leurs clients. bliques en biens et en services, paiements de transfert,
Et 1 augmentation de 1 offre de prêts favoriserait une masse monétaire. De même, une augmentation du taux
baisse des taux d’intérêt. Cette baisse inciterait les gens de change, des impôts et des taxes ou du taux d’intérêt
à acheter plus de biens de consommation durables, et se traduit par un déplacement de la courbe vers la gauche.
FIGURE 7.2
Le déplacement de la courbe
de demande agrégée
8
n
çû
Ci¬
ls
"O
JË
V
“CL
e
0 650 700 750 800 850 900 950 0 650 700 750 800 850 900 950
PIB réel (en milliards de dollars de 1992| PIB réel (en milliards de dollars de 1992)
La demande agrégée La demande agrégée La courbe d’offre agrégée à long terme (OALT) représente la quan¬
tité du PIB réel en fonction du niveau des prix lorsque le PIB réel
diminue si : augmente si :
est égal au PIB potentiel. Le PIB potentiel étant indépendant du
m les anticipations sont à la m les anticipations sont à la
niveau des prix, la courbe OALT est toujours représentée par une
baisse quant aux revenus, hausse quant aux revenus,
ligne verticale au point où se situe le PIB potentiel.
à l’inflation ou aux profits; à l’inflation ou aux profits;
La courbe d’offre agrégée à long terme est une droite La figure 7.4 illustre l’offre agrégée à court terme.
verticale, car le PIB potentiel est indépendant du niveau On y voit le barème d’offre agrégée à court terme et la
des prix du fait que tout mouvement le long de la courbe courbe correspondante, identifiée par les lettres OACT.
est accompagné de variations de deux types de prix : le Cette dernière a une pente positive. Elle correspond au
prix des biens et services (le niveau des prix) et le prix barème qui est présenté sous forme de tableau; chaque
des facteurs de production. Sur cette courbe, lorsque le point de la courbe correspond à une ligne du barème. Par
niveau des prix augmente de 10 %, le taux de salaire exemple, le point a de la courbe et la ligne a du barème
nominal et les autres prix des facteurs augmentent égale¬ nous indiquent que, pour un niveau des prix de 100, le
ment de 10 %. Ce qui revient à dire que le niveau des PIB réel offert est de 700 milliards de dollars.
prix, le taux de salaire nominal et les autres prix des fac¬
teurs subissent une variation équivalente, mais que le
salaire réel et les prix relatifs des facteurs demeurent
inchangés. Lorsque le niveau des prix change, mais que FIGURE 7.4
équivalente. entre la quantité offerte de PIB réel et le niveau des prix lorsque
le salaire nominal, tous les autres prix des facteurs et le PIB poten¬
tiel demeurent constants. La courbe d’offre agrégée à court terme
L’offre agrégée à court terme présentée ici correspond au barème du tableau. La pente de la
courbe OACT est positive, car les coûts des entreprises aug¬
L’offre agrégée à court terme est la relation entre la mentent à mesure que s’accroît la production, et une hausse des
quantité offerte de PIB réel et le niveau des prix lorsque prix est alors nécessaire pour convaincre les entrepreneurs d’aug¬
le taux de salaire nominal et le prix de tous les autres menter la quantité produite.
L’offre agrégée
Le marché de la main-d’œuvre à court terme Le duction demeurent constants, la quantité offerte de PIB
marché de la main-d’œuvre est la clé pour comprendre réel diminue.
ce qui se produit le long de la courbe d’offre agrégée
à court terme. Au fur et à mesure que l’économie se dé¬ Les mouvements le long des courbes d’offre
place de gauche à droite sur la courbe d’offre agrégée agrégée à court et à long terme La figure 7.5 ré¬
à court terme, l’emploi augmente et le chômage décroît. sume ce qu’on vient de voir à propos des courbes d’offre
Lorsque le PIB réel est égal au PIB potentiel, l’économie agrégée à court terme ( OACT) et à long terme ( OALT).
est au plein emploi. Cependant, la notion de plein em¬ Une augmentation du niveau des prix accompagnée
ploi ne signifie pas un taux de chômage égal à zéro ; elle d’une augmentation équivalente (en pourcentage) des
signifie que le taux de chômage a atteint ce qu’on appelle salaires et des prix des autres facteurs entraîne un déplace¬
le taux de chômage naturel. (On examinera plus en détail ment le long de l’OALT. Dans ce cas, le PIB réel demeure
cette notion dans le chapitre 13.) Lorsque le PIB réel est constant et équivaut au PIB potentiel. Une augmenta¬
inférieur au PIB potentiel, le taux de chômage est supé¬ tion du niveau des prix alors que les salaires et les prix
rieur à son taux naturel et l’économie fonctionne en des¬ des autres facteurs demeurent inchangés entraîne un
sous de son niveau de plein emploi. Lorsque le PIB réel déplacement le long de l’OACT. Au fur et à mesure que le
excède le PIB potentiel, le taux de chômage est inférieur niveau des prix augmente, la quantité offerte de PIB réel
à son taux naturel et l’économie fonctionne au-dessus de s’accroît, et l’économie s’éloigne de son PIB potentiel et
son niveau de plein emploi. de la courbe OALT.
Au point c sur la courbe d’offre agrégée à court
terme et à la ligne c du barème, le niveau des prix est
de 110, ce qui veut dire que la quantité offerte de PIB
réel est de 800 milliards de dollars et quelle équivaut au
FIGURE 7.5
PIB potentiel. Si le niveau des prix est supérieur à 110, la
quantité offerte de PIB réel excède le PIB potentiel et, si Les déplacements le long
le niveau des prix est inférieur à 110, la quantité offerte
de PIB réel est inférieure au PIB potentiel. De même, si
des courbes d’offre agrégée
le niveau des prix est supérieur à 110, le taux de chômage à court et à long terme
est inférieur à son taux naturel et, si le niveau des prix est
inférieur à 110, le taux de chômage est supérieur à son
taux naturel. a 130
o
prix de la bouteille de Pepsi Cola chutait alors que les PIB réel (en milliards de dollars de 1992)
Nous avons vu les courbes d’offre agrégée à court et ductive et plus la production de biens et de services est
à long terme. Nous avons également découvert les grande. Ainsi, plus le stock de capital augmente rapide¬
facteurs qui font que la courbe d’offre agrégée à long ment, plus le PIB réel s’accroît rapidement. L’économie
terme est verticale, et ceux qui font que la pente de la canadienne, bien nantie en capital, a un PIB réel par
courbe d’offre agrégée à court terme est positive. Mais heure de travail beaucoup plus élevé que celui des pays
qu’est-ce qui entraîne un déplacement de la courbe a faible capital, comme c’est le cas dans les pays en voie
d offre agrégée ? C’est ce que nous allons examiner. de développement. Par contre, dans les pays asiatiques,
la croissance rapide du stock de capital observée au cours
des vingt-cinq dernières années a engendré un taux
Les déterminants de l’offre agrégée d’augmentation du PIB réel beaucoup plus rapide
qu’au Canada.
Nous venons de voir qu’une variation du niveau des prix, Dans l’une des deux usines de Pepsi Cola, le direc¬
toutes choses étant égales par ailleurs, entraîne un dé¬ teur détient un diplôme en économie et une maîtrise
placement le long des courbes d’offre agrégée. Il est en administration des affaires, et les ouvriers ont en
important d observer qu’un tel changement ne modifie moyenne 10 ans d’expérience. Dans l’autre, le directeur
pas l’offre agrégée. Pour qu’il y ait un déplacement de n’a aucune formation en affaires et les ouvriers, qui vien¬
la courbe d’offre agrégée, il faut que l’un des facteurs qui nent d’être embauchés, ne sont ni qualifiés ni expéri¬
peuvent influer sur la production, mis à part le niveau mentés. La première usine dispose d’un stock de capital
des prix, subisse un changement. Examinons ces facteurs humain plus imposant que la seconde; sa production est
en commençant par ceux qui ont une incidence sur l’of¬ donc plus élevée. Pour l’ensemble de l’économie, plus le
fre agrégée à long terme. stock de capital humain — les compétences acquises à
l’école ou au travail — est important, plus le PIB réel est
Les variations de l’offre agrégée à long terme élevé. Et, toutes choses étant égales par ailleurs, plus rapi¬
L’offre agrégée à long terme change lorsque le PIB dement le stock en capital humain s’accroît, plus rapide¬
potentiel change. Celui-ci est amené à changer pour ment le PIB réel augmente.
deux raisons : La chaîne de production de l’une des deux usines
1. une augmentation des heures de travail, de Pepsi Cola a été conçue dans les années 70, avant l’ère
2. une augmentation de la productivité. de 1 informatique. L’autre usine possède le tout dernier
équipement robotisé. Même avec une main-d’œuvre ré¬
Prenons le cas de deux usines identiques d’embou¬ duite, la seconde usine est capable de produire quoti¬
teillage de Pepsi Cola, sauf que, dans l’une, les ouvriers diennement un plus grand nombre de bouteilles que la
font 100 heures de travail alors que, dans l’autre, ils n’en première. Les progrès technologiques — l’invention de
font que 10. L’usine qui fonctionne pendant le plus procédés de production nouveaux et plus efficaces —
grand nombre d heures produira le plus grand nombre permettent aux entreprises de produire davantage avec
de bouteilles. C’est la même chose pour l’ensemble de une quantité donnée de facteurs de production. Ainsi,
1 économie. Plus les heures de travail sont nombreuses, même quand la main-d’œuvre et le stock de capital
plus le PIB potentiel est élevé. De la même manière, restent constants, les progrès technologiques font aug¬
toutes choses étant égales par ailleurs, plus le taux de menter la production et l’offre agrégée. Ces progrès sont,
croissance des heures de travail est rapide, plus le taux et de loin, la principale source de l’augmentation de la
de croissance du PIB potentiel est élevé.
production durant les deux derniers siècles. Aujourd’hui,
Une augmentation de la productivité signifie qu’on au Canada, grâce aux progrès technologiques et à l’accu¬
est capable de produire davantage à l’aide des mêmes
mulation du capital, un agriculteur peut nourrir 100 per¬
intrants, ou encore d’obtenir la même production à l’aide sonnes, et un travailleur de l’automobile peut produire
de moins d intrants. On mesure l'augmentation de la presque 14 automobiles ou camions par année.
productivité par le taux de croissance du PIB réel par
heure de travail. Trois facteurs principaux expliquent Les modifications de l’offre agrégée à court terme
1 augmentation de la productivité : Tous les facteurs qui influent sur l’offre agrégée à long
1. la croissance du stock de capital, terme agissent également sur celle à court terme. Ainsi, si
2. la croissance du capital humain, le PIB potentiel augmente, le PIB réel offert à long terme
3. les progrès technologiques. s’accroît et celui offert à court terme à chaque niveau des
prix augmente également. Donc, si le PIB potentiel aug¬
Supposons que l’une des deux usines de Pepsi Cola mente, l’offre agrégée à court terme augmente également.
ait deux chaînes d embouteillage et que l’autre n’en ait Les seuls facteurs qui influent sur l’offre agrégée à
qu’une. La première, qui possède plus de capital, aura court terme sans avoir d’effet sur l’offre agrégée à long
une production supérieure à celle de la seconde. C’est la terme sont, d’une part, le salaire nominal et, d’autre part,
même chose dans 1 ensemble de l’économie : plus le stock les prix des autres facteurs de production. Les prix des
de capital est important, plus la main-d’œuvre est pro¬ facteurs modifient l’offre agrégée à court terme parce
163
L’offre agrégée
qu’ils influent sur les coûts auxquels doit faire face l’en¬ Graphiquement, les variations se traduisent par un
treprise. Plus le niveau des salaires est élevé, plus les coûts déplacement des courbes. Le graphique (a) montre les
auxquels doit faire face l’entreprise sont élevés et plus la effets d’un changement du PIB potentiel. Au départ, la
quantité offerte de produits est faible, et ce, quels que courbe d’offre agrégée à long terme est en OALT0, et la
soient les prix de vente de ceux-ci. Ainsi, une augmenta¬ courbe d’offre agrégée à court terme en OACT0. Une aug¬
tion des salaires et de tout autre prix des facteurs entraîne mentation des heures de travail ou une hausse de la pro¬
une diminution de l’offre agrégée à court terme. ductivité fait passer le PIB potentiel, initialement de
Pourquoi les prix des facteurs de production 800 milliards de dollars, à 900 milliards. Il en résulte que
agissent-ils sur l’offre agrégée à court terme, mais non l’offre agrégée à long terme augmente et que la courbe cor¬
sur celle à long terme ? La réponse se trouve dans la défi¬ respondante se déplace vers la droite, en OALT\. L’offre
nition même de l’offre agrégée à long terme. Le long agrégée à court terme augmente également et la courbe
de la courbe qui correspond à cette dernière, le PIB réel qui la représente se déplace vers la droite, en OACT\.
demeure constant et équivaut au PIB potentiel parce que Le graphique (b) montre les effets d’une augmenta¬
toute variation des salaires et des autres prix des facteurs tion des salaires (ou de tout autre prix des facteurs) sur
de production s’accompagne d’une variation équivalente l’offre agrégée. Au départ, la courbe d’offre agrégée à
du niveau des prix. court terme est en OACT0. Une hausse des salaires fait
diminuer l’offre agrégée à court terme et la courbe se
Les déplacements des courbes d’offre agrégée à déplace alors vers la gauche, en OACT2. Le PIB potentiel
court et à long terme La figure 7.6 illustre les varia¬ ne change pas lorsque les salaires changent ; la courbe
tions des offres agrégées à long terme et à court terme. d’offre agrégée à long terme reste donc en OALT.
FIGURE 7.6
(a) Une variation du PIB potentiel entraîne un déplacement de (b) Une variation du taux de salaire nominal fait se
la courbe OACT et de la courbe OALT. déplacer la courbe OACT.
Dans le graphique (a), une augmentation du PIB potentiel aug¬ nominal fait diminuer l’offre agrégée à court terme et fait déplacer
mente à la fois l’offre agrégée à long terme et celle à court terme, la courbe correspondante vers la gauche, de OACT0 à OACTj. Une
et fait déplacer les deux courbes vers la droite, de OALT0 à OALTi augmentation du salaire nominal n’a aucun effet sur le PIB poten¬
et de OACTo à OACT,. Dans le graphique (b), une hausse du salaire tiel, et la courbe d’offre agrégée à long terme ne se déplace pas.
164
L’équilibre macroéconomique
■ Le long de la courbe d’offre agrégée à long terme, une
à court terme
variation du niveau des prix s’accompagne d’une vari¬
ation équivalente (en pourcentage) des salaires, et la
O
quantité de PIB réel est constante et égale au PIB
potentiel.
■ Une hausse des salaires (ou de tout autre prix des fac¬ Les entreprises
teurs) fait diminuer l’offre agrégée à court terme, mais augmentent la
production et
n’a aucun effet sur celle à long terme. La courbe
les prix.
OACT se déplace vers la gauche.
La détermination du PIB réel et équilibre, alors que le niveau des prix est de 110 et que
du niveau des prix à court terme la valeur du PIB réel est de 800 milliards de dollars
(points c et c).
Nous avons vu que la courbe de demande agrégée Pour comprendre pourquoi il s’agit là d’un point
indique la quantité demandée de PIB réel en fonction d’équilibre, étudions ce qui se passerait si le niveau des
du niveau des prix, et que celle d’offre agrégée à court prix était différent de 110. Supposons, par exemple, qu’il
terme indique la quantité offerte de PIB réel en fonction soit de 120 et que le PIB réel soit de 900 milliards de
du niveau des piix. h y a équilibré macroéconomique à dollars (point e') sur la courbe OACT Comme la quan¬
court terme lorsque ia quantité demandée de PIB réel tité demandée de PIB réel est inférieure à 900 milliards
est égale à la quantité offerte de celui-ci. C’est le point de dollars (en fait, 750 milliards), les entreprises sont
d'intersection de la courbe DA et de la courbe OACT. incapables de vendre toute leur production. Par con¬
Dans la figure 7.7, nous avons un exemple d’un tel séquent, les stocks s’accumulent et les entreprises sont
165
L’équilibre macroéconomique
incitées à diminuer leur production ainsi que leurs prix croise la courbe d’offre agrégée à court terme OACT]
de vente. Cette baisse ne cessera que lorsque les entre¬ alors que le PIB réel et le PIB potentiel sont tous deux de
prises auront réussi à écouler toute leur production. Elle 800 milliards de dollars. Ce graphique décrit assez bien
s’arrêtera donc lorsque la valeur du PIB réel sera de la situation de l’économie canadienne en 1998-1999.
800 milliards de dollars et que le niveau des prix sera Enfin, le graphique (c) représente une situation
de 110. d’équilibre de suremploi. Un tel équilibre se produit
Supposons maintenant que le niveau des prix soit lorsque le PIB réel est supérieur au PIB potentiel. On
de 100 et que la valeur du PIB réel soit de 700 milliards appelle écart inflationniste la différence entre la valeur
de dollars (point a' sur la courbe OACT). Comme la du PIB réel et celle du PIB potentiel. Ce terme indique
quantité demandée de PIB réel excède 700 milliards de qu’un écart s’est creusé entre le PIB réel et le PIB poten¬
dollars (en fait, 850 milliards), les entreprises sont inca¬ tiel, et cet écart crée une pression inflationniste sur
pables de faire face à la demande. Les stocks s’épuisent et l’économie.
les consommateurs réclament des biens et des services. Comme l’illustre le graphique (c) de la figure 7.8,
Les entreprises augmentent alors leur production et leurs l’équilibre de suremploi se produit lorsque la courbe de
prix jusqu’à ce qu’elles soient capables de faire face à la demande agrégée DA2 croise la courbe d’offre agrégée à
demande. Ce mouvement à la hausse se poursuivra tant court terme OACT2 alors que le PIB réel est de 900 mil¬
et aussi longtemps que la valeur du PIB réel n’aura pas liards de dollars et que le niveau des prix est de 110. On
atteint 800 milliards de dollars et que le niveau des prix observe alors un écart inflationniste de 100 milliards de
ne sera pas de 110. dollars. Cette situation rappelle celle que l’économie
canadienne a traversée entre 1988 et 1990.
L’économie passe d’un type d’équilibre macroécono¬
L’équilibre macroéconomique à mique à un autre selon les variations de la demande
court terme et le plein emploi agrégée et de l’offre agrégée à court terme. Ces variations
provoquent des fluctuations du PIB réel et du niveau des
L’équilibre macroéconomique à court terme ne corres¬ prix. Le graphique (d) de la figure 7.8 montre comment
pond pas nécessairement au plein emploi. En situation le PIB réel fluctue autour du PIB potentiel.
de plein emploi, le PIB réel est égal au PIB potentiel et
l’économie se situe sur la courbe d’offre agrégée à long
terme. L’équilibre macroéconomique à court terme se La croissance à long terme
produit lorsque la courbe de demande agrégée croise la et l’inflation
courbe d’offre agrégée à court terme. Par conséquent, le
PIB réel peut être à court terme inférieur, supérieur ou La croissance économique à long terme se caractérise par
égal au PIB potentiel. La figure 7.8 illustre ces trois types une augmentation continuelle de l’offre agrégée à long
d’équilibre macroéconomique. terme. La courbe qui représente cette dernière se déplace
Dans le graphique (a), il y a équilibre de chômage. vers la droite, et ce, année après année; la vitesse à la¬
Un tel équilibre se produit lorsque le niveau du PIB réel quelle elle le fait est déterminée par le taux de croissance
est inférieur à celui du PIB potentiel. On appelle écart du PIB potentiel.
récessionniste la différence entre la valeur du PIB poten¬ L’inflation est due à une augmentation persistante
tiel et celle du PIB réel. Ce terme nous indique qu un de la demande agrégée qui excède le taux de croissance
écart s’est creusé entre le PIB réel et le PIB potentiel du PIB potentiel. La courbe de demande agrégée se
parce que l économie est engagée dans une récession ou déplace vers la droite à un rythme plus rapide que ne le
parce que le PIB réel a augmenté plus lentement que ne fait la courbe d’offre agrégée à long terme. Le principal
l’a fait le PIB potentiel. facteur qui influe à long terme sur la demande agrégée est
L’équilibre de chômage illustré par le graphique (a) la masse monétaire. Lorsque la quantité de monnaie aug¬
se produit lorsque la courbe de demande agrégée DAq mente trop rapidement et d’une façon continue, la de¬
croise la courbe d’offre agrégée à court terme OACTq à mande agrégée augmente elle aussi trop rapidement et
un niveau de PIB réel de 700 milliards de dollars et à un le taux d’inflation est alors élevé. Par contre, lorsque la
niveau des prix de 110. On observe alors un écart réces¬ masse monétaire s’accroît lentement et de façon régu¬
sionniste de 100 milliards de dollars. Cette situation rap¬ lière, la demande agrégée augmente, elle aussi, lentement
pelle celle qu’a connue l’économie canadienne au début et le taux d’inflation est bas.
des années 80 et, de nouveau, au début des années 90. Dans la réalité, le taux de croissance du PIB réel
Le chômage était élevé et le PIB réel était inférieur au et le taux d’inflation ne sont pas constants. On observe
PIB potentiel. plutôt des fluctuations plus ou moins grandes du PIB
Le graphique (b) illustre un équilibre de plein em¬ réel et du taux d’inflation d’une année à l’autre. Par
ploi, c’est-à-dire un équilibre où il y a égalité entre le PIB ailleurs, les fluctuations du PIB réel se font autour du
réel et le PIB potentiel. Dans notre exemple, cet équilibre PIB potentiel. Un grand nombre de facteurs sont à
se produit lorsque la courbe de demande agrégée DA] l'origine de ces fluctuations à court terme. Lorsque nous
166
FIGURE 7.8
OALT
OACT,
les étudions, nous ne tenons pas compte des tendances à le niveau des prix de 110. L’économie se trouve initiale¬
long terme, ce qui nous permet de mieux distinguer ceux ment sur la courbe de demande agrégée DAq, sur la
qui ont une influence sur les fluctuations à court terme. courbe d’offre agrégée à court terme OACT0 et sur la
Examinons a présent quelques-uns des facteurs qui courbe d’offre agrégée à long terme OALT.
sont responsables des fluctuations autour des tendances
Supposons maintenant que l’économie mondiale
à long terme.
connaisse une croissance économique rapide et que la
demande des biens fabriqués au Canada augmente au
Japon et en Europe. L’augmentation des exportations
Les effets d’un changement canadiennes fait augmenter la demande agrégée, et la
de la demande agrégée courbe de demande agrégée se déplace vers la droite.
Supposons que, dans le graphique (a) de la figure 7.9,
Essayons de voir comment le PIB réel et le niveau des la courbe de demande agrégée se déplace de DA0
prix reagissent a une variation de la demande agrégée. vers DA\.
Supposons que, au départ, 1 économie soit au plein em¬
Devant cette augmentation de la demande, les entre¬
ploi et que, comme le montre le graphique (a) de la fi¬ prises haussent leur niveau de production et les prix
gure 7.9, le PIB réel soit de 800 milliards de dollars, et s’élèvent. Dans l’ensemble de l’économie, le PIB réel
L’équilibre macroéconomique
FIGURE 7.9
Une augmentation de la demande agrégée fait déplacer la courbe OACT0 à OACT|, comme l’indique le graphique (b). En se déplaçant
correspondante de DA0 à DA|. Dans une situation d’équilibre à vers la gauche, la courbe d’offre à court terme croise la courbe de
court terme, le PIB monte de 800 à 850 milliards de dollars, et le demande agrégée DA, à des niveaux de prix de plus en plus élevés
niveau des prix passe de I 10 à 115. Cette situation provoque alors et à des niveaux de PIB réel de plus en plus faibles. Le niveau des
un écart inflationniste. Le taux de salaire nominal augmente et la prix finit par atteindre 125 et le PIB réel est ramené à 800 mil¬
courbe d’offre agrégée à court terme se déplace vers la gauche, de liards de dollars, soit le niveau du PIB potentiel et du plein emploi.
augmente et les prix montent. Le PIB réel s’élève main¬ Si le niveau des prix augmente alors que les salaires
tenant à 850 milliards de dollars, et le niveau des prix est restent constants, les travailleurs subissent une baisse
de 115. L’économie se trouve en équilibre de suremploi. de leur pouvoir d’achat. Par ailleurs, les entreprises voient
Le PIB réel excède le PIB potentiel, et il se produit alors leurs revenus augmenter et leurs coûts demeurent in¬
un écart inflationniste. changés. Les profits des entreprises augmentent. Les
Dans une telle situation d’équilibre à court terme, les travailleurs exigent alors des salaires plus élevés, et les
entreprises produisent autant quelles le veulent, compte entreprises, désireuses de maintenir leurs niveaux de pro¬
tenu du niveau des prix et du taux de salaire nominal duction et d’emploi, acquiescent à ces demandes. Si tel
observés sur le marché. L’augmentation de la demande n’était pas le cas, elles perdraient certains employés et
agrégée a provoqué une hausse des prix de tous les biens auraient à en embaucher d’autres, moins productifs.
et services. Devant cette hausse, les entreprises ont aug¬ À mesure que les salaires augmentent, la courbe
menté leur niveau de production. À ce stade, les prix des d’offre agrégée à court terme se déplace vers la gauche.
biens et services ont augmenté, mais les salaires nomi¬ Dans le graphique (b) de la figure 7.9, elle se déplace
naux n’ont pas changé. (Rappelez-vous que, lorsque de OACT0 vers OACT\. La hausse des salaires et le dé¬
l’économie se déplace sur la courbe d’offre agrégée à placement de la courbe d’offre agrégée à court terme
court terme, les salaires nominaux sont constants.) génèrent une série de nouveaux points d’équilibre. Pen¬
Toutefois, l’économie ne peut pas indéfiniment pro¬ dant cette période d’ajustement, le PIB réel diminue et le
duire au-dessus du niveau du PIB potentiel. Pourquoi ? niveau des prix augmente ; l’économie se déplace le long
Quelles sont les forces qui rétablissent le plein emploi et de la courbe de demande agrégée, comme l’indiquent les
qui ramènent le PIB réel au niveau du PIB potentiel? flèches dans la figure. La hausse des salaires finit par faire
i68
Chapitre 7 1_a demande agrégée et l'offre agrégée
Après avoir vu les effets d’un changement de la de¬ dante vers la gauche, de OACT0 à OACT,. Le PIB réel tombe de 800
mande agrégée sur le PIB réel et sur le niveau des prix, à 7S0 milliards de dollars, et le niveau des prix passe de I 10 à 120.
examinons a présent les effets produits sur ces deux élé¬ L économie connaît à la fois une récession et une inflation, c’est-
sure que le niveau des prix augmente et que le prix du ■ la croissance à long terme,
pétrole demeure constant, le prix relatif de ce dernier ■ l’inflation,
diminue.
■ les cycles économiques.
La croissance, l’inflation
et les cycles de l’économie
canadienne ^ : 1_1_1_1_1_:_1_
peut, en quelque sorte, la comparer à une vidéocassette. Chaque point indique la valeur de l’indice implicite du PIB et celle
La figure 7.10, qui illustre la demande et l’offre agrégées, du PIB réel pour une année donnée. En 1971, les valeurs de ces
correspond alors à un arrêt de l’image. Regardons cette deux variables étaient déterminées par l’intersection des courbes
vidéocassette — le doigt sur la touche d’arrêt — et iden¬ de demande agrégée DA71 et d’offre agrégée à court terme OACT7\.
tifions quelques moments importants de notre histoire Chacun des points est déterminé par le déplacement graduel des
économique depuis 1971. courbes DA et OACT. En 1998, ces courbes correspondaient à DA98
La figure 7.11 illustre la situation de l’économie en et à OACT98. Le PIB réel a augmenté et le niveau des prix s’est
1971, lorsque la courbe de demande agrégée DA7\ coupait élevé. Mais le PIB réel et l’inflation n’ont pas augmenté d’une façon
la courbe d’offre agrégée à court terme OACT7\. Le PIB similaire. Au début des années 70, le PIB réel s’est accru rapide¬
réel était de 371 milliards de dollars, et 1 indice implicite ment et l'inflation a été plutôt modérée. La croissance du PIB réel
du PIB de 27, c’est-à-dire le quart de son niveau en 1998. a fléchi en 1974 et en 1975 et, à nouveau en 1982, mais cette fois
En 1998, l’économie a atteint le point marqué par le d’une façon plus prononcée. L’inflation a été rapide durant les
croisement des courbes de demande agrégée DAc,% et années 70, avant de ralentir lors de la récession de 1982. La
d’offre agrégée à court terme OACT^. Le PIB réel était période de 1982 à 1989 a été marquée par une reprise vigoureuse
de 830,8 milliards de dollars, et l’indice implicite du PIB et soutenue. En 1991, l'économie s’est engagée dans une récession
avant de connaître une nouvelle phase d’expansion.
de 107.
Les points bleus et rouges illustrent l’évolution de
Source : Statistique Canada, CANSIM, matrices 6522 et 6544, 1999.
l’économie. On peut dégager trois caractéristiques
importantes :
Entre les lignes
Ralentissement économique
et demande agrégée
Les faits
EN BREF
■ L’objectif de la Banque du
Canada est de maintenir le
taux annuel d’inflation entre
I % et 3 %.
9 MAI 1996
SUN, le
VAN C O U ■ E
^ V - R
-____
■ En 1996, les prix ont aug¬
- rinT^anadadénonceles
La Banque du Canada at.on dangers
^ menté à un taux annuel de
1,4 %, presque le taux le plus
aiiuu
bas qu’on ait enregistré depuis
gens sont ^or h ts parce qu ils
40 ans.
par Éric Beauchesne feporter ^rfesaCphrSSsePront encore
pensent que le P deux mois. Et.
plus bas f ^ comportement risque
■ Une chute des prix peut
OTTAWA — La Pa£^alutte à l’infla- déclencher une spirale défla¬
principal acteur t maintenant d'avoR des effets dévastateurs sur
lion au pays’ * sibie déflation qui, tionniste. Les gens et les entre¬
inquiété dun P pourrait avoir ''^TouUomme une ^^^^nflatfon- prises reportent leurs achats
peut déclencher un peut avoir
niste, une chute de ceux ^ a_ et les entreprises réduisent
l'effet inverse, ca achatSi for- encore plus leurs prix.
teurs. en r<;P0’^1à réduire davan-
années 30. l'existence d’un cent les entrepns ^ entreprises
«Nous cr0,y°fn^rTuoi nous le
risque, etces Pomu. Gordon
tage leurs prix, n faiiUte ou par ■ Les entreprises finissent
finissent alors P5r{ains travailleurs.
dénonçons , a P ^nférence de mettre a pmd certams n.ont plus par faire faillite ou par mettre
SÆ|«nt^»r «pen.ar. Iss P™ à pied certains de leurs tra¬
ïn’araïïoïS-£»«l sur 1s cou- vailleurs. On réduit encore
ioncture monétaire. g actuelle- plus les dépenses, et les prix
Mais la Banqu ef lus mie. qui f°^Cdenson potentiel, devait continuent à baisser.
ment à abaisser davantag^^ ^ en dessous d P lus rapide que
connaître une reçns^Pia Banque. le
rapidement les ta d.encourager les ce que ne le pre alors réduit.
aurait pour1maintenir les prix et, ■ Selon la Banque du
"Sïeliement, défrayer le» î2rnfcS^/»““ Canada, la déflation et l’infla¬
tion sont aussi nocives l’une
BVeÆ“aSn.. ». la cgnte
c’est de mmnteniigl prévues. que l’autre pour l’économie.
déflation venad la Banque tendanciel da risque de
S'il descend plus basa uy^ p
réduirait^es tauxdJintéreL a
déflation ^eieS Inversement. s il ■ Par conséquent, lorsque la
StésmdCesresaq lutte féroce contre notre économie. risque d spl.
S^S^tee?. là encore, leco- Banque du Canada prévoit une
l’inflation. Banque est de
L’objecti d’inflation entre
déflation, elle réduit les taux
nomie en souffnr^;ment, admet
Pour 1 il v a beaucoup d’incer-
d’intérêt et, lorsqu’elle prévoit
M. Thiessen. « il y a nea
une inflation, elle les augmente.
titude. » certain temps, nous
S&r^-àrg^^ « Pendant un cerna la sltua-
üÆt à ceM
'ÆellSbS ^na.. enregistre
SS SSiÏÏne reprise pW
dCqSelon(N^Thiess^^ unta^w de^/o vigoureuse. »
î^n&enâ^OrPdans une
Ç Southam ■
Mr
Analyse
ÉCONOMIQUE
■ La Banque du Canada
portant que cela.)
marche sur une corde
■ La figure 2 illustre les raide entre la déflation
dangers de la déflation dont et l’inflation.
les
Si vous
Entre
DEVIEZ VOTER
■ Écrivez une lettre au gouverneur de la Banque du Canada pour lui faire part de vos commentaires sur cette question.
i7i
Chapitre 7 La demande agrégée et l’offre agrégée
L’inflation
dérée, et la courbe d’offre agrégée à court terme s’est moment décisif pour l’économie canadienne. L’avenir
également déplacée vers la droite. La croissance de la seul nous le dira.
demande agrégée a suivi celle de l’offre agrégée. Ainsi,
l’augmentation soutenue et régulière de la demande et
de l’offre agrégées a permis au PIB réel de poursuivre sa O Le modèle de demande et d’offre agrégées nous aide
croissance, ce qui a permis le maintien d’un taux d’infla¬ à comprendre la croissance à long terme, l’inflation et
tion relativement stable. D’une récession marquée par un les cycles économiques. Il est utile en ce sens qu’il nous
niveau de PIB réel inférieur au PIB potentiel en 1982, donne une vue d’ensemble de la croissance à long terme,
l’économie est passée à une situation de suremploi des cycles du PIB réel, ainsi que des tendances et des
en 1989. C’est à partir de cette situation qu’une dimi¬ cycles de l’inflation. Dans la rubrique « Entre les lignes »,
nution de la demande agrégée a provoqué la récession page 170, vous pouvez lire un texte qui utilise largement
de 1991. Puis, en 1992, l’économie canadienne est le modèle d’offre et de demande agrégées et qui dé¬
entrée dans une nouvelle phase d’expansion, toujours montre l’utilité de ce modèle pour comprendre la
présente en 1998. On remarque également à la fi¬ situation économique du Canada en 1996.
gure 7.11 que l’année 1998 se distingue des autres Au chapitre 8, on verra de façon plus détaillée les
années. En effet, pour la première fois depuis des décen¬ forces qui agissent sur la demande agrégée. On verra
nies, l’économie canadienne a enregistré une baisse du également ce qui se passe lorsque les intentions de dé¬
niveau général des prix. Cette déflation est le résultat penses ne se concrétisent pas. Finalement, on examinera
d’une augmentation de l’offre agrégée à court terme plus comment ces intentions et les revenus interagissent de
forte que celle de la demande agrégée. Pour l’instant, façon à pousser l’économie vers sa courbe de la demande
plusieurs se demandent si cette baisse de prix marque un agrégée.
RÉSUMÉ
Points clés agrégée à court terme se déplace lorsque les prix des
facteurs ou le PIB potentiel subissent un changement.
(p. 159-164)
La demande agrégée exprime la relation entre la
quantité demandée de PIB réel et le niveau des prix, tous L’équilibre macroéconomique Le PIB réel et le ni¬
les autres facteurs demeurant constants. Toutes choses veau des prix sont déterminés par la demande et l’offre
étant égales par ailleurs, plus le niveau des prix est élevé, agrégées à court terme. Lorsque le PIB réel d’équilibre
plus la quantité demandée de PIB réel est faible. La est égal au PIB potentiel, l’économie se trouve en plein
courbe de demande agrégée a une pente négative, ce qui emploi et le chômage atteint son taux naturel. Lorsque le
s’explique par un effet de richesse et deux effets de substi¬ PIB réel d’équilibre est inférieur au PIB potentiel, il se
tution. Une augmentation du niveau des prix réduit la produit un écart récessionniste et le chômage excède
richesse et entraîne une hausse des prix courants des alors son taux naturel. Lorsque le PIB réel d’équilibre est
biens et des services par rapport à ce qu’ils seront dans supérieur au PIB potentiel, il se produit un écart infla¬
l’avenir. Cette hausse a aussi pour effet de rendre les tionniste et le chômage est inférieur à son taux naturel.
biens et services locaux relativement plus chers que ne le La croissance à long terme du PIB réel résulte d’une aug¬
sont les biens et services étrangers. La demande agrégée mentation du PIB potentiel. L’inflation se produit lors¬
se modifie et la courbe qui la représente se déplace en que la demande agrégée augmente de façon plus rapide
fonction des variations des anticipations, des politiques que ne le fait le PIB potentiel. Le PIB réel et le niveau
budgétaire et monétaire, et de l’économie mondiale. des prix fluctuent parce que la demande et l’offre agré¬
(p. 156-158) gées à court terme varient, (p. 164-169)
L’offre agrégée à long terme est égale au PIB poten¬ La croissance, l’inflation et les cycles de l’économie
tiel. Elle varie seulement lorsque le PIB potentiel change. canadienne L’économie canadienne connaît des pé¬
L’offre agrégée à court terme est la relation entre la quan¬ riodes de croissance, des périodes d’inflation et des cycles
tité offerte de PIB réel et le niveau des prix lorsque les parce que la demande et l’offre agrégées augmentent à un
salaires et tous les autres facteurs qui influent sur les rythme différent. Au cours des années 1980 et 1981, le
intentions de production demeurent constants. Plus le ralentissement de la croissance de la demande agrégée a
niveau des prix est élevé, plus la quantité offerte de PIB conduit à la grave récession de 1982. Celle-ci a provoqué
réel est importante, et ce, lorsque les prix des facteurs et une baisse du PIB réel et du taux d’inflation. Des aug¬
tous les autres motifs qui agissent sur les intentions de mentations modérées des salaires, conjuguées aux progrès
production demeurent inchangés. La courbe d offre réguliers de la technologie et à l’accumulation du capital,
174
Chapitre 7 La demande agrégée et l’offre agrégée
ont entraîné une expansion soutenue de 1983 à 1989. Figure 7.8 Trois types d’équilibre macroéconomique,
Un ralentissement de la croissance de la demande agrégée 166
a conduit a la récession de 1991, et une augmentation de Figure 7.9 Les effets d’une augmentation de la
la croissance de la demande agrégée a amené une expan¬
demande agrégée, 167
sion qui avait toujours cours en 1998. (p. 169-173) Figure 7.10 Une diminution de l’offre agrégée, 168
Figures clés
Mots clés
Figure 7.1 La courbe de demande agrégée et le
barème de demande agrégée, 156 Demande agrégée, 156
Figure 7.2 Le déplacement de la courbe de demande Écart inflationniste, 165
agrégée, 159 Écart récessionniste, 165
Figure 7.4 La courbe d’offre agrégée à court terme et Équilibre de chômage, 165
le barème d’offre agrégée à court terme, Équilibre de plein emploi, 165
160
Équilibre de suremploi, 165
Figure 7.5 Les déplacements le long des courbes
Équilibre macroéconomique à court terme, 164
d’offre agrégée à court et à long terme, 161 Offre agrégée à court terme, 160
Figure 7.6 Les déplacements des courbes d’offre Offre agrégée à long terme, 159
agrégée à court et à long terme, 163 Politique budgétaire, 157
Figure 7.7 L’équilibre macroéconomique à court Politique monétaire, 158
terme, 164
Revenu disponible, 157
Questions de Révision
13. Décrivez l’effet d’une hausse du prix du pétrole sur 15. Quels sont les principaux facteurs qui, dans
le PIB réel et sur le niveau des prix. l’économie canadienne, peuvent provoquer une
14. Quels sont les principaux facteurs qui, dans inflation persistante?
l’économie canadienne, provoquent la croissance 16. Pourquoi l’économie canadienne traverse-t-elle des
du PIB réel ? cycles sur le plan de son activité agrégée ?
ANALYSE CRITIQUE
1. Lisez le compte rendu de l’expansion économique Canada augmente les taux d’intérêt au point
canadienne au cours des années 90 dans la rubrique de causer une récession.
«Entre les lignes» (p. 171), et répondez aux ques¬
2. Commentez cette affirmation : « Lorsque l’écono¬
tions suivantes (n’oubliez pas de consulter au
mie connaît un écart récessionniste, l’immigration
besoin la figure 7.11) : accroît la main-d’œuvre, ce qui fait augmenter le
a) Quelles sont les principales caractéristiques de chômage. Par contre, si l’économie présente un
l’économie qui, en 1996, inquiétaient Gordon écart inflationniste, l’immigration fait baisser le
Thiessen ? taux d’inflation. »
b) Quelles sont les périodes où l’on a observé,
3. En vous appuyant sur le modèle de demande et
soit un écart récessionniste, soit un écart
d’offre agrégées, dites si l’assertion suivante est vraie
inflationniste ?
ou fausse: «Toute politique gouvernementale qui
c) Tracez, en vous référant à la figure 1, un
vise à éliminer un écart inflationniste ne peut
graphique de la demande et de l’offre agrégées
qu’accroître l’inflation. »
pour illustrer l’état de l’économie en 1991 et
en 1995. 4. L’économie peut-elle croître rapidement si l’infla¬
d) Tracez un graphique de la demande et de tion demeure faible ? Utilisez le modèle de
l’offre agrégées pour illustrer l’économie demande et d’offre agrégées pour expliquer
en 1995 en supposant que la Banque du votre réponse.
PROBLÈMES
1. Voici les événements qui ont une influence sur a) Expliquez les effets distincts de chacun de ces
l’économie de Nirvana: événements sur le PIB réel et sur le niveau des
■ On assiste à une forte expansion de l’économie prix dans l’économie de Vaches-Maigres, en
mondiale. prenant comme point de départ l’équilibre de
■ Les entreprises anticipant d’importants profits. plein emploi.
■ Le gouvernement de Nirvana diminue ses b) Expliquez les effets combinés de ces événe¬
dépenses. ments sur le PIB réel et sur le niveau des prix
a) Expliquez les effets distincts de chacun de ces dans l’économie de Vaches-Maigres, toujours
événements sur le PIB réel et sur le niveau des en prenant l’équilibre de plein emploi comme
prix dans l’économie de Nirvana, en prenant point de départ.
comme point de départ l’équilibre de plein 3. L’économie d’Avalon présente les barèmes suivants
emploi. de demande et d’offre agrégées :
b) Expliquez les effets combinés de ces événe¬
ments sur le PIB réel et sur le niveau des prix
dans l’économie de Nirvana, toujours en PIB réel PIB réel offert
Niveau demandé à court terme
prenant l’équilibre de plein emploi comme
situation de départ. des prix (en milliards de dollars de 1 992)
a) Tracez sur un graphique les courbes de de¬ d) Quels événements auraient pu faire se déplacer
mande et d’offre agrégées à court terme. la demande agrégée de DA0 à DAXÏ
b) Trouvez le PIB réel et le niveau des prix dans e) Quels événements auraient pu faire se déplacer
une situation d’équilibre à court terme. l’offre agrégée à court terme de OACT0 à
c) Le PIB potentiel d’Avalon est de 500 milliards OACTx ?
de dollars. Tracez la courbe d’offre agrégée à f) Après l’augmentation de la demande agrégée,
long terme sur le graphique que vous avez mais avant la diminution de l’offre agrégée, le
réalisé en (a).
PIB réel est-il plus grand ou moins grand que
d) Avalon est-elle dans une situation d’équilibre . le PIB potentiel ?
de chômage, de plein emploi ou de suremploi ?
7. Vous êtes conseiller économique du premier
4. Dans le problème n° 3, la demande agrégée ministre et vous essayez de prévoir la situation
augmente de 100 milliards de dollars. Quel est économique du Canada pour la prochaine année.
le nouvel équilibre à court terme? Vous possédez les prévisions suivantes concernant
5. Dans le problème n° 3, l’offre agrégée diminue les courbes DA, OACTet OALT:
de 100 milliards de dollars. Quel est le nouvel
équilibre à court terme ? PIB réel
6. La figure ci-dessous montre les courbes de de¬ PIB réel offert à PIB
Niveau demandé court terme potentiel
mande et d offre agrégées dans une économie. Au
départ, la demande agrégée est en DAq et la courbe des prix (en milliards de dollars de 1992)
mm
V?'V
■
A
flu centre Molson de Montréal, Celine Dion chante dans son microphone en émet¬
tant un murmure a peine perceptible. Au moment d attaquer un passage plus marqué,
elle hausse la voix et celle-ci, grâce a 1 amplification électronique, explose à travers l'am¬
phithéâtre en entier, ne laissant entendre aucun autre son. ♦ Lucien Bouchard, premier
Dion ou un véhiculé sur une voie raboteuse. Comment 1 économie réagit-elle à ces fluc¬
tuations ? Absorbe-t-elle les chocs comme le font les amortisseurs de l’automobile de
M. Bouchard, qui assurent à ce dernier un voyage sans cahots ou, au contraire, comme
le font les amplificateurs du centre Molson pour la voix de Céline Dion, en accentue-
t-elle les effets pour les diffuser et influer sur les millions de personnes qui
participent au grand concert économique ?
Nous allons maintenant examiner ces questions. Nous verrons que les récessions et
les reprises economiques apparaissent a la suite d une variation des investissements ou
des exportations, variation qui transmet un effet amplifié à la dépense agrégée et au PIB
réel. Nous étudierons comment les importations et les impôts sur le revenu font dimi¬
nuer la puissance de cet effet amplificateur. Enfin, nous découvrirons que, contraire¬
ment à 1 effet amplificateur initial, les amortisseurs économiques que sont les variations
des prix et des revenus ne fonctionnent pas aussi bien que ceux d’une automobile, mais
sont néanmoins capables de ramener le PIB réel vers le PIB potentiel. ♦ Pour atteindre
nos objectifs, nous verrons d abord les facteurs qui déterminent la dépense agrégée et le
PIB réel à un niveau de prix donné. Cet exercice vise premièrement à approfondir ce que
nous avions vu au chapitre 7 (pages 156 à 158) sur la demande agrégée et la courbe qui
la représente. Ensuite, nous étudierons les facteurs qui modifient la demande agrégée et
qui entraînent 1 économie vers la courbe qui correspond à cette demande.
179
Les dépenses de consommation et l’épargne
4. les exportations nettes (les exportations moins La fonction de consommation Le graphique (a) de
les importations). la figure 8.1 illustre la fonction de consommation. Les
dépenses de consommation sont portées en ordonnée, et
La dépense agrégée planifiée est la somme des dé¬
le revenu disponible en abscisse. Les points représentés
penses de consommation planifiées, des dépenses d’in¬
par les lettres a à /situées sur la courbe de consommation
vestissement planifiées, des dépenses gouvernementales
correspondent aux lignes identifiées par les mêmes lettres
planifiées et des exportations nettes planifiées (les expor¬
dans le tableau. Par exemple, le point e représente un
tations planifiées moins les importations planifiées). Au
revenu disponible de 800 milliards de dollars et des dé¬
chapitre 7, nous avons étudié les facteurs qui influent sur
penses de consommation de 700 milliards. Au point a
les intentions de dépenses, entre autres le niveau des prix.
sur la courbe de la fonction de consommation, les dé¬
Dans le présent chapitre, nous étudierons les facteurs qui
penses de consommation sont de 100 milliards de dol¬
influent sur ces intentions à un niveau de prix donné.
lars, même si le revenu disponible est nul. A court terme,
Commençons par étudier de quelle façon le PIB réel
même s’ils ne disposent d’aucun revenu, les gens doivent
agit sur les dépenses de consommation planifiées et sur
évidemment continuer à acheter de la nourriture et
l’épargne.
d’autres produits essentiels. Pour y parvenir, ils doivent
soit liquider une partie de leurs actifs, soit emprunter.
De telles dépenses s’appellent dépenses autonomes.
La consommation et l’épargne Le long de la courbe de la fonction de consomma¬
tion, lorsque le revenu disponible augmente, les dépen¬
Les dépenses de consommation représentent la valeur des
ses de consommation augmentent également. En fait,
biens et des services achetés par les ménages. De nom¬
lorsque leur revenu s’accroît, les ménages sont portés à dé¬
breux facteurs ont une incidence sur ces dépenses, mais
penser une partie de leurs gains supplémentaires. Toute¬
le plus important et celui qui a l’effet le plus immédiat
fois, ils ne dépensent pas la totalité de leur hausse de
est sans contredit le revenu disponible. Le revenu dispo¬
revenu. Nous pouvons constater ce fait en comparant
nible est la somme des revenus gagnés (salaires, intérêts,
la fonction de consommation avec la droite à 45°.
loyers et profits) en échange de facteurs de production, à
laquelle on ajoute les paiements de transfert versés par le
gouvernement, et de laquelle on retranche les taxes et les La droite à 45° Le graphique (a) contient également
impôts. Un ménage peut, avec son revenu disponible, une droite appelée droite à 45°■ A chaque point sur cette
soit acheter des biens et des services de consommation, droite, les dépenses de consommation (axe des y) sont
égales au revenu disponible (axe des x). Lorsque la fonc¬
soit épargner.
Au fur et à mesure que le revenu disponible des tion de consommation se trouve au-dessus de la droite
ménages augmente, les dépenses engagées pour la nour¬ à 45°, c’est-à-dire entre a et c, les dépenses de consom¬
riture, les vêtements, le logement, le transport, les soins mation sont supérieures au revenu disponible ; lorsqu’elle
médicaux, les vacances, et pour la plupart des autres se trouve en dessous de la droite à 45°, c’est-à-dire entre
biens et services augmentent elles aussi. En d’autres ter¬ cet fi les dépenses de consommation sont inférieures au
mes, les dépenses de consommation d’un ménage aug¬ revenu disponible. Finalement, au point où la fonction
de consommation croise la droite à 45°, les dépenses de
mentent avec le revenu disponible.
consommation sont égales au revenu disponible.
FIGURE 8.1
Dépenses
Revenu de consommation Épargne
disponible planifiées planifiée
a 0 100 -100
b 200 250 -50
C 400 400 0
d 600 550 50
e 800 700 100
f 1 000 850 150
explication de ces facteurs au chapitre 15 (pages 376 à étant donné que la consommation et l’épargne absorbent
383). Une baisse des taux d intérêt, un accroissement de tout le revenu disponible. En effet, une partie de chaque
la valeur nette des actifs et une hausse du revenu anticipé dollar additionnel de revenu disponible est dépensée, et
sont tous des facteurs qui font augmenter les dépenses de l’autre partie est forcément épargnée.
consommation et qui réduisent l’épargne. Ils provoquent Il est possible de vérifier cette affirmation à partir de
un déplacement des fonctions de consommation et l’équation suivante :
d’épargne.
AC+A£= ARD.
Dans le tableau de la figure 8.1, lorsque le revenu respectivement égales aux pentes des fonctions de con¬
disponible passe de 600 à 800 milliards de dollars, sommation et d’épargne. Le graphique (a) de la figure 8.2
illustre le fait que la propension marginale à consommer
les dépenses de consommation passent de 550 à
700 milliards. La variation du revenu disponible, qui est égale à la pente de la fonction de consommation.
Lorsque le revenu disponible passe de 400 à 600 milliards
est de 200 milliards de dollars, provoque une variation
de dollars, soit une augmentation de 200 milliards (base
des dépenses de consommation de 150 milliards. La
du triangle rouge), la consommation s’accroît de 150 mil¬
propension marginale à consommer {PmC) est donc
liards de dollars (hauteur du triangle). La pente de la
de 150 milliards de dollars divisé par 200 milliards de
fonction de consommation est égale à la hauteur divisée
dollars, soit 0,75. Dans la figure 8.1, la propension
par la largeur, c’est-à-dire 150 milliards de dollars divisé
marginale à consommer (0,75) est constante. Par exem¬
par 200 milliards de dollars, ce qui donne 0,75, soit la
ple, lorsque le revenu disponible passe de 400 à 600 mil¬
valeur de la propension marginale à consommer.
liards de dollars, la consommation passe de 400 à
Le graphique (b) de la figure 8.2 illustre le fait que
550 milliards. La propension marginale à consommer
la propension marginale à épargner est égale à la pente de
est toujours la même, soit 0,75.
la fonction d’épargne. Lorsque le revenu disponible passe
La propension marginale à épargner (PmE) repré¬
de 400 à 600 milliards de dollars, soit une augmentation
sente la fraction de la variation du revenu disponible con¬
de 200 milliards (base du triangle rouge), l’épargne aug¬
sacrée à l’épargne. Pour la calculer, on divise la variation
mente de 50 milliards de dollars (hauteur du triangle).
de l’épargne (AE) par la variation du revenu disponible
La pente de la fonction d’épargne correspond à 50 mil¬
(ARD), ce qui donne:
liards de dollars divisé par 200 milliards de dollars, ce qui
PmÉ = AÉ + ARD. donne 0,25, soit la valeur de la propension marginale à
En nous référant aux données du tableau de la fi¬ épargner.
gure 8.1, nous pouvons constater que, lorsque le revenu Jusqu’à présent, nous avons étudié la théorie de la
disponible passe de 600 à 800 milliards de dollars, fonction de consommation. Nous allons maintenant
l’épargne passe de 50 à 100 milliards. Une variation voir comment cette théorie s’applique à l’économie
du revenu disponible de l’ordre de 200 milliards de canadienne.
dollars entraîne une variation de l’épargne de 50 mil¬
liards. La propension marginale à épargner {PmE) est
donc de 50 milliards de dollars divisé par 200 milliards La consommation comme fonction
de dollars, soit 0,25. Dans la figure 8.1, la propension à du PIB réel
épargner (0,25) est constante. Par exemple, lorsque le
revenu disponible passe de 400 à 600 milliards de dol¬ Etant donné que notre but est de déterminer le PIB réel,
lars, l’épargne, qui était nulle, est de 50 milliards. Ici la prochaine étape consistera à établir le lien entre les
encore, la propension marginale à épargner est de 0,25. dépenses de consommation et le PIB réel. Les dépenses
La somme de la propension marginale à consommer de consommation évoluent en fonction du PIB réel étant
et de la propension marginale à épargner est égale à 1, donné que le revenu disponible dépend de celui-ci. Le
*82
Chapitre 8 La demande agrégée et le multiplicateur
CN
sont induites par une hausse du PIB réel. On appelle
O
O cette pente la propension marginale à dépenser en fonction
du PIB réel. Dans la figure 8.3, la pente est de 0,6. Lors¬
que le PIB réel augmente de 100 milliards de dollars, les
dépenses de consommation s’accroissent de 60 milliards.
La pente est égale à la propension marginale à consom¬
mer (0,75) multiplié par 1 moins le taux marginal d’im¬
position (1 - 0,2 = 0,8), soit 0,75 X 0,8 = 0,6.
La fonction de consommation
canadienne
FIGURE 8.4
La fonction de consommation
au Canada: 1975 à 1998
a 0 0 100
b 200 160 220
c 400 320 340
d 600 480 460
e 800 640 580
Quels motifs incitent la société Bombardier, un fabricant La relation entre les importations et le PIB réel, toutes
montréalais de moteurs pour trains à grande vitesse, à choses demeurant égales par ailleurs, se nomme fonction
acheter son acier chez Stelco, à Hamilton en Ontario, d importation. Le graphique (a) de la figure 8.5 illustre
plutôt que chez US Steel Corp., à Gary en Indiana? cette fonction. Le PIB réel est porté en abscisse, et les
Pourquoi la société Cantel achète-t-elle des téléphones importations en ordonnée.
cellulaires chez Nortel plutôt que chez Toshiba au Japon ? Une accroissement du PIB réel entraîne une aug¬
Lorsque les entreprises achètent des biens et services à mentation des importations, et l’ampleur de cette aug¬
1 etranger, elles contribuent à faire augmenter les impor¬ mentation dépend de la propension marginale à
tations canadiennes. Celles-ci dépendent de trois facteurs importer. La propension marginale à importer est la
importants :
fraction d’une augmentation du PIB réel qui est con¬
1. les prix internationaux, sacrée aux importations. On la calcule en divisant la va¬
riation des importations par la variation du PIB réel qui
2. les accords de commerce internationaux,
1 a engendrée, toutes choses demeurant égales par ail¬
3. le PIB réel canadien.
leurs. Le long de la fonction d’importation dans le gra¬
phique (a) de la figure 8.5, la propension marginale
En considérant que tous les autres facteurs sont a importer est constante, soit 0,267. Cela revient à dire
constants, plus les prix des biens et services prodtiits à que, lorsque le PIB réel augmente de 100 milliards de
l’étranger sont bas relativement à ceux des biens et ser¬ dollars, les importations s’accroissent de 26,7 milliards
vices similaires produits au Canada, plus le volume des de dollars.
importations canadiennes est important. Pour comparer Le graphique (b) de la figure 8.5 illustre la fonction
les prix des articles fabriqués à l’étranger avec ceux des d importation pour le Canada. Cette fonction est, pour
articles fabriqués au Canada, nous devons convertir les 1 année 1975, identifiée par le symbole ZM75. Au fil des
prix étrangers en dollars canadiens en nous servant du ans, des facteurs autres que le PIB réel ont fait augmenter
taux de change (exactement comme nous l’avons fait les importations et se déplacer la fonction d’importation
dans le cas des exportations). Lorsqu’il y a une hausse du vers le haut. En 1998, la fonction d’importation se
taux de change, les prix des biens et services produits à retrouve en IM98. C’est P ALENA qui, de loin, est le
l’étranger deviennent relativement moins élevés pour les facteur qui a eu la plus grande influence sur la fonction
Canadiens. Par conséquent, une appréciation du taux d’importation durant les années 90.
de change engendre, toutes choses demeurant égales
par ailleurs, une augmentation des importations cana¬
diennes.
Les accords de commerce internationaux permettent
d ouvrir les marchés du Canada à la concurrence étran¬
gère et font, pour cette raison, augmenter les importa¬
tions canadiennes. Parmi ces accords, le plus important À RETENIR
est 1 ALENA, qui a eu d’énormes répercussions, tant sur
les importations que sur les exportations canadiennes. ■ Les exportations canadiennes dépendent des prix
Depuis 1990, annee d entrée en vigueur du premier internationaux, des accords de commerce interna¬
accord avec les États-Unis, les importations du Canada tionaux et du PIB réel dans le reste du monde.
connaissent une forte hausse.
■ Les importations dépendent des prix internationaux,
Finalement, et en considérant toujours que tous les
des accords de commerce internationaux et du PIB
autres facteurs demeurent constants, plus le PIB réel
réel canadien. Toutes choses demeurant égales par
canadien est élevé, plus les importations canadiennes
ailleurs, une augmentation du PIB réel provoque une
sont importantes. Les importations augmentent lorsque
augmentation des importations.
le PIB reel s accroît parce que, d une part, les entreprises
achètent plus de pièces de rechange et plus d’équipe¬ L’influence du PIB réel sur les importations dépend de
ments importes et, d autre part, les ménages achètent la propension marginale à importer.
plus de biens et de services de consommation produits
Nous avons vu les principaux facteurs qui influent
à l’étranger.
sur les dépenses de consommation, les dépenses d’in¬
A court terme, ce qui est le cas ici, on peut faire vestissement, les dépenses gouvernementales, les exporta¬
l’hypothèse que les prix internationaux et les accords tions et les importations. Nous allons maintenant
de commerce internationaux ne changent pas. Par con¬ chercher à comprendre comment les composantes de la
tre, on ne peut en dire autant du PIB réel. Examinons dépense agrégée interagissent pour déterminer les
maintenant la relation entre les importations et le PIB dépenses d’équilibre et le PIB réel à un niveau de prix
réel.
donné.
i8 7
Les dépenses d’équilibre et le PIB réel
FIGURE 8.5
Les dépenses d’équilibre
La fonction d’importation et le PIB réel
O 200 400 600 800 Le tableau de la figure 8.6 présente un barème de dé¬
PIB réel (en milliards de dollars de 1992)
pense agrégée de même que les composantes de la dé¬
(a) Fonction d'importation pense agrégée planifiée. Pour calculer la dépense agrégée
planifiée pour un niveau de PIB réel donné, il suffit de
faire la somme de ses composantes. La première colonne
du tableau indique le PIB réel, et la deuxième les dépen¬
ses de consommation à ce niveau de PIB réel. Lorsque
celui-ci atteint 200 milliards de dollars, les dépenses de
consommation se chiffrent à 220 milliards. Une augmen¬
tation du PIB réel de 200 milliards de dollars entraîne
un accroissement des dépenses de consommation de
120 milliards.
Les deux colonnes suivantes indiquent les dépen¬
ses d’investissement et les dépenses gouvernementales.
L’investissement dépend d’un grand nombre de facteurs
mais, au cours d’une période suffisamment courte, ces
facteurs sont constants et génèrent un niveau d’investis¬
sement qui est indépendant du PIB réel. Supposons
que l’investissement soit de 113 milliards de dollars.
Les dépenses gouvernementales sont également indépen¬
dantes du PIB réel et on suppose que leur valeur est de
120 milliards de dollars.
(b) Fonction d'importation pour le Canada Les deux colonnes suivantes contiennent la valeur
des exportations et des importations. Les exportations,
qui ne sont pas directement touchées par le PIB réel
Le graphique (a) illustre une fonction d’importation, soit la relation canadien, demeurent fixes à 200 milliards de dollars. Par
entre les importations et le PIB réel, lorsque tous les autres fac¬ contre, les importations augmentent alors que le PIB réel
teurs qui ont une incidence sur les importations demeurent cons¬ s’accroît. Une hausse de 100 milliards de dollars du PIB
tants. Le graphique (b) présente la relation entre les importations réel se traduit par un accroissement des importations de
et le PIB réel du Canada. En 1975, la fonction d importation était 26,7 milliards de dollars.
en /M75. En 1998, la fonction d’importation s’est déplacée vers le La dernière colonne du tableau présente la valeur de
haut, en /M98. La propension marginale à importer est (ou réputée la dépense agrégée planifiée. Ce montant correspond à
FIGURE 8.6
.a.
La dépense agrégée planifiée
v
La dépense planifiée
Dépense
PIB Dépenses Dépenses
agrégée
réel de consommation Investissements gouvernementales Exportations Importations planifiée
(T) (Q (/) (G)
PO (IM) (DAP-C+I + C + X-IM)
FIGURE 8.7
Dépense Variation
PIB agrégée non planifiée
réel planifiée des stocks
00 (DAP = C+ /+ G + X- IM) (Y-DAP)
a 0 533 -533
b 200 600 ^00
C 400 667 -267
d 600 733 -133
e 800 800 0
f 1 000 866 134
g 1 200 933 267
Le multiplicateur
-—-
(ligne d ), est atteint au point d' de la figure, là où
FIGURE 8.8
la droite DAPj croise la droite à 45°, et il s’établit à
Le multiplicateur 950 milliards de dollars. À ce niveau du PIB réel, la
dépense agrégée planifiée est égale au PIB réel.
Dans la figure 8.8, une augmentation de l’investis¬
sement de 100 milliards de dollars entraîne une hausse
de 150 milliards des dépenses d’équilibre. En d’autres
termes, une variation de l’investissement entraîne, tout
comme le système de sonorisation de Céline Dion, une
variation amplifiée des dépenses d’équilibre. Cette varia¬
tion est ce qu on appelle 1 effet multiplicateur— l'aug¬
mentation des dépenses d’équilibre est supérieure à
l’augmentation de l’investissement.
Au départ, lorsque l’investissement augmente, les
dépenses planifiées sont supérieures au PIB réel, ce qui a
pour effet de faire baisser les stocks. Les entreprises réa¬
gissent en augmentant leur production pour ramener
ceux-ci au niveau désiré. À mesure que la production
augmente, le PIB réel s’accroît. Avec un niveau de PIB
réel plus élevé, les dépenses induites augmentent. Par con¬
séquent, les dépenses d’équilibre augmentent, et cette
hausse est égale à la somme de l’augmentation initiale
de 1 investissement et de l’augmentation des dépenses
induites. Dans notre exemple, les dépenses induites aug¬
mentent de 50 milliards de dollars, ce qui fait que les
Dépense agrégée planifiée dépenses d’équilibre augmentent de 150 milliards.
Bien que notre analyse ait porté sur une augmenta¬
PIB réel Initiale
tion de l’investissement, elle s’applique de la même façon
Nouvelle
(V) (DAPo) (DAP,)
à une diminution de celui-ci. Si, au départ, la courbe de
dépense agrégée planifiée est en DAPU les dépenses
(en milliards de dollars de 1992)
d’équilibre et le PIB réel sont de 950 milliards de dollars.
Une diminution de l’investissement de 100 milliards de
650 750 850
dollars provoque un déplacement de la courbe de
800 800 900
dépense agrégée vers de bas de 100 milliards de dollars,
900 833 933 de sorte que la courbe est alors en DAP0. Les dépenses
950 850 950 d’équilibre passent de 950 à 800 milliards de dollars. La
I 100 900 000 diminution des dépenses d’équilibre est plus importante
que la diminution de l’investissement qui l’a causée.
ingénieurs et les fabricants d’ordinateurs ont maintenant de un dollar. Ainsi, plus raide est la pente, plus grande
un revenu plus élevé et dépensent une partie de ce revenu est l’augmentation des dépenses induites. Faisons un cal¬
supplémentaire pour s’offrir des voitures, des fours à cul pour voir la relation entre la pente de la courbe DAP
micro-ondes, des vacances et de nombreux autres biens et le multiplicateur.
et services. Le PIB réel augmente donc des 10 millions de La variation du PIB réel est égale à la variation des
dollars initialement investis et du montant des dépenses dépenses induites plus la variation des dépenses auto¬
de consommation induites par l’augmentation des re¬ nomes. Nous désignerons par Y le PIB réel, par N les
venus de l’ordre de 10 millions de dollars. Les fabricants dépenses induites, et par A les dépenses autonomes.
de voitures, de fours à micro-ondes et des autres biens Cela nous donne:
enregistrent une hausse de leur revenu, ce qui leur per¬
AT= AN+AA.
met, à leur tour, de dépenser une partie de ce revenu
supplémentaire en biens et services de consommation. Toutefois, la variation des dépenses induites (AN)
Laugmentation du revenu provoque une hausse des est déterminée par la variation du PIB réel (AT) et par la
dépenses qui, à son tour, engendre un revenu encore pente de la courbe DAP. Ainsi,
o-
o
•8
EL
'CD
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—1-1-1-1 __ I l_
et Économe. À Dépensier, la PmCtst de 0,9 tandis que, Les points de retournement d’un cycle
à Économe, elle est de 0,5. À Dépensier, une augmenta¬ économique
tion du revenu disponible de l’ordre de 1 million de
dollars engendre un accroissement des dépenses de con¬ Lorsqu’un cycle économique atteint un creux, l’économie
sommation de 900 000 dollars. À Économe, la même passe d’une période de récession à une phase d’expansion
augmentation engendre un accroissement des dépenses et, une fois le sommet atteint, elle s’engage dans une nou¬
de consommation de 500 000 dollars seulement. Admet¬ velle période de récession. La compréhension qu’ont
tons que, dans une ville comme dans l’autre, il n’y a ni les économistes de ces événements est identique à celle
impôts sur le revenu ni importations ; la pente de la qu’ont les sismologues en regard des tremblements de
courbe DAP sera alors de 0,9 à Dépensier et de 0,5 à terre. Ils connaissent bien les forces qui sont à l’origine
Économe. À Dépensier, la valeur du multiplicateur est de ces événements ainsi que les mécanismes qui entrent
égale à 10 et, à Économe, elle est égale à 2. alors en jeu, mais ils sont incapables de prédire leur ap¬
Plus le taux marginal d’imposition est élevé, moins la parition. Les forces qui engendrent les points de retour¬
pente DAP est abrupte et plus le multiplicateur est faible. nement d’un cycle économique sont les variations des
On peut comprendre pourquoi en réfléchissant à ce qui dépenses autonomes, c’est-à-dire les dépenses d’investis¬
se produit à la suite d’une augmentation de l’investisse¬ sement et les exportations. Le processus du multiplicateur
ment. Le PIB réel augmente, mais cette augmentation est le mécanisme qui donne le momentum à la nouvelle
entraîne une hausse de l’impôt sur le revenu qui, à son direction dans laquelle s’engage alors l’économie. Es¬
tour, atténue la variation du revenu disponible. Comme sayons de mettre à profit ce que nous venons d’appren¬
les dépenses de consommation dépendent du revenu dre pour examiner les points de retournement d’une
disponible, plus l’augmentation de l’impôt sur le revenu économie.
est grande, plus celle des dépenses de consommation est
faible, toutes choses demeurant égales par ailleurs. Comment débute une expansion Une expansion est
Plus la propension marginale à importer (PmIM) est le résultat d’une augmentation des dépenses autonomes
grande, moins la pente de la courbe DAP est accentuée, qui entraîne une hausse des dépenses agrégées planifiées.
et plus le multiplicateur est faible. On peut en compren¬ Au moment où l’économie s’engage dans une expansion,
dre la raison en pensant, cette fois encore, à ce qui se les dépenses agrégées planifiées excèdent le PIB réel.
produit à la suite d’une augmentation de l’investisse¬ Lorsque cela se produit, les entreprises voient leurs stocks
ment. Une telle augmentation entraîne une hausse du diminuer de façon non planifiée. C’est le début d’une
PIB réel qui, à son tour, fait augmenter les dépenses de expansion. Pour conserver leurs stocks au niveau désiré,
consommation. Toutefois, une partie de l’investissement les entreprises augmentent leur production, et le PIB réel
et une partie des dépenses de consommation sont des s’accroît. Cette première augmentation du PIB entraîne
dépenses consacrées à l’achat de biens et de services im¬ une hausse des revenus qui stimule les dépenses de con¬
portés, et non à celui de biens et de services canadiens. sommation. Le processus du multiplicateur se met en
Ce sont seulement les dépenses consacrées aux biens et marche et l’expansion gagne de la vitesse.
services canadiens qui font augmenter le PIB réel du
Canada. Par conséquent, plus l’augmentation des impor¬ Comment débute une récession Une récession est
tations est importante, plus celle du PIB réel est réduite, le résultat d’une diminution des dépenses autonomes qui
toutes choses demeurant égales par ailleurs. fait baisser les dépenses agrégées planifiées. Au moment
La propension marginale à consommer, le taux mar¬ où l’économie s’engage dans une phase de récession, le
ginal d’imposition et la propension marginale à importer PIB réel excède les dépenses agrégées planifiées. Lorsque
se conjuguent pour déterminer la pente de la courbe cela se produit, les entreprises voient leurs stocks s’accu¬
DAP zt la valeur du multiplicateur. (Voir l’explication muler d’une façon non planifiée. C’est le début d’une
mathématique p. 208.) récession. Pour faire diminuer leurs stocks, les entreprises
Au fil du temps, la valeur du multiplicateur a dimi¬ réduisent leur production, et le PIB réel se met à dimi¬
nué puisque le taux marginal d’imposition et la pro¬ nuer. Cette première diminution du PIB réel entraîne
pension marginale à importer ont augmenté. Ces chan¬ une baisse des revenus qui freine les dépenses de consom¬
gements rendent difficile la prédiction de la valeur du mation. Le processus du multiplicateur vient amplifier la
multiplicateur. Cependant, cela ne modifie en rien 1 idée diminution initiale des dépenses autonomes, et la réces¬
fondamentale selon laquelle une variation initiale des sion s’installe.
dépenses autonomes provoque une variation amplifiée
de la dépense agrégée et du PIB réel. Quand se produira la prochaine récession au
Maintenant que nous avons étudié le multiplicateur Canada? En 1990, les stocks se sont accrus rapide¬
et les facteurs qui ont une incidence sur sa valeur, nous ment au Canada. Dans la grande majorité des cas, ces
allons utiliser ces connaissances pour approfondir notre variations étaient non planifiées. En 1991, le PIB réel a
compréhension des étapes les plus importantes du cycle chuté de presque 2 %, exactement comme le stipule la
économique, c’est-à-dire les points de retournement. théorie. Au cours des trois années subséquentes, les
196
Chapitre 8 La demande agrégée et le multiplicateur
A RETENIR
La dépense agrégée et
® Les variations des dépenses autonomes modifient
la demande agrégée
les dépenses d’équilibre et le PIB réel selon la valeur
du multiplicateur.
Toutes choses étant égales par ailleurs, la courbe de
• Plus ta propension marginale à consommer est élevée,
dépense agrégée représente la relation entre la dépense
plus la propension marginale à importer est faible, et
agrégée planifiée et le PIB réel, et la courbe de demande
plus le taux marginal d’imposition est faible, plus le
agrégée est la relation entre la quantité demandée agrégée
multiplicateur est élevé.
de biens et de services et le niveau des prix.
■ Les points de retournement d’un cycle économique À un niveau de prix donné correspond une dépense
sont provoqués par les fluctuations des dépenses agrégée planifiée. Mais, s’il y a un changement du niveau
autonomes. des prix, la dépense agrégée planifiée changera elle aussi.
Nous avons vu que l’économie est loin de fonction¬ Toutes choses demeurant égales par ailleurs, toute aug¬
ner comme le font les amortisseurs de la voiture de mentation du niveau des prix entraîne une diminution
Lucien Bouchard. Dans une économie, on pourrait com¬ de la dépense agrégée planifiée, et ce, pour deux raisons
parer les variations des investissements et des exporta¬ principales : l’effet de richesse et les effets de substitution.
tions aux nids-de-poule et aux bosses du réseau routier
et, tant que le niveau des prix demeure stable, il est L’effet de richesse Lorsque les prix sont plus élevés,
impossible d’atténuer ces irrégularités économiques. les gens sont moins riches et, de ce fait, ils réduisent leurs
Celles-ci sont memes amplifiées. Toutefois, nous n’avons dépenses de consommation. La richesse diminue lorsque
considéré que les ajustements qui se produisent à un le niveau des prix augmente parce que la valeur des actifs
niveau de prix donné. Mais que se passe-t-il lorsque le (par exemple, les comptes en banque, les obligations et
niveau des prix change ? Et que se passe-t-il, à long les actions) permet alors d’acheter moins de biens et de
terme, lorsque les salaires changent ? Nous allons main¬ services. La fonction de consommation se déplace alors
tenant essayer de répondre à ces questions. vers le bas.
o
2 160
ii
CN
L’écart récessionniste O
o-
BLa fonction
cie consommation
Les faits
EN BREF
m Toute variation des dépenses autonomes qui n’est pas niveau des prix s’accroît, et le PIB réel diminue. L’économie se
causée par une variation du niveau des prix fait situe en o' et, à long terme, la valeur du multiplicateur est nulle.
Résumé
(DAP) et la courbe de demande agrégée {DA). cent une récession ou une expansion à la suite des fluc¬
L’importance du déplacement de la courbe de tuations des dépenses et ce qu’est l’effet multiplicateur.
demande agrégée dépend de la valeur du multipli¬ Aussi, nous avons compris que les ajustements du niveau
cateur. des prix, qui finissent par se produire, réduisent l’effet
■ L’augmentation du PIB réel à la suite d’un accroisse¬ multiplicateur. Les notions que nous avons apprises dans
ment des dépenses autonomes sera, puisque le niveau ce chapitre vont nous permettre de mieux comprendre
des prix varie, plus faible que celle initialement engen¬ les forces qui sont à l’origine des hauts et des bas de
drée par le déplacement de la demande agrégée. Plus l’économie canadienne. Ces phénomènes sont d’ailleurs
la courbe d’offre agrégée à court terme est abrupte, expliqués plus en détail dans la rubrique « Entre les
plus la variation du niveau des prix est importante, et lignes», p. 200.
plus la variation du PIB réel est faible. Dans les quatre prochains chapitres, nous allons
étudier la politique macroéconomique. Dans le cha¬
■ En présence d’un équilibre de plein emploi, une aug¬
pitre 9, nous nous attarderons sur la politique budgétaire
mentation de la demande agrégée n’a aucun effet sur
et nous verrons ce que le gouvernement peut faire (ou
le PIB. Toutefois, une telle augmentation fera aug¬
ne peut pas faire) pour atténuer les fluctuations écono¬
menter le niveau des prix.
miques en agissant sur les impôts et sur ses propres dé¬
penses. Dans les chapitres 10 et 11, nous étudierons la
O Nous avons vu comment le PIB réel est déterminé à monnaie et les mesures que la Banque du Canada peut
un niveau de prix donné et comment les fluctuations des prendre pour atténuer les fluctuations et contrer l’infla¬
dépenses autonomes ont un effet multiplicateur sur la tion. Et enfin, dans le chapitre 12, nous verrons l’interac¬
dépense agrégée. Nous avons aussi vu comment s’amor¬ tion des politiques budgétaire et monétaire.
RÉSUMÉ
dépenses autonomes qui n’est pas causée par une varia¬ Figure 8.12 Les variations des dépenses autonomes et
tion du niveau des prix fera déplacer les courbes de
de la demande agrégée, 198
dépense agrégée planifiée et de demande agrégée. L’am¬ Figure 8.13 Le multiplicateur à court terme, 199
pleur du déplacement de la courbe de demande agrégée Figure 8.14 Le multiplicateur à long terme, 202
dépendra de la variation des dépenses autonomes et de la
valeur du multiplicateur. Étant donné que le PIB réel et
le niveau des prix sont déterminés par la demande et l’of-
he agrégées, la valeur du multiplicateur à court terme est
Mots clés
plus faible que lorsque le niveau des prix ne change pas
(p. 196-203)
Dépense agrégée planifiée, 179
Dépenses autonomes, 189
Figures clés Dépenses induites, 189
Équilibre des dépenses, 189
Figure 8.1 Les fonctions de consommation et
Fonction de consommation, 179
d'épargne, 180
Fonction d’épargne, 179
Figure 8.2 Les propensions marginales et les pentes, Fonction d’importation, 186
182
Multiplicateur, 191
Figure 8.5 La fonction d’importation, 187
Propension marginale à consommer, 181
Figure 8.6 La dépense agrégée planifiée, 188 Propension marginale à épargner, 181
Figure 8.7 L’équilibre des dépenses et le PIB réel, 190
Propension marginale à importer, 186
Figure 8.8 Le multiplicateur, 192
Revenu disponible, 179
Figure 8.11 La dépense agrégée planifiée et la demande Taux d’intérêt réel, 184
agrégée, 197
Taux marginal d’imposition, 182
q uesti°ns DE RÉVISION
Problèmes
analyse critique
1. Après avoir étudié la rubrique « Entre les lignes » ne sont imposables. Quel effet ont ces REER sur
(p. 200), répondez aux questions suivantes: les fonctions de consommation et d’épargne? Si le
a) Quelle est la principale question abordée dans gouvernement supprimait les REER, comment
cet article ? Pourquoi cette question est-elle si varieraient les fonctions de consommation et
intéressante ? d’épargne ? Si le gouvernement augmentait les
consommation sur l’effet qu’aura la confiance des fonctions de consommation et d’épargne? Se¬
des consommateurs sur la dépense agrégée lon vous, le gouvernement devrait-il modifier les
d) S’il est vrai qu’un ralentissement de la consom¬ 4. «Achetez canadien!» Quel serait l’effet de ce slogan
mation a été à l’origine de la lenteur de la sur l’économie canadienne s’il était davantage pris
croissance économique, qu’est-ce que le gou¬ au sérieux et si nous réduisions nos dépenses en
vernement aurait pu faire pour inciter les con¬ biens et en services étrangers ?
sommateurs à augmenter leurs dépenses ?
5. Avec la création de F ALENA, les exportations
2. Les Canadiens peuvent déposer une partie de leur et les importations canadiennes ont augmenté
revenu dans un compte spécial qu’on appelle REER d’une façon considérable. Expliquez les effets de
(Régime enregistré d’épargne-retraite) et ni le l’ALENA sur la dépense agrégée planifiée, sur les
revenu ainsi épargné ni les intérêts qu’il engendre dépenses d’équilibre et sur le multiplicateur.
PROBLÈMES
1. Vous disposez des renseignements suivants sur 2. L’île aux Tortues est une économie fermée où l’on
l’économie de l’île Mystérieuse : ne paie pas d’impôts sur le revenu et où le niveau
Revenu Dépenses des prix ne varie pas. La figure ci-dessous montre
disponible de consommation les composantes de la dépense agrégée planifiée de
0 5
10 10
20 15
30 20
40 25
Cette note mathématique explique de façon détaillée la Le montant des impôts et des taxes nets est égal au
formule du multiplicateur que nous vous avons déjà PIB réel, multiplié par le taux marginal d’imposition1,
présentée à la page 193. Nous commencerons par définir c’est-à-dire :
les termes que nous utiliserons : T=tY.
Dépense agrégée planifiée = DAP Quand nous intégrons cette équation à la précé¬
PIB réel = Y dente, la fonction de consommation devient :
Dépenses de consommation = C
C = a+ b(l-t) Y. (2)
Investissement = /
Dépenses gouvernementales (ou dépenses Cette équation décrit la dépense de consommation
publiques) = G en fonction du PIB réel. À la figure 8.3 du chapitre, cette
Exportations = X équation prend la forme :
Importations = IM
C= 100 + 0,6Y,
Impôts et taxes nets = T
Revenu disponible = RD ce qui signifie que b (1 — t) = 0,6. Cette valeur provient
Dépenses de consommation autonomes = a de la propension marginale à consommer {b), qui est de
Propension marginale à consommer = b 0,75, et du taux d’imposition marginal {t), qui est de 0,2,
soit 20 %. Vérifiez l’exactitude du calcul en faisant
Propension marginale à importer = m
l’opération suivante: 0,75 X (1 — 0,2) = 0,6.
Taux marginal d’imposition = t
Dépenses autonomes = A Les importations dépendent du PIB réel et la
Pente de la courbe DAP = e fonction d’importation est décrite par l’équation
suivante :
IM =m Y. (3)
Courbe de dépense agrégée
Dans ce chapitre, nous avons établi la valeur de la pro¬
La dépense agrégée planifiée correspond à la somme de pension marginale à importer à 0,267. La fonction d’im¬
ses composantes, c’est-à-dire : portation est donc :
Le terme b (1 - t) - m correspond à la pente (e) de la Lorsque A= 533 et e= 0,333, Y* = 800. Vérifiez l’exacti¬
courbe DAP, ce qui nous donne: tude de ce résultat2. Dans la figure ci-dessous, celui-ci
~o0)
DAP = A+ e Y (4) 1/5
~D
O
Dans le chapitre, A = 533 et e= 0,333. Ë
Le terme —i— représente le multiplicateur. est déterminée par la pente (e) de la courbe DAP et e
1 - e est égal à b t) — m. On voit également que, plus
(1 —
la pente de la courbe DAP e.st accentuée, plus la valeur de
Lorsque e= 0,333, la valeur du multiplicateur est de 1,5.
b est grande et plus celles de t et de m sont petites.
À présent, nous pouvons mieux comprendre la Utilisez le modèle algébrique présenté dans cette note
teneur de ce chapitre : la pente (e) DAP
de la courbe mathématique pour calculer les effets sur le multiplicateur
dépend de la propension marginale à consommer (b), d’une série de valeurs différentes pour la propension mar¬
du taux marginal d’imposition (t) et de la propension ginale à consommer (b), le taux marginal d’imposition (t)
marginale à importer {ni). La valeur du multiplicateur et la propension marginale à importer {ni).
Objectifs Décrire le processus institutionnel qui mène
153,7 milliards de dollars, soit l’équivalent de 16,9 é de chaque dollar gagné par les
supérieur à celui de ses dépenses. Les recettes fiscales planifiées étaient de 156,7 mil¬
liards de dollars, soit l’équivalent de 17,2 <t de chaque dollar gagné par les contribuables.
Quels effets les impôts ont-ils sur l’économie ? Sont-ils un frein à la création d’emplois
vernement essaient depuis longtemps de réduire l’écart entre les recettes et les dépenses
fois en près d’un demi-siècle deux budgets équilibrés ou excédentaires consécutifs. Les
déficits budgétaires répétés entre 1975 et 1997 ont fait passer la dette publique de 21 à
signifient des montants aussi importants, il suffit de les diviser par le nombre de
Canadiens et on obtient la dette nationale par habitant ; celle-ci, qui était de 900 $
en 1975, s’élevait à 19 300$ en 1998. Quels sont les effets d’un déficit gouvernemental
c’est-à-dire pour vous et vos enfants ? ♦ Paul Martin, ministre fédéral des Finances, et
Ernie Eves, trésorier de l’Ontario, pensent tous deux que les gouvernements dépensent
trop. Dans leurs récents budgets, ces ministres ont sabré plusieurs milliards de dollars
dans les dépenses gouvernementales. Ces mesures vont-elles favoriser une croissance
- Dans le présent chapitre, nous allons étudier ces questions. Nous commencerons
par décrire les budgets des gouvernements fédéral et provinciaux ainsi que le processus
institutionnel qui conduit à leur élaboration. Ensuite, nous nous pencherons sur l’évo¬
lution récente des budgets gouvernementaux. Enfin, pour déterminer l’incidence de ces
budgets sur l’économie, nous nous reporterons à l’analyse du multiplicateur qui a été
faite au chapitre 8, ainsi qu’au modèle de l’offre et de la demande agrégées qui a été
étudié au chapitre 7.
212
la politique gouvernementale. Le ministre présente en¬ estimes a 77,7 milliards de dollars pour 1999-2000, cons¬
suite le projet de budget au Parlement, qui en débat tituent la source de revenu la plus importante; il s’agit
avant d édicter les lois nécessaires à son application. des impôts que paient les particuliers sur leur revenu.
Nous avons décrit les objectifs du budget fédéral et Viennent ensuite les impôts indirects qui, en 1999-2000,
le processus qui mene a son élaboration. Examinons à devaient rapporter 32,3 milliards de dollars; ces impôts
présent le contenu du budget fédéral. comprennent la taxe sur les produits et services (TPS),
les droits de douane à l’importation, ainsi que les taxes sur
1 essence, les alcools et certains autres articles. Les sources
Les faits saillants du budget 1999-2000 de revenus les moins importantes proviennent des impôts
sur le revenu des sociétés, des cotisations au Régime de
Le tableau 9.1 montre les principaux postes du budget l'assurance-emploi et des revenus de placements. Les impôts
lederal. Les chiffres indiques sont des projections pour sur le revenu des sociétés, c’est-à-dire les impôts que paient
l'exercice financier commençant le 1er avril 1999. Les celles-ci sur les profits qu elles réalisent, devaient atteindre
trois plus importants postes illustrés dans ce tableau 20,9 milliards de dollars en 1999-2000. Les cotisations
sont. les recettes budgétaires, c est-à-dire les impôts perçus
par le gouvernement ainsi que les autres recettes qu’il Le Régime d’assurance-emploi est un programme fédéral qui a pour
reçoit, les dépensés oudgetaires, qui comprennent les objectif d’offrir un soutien temporaire de revenu durant la recherche
d’un emploi. Le régime est en vigueur depuis le 30 juin 1996 et est
paiements de transfert, les dépenses en biens et services
venu remplacer le Régime d’assurance-chômage qui était en place
du gouvernement et les paiements d’intérêts, c’est-à-dire depuis 1940.
Les budgets gouvernementaux
au Régime de l’assurance-emploi, qui devaient atteindre recettes moins celle de ses dépenses au cours d’une pé¬
18,3 milliards de dollars en 1999-2000, regroupent les riode donnée, habituellement un an. Il s’exprime ainsi :
contributions des employeurs et des employés. Finale¬
Solde budgétaire = recettes — dépenses
ment, les revenus de placements pour l’année 1999-2000,
Lorsque les recettes sont supérieures aux dépenses,
c’est-à-dire les revenus générés par les sociétés de la
le gouvernement fédéral a un surplus budgétaire. Par
couronne et par les investissements gouvernementaux
contre, lorsque les dépenses excèdent les recettes, il ac¬
devaient atteindre 7,5 milliards de dollars. En 1999-2000,
cuse un déficit budgétaire. Si les recettes et les dépenses
le montant total des recettes gouvernementales prévues
sont égales, on dit qu’il s’agit d’un budget équilibré. En
était de 156,7 milliards de dollars.
1999-2000, les dépenses projetées s’élevaient à 153,7 mil¬
liards de dollars, et les recettes à 156,7 milliards. On pré¬
Les dépenses budgétaires On peut ventiler les
voyait donc, pour une troisième année consécutive un
dépenses budgétaires en trois catégories :
surplus budgétaire de l’ordre de 3 milliards de dollars.
1. les paiements de transfert,
Comme il est difficile d’imaginer des sommes
2. les dépenses en biens et services, aussi considérables et de les comparer dans le temps,
3. les paiements d’intérêts. on exprime souvent les recettes, les dépenses et le solde
budgétaire en pourcentage du PIB. Cette façon de faire
Les paiements de transfert constituent, et de loin, la
permet de mieux comprendre le poids que représente le
composante la plus importante des dépenses. Il s’agit des
gouvernement dans l’économie et aussi de constater les
sommes versées aux particuliers, aux entreprises, aux
changements qui se sont opérés dans le temps.
autres paliers de gouvernement ainsi qu’aux pays étran¬
Qu’est-ce qui caractérisait le budget du gouverne¬
gers. En 1999-2000, les paiements de transfert prévus
ment fédéral pour 1999-2000 ? Voyons d’abord son
étaient de 75,9 milliards de dollars. Ces paiements com¬
évolution récente.
prennent les prestations d’assurance-emploi (13,4 mil¬
liards) et de sécurité de la vieillesse (23,5 milliards) ver¬
sées aux particuliers, les subventions accordées aux L’historique du budget fédéral
agriculteurs (1,1 milliard), les allocations octroyées aux
Le graphique (a) de la figure 9.1 montre, pour la période
gouvernements provinciaux et aux municipalités
de 1970 à 1998, les recettes, les dépenses et le déficit
(35,9 milliards), ainsi que les contributions destinées
budgétaire du gouvernement fédéral. Le graphique nous
aux organismes internationaux comme les Nations Unies
révèle que le gouvernement fédéral a eu un déficit budgé¬
et aux pays en voie de développement (2 milliards).
taire chaque année entre 1975 et 1996. La moyenne de
Les dépenses en biens et services sont des dépenses
ce déficit est de 3,4 % du PIB. Le déficit a connu sa plus
consacrées à l’achat de biens et services finis et, en
forte augmentation entre le milieu des années 70 et le
1999-2000, elles devaient totaliser 35,3 milliards de
milieu des années 80, passant de 1,76 % du PIB en 1975
dollars. Ces dépenses couvrent les coûts liés à la défense
à 5,83 % du PIB en 1985. La fin des années 80 a été
nationale, à la recherche sur le sida, à l’achat d’ordina¬
marquée par une légère réduction du déficit alors que
teurs pour Revenu Canada, à l’achat de voitures et de
le début des années 90 a vu le déficit grimper à nouveau.
camions pour les services gouvernementaux, ainsi que
On note également que le déficit budgétaire est en baisse
ceux engendrés pour la construction d’autoroutes et de
depuis 1994 et que les années 1997 et 1998 ont vu
barrages. Cette composante du budget fédéral corres¬
l’apparition de surplus budgétaires.
pond aux dépenses gouvernementales en biens et services
Pourquoi le déficit gouvernemental a-t-il augmenté
que l’on retrouve dans le flux circulaire des dépenses
à compter du milieu des années 70 ? Pourquoi est-il de¬
et des revenus ainsi que dans l’approche par les dépen¬
meuré si élevé durant les années 80 ? La première raison
ses de la comptabilité nationale (voir le chapitre 6,
tient au fait que les dépenses ont augmenté et que les
p. 130-135). recettes ont diminué. Mais quelles sont les composantes
Les paiements d’intérêts correspondent aux intérêts
des dépenses qui ont augmenté et quelles sont les sources
qui sont payés sur la dette publique, qu’on appelle aussi
de recettes qui ont diminué? Analysons de façon plus
dette nationale. En 1999-2000, on prévoyait verser
détaillée les recettes et les dépenses du gouvernement
42,5 milliards de dollars à ce poste, soit un montant su¬ fédéral.
périeur à celui des dépenses gouvernementales en biens
et services. L’ampleur des paiements d intérêts est due à Les recettes Le graphique (b) de la figure 9.1 montre,
la taille de la dette publique, qui est de 580 milliards de depuis 1970, les composantes des recettes gouvernemen¬
dollars. Les déficits budgétaires répétés qu’a faits le gou¬ tales, exprimées en pourcentage du PIB. Les recettes to¬
vernement fédéral au cours des 25 dernières années sont tales ont diminué entre 1974 et 1979, et cette diminu¬
à l’origine de cette dette énorme. tion est due principalement aux baisses des impôts sur
le revenu des particuliers consenties dans les budgets
Le déficit, le surplus ou l’équilibre Le solde budge¬ adoptés durant cette période. Les autres composantes
taire du gouvernement fédéral est égal à la somme de ses des recettes ont représenté un pourcentage relativement
zi4
Chapitre 9 I_a politique budgétaire
FIGURE 9.1
25*
(b) Recettes
30*
25*
Le graphique (c) montre les trois
composantes des dépenses gou¬
vernementales: les paiements de
transfert, les intérêts payés sur la
Paiements de transfert
dette et les dépenses en biens et
services. Les dépenses en biens et
Intérêts sur la dette services sont demeurées cons¬
tantes. Ce sont les paiements de
transfert qui ont le plus varié ; ils
0» • • .
• ont surtout augmenté au cours des
1 1970 1975 1980 1985 1990 1995
O Année
2000 années 70. Les intérêts payés sur la
dette ont augmenté régulièrement
(c) Dépenses puisque le déficit budgétaire
s’entretenait de lui-même.
Source ■ Statistique Canada. CANSIM, août 1998.
ZIÇ
Province
Alberta À RETENIR
Ontario
Province
Alberto I
Ontario
Les multiplicateurs de
Saskatchewan
la politique budgétaire
Colombie-Britannique
FIGURE 9.5
60 •
Le déficit total de l’ensemble des
Dépenses totales des_
gouvernements est la somme des
gouvernements
50* déficits de tous les paliers de gou¬
Déficit total des
gouvernements vernement. Ce déficit fluctue
davantage que celui du gouverne¬
_ 40 •
co Recettes totales des
ment fédéral puisque les déficits
gouvernements
« ^ des gouvernements provinciaux
£-3
S d> 30* Dépenses du
sont importants et qu’ils ont
S D) Déficit du gouvernement fédéral
gouvernement fédéral tendance à augmenter. Mais les
V
w 20» fluctuations des revenus, des
01
V) _»
il
a SL 10» •
Recettes du
gouvernement fédéral
dépenses et des déficits provin¬
ciaux ont une évolution similaire
1970 1975 1980 à celle du gouvernement fédéral.
1985 1990 1995 2000
Année
et peut le modifier lors du dépôt de son budget. Les l’une ou l’autre de ces mesures, il peut influer sur la
impôts sont dits autonomes lorsqu’ils sont indépendants dépense agrégée et sur le PIB réel. Toutefois, l’une ou
du PIB reel. Ces impôts sont fixés par le gouvernement l’autre de ces mesures aura aussi comme conséquence de
et ils varient seulement lorsque celui-ci décide de les modifier le déficit ou le surplus budgétaire. Une autre
modifier. En fait, les impôts autonomes sont presque possibilité consisterait, pour le gouvernement, à modifier
inexistants ; ils sont généralement considérés comme à la fois les dépenses et les impôts de façon à ce que le
injustes puisqu’ils transmettent un même fardeau fiscal solde budgétaire demeure le même. Nous allons étudier
aux riches et aux pauvres. L’instauration d’un impôt les effets, à très court terme et à un niveau de prix donné,
autonome (capitation ou poil tax en anglais) a déclenché de ces mesures budgétaires discrétionnaires. Chacune de
un tollé général qui a forcé à la démission le premier ces initiatives entraîne un effet multiplicateur sur le PIB
ministre de Grande-Bretagne, Mme Thatcher. Il s’agissait réel. Ces multiplicateurs sont les suivants:
d’un impôt fixe par personne destiné à financer les ser¬
B le multiplicateur des dépenses gouvernementales,
vices publics locaux. Quoiqu’ils ne soient pas pratique
■ le multiplicateur des impôts autonomes,
courante dans la réalité, nous utiliserons les impôts
■ le multiplicateur du budget équilibré.
autonomes dans notre modèle économique, parce qu’ils
facilitent la compréhension des principes que nous
voulons étudier.
Le multiplicateur des dépenses
Une économie subit constamment des chocs. Les
gouvernementales
exportations fluctuent parce que les revenus des pays
étrangers fluctuent. Les investissements des entreprises Le multiplicateur des dépenses gouvernementales
fluctuent parce que les taux de rentabilité prévus et les (publiques) désigne le nombre par lequel on doit multi¬
taux d intérêt se modifient. Ces fluctuations engendrent plier la variation des dépenses gouvernementales en biens
des effets multiplicateurs qui déclenchent soit une réces¬ et services afin d’obtenir la variation des dépenses d’équi¬
sion, soit une expansion. Si la récession se prolonge, le libre ou celle du PIB quelle engendre.
chômage augmente et les revenus diminuent. Si l’expan¬ Les dépenses gouvernementales en biens et services
sion devient trop rapide, les pressions inflationnistes s’in¬ constituent 1 une des composantes des dépenses agrégées.
tensifient. Pour amoindrir les effets engendrés par une Par conséquent, lorsque les dépenses gouvernementales
variation des exportations et des investissements, le gou¬ varient, la dépense agrégée et le PIB réel varient. La va¬
vernement peut décider de modifier soit les dépenses en riation du PIB réel provoque une variation des dépenses
biens et sei vices, soit les impôts nets. En ayant recours à
de consommation et des importations qui, à son tour,
219
provoque une variation additionnelle de la dépense agré¬ Les deux dernières colonnes du tableau 9.2 montrent
gée. Cela donne lieu à un effet multiplicateur dont le ce qui se produit lorsque les dépenses gouvernementales
processus est le même que celui que l’on a décrit au passent de 120 à 220 milliards de dollars. La dépense
chapitre 8, p. 191-195. agrégée planifiée augmente de 100 milliards de dollars à
chaque niveau du PIB réel. Par exemple, à un niveau ini¬
L’ampleur du multiplicateur des dépenses gouver¬ tial de PIB réel de 800 milliards de dollars, la dépense
nementales Le tableau 9.2 illustre le multiplicateur agrégée planifiée augmente et passe à 900 milliards de
des dépenses gouvernementales par le biais d’un exem¬ dollars. Comme elle excède alors le PIB réel, les inven¬
ple numérique. La première colonne indique différents taires diminuent et les entreprises augmentent leur pro¬
niveaux de PIB réel possibles, et la deuxième les dépenses duction pour regarnir leurs stocks. Le PIB réel et les
de consommation. Dans le présent exemple, les dépenses revenus augmentent de nouveau. L’augmentation des
autonomes de consommation sont de 100 milliards de revenus entraîne une hausse des dépenses de consomma¬
dollars, et la propension marginale à consommer par rapport tion ainsi qu’une nouvelle augmentation de la dépense
au PIB de O',6. Assurez-vous que vous êtes capable de agrégée planifiée. Mais cette nouvelle augmentation de
calculer les montants indiqués dans la deuxième co¬ la dépense agrégée planifiée est plus faible que celle des
lonne. Par exemple, à la ligne a, lorsque le PIB réel est revenus et, finalement, un nouvel équilibre est atteint.
de 700 milliards de dollars, les dépenses de consomma¬ Dans notre exemple, cet équilibre est atteint lorsque le
tion sont égales à 100 milliards de dollars plus 0,6 de PIB réel est de 950 milliards de dollars.
700 milliards de dollars, pour un total de 520 milliards Une augmentation de 100 milliards de dollars des
de dollars. Lorsque le PIB réel augmente de 100 milliards dépenses gouvernementales a provoqué une hausse des
de dollars et passe de la ligne a à la ligne b, les dépenses dépenses d’équilibre et du PIB réel de 150 milliards de
de consommation augmentent de 60 milliards. La troi¬ dollars. La valeur du multiplicateur des dépenses gou¬
sième colonne indique les investissements, qui sont cons¬ vernementales est donc de 1,5. Cette valeur dépend de
tants à 113 milliards de dollars, et la quatrième le niveau la pente de la courbe de dépense agrégée planifiée
initial des dépenses gouvernementales, soit 120 milliards. DAPqui, dans notre exemple, est de 0,333. Le multi¬
Les deux colonnes suivantes indiquent les exportations, plicateur des dépenses gouvernementales fonctionne
qui sont constantes à 200 milliards de dollars, et les im¬ exactement comme celui des investissements (et des
portations, qui sont égales au PIB réel multiplié par la dépenses autonomes), que nous avons étudié au cha¬
propension marginale à importer, qui est de 0,267. La pitre 8, p. 191-195.
colonne suivante indique le niveau initial de la dépense La figure 9.6 illustre le multiplicateur des dépenses
agrégée planifiée, c’est-à-dire la somme des dépenses de gouvernementales. Au départ, la dépense agrégée plani¬
consommation, des investissements, des dépenses gou¬ fiée est représentée par la courbe DAPq. Les points situés
vernementales et des exportations moins les importations. sur cetre courbe (a à e), correspondent aux lignes du
L’équilibre des dépenses est réalisé lorsque la dépense tableau 9.2 identifiées par les mêmes lettres. La courbe
agrégée planifiée est égale au PIB réel. Dans notre exem¬ de dépense agrégée planifiée croise la droite à 45° au
ple, cet équilibre se situe à 800 milliards de dollars (en niveau d’équilibre du PIB réel, soit à 800 milliards de
gras à la ligne b dans le tableau 9.2). dollars.
TABLEAU 9.2
réel est de 950 milliards de dollars, soit le point où la courbe DAP{ dépenses de consommation autonomes sont de 100 mil¬
TABLEAU 9.3
Dépense Nouvelle
Dépenses agrégée dépense
Revenu initiales de Autres planifiée Nouveau Nouvelles agrégée
PIB Impôts disponible consom¬ composantes initiale Nouveaux revenu dépenses de planifiée
réel initiaux initial mation de la dépense (DAP0 = C0 + / + impôts disponible consommation (DAP, = C, + / +
(Y) (To) (RD0) (Co) (l+G+X-IM) G + X - //VI) (L) (RD,) (C,) G + X - IM)
687,5 138 550 513 250 763 237,5 450 437,5 687,5
700 140 560 520 246 766 240 460 445 691
800 160 640 580 220 800 260 540 505 725
900 180 720 640 193 833 280 620 565 758
1 000 200 800 700 166 866 300 700 625 791
L’équilibre des dépenses se produit lorsque la dé¬ nouvel équilibre macroéconomique sera instauré. Dans
pense agrégée planifiée est égale au PIB réel. Dans notre notre exemple, le nouvel équilibre des dépenses est at¬
exemple, cet équilibre est à 800 milliards de dollars teint lorsque le PIB réel est de 687,5 milliards de dollars
(en gras à la ligne c du tableau 9.3). (en rouge, à la ligne a du tableau 9.3).
Les dernières colonnes du tableau 9.3 montrent ce Une augmentation des impôts autonomes de
qui se produit lorsque les impôts autonomes augmentent 100 milliards de dollars provoque une diminution
de 100 milliards de dollars. Les impôts correspondent des dépenses d’équilibre et du PIB réel de 112,5 mil¬
maintenant à 0,2 du PIB réel plus 100 milliards de dol¬ liards. Le multiplicateur des impôts autonomes est
lars d’impôts autonomes, soit le niveau initial des impôts donc égal à -1,125.
de la deuxième colonne plus 100 milliards de dollars. Le La valeur du multiplicateur des impôts autonomes
revenu disponible est maintenant inférieur de 100 mil¬ dépend de la pente de la courbe DAP zt de la propension
liards de dollars aux niveaux qui apparaissent dans la marginale à consommer. Une variation initiale de la dé¬
troisième colonne. L’avant-dernière colonne indique les pense agrégée déclenche un effet multiplicateur dont le
nouvelles dépenses de consommation. Puisque la propen¬ processus fonctionne de la même manière que celui des
sion marginale à consommer est de 0,75, une diminu¬ dépenses gouvernementales. Nous avons vu que la valeur
tion du revenu disponible de 100 milliards de dollars de ce multiplicateur est égale à 1 / (1 - pente de la
entraîne une diminution des dépenses de consommation courbe de DAP). Mais, au départ, une variation des
de 75 milliards. Par conséquent, ces dépenses sont main¬ impôts autonomes ne fait varier la dépense agrégée que
tenant égales à ce qu’elles étaient initialement moins d’un montant équivalent au changement de la dépense
75 milliards de dollars. La dernière colonne indique la de consommation quelle engendre. La variation des
nouvelle dépense agrégée planifiée, qui est de 75 mil¬ impôts autonomes entraîne une diminution du revenu
liards de dollars inférieure à ce quelle était initialement. disponible qui est égale à l’augmentation des impôts.
L’augmentation des impôts autonomes de 100 mil¬ Ainsi, les dépenses de consommation diminuent d’un
liards de dollars a provoqué une diminution de la dé¬ montant qui correspond à la variation des impôts auto¬
pense agrégée planifiée de 75 milliards à chaque niveau nomes multipliée par la propension marginale à consom¬
du PIB réel. Par exemple, à un niveau initial de PIB reel mer. Le multiplicateur des impôts autonomes équivaut
de 800 milliards de dollars, la dépense agrégée planifiée à la valeur négative du multiplicateur des dépenses gou¬
est descendue à 725 milliards. Comme la valeur de la dé¬ vernementales multipliée par la propension marginale à
Dans notre exemple, la propension marginale à tableau 9.3 identifiées par les mêmes lettres. La courbe
consommer est de 0,75, et la pente de la courbe de de la dépense agrégée croise la droite à 45° au niveau
dépense agrégée planifiée est de 0,333. Le multiplicateur d équilibre du PIB réel, soit à 800 milliards de dollars.
des impôts autonomes se calcule comme suit : Une augmentation des impôts autonomes de 100 mil¬
liards de dollars fait déplacer la courbe de dépense
agrégée vers le bas, en DAPU d’un montant de 75 mil¬
Multiplicateur q
liards de dollars, et le PIB réel d’équilibre n’est plus
des impôts =---= -1,125.
que de 687,5 milliards. La diminution du PIB réel est
autonomes Ô — 0,333)
1,125 fois plus importante que ne l’est l’augmentation
des impôts autonomes. La valeur du multiplicateur des
impôts autonomes est donc de-1,125.
La figure 9.7 illustre le multiplicateur des impôts
autonomes. Initialement, la dépense agrégée planifiée
est représentée par la courbe DAP0. Les points situés Les transferts autonomes Le multiplicateur des
sur cette courbe (a à e), correspondent aux lignes du impôts autonomes nous renseigne également sur les
effets d une variation des paiements de transfert auto¬
nomes. Les paiements de transfert peuvent être consi¬
dérés comme des impôts négatifs. Par conséquent, une
augmentation de ces paiements agit comme le ferait une
FIGURE 9.7 diminution des impôts. Comme le multiplicateur des
impôts est négatif, une diminution de ceux-ci fait aug¬
Le multiplicateur des impôts menter les dépenses. Une augmentation des paiements
autonomes
O de transfert entraîne donc également une hausse des
dépenses. Le multiplicateur des paiements de transfert
autonomes est positif. Sa valeur se calcule comme suit :
Multiplicateur
des paiements PmC
de transfert (1 - pente de la courbe DAP)
autonomes
Les tendances relatives aux mostats et aux appareils perfectionnés qui permettent
multiplicateurs de la politique aux avions et aux bateaux de contrer les turbulences dans
budgétaire les airs comme en mer. Les stabilisateurs fiscaux automa¬
tiques découlent du fait que les impôts sur le revenu
Nous avons vu que les multiplicateurs de la politique et les paiements de transfert fluctuent avec le PIB réel.
budgétaire dépendaient de la pente de la courbe DAP. Lorsque celui-ci commence à diminuer, les recettes fis¬
Comme c’était le cas pour le multiplicateur des dépenses cales baissent et les paiements de transfert augmentent.
autonomes, que nous avons étudié au chapitre 8, plus la Examinons à présent ces variations induites des impôts
pente de la courbe DAP est abrupte, plus le multiplica¬ et des paiements de transfert.
teur est élevé. Le taux marginal d’imposition et la pro¬
pension marginale à importer sont les deux facteurs prin¬
cipaux qui influent sur la pente de la courbe DAP. Ces Les impôts induits et
deux facteurs ont augmenté au fil des ans. La présence de les paiements de transfert
plus en plus importante du gouvernement dans l’activité
économique explique la hausse continuelle des impôts. Les impôts et les paiements de transfert, les composantes
Par ailleurs, la mondialisation de l’économie a fait croître des impôts nets, varient selon la situation économique.
la propension marginale à importer. Par conséquent, la Pour établir les recettes fiscales, le gouvernement vote des
courbe DAP s’est aplatie et les multiplicateurs de la poli¬ lois qui définissent les taux d’imposition et non les mon¬
tique budgétaire sont maintenant plus faibles qu’ils ne tants d’impôt à payer. Par conséquent, les recettes fiscales
l’étaient auparavant. dépendent du PIB réel. Les impôts induits sont des im¬
pôts qui varient selon le PIB. Lorsque l’économie connaît
une phase d’expansion, les impôts induits augmentent
Les multiplicateurs de la politique parce que le PIB réel augmente. Lorsque l’économie con¬
budgétaire des provinces naît une récession, les impôts induits diminuent parce
que le PIB réel diminue.
Les gouvernements provinciaux n’ont pas autant recours Pour établir les dépenses fiscales, le gouvernement
à la politique budgétaire que ne le fait le gouvernement met sur pied des programmes qui permettent aux parti¬
fédéral. Cela est essentiellement dû au fait que, leur culiers et aux entreprises remplissant certaines conditions
propension marginale à importer étant plutôt forte, leurs de recevoir une aide financière. Les dépenses pour ces
multiplicateurs de la politique budgétaire provinciale programmes se traduisent par des paiements de transfert
sont relativement faibles. Autrement dit, une augmenta¬ qui dépendent de la situation économique des particuliers
tion des dépenses gouvernementales provinciales ou une et des entreprises. Par exemple, en période de récession, le
réduction des impôts provinciaux n’a qu’une faible inci¬ taux de chômage est élevé et le nombre de partictiliers qui
dence sur le PIB réel des provinces. Par exemple, si le connaissent des difficultés économiques augmente. Le
gouvernement du Québec augmente ses dépenses pour la nombre d’entreprises et d’exploitations agricoles qui con¬
construction d’autoroutes, une partie des dépenses ini¬ naissent une situation délicate augmente également. Les
tiales se fera au Québec et une autre sera consacrée à paiements de transfert du gouvernement augmentent en
l’importation de matériaux et d’équipement en prove¬ réponse à la hausse des problèmes économiques. En pé¬
nance des autres provinces. Comme les Québécois qui riode d’expansion, les paiements de transfert destinés à
réalisent ce nouveau projet reçoivent des revenus supplé¬ atténuer les difficultés économiques diminuent.
mentaires, ils dépenseront une partie de ceux-ci pour Les impôts induits et les paiements de transfert font
s’offrir des vacances à l’étranger, de nouvelles voitures diminuer les multiplicateurs des dépenses publiques et
construites en Ontario et une foule de produits importés. des impôts autonomes parce qu’ils relâchent le lien entre
Le PIB réel du Canada augmente alors d’une façon im¬ le PIB réel et le revenu disponible et, ainsi, atténuent les
portante, tandis que celui du Québec ne connaît qu une effets des variations du PIB réel sur les dépenses de con¬
automatiques. donc pas aussi importante que celle du PIB réel. Par
conséquent, les dépenses de consommation augmentent
dans une proportion moindre que si nous étions en pré¬
Les stabilisateurs automatiques sence d’une économie sans impôts induits ni paiements
de transfert. Pour cette raison, l’effet multiplicateur est
Un stabilisateur économique est un mécanisme qui opéré moindre lorsque les impôts induits et les paiements de
sans nécessiter une intervention explicite du gouverne¬ transfert sont importants.
ment. Le terme lui-même est emprunté à 1 ingénierie et L’impact des impôts induits et des paiements de
nous fait penser aux amortisseurs des voitures, aux ther¬ transfert sur le multiplicateur dépend du taux marginal
224
colonnes de couleur indiquent les périodes où le PIB réel (a) Croissance et récessions
est en dessous du PIB potentiel. En comparant les deux
graphiques, nous pouvons voir la relation entre le cycle
economique et les déficits budgétaires. Règle générale,
lorsque le PIB réel se situe au-dessus du PIB potentiel,
les déficits budgétaires diminuent. (Dans la figure, un
déficit qui diminue correspond à un déficit qui est
presque nul.) Lorsque le PIB réel est en dessous du PIB
potentiel, les déficits augmentent.
Les déficits budgétaires des gouvernements fédérai
et provinciaux fluctuent selon le cycle économique parce
que les recettes fiscales et les paiements de transfert
fluctuent selon le PIB réel. Comme celui-ci augmente
durant une expansion, les recettes fiscales augmentent
et les paiements de transfert diminuent et, par consé¬
quent, les recettes budgétaires augmentent et les dépen¬
ses budgétaires diminuent. Les déficits budgétaires dimi¬
nuent automatiquement. Comme le PIB réel diminue Année
durant une récession, les recettes fiscales diminuent et (b) Déficits
les paiements de transfert augmentent et, par conséquent,
les déficits budgétaires augmentent automatiquement.
Une variation dans les investissements ou les expor¬ Quand le PIB réel fluctue autour du PIB potentiel, comme le
tations fait fluctuer le PIB réel, puis les recettes fiscales montre le graphique (a), les déficits budgétaires gouvernementaux
et les paiements de transfert, et enfin les déficits budgé¬ fluctuent eux aussi, comme le montre le graphique (b). Lors d’une
taires. Par exemple, lorsqu’une augmentation importante récession (colonnes colorées), les recettes fiscales diminuent, et
des investissements donne lieu à un essor économique, les paiements de transfert augmentent de même que les déficits
le PIB reel augmente par un multiple de cette augmenta¬ budgétaires. Ces déficits augmentent également avant une réces¬
tion. Mais 1 effet multiplicateur de l’augmentation des sion à mesure que le taux de croissance du PIB réel diminue, et
investissements est atténué par l’augmentation auto¬ après une récession avant que ne s'accélère le taux de croissance
matique des recettes fiscales et par la diminution des du PIB réel. Lorsque, au cours d’une expansion, le taux de crois¬
paiements de transfert. Les déficits budgétaires dimi¬ sance du PIB réel est élevé, les recettes fiscales augmentent, et les
nuent (ou les surplus budgétaires augmentent). L’aug¬ paiements de transfert diminuent de même que les déficits.
mentation des recettes fiscales et la diminution des Source : Statistique Canada, CANSIM. séries D14872, D151 16 et D15 155. mars 1999, et
calculs des auteurs.
paiements de transfert jouent un rôle de stabilisateurs
automatiques. Elles réduisent le revenu disponible et
.
2 2,5
v
a.
libre et du PIB réel. L’expansion est moins forte qu’elle et structurel
ne l’aurait été sans ces stabilisateurs automatiques.
Inversement, lorsqu’une diminution importante
des investissements amène l’économie en récession, les
recettes fiscales diminuent et les paiements de transfert
augmentent. Le déficit budgétaire augmente (ou le sur¬
plus diminue). Encore une fois, la diminution des recet¬
tes fiscales et l’augmentation des paiements de transfert
jouent un rôle de stabilisateurs automatiques. Elles limi¬
tent la diminution du revenu disponible et celle de la
dépense agrégée ou du PIB réel. La récession est moins
forte quelle ne l’aurait été sans ces stabilisateurs auto¬
matiques.
En vertu de ces facteurs, les déficits budgétaires aug¬
mentent lors d’une récession et diminuent lors d’une
expansion. C’est pourquoi les économistes font la distinc¬
tion entre les déficits cycliques et les déficits structuraux.
Le déficit cyclique mesure uniquement la compo¬
sante du déficit budgétaire qui est attribuable au fait que
l’économie n’est pas en situation de plein emploi. Le PIB
0 600 700 800 900 1000 1100
réel est alors inférieur au PIB potentiel, les impôts sont
PIB réel (en milliards de dollars de 1 992)
temporairement bas et les paiements de transfert sont
temporairement élevés. (Un surplus cyclique est la com¬ Les dépenses gouvernementales (ligne bleue) diminuent à mesure
posante du surplus budgétaire qui se produit uniquement que le PIB réel augmente parce que les paiements de transfert
lorsque le PIB réel excède le PIB potentiel, que les impôts diminuent. Les revenus du gouvernement (ligne verte) augmentent à
sont temporairement élevés et que les paiements de trans¬ mesure que le PIB réel s’accroît parce que la plupart des impôts
fert sont temporairement faibles.) Un déficit structurel sont reliés aux revenus et aux dépenses. Lorsque le PIB réel est
est un déficit budgétaire qui se produit lorsque l’écono¬ de 900 milliards de dollars, le gouvernement a un budget équilibré.
mie est en situation de plein emploi. Il correspond au Lorsque le PIB réel est inférieur à 900 milliards de dollars, le gou¬
déficit qui existerait si le PIB réel était égal au PIB poten¬ vernement a un déficit budgétaire. Lorsque le PIB réel excède
tiel. Un tel déficit se produit lorsque les dépenses sont 900 milliards de dollars, les dépenses sont inférieures aux revenus
trop importantes par rapport aux recettes, et ce, pendant et le gouvernement connaît un surplus budgétaire.
toute la durée d’un cycle économique. (Un surplus struc¬ Le déficit (ou le surplus) budgétaire structurel est égal au dé¬
turel se produit lorsque les dépenses sont trop faibles par ficit (ou au surplus) observé au PIB potentiel, peu importe la valeur
rapport aux recettes, et ce, pendant toute la durée d’un du PIB réel effectif. Lorsque le PIB potentiel est de 900 milliards
cycle économique.) Le déficit budgétaire est égal à la de dollars, il n’y a pas de déficit structurel ; les déficits et les surplus
somme du déficit structurel et du déficit cyclique. budgétaires sont alors cycliques. Mais, lorsque le PIB potentiel est
La figure 9.9 illustre les concepts de déficit cyclique de 800 milliards de dollars, nous sommes en présence d’un déficit
et de déficit structurel. La courbe en bleu indique les dé¬ structurel. Enfin, lorsque le PIB potentiel est de I 000 milliards
penses gouvernementales. Lorsque le PIB réel est inférieur de dollars, l’économie connaît un surplus budgétaire structurel.
au PIB potentiel, les paiements de transfert sont tempo¬
rairement élevés. À mesure que le PIB réel augmente, les
paiements de transfert et les dépenses diminuent. La
courbe verte indique les recettes du gouvernement. Étant À mesure que le PIB réel fluctue au cours du cycle écono¬
donné que la plupart des impôts augmentent avec le mique, le déficit budgétaire fluctue aussi, exactement de
revenu, ces recettes s’accroissent au fur et à mesure que la même manière que le déficit canadien illustré à la
s’accroît le PIB réel. Dans notre exemple, lorsque celui-ci figure 9.8.
est de 900 milliards de dollars, le gouvernement connaît Pour déterminer si nous sommes en présence d’un
un budget équilibré. Les dépenses et les recettes s elèvent déficit structurel, il faut connaître le PIB potentiel. Un
toutes deux à 200 milliards de dollars. Lorsque le PIB reel déficit ( ou surplus) structurel est égal au déficit (ou au sur¬
est de 800 milliards de dollars, le gouvernement a un plus) budgétaire observé au PIB potentiel, quelle que soit
déficit budgétaire. Enfin, lorsqu’il est de 1 000 milliards la valeur du PIB réel effectif. Dans la figure 9.9, si le PIB
de dollars, le gouvernement a un surplus budgetaire. potentiel est de 900 milliards de dollars, en situation de
xx6
Chapitre 9 I_a politique budgétaire
À RETENIR
pôts fait varier la dépense agrégée de moins d’un dollar. 0 650 750 850 950 1 050
PIB réel (en milliards de dollars de 1992]
Les impôts sur le revenu et les importations réduisent (a) Dépense agrégée planifiée
la valeur des multiplicateurs de la politique budgétaire.
Les impôts sur le revenu et les paiements de transfert
réduisent la valeur des multiplicateurs et jouent un
rôle de stabilisateurs automatiques en atténuant les
fluctuations du cycle économique.
La politique budgétaire
à court et à long terme
pour voir quels sont les effets d’une variation de la poli¬ respond à DAPo, comme le montre le graphique (a), et la demande
tique budgétaire sur la demande agrégée, sur le niveau agrégée correspond à DA0, comme le montre le graphique (b).
des prix et sur le PIB réel. Une augmentation des dépenses gouvernementales fait déplacer
la courbe de dépense agrégée planifiée vers le haut, en DAP,. Le
nouvel équilibre se produit lorsque la courbe DAP, croise la droite
la demande agrégée demandée de PIB réel à un niveau des prix de I 10 passe à 950
milliards de dollars, la courbe de demande agrégée se déplace vers
La figure 9.10 illustre les effets d’une augmentation des la droite, en DA|.
départ, la courbe de dépense agrégée planifiée est en agrégée à court terme en OACT. (Reportez-vous au
DAP0 dans le graphique (a), et la courbe de demande chapitre 7 pour réviser la notion de la courbe d’offre
agrégée en DAq dans le graphique (b). Le niveau des prix agrégée à court terme.) L’équilibre correspond au
est de 110, le PIB réel se chiffre à 800 milliards de dol¬ point a, là où la courbe de demande agrégée croise la
lars et l’économie se trouve au point a dans les deux courbe d’offre agrégée à court terme. Le niveau des
graphiques. prix est de 110 et le PIB réel est de 800 milliards
Supposons à présent que le gouvernement augmente de dollars.
ses dépenses de 100 milliards de dollars. À un niveau des Une augmentation des dépenses gouvernementales
prix constant de 110, la courbe de dépense agrégée plani¬ de 100 milliards de dollars fait déplacer la courbe de
fiée se déplace vers le haut, en DAP\. Les dépenses d’équi¬ demande agrégée vers la droite, de DAïq à DA\. Alors que
libre augmentent et passent à 950 milliards de dollars, ce le niveau des prix demeure à 110, l’économie se déplace
qui correspond au point b. Ce montant est la quantité vers le point b et le PIB réel s’approche des 950 milliards
agrégée demandée de biens et de services à un niveau de dollars. Toutefois, durant ce processus d’ajustement,
des prix de 110, comme l’indique le point b du gra¬ le niveau des prix ne demeure pas constant. Il s’accroît
phique (b). Le point b se situe sur une nouvelle courbe au fur et à mesure que l’économie se déplace le long de
de demande agrégée, cette courbe s’étant déplacée vers la courbe d’offre agrégée à court terme jusqu’au point
la droite, en DA\. où cette courbe croise la nouvelle courbe de demande
L’ampleur d’un tel déplacement vers la droite est agrégée, ce qui correspond au point c. Le niveau des prix
déterminée par le multiplicateur des dépenses gouverne¬ augmente et passe à 120 et le PIB réel atteint 900 mil¬
mentales. Plus le multiplicateur est élevé, plus le déplace¬ liards de dollars.
ment de la courbe de demande agrégée qui résulte d’un Même en tenant compte du changement du niveau
changement donné des dépenses gouvernementales est des prix, l’augmentation des dépenses gouvernementales
important. Dans notre exemple, une augmentation de fait toujours augmenter le PIB réel, mais cette augmen¬
100 milliards de dollars des dépenses gouvernementales tation est inférieure à celle qui se serait produite si le
produit une augmentation de 150 milliards de dollars de niveau des prix était demeuré constant. Par ailleurs, plus
la quantité demandée de biens et de services, et ce, à la pente de la courbe d’offre agrégée à court terme est
chaque niveau des prix. Le multiplicateur est égal à 1,5. abrupte, plus l’augmentation du niveau des prix sera
L’augmentation de 100 milliards de dollars des dépenses importante, et plus l’augmentation du PIB réel sera
gouvernementales fait déplacer de 150 milliards de dol¬ faible.
lars vers la droite la courbe de demande agrégée. Nous venons de voir comment la politique budgé¬
La figure 9.10 montre les effets d’une augmentation taire peut être utilisée pour augmenter le PIB réel. Si
des dépenses gouvernementales. Toutefois, toute autre l’économie traverse une période de récession et de chô¬
politique budgétaire expansionniste connaîtra un effet mage important, le gouvernement peut mettre en place
semblable. On dira qu’il y a une politique budgétaire une politique comme celle que nous venons d’étudier
expansionniste à la suite d’une augmentation des dé¬ pour tenter de faire baisser le taux de chômage. De la
penses gouvernementales ou des paiements de transfert, même façon, si l’économie connaît une période de sur¬
ou à la suite d’une diminution des impôts. On peut chauffe et des risques d’inflation, il peut opter pour des
également se servir de la même figure pour illustrer les mesures opposées, c’est-à-dire réduire les dépenses gou¬
effets d’une politique budgétaire restrictive. Une poli¬ vernementales et augmenter les impôts.
tique budgétaire restrictive est en place lorsqu’on assiste En pratique, deux facteurs viennent limiter le re¬
à une diminution des dépenses gouvernementales ou des cours à la politique budgétaire. Premièrement, la lenteur
paiements de transfert, ou à une augmentation des im¬ du processus législatif rend difficile l’application des
pôts. Dans notre exemple, nous partons du point b et mesures budgétaires dans des délais acceptables. Même si
diminuons les dépenses gouvernementales. La courbe l’économie pouvait bénéficier dès maintenant de mesures
de dépense agrégée planifiée se déplace vers le bas, de de relance budgétaire, la lenteur de ce processus fait que
DAPX à DAPq, ce qui se traduit par un déplacement de le Parlement prendrait sûrement des mois avant de don¬
la courbe de demande agrégée de DA\ à DAq (point a ner son autorisation. Et, lorsqu’on pourrait enfin appli¬
des graphiques (a) et (b) de la figure 9.10). quer ces mesures, il se pourrait très bien que la situation
économique requière alors un tout autre remède fiscal.
Deuxièmement, il n’est pas toujours facile de déterminer
Le PIB d’équilibre et le niveau des prix à court pourquoi le PIB réel est inférieur (ou supérieur) au PIB
terme Nous avons vu comment une augmentation potentiel. Est-ce parce que la demande agrégée a varié et
des dépenses gouvernementales fait augmenter la de¬ fait s’éloigner le PIB réel du PIB potentiel, ou est-ce
mande agrégée. Examinons à présent son incidence sur parce que celui-ci a lui-même changé ? Ce deuxième fac¬
le PIB réel et sur le niveau des prix. Le graphique (a) de teur revêt une grande importance. Pour savoir pourquoi
la figure 9.11 nous présente une situation économique. il en est ainsi, il faut examiner les effets de la politique
La courbe de demande agrégée est en DAq, et celle d offre budgétaire lorsque le PIB réel est égal au PIB potentiel.
228
Chapitre 9 I_a politique budgétaire
FIGURE 9. I I
CM
O"
O-
PIB réel (en milliards de dollars de 1992) PIB réel (en milliards de dollars de 1992)
(a) Effet à court terme
(b) Effet à long terme
FIGURE 9.12
CQ
Q_
“O
a>
“ô.
E
1 10 OACT
2
100
x
Q_
§
>
z
Dans les deux graphiques, une réduction des impôts accroît la niveau des prix. Mais, lorsque l’effet de la réduction des impôts sur
demande agrégée et fait déplacer la courbe correspondante vers l’offre agrégée est important, la courbe OACT se déplace de OACT0
la droite, de DA0 à DA|. Lorsque l’effet de la réduction des impôts à 0ACT2, comme le montre le graphique (b). Dans notre exemple,
sur l’offre agrégée est minime, la courbe OACT se déplace vers la l’effet sur l’offre agrégée étant plus important que l’effet sur la
droite, de OACT0 à OACT,, comme le montre le graphique (a). Dans demande agrégée, le PIB réel s’accroît et le niveau des prix
notre exemple, l’effet sur la demande agrégée étant plus important diminue.
que l’effet sur l’offre agrégée, le PIB augmente de même que le
^i
Résumé
brique «Entre les lignes» (p. 232) nous propose de jeter Nous étudierons ensuite l’autre volet de la politique
un autre coup d’œil sur le budget fédéral de 1999-2000 macroéconomique : la politique monétaire. Nous com¬
et nous montre comment nous pouvons utiliser ce que mencerons, au chapitre 10, par décrire le système moné¬
nous venons de voir pour comprendre la politique bud¬ taire d’une économie moderne puis, au chapitre 11, nous
gétaire canadienne actuelle. verrons quelles sont les fonctions de la Banque du Canada.
La politique budgétaire
en action
sur les
politiques
Les faits
EN bref
1M
1
SfeSrSua» aua «t™»-
démarche reposan trices et sur
ses économiques conservatnces^^^
bons nont pa
des Finances
cPomptabiliser une
de deux milliards
du gouvernement contractée
sur les marchés publics. Cette
dernière devrait descendre à
457 milliards en 1998-1999.
1
§
la création de re P utilisées,
litès qui, si elles ne “remboursement
îMiïïîs
seulement taux dmtere .
des
I SSSÏÏ budgétaire de
■ Le ratio de la dette sur le
PIB, qui atteignait 71,2 % en
) Le Devoir, reproductionautotisée 1995-1996, devrait se situer
autour de 62 % en l’an
''%n, 2000-2001.
■ Les déficits budgétaires à gouvernement de rem¬
répétition enregistrés entre bourser graduellement sa
1975 et 1997 ont fait aug¬ dette. Il est également prévu
E C O N O M I Q U E menter considérablement que les réserves pour éven¬
la dette du gouvernement. tualités seront, si elles s’avè¬
■ En pratique, il existe dif¬ trialisés, notamment les La dette publique nette est rent inutiles, utilisées pour
férentes façons de mesurer États-Unis. Pour faire les présentement de 580 mil¬ rembourser plus rapide¬
la situation financière du comparaisons internationa¬ liards de dollars. Seulement ment la dette du gouverne¬
gouvernement. les, l’excédent financier est une partie de ce montant, ment. L’effet combiné de ces
la meilleure mesure de la soit 457 milliards de dollars, mesures devrait faire bais¬
■ Le solde budgétaire ap¬
situation financière du gou¬ est formée de titres échan¬ ser rapidement le ratio de
paraissant chaque année
vernement canadien. Parmi gés sur les marchés finan¬ la dette sur le PIB. Celui-ci
dans le budget du gouverne¬
les pays du G7, c’est le ciers. Les excédents finan¬ devrait atteindre la valeur
ment fédéral est une mesure
Canada qui affiche actuel¬ ciers vont permettre au de 62 % en l’an 2000-2001.
de la situation financière cal¬
lement le surplus budgétaire
culée selon les principes de
le plus important.
la comptabilité d’exercice.
Dans cette optique, l’équili¬ ■ Pour réduire au mini¬
bre budgétaire annoncé dans mum le risque d’un retour
le budget de 1999-2000 des déficits, le budget fé¬
tient compte des engage¬ déral prévoit chaque année
ments souscrits par le gou¬ depuis 1998 une réserve
vernement fédéral, peu pour éventualités (3 mil¬
importe le moment où ils liards en 1999-2000). Celle-
donnent lieu à des entrées ci est constituée afin de
et à des sorties de fonds. permettre au gouvernement
d’absorber, sans recours au
■ L’excédent financier est
déficit et à l’endettement,
une autre mesure de la
les variations imprévues des
situation financière du gou¬
dépenses et recettes fis¬
vernement. Contrairement
cales. Sans cette précaution,
au solde budgétaire, l’excé¬
le gouvernement aurait
dent financier comptabilise
affiché en 1999-2000 un
les engagements du gou¬
surplus budgétaire de
vernement uniquement au
3 milliards de dollars.
moment où ils donnent
lieu à des entrées et à des ■ L’intérêt sur la dette est
sorties de fonds. la dépense la plus impor¬
tante du gouvernement. Les
■ Le Canada a enregistré
frais d’intérêt dépendent du
un excédent financier de
montant d’endettement et
1,3 milliard de dollars en
du niveau des taux d’intérêt.
1996-1997, de 12,7 milliards
La figure I révèle que la
en 1997-1998 et, d’après
réduction des frais d’intérêt
lignes
Mots clés
Multiplicateur des dépenses gouvernementales
(publiques), 218
Budget équilibré, 213
Multiplicateur des impôts autonomes, 220
Budget fédéral, 212
Multiplicateur du budget équilibré, 222
Budget provincial, 212
Politique budgétaire, 212
Déficit budgétaire, 213
Politique budgétaire automatique, 217
Déficit cyclique, 225
Politique budgétaire discrétionnaire, 217
Déficit structurel, 225
Politique budgétaire expansionniste, 227
Dette publique, 215
Politique budgétaire restrictive, 227
Impôts autonomes, 217
Solde budgétaire, 213
Impôts induits, 217
Surplus budgétaire, 213
Q UES T I O N S UE R Ë VISION
fédéral à celui des provinces et des autres pays. 14. Expliquez comment, à court terme, se modifie
6. Faites la distinction entre une politique budgétaire l’effet multiplicateur lorsque le niveau des prix
automatique et une politique budgétaire discrétion¬ varie.
naire.
15. Quels seront les effets sur le PIB réel, le niveau des
7. Expliquez pourquoi une augmentation des dépen¬
prix et le chômage d’une augmentation des dépen¬
ses gouvernementales a un effet multiplicateur sur
ses publiques à partir d’une situation initiale où le
le PIB réel, et ce, à un niveau de prix donné.
PIB réel est égal au PIB potentiel?
analyse C R I T I Q U E
4. Quels sont les effets d'une réduction des impôts sur 7. En 1996, l’Alberta a connu un surplus budgétaire.
le PIB réel, le niveau des prix, le taux de chômage Ce surplus a-t-il eu des conséquences sur le bien-
et le taux de croissance du PIB potentiel ? être des résidents de cette province ? A-t-il eu des
5. Certaines personnes disent que les réductions d’im¬ effets pour les autres Canadiens ?
pôts se traduisent non pas par une diminution mais 8. «Les réductions d’impôts stimulent l’économie à
par une augmentation des recettes gouvernemen¬ court et à long terme. Les augmentations des dé¬
tales et qu’elles stimulent l’économie. Donnez une penses font de même à court terme, mais ralentis¬
opinion critique sur ce sujet. sent l’expansion économique à long terme. » Ces
6. Quels sont les effets, à court et à long terme, affirmations sont-elles vraies? Qu’impliquent-elles
qu’entraîne une diminution des prestations de au moment du choix de la politique budgétaire si,
l’assurance-emploi sur le PIB réel et le niveau des par exemple, l’économie est en situation d’équilibre
prix? de chômage?
PROBLÈMES
1. Vous disposez des informations qui suivent concer¬ c) Le nouveau multiplicateur des dépenses gou¬
nant l’économie de Vulcain. La partie autonome des vernementales de Vulcain est-il plus grand ou
dépenses de consommation est de 10 milliards de plus petit que celui du problème n° 1 ?
dollars. La propension marginale à consommer est Pourquoi ?
de 0,8. Le niveau des investissements s’établit à d) Si le gouvernement continue d’acheter des biens
50 milliards de dollars. Les dépenses gouvernemen¬ et des services pour 40 milliards de dollars mais
tales en biens et services sont de 40 milliards de dol¬ qu’il instaure des impôts autonomes de 10 mil¬
lars. Le taux marginal d’imposition est de 12,5 % et liards, qu’adviendra-t-il des dépenses d’équilibre ?
les impôts autonomes sont inexistants. Enfin, les e) Quelle est la valeur du multiplicateur des impôts
importations et les exportations sont nulles. autonomes?
a) Le gouvernement élève ses dépenses en biens f) Si le gouvernement accroît simultanément ses
et services à 50 milliards de dollars. Quel effet dépenses en biens et services et les impôts de
cette augmentation aura-t-elle sur les dépenses 10 milliards de dollars, qu’adviendra-t-il des
d’équilibre ? dépenses d’équilibre?
b) Quelle est la valeur du multiplicateur des g) Quelle est la valeur du multiplicateur du bud¬
dépenses gouvernementales ? get équilibré? Comment se compare-t-elle à
c) Si le gouvernement maintient ses dépenses en celle du problème n° 1 ?
biens et services à 40 milliards de dollars mais 3. Supposons que le niveau des prix de l’économie de
instaure des impôts autonomes de 10 milliards, Vulcain telle quelle a été décrite dans le problème
quel sera l’effet sur les dépenses d’équilibre ? n° 1 corresponde à 100 et que l’économie soit en
d) Quelle est la valeur du multiplicateur des situation de plein emploi.
impôts autonomes? a) Si le gouvernement de Vulcain augmente ses
e) Si le gouvernement augmente simultanément dépenses en biens et services de 10 milliards
ses dépenses en biens et services et les impôts de dollars, qu’adviendra-t-il de la quantité
autonomes de 10 milliards de dollars, quel sera demandée de PIB réel?
l’effet de cette augmentation sur les dépenses b) Dans quelle direction la demande agrégée se
d’équilibre? déplace-t-elle ? Faites un graphique en deux
f) Quelle est la valeur du multiplicateur du parties comme celui de la figure 9.11 pour
budget équilibré ? illustrer à la fois les changements de la courbe
2. Vulcain s’ouvre sur l’étranger et décide d’exporter. DAP et ceux de la courbe DA.
Ses exportations sont de 50 milliards de dollars. c) À court terme, l’augmentation du PIB réel
Vulcain décide également d’importer et ses importa¬ d’équilibre est-elle supérieure, inférieure ou
tions correspondent à 10 % du PIB. Les autres infor¬ égale à l’augmentation de la quantité
mations relatives à cette économie sont les memes demandée de PIB réel?
que celles qui ont été fournies au problème n 1. d) À long terme, l’augmentation du PIB réel
a) Le gouvernement augmente ses dépenses en d’équilibre est-elle supérieure, inférieure ou
biens et services, qui sont maintenant de 50 mil¬ égale à l’augmentation de la quantité
liards de dollars. Quel effet cette augmentation demandée de PIB réel?
aura-t-elle sur les dépenses d’équilibre ? e) À court terme, le niveau des prix en Vulcain
b) Quelle est la valeur du multiplicateur des augmente-t-il, diminue-t-il ou demeure-t-il
dépenses gouvernementales ? inchangé ?
236
Chapitre 9 La politique budgétaire
4. Dans la figure suivante, la demande agrégée est ini¬ b) Lorsque le PIB réel de Nirvana est de 30 mil¬
tialement en DAq, et 1 offre agrégée à court terme lions de dollars, quel est le solde budgétaire du
en OACTq. Une réduction des impôts autonomes gouvernement ?
(ait augmenter la demande agrégée et déplacer sa c) Lorsque le PIB réel de Nirvana est de 50 mil¬
courbe en DA\. Cette réduction renforce les inci¬ lions de dollars, quel est le solde budgétaire du
tatifs et fait augmenter l’offre agrégée. Dans un pre- gouvernement?
mier temps, il n y a aucun effet sur l’offre, puis, 6. Dans le problème n 5, lorsque le PIB potentiel de
dans un second temps, 1 offre agrégée à court terme Nirvana est de 40 millions de dollars et le PIB réel
augmente et sa courbe se déplace en OACTx et, de 40 millions également, le pays fait-il face à un
finalement, elle retourne en OACT2.
déficit ou à un surplus ? structurel ou cyclique ? de
quel montant? Expliquez pourquoi.
7. Dans le problème n 5, lorsque le PIB potentiel de
Nirvana est de 40 millions de dollars et le PIB réel
de 30 millions, le pays fait-il face à un déficit ou à
un surplus? structurel ou cyclique? de quel mon¬
tant ? Expliquez pourquoi.
8. Dans le problème n‘ 5, lorsque le PIB potentiel de
Nirvana est de 40 millions de dollars et le PIB réel
de 50 millions, le pays fait-il face à un déficit ou à
un surplus? structurel ou cyclique? de quel mon¬
tant? Expliquez pourquoi.
). Dans le problème n 5, lorsque le PIB potentiel de
Nirvana est de 30 millions de dollars et le PIB réel
de 30 millions également, le pays fait-il face à un
déficit ou à un surplus ? structurel ou cyclique? de
lution de cette économie et répondez aux questions quel montant? Expliquez pourquoi.
suivantes : 10. Dans le problème n 5, lorsque le PIB potentiel de
a) Quels sont, au départ, le point d’équilibre, les Nirvana est de 30 millions de dollars et le PIB réel
valeurs d équilibré du PIB réel et le niveau des de 40 millions, le pays fait-il face à un déficit ou à
prix, et ce, avant la réduction d’impôts? un surplus ? structurel ou cyclique ? de quel mon¬
b) Quel est 1 effet immédiat de la réduction des tant? Expliquez pourquoi.
impôts, et ce, avant que ne se produisent les 1 L La Revue Financière, que publie le ministère des
effets touchant l’offre ? Finances, fournit les plus récentes données concer¬
c) Qu advient-il du PIB réel et du niveau des prix nant les dépenses, les recettes et le déficit du gou¬
lorsque 1 offre agrégée à court terme augmente vernement. Visitez le site Web de La Revue finan¬
pour se situer en OACT, ? cière (vous trouverez la dernière édition de La
d) Q11 advient-il du PIB réel et du niveau des prix Revue financière en suivant les liens hypertextes à
lorsque l’offre agrégée à court terme augmente l'adresse internet http://www.fin.gc.ca/access/
pour se situer en OACT2 ? pubsf.html). En comparant les variations des six
C Les dépenses et les recettes dti gouvernement de derniers mois du présent exercice financier avec
Nirvana dépendent du PIB réel. La figure ci- celles de l’exercice précédent pour la même période,
dessous illustre ce fait. répondez aux questions suivantes :
a) Qu’est-il advenu des recettes, des dépenses et
du déficit budgetaire du gouvernement?
b) Quelle est la source de revenu qui a connu la
plus forte augmentation ? celle qui a connu la
plus faible ?
c) Quels changements observez-vous dans les
dépenses relatives aux divers programmes et
dans celles qui concernent le paiement de la
dette publique?
d) Le déficit a-t-il augmenté ou diminué ? De
combien ?
e) Dans l’entrevue de la page 425, Paul Martin
a) Lorsque le PIB réel de Nirvana est de 40 mil¬
dit vouloir changer la part relative des sources
lions de dollars, quel est le solde budgétaire du
de recettes fiscales. \ a-t-il des signes qui nous
gouvernement?
indiquent qu’un tel changement a été amorcé ?
Note mathématique Le calcul algébrique des
multiplicateurs fiscaux
Cette note mathématique présente les formules algé¬ L’équation de la fonction de consommation devient :
briques des multiplicateurs fiscaux. Commençons par
définir les termes que nous utiliserons :
C=a+ b - [Y-(Ta+t- Y)]
C= a- b • Ta+ b ‘ (1 - t) • Y (2)
Dépense agrégée planifiée = DAP
Cette équation décrit les dépenses de consommation
PIB réel = Y
comme une fonction du PIB réel.
Dépenses de consommation = C
Les importations dépendent du PIB réel et l’équa¬
Investissements = /
tion qui décrit leur fonction est la suivante:
Dépenses gouvernementales = G
Exportations = X IM= m - Y. (3)
Importations = IM
Incorporons la fonction de consommation (2) et la
Impôts et taxes nets = T fonction d’importation (3) à l’équation de la dépense
Revenu disponible = RD agrégée planifiée (1), ce qui nous donne:
Dépenses de consommation autonomes = a
Impôts autonomes = Ta DAP = a-b - Ta+ b • (\ - t) • Y + /+ G+X-m- Y
Propension marginale à consommer = b Regroupons à présent les termes de cette équation qui
Propension marginale à importer = m contiennent un Y, et nous obtenons:
Taux marginal d’imposition = t
Pente de la courbe DAP = e DAP = [a-b ■ Ta+ /+ G+ X] + [b • (1 - t) - m]Y. (4)
La dépense agrégée planifiée correspond à la somme Cette équation décrit la courbe de dépense agrégée pla¬
des montants planifiés de ses composantes, c’est-à-dire à : nifiée. Le terme a — b • Ta+ 1+ G+ X correspond aux
dépenses autonomes (A) et le terme b • (1 — t) — m corres¬
DAP = C+ 1+ G+X- IM. (1)
pond à la pente de la courbe de dépense agrégée plani¬
Les dépenses de consommation dépendent du
fiée (<?). Nous pouvons reformuler l’équation (4) ainsi:
revenu disponible:
DAP=A+e• Y.
C = a+ b • RD.
Dans le présent chapitre, a = 100, b = 0,75, Ta = 0,
Le revenu disponible (RD) est égal à Y— T-, les impôts et
7=113, G = 120 et X- 200, ce qui signifie que les
taxes nets (T) correspondent aux impôts autonomes plus dépenses autonomes (A) se chiffrent à 533. Par ailleurs,
le PIB réel (Y) multiplié par le taux marginal d’imposi¬ t = 0,2 et m = 0,267, ce qui fait que la pente (e) est égale
tion, ce qui nous donne: à 0,333. Sur le graphique, l’équation de la dépense
T = Ta+ t- Y. agrégée planifiée correspond à la courbe DAPQ.
—b
A f* =-A Ta.
l-e
Lorsque A = 533 et que e= 0,333, F* = 800. Cette solu¬ -b
tion correspond au point a dans la figure, soit le point où Le terme - correspond au multiplicateur des
1 - e
la courbe DAP0 croise la droite à 45°.
des impôts autonomes.
Prouvons maintenant les formules des trois multipli¬
cateurs fiscaux :
Lorsque b = 0,75 et que e = 0,333, le multiplicateur des
■ le multiplicateur des dépenses gouvernementales, impôts autonomes est égal à -1,125. Le graphique (b) de
la figure montre que, lorsque les impôts autonomes aug¬
■ le multiplicateur des impôts autonomes,
mentent de 100 milliards de dollars, le PIB réel diminue
■ le multiplicateur du budget équilibré. de 112,5 milliards, ce qui le fait passer de 800 à 687,5
milliards de dollars.
leur variation est égalé a celle des dépenses gouvernemen¬ La variation de G et la variation de Ta ont toutes deux un
tales, c’est-à-dire à : effet multiplicateur sur F*. Ainsi, la variation du budget
équilibré de Y* est égale à:
AA = A G. (7)
AF* = ]~^A G.
Le terme - correspond au multiplicateur des 1 - e
l-e
dépenses gouvernementales.
Le terme - est le multiplicateur du budget équilibré.
Loisque e - 0,333, le multiplicateur des dépenses gou¬
vernementales est égal à 1,5. Le graphique (a) de la figure
Lorsque b = 0,75 et que e - 0,333, le multiplicateur du
montre que, lorsque les dépenses gouvernementales aug¬
budget équilibré est égal à 0,375. Le graphique (c) mon¬
mentent de 100 milliards de dollars, le PIB réel aug¬
tre que, lorsque les dépenses du gouvernement et les
mente de 150 milliards, ce qui le fait passer de 800 à
impôts autonomes augmentent de 100 milliards de dol¬
950 milliards de dollars.
lars, le PIB réel augmente de 37,5 milliards.
Décrire les innovations qui ont été apportées
dans le secteur financier au cours des années 80
Expliquer comment les banques créent
la monnaie
Expliquer comment se déterminent les taux
d’intérêt
La monnaie, tout comme le feu et la roue, existe depuis fort longtemps, et un nombre
étonnant d objets ont tenu lieu de monnaie, par exemple les cartes à jouer (aux XVIP et
XVIIIe siècles en Nouvelle-France), les dents de baleine (dans les îles Fiji), le tabac (dans
le temps des premiers colons américains) et les blocs de sel (en Éthiopie et au Tibet). De
des pièces de monnaie ou des billets dans une banque, s’agit-il toujours de monnaie?
Que se passe-t-il lorsque la banque prête à d’autres personnes l’argent que nous avons
déposé ? Pouvons-nous récupérer notre argent une fois qu’il a été prêté ? Les prêts des
banques créent-ils de la monnaie comme par magie? ♦ Dans les années 70, nous pou¬
vions ouvrir un compte d’épargne et un compte chèques. Les comptes d’épargne rap¬
portaient des intérêts, contrairement aux comptes chèques. De nos jours, une grande
variété de comptes nous est proposée. Ceux-ci combinent les avantages d’un compte
chèques avec les revenus d un compte d’épargne. Pourquoi ces nouveaux types de
qu elle permettrait à chacun d’entre nous d’avoir en poche presque 1 000 $. De plus, les
14 000$ dans son compte. Qu’est-ce qui détermine la quantité de monnaie qui circule
et celle qui est déposée? Pourquoi les particuliers et les entreprises détiennent-ils tant
d argent? ♦ Entre 1988 et 1990, les taux d’intérêt canadiens ont augmenté de presque
50 %, passant d’environ 8 % à 12 % par année. Depuis 1990, ils ont baissé bien qu’ils
aient connu une légère hausse à l’été 1998. Qu’est-ce qui détermine les taux d’intérêt et
quelle est leur incidence sur l’économie ?
Dans le présent chapitre, nous allons apprendre comment sont déterminés les taux
lire. Le troc ne peut s’effectuer que s’il y a double coïnci¬ Boissons 3 $ le carton de six 2 cornets de crème
dence des besoins. Ce genre de coïncidence se produit gazeuses glacée
lorsqu’une personne désire acheter ce que vend une
Crème glacée 1,50$ le cornet 3 paquets de bonbons
autre, et que cette dernière désire acheter ce que vend
la première. Ainsi, pour obtenir un sandwich, il vous Bonbons 0,50$ le paquet 2 tasses de café
faudrait trouver quelqu’un qui non seulement en vend,
Café 0,25 $ la tasse 1 appel téléphonique local
mais qui en plus désire l’échanger contre votre roman
en édition de poche. La monnaie assure la double coïn¬
La monnaie en tant qu’unité de compte
cidence des besoins. Elle sert de contrepartie pour Une entrée au cinéma coûte 6$ et un café 0,25$, de sorte qu’une
l’échange des biens que les gens ont à vendre et ceux entrée au cinéma vaut 24 tasses de café (6$ / 0,25$ = 24).
qu’ils veulent acheter. La monnaie joue un rôle semblable
Sans unité de compte
au lubrifiant ; elle permet au mécanisme d’échange d être
Vous allez au cinéma et vous apprenez que le prix de l’entrée
« bien huilé » ou de fonctionner efficacement.
équivaut à 2 cartons de six boissons gazeuses. Vous vous rendez
dans une confiserie et découvrez qu’un paquet de bonbons vaut
2 tasses de café. Combien de tasses de café coûte l’entrée au
L’unité de compte
cinéma? Pour pouvoir répondre à cette question, vous devez aller
à l’épicerie du coin pour apprendre qu’un carton de six boissons
Une mesure reconnue pour évaluer les prix des biens et
gazeuses coûte 2 cornets de crème glacée. Maintenant, vous devez
des services est une unité de compte. Pour tirer le maxi¬
vous rendre au magasin de crème glacée, où l’on vous dit qu’un
mum de nos revenus, nous devons nous demander, par
cornet coûte 3 paquets de bonbons. Prenez maintenant votre
exemple, si l’achat d’une entrée additionnelle au cinéma
calculatrice: I entrée au cinéma coûte 2 cartons de six boissons
vaut le nombre de cornets de crème glacée, de boissons
gazeuses ou 4 cornets de crème glacée ou 12 paquets de bonbons
gazeuses et de tasses de café auxquels nous devrons re¬
ou 24 tasses de café !
noncer en raison de cet achat. Il est plus simple d effec¬
tuer un tel calcul si le prix des biens est exprimé en
Z42-
artisans et à tous ceux qui désiraient déposer leur or début du siècle, les billets de banque constituaient la
dans un endroit sûr. L’orfèvre émettait un reçu en vertu principale forme de monnaie en circulation au Canada.
duquel le propriétaire de l’or pouvait retirer son «dépôt» Au Canada, et ce, jusqu’en 1914, on s’est servi du
sur demande. Ces reçus ressemblaient aux coupons de papier-monnaie convertible à réserve fractionnaire. À
vestiaire qu’on nous remet au théâtre ou au musée. Très compter de cette année-là, la Loi sur les finances n’obli¬
vite, les gens ont pris conscience que les reçus émis par geait plus le gouvernement canadien à garantir par de l’or
les orfèvres avaient l’avantage d’avoir la même valeur que la monnaie qu’il émettait. Ce fut l’abandon de l’étalon-or.
l’or sans toutefois en peser le poids. Ces reçus se sont Même avec le papier-monnaie partiellement conver¬
donc mis à circuler à titre de monnaie, tandis que l’or tible, le processus d’échange immobilisait des biens de
demeurait en sécurité dans les voûtes des orfèvres. valeur qui auraient pu servir à d’autres activités produc¬
Par exemple, lorsqu’une personne achetait un terrain, elle tives. C’est pour libérer ces biens qu’un instrument
remettait tout simplement au vendeur un reçu de son d’échange plus efficace a été mis en place. Cet instru¬
dépôt d’or pour la valeur de la transaction. L’or dérenu ment s’appelle la monnaie fiduciaire.
par l’orfèvre garantissait la valeur du papier-monnaie.
De plus, celui-ci était convertible en un bien, l’or.
La monnaie fiduciaire
La garantie partielle — Les origines des banques La monnaie fiduciaire est un bien qui a une valeur intrin¬
Une fois que le système de papier-monnaie convertible a sèque nulle (ou presque) et qui remplit les fonctions de la
été bien implanté et que les gens ont eu pris l’habitude monnaie. Quelques-unes des premières monnaies fidu¬
d’utiliser comme moyen de paiement les reconnaissances ciaires en Amérique du Nord ont été la monnaie continen¬
de dette émises par les orfèvres plutôt que l’or lui-même, tale, qui a été émise pendant la révolution américaine, et
les orfèvres se sont rendu compte qu’ils entreposaient les billets de banque des États-Unis, qui ont été émis pen¬
dans leurs coffres-forts une grande quantité d’or qui dant la guerre civile et qui ont circulé jusqu’en 1879-
n’était jamais réclamée. Ils ont alors eu une idée géniale : Les premières expériences avec la monnaie fiduciaire
prêter à certaines personnes des reçus pour l’or qu’ils déte¬ se sont soldées par une inflation rapide parce que la
naient. Ils pourraient ainsi toucher de l’intérêt sur un prêt quantité de monnaie créée pouvait augmenter à un
qui ne serait créé que par une simple écriture sur un bout rythme accéléré, ce qui entraînait alors une perte de la
de papier. Dans la mesure où la valeur des reçus émis valeur de la monnaie. Cependant, lorsqu’on en limite
n’excédait pas trop celle des stocks d’or détenus dans le l’augmentation de la quantité, la monnaie, et plus pré¬
coffre-fort, l’orfèvre ne risquait pas de faillir à sa promesse cisément sa valeur en biens et en services quelle permet
de convertir en or, sur demande, les reçus émis. L’or con¬ d’acheter, demeure relativement stable.
tenu dans le coffre-fort de l’orfèvre ne représentait main¬ Les billets de banque et les pièces métalliques qui
tenant qui une fraction des reconnaissances de dette en sont actuellement en circulation au Canada, que l’on
circulation. C’est par ce mécanisme (réserve fractionnaire) appelle numéraire, sont des exemples de monnaie fidu¬
que le papier-monnaie partiellement garanti a vu le jour. ciaire. Les billets ont une valeur de monnaie parce que le
Au Canada, les premières formes de papier-monnaie gouvernement les garantit en apposant sur chacun d’eux
partiellement garanti étaient constituées de cartes à jouer. la mention « Ce billet a cours légal. » Depuis la création
En Nouvelle-France, vers la fin du XVIIe siècle, celles-ci de la monnaie fiduciaire, nous nous servons comme ins¬
circulaient en même temps que les pièces d’or et elles trument d’échange de morceaux de papier qui portent
pouvaient être échangées à Québec contre de 1 or un filigrane particulier et qui sont imprimés en couleur.
lorsqu’il en arrivait de France1. Ces morceaux de papier ont une valeur marchande de
Au Canada, les premiers billets de banque à cou¬ quelques cents seulement, mais peuvent par exemple
verture fractionnaire ont été émis en 1817, lorsque la valoir 50$ en biens et services. Le métal de la petite pièce
Banque de Montréal a obtenu l’autorisation d emettre d’alliage que nous appelons vingt-cinq cents ne vaut
des billets partiellement garantis par de 1 or, de 1 argent presque rien, mais cette petite pièce permet de payer un
ou des obligations gouvernementales. Puis, en 1870, on appel téléphonique ou des biens et services de peu de
a adopté la Loi sur les billets de banque du Dominion. valeur. Le remplacement de la monnaie-marchandise
Cette loi autorisait le gouvernement à émettre des billets par la monnaie fiduciaire a permis de libérer les biens
de banque. La quantité de billets émise par le gouverne¬ tangibles et de les utiliser à des fins productives.
ment s’est accrue à un rythme beaucoup plus rapide que
celle émise par les banques à charte, de sorte que, au
La monnaie scripturale
1 Le site web du Musée de la monnaie de la Banque du Canada (http: À notre époque, il existe un quatrième type de monnaie:
//collections.ic.gc.ca) offre plusieurs illustrations des diffei entes mon¬
la monnaie scripturale. La monnaie scripturale est cons¬
naies utilisées au Canada depuis la période précoloniale. Notamment,
tituée des dépôts auprès des banques et autres institu-
vous pouvez y voir des photographies de la fameuse monnaie de carte
utilisée en Nouvelle-France.
rions financières comme les sociétés de fiducie. Elle
244
créditer le compte du magasin de 200 $, elle débite égale¬ directive écrite à la banque lui demandant de virer une
ment celui d’Anne de 200 $. Ainsi, le solde au compte somme donnée, en l’occurrence 200$, du compte
d’Anne passe de 500 $ à 300 $. Vous constatez que le d’Anne à celui du magasin Sport Extrême.
total des dépôts à vue d’Anne et du magasin correspond Dans notre exemple, Anne et le magasin faisaient
toujours à 1 500$. Le magasin possède 200$ de plus et affaire avec la même banque. En fait, il se serait passé la
Anne 200$ de moins qu’auparavant. Le tableau 10.3 même chose, avec quelques étapes en plus, s’ils avaient
résume ces diverses transactions. eu des comptes dans des banques différentes. La banque
L’opération commerciale que nous venons de décrire aurait accepté de créditer le chèque au compte du maga¬
était en fait un virement de fonds d’une personne à une sin et aurait ensuite fait parvenir celui-ci à la Chambre
autre. Le chèque, en soi, n’a jamais été de la monnaie. de compensation. La banque d’Anne aurait alors versé
En d’autres termes, une fois le chèque en circulation, 200 $ à celle du magasin et aurait débité ce montant du
les 200 $ ne constituaient en rien une quantité supplé¬ compte d’Anne. Toutes ces étapes peuvent prendre
mentaire de monnaie. Le chèque était simplement une quelques jours, mais le principe reste le même.
TABLEAU 10.3
*Cc signifie «crédit». Il s’agit d’une somme que la banque doit au déposant.
246
Au Canada, les dépôts dans les banques et dans les c’est-à-dire pour ses propriétaires. On peut résumer le
autres institutions financières constituent les princi¬ bilan d’une banque par l’équation suivante:
pales composantes de la monnaie.
Passif + Valeur nette comptable = Actif.
■ Les chèques, les cartes de débit et les cartes de crédit
ne sont pas de la monnaie. Les éléments du passif comprennent les dépôts qui
font partie de la masse monétaire du Canada. Un dépôt à
Au Canada, comme nous venons de le voir, les la banque est un élément de passif pour la banque, mais
dépôts dans les banques et les autres institutions finan¬ il s’agit d’un élément d’actif pour vous. La banque doit
cières représentent les principales composantes de la vous remettre votre dépôt (incluant parfois les intérêts
masse monétaire. Étudions maintenant d’un peu plus qu’il a produits), lorsque vous le demandez.
près ces institutions.
Profits et prudence: une question d’équilibre Le
principal objectif d’une banque est d'optimiser sa valeur
nette comptable, c’est-à-dire sa valeur pour les action¬
Les intermédiaires financiers naires. Pour y arriver, la banque octroie des prêts à un
taux d’intérêt supérieur à celui quelle paie sur les dépôts.
— NOUS ALLONS ÉTUDIER LE SYSTÈME BANCAIRE ET Ce choix place la banque dans une situation où elle doit
financier du Canada en commençant par décrire les concilier sécurité et rentabilité. En effet, prêter de l’ar¬
divers intermédiaires financiers de ce pays. Puis, nous gent comporte des risques et plus la banque immobilise
analyserons les transactions effectuées dans les banques ses dépôts dans des prêts à haut risque et à taux d’intérêt
et les autres intermédiaires financiers. Après avoir défini élevé, plus elle aura de la difficulté à rembourser les dé¬
les principales caractéristiques de ces intermédiaires, posants. De plus, si les déposants ont des doutes quant
nous examinerons leurs fonctions économiques, en nous à la sécurité de leurs dépôts, ils retireront les fonds qu’ils
demandant quels services ils offrent et comment ils font ont déposés, ce qui mettra la banque en situation de
leurs profits. crise. Les banques doivent donc faire preuve de prudence
Un intermédiaire financier est une entreprise dont dans la gestion de leurs dépôts. Il leur faut constamment
l’activité principale consiste à utiliser les dépôts des chercher un équilibre entre la sécurité pour les déposants
ménages et des entreprises pour octroyer des prêts à et la rentabilité pour les actionnaires.
d’autres ménages ou entreprises. Il existe trois principaux
types d’intermédiaires financiers : Les réserves et les prêts Pour garantir la sécurité à
leurs déposants, les banques divisent leurs fonds en deux
■ les banques à charte,
catégories : les réserves et les prêts. La somme du numé¬
■ les caisses d’économie et les caisses populaires,
raire qu’une banque détient dans son coffre et de ses
■ les sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire.
dépôts à la Banque du Canada constitue les réserves de
Commençons par étudier les banques à charte. la banque. (Le chapitre 11 sera consacré à l’étude de la
Banque du Canada.) Le numéraire que détiennent les
banques dans leur coffre est une réserve qui permet de
Les banques à charte satisfaire les demandes de numéraire de leurs clients. 11
fait en sorte que les guichets automatiques contiennent
Une banque à charte est une entreprise privée ayant de l’argent lorsque vous et vos amis en avez besoin pour
obtenu, en vertu de la Loi sur les banques, une charte qui satisfaire votre désir de finir une soirée en mangeant une
l’autorise à recevoir des dépôts et à accorder des prêts. En pizza! Les dépôts d’une banque à charte à la Banque du
1998, huit banques canadiennes et cinquante banques Canada sont semblables aux dépôts que vous détenez à
étrangères avaient l’autorisation d’exercer leurs activités votre propre banque. Les banques à charte utilisent ces
au Canada. En 1998, la totalité des dépôts auprès des dépôts de la même manière que vous utilisez votre
banques à charte était de 484 milliards de dollars. Nous compte bancaire. Une banque à charte dépose ou retire
pouvons prendre connaissance de l’ampleur et de la de l’argent de son compte à la Banque du Canada et
portée des opérations des banques à charte en examinant émet des chèques pour rembourser des dettes contractées
le bilan total des banques à charte. auprès des autres banques.
Un bilan dresse la liste des éléments d actif et de Étant donné que le numéraire détenu dans leurs
passif d’une banque (ou d’une entreprise) et indique sa coffres-forts ne rapporte aucun intérêt et que les dépôts
valeur nette comptable. Lactif représente ce que les ban¬ à la Banque du Canada n’en rapportent qu’un faible, les
ques (ou les entreprises) possèdent. Le passif représente ce banques seraient des entreprises très peu profitables si
que les banques doivent aux autres. Enfin, la valeur nette elles gardaient tous leurs actifs en réserve sous ces formes
comptable., qui correspond à la différence entre le total (numéraire et dépôt à la Banque du Canada). C’est pour
des éléments de son actif et le total de ses dettes, corres¬ cette raison que les banques ne gardent qu’une petite
pond à la valeur qu elle représente pour ses actionnaires, partie de leurs fonds en réserve et quelles prêtent le reste.
248
Une banque peur consentir trois types de prêts ou, en Les sociétés de fiducie et
d autres termes, elle peut détenir trois différents types
de prêt hypothécaire
d’actif :
1. les liquidités, Une société de fiducie et de prêt hypothécaire est une
2. les titres d’investissement, institution de dépôt de droit privé dont les opérations
3. les prêts. sont régies par la Loi de 1992 sur les sociétés de fiducie
et de prêt hypothécaire. Elle accepte des dépôts et oc¬
Les liquidités d’une banque comprennent des bons
troie des prêts, en plus d agir a titre de fiduciaire pour
du Trésor du gouvernement canadien, des effets commer¬
1 administration de fonds de pension et de successions.
ciaux et des prêts à court terme (prêts au jour le jour dans
En 1998, les dépôts détenus par les sociétés de fiducie
la plupart des cas) qu elle octroie aux autres intermédiaires
et de prêt hypothécaire compris dans M2 s’élevaient à
financiers. Ce sont des éléments d’actif qui peuvent être 48 milliards de dollars.
convertis rapidement et sans perte importante contre de
la monnaie. Mais, puisqu’ils ne présentent pratiquement
aucun risque, leur taux d’intérêt est très faible.
La réglementation financière
Les titres d investissement A une banque comprennent
les obligations à long terme du gouvernement canadien Historiquement, la législation canadienne établissait une
et d autres types d obligations. Ces obligations peuvent distinction très nette entre les banques et les autres insti¬
être converties rapidement en monnaie, mais leur prix tutions financières. Or, de nos jours, les opérations éco¬
fluctue. Puisque leur prix fluctue, ces actifs présentent un nomiques de ces institutions ressemblent étrangement à
risque plus élevé que les liquidités et, par conséquent, ils celles des banques a charte. Les lois régissant ces institu¬
offrent un taux d’intérêt plus élevé.
tions, en vigueur depuis 1992, confirment cet état de
Les prêts sont des marges de crédit que la banque fait. En effet, de nos jours, les éléments de passif de ces
octroie à des entreprises, qui peuvent ainsi financer l’achat institutions ont presque la même ampleur que celle des
de biens d’équipement et de stocks. Les banques prêtent banques à charte. Par exemple, ces éléments de passif
également aux ménages pour leur permettre d’acheter des dans les autres institutions de dépôt telles les sociétés de
biens de consommation durables, comme une voiture ou fiducie et de prêt hypothécaire, les caisses d’économie
un bateau. Le prêt hypothécaire qui aura permis d’acheter et les caisses populaires, étaient de 31 % de M2+ en
une maison et le solde impayé d une carte de crédit repré¬ 1970, alors qu’ils sont de 37 % en 1998.
sentent également des prêts bancaires. Les prêts sont les
éléments d actif qui comportent le risque le plus élevé
pour les banques parce qu ils ne peuvent pas être convertis Les fonctions économiques
en monnaie avant la date d’échéance du prêt. De plus,
des institutions financières
certains emprunteurs ne respectent pas leurs engagements
et ne remboursent pas leur prêt. Étant les éléments d’actif
La différence entre le taux d intérêt que paient les institu¬
qui comportent le risque le plus élevé, les prêts offrent
tions financières sur les depots et celui qu elles touchent
également le plus haut taux d’intérêt.
sur les prêts qu’elles consentent leur permet d’enregistrer
Les dépôts dans les banques à charte représentent
des profits. Pourquoi les intermédiaires financiers
une composante de la masse monétaire canadienne. Mais
peuvent-ils emprunter à un taux d’intérêt inférieur à
d autres institutions acceptent également des dépôts qui
celui auquel ils prêtent ? Quels services offrent-ils pour
font partie, et ce dans des proportions de plus en plus
que les déposants soient prêts à recevoir moins d’intérêt
grandes, de la masse monétaire. Les plus importantes de
et pour que les emprunteurs acceptent d’en payer davan¬
ces institutions sont les caisses d’économie et les caisses tage ?
populaires.
Les intermediaires financiers ont quatre fonctions
principales :
■ créer des liquidités,
Les caisses d’économie et
■ réduire au minimum le coût des emprunts,
les caisses populaires
■ réduire au minimum le coût de surveillance des
emprunteurs,
Une caisse d économie est un organisme coopératif
■ mettre les risques en commun.
dont les opérations sont régies par la Loi de 1992 sur
1 Association cooperative de crédit et qui accepte des
Créer des liquidités Les intermédiaires financiers
dépôts de ses membres et leur octroie des prêts. Les cais¬
créent des liquidités. Les actifs liquides sont ceux qui
ses populaires sont des institutions similaires dont les
peuvent être convertis rapidement et sans perte contre
opérations se font principalement au Québec. En 1998,
de la monnaie. Certains éléments de passif des intermé¬
les depots détenus par ces institutions s’élevaient à
diaires financiers sont en eux-mêmes de la monnaie;
93 milliards de dollars.
d autres sont des actifs très liquides.
249
La création de monnaie par les banques
Les institutions financières créent des liquidités en nes. Dans ce cas, si une personne manque à ses engage¬
empruntant à court terme et en prêtant à long terme. ments, c’est ennuyeux mais ce n’est pas catastrophique.
L’emprunt à court terme signifie qu’on accepte des dépôts À l’inverse, si une seule personne emprunte et quelle
mais qu’on s’engage à les rembourser à court préavis, et manque à ses engagements, le prêt en entier se révèle une
même sans préavis dans le cas des dépôts à vue. L’emprunt perte sèche. Les institutions financières permettent aux
à long terme signifie que l’institution s’engage à prêter une déposants de mettre leurs risques en commun, et ce,
somme d’argent à des conditions prédéfinies sur une pé¬ d’une manière efficace. Des milliers de personnes prêtent
riode parfois assez longue. Par exemple, lorsqu’une per¬ à une institution financière et, à son tour, cette dernière
sonne effectue un dépôt à la Fiducie du Québec, elle peut prête à des centaines, voire à des milliers d’entreprises.
le retirer sur demande. Par ailleurs, cette société s’engage à Si l’une de ces entreprises ne paie pas, la perte monétaire
prêter sur plus de 20 ans lorsqu’elle finance une personne sera répartie sur tous les déposants. L’existence d’un inter¬
qui désire faire l’acquisition d’une maison. médiaire financier fait donc en sorte qu’un seul déposant
n’ait pas à supporter un très haut niveau de risque.
Réduire au minimum le coût des emprunts II peut
être très coûteux de trouver quelqu’un à qui emprunter.
Tentez d’imaginer tous les ennuis que nous aurions si les
institutions financières n’existaient pas. Une entreprise À RETENIR
qui aurait besoin d’un million de dollars pour acheter
une nouvelle usine serait probablement obligée de trou¬
La masse monétaire canadienne se compose princi¬
ver plusieurs dizaines de personnes à qui emprunter afin
palement des dépôts dans les institutions financières
de recueillir les fonds nécessaires pour financer son projet
telles les banques à charte, les sociétés de fiducie et de
d’investissement. Les institutions financières diminuent
prêt hypothécaire et les caisses d’économie (dont les
le coût des emprunts. L’entreprise qui a besoin d’un mil¬
caisses populaires).
lion de dollars peut tout simplement s’adresser à une
Les principales fonctions économiques des intermé¬
institution financière. Celle-ci empruntera à un grand
diaires financiers sont de créer des liquidités, de
nombre de personnes, mais elle ne le fera pas unique¬
réduire au minimum le coût des emprunts et de la
ment pour satisfaire les seuls besoins financiers de cette
surveillance des emprunteurs, et enfin de mettre les
entreprise. Elle peut s’organiser de manière à répartir le
risques en commun.
coût de la mobilisation des capitaux sur un très grand
nombre de déposants.
FIGURE 10.2
La séquence des opérations Total à chacune des étapes Lorsqu’une banque reçoit un
dépôt, elle en garde 25 % en
Réserves Prêts Dépôts
réserve et prête la différence,
soit 75%. Le montant prêté
devient un nouveau dépôt
dans une autre banque. Cette
25 000 $ 75 000 $ 100 000 $
banque garde alors 25% de ce
dépôt et prête les 75% qui
restent. Le processus se pour¬
suit jusqu’à ce que le système
57 813 $ 173 437 $ 231 250 $ total des réserves, des dépôts
et des prêts qui ont été créés
à chacune des étapes. Au
terme du processus, un mon¬
tant additionnel de 100 000$
68 360 $ 205 077 $ 273 437 $ de réserves aura créé
• • • 300 000$ de nouveaux
• • • prêts et 400 000$ de nou¬
et ainsi
de suite... ▼ ▼ T veaux dépôts.
100 000 $ 300 000 $ 400 000 $
Si nous reprenons les chiffres de notre exemple, Par conséquent, même si chaque banque ne prête
l’augmentation globale des dépôts est la suivante : qu’une partie de l’argent quelle reçoit, l’ensemble du
système bancaire crée de la monnaie en octroyant des
100 000 $ + 75 000 $ + 56 250 $ + 42 187 $ + ...
prêts.
= 100 000 $(1 + 0,75 + 0,5625 + 0,42187 + ...)
= 100 000 $
'jJ bancaires et la variation des réserves des banques. Le
,0,25, multiplicateur de dépôts est exprimé par la formule
suivante :
= 100 000 $(4)
Multiplicateur Variation des dépôts bancaires
= 400 000 $.
de dépôts
Variation des réserves des banques
Utilisez la même méthode pour vérifier que les Dans notre exemple, le multiplicateur de dépôts est
totaux des réserves et des prêts correspondent a ceux égal à 4. Une augmentation de 100 000$ des réserves des
indiqués dans la figure 10.2. banques a provoqué une hausse des dépôts bancaires de
2^2
■ le taux d’intérêt,
■ le PIB réel,
Les banques créent des dépôts en consentant des prêts Le niveau des prix La quantité demandée de monnaie
et le montant qu’elles peuvent prêter dépend de leurs nominale c est-a-dire la monnaie évaluée en dollars
réserves effectives et de leur coefficient de réserve courants — est proportionnelle au niveau des prix. Ainsi,
désiré. toutes choses étant égales par ailleurs, si le niveau des
prix (indice implicite du PIB) augmente de 10 %, nous
Chaque fois qu une banque octroie un prêt, les dépôts
désirerons détenir 10 % de plus de monnaie nominale
et les réserves désirées augmentent.
qu auparavant. Ce qui importe vraiment, ce n’est pas le
Loisque les dépôts sont tels que les réserves désirées
nombre de billets que nous détenons, mais leur pouvoir
sont égales aux réserves effectives, les banques ont
d’achat. Supposons que, pour vos dépenses hebdoma¬
atteint la limite de leur capacité de créer de la
daires en cinéma et en boissons gazeuses, vous conserviez
monnaie.
une moyenne de 20 $ dans votre portefeuille. Si votre
2-53
La demande de monnaie
revenu de même que le prix des entrées au cinéma et des cette raison, la quantité demandée de monnaie réelle par
boissons gazeuses augmentaient de 10 %, la quantité l’ensemble de l’économie dépend de la dépense agrégée
d’argent que vous détenez en moyenne passerait à 22$, planifiée, c’est-à-dire du PIB réel. Encore une fois, sup¬
soit une augmentation de 10 %. posons que vous déteniez une moyenne de 20 $ pour
La quantité de monnaie mesurée en dollars constants financer vos dépenses hebdomadaires de cinéma et de
(par exemple, en dollars de 1992) est appelée monnaie boissons gazeuses. À présent, imaginez que les prix de
réelle. La quantité de monnaie réelle est égale à la quan¬ ces biens et de tous les autres demeurent constants, mais
tité de monnaie nominale divisée par le niveau des prix. que votre revenu augmente. En conséquence, vous
La quantité demandée de monnaie réelle est indépen¬ dépensez davantage et gardez sous la main une plus
dante du niveau des prix. Dans l’exemple précédent, grande quantité d’argent pour financer vos dépenses
vous déteniez une moyenne de 20 $ au niveau de prix plus élevées.
initial. Lorsque le niveau des prix a augmenté de 10 %,
vous avez augmenté la quantité de monnaie que vous
L’innovation financière La création de nouveaux pro¬
déteniez de 10 %, mais votre quantité de monnaie réelle
duits financiers constitue ce qu’on appelle l’innovation
est demeurée constante. Les 22 $ au nouveau niveau de
financière. Quatre innovations de ce type ont modifié
prix représentent exactement la même quantité de mon¬
la quantité de monnaie détenue. Ce sont:
naie réelle que les 20 $ que vous dépensiez au niveau de
prix initial. 1. les comptes chèques à intérêt quotidien,
FIGURE 10.3
FIGURE 10.4
À RETENIR
A mesure que le PIB réel augmente, la demande de monnaie aug¬
mente. Au cours des années 70, les innovations financières ont fait
diminuer la demande de M I et augmenter la demande de M2+. En ■ La courbe de demande de monnaie illustre la relation
conséquence, l’augmentation de la demande de M I a été plutôt entre la quantité demandée de monnaie réelle et le
faible et celle de M2+ plus importante. taux d’intérêt, lorsque tous les facteurs qui ont une
Source: Statistique Canada, CANSIM, séries B14001, B1629, B1633 et D15612, 1999. incidence sur la détention de la monnaie demeurent
inchangés.
z$6
Chapitre 10 I_a monnaie, les banques et les taux d’intérêt
Une hausse des taux d’intérêt fait diminuer la quantité obligations qui promettent un intérêt de 10$ par année.
demandée de monnaie et provoque un mouvement le Si l’obligation coûte 100$, le taux d’intérêt est de 10 %
long de la courbe de demande de la monnaie réelle.
par année (10$ représente 10 % de 100$). Si l’obliga¬
Le PIB réel et les innovations financières sont d’autres tion coûte 50 $, le taux d interet est de 20 % par année
facteurs qui influent sur la quantité demandée de (10$ représente maintenant 20 % de 50$). Si l’obliga¬
monnaie réelle. tion coûte 200 $, le taux d interet est de 5 % par année
Une augmentation du PIB réel fait augmenter la (10$ représente alors 5 % de 200$).
demande de monnaie et provoque un déplacement de Nous venons de voir la relation qui existe entre le
la courbe de demande vers la droite. prix d’une obligation et le taux d’intérêt de l’obligation.
Étant donné cette relation, une fluctuation du taux d’in¬
1 Les innovations financières ont diminué la demande
térêt provoque une fluctuation du prix d’une obligation.
de Ml et augmenté la demande de M2+.
Les gens essaient de prédire ces fluctuations et évitent de
Nous savons à présent quels sont les facteurs qui détenir des obligations lorsqu’ils s’attendent à une chute
déterminent la demande de monnaie. Nous avons vu du prix des obligations. Mais ils limitent leurs risques
également que le taux d’intérêt, c’est-à-dire le coût d’op¬ en diversifiant leurs placements entre les obligations
portunité lié à la détention de la monnaie, constituait un (et les autres éléments d’actif financiers qui rapportent
facteur clé de la demande de monnaie réelle. Mais qu’est- de l’intérêt) et la monnaie; ainsi, la quantité qu’ils dé¬
ce qui détermine le taux d intérêt? C’est ce que nous tiennent en monnaie dépend du taux d’intérêt. En com¬
allons maintenant étudier. prenant bien cette relation, il vous sera plus facile de
comprendre les forces qui déterminent le taux d’intérêt,
que ce soit sur le marché des obligations ou sur le marché
monétaire. Étant donné que la Banque du Canada a une
influence sur 1 offre de monnaie (que nous étudierons
au chapitre 11), nous nous concentrerons sur le marché
monétaire.
La détermination
du taux d’intérêt
L’équilibre du marché monétaire
— Le taux d’intérêt est le rendement que
rapporte, en pourcentage, un titre financier, par exemple Le taux d intérêt est, à chaque instant, déterminé par
une obligation ou une action. Le taux d’intérêt représente l’équilibre des marchés des actifs financiers. La quantité
aussi le pourcentage du prêt qu un emprunteur doit offerte de monnaie nominale est déterminée par le sys¬
verser au prêteur. tème bancaire et par la Banque du Canada. Pour une
Une obligation constitue une promesse d’effectuer journée donnée, cette quantité est fixe. La quantité de
une série de paiements. Cette série peut prendre diverses monnaie réelle offerte est égale à la quantité de monnaie
formes mais la plus simple, pour notre exemple, est celle nominale offerte divisée par le niveau des prix. À un
d’une obligation appelée rente perpétuelle. Une rente moment donné, le niveau de prix est constant, de sorte
perpétuelle est une obligation qui garantit un montant que la quantité de monnaie réelle est également cons¬
d’argent annuel fixe à perpétuité. L’émetteur ne rachètera tante. La figure 10.6 illustre la courbe d’offre de monnaie
(ni ne remboursera) jamais 1 obligation; l’obligation con¬ réelle (droite verticale OM). La quantité offerte de mon¬
naie réelle est de 500 milliards de dollars.
tinuera toujours de rapporter un montant fixe en dollars
chaque année. Étant donné qu il s’agit d’un montant fixe La demande de monnaie réelle dépend du niveau du
en dollars, le taux d intérêt de 1 obligation varie avec le PIB réel, des innovations financières et du taux d’intérêt.
Pfix de 1 obligation. Dans le cas d une rente perpétuelle, Pour une journée donnée, le niveau des prix, le PIB réel
la formule qui traduit la relation entre le taux d’intérêt et la technologie financière demeurent constants et les
d une obligation et le prix d’une obligation est relative¬ variations de la quantité demandée de monnaie dépen¬
ment simple : dent uniquement des variations du taux d’intérêt. La
figure 10.6 illustre la courbe de demande de monnaie
Taux Montant fixe en dollars par année réelle (DM) au cours d’une journée donnée.
“ --T- x lOQ
d intérêt Prix d'une obligation
L’équilibre II y a équilibre du marché monétaire
Cette formule indique qu’à mesure que le prix d’un lorsque la quantité offerte de monnaie est égale à la
élément d’actif augmente, toutes choses étant égales par quantité demandée de monnaie. La figure 10.6 illustre
ailleurs, le taux d’intérêt de cet élément d’actif fléchit.
un équilibre sur le marché monétaire. Les variations du
L exemple qui suit nous permettra de mieux voir cette
taux d’intérêt permettent d’atteindre l’équilibre. Si le
relation. Supposons que le gouvernement émette des
taux d’intérêt est supérieur à 5 % par année, la quantité
2-57
La détermination du taux d’intérêt
À RETENIR
La demande
<Je monnaie -
au Canada
Les faits
EN BREF
■ En 1981, le numéraire en
circulation au Canada repré¬
sentait 7,7 % du revenu per¬
sonnel disponible. En 1986, ce
pourcentage était de 5,5 % et
globe
en 1994, il n’était plus que de
5,3 %.
Une société sans argent liquide,
est-ce pour demain? ■ Trois facteurs expliquent
le déclin de l’utilisation de
venu disponible- K- l’argent liquide : la situation
économique, le désir des
par John Kettle
consommateurs ^ ^ u présence consommateurs de détenir
moins d argent 4 Une equa- de moins en moins d’argent
DepUiS Vr ïrinTenCmfreToms des guichets trois facteurs
liquide et la présence des
tien qui combi tendance. qui est
flSent liquide ^^70% guichets automatiques.
donne le trace a tendance reelle.
p„sque a a «nto ^
tions. Au cou trpvovaient déjà la dis¬
futurologues entr-oym comme
Si, dans cette 4 distribuées
parition de VargentUqm^^ selon abstraction des BOtnmesdMitr ■ Une équation qui combine
par les guichets automaüqueSar^nt u. ces trois facteurs nous fournit
“Tl d“ palemenl5 une tendance a la l'argent liquide
qppo^gj
Points clés
tion du PIB réel entraîne une augmentation de la de¬
mande de monnaie et un déplacement vers la droite de la
courbe de demande de monnaie réelle. Les innovations
Qu’est-ce que la monnaie ? La monnaie est un financières entraînent également une variation de la
moyen de paiement qui a trois fonctions. Elle sert d’in¬ demande de monnaie et un déplacement vers la gauche
strument d’échange, d’unité de compte et de réservoir de la courbe de demande de monnaie réelle.
de valeur. Au Canada, a 1 heure actuelle, il existe deux (p. 252-256)
mesures principales de la masse monétaire: Ml et M2+.
Ml est composée de la monnaie hors banques et des La détermination du taux d’intérêt Les variations
dépôts a vue effectues par les ménages et les entreprises des taux d’intérêt permettent un équilibre sur les mar¬
dans les banques à charte. M2+ comprend Ml plus les ches monétaires et sur celui des autres actifs financiers. Il
dépôts d’épargne et les autres dépôts à terme ainsi que les existe une relation inverse entre le taux d’intérêt et le prix
dépôts à préavis dans les banques à charte et autres insti¬ d un actif financier : plus le prix d’un actif financier est
tutions financières. Les dépôts à vue sont de la monnaie, bas, plus le taux d’intérêt est élevé. Lorsque le marché
mais les chèques, les cartes de débit et les cartes de crédit monétaire est en situation d équilibre, on obtient un taux
n’en sont pas. (p. 241-247)
d intérêt (prix d un actif) qui égalise la quantité de¬
mandée et la quantité offerte de monnaie réelle.
Les intermédiaires financiers Les banques à charte, (p. 256-257)
les sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire, de même
que les caisses d’économie et les caisses populaires dont
les éléments de passif sont de la monnaie représentent les
principaux intermédiaires financiers. Ces institutions Figures et tableau clés
acceptent des dépôts, détiennent des réserves pour pou¬
voir répondre aux demandes de numéraire de leurs Figure 10.1 La masse monétaire du Canada, 246
déposants et utilisent le reste de leurs ressources finan¬ Figure 10.2 La création de monnaie par l’octroi de
cières soit pour acheter des titres soit pour consentir des prêts bancaires, 251
prêts. Les intermédiaires financiers font des profits en Figure 10.3 La demande de monnaie, 254
empruntant à un taux d’intérêt inférieur à celui qu’ils Figure 10.4 Les variations de la demande de monnaie,
appliquent aux prêts qu ils consentent. Les intermédiaires 254
financiers offrent quatre services économiques : créer des Figure 10.6 L’équilibre du marché monétaire, 257
liquidités ; réduire au minimum le coût des emprunts, Tableau 10.2 Les mesures de la monnaie au Canada, 244
réduire au minimum le coût de surveillance des em¬
prunts et mettre les risques en commun, (p. 247-249)
Mots clés
La création de monnaie par les banques Les ban¬
ques créent de la monnaie en se servant des réserves excé¬ Actif, 247
dentaires pour accorder des prêts. Lorsqu’une personne
Banque à charte, 247
se voit consentir un prêt, le montant de celui-ci est dé¬
Bilan, 247
pensé et se retrouve finalement dans le compte bancaire
Caisse d’économie, 248
d’une autre personne. Le montant total des dépôts qui
Coefficient de réserve, 250
peut etre créé par un montant donné de réserves (le mul¬
Coefficient de réserve désiré, 250
tiplicateur de dépôts) est égal à 1 divisé par le coefficient
Innovation financière, 253
de réserve désiré, (p. 249-252)
Intermédiaire financier, 247
Liquidité, 246
La demande de monnaie La quantité demandée de Ml, 244
monnaie est le montant moyen de monnaie que les gens M2+, 244
désirent detemr. La quantité demandée de monnaie Monnaie, 241
nominale est proportionnelle au niveau de prix, tandis Monnaie scripturale, 243
que la quantité demandée de monnaie réelle est fonction Moyen de paiement, 241
du taux d intérêt et du PIB réel. Plus le taux d’intérêt est Multiplicateur de dépôts, 251
élevé, plus la quantité demandée de monnaie réelle est Numéraire, 243
faible; il se produit alors un mouvement le long de la Papier-monnaie convertible, 242
courbe de demande de monnaie réelle. Une augmenta¬ Passif, 247
2.6i
Analyse critique
QUESTIONS DE RÉVISION
1. Qu’est-ce que la monnaie ? Quelles sont ses fonc¬ banques sous forme de réserves, le multiplicateur
tions ? de dépôts est égal à 1 divisé par le coefficient de
2. Quelles sont les différentes formes de monnaie ? réserve désiré.
3. De nos jours, quelles sont les deux principales 9. Faites la distinction entre la monnaie nominale et
mesures de la monnaie au Canada ? la monnaie réelle.
4. Les chèques, les cartes de débit et les cartes de 10. Que signifie l’expression «demande de monnaie»?
crédit sont-ils de la monnaie? Expliquez.
11. Quels sont les facteurs qui déterminent la demande
5. Qu’est-ce que les intermédiaires financiers? Quels de monnaie réelle ?
types d’intermédiaires financiers trouve-t-on au
12. Quel est le coût d’opportunité lié à la détention de
Canada ? Quelles sont les principales institutions,
la monnaie?
autres que les banques à charte, qui acceptent des
dépôts ? 13. Qu’arrive-t-il au taux d’intérêt d’une obligation si
le prix de celle-ci augmente ?
6. Quelles fonctions économiques exercent les inter¬
médiaires financiers ? 14. Pourquoi la courbe d’offre de monnaie réelle est-
7. Par quel processus les banques font-elles des profits elle verticale et pourquoi la pente de la courbe de
et comment créent-elles de la monnaie ? demande de monnaie réelle est-elle négative ?
8. Définissez le multiplicateur de dépôts. Expliquez 15. Comment l’équilibre du marché monétaire est-il
pourquoi, lorsque tous les prêts retournent aux atteint ?
ANALYSE CRITIQUE
1. Après avoir étudié la rubrique « Entre les lignes » teur peut en obtenir de nouvelles en se ren¬
(p. 258), répondez aux questions suivantes: dant à un guichet automatique. Expliquez
a) Quels effets les guichets automatiques ont-ils les effets que ces cartes intelligentes, une fois
sur la demande de numéraire et sur la demande que leur usage se sera généralisé, auront sur
de dépôts bancaires ? la demande de numéraire, sur la demande de
b) Comment les taux d’intérêt influent-ils sur la dépôts et sur les forces qui déterminent le taux
demande de numéraire et sur la demande de d'intérêt.
dépôts bancaires ? 2. «Les banques font d’importants profits en oc¬
c) Quelles sont, sur le plan économique, les prin¬ troyant des prêts à des taux d’intérêt élevés. »
cipales erreurs de raisonnement que contient Etes-vous d’accord avec cet énoncé. Pourquoi ?
cet article de journal ?
3. Expliquez pourquoi il vous importe peu que votre
d) On teste un nouveau type de carte (ce qu on
banque prête la majeure partie de votre dépôt et
appelle parfois une «carte intelligente») qui
qu'elle n’en garde qu’un infime pourcentage sous
fonctionne à la manière d’une télécarte. Cette
forme de réserve.
carte permet à son détenteur de connaître le
montant qu’il peut dépenser et, apres chaque 4. Quels sont les principaux avantages des formes
achat, le montant de celui-ci est aussitôt débité modernes de monnaie par rapport aux formes
pour donner un nouveau solde. Lorsque toutes traditionnelles? Comportent-elles des désavan¬
les unités de la carte ont été utilisées, le déten¬ tages ? À l’ère électronique, on prévoit la disparition
2Ô2
problèmes
10. Dans une autre économie fictive, la demande de a) Si le taux d’intérêt dans cette économie est de
monnaie réelle est représentée par le graphique 3 % par année, quelle est l’offre de monnaie ?
suivant : b) Supposons que, à la suite d’une variation du
taux d’intérêt de 1 % à la baisse, l’offre de
monnaie réelle varie. Quelle est la variation
de l’offre de monnaie réelle ?
0 50 100 150
Monnaie réelle
(en milliards de yaks de 1990)
Objectifs Décrire les outils dont dispose la Banque du
du chapitre Canada pour appliquer sa politique monétaire
d’intérêt sur les prêts consentis pour l’achat d’automobiles viennent juste de passer à
vous doutez bien que quelqu’un tire les ficelles. En effet, vous avez déjà sans doute lu
dans les journaux des phrases comme celles-ci : « La Banque du Canada se prépare à
abaisser les taux d’intérêt afin de soutenir la relance économique amorcée» ou «La
Banque du Canada n’a pas l’intention d’augmenter les taux d’intérêt davantage à moins
Canada» ? Pourquoi celle-ci veut-elle modifier les taux d’intérêt — en particulier les
presque égale à celle du dollar américain. Mais, en 1986, notre dollar ne valait plus que
de nouveau et, à l’automne 1998, il ne valait plus que 0,65 $US. Pourquoi notre dollar
fluctue-t-il et comment les mesures prises par la Banque du Canada influent-elles sur sa
augmenté rapidement mais, durant les années 80 et 90, le rythme de la création moné¬
taire a ralenti. De nos jours, en Russie et dans certaines économies de l’Amérique latine
vitesse à laquelle s’accroît la quantité de monnaie est-elle importante ? Quels sont les
elle peut modifier la quantité de monnaie, les taux d’intérêt et le taux de change. Nous
constaterons que les mesures quelle prend se répercutent rapidement sur l’économie et
Nous allons maintenant étudier les mesures que peut des billets de la Banque du Canada en circulation, des
appliquer la Banque du Canada. Pour bien comprendre dépôts des banques à charte à la Banque du Canada et
ces mesures, nous devons d’abord examiner le bilan de la des pièces métalliques détenues par les ménages, les
Banque du Canada. entreprises et les banques. Les pièces métalliques sont
émises par le gouvernement du Canada. Elles ne sont
donc pas comptabilisées parmi les éléments de passif de
la Banque.
Le bilan de la Banque du Canada
Vous savez maintenant ce qu’est la Banque du
Le bilan de la Banque du Canada pour le mois d’août Canada et vous êtes en mesure de décrire les éléments
1998 apparaît au tableau 11.1. L’actif, du côté gauche, d’actif et de passif de son bilan. Analysons à présent ce
représente les avoirs de la Banque, et le passif, du côté qu’implique pour elle l’élaboration de la politique
un élément important du passif de cet organisme. Ces vision avant; elle n’a qu’un rétroviseur! Ainsi, le conduc¬
dépôts constituent une partie des réserves des banques à teur peut voir le chemin parcouru, mais non celui qu’il a
coffres des banques. Les billets de la Banque du Canada Le but du jeu consiste à conduire la voiture en main¬
et les dépôts des banques à charte constituent l’essentiel tenant une vitesse constante sur un terrain qui, tour à
de la base monétaire. La base monétaire est la somme tour, monte (périodes économiques difficiles au cours
desquelles la production baisse et le chômage augmente)
et descend (périodes d’expansion économique, au cours
desquelles la production s’accroît et le chômage dimi¬
nue). A certains moments, il faut accélérer; à d’autres,
il faut freiner ou ne rien faire du tout. Pour rendre le
TABLEAU II.I voyage le plus agréable possible, le conducteur doit éva¬
Source : Statistique Canada, CANSIM, séries B200, B201, B210, B251, B254 et B255, Les objectifs de la politique monétaire découlent finale¬
septembre 1998. ment des orientations politiques ; ils sont inscrits dans le
mandat confié à la Banque par la loi qui la régit, la Loi
2.6 8
s appuie la Banque pour déterminer si elle doit freiner ou ■ le taux d’escompte et le taux créditeur des banquiers,
accélérer 1 économie, et ce, de façon à modifier le niveau
■ les opérations sur le marché libre,
futur du PIB réel, de 1 emploi et de l’inflation.
Les meilleurs indicateurs de la politique monétaire ■ les transferts de dépôts gouvernementaux.
La Banque du Canada
de la monnaie. Donc, la quantité de monnaie en circula¬ Nous allons maintenant examiner ces variations de la
tion augmente. La Banque du Canada peut, en effec¬ quantité de monnaie en commençant par les effets qu’en¬
tuant les opérations en sens inverse, faire diminuer les gendrent sur la base monétaire les opérations sur le
réserves bancaires, ce qui amènerait une contraction dans marché libre.
les prêts et une diminution de la quantité de monnaie en
circulation.
Les transferts de dépôts gouvernementaux sont effec¬ Le fonctionnement des opérations
tués à faible dose, ce qui permet d’ajuster avec précision sur le marché libre
la quantité des réserves bancaires, et ce, sur une base quo¬
tidienne. En 1997, le transfert hebdomadaire moyen Lorsqu’elle effectue une opération sur le marché libre, la
était de 3 millions de dollars seulement ; les transferts les Banque du Canada modifie les réserves du système ban¬
plus importants n’ont jamais excédé 7 millions de dol¬ caire ; elle modifie donc un élément de la base monétaire.
lars. Si l’on compare le montant des transferts à celui des Pour mieux comprendre comment cela se produit, nous
opérations sur le marché libre, on se rend compte qu’il allons voir ce qui se passe sur le marché libre lorsque la
est de faible ampleur. Banque du Canada achète des titres.
Supposons que la Banque du Canada veuille acheter
des titres gouvernementaux sur le marché libre pour une
valeur de 100 millions de dollars. Deux possibilités s’of¬
À RETENIR frent à elle : les acheter des banques à charte ou du grand
public (individu ou entreprise autre qu’une banque à
La Banque du Canada contrôle la masse monétaire et charte). Le résultat est essentiellement le même dans les
gère la politique monétaire. deux cas, mais il est important de le démontrer. Nous
commencerons par le cas le plus simple, celui où la
L’objectif ultime de la Banque du Canada est de com¬
Banque du Canada achète des titres d’une banque à
battre l’inflation et d’atténuer les fluctuations du cycle
charte.
économique. Son principal indicateur monétaire est le
taux des fonds à un jour.
Achat de titres gouvernementaux d’une banque
Les outils de la politique monétaire sont les suivants :
à charte Lorsque la Banque du Canada achète des
les réserves obligatoires, le taux d’escompte et le taux titres gouvernementaux de la Banque Nationale pour une
créditeur des banquiers, les opérations sur le marché valeur de 100 millions de dollars, il se produit deux
libre et les transferts de dépôts gouvernementaux.
choses :
Nous allons maintenant analyser de façon plus dé¬ 1. La valeur des titres que détient par la Banque Natio¬
taillée comment la Banque du Canada peut influer sur nale diminue de 100 millions de dollars, tandis que
la quantité de monnaie et les taux d’intérêt par le biais celle des titres que détient la Banque du Canada
de son principal outil, les opérations sur le marché libre. augmente du même montant.
Dans un premier temps, nous verrons comment la 2. La Banque du Canada paie les titres quelle achète en
Banque modifie la base monétaire, puis, dans un second, créditant de 100 millions de dollars les comptes de
comment celle-ci influe sur la quantité de monnaie en dépôt que détient chez elle la Banque Nationale.
circulation. Nous étudierons par la suite comment la
Dans le tableau (a) de la figure 11.2, nous voyons les
quantité de monnaie influe sur les taux d’intérêt et sur
effets engendrés par ces opérations sur le bilan de la
le taux de change.
Banque du Canada et sur celui de la Banque Nationale.
La propriété des titres passe de la Banque Nationale à
la Banque du Canada, de sorte que l’actif de la première
diminue de 100 millions de dollars et que celui de
La gestion de la masse la deuxième augmente du même montant, comme
l’indique la flèche bleue, qui va du bilan de la Banque
monétaire
Nationale à celui de la Banque du Canada. La Banque
_ La Banque du Canada surveille et ajuste du Canada paie les titres quelle achète en créditant les
constamment la quantité de monnaie en circulation en comptes de dépôt que la Banque Nationale détient chez
effectuant des opérations sur le marche libre. Lorsque elle (ses réserves) de 100 millions de dollars, comme
la Banque achète des titres sur le marché libre, la base l’indique la flèche verte, qui va du bilan de la Banque du
monétaire augmente., les banques à charte augmentent Canada à celui de la Banque Nationale. Cette opération
le volume de leurs prêts et la quantité de monnaie augmente la base monétaire de même que les réserves du
augmente. Lorsqu elle en vend, la base monétaire dimi¬ système bancaire.
nue, les banques à charte diminuent le volume de leurs L’actif de la Banque du Canada augmente de
prêts et la quantité de monnaie diminue. 100 millions de dollars, et son passif du même montant.
Chapitre II La politique monétaire
Encore une fois, la valeur de l’actif de la Banque du prises. Ce drainage réduit le montant de monnaie addi¬
Canada augmente de 100 millions de dollars, et la valeur tionnelle qui peut être créé à partir d’une augmentation
de son passif augmente du même montant. La valeur de donnée de la base monétaire.
l’actif de L’Industrielle Alliance est demeurée inchangée, Le multiplicateur monétaire est le nombre par
mais sa composition a été modifiée. Maintenant, L’Indus¬ lequel on doit multiplier la variation de la valeur de la
trielle Alliance possède plus de liquidités et moins de base monétaire afin d’obtenir la variation induite dans la
titres. L’actif total de la Banque Nationale augmente, de quantité de monnaie en circulation. En d’autres termes,
même que son passif. Les dépôts quelle détient à la le multiplicateur monétaire est égal à la variation de la
Banque du Canada, c’est-à-dire ses réserves, augmentent masse monétaire (AD divisée par celle de la base moné¬
de 100 millions de dollars, tandis que ses éléments de pas¬ taire (BAD ■
sif envers L’Industrielle Alliance augmentent du même
. A A4
montant. Puisque l’augmentation de ses réserves est égale Multiplicateur monétaire = -.
à celle de ses dépôts, la Banque Nationale dispose de ABM
réserves excédentaires dont elle peut se servir pour con¬ Le multiplicateur monétaire ressemble au multiplica¬
sentir des prêts. teur de dépôts, que nous avons étudié au chapitre 10,
Nous avons étudié ce qui se passe lorsque la Banque mais il présente un niveau conceptuel différent. Rap¬
du Canada achète des titres gouvernementaux d’une pelons que le multiplicateur de dépôts est le nombre par
banque à charte ou du grand public. Lorsque la Banque lequel on doit multiplier une variation dans les réserves
vend des titres, toutes les opérations que nous venons de bancaires afin d’obtenir la variation induite dans les
voir s’inversent. Les réserves bancaires diminuent de telle dépôts totaux des banques.
sorte qu elles ne sont plus suffisantes pour assurer la cou¬ Nous allons maintenant examiner le multiplicateur
verture désirée. monétaire.
Nous avons vu les modifications apportées au bilan
de la Banque du Canada et à celui des banques à charte à
la suite d’une opération sur le marché libre. Ces modifi¬ L’effet multiplicateur d’une opération
cations peuvent engendrer des conséquences. En effet, en sur le marché libre
disposant de réserves excédentaires, les banques peuvent
accorder plus de prêts, ce qui fait augmenter la quantité Nous allons étudier l'effet multiplicateur d’une opération
de monnaie en circulation; à l’inverse, si elles disposent sur le marché libre lorsque la Banque du Canada achète
de moins de réserves, elles peuvent rappeler un certain des titres gouvernementaux des banques à charte. Même
nombre de prêts, ce qui fait diminuer la quantité de si elle entraîne une hausse des réserves des banques, cette
monnaie en circulation. opération sur le marché libre n’a pas d’effets immédiats
Au chapitre 10, nous avons vu que les prêts sont sur la quantité de monnaie en circulation. Les banques
consentis sous forme de dépôts. Nous allons, à partir de détiennent simplement plus de réserves et moins de
cette idée, adopter une perspective plus large et examiner titres. Cependant, elles possèdent maintenant des réser¬
ves excédentaires. Lorsque la Banque du Canada achète
le lien existant entre la base monétaire et la quantité de
des titres sur le marché libre, il se produit une série
monnaie en circulation plutôt que de nous en tenir au
d’événements (figure 11.3), que voici :
lien étroit qui relie les réserves et les dépôts bancaires.
1. Les banques possèdent des réserves excédentaires.
2. Les banques prêtent leurs réserves excédentaires.
La base monétaire et 3. Les dépôts bancaires augmentent.
les réserves des banques 4. La masse monétaire augmente.
5. Les nouveaux dépôts servent à effectuer des
Nous avons défini la base monétaire comme étant la paiements.
somme des billets de banque en circulation, des dépôts 6. Une partie de cette nouvelle monnaie est conservée
effectués par les banques à charte à la Banque du Canada sous forme de dépôts bancaires.
et des pièces de monnaie que détiennent les ménages, les
7. Une partie de cette monnaie nouvellement créée fait
entreprises et les banques. La base monétaire est détenue l’objet d’un drainage du numéraire.
soit par les banques, sous forme de réserves, soit par les
8. Les réserves désirées augmentent parce que les dépôts
ménages et les entreprises, sous forme de numéraire.
ont augmenté.
Lorsque la base monétaire augmente, les réserves des
9. Les réserves excédentaires diminuent mais
banques augmentent, tout comme le numéraire détenu
demeurent positives.
par les ménages et les entreprises. Seule 1 augmentation
des réserves des banques peut être utilisée pour créer de Cette série d’événements se répète de nombreuses
la monnaie additionnelle, et ce, par 1 octroi de prêts. On fois, mais chaque nouvelle étape débute avec des réserves
appelle drainage du numéraire une augmentation de la excédentaires plus faibles. Le processus se poursuit
valeur du numéraire détenu par les ménagés et les entre¬ jusqu’à épuisement des réserves excédentaires.
274
Chapitre II La politique monétaire
FIGURE 11.3
Lâchât par la Banque du Canada de titres du gouvernement cana¬ pour effet de gonfler les réserves détenues par les banques de
dien sur le marché libre a pour effet d’augmenter les réserves des
même que leurs réserves désirées. Puisque leurs réserves désirées
banques et de créer des réserves excédentaires. Les banques prê¬
augmentent moins que leurs réserves effectives, les banques dispo¬
tent ces réserves et les nouveaux prêts consentis servent à effec¬ sent toujours de réserves excédentaires, mais en moins grande
tuer des paiements. Les ménages et les entreprises qui reçoivent
quantité qu auparavant. Le processus se répète jusqu'à épuisement
ces derniers en conservent une partie sous forme de monnaie hors
des réserves excédentaires. Les deux composantes de l’augmenta¬
banques — c’est ce qu’on appelle le drainage du numéraire — et
tion de la masse monétaire sont le drainage du numéraire et
déposent le reste dans les banques. L’augmentation des dépôts a l’accroissement des dépôts bancaires.
La figure 11.4 illustre ces étapes et présente les to¬ tant que celui des dépôts, soit de 66 667 $. Par consé¬
taux de l’augmentation des réserves, des prêts, des dé¬ quent, les banques disposent maintenant de réserves
pôts, du numéraire et de la monnaie qui résultent d’une
excédentaires d’une valeur de 60 000$. À présent, nous
opération de 100 000$ sur le marché libre. Dans notre avons terminé la première étape. Nous avons suivi le
exemple, le drainage du numéraire est de 33,33 % de la
cheminement des événements qui apparaissent à la fi¬
monnaie, et le coefficient de réserve désiré de 10 % des
gure 11.3. Le processus que nous venons de décrire se
dépôts.
répète mais, cette fois, les réserves excédentaires sont, au
La Banque du Canada achète auprès des banques à début de 1 étape, de 60 000 $. La figure 11.4 présente les
charte des titres pour une valeur de 100 000 $. Les ré¬
deux étapes suivantes. Au terme du processus, la quantité
serves bancaires augmentent d’un montant équivalent, de monnaie a augmenté de 250 000 $.
mais les dépôts ne changent pas immédiatement. Les
banques à charte détiennent des réserves excédentaires
d’une valeur de 100 000$, quelles prêtent. Ce faisant, Le multiplicateur monétaire
un montant de 66 667 $ leur revient sous forme de du Canada
dépôts, et un montant de 33 333 $ est drainé hors des
banques et detenu sous forme de numéraire. La quantité
Dans notre exemple, nous avons vu qu’une opération de
de monnaie a donc augmenté de 100 000$, soit du
100 000 $ sur le marché libre accroît la quantité de mon¬
montant de la hausse des dépôts et du numéraire détenu.
naie de 250 000$. Le multiplicateur monétaire est donc
La hausse des depots bancaires (66 667 $) entraîne à de 2,5. Quelle est l’ampleur du multiplicateur monétaire
son tour une augmentation des réserves désirées par les du Canada ? Examinons quelques chiffres.
banques de 10 % de ce montant, soit 6 667$. Cepen¬
On obtient le multiplicateur monétaire du Canada
dant, les réserves effectives ont augmenté du même mon¬
en calculant le rapport entre la variation de la quantité de
2-75
La gestion de la masse monétaire
FIGURE 11.4
■HH
La Banque du Canada effectue une opération sur le mar¬ 300 400 500 600 700
che libre en achetant des titres gouvernementaux auprès Monnaie réelle (en milliards de dollars de 1992)
terons ici d’étudier les effets des taux d’intérêt et de la dreront, après un certain délai, une variation de la de¬
politique monétaire sur le taux de change. mande agrégée qui, à son tour, fera varier le PIB réel et le
Les taux d’intérêt offerts sur les placements en dol¬ niveau des prix. Lorsqu’elle diminue la quantité de mon¬
lars canadiens constituent le principal facteur qui influe naie en circulation et accroît les taux d’intérêt, la Banque
sur la demande de dollars canadiens. Les gestionnaires de du Canada fait diminuer la demande agrégée et, par
portefeuilles cherchent constamment à profiter du plus ricochet, le PIB réel et le niveau des prix. Et, lorsqu’elle
haut taux d’intérêt possible. Lorsque le taux d’intérêt hausse la quantité de monnaie en circulation et diminue
offert dans un pays augmente alors que les taux offerts les taux d’intérêt, elle fait augmenter la demande agrégée
par les autres pays demeurent inchangés, les gestionnaires et, par ricochet, le PIB réel et le niveau des prix.
transfèrent des fonds dans ce pays. Mais, pour être en Le mécanisme qui conduit à une variation de la de¬
mesure de transférer des fonds au Canada, ils doivent mande agrégée comporte plusieurs rouages. Une hausse
acheter des dollars canadiens sur le marché des changes. des taux d’intérêt fait baisser les dépenses de consomma¬
Et, lorsque la quantité de fonds qui entrent au Canada tion et d’investissement, et augmenter le taux de change.
s’accroît, la demande de dollars canadiens augmente. Ainsi, les exportations canadiennes diminuent tandis que
Une augmentation de la demande de dollars cana¬ les importations augmentent, ce qui engendre une dimi¬
diens sur les marchés des changes fait monter le taux de nution des exportations nettes. Le resserrement du crédit
change. Autrement dit, le prix du dollar canadien aug¬ bancaire entraîne une contraction des prêts, ce qui ren¬
mente. Par conséquent, toute mesure de politique moné¬ force les effets de la hausse des taux d’intérêt sur les dé¬
taire qui modifie le taux d’intérêt fait également varier penses de consommation et d’investissement.
le taux de change, et ce, dans la même direction. Une Voici schématiquement comment les effets des
hausse des taux d’intérêt canadiens, lorsque les taux des mesures prises par la Banque du Canada se propagent
autres pays demeurent inchangés, entraînera une aug¬ dans l’économie:
mentation de la valeur du dollar canadien sur le marché La Banque du Canada La Banque du Canada
des changes. À l’opposé, toutes choses étant égales par achète des titres sur vend des titres sur
le marché libre. le marché libre.
ailleurs, une baisse des taux d’intérêt canadiens aura pour
effet de faire chuter le taux de change du dollar canadien.
Les réserves des banques Les réserves des banques
commerciales et la quantité commerciales et la quantité
de monnaie en circulation de monnaie en circulation
augmentent. diminuent.
À RETENIR
Les taux d'intérêt baissent. Les taux d'intérêt augmentent.
la politique monétaire
FIGURE 11.7
d’intérêt
-5 20 • Taux des fonds à un jour
0®® • # • 0 0
1975 1980 1985 1990 1995 2000
Année
Les taux d intérêt à court terme — le taux des fonds à un jour et Base monétaire (en pourcentage du PIB)
le taux des bons du Trésor à 3 mois — évoluent de façon presque
Afin d’augmenter les taux d'intérêt, la Banque du Canada a, durant
identique. Le taux des obligations du gouvernement à échéance
les années 70, réduit la base monétaire par rapport au PIB. Afin de
dans 10 ans et plus varie dans le même sens que celui des taux à
les diminuer, elle a, durant les années 90, augmenté la base moné¬
court terme, mais d'une façon moins accentuée. Le taux des fonds
taire par rapport au PIB. Au cours des années 80, la relation entre
à un jour a augmenté durant les années 70 pour atteindre un som¬
la base monétaire et le taux d’intérêt s’est rompue à la suite, entre
met de 19 % en 1981. Il a ensuite baissé au cours des années 80
autres, de la modification des exigences concernant les réserves
avant de remonter à 13 % en 1990.
obligatoires.
Source : Statistique Canada, CANSIM, séries B14044, B14060 et B14003, mai 1999.
Source : Statistique Canada, CANSIM, séries B1646, B14816 et B14060, mai 1999.
Les fluctuations du taux de change La politique Canada diminuent par rapport à ceux des États-Unis), le
monétaire de la Banque du Canada modifie-t-elle le taux taux de change du dollar canadien se déprécie ou encore
de change? Oui, jusqu’à un certain point. s’apprécie moins rapidement sur le marché des devises
Lorsqu’on étudie le taux de change, il importe de étrangères. Toutefois, le lien entre l’écart des taux d’in¬
prendre en considération non pas le niveau absolu des térêt et le changement du taux de change est plutôt
taux d’intérêt canadiens, mais plutôt leur niveau relatif lâche. Bon nombre de variations du taux de change ne
par rapport aux taux d’intérêt qui ont cours dans les sont pas associées à des changements de l’écart des taux
autres pays. La ligne rouge dans la figure 11.8 montre d’intérêt. Par conséquent, bien que la Banque du Canada
l’écart entre les taux d’intérêt à court terme du Canada puisse influer sur le taux de change, plusieurs autres fac¬
et ceux des États-Unis. La ligne bleue indique la varia¬ teurs entrent également en jeu, de sorte qu’il est difficile
tion du taux de change du dollar canadien par rapport à de contrôler les fluctuations de ce taux ou de prévoir son
la variation moyenne des principales devises étrangères. niveau éventuel.
Lorsque l’écart s’élargit entre les taux d’intérêt cana¬ Nous venons de voir les premiers effets de propaga¬
diens et américains (c’est-à-dire lorsque les taux d’intérêt tion de la politique monétaire. Examinons maintenant
du Canada augmentent par rapport à ceux des États- les effets qui s’ensuivront sur le PIB réel et sur le niveau
Unis), le taux de change du dollar canadien s’apprécie ou des prix.
se déprécie moins rapidement sur le marché des devises
étrangères. De plus, lorsque l’écart se rétrécit entre les
taux d’intérêt (c’est-à-dire lorsque les taux d’intérêt du
La monnaie dans
FIGURE 11.8
le modèle DA-OA
Le taux d’intérêt et le dollar
— La Banque du Canada se sert de la politique
• 4
Les mesures destinées à réduire
le chômage
• 2
-2
1975
• •
1980
•
1985
•
1990
•
1995
•
2000
du Canada, l’équilibre de plein emploi sera finalement
rétabli grâce au processus d’ajustement automatique
Année décrit au chapitre 7 (p. 164-169). Rappelons brièvement
ce processus. Lorsque le chômage devient important, la
Lorsque l’écart entre les taux d’intérêt à court terme du Canada
quantité offerte de travail est supérieure à celle qui est
et ceux des États-Unis s’élargit, la valeur du dollar canadien aug¬
demandée et les salaires diminuent graduellement. La
mente ou encore diminue moins rapidement sur le marché des
courbe OACT se déplace alors vers la droite, le niveau
devises étrangères. Lorsque cet écart se rétrécit, la valeur du dol¬
des prix chute et le PIB réel augmente, de sorte que
lar canadien diminue ou encore augmente moins rapidement sur
l’économie retrouve une situation de plein emploi.
le marché des devises étrangères.
Toutefois, ce processus d’ajustement automatique peut
Source: Statistique Canada, CANSIM, séries B14060, B54401 et B3400, mai 1999 et être très lent.
calculs des auteurs.
Pour accélérer le retour à l’équilibre, la Banque du
■ Canada peut augmenter la quantité de monnaie en
28o
FIGURE 11.9
FIGURE 11.10
La politique monétaire et
FIGURE I I . I I les fluctuations du PIB réel
Source: Statistique Canada, CANSIM, séries B14003, B14060 et D14872, mai 1999 et
calculs des auteurs. La théorie quantitative
de la monnaie
À long terme, le PIB réel est égal au PIB potentiel, de de croissance de la monnaie et celui de l’inflation présentent une
sorte que, si la quantité de monnaie n’a pas d’effet sur le corrélation : ils augmentent et diminuent simultanément.
PIB potentiel et la vitesse de circulation, la relation entre Source : Statistique Canada, CANSIM, séries B1630 et D15612, mai 1999 et calculs des
auteurs.
la variation du niveau des prix (A/3) et celle de l’offre de
monnaie (AM) est la suivante :
A P= ( V/Y) AM.
Divisons cette équation par la précédente, ce qui nous
■ En moyenne, le taux de croissance de l'offre de mon¬
donne:
naie excède le taux d’inflation.
A P/P= A M/M.
■ Les variations du taux de croissance de l’offre de mon¬
A P/P représente la variation en pourcentage du niveau
naie sont corrélées avec les variations du taux d’infla¬
des prix, et AM/M la variation en pourcentage de la tion.
quantité de monnaie. Ainsi, cette équation décrit la
théorie quantitative de la monnaie: à long terme, une
Le taux de croissance moyen de l’offre de mon¬
variation en pourcentage de la quantité de monnaie
naie excède le taux d’inflation En observant la fi¬
engendre une variation équivalente du niveau des prix.
gure 11.12, nous remarquons que, en moyenne, le taux de
croissance de 1 offre de monnaie est supérieur au taux d’in¬
flation — la ligne qui représente la croissance de la mon¬
Données historiques canadiennes et
naie est située au-dessus de celle qui représente la ligne
théorie quantitative de la monnaie de 1 inflation —, ce qui s’explique par le fait que, en
moyenne, l’économie a connu une expansion et le PIB
Nous pouvons vérifier la théorie quantitative de la mon¬
reel s est accru. Le taux de croissance de 1 offre de monnaie
naie à l'aide de données historiques canadiennes en
n engendre pas d’inflation lorsqu’il est égal à celui du PIB
analysant la relation entre le taux de croissance de
réel. Par contre, lorsqu’il est supérieur à celui du PIB réel,
la quantité de monnaie et le taux d'inflation. La fi¬ il contribue à l'inflation.
gure 11.12 illustre cette relation pour la période allant
de L>^0 à 1998. Cette figure nous fait découvrir deux
La corrélation entre l’inflation et la croissance
caractéristiques de la relation entre le taux de croissance
monétaire La corrélation entre le taux de croissance
de la quantité de monnaie et le taux d’inflation :
de la masse monétaire et l’inflation est assez évidente. Par
z8)
La THÉORIE QUANTITATIVE DE LA MONNAIE
que l’analyse du lien de causalité entre la fin de la (graphique b) démontrent qu’il y a corrélation entre la croissance
Seconde Guerre mondiale et certains événements qui de la monnaie et l’inflation.
La politique de stabilisation
des prix de John Crow
La Banque du Canada
passe à l’action John Crow est devenu gouverneur de la Banque du
Canada au mois de janvier 1987. Au cours des années
— VOUS EN SAVEZ MAINTENANT DAVANTAGE SUR LA
qui ont précédé sa nomination, le taux de croissance de
Banque du Canada, sur les types de politique monétaire
la masse monétaire ainsi que le taux d inflation avaient
qu elle peut adopter et sur leurs effets. Vous vous posez
été assez stables. John Crow, tout comme son prédé¬
sans doute la question suivante: «Au point de vue
cesseur, entendait bien mener un combat acharné contre
théorique, tout semble bien fonctionner, mais, dans la
1 inflation, il avait la ferme intention de maintenir un
realite, la Banque du Canada se sert-elle vraiment des
taux stable de croissance de la masse monétaire. Cepen¬
éléments que nous avons étudiés ? » Oui, elle s’en sert et il
dant, en octobre 1987, moins d un an après sa nomina¬
arrive même qu’elle obtienne des résultats surprenants.
tion au poste de gouverneur, il devait affronter l’une des
Analysons deux épisodes de l’histoire de la Banque
plus graves crises que le gouverneur d’une banque cen-
du Canada : 1 un tiré d une période agitée — le début des
tiale puisse connaître: un krach boursier. La Banque du
années 80 — et l’autre qui remonte au début des
Canada et d autres banques centrales dans le monde ont
années 90.
craint que ce krach ne soit le signe précurseur d’une
récession. Afin d’éviter tout resserrement financier, qui
aurait amplifie le danger, la Banque du Canada a laissé la
La politique anti-inflationniste
masse monétaire croître à un rythme plus rapide. Le taux
de Gerald Bouey
de croissance de 1 offre de monnaie a, en 1987, augmenté
par rapport à celui que l’on avait connu en 1986, et les
An début des années 80, le gouverneur de la Banque du
taux d intérêt à court terme ont diminué légèrement.
Canada de 1 epoque, Gerald Bouey, est parvenu, avec
Au cours des mois qui ont suivi, il est devenu de plus
l’aide de Paul Volcker, président de la Fédéral Reserve
en plus évident que le krach d’octobre 1987 n’était en
des Etats-Unis, a eradiquer une inflation qui atteignait
rien précurseur d’une récession. En effet, le chômage a
presque 10 %, et ce, en favorisant une forte hausse des
continué de baisser et le PIB réel de croître; la crainte
taux d intérêt. Cette escalade des taux a été provoquée
d’une recrudescence de l’inflation a remplacé celle d’une
par les opérations de la Banque du Canada (et de la récession.
Fédéral Reserve) sur le marche libre, qui ont entraîné
Voulant à tout prix éviter une reprise de l’inflation,
1 amenuisement des réserves des banques et, par consé¬
la Banque du Canada a de nouveau ralenti le taux de
quent, 1 affaiblissement de l’offre de prêts et de l’offre de
croissance de la masse monétaire, tout comme Gerald
monnaie par rapport à la croissance de la demande. Les
Bouey 1 avait fait huit ans auparavant, poussant ainsi les
taux d’intérêt ont augmenté brusquement. À présent,
taux d’intérêt vers le haut. Les opérations sur le marché
revivons cet épisode.
libre visaient a créer une diminution des réserves du
Comme nous 1 avons vu a la figure 11.5, la Banque
système bancaire afin de ralentir le taux de croissance
du Canada doit, pour hausser les taux d'intérêt, réduire
de la masse monétaire. En conséquence, pendant l'an¬
1 offre de monnaie réelle. Dans la réalité, puisque l’éco¬
née 1988, les taux de croissance de tous les agrégats mo¬
nomie connaît une croissance et que les prix augmentent,
nétaires ont ete substantiellement inférieurs à ce qu’ils
un ralentissement du rythme de la croissance de l’offre de avaient été en 1987.
monnaie nominale est suffisant pour entraîner une hausse
En 1990, la Banque du Canada surveillait encore de
des taux d intérêt. Il nest donc pas nécessaire de réduire le
très près le taux de croissance de 1 offre de monnaie tout
niveau du stock nominal de monnaie.
en essayant de maintenir une stabilité des prix. Et cette
En 1982, le taux de croissance de l’offre de monnaie
politique n’a fait qu’aggraver la récession de 1991.
a considérablement baissé par rapport à celui de la
A mesure que s’est intensifiée la récession, au cours
demande de monnaie, de sorte que les taux d intérêt ont
des années 1990 et 1991, la Banque du Canada a relâché
subi une hausse vertigineuse. Le taux des bons du Trésor
le frein monétaire et abaissé les taux d’intérêt à des ni¬
est passé de 13 % en 1980 à 18 % en 1981. Le taux d’in¬
veaux inhabituellement bas. Cependant, quand l’expan-
2.85
sion économique globale qui s’est produite en 1993 et que la Banque du Canada est sur le point de diminuer
1994 a commencé à faire craindre un retour de l’infla¬ l’offre de monnaie, ils vendent aussitôt des obligations,
tion, elle a augmenté les taux d’intérêt. ce qui fait chuter le prix de celles-ci et augmenter les taux
La hausse des taux d’intérêt à laquelle on a assisté en d’intérêt, et ce, toujours avant que la Banque n’inter¬
1994 a réussi à enrayer l’inflation. Cependant, en 1995 vienne sur le marché. En d’autres termes, le prix des obli¬
et 1996, l’augmentation persistante du chômage et le gations et les taux d’intérêt varient dès que l’on peut
ralentissement de la croissance économique, ainsi qu’une prévoir les intentions de la Banque du Canada. Lorsque
faible inflation, ont encouragé la Banque du Canada à la Banque mettra en application les mesures quelle
relâcher de nouveau le frein monétaire. aura choisies, celles-ci — si elles ont été correctement
Au cours de l’année 1996, les taux d’intérêt ont dimi¬ prévues — n’auront aucun effet sur les taux d’intérêt,
nué et il s’est produit une chose jusqu’alors impensable: car l’effet se sera déjà produit à la suite de l’anticipation
les taux d’intérêt à court terme du Canada ont chuté à un de ces mesures. Seules les variations non prévues de la
niveau inférieur à ceux des États-Unis. En dépit de taux masse monétaire modifieront les taux d’intérêt au mo¬
d’intérêt extrêmement faibles, la valeur du dollar a aug¬ ment où la Banque du Canada mettra effectivement ses
menté. Toutefois, à la fin de 1996, la reprise de la crois¬ mesures en application.
sance économique n’était encore qu’une prévision.
L’application de la politique
sur les monétaire
politiques Les faits
EN BREF
‘^che^^SSiSJdi taux
M. Rosenberg
baisse des taux di
é^t la faiblesse
^ une forte
que le gouvernement de l’On¬
tario a l’intention de mettre en
aUetérët est importante psycholo- du dollar cana États-Unis
d interet esr unereduc-
demande de la P3^ ^“da une application en 1999. Cet écono¬
1 giquemennentr de base incite
pourraient provoqu ^ du produit
tion de 25 poi hésitantes a miste a prédit que la réduction
plusieurs personne Un
des taux d’intérêt, la faiblesse du
point de base représente un cenüeme dollar canadien et une demande
de un pour cent. accrue de la part des États-Unis
pourraient faire augmenter le
Mail, traduction erreproducùon^utorisées^
i The Globe and taux de croissance du PIB réel
annualisé, qui se situerait alors
entre 3,5 % et 4 % pour les
derniers mois de l’année 1996.
Analyse moins d’effet sur les dépen¬
ses totales selon que les
sommation durables seront
plus ou moins sensibles à
investissements et les une diminution du coût des
ÉCONOMIQUE dépenses en biens de con¬ emprunts.
R É S U M É
Points clés
La théorie quantitative de la monnaie Selon la
théorie quantitative de la monnaie, une hausse de la
quantité de celle-ci engendre à long terme une augmen¬
tation du niveau des prix selon le même pourcentage,
La Banque du Canada La Banque du Canada est la
alors que le PIB demeure inchangé. L’examen des don¬
banque centrale du pays. Son objectif principal consiste'à
nées historiques et internationales démontre la justesse
maintenir un faible taux d inflation et à atténuer les fluc¬
de la théorie quantitative de la monnaie en tant que
tuations du cycle économique. Pour ce faire, elle se sert
théorie explicative de l’inflation à long terme.
d’outils tels le taux d’escompte et le taux créditeur des
(p. 281-284)
banquiers, les opérations sur le marché libre et les trans¬
ferts de dépôts gouvernementaux, (p. 266-271)
La Banque du Canada passe à l’action Depuis les
débuts des années 80, la Banque du Canada combat
La gestion de la masse monétaire En achetant des l’inflation. Elle a augmenté les taux d’intérêt en 1981 et
titres gouvernementaux sur le marché libre, la Banque du 1982 et, à nouveau, au début des années 90. Au milieu
Canada est en mesure de faire augmenter la base moné¬ des années 90, la faiblesse de 1 inflation, la persistance
taire, de même que les réserves des banques et la quantité d un taux de chômage élevé et une faible croissance
de monnaie en circulation. En vendant des titres gou¬ économique ont incité la Banque à diminuer les taux
vernementaux sur le marché libre, elle est en mesure de d’intérêt, (p. 284-285)
faire diminuer la base monétaire, de même que les
réserves des banques et la quantité de monnaie en circu¬
lation. Le multiplicateur monétaire détermine l’effet
Figures clés
global d’une variation de la base monétaire sur l’offre de
monnaie, (p. 271-276) Figure 11.3 Le processus du multiplicateur monétaire,
274
Figure 11.4 L’effet multiplicateur d'une opération sur
Les effets de la politique monétaire sur les taux
d’intérêt et sur le taux de change Lorsque la le marché libre, 275
Figure 11.5 Les variations du taux d’intérêt, 276
Banque du Canada augmente la quantité de monnaie,
Figure 11.9 Les mesures monétaires destinées à faire
les taux d’intérêt chutent et, lorsqu’elle la réduit, les taux
d intérêt augmentent. Ceux-ci ont une incidence sur le baisser le taux de chômage, 280
Figure 11.10 Les mesures monétaires anti¬
taux de change. Lorsque les taux d’intérêt canadiens aug¬
mentent par rapport à ceux des pays étrangers, le dollar inflationnistes, 280
réel et le niveau des prix augmentent alors que, à long Drainage du numéraire, 273
terme, seul le niveau des prix augmente, le PIB réel Equation d’échange, 282
Analyse critique
Questions de révision
1. Faites la distinction entre une banque centrale 13. Si l’offre de monnaie augmente, qu’advient-il des
indépendante et une banque centrale dépendante. taux d’intérêt?
2. Quels sont les principaux éléments qui entrent
14. Quelle relation existe-t-il entre le taux d’intérêt et
dans le bilan de la Banque du Canada ?
le taux de change ?
3. Qu’est-ce que la base monétaire?
15. Comment la Banque du Canada influe-t-elle sur le
4. Quel est le principal indicateur de la politique
taux de change ?
monétaire ?
5. Quels sont les outils de la politique monétaire de la 16. Lorsque la Banque du Canada applique sa politique
Banque du Canada? Comment fonctionnent-ils? monétaire, celle-ci a des effets échelonnés qui se
6. Si la Banque du Canada désire réduire la quantité propagent dans l'économie. Décrivez ces effets.
de monnaie en circulation, doit-elle acheter ou 17. Quelle mesure la Banque du Canada peut-elle
vendre des titres du gouvernement du Canada sur prendre pour restaurer une situation de plein
le marché libre ? emploi ? Décrivez le fonctionnement de cette
7. Décrivez ce qui se passe lorsque la Banque du mesure.
Canada achète des titres gouvernementaux sur le 18. Quelle mesure la Banque du Canada peut-elle
marché libre. prendre lorsqu’elle craint une poussée de l’infla¬
8. Décrivez ce qui se passe lorsque la Banque du tion ? Décrivez le fonctionnement de cette mesure.
Canada vend des titres gouvernementaux sur le
19. Expliquez pourquoi une augmentation de l’offre
marché libre.
monétaire a, à court terme, un puissant effet sur le
9. Qu’est-ce que le multiplicateur monétaire?
PIB réel alors que, à long terme, elle ne fait que
10. Qu’entend-on par «drainage du numéraire»?
créer de l’inflation.
11. Comment le drainage du numéraire influence-t-il
le multiplicateur monétaire ? 20. Qu’est-ce que l’équation d’échange?
12. Comment la Banque du Canada s’y prend-elle 21. Qu’est-ce que la théorie quantitative de la mon¬
pour influer sur les taux d’intérêt? naie?
ANALYSE CRITIQUE
1. Après avoir étudié la rubrique « Entre les lignes » de hausser les taux d’intérêt durant les années 70 et
(p. 286), répondez aux questions suivantes, qui de les abaisser durant les années 90 ?
portent sur la politique monétaire canadienne 3. La Banque du Canada avait comme objectif de
de 1996: maintenir la stabilité des prix jusqu’à la fin de
1998. Cependant, certains artisans de la politique
a) Dans quelle direction les taux d’intérêt se sont-
monétaire sont d’avis qu’un faible taux d’inflation
ils déplacés ? Ont-ils tous varié en même temps ?
(3 % à 4 % par année) serait bénéfique pour
Dites pourquoi.
l’économie. Quels sont les avantages et les désa¬
b) Quelles mesures la Banque du Canada avait-elle vantages du maintien d'un faible taux d’inflation?
à sa disposition pour faire baisser les taux d in¬
4. Expliquez pourquoi la Banque du Canada se sert
térêt ? à la fois des opérations sur le marché libre et des
c) Pourquoi la Banque du Canada voulait-elle faire transferts de dépôts gouvernementaux pour
baisser les taux d’intérêt? modifier la quantité de monnaie en circulation.
Indiquez les circonstances où elle utilise chacune
d) Quels sont les principaux effets échelonnés qui,
de ces mesures ainsi que le processus qui modifie
selon vous, se sont produits en 1997 à la suite
la quantité de monnaie en circulation.
des mesures prises par la Banque du Canada
5. En 1996, les banques à charte ont réalisé des
en 1996?
bénéfices records. Pourquoi les bénéfices des ban¬
2. Durant les années 70, la Banque du Canada a aug¬ ques ont-ils été si élevés en 1996? La Banque du
menté les taux d’intérêt. Durant les années 90, elle Canada avait-elle, au cours des années précédentes,
les a diminués. Quels sont les grands événements de pris des mesures qui auraient pu contribuer à une
ces deux décennies qui ont amené la Banque du telle hausse des bénéfices? Pourrait-elle prendre
Canada à prendre des décisions si diamétralement des mesures pour limiter ces bénéfices dans
opposées ? La Banque du Canada a-t-elle eu raison l’avenir?
290
Chapitre II La politique monétaire
problèmes
Monnaie réelle
(en milliards de dollars de 1 992) «Comment pouvez-vous avoir de la monnaie, demande
Ford, si aucun d'entre vous ne produit de biens? L'argent,
a) À I aide de la figure, montrez l’effet qu'entraî- vous savez, ça ne pousse pas dans les arbres ! »
neia sur le taux d intérêt et 1 offre de monnaie « Laissez-moi au moins continuer, « de dire le conseiller en
réelle une vente de titres gouvernementaux sur gestion.
le marché libre.
Ford opine tristement.
Z9i
Problèmes
« Merci. Depuis que nous avons décidé, il y a quelques 10. Consultez le site Web de la Banque du Canada
semaines, d adopter la feuille d’érable comme monnaie légale, (http:// www.bank-banque-canada.ca/french/intro-
nous sommes, bien sûr, tous devenus immensément riches.» f.htm) et recueillez les données mensuelles pour le
Ford, incrédule, regarde la foule qui murmure son approba¬ dernier trimestre concernant le taux des fonds à un
tion à ces propos, chacun palpant avidement les nombreuses jour et l’offre de monnaie (M2+). Pour ce faire,
feuilles d’érable enfouies dans son survêtement. consultez les pages 10 à 12 du Bulletin hebdoma¬
«Mais nous avons rencontré un petit problème d’inflation à daire de statistiques financières. Le taux des fonds
cause de la grande disponibilité des feuilles d’érable. En effet, à un jour apparaît dans la colonne identifiée
au taux actuel, il faut l’équivalent de trois érablières de feuilles B114011, alors que M2+ apparaît dans la colonne
mortes pour acquérir le moindre petit bateau. » B2037. Consultez le site Web de Statistique
Canada (http://www.statcan.ca/francais/econoind/)
Des murmures d’inquiétude émanent de la foule. Le con¬
et recueillez l’indice implicite du PIB, que Statis¬
seiller en gestion fait un geste pour les calmer et poursuit :
tique Canada appelle maintenant indice implicite
« Donc, pour parer à cette difficulté et réévaluer efficace¬
des prix en chaîne du produit intérieur brut.
ment la feuille d’érable, nous allons entreprendre une immense
a) Tracez un graphique du marché monétaire
campagne de défoliation et... euh...nous allons brûler toutes les
pour illustrer les variations des taux d’intérêt
érablières. Vous serez sans doute le premier à approuver cette
qui se sont produites.
mesure étant donné les circonstances... »
b) Comment la politique monétaire de la Banque
La foule semble hésiter pendant quelques secondes. Cepen¬
du Canada a-t-elle influé sur le taux des fonds
dant, quelqu’un s’empresse d’ajouter que cette mesure allait
à un jour?
faire augmenter la valeur des feuilles d’érable que les gens déte- jj
11. Allez chercher les données récentes sur le taux d’in¬
naient présentement. À ces propos, la foule se met à lancer des
flation canadien dans le Bulletin hebdomadaire de
cris de joie et se lève pour applaudir le conseiller en gestion.
statistiques financières mentionné au problème 10.
Vous trouverez l’information dont vous avez besoin
détenir de la monnaie alors qu’ils ne pro¬ Bulletin. Notez que cette mesure de l’inflation fait
abstraction des huit composantes les plus volatiles
duisent rien ?
de l’IPC global (fruits, légumes, essence, mazout,
b) Selon la théorie quantitative de la monnaie, gaz naturel, intérêts hypothécaires, transport inter¬
qu’advient-il du niveau des prix dans l’éco¬ urbain et produits du tabac) ; elle fait aussi abstrac¬
nomie golgafrinchienne ? tion de l’effet des impôts indirects sur les autres
c) Pourquoi, dans les circonstances décrites composantes de l’IPC.
précédemment, les Golgafrinchiens a) Tracez un graphique chronologique du taux
connaissent-ils un problème d’inflation ? d’inflation et du taux des fonds à un jour.
b) L’objectif de la Banque du Canada est de main¬
d) Pourquoi un programme de défoliation
tenir le taux d’inflation entre 1 % et 3 % par
permettrait-il d’enrayer l’inflation ?
année. Selon vous, la Banque a-t-elle utilisé le
e) Si les Golgafrinchiens arrivaient à mater l’infla¬ taux des fonds à un jour comme indicateur de la
tion, qui bénéficierait de cette mesure? politique monétaire? Expliquez votre réponse.
^ eu importe le lieu ou elle se produit, l inflation est toujours un
phénomène monétaire. ))
MlLTON Friedman, The Counter-Revolution in Monetary Theory
La monnaie et l’inflation
L histoire et la science économique nous ont appris beaucoup sur les causes de l’inflation. Nous
Les savons maintenant que les périodes d’inflation extrême — hyperinflation — résultent d’une pertur¬
bation dans les processus normaux de la politique budgétaire en temps de guerre ou de boule¬
QUESTIONS ET
versements politiques. Les recettes fiscales n’arrivent plus à couvrir les dépenses gouvernementales
LES IDÉES et on comble l’écart en imprimant de la monnaie. Au fur et à mesure que l’inflation se propage, la
quantité de monnaie nécessaire pour effectuer les paiements augmente, et il peut même se pro¬
duire une pénurie de monnaie. Alors, on augmente le taux de croissance monétaire. Les prix con¬
tinuent de grimper et le système monétaire finit par s’effondrer. C’est ce qui s’est produit en
Allemagne dans les années 20, et au Brésil dans les années 90.
Jadis, lorsqu’on utilisait des denrées comme monnaie, l’inflation survenait lorsqu’on découvrait
de nouvelles sources monétaires. Le cas le plus récent de ce type d’inflation est survenu à la fin du
XIX siècle lorsqu’on a découvert de nouvelles mines d’or en Australie, dans le Klondike et en
Afrique du Sud, alors que ce métal était utilisé comme monnaie.
Jusqu à plus récemment, I inflation était provoquée par des augmentations de l’offre de mon¬
naie en réponse à des hausses des coûts de production. Le cas le plus dramatique d’une telle infla¬
tion s’est produit au cours des années 70 lorsque la Banque du Canada et les autres banques cen¬
trales du monde ont augmenté l’offre de monnaie en réponse à une hausse du prix du pétrole.
Pour éviter l’inflation, il est impératif de surveiller le rythme de croissance de l’offre de mon¬
naie. Toutefois, lorsque la pression par les coûts se fait trop intense, les banques centrales sont
fortement tentées d’éviter une récession en augmentant le rythme de la croissance monétaire.
Certains pays ont réussi à éviter l’inflation plus efficacement que ne l’ont fait d’autres. La clé du
succès réside dans l’indépendance de la banque centrale. Dans les pays où le taux d’inflation est
faible, tels l’Allemagne et le Japon, c’est la banque centrale qui détermine la quantité de monnaie à
créer et le niveau des taux d’intérêt. L’État, dans ces pays, n’intervient pas dans la politique moné¬
taire. Par contre, dans les pays où l'inflation est élevée, tels le Royaume-Uni et l’Italie, la banque cen¬
trale reçoit des ordres directement de la part du gouvernement en ce qui concerne les taux d’in¬
térêt et le rythme de croissance de l'offre de monnaie. Ce sont les architectes du nouveau système
monétaire de l’Union européenne qui ont remarqué ce lien entre l’indépendance de la banque
centrale et l’inflation. Ces spécialistes se sont inspirés du modèle de la Bundesbank pour mettre
sur pied la Banque centrale européenne.
Hier...
Lorsque l’inflation est particulièrement rapide, comme cela s’est produit
en Allemagne en 1923, la monnaie perd presque toute sa valeur. À cette
époque, les billets de banque étaient plus utiles pour allumer un feu qu’ils ne l’étaient comme
moyen d’échange, et il était fréquent de voir des gens brûler des reichmarks. Pour éviter que les
personnes détiennent de la monnaie sur une longue période, on versait les salaires deux fois par
jour, et ceux-ci étaient dépensés à la même fréquence. Les banques acceptaient des dépôts et
consentaient des prêts, mais à des taux d’intérêt qui compensaient, pour les déposants et pour h
banque, la dépréciation de la monnaie, c’est-à-dire à des taux d’intérêt qui pouvaient dépasser le
100 % par mois. Le prix d’un repas augmentait au cours de la soirée et les discussions autour
d’un café devenaient un passe-temps de grand luxe.
..Et aujourd’hui
David Hume
CONNAISSANCES
premier ouvrage qu’il a rédigé était, selon son propre
ÉCONOMISTES aveu, «mort-né avant sa sortie de l’imprimerie». Mais,
David Hume ses essais, qui traitaient de sujets aussi variés que
l’amour et le mariage, l’immortalité de l’âme, la mon¬
et Milton
naie, l’intérêt et la balance des paiements, ont été lus
Friedman par un vaste public et lui ont valu une fortune colos¬
sale. Hume a été le premier à expliquer clairement le
processus qui fait qu’une variation de la quantité de
monnaie entraîne une hausse des prix. Il a même
prédit la découverte, qui devait survenir 220 ans plus
tard, de la courbe de Phillips et de la théorie keyné¬
sienne de la demande agrégée.
NOS
l’Université de Chicago, avait conçu une théorie économique fondée sur la certi¬
tude que les marchés libres répartissaient efficacement les ressources et qu'une
croissance lente et stable de l’offre de monnaie engendrait la stabilité macro¬
EVOLUTION
économique. Friedman a reçu le prix Nobel d’économie pour les travaux qu’il a
effectués sur la monnaie et sur d’autres questions macroéconomiques.
En s’appuyant sur des principes économiques fondamentaux, Friedman a prédit
qu’une stimulation persistante de la demande ne ferait pas augmenter la produc¬
tion, mais engendrerait plutôt une inflation. Le ralentissement de la production et la
montée de l’inflation qui sont survenus dans les années 70 ont donné aux prédic¬
tions de M. Friedman un caractère prophétique et, pendant un certain temps, la
politique qu’il avait élaborée, connue sous le nom de « monétarisme», a été adop¬
tée dans le monde entier.
Chapitre
12
Les interactions de la
politique monétaire et de
la politique budgétaire
impôts et les dépenses publiques représentaient 396 milliards de dollars, soit près de
Banque du Canada pour influer sur les taux d’intérêt, le taux de change et le PIB
À d’autres, elles entrent en conflit, ce qui provoque des étincelles au siège social de la
réduction du taux d’intérêt par la Banque du Canada a-t-elle le même effet qu’une
diminution des impôts par le Parlement? L’une de ces mesures est-elle plus susceptible
que l’autre d’engendrer les effets désirés ? ♦ Lorsque l’économie surchauffe, une hausse
des taux d’intérêt par la Banque du Canada est-elle aussi efficace qu’une augmentation
des impôts par le Parlement ? Là encore, l’une de ces mesures est-elle plus susceptible
les marchés des capitaux ni de pressions à la hausse sur les taux d’intérêt ?
savez déjà que les effets de la politique monétaire et de la politique budgétaire sont
pu vous familiariser avec ces deux notions. Cependant, le présent chapitre permettra
FIGURE 12.1
0 400 600 800 1 000 quantité de monnaie réelle demandée est égale à la quantité de
PIB réel (en milliards de dollars de 1992) monnaie réelle offerte, et la dépense agrégée planifiée est égale au
(c) Dépense agrégée planifiée et PIB réel PIB réel.
à 4 %. Dans ce cas, les investissements seraient inférieurs En fait, il n’existe qu’un seul niveau du PIB réel qui
à 100 milliards de dollars et la courbe DAP se. situerait en produise simultanément un équilibre du marché moné¬
dessous de celle qui est illustrée dans le graphique (c). Il y taire et un équilibre des dépenses. Dans notre exemple,
aurait alors équilibre des dépenses à un niveau du PIB réel il se situe à 800 milliards de dollars. Si la courbe de
inférieur à 800 milliards de dollars. Donc, en supposant demande de monnaie réelle est tracée pour un niveau
un niveau du PIB réel de 1 000 milliards de dollars pour du PIB réel de 800 milliards de dollars, le taux d’inté¬
déterminer la courbe de demande de monnaie réelle, il y rêt d’équilibre (4 %) entraîne des investissements de
aurait équilibre des dépenses à un niveau du PIB réel 100 milliards de dollars qui, à leur tour, produisent
inférieur à 800 milliards de dollars. De nouveau, il y des dépenses d’équilibre qui correspondent au niveau
aurait une incohérence mais, cette fois, le niveau présumé du PIB réel qui détermine la position de la courbe de
du PIB réel à 1 000 milliards de dollars serait trop élevé. la demande de monnaie réelle.
298
Chapitre 12 Les interactions de la politique monétaire et de la politique budgétaire
La politique budgétaire
et la demande agrégée
— Le gouvernement craint un ralentissement de
l’économie et redoute une récession. Pour tenter de
contrer cette dernière, il décide de stimuler la demande
agrégée en recourant à la politique budgétaire. On parle
alors de politique budgétaire expansionniste.
_o
Supposons que le gouvernement augmente ses CL
FIGURE 12.3
L'augmentation
du PIB réel
n»
Dans la première série d’effets (a), une augmentation des dépenses des investissements, des dépenses autonomes.de la dépense
publiques accroît les dépenses autonomes. La dépense agrégée agrégée planifiée et des dépenses d’équilibre.
planifiée et les dépenses d’équilibre augmentent. L’effet multiplica¬ La seconde série d’effets va dans le sens opposé à celui de la
teur se met en branle et le PIB réel commence à augmenter. première, mais son amplitude est moindre. En dernière analyse,
Dans la seconde série d’effets (b), la hausse du PIB réel une augmentation des dépenses publiques a pour effet d’accroître
entraîne un accroissement de la demande de monnaie, et les taux le PIB réel et le taux d’intérêt, et de diminuer les investissements.
moins importants au point de vue quantitatif. La se¬ naie réelle a augmenté et la courbe correspondante s’est
conde série atténue les effets de la première, mais ne déplacée de DM0 à DM\, et le taux d’intérêt a atteint
change en rien la direction générale des résultats escomp¬ 5 %. Dans le graphique (b), des taux d’intérêt plus élevés
tés à la suite de l’application de la mesure de politique ont fait passer les investissements de 100 à 50 milliards
budgétaire. Bref à la fin du processus, on aura assisté a de dollars. L’augmentation des dépenses autonomes est
une augmentation du PIB réel, à une hausse des taux maintenant de 100 milliards de dollars, soit l’augmenta¬
d’intérêt et à une diminution des investissements. tion initiale des dépenses publiques de 150 milliards de
L’augmentation du PIB réel et du taux d intérêt dollars moins la diminution des investissements de
qui engendre simultanément 1 équilibre des dépenses 50 milliards, comme le montre le graphique (c). Enfin,
et l’équilibre du marché monétaire est illustrée à la fi¬ la dépense agrégée planifiée a augmenté et la courbe cor¬
gure 12.4. Dans le graphique (a), la demande de mon¬ respondante se situe maintenant en DAP2. Les nouvelles
300
FIGURE 12.4
Canada qu’ils ne le sont dans le reste du monde, il y a tations augmentent, c’est-à-dire que les exportations
une entrée de fonds au Canada et les étrangers deman¬ nettes diminuent. Lorsqu’une politique budgétaire
dent une plus grande quantité d’actifs en dollars cana¬ expansionniste a tendance à faire diminuer les exporta¬
diens. Avec la hausse de la valetir du dollar, les biens et tions nettes, il y a effet d’éviction international. La
services produits au Canada sont plus onéreux pour les diminution des exportations nettes réduit, dans une cer¬
étrangers, et les importations coûtent moins cher aux taine mesure, l’augmentation initiale des dépenses provo¬
Canadiens. Ainsi, les exportations baissent et les impor¬ quée par la politique budgétaire expansionniste.
302
FIGURE 12.5
maintenant en DAP2), et les nouvelles dépenses d équi¬ achèteront des actifs en devises étrangères à rendement
libre sont égales au PIB réel, soit à 1 000 milliards de dol¬ plus élevé et vendront leurs actifs en dollars canadiens à
lars, comme l’illustre le graphique (c) de la figure 12.7. rendement plus faible. Ce faisant, ils vendent donc des
dollars canadiens. Par conséquent, notre dollar se dépré¬
cie par rapport aux autres monnaies. Ces notions sont
La politique monétaire et étudiées d’une façon plus détaillée au chapitre 11
(p. 277-279).
le taux de change
La valeur du dollar canadien étant plus faible, les
Une augmentation de la masse monétaire provoque une étrangers peuvent maintenant acheter des biens fabriqués
diminution des taux d’intérêt. Si les taux d intérêt dimi¬ au Canada à moindre prix, alors que les Canadiens
nuent au Canada, mais pas aux États-Unis, au Japon et doivent payer un prix plus élevé pour acquérir des biens
en Europe de l’Ouest, les investisseurs internationaux fabriqués à l’étranger. Les Canadiens importeront moins
3°4
FIGURE 12.6
L'augmentation
du PIB réel
dimin°e
b* j diminue la
«*«»?
' r*TWtte* dépense agré- autonod1
*°*«bre 9ée planifiée
Au cours de la première série d’effets (graphique a), une augmen¬ nuent. La baisse des investissements provoque une diminution des
tation de l’offre de monnaie entraîne une baisse du taux d’intérêt dépenses autonomes, de la dépense agrégée planifiée et des
et une hausse des investissements, des dépenses autonomes, de la dépenses d’équilibre.
dépense agrégée planifiée et des dépenses d’équilibre. Le PIB réel La seconde série d’effets va dans le sens opposé à celui de la
commence à augmenter.
première, mais son amplitude est moindre. En dernière analyse,
Au cours de la seconde série d’effets (graphique b), l’augmen¬ I augmentation de l’offre de monnaie a comme effet d’accroître le
tation du PIB réel entraîne une augmentation de la demande de PIB réel et de faire baisser le taux d’intérêt.
monnaie. Le taux d’intérêt s’élève et les investissements dimi-
de produits et les étrangers augmenteront la quantité de dépenses d’équilibre et le PIB réel amorcent un mou¬
biens qu ils importent du Canada. En conséquence, les vement à la hausse.
exportations nettes du Canada augmentent et le PIB réel
Lors de la seconde série d’effets, l’augmentation du
s’accroît davantage.
PIB réel fait croître la demande de monnaie, et les
taux d’intérêt augmentent. Les investissements bais¬
sent, de sorte que les dépenses d’équilibre et le PIB
réel amorcent un mouvement à la baisse.
À R E T E N I R ■ La seconde série d’effets se produit dans le sens opposé
à celui de la première série, mais les effets sont moins
importants au point de vue quantitatif. Bref, à la fin
Lors de la première sérié d effets engendrés par une
du processus, une politique monétaire expansionniste
politique monétaire expansionniste, le taux d’intérêt aura provoqué un accroissement du PIB réel et une
chute, la dépense agrégée planifiée s’accroît, et les diminution des taux d’intérêt.
305
La politique monétaire et la demande agrégée
FIGURE I 2.7
Au départ, la courbe de demande de monnaie réelle correspond à ments fait croître la dépense agrégée planifiée, qui passe à DAP,
DM0, l’offre de monnaie réelle à OMq, et le taux d’intérêt est de (graphique c), et le PIB réel commence à augmenter.
4 % (graphique a). À ce taux, les investissements sont de 100 mil¬ L’augmentation du PIB réel entraîne une hausse de la
liards de dollars, aussi bien sur la courbe de demande d’investis¬ demande de monnaie. La courbe de demande de monnaie se
sement DI (graphique b) que sur celle identifiée l0 (graphique c). déplace vers la droite, en DA'li, ce qui accroît le taux d’intérêt
La courbe de dépense agrégée planifiée correspond à D,APo;les (graphique a). Le taux d’intérêt étant plus élevé, les investisse¬
dépenses d’équilibre et le PIB réel s’élèvent à 800 milliards de ments diminuent (graphique b). La baisse des investissements
Une augmentation de I 50 milliards de dollars de I offre de la dépense agrégée planifiée, dont la fonction se déplace alors en
monnaie entraîne un déplacement vers la droite, en 0A41 (gra¬ DAP2 (graphique c). Le nouvel équilibre des dépenses est atteint
phique a), de la courbe correspondante. L’offre de monnaie étant lorsque le PIB réel est de I 000 milliards de dollars, et ce, à un
plus élevée, le taux d’intérêt tombe à I %, ce qui amène les inves¬ taux d’intérêt de 2 % et à un niveau d’investissement de 200 mil¬
■ La diminution des taux d’intérêt fait augmenter les L’efficacité de la politique monétaire
investissements.
La diminution des taux d’intérêt entraîne une dépré¬ L’efficacité de la politique monétaire peut se mesurer par
ciation du dollar; les importations diminuent et les l’amplitude de l’augmentation du PIB réel d’équilibre
exportations augmentent. qui résulte d une hausse donnée de l’offre de monnaie.
Elle dépend des mêmes facteurs que l’efficacité de la
politique budgétaire :
l la sensibilité de la demande de monnaie réelle aux planifiée a été au cœur d’un important débat qui oppo¬
variations du taux d’intérêt. sait keynésiens et monétaristes. Analysons brièvement
les questions essentielles sur lesquelles portait ce débat
Si les investissements sont peu sensibles à une varia¬ et voyons comment elles ont pu être tranchées.
tion du taux d intérêt, l’effet d’éviction est faible. Par
contre, s ils y sont très sensibles, l’effet d’éviction est
important. Toutes choses étant égales par ailleurs, moins La controverse entre keynésiens
les investissements sont sensibles au taux d’intérêt, plus
et monétaristes
1 effet d éviction est faible, et plus la politique budgétaire
est efficace.
La controverse entre keynésiens et monétaristes est le
La sensibilité de la demande de monnaie réelle au reflet d’un débat continuel que se livrent deux groupes
taux d intérêt influe également sur l’ampleur de l’effet
d’économistes. Les keynésiens sont des macroécono¬
d’éviction. Une augmentation du PIB réel entraîne un mistes dont les travaux sur le fonctionnement de l’éco¬
accroissement de la demande de monnaie et, s’il n’y a nomie s’inscrivent dans la foulée des théories élaborées
aucune variation de 1 offre de monnaie, le taux d intérêt
par John Maynard Keynes dans sa Théorie générale (voir
augmente. Cependant, l’ampleur de cette hausse dépend
la rubrique «L’évolution de nos connaissances», p. 122).
de la sensibilité de la demande de monnaie au taux d’in¬
Pour un keynésien, l’économie est intrinsèquement in¬
térêt. Foutes choses étant égales par ailleurs, plus la sensi¬
stable. Une intervention active de la part du gouverne¬
bilité de la demande de monnaie est importante, plus la
ment est nécessaire pour en assurer la stabilité. Pendant
hausse des taux d’intérêt et l’effet d’éviction sont faibles,
longtemps, les keynésiens ont privilégié la politique
et plus la politique budgétaire est efficace.
budgétaire au détriment de la politique monétaire, mais
307
les keynésiens modernes accordent aujourd’hui la même Bien que l’une ou l’autre de ces possibilités suffise
importance aux deux types de politique. Les moné¬ pour rendre la politique monétaire inefficace, les key¬
taristes, quant à eux, sont des macroéconomistes dont la nésiens extrémistes supposent que, dans la réalité, on
vision concernant le fonctionnement de l’économie s’in¬ les retrouve toutes deux.
spire des théories que Milton Friedman a défendues avec
force et ardeur (voir la rubrique «L’évolution de nos con¬ Le monétarisme extrême Un monétariste adopte un
naissances», p. 291). Ils considèrent que l’économie est point de vue extrême lorsqu’il déclare qu’une modifica¬
stable de façon inhérente et quelle ne requiert aucune tion apportée aux impôts ou aux dépenses publiques en
intervention active de la part du gouvernement. Selon biens et services n’a aucun effet sur la demande agrégée,
eux, la plupart des fluctuations macroéconomiques se¬ alors qu’un changement de l’offre de monnaie a un effet
raient causées par les fluctuations de la quantité de mon¬ important sur celle-ci. Il y a deux cas où cela peut se
naie. Traditionnellement, les monétaristes ont privilégié produire :
la politique monétaire au détriment de la politique bud¬ 1. La demande d’investissement est très sensible aux
gétaire, mais les monétaristes modernes, comme leurs variations du taux d’intérêt (la courbe de demande
homologues keynésiens, accordent maintenant la même d’investissement est horizontale).
importance aux deux types de politique. 2. La demande de monnaie réelle est entièrement insen¬
La nature du débat entre keynésiens et monétaristes sible aux variations du taux d’intérêt (la courbe de
s’est transformée au fil des ans. Au cours des années 50 demande de monnaie réelle est verticale).
et 60, le débat portait principalement sur l’efficacité
relative des politiques budgétaire et monétaire pour Si une augmentation des dépenses publiques en
modifier la demande agrégée. Nous pouvons résumer biens et services provoque une hausse du taux d’intérêt
suffisamment importante pour réduire les investisse¬
l’essence de la controverse en évoquant trois points
ments du même montant que l’augmentation initiale des
de vue principaux :
dépenses publiques, la politique budgétaire n’aura aucun
■ le keynésianisme extrême, effet sur la demande agrégée. Ces conditions engendrent
un effet d’éviction complet. Pour en arriver là, la de¬
■ le monétarisme extrême,
mande de monnaie réelle doit être entièrement insen¬
■ le point de vue intermédiaire. sible au taux d’intérêt (un montant fixe de monnaie
étant alors détenu quel que soit le taux d’intérêt), ou la
demande d’investissement doit être extrêmement sensible
Le keynésianisme extrême Un keynésien adopte
au taux d’intérêt (n’importe quel montant d'investisse¬
un point de vue extrême lorsqu’il déclare que la politique
ment étant réalisable à un taux d’intérêt donné).
monétaire n’a aucun effet sur la demande agrégée et que
la politique budgétaire a des répercussions importantes
Le point de vue intermédiaire Selon les tenants du
sur celle-ci. La politique monétaire n’a aucun effet sur la
point de vue intermédiaire, les politiques budgétaire et
demande agrégée dans les deux cas suivants :
monétaire influent toutes deux sur la demande agrégée.
1. La demande d’investissement est insensible aux L’effet d’éviction étant incomplet, la politique budgétaire
variations du taux d’intérêt. a donc une incidence sur la demande agrégée. Il n’existe
aucun piège à liquidités et les investissements sont sensi¬
2. La courbe de demande de monnaie réelle est
bles au taux d’intérêt, de sorte que la politique moné¬
extrêmement sensible aux variations du taux
taire a aussi des répercussions sur la demande agrégée.
d’intérêt.
A l’heure actuelle, ce point de vue semble juste. Voyons
maintenant comment les économistes en sont arrivés à
Si la demande d’investissement est insensible aux
cette conclusion.
variations du taux d’intérêt, un changement de 1 offre de
monnaie modifie le taux d’intérêt mais n influe pas sur la
dépense agrégée planifiée. La politique monétaire est
La résolution des questions
alors inefficace.
controversées
Si la demande de monnaie réelle est extrêmement
sensible au taux d’intérêt (la courbe de demande de mon¬
Le débat entre monétaristes, keynésiens et tenants du
naie est horizontale), les gens sont prêts à détenir n im¬
point de vue intermédiaire avait trait essentiellement à la
porte quelle quantité de monnaie à un taux d intérêt
divergence d’opinions concernant i importance des deux
donné : c’est ce qu’on appelle un piège à liquidités. Dans
paramètres économiques suivants :
ce cas, un changement de l’offre de monnaie ne fait que
1. la sensibilité de la demande d’investissement aux
modifier la quantité de monnaie détenue; il n a pas d ef¬
variations du taux d’intérêt,
fet sur le taux d’intérêt. Avec un taux d intérêt inchange,
les investissements demeurent constants. La politique 2. la sensibilité de la demande de monnaie réelle aux
monétaire est alors inefficace. variations du taux d’intérêt.
308
Si la demande d investissement réagit fortement aux Toutes choses étant égales par ailleurs, moins la
variations du taux d’intérêt et que la demande de mon¬
demande d’investissement réagit aux variations du
naie réelle y est peu sensible, la politique monétaire a
taux d intérêt et plus la demande de monnaie réelle
alors une forte incidence et la politique budgétaire est y est sensible, plus la politique budgétaire est efficace
relativement inefficace. Dans ce cas, l’économie fonc¬ et moins la politique monétaire l’est.
tionne selon le point de vue exprimé par les monétaristes
De même, toutes choses étant égales par ailleurs, plus
extrémistes. Si la demande d'investissement est peu sen¬
la demande d’investissement réagit aux variations du
sible aux variations du taux d intérêt et que la demande
taux d intérêt et moins la quantité de monnaie de¬
de monnaie réelle y réagit fortement, la politique budgé¬
mandée y répond, moins la politique budgétaire est
taire exerce alors un effet important et la politique moné¬
efficace et plus la politique monétaire l’est.
taire est relativement inefficace. Dans ce cas, l’économie
fonctionne selon le point de vue mis de l’avant par les
keynésiens extrémistes.
Les économistes ont pu trancher les questions qui
entourent ce débat en étudiant la demande de monnaie Le PIB réel, le niveau des
réelle et la demande d’investissement, et en appliquant
prix et les taux d’intérêt
des méthodes statistiques à des données portant sur un
grand nombre de pays et d’époques. Les études empi¬ L. Nous AVONS VU LES EFFETS ENGENDRÉS PAR LES
riques ont démontré l’inexactitude des hypothèses extrê¬ politiques budgétaire et monétaire sur la dépense d’équi¬
mes, et c’est le point de vue intermédiaire qui s’est révélé libre et sur le PIB réel à un niveau de prix donné. Toute¬
le plus juste. La courbe de demande de monnaie réelle et fois, les effets que nous avons étudiés se produisent pour
celle de demande d’investissement ont toutes deux une
tout niveau de prix. Ainsi, les effets des politiques budgé¬
pente négative. Aucune des deux n’est verticale ni hori¬ taire et monétaire que nous avons examinés nous ren¬
zontale. Ce résultat a permis d’écarter les hypothèses seignent sur les variations de la demande agrégée et sur
extrémistes, autant celles des monétaristes que celles des les déplacements de la courbe correspondante.
keynésiens.
Nous avons vu au chapitre 8 que, lorsque la de¬
mande agrégée change, le PIB réel et le niveau des prix
varient. Pour déterminer l’amplitude de cette variation,
L’efficacité du taux d’intérêt il faut examiner a la fois la demande agrégée et l’offre
et du taux de change agrégée. Nous commencerons par voir les effets à court
terme des politiques budgétaire et monétaire.
Bien que la politique budgétaire et la politique monétaire
constituent deux méthodes qui permettent de faire dé¬
placer la demande agrégée dans une direction donnée, Les effets à court terme sur le PIB
elles ont des effets opposés sur le taux d’intérêt et sur le réel et sur le niveau des prix
taux de change. Une mesure budgétaire qui fait aug¬
menter la demande agrégée provoque une hausse du taux Lorsque la demande agrégée varie et que la courbe qui la
d intérêt et une appréciation du taux de change. Une représente se déplace, il se produit un mouvement le
mesure monétaire qui fait augmenter la demande agrégée long de la courbe d offre agrégée à court terme, ce qui
entraîne une dimimition à la fois du taux d’intérêt et du provoque une variation du PIB réel et du niveau des prix.
taux de change. En raison de ces effets, la combinaison La figure 12.8 illustre la variation du PIB réel et du
des deux politiques macroéconomiques dans le but niveau des prix qui résulte d’une augmentation de la
d augmenter la demande agrégée permet de réduire au demande agrégée. Au départ, la courbe de demande
minimum les effets qu’elles engendrent séparément sur agrégée est en DAq, et la courbe d’offre agrégée à court
le taux d’intérêt et sur le taux de change. terme, en OACT Le PIB réel est de 800 milliards de
dollars et l’indice implicite du PIB est de 110.
A présent, supposons qu’une mesure de la politique
budgétaire ou monétaire accroisse la demande agrégée
et fasse déplacer la courbe correspondante en DAX. Au
À RETENIR niveau de prix initial (l’indice implicite du PIB est
de 110), la quantité demandée de PIB réel passe à
950 milliards de dollars. Cette augmentation est celle
que nous avons étudiée précédemment dans ce chapitre.
Lefficacité relative des politiques bLidgétaire et moné¬ Cependant, le PIB réel n’atteint jamais ce montant parce
taire dépend de la sensibilité des investissements et de que la hausse du niveau des prix provoque une diminu¬
cell.e de la demande de monnaie aux variations du tion de la quantité de PIB réel demandée. Le niveau plus
taux d’intérêt.
élevé de la demande agrégée exerce une pression à la
309
Le PIB réel, le niveau des prix et les taux d’intérêt
o
A RETENIR
O OALT
II OACT]
<N
O À court terme, une politique budgétaire ou monétaire
O
expansionniste fait augmenter le PIB réel de même
140
que le niveau des prix.
Lorsque l’économie est en situation à’équilibre de chô¬ non seulement du taux d’intérêt, mais aussi du taux de
mage, une augmentation de la demande agrégée fait change. Par contre, une politique monétaire expansion¬
croître le PIB réel et réduire le chômage. Quand elle a niste fait diminuer le taux de change. Lorsque celui-ci
été dosée correctement, la mesure appliquée peut rétablir varie, les exportations varient aussi de sorte qu’une poli¬
une situation de plein emploi. De même, lorsque tique budgétaire expansionniste les fait diminuer (effet
l’économie est en situation d ’équilibre de suremploi, une d’éviction international) tandis qu’une politique moné¬
diminution de la demande agrégée entraîne une baisse taire expansionniste les fait augmenter. Ainsi, une poli¬
du PIB réel et peut, à condition que la mesure appliquée tique expansionniste permet de retrouver une situation
ait été dosée correctement, éliminer 1 ’ écart inflationniste. de plein emploi. Cependant, les exportations diminuent
Puisque l’une ou l’autre des politiques peut ramener sous l’effet d’une politique budgétaire expansionniste
l’équilibre macroéconomique de plein emploi, elles peu¬ et augmentent sous celui d’une politique monétaire
vent (en principe) être utilisées conjointement pour expansionniste.
atteindre cet objectif.
Si les deux politiques peuvent restaurer le plein em¬
ploi et éliminer l’inflation, pourquoi le choix de l’une ou Le conflit des politiques
l’autre est-il si important ? En fait, il l’est parce que les
deux politiques ont des effets secondaires différents — On ne recherche pas les conflits entre les politiques, mais
des effets différents sur d’autres variables qui intéressent il s’en produit parfois. Ils sont généralement le fruit
particulièrement les consommateurs. Ces effets secon¬ d’une divergence entre les priorités politiques du gou¬
daires touchent deux variables clés : vernement et les objectifs de la Banque du Canada.
Les gouvernements (le gouvernement fédéral et les
■ le taux d’intérêt,
gouvernements provinciaux) surveillent attentivement,
■ le taux de change.
plutôt à court terme, l’évolution du chômage et de la
production. Ils optent généralement pour des politiques
Les effets sur le taux d’intérêt Une politique budgé¬ qui améliorent leurs chances d’être réélus. La Banque du
taire expansionniste fait augmenter le taux d’intérêt, tan¬ Canada, quant à elle, surveille de près la stabilité du
dis qu’une politique monétaire expansionniste le fait niveau des prix, et ce, dans une perspective à long terme.
diminuer. Lorsqu’il y a variation du taux d’intérêt, les Elle n’a pas à se préoccuper d’une éventuelle réélection.
investissements changent de sorte qu’une politique bud¬ Il peut donc arriver que le gouvernement veuille
gétaire expansionniste les fait diminuer (effet d’éviction), adopter une politique monétaire expansionniste alors que
et qu’une politique monétaire expansionniste les fait aug¬ la Banque, elle, désire maintenir le frein sur l’expansion
menter. Par conséquent, si la demande agrégée augmente de la masse monétaire. Selon le gouvernement, une aug¬
sous l’effet d’une politique budgétaire expansionniste, les mentation de l’offre de monnaie est essentielle pour faire
dépenses de consommation augmentent et les investisse¬ diminuer le taux d’intérêt et le taux de change de façon à
ments diminuent. Par contre, si elle augmente sous l’effet favoriser les investissements et les exportations. Selon la
d’une politique monétaire expansionniste, les dépenses Banque, le problème provient de la politique budgétaire.
de consommation augmentent, tout comme les Selon elle, les dépenses publiques sont trop élevées et les
investissements. recettes fiscales trop faibles. Toujours selon elle, la poli¬
En coordonnant la politique budgétaire et la poli¬ tique budgétaire est trop largement expansionniste et
tique monétaire et en les combinant correctement pour conduit à un taux d’intérêt et à un taux de change trop
faire augmenter la demande agrégée, il est possible d’ac¬ élevés, qui ne peuvent être abaissés d’une façon perma¬
croître le PIB réel et de réduire le chômage sans modifier nente par la politique monétaire. Pour faire diminuer le
le taux d’intérêt, ou encore d’obtenir, le cas échéant, le taux d’intérêt et favoriser les investissements et les expor¬
changement souhaité dans le taux d’intérêt. D’impo¬ tations, il faudrait, selon la Banque, que la politique
santes mesures budgétaires utilisées conjointement avec budgétaire devienne restrictive. C’est seulement à cette
de faibles mesures monétaires font augmenter le taux condition que la Banque pourra adopter une politique
d’intérêt et diminuer les investissements. L’opération monétaire expansionniste.
inverse entraîne une baisse du taux d’intérêt et une Une autre source potentielle de conflit entre le gou¬
hausse des investissements. vernement et la Banque du Canada concerne le finance¬
Le taux d’intérêt a une incidence sur les perspectives ment du déficit gouvernemental. On peut financer ce
de croissance à long terme étant donné que le taux de type de déficit en empruntant soit auprès du public soit
croissance du PIB potentiel dépend du niveau d investis¬ auprès de la Banque du Canada. Lorsque le gouverne¬
sement. Le lien entre les investissements, le capital et la ment emprunte auprès du public, il doit payer de l’in¬
croissance économique est expliqué aux chapitres 14 et 16. térêt sur la dette. Lorsqu’il emprunte auprès de la
Banque du Canada, il verse des intérêts à celle-ci.
Les effets sur le taux de change Une politique Mais, étant donné que le gouvernement est proprié¬
budgétaire expansionniste provoque un accroissement taire de la Banque, les intérêts lui reviennent. Ainsi,
312
Chapitre 12 Les interactions de la politique monétaire et de la politique budgétaire
le gouvernement ne paie pas d’intérêts lorsqu’il finance objectif était de maintenir un taux de croissance de la
le déficit en vendant des obligations à la banque cen¬ base monétaire équivalent à celui de la croissance du PIB
trale. La tentation est donc forte pour lui de vendre ses réel et de conserver ainsi un taux d’inflation peu élevé. La
dettes à cette dernière. figure 12.10 illustre la contribution que la Banque a
Toutefois, lorsqu’elle achète des dettes publiques, la apportée au financement des déficits du gouvernement
Banque du Canada les paie à partir de la base monétaire fédéral depuis que ces derniers sont apparus, en 1975.
nouvellement créée, ce qui fait augmenter l’offre de On voit que la Banque a été capable d’atteindre son prin¬
monnaie. Ce mode de financement mène à l’inflation. cipal objectif— soit la stabilité des prix —, et ce, en
Dans un grand nombre de pays d’Europe de l’Est, dépit de 1 énorme dette accumulée par le gouvernement
d Amérique latine et d’Afrique, les déficits gouvernemen¬ fédéral.
taux, contrairement à ce qui se passe au Canada, sont
financés par la banque centrale. Par le passé, lorsque les
déficits gouvernementaux étaient énormes, la Banque du
Canada est restée ferme en ce qui concerne l’achat de la
À RETENIR
dette publique. Elle a acheté très peu d’obligations gou¬
vernementales, et ce, pour une faible valeur, car son
La combinaison des politiques budgétaire et moné¬
taire permet de faire varier la demande agrégée
(à la hausse ou à la baisse) et cette variation peut
être accompagnée d’une hausse ou d’une baisse —
FIGURE 12.10 voire d’aucun changement — du taux d’intérêt ou
du taux de change.
Le financement du déficit
Le gouvernement a une perspective à plus court terme
que la Banque du Canada, ce qui peut faire surgir des
40 • conflits dans le choix des mesures appropriées.
années 80 et au début des années 90, le gouvernement fédéral a et le PIB réel, mais qu’elles ont des effets différents sur le
Points clés Le PIB réel, le niveau des prix et les taux d’intérêt
Lorsque l’économie connaît une situation d’équilibre de
chômage, une augmentation de la quantité de monnaie
La monnaie, le taux d’intérêt et la demande entraîne une hausse de la demande agrégée, du PIB réel
agrégée Les dépenses d’équilibre et le PIB réel dépen¬ et du niveau des prix. Par contre, lorsqu’elle connaît une
dent du taux d’intérêt, qui est déterminé sur le marché situation de plein emploi, une augmentation de la quan¬
monétaire. Toutefois, la demande de monnaie réelle tité de monnaie provoque un accroissement de la de¬
dépend du PIB réel, ce qui signifie que le PIB réel et le mande agrégée et du niveau des prix, mais n’a aucun
taux d’intérêt sont déterminés simultanément lorsque effet sur le PIB réel, (p 308-310)
l’équilibre du marché monétaire est atteint et que la dé¬
pense agrégée planifiée est égale au PIB réel. (p. 296-298) La coordination et le conflit des politiques moné¬
taire et budgétaire La combinaison des politiques
La politique budgétaire et la demande agrégée budgétaire et monétaire permet de faire varier la de¬
Une politique budgétaire expansionniste provoque une mande agrégée (à la hausse ou à la baisse) et cette varia¬
augmentation de la dépense agrégée planifiée et de la tion peut être accompagnée d’une hausse ou d’une baisse
dépense d’équilibre, puis entraîne un effet multiplicateur — voire d’aucun changement — du taux d’intérêt ou du
qui accroît le PIB réel (première série d’effets). L’aug¬ taux de change. Par conséquent, l’effet d’éviction peut
mentation du PIB réel fait croître la demande de mon¬ être évité, (p 310-312)
naie et le taux d’intérêt ; cela provoque un fléchissement
des investissements qui, à son tour, fait diminuer la
dépense agrégée planifiée (seconde série d’effets). Cette
seconde série d’effets va dans le sens opposé à celui de
la première, mais son amplitude est moindre. Par con¬ Figures clés
séquent, une augmentation des dépenses publiques
Figure 12.1 L’équilibre du taux d’intérêt et du PIB réel,
entraîne à la fois une hausse du PIB réel et du taux d’in¬
297
térêt. Plus le taux d’intérêt est élevé, plus l’effet d’éviction
Figure 12.2 La première série d’effets engendrés par une
est important. La hausse du taux d’intérêt fait également
politique budgétaire expansionniste, 298
augmenter le taux de change, et l’effet d’éviction interna¬
Figure 12.3 Les ajustements macroéconomiques consé¬
tional fait diminuer les exportations ; par conséquent, les
cutifs à l’application d’une politique
exportations canadiennes nettes diminuent, (p. 298-302)
budgétaire expansionniste, 299
Figure 12.5 La première série d’effets engendrés par
La politique monétaire et la demande agrégée
une augmentation de l’offre de monnaie,
Une augmentation de l’offre de monnaie fait baisser le
303
taux d’intérêt et le taux de change, et augmenter les
Figure 12.6 Les ajustements macroéconomiques consé¬
investissements, les exportations et la dépense agrégée
cutifs à une augmentation de l’offre de
planifiée. L’effet multiplicateur entraîne une hausse du
monnaie, 304
PIB réel (première série d’effets). L’augmentation du PIB
Figure 12.8 Les effets d’une politique expansionniste
réel fait croître la demande de monnaie et le taux d’in¬
visant le retour au plein emploi, 309
térêt, de sorte que le taux de change augmente et que les
Figure 12.9 Les effets d’une politique expansionniste
investissements, les exportations et la dépense agrégée
lorsque l’économie est déjà en situation de
planifiée diminuent (seconde série d’effets). La seconde
plein emploi, 310
série d’effets va dans le sens opposé à celui de la pre¬
mière, mais son amplitude est moindre, (p. 302-306)
Les politiques
budgétaire et
monétaire Les faits
en action EN BREF
£S:=s
^^SÏÏsCcesad^
Le ministère nés estimations,
ajustements comp
notamment des aJ
nts qui seront
les compensations
ment fédéral pour l’exercice
financier qui vient de se ter¬
miner sera inférieur à 30 mil¬
hier que, selon !f®^cice financier se ter-
’^S^STJSStSS-^
ajustements avaienj ^ déflclt final.
liards de dollars, alors que
l’objectif officiel était de le
6.4 milliards de d^cière pubUcation
Selon la Keuuej ^es Finances, ramener à 32,7 milliards.
ssgr"**
de le réduire a 32,7 améliorer mensuelle du ministère des^ . ce
M. Martin aurait meme p^ gu à «les résultats finan ^ dèflcit pour
cette performance provinces de l'Atlan- jour, nous indiquer q iuste en ■ Le déficit a été moindre que
J1995-1996 devrait se situejsi
dédommager trois ï> d-harmoniser
prévu parce que les taux d’in¬
tique qui avaient acceP%ps dessous de 30 milhar comment se
leur taxe de v®nte ^ alre du ministère Dans 1 ensemble. ouvernement térêt ont été plus bas que
Un haut fonctionnaire u ^
prévu, ce qui a réduit les coûts
des Finances a^ensations accordées à 1995‘
du service de la dette par rap¬
total des con PN veau-Brunswick et a
Terre-Neuve, au g61 milliards de ^ revenus ont^augmenté de 7.^ port aux prévisions qui avaient
Uards de dollars (6^3 laper.
été faites.
© 1996,
Analyse
ÉCONOMIQUE
de dollars et la courbe OM
C 1 G X IM y
s’est déplacée vers la droite,
de OM0 à 0M|. L’augmentation I995(TI) 438 136 167 261 235 767
du PIB réel a provoqué une I996(TI) 450 136 163 267 244 772
hausse de la demande de mon¬
3i6
Chapitre 12 Les interactions de la politique monétaire et de la politique budgétaire
QUESTIONS DE RÉVISION
1. Quel lien existe-t-il entre le marché monétaire et le 12. Quelles sont les conditions préalables qui
marché des biens et services ?
rendraient la politique budgétaire plus efficace que
2. Décrivez la première série d’effets engendrés par la politique monétaire pour stimuler la demande
une politique budgétaire expansionniste. agrégée ?
3. Décrivez la seconde série d’effets engendrés par une 13. Distinguez les hypothèses des keynésiens extré¬
politique budgétaire expansionniste. mistes et celles des monétaristes extrémistes.
4. Quelles sont les conséquences d’une augmentation 14. Quels ont été les principaux éléments soulevés lors
des dépenses gouvernementales en biens et ser¬ de la controverse entre keynésiens et monétaristes
vices ? quant à 1 efficacité des politiques budgétaire et
5. Comment le taux de change influe-t-il sur la monétaire sur la demande agrégée ?
demande agrégée lorsque les autorités recourent à 15. Expliquez comment la controverse qui a opposé les
la politique budgétaire expansionniste ? keynésiens et les monétaristes (question 14) a été
résolue.
6. Qu’est-ce que l’effet d’éviction ? l’effet d’attraction ?
l’effet d’éviction international ? Quels sont les fac¬ 16. Comparez les effets respectifs d’une politique
teurs qui déclenchent chacun de ces effets ? budgétaire et d’une politique monétaire sur les
investissements.
7. Décrivez la première série d’effets d’une augmenta¬
tion de l’offre de monnaie. 17. Expliquez comment la politique budgétaire et la
politique monétaire influent sur les composantes de
8. Décrivez la seconde série d’effets d’une augmenta¬
la demande agrégée.
tion de l’offre de monnaie.
18. Quels sont les effets des politiques monétaire et
9. Quelles sont les conséquences d’une augmentation
budgétaire expansionnistes sur le niveau des prix et
de l’offre de monnaie ?
sur le PIB réel ? Prenez soin de faire la distinction
10. Comment le taux de change influe-t-il sur la entre les effets à court et à long terme.
demande agrégée à la suite d’une variation de
19. Qu’entend-on par coordination des politiques?
l’offre de monnaie ?
20. Qu’entend-on par conflit des politiques? Donnez
11. Quels sont les facteurs qui déterminent l’efficacité deux exemples de situations qui pourraient susciter
des politiques budgétaire et monétaire ? ce genre de conflits.
ANALYSE CR I T I Q U E
1. Après avoir étudié la rubrique « Entre les lignes » 3. Expliquez pourquoi 1 ampleur de la seconde série
(p. 314), répondez aux questions suivantes, qui d’effets de la politique monétaire est moindre que
portent sur les politiques budgétaire et monétaire celle de la première série.
qui ont été appliquées au Canada en 1996:
4. Le gouvernement d’une économie fictive désire
a) Comment, en 1996, la politique monétaire est-
réduire le taux de chômage et la banque centrale
elle venue renforcer la politique budgétaire ?
voudrait diminuer le taux d’inflation. Élaborez les
b) Comment, en 1996, la politique budgétaire
politiques budgétaire et monétaire qui permet¬
est-elle venue renforcer la politique monétaire?
traient à la banque centrale et au gouvernement de
c) Quelles mesures la Banque du Canada a-t-elle
réaliser leur objectif respectif ou, tout au moins, de
prises pour faciliter la tâche du gouvernement ?
s’en rapprocher ?
d) Quelles mesures le gouvernement a-t-il prises
pour faciliter la tâche de la Banque du 5. Quelle combinaison de politiques budgétaire et
Canada ? monétaire est la plus susceptible de provoquer une
e) Étant donné la situation économique cana¬ croissance économique ? Expliquez votre réponse.
dienne en 1996, les mesures prises par la 6. Quelle combinaison de politiques budgétaire et
Banque du Canada et par le gouvernement monétaire est la plus susceptible de mettre fin à une
étaient-elles appropriées ? Dites pourquoi. période de sous-emploi ? Expliquez votre réponse.
2. Expliquez pourquoi 1 ampleur de la seconde série 7. Quelle combinaison de politiques budgétaire et
d’effets de la politique budgétaire est moindre que monétaire est la plus susceptible d’endiguer l’infla¬
celle de la première série.
tion ? Expliquez votre réponse.
317
Problèmes
fÊÊÊÊÊimÊÊÊÊm
PROBLÈMES
1. Dans le modèle économique illustré à la fi¬ a) Dans laquelle de ces économies une augmenta¬
gure 12.1, supposez que le gouvernement réduise tion des dépenses gouvernementales en biens et
ses dépenses en biens et services de 150 milliards services a-t-elle le plus d’effet sur le PIB réel ?
de dollars. b) Dans laquelle de ces économies l’effet d’évic¬
tion est-il le plus faible ?
a) Décrivez la première série d’effets.
c) Dans laquelle de ces économies une modifi¬
b) Expliquez la variation du PIB réel et du taux
cation de la quantité de monnaie réelle a-t-elle
d’intérêt.
le plus d’effet sur le PIB réel d'équilibre?
c) Décrivez la seconde série d’effets qui amènera 4. L’économie est en récession et le gouvernement
l’économie à un nouvel équilibre. veut augmenter la demande agrégée, favoriser les
exportations et accroître les investissements. Trois
2. Dans le modèle économique illustré à la fi¬
options s’offrent à lui : augmenter les dépenses gou¬
gure 12.1, supposez que la Banque du Canada
vernementales en biens et services, réduire les
diminue l’offre de monnaie de 150 milliards de
impôts ou accroître la masse monétaire.
dollars.
a) Expliquez les mécanismes sous-jacents des
a) Décrivez la première série d’effets. mesures envisagées.
b) Expliquez la variation du PIB réel et du taux b) Quel est l’effet de chacune de ces mesures sur
d’intérêt. la demande agrégée ?
c) Quels sont les effets à court terme de chacune
c) Décrivez la seconde série d’effets qui amènera
de ces mesures sur le PIB réel et sur le niveau
l’économie à un nouvel équilibre.
des prix ?
3. Deux économies sont identiques, à une exception d) Selon vous, quelle politique le gouvernement
près. Dans l’économie A, une variation du taux devrait-il adopter?
d’intérêt de 1 % (par exemple, si le taux d’intérêt 5. L’économie est en situation de plein emploi, mais le
passe 5 % à 6 %) provoque une modification de gouvernement n’est pas satisfait du taux de crois¬
1 milliard de dollars de la quantité de monnaie sance du PIB. Il veut stimuler les investissements
réelle demandée; dans l’économie B, la même tout en évitant une augmentation du niveau des
variation du taux d’intérêt entraîne une modifica¬ prix. Suggérez une combinaison de politiques
tion de 0,1 milliard de dollars de la quantité de budgétaire et monétaire qui lui permettrait d’at¬
monnaie réelle demandée. teindre son objectif.
4e partie L’offre agrégée
■■
L’offre agrégée
et même en Russie soviétique, en mie que nous observons a des réac¬ apprenons tous les jours par expé¬
réduisant de façon importante les tions qui relèvent de ses lois fonda¬ riences répétées — base-bail, mathé¬
taux de croissance monétaire et, mentales, mais aussi de nos croyances matiques, menuiserie, etc. — cons¬
simultanément, les déficits gouverne¬ au sujet de son fonctionnement. tituent, du moins en partie, un
mentaux. Ces pays ont tous connu Pour comprendre ce qui se passe en investissement dans l’acquisition
une rapide stabilisation du niveau des économie, il faut dissocier l’influence d’une forme de capital. En d’autres
prix; la moitié d’entre eux ont connu des lois fondamentales de celle de nos termes, les connaissances d’une per¬
une augmentation de la production croyances qui, elles, évoluent sans sonne constituent un bien précieux
réelle, et l’autre une diminution. La cesse. Supposons, par exemple, que parce qu’elles lui donnent le potentiel
stabilisation qui a eu lieu en France l’inflation soit le résultat de la crois¬ d’augmenter ses revenus futurs. C’est
en 1926, à laquelle on a donné le sance de l’offre de monnaie, mais que une idée formidable mais, jusqu’ici,
nom de «miracle de Poincaré», est personne ne le sache. Les gens croient nous l’avons mise en application de
légèrement plus controversée. Elle au contraire que l’inflation est causée façon plutôt vague parce que nous ne
s’est déroulée à peu près de la même par El Nino, un réchauffement de la savions pas exactement ce que les
manière, bien que l’inflation qui exis¬ surface océanique qui se produit tous gens apprenaient par le biais d’expé¬
tait en France était beaucoup plus les 4 à 12 ans au large de la côte ouest riences répétées. Jovanovic et Nyarko
faible que celle qui sévissait dans les de l’Amérique du Sud. À chaque ont précisé ce lien en élaborant des
pays d’Europe de l’Est. Poincaré a apparition d’El Nino, l’inflation aug¬ modèles d’expériences successives en
mis à exécution toute une série de mente parce que tout le monde aug¬ fonction d’une théorie d’échantillon¬
recommandations qui avaient été mente les prix. Personne ne veut être nage statistique et en étudiant la
élaborées par un groupe d’experts. en reste. Par conséquent, le taux d’in¬ façon dont les gens pouvaient amé¬
Ces experts préconisaient la réduc¬ flation fluctue en fonction de la pré¬ liorer leurs connaissances en élargis¬
tion du déficit par l’augmentation sence d’El Nino. Toutefois, chaque sant le champ de leurs expériences.
des impôts et le ralentissement du fois que frappe El Nino, la banque À la University of Wisconsin,
taux de croissance de la masse moné¬ centrale, qui est au courant de ce phé¬ William Brock et Black LeBaron ont,
taire. Après le «miracle de Poincaré», nomène météorologique, crée une à partir de théories complexes por¬
l’économie française a connu un essor quantité de monnaie assez impor¬ tant sur l’apprentissage et relevant de
pendant plusieurs années. tante pour éviter une crise de liqui¬ la physique, été en mesure d’expli¬
On est incapable d’appliquer le dité. La question que l’on se pose quer certaines données probléma¬
raisonnement logique auquel on fait alors à propos de l’apprentissage est la tiques concernant les corrélations qui
appel pour expliquer l’inefficacité de suivante : « Quand les gens vont-ils existent sur les marchés de la bourse
la politique aux effets de mesures finir par comprendre qu’ils ont tort et de la consommation relativement à
gouvernementales qui s’exercent d’attribuer l’inflation à El Nino et l’instabilité des prix et au volume des
autrement qu’en introduisant des que l’inflation ne se produit en fait opérations. Les études de Jovanovic
erreurs dans les anticipations des gens. que lorsque la banque centrale aug¬ et de Mortensen sur les marchés du
On peut citer un grand nombre mente l’offre de monnaie ? » travail nous ont beaucoup appris sur
d’exemples de tels effets : les effets des Au cours des 15 dernières an¬ les processus de collecte d’informa¬
investissements ainsi que ceux de la nées, certains économistes se sont tions qui permettent de mettre les
recherche et du développement sur le mis à étudier la façon dont les gens chômeurs en contact avec les em¬
taux de croissance, les incidences fis¬ acquièrent des connaissances sur leur ployeurs. Par exemple, Jovanovic a
cales du taux naturel de chômage, etc. environnement économique. En fait, créé un modèle qui explique pour¬
nous commençons tout juste à com¬ quoi les salaires ont tendance à aug¬
Ces dernières années, vous avez passé prendre comment les modèles menter lorsque les individus conser¬
beaucoup de temps à étudier la façon d’apprentissage influent sur la per¬ vent leur emploi pendant un certain
dont les gens acquièrent des connais¬ formance macroéconomique. La temps et pourquoi la plupart des mi¬
sances sur leur environnement écono¬ recherche qu’effectuent Boyan ses à pied et des départs volontaires
mique. Qu’est-ce que l’apprentissage? Jovanovic et Yaw Nyarko à la New se produisent peu après l’embauche.
Comment l’étudie-t-on? Que savons- York University nous enseigne que Jovanovic explique cet état de fait par
nous de l’apprentissage? Quel est son l’apprentissage statistique permet de le type de processus de collecte d’in¬
rapport avec la performance macro¬ comprendre la façon dont les gens formations qu’utilisent les entreprises
économique? apprennent par expériences. et les employés pour découvrir leurs
En macroéconomie, pour prendre des En fait, les gens renforcent et caractéristiques respectives.
décisions judicieuses, il faut repérer améliorent leurs habiletés par l'utili¬
les phénomènes économiques qui ont sation répétée de celles-ci. Kenneth Les anticipations rationnelles macro¬
tendance à se répéter et les observer. Arrow de la Stanford University a économiques nous renseignent sur ce
Il est toutefois difficile de distinguer formalisé cette idée en affirmant que qui se passe dans les économies bien
ces phénomènes parce que l’écono¬ les situations dans lesquelles nous établies, dont le fonctionnement
32,2
L’offre agrégée
! - 'J**
Vl, 'sV' jjr -, f-» t“- ggk - £. /
façon ardue. Cependant, ils ne progressent pas aussi vite qu’ils le désirent. Leurs reve¬
32,84$ de PIB réel, comparativement à 26,24$ en 1976. Donc, en 1998, chaque heure
Qu est-ce qui fait que les Canadiens sont plus productifs en 1998 qu’ils ne l’étaient
en 1976 ? ♦ Durant les années au cours desquelles les Canadiens ont augmenté la pro¬
duction de 25 %, les salaires reels ont egalement augmenté. En 1976, une heure de
17,25 $, soit une hausse de 18 %. Mais arrêtons-nous ici! Si la production s’est accrue
de 25 %, comment se fait-il que les salaires réels n’aient augmenté que de 18 % ? ♦ Une
partie de la réponse nous est donnée par la hausse des profits et des avantages sociaux.
En 1976, les profits des entreprises canadiennes et des fermes ainsi que les avantages
sociaux représentaient 11,64 $ pour chaque heure de travail effectuée par les Canadiens.
En 1998, ce chiffre était de 15,59 $ , soit une hausse de 34 %. Pourquoi les profits et
autres revenus non salariaux se sont-ils accrus si rapidement, alors que les salaires n’ont
augmenté que de 18 % ?
agrégée. Nous allons découvrir les facteurs qui font augmenter la productivité et les
salaires, et nous verrons pourquoi la croissance des salaires ne suit pas toujours celle de
la productivité. De plus, nous verrons la relation qui existe entre le marché du travail et
le marché du PIB réel. Nous apprendrons comment tracer les courbes d’offre agrégée à
FIGURE 13.1
La productivité du travail
et le PIB réel Une fonction de production O
_ Lorsque nous parlons de productivité, nous
faisons généralement référence à la productivité du tra¬
vail — bien que nous puissions mesurer la productivité
de n’importe quel facteur de production. La producti¬
vité du travail se mesure par la production totale par
personne employée. Pour étudier cette productivité et ses
effets sur les salaires, l’emploi et le PIB réel, nous recour¬
rons à la notion de fonction de production agrégée.
Cette fonction montre que le PIB réel varie avec la quan¬
tité de travail utilisée, les autres facteurs influant sur la
production demeurant constants.
La figure 13.1 présente une fonction de production
et un tableau dans lequel sont indiqués les PIB réels
que peuvent produire différentes quantités de travail.
Par exemple, la ligne a nous indique que 15 milliards
d’heures de travail peuvent produire 630 milliards de
dollars de PIB réel ; la ligne e nous indique pour sa part
que, si les heures travaillées grimpent à 35 milliards, le
PIB réel augmente aussi, pour atteindre 930 milliards Travail PIB réel
(en milliards d’heures par année) (en milliards de dollars de 1992)
de dollars.
Les données du tableau ont servi à tracer la fonction a 15 630
de production {FF). Chaque ligne du tableau, qui est
b 20 741
identifiée par une lettre, devient un point sur la fonction
c 25 830
de production et ce point est identifié par la même lettre.
d 30 891
Par exemple, le point c dans la figure correspond à la
e 35 930
ligne c dans le tableau. La fonction de production a une
pente positive, ce qui indique qu’une augmentation de la
quantité de travail entraîne un accroissement du PIB réel. La fonction de production nous indique le niveau du PIB réel selon
la quantité de travail utilisée, les autres facteurs influant sur la pro¬
duction demeurant constants. Le tableau contient cinq points qui
Le produit marginal du travail se trouvent sur la fonction de production. Chaque ligne nous
donne la quantité de PIB réel qui peut être produite par une cer¬
Le produit marginal du travail est l’augmentation du
taine quantité de travail utilisée. Les points a à e de la courbe cor¬
PIB réel qui résulte de l’addition d’une heure de travail,
respondent aux lignes du tableau. La courbe FP qui relie ces points
les autres facteurs influant sur la production étant main¬
représente la fonction de production.
tenus constants. Nous calculons le produit marginal du
À mesure que la quantité de travail utilisée augmente, le PIB
travail en divisant la variation du PIB réel par la variation
réel s’accroît, mais selon des quantités de plus en plus faibles. Par
de la quantité de travail utilisée. Faisons ce calcul.
exemple, une hausse de 10 milliards d’heures de travail, celles-ci
Dans la figure 13.1, lorsque la quantité de travail
passant de 15 à 25 milliards, provoque une augmentation du PIB
utilisée passe de 15 à 25 milliards d’heures — une aug¬
réel de 200 milliards de dollars.ee qui correspond à un produit
mentation de 10 milliards d’heures —, le PIB réel passe
marginal du travail de 20$ l’heure. Cependant, une autre hausse
de 630 à 830 milliards de dollars, soit une augmentation
de 10 milliards d’heures de travail, celles-ci passant de 25 à 35 mil¬
de 200 milliards. Le produit marginal du travail est alors
liards, fait croître le PIB réel de seulement 100 milliards de dollars,
de 20$ l’heure (200 milliards de dollars -*■ 10 milliards
ce qui représente un produit marginal du travail de 10$ l’heure.
d’heures). Étudions maintenant ce qui se produit lors¬
que la quantité de travail utilisée est encore plus élevee.
Supposons que cette quantité s’accroisse encore de
10 milliards d’heures, pour passer de 25 à 35 milliards Le produit marginal du travail se mesure par la pente
d’heures. Le PIB réel s’accroît, mais beaucoup moins de la fonction de production. La figure 13.1 met ce fait
qu’il ne l’a fait dans le cas précédent, puisqu il n aug¬ en évidence. La pente de la fonction de production est,
mente que de 100 milliards de dollars. Le produit au point b, de 20$ l’heure. On calcule cette pente en
marginal du travail est alors de 10$ I heure (100 mil¬ divisant 200 milliards de dollars (la variation du PIB réel
liards de dollars -r 10 milliards d’heures). de 630 milliards de dollars à 830 milliards de dollars) par
3 z6
Chapitre 13 L’offre agrégée À long et À court terme
10 milliards d’heures (le variation de 15 à 25 milliards gique. Cependant, c’est l’innovation qui change la pro¬
des heures travaillées). De même, la pente de la fonction ductivité. Tout comme l’accumulation de capital, les pro¬
de production est, au point d, de 10$ l’heure. grès technologiques permettent de produire davantage
avec une quantité donnée de travail.
Le produit marginal du travail décroissant Le pro¬
duit marginal du travail diminue à mesure que la quan¬
Le déplacement de la fonction de production
tité de travail utilisée augmente. Ce phénomène est
Puisque l’accumulation de capital et les progrès tech¬
désigné par l’expression produit marginal du travail
nologiques permettent de produire davantage avec une
décroissant. Le produit marginal du travail décroissant
quantité de travail donnée, la fonction de production
représente la tendance à la baisse du produit marginal du
se déplace vers le haut. La figure 13.2 montre ce déplace¬
travail lorsque la quantité de travail utilisée augmente,
ment. La courbe FP0 représente la fonction de produc¬
toutes choses étant égales par ailleurs.
tion de la figure 13.1. Au cours de l’année, de nouveaux
Le produit marginal du travail décroissant découle
équipements ont été installés, de nouvelles technologies
du fait que la main-d’œuvre supplémentaire utilise le
ont été appliquées et le travail est devenu plus productif.
même stock de biens (machinerie et outillage). À mesure
À chaque niveau d’emploi, on peut produire un PIB réel
que le nombre de travailleurs embauchés augmente, les
plus élevé. La fonction de production se déplace vers
biens d’équipement fonctionnent de plus en plus près de
le haut, de FP0 à FPX. Une quantité de travail égale à
leur capacité maximale ; donc, un plus grand nombre de
25 milliards d’heures a produit, au départ, un PIB réel de
pannes surviennent et il se crée des goulots d’étrangle¬
830 milliards de dollars (point c). Un an plus tard, cette
ment. Par conséquent, la production ne peut s’accroître
même quantité de travail peut produire 860 milliards de
proportionnellement à la hausse de la quantité de travail
dollars (point c'). Chaque niveau d’emploi permet main¬
utilisée.
tenant d’obtenir un niveau de production supérieur à
Un changement de la quantité de travail entraîne un
celui qu’on avait initialement.
mouvement le long de la fonction de production. Une
variation de tout autre facteur influant sur la production
engendre un déplacement de cette fonction. Etudions ces
facteurs.
FIGURE 13.2
tue en deux étapes: l’invention et l’innovation. \1 inven¬ réel de 830 milliards de dollars (point c) et, un an plus tard, cette
tion est la découverte d’une nouvelle technique, alors même quantité de travail peut produire pour 860 milliards de dol¬
lars (point c').
que X innovation est la mise en application de celle-ci.
L invention est la force motrice du progrès technolo¬
32-7
La productivité du travail et le PIB réel
Les taux de croissance variables L’accumulation de La fonction de production de 1998 est d’environ
capital et les progrès technologiques ne se produisent pas 47 % plus élevée que celle de 1976, ce qui signifie que,
à un rythme constant. Certaines années, l’investissement en 1998, si le niveau d’emploi avait été le même qu’en
est élevé et le stock de capital s’accroît rapidement. 1976, le PIB réel aurait été de 693,2 milliards de dollars.
D’autres années — les années de récession —, l’investis¬ De façon équivalente, si, en 1976, le niveau d’emploi
sement est bas et le stock de capital croît lentement. De avait été le même qu’en 1998, le PIB réel aurait été de
plus, le rythme des innovations technologiques fluctue. 569,7 milliards de dollars.
Ces fluctuations du taux d’accumulation de capital et du
rythme des innovations entraînent des variations dans le
taux de croissance de la production et dans l’ampleur du
déplacement vers le haut de la fonction de production.
Même si la fonction de production se déplace FIGURE 13.3
La demande de travail
■ La fonction de production nous indique comment le
PIB réel varie à la suite d’un changement dans le
nombre d’heures travaillées.
a 25 15
b 20 20
C 15 25
d 10 30
La demande de travail e 5 35
demandée augmente. La courbe de demande de travail a également de 5,50 $ l’heure. La dernière heure de travail
donc une pente négative. effectuée produit un revenu égal au salaire versé ; l’entre¬
Pourquoi la quantité de travail demandée est-elle prise couvre donc ses frais. L’entreprise paie un salaire
influencée par le salaire réel plutôt que par le salaire réel égal au produit marginal du travail, soit l’équivalent
nominal ? Qui plus est, pourquoi la quantité de travail de 11 bouteilles de boissons gazeuses. Ainsi, le salaire réel
demandée augmente-t-elle à mesure que le salaire réel est égal au salaire nominal de 5,50 $ l’heure divisé par le
baisse ? Autrement dit, pourquoi la courbe de demande prix des boissons gazeuses, qui est de 0,50$ la bouteille.
de travail a-t-elle une pente négative ? De plus, pourquoi
l’accumulation de capital et les progrès technologiques
Une variation du salaire réel Voyons ce qui se pro¬
font-ils augmenter la demande de travail ? Nous allons
duit lorsque le salaire réel varie. Supposons que le salaire
maintenant répondre à ces questions.
nominal passe à 11 $ l’heure et que le prix d’une bou¬
teille demeure à 0,50$. Le salaire réel est maintenant
de 22 bouteilles de boissons gazeuses, ce qui est égal au
Le produit marginal décroissant et la
salaire nominal de 11 $ l’heure divisé par le prix d’une
demande de travail
bouteille, en l’occurrence 0,50$. La dernière heure de tra¬
vail utilisée par l’entreprise coûte maintenant 11 $, mais
Les entreprises sont dans les affaires avec l'objectif de
elle ne rapporte que 5,50$ de revenu supplémentaire.
maximiser leurs profits. Chaque travailleur embauché
L’entreprise ne tire aucun profit de cette heure de travail
ajoute aux coûts et à la production d’une entreprise.
additionnelle. Elle doit donc réduire l’emploi jusqu’à ce
Jusqu’à un certain niveau, la valeur de la production d’un
que son produit marginal rapporte 11 $ de revenu. C’est
travailleur supplémentaire excède le salaire que l’entre¬
ce qui se passe lorsque le produit marginal du travail
prise doit lui verser. Cependant, chaque heure de travail
vaut 22 bouteilles l’heure (22 bouteilles X 0,50$ la bou¬
additionnelle ajoute moins à la production totale que la
teille = 11 $). Le produit marginal est de nouveau égal au
précédente ; le produit marginal du travail est décrois¬
salaire réel. Cependant, pour que le produit marginal du
sant. En effet, si la quantité de travail utilisée augmente
travail soit égal au salaire réel, l’entreprise doit diminuer la
et que la quantité de biens d’équipement est constante,
quantité de travail quelle utilise. Ainsi, lorsque le salaire
plus de travailleurs devront se servir d’un même équi¬
réel augmente, la quantité de travail demandée fléchit.
pement, ce qui rapprochera l’usine de sa capacité maxi¬
Dans l’exemple que nous venons de voir, le salaire
male de production. La production augmentera, mais
réel augmente parce que le salaire nominal a monté alors
pas dans la même proportion que la quantité de travail.
que le prix des bouteilles de boissons gazeuses n’a pas
En engageant de plus en plus de travailleurs, l’entreprise
changé. Mais on obtiendrait le même résultat si le salaire
finit par atteindre un point où le revenu quelle tire de
nominal demeurait constant et que le prix du produit
la vente de la production créée par une heure de travail
baissait. Par exemple, si le salaire nominal reste constant
additionnelle est égal au salaire horaire. Si l’entreprise
à 5,50$ l’heure et que le prix des boissons gazeuses chute
— une fois ce point atteint — ajoute une heure de tra¬
à 0,25 $ la bouteille, le salaire réel équivaudra à 22 bou¬
vail, les coûts supplémentaires excéderont le revenu de
teilles de boissons gazeuses et l’usine aura tout intérêt à
la vente de la production additionnelle. L’entreprise
employer une quantité de travail qui rendra le produit
n’ajoutera donc pas cette heure de travail. Elle s’arrêtera
marginal du travail égal à 22 bouteilles.
au point où le revenu créé par la dernière heure de travail
est égal au salaire nominal.
Pour comprendre pourquoi c’est le salaire réel, plutôt Une variation du salaire nominal avec un salaire
que le salaire nominal, qui a une incidence sur la quan¬ réel constant Afin de saisir pourquoi le salaire nominal
tité de travail demandée, nous allons nous servir d’un n’a pas d’effet sur la quantité de travail demandée lorsque
exemple. le salaire réel est constant, supposons que le salaire nomi¬
nal et les prix doublent. Le salaire nominal passe à 11 $
l’heure, et le prix d’une bouteille de boisson gazeuse
La demande de travail dans une usine à 1 $. L’usine est dans la même situation quelle l’était
de fabrication de boissons gazeuses auparavant. Elle verse 11 $ pour la dernière heure de tra¬
vail effectuée et vend 11 $ la production découlant de
Une usine de fabrication de boissons gazeuses utilise cette heure de travail. Le salaire nominal a doublé, pas¬
400 heures de travail. La production additionnelle sant de 5,50$ à 11 $, mais rien n’a réellementchangé. Le
découlant de la dernière heure de travail effectuée est de salaire réel équivaut toujours à la valeur de 11 bouteilles
11 bouteilles de boissons gazeuses. En d’autres termes, le de boissons gazeuses. En ce qui concerne l’entreprise, elle
produit marginal du travail est de 1 1 bouteilles pour une continue d’embaucher des personnes qui travailleront
heure de travail. Les boissons gazeuses se vendent 0,50$ l’équivalent de 400 heures. Le salaire nominal a changé,
la bouteille, de sorte que le revenu découlant de la vente mais le salaire réel et la quantité de travail demandée sont
de ces 11 bouteilles est de 5,50 $. Le salaire nominal est demeurés les mêmes.
330
Dans une économie, la demande de travail est déter¬ La demande de travail au Canada
minée de la même manière que dans l’usine de fabrica¬
tion de boissons gazeuses. Ainsi, la quantité de travail
demandée dépend du salaire réel, et non pas du salaire
nominal ; plus le salaire réel est élevé, plus la quantité de
travail demandée est faible.
Nous savons maintenant pourquoi la quantité de
travail demandée dépend du salaire réel et pourquoi la
courbe de demande de travail affiche une pente négative.
Mais quels sont les facteurs qui provoquent le déplace¬
ment de la courbe de demande de travail ?
L’offre de travail
raisons :
La quantité de travail offerte augmente à mesure que le salaire
■ Le nombre d’heures par travailleur augmente.
réel s’accroît, comme nous l’avons illustré à l'aide du barème
■ Le taux d’activité de la main-d’œuvre s’accroît.
d’offre de travail et de la courbe d’offre de travail OT. Chaque ligne
du tableau indique la quantité de travail offerte pour un salaire
réel donné et correspond à un point sur la courbe d’offre de tra¬
La détermination du nombre d’heures
vail. Par exemple, lorsque le salaire réel est de 15$, la quantité de
par travailleur travail offerte atteint 25 milliards d’heures par année (point c).
La courbe d’offre de travail a une pente positive parce que, lors¬
En déterminant le nombre d’heures qu’il désire travailler,
que le salaire réel augmente, les ménages travaillent plus d'heures
un ménage doit décider du partage de ses heures entre
en moyenne et un plus grand nombre se joint à la population
celles qu’il consacrera au travail et celles qu’il affectera à
active. Ces réactions des ménages sont amplifiées par la substi¬
d’autres activités. S’il décide de ne pas travailler pendant
tution intertemporelle ou réaménagement dans le temps des
une heure, il n’est pas rémunéré pour celle-ci. Le coût
activités de travail afin de profiter de salaires temporairement
d’opportunité d’une heure de loisir correspond au sacri¬
plus élevés.
fice impliqué par le fait de ne pas travailler pendant une
heure. Les biens et les services qu’un ménage pourrait se
procurer avec son salaire nominal horaire représentent
ce à quoi il renonce en ne travaillant pas. Donc, le coût
L’effet de substitution L’effet de substitution d’une
d’opportunité d’une heure de loisir correspond au salaire
variation du salaire réel fonctionne exactement de la
réel. même manière que l’effet d’une modification du prix des
Quelle influence une augmentation du salaire reel
cassettes sur la quantité demandée de celles-ci, comme
a-t-elle sur les motivations des gens à travailler ? Une
nous l’avons vu au chapitre 4, p. 68-69. Tout comme les
modification du salaire réel a deux effets opposés :
cassettes, le temps a un prix. Nous venons de voir que le
■ un effet de substitution, salaire réel horaire correspond au coût d’opportunité
■ un effet de revenu. d’une heure de loisir. Une augmentation du salaire
Chapitre 13 L’offre agrégée À long et À court terme
horaire entraîne une hausse du coût d’opportunité du réserve correspond au salaire le plus faible auquel une
temps, et donc de la valeur du temps libre. Lorsque le personne est prête à offrir du travail. En dessous de son
coût d opportunité du temps de loisir augmente, les gens salaire de réserve, une personne ne travaillera pas.
ont tendance à réduire le nombre d’heures pendant Les gens dont le salaire de réserve est inférieur ou
lesquelles ils ne travaillent pas, et donc à augmenter leur égal au salaire réel effectif feront partie de la population
temps de travail. Ainsi, lorsque le salaire réel augmente, active, alors que ceux dont le salaire de réserve est
le nombre d’heures de travail offert augmente aussi. supérieur au salaire réel effectif n’en feront pas partie.
Plus le salaire réel est élevé, moins nombreuses sont les
L’effet de revenu Une augmentation du salaire réel a personnes ayant un salaire de réserve supérieur au salaire
aussi pour effet d’augmenter le revenu des personnes. réel. Par conséquent, plus le salaire réel est élevé, plus le
Comme nous le savons, plus le revenu d’une personne taux d’activité de la main-d’œuvre est élevé.
est élevé, plus elle achètera des biens et des services. Les L’effet d’ une hausse du salaire réel sur le taux d’acti¬
loisirs, soit le temps consacré à des activités qui ne rap¬ vité de la main-d’œuvre et sur le nombre d’heures que
portent pas de revenu, constituent l’un de ces biens. Avec chaque ménage consacre au travail est amplifié par un
un salaire réel supérieur, les gens sont portés à augmenter effet de substitution intertemporelle sur la quantité
de travail offerte.
leurs heures de loisir et à réduire leurs heures de travail.
La prépondérance de l’un ou l’autre de ces effets
dépend du salaire réel et de l’attitude de chaque personne
à l’égard du travail. Cependant, en général, lorsque le
salaire réel est bas, l’effet de substitution est plus impor¬ La substitution intertemporelle
tant que ne l’est l’effet de revenu. Autrement dit, à
Les ménages doivent décider non seulement s’ils veulent
mesure que s’accroît le salaire réel, l’incitation à sub¬
travailler, mais aussi à quel moment ils veulent le faire.
stituer du temps de loisir au temps de travail l’emporte
Cette décision dépend non seulement du salaire réel
sur l’incitation à dépenser une part d’un revenu plus
courant, mais aussi de l’évaluation relative du salaire
élevé pour profiter de plus d’heures de loisir. En con¬
réel courant par rapport au salaire réel anticipé.
séquence, à mesure que le salaire réel augmente, la
Supposons que le salaire soit supérieur aujourd’hui
quantité de travail offerte augmente également.
à celui que nous prévoyons pour l’avenir. De quelle
À un salaire réel suffisamment élevé, l’effet de revenu
manière cette situation influe-t-elle sur la décision d’une
l’emporte sur l’effet de substitution. À mesure que le
personne d’offrir ou non des heures de travail ? Elle incite
salaire réel augmente, l’incitation à consacrer une plus
une personne à travailler davantage dans le présent et
grand part du revenu additionnel aux loisirs est plus
moins dans l’avenir. Ainsi, plus le salaire réel courant est
forte que l’incitation à économiser du temps de loisir.
élevé par rapport au salaire réel anticipé, toutes choses
Certaines personnes bénéficient déjà d’un salaire réel si
étant égales par ailleurs, plus la quantité de travail offerte
élevé qu’une hausse de celui-ci les amènerait à réduire
dans le présent est élevée.
leurs heures de travail. Mais, pour la plupart d’entre
Un salaire réel temporairement élevé est similaire à
nous, une augmentation du salaire réel incite à travailler
un haut taux de rendement. En effet, lorsque les salaires
davantage. Ainsi, disons que, généralement, plus le
réels sont temporairement élevés, les gens peuvent obtenir
salaire réel est élevé, plus nous sommes disposés à tra¬
un taux de rendement plus élevé de leur effort de travail
vailler un plus grand nombre d’heures.
en réduisant le temps qu’ils consacrent aux loisirs et en
offrant plus de travail durant cette période. En travaillant
davantage maintenant afin de profiter de loisirs dans
Le taux d’activité l’avenir, ils peuvent en fin de compte bénéficier, d’une
de la main-d’œuvre part, d’une consommation accrue de biens et de services
et, d'autre part, de plus de temps de loisir.
Le taux d’activité de la main-d’œuvre désigne la propor¬
tion de la population en âge de travailler qui est employée
ou en chômage (mais à la recherche d’un emploi). Pour
de nombreuses raisons, la volonté de travailler varie d’une
personne à l’autre. Certaines personnes ont la possibilité
d être plus productives à la maison ; elles ont donc besoin À RETENIR
d une incitation plus forte pour abandonner leurs activités
et aller travailler pour quelqu un d’autre. D’autres person¬ ■ Le coût d’opportunité du temps équivaut au salaire
nes accordent beaucoup d’importance aux loisirs ; il leur réel ; une hausse du salaire, toutes choses étant égales
faut donc un salaire réel élevé pour les inciter à travailler. par ailleurs, fait croître les heures de travail offertes
Ces considérations nous portent à croire qu’il existe un par travailleur ainsi que le taux d’activité de la main-
salaire de réserve pour chaque individu. Le salaire de d’œuvre.
333
L’offre agrégée À long terme
de travail augmente dans le temps parce que la popula¬ À ce taux et avec un indice implicite du PIB de 80, le
tion en âge de travailler croît constamment. Les déplace¬ salaire réel est de 15$ (12$ + 80 X 100 = 15$). Autre¬
ments vers la droite de la courbe de demande de travail ment dit, lorsque le niveau des prix chute de 20 %, le
sont généralement plus importants que ceux de la courbe salaire nominal chute du même pourcentage pour main¬
d’offre; ainsi, au fil du temps, la quantité de travail tenir le salaire réel constant à 15 $ l’heure. A un salaire
utilisée et le salaire réel augmentent. réel constant, l’emploi se maintient à 25 milliards
d’heures, et le PIB réel à 830 milliards de dollars. L’éco¬
nomie se trouve alors au point kde la figure 13.8 (c).
La courbe d’offre agrégée
Qu advient-il du PIB réel lorsque l’indice implicite
à long terme du PIB passe de 100 à 120 (soit une augmentation de
20 % du niveau des prix) ? Lorsque le salaire nominal se
La courbe d’offire agrégée à long terme indique la rela¬
maintient à 15 $ 1 heure, le salaire réel chute et la quan¬
tion entre la quantité de PIB réel offerte et le niveau des
tité de travail demandée dépasse la quantité offerte. Il y
prix lorsque le PIB réel est égal au PIB potentiel. Le long
a alors pénurie de main-d’œuvre et le salaire nominal
de la courbe d’offre agrégée à long terme, lorsque le
monte, et ce, jusqu’à ce que le salaire réel revienne à 15 $
niveau des prix varie, le salaire nominal varie également,
l’heure. Le salaire nominal passe donc à 18 $ l’heure —
et ce, de façon à maintenir le salaire réel au niveau qui
une hausse de 20 %. À ce taux et avec un indice impli¬
assure l’égalité entre la quantité de travail demandée et la
cite du PIB de 120, le salaire réel est de 15$ l’heure
quantité offerte.
(18$ -h 120 x 100 = 15$). Autrement dit, lorsque le
La figure 13.8 illustre comment la courbe d’offre
niveau des prix augmente de 20 %, le salaire nominal
agrégée à long terme est obtenue. Le graphique (a)
s’accroît du même pourcentage pour maintenir le salaire
montre le marché du travail. Les courbes de demande
réel constant a 15 $ 1 heure. À un salaire réel constant,
et d’offre illustrées sont exactement les mêmes que celles
l’emploi demeure à 25 milliards d’heures, et le PIB réel
de la figure 13.7. L’équilibre est atteint lorsque le salaire
à 830 milliards de dollars, ce qui signifie que l’économie
réel est de 15 $ l’heure, et le niveau d’emploi de 25 mil¬ se situe au point i de la figure 13.8 (c).
liards d heures. (L’équilibre est le même que celui que
Les points i, j et k de la partie (c) se trouvent tous
nous avions dans la figure 13.7.)
sur la courbe d’offre agrégée à long terme. Nous avons
Le graphique (b) présente la fonction de production.
considéré seulement trois niveaux de prix. Nous aurions
Cette fonction est exactement la même que celle que
pu choisir n importe quel niveau et arriver à la même
nous avions dans la figure 13.1. Selon les données du
conclusion : une variation du niveau des prix entraîne un
marché du travail (partie a), 25 milliards d’heures de
changement proportionnel du salaire nominal, tout en
travail sont utilisées. La partie (b) indique que, lorsqu’un
ne modifiant pas le salaire réel. L’emploi et le PIB réel
tel nombre d’heures est utilisé, le PIB réel est de 830 mil¬
demeurent également inchangés. La courbe d’offre
liards de dollars.
agrégée à long terme est verticale.
Le graphique 13.8 (c) donne la courbe d’offre agré¬
gée à long terme. Cette courbe indique que le PIB réel se
chiffre à 830 milliards de dollars, peu importe le niveau
Les déplacements de la courbe d’offre
des prix. Pour savoir pourquoi il en est ainsi, nous allons
agrégée à long terme
observer ce qui arrive au PIB réel lorsque le niveau des
prix change.
La courbe d’offre agrégée à long terme peut se déplacer
Commençons par un indice implicite du PIB de 100. pour deux raisons :
Dans ce cas, l’économie se trouve au pointy dans la par¬
■ une variation de la productivité du travail,
tie (c) de la figure. Autrement dit, l’indice implicite du
■ une variation de l’offre de travail.
PIB est de 100, et le PIB réel de 830 milliards de dollars.
Nous avons déterminé, au graphique (a), que le salaire Une variation de la productivité du travail Une
réel se chiffre a 15 $ 1 heure. Lorsque l indice implicite du augmentation de la productivité du travail signifie
PIB est de 100, le salaire nominal (le salaire en dollars qu’une quantité de travail donnée peut produire une plus
courants) est aussi de 15$ l’heure. grande quantité de PIB réel. La fonction de production
Nous allons maintenant voir ce qu’il advient du PIB se déplace vers le haut et le PIB potentiel augmente. Au
réel lorsque l’indice implicite du PIB passe de 100 à 80 fur et à mesure que la fonction de production se déplace
(une diminution de 20 % du niveau des prix). Si le salaire vers le haut, la courbe de demande de travail se déplace
nominal se maintient à 15 $ l’heure, le salaire réel aug¬ vers la droite. Le salaire réel s’élève, l’emploi augmente
mente et la quantité de travail offerte dépasse la quantité ainsi que l’offre agrégée à long terme. La courbe d’offre
demandée. En pareille situation, il y a un surplus de tra¬ agrégée à long terme se déplace alors vers la droite.
vail et le salaire nominal baisse. En fait, il baissera jusqu’à
ce que le salaire réel retourne à 15 $ l’heure. Le salaire Une variation de l’offre de travail L’offre de travail
nominal chute donc à 12$ l’heure — une baisse de 20 %. peut changer pour plusieurs raisons, mais le facteur le
335
L’offre agrégée à long terme
FIGURE 13.8
stagnante. Par conséquent, le PIB potentiel s’est accru et De la même manière, supposons que l’indice impli¬
la production a augmenté. Les profits et les avantages cite du PIB chute à 75. Le salaire réel s’élève maintenant
sociaux ont augmenté mais les salaires sont demeurés les à 20 $ l’heure. Le salaire nominal étant de 15 $ l’heure et
mêmes. l’indice implicite du PIB de 75, il est possible d’acheter
Cette situation persistera jusqu’à ce que le produit autant de biens et de services que le permettrait un
marginal du travail recommence à augmenter et que la salaire nominal de 20 $ l’heure lorsque l’indice implicite
courbe de demande de travail se remette à se déplacer du PIB est de 100.
vers la droite. La figure 13.9 présente le marché du travail à court
terme pour les trois différents niveaux de prix que nous
venons de considérer. La courbe de demande de travail
est identifiée par les lettres DT, et la courbe d’offre de
À RETENIR
travail par les lettres OT. Le salaire nominal est fixé à 15 $
1 heure et, plus le niveau des prix est élevé, plus le salaire
Il y a équilibre à long terme du marché du travail
réel est bas. Les points b, cet dindiquent la quantité de
lorsque la quantité de travail demandée et la quantité
travail demandée pour les trois niveaux de salaires réels.
de travail offerte sont égales (et que le chômage est à
Si le niveau des prix est de 75, le salaire réel est de 20 $
son taux naturel).
l’heure, et la quantité de travail demandée de 20 mil¬
Dans l’équilibre à long terme, une quantité donnée de liards d’heures par année (point b). S’il est de 100, le
PIB réel peut être produite — le PIB potentiel — peu
importe le niveau des prix.
Supposons maintenant que le salaire nominal de¬ 25 milliards d’heures. L’économie se situe au point c. Si l’indice
meure a 15 $ 1 heure et que l’indice implicite du PIB implicite du PIB est de 75, le salaire réel est de 20$ l’heure, et la
grimpe à 150. Dans ce cas, le salaire réel chute à 10$ quantité de travail utilisée de 20 milliards d’heures. L’économie se
1 heure. LJn salaire nominal de 15 $ l’heure combiné à un situe au point b. Si l’indice implicite du PIB est de 150, le salaire
indice implicite du PIB de 150 permet d’acheter autant réel sera de 10$ l’heure, et la quantité de travail utilisée de 30 mil¬
de biens et de services qu’un salaire nominal de 10$ liards d’heures. L’économie se trouve alors au point d.
salaire réel est de 15 $ l’heure, et la quantité de travail conséquent, l’emploi et le PIB réel changent aussi. La
demandée de 25 milliards d’heures par année (point c). courbe d’offre agrégée à court terme a une pente positive.
Enfin, s’il est de 150, le salaire réel est de 10$ l’heure, et La figure 13.10 illustre comment on obtient la
la quantité de travail demandée de 30 milliards d’heures courbe d’offre agrégée à court terme. Le graphique (a)
par année (point d). montre le marché du travail. Les courbes de demande et
Nous pouvons constater que, lorsque le niveau des d’offre illustrées sont exactement les mêmes que celles de
prix s’accroît et que le salaire nominal est fixe, le salaire la figure 13.7. L’équilibre à long terme est atteint lorsque
réel chute et la quantité de travail demandée augmente. le salaire réel est de 15 $ l'heure et que le niveau d’emploi
Quels sont donc les facteurs qui déterminent la quantité est de 25 milliards d’heures.
de travail effectivement utilisée ? Analysons d’abord la partie (a). Les trois niveaux
d’équilibre à court terme du salaire réel et de l’emploi
L’inflexibilité du salaire nominal et l’emploi II existe sont les mêmes que ceux que nous avons étudiés à la
plusieurs façons de déterminer le niveau d’emploi lorsque figure 13.9. Le salaire nominal est fixé à 15 $ l’heure.
le salaire réel n’est pas à son niveau de plein emploi. Nous Si le niveau des prix est de 100, le salaire réel est égale¬
adopterons ici l’hypothèse la plus répandue, selon laquelle ment de 15 $ l’heure, et la quantité de travail utilisée de
ce sont les entreprises qui décident du niveau d’emploi et 25 milliards d’heures (point c). S’il est de 75, le salaire réel
les ménages qui fournissent la quantité de travail nécessaire est de 20 $ l’heure, et l’emploi de 20 milliards d’heures
à condition que les employeurs paient les salaires nomi¬ (point b). S’il correspond à 150, le salaire réel est de 10$
naux sur lesquels les parties se sont entendues. Ceci revient l’heure, et l’emploi de 30 milliards d’heures (point d).
à dire que, à court terme, les ménages sont prêts à « quitter Le figure 13.10 (b) présente la fonction de produc¬
temporairement » leurs courbes d’offre de travail. tion. D’après le marché du travail (partie a), nous savons
Dans la figure 13.9, à un salaire nominal de 15 $ que, à des niveaux de prix différents, des quantités dif¬
l’heure et à un niveau de prix effectif de 75, le niveau férentes de travail sont utilisées. La partie (b) indique le
d’emploi effectif est de 20 milliards d’heures (point b). PIB réel pour chacun des niveaux d’emploi. Par exemple,
Toutefois, à 20 $ l’heure, les ménages souhaiteraient tra¬ lorsque l’emploi est de 20 milliards d’heures, le PIB réel
vailler 30 milliards d’heures par année (d’après la courbe est de 741 milliards de dollars (point b). Lorsqu’il est de
d’offre de travail), mais ne peuvent le faire parce que c’est 25 milliards d’heures, le PIB réel atteint 830 milliards de
l’employeur qui décide du niveau d’emploi. Par ailleurs, dollars (point c). Finalement, lorsqu’il se situe à 30 mil¬
lorsque le salaire nominal est fixé à 15 $ l’heure et que liards d’heures, le PIB réel est de 891 milliards de dollars
le niveau de prix effectif est de 150, le salaire réel est (point d).
de 10$ l’heure, et l’emploi de 30 milliards d’heures La figure 13.10 (c) illustre la courbe d’offre agrégée
(point d). À 10$ l’heure, les ménages préféreraient tra¬ à court terme. Elle présente aussi la courbe d’offre agré¬
vailler 20 milliards d’heures par année. Dans ce cas, ils gée à long terme (OALT), courbe qui est exactement la
travailleraient un plus grand nombre d’heures qu’ils ne même que celle de la figure 13.8 (c). Nous obtenons la
le souhaitent. courbe d’offre agrégée à court terme (OACT) à partir du
Nous pouvons facilement comprendre pourquoi marché du travail et de la fonction de production. Pour
les gens en arrivent à travailler un moins grand nombre savoir comment, observons d’abord le point b dans les
d’heures qu’ils ne le souhaitent. Mais pourquoi tra¬ trois parties de la figure. Au point b, le niveau des prix
vailleraient-ils plus d’heures qu’ils ne le désirent ? À long atteint 75- D’après le marché du travail (partie a), nous
terme, ils ne le feraient pas. Cependant, à court terme, savons que, lorsque le niveau des prix est de 75, le salaire
soit pendant la durée du contrat salarial qui lie les par¬ réel est de 20 $ l’heure, et la quantité de travail utilisée
ties, il est très probable que les gens acceptent de tra¬ de 20 milliards d’heures. À ce niveau d’emploi, d’après
vailler le nombre d’heures exigé par leur employeur. Ce la fonction de production (partie b), le PIB réel est de
dernier place l’employé devant un choix « à prendre ou à 741 milliards de dollars. C’est ce que nous indique le
laisser» : travailler le nombre d’heures exigé ou se trou¬ point b sur la courbe OACT (partie c) — lorsque le
ver un autre emploi. niveau des prix est de 75, la quantité offerte de PIB réel
atteint 741 milliards de dollars. Nous obtenons de la
même manière les points cet <afde la courbe OACT. Par
La courbe d’offre agrégée exemple, au point d, le niveau des prix s’élève à 150 ;
FIGURE 13.10
o
o 175 OALT OACT
h
CN
O
o 150
0Ci
cü 125
û_
"O
(ÿ 100
"o.
£
a.
50
La courbe d offre agrégée à court terme croise la le niveau des prix augmente, le PIB réel s’accroît, mais
courbe d offre agrégée à long terme au niveau des prix selon des quantités de plus en plus faibles. La fonction
qui entraîne le salaire réel d’équilibre à long terme. À la linéaire OACT que nous utilisons normalement lorsqu’il
figure 13.10 (c), ce niveau de prix est de 100. (Le niveau y a de légères variations du PIB réel est une approxima¬
des prix d’équilibre à long terme pour un salaire nominal tion de la courbe d’offre agrégée à court terme.
donné ne correspond pas nécessairement à 100.) À un
niveau de prix supérieur à 100, la quantité offerte de PIB
réel est supérieure au PIB potentiel; à un niveau de prix Les déplacements de la courbe
inferieur à 100, la quantité offerte de PIB réel est infé¬ d’offre agrégée à court terme
rieure au PIB potentiel.
Il-est à noter que la courbe d’offre agrégée à court La courbe d’offre agrégée à court terme peut se déplacer
terme de la figure 13.10 n’est pas linéaire. À mesure que pour deux raisons :
339
L’offre agrégée À court terme
■ une variation de l’offre agrégée à long terme, par les déplacements de la courbe de demande agrégée.
■ une variation du salaire nominal. Une variation de tout facteur qui influe sur la demande
agrégée entraîne un déplacement de la courbe correspon¬
Une variation de l’offre agrégée à long terme Tous dante et crée un mouvement le long de la courbe OACT.
les facteurs qui font déplacer la courbe d’offre agrégée Le PIB réel et le niveau des prix varient, et ce, dans la
à long terme font également déplacer la courbe d’offre même direction. Une augmentation de la demande agré¬
agrégée à court terme. Autrement dit, si le PIB potentiel gée provoque une hausse du PIB réel et du niveau des
augmente, la quantité offerte de PIB réel s’accroît à tous prix; une diminution de la demande agrégée entraîne
les niveaux de prix. L’offre agrégée à long terme et l’offre une baisse du PIB réel et du niveau des prix.
agrégée à court terme augmentent toutes deux.
Une des caractéristiques principales de la courbe
OACTest quelle croise la courbe OALTa un niveau
de prix qui entraîne l’égalité entre le salaire réel et son
à R E TENIR
niveau d’équilibre à long terme. Donc, si la courbe
d’offre agrégée à long terme se déplace, la courbe OACT
se déplace aussi. Ainsi, la nouvelle courbe OACT croisera L’offre agrégée à court terme est la relation entre la
la nouvelle courbe OALTau niveau de prix qui assurera quantité offerte de PIB réel et le niveau des prix
l’égalité entre le salaire réel et son nouvel équilibre à long lorsque le salaire nominal et tous les autres facteurs
terme. qui influent sur la production demeurent constants.
i
La productivité
d(îs employés de
bureau est-elle
Les faits
faible ou élevée? EN BREF
chacun.
ÏÏÏÏS
%
1995,
Analyse
É C O N O I Q U E
mesurer la productivité d’un mande de services, ce qui a firme Daniel Stamp, la produc¬
col blanc et d’un col bleu sur provoqué un accroissement tivité des travailleurs (mesurée
une période de 10 ans, soit des emplois dans ces secteurs par le produit marginal) s’est
Points clés
potentiel. La courbe d’offre agrégée à long terme est ver¬
ticale parce que le PIB potentiel n’est pas touché par les
La productivité du travail et le PIB réel Au fur et à variations du niveau général des prix. L’offre agrégée à
mesure que les heures de travail augmentent, le PIB réel long terme s’accroît si la productivité ou l’offre de travail
s accroît mais selon un produit marginal décroissant. augmente, (p. 333-336)
QUESTIONS DE RÉVISION
1. Qu’est-ce que la productivité du travail ? Pourquoi 7. Expliquez pourquoi la courbe d’offre agrégée
le produit marginal du travail est-il décroissant ? à long terme n’est pas influencée par le niveau
2. Si, cette année, la fonction de production se des prix.
déplace du même montant que celui qui est 8. Quels sont les effets à long terme sur le marché du
indiqué à la figure 13.2, comment le produit travail lorsque les progrès technologiques font aug¬
marginal du travail évolue-t-il ? menter le produit marginal du travail ?
3. Expliquez pourquoi la courbe de demande
9. Par rapport à la question n° 8, dites ce qu’il advient
de travail a une pente négative.
de l’offre agrégée à long terme.
4. Selon votre réponse à la question n° 2, diriez-vous
10. Qu’advient-il du salaire réel lorsque le salaire nomi¬
que la courbe de demande de travail s’est déplacée
nal est fixe et que le niveau des prix varie ?
au cours de l’année ? Si oui, dans quelle direction et
dans quelle proportion? 11. Lorsque le niveau des prix augmente et que le
5. Pourquoi le taux d’activité de la main-d’œuvre salaire nominal est fixe, la quantité offerte de PIB
croît-il au fur et à mesure que le salaire réel aug¬ réel augmente. Pourquoi en est-il ainsi ?
ANALYSE CRITIQUE
1. En vous reportant à l’article de la rubrique «Entre secondaire révélait que les résultats obtenus par les
les lignes» (p. 340), répondez aux questions sui¬ étudiants canadiens étaient dans la moyenne et que
vantes concernant la productivité des cols blancs ceux obtenus par les étudiants de Singapour, du
au Canada : Japon et d’autres pays asiatiques étaient supérieurs
a) Comment pouvons-nous mesurer la producti¬ à la moyenne. Quelles sont les conséquences de
vité d’un préposé au traitement de texte? Quel cette observation sur la productivité du travail et
est l’instrument de mesure approprié pour l’offre agrégée à court et à long terme ?
comparer la productivité des préposés au trai¬ 3. Supposons que le système scolaire ait la possibilité
tement de texte à celle d’autres travailleurs ? de mettre un ordinateur personnel à la disposition
b) Quelle est la mesure appropriée pour déter¬ de chaque étudiant pour l’apprentissage de l’infor¬
miner la demande de préposés au traitement matique. Comment cette mesure se répercuterait-
de texte ? elle sur le marché du travail et l’offre agrégée ?
c) Expliquez l’évolution de la productivité des 4. Les préoccupations environnementales ont entraîné
cols blancs et des cols bleus au cours de la une réglementation plus sévère en matière de pollu¬
décennie 1985-1995. tion. Quelles sont les conséquences de cette régle¬
d) Quelles sont les principales raisons qui mentation sur l’offre agrégée et les salaires réels ?
expliquent les changements de la demande 5. Le marché mondial est davantage concurrentiel et
de cols blancs et de cols bleus entre 1985 on produit de plus en plus de biens dans les pays en
et 1995? voie de développement, où le niveau de salaire est
e) Étant donné la situation du marché du travail faible. Quelles sont les conséquences de cet état de
canadien en 1995, quelles sont, d’après vous, fait sur le marché du travail et l’offre agrégée au
les mesures économiques que le gouvernement Canada ?
ou la Banque du Canada, ou encore les deux, 6. Au Canada, le niveau des prix s’est stabilisé à la
auraient pu adopter ? Expliquez votre réponse. suite de la politique anti-inflationniste adoptée par
2. Récemment, un test international de mathéma¬ la Banque du Canada. Quelles sont les conséquen¬
tiques et de sciences à l’intention des étudiants du ces engendrées sur le marché du travail canadien?
344
Chapitre 13 L’offre agrégée à long et à court terme
1 38
2 54
3 68
Quantité de Quantité de
Salaire travail travail
réel demandée offerte
(en dollars de 1992 (en millions d’heures (en millions d’heures
par heure) par année) par année)
3 9 3
5 8 4
7 7 5
9 6 6
11 5 7
Travail (en millions d'heures par année)
13 4 8
a) Lorsque cette économie se trouve à l’équilibre 15 3 9
de plein emploi, combien d’heures de travail 17 2 10
sont utilisées ?
b) À l’aide de ce graphique et de celui du pro¬ a) À long terme, combien d’heures de travail
blème n° 1, déterminez le PIB potentiel de utilisera-t-on ? Quel sera le salaire réel ?
cette économie.
b) Si l’indice implicite du PIB est de 120, quel est
c) Quelle est l’offre agrégée à long terme de le salaire nominal ?
l’économie d’Utopia? c) Calculez le PIB potentiel de cette économie.
d) Lindice implicite du PIB augmente de 50 %. d) Si l’indice implicite du PIB chute de 50 %,
Quel est, à long terme, le salaire réel ? le salaire combien d’heures de travail seront utilisées ?
nominal ? le PIB potentiel ? Quel sera le PIB réel offert?
3. Dans le problème n° 2, à court terme, le salaire e) Déterminez trois points de la courbe d’offre
nominal est fixé à 15 $ l’heure. Si l’indice implicite agrégée à court terme de cette économie lors¬
du PIB augmente de 25 %, que le salaire nominal est fixé à 7,50$ l’heure.
es salaires
omage
Mi
canadienne avec l’intérêt du médecin pour les signes vitaux d’un patient. Comment
eux sont-ils mis a pied ou quittent-ils volontairement leur emploi pour en trouver un
meilleur ? Quelle est la durée moyenne des périodes de chômage : quelques jours,
quelques semaines ou plusieurs mois ? Cette durée varie-t-elle au cours du cycle écono¬
mique ? ♦ Vous savez sans doute que les jeunes sont beaucoup plus touchés par le chô¬
mage que les personnes plus âgées. Pourquoi le chômage n’est-il pas «partagé» plus
équitablement entre les groupes d âge ? ♦ De mois en mois, nous surveillons aussi l’évo¬
record. Que nous révèle cet indicateur vital sur la santé de l’économie canadienne? ♦ Au
Canada, en 1998, la population active a augmenté de 415 600 personnes. Bon an mal
an, elle augmente de plus de 235 000 personnes. L’augmentation des emplois dispo¬
nombre d’heures travaillées et les salaires versés sont également des indicateurs de la santé
niveau d’emploi ? La plupart des nouveaux emplois sont-ils à temps partiel ? S’agit-il
Dans ce chapitre, vous allez constater que l’économie canadienne a créé des millions
d emplois, dont certains offrent des salaires et des avantages sociaux des plus intéressants.
Vous verrez aussi qu’il y a de graves problèmes au chapitre de l’emploi. Dans la plupart
des cas, le rythme d augmentation des salaires a ralenti; très souvent, les salaires ont
baissé. C est donc que la répartition des emplois a changé et que l’écart entre les salaires
est désormais plus grand. Commençons par étudier les indicateurs clés du marché du
FIGURE 14.2
O
I 70 • 30
>
O
4-
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Année
Le taux d’activité de la main-d’œuvre, le taux d’emploi, le taux de d’emploi présente les plus fortes fluctuations, reflétant les varia¬
chômage et le taux de travail à temps partiel involontaire sont des tions cycliques du taux de chômage. Le taux d’activité de la main-
indicateurs des conditions du marché du travail. Le taux d’activité d’œuvre fluctue en fonction du nombre de travailleurs découragés.
de la main-d’œuvre et le taux d’emploi ont enregistré des ten¬ Le taux de chômage et le taux de travail à temps partiel involon¬
dances à la hausse et évoluent selon le cycle économique. Le taux taire évoluent dans le même sens que le cycle économique.
Source : Historical Statistics of Canada, 2e édition, séries D220, D138, DI 39 et D233, 1983 ; Statistique Canada, CANSIM, séries D980778, D980799, D980745 et D778678, mai 1998.
recherche d’un emploi; ces va-et-vient font fluctuer le Pourquoi le taux d’activité de la main-d’œuvre et le
taux d’activité de la main-d’œuvre. L’ampleur des fluc¬ taux d’emploi ont-ils augmenté ? La principale explica¬
tuations du taux d’activité de la main-d’œuvre donne tion tient à l’augmentation du nombre de femmes dans
une estimation du nombre de travailleurs découragés. la population active. La figure 14.3 présente ce phéno¬
L’évolution du taux d’emploi (ligne verte; valeur mène. Entre I960 et 1998, le taux d’activité de la main-
mesurée sur l’échelle de gauche) indique si la population d’œuvre féminine est passé de 28,2 % à 57,3 %. De plus
occupée augmente ou diminue par rapport à la popula¬ en plus de femmes font des études poussées et, si tous les
tion en âge de travailler. Le taux d’emploi a augmenté, autres facteurs étaient constants, cette tendance devrait
passant de 50 % au début des années 1960 à 60 % au entraîner une diminution du taux d’activité de la main-
début des années 1990. Le graphique de la figure 14.2 d’œuvre féminine. Cependant, tous les autres facteurs
montre une baisse appréciable de ce taux lors de la réces¬ sont loin d’être constants. Des heures de travail plus
sion de 1992 : il est passé d’un sommet de 60,5 % en courtes, une productivité accrue et une croissance des
1989 à un creux de 57,1 % en 1992. La reprise écono¬ emplois dans le secteur des services ont élargi les pers¬
mique amorcée en 1993 lui a permis de reprendre son pectives d’emploi et de salaire pour les femmes. Paral¬
mouvement à la hausse et il avoisinait les 59 % à la fin lèlement, le progrès technologique a accru la productivité
de 1998. Le fait que le taux d’emploi se soit accru entre du travail domestique et libéré les femmes de plusieurs
I960 et 1998 signifie que l économie canadienne a créé tâches qui les éloignaient du marché du travail.
des emplois à un taux plus rapide que le taux de crois¬ La figure 14.3 illustre également un autre fait mar¬
sance de la population en âge de travailler. Le graphique quant concernant la main-d’œuvre canadienne : les taux
révèle également que les fluctuations du taux d emploi d’activité et d’emploi des hommes ont diminué. Entre
suivent assez fidèlement, mais en sens opposé, celles du I960 et 1998, le taux d’activité de la main-d’œuvre
taux de chômage. En effet, contrairement au taux de chô¬ masculine est descendu de 80 % à 71 %. Cette chute
mage, le taux d’emploi diminue durant les périodes de s’explique par le fait que de plus en plus d’hommes pro¬
récession et augmente durant les périodes d’expansion. longent leurs études, prennent une retraite hâtive ou se
35°
Chapitre 14 L’emploi, les salaires et le chômage
FIGURE 14.3
a>
■o
<D
a>
o
c
0)u
k.
D
O
Û.
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
Année
spécialisent dans la production domestique, autrefois travaillées est le nombre d’heures travaillées au cours
presque exclusivement réservée aux femmes. d’une année par l’ensemble des personnes occupées, que
ce soit à temps partiel ou à temps plein.
Le graphique 14.4 (a) illustre la somme des heures
La somme des heures travaillées travaillées dans l’économie canadienne de I960 à 1998.
Comme le taux d’emploi, la somme des heures travaillées
Les quatre indicateurs du marché du travail que nous connaît une tendance à la hausse, mais l augmentation
venons d’examiner sont fort utiles pour apprécier la santé n’est pas proportionnelle à l’augmentation du nombre
économique d’un pays, car ils mesurent directement ce de travailleurs: entre I960 et 1998, le nombre de tra¬
qui est le plus important pour les gens: l’emploi. Cepen¬ vailleurs dans l’économie canadienne a augmenté de
dant, ils n’indiquent pas la quantité de travail utilisée 140 % tandis que la somme des heures travaillées ne s’est
pour produire le PIB, et ne permettent pas de calculer la accrue que de 102,5 %. À quoi doit-on attribuer cette
productivité du travail, un facteur important, car il influe différence ? À la diminution des heures moyennes de
sur les salaires que nous gagnons. travail par personne.
Le nombre de personnes employées ne mesure pas la Le graphique 14.4 (b) présente les heures hebdo¬
quantité de travail utilisée parce que les emplois ne sont madaires moyennes par travailleur : alors qu’elles oscil¬
pas tous identiques. Certains emplois ne représentent laient autour de 40 par semaine au début des années
que quelques heures de travail par semaine (emplois à 1960, elles sont tombées à 34,0 en 1982. Elles sont alors
temps partiel), d’autres impliquent un travail à temps demeurées relativement stables jusqu’en 1987. Entre
plein et d’autres encore des heures de travail supplémen¬ 1987 et 1989, elles ont légèrement augmenté, pour re¬
taires, et ce, sur une base régulière. Ainsi, un dépanneur venir à 34,2 heures par semaine en 1994. Cette dimi¬
peut embaucher 6 étudiants qui travaillent chacun nution de la semaine de travail moyenne a été causée en
3 heures par jour, tandis qu’un autre dépanneur em¬ partie par la diminution des heures moyennes travaillées
ploiera 2 employés à temps plein qui travaillent chacun des employés à temps plein, mais surtout par la crois¬
9 heures par jour. Ces deux dépanneurs emploient en sance plus rapide du nombre d’emplois à temps partiel
tout 8 personnes, mais, 6 de ces employés n’accomplis¬ que du nombre d’emplois à temps plein.
sent pas la même somme de travail que les 2 autres. Pour Les fluctuations de la somme des heures travaillées et
déterminer la somme de travail utilisée pour produire des heures moyennes par personne sont fonction du cycle
le PIB, on mesure le travail en nombre d’heures plutôt économique. La figure 14.4 montre que, durant les deux
qu’en nombre de travailleurs. La somme des heures dernières récessions, la somme des heures travaillées ainsi
3îi
L’emploi et les salaires
Année
I 32 • • • • • • • • • •
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
Année
manière plus précise que le nombre de travailleurs la quantité de ■ Salaire horaire moyen dans le secteur manufacturier
travail utilisée pour produire le PIB réel, car bon nombre d em¬
plois sont à temps partiel, et une proportion de plus en plus im¬ Le salaire réel horaire moyen a eu une progression plus rapide
portante des emplois sont à temps partiel. Les fluctuations de la dans l’ensemble de l’économie que dans le secteur manufacturier.
somme des heures travaillées suivent celles du cycle économique. Avant 1965, les industries manufacturières offraient même de
La somme des heures travaillées a augmenté à un rythme plus lent meilleurs salaires que les autres secteurs d’activité de l’économie.
que le nombre d’emplois parce que la semaine de travail moyenne L’évolution des deux mesures utilisées reflète un ralentissement
de la croissance de la productivité au cours des années 1970.
a diminué — graphique (b).
Source : Statistique Canada, CANSIM, mai 1999 ; Historical Statistics of Canada, Source: Statistique Canada, CANSIM, mai 1999 ; Historical Statistics of Canada,
2e édition, 1983.
2‘ édition. 1983.
35*
Chapitre 14 L’emploi,les salaires et le chômage
Le taux de chômage, le taux de travail à temps partiel joignent pour la première fois à la population active ou
involontaire, le taux d’activité de la main-d’œuvre et le qui la réintègrent sont appelées respectivement nouveaux
taux d’emploi permettent de mesurer la performance venus et personnes qui réintègrent la population
du marché du travail. active. Les nouveaux venus sont principalement les per¬
sonnes qui viennent de quitter l’école. Certains d’entre
Le taux d’activité de la main-d’œuvre et le taux d’em¬
eux se trouvent immédiatement un emploi et ne connais¬
ploi ont connu une tendance à la hausse et fluctuent
sent jamais le chômage, mais de nombreux autres con¬
selon le cycle économique.
sacrent une bonne partie de leur temps à la recherche
Le taux d’activité de la main-d’œuvre féminine a aug¬ d’un premier emploi; durant cette période, ils sont con¬
menté, mais celui de la main-d’œuvre masculine a sidérés comme chômeurs. La plupart des personnes qui
diminué.
réintègrent la population active étaient des travailleurs
La somme des heures travaillées n’a pas augmenté pro¬ découragés. La figure 14.6 illustre ces flux sur le marché
portionnellement au nombre de travailleurs parce que du travail.
la semaine de travail moyenne a diminué. Voyons maintenant quelle proportion de chômeurs
■ Les salaires horaires moyens ont augmenté, mais leur produit chacune des trois situations qui mènent au
chômage.
taux de croissance a diminué avec le ralentissement de
la croissance de la productivité des années 1970.
Les situations qui mènent au chômage La fi¬
Nous avons vu que, au cours de la période étudiée, gure 14.7 présente le taux de chômage selon la situa¬
le nombre d’emplois a augmenté tandis que le niveau tion dont il découle. Les personnes licenciées repré¬
d’emploi et le taux de chômage ont fluctué selon le cycle sentent la plus importante proportion des chômeurs,
économique. Nous allons maintenant examiner plus et leur nombre fluctue considérablement. Durant la
attentivement le chômage. récession 1990-1991, sur un total de 1,6 million de
353
Le chômage et le plein emploi
Pourcentage
de la population
active
apulatio
nt'ri inoo
uiiupcc
Personnes
,4 k.
Personnes qui
A
V
r P opulatio
. etî chôma;
k
V ▼
Nouveaux venus et
Travailleurs 000 0 0 0 0 0
personnes qui 0-
découragés 1975 1980 1985 1990 1995 2000
« réintègrent 0
Année
la population active
\A r
Nouveaux
venus et Une personne est au chômage parce qu’elle a été licenciée, parce
personnes qu
Piopulatic qu’elle a démissionné ou encore parce qu’elle intègre ou réintègre
réintègrent
L
la population inactive la population active. Les licenciements sont la principale situation
active
qui mène au chômage; leurs fluctuations sont plus étroitement
L. A
chômeurs, plus de 1 million étaient des personnes respondent au cycle économique ; un nombre légèrement
licenciées, alors qu’en 1989, au sommet du dernier plus élevé de personnes quittent volontairement leur
cycle économique, sur 1 million de chômeurs, moins emploi lorsque la situation économique est favorable.
de 500 000 étaient des personnes licenciées.
Les nouveaux venus et les personnes qui réintègrent La durée du chômage Certaines personnes chôment
la population active constituent une catégorie importante une ou deux semaines; d’autres, un an et plus. La durée
de chômeurs; représentant à tout moment environ moyenne du chômage varie selon les diverses phases du
2,6 % de la population active, les chômeurs de ce type cycle économique. La figure 14.8 compare certaines des
étaient au nombre de 400 000 en 1998). caractéristiques de la durée du chômage pour 1989 et
Les démissions, ou départs volontaires, représentent 1992. En 1989, le taux de chômage se situait à son plus
la proportion la plus faible et la plus stable des chômeurs. bas niveau au cours du cycle économique, soit à 7,5 %;
À tout moment, environ 1,2 % de la population active cette année-là, 31 % des chômeurs se sont trouvé un
(200 000 personnes en 1998) est en chômage pour cause emploi en l’espace de 4 semaines, et 39 % ont mis plus
de départ volontaire. Le nombre de démissions est rela¬ de 13 semaines à y parvenir. En 1992, le taux de chô¬
tivement constant et, le cas échéant, les fluctuations cor¬ mage a atteint son plus haut niveau au cours du cycle,
354
Chapitre 14 L’emploi,les salaires et le chômage
4 semaines et moins
5 à 1 3 semaines
20 à 24 ans
• •••••
0 10 20 30 40 50
En pourcentage des chômeurs
0 5 10 15 20 25
1989 Taux de chômage par groupes d'âge
| 1992
1989
mage avait atteint son plus bas niveau), pour 3 I % des chômeurs,
le chômage avait une durée de 4 semaines ou moins; pour 28 %,
une durée de 5 à 13 semaines; pour les 39 % restants, une durée Les jeunes de 15 à 19 ans sont ceux qui connaissent le taux de
de 14 semaines ou plus. En 1992, au creux de la récession (lorsque chômage le plus élevé. Au creux de la récession de 1992 (lorsque
le chômage avait atteint son plus haut niveau), pour 25 % des le chômage était à son plus haut niveau), le taux de chômage
chômeurs, le chômage avait une durée de 4 semaines ou moins; chez les jeunes était de 20 %. Même au plus fort de la reprise
pour 26 %, une durée de 5 à 13 semaines; pour les 49 % restants, économique de 1989 ( lorsque le chômage était à son plus bas
une durée de 14 semaines ou plus. niveau), il avait été relativement élevé, soit I 3 %.
Source: Statistique Canada, CANSIM, mai 1999. Source . Statistique Canada, CANSIM, mai 1999.
soit plus de 11 % ; cette année-là, seulement 25 % des élevé dans le groupe d’âge des 15-19 ans qu’il ne l’est
chômeurs se sont trouvé un emploi en 4 semaines ou pour d’autres catégories de personnes. Troisièmement,
moins, alors que 49 % ont mis 14 semaines ou plus la plupart des personnes faisant partie du groupe des
à y parvenir. 15-19 ans ne se trouvent pas dans la population active,
car ils fréquentent l’école. Si l’on comptait les étudiants
Les données démographiques sur le chômage parmi les « personnes employées », le taux de chômage
La figure 14.9 présente le chômage pour différents des jeunes serait beaucoup moins élevé qu’il ne l’est
groupes d âge. Elle montre que le taux de chômage actuellement. Quatrièmement, la rapidité du progrès
est particulièrement élevé chez les jeunes travailleurs. technologique fait en sorte que, de nos jours, il est plus
Au creux de la récession de 1992, le taux de chômage difficile que jamais pour une personne peu scolarisée
chez les 15-19 ans était de 20 %. Même au plus fort de de se trouver un emploi. Ainsi, il est particulièrement
la reprise économique de 1989 (lorsque le chômage était ardu pour les personnes qui abandonnent leurs études
à son plus bas niveau), il avait été relativement élevé, secondaires de se trouver du travail.
soit 13 %. Penchons-nous maintenant sur les divers types de
Pourquoi le taux de chômage chez les jeunes est-il si chômage.
élevé ? Quatre raisons expliquent cet état de fait. Première¬
ment, les jeunes sont à une période de leur vie où ils cher¬
chent à déterminer les domaines dans lesquels ils excellent Les types de chômage
et, pour ce faire, ils essaient différents types d’emplois.
Donc, ils changent plus fréquemment d’emploi que ne Selon les causes qui l’engendrent, on dira que le chômage
le font les travailleurs plus âgés. Deuxièmement, les entre¬ est de type :
prises" embauchent parfois les jeunes gens pour une brève ■ frictionnel,
période d’essai. Ainsi, le taux de licenciement est plus ■ structurel,
355
Le chômage et le plein emploi
Le marché du travail
O par rapport au prix quelles peuvent obtenir pour leur
production, elles sont incitées à augmenter leur produc¬
tion et à engager davantage de travailleurs. La quantité
de travail offerte augmente à mesure que le salaire réel
monte — la courbe d’offre de travail a une pente positive
— parce que les ménages cherchent à utiliser leur temps
de loisir de la manière la plus efficiente possible. Si le
salaire qu on leur offre monte par rapport au prix qu’ils
doivent payer pour les biens et services qu’ils achètent, ils
sont incités à travailler, même en grugeant sur leur temps
de loisir.
La demande et l’offre de travail interagissent pour
déterminer les niveaux d’emploi, de chômage et de
salaire réel. À la figure 14.11, à un niveau de salaire infé¬
rieur à 17,5 $ l’heure (par exemple, à 15 $ l’heure), il y
a une pénurie de travailleurs; les entreprises manquent
de main-d’œuvre et les gens se trouvent facilement un
emploi. Toutefois, cette situation ne dure pas. Puisqu’il
y a une pénurie de main-d’œuvre, le salaire réel monte
jusqu’au salaire d’équilibre, soit 17,5 $ l’heure.
À un salaire supérieur à 17,5 $ l’heure (par exemple,
La courbe de demande de travail (DT) présente la somme des à 20 $ l’heure), il y a un surplus de travailleurs ; les gens
heures travaillées que les entreprises ont l’intention d'utiliser à ont de la difficulté à se trouver un emploi et les entre¬
divers niveaux de salaire réel. La courbe d’offre de travail (OT) prises trouvent facilement la main-d’œuvre qu’elles
montre la somme des heures travaillées que les ménages sont veulent embaucher. Puisqu’il y a surplus de main-
prêts à offrir à divers niveaux de salaire réel. À l’équilibre, le salaire d’œuvre, le salaire réel descend jusqu’au salaire d’équi¬
réel se situe à 17,5 $ l’heure, et 25 milliards d’heures de travail libre, soit 17,5 $ l’heure.
sont utilisées. À un salaire supérieur à 17,5 $ l’heure, il y a un sur¬ A un salaire de 17,5 $ l’heure, la quantité de travail
plus de travail. À un salaire inférieur à 17,5 $ l’heure, il y a une demandée est égale à la quantité offerte. Il n’y a ni
pénurie de travail. pénurie ni surplus de travailleurs.
— --— ;——-
FIGURE 14.13
<D
0 13 15,1 18 21
Travail (en milliards d'heures par année)
(a) Secteur manufacturier (b) Secteur des services
Entre 1978 et 1998, la demande de travail a augmenté dans le sec¬ liards d’heures de travail. L’offre de travail a augmenté dans le
teur manufacturier — graphique (a) — et la courbe qui la secteur des services et la courbe qui la représente s’est déplacée
représente s’est déplacée de DT^g à DT98. Dans le secteur des ser¬ de OT78 à OT98. Les augmentations de la demande et de l’offre ont
vices — graphique (b) —, la demande de travail a augmenté et la fait croître l’emploi, qui est passé de 15,1 à 21 milliards d’heures de
courbe correspondante s’est déplacée de DT78 à DT98. Dans le travail dans le secteur des services. Cependant, puisque la demande
secteur manufacturier, l’offre de travail a diminué, passant de OT78 de travail a augmenté plus fortement que l’offre de travail, le salaire
à OT98. Le salaire réel est monté de 14,10 $ l’heure à 16,10 $ réel dans ce secteur est passé de 14,66 $ à 17,45 $ l’heure.
l’heure. L’emploi a légèrement augmenté, passant de 3,8 à 4,3 mil¬
emploi dans le secteur des services. Et, plus souvent L’analyse que nous venons de faire supposait que le
qu autrement, les gens qui avaient perdu leur emploi marché du travail se divise en deux grands secteurs. En
dans le secteur manufacturier cherchaient eux aussi réalité, la relocalisation sectorielle du travail s’effectue
un emploi dans le secteur des services. Par conséquent, entre plusieurs sous-secteurs. Ainsi, bien que le nombre
l’offre de travail dans l’industrie manufacturière a dimi¬ total d’emplois ait augmenté dans le secteur des services,
nué, tandis quelle a augmenté dans l’industrie des ser¬ certains emplois ont été supprimés ; par exemple, les
vices. La courbe d’offre s’est déplacée vers la gauche emplois de préposés à l’assistance-annuaire et de répara¬
jusqu’en OT98i dans le secteur manufacturier — gra¬ teurs de télévisions sont presque entièrement disparus.
phique (a) —, et vers la droite jusqu’en OTq8, dans le
secteur des services — graphique (b).
Dans le secteur manufacturier, le salaire réel est passé
de 14,10 $ l’heure en 1978 à 16,10 $ en 1998. Le nom¬ À RETENIR
bre d heures de travail utilisées dans ce secteur a légère¬
ment augmenté au cours de la même période ; il est passé ■ La courbe de demande de travail indique la quantité
de 3,8 milliards à 4,3 milliards. Sans la réduction de d’heures de travail que les entreprises ont l’intention
l’offre de travail dans le secteur manufacturier, le salaire d’utiliser à divers niveaux de salaire réel. Cette courbe
réel aurait connu une moins forte augmentation. Dans a une pente négative parce qu’une diminution du
le secteur des services, le salaire réel a augmenté, passant salaire réel incite les entreprises à accroître leur pro¬
de 14,66 $ 1 heure à 17,45 $ l’heure. Et le nombre duction et à embaucher davantage de main-d’œuvre.
d heures de travail utilisées s’est accru, passant de ■ La courbe d’offre de travail présente la quantité
15,1 milliards en 1978 à 20,1 milliards en 1998. d’heures de travail que les ménages sont prêts à offrir à
361
divers niveaux de salaire réel. Cette courbe a une Ainsi, ces trois types de chômage peuvent découler
pente positive parce qu’une hausse du salaire réel du fait que les personnes licenciées, celles qui ont démis¬
incite les ménages à travailler davantage. sionné, les nouveaux venus et les travailleurs qui réintè¬
■ La demande et l’offre de travail interagissent pour grent la population active ne connaissent pas tous les
déterminer le niveau d’emploi et le salaire réel. emplois disponibles et, de ce fait, doivent prendre un cer¬
tain temps à chercher un emploi qui leur convienne. La
■ Entre 1960 et 1998, le salaire réel et l’emploi ont aug¬
durée moyenne d’une recherche d’emploi varie selon le
menté parce que la demande de travail a augmenté
cycle économique. Lorsqu’il y a peu de changements struc¬
plus rapidement que l’offre.
turels et que l’économie est en pleine reprise, la recherche
Nous venons d’étudier les principales tendances de est de courte durée et le taux de chômage est faible. Par
l’emploi et des salaires, et de constater l’utilité du modèle contre, lorsque les changements structurels se succèdent
de demande et d’offre dans l’analyse de ces tendances. rapidement et que l’économie est en récession, la durée de
Nous allons maintenant nous pencher sur les causes du la recherche augmente et le taux de chômage augmente.
chômage. Les activités de recherche d’emploi varient selon le
cycle économique, mais également pour d’autres raisons,
notamment :
■ les changements démographiques,
Les causes du chômage ■ les prestations d’assurance-emploi,
■ le progrès technologique,
_ Nous AVONS DÉCRIT LES SITUATIONS QUI MÈNENT
les gens au chômage — licenciements, démissions, inté¬ ■ la mondialisation des échanges.
structurel, saisonnier et cyclique. Mais ni cette descrip¬ tion de la population en âge de travailler entraîne une
tion ni cette typologie ne nous expliquent les causes de hausse du taux d’entrée dans la population active et un
ce phénomène omniprésent, causes qui sont au nombre accroissement du taux de chômage. Au Canada, ce fac¬
teur a joué un rôle important sur le marché du travail ces
de trois :
dernières années. Le baby-boom de l’après-guerre — fin
■ la recherche d’emploi,
des années 1940 et début des années 1950 — a accru le
■ le rationnement des emplois, nombre de nouveaux venus sur le marché du travail dans
■ la rigidité des salaires. les années 1970, ce qui a entraîné une augmentation du
taux de chômage.
Avec la diminution du taux de natalité, cette masse
La recherche d’emploi de population s’est déplacée vers le haut dans la pyramide
des âges, et le nombre de nouveaux venus a diminué
La recherche d’emploi est l’activité par laquelle les gens durant les années 1980. Au cours de cette période, le
cherchent, parmi les postes vacants, un emploi qu’ils taux de chômage naturel a baissé.
trouveraient acceptable. Le marché du travail est en cons¬
tante évolution. Des entreprises font faillite, d autres Les prestations d’assurance-emploi La durée d une
voient le jour; de nouvelles techniques apparaissent et de recherche d’emploi dépend, du moins en partie, de son
nouveaux marchés émergent ; des emplois se créent et coût d’opportunité. Si une personne ne perçoit pas de
d’autres disparaissent. Dans ce processus, certaines per¬ revenu pendant une période de chômage, le coût d’op¬
sonnes perdent leur emploi, d’autres se joignent pour la portunité de la recherche d’emploi est élevé. Celle-ci
première fois à la population active ou la réintègrent, et sera alors sans doute de courte durée, car le chômeur
d’autres encore quittent leur emploi pour en trouver un acceptera probablement un emploi moins intéressant
meilleur ou prennent leur retraite. Ce roulement cons¬ pour mettre fin à une recherche d’emploi fort coûteuse.
tant sur le marché du travail signifie qu’il y a toujours des Par contre, si les prestations d’assurance-emploi sont
gens à la recherche d’un emploi — les chômeurs. Il y a élevées, le coût d’opportunité de la recherche d’emploi
recherche d’emploi même lorsque la quantité de travail est minime; la recherche se prolongera, le chômeur ayant
demandée est égale à la quantité offerte, car certaines les moyens d’attendre l’emploi idéal.
personnes n’ont toujours pas trouvé de travail et certains Au Canada, entre 1970 et 1980, le programme
postes n’ont toujours pas été comblés. d’assurance-chômage est devenu plus accessible ; en outre,
La recherche d’emploi explique le chômage friction¬ à plusieurs reprises, on a augmenté la durée et le montant
nel, structurel et cyclique. Il n’existe pas de relation sim¬ des prestations. Le coût d’opportunité de la recherche
ple entre les types de chômage et leurs causes. Chacune d’emploi a donc baissé et le taux de chômage naturel a
des causes du chômage explique, dans une certaine grimpé. Le nouveau programme canadien d’assurance-
mesure, tous les types de chômage. emploi a eu pour effet d’arrêter et même de renverser la
3 6z
Chapitre 14 L’emploi, les salaires et le chômage
tendance des années 1970 et 1980. En effet, la réforme de Le rationnement des emplois
1996 a réduit la couverture du régime et le montant des
prestations aux chômeurs. Par conséquent, le coût d’op¬ Le rationnement des emplois consiste à verser un salaire
portunité de la recherche d’emploi a augmenté et on qui créera une offre de travail excédentaire et une pénurie
prévoit une diminution du taux de chômage naturel. d emplois. Les trois raisons pour lesquelles on rationne
les emplois sont les suivantes :
Le progrès technologique Les flux sur le marché du ■ les salaires d’efficience,
travail et le chômage sont influencés par la vitesse du pro¬
■ les intérêts des travailleurs en place,
grès technologique et l’orientation qu’il prend. Parfois, le
progrès technologique entraîne une dépression économique ■ le salaire minimum.
structurelle. Ce phénomène implique la disparition de cer¬
taines industries (ce qui nuit aux régions concernées) et Les salaires d’efficience Les travailleurs qui gagnent
la naissance de nouvelles industries (ce qui stimule le un salaire élevé sont plus productifs que les travailleurs à
développement économique des régions qui les accueil¬ faible salaire. Cependant, quel est le rapport de causalité ?
lent). Lorsque ces événements se produisent, la mobilité Les salaires élevés sont-ils la récompense d’une forte pro¬
de la main-d’œuvre est élevée (les flux entre le chômage et ductivité ou un incitatif à atteindre une productivité plus
l’emploi). Lors d’une dépression structurelle, le nombre élevée ? Selon l’hypothèse du salaire d’efficience, la rela¬
de personnes qui se retrouvent en chômage est plus élevé tion de cause à effet est bidirectionnelle. Une entreprise
que le nombre de personnes qui se trouvent un emploi. peut augmenter la productivité de ses employés en leur
Le taux de chômage augmente donc. versant des salaires supérieurs à ceux de la concurrence.
Le déclin relatif du secteur manufacturier et l’expan¬ Un meilleur salaire attire une main-d’œuvre de qualité
sion rapide du secteur des services est un exemple des supérieure, incite les employés à travailler davantage et
répercussions du progrès technologique; il contribua à réduit le taux de roulement de la main-d’œuvre ainsi que
l’augmentation du chômage dans les années 1970 et au les coûts d’embauche. Cependant, un salaire plus élevé
début des années 1980. La relocalisation de la main- implique des coûts pour l’entreprise ; celle-ci offrira donc
d’œuvre canadienne du secteur manufacturier dans le le salaire qui équilibre les gains de productivité réalisables
secteur des services (figure 14.13) est également un autre et ces coûts supplémentaires. Le salaire qui permet de
exemple des effets du progrès technologique. Pendant ces maximiser les profits s’appelle salaire d’efficience.
changements, le taux de chômage naturel a augmenté. Le salaire d’efficience est plus élevé que le salaire
concurrentiel d’équilibre ; s’il était plus bas, la rareté de
La mondialisation des échanges La mondialisation la main-d’œuvre ferait augmenter le taux salarial. Avec
est le processus qui consiste à déplacer la production vers un salaire d’efficience supérieur au salaire concurrentiel,
le lieu où les coûts sont les plus faibles, et ce, n’importe une partie de la main-d’œuvre est en chômage et les
où dans le monde. L’ampleur de la mondialisation dé¬ employés se doivent de donner un bon rendement sous
pend des coûts de transport et de communication. Ces peine d’être licenciés.
coûts diminuent depuis des millénaires, mais cette dimi¬ Le salaire d’efficience explique aussi pourquoi le taux
nution s’est considérablement accélérée dans les an¬ de chômage naturel n’est pas nul.
nées 1980 et 1990, notamment grâce à l’apparition
des grands navires porte-conteneurs, des avions gros- Les intérêts des travailleurs en place Pourquoi les
porteurs et des télécommunications par satellite. entreprises ne diminuent-elles pas leurs coûts salariaux
Avec la mondialisation, des biens et services qui en offrant du travail aux chômeurs à un salaire moindre
étaient auparavant produits au Canada sont maintenant plutôt que d’augmenter le salaire des travailleurs déjà à
fabriqués en Chine ou en Inde, par exemple. Les Cana¬ leur service ? Selon la théorie des insiders-outsiders, pour
diens profitent de la mondialisation puisqu’ils peuvent être productifs, les travailleurs potentiels (les outsiders)
importer ces biens et services à un coût inférieur au coût doivent recevoir une formation sur les lieux de travail par
d’opportunité de leur production au Canada. Cepen¬ les travailleurs en place (les insiders). Mais si les travail¬
dant, pour pouvoir s’offrir ces importations, les Cana¬ leurs en place dispensaient cette formation à des tra¬
diens doivent constamment être à l’affût des nouveaux vailleurs qui pourraient ensuite les remplacer à un salaire
biens et services qu’ils pourraient produire à un coût plus bas, cela éroderait leur pouvoir de négociation ; ils
moindre que celui des autres pays. Cette transition con¬ refuseront donc de former les travailleurs potentiels à
tinuelle de la production de biens et services tradition¬ moins qu’ils ne reçoivent le même salaire qu’eux.
nels vers la production de nouveaux biens et services Lorsque les syndicats négocient une convention col¬
ne se fait pas toujours en douceur. Durant certaines lective, ils représentent uniquement les intérêts des tra¬
périodes, le taux de suppression des emplois et de vailleurs en place. Le salaire négocié excède le salaire de
fermeture des entreprises dépasse celui de la création concurrence (salaire d’équilibre) et il y a toujours des tra¬
d’emplois et d’entreprises. Le chômage structurel aug¬ vailleurs potentiels qui sont incapables de se trouver un
mente alors.
emploi. La défense rationnelle de leurs propres intérêts
363
par les travailleurs en place est donc une autre des raisons ■ Le taux de chômage naturel dépend également du
qui expliquent que le taux de chômage naturel soit positif. rationnement des emplois, dont les principaux
facteurs explicatifs sont les salaires d’efficience, les
Le salaire minimum Au Canada, le salaire minimum intérêts des travailleurs en place et la fixation d’un
est régi par les gouvernements fédéral et provinciaux. Par salaire minimum.
réglementation gouvernementale, il est fixé à un taux ■ Les salaires rigides contribuent au chômage cyclique.
supérieur à celui du marché ; la quantité de travail offerte
excède donc la quantité demandée.
L’existence d’un salaire minimum explique la rigidité O Vous connaissez maintenant les facteurs qui détermi¬
des salaires des travailleurs les moins rémunérés et le taux nent les tendances et les fluctuations de l’emploi, du
de chômage très élevé chez les jeunes. Mais il n’explique chômage et des salaires. La rubrique « Entre les lignes »
pas pourquoi les salaires de la plupart des autres tra¬ (p. 364) analyse brièvement le chômage au Canada pour
vailleurs sont rigides, même s’ils excèdent le salaire l’année 1996.
minimum. Dans le prochain chapitre, nous allons étudier le
marché du capital, un autre facteur de production im¬
portant. Nous allons expliquer comment se prennent
La rigidité des salaires les décisions relatives aux investissements et à l’épargne,
et comment ces décisions définissent les composantes
Les salaires ne s’ajustent pas automatiquement aux varia¬ de la croissance économique, que nous étudierons au
tions des prix. Donc, si la demande de travail diminue, le chapitre 16.
salaire réel & équilibre diminue aussi, mais le salaire réel
effectif ne varie pas immédiatement. Il baisse graduelle¬
ment jusqu’à ce qu’il atteigne le salaire d’équilibre, ce qui
prend un certain temps. Durant ce processus d’ajuste¬
ment des salaires, le chômage est temporairement élevé.
Le graphique de la figure 14.14 illustre ce type de
chômage. Au départ, la demande de travail est DT0 et
l’offre de travail, OT. L’emploi d’équilibre est de 25 mil¬
liards d’heures, et le salaire réel, de 17,50 $ l’heure. Par
la suite, la demande de travail diminue et la courbe cor¬
respondante se déplace vers la gauche jusqu’en DTj.
Cependant, le salaire réel est temporairement gelé à
17,50 $ l’heure et, dans ces nouvelles conditions, les
entreprises sont prêtes à n’utiliser que 23 milliards
d’heures de travail. Il y a donc un surplus de 2 mil¬
liards d’heures et le chômage augmente.
Au fur et à mesure que les prix et les salaires varient,
le salaire réel descend jusqu’à son niveau d’équilibre.
Dans cet exemple, lorsque le salaire réel passe à 16,50 $
l’heure, la quantité de travail demandée devient égale à la
quantité offerte, et le surplus de travailleurs disparaît.
sur
politiques
Les faits
EN BREF
—'‘V rt
■■P'
Analyse
ÉCONOMIQUE
60 * Variation du nombre
■ Le taux de chômage est le ■ Un accroissement de la
nombre de chômeurs à la demande fait augmenter le
recherche d’un emploi, expri¬ salaire réel et une augmenta¬
mé en pourcentage du nombre tion de l’offre le fait diminuer.
total de personnes employées
et de personnes à la recherche ■ L’article du Halifax Chronicle-
Si vous
lignes
D E VI E Z VOTER
le taux de chômage ?
Points clés
échanges. Le rationnement des emplois, qui peut décou¬
ler des salaires d’efficience, des intérêts des travailleurs en
place (insiders) et du salaire minimum, peut être la source
L’emploi et les salaires Du point de vue de l’emploi,
de chômage frictionnel à long terme. Les salaires rigides,
la population se divise en plusieurs catégories — oc¬
qui entraînent un ajustement graduel du salaire, peuvent
cupée, en chômage, active ou inactive. Cette classifica¬
amener un chômage cyclique, (p. 361-363)
tion sert a calculer le taux de chômage, le taux d’activité
et le taux d’emploi de la main-d’œuvre. La somme des
heures travaillées, qui a tendance à augmenter, fluctue
selon le cycle économique. La tendance générale des
salaires est à la hausse, mais on note depuis le milieu
des années 1970 un fléchissement de cette tendance
Figu res c lés
O
(p. 347-352) Figure 14.1 Les
Figure 14.6 Les
Figure 14.10 Le c
Le chômage et le plein emploi Le chômage peut être
Figure 14.11 Le î
frictionnel(roulement normal sur le marché du travail),
Figure 14.12 Les
structurel (déclin durable dans une région ou une indus¬
Figure 14.14 Les
trie), cyclique (fluctuations selon le cycle économique)
ou saisonnier. Lorsque le chômage est frictionnel, struc¬
turel et saisonnier, il est à son taux naturel et il y a plein
emploi. Le chômage, qu’il soit frictionnel, structurel ou Mots clés
saisonnier, fait varier le taux de chômage naturel.
(p. 352-357) Chômage cyclique, 356
Chômage frictionnel, 355
Chômage saisonnier, 356
L’emploi et les salaires On peut comprendre les
Chômage structurel, 355
notions d’emploi et de salaire en utilisant le modèle de
Courbe de demande de travail, 357
demande et d offre, et en l’appliquant au marché du tra¬
Courbe d’offre de travail, 358
vail. La demande et 1 offre de travail interagissent pour
Nouveaux venus, 352
déterminer le niveau d’emploi et le salaire réel. Le salaire
Personnes licenciées, 352
réel moyen et l’emploi global ont augmenté au fil des ans
Personnes qui démissionnent, 352
parce que la demande de travail a augmenté plus rapide¬
Personnes qui réintègrent la population active, 352
ment que l’offre. La demande de travail a augmenté à la
Plein emploi, 357
suite de la hausse de la productivité et l’offre a progressé
Population active, 347
parce que la population en âge de travailler a augmenté.
Population en âge de travailler, 347
Les salaires et les perspectives d’emploi n’ont pas évolué
Rationnement des emplois, 362
au même rythme dans toutes les industries. Le secteur
Recherche d’emploi, 361
des services semble avoir offert les meilleures perspectives
Salaire d’efficience, 362
d’emploi, et le secteur manufacturier, les moins bonnes.
Salaire nominal, 351
(p. 357-361)
Salaire réel, 351
Somme des heures travaillées, 350
Les causes du chômage Le chômage découle du pro¬ Taux d activité de la main-d’œuvre, 348
cessus de recherche d’emploi, du rationnement des emplois Taux d’emploi, 348
et de la rigidité des salaires. Le nombre de chômeurs attri¬ Taux de chômage, 348
buable à la recherche d’emploi fluctue avec le cycle écono¬ Taux de chômage naturel, 356
mique, mais également avec les changements démogra¬ Taux de travail à temps partiel involontaire, 348
phiques, les prestations d’assurance-emploi, le progrès Théorie des insiders-outsiders, 362
technologique et l’ampleur de la mondialisation des Travailleurs découragés, 348
367
Analyse critique
questions de révision
ANALYSE CRITIQUE
1. Lisez attentivement la rubrique « Entre les lignes » e) Cette explication est-elle juste ? Comment
(p. 364), et répondez aux questions suivantes con¬ pouvez-vous en vérifier la véracité ?
cernant le chômage au Canada : 2. « Depuis le milieu des années 1970, le Canada lutte
a) Comment le taux de chômage a-t-il évolué en contre un taux de chômage élevé. De plus, le chô¬
1996? Quels sont les principaux changements mage demeure beaucoup plus élevé au Canada
qui ont provoqué cette évolution ? qu’aux États-Unis. » Quels facteurs pourraient être
responsables de cette situation ? Justifiez votre
b) Une variation du nombre de personnes occu¬
réponse.
pées et du nombre de personnes à la recherche
3. Pourquoi les progrès techniques qui entraînent un
d’un emploi influe-t-elle sur le taux de chô¬
déplacement de certains travailleurs (par exemple,
mage?
les robots) font-ils augmenter la demande agrégée
c) Comment le nombre de personnes à la re¬ de travail ?
cherche d’un emploi au début de 1996 a-t-il 4. Consultez dans Internet la dernière version de
évolué ? Comment cette évolution a-t-elle in¬ l’Enquête sur la population active (EPA)
flué sur le taux de chômage cette année-là ? (http://www.statcan.ca/francais/Pgdb/People/labou
d) Quelles raisons l’article étudié évoque-t-il pour r_f.htm) et utilisez-la pour expliquer l’évolution
expliquer les variations de l’emploi et du chô¬ du taux de chômage au Canada et dans votre
mage en 1996 ? province.
368
[ PROBLÈMES
1. Statistique Canada a réuni les données suivantes a) Combien de personnes composaient la popula¬
pour le Québec en octobre 1998 : population tion active en juillet 1994?
active, 3 715 600; emplois, 3 355 100; popula¬ b) Quel était le taux de chômage en juillet 1994 ?
tion en âge de travailler, 5 983 300. Pour ce mois, c) Quelle était la population du Canada en
calculez juillet 1994?
a) le taux de chômage, d) Quel était le taux d'emploi en juillet 1994?
b) le taux d’activité de la main-d’œuvre, e) Combien y avait-il de chômeurs en août 1994?
c) le taux d’emploi. f) Combien y avait-il de personnes occupées en
2. Entre octobre 1997 et octobre 1998, la population août 1994?
canadienne en âge de travailler a augmenté de g) Quelle était la population active en août 1994 ?
303 000; l’emploi, de 407 000; la population h) Quel était le taux de chômage en 1994 ?
active, de 17 500. Selon vous, comment le taux de i) Quel était le taux d’emploi en 1994 ?
chômage a-t-il évolué ? Qu’est-il advenu du nombre 5. On vous remet les données suivantes concernant
de travailleurs découragés ? 1 économie de Vaches-Grasses : tous les habitants
3. En août 1997, le taux de chômage s’élevait à 9%. travaillent dans l’industrie laitière (activité
En août 1998, il était de 8,3 %. Selon vous, qu’est- économique traditionnelle au pays) ou dans la pro¬
il advenu, au cours de cette période, du nombre : duction de jeux vidéo (nouvelle industrie floris¬
a) de personnes licenciées ? sante au pays). La population en âge de travailler
b) de personnes qui ont démissionné? augmente de 1 million par année, et le nombre
c) de nouveaux venus dans la population active et d emplois de 1,2 million. Cependant, les emplois
de personnes qui ont réintégré celle-ci ? dans l’industrie laitière disparaissent à un taux
4. La figure suivante présente le nombre de personnes annuel de 2 millions, et le nombre d’emplois créés
en âge de travailler qui, en juillet 1994 au Canada, dans la production de jeux vidéo croît à un rythme
étaient occupées, en chômage et inactives. Elle de 3,2 millions par année.
montre également les flux sur le marché du travail a) Dessinez deux figures représentant le marché
en août 1994. Le taux de participation se chiffrait du travail — une pour l’industrie laitière et
à 65,5 %. l’autre pour celle des jeux vidéo — et montrant
comment se déplacent les courbes de demande
et d’offre et comment évoluent les salaires et
l’emploi dans cette économie.
b) Selon vous, qu’adviendra-t-il des salaires, de
1 emploi et du chômage à Vaches-grasses ?
6. Supposons deux économies, chacune ayant un taux
de chômage constant, mais un taux de roulement de
En août, En août,
1 041 personnes 825 personnes la main-d’œuvre élevé. Dans l’économie A, le pro¬
sont embauchées sont licenciées grès technologique est très rapide; chaque année,
ou rappelées et 245 personnes
au travail. démissionnent.
20 % de la population active est licenciée ou quitte
son emploi et 20 % est embauchée. Dans l’écono¬
mie B, seulement 5 % de la population active est
licenciée ou quitte son emploi et 5 % est engagée.
Quelle économie a le taux de chômage le plus
élevé ? Pourquoi ?
En août,
on compte
En août,
92 nouveaux
506 personnes
venus et
quittent le marché
380 personnes
du travail.
réintègrent
la population
active.
Chapitre
i|§ gg|g
L’investissement, le capital
et l’intérêt
■
Objectifs Décrire la croissance et les fluctuations de
. , l’investissement, du stock de capital et du
du chapitre r
r taux d interet reel
Expliquer les facteurs qui font augmenter
le stock de capital
Expliquer comment les gens prennent leurs
décisions de consommation, d’épargne et
d’investissement
Expliquer comment se détermine le taux
d’intérêt réel
Expliquer comment la politique budgétaire
influe sur l’investissement
Expliquer comment les exportations nettes et
l’investissement interagissent et comment la
politique budgétaire les influence
En 1998, grâce à un formidable investissement dans un réseau vidéo mondial, plus
les decisions d investissement qui créent de si merveilleux outils, des outils qui transfor¬
ment le monde en un gros village planétaire ? ♦ Chacun de nous décide quelle part de
son revenu il épargné et quelle part il dépense en biens et services, et toutes nos déci¬
sions conjuguées influent sur le bien-être économique collectif. ♦ À long terme, ces
sance du PIB potentiel et sur notre revenu, de même que sur les taux d’intérêt que nous
coûtent nos emprunts et que nous rapportent nos épargnes. Quelle influence ont au
nous coûte le solde de notre carte de crédit ou l’hypothèque de notre maison, ou sur la
Dans ce chapitre, nous allons étudier les décisions qui déterminent la quantité de
capital dans l’économie ainsi que le rendement de ce capital — le taux d’intérêt. Nous
établirons un parallèle avec le chapitre 14, où nous avons étudié les décisions qui déter¬
Une fois ces deux sujets bien assimilés, vous pourrez les mettre en relation pour com¬
prendre les facteurs de croissance du PIB potentiel, sujet du prochain chapitre. Mais
examinons d abord certains faits relatifs a I investissement, au capital et aux taux d’in¬
L’investissement et le stock
— Les usines, les équipements, les bâtiments
(y compris les logements) et les stocks constituent de capital de 1970 à 1998
le stock de capital. L’achat de nouvelles usines, d’équi¬
pements et de bâtiments ainsi que tout autre ajout repré¬
sentent un investissement brut qui fait augmenter le
180 •
stock de capital. La diminution de la valeur du stock de
capital attribuable à l’usure et à l’obsolescence s’appelle
l’amortissement. Le stock de capital varie en fonction
de l’investissement net, qui est la différence entre
l’investissement brut et l’amortissement (voir le
chapitre 6, p. 126).
La figure 15.1 illustre la situation de l’investissement
et du capital au Canada de 1970 à 1998. Le graphique
15.1 (a) montre que, dans l’ensemble, l’investissement
brut a augmenté, mais qu’il a aussi fluctué, diminuant
dans les phases de récession (1982 et 1991) et augmen¬
tant rapidement dans les phases d’expansion. La courbe
d’investissement de remplacement (la courbe verte)
représente la part de l’investissement brut qui remplace
le capital déprécié ; comme on le voit, cette part s’est Année
accrue de façon constante, avec très peu de fluctuations.
(a) Investissement
Le graphique 15.1 (a) montre également l’investisse¬
ment net — l’ajout au stock de capital. L’investissement
net a connu les mêmes fluctuations que l’investissement
brut. De 1982 à 1984, l’investissement net est tombé à
environ 35 milliards de dollars par année. À la fin des an¬ 2 000*
à l’investissement dans d’autres pays du monde? La fi¬ ne représente qu’un faible pourcentage du stock de capital, dont la
gure 15.2 répond à cette question. Ici, 1 investissement croissance reste constante.
Les années 1970 ont été les années du marasme Le taux d’investissement au Canada (le pourcentage
économique créé par la hausse vertigineuse du prix du du PIB investi) est plus bas que dans bon nombre
pétrole. Les années 1980 ont commencé par une pro¬ d’autres pays, surtout les pays en développement.
fonde récession, mais la décennie fut finalement celle de Le rendement du capital correspond au taux d’intérêt
la plus grande période d’expansion jamais connue en réel.
temps de paix. Les années 1990 ont aussi commencé
par une récession, qui a été suivie d’une longue phase Nous venons de décrire l’investissement. À présent,
d’expansion. Nous allons voir dans ce chapitre comment nous allons étudier les décisions d’investissement des
de tels événements influent sur le taux d’intérêt réel. entreprises et les facteurs qui déterminent leur demande
d’investissement.
L’investissement
FIGURE 15.4
La demande d’investissement
-7^-L
0 60 80 100 120 140 160
Investissement (en milliards de dollars de 1992) Investissement (en milliards de dollars de 1992)
(a) Effet d'une variation du taux d'intérêt réel (b) Effet d'une variation des profits attendus
À RETENIR
la courbe de demande d’investissement s’est déplacée vers la des prévisions de profit, mais ce sont les modifications
Les ménages touchent un revenu disponible (le revenu annuel réel sur un prêt étudiant n’est que de 1 %, vous
gagné — salaires, dividendes, intérêt et profit — plus les pouvez augmenter votre consommation et emprunter
paiements de transfert des gouvernements moins les im¬ une plus grosse somme. De même, le prêteur peut aug¬
pôts) et doivent décider comment ils répartiront ce re¬ menter sa consommation actuelle et diminuer ses prêts.
venu disponible entre l’épargne et les dépenses de con¬
sommation. Les dépenses de consommation correspondent
à la valeur des biens et services de consommation qu’achè¬ Le revenu disponible
tent les ménages dans une période donnée. L’épargne est
la différence entre le revenu disponible et les dépenses de Le revenu disponible a une influence considérable sur les
consommation. Les décisions d’épargne et de consom¬ dépenses de consommation et sur l’épargne, surtout à
mation ne constituent finalement qu’une seule et même court terme. C’est la base du multiplicateur des dépenses
décision quant à la manière de répartir le revenu dispo¬ que nous avons expliqué au chapitre 8 (p. 193-195).
nible. Parmi les nombreux facteurs qui influent sur les Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le revenu
décisions d’épargne et de consommation, les plus impor¬ disponible d’un ménage est élevé, plus ses dépenses de
tants sont : consommation et son épargne sont importantes.
Prenons l’exemple de Jeanne. Étudiante, elle ne
■ le taux d’intérêt réel,
travaille que l’été et touche un revenu disponible de
■ le revenu disponible, 10 000$, qu elle dépense en totalité durant l’année pour
■ le pouvoir d’achat de l’actif net, se procurer des biens de consommation. Une fois diplô¬
mée, son revenu disponible s’élève à 20 000 $ par année ;
■ le revenu attendu.
elle dépense maintenant 16 000$ en biens de consom¬
mation et épargne 4 000$. L’augmentation du revenu
disponible de 10 000$ a entraîné une hausse des dépen¬
Le taux d’intérêt réel ses de consommation de 6 000 $ et une augmentation
de l’épargne de 4 000 $.
Toutes autres choses étant égales, plus le taux d’intérêt
réel est bas, plus la dépense de consommation est élevée,
et plus l’épargne est faible. Autrement dit, une augmen¬ Le pouvoir d’achat de l’actif net
tation des dépenses de consommation au cours d’une
année entraîne une diminution de l’épargne cette même Les actifs d’un ménage englobent ses avoirs — ce qu’il
année, et la perte de l’intérêt qu’aurait pu rapporter possède— et ses dettes — ce qu’il doit, ['.actif net d’un
l’épargne non réalisée. Le coût d’opportunité de dépenses ménage correspond à la différence entre ses actifs et ses
accrues est donc égal au taux d’intérêt réel, et il existe dettes. Le pouvoir d’achat de l’actif net d’un ménage, soit
pour le prêteur comme pour l’emprunteur. Pour le prê¬ la valeur réelle de son actif net, correspond à la somme de
teur, des dépenses de consommation accrues au cours biens et services que son actif net lui permet d’acheter.
d’une année signifient une épargne moindre durant cette Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le pouvoir
même année, et un intérêt moindre l’année suivante. d’achat de l’actif net d’un ménage est élevé, plus ses
Pour l’emprunteur, une augmentation des dépenses de dépenses de consommation sont importantes. Autrement
consommation au cours d’une année signifie des rem¬ dit, si deux ménages disposent du même revenu dispo¬
boursements moindres sur la dette accumulée pendant nible au cours d’une année, celui qui a l’actif net le plus
cette même année, et des coûts d’intérêt accrus l’année élevé consacrera une plus grande part de son revenu
suivante. disponible à la consommation de biens et services.
L’effet du taux d’intérêt réel sur les dépenses de con¬ Prenons l’exemple de deux ménages, celui de
sommation est un bon exemple du principe de substitu¬ Richard et celui de Guylaine. Tous deux cadres dans
tion. Si le coût d’opportunité d’une action augmente, les de grands magasins, Richard et Guylaine ont un même
gens y substituent d’autres actions : si le coût d’opportu¬ revenu disponible de 30 000$ par année. Au fil des ans,
nité de la consommation actuelle augmente, ils réduisent Richard a fait des économies; il n’a plus aucune dette
leur consommation actuelle et la remplacent par une et il a 15 000 $ en banque. Guylaine, elle, n’a rien en
consommation future. banque et il lui reste 15 000$ à rembourser sur l’em¬
Par exemple, si le taux d’intérêt annuel réel sur un prunt qu elle a fait pour s’acheter une automobile.
prêt étudiant est de 12%, vous pouvez réduire vos dé¬ Chaque année, Richard dépense la quasi-totalité de
penses de consommation (acheter des aliments moins ses 30 000 $ en biens de consommation ; Guylaine,
chers, trouver un logement au loyer moins élevé) et elle, tente de limiter ses dépenses de consommation
emprunter un montant moindre. De même, si le taux à 25 000$ pour pouvoir rembourser son emprunt.
d’intérêt réel est de 12%, le prêteur peut consommer (Le remboursement d’un emprunt n’est pas une dépense
moins pour pouvoir prêter davantage et augmenter ainsi de consommation ; il doit plutôt être vu comme une
ses revenus d’intérêt. Par contre, si le taux d intérêt épargne. Ainsi, quand Guylaine a acheté son automobile,
37»
Chapitre 15 L’investissement,le capital et l’intérêt
FIGURE 15.6
12 -
CT>
2 10
6 -
^-*—
^I_I_I_I_I_L
0 440 450 460 470 480 490 0 80 90 100 110 120 130
Dépenses de consommation (en milliards de dollars de 1992) Epargne (en milliards de dollars de 1992)
son revenu disponible qu’à la consommation ou à ments provoquent des mouvements le long des courbes
l’épargne, la somme de la demande de consommation de demande de consommation et d’offre d’épargne.
et de l’offre d’épargne est toujours égale au revenu Les variations des autres facteurs qui influent sur les
disponible. dépenses de consommation et sur l’épargne modifient la
demande de consommation et l'offre d’épargne. Autrement
dit, elles entraînent une variation de la quantité des
Le revenu disponible, les dépenses dépenses de consommation et d’épargne à chaque taux
de consommation et l’épargne d’intérêt réel. Ces variations entraînent le déplacement
de la courbe de demande de consommation et de la
Vous venez de voir comment une variation du taux d in¬ courbe d’offre d’épargne. Le plus important des autres
térêt réel peut faire varier les dépenses de consommation facteurs qui font varier la demande de consommation et
et l’épargne. Vous avez aussi vu comment ces change¬ l’offre d’épargne est le revenu disponible.
380
Chapitre 15 L’investissement,le capital et l’intérêt
Lorsque le revenu disponible augmente, les dépenses La propension marginale à épargner {PME) est
de consommation ainsi que l’épargne augmentent. L’am¬ la fraction de la variation du revenu disponible qui est
pleur de chacune de ces augmentations est déterminée épargnée. On la calcule en divisant la variation de
par la propension marginale à consommer et par la pro¬ l’épargne (AE) par la variation du revenu disponible
pension marginale à épargner. La propension marginale (ARD) qui l’a entraînée. Autrement dit,
à consommer (PMC) est la fraction de la variation du
revenu disponible qui est consommée; on la calcule en PMÉ = AU
A RD '
divisant la variation des dépenses de consommation (AQ
par la variation du revenu disponible (ARD) qui Encore une fois, à la figure 15.7, l’augmentation du
l’a entraînée. Autrement dit: revenu disponible, qui passe de 560 milliards de dollars à
590 milliards, entraîne une augmentation de l’épargne,
PMC = -AÉL qui passe de 100 milliards de dollars à 110 milliards. La
ARD '
variation du revenu disponible est de 30 milliards de dol¬
À la figure 15.7, le revenu disponible passe de 560 à lars, et la variation de l’épargne, de 10 milliards de dol¬
590 milliards de dollars. Cette hausse du revenu dispo¬ lars. La PMÉ correspond à 10 milliards de dollars divisés
nible entraîne une augmentation des dépenses de con¬ par 30 milliards de dollars, soit 0,33.
sommation, qui passent de 460 à 480 milliards de dol¬ Une hausse du revenu disponible fait augmenter
lars. La variation du revenu disponible correspond à les dépenses de consommation ainsi que l’épargne, et
30 milliards de dollars, et la variation des dépenses de entraîne le déplacement vers la droite des courbes de
consommation, à 20 milliards de dollars. La PMC est demande de consommation et d’offre d’épargne. La fi¬
égale à 20 milliards de dollars divisés par 30 milliards de gure 15.7 montre ces déplacements. De plus, comme la
dollars, soit 0,67. propension marginale à consommer est généralement
FIGURE 15.7
L’augmentation du revenu disponible entraîne l’augmentation de la de l’offre d’épargne. Ici, la PMC est égale à 0,67, et la PMÉ à 0,33.
demande de consommation et de l’offre d’épargne. Toutes choses Une hausse du revenu disponible de 30 milliards de dollars fait
étant égales par ailleurs, la propension marginale à consommer augmenter la demande de consommation de 20 milliards de dol¬
{PMC) détermine l’augmentation de la demande de consommation, lars et l’offre d’épargne de 10 milliards de dollars.
et la propension marginale à épargner (PMÉ) détermine la hausse
381
L’épargne et les dépenses de consommation
supérieure à la propension marginale à épargner, une phique 15.8 (b). Les deux courbes se déplacent d’une
augmentation du revenu disponible entraîne une hausse même distance (même somme), mais dans des directions
des dépenses de consommation supérieure à l’augmenta¬ opposées.
tion de l’épargne. Servons-nous maintenant de la théorie de la de¬
mande de consommation et de l’offre d’épargne pour
comprendre les variations des dépenses de consomma¬
Les autres facteurs qui influent sur tion et de l’épargne au Canada.
la consommation et sur l’épargne
Toutes choses étant égales par ailleurs, les autres facteurs La demande de consommation et
qui influent sur les dépenses de consommation et l’offre d’épargne au Canada
l’épargne — soit le pouvoir d’achat de l’actif net et le
revenu attendu — font varier la demande de consomma¬ Tous les facteurs que nous avons isolés et qui ont un effet
tion et l’offre d’épargne dans des directions opposées. sur la consommation et l’épargne — soit le taux d’intérêt
Autrement dit, si le revenu disponible reste constant, réel, le revenu disponible, le pouvoir d’achat de l’actif net
toute variation qui entraîne une augmentation de la de¬ et le revenu attendu — se conjuguent pour déterminer
mande de consommation fait diminuer l’offre d’épargne. les fluctuations de la consommation et de l’épargne au
Par exemple, une hausse du pouvoir d’achat de l’actif net Canada. Voyons d’abord ce qui en est de la consomma¬
fait augmenter la demande de consommation et baisser tion au Canada.
l’offre d’épargne. La courbe de demande de consomma¬ Le graphique (a) de la figure 15.9 montre la courbe
tion se déplace alors vers la droite — graphique 15.8 (a) de demande de consommation au Canada. Les points
— et la courbe d’offre d’épargne, vers la gauche — gra¬ bleus correspondent aux dépenses de consommation et
FIGURE I S.8
Pour un niveau donné de revenu disponible, une hausse du pou¬ que la courbe d’offre d’épargne se déplace vers la gauche, de O£0 à
voir d’achat de l’actif net ou du revenu attendu entraîne une aug¬ 0£| — graphique (b). Comme la somme des dépenses de consom¬
mentation de la demande de consommation et une diminution de mation et de l’épargne est égale au revenu disponible constant, le
l’offre d’épargne. La courbe de demande de consommation se déplacement vers la droite de la courbe DC est égal au déplace¬
déplace vers la droite, de DC0 à DC| — graphique (a) , tandis ment vers la gauche de la courbe OE.
■■■■HH1
382
Chapitre 15 L'investissement,le capital et l’intérêt
FIGURE 15.9
Dépenses de consommation (en milliards de dollars de 1992) Épargne (en milliards de dollars de 1 992)
Le graphique (a) illustre la courbe de demande de consommation. DC98. L’augmentation de la demande de consommation a été plus
Chaque point bleu de la figure représente les dépenses de con¬ importante dans les années 1980 et 1990 que durant les années
sommation et le taux d’intérêt réel d’une année donnée, de 1970 1970.
à 1998. La courbe bleue DCjg est une estimation de la courbe de Le graphique (b) illustre la courbe d’offre d’épargne. Chaque
demande de consommation pour l’année 1970. Une importante point bleu de la figure représente l’épargne et le taux d’intérêt réel
variation du taux d’intérêt réel a entraîné une légère variation de pour une année donnée, de 1970 à 1998. La courbe bleue OÉ70 est
la demande de consommation. Au fur et à mesure que le revenu une estimation de la courbe d’offre d’épargne pour l’année 1970.
disponible augmentait, la demande de consommation augmentait A mesure que le revenu disponible augmentait, l’offre d’épargne
également, de sorte que la courbe de demande de consommation augmentait également, de sorte que la courbe d’offre d’épargne
s’est déplacée vers la droite, passant graduellement de DCe0 à s’est déplacée vers la droite, passant graduellement de OÉ80 à OÉ98.
Source : Statistique Canada, CANSIM, juin 1999 ; hypothèses et calculs des auteurs.
au taux d'intérêt réel pour les années 1970 à 1998. En consommation s’est donc déplacée plus à droite pour
19/0, la courbe de demande de consommation était devenir DQ,8.
DCyo ; elle indique que, toutes choses étant égales par Voyons maintenant ce qu’il en est de l’épargne au
ailleurs, lorsque le taux d’intérêt réel augmente, les Canada. Le graphique 15.9 (b) montre la courbe d’offre
dépenses de consommation diminuent. Toutefois, une d’épargne au Canada. Chaque point bleu correspond à
importante variation du taux d’intérêt réel n’entraîne l'épargne et au taux d’intérêt réel pour une année don¬
qu une légère variation des dépenses de consommation. née. En 1970, la courbe d’offre d’épargne, OÉ70, indique
D année en année, la courbe de demande de con¬ que, lorsque le taux d’intérêt réel augmente, l’épargne
sommation s’est déplacée vers la droite. Au cours des s’accroît. Mais, comme pour la consommation, une va¬
années 1970, le revenu disponible a augmenté de riation importante du taux d’intérêt réel n’entraîne
144 milliards de dollars; les dépenses de consommation, qu’une faible variation de l’épargne.
de 105 milliards de dollars. La courbe de demande de Avec les années, la courbe d’offre d’épargne s’est
consommation s’est déplacée vers la droite en DC80. déplacée vers la droite comme la demande de consom¬
Entre 1980 et 1998, le revenu disponible s’est accru de mation et, pour la même raison, le revenu disponible a
249 milliards de dollars; les dépenses de consommation, augmenté. Cependant, la hausse de l’offre d’épargne n’a
de 176 milliards de dollars. La courbe de demande de pas été aussi élevée que celle de la demande de consom-
383
mation. Durant les années 1970, tandis que le revenu possède un marché du travail national. Comme les lois
disponible augmentait de 144 milliards de dollars, d’immigration et de nationalité restreignent les déplace¬
l’épargne a augmenté de 39 milliards de dollars, et ments de la main-d’œuvre en quête du salaire le plus
la courbe d’offre d’épargne s’est déplacée vers la droite élevé, dans une économie nationale, l’offre et la demande
jusqu’en OÉS0. De 1980 à 1998, lorsque le revenu dis¬ de travail déterminent le salaire réel national. Or, le
ponible s’est accru de 249 milliards de dollars, l’épargne marché où se détermine le taux d’intérêt réel ne connaît
a augmenté de 73 milliards de dollars, et la courbe pas de telles restrictions ; le capital peut circuler partout
d’offre d’épargne s’est déplacée vers la droite jusqu’en dans le monde en quête du taux de rendement le plus
OÉç, 8. élevé. L’épargne d’un pays ne sert pas nécessairement à
financer l’investissement dans ce pays ; si un autre pays
offre un taux de rendement plus élevé que les autres, c’est
là qu’on investit le capital. L’augmentation de l’offre de
À RETENIR capital fait diminuer le taux d’intérêt et entraîne l’égalité
de ce taux avec celui qui a cours dans le reste du monde.
Donc, le taux d’intérêt réel est déterminé par l’épargne
■ Le taux d’intérêt réel, le revenu disponible, le pouvoir mondiale et l’investissement mondial.
d’achat de l’actif net et les revenus attendus influent
sur les décisions de consommation et d’épargne.
■ La courbe de demande de consommation décrit la La détermination du taux
relation entre les dépenses de consommation et le taux d’intérêt réel
d’intérêt réel, toutes autres choses étant égales. La
courbe de demande de consommation a une pente La figure 15.10 montre comment se détermine le taux
négative : quand tous les autres facteurs restent cons¬ d’intérêt réel. La courbe DI est la courbe de demande
tants, plus le taux d’intérêt réel est élevé, plus les d’investissement mondiale; la courbe OE, la courbe
dépenses de consommation sont faibles. d’offre d’épargne mondiale. Plus le taux d’intérêt réel est
■ La courbe d’offre d’épargne décrit la relation entre élevé, plus l’épargne est importante et moins il y a d’in¬
l’épargne et le taux d’intérêt réel, toutes autres choses vestissement. Le graphique permet de constater que,
étant égales. La courbe d’offre d’épargne a une pente lorsque le taux d’intérêt réel est supérieur à 6 % par
positive : quand tous les autres facteurs restent cons¬ année, l’épargne dépasse l’investissement ; il y a un sur¬
tants, plus le taux d’intérêt réel est élevé, plus le plus d’épargne. Les emprunteurs peuvent facilement
niveau d’épargne l’est aussi. emprunter, alors que les prêteurs sont incapables de
prêter tous les fonds dont ils disposent. En pareille
■ De 1970 à 1998, comme le revenu disponible a
situation, le taux d’intérêt réel baisse. Par conséquent,
progressé, la demande de consommation et l’offre
l’investissement planifié augmente et l’épargne planifiée
d’épargne ont augmenté, mais l’augmentation de la
diminue. Le taux d’intérêt continue à baisser tant et aussi
demande de consommation a été plus importante que
longtemps qu’il y a un surplus d’épargne.
l’augmentation de l’offre d’épargne.
Lorsque le taux d’intérêt est inférieur à 6 % par
Nous venons d’étudier les décisions qui déterminent année, l’épargne est plus faible que l’investissement ; il y a
l’investissement, la consommation et l’épargne, et de pénurie d’épargne. Les emprunteurs ne peuvent emprun¬
constater que ces deux ensembles de décisions dépendent ter les sommes dont ils ont besoin, tandis que les prê¬
du taux d’intérêt réel. Mais qu’est-ce qui détermine le teurs peuvent prêter tous les fonds dont ils disposent. Le
taux d’intérêt réel ? cas échéant, le taux d’intérêt réel augmente. Au fur et à
mesure qu’il monte, l’investissement planifié diminue et
l’épargne planifiée augmente. Le taux d’intérêt continue
à progresser tant et aussi longtemps qu’il y a une pénurie
d’épargne.
L’équilibre à long terme Peu importe qu’il y ait surplus ou pénurie d’épargne,
dans l’économie mondiale le taux d’intérêt réel varie et tend vers son niveau d’équi¬
libre. Dans l’exemple illustré à la figure 15.10, cet équi¬
_ NOUS ALLONS MAINTENANT ÉTUDIER LA MANIÈRE libre se situe à un taux annuel de 6%. À ce taux d’intérêt,
dont les décisions d investissement, de consommation il n’y a ni surplus ni pénurie d’épargne. Les investisseurs
et d’épargne déterminent le taux d’intérêt réel. Pour ce peuvent obtenir tous les fonds dont ils ont besoin et les
faire, nous allons étudier l’économie mondiale. épargnants peuvent prêter tous les fonds dont ils dispo¬
Pourquoi ne déterminons-nous pas le taux d intérêt sent. Les intentions des épargnants et des investisseurs
réel comme nous avons déterminé le salaire réel — en s’harmonisent.
étudiant l’économie nationale? Parce qu’il n existe qu un Lorsque nous avons expliqué les facteurs qui in¬
seul marché mondial du capital, tandis que chaque pays fluent sur le taux d’intérêt réel mondial moyen et sur
384
Investissement Épargne Y= C+ /+ G.
Taux d’intérêt réel
(en pourcentage annuel) (en billions de dollars de 1992) En combinant les deux dernières équations, nous
voyons que
a 4 7,2 5,6
b 6 6,0 6,0
É+ T=/+ G
c 8 4,8 6,4
ou
É+ T- G= I.
Le tableau présente les barèmes de demande d’investissement Maintenant, T— G, soit les taxes et impôts nets
mondial et d’offre d’épargne mondiale. La courbe de demande mondiaux moins les dépenses gouvernementales mon¬
d’investissement est DI, et la courbe d’offre d’épargne, OÉ. Si le diales, est le surplus budgétaire mondial, qui représente
taux d’intérêt réel est de 8% par année, l’épargne dépasse l’in¬ également l’épargne mondiale publique. On additionne
vestissement. Il y a un surplus d’épargne et le taux d’intérêt réel 1 épargne publique et l’épargne privée pour obtenir
diminue. Si le taux d’intérêt réel est de 4% par année, l’épargne l’épargne totale.
est plus faible que l’investissement. Il y a une pénurie d’épargne et La figure 15.11 montre comment l’épargne publique
le taux d’intérêt réel augmente. Lorsque le taux d’intérêt réel se mondiale influe sur le taux d’intérêt réel et sur l’investis¬
situe à 6% par année, l’épargne est égale à l’investissement. Il n’y a sement. La courbe de demande d’investissement est Ditt
ni surplus ni pénurie d’épargne, et le taux d’intérêt réel atteint son la courbe d’épargne privée, OÉ. Si, à l’échelle mondiale,
niveau d’équilibre. les gouvernements ont un budget équilibré, le taux d’in¬
térêt réel est de 6% par année, et l’investissement, de
6 billions de dollars. Mais supposons que, à l’échelle
mondiale, les gouvernements enregistrent un surplus
1 investissement mondial, nous avons fait abstraction de budgétaire. Il faut ajouter ce surplus à l’épargne privée
l’influence des gouvernements et de leur politique pour déterminer l’épargne totale mondiale, donc
budgétaire, qui ont pourtant une grande influence sur le la courbe d’épargne se déplace vers la droite en
taux d intérêt réel et l’investissement. Voyons pourquoi. OE+ surplus gouv. Le taux d’intérêt réel descend à 4%
par année et l’investissement monte à 7 billions de dol¬
lars. Si, à l’échelle mondiale, les gouvernements accusent
La politique budgétaire, les taux un déficit budgétaire, celui-ci doit être déduit de
d’intérêt et l’investissement l’épargne privée pour déterminer l’épargne totale. La
courbe d’épargne se déplace donc vers la gauche en
La politique budgétaire que vous êtes sur le point d’étu¬ OE- déficit gouv. Le taux d’intérêt réel monte à 8% par
dier relève de la politique budgétaire mondiale. Il s’agit année et l’investissement descend à 5 billions de dollars.
3&S
L’équilibre à long terme dans l’économie mondiale
FIGURE 15.12
En 1970 — graphique (a) —, l’offre d’épargne mondiale est OÉ70, économique est en cours et la demande d’investissement est
et la demande d’investissement mondial, DI. Le taux d’intérêt réel monté jusqu’en D/84. Toutefois, l’offre d’épargne stagne en 0É7S.
se chiffre à 6% par année. Puis, une forte hausse des prix du pé¬ Le taux d’intérêt réel a augmenté, atteignant un record de 9,3 %
trole fait augmenter l'offre d’épargne mondiale ; en 1975, la courbe en 1984. À la fin des années 1980, la courbe d’offre d’épargne
d’offre d’épargne mondiale est OÉ75. Le taux d’intérêt réel est est OEg9 et la courbe de demande d’investissement, D/89. Le taux
tombé à zéro. En 1984 — graphique (b) —, une forte expansion d’intérêt annuel réel est descendu à 6%.
Sources: «The Penn World Table (Mark 5.5): An Expanded Set of International Comparisons, 1950-1988», QuarterlyJournal of Economies, mai 1991, p. 327-268. New computer
diskette, Mark 5.5, 15 juin 1993. International Financial Statistics Yearbook, Fonds monétaire international, Washington, D.C., 1995. Hypothèses et calculs des auteurs.
/= É+ (T- G)-(X-IM).
Les exportations nettes et le taux
Autrement dit, l’investissement (I) est égal à la somme de change
de l’épargne privée (É) et de l’épargne publique
(T— G) moins les exportations nettes (X— IAd). Qu’est-ce qui fait que les exportations nettes canadiennes
La figure 15.13 montre comment les exportations s’ajustent pour combler l’écart entre l’épargne et l’inves¬
nettes canadiennes se déterminent à long terme. La tissement ? La réponse est le taux de change. Voyons
demande d’investissement est DI, et l’offre d’épargne, pourquoi.
OÉ. Si l’économie canadienne était fermée, le taux d in¬ Les décisions d’exportation et d’importation d’un
térêt réel serait déterminé au point d’intersection de ces pays dépendent du niveau des prix nationaux par rapport
deux courbes, mais elle est ouverte et relativement petite. au niveau des prix dans le reste du monde. S’il est pos¬
L’épargne et l’investissement mondiaux déterminent le sible d’acheter un article d’un producteur japonais à
taux d’intérêt réel. un meilleur prix que celui du producteur canadien, le
Supposez que le taux d’intérêt annuel réel atteigne Canada importera cet article du Japon. Toutes choses
6%, comme le montre la droite horizontale. A ce taux étant égales par ailleurs, plus les prix des biens et services
388
Chapitre 15 L’investissement,le capital et l’intérêt
fabriqués au Canada sont élevés comparativement à ceux japonais soit de 1 $ = 100 ¥. Dans ce cas, 1 voiture japo¬
de biens et services similaires fabriqués à l’étranger, plus naise coûte 1 voiture canadienne et le taux de change réel
les importations canadiennes seront importantes. Par est de 1. Si les prix restent les mêmes, mais que le taux
exemple, si les prix des automobiles fabriquées au Japon de change passe à 1 $ = 90 ¥, 1 voiture japonaise coûte
baissent et que ceux des automobiles produites au maintenant 1,11 voiture canadienne. Si les prix restent
Canada restent constants, les importations d’automobiles les mêmes mais que le taux de change passe à 1 $ =
canadiennes du Japon augmentent. 120 ¥, 1 voiture japonaise revient à 0,83 voiture cana¬
FIGURE 15.14
À mesure que le
taux de change 120 o
o
0) CM
*0) O
£
25 • À mesure que le
Taux de
change
réel diminue, les
exportations nettes
c *-
taux de change
réel
augmentent. N
00
i/i 01 réel augmente, O
o 73«/> 20 • les exportations 110 -
4- u o
nettes diminuent. “U
t =
Q.-0
X <D
15 • “O
ç
“ -o
i/i ioo ir
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10
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01
e
o
5 • 90
j:
Q)
-o
R
3
,0
• 80
-5 •
-10 < • < 70
1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000
Année
Le taux de change réel s’ajuste pour harmoniser les décisions change réel entraîne la diminution des exportations nettes. Au
d’importation et d’exportation avec les dépenses de consomma¬ Canada, le taux de change réel a monté (la valeur du dollar a aug¬
tion, les dépenses publiques et les investissements. Toutes choses menté) de 1986 à 1989 et les exportations nettes ont diminué.
étant égales par ailleurs, la baisse du taux de change réel entraîne Après 1991, le taux de change réel a baissé (la valeur du dollar a
l’augmentation des exportations nettes et la hausse du taux de diminué) et les exportations nettes ont augmenté.
Les effets de la politique budgétaire compenser les risques accrus des prêts qu’ils consentent
au gouvernement. Si cet effet est important, le déficit
Un surplus budgétaire du secteur public s’ajoute à du gouvernement entraîne une diminution de l’investis¬
l’épargne, et un déficit budgétaire diminue d’autant sement — un effet d’éviction.
l’épargne. Donc, tous les autres facteurs demeurant
constants, plus le déficit budgétaire du gouvernement
est élevé, plus l’épargne nationale est mince. À RETENIR
Les exportations nettes s’ajustent de façon à combler
l’écart entre l’investissement et l’épargne nationale. Ainsi, Les exportations nettes s’ajustent pour combler l’écart
si le déficit budgétaire du secteur public s’alourdit, entre l’investissement et l’épargne.
l’épargne baisse comparativement à l’investissement, et
Le taux de change réel s’ajuste pour assurer la compa¬
les exportations nettes diminuent. Toutes autres choses
tibilité des décisions d’exportation et d’importation
étant égales, plus le déficit budgétaire du secteur public
avec les décisions d’investissement et d’épargne.
est élevé, plus l’excédent des importations par rapport
■ Lorsque l’investissement s’accroît par rapport à
aux exportations est considérable.
Cependant, le déficit du secteur public peut aussi l’épargne, le taux de change réel augmente et les
faire augmenter le taux d'intérêt réel dans une économie exportations nettes diminuent.
nationale. Lorsque celui-ci reste très lourd sur une longue ■ Une hausse du déficit budgétaire du secteur public fait
période, les investisseurs peuvent en arriver à craindre diminuer les exportations nettes et peut faire aug¬
que le gouvernement ne puisse rembourser ses dettes; ils menter le taux d’intérêt réel national par rapport au
peuvent alors exiger une prime sur le taux d intérêt pour taux d’intérêt mondial.
Entre les lignes
H1
iLes taux d’intérêt
iît les dépenses
Les faits
EN BREF
■ La Banque du Canada a
autorisé une baisse d’un demi-
point de pourcentage des taux
d’intérêt à court terme.
.- VANCOUVER^^--
■ Cette baisse a provoqué
,Arêt fait bondir les ventes une baisse des autres taux
d’intérêt, y compris des taux
hypothécaires.
a“
de^S.1“rte,
«;aïtS“
de la stabilité du dre de 7,05% maisons avaient t pOffice du
redressement ^ supplémen-
maisons est ^ acheteurs potentiels,
taux taire pour le des nouvelles
L-an Pas“td“ssPé d’environ un point
rroûrêenSe dans tou. le pay»’
des dépenses pour lesacha ^ autQ_
intérêt, comme appareils signale St-J'3,0 voitures
mobiles, les ^f^Yvan Les ventes ae 5 5o/0 en
électroménagers, Pnqchef de la ont également a^™eécliné pendant
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quatre mois consecu Bien ^ les
L Banque de tes dernières
Statistiqu tées «largement au-
\ hSsd^staux^re^ ^
ventes soient iveau mensuel
1 Le taux prefereiAel qu ç» dessous » de leu ies don-
1 banques a leurs, i d.étalon pour moyen des der™ei3 montrent qu'elles
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SffS augmenté le mois
I les prêts amc autre avaUPatteint un
consommateur % ü a enre- dernier.
I niveau record de 9,75 alors
gjstré une baisse de , P
Analyse
É C O N O (QUE
V Dans ce chapitre, nous avons étudié les facteurs qui Nous venons d’établir les notions fondamentales qui
influent sur les décisions d’investissement, de consom¬ vous permettront d’étudier la croissance économique.
mation et d’épargne dans l’économie mondiale et dans Au chapitre 16, vous apprendrez comment les décisions
une économie nationale comme celle du Canada. Vous d’investissement, de consommation et d’épargne influent
trouverez dans la rubrique « Entre les lignes» (p. 390) sur la croissance économique à long terme.
une analyse plus approfondie des effets des taux d’intérêt
sur l’investissement au Canada.
QUESTIONS DE RÉVISION
1. Quelle composante de l’investissement brut fluctue 12. Comment la demande de consommation et l’offre
le plus: l’investissement net ou l’investissement de d’épargne changent-elles lorsque le revenu
remplacement ? disponible varie?
2. Pourquoi le stock de capital augmente-t-il de 13. Définissez la propension marginale à consommer et
manière constante lorsque l’investissement net la propension marginale à épargner?
fluctue ? 14. Qu’advient-il des courbes de demande de consom¬
mation et d’offre d’épargne lorsque les revenus
3. Qu’est-ce que le taux d’intérêt réel?
attendus ou le pouvoir d’achat de l’actif net aug¬
4. Décrivez les variations du taux d’intérêt réel depuis mentent ?
1975. 15. Expliquez comment se détermine le taux d’intérêt
5. Expliquez comment se finance l’investissement. réel.
6. Qu’est-ce qui détermine l’investissement? 16. Expliquez comment les déficits budgétaires des
secteurs publics influent sur le taux d’intérêt réel.
7. Pourquoi une diminution du taux d’intérêt
réel fait-elle augmenter l’investissement? 17. Expliquez pourquoi le taux d’intérêt réel est tombé
à zéro entre 1973 et 1974.
8. Énumérez les principaux facteurs qui influent sur
18. Expliquez pourquoi les exportations nettes cana¬
les dépenses de consommation.
diennes comblent l’écart entre l’investissement et
9. Qu’est-ce que la courbe de demande de consom¬ l’épargne au Canada.
mation ?
19. Qu’est-ce que le taux de change réel ?
10. Qu’est-ce que la courbe d’offre d’épargne? 20. Comment le déficit budgétaire du Canada influe-
11. Quelle est la relation entre la courbe d’offre t-il sur les exportations nettes et sur les taux d’in¬
d’épargne et la courbe de demande de consom¬ térêt canadiens par rapport aux taux d’intérêt
mation ? mondiaux?
ANALYSE CRITIQUE
1. Lisez attentivement la rubrique «Entre les lignes» sières durant la dernière année explique en grande
(p. 390) et répondez aux questions suivantes. partie pourquoi le taux d’épargne américain est
a) Qu’est-il advenu du taux d’intérêt réel que les tombé à zéro au premier trimestre de 1999. »
banques consentent à leurs emprunteurs les Commentez.
plus sûrs en 1994, 1995 et 1996? 4. Selon vous, si tous les gouvernements du monde
b) Qu’est-il advenu des dépenses des ménages en réduisaient leur déficit budgétaire, qu’adviendrait-il
maisons, véhicules motorisés et autres biens du taux d’intérêt réel, de l’investissement mondial
durables en 1995 et 1996? et de la croissance économique?
c) La relation entre les taux d’intérêt réels et les
5. Selon vous, quels ont été les effets de l’élimination
dépenses est-elle celle vous aviez prévu ?
du déficit budgétaire du gouvernement fédéral sur
d) Comment pouvez-vous expliquer la relation
l’investissement privé et du taux de croissance au
entre les dépenses et les taux d’intérêt réels?
Canada ?
2. Puisque la Banque du Canada avait freiné 1 infla¬
tion, pourquoi les taux d’intérêt réels au Canada 6. Selon vous, quel effet l’élimination du déficit
demeuraient-ils si élevés ? budgétaire du gouvernement fédéral a-t-elle eu sur
3. Tout récemment, on pouvait lire à la une des jour¬ les exportations et les importations canadiennes
naux : « La montée vertigineuse des valeurs bour¬ ainsi que sur la dette publique du Canada?
394
Chapitre 15 L’investissement,le capital et l’intérêt
PROBLÈMES
1. Une entreprise doit décider de l’à-propos de la cons¬ b) Calculez la propension marginale à consommer
truction d’une usine de montage de téléphones du ménage de Batman.
cellulaires qui servira pendant un an setilement. Les c) Calculez la propension marginale à épargner
coûts de construction s’élèvent à 10 millions de du ménage de Batman.
dollars. L’entreprise devra embaucher de la main- 4. Supposez que Batman (voir le ménage de Batman
d’œuvre à un coût de 3 millions de dollars, et décrit au problème n° 3) apprenne qu’il obtiendra
acheter des pièces et du carburant qui coûtent une importante hausse salariale l’an prochain.
également 3 millions de dollars. Si elle décide de Qu advient-il des courbes de demande de consom¬
construire l’usine, les téléphones cellulaires qui y mation et d’offre d’épargne de son ménage une fois
seront produits engendreront des ventes de 17 mil¬ qu’il connaît la nouvelle (mais avant que son
lions de dollars. Est-il profitable pour l’entreprise revenu n’augmente réellement) ? Tracez un
d’investir dans cette nouvelle usine de montage aux graphique pour illustrer votre réponse.
taux d’intérêt réels suivants :
5. Supposez que le pouvoir d’achat de l’actif net du
a) 5 % par année
ménage de Batman (voir le problème n° 3) baisse
b) 10 % par année
et que le niveau des prix monte. Qu’advient-il des
c) 15% par année
courbes de demande de consommation et d’offre
2 . Supposez que le fabricant de téléphones cellulaires d’épargne du ménage de Batman ? Tracez un
du problème n° 1 prévoie une hausse de ses revenus graphique pour illustrer votre réponse.
totaux de 17,5 millions de dollars, sans variation de 6. En 3050, f économie de la planète Terre 2, encore
coûts. À quel taux maximal l’entreprise décidera- isolée des autres planètes, a les barèmes de demande
t-elle d’ investir dans ce projet? Comment la courbe de consommation et d’offre d’épargne suivants :
de demande d’investissement se déplace-t-elle avec
ces nouvelles prévisions de profit ? Dépenses de
Taux d’intérêt
3. Vous obtenez les données suivantes concernant le consommation Investissement
réel
ménage de Batman (composé de Batman et de (en pourcentage (en billions de zips de 3050)
Robin) : annuel)
Dépenses de Revenu 5 6 24
Taux d’intérêt
consommation Épargne disponible 6 5 20
réel
(en pourcentage (en milliers de dollars 7 4 16
annuel) par année)
8 3 12
4 88,0 22,0
7. Terre 2 et Terre font connaissance et entreprennent
110
des activités économiques intergalactiques. Le taux
6 82,5 27,5 110
d’intérêt annuel réel sur Terre est de 6 % par année.
8 66,0 44,0 110
Sur Terre 2, il est le même que celui calculé au
problème n° 6.
a) Tracez un graphique des courbes de demande a) Quelle planète emprunte à l’autre ?
de consommation et d’offre d’épargne du b) La consommation et l’épargne sur Terre 2 et
ménage de Batman pour 1998 et 1999. sur Terre augmentent-elles ou diminuent-elles ?
Expliquer les principaux facteurs qui influent sur
si SÇ le taux de croissance à long terme du PIB réel
Expliquer le ralentissement de la croissance de la
productivité au Canada durant les années 1970
Expliquer les taux de croissance économique
- y très élevés en Asie de l’Est
'-X-J
: - -- : '
Expliquer les théories de la croissance
l? :
ir- "-
■■■-.. -
;
■■■ ' économique
--
'•ELr.'.-.i : L-X - , Décrire les mesures destinées à stimuler
la croissance économique
Ue manière générale, nous devenons plus productifs d’année en année. Notre écono¬
mie progresse et nos revenus augmentent. Au Canada, le PIB réel par habitant a plus
que doublé entre I960 et 1998. Si vous habitez une résidence universitaire, votre cham¬
bre a probablement été construite dans les années 1960 et on y trouve probablement
années 1960, quand l’immeuble où vous vivez a été construit, on n’imaginait même pas
ce type de matériel. Quels facteurs ont entraîné une telle croissance de la productivité et
des revenus ? ♦ Bien que notre économie soit en expansion, sa croissance n’est pas cons¬
tante. Durant certaines périodes, les années I960 par exemple, elle était très rapide;
durant d’autres périodes, comme les années 1970, 1980 et 1990, elle a ralenti. Quels
Comment peut-on l’accélérer? ♦ Ces dernières années, certains pays de l’Asie moderne
ont enregistré des croissances économiques records. Songman Yan élève des cormorans
sur les rives de la riviere Li, dans le sud de la Chine; il a entraîné ces étonnants oiseaux à
pêcher et à livrer leurs prises dans un panier placé sur son petit radeau de bambou. Le
travail de Songman, l’équipement et les techniques qu’il utilise, ainsi que son revenu
sont pratiquement les mêmes que ceux de ses ancêtres il y a plus de 2 000 ans. Pourtant,
dans le village de Songman, et dans les villes et les villages de la Chine en expansion, les
gens participent à un miracle économique. Ils créent des entreprises, investissent dans
, 1 _ ' - \ M revenu augmente de plus de 6 % par année. D’autres économies d’Asie comme Hong
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Kong, la Corée, Singapour et Taiwan connaissent une croissance économique similaire.
ftillilfi
tjfl! Dans tous ces pays, le PIB réel par habitant a doublé trois fois — il s’est multiplié par
huit — entre I960 et 1995. Pourquoi le revenu a-t-il augmenté si rapidement dans ces
économies d’Asie ? Quels sont les facteurs clés des miracles économiques ?
Dans ce chapitre, nous allons étudier la croissance économique à long terme. Nous
allons d’abord observer de plus près un certain nombre de faits concernant la croissance
économique à long terme au Canada et dans d’autres parties du monde. Puis, nous
allons découvrir les facteurs de croissance du PIB réel, les raisons qui expliquent que la
croissance économique soit plus rapide dans certains pays, ainsi que les causes de la
FIGURE 16.1
ai
El 7,5 • • • • • • • • • • • •
1895 1905 1915 1925 1935 1945 1955 1965 1975 1985 1995 2005
Année
Sources: Pour la période 1898-1926: Morris Altman, « Revised Real Canadian GNP Estimâtes and Canadian Economie Growth. 1870-1926». Review oflncome andWealth, série 38,
numéro 4, décembre 1992, p. 455-474 ; pour la période 1927-1961 : Statistique Canada. Historicol Statistics of Canada, 2e édition, série F 55, éd. F. H. Leacy, 1983 ; pour la période
1961 -1998 : Statistique Canada, CANSIM, juin 1999.
398
Chapitre 16 La croissance économique
mondiale. La chute du PIB réel durant la Crise et sa forte Penn World Table; ce sont les meilleures données statis¬
hausse durant la Deuxième Guerre mondiale obscurcis¬ tiques que l’on puisse trouver pour faire des comparai¬
sent la tendance générale de la croissance à long terme, sons internationales. Le graphique 16.2 (a) montre la
mais elle s’est nettement accélérée durant les années 1930. situation des pays les plus riches. Les États-Unis enre¬
Ce chapitre a pour principal objectif d’expliquer les gistrent le PIB réel le plus élevé par habitant. Le Canada
facteurs de la croissance économique et de la variation du arrive bon deuxième mais, comme il a progressé plus
taux de croissance à long terme. Il vise également à expli¬ rapidement que les États-Unis, il les a rattrapés.
quer les différences entre les taux de croissance écono¬ La France, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni
mique de divers pays. Nous allons maintenant analyser (les Quatre Grands d’Europe) arrivaient en troisième
certains faits concernant ces variations. position pour le revenu jusqu’en 1984, année où le Japon
les a rattrapés. Comme on le voit au graphique 16.2 (a),
grâce à une croissance plus rapide que celle des États-
La croissance du PIB réel dans Unis, le Canada, le Japon et les Quatre Grands d’Europe
l’économie mondiale ont réussi à réduire considérablement l’écart qui les
séparait du géant américain en 1960 — le fait est parti¬
La figure 16.2 montre la croissance du PIB réel au culièrement remarquable pour le Japon et le Canada.
Canada et dans d’autres régions du monde de 1960 à Tous les pays n’atteignent pas un taux de croissance
1992. Les données qui y sont illustrées sont tirées du aussi rapide que le Canada, et plusieurs ne sont pas près
FIGURE 16.2
10,0 • 10,0 •
'5T
0Q C
E Ü. 7,5 • • • • • • • •
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995
Année Année
Le PIB réel par habitant a augmenté dans l’économie mondiale. A l’échelle mondiale — graphique (b) —, les signes de con¬
Parmi les riches pays industrialisés — graphique (a) —, le PIB réel vergence sont moins évidents. L’écart de revenu entre le Canada,
a cru plus rapidement au Canada, au Japon et dans les Quatre les autres pays d’Europe de l’Ouest, d’Europe centrale, d’Amérique
Grands d’Europe (Royaume-Uni, France, Allemagne et Italie), de centrale, d’Amérique du Sud et d’Afrique est resté remarquable¬
sorte que ces pays ont pratiquement rattrapé les États-Unis. C’est ment constant.
au Japon durant les années I960 qu’on a enregistré la croissance la
plus spectaculaire. Le revenu du Canada est celui qui s’est le plus
rapproché de celui des États-Unis.
Sources Robert Summers et Alan Heston, nouvelle disquette informatique (Mark S.6, janvier 199S), distribuée par le Bureau national américain de recherche économique, mise à
jour de_«The Penn World Table (Mark 5): An Expanded Set of International Comparisons, 1950-1988 »; Quaterly Journal of Economies, mai 1991. p. 327-368.
399
Les tendances de la croissance à long terme
économique d’Asie, la Chine, qui vient pourtant de très mm Canada Hong Kong mmm Singapour mm Corée
wmm Taiwan mtm Chine
loin ; le PIB réel par habitant en Chine, qui était à peine
plus du vingtième de celui du Canada en 1976 (der¬ Les cinq économies d’Asie donnent les exemples de rattrapage les
nière année de la tragique Révolution culturelle de plus probants. Alors que les revenus de Hong Kong, de Corée, de
1966-1976), représente maintenant un huitième du Singapour et de Taiwan atteignaient à peine le huitième du revenu
PIB réel par habitant du Canada. du Canada en I960, ces quatre économies ont considérablement
On pourrait comparer les cinq pays asiatiques de la réduit cet écart. Le revenu par habitant de Hong Kong a même
figure 16.3 à des trains rapides qui voyagent sur la même rejoint celui du Canada en 1992. Quant à la Chine, qui était un
voie à des vitesses similaires, gardant un écart relative¬ pays en développement très pauvre en I960, elle a pratiquement
ment constant entre eux. Hong Kong est en tête, avec rattrapé le niveau de revenu qu’enregistrait Hong Kong en I960, et
une avance de 30 ans sur les autres pays asiatiques. De progresse à un rythme qui devrait lui permettre de rejoindre le
pays pauvre en développement, Hong Kong est devenu Canada.
entre 1960 et 1992 l’un des pays les plus riches du Sources: Robert Summers et Alan Heston, nouvelle disquette informatique (Mark 5.6,
monde. Il est possible que le reste de la Chine connaisse janvier 1995), distribuée par le Bureau national américain de recherche économique,
mise à jour de «The Penn World Table (Mark 5): An Expanded Set of International
une croissance aussi rapide d’ici à 2020 ; si c’est le cas, les
Comparisons, 1950-1988 » ; Quaterly Journal of Economies, mai 1991, p. 327-368.
répercussions en seront autrement importantes tant pour
l’économie canadienne que pour l’économie mondiale,
car la Chine a 200 fois la taille de Hong Kong. Il est
toutefois impossible de dire si la Chine maintiendra son
taux actuel de croissance. ■ Si certains pays sont en train de rattraper le Canada,
l’écart entre notre pays et bon nombre d’autres ne
s’amenuise pas.
■ Les économies qui connaissent actuellement la crois¬
sance la plus rapide sont celles de Hong Kong, de
À RETENIR Corée, de Singapour, de Taiwan et de Chine.
de la croissance», qui tente de mesurer l’importance La monnaie facilite les transactions de tout type, y
quantitative des facteurs de la croissance. Enfin, nous compris la cession de la propriété privée d’une personne
allons étudier les théories économiques de la croissance à une autre. Le droit de propriété et la monnaie incitent
qui nous permettent d’expliquer comment les sources les gens à se spécialiser, à faire des échanges, à épargner, à
de croissance interagissent pour déterminer le taux de investir et à découvrir de nouvelles techniques.
croissance. Aucun système politique n’assure en soi les condi¬
tions préalables de la croissance économique. La démo¬
cratie libérale, qui repose sur le principe fondamental de
l’État de droit, est un système efficace, car elle fournit
une base solide pour établir et faire respecter le droit de
propriété. Mais il existe aussi des exemples de croissance
économique dans des systèmes politiques autoritaires.
Les premières sociétés humaines, fondées sur la
Les facteurs de
chasse et la cueillette, ne connaissaient pas de croissance
la croissance économique économique, car elles ne réunissaient pas les conditions
nécessaires — marchés, droit de propriété et échanges
— Dans l’histoire de l’humanité, la plupart des
monétaires. Cependant, s’ils permettent la croissance
sociétés, comme celle de Songman Yang, ont vécu durant
économique, le système incitatif et les institutions qu’il
des siècles, voire des millénaires, sans jamais bénéficier
engendre ne la garantissent pas.
d’une croissance économique. Dans certaines sociétés, la
Une fois le système incitatif en place, la manière la
croissance est négligeable parce qu’elles ne disposent
plus simple d atteindre la croissance économique consiste
pas des institutions et des conventions sociales qui sont
à se spécialiser dans les activités où l’on possède un avan¬
les conditions nécessaires à une croissance économique.
tage comparatif, pour échanger ensuite des biens et servi¬
Voyons quelles sont ces conditions.
ces ainsi que des facteurs de production. Nous avons vu
au chapitre 3 comment nous profitons tous de ces activi¬
tés. Grâce à la spécialisation et à l’échange, nous pouvons
Les conditions nécessaires
tous acquérir des biens et des services au coût le plus bas.
à une croissance économique
De même, nous pouvons tous obtenir une plus grande
quantité de biens et services grâce au fruit de notre travail.
La principale condition nécessaire à une croissance
Plus une économie se spécialise, plus elle progresse.
économique est un système incitatif. Trois institutions
Le PIB réel par habitant augmente et le niveau de vie
sont essentielles pour la création de ce système incitatif:
s améliore. Une fois l’économie hautement spécialisée,
1. les marchés,
cette source de croissance économique porte ses fruits.
2. le droit de propriété, Pour que la croissance économique se maintienne,
3. la monnaie. les gens doivent être incités à se livrer à trois activités qui
en assurent la continuité:
Puisque nous avons étudié ces institutions au cha¬
■ l’épargne et l’investissement dans de nouveaux biens
pitre 3 (p. 56-57), nous allons nous contenter ici de les
d’équipement,
revoir rapidement. Les marchés permettent aux acheteurs
■ la croissance du capital humain,
et aux vendeurs d’obtenir des informations et de com¬
mercer ; les prix du marché transmettent des signaux aux ■ la découverte de nouvelles techniques.
acheteurs et aux vendeurs, créant des incitatifs pour aug¬ L’extraordinaire croissance de la productivité des
menter ou diminuer les quantités demandées et offertes. 200 dernières années est due essentiellement à l’interac¬
Les marchés permettent également aux gens de se spé¬ tion de ces trois facteurs de croissance économique.
cialiser et d’échanger, d’épargner et d’investir. Mais les Examinons-les un à un.
marchés ne peuvent pas bien fonctionner sans les droits
de propriété et la monnaie.
Le droit de propriété est un ensemble de conventions L’épargne et l’investissement dans
sociales qui régit la propriété, l’utilisation et la cession de nouveaux biens d’équipement
des facteurs de production ainsi que des biens et services.
Il englobe le droit à la propriété physique (terrains, édi¬ L’épargne et l’investissement dans de nouveaux biens
fices et biens d’équipement), financière (réclamations d’équipement augmentent à la fois la quantité de capital
d une personne auprès d’une autre) et intellectuelle (pour par travailleur et la productivité humaine. La producti¬
les inventions, par exemple). Des droits de propriété vité humaine a connu son essor le plus prodigieux avec
clairement établis et respectés permettent aux gens de l’augmentation de la quantité de capital par travailleur
s assurer que leurs revenus et leurs épargnes ne seront pas duranr la Révolution industrielle. Si les méthodes de pro¬
confisqués par un gouvernement capricieux. duction qui utilisent des outils manuels nous permettent
401
Les facteurs de la croissance économique
de créer de beaux objets, celles qui ont recours à d’im¬ La découverte de nouvelles techniques
portantes quantités de capital par travailleur, comme les
chaînes de montage automobile, sont beaucoup plus Si l’épargne, l’investissement dans de nouveaux biens
productives. d’équipement et l’accumulation du capital humain ont
L’accumulation du capital — dans les fermes, les largement contribué à la croissance économique, la con¬
usines de textile, les papeteries, les fonderies, les aciéries, tribution du progrès technologique — la découverte et la
les mines de charbon, les chantiers de construction, les mise en œuvre de nouvelles techniques et de nouveaux
usines de produits chimiques, les usines de fabrication biens — a été encore plus déterminante.
d’automobiles, les banques, les compagnies d’assurance L’humanité est beaucoup plus productive aujour¬
et les centres commerciaux — a considérablement accru d’hui qu’il y a quelques centaines d’années. Nous
la productivité de notre économie. La prochaine fois que sommes plus productifs, non pas parce que nous avons
vous verrez un western, remarquez la faible quantité de plus de locomotives à vapeur et plus de voitures tirées par
capital dont disposent les personnages, et comparez votre des chevaux par habitant, mais parce que l’équipement
productivité actuelle à celle que vous auriez dans un tel dont nous disposons utilise des techniques inconnues
contexte... il y a 100 ans, et qui sont beaucoup plus productives
que les anciennes. Qu’ils découlent de programmes de
recherche-développement ou de recherches informelles,
La croissance du capital humain les progrès techniques qui contribuent si largement à
accroître notre productivité nous permettent de décou¬
Le capital humain —• l’ensemble des connaissances et du vrir de nouvelles manières de mieux tirer profit de nos
savoir-faire que les êtres humains ont accumulés — est le ressources.
premier facteur de la croissance économique, car c’est à Pour exploiter les progrès techniques, il faut accroître
la fois la source de l’augmentation de la productivité et le capital. Certaines des techniques les plus fondamen¬
celle du progrès technologique. tales et les plus puissantes sont absorbées par le capital
L’évolution de l’écriture, l’une des habiletés fonda¬ humain — par exemple, le langage, l’écriture et les ma¬
mentales de l’humanité, a engendré certains des premiers thématiques. Cependant, la plupart des techniques sont
gains importants en productivité. La possibilité de tenir incorporées au capital physique. Par exemple, pour pro¬
des registres écrits a rendu possible la division du travail fiter d’un moteur à combustion interne, on a remplacé
et, par conséquent, la réalisation des gains accrus décou¬ des millions de chevaux et de voitures à chevaux par les
lant de la spécialisation et de l’échange. Imaginez com¬ véhicules automobiles, et, plus récemment, pour tirer
bien il serait difficile de commercer si tous les comptes, parti du traitement de texte informatisé, on a remplacé
les factures et les contrats n’existaient que dans la des millions de machines à écrire par des ordinateurs
mémoire humaine. personnels et des imprimantes.
Plus tard, le développement des mathématiques a
posé les bases de l’évolution des connaissances humaines
quant aux forces physiques et aux processus chimiques et
biologiques. Ces connaissances scientifiques ont à leur
tour permis les progrès techniques qui ont donné lieu à
la Révolution industrielle de la fin du XIXe siècle et à À RETENIR
factuelle révolution de l’information.
Mais une grande quantité de capital humain beau¬ La croissance économique ne peut être atteinte sans
coup plus humble est néanmoins extrêmement pro¬ un capital institutionnel qui incite les gens à la spé¬
ductif; des millions de personnes apprennent des tâches cialisation et à l’échange, à l’épargne et à l’investis¬
de production simples et les exécutent à répétition, deve¬ sement, ainsi qu’à la mise au point de nouvelles
nant de plus en plus productives au fur et à mesure techniques.
qu’elles prennent de l’expérience.
Les principaux facteurs de croissance économique sont
Voici un exemple bien documenté qui illustre l’im¬
l’épargne et l’investissement dans de nouveaux biens
portance de ce type de capital humain. Entre 1941 et
d’équipement, l’accroissement du capital humain et la
1944 (durant la Deuxième Guerre mondiale), on a
découverte de nouvelles techniques. Ces facteurs sont
construit à partir d’un modèle standard 2 500 navires
en interaction : le capital humain crée de nouvelles
de charge appelés les Liberty Ship. En 1941, il fallait
techniques qui sont incorporées au capital humain et
1,2 million d’heures de travail pour construire un navire;
physique.
en 1942, il n’en fallait plus que 600 000, et en 1943,
500 000. Des milliers de travailleurs et de directeurs Nous venons de décrire les facteurs de la croissance
avaient appris par la pratique, accumulant un capital économique. L’étude de la comptabilité de la croissance
humain qui leur a permis de doubler leur productivité nous permettra maintenant de quantifier leurs contribu¬
en deux ans. tions respectives.
402
FIGURE 16.4
CN
Le rapport entre le PIB
g 3,6 •
réel et la somme des
heures travaillées est égal
au PIB réel par heure de
travail.ee qui donne une
mesure approximative de
la productivité. Dans les
années 1960, le taux de
croissance de la produc¬
tivité était élevé. Il a fléchi
dans les années 1970 et a
encore diminué dans les
années 1980 et 1990.
L’outil analytique qui sert de locomotive à la comp¬ plus de capital (avec la même technique), la production
tabilité de la croissance est une relation que l’on appelle additionnelle qui provient de ce capital supplémentaire
fonction de productivité. Voyons de quoi il s’agit et décroît à mesure que la quantité de capital augmente.
comment on l’utilise. Une secrétaire qui travaille avec deux ordinateurs tape
moins que le double de pages par jour qu’une secrétaire
qui travaille avec un seul ordinateur.
La fonction de productivité Plus généralement, une heure de main-d’œuvre qui
travaille avec 40 $ de capital produit moins que le double
La fonction de productivité est la relation qui montre de la production d’une heure de main-d’œuvre travail¬
comment le PIB réel par heure de travail change au fur lant avec 20$ de capital. Mais, de combien au juste?
et à mesure que la quantité de capital par heure de travail La «règle du tiers» permet de répondre à cette question.
est modifiée lorsque le progrès technologique reste cons¬
tant. La figure 16.5 illustre la fonction de productivité; La règle du tiers Quel que soit le type de travail en
le graphique montre en ordonnée le capital par heure cause, lorsqu’il n’y a aucun changement technique, une
de travail, et en abscisse, le PIB réel par heure de travail. augmentation de 1 % du capital par heure de travail
Les courbes FP0 et FP\ représentent deux fonctions de
productivité.
Une augmentation de la quantité de capital par
heure de travail entraîne une augmentation du PIB réel
FIGURE 16.5
par heure de travail, augmentation qui se traduit par un
mouvement le long de la fonction de productivité. Ainsi, Comment la productivité
sur la courbe FP0, lorsque le capital par heure de travail
s’accroît-elle ?
s’élève à 20 $, le PIB réel par heure de travail est de 10 $.
Lorsque le capital par heure de travail s’élève à 40 $, le
PIB réel par heure de travail passe à 14$.
Le progrès technologique fait augmenter le PIB par
heure de travail pour une quantité donnée de capital par
heure de travail. Cette hausse se traduit par un déplace¬
ment vers le haut de la courbe de productivité. Par exem¬
ple, si le capital par heure de travail est de 20 $ et que des
progrès techniques font passer le PIB réel par heure de
travail de 10$ à 14$, la fonction de productivité se dé¬
place vers le haut, de FP0 à FP\. De même, si le capital
par heure de travail est de 40 $, ces mêmes progrès font
passer le PIB réel par heure de travail de 14 à 20 $, ce qui
entraîne le déplacement de la courbe de productivité vers
le haut de FP0 à FP\.
Pour mesurer les contributions respectives de l’accu¬
mulation du capital et du progrès technologique à la
croissance de la productivité, on doit connaître la forme
et la pente de la fonction de productivité. La forme de la
fonction de productivité illustre une loi économique fon¬
damentale, la loi des rendements décroissants, selon
On peut mesurer la productivité en fonction du PIB réel par heure
laquelle, si tous les autres facteurs de production restent
de travail. La productivité peut s’accroître pour deux raisons:
constants, la production augmente à un rythme décrois¬
(I) l’augmentation du capital par heure et (2) le progrès technolo¬
sant au fur et à mesure que s’accroît la quantité d’un fac¬
gique. La fonction de productivité, FP, montre les effets d’une aug¬
teur de production. Par exemple, dans une usine possé¬
mentation du capital par heure de travail sur la productivité. Ici,
dant une quantité donnée de capital, à mesure qu’on
lorsque le capital par heure de travail passe de 20$ à 40$, le PIB
embauche une plus grande quantité de main-d œuvre, la
réel par heure de travail monte de 10$ à 14$ le long de la courbe
production s’accroît. Cependant, chaque heure de travail
de productivité FP0. Le progrès technologique entraîne le déplace¬
additionnelle produit moins de biens et de services addi¬
ment de la courbe de productivité vers le haut. Ici, les progrès
tionnels que l’heure précédente. Ainsi, deux secrétaires
techniques entraînent le déplacement de la courbe de producti¬
qui partagent le même ordinateur tapent moins que le
vité, qui passe de FP0 à FP, ; le PIB réel par heure de travail
double de pages par jour qu’une secrétaire qui travaille
s’accroît, passant de 14 à 20$ lorsque le capital par heure de
seule sur un ordinateur.
travail atteint 40$.
Selon la loi des rendements décroissants appliquée au
capital, si une quantité donnée d’heures de travail utilise
404
entraîne une hausse de un tiers de 1 % de la production m 5 à FPji- S> le capital par heure de travail était resté
par heure de travail. Globalement, lorsqu’il n’y a aucun constant, le PIB réel par heure de travail aurait atteint
changement technique, une augmentation de 1 % du 24,45 $ en 1973. Mais le capital par heure de travail s’est
capital par heure de travail entraîne une hausse de un accru, passant de 33,88 à 43,30$, entraînant une aug¬
tiers de 1 % du PIB réel par heure de travail. mentation de 1,58 $ du PIB réel par heure de travail, qui
La réglé du tiers donne une moyenne approximative est passé à 26,03 $.
qui s’applique à presque tous les pays. Elle a été décou¬ L’histoire se poursuit au graphique 16.6 (b). Comme
verte par Robert Solow du MIT (Massachusetts Institute on le sait, en 1973, le capital par heure de travail se
of Technology), qui l’a utilisée pour estimer les contribu¬ chiffre à 43,30 $, et le PIB réel par heure de travail, à
tions respectives à la croissance du PIB réel d’une aug¬ 26,03 $. Au cours des années suivantes, le progrès tech¬
mentation du capital par heure de travail et du progrès nologique entraîne le déplacement vers le haut de la
technologique. Penchons-nous maintenant sur ce calcul. courbe de productivité, qui passe de FP73 à FP8S ;
Supposez que le capital par heure de travail s’ac¬ d autre part, 1 investissement dans de nouveaux biens
croisse de 3 % par année et que le PIB réel par heure de d’équipement augmente le capital par heure de travail,
travail augmente de 5 % par année. Selon la règle du tiers, qui passe de 43,30 à 58,95 $. Le PIB réel par heure de
l’accumulation du capital a contribué à un tiers de 3 % travail s’accroît, passant de 26,03 $ à 29,75 $. Le con¬
du PIB reel, soit a 1 %. Le reste des 5 % de la croissance traste entre cette période et la précédente est frappant.
du PIB réel provient du progrès technologique. Autre¬ De 1965 à 1973, soit en 8 ans à peine, le progrès techno¬
ment dit, la contribution du progrès technologique est logique a fait augmenter de 4,17$ le PIB réel par heure
de 4%, soit la croissance de 5 % du PIB réel moins de travail ; entre 1973 et 1988, soit en 15 ans, il l’a fait
la contribution approximative de 1 % attribuable à augmenter de moins de 1 $.
l’accumulation du capital.
Le graphique 16.6 (c) illustre l’épisode le plus récent
de l’histoire. On a vu au graphique 16.6 (b) que, en 1988,
Pourquoi applique-t-on la règle du tiers? Pourquoi le capital par heure de travail s’élève à 58,95 $, et le PIB
utilise-t-on la règle du tiers pour déterminer les contribu¬ réel par heure de travail, à 29,75 $. Dix ans plus tard, soit
tions respectives de l’augmentation du capital et du pro¬ en 1998, le capital par heure de travail atteint 76,80$,
grès technologique à l’accroissement de la productivité ? et le PIB réel par heure de travail, qui a augmenté de
Comment peut-on savoir que cette règle nous donne la 3,09 $, se chiffre à 32,84$. Durant cette période, la con¬
bonne proportion ? On ne peut pas en avoir la certitude, tribution du progrès technologique à la croissance du
mais un élément de preuve important nous porte à le PIB réel a été négligeable et la fonction de productivité
croire: le partage du PIB réel entre le capital et le travail. de 1998 était la même que celle de 1988. Toute la crois¬
En moyenne, on observe qu’un tiers des revenus ga¬ sance de la productivité de 1988 à 1998 découle de
gnés dans une économie va en rétribution au facteur l’accumulation du capital.
capital, les deux autres tiers allant au facteur travail. Si les
Ce ralentissement de la croissance de la productivité
facteurs de production sont rétribués proportionnellement s’explique en partie par la faible accumulation du capital
a leur contribution respective à la production, ce partage par heure de travail, mais surtout par une baisse de la
du PIB réel signifie qu’une augmentation de 1 % du capi¬ contribution du progrès technologique à la croissance du
tal entraîne une hausse de un tiers de 1 % du PIB réel. La PIB réel. Le progrès technologique ne s’est pas arrêté, au
réglé du tiers donne une moyenne approximative et non contraire, mais il n’a pas fait augmenter la productivité
un résultat précis. Avec une mesure plus exacte, on cons¬ agrégée. Comme nous allons maintenant le voir, il a
taterait des variations de la contribution du capital. amorti les chocs négatifs subis par la productivité.
La comptabilité de la croissance
FIGURE 16.6
Capital par heure de travail (en dollars de 1992) Capital par heure de travail (en dollars de 1992)
Les chocs des prix de l’énergie De 1973 à 1974, le sur l’offre et la demande. Du côté de l’offre, il y a eu une
prix du pétrole a quadruplé et, aussitôt après cette aug¬ augmentation importante de la production et des reve¬
mentation, les prix du charbon et du gaz naturel — les nus dans les régions productrices d’énergie du pays —
substituts du pétrole — ont aussi grimpé rapidement. De surtout en Alberta. Du côté de la demande, l’augmenta¬
1979 à 1980, les prix de l’énergie ont encore monté con¬ tion des prix de l’énergie a accéléré la mise au rebut
sidérablement. des véhicules automobiles, des avions et des systèmes
Comme le Canada est l’un des principaux pays pro¬ de chauffage énergivores. Cet effet s’est traduit par
ducteurs d’énergie, ces hausses de prix ont eu des effets un mouvement vers la gauche le long de la courbe de
40 6
Chapitre 16 La croissance économique
productivité au fur et à mesure que le capital par heure croissance attribue cette décélération à un ralentissement
de travail diminuait.
du progrès technologique, alors que, dans les faits, la
L’effet de la mise au point de techniques moins éner¬ technologie progresse rapidement et engendre une
givores s’est fait sentir à plus long terme encore. On a nouvelle allocation des ressources.
investi en recherche-développement afin de créer des
types de moteur pour les automobiles et les avions, ainsi
que des systèmes de chauffage et des procédés industriels Le ralentissement de la productivité :
moins gourmands en énergie. Par conséquent, en dépit
une récapitulation
de progrès techniques prodigieux et d’un investissement-
considerable en nouvelles techniques, la productivité n’a La figure 16.7 récapitule le ralentissement de la crois¬
pas augmenté. Donc, la fonction de productivité ne s’est sance de la productivité au Canada en fonction de ces
pas déplacée vers le haut aussi rapidement que dans la trois facteurs. De 1973 à 1988, la croissance du nombre
période précédente.
d’heures travaillées s’est accélérée, passant de 2 % par
année entre 1965 et 1973 à 2,6 % par année. Elle a
La protection de l’environnement Dans les années ensuite ralenti pour s établir à 1,2% par année après
1970, on a adopté des lois et des règlements pour pro¬ 1988. La contribution de l’accroissement du capital à
téger l’environnement et améliorer la qualité des lieux de 1 augmentation du PIB reel s élevait à 0,8 % par année
travail. Ces lois nous ont assuré un air d’une meilleure entre 1965 et 1973 ; elle est tombée à 0,7% par année
qualité, des eaux plus propres et des usines plus sûres, entre 1973 et 1988, pour remonter à 0,9% par année
mais ces avantages ne sont pas comptabilisés dans la pro¬
duction. Les compagnies d’électricité et les autres indus¬
tries touchées par ces lois semblaient aux prises avec un
problème de productivité, alors qu’elles contribuaient en
fait à l’amélioration de la qualité de vie globale, qui n’est FIGURE 16.7
pas mesurée dans le PIB. Si le PIB réel par habitant
La croissance du PIB réel
tenait compte de ces améliorations, on constaterait une
croissance de la productivité.
La théorie de la croissance
après 1988. La principale source de variation de la crois¬ à leur tour, génèrent l’épargne et l’investissement, ce qui
sance de la productivité est le taux de progrès techno¬ entraîne la croissance économique. Ou encore, un excé¬
logique ; or, cette source de croissance est descendue de dent d’épargne peut faire baisser les taux d’intérêt et
2,4% par année avant 1973 à 0,4% de 1973 à 1988, entraîner une augmentation du taux d’investissement en
puis à zéro après 1988. Dans une certaine mesure, le capital humain et physique, augmentant ainsi le taux de
ralentissement de la productivité des années 1970 a été croissance. Dans ce cas, l’épargne et l'investissement
réel (à cause de la flambée des prix du pétrole), mais il est entraînent la croissance économique. De temps à autre,
aussi attribuable aux failles des mesures de la production une percée technologique inattendue peut accroître la
(qui ne tiennent pas compte de l’amélioration de la qua¬ productivité de la main-d’œuvre et du capital, et entraî¬
lité de l’environnement, ni du changement dans la com¬ ner une augmentation de l’épargne et de l’investissement
position de la production). ainsi qu’une accélération de la croissance économique.
Chacune de ces trois sources de croissance peut avoir des
répercussions sur la croissance.
Mais certaines interactions sont plus complexes.
Ainsi, une croissance économique rapide peut entraîner
À RETENIR une série d’événements qui finissent par freiner cette
croissance. Par exemple, toutes autres choses étant égales,
■ La comptabilité de la croissance départage les contri¬ une augmentation de la main-d’œuvre a pour résultat un
l’augmentation des heures travaillées, du capital par toutes autres choses étant égales, une accumulation du
des fermiers. La productivité des fermiers s’accroît, la Des progrès techniques dans les secteurs agricoles et
production agricole augmente et certains travailleurs industriels entraînent l’investissement dans de nouveaux
agricoles vont s’installer dans les villes, où ils trouvent des biens d’équipement, et le travail devient plus productif.
emplois dans la fabrication et la vente d’équipement agri¬ De plus en plus d’entreprises se créent et cherchent à
cole. Le revenu augmente et les gens semblent prospérer. embaucher une main-d’œuvre maintenant plus produc¬
Mais, cette prospérité durera-t-elle ? Selon la théorie clas¬ tive ; la demande de travail augmente, et la courbe de
sique de la croissance, la réponse est non. demande de travail se déplace vers la droite en DTX.
La figure 16.8 illustre la théorie classique de la crois¬ Avec cette hausse de la demande de travail, le salaire réel
sance et explique comment elle arrive à cette conclusion monte à 4 shillings par jour, ce qui entraîne une augmen¬
pessimiste. Le graphique 16.8 (a) décrit la situation de tation de la quantité de travail offerte (un mouvement
l’économie avant le début de la croissance. La courbe de le long de la courbe d offre de travail). Il y a maintenant
demande de travail est DT0 et la courbe d’offre de travail, 3 millions de personnes sur le marché du travail.
OT0. Il y a équilibre sur le marché du travail : la quantité À ce stade, il y a eu une croissance économique et
de travail demandée est égale à la quantité offerte à un tout le monde en a profité. Le PIB réel s’est accru et les
salaire réel de 2 shillings par jour, et 2 millions de per¬ salaires réels ont augmenté. Mais, selon les économistes
sonnes sont sur le marché du travail. (Pour respecter le classiques, cette situation n’allait pas durer, parce quelle
contexte historique, nous allons utiliser l’indice des prix entraînerait une croissance démographique qui viendrait
constants de 1776 dans cet exemple.) tout perturber.
FIGURE 16.8
c
0.
~0
'0 0
'0
0 Salaire réel
0
Jj de subsistance
O
<~n O
CO
5 6 5 6
Travail (en millions)
Travail (en millions)
(a) Effet à court terme de la croissance (b) Effet à long terme de la croissance
Selon la théorie classique, la croissance économique est tempo¬ Le salaire réel dépasse maintenant le salaire réel de subsis¬
raire et le salaire réel retourne à son niveau de subsistance. Au tance, qui est ici de 2 shillings par jour — graphique (b). La popula¬
départ graphique (a) —, la demande de travail est DT0 et l’offre tion commence à augmenter. Cette croissance démographique
de travail, OT0. Il y a 2 millions de personnes sur le marché du tra¬ entraîne une augmentation de l’offre de travail; la courbe d’offre
vail et elles gagnent 2 shillings (de 1776) par jour. Des progrès de travail se déplace vers la droite en 07,, le salaire réel diminue
techniques et un capital accru augmentent la productivité du tra¬ et on utilise une plus grande quantité de travail. Lorsque le salaire
vail ainsi que la demande de travail. La courbe de demande de réel revient au niveau de subsistance, la population cesse de
travail se déplace vers la droite en DT\. Le salaire réel monte à croître.
4 shillings par jour, et la quantité de travail offerte, à 3 millions
de personnes.
409
La THÉORIE DE LA CROISSANCE
La demande et l’offre de capital par habitant La Dans le graphique 16.9 (a), la courbe décroissante
figure 16.9 illustre la théorie néoclassique de la croissance DCq représente la demande de capital. Le long de cette
en montrant comment la demande et l’offre de capital courbe, toutes autres choses étant égales, à mesure que
déterminent le stock de capital et son taux de croissance. le taux d intérêt réel diminue, la quantité demandée de
Les deux graphiques de cette figure mesurent en abscisse capital augmente. La courbe croissante OC0 représente
le stock de capital par habitant, et en ordonnée le taux 1 offre de capital. Le long de cette courbe, toutes autres
d intérêt réel. Les décisions d’investissement et d’épargne choses étant égales, au fur et à mesure que le taux d’in¬
déterminent la demande et l’offre de capital (voir le cha¬ térêt réel baisse, la quantité offerte de capital diminue.
pitre 15, p. 373-383). En bref, toutes autres choses étant Le taux d’intérêt réel s’ajuste de façon à équilibrer la
égales, plus le taux d’intérêt réel est bas, plus il y a de quantité demandée et la quantité offerte de capital. Dans
projets d’investissement rentables, et plus la demande de le graphique 16.9 (a), l’économie est en équilibre avec un
capital est forte. D’autre part, à court terme, plus le taux taux d’intérêt annuel réel de 4 % par année et un stock
d intérêt est bas, moins les ménages et les entreprises de capital de 60 000$. En l’absence de progrès technolo¬
sont incités à épargner (plutôt qu’à consommer), et plus gique, la quantité de capital par habitant tend vers son
l’offre de capital est faible. niveau d’équilibre. Le PIB réel par habitant tend donc
FIGURE 16.9
Capital par habitant (en milliers de dollars de 1992) Capital par habitant (en milliers de dollars de 1992)
Selon la théorie néoclassique, la croissance économique provient Le taux d’intérêt réel est maintenant supérieur au taux de
du progrès technologique. Au départ — graphique (a) —, la préférence temporelle, qui atteint ici 4% par année — graphique
demande de capital est DC0 et l’offre de capital, OC0. Le stock de (b). L’épargne est positive et l’offre de capital augmente. La courbe
capital est de 60 000$ par habitant, et le taux d’intérêt réel, de 4% d’offre de capital se déplace vers la droite en 0C|. Le taux d’in¬
par année. Le progrès technologique fait augmenter la productivité térêt réel diminue et la quantité de capital par habitant augmente.
du capital et la demande de capital monte à DC\. Le taux d’intérêt La quantité de capital par habitant cesse de croître lorsqu’il y a de
annuel réel s’élève à 6%, et la quantité de capital offerte, à nouveau égalité entre le taux d’intérêt réel et le taux de
70 000$.
préférence temporelle.
LA THÉORIE DE LA CROISSANCE
vers un niveau constant et il n’y a pas de croissance Les failles de la théorie néoclassique de la crois¬
économique. sance La théorie néoclassique de la croissance explique
Cependant, comme le montre le graphique 16.9 (a), comment l’interaction de l’accumulation du capital et de
s’il y a progrès technologique, le PIB réel par habitant l’épargne détermine le taux de croissance économique.
augmente. Le progrès technologique accroît la producti¬ Mais, comme toutes les économies ont accès aux mêmes
vité du capital et la demande de capital augmente. La techniques et comme le capital peut circuler librement
courbe de demande de capital se déplace vers la droite d’un pays à l’autre en quête du rendement le plus élevé,
jusqu’en DC\. La demande accrue de capital fait monter la théorie néoclassique de la croissance prédit que les taux
le taux d’intérêt annuel réel à 6%, et ce taux d’intérêt de croissance et les niveaux de revenu par habitant du
réel accru fait augmenter l’épargne. La quantité de capi¬ monde entier finiront par converger vers une même
tal offerte monte à 70 000 $ par habitant. valeur. Or, bien qu’il y ait des signes de convergence dans
L’économie a connu une période de croissance. les pays riches — graphique 16.2 (a) —, cette conver¬
Comme le stock de capital par habitant a augmenté, la gence est lente à survenir et ne semble pas imminente
production par habitant s’est accrue. En outre, le travail pour de nombreux pays — graphique 16.2 (b).
est devenu plus productif et la demande de travail a aug¬ La théorie moderne de la croissance tente de sortir la
menté, entraînant l’augmentation du salaire réel et de théorie néoclassique de la croissance de l’impasse dans
l’emploi. Mais la croissance économique se poursuit au- laquelle elle avait abouti ; elle tente aussi d’expliquer
delà du point illustré au graphique 16.9 (a). Une analyse comment se détermine le taux de progrès technologique.
de la théorie néoclassique de l’épargne nous permettra de
comprendre pourquoi.
La théorie moderne de la croissance
La théorie néoclassique de l'épargne La théorie
néoclassique de l’épargne s’appuie sur la notion de taux La théorie moderne de la croissance repose sur l’idée
constant de préférence temporelle. Le taux de préfé¬ que le progrès technologique découle des choix que font
rence temporelle désigne le taux d’intérêt réel que visent les gens dans leur quête de profits accrus, autrement dit,
les épargnants. Plus le taux de préférence temporelle que le progrès technologique est une variable endogène.
d’une personne est bas, plus cette personne est disposée à (On appelle parfois la théorie moderne de la croissance
renoncer à sa consommation courante pour épargner en théorie de la croissance endogène ou théorie de croissance
vue du futur. Si le taux d intérêt réel est supérieur au taux néo-schumpétérienne— voir «L’évolution de nos connais¬
de préférence temporelle, l’épargne est positive et l’offre sances», p. 422.)
de capital augmente. Si le taux d’intérêt réel est inférieur La théorie moderne de la croissance est basée sur
au taux de préférence temporelle, l’épargne est négative quatre caractéristiques des économies de marché :
et l’offre de capital diminue. Si le taux d’intérêt réel ■ les découvertes résultent de choix et d’actions,
est égal au taux de préférence temporelle, l’épargne est ■ les découvertes génèrent des profits,
nulle. ■ les découvertes peuvent servir à plusieurs personnes en
Le graphique 16.9 (b) illustre les conséquences même temps,
d’un taux de préférence temporelle constant. Ici, le taux
■ les activités physiques peuvent être reproduites.
de préférence temporelle est de 4 % par année. Donc,
lorsque le taux d’intérêt réel s’élève à 6 % par année, Les découvertes et les choix Lorsque des gens dé¬
l’épargne est positive et l’offre de capital s’accroît. La couvrent un nouveau produit ou une nouvelle technique,
courbe d’offre de capital se déplace vers la droite en OC\. ils considèrent qu’ils ont eu de la chance... et ils ont rai¬
Au fur et à mesure que l’offre de capital augmente, le son. Par contre, le rythme auquel progresse la technolo¬
taux d’intérêt réel diminue et la quantité demandée de gie, lui, ne dépend pas de la chance, mais du nombre de
capital s’accroît. Finalement, l’économie atteint le point personnes qui cherchent une nouvelle façon de faire
où le taux d’intérêt réel a suffisamment baissé pour égaler quelque chose, et de l’intensité de cette recherche.
le taux de préférence temporelle. À ce point, I épargne est
nulle et l’offre de capital est OC\. Les découvertes et les profits C’est la perspective de
Dans le processus que nous venons de décrire, le PIB profits accrus qui incite les gens à chercher des méthodes
réel par habitant a augmenté et le stock de capital par de production plus efficaces. Les forces de la concurrence
habitant ainsi que les salaires réels se sont accrus. L’éco¬ érodent constamment les profits ; pour réaliser des profits
nomie a connu une croissance à long terme. supérieurs à la moyenne, il faut donc être constamment à
Le progrès technologique continu et exogène en¬ la recherche de méthodes de production moins coûteuses
traîne l’augmentation constante de la demande de capital ou de nouveaux produits de meilleure qualité pour les¬
et fait monter le taux d’intérêt réel au-dessus du taux de quels les gens sont prêts à payer plus cher. Les inventeurs
préférence temporelle. Ce processus que nous venons de peuvent s’assurer un profit supérieur à la moyenne pen¬
décrire se répète indéfiniment pour créer un processus dant plusieurs années en protégeant leur découverte ou
continuel de croissance économique à long terme. leur création par un brevet ou des droits d’auteur. Tôt
412.
Chapitre 16 La croissance économique
ou tard, la découverte sera copiée et les profits fléchiront. de savoir) et, plus tard, la mise au point de la méthode
Mais, entre-temps, elle générera des profits supérieurs à scientifique — ainsi que la constitution des commu¬
la moyenne et, quand ces profits diminueront, on aura nautés de scientifiques et d’inventeurs, et la création des
peut-être fait une autre découverte. institutions de recherche qui les soutiennent — ont aug¬
menté le rendement du capital de savoir. La droite du
Les découvertes que tout le monde utilise Une fois taux de rendement s’est déplacée vers le haut en Æ,.
qu’on a fait une découverte rentable, il est difficile d’em¬ L’effet initial de cette hausse du rendement du capital
pêcher d’autres gens de la copier. Mais il y a plus : contrai¬ de savoir a été de faire monter le taux d’intérêt annuel
rement à ce qui se passe pour des facteurs de production réel à 6 % et d’augmenter la quantité de capital de savoir
comme le travail et le capital, quiconque a connaissance offerte (qui passe à 100 milliards de dollars dans le gra¬
d’une innovation peut l’utiliser sans pour autant en réduire phique). L’économie s’est déplacée au point b.
la disponibilité pour d’autres. Cela signifie que, à mesure L’économie a connu une période de croissance.
que l’avantage lié à une innovation est réparti dans l’éco¬ Puisque le stock de capital de savoir a augmenté, le PIB
nomie, de nouvelles ressources s’offrent gratuitement aux réel s’est accru. Pourtant, la croissance économique se
gens, qui peuvent en tirer profit — gratuitement, puisque poursuit encore et encore, car le taux d’intérêt réel
qu’ils n’ont pas eu à payer le prix de cette découverte. dépasse maintenant le taux de préférence temporelle.
L’épargne est donc positive et l’offre de capital (qui
La reproduction des activités On peut reproduire englobe le capital de savoir) augmente.
bon nombre (sans doute la plupart) des activités de Le graphique 16.10 (b) illustre ce processus. Le taux
production. Par exemple, il pourrait y avoir 2, 3 ou de préférence temporelle est de 4 % par année et le taux
56 entreprises semblables qui fabriquent des câbles à de rendement du capital de savoir, de 6 % par année.
fibres optiques en utilisant des chaînes de montage et Avec une épargne positive, la courbe d’offre de capital se
des techniques de production similaires, sinon iden¬ déplace indéfiniment vers la droite. La vitesse de ce dé¬
tiques. Cela signifie que, si chaque entreprise connaît placement dépend de l’ampleur de l’écart entre le taux
des rendements décroissants, ce n’est pas le cas de l’éco¬ d intérêt réel et le taux de préférence temporelle. Plus le
nomie dans son ensemble. taux de rendement du capital de savoir est élevé, plus le
Ces quatre caractéristiques de l’économie se résument taux d intérêt réel est haut. Plus le taux d’intérêt réel est
à l’idée suivante: le savoir — le stock d’idées productives élevé, plus l’épargne est importante, de même que la
qui résulte des efforts de recherche-développement — vitesse du déplacement vers la droite de la courbe d’offre
est un type particulier de capital qui est à la disposition de capital ; donc, plus l’économie progresse rapidement.
de tous et qui n est pas soumis à la loi des rendements Selon la théorie néoclassique, les rendements décrois¬
décroissants. La figure 16.10, qui illustre la théorie mo¬ sants du capital finissent par ramener le taux d’intérêt
derne de la croissance, montre les conséquences de cette réel à égalité avec le taux de préférence temporelle. Selon
idée; le graphique mesure le capital de savoir en abscisse la théorie moderne de la croissance, ce phénomène
et le taux d’intérêt réel en ordonnée. n’existe pas. Le PIB réel par habitant augmente indé¬
La courbe à pente positive O0 représente l’offre de finiment, et ce, tant et aussi longtemps que les gens
capital de savoir. Le long de cette courbe, toutes choses entreprennent des projets de recherche-développement
étant égales par ailleurs, à mesure que le taux d’intérêt dont le rendement est plus élevé que le taux de préfé¬
réel monte, la quantité d’épargne et de ressources con¬ rence temporelle.
sacrées à l’accumulation du capital de savoir augmente. La théorie moderne de la croissance envisage le mé¬
Comme le produit marginal du capital de savoir ne canisme de l’économie comme un mouvement perpétuel.
diminue pas, la courbe de demande de capital de savoir La croissance économique découle de nos désirs insa¬
n a pas une pente négative comme la courbe de demande tiables qui nous incitent à rechercher des profits accrus
d autres types de capital. Si le rendement du capital de et, donc, à innover. Ce processus génère de nouveaux
savoir est supérieur au taux de préférence temporelle, la produits, meilleurs que les anciens. Mais ces nouveaux
quantité demandée de capital de savoir est illimitée. Si le produits, s’ils entraînent la création de nouvelles entre¬
rendement du capital de savoir est inférieur au taux de prises, causent aussi la fermeture d’anciennes entreprises.
préférence temporelle, la demande de capital de savoir Des emplois sont créés et d’autres sont abolis. Finale¬
est nulle. ment, nous bénéficions de nouveaux emplois meilleurs
Au départ, le rendement annuel du capital de savoir que les anciens, de nouveaux biens et services de meil¬
— représenté par la droite horizontale Rq dans le gra¬ leure qualité, de plus de temps de loisir et d’une con¬
phique 16.10 (a) — est de 2%. Avec ce rendement et sommation accrue. Tous ces facteurs améliorent notre
cette courbe d’offre de capital de savoir, le taux d’intérêt niveau de vie. Mais nos désirs insatiables ne sont jamais
réel d équilibré est de 2 % par année et il n’y aucun capi¬ comblés, et le processus continue et continue, dans un
tal de savoir. L’économie stagne au point a. cycle perpétuel de désirs, de profits, d’innovation, de
Linvention d’outils aussi fondamentaux que le lan¬ nouveaux produits et de niveaux de vie toujours plus
gage et l’écriture (les éléments fondamentaux du capital élevés.
413
La THÉORIE DE LA CROISSANCE
FIGURE 16.10
Selon la théorie moderne, la croissance économique provient d’un Le taux d’intérêt réel est maintenant supérieur au taux de
progrès technologique endogène. Le rendement du capital de préférence temporelle, qui est ici de 4% par année. L’épargne est
savoir ne diminue pas et la croissance se poursuit indéfiniment. Au positive et l’offre de capital de savoir augmente. La courbe d’offre
départ — graphique (a) —, le taux de rendement du capital de de capital de savoir se déplace vers la droite, passant succes¬
savoir est R0 et l’offre du capital de savoir est O0. Le stock de capi¬ sivement en 01, en 02, en 03, et ainsi de suite. Ainsi, l’économie
tal de savoir est nul. La mise au point de méthodes scientifiques et s’accroît, mais le taux d’intérêt réel ne baisse pas, car il n’y a pas
la création d’organismes voués à la recherche-développement aug¬ de rendements décroissants. La croissance se poursuit tant et
mentent le taux de rendement du capital de savoir en Rt. Le taux aussi longtemps que le taux de rendement du capital de savoir
d’intérêt réel monte à 6% par année et la quantité de capital de dépasse le taux de préférence temporelle.
savoir offerte s’accroît (ici, à I 000 milliards de dollars).
■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■H
Le taux de croissance de l’économie dépend de la salaire réel dépasse le niveau de subsistance, la popula¬
capacité des êtres humains à innover ainsi que du taux tion augmente et les rendements décroissants le ramè¬
de préférence temporelle qui influe sur notre taux nent au salaire de subsistance.
d’épargne. Selon la théorie néoclassique, la croissance provient
des progrès techniques, lesquels sont déterminés par
le hasard.
■ Selon la théorie moderne de la croissance, nos désirs
À RETENIR
insatiables nous incitent à consacrer des ressources à
l'innovation pour réaliser des profits supérieurs à la
■ La croissance économique découle de l’accroissement moyenne. Le rythme des innovations dépend de la
du capital humain, de l’augmentation du stock de quantité de ressources qu’on y consacre. Comme les
capital et du progrès technologique. découvertes rentables sont copiées et imitées maintes
■ Selon la théorie classique de la croissance, le salaire et maintes fois, leurs bénéfices se répartissent dans
réel ne progresse pas à long terme parce que, lorsque le l’économie sans entraîner de rendements décroissants.
I ï 3§! Entre les lignes
i t
L épargne et
1la croissance
Les faits
EN BREF
I ^dceonoTdonUa croissance
- V
Analyse 28 •
ÉCONOMIQUE - 26
ü
* i
x o-
= c
O 0)
24
22
:A
20 • •
1960 1970 1980 1990
Année
rapidement, mais il y a plu¬
■ L’investissement augmente sieurs exceptions, comme Figure 1 Le taux d'épargne mondial
le stock de capital, ce qui le montre le graphique.
augmente la productivité.
■ Un taux élevé d’épargne
■ La figure I montre les fluc¬ n’entraîne pas toujours une
28*
tuations du taux d’épargne croissance rapide (comme le
(et d’investissement) mondial montrent les exemples du
depuis 1960 : il a augmenté au Venezuela et du Gabon) et
cours des années I960 pour une croissance rapide n’en¬
atteindre un niveau record en traîne pas toujours un taux
1974, et il a fluctué avec une élevé d’épargne (comme le
légère tendance à la baisse prouvent les exemples de la
dans les années 1980 et 1990. République arabe du Yémen,
de l’île de Malte, du Lesotho
■ La figure 2 permet de et de la Réunion).
X Q-
comparer les taux d’épargne = c
£ j». 16» • • • • •
des pays en développement et ■ Le lien entre les taux de 1970 1975 1980 1985 1990
des pays industrialisés depuis croissance et d’épargne sont Année
1970. Le taux d’épargne des ténus parce que, à l’échelle
Figure 2 Les taux d'épargne
pays industrialisés a diminué, d’un pays, l’épargne ne limite
tandis que celui des pays en pas l’investissement;or,c’est
développement a augmenté. l’investissement qui stimule la
croissance. Le capital est
8
■ L’auteur de l’article a rai¬ mobile et les gens cherchent Corée-du-Sud
• Hong Kong
République
son lorsqu’il affirme que, à tirer le meilleur rendement Botswana lî '''Singapour
I
6 arabe 0
• Chine Taiwan
du Yémen • Japon
toutes autres choses étant possible de leurs épargnes. Le Malte Bahamas
Vous connaissez maintenant un certain nombre de l’accélération du progrès technologique et sur l’accumu¬
faits sur la croissance économique. Vous savez comment lation du capital. Essentiellement, il s’agit de :
on détermine les sources de la croissance. Vous avez étu¬
■ stimuler l’épargne,
dié les diverses théories de la croissance et leur évolution ;
■ subventionner la recherche-développement,
la rubrique «L’évolution de nos connaissances» (p. 422)
vous permettra de les approfondir et de mieux connaître ■ cibler les industries de pointe,
les économistes qui les ont formulées. Notre dernière ■ favoriser le commerce international.
tâche pour ce chapitre consiste à voir ce que nous pou¬
vons faire pour augmenter le taux de croissance. Stimuler l’épargne Comme il y a un lien direct entre
la croissance économique et l’épargne, l’incitation à
l’épargne peut stimuler la croissance économique. Ce
n’est pas par hasard que la Chine, Hong Kong, le Japon,
la Corée, Singapour et Taiwan enregistrent à la fois les
taux d’épargne et les taux de croissance les plus élevés au
monde, tandis que les pays d’Afrique ont a la fois les taux
L’accélération de
d’épargne et les taux de croissance les plus faibles. Quant
la croissance aux taux d épargne du Canada et des autres pays riches,
ils sont modestes.
— Pour accélérer la croissance économique,
Pour les gouvernements, l’instauration d’incitatifs
nous devons augmenter le taux de croissance du capital
fiscaux (ou dans certains cas, l’élimination des mesures
par heure de travail ou accélérer le progrès technolo¬
fiscales qui dissuadent les gens d’épargner) est la meil¬
gique. Commençons notre analyse des mesures qui
leure façon de stimuler l’épargne. Certains incitatifs exis¬
peuvent accélérer la croissance économique en nous
tent déjà, mais on pourrait en adopter de plus efficaces.
penchant sur les miracles économiques d’Asie. Com¬
Ainsi, plutôt que de taxer les revenus (ce qui signifie que
ment les pays asiatiques ont-ils réussi à croître si rapide¬
l’on impose la consommation et l’épargne), nous pour¬
ment ?
rions ne taxer que la consommation, ce qui encouragerait
l’épargne et stimulerait sans doute le taux de croissance
de f économie.
Les miracles économiques
Subventionner la recherche-développement Com¬
L’histoire exhaustive des miracles économiques des
me nous profitons tous à peu de frais des fruits de la
années 1980 et 1990 reste à écrire, mais on peut déjà
recherche-développement, nous avons tendance à ne
en dégager certaines caractéristiques, notamment :
pas y consacrer suffisamment de ressources. Bien qu’on
■ un taux élevé d’épargne, puisse breveter une invention, il est quasiment impossi¬
■ un taux élevé d’investissement dans le capital humain, ble d empêcher qu’on en fasse une copie plus ou moins
fidèle qui ne viole pas le brevet. Ainsi, dès que la firme
■ l’apprentissage par la pratique dans les industries de
pointe. VisiCalc a inventé la feuille de calcul électronique, Lotus
a lancé un produit similaire, le fameux logiciel 1-2-3, et
Singapour, Hong Kong et la Chine épargnent une Microsoft a suivi de près avec Excel, un produit qui
part beaucoup plus importante de leur revenu que le ressemblait étrangement à Lotus 1-2-3. Autre exemple:
Canada. Avec un taux d’épargne élevé, un pays peut Intel a inventé le microprocesseur qui alimente les ordi¬
accumuler rapidement le capital physique et humain qui nateurs IBM et les ordinateurs personnels compatibles,
lui permettra de se maintenir à la fine pointe du progrès mais très vite on a créé des clones qui allaient pulvériser
technologique. Ces champions du miracle économique son monopole. Comme on peut copier les inventions, les
se sont également appliqués à former leur main-d’œuvre profits de l’inventeur sont limités; les ressources qu’il
aux technologies de pointe. Singapour a été le plus auda¬ vaut la peine de consacrer à l’invention et à l’innovation
cieux à cet égard : on y a renouvelé pratiquement tout le le sont donc également.
stock de capital et recyclé la main-d’œuvre à intervalles Voilà une situation que les subventions gouverne¬
réguliers. La main-d œuvre de Singapour est maintenant mentales pourraient corriger. L’utilisation des fonds
1 une des plus polyvalentes et qualifiées au monde. publics pour financer la recherche-développement qui
profite à tous pourrait contribuer à l’atteinte d’un niveau
de recherche efficient. Mais ce n’est pas une solution
Les mesures visant à accélérer infaillible, le principal problème étant le mode d’alloca¬
la croissance tion des fonds publics. À l’heure actuelle, l’utilisation des
fonds publics à des fins de recherche se fait par les uni¬
Dans la théorie moderne, toutes les mesures visant à versités et les organismes publics de financement de la
stimuler la croissance économique se concentrent sur recherche comme le Conseil de recherches en sciences
417
Résumé
naturelles et en génie du Canada (CRSNG). Selon cer¬ d’activité sont nombreux, le libre-échange international
tains, il serait plus productif d’allouer les fonds publics à permet à de nombreux pionniers de procéder à des
des entreprises privées. Mais à quelles entreprises? échanges internationaux avantageux pour toutes les
parties.
Cibler les industries de pointe À la question «quel¬ Au fur et à mesure que les techniques vieillissent et
les entreprises doivent bénéficier de fonds publics pour la que les brevets expirent, l’avantage comparatif dyna¬
recherche», certains répondent: les industries de pointe. mique disparaît et il faut découvrir un nouveau champ
Leur argument est le suivant : un pays qui soutient ses d’activité. C'est ce que ne cesse de faire Singapour depuis
industries de pointe peut devenir le premier à exploiter trois décennies. Ce pays, qui vivait essentiellement de
une innovation technique qui génère des profits supé¬ l’industrie du textile dans les années 1950, s’est mis à
rieurs à la moyenne, du moins le temps que d’autres pays fabriquer des produits électroniques de plus en plus com¬
le rattrapent. Mais pour tirer pleinement profit d’une plexes dans les années I960, 1970 et 1980, puis est passé
innovation, il faut la commercialiser à l’échelle mondiale, à la production des produits biotechnologiques les plus
ce qui nous amène au troisième volet du plan de crois¬ évolués au monde dans les années 1990.
sance.
O Dans ce chapitre, nous nous sommes penchés sur les
Favoriser le commerce international De manière taux de croissance à long terme au Canada et à l’étranger,
générale, les économistes ont toujours favorisé le libre- nous avons étudié les facteurs de croissance écono¬
échange international et, depuis Adam Smith, ils recon¬ mique et nous avons appris comment mesurer les contri¬
naissent que le commerce et la croissance sont intime¬ butions respectives des heures travaillées agrégées, du
ment reliés. Cependant, la théorie moderne de la crois¬ capital et des progrès techniques. La rubrique «Entre
sance (endogène) nous révèle un avantage du commerce les lignes» (p. 414) nous permet d’approfondir la relation
international qu’on avait ignoré jusque-là: Xavantage entre l’épargne et la croissance économique dans l’éco¬
comparatif dynamique. Un pays détient un avantage com¬ nomie mondiale.
paratif dynamique dans la production d’un bien ou d’un La croissance économique est de loin le facteur le plus
service lorsqu’il peut le produire à un coût d’opportunité déterminant quant à notre niveau de vie. Mais ce n’est pas
plus bas que tous les autres fournisseurs; il devient ainsi le seul. La fluctuation du PIB réel par rapport au PIB
un pionnier dans son domaine et le premier à accumuler potentiel et les fluctuations de l’emploi et du chômage qui
un capital humain spécialisé pour exploiter une nouvelle en découlent en sont un autre, et le taux d’inflation un
technique. Tôt ou tard, tous les pays pourront produire autre encore. Nous consacrerons les deux prochains
tous les biens et services au même coût d’opportunité chapitres — 17 et 18 — à l’étude des fluctuations du PIB
(ou presque), mais le pionnier peut dominer un champ réel par rapport au PIB potentiel, c’est-à-dire par rapport à
d’activité pendant un certain temps. Comme les champs la capacité optimale de production de l’économie.
RÉSUMÉ
mondiale dans les années 1970, 1980 et 1990 à une (et peut-être même en subventionnant) les industries
moindre contribution du progrès technologique. Trois de pointe et en stimulant le commerce international.
facteurs pourraient en être responsables : les chocs des (p. 416-417)
prix du pétrole, la protection de l’environnement et les
changements dans la composition de la production.
Figures clés
(p. 402-407)
Q U E STIONS DE RÉVISION
L Quel était le taux de croissance moyen du PIB réel 11. Expliquez les principales sources de la croissance
par habitant au Canada entre 1898 et 1998 ? économique au Canada ?
2. Quels pays ont enregistré la croissance la plus rapide
12. Pourquoi la croissance de la productivité a-t-elle
et la croissance la plus lente entre 1960 et 1992?
ralenti depuis 1973 ? Expliquez ce qui s’est produit.
3. Où en est le rattrapage des niveaux de PIB réel par
habitant dans le monde ? 13. Quelles sont les principales théories de la croissance
économique ?
4. Quels sont les trois conditions préalables à toute
croissance économique ? 14. Quelles sont les hypothèses clés de la théorie
5. Trois activités peuvent créer une croissance classique de la croissance ?
économique perpétuelle. Lesquelles ? 15. Quelles sont les hypothèses clés de la théorie
6. Expliquez comment la croissance économique peut néoclassique de la croissance ?
s amorcer même en l'absence d’investissement et de
16. Quelles sont les hypothèses clés de la théorie
progrès technologique.
moderne de la croissance ?
7. Qu est-ce que la comptabilité de la croissance ?
17. Expliquez ce qui distingue la théorie néoclassique
8. Sur quel concept fondamental se fonde la comp¬
tabilité de la croissance ? de la croissance et la théorie moderne de la crois¬
sance.
9. Que nous apprend la comptabilité de la
croissance sur les contributions respectives de 18. Décrivez les principales causes de la prospérité
l'accumulation du capital et du progrès tech¬ récente des pays asiatiques.
nologique à la productivité ? 19. Quelles sont les principales mesures que pourraient
10." Qu est-ce que la règle du tiers et comment l’utilise- adopter les gouvernements pour augmenter le taux
t-on? de croissance ?
419
Problèmes
ANALYSE CRITIQUE
1. Lisez attentivement la rubrique «Entre les lignes» 5. Selon vous, quelles seront les principales répercus¬
(p. 414), puis répondez aux questions suivantes: sions d’Internet sur les taux de croissance
a) Pourquoi une augmentation du taux d’épargne économique à long terme des pays en développe¬
entraîne-t-elle une croissance plus rapide du ment d’Asie et d’Afrique ?
PIB réel de l’économie mondiale? 6. Selon vous, et à la lumière de ce que vous avez
b) Au niveau national, pourquoi l’épargne ne appris dans ce chapitre, comment pourrait-on
limite-t-elle pas l’investissement? accroître les taux de croissance économique des
c) Quels pays ont enregistré les plus hauts taux provinces de l’Atlantique ?
d’épargne et de croissance entre I960 et 1990 ? 7. Selon vous, la politique du gouvernement québé¬
Un taux d’épargne élevé coïncide-t-il toujours cois qui consiste à subventionner l’emploi dans la
avec un taux de croissance élevé du PIB ? «cité du multimédia» à Montréal vise-t-elle à
d) Selon vous, laquelle des trois théories de la accélérer la croissance au Québec ? Si oui, quel
croissance économique — classique, néoclas¬ fondement économique pouvez-vous attribuer à
sique ou moderne — explique le mieux les faits cette politique?
relatés dans cet article de journal relativement 8. Vrai ou faux: «La croissance économique des pays
aux taux d’épargne et de croissance ? asiatiques ne pourra pas se maintenir. » (Justifiez
2. Quel est l’effet prévisible du Régime enregistré votre réponse.)
d’épargne-retraite sur la croissance économique du 9. Depuis 1989, la croissance économique de la
Canada ? Russie est très faible. Nommez quelques-unes des
3. Selon vous, comment les compressions budgétaires causes de cette faiblesse du taux de croissance.
dans le domaine de l’éducation influeront-elles sur 10. Après la Deuxième Guerre mondiale, la croissance
le taux de croissance économique à long terme du économique du Japon a été si rapide que certains
Canada ? économistes ont prédit que le Japon serait plus
4. Selon vous, comment l’accord de libre-échange riche que les États-Unis en 1998. Aujourd’hui, les
entre le Canada et le Chili influera-t-il sur la crois¬ États-Unis restent le pays le plus riche. Pourquoi le
sance économique à long terme du Canada et du taux de croissance du Japon a-t-il ralenti ces
Chili? dernières années ?
10 3,80
20 5,40
30 6,80
40 8,00
50 9,00
60 9,80
70 10,40
80 10,80
Problèmes
La croissance économique
Les progrès techniques, l’accumulation du capital et la croissance démographique interagissent
pour créer la croissance économique. Mais où est la cause et où est l’effet? Pouvons-nous
Les
nous attendre à ce que la productivité et le revenu par habitant continuent de croître?
questions et Les économistes classiques des XVIIIe et XIXe siècles croyaient que les progrès tech¬
LES IDÉES niques et l’accumulation du capital étaient les moteurs de la croissance. Mais ils pensaient aussi
que, malgré la mise au point de techniques toujours plus productives et quels que soient les
investissements en nouveaux biens d’équipement, les gens étaient destinés à vivre au niveau
de subsistance. Ils arrivaient à cette conclusion parce que, selon eux, la croissance économique
entraînait une croissance démographique qui faisait forcément baisser la productivité. En effet,
pour les économistes classiques, dès que la croissance économique élevait les profits au-
dessus du niveau de subsistance, il s’ensuivait une augmentation de la population qui, à son
tour, entraînait des rendements décroissants qui diminuaient la productivité. Selon eux, les
revenus finissaient donc toujours par retomber au niveau de subsistance, et ce n’était qu’à
ce niveau que la croissance démographique ralentissait.
Élaborée dans les années 1980 et 1990, la théorie moderne de la croissance contredit
la théorie classique. En effet, on pense de nos jours que la croissance du revenu entraîne un
ralentissement du taux de croissance démographique, car elle augmente le coût d’opportunité
lié au fait d’avoir des enfants. La productivité et le revenu augmentent grâce au progrès tech¬
nologique et, stimulée par la recherche du profit, l’ampleur de la croissance de la productivité
dans l’avenir est pratiquement illimitée.
Les techniques actuelles qui étendent nos horizons au-delà des limites de la
planète, élargissent également nos perspectives. Les satellites géostation¬
naires nous donnent accès à la télévision globale, aux communications
(téléphonie et transmission de données) ainsi qu’à des prévisions météoro¬
logiques plus précises qui, notamment, augmentent la productivité agricole.
Dans un proche avenir, nous découvrirons probablement des supraconduc¬
teurs qui révolutionneront l’utilisation de l’électricité et de la réalité virtuelle
(outils de formation, parcs thématiques, etc.), des voitures non polluantes
à l’hydrogène, des téléphones bracelets et des ordinateurs à fibre optique
avec lesquels nous pourrons converser. Cet arsenal de nouvelles techniques
augmentera encore nos capacités de créer d’autres techniques. Le progrès
technologique amène le progrès technologique dans un processus (apparem¬
ment) illimité, qui nous rend encore plus productifs et nous apporte des revenus
encore plus élevés.
Joseph Shumpeter
!
I
■■
4
partie Les problèmes et les politiques
macroéconomiques
soutenir l’éducation, car notre pre¬ surtaxés, et se montrent plutôt réfrac¬ La politique monétaire ne devrait-elle
mier atout est le talent des gens qui taires à certains types de taxes. pas viser davantage l’atteinte d’un
foulent notre sol, et non les ressour¬ équilibre de plein emploi et l’accélé¬
ces qui y sont enfouies. Considérez-vous que la réduction du ration de la croissance?
La deuxième chose à faire, c’est fardeau fiscal soit davantage une prio¬ Je pense que la politique monétaire
d’investir en recherche-développe¬ rité que la réforme de la répartition peut faire les deux. 1) Le mandat de
ment, car c’est de la nouvelle écono¬ fiscale? la Banque du Canada ne se limite pas
mie que viennent la plupart des nou¬ Non, je ne le crois pas. Je crois que à la stabilité des prix. 2) Je n’étais pas
veaux emplois. Troisièmement, il faut nous devrions aussi modifier la répar¬ d’accord avec la politique monétaire
préserver notre filet de protection tition fiscale. Il est certain qu’à long de la Banque du Canada à la fin des
sociale et, quatrièmement, financer terme j’aimerais réduire les impôts. années 1980 et au début des années
le commerce et l’accès aux marchés J’estime notamment que nous 1990. J’estime qu'il était impératif de
étrangers. devrions sérieusement songer à ré¬ juguler l’inflation, mais qu’il n’était
Ce sont là nos quatre grands duire les charges sociales des salariés. pas nécessaire d’être aussi radical.
axes, mais il y a bien sûr beaucoup Nous aurions pu y parvenir sans aug¬
d’initiatives auxiliaires. Il est assez Passons à vos relations avec le gou¬ menter autant le dollar et les taux
évident qu’en tant que société — où verneur de la Banque du Canada. d’intérêt.
le gouvernement doit donc jouer un Pensez-vous que les responsabilités
rôle — nous devons absolument sont bien réparties entre le ministère Beaucoup de nos étudiants souhaitent
essayer de favoriser l’insertion profes¬ des Finances et la Banque du Canada s’engager dans une carrière politique.
sionnelle des jeunes. C’est là que le en matière de politique monétaire? Quels conseils leur donneriez-vous
chômage réel se fait vraiment sentir. Oui, elles le sont. Vous savez que les pour se préparer à ce genre de vie
Le principal problème, c’est le deux extrêmes sont la Bundes Bank dès le cégep ou l’université?
manque d’emplois d’insertion; c’est (la banque centrale d’Allemagne), qui S’ils souhaitent un jour faire carrière
là-dessus que nous devons travailler. jouit d’une indépendance absolue, et en politique, je leur conseille avant
la Banque d’Angleterre, qui au con¬ tout d’envisager une première car¬
Pensez-vous que le budget devrait traire est très dépendante. Je pense rière. La politique récompense sur¬
prévoir une politique budgétaire qui que nous nous en sommes très bien tout les succès en dehors de la poli¬
favorise l’épargne? sortis en restant dans le juste milieu. tique. Par conséquent, mieux vous
Nous n’épargnons pas assez, alors je Une fois le gouverneur de la Banque réussirez à vous tailler une place en
dirais que oui. Je crois qu’avec le du Canada nommé, la Banque jouit dehors de la politique avant d’y en¬
temps il devrait y avoir un parti-pris d’une totale indépendance dans trer, plus votre ascension en politique
en faveur de l’épargne. Et comme l’établissement de sa politique moné¬ sera rapide.
nous commençons à dégager une taire. Cependant, le gouvernement L’utilité des études d’économique
petite marge de manœuvre, je crois du Canada a la possibilité d émettre ne fait aucun doute, je crois. J’ai
que c’est quelque chose que j’aimerais une directive, et, si c’était le cas, le durement gagné mes propres acquis
que nous fassions. gouverneur démissionnerait. Mais le économiques: j’ai dû travailler fort et
gouvernement n’émettrait une telle faire d’innombrables lectures, et j’ai
Pour stimuler l’épargne, que directive que dans les circonstances bien regretté de ne pas avoir appris
penseriez-vous d’une baisse graduelle les plus extrêmes, car la pression du tout ça à l’université. Il est presque
des impôts associée à une augmenta¬ marché serait alors considérable. impossible de réussir en politique ou
tion des taxes de vente comme laTPS Nous disposons donc effectivement en affaires sans une bonne com¬
pour maintenir les revenus de l’État? d’une banque centrale indépendante, préhension des rouages de l’écono¬
De nombreux économistes se sont mais elle est dotée d’un dispositif mie. Et, si vous voulez réussir en
prononcés en faveur de cette poli¬ démocratique auquel on peut recourir affaires avant d’entrer en politique,
tique. Personnellement, je ne suis pas de manière exceptionnelle. J’estime l’étude de l’économique est essen¬
convaincu à cause du climat politique que ce dispositif est important pour tielle, mais celle des langues l’est tout
actuel. Les Canadiens se sentent déjà des raisons de responsabilisation. autant.
Objectifs Distinguer les diverses théories du cycle
économique
Après les horreurs de la Première Guerre mondiale, l’économie s’est rétablie. On pro¬
Bay Street et de Montréal chute de 30 %. Dans les quatre années qui suivent, on enre¬
30 % et le cinquième de la population active est en chômage. Quelles ont été les causes
de la Crise de 1929 ? ♦ Comparées à la Grande Dépression, les récessions qui ont suivi
sont mineures, mais rien existent pas moins. Notre économie a connu 15 récessions
depuis 1920, dont 10 depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Entre le deuxième
connu une autre chute de plus de 3 % entre le premier trimestre de 1990 et le premier
trimestre de 1991, et n’est retourné à son niveau du premier trimestre de 1990 qu’au
troisième trimestre de 1992. Depuis, le PIB réel est monté en flèche. Au début de 1999,
et de 21 % le niveau le plus haut jamais atteint avant cette récession. Quelles sont les
causes de ces séries répétées de récessions et d’expansions économiques ? Tel qui rit ven¬
nous espérer que la longue phase d’expansion économique que nous connaissons depuis
Dans ce chapitre, nous allons étudier le cycle économique. Nous allons voir com¬
ment tous les événements macroéconomiques que nous avons étudiés jusqu’ici se con¬
juguent pour brosser le tableau complet des forces et des mécanismes responsables de la
de l’inflation.
430
Chapitre 17 Le cycle économique
mais le salaire nominal ne baisse pas et léconomie reste Le cycle économique keynésien ressemble à celui de
au point b jusqu’à ce qu’une force la déplace. la balle de tennis : il est amorcé par une force extérieure
La figure 17.2 illustre cette force. Dans ce graphique, — l’instinct animal des investisseurs — qui en modifie
en partant du point b, l’instinct animal des investisseurs l’orientation et déclenche un processus aboutissant à un
les incite à accroître leurs investissements, ce qui entraîne nouvel équilibre qui ne sera perturbé que par une nou¬
une augmentation de la demande agrégée et un déplace¬ velle impulsion extérieure.
ment de la courbe de demande agrégée jusqu’en DA2. Le
processus du multiplicateur se déclenche et le PIB réel
commence à augmenter. Une phase de reprise s’amorce. La théorie monétariste
Tant et aussi longtemps que le PIB réel demeure au-
dessous du PIB potentiel (800 milliards de dollars dans Selon la théorie monétariste du cycle économique,
cet exemple), le salaire nominal et le niveau des prix fruit des travaux de Milton Friedman et de plusieurs
demeurent constants. Toutefois, le PIB réel n’atteint autres économistes, les variations du stock monétaire
jamais le point c, point d’intersection de OACTq et DA2 sont la principale source de fluctuations économiques.
car, s il dépasse le PIB potentiel et que le chômage tombe Comme pour la théorie keynésienne, nous allons exa¬
sous son taux naturel, le salaire nominal commence à miner la théorie monétariste en étudiant d’abord ses
croître et la courbe d’offre agrégée à court terme se dé¬ principales impulsions, puis les mécanismes qui les
place vers le haut jusqu’en OACTx. Au fur et à mesure convertissent en un cycle du PIB réel.
que le salaire nominal augmente, le niveau des prix monte
et la croissance du PIB réel ralentit. L’économie suit un L’impulsion monétariste Dans la théorie moné¬
cours -semblable à celui représenté par les flèches reliant le tariste, le taux de croissance de la masse monétaire est
point b, l’équilibre initial, au point d l’équilibre final. l’impulsion. L’accélération de la croissance monétaire
433
Les THÉORIES DE la demande agrégée du cycle économique
vers la gauche jusqu’en DA\. Le PIB réel descend à L’impulsion des anticipations rationnelles Contrai¬
750 milliards de dollars et l’économie se déplace au rement aux autres théories du cycle économique fondées
point b. Le chômage s’accroît et il y a un surplus de sur la demande agrégée, les théories des anticipations
main-d’œuvre. Le salaire nominal commence à baisser. rationnelles se fondent sur l’hypothèse que Ximpulsion est
Au fur et à mesure que le salaire nominal diminue, la la variation non anticipée de la demande agrégée. Si l’aug¬
courbe d’offre agrégée à court terme OACT0 se déplace mentation de la demande agrégée est plus importante que
jusqu’en OACT\. Le niveau des prix descend et le PIB prévu, il y a expansion ; si elle est moins importante que
réel monte à mesure que l’économie se déplace vers le prévu, il y a récession. Toute variation imprévue d’un fac¬
point c, son nouveau niveau d’équilibre de plein emploi. teur qui influe sur la demande agrégée — la politique
Le graphique 17.3 (b) montre les effets de l’impul¬ budgétaire, la politique monétaire ou des fluctuations de
sion monétaire initiale inverse — une accélération de la l’économie mondiale qui se répercutent sur les exporta¬
croissance monétaire. En partant du point c, une hausse tions — peut entraîner une fluctuation du PIB réel.
du taux de croissance nominale fait augmenter la de¬
mande agrégée et déplace la courbe DA jusqu’en DA2. Le Les mécanismes du cycle des anticipations ration¬
PIB réel et le niveau des prix s’accroissent à mesure que nelles Pour décrire les mécanismes du cycle des anti¬
l’économie se déplace vers le point dpoint d’intersection cipations rationnelles, nous allons commencer par étudier
de OACT\ et DA2. Lorsque le PIB réel est supérieur au la nouvelle théorie classique. Si le salaire nominal est cons¬
PIB potentiel et que le chômage se situe au-dessous de tant, lorsque la demande agrégée diminue, le PIB réel et
son taux naturel, le salaire nominal commence à augmen¬ le niveau des prix baissent. La chute du niveau des prix
ter et la courbe d’offre agrégée à court terme se déplace entraîne l’augmentation du salaire réel la baisse de l’em¬
vers la gauche jusqu’en OACT2. Au fur et à mesure que le ploi et l’augmentation du chômage. Selon la nouvelle
salaire nominal monte, le niveau des prix augmente et le théorie classique, les événements qui précèdent ne sur¬
PIB réel diminue. L’économie se déplace du point d au viennent que si la diminution de la demande agrégée n’est
point e, son nouveau niveau d’équilibre de plein emploi. pas anticipée. Si le fléchissement de la demande agrégée
Le cycle économique monétariste se compare à un est anticipé, les entreprises et les travailleurs conviennent
cheval à bascule. Il doit être amorcé par l’impulsion d’une baisse du salaire nominal. Ils pourront ainsi éviter
d’une force extérieure. Le cas échéant, il effectue un une hausse du taux de chômage.
mouvement de bascule (mais un seul). La manière dont De même, si les entreprises et les travailleurs anti¬
l’économie réagit à la force extérieure n’a aucune impor¬ cipent une augmentation de la demande agrégée et une
tance. Si l’impulsion est un ralentissement de la crois¬ augmentation du niveau des prix, ils s’entendent alors
sance monétaire, l’économie enregistre une phase de pour augmenter le salaire nominal. Ils préviennent ainsi
récession, suivie d’une phase d’expansion. S’il s’agit d’une la baisse du salaire réel et évitent que le taux de chômage
accélération de la croissance monétaire, l’économie entre ne descende sous son taux naturel.
en expansion, puis en récession. Seules les fluctuations de la demande agrégée qui ne
sont pas anticipées et dont on ne tient donc pas compte
dans les contrats salariaux entraînent des variations du
Les deux théories fondées sur PIB réel. Les variations anticipées de la demande agrégée
les anticipations rationnelles font varier le niveau des prix, mais ne font pas fluctuer le
PIB réel ni le chômage, et n’amorcent pas de cycle
Une anticipation rationnelle est une prévision fondée économique.
sur toute l’information pertinente disponible. Dans les Comme les nouveaux économistes classiques, les
deux théories du cycle économique fondées sur les antici¬ nouveaux économistes keynésiens croient que les antici¬
pations rationnelles, c’est l’anticipation rationnelle du pations rationnelles du niveau des prix ont une influence
niveau des prix qui détermine le salaire nominal. La nou¬ sur le salaire nominal. Cependant, les nouveaux keyné¬
velle théorie classique du cycle économique considère siens insistent sur le fait que la plupart des contrats sala¬
que les variations non anticipées de la demande agrégée riaux sont à long terme ; pour eux, les salaires nominaux
sont la principale source de fluctuations économiques. d’aujourd’hui sont influencés par les anticipations ration¬
Cette théorie découle des travaux de Robert E. Lucas fils nelles d’hier. Or, ces anticipations ont été faites dans le
et d autres économistes, notamment Thomas J. Sargent passé à partir d’une information qui peut maintenant se
(voir la rubrique «L’évolution de nos connaissances» révéler inexacte. Une fois qu’ils se sont entendus par con¬
p. 453). Selon la nouvelle théorie keynésienne du cycle trat sur un salaire à long terme, les entreprises et les tra¬
économique, les sources des fluctuations économiques vailleurs ont beau anticiper une variation de la demande
sont les fluctuations anticipées et non anticipées de la agrégée qui risque de modifier le niveau des prix, leur
demande agrégée. Comme pour les théories keynésienne contrat les empêche de modifier les salaires nominaux.
et monétariste, nous allons étudier ces théories en obser¬ Dans la nouvelle théorie keynésienne, le salaire nominal
vant d’abord la principale impulsion du cycle, puis son est donc rigide, et même une variation anticipée de la
mécanisme de propagation. demande agrégée fait fluctuer le PIB réel.
435
Les THÉORIES DE la demande agrégée du cycle économique
Les nouveaux économistes classiques, eux, affirment gée à long terme est OALT. On prévoit que la demande
qu’il y a renégociation des contrats à long terme lorsque agrégée sera DAP. Compte tenu du PIB potentiel et de la
les changements de conditions rendent les contrats péri¬ demande agrégée prévue, le salaire nominal est fixé au
més. Ils ne considèrent pas les contrats à long terme niveau qui est censé amener l’équilibre de plein emploi. À
comme des obstacles à la flexibilité du salaire nominal ce salaire nominal, la courbe d’offre agrégée à court terme
dans la mesure où les deux parties reconnaissent les est OACT. En imaginant qu’au départ la demande agré¬
changements de conditions. Si les entreprises et les tra¬ gée est égale à la demande agrégée prévue, il y a alors
vailleurs prévoient une variation du niveau des prix, ils équilibre de plein emploi. Le PIB réel est égal à 800 mil¬
modifient les salaires nominaux convenus pour qu’ils liards de dollars, et le niveau des prix est à 110. Puis,
reflètent cette prévision commune. Le cas échéant, les inopinément, la demande agrégée se révèle inférieure au
variations anticipées de la demande agrégée font fluctuer montant prévu et la courbe de demande agrégée se dé¬
le salaire nominal et le niveau des prix, et ne font pas place vers la gauche jusqu’en DA{) — graphique 17.4 (a).
varier le PIB réel. Diverses impulsions données à la demande agrégée — un
Le trait caractéristique des deux versions de la théorie ralentissement du taux de croissance de la masse moné¬
des anticipations rationnelles du cycle économique réside taire ou un fléchissement des exportations, par exemple
dans le rôle de la variation non anticipée de la demande — pourraient avoir provoqué ce choc. Une récession
agrégée. La figure 17.4 illustre les effets de cette variation s’amorce. Le PIB réel tombe à 750 milliards de dollars, et
sur le PIB réel et le niveau des prix. Le PIB potentiel le niveau des prix baisse à 105. L’économie se déplace au
s’élève à 800 milliards de dollars et la courbe d’offre agré¬ point b. Le chômage augmente et il y a un surplus de
FIGURE 17.4
o OALT
o
OACT
o
o
115
110
105
Si la demande agrégée
est supérieure au niveau
prévu, une expansion
s'amorce.
On s’attend à ce que l’économie se situe au point a — point La reprise de la théorie des anticipations rationnelles
d’intersection de la courbe de demande agrégée prévue, DAP, s’amorce quand une augmentation imprévue de la demande
de la courbe d’offre agrégée à court terne, OACT, et de la courbe agrégée entraîne un déplacement de la courbe DA vers la droite,
d’offre agrégée à long terme, OALT. La récession de la théorie de DA0 jusqu’en DA|. Si le salaire nominal est basé sur une de¬
des anticipations rationnelles s’installe lorsqu’une diminution mande agrégée prévue DAP, à mesure que l’économie se déplace
imprévue de la demande agrégée entraîne un déplacement de vers le point c, le PIB réel s’élève graduellement jusqu’à 850 mil¬
la courbe DA vers la gauche jusqu’en DAq. Comme le salaire no¬ liards de dollars et le niveau des prix monte jusqu’à I 15. En¬
minal est fixé en prévision d’une demande agrégée DAP, à mesure core là, tant et aussi longtemps qu’on prévoit que la demande
que l’économie se déplace vers le point b, le PIB réel baisse agrégée sera DAP, le salaire nominal ne varie pas.
main-d’œuvre. Cependant, on prévoit que la demande culiers d’une théorie plus globale DA-OA. Selon cette
agrégée sera DAP\ le salaire nominal ne varie donc pas et théorie plus générale, les impulsions de la théorie keyné¬
la courbe d’offre agrégée à court terme reste en OACT. sienne et de la théorie monétariste peuvent modifier la
La récession se résorbe lorsque la demande agrégée demande agrégée. Un effet multiplicateur fait varier la
s’accroît et retourne au niveau prévu. Une impulsion plus demande agrégée de manière plus importante que toute
importante qui ramène la demande agrégée à un niveau variation initiale de l’une des composantes des dépenses.
supérieur à la DAP entraîne une expansion. Dans le gra¬ On peut considérer que le salaire nominal réagit aux
phique 17.4 (b), la courbe de demande agrégée se dé¬ changements des anticipations rationnelles du niveau
place vers la droite jusqu’en DAX. Cette augmentation des prix. Même si les salaires nominaux sont flexibles, ils
de la demande agrégée pourrait être provoquée par ne varieront que dans la mesure où les anticipations du
une accélération de la croissance monétaire ou par un niveau des prix changeront. Par conséquent, le salaire
bond des exportations. Le PIB réel atteint maintenant nominal s’ajuste graduellement.
850 milliards de dollars, et le niveau des prix, 115. Même si les trois théories du cycle économique que
L’économie se déplace au point c. Le chômage se situe à nous venons d’étudier reposent sur les fluctuations de la
présent au-dessous de son taux naturel. Cependant, on demande agrégée pour expliquer le cycle économique,
prévoit que la demande agrégée sera DAP, donc le salaire elles n’éliminent pas pour autant la possibilité que les
nominal ne varie pas et la courbe d’offre agrégée à court impulsions à l’origine du cycle proviennent parfois du
terme reste en OACT. côté de l’offre agrégée. Une diminution de l’offre agrégée
Les fluctuations de la demande agrégée autour de pourrait être à l’origine d’une récession. Ainsi, une
la demande agrégée prévue, DAP (entre DAq et DAX), importante sécheresse peut nuire à la production agricole
entraînent des fluctuations du PIB réel et du niveau des et plonger dans la récession une économie axée sur un
prix, qui se promènent entre les points b et c. secteur agricole. Cependant, selon les théories de la de¬
Les deux théories des anticipations rationnelles dif¬ mande agrégée du cycle économique, il est relativement
fèrent quant aux prédictions sur les effets d’une variation rare que 1 offre encaisse des chocs, car les sources nor¬
de la demande agrégée prévue. La nouvelle théorie clas¬ males et perpétuelles des fluctuations économiques sont
sique prédit que, aussitôt que la demande agrégée prévue les variations de la demande agrégée.
varie, le salaire nominal change également, et la courbe
OACT se déplace. La nouvelle théorie keynésienne, elle,
prédit que le salaire nominal ne varie que graduellement,
à mesure qu’on signe de nouveaux contrats ; la courbe
OACT ne se déplace que lentement. Cette différence
entre les deux théories est cruciale dans l’élaboration des
politiques. Selon la nouvelle théorie classique, les poli¬
tiques anticipées ne font varier que le niveau des prix,
À RETENIR
et n’ont aucun effet sur le PIB réel et sur le chômage:
lorsqu’on prévoit un changement de politique, comme le a Selon la théorie keynésienne, le cycle économique est
salaire nominal varie immédiatement, la courbe OACT se engendré par les anticipations volatiles concernant les
déplace et compense les effets de la politique sur le PIB ventes et les profits (instinct animal), un effet multi¬
reel. Par contre, selon la nouvelle théorie keynésienne, plicateur et la rigidité du salaire nominal.
comme le salaire nominal ne varie qu’à mesure que de
Selon la théorie monétariste, le cycle économique est
nouveaux contrats sont entérinés, même les changements
engendré par les mesures prises par la Banque du
de politique anticipés font varier le PIB réel, et on peut
Canada pour accélérer ou ralentir le taux de croissance
les utiliser pour tenter de stabiliser le cycle économique.
de la monnaie, ce qui fait varier les intentions de
Comme le cycle économique monétariste, les cycles dépense.
décrits par les théories des anticipations rationnelles
■ Selon les théories des anticipations rationnelles
ressemblent au cycle du cheval à bascule. Ils ont besoin
(nouvelle théorie classique et nouvelle théorie keyné¬
d’une force extérieure pour s’amorcer mais, une fois
sienne), le cycle économique est engendré par les fluc¬
lancée, l’économie se maintient autour du niveau de
tuations imprévues de la demande agrégée. Dans la
plein emploi. Le mouvement de bascule du nouveau
nouvelle théorie classique, le salaire nominal réagit
cheval classique est plus rapide que celui du nouveau
aux anticipations du niveau des prix ; dans la nouvelle
cheval keynésien, et s’arrête plus rapidement.
théorie keynésienne, le salaire nominal est fixé par les
contrats à long terme.
La théorie générale DA-OA Nous allons maintenant étudier une nouvelle théorie
du cycle économique qui défie les théories traditionnelles
On peut considérer toutes les théories sur le cycle éco¬ de la demande que vous venez d’étudier : la théorie du
nomique que nous venons de voir comme des cas parti¬ cycle d’origine réelle.
437
La THÉORIE DU CYCLE D’ORIGINE RÉELLE
L’impulsion du COR
La théorie du cycle
d’origine réelle Dans la théorie du COR, Ximpulsion est le taux de crois¬
sance de la productivité qui découle du progrès technologique.
— Selon la théorie du cycle économique la plus Les théoriciens du COR croient que l’impulsion vient
récente, la théorie du cycle d’origine réelle (ou théorie essentiellement du processus de recherche-développement
du COR), les fluctuations aléatoires de la productivité qui mène à la mise au point et à l’utilisation de nouvelles
sont la principale source de fluctuations économiques. techniques. Parfois, le progrès technologique est rapide et
On présume que ces fluctuations de la productivité résul¬ la productivité s’accélère ; à d’autres moments, il est lent
tent essentiellement de variations du rythme du progrès et la croissance de la productivité ralentit. De temps à
technologique, mais elles pourraient aussi avoir d’autres autre, un progrès technique a une portée si considérable
causes, notamment des perturbations du commerce qu’il rend obsolescente une grande quantité du capital,
international, des variations climatiques ou des catastro¬ surtout du capital humain. De plus, dans un premier
phes naturelles. Les origines de la théorie du cycle écono¬ temps, ce type de progrès technique entraîne des aboli¬
mique réel remontent à la révolution des anticipations tions d’emplois et des fermetures d’entreprises. Ces pre¬
rationnelles initiée par Robert E. Lucas fils, mais nous mières répercussions des progrès techniques de grande
devons la première démonstration de la puissance de portée font diminuer la productivité et peuvent entraîner
cette théorie à Edward Prescott et Finn Kydland ainsi une récession. D’autres chocs encaissés par l’offre, comme
qu’à John Long et Charles Plosser. Aujourd’hui, la l’embargo décrété par les pays de l’OPEP dans les années
théorie du cycle d’origine réelle s’inscrit dans un corpus 1970, peuvent diminuer temporairement la productivité.
de recherche plus vaste sur X équilibre général dynamique, Pour isoler l’impulsion de la théorie du COR, soit le
corpus sur lequel se penchent des centaines de jeunes taux de croissance de la productivité qui découle du pro¬
macroéconomistes. grès technologique, les économistes utilisent l’outil de
Comme nous l’avons fait pour les théories de la la comptabilité de la croissance (voir le chapitre 16,
demande agrégée, nous allons étudier la théorie du COR p. 402-407).
en analysant d’abord l’impulsion, puis le mécanisme qui La figure 17.5 illustre l’impulsion du COR au
la convertit en un cycle du PIB réel. Canada de 1970 à 1998 et nous permet également de
FIGURE 17.5
La décision clé: quand doit-on travailler au juste? L'investissement et l’épargne baissent et le taux d’intérêt annuel
Selon la théorie du COR, les gens décident quand\\s réel descend à 4 % — graphique (a) —, ce qui fait diminuer l’offre
doivent aller travailler en effectuant un calcul coûts- de travail (et influe sur la décision quand travailler!) — graphique
avantages, c’est-à-dire en comparant le rendement im¬ (b). Le niveau d’emploi descend à 24,5 milliards d’heures, et le
médiat. du travail à son rendement anticipé. Vous faites salaire réel, à 17 $ l’heure. Une récession s’amorce.
vous fixiez comme objectif pour ce cours d’obtenir la Comme l’emploi est plus faible, l’offre agrégée baisse et,
note A. Pour atteindre cet objectif, vous devez travailler comme la demande d’investissement est plus faible, la
relativement fort de manière constante, mais vous tra¬ demande agrégée baisse aussi. La figure 17-7 illustre ces
vaillerez encore plus fort dans les quelques jours qui effets à l’aide du modèle DA-OA. Au départ, la courbe de
précèdent les examens de mi-session et de fin de session. demande agrégée est DA$ et la courbe d’offre agrégée à
Pourquoi ? Parce que vous estimez que le rendement que long terme est OALTq. Le niveau des prix se situe à 110,
vous obtiendrez en mettant les bouchées doubles quel¬ et le PIB réel, à 800 milliards de dollars. Il n’y a pas de
ques jours avant l’examen sera supérieur à celui que vous courbe d’offre agrégée à court terme dans ce graphique,
obtiendriez en étudiant plusieurs semaines à l’avance. car la courbe OACTn’a aucune pertinence dans la
Donc, durant le trimestre, vous vous accorderez quelques théorie du COR. Le marché du travail tend constam¬
jours ou quelques heures de congé, tandis qu’en période ment vers son niveau d’équilibre et le salaire nominal
d’examen vous travaillerez sans relâche. s’ajuste librement (vers le haut ou vers le bas), de manière
Selon la théorie du cycle d’origine réelle, les travail¬ à ce que le salaire réel harmonise la quantité demandée et
leurs se comportent de manière analogue. Ils travaillent la quantité offerte de travail. Selon la théorie du COR, le
moins d’heures — ou même, ne travaillent pas du tout chômage se situe toujours à son taux naturel, et ce taux
— quand le salaire réel est temporairement bas et un
plus grand nombre d’heures quand il est temporairement
élevé. Pour comparer le salaire courant au salaire anti¬
cipé, les travailleurs utilisent le taux d’intérêt réel. Si le
taux d’intérêt annuel réel est actuellement de 6 %, le 1 $ FIGURE 17.7
l’heure de salaire réel que vous gagnez cette semaine vau¬
Le modèle DA-OA dans
dra 1,06 $ dans un an. Si on prévoit que le salaire réel
sera de 1,05 $ l’heure l’an prochain, un salaire réel de 1 $
aujourd’hui est une bonne affaire: en travaillant davan¬
un cycle d’origine réelle v
tage d’heures maintenant et moins d’heures l’an pro¬
chain, vous augmenterez de 1 % la valeur de votre salaire
réel. Par contre, supposons que le taux d’intérêt annuel
réel descende à 4 % : le 1 $ que vous gagnez cette se¬
maine ne vaudra plus que 1,04 $ dans un an ; donc, en
travaillant moins d’heures aujourd’hui et plus d’heures
l’an prochain, vous augmenterez de 1 % la valeur de
votre salaire réel.
Pour déterminer à quel moment on doit travailler,
on doit donc connaître le taux d’intérêt réel. Toutes
choses étant égales par ailleurs, plus le taux d’intérêt réel
est bas, plus l’offre de travail est faible. Bon nombre
d’économistes considèrent que cet effet de substitution
intertemporelle est d’importance négligeable. Les théo¬
riciens du COR estiment au contraire que cet effet est
important et qu’il est même l’élément clé du mécanisme
du COR.
Le graphique 17.6 (a) montre que la diminution
de la demande d’investissement fait baisser le taux d’in¬
térêt réel, ce qui entraîne une baisse du rendement du
Au départ, la courbe de demande agrégée est DA0 et la courbe
travail courant et donc de l’offre de travail. Au gra¬
d’offre agrégée à long terme, OALT0. Le PIB réel se situe à 800 mil¬
phique 17.6 (b), la courbe d’offre de travail se déplace
liards de dollars (il est égal au PIB potentiel) et le niveau des prix
vers la gauche en OT\. L’effet d’une impulsion de la pro¬
s’établit à I 10. Il n’y a pas de courbe OACT dans la théorie du cycle
ductivité sur la demande de travail est plus important que
d’origine réelle parce que le salaire nominal est flexible. Les pro¬
l’effet d’un recul du taux d’intérêt réel sur l’offre de travail.
grès techniques décrits à la figure 17.6 font temporairement dimi¬
Autrement dit, la courbe DT se déplace plus à gauche que
nuer le PIB potentiel et la courbe OALT se déplace vers la gauche
la courbe OT. Par conséquent, le salaire réel descend à
jusqu'en OALTt. Le ralentissement de la demande d’investissement
17 $ l’heure, et l’emploi, à 24,5 milliards d’heures. Une
entraîne une baisse de la demande agrégée et un déplacement de
récession s’est amorcée et elle va en s’intensifiant.
la courbe DA vers la gauche jusqu’en DA|. Le PIB réel tombe à
780 milliards de dollars et le niveau des prix, à 107. L’économie
Le PIB réel et le niveau des prix Le reste de notre
entre en récession.
exposé sur le COR concerne les répercussions de ces
changements sur le PIB réel et sur le niveau des prix.
440
naturel fluctue au cours du cycle économique parce que fluctuations de l’offre de travail et de l’emploi par de
la quantité de gens à la recherche d’un emploi varie. légères variations du salaire réel.
La diminution de l’emploi entraîne une baisse de la Mais, aux yeux de la plupart des économistes, c’est la
production totale qui, à son tour, provoque une chute de question de l’impulsion qui discrédite vraiment la théorie
l’offre agrégée. Dans le graphique de la figure 17.7, la du COR. Selon eux, il est invraisemblable que les impul¬
courbe OALTse déplace vers la gauche jusqu’en OALT\. sions qui engendrent les variations de la productivité que
Le fléchissement de la demande d’investissement pro¬ révèle la comptabilité de la croissance viennent du pro¬
voque un ralentissement de la demande agrégée et un grès technologique. Ces impulsions existent, admettent-
déplacement de la courbe DA vers la gauche jusqu’en ils, et elles ont une cause. Mais cette cause peut tout aussi
DAX. Le niveau des prix tombe à 107 et le PIB réel, à bien provenir de variations de la demande agrégée que de
780 milliards de dollars. L’économie traverse une réces¬ progrès techniques, et il faut alors recourir aux théories
sion. traditionnelles de la demande pour les expliquer. Les
fluctuations de la productivité ne déclenchent pas le
Qu ’arrive-t-il à la monnaie? Le fait que la théorie du cycle; au contraire, elles en sont le résultat, soutiennent
les détracteurs de la théorie du COR.
cycle d’origine réelle s’appelle ainsi n’est évidemment pas
le fruit du hasard. Cette appellation tient à la prévision Poursuivant leur raisonnement, ils font observer que
qui est au cœur de la théorie : le cycle économique est ces présumées fluctuations de la productivité que mesure
enclenché par des facteurs réels, et non pas par des fac¬ la comptabilité de la croissance sont en corrélation avec
teurs nominaux ou monétaires. Si la quantité de mon¬ la variation du taux de croissance monétaire et avec
naie varie, la demande agrégée fluctue. Cependant, il d’autres indicateurs des variations de la demande agrégée.
se comporte mal, il signifierait au contraire que tout se ■ un ralentissement de la reprise économique des
passe normalement. Et s’ils ont raison, toute politique États-Unis,
visant à atténuer le cycle est malavisée ; au mieux, on ■ l’Accord de libre-échange entre le Canada et les
pourrait atténuer les dépressions en se privant des reprises. États-Unis.
Mais comme les reprises stimulent les investissements qui
nous permettent de tirer profit des nouvelles techniques La politique de stabilisation des prix de la Banque
en temps opportun, aplanir le cycle économique ne ferait du Canada La Banque du Canada a commencé à
que retarder les avantages des nouvelles techniques. appliquer une politique de stabilisation des prix en 1988.
Mais, en raison des effets échelonnés de toute politique
monétaire, ses répercussions n’ont été perceptibles qu’en
1989 et ne se sont vraiment fait sentir qu’en 1990. Les
meilleurs indicateurs disponibles donnent à penser que
À RETENIR les effets à long terme de la stabilisation des prix sont
extrêmement avantageux pour les Canadiens. Cepen¬
dant, ses effets à court terme sont coûteux.
■ Selon la théorie du cycle d’origine réelle (COR), les
Pour stabiliser les prix, la Banque du Canada doit
fluctuations économiques découlent de progrès tech¬
ralentir la croissance de l’offre de monnaie; la figure 17.8
niques qui font varier le rythme de croissance de la
permet de constater l’ampleur de son intervention. Le
productivité.
taux de croissance de la monnaie hors banque, Ml, a
■ Une chute de la productivité entraîne une baisse de la diminué en 1989 et il était presque nul en 1990. Le taux
demande d’investissement, de la demande de travail et de croissance de l’agrégat, M2+, a également baissé, mais
du taux d’intérêt réel. La baisse du taux d’intérêt réel plus lentement.
fait diminuer l’offre de travail et l’emploi, ce qui
entraîne une baisse du salaire réel. Un ralentissement de la reprise économique aux
États-Unis Après avoir enregistré la plus longue phase
■ Un affaiblissement de la productivité donne lieu à une
d’expansion en temps de paix de leur histoire, les Etats-
diminution de l’offre agrégée, de la demande agrégée,
Unis ont connu un ralentissement de la croissance du
du PIB réel et du niveau des prix.
PIB réel en 1989 et au début de 1990, et s’enfonçaient
Nous venons de passer en revue les principales dans une récession au milieu de 1990, un trimestre après
théories du cycle économique. Notre prochaine tâche le Canada. La figure 17.9 montre la performance de la
consistera à étudier certains cycles économiques du croissance du PIB réel aux États-Unis (et au Canada).
monde réel, en nous concentrant sur leur phase de réces¬ On voit que la récession américaine a été non seulement
sion, évidemment la plus problématique. Commençons plus tardive que la récession canadienne, mais aussi
par examiner la récession de 1990-1991. moins profonde. De plus, l’expansion américaine de
1991 et 1992 a été plus rapide que la reprise canadienne.
Depuis la fin de la récession, les États-Unis et le Canada
ont connu, sauf pour le 2e trimestre de 1995, une crois¬
sance soutenue.
Le ralentissement de l’économie américaine du dé¬
La récession de 1990-1991 but des années 1990 a freiné la croissance de la demande
d’exportations canadiennes et a entraîné une baisse des
— Selon les diverses théories du cycle prix et du volume des exportations.
économique, les récessions peuvent être engendrées
par diverses forces, certaines du côté de la demande L’Accord de libre-échange entre le Canada et les
agrégée, d’autres du côté de l’offre agrégée. Commen¬ États-Unis La première phase d’abolition de droits
çons par cerner les chocs qui ont déclenché la récession tarifaires réalisée en vertu de l’Accord de libre-échange
la plus récente au Canada — celle de 1990-1991. entre le Canada et les États-Unis est entrée en vigueur le
1er janvier 1989; la deuxième phase, un an plus tard.
L’élimination graduelle des droits tarifaires sur la plupart
Les origines de la récession des échanges canadiens avec les États-Unis donnera lieu
de 1990-1991 à une rationalisation des activités de production dans les
deux pays. On prévoit que les effets à long terme de cette
Trois forces qui s’exerçaient au Canada en 1990 semblent rationalisation seront avantageux pour les Canadiens
avoir contribué à la récession et à la lente reprise qui a (et pour les Américains). Cependant, comme la politique
suivi : de stabilisation des prix de la Banque du Canada, l’éli¬
■ la politique de stabilisation des prix de la Banque du mination des droits tarifaires impose des coûts à court
Canada, terme. Dans un premier temps, en effet, elle entraîne la
44 2
Chapitre 17 Le cycle économique
FIGURE 17.8
.2; 4) 16 •
-4 •
mars 89 mars 90 mars 91 mars 92 mars 93 mars 94 mars 95 mars 96 mars 97 mars 98 mars 99
Année / Trimestre
Source: Statistique Canada, CANSIM, Ml, série B1629; M2+, série B1633.
FIGURE 17.9
o ~ 10 •
mars 89 mars 90 mars 91 mars 92 mars 93 mars 94 mars 95 mars 96 mars 97 mars 98 mars 99
Année / Trimestre
Source: Statistique Canada, CANSIM, séries DI4872 et D3694l5,juin 1999.
443
La récession de 1990-1991
mente.
L’élimination des droits tarifaires modifie la renta¬
bilité des entreprises ; certaines industries et entreprises
deviennent plus profitables que d’autres. S’il est facile
de voir qui sont les gagnants et les perdants à court
terme, il est difficile de prévoir où se situeront les gains
et les pertes à long terme, lorsque la nouvelle structure
tarifaire sera en place depuis un certain temps. L’élimi¬
nation des droits tarifaires alimente donc l’incertitude,
ce qui fait fléchir l’investissement dans de nouveaux
édifices, de nouvelles usines et de nouveaux biens d’équi¬
pement. Cette baisse de l’investissement entraîne une
chute de la demande agrégée.
Voyons maintenant quelles ont été les conséquences
0 691 711
des événements que nous venons de décrire sur l’écono¬ PIB réel (en milliards de dollars de 1992)
mie canadienne de 1990. À la fin de 1989, le PIB réel atteignait 71 I milliards de dollars, et
l’indice implicite du PIB se situait à 94,4. Une redistribution secto¬
rielle provenant de l’Accord de libre-échange entre le Canada et les
La demande et l’offre agrégées États-Unis, conjuguée à une hausse du salaire nominal, a entraîné le
durant la récession de 1990-1991 déplacement de la courbe d’offre agrégée à court terme vers la
gauche jusqu’en OACT|. Le resserrement de la politique monétaire,
La figure 17.10 montre la situation de l’économie cana¬
le ralentissement de l’économie américaine, l’incertitude accrue
dienne au cours du premier trimestre de 1990, donc à
ainsi que des prévisions de profit pessimistes ont entraîné le dépla¬
la veille de la récession de 1990-1991. La courbe de
cement de courbe de demande agrégée vers la gauche jusqu’en DA|.
demande agrégée était alors DAq, et la courbe d’offre
Le PIB réel est descendu à 691 milliards de dollars, et le niveau des
agrégée à court terme, OACTq. Le PIB réel se chiffrait à
prix est monté à 98,2. L’économie est entrée en récession.
711 milliards de dollars, et le niveau des prix, à 94,7.
La récession de 1990-1991 a été enclenchée par une
diminution de la demande et de l’offre agrégées. Au
départ, la demande agrégée a baissé à cause du ralentis¬
2,8 % — ainsi que la hausse du niveau des prix, qui passe
sement de la croissance de la quantité de monnaie; cette
à 98,2 — soit une augmentation de 3,4 %.
impulsion initiale a bientôt été renforcée par un ralen¬
Que s’est-il produit sur le marché du travail durant
tissement de l’économie américaine, qui a entraîné un
la récession de 1990-1991 ?
déclin de la croissance des exportations. Ces deux fac¬
teurs, conjugués à l’incertitude croissante découlant des
suppressions de droits tarifaires, ont entraîné un déclin Le marché du travail des années 1990
marqué de l’investissement. La baisse de la demande
agrégée qui en résulte se traduit dans le graphique de Le taux de chômage a enregistré une augmentation cons¬
la figure 17.10 par le déplacement de la courbe de tante entre 1990 et 1992. La figure 17.11 montre deux
demande agrégée vers la gauche jusqu’en DA\. Loffre autres faits concernant le marché du travail durant cette
agrégée a partiellement diminué à cause des effets de phase — des données relatives à l’emploi et au salaire
l’Accord de libre-échange; en effet, les salaires nominaux réel. Au fur et à mesure que l’emploi diminuait entre
ont continué à augmenter dans les années 1990 à un 1990 et 1991, le salaire réel augmentait. Plus tard, dans
taux similaire à celui de 1989. Cette chute de 1 offre la phase de reprise, l’emploi a augmenté et le salaire réel a
agrégée se traduit dans le graphique par le déplacement diminué. Ces mouvements de l’emploi et du salaire réel
de la courbe d’offre agrégée à court terme vers la gauche suggèrent que sur le marché du travail les forces de l’offre
jusqu’en OACT\. (Ce graphique ne montre pas la courbe et de la demande n’agissent pas en douceur. Les salaires
d’offre agrégée à long terme.) nominaux ont continué à grimper parce que les gens ne
L’effet combiné de ces diminutions de 1 offre et de prévoyaient pas un ralentissement de l’inflation. Lorsque
la demande agrégées entraîne la baisse du PIB réel, qui l’inflation a diminué, le salaire réel a augmenté et la
tombe à 691 milliards de dollars — soit une chute de quantité de travail demandée a baissé.
444
Chapitre 17 Le cycle économique
FIGURE 17.11
t diminué et le
25,00 g salaire réel
a augmenté. Plus
■o tard, lorsque
24,50 o
l’économie s’est
c redressée, l’em¬
24,00 Ü. ploi s’est accru
a et le salaire réel
E a baissé.
23,50 “
23,00
• 22,50
 quoi faut-il
s’attendre :
reprise ou
Les faits
récession? EN BREF
ï 'gz&sssæzzz
performanos d données posi-
croissance juq^on de la crois-
k est déjà «cdtente. « ^ mois d,août entrevoir une __ &nnêe où le premier
Analyse
ÉCONOMIQUE
OACT
ou s’accélérer. ■ Au milieu de l’année 1996,
“O <1)
le scénario d’une croissance O cû
durables qui, dans un premier temps, a provoqué la baisse Aux États-Unis, de 1930 et 1933, on a assisté à une
de la demande agrégée. baisse de 20 % de l’offre de monnaie nominale, baisse
À ce stade, ce qui allait devenir la Grande Dépression provoquée par de nombreuses faillites bancaires. Les
ne semblait pas plus grave que bien d’autres récessions dépôts des banques dépassaient la valeur des prêts con¬
passées. S’il est certain que les événements qui se sont sentis, et les déposants se sont donc mis à réclamer leur
déroulés de 1930 à 1933 ont fait la différence, à ce jour argent aux banques. Les banques ont alors perdu des
les économistes ne s’entendent toujours pas sur l’inter¬ réserves, et plusieurs ont même été incapables de resti¬
prétation à en donner. Selon une de ces interprétations, tuer les dépôts. Les faillites bancaires accentuaient l’in¬
avancée par Peter Temin, les dépenses ont continué à quiétude générale, qui à son tour provoquait d’autres
diminuer pour diverses raisons, dont la constante aggra¬ faillites. Pour se protéger de ces faillites, les gens reti¬
vation de l’incertitude et du pessimisme1. Temin pensait raient des banques l’argent qu’ils leur avaient confié.
aussi que la baisse des dépenses qui a entraîné la con¬ Telle était la situation en 1930 aux États-Unis. La quan¬
traction prolongée de l’économie était indépendante tité de billets et de pièces en circulation augmentait, tan¬
de la diminution de la quantité de monnaie. La courbe dis que le volume des dépôts bancaires diminuait. Les
de demande d’investissement s’est déplacée vers la banques, manquant de plus en plus d’argent liquide, ne
gauche. pouvaient plus honorer leurs obligations.
Milton Friedman et Anna J. Schwartz ont soutenu le Le Canada a également connu cette contraction
contraire. Selon eux, cette contraction persistante résul¬ monétaire, mais dans une mesure beaucoup moindre.
tait presque entièrement d’une détérioration des condi¬ Si la masse monétaire a baissé chaque année au Canada
tions monétaires et financières aux États-Unis. C’est l’im¬ pendant la Crise, cette baisse n’a été que de 5 % par
portante réduction de la masse monétaire américaine qui année (tandis quelle atteignait 20 % aux États-Unis),
a fait chuter la demande agrégée dans ce pays ; la contrac¬ et nous n’avons pas connu le problème des faillites ban¬
tion s’est alors prolongée et la Crise s’est aggravée2. caires des États-Unis.
Récemment, Ben Bernanke, Barry Eichengreen et
James Hamilton nous ont permis d’approfondir notre
compréhension de la Grande Dépression en expliquant
comment elle s’est propagée entre les pays à cause des
tentatives des banques centrales pour augmenter les Risquons-nous de revivre
réserves d’or3. une telle crise ?
Grâce aux efforts récents de ces économistes pour
mieux comprendre les causes profondes de la Grande Nul ne peut affirmer avec certitude que nous ne con¬
Dépression, l’ampleur du désaccord s’est amoindrie. Tout naîtrons jamais une autre Grande Dépression. Toutefois,
le monde s’entend maintenant pour dire que l’aggrava¬ certaines différences entre l’économie des années 2000 et
tion du pessimisme et de l’incertitude a fait baisser la celle des années 1930 rendent une telle dépression nette¬
demande d’investissement, et qu’il y a eu une réduction ment moins probable de nos jours qu’il y a 60 ans,
massive de l’offre de monnaie réelle. Peter Temin et ceux notamment:
qui pensent comme lui accordent plus d’importance à la
■ l’assurance sur les dépôts bancaires,
diminution des dépenses autonomes qu’à la baisse de la
masse monétaire. D’autres, comme Milton Friedman et ■ le rôle de la Banque du Canada en tant que prêteur de
Anne J. Schwartz, soutiennent que la baisse de la masse dernier recours,
monétaire en est la grande cause et accordent peu d’im¬ ■ les impôts, les taxes et les dépenses publiques,
portance aux autres facteurs.
■ les familles à revenus multiples.
Le prêteur de dernier recours Dans l’économie cana¬ à 20 % du PIB. Un niveau plus élevé de dépenses pu¬
dienne, la Banque du Canada est le prêteur de dernier bliques signifie qu’en cas de récession la demande agrégée
recours. Toute banque canadienne qui se trouve à court de restera d’autant plus stable. La place qu’occupe le secteur
réserves peut emprunter auprès des autres banques cana¬ public dans l’économie agit comme un stabilisateur auto¬
diennes ; si le système bancaire tout entier venait à man¬ matique en diminuant l’ampleur des effets du multiplica¬
quer de réserves, les banques pourraient emprunter à la teur des dépenses.
Banque du Canada. En offrant des réserves à un taux d’in¬
térêt raisonnable, la Banque du Canada peut faire en sorte
Les familles à revenus multiples En 1929, le taux
que la quantité de réserves du système bancaire s’ajuste à la
d’activité de la main-d’œuvre tournait autour de 55 %,
demande de réserves. (Le Fédéral Reserve Board joue un
alors que de nos jours il s’établit aux environs de 65 %.
rôle similaire aux États-Unis.) On évite dès lors les faillites
Donc, même si le taux de chômage atteignait 20 %
en série comme celles qu’on a vues durant les années 1930.
aujourd’hui, 54 % de la population adulte serait encore
Ainsi, durant les semaines qui ont suivi le krach d’octobre
active, par rapport à 44 % en 1929. Une chute du revenu
1987, la Banque du Canada et le Fédéral Reserve Board
agrégé n’entraînerait donc pas nécessairement une baisse
ont maintes fois rappelé aux milieux financiers et bancaires
de la consommation de l’ampleur de celle des années
qu’elles avaient la capacité et la volonté d’assurer la stabi¬
1930.
lité des conditions financières et de fournir les réserves
Pour les quatre raisons que nous venons de donner,
nécessaires pour éviter une dépression du système ban¬
l’économie semble mieux préparée aujourd’hui que dans
caire.
les années 1920 et 1930 à absorber des chocs, si consi¬
dérables soient-ils.
Les impôts, les taxes et les dépenses publiques
En 1929, le secteur public occupait une place beaucoup
moins importante dans l’économie canadienne que de
nos jours. À la veille de la Crise, les dépenses publiques O Notre étude du cycle économique est maintenant
en biens et services représentaient moins de 11 % du PIB terminée. La rubrique « Entre les lignes » de ce chapitre
alors qu’elles en représentent aujourd’hui plus de 20 %. (p. 446) analyse l’économie canadienne dans la phase de
De même, les paiements de transfert, qui équivalaient reprise du cycle économique de 1996. Au prochain
à environ 5 % du PIB en 1929, s’élèvent maintenant chapitre, nous allons nous pencher sur l’inflation.
Questions de révision
1. Quelle est la différence entre l’impulsion et le niques entraînent une hausse importante de
mécanisme d’un cycle économique? Déterminez la productivité ?
l’impulsion et le mécanisme dans les trois analogies
8. En quoi le taux d’intérêt réel influe-t-il sur les
données en exemple dans ce chapitre.
décisions d’offre de travail ?
2. Qu’est-ce que la théorie keynésienne du cycle
9. Pourquoi n’y a-t-il pas de courbe d’offre agrégée à
économique ? Déterminez son impulsion et court terme dans la théorie du cycle d’origine
décrivez son mécanisme. réelle ?
3. Qu est-ce que la théorie monétariste du cycle 10. Énumérez les principaux arguments en faveur de la
économique? Déterminez son impulsion et théorie du cycle d’origine réelle et contre celle-ci.
décrivez son mécanisme.
11. Quels sont les facteurs déclencheurs de la récession
4. Que sont les théories des anticipations rationnelles de 1990-1991 ?
du cycle économique ? Déterminez leurs impul¬
12. Décrivez les variations du PIB réel, du chômage, de
sions respectives et décrivez chacun des mécanismes
l’emploi et du niveau des prix durant la Grande
déclenchés.
Dépression.
5. Quelle est la principale différence entre la nouvelle
13. Quelles ont été les grandes causes de la Crise de
théorie classique et la nouvelle théorie keynésienne 1929?
du cycle économique ?
14. Quels événements survenus en 1931 et 1932 ont
6. Selon la théorie du cycle d’origine réelle, quelle prolongé et aggravé la baisse du PIB réel et la
est l’impulsion responsable des fluctuations hausse du chômage ?
économiques ?
15. Énumérez les quatre facteurs qui protègent aujour¬
7. Dans la théorie du cycle d’origine réelle, d’hui notre économie contre une dépression aussi
qu advient-il de la demande d’investissement grave que celle des années 1930, et expliquez le rôle
et de la demande de travail si des progrès tech¬ de chacun.
45i
Problèmes
ANALYSE CRITIQUE
1. Lisez attentivement la rubrique « Entre les lignes » 2. Énumérez les caractéristiques de l’économie cana¬
(p. 446), et répondez aux questions suivantes sur le dienne qui, aujourd’hui, semblent de mauvais
cycle économique au Canada : augure pour les deux prochaines années.
a) Dans quelle phase du cycle économique le 3. Énumérez les caractéristiques de l’économie cana¬
Canada se trouvait-il au milieu de l’année 1996 ? dienne qui, aujourd’hui, semblent de bon augure
b) Quel était l’équilibre à court terme de l’écono¬ pour les deux prochaines années.
mie au milieu de l’année 1996 — équilibre de 4. D’après vous, comment l’économie canadienne
plein emploi, au-dessus du plein emploi ou va-t-elle évoluer au cours des deux prochaines
équilibre de chômage ? années ? Expliquez vos prévisions, à l’aide des fac¬
c) À quelle vitesse l’économie canadienne a-t-elle teurs négatifs et des facteurs positifs que vous aurez
progressé ? Ce taux de croissance était-il plus dégagés aux questions n° 2 et 3, et en utilisant les
élevé, plus bas ou égal au taux de croissance du connaissances que votls avez acquises en macro¬
PIB potentiel? économie.
d) Enumérez les divers scénarios possibles pour 5. Vous venez d’étudier les diverses théories du cycle
l’économie canadienne en 1997 et en 1998 ? économique. À la lumière de ce que vous avez
e) Quels facteurs auraient pu entraîner la stagna¬ appris, quelle est selon vous la principale cause du
tion de l’économie canadienne en 1997 ou faible taux de croissance de l’économie canadienne
1998? dans la première moitié des années 1990 ? Mettez à
f) Quels facteurs auraient pu entraîner la crois¬ l’épreuve les diverses théories du cycle économique
sance de l’économie canadienne en 1997 ou en en prenant l’exemple du cycle économique qu’a
1998? connu le Canada ces dernières années.
PROBLÈMES
1. Voici un extrait d’article de journal décrivant l’état théories ? Illustrez votre raisonnement à l’aide de
de l’économie de l’île Noire l’an dernier: graphiques.
« Un climat d’incertitude économique règne dans
3. Tracez des graphiques très précis pour illustrer
l’île. Les entreprises ont réduit leurs investissements
l’évolution de l'économie durant la phase d’expan¬
et mis à pied des dizaines de milliers de travailleurs.
sion des années 1980 et la phase de récession de
La productivité a décliné. Le PIB réel a diminué, et
1982, selon :
le niveau des prix, le salaire réel, le taux d’intérêt
a) la théorie keynésienne (comme les figures 17.1
réel ainsi que l’offre de monnaie ont chuté. »
et 17.2),
Tentez d’expliquer ces événements à l’aide des b) la théorie monétariste (comme la figure 17.3),
diverses théories du cycle économique. Les faits c) les théories des anticipations rationnelles
signalés sont-ils en contradiction avec l’une de ces (comme la figure 17.4),
théories? Illustrez votre raisonnement avec des d) la théorie du cycle d’origine réelle (comme les
graphiques. figures 17-6 et 17.7).
2. Voici un article de journal concernant l’économie
de l’île Blanche l’an dernier: 4. Les graphiques de la page suivante illustrent l’éco¬
nomie de Réalité-Virtuelle. En équilibre à long
«L’optimisme économique règne dans l’île. Les
terme, l’économie se situe aux points b, cet h.
investissements du secteur privé progressent à un
Lorsqu’une récession s’amorce, l’économie se
rythme effréné. Les emplois pullulent et les entre¬
déplace vers les autres points.
prises ont du mal à trouver assez de travailleurs
pour combler leurs besoins en main-d’œuvre. La a) Si la théorie keynésienne donne la bonne
croissance de la productivité est rapide. Le PIB réel explication de la récession, vers quels points
a augmenté et le niveau des prix est stable. » l’économie se déplace-t-elle?
Tentez d’expliquer ces événements à 1 aide des b) Si la théorie monétariste donne la bonne
diverses théories du cycle économique. Les faits explication de la récession, vers quels points
signalés sont-ils en contradiction avec 1 une de ces l’économie se déplace-t-elle ?
45i
Chapitre 17 Le cycle économique
déplace-t-elle ?
e) Si la théorie du cycle d’origine réelle donne la /
-1_l_
bonne explication de la récession, vers quels
0 100 200
points l’économie se déplace-t-elle ? Emploi
Hier...
De 1929 à 1933 — pendant les quatre premières années de la Grande Dépression — le chômage atteignit
un niveau record, touchant plus de 20 % de la population active. La «solution» du premier ministre Richard
Bennett pour contrer la dépression consistait à établir dans tout le
pays des centres d’aide humanitaire où les gens travaillaient pour
des salaires modiques. En 1935, alors qu’on n’entrevoyait aucune
amélioration de la conjoncture économique, des travailleurs déses¬
pérés quittèrent le travail et s’embarquèrent pour un mémorable
voyage en train en direction d’Ottawa (photo ci<ontre). Les soulève¬
ments populaires sonnèrent le glas du gouvernement Bennett et
provoquèrent le retour de William Lyon Mackenzie King, change¬
ment de gouvernement qui ne contribua que bien peu à enrayer les
maux du pays. Ce n’est qu’au début de la Deuxième Guerre mon¬
diale (1939) que le Canada retrouva son équilibre de plein emploi.
...Et aujourd'hui
qui s’appuie sur deux principes: I) les ménages et les entreprises prennent des décisions
rationnelles basées sur des anticipations rationnelles et 2) les marchés concilient les décisions
individuelles en assurant l’équilibre entre l’offre et la demande, et ce, même durant une réces¬
DE
sion. Comme toutes les révolutions scientifiques, celle initiée par Robert Lucas a suscité la con¬
troverse. Vingt ans plus tard, fondée ou non, la notion d’anticipations rationnelles a été adoptée
EVOLUTION
par la plupart des économistes. Cependant, pour certains économistes, l’idée que l’offre soit
égale à la demande même en temps de récession, alors que le chômage est élevé, reste con¬
testable et même invraisemblable. Comme son professeur Milton Friedman, Robert Lucas
estime que les gouvernements ne peuvent pas atténuer les cycles économiques, et que leurs
initiatives en ce sens sont malavisées, et font parfois plus de mal que de bien.
Objectifs Établir la distinction entre l’inflation et une
simple hausse ponctuelle du niveau des prix
du chapitre
Expliquer les différentes sources de l’inflation
Expliquer comment les gens tentent de
prévoir l’inflation
Expliquer les relations à court terme et à long
terme entre l’inflation et le chômage
Expliquer les relations à court terme et à long
terme entre l’inflation et les taux d’intérêt
Décrire les origines politiques de l’inflation
fl la fin du troisième siècle après J.-C., l’empereur romain Dioclétien tenta d’endiguer
une inflation qui fit augmenter les prix de plus de 300 % par année. À la fin du
XXe siècle, le président russe Boris Yeltsin tente de juguler une terrible inflation qui a
galopante ? ♦ Par rapport aux cas que nous venons de citer, le Canada a connu une sta¬
bilité des prix remarquable; néanmoins, dans les années 1970, les prix y ont plus que
taux d’inflation presque nul. Pourquoi certains pays connaissent-ils des taux d’inflation
très faibles ? Pourquoi le taux d’inflation a-t-il été si élevé au Canada durant les années
1970 ? ♦ Bon nombre de décisions économiques importantes dans nos vies dépendent
emprunt pour la voiture ou de notre hypothèque ? Pour prendre des décisions avisées,
nous devons prévoir le plus exactement possible ce que sera l’inflation non seulement
l’année prochaine, mais dans les années qui viennent. Comment les gens s’y prennent-
sur l’économie? ♦ Pendant que le taux d’inflation monte et descend, le taux de chô¬
mage et les taux d’intérêt fluctuent eux aussi ; quels liens y a-t-il donc entre l’inflation
et l’économie ?
Dans ce chapitre, nous étudierons les forces qui causent l’inflation, nous nous
pencherons sur ses effets et nous verrons comment les gens tentent de la prévoir. Tout
cela nous amènera à relier plusieurs des notions de macroéconomie que nous avons vues
jusqu’ici. Notamment, nous allons utiliser le modèle DA-OA étudié au chapitre 7 ainsi
que les analyses du marché monétaire que nous avons faites aux chapitres 10 et 11 pour
constant, il n’y a pas d’inflation. Deuxièmement, l’infla¬ Cette équation montre le lien qui existe entre le taux
tion n’est pas un événement ponctuel, mais un processus d’inflation et le niveau des prix. Pour un niveau des prix
continuel. La figure 18.1 illustre cette distinction. Dans le donné l’année dernière, plus le niveau des prix est élevé
graphique 18.1 (a), le niveau des prix augmente conti¬ durant l’année courante, plus le taux d’inflation l’est aussi.
nuellement. Dans le graphique 18.1 (b), le niveau des Si le niveau des prix monte, le taux d’inflation est positif.
FIGURE 18.1
180 •
140 •
Une seule hausse
170 • du niveau des prix
160 •
130 •
150 •
o
o
2 130 •
110'
o 120*
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1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999
Année Année
Une économie connaît l’inflation lorsque le niveau des prix aug¬ font augmenter le niveau des prix, mais sans déclencher un
mente constamment —graphique (a). Une économie enregistre processus continuel de croissance du niveau des prix — gra¬
une hausse isolée du niveau des prix si certaines perturbations phique (b).
458
Chapitre 18 L’inflation
Si la montée du niveau des prix s’accélère, le taux d’infla¬ Les effets d’une augmentation de
tion augmente. la demande agrégée sur l’inflation
L’inflation peut provenir soit d’une hausse de la de¬
mande agrégée, soit d’une baisse de l'offre agrégée. Ces Supposons que le niveau des prix s’élevait l’an dernier à
deux sources d’impulsion qui peuvent déclencher l’infla¬ 110, que le PIB réel se chiffrait à 800 milliards de dol¬
tion s’appellent respectivement : lars, et que le PIB potentiel était également de 800 mil¬
■ l’inflation par la demande, liards de dollars. La figure 18.2 (a) illustre cette situa¬
tion. La demande agrégée correspond à la courbe DAq-,
■ l’inflation par les coûts.
l’offre agrégée à court terme, à la courbe OACTq ; l’offre
Commençons par étudier l’inflation par la demande. agrégée à long terme, à la courbe OALT.
Durant l’année en cours, la demande agrégée monte
en DAX — ce qui pourrait arriver si, par exemple, le gou¬
vernement augmentait ses dépenses en biens et services,
si la Banque du Canada relâchait sa prise sur l’offre de
L’inflation par la demande
monnaie ou si les exportations augmentaient. Si le PIB
potentiel et le salaire nominal restent constants, la courbe
— L’inflation par la demande est une inflation
d’offre agrégée à long terme et la courbe d’offre agrégée à
causée par une augmentation initiale de la demande
court terme restent en OALT et en OACT0. L’économie
agrégée ; elle peut donc résulter de tout facteur qui
se déplace au point d’intersection de la courbe de
entraîne une telle hausse de la demande agrégée, soit :
demande agrégée DA, et de la courbe d’offre agrégée à
1. une hausse de l’offre de monnaie,
court terme OACT0. Le niveau des prix monte à 115,
2. une augmentation des dépenses publiques, et le PIB réel dépasse le niveau du PIB potentiel, pour
3. une augmentation des exportations. s’établir à 850 milliards de dollars. L’économie enregistre
FIGURE 18.2
Dans le graphique (a), DA0 représente la courbe de demande les exportations augmentent). Le nouvel équilibre s’établit au point
agrégée ; OACT0l la courbe d’offre agrégée à court terme ; OALT, la d’intersection de DA, et OACT0. Le niveau des prix passe à I 15, et
courbe d offre agrégée à long terme. Le niveau des prix se situe à le PIB réel, à 850 milliards de dollars. Dans le graphique (b), à par¬
I 10 et le PIB réel atteint 800 milliards de dollars, soit le même tir d’un niveau supérieur à l'équilibre de plein emploi, les salaires
montant que le PIB potentiel. La demande agrégée monte en DA| commencent à augmenter et la courbe d’offre agrégée à court
(parce que la Banque du Canada augmente l’offre de monnaie, que terme se déplace vers la gauche jusqu’en OACT,. Le niveau des prix
le gouvernement accroît ses dépenses en biens et services ou que monte encore et le PIB réel revient au niveau du PIB potentiel.
4S9
L’inflation par la demande
Le processus que nous venons d’étudier prend fin lors¬ droite de DA0 en DA\ et en DA2,et ainsi de suite. Chaque fois que
que, pour une hausse donnée de la demande agrégée, les le PIB réel se situe au-dessus du PIB potentiel et que le chômage
salaires se sont suffisamment ajustés pour rétablir l’égalité descend au-dessous de son taux naturel, le salaire nominal aug¬
entre le salaire réel et le niveau de plein emploi. Nous mente et la courbe d’offre agrégée à court terme se déplace vers
venons d’étudier une hausse isolée du niveau des prix, la gauche, de OACT0 à OACT\ puis à OACT2, etc. Au fur et à mesure
comme celle décrite à la figure 18.1 (b). Pour que l’infla¬ que la demande agrégée continue de croître, le niveau des prix
tion se maintienne, la demande agrégée doit augmenter monte de I 10 à 115, puis à 121, à 126 et à 133,1, etc. L’économie
La demande agrégée ne peut augmenter continuel¬ Le PIB réel oscille entre 800 et 850 milliards de dollars.
Chapitre 18 L’inflation
L’inflation par la demande chez Chatman Vous nal a commencé à augmenter plus rapidement et la
comprendrez peut-être mieux le processus de l’inflation courbe d’offre agrégée à court terme s’est déplacée vers
que nous venons de décrire en observant ce qui se passe la gauche. La Banque du Canada a réagi en augmentant
dans l’économie à une plus petite échelle. Examinons encore le taux de croissance de l’offre de monnaie par
donc les répercussions de l’inflation sur l’usine d’em¬ ce qu’on appelle familièrement une politique monétaire
bouteillage de ketchup Chatman. Au départ, lorsque «accommodante». S’ensuivit la spirale inflationniste que
la demande agrégée augmente, la demande de ketchup l’on sait.
s’accroît, et le niveau des prix du ketchup monte. L’usine
de ketchup, qui veut profiter de ces prix plus élevés, de¬
mande à ses travailleurs de faire des heures supplémen¬
taires et augmente sa production. Le contexte est favo¬
À RETENIR
rable aux travailleurs et l’usine de ketchup a du mal à
garder ses meilleurs employés. Pour y parvenir, elle doit
offrir des salaires plus élevés, qui augmentent ses coûts. ■ L’inflation par la demande s’amorce avec une augmen¬
La suite des événements dépend de ce qui advient de tation de la demande agrégée qui fait augmenter le
la demande agrégée. Si elle reste constante, comme à la PIB réel et le niveau des prix.
figure 18.2 (b), les coûts de l’entreprise augmentent Au-dessus de l’équilibre de plein emploi, les salaires
plus rapidement que le prix du ketchup. La production augmentent, l’offre agrégée à court terme diminue, le
baisse. Les salaires et les coûts finissent par augmenter PIB réel baisse et le niveau des prix continue à aug¬
d’un pourcentage égal à la hausse du prix du ketchup. menter.
Dans les faits, l’usine de ketchup est dans la même
■ Si la demande agrégée continue à croître, une montée
situation qu au départ — avant la hausse de la demande
inexorable des prix et des salaires s’enclenche : c’est la
agrégée. L’usine produit la même quantité de ketchup
spirale inflationniste.
et engage la même quantité de travailleurs qu’avant la
hausse de la demande. Nous allons maintenant voir comment les chocs
Cependant, si la demande agrégée continue d’aug¬ qu’encaisse l’offre agrégée peuvent provoquer une
menter, la demande de ketchup augmente aussi, et le inflation par les coûts.
prix du ketchup progresse au même taux que les salaires.
L usine de ketchup continue de fonctionner au-dessus
de 1 équilibré de plein emploi et il y a une pénurie persis¬
tante de main-d’œuvre. Les prix et les salaires ne cessent
de grimper. L’inflation par les coûts
L’inflation par la demande au Canada À la fin des _ L’inflation par les coûts est une inflation qui
années I960 et au début des années 1970, le Canada a est causée par une hausse initiale des coûts. Les deux
connu une inflation par la demande comme celle que principales sources de l’accroissement des coûts sont :
nous venons d’étudier. En I960, le taux d’inflation était
1. une hausse des salaires nominaux,
inférieur à 2 % par année mais, dans les années qui
2. une augmentation du prix des matières premières.
suivirent, il augmenta peu à peu pour atteindre 3 % par
année en 1966. Puis, de 1966 et 1969, le taux d’inflation Pour un niveau des prix donné, plus les coûts de pro¬
passa à plus de 4 % par année. Il retomba à 3 % par duction sont élevés, moins les quantités que les entrepri¬
année en 1970 et en 1971, pour remonter à nouveau; en ses sont prêtes à produire sont importantes. Donc, si les
1973, il se situait à 6 % par année. Ces hausses du taux salaires nominaux augmentent ou si le prix des matières
d inflation découlaient de hausses de la demande agrégée premières (par exemple ceux du pétrole) monte, les entre¬
essentiellement attribuables à trois facteurs. Le premier prises réduisent leur offre de biens et services. L’offre
venait de l’extérieur du Canada : une forte hausse des agrégée diminue et la courbe d’offre agrégée se déplace
dépenses publiques américaines (coûts de la guerre du vers la gauche1. Passons maintenant en revue les effets
Vietnam et des programmes sociaux) combinée à une d’une telle diminution de l’offre agrégée à court terme
hausse du taux de croissance de 1 offre de monnaie amé¬ sur le niveau des prix et sur le PIB réel.
ricaine a fait croître la demande agrégée mondiale. Les
deux autres facteurs venaient de l’intérieur: les dépenses
publiques canadiennes et la croissance de l’offre de mon¬ 1 L’inflation par les coûts peut également provenir d’une diminution
naie avaient augmenté. Ces trois facteurs ont entraîné le de la courbe d’offre agrégée à long terme. Par exemple, une hausse des
déplacement de la courbe de demande agrégée vers la prix du pétrole engendrée par une diminution de la disponibilité de la
droite, le niveau des prix est monté rapidement et le PIB ressource pétrolière ferait diminuer simultanément l’offre agrégée à
court terme et à long terme. Nous allons écarter ici cette possibilité
réel a-dépassé le PIB potentiel. L’économie se situait alors
pour nous concentrer sur les facteurs d’inflation par les coûts qui
au-dessus de 1 équilibré de plein emploi. Le salaire nomi¬ touchent uniquement l’offre agrégée à court terme.
461
L’inflation par les coûts
Les effets initiaux d’une baisse tion. En fait, un choc touchant l’offre ne peut à lui seul
de l’offre agrégée entraîner l’inflation. Quelque chose d’autre doit se pro¬
duire pour transformer une hausse isolée du niveau des
Supposons que, l’an dernier, le niveau des prix s’élevait à prix en un processus de croissance continuelle de l’offre
110, et le PIB réel, à 800 milliards de dollars, comme le de monnaie, et en inflation. L’offre de monnaie doit aug¬
PIB potentiel. La figure 18.4 illustre cette situation. La menter continuellement. Et c’est souvent le cas, comme
demande agrégée correspond à la courbe DA$ ; l’offre vous allez le constater.
agrégée à court terme, à la courbe OACT0 ; l’offre agrégée
à long terme, à la courbe OALT. Durant l’année en
cours, une forte augmentation des prix mondiaux du La réponse de la demande agrégée
pétrole fait diminuer l’offre agrégée à court terme. La
courbe d’offre agrégée à court terme se déplace vers la Lorsque le PIB réel diminue, le taux de chômage monte
gauche en OACTx. Le niveau des prix monte à 116 et le au-dessus de son taux naturel. En pareille situation, les
PIB réel descend à 750 milliards de dollars. On appelle gens s’inquiètent et exigent qu’on prenne des mesures
stagflation cette combinaison d’une hausse du niveau pour restaurer l’équilibre de plein emploi. Imaginez que
des prix et d’une baisse du PIB réel. la Banque du Canada cède aux pressions publiques et
Un événement comme celui que nous venons décide d’augmenter l'offre de monnaie. La demande
d’étudier entraîne une hausse isolée du niveau des prix, agrégée s’accroît. Dans la figure 18.5, la courbe de de¬
comme l’illustre la figure 18.1 (b). Il ne cause pas l’infla¬ mande agrégée se déplace vers la droite en DA\. Une
OALT
(Uu O
ÛD O
La hausse du prix des facteurs
X CN
25 de production entraîne un
O déplacement de OACT et
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O
provoque la stagflation.
S 120
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2 116
y
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E
110
105
_^-i— -1-
0 750 800 850
PIB réel (en milliards de dollars de 1992)
en OACTL’économie se déplace au point d’intersection de la le PIB réel se situe au-dessous du PIB potentiel, et le chômage,
courbe d’offre agrégée à court terme OACT\ et de la courbe de au-dessus de son taux naturel. Si la Banque du Canada réagit en
demande agrégée DAq. Le niveau des prix monte à I 16 et le PIB augmentant la demande agrégée afin de rétablir le plein emploi,
réel descend à 750 milliards de dollars. L’économie connaît à la la courbe de demande agrégée se déplace vers la droite jusqu’en
fois une inflation et une contraction du PIB réel — c est-à-dire DA|. L’économie revient à son niveau de plein emploi, mais avec
une stagflation. un niveau d’inflation plus élevé. Le niveau des prix monte à 121.
4 62
Chapitre 18 L’inflation
hausse de la demande agrégée rétablit l’équilibre de plein 1 offre de monnaie, la demande agrégée s’accroît et la
emploi. Mais le niveau des prix s’élève à 121, une hausse courbe de demande agrégée se déplace jusqu’en DA2.
de 10 % par rapport au niveau des prix initial. Le niveau des prix monte à 133,1 et l’économie revient
à son niveau de plein emploi. Une montée inexorable
des coûts et des prix s’ensuit. Cependant, si la Banque
du Canada ne réagit pas, l’économie reste au-dessous
Un processus d’inflation par les coûts de son niveau de plein emploi.
Comme vous le voyez, la Banque du Canada fait face
Supposons maintenant que les producteurs de pétrole, à un dilemme. Si elle augmente l’offre de monnaie pour
constatant que le prix de tout ce qu’ils achètent avec leur rétablir le plein emploi, elle déclenche une autre hausse
revenu pétrolier a augmenté de 10 %, décident de haus¬ des prix du pétrole, hausse qui entraînera à son tour une
ser encore le prix du pétrole. La figure 18.6 raconte la augmentation plus importante de l’offre de monnaie.
suite de 1 histoire. La courbe d’offre agrégée à court
L’inflation se développe à un taux déterminé par les
terme se déplace en OACT2 et on assiste à une autre pays exportateurs de pétrole. Si la Banque du Canada
poussée de stagflarion.
continue à freiner la croissance de l’offre de monnaie,
Le niveau des prix augmente encore pour atteindre l’économie connaît un niveau de chômage élevé.
127 et le PIB réel descend à 750 milliards de dollars.
Le chômage monte au-dessus de son taux naturel. Si la
Banque du Canada répond encore une fois en haussant L’inflation par les coûts chez Chatman Qu’est-ce
qui se produit dans l’usine d’embouteillage de ketchup
Chatman lorsque l’économie connaît une inflation par
les coûts ? Lorsque les prix du pétrole montent, les coûts
de l’embouteillage du ketchup montent aussi. Ces coûts
plus élevés font baisser l’offre de ketchup : le coût du
ketchup augmente et les quantités produites diminuent.
L’usine de ketchup met à pied des travailleurs. Cette
situation persiste jusqu’à ce que la Banque du Canada
fasse croître la demande agrégée ou que les prix du
pétrole diminuent. Si la Banque augmente la demande
agrégée, comme ce fut le cas dans le milieu des années
1970, la demande de ketchup ainsi que son prix aug¬
mentent. L’augmentation de prix génère des profits et
l’usine augmente sa production. L’usine de ketchup
rappelle les travailleurs mis à pied.
réel descend à 750 milliards de dollars. La Banque du Canada réagit plutôt maintenir la croissance de la demande agrégée
en faisant croître I offre de monnaie, ce qui entraîne le déplacement constante en ne permettant pas au taux de croissance
liards de dollars. Une autre hausse des coûts en découle, entraînant l'offre de monnaie, ce qui a entraîné une inflation rapide.
à son tour un déplacement de la courbe d’offre agrégée à court En 1979 et en 1980, l’OPEP a encore augmenté le prix
monte à 127. La Banque du Canada réagit de nouveau, et une mon¬ Reserve Board des États-Unis ont décidé de ne pas réagir
i i> rr i r &
tée inexorable des prix et des coûts s’ensuit. par une augmentation de 1 offre de monnaie. Résultat :
une récession, mais aussi, à la longue, un recul de l’in¬
flation.
463
WÊKÊaÊÊÊmÊÊÊKÊtÊÊÊÊÊÊKtmsmÊmmsKmmïnmÊÊÊmÊmaÊÊma
La rupture de l’équilibre de plein emploi Si la re¬
À RETENIR distribution du revenu favorise certaines personnes et en
désavantage d’autres, la rupture de l’équilibre de plein
■ L’inflation par les coûts découle d’une hausse du emploi entraîne des coûts pour tous. Voyons pourquoi
salaire nominal ou du prix des matières premières, en reprenant l’exemple de l’usine d’embouteillage de
Chapitre 18 L’inflation
subissent les prêteurs. Les emprunteurs réalisent alors des Une anticipation rationnelle n’est pas une prévision
gains aux dépens des prêteurs. Inversement, si on prévoit juste, c’est simplement la meilleure qui soit. Elle se révèle
une inflation qui n’a pas lieu, les intérêts sont fixés à un souvent inexacte, mais aucune prévision formulée à par¬
taux trop élevé, et les prêteurs y gagnent au dépens des tir de l’information existante n’aurait pu être meilleure.
emprunteurs. La redistribution du revenu entre les Nous venons d’étudier les effets de l’inflation lors¬
emprunteurs et les prêteurs incite les deux groupes à qu’elle n’est pas prévue correctement, et de voir pourquoi
essayer de prévoir l’inflation correctement. il est profitable de tenter de la prévoir avec exactitude.
Voyons maintenant ce qui se passe lorsque c’est le cas.
Trop ou trop peu de prêts et d’emprunts Si le taux
d’inflation est plus haut ou plus bas que prévu, le taux
d’intérêt ne s’ajuste pas pour compenser la perte de pou¬ L’inflation anticipée
voir d’achat de la monnaie, et le taux d’intérêt réel est
plus bas ou plus haut qu’il ne l’aurait été si l’inflation Dans les sections précédentes, nous avons étudié l’infla¬
avait été prévue correctement. Lorsque le taux d’intérêt tion par la demande et par les coûts en supposant que le
réel est trop bas parce que le taux d’inflation est plus salaire nominal était rigide. Dans cette hypothèse, quelle
élevé que prévu, les emprunteurs regrettent de ne pas entraîne une inflation par la demande ou une inflation
avoir emprunté davantage, et les prêteurs d’avoir prêté par les coûts, l’augmentation de la demande agrégée ne
autant. Les deux groupes auraient pris d’autres décisions provoque donc pas une variation immédiate du salaire
d’emprunt et de prêt s’il avaient prévu correctement le nominal. Cependant, si les gens s’attendent avec raison à
taux d’inflation. Lorsque le taux d’intérêt réel est trop une hausse de la demande agrégée, ils ajusteront le salaire
élevé parce que le taux d’inflation est plus bas que prévu, nominal pour compenser l’inflation anticipée.
les emprunteurs regrettent d’avoir emprunté autant, et Dans ce cas, l’inflation commence lorsque le PIB réel
les prêteurs de ne pas avoir prêté davantage. Là encore, correspond au PIB potentiel et que le taux de chômage
les deux groupes auraient pris des décisions de prêt et correspond au taux de chômage naturel. La figure 18.7
d’emprunt différentes s’ils avaient prévu correctement le illustre cette situation. Supposons, par exemple, que l’an
taux d’inflation. dernier le niveau des prix atteignait 110 et que le PIB
Qu’elle soit plus forte ou plus faible que ce à quoi on réel s’élevait à 800 milliards de dollars, ce qui correspond
s’attendait, l’inflation imprévue impose des coûts. Ces au PIB potentiel. La courbe de demande agrégée était
coûts incitent les gens à essayer de prévoir l’inflation DAq ; la courbe d’offre agrégée à court terme, OACT0 ; la
correctement. courbe d’offre agrégée à long terme, OALT.
Supposons que le PIB potentiel ne varie pas, et donc
que la courbe OALT ne se déplace pas. Supposons aussi
L’anticipation de l’inflation qu’on prévoie que la demande agrégée va augmenter et
que la courbe de demande agrégée prévue pour cette
Il est difficile de prévoir l’inflation. D’abord parce quelle année soit DAX. En prévision de cette hausse de la de¬
dépend de plusieurs facteurs, comme on vient de le voir mande agrégée, le salaire nominal augmente et la courbe
en étudiant l’inflation par la demande et l’inflation par d’offre agrégée à court terme se déplace vers la gauche.
les coûts. Deuxièmement, parce que le niveau des prix Si le salaire nominal augmente du même pourcentage
ne réagit pas toujours à la même vitesse à un changement que le niveau des prix, la courbe d’offre agrégée à court
de la demande agrégée ou de l’offre agrégée. De plus, terme pour l’an prochain devient OACTx.
comme vous le verrez plus loin, cette vitesse de réaction Si la demande agrégée augmente effectivement
dépend également de l’ampleur de l’inflation anticipée. comme prévu, la courbe de demande agrégée DA\ et la
Comme l’inflation est à la fois difficile et coûteuse à courbe d’offre agrégée à courte terme OACTx détermi¬
prévoir, les gens consacrent des ressources considérables à nent le niveau des prix, qui s’élève à 121. Entre l’an
l’amélioration de leurs prévisions de l’inflation. Certaines dernier et cette année, le niveau des prix a grimpé de
personnes se spécialisent dans cette activité ; d’autres 110 à 121, et l’économie a un taux d’inflation anticipé
achètent les prévisions des spécialistes, des économistes de 10 %. Si cette inflation se confirme, l’an prochain, la
qui travaillent pour des organismes de prévisions macro¬ demande agrégée augmentera (comme prévu) et la
économiques publiques et privées, ou pour des banques, courbe de demande agrégée se déplacera jusqu’en DA2.
des compagnies d’assurance, des syndicats et des grandes Le salaire nominal augmente donc pour refléter cette
entreprises. Comme les revenus de ces spécialistes dépen¬ inflation anticipée et la courbe d’offre agrégée à court
dent de la qualité de leurs prévisions, ils sont fortement terme se déplace jusqu’en OACT2. Le niveau des prix
incités à ce qu elles soient aussi justes que possible. Or, augmente encore de 10 %, et s’établit à 133,1.
la meilleure prévision possible est celle qui englobe toute Qu’est-ce qui a provoqué l’inflation? On peut ré¬
l’information disponible et pertinente. Dans le jargon pondre sans hésiter que la hausse escomptée de l’inflation
des économistes, la meilleure prévision possible s’appelle a incité les gens à augmenter les salaires, ce qui a fait
une anticipation rationnelle. monter les prix. Cependant, la prévision était juste. On
465
menté comme prévu, la courbe de demande agrégée s est A un taux modéré de 2 % ou 3 % par année, les coûts
déplacée de DAq à DA\. La combinaison des déplace¬ d’une inflation anticipée seront sans doute faibles. Mais
à mesure que le taux anticipé augmente, les coûts de
ments attendus et effectifs de la courbe de demande
agrégée vers la droite a entraîné l’augmentation prévue l’inflation augmentent aussi, et une inflation anticipée à
taux rapide est extrêmement coûteuse. On peut classer
du niveau des prix.
les coûts de l’inflation anticipée sous quatre grandes
L’économie suivra le cours décrit à la figure 18.7
rubriques :
seulement si la croissance de la demande agrégée est cor¬
rectement prévue. Si le taux de croissance anticipé de la ■ les coûts liés à la fréquence des transactions,
demande agrégée diffère du taux de croissance effectif, ■ les autres frais de transactions,
4 66
Chapitre 18 L’inflation
L’inflation et le chômage :
la courbe de Phillips
On peut étudier plus directement l’inflation et le La courbe de Phillips à court terme (CPCT) montre la relation
chômage en utilisant une relation appelée la courbe de entre l’inflation et le chômage pour un taux donné d’inflation
Phillips. La théorie de la courbe de Phillips repose essen¬ anticipé et pour un taux donné de chômage naturel. Si le taux d’in¬
tiellement sur les mêmes notions que le modèle DA-OA, flation anticipé se situe à 10 % par année, et le taux de chômage
mais elle s’intéresse au premier chef à 1 inflation et au naturel, à 6 % par année, la courbe de Phillips à court terme passe
chômage. La courbe de Phillips illustre la relation entre par le point a. Une augmentation imprévue de la demande agrégée
le taux d’inflation et le taux de chômage; elle doit son entraîne une baisse du chômage et une inflation accrue — un
nom à l’économiste néo-zélandais A. W. Phillips qui 1 a mouvement vers le haut le long de la courbe de Phillips à court
fait connaître. Selon l’horizon temporel considère, il terme. Une diminution imprévue de la demande agrégée entraîne
existe deux types de courbes de Phillips: un chômage accru et un ralentissement de l’inflation — un mouve¬
■ la courbe de Phillips à court terme, ment vers le bas le long de la courbe de Phillips à court terme.
mouvement vers le haut le long de la courbe de Phillips se chiffre à 800 milliards de dollars et le niveau des prix se
à court terme, soit du point a au point b de la figure. situe à 100. On prévoit une hausse de la demande agrégée
Inversement, si l’inflation descend sous le taux anticipé, ainsi qu un déplacement de la courbe de demande agrégée
le chômage grimpe au-dessus de son taux naturel. Il y a vers la droite jusqu’en DA\. La hausse anticipée de la
alors un mouvement vers le bas le long de la courbe de demande agrégée se traduit par une augmentation du
Phillips à court terme, soit du point a au point c. salaire nominal, entraînant le déplacement de la courbe
La relation négative entre l’inflation et le chômage d’offre agrégée à court terme jusqu’en OACTx. Ce qu’il
illustrée par la courbe de Phillips à court terme s’explique advient de l’inflation effective et du PIB réel dépend du
par le modèle de la demande et de l’offre agrégées. Le changement effectif de la demande agrégée.
graphique de la figure 18.9 montre le lien entre ces deux Supposons d abord que la demande agrégée aug¬
approches. Au départ, la courbe de demande agrégée est mente du montant prévu, de sorte que la courbe de
DAq-, la courbe d’offre agrégée à court terme, OACT0; la demande agrégée se déplace vers la droite en DAX. Le
courbe d’offre agrégée à long terme, OALT. Le PIB réel niveau des prix monte de 100 à 110, et le taux d’infla¬
tion anticipé est de 10 % par année. Le PIB réel reste au
niveau du PIB potentiel, et le chômage est à son taux
naturel. L’économie se déplace vers le point a du gra¬
phique de la figure 18.9; on peut aussi dire quelle se
situe sur le point a de la courbe de Phillips à court
terme de la figure 18.8.
Supposons maintenant que l’augmentation anticipée
de la demande agrégée soit DAX, mais que, dans les faits,
elle augmente jusqu’en DA2. Le niveau des prix monte à
113, un taux d’inflation de 13 %. Le PIB réel dépasse le
PIB potentiel, et le chômage descend sous son taux natu¬
rel. On peut maintenant dire que l’économie se trouve
sur le point b dans le graphique de la figure 18.9, ou sur
le point b de la courbe de Phillips à court terme dans le
graphique de la figure 18.8.
Finalement, supposons que l’augmentation anticipée
de la demande agrégée soit DAX, mais que, dans les faits,
elle se maintienne en Dff. Le niveau des prix passe à
107, un taux d’inflation de 7 % par année, et le PIB réel
descend au-dessous du PIB potentiel. On peut main¬
tenant parler d’une économie qui se situe sur le point c
dans le graphique de la figure 18.9, ou sur le point c de
la courbe de Phillips à court terme du graphique de la
figure 18.8.
La courbe de Phillips à court terme est semblable à la
PIB réel (en milliards de dollars de 1992)
courbe d’offre agrégée à court terme. Un mouvement le
déplacement de la courbe de demande agrégée de DAo à DA|, le niveau des prix et du PIB réel équivaut à un mouvement
salaire nominal augmente d’un montant qui amène la courbe d’offre le long de la courbe de Phillips à cour terme qui entraîne
à I 10, une hausse de 10%, et l’économie se situe au point a dans de chômage. (De même, un mouvement le long de la
ce graphique et au point a sur la courbe de Phillips à court terme courbe OACT, qui entraîne un niveau de prix inférieur
dans le graphique de la figure 18.8. Si, avec les mêmes prévisions, aux prévisions et un PIB réel inférieur au potentiel,
la demande agrégée augmente et entraîne un déplacement de la amène un mouvement le long de la courbe de Phillips à
courbe de demande agrégée de DA0 à DA2, le niveau des prix court terme, mouvement qui entraîne une baisse du taux
monte à I I 3, soit une hausse de 13%, et l’économie se situe sur d’inflation et une hausse du taux de chômage.)
verticale CPLTdans la figure 18.10 — est verticale L’ampleur du déplacement vers le bas de la courbe de
lorsque le taux de chômage est égal au taux de chômage Phillips à court terme est égale à la valeur de la baisse du
naturel. La courbe de Phillips à long terme nous montre taux d’inflation anticipé.
que toutes les valeurs possibles du taux d’inflation anti¬ Pour comprendre pourquoi la courbe de Phillips à
cipé sont compatibles avec le taux de chômage naturel. court terme se déplace quand le taux d’inflation anticipé
Cette proposition est semblable à celle que vous avez varie, livrons-nous à une petite expérience. Le scénario
découverte dans le modèle DA-OA. Lorsque l’inflation est le suivant : l’économie se situe à l’équilibre de plein
est prévue, le PIB réel se maintient au niveau du PIB emploi et une inflation entièrement prévue de 10 % par
potentiel. Autrement dit, si le PIB réel est égal au PIB année sévit. La Banque du Canada, jugeant ce taux trop
potentiel, le taux de chômage se situe à son taux naturel. élevé, met en branle une politique anti-inflationniste :
Lorsque le taux d’inflation anticipé varie, la courbe elle freine la croissance de l’offre de monnaie. La crois¬
de Phillips à court terme se déplace. Si le taux d’inflation sance de la demande agrégée ralentit et le taux d’inflation
anticipé est de 10 % par année, la courbe de Phillips à tombe à 7 % par année. Au début, cette diminution de
court terme est la courbe CPCTq. Si le taux d’inflation l’inflation est imprévue et les salaires continuent donc de
anticipé descend à 7 % par année, la courbe de Phillips monter au taux initial, déplaçant la courbe d’offre agré¬
à court terme se déplace vers le bas jusqu’en CPCT\. gée à court terme vers la gauche au même rythme
qu’auparavant. Le PIB réel diminue et le chômage aug¬
mente. Dans le graphique de la figure 18.10, l’économie
se déplace du point a au point c le long de la courbe de
Phillips à court terme CPCTq.
Si le taux d’inflation se maintient à 7 % par année,
on finit par anticiper ce taux. À mesure que cela se pro¬
FIGURE 18.10
duit, la croissance du salaire ralentit et la courbe d’offre
Les courbes de Phillips à court agrégée à court terme se déplace moins rapidement vers la
FIGURE 18.11
0 4 6 8 10 12
Taux de chômage (en pourcentage de la population active)
courbe de Phillips semblable à celle qui apparaît dans l’inflation et du chômage pour une année donnée au Canada. Il
le graphique de la figure 18.8. n’existe aucune relation particulière entre ces deux variables.
Dans le graphique 18.12 (b), les déplacements de la Dans le graphique (b), les déplacements de la courbe de Phillips à
courbe de Phillips à court terme révèlent une relation plus court terme révèlent une relation plus étroite entre l’inflation et
étroite entre 1 inflation et le chômage. Dans les années le chômage. Durant les années I960, le taux de chômage naturel
1960, le taux naturel de chômage se situait autour de se situait à S % par année et le taux d’inflation anticipé était de
5 %, le taux d inflation anticipé était de 2 % par année 2 % par année (point a). La courbe de Phillips à court terme cor¬
(point a) et la courbe de Phillips à court terme pour cette respondait à CPCT0. Du milieu des années 1970 jusqu’au début des
période correspondait à CPCT0. Du milieu des années années 1980, le taux de chômage naturel est monté à environ
1970 jusqu au début des années 1980, le taux de chômage 7,5 %, le taux d’inflation anticipé se chiffrait à près de 10 % par
naturel est monté à environ 7,5 %, le taux d’inflation année (point b) et la courbe de Phillips à court terme était CPCT,.
anticipé a été de 10 % par année (point b) et la courbe de Dans les années 1980 et 1990, le taux naturel de chômage a grim¬
Phillips à court terme était CPCT,. Au milieu des années pé à environ 9 %, le taux d’inflation anticipé est descendu à 3 %
1980, le taux de chômage naturel a grimpé à environ par année (point c) et la courbe de Phillips à court terme corres¬
pondait à CPCT2.
9 %, taux auquel il s’est maintenu dans les années 1990.
Cependant, le taux d inflation anticipé est descendu à Source:Historical Stotistics of Canada, 2e édition, 1983,séries DI28 et DI32: Statistique
environ 3 % (point c) et la courbe de Phillips à court Canada, CANSIM. séries D980745 et P100000, juillet 1999 et calculs des auteurs.
■ Une variation imprévue du taux d’inflation entraîne Le taux d’intérêt nominal est le prix que paient les em¬
un changement du taux de chômage dans le sens prunteurs pour dédommager les prêteurs 1) pour le prêt
opposé ainsi qu’un mouvement le long de la courbe et, le cas échéant, 2) pour la dépréciation de la monnaie
de Phillips à court terme. attribuable à l’inflation. Le taux d’intérêt réel est le prix
payé par l’emprunteur au prêteur pour le prêt lui-même.
■ Une augmentation imprévue du taux d’inflation
Les forces qui influent sur la demande et l’offre détermi¬
entraîne une diminution du taux de chômage, et une
nent le taux d’intérêt réel d’équilibre, qui ne dépend pas
baisse imprévue du taux d’inflation entraîne une aug¬
du taux d’inflation. Ces mêmes forces fixent également
mentation du taux de chômage.
un taux d’intérêt nominal d’équilibre qui dépend du taux
■ Une variation du taux d’inflation anticipé entraîne un d’inflation et qui est égal à la somme du taux d’intérêt
déplacement de la courbe de Phillips à court terme réel d’équilibre et du taux d’inflation anticipé.
(vers le haut pour une hausse de l’inflation et vers le Pour mieux comprendre ces faits, imaginons une
bas pour une baisse de l’inflation) d’une ampleur égale économie sans inflation où le taux d’intérêt nominal est
à la valeur du changement du taux d’inflation de 4 % par année et où le taux d’intérêt réel est égale¬
anticipé. ment de 4 % par année. Dans cette économie, les mon¬
■ Une variation du taux de chômage naturel provoque tants que des entreprises et des particuliers veulent
un déplacement des courbes de Phillips à court terme emprunter sont égaux aux montants que des entreprises
et à long terme (vers le haut pour une hausse du taux et des particuliers souhaitent prêter à ce taux d’intérêt
naturel et vers la gauche pour une baisse). réel. Par exemple, Teleglobe Canada est prête à payer un
taux d’intérêt de 4 % par année pour obtenir les fonds
■ On peut expliquer la relation entre l’inflation et le
nécessaires au financement de son investissement global
chômage au Canada au moyen d’une courbe de
dans de nouveaux satellites, tandis que Suzanne et des
Phillips à court terme qui se déplace.
milliers d’autres particuliers sont disposés à prêter cette
Jusqu’ici, nous avons étudié les effets de l’inflation somme à Teleglobe Canada si elles peuvent obtenir un
sur le PIB réel, les salaires réels, l’emploi et le chômage. rendement réel de 4 % par année. (Suzanne veut acheter
Cependant, l’inflation entraîne une dépréciation de la une nouvelle voiture, et fait ses plans de consommation
monnaie et une variation de la valeur réelle des montants et d’épargne en fonction de cet objectif.)
empruntés et des montants remboursés. Par conséquent, Supposons maintenant que cette économie connaisse
l’inflation influe sur les taux d’intérêt. Voyons comment. un taux d’inflation constant de 6 % par année. Tous les
prix et toutes les valeurs en dollars, y compris les profits
des centres commerciaux et les prix des voitures, grim¬
pent de 6 % par année. Si elle était disposée à payer 4 %
d’intérêt quand il n’y avait pas d’inflation, Teleglobe
Canada sera maintenant prête à verser 10 % d’intérêt;
en effet, comme les profits augmentent de 6 % par
année, elle ne paie en réalité que 4 %. De même, si elle
Les taux d’intérêt était prête à accorder un prêt à un taux d’intérêt de 4 %
et l’inflation quand il n’y avait pas d’inflation, Suzanne ne consentira
maintenant ce prêt que moyennant un intérêt de 10 %;
_ Aujourd’hui, au Canada, les sociétés peuvent en effet, comme le prix de la voiture quelle veut acheter
emprunter à des taux d’intérêt d’environ 6 % par année. augmente de 6 % par année, à ce taux d’intérêt nominal,
En Russie, les entreprises doivent payer des taux d’intérêt elle n’obtient en réalité que 4 % d’intérêt.
de 55 % par année; en Turquie, de 80 % par année. Bien Étant donné que les emprunteurs sont prêts à payer ce
que les taux d’intérêt au Canada n’aient jamais atteint de taux plus élevé et que les prêteurs ne consentent des prêts
tels sommets, dans les années 1980, les entreprises cana¬ qu’à ce taux plus élevé, lorsque l’inflation est prévue, le
diennes devaient faire face à des taux d’intérêt avoisinant taux d’intérêt nominal augmente d’un montant équivalant
les 20 %. Pourquoi les taux d’intérêt varient-ils tellement au taux d’inflation anticipé. Le taux d’intérêt réel teste cons¬
dans le temps et d’un pays à l’autre ? C’est que le taux tant. (Le taux d’intérêt réel peut varier parce que l’offre
d’inflation varie. Lorsque le taux d’inflation change, les d’épargne ou la demande d’investissement a fluctué pour
taux d’intérêt nominaux varient de façon à ce que les une autre raison, mais en soi la variation du taux d’infla¬
emprunteurs compensent la dépréciation du pouvoir tion anticipé ne fait pas fluctuer le taux d’intérêt réel.)
d’achat de la monnaie des prêteurs. Voyons comment Ces répercussions de l’inflation sur les taux d’intérêt
l’inflation se répercute sur les prêteurs et les emprun¬ se produisent-elles vraiment dans la réalité ? Voyons un
teurs, et comment elle fait varier les taux d intérêt. peu ce qui en est de la situation canadienne.
472.
Chapitre 18 L’inflation
R U M
ns *
■4
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L’inflation est-elle enrayée
au Canada?
les *
politiques
Les faits
EN BREF
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ECONOMIQUE
Année
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DEVIEZ VOTER 1980 1985 1990 1995
Année
■ Que pensez-vous des stratégies anti-inflationnistes de
les
Q UESTIONS DE RÉVISION
1. Quelle est la différence entre une variation isolée 7. Expliquez pourquoi l’inflation imprévue fait plus
du niveau des prix et l’inflation? que redistribuer le revenu.
2. Quelle est la différence entre le niveau des prix et le 8. Qu’est-ce qu’une anticipation rationnelle?
taux d’inflation ?
9. De quelle façon peut-on calculer l’anticipation
3. Quelle est la différence entre l’inflation par la
rationnelle du taux d’inflation ?
demande et l’inflation par les coûts ?
10. Pourquoi l’inflation anticipée est-elle coûteuse?
4. Expliquez comment se produit une spirale infla¬
tionniste par la demande. 11. Que montre la courbe de Phillips à court terme?
5. Expliquez comment se produit une spirale infla¬ 12. Que montre la courbe de Phillips à long terme?
tionniste par les coûts. 13. Quels ont été les principaux déplacements de la
6. Pourquoi l’inflation imprévue est-elle coûteuse? courbe de Phillips à court terme au Canada dans
Enumérez quelques-uns des coûts qu’elle entraîne les années 1970, 1980 et 1990?
pour une personne sur le marché du travail et pour 14. Quel lien y a-t-il entre le taux d’inflation anticipé
une personne sur le marché des actifs. et les taux d’intérêt nominaux?
ANALYSE CRITIQUE
1. Lisez attentivement la rubrique « Entre les lignes » muler l’économie canadienne tout en contenant
(p. 474) et répondez aux questions suivantes: l’inflation ?
a) Comment la Banque du Canada a-t-elle jugulé 7. On peut interpréter de deux manières la hausse
l’inflation ? persistante du taux de chômage au Canada. Elle
b) Quelle a été la relation entre le taux de crois¬ peut découler d’une augmentation du taux de chô¬
sance de l’offre de monnaie et le taux d’infla¬ mage naturel et être indépendante de la chute du
tion ? taux d’inflation, ou encore elle peut provenir du
c) Quels ont été les principaux coûts de la baisse resserrement monétaire qui a entraîné une baisse
de l’inflation au Canada ? du taux d’inflation. Elle peut également résulter
d’une combinaison de ces deux forces.
d) Que soutient l’article en ce qui concerne les
a) Comment procéderiez-vous pour départager
taux d’intérêt en 1995 et en 1996 ? Selon vous,
l’influence respective de ces facteurs sur le
ces affirmations sont-elles exactes ?
chômage au Canada ?
2. Commentez cette citation: «L’inflation a toujours b) Pourquoi est-ce utile de départager l’influence
été une caractéristique de la vie économique au respective de ces facteurs sur le chômage au
Canada. » Canada ?
3. Qui perd et qui gagne à l’inflation? c) Si vous découvriez qu’une hausse du chômage
4. Commentez cette citation : « Le coût réel de la poli¬ est entièrement causée par une augmentation
tique anti-inflationniste de la Banque du Canada du taux de chômage naturel, quels conseils
est une augmentation du nombre de chômeurs. » donneriez-vous à la Banque du Canada quant à
sa future politique monétaire ?
5. Commentez cet énoncé «La courbe de Phillips
d) Si vous découvriez qu’une hausse du chômage
illustre les choix publics possibles en matière de
est entièrement attribuable à la politique de
chômage et d’inflation. »
lutte contre l'inflation et de resserrement moné¬
6. À la lumière de ce que vous avez appris dans ce taire de la Banque du Canada, quels conseils
chapitre, d’après vous, quelles mesures devrait donneriez-vous à la Banque quant à sa future
adopter la Banque du Canada en 1999 pour sti¬ politique monétaire ?
477
Problèmes
1. La courbe d’offre agrégée à long terme, OALT, la a) Tracez les courbes de Phillips à court terme et à
courbe de demande agrégée, DAq, et la courbe d’of¬ long terme pour cette économie.
fre agrégée à court terme, OACT0, d’une économie b) Si le taux d’inflation effectif passe de 6 à 8 %
sont les suivantes : par année, quelle est la variation du taux de
chômage? Expliquez cette variation.
c) Si le taux de chômage naturel monte à 5 %,
quelle est la variation du taux de chômage ?
Expliquez cette variation.
d) Revenez à la question a. Si le taux d’inflation
anticipé chute à 4 % par année, quelle est la
variation du taux de chômage ? Expliquez cette
variation.
3. La courbe d’offre agrégée à long terme, OALT, la
courbe de demande agrégée, DA, et les courbes
d’offre agrégée à court terme, OACT0, OACTx et
OACT2 d’une économie sont les suivantes:
19
Les défis de la politique
macroéconomique
1999. Les bonnes nouvelles sont venues de plusieurs fronts. La croissance du PIB réel
était solide et elle s’élevait à 4,5 %. Malgré cette forte croissance économique, le taux
d’inflation est resté faible, se maintenant autour de 1 % sur une base annuelle. De
mence à porter ses fruits, les budgets du gouvernement fédéral et de plusieurs gouverne¬
ments provinciaux sont équilibrés ou excédentaires. Sur le plan international, les nou¬
velles sont également très bonnes. L’économie américaine est en pleine expansion, et
sa performance surpasse les prévisions les plus optimistes. Cette situation favorise les
dépasse celle des importations et le déficit du compte courant est en baisse. ♦ Une con¬
joncture aussi favorable ne doit pas nous faire oublier que notre ciel économique n’a pas
toujours été et ne sera pas toujours aussi radieux. La crise financière qui a débuté en
Asie du Sud-Est au milieu de 1997 et qui s’est propagée par la suite dans plusieurs
autres pays aurait pu avoir des répercussions graves sur l’économie canadienne. L’écono¬
mie américaine, qui entreprend une neuvième année d’expansion économique, s’essouf¬
flera tôt ou tard et la perspective d’une récession aux États-Unis fera craindre le pire au
politique monétaire peuvent-elles influer sur l’économie? Que peut faire la politique
mal ? Le gouvernement fédéral peut-il élaborer une politique budgétaire qui accélère la
une politique monétaire qui permette d’atteindre ces objectifs ? Certains objectifs de la
politique économique sont-ils plus facilement atteignables par une politique budgétaire
et d’autres par une politique monétaire ? Quelles mesures économiques donneraient les
meilleurs résultats ? Existe-t-il des manières plus efficaces que d’autres de mener une
politique ?
Dans ce chapitre, nous allons étudier les défis que pose l’élaboration d’une poli¬
croissance soutenue à long terme le plus élevé possible ainsi qu’un faible taux de chô¬
mage, et cela sans déclencher une trop forte inflation. L’étude de ce chapitre vous per¬
fait face à l’heure actuelle, de même que les débats politiques qu’ils soulèvent.
480
Une croissance rapide et soutenue du PIB réel peut large¬ des écarts du PIB par rapport à sa valeur potentielle.
FIGURE 19.1
La politique
La performance macro¬ macroéconomique :
économique : le PIB réel ses outils et sa performance
et l’inflation — La politique budgétaire et la politique
monétaire sont les deux outils que l’on utilise pour
Taux de croissance tenter d atteindre des objectifs de performance macro¬
(en pourcentage annuel)
économique. Comme nous l’avons vu au chapitre 9,
20*
(p. 212-217), on appelle politique budgétaire l’utilisa¬
tion du budget fédéral pour atteindre les objectifs macro¬
économiques. Les mesures budgétaires portent sur les
taux d’imposition, les transferts aux particuliers, les sub¬
ventions aux entreprises et les dépenses publiques en
biens et services ; elles influent sur la demande agrégée
et l’offre agrégée. La politique monétaire, que nous
avons décrite au chapitre 11, est l’ajustement par la
Banque du Canada de la quantité de monnaie en circu¬
lation et des taux d’intérêt en fonction des cibles de la
politique macroéconomique. Ces outils de la politique
économique interagissent de la manière décrite dans le
Année
chapitre 12.
Comment les outils de la politique ont-ils été utilisés
La croissance du PIB réel et l’inflation fluctuent énormément. Dans
au Canada? Pour répondre à cette question, résumons
les années 1970, l’inflation a explosé (zone verte), mais on l’avait
d’abord les principales orientations de la politique budgé¬
enrayée au début des années 1990. Cette performance macro¬
taire et monétaire depuis 1970.
économique est loin d’atteindre les objectifs d’un taux de crois¬
sance stable du PIB réel et d’une inflation modérée et prévisible.
Source. Statistique Canada, CANSIM, séries D15689 et D14872, et calculs des auteurs,
La politique budgétaire depuis 1970
FIGURE 19.2
■ ■
baissé et que les recettes ont légèrement augmenté. L’effet gouverneurs de la Banque du Canada qui se sont succédé
combiné de ces mesures a permis au gouvernement durant cette période. Notez que les mandats des gou¬
Chrétien d’éliminer le déficit budgétaire, et même verneurs de la Banque ne correspondent pas à ceux des
d’afficher un surplus depuis 1997. gouvernements.
La figure 19.2 révèle également que le déficit, les Le graphique montre que, de 1975 à 1998, la poli¬
dépenses et les revenus ont suivi un cycle similaire au tique monétaire canadienne a traversé quatre phases.
cycle économique. Dans la première phase, de 1975 à 1980, l’inflation croît
rapidement, de même que l'offre de monnaie. Dans la
deuxième phase, au début des années 1980, le gouver-
netir de la Banque du Canada, Gerald Bouey, entreprend
La politique monétaire depuis 1975 une politique anti-inflationniste concertée: le taux de
croissance de la masse monétaire diminue et les taux
La figure 19.3 retrace l’historique de trois mesures moné¬ d’intérêt augmentent. Cette politique a fait passer le taux
taires au Canada de 1975 à 1998 : le taux de croissance d’inflation de 10 % par année à moins de 5 %. Dans la
de M2+, le taux des fonds à un jour et le taux des fonds à troisième phase, de 1984 à 1989, la Banque du Canada
un jour réel. Le taux de croissance de M2+ nous indique adopte une politique monétaire expansionniste. Le taux
comment la politique monétaire a influé sur la demande de croissance de la masse monétaire augmente, l’écono¬
agrégée; le taux des fonds à un jour, comment la Banque mie prend de l’expansion et, vers la fin des années 1980,
du Canada a fait fluctuer la croissance monétaire ; le taux le taux d’inflation se remet à monter. Dans la quatrième
des fonds à un jour réel, comment la Banque du Canada phase, qui a débuté en 1989 alors que John Crow était le
a ajusté le coût d’opportunité des fonds à un jour — des gouverneur de la Banque du Canada, la Banque lance
variations qui finissent par influer sur les intentions de une offensive anti-inflationniste pour stabiliser les prix.
dépense, et donc sur l’économie. Cette phase de la politique monétaire semble survivre au
La figure 19.3 donne également les années d élection changement de gouverneur de la Banque du Canada, car
ainsi que le nom des six premiers ministres et des trois Gordon Thiessen poursuit une stratégie similaire.
484
FIGURE 19.3
À RETENIR
La politique de croissance
à long terme
Les outils de la politique macroéconomique sont la
politique budgétaire et la politique monétaire.
_ Les facteurs qui déterminent la croissance à
■ Entre 1974 et 1984, sous les gouvernements libéraux long terme du PIB potentiel sont, comme nous l’avons vu
de Pierre Elliott Trudeau et de John Turner, le Canada au chapitre 16 (p. 400-402), l’accumulation du capital
a eu une politique budgétaire expansionniste; sous le physique et humain, et le progrès technologique. Nous
gouvernement conservateur de Brian Mulroney, la allons examiner ici les mesures qui pourraient nous per¬
politique monétaire, d’abord restrictive, passe au mettre d’atteindre une croissance à long terme plus rapide.
neutre, pour se resserrer de nouveau après 1993 Les facteurs qui déterminent la croissance à long
sous le gouvernement libéral de Jean Chrétien. terme résultent de millions de décisions des particuliers
et des entreprises. Le rôle que peut jouer le gouverne¬
Inflationniste au début des années 1970, la politique
ment pour accélérer la croissance est donc limité. Mais
monétaire canadienne devient anti-inflationniste
il y a trois domaines où la politique macroéconomique
durant les années 1980, et encore plus à la fin de la
décennie et au début des années 1990. peut influer sur les décisions privées dont dépend la
croissance à long terme :
■ l’épargne nationale,
Vous venez d’étudier les objectifs de la politique
■ l’investissement dans le capital humain,
macroéconomique, ses grandes tendances au Canada
■ l’investissement dans de nouvelles techniques.
ainsi que les cycles des politiques budgétaire et moné¬
taire. Nous allons maintenant voir comment on pourrait
mieux utiliser la politique macroéconomique pour at¬ L’épargne nationale
teindre ces objectifs. Commençons par la politique de L’épargne nationale est la somme de l’épargne privée et
croissance à long terme.
de l’épargne publique. La figure 19.4 illustre l’évolution
485
à des modifications mineures des règles d’imposition des L’investissement dans de nouvelles
revenus d’intérêt, et les effets de ces mesures sur le taux techniques
d’épargne sont, dans la plupart des cas, négligeables.
Linvestissement dans de nouvelles techniques est le
troisième moyen par lequel la politique peut influer sur
L’épargne privée et l’inflation L’inflation érode la
la croissance économique. Comme nous l’avons expliqué
valeur de la monnaie et d’autres actifs financiers comme
au chapitre 16, l’investissement dans de nouvelles tech¬
les obligations ; de plus, l’incertitude face à l’inflation
niques présente deux caractéristiques particulières.
décourage l’épargne. La politique monétaire est donc un
D’abord, contrairement à ce qui se passe pour les autres
autre outil qui permet de stimuler le taux d’épargne; elle
facteurs de production, il ne semble pas connaître le
maintient la stabilité des prix et renforce la confiance en la
problème des rendements décroissants. Ensuite, les avan¬
valeur future de la monnaie. Nous avons expliqué au cha¬
tages des nouvelles techniques ne touchent pas que les
pitre 18 (p. 466) la relation plus large entre l’inflation et le
entreprises qui y investissent ; ils se propagent à tous les
PIB réel, et nous avons vu pourquoi l’inflation entraîne un
secteurs de l’économie. L’augmentation du taux d’in¬
ralentissement du taux de croissance du PIB réel.
vestissement dans de nouvelles techniques apparaît
donc comme une manière particulièrement prometteuse
d’accélérer la croissance à long terme. Mais comment
L’investissement dans le capital les politiques gouvernementales peuvent-elle influer sur
humain le rythme du progrès technologique ?
Les gouvernements peuvent subventionner les acti¬
L’accumulation du capital humain joue un rôle crucial vités de recherche-développement et offrir des incitatifs
dans la croissance économique, essentiellement sous deux fiscaux. Ils subventionnent une bonne partie de la re¬
aspects : la recherche a démontré que l’instruction et la cherche fondamentale par l’intermédiaire du Conseil de
formation en milieu de travail sont rentables. Autrement recherche en sciences et en génie du Canada, des univer¬
dit, en moyenne, plus une personne accumule d’années sités et des institutions de recherche.
de scolarité et d’années d’expérience professionnelle, plus Considérant les avantages d’une croissance plus ra¬
ses revenus sont élevés. De plus, l’éducation et la forma¬ pide et les gains que génère une meilleure connaissance
tion en milieu de travail ne sont pas simplement rému¬ des sources de la croissance, il est surprenant qu’on
nérateurs ; leur taux de rendement est élevé. n investisse pas davantage dans des branches de la
Si l’instruction et la formation en milieu de travail recherche-développement et de la recherche économique
génèrent des revenus, pourquoi le gouvernement a-t-il qui se penchent sur ces sujets.
besoin d’intervenir pour favoriser l’investissement dans le
capital humain? Pourquoi ne pas laisser les gens décider
eux-mêmes du capital humain à acquérir? Parce que le
rendement social du capital humain dépasse sans doute
À RETENIR
son rendement privé. La productivité supplémentaire qui
découle de l’interaction de gens scolarisés et expérimentés
dépasse la somme des gains prévus par chacun de ces ■ Les mesures visant à stimuler la croissance à long
individus. Laissés à nous-mêmes, nous accumulerions terme portent sur l’augmentation de l’épargne et de
sans doute une quantité insuffisante de capital humain. l’investissement dans le capital humain et le progrès
Examinons certains éléments de politique économique technologique.
en matière d’éducation et de formation. Le taux d’épargne nationale moyen au Canada équi¬
Pour les gouvernements, le principal moyen d’ac¬ vaut à environ 20 % du PIB. Pour augmenter
croître la quantité de capital humain consiste à subven¬ l’épargne, il faut augmenter l’épargne publique
tionner la scolarité complètement ou en partie. Ils ainsi que le rendement après impôt sur l’épargne
peuvent aussi contribuer à établir les normes des sys¬ privée, et contenir l’inflation.
tèmes scolaires.
L’investissement dans le capital humain pourrait être
Le Canada a des normes élevées pour certains aspects
accru par l’amélioration des programmes scolaires et
de l’instruction, mais pourrait faire mieux. Bien des gens
des programmes de formation en milieu de travail.
estiment notamment qu’il faudrait resserrer nos normes
pour ce qui est des mathématiques et de l’utilisation des L’investissement dans le progrès technologique pour¬
techniques informatiques. rait être stimulé par des incitatifs fiscaux.
Les gouvernements ne peuvent pas influer beaucoup Nous venons de voir comment le gouvernement
sur la formation en milieu de travail, mais ils peuvent au peut utiliser ses politiques budgétaire et monétaire pour
moins donner l’exemple en tant qu’employeur et encou¬ influer sur la croissance à long terme. Mais comment
rager ainsi la mise en œuvre de programmes de forma¬ peut-il influer sur le cycle économique et le chômage ?
tion pratique pour d’autres travailleurs. C’est ce que nous allons voir maintenant.
4&7
La politique en matière de cycle économique et de chômage
■ les politiques fondées sur des règles fixes, Une politique discrétionnaire est une politique ponc¬
tuelle, et parfois inédite, adoptée en réaction à la situa¬
■ les politiques basées sur des règles de rétroaction,
tion économique du moment ; elle tient compte de toute
■ les politiques discrétionnaires. l’information existante, y compris des leçons tirées des
«erreurs» du passé. On pourrait donner ici l’exemple de
l’automobiliste qui, en arrivant à une intersection où il
Les politiques fondées sur n’y a aucun panneau de signalisation, doit décider s’il
des règles fixes ralentit ou s’il s’arrête. La plupart des mesures macro¬
économiques comportent un élément discrétionnaire, car
Une politique fondée sur une règle fixe est une poli¬ chaque situation est, jusqu’à un certain point, unique.
tique fondée sur une règle qui dicte une action à entre¬ Par exemple, à plusieurs reprises durant l’année 1994, la
prendre indépendamment de la situation économique. Banque du Canada a augmenté légèrement les taux d’in¬
La vie quotidienne fournit de nombreux exemples de térêt ; elle aurait pu attendre de connaître l’ampleur de
règles fixes ; on n’a qu’à penser aux panneaux « arrêt » : l’augmentation nécessaire, et procéder en une seule fois.
peu importe l’état de la route, l’automobiliste doit im¬ Elle a plutôt utilisé son pouvoir discrétionnaire, en se
mobiliser son véhicule, et cela même s’il n’y a personne basant sur son expérience des périodes d’expansion
d’autre sur la route. Ainsi, il existe en macroéconomique précédentes. Cependant, mis à part le fait que toute
une règle fixe préconisée par Milton Friedman et qui politique macroéconomique comporte un élément dis¬
consiste, quelle que soit la conjoncture économique, à crétionnaire, on peut envisager les politiques discrétion¬
maintenir, année après année, le taux de croissance de la naires comme des variantes de la règle de rétroaction.
masse monétaire à une valeur qui permet d’obtenir un De ce point de vue, une politique discrétionnaire est
taux d’inflation nul en moyenne. Une autre règle fixe pré¬ une politique de rétroaction plus raffinée, où les règles
conise l’équilibre du budget fédéral en tout temps et en évoluent pour tenir compte du progrès des connaissances
toute circonstance. Bien qu’on applique rarement les sur le fonctionnement de l’économie.
règles fixes, en principe elles ont certains mérites. Nous Nous allons étudier les effets de la politique en ma¬
verrons plus loin dans ce chapitre comment elles pour¬ tière de cycle économique en comparant la performance
raient fonctionner si on les adoptait. du PIB réel et le niveau des prix, selon qu’on adopte une
règle fixe ou une règle de rétroaction. Comme le cycle
économique peut découler de perturbations de la
Les politiques fondées sur des règles demande ou de l’offre, nous devons considérer ces deux
de rétroaction cas. Commençons par les chocs que subit la demande.
Une vague de pessimisme sur l’avenir économique de la demande agrégée est permanente. Graduellement,
pourrait entraîner une chute de la demande d’investisse¬ car le chômage est au-dessus de son taux naturel, le sa¬
ment, ou encore une récession dans le reste du monde laire nominal baisse et la courbe d’offre agrégée à court
pourrait déclencher une baisse des exportations. Quelle terme se déplace vers la droite jusqu’en OACTx ; pendant
que soit la cause de la baisse de la demande agrégée, à la ce temps, le PIB réel augmente graduellement et l’indice
figure 19.5, la courbe de demande agrégée se déplace vers implicite du PIB baisse. Comme le montre la figure 19.6
la gauche jusqu’en DA\. Au point d’intersection de la (b), le PIB réel revient progressivement au niveau du PIB
courbe de demande agrégée DAX et de la courbe d’offre potentiel de 800 milliards de dollars et l’indice implicite
agrégée à court terme OACT, l’indice implicite du PIB du PIB baisse à 100. Encore une fois, tant que dure la
est de 105 et le PIB réel se chiffre à 750 milliards de dol¬ période d’ajustement, le PIB réel est inférieur au PIB
lars. L’économie entre en récession. Le PIB réel est au- potentiel et le chômage est au-dessus de son taux naturel.
dessous du PIB potentiel, et le chômage, au-dessus du Voyons maintenant ce qui se produit pendant cette
taux de chômage naturel. période d’ajustement lorsque la politique monétaire obéit
Supposons que la baisse de la demande, qui s’est à une règle de rérroaction plutôt qu’à une règle fixe.
FIGURE 19.6
(a) Règle fixe: la demande encaisse (b) Règle fixe: la demande encaisse (c) Règle de rétroaction
un choc temporaire un choc permanent
La demande agrégée est descendue de DA0 à DA|, et l’économie — graphique (b) —, la demande agrégée demeure en DA|. Comme
entre dans une phase de récession. Le PIB réel est tombé à 750 le chômage est au-dessus du taux naturel, le salaire nominal finit
milliards de dollars, et l’indice implicite du PIB, à 105. Une politique par baisser et la courbe OACT se déplace en OACTLe niveau des
de stabilisation fondée sur une règle fixe —- graphiques (a) et prix descend encore (pour atteindre un indice implicite du PIB de
(b) — laisse la demande agrégée en DA| ; le PIB réel reste donc à 100), et le PIB réel retourne à 800 milliards de dollars. Le gra¬
750 milliards de dollars, et l’indice implicite du PIB, à 105. Si le phique (c) illustre une règle de rétroaction. Lorsque l’économie
choc subi par la demande agrégée est temporaire — graphique (a) est en récession, les politiques budgétaires et monétaires expan¬
—, la demande agrégée revient progressivement à son niveau ini¬ sionnistes font croître la demande agrégée, ce qui déplace la
tial et la courbe de demande agrégée retourne en DA0. Ce faisant, courbe de demande agrégée de DAt à DA0. Le PIB réel revient
le PIB réel remonte à 800 milliards de dollars, et l’indice implicite à 800 milliards de dollars, et l’indice implicite du PIB, à I 10.
du PIB, à I 10. Si le choc que subit la demande est permanent
impôts baissent, le déficit s’amplifie et la masse moné¬ budgétaires et monétaires deviennent restrictives et main¬
taire augmente. En d’autres mots, lorsque le PIB réel est tiennent la courbe de demande agrégée en DA$. Le PIB
inférieur au PIB potentiel, les politiques monétaires et réel reste à 800 milliards de dollars, et l’indice implicite
budgétaires deviennent expansionnistes. Si le PIB réel du PIB, à 110.
dépasse le PIB potentiel, les politiques monétaires et
budgétaires ont l’effet inverse : elles deviennent restric¬ Une comparaison des deux règles Selon la politique
tives. Un économiste keynésien est un économiste qui fondée sur une règle fixe, l’économie entre en récession et
croit que la conjugaison des fluctuations de la demande y demeure jusqu’à ce que la courbe de demande agrégée
agrégée et de la rigidité des salaires (ou des prix, ou à la soit revenue d’elle-même à sa position initiale. La courbe
fois des salaires et des prix) est la principale source des de demande agrégée ne revient que graduellement à sa
fluctuations économiques — nous avons vu la théorie position initiale et la récession ne se résorbe que progres¬
keynésienne et la nouvelle théorie keynésienne du cycle sivement.
économique au chapitre 17, p. 431. Selon la politique fondée sur une règle de rétroac¬
La figure 19.6 (c) illustre la réponse de l’économie à tion, c’est la politiqtie qui sort l’économie de la récession.
l’application d’une politique fondée sur une règle de Une fois de retour au PIB potentiel, le PIB réel y est
rétroaction. Lorsque la demande agrégée descend maintenu par une diminution graduelle de la demande
jusqu’en DA\, les politiques budgétaires et monétaires agrégée induite par la politique et qui compense exacte¬
expansionnistes font croître la demande agrégée, et la ment l’augmentation de la demande agrégée résultant des
courbe de demande agrégée se déplace immédiatement décisions du secteur privé.
en DAq. À mesure que les autres facteurs qui font aug¬ Les variations du niveau des prix et du PIB réel
menter la demande agrégée entrent en jeu, les politiques sont les mêmes dans les deux cas, mais le PIB réel se
490
Chapitre 19 Les défis de la politique macroéconomique
maintient au-dessous du PIB potentiel plus longtemps La connaissance du PIB potentiel Pour décider si
avec la règle fixe qu’avec la règle de rétroaction. une politique fondée sur une règle de rétroaction doit
stimuler ou ralentir la demande agrégée, il faut détermi¬
Les règles de rétroaction de la Banque du Canada ner si le PIB réel est supérieur ou inférieur au PIB poten¬
Puisque toute nouvelle mesure macroéconomique est tiel. Mais nous ne savons pas avec certitude quelle est la
jusqu’à un certain point une réaction à une situation valeur du PIB potentiel; elle dépend d’un grand nombre
unique, il est extrêmement difficile, voire impossible, de de facteurs, l’un d’eux étant le niveau de l’emploi quand
connaître avec certitude les règles de rétroaction adoptées le chômage est à son taux naturel. Or, dans l’état actuel
par la Banque du Canada. Dans une certaine mesure, la de nos connaissances et compte tenu des questions et des
Banque tente de suivre une règle de rétroaction comme controverses qui subsistent sur le fonctionnement du
celle que nous venons d’étudier. Lorsque le PIB réel se marché du travail, on ne peut qu’estimer le taux de chô¬
situe au-dessous du PIB potentiel et que le chômage est mage naturel. Il est donc extrêmement difficile de pré¬
au-dessus de son taux naturel, elle essaie de stimuler les voir dans quelle direction une règle de rétroaction doit
dépenses en diminuant les taux d’intérêt et en augmen¬ pousser le niveau de la demande agrégée.
tant le taux de croissance de la masse monétaire. Et,
lorsque le PIB réel se situe au-dessus du PIB potentiel et Les délais d’action de la politique et la marge de
qu’une hausse de l’inflation est prévue, elle augmente les prévisibilité Les effets des mesures découlant d’une
taux d’intérêt et ralentit la croissance de la masse moné¬ politique économique se font sentir pendant les deux
taire. Mais la Banque du Canada doit également réagir années qui suivent, et parfois davantage. Or, personne
au taux de change et aux flux financiers internationaux. n’est en mesure de faire des prévisions à si long terme.
Parfois, elle doit donc augmenter les taux d’intérêt même Les responsables de la politique économique disposent
en présence d’un chômage élevé. En outre, la Banque d’une marge de prévisibilité de moins d’un an. De plus,
doit agir plus prudemment lorsqu’elle croit que l’écono¬ il est impossible de prévoir à quel moment précis les
mie est en période de surchauffe plutôt qu’au bord d’une effets d’une mesure se feront sentir, ni l’ampleur de ces
récession. effets. Autrement dit, les effets d’une politique de
rétroaction qui répond à la situation économique
Les règles de rétroaction sont-elles plus efficaces? d’aujourd’hui pourraient fort bien être inappropriés
Peut-on conclure de cette analyse qu’une règle de rétro¬ dans la situation économique où ils se feront sentir.
action est plus efficace qu’une règle fixe ? Le gouverne¬ Supposons, par exemple, qu’aujourd’hui l’économie
ment et la Banque du Canada ne peuvent-ils se servir soit en récession. La Banque du Canada réagit en aug¬
d’une règle de rétroaction pour maintenir l’économie à mentant le taux de croissance de la masse monétaire. En
son niveau de plein emploi et assurer la stabilité des prix ? appuyant sur l’accélérateur monétaire, elle obtient,
Evidemment, des changements imprévus, comme une comme premier effet, la baisse des taux d’intérêt. Après
vague de pessimisme dans le milieu des affaires, peuvent quelque temps, ces taux d’intérêt plus bas entraîneront
toujours se produire. Mais le gouvernement et la Banque une augmentation des investissements et des dépenses en
du Canada ne peuvent-ils pas intervenir en modifiant biens de consommation durables. Plus tard encore, cette
les taux d’imposition, les dépenses, les taux d’intérêt et hausse des dépenses amènera une hausse des revenus,
1 offre de monnaie afin de réduire les effets indésirables qui, à son tour, entraînera une augmentation des dépen¬
des perturbations ? Il se pourrait bien que oui, si nous ses de consommation. À plus long terme, l’augmentation
nous fions à notre analyse, et la Banque du Canada des dépenses de consommation fera augmenter la
semble avoir travaillé efficacement lors de la dernière demande de main-d’œuvre, et les salaires et les prix
récession, quoique certains économistes auraient souhaité finiront par augmenter. L’effet de cette augmentation
quelle poursuive une politique plus expansionniste. des dépenses, notamment sur l’emploi, ne touche pas
Malgré l’apparente supériorité des règles de rétro¬ toujours les mêmes secteurs. Et les effets des mesures
action, bon nombre d’économistes considèrent que les monétaires de la Banque du Canada sur le PIB réel,
règles fixes stabilisent la demande agrégée plus efficace¬ sur l’emploi et sur le taux d’inflation peuvent mettre
ment que les règles de rétroaction, et ce, pour les raisons de neuf mois à deux ans à se manifester.
suivantes : Au moment où les mesures de la Banque du Canada
H on ne connaît pas le PIB potentiel, se feront pleinement sentir, l’économie ne sera plus dans
■ les délais d’action de la politique dépassent la marge la même situation. Ainsi, un ralentissement de l’écono¬
de prévisibilité, mie mondiale pourrait donner un autre choc néfaste à
la demande agrégée, ce qui atténuerait l’effet des mesures
H les politiques suivant une règle de rétroaction sont
expansionnistes de la Banque du Canada. Ou encore,
moins prévisibles que les politiques suivant une règle
un regain de confiance des entreprises pourrait faire aug¬
fixe.
menter encore davantage la demande agrégée, ce qui
- Nous allons examiner brièvement chacune de ces amplifierait les effets de la politique expansionniste de
affirmations. la Banque du Canada. Dans tous les cas, la Banque du
491
La politique en matière de cycle économique et de chômage
Canada ne peut prendre des mesures appropriées que si écrites, il faut les déduire du comportement du gou¬
elle est en mesure d’anticiper les chocs que recevra la vernement et de la Banque du Canada.
demande agrégée. Ainsi, si la Banque adopte une politique fondée sur
Ainsi, pour atténuer les fluctuations de la demande une règle de rétroaction, il faut prévoir la valeur future
agrégée, la Banque doit prendre des mesures fondées sur des variables auxquelles réagissent la Banque et le gou¬
des prévisions de ce qui se produira d’ici à deux ans. vernement, ainsi que l’ampleur de leur réaction. Par
Dans un an, il sera trop tard pour influer sur la situation conséquent, lorsqu’il s’agit de mesures budgétaires et
qu’on connaîtra alors. Si la Banque du Canada arrive à monétaires, une règle de rétroaction peut entraîner des
prévoir correctement ce qui se passera d’ici à un an et fluctuations de la demande agrégée plus imprévisibles
réagit en conséquence, elle réussira à atténuer les varia¬ qu’une règle fixe.
tions de la demande agrégée. Par contre, si elle prend Nous avons déjà donné dans ce chapitre les trois
des mesures en ne tenant compte que de la situation raisons pour lesquelles une règle de rétroaction ne peut
économique actuelle, sans voir plus loin, ses mesures pas agir plus efficacement qu’une règle fixe sur la
se révéleront souvent inadéquates. demande agrégée. Mais il existe une quatrième raison
Lorsque le chômage est élevé et que la Banque expliquant la préférence de certains économistes pour les
appuie sur l’accélérateur, elle favorise un retour plus règles fixes. Les chocs économiques ne touchent pas que
rapide de l’économie au plein emploi. Malheureusement, la demande agrégée. La majorité des partisans des règles
elle ne peut pas voir assez loin pour savoir quand relâcher de rétroaction croient que les fluctuations économiques
l’accélérateur en douceur afin de maintenir l’économie résultent des variations de la demande agrégée ; pour les
au niveau de plein emploi. Généralement, elle garde le défenseurs des règles fixes, elles découlent des variations
pied trop longtemps sur l’accélérateur; lorsqu’elle le de l’offre agrégée. Voyons maintenant comment les
relâche, l’économie a dépassé son niveau de plein emploi, variations de l’offre agrégée influent sur l’économie selon
ce qui entraîne des pénuries et des pressions inflation¬ qu’on applique une règle de rétroaction ou une règle
nistes. Lorsque l’inflation augmente et que le chômage fixe, et pourquoi les économistes qui considèrent
descend sous son taux naturel, la Banque freine brusque¬ comme déterminantes les fluctuations de l’offre agrégée
ment afin de ramener l’économie au plein emploi. favorisent la règle fixe.
Les problèmes d’une politique budgétaire fondée sur
des règles de rétroaction sont similaires à ceux d’une poli¬
tique monétaire fondée sur les mêmes règles, mais ils sont La stabilisation de l’offre agrégée
plus graves à cause des délais d’application de la politique
budgétaire. La Banque du Canada peut réagir assez rapide¬ Les théoriciens du cycle d’origine réelle croient que les
ment, mais le gouvernement ne peut adopter une mesure fluctuations du PIB réel (de même que celles de l’emploi
de politique budgétaire sans passer par le processus légis¬ et du chômage) ne sont pas causées par les variations de
latif. Résultat: avant même que la mesure budgétaire soit la demande agrégée, mais par les variations de la crois¬
mise en œuvre, la situation économique risque d avoir sance de la productivité. Selon la théorie du cycle d’ori¬
changé et pourrait exiger l’adoption d’une toute autre gine réelle, il n’y a pas vraiment de différence entre la
mesure que celle qui sera adoptée au terme du processus courbe d’offre agrégée à long terme et la courbe d’offre
législatif. agrégée à court terme. Pour eux, comme les salaires sont
parfaitement flexibles, le marché du travail est toujours
La prévisibilité des politiques Pour prendre des déci¬ en équilibre et le taux de chômage est toujours à son taux
sions relatives aux contrats de travail à long terme (con¬ naturel. La courbe (verticale) d’offre agrégée à long terme
ditions salariales) ou aux prêts et aux emprunts, les gens est la même que la courbe d’offre agrégée à court terme.
doivent prévoir l’évolution des prix, soit le taux d infla¬ Les fluctuations sont attribuables à des déplacements de
tion futur. Pour cela, il faut prévoir la demande agrégée. la courbe d’offre agrégée à long terme.
Et pour prévoir la demande agrégée, il faut prévoir les Habituellement, la courbe d’offre agrégée à long
politiques qu’adopteront le gouvernement et la Banque terme se déplace vers la droite et l’économie progresse.
Mais la vitesse à laquelle cette courbe se déplace vers la
du Canada.
Si le gouvernement et la Banque du Canada s en droite varie. De plus, la courbe d’offre agrégée à long
tiennent strictement à des règles fixes pour les taux terme se déplace parfois vers la gauche, ce qui entraîne
d’imposition, les programmes de dépenses et la crois¬ une diminution de l’offre agrégée et du PIB réel.
sance de la masse monétaire, alors la politique elle-même Si la théorie du cycle d’origine réelle est juste, une
ne pourra pas entraîner des fluctuations imprévues de politique économique qui influe sur la courbe de de¬
mande agrégée n’a aucun effet sur le PIB réel. Par contre,
la demande agrégée.
Par contre, le risque lié à l’imprévisibilité des mesu¬ elle joue sur le niveau des prix. Mais si on utilise une
res prises par la Banque du Canada est plus élevé si la règle de rétroaction pour augmenter la demande agrégée
Banque observe plutôt une règle de rétroaction car, chaque fois que le PIB réel diminue, cela engendrera des
comme les règles de rétroaction ne sont pas des règles fluctuations du niveau des prix plus prononcées que si
492.
Chapitre 19 Les défis de la politique macroéconomique
I on s abstenait de toute intervention. Pour comprendre Une règle fixe Si l’offre de monnaie est déterminée
pourquoi, reportons-nous à la figure 19.7. par une règle fixe, la baisse de l’offre agrégée à long terme
Imaginons que, au départ, l’économie se situe au n’a aucun effet sur la politique de la Banque du Canada
point d intersection de la courbe de demande agrégée ou du gouvernement, ni sur la demande agrégée. La
DAq et de la courbe d’offre agrégée à long terme OALTq, courbe de demande agrégée demeure alors en DAq. Le
là où l’indice implicite du PIB est de 110 et le PIB réel PIB réel descend à 750 milliards de dollars, et l’indice
de 800 milliards de dollars. Supposons maintenant que la implicite du PIB s’élève à 120.
courbe d’offre agrégée à long terme se déplace en O ALT,.
Une diminution véritable de l’offre agrégée à long terme Une règle de rétroaction Supposons maintenant que
pourrait se produire à la suite d’une grave sécheresse ou la Banque du Canada et le gouvernement adoptent une
d une catastrophe naturelle, ou encore d’une perturba¬ règle de rétroaction. Plus précisément, supposons que,
tion du commerce international comme celle qu’a entraî¬ lorsque le PIB réel diminue, la Banque du Canada aug¬
née dans les années 1970 l’embargo décrété par les pays mente 1 offre de monnaie et que le gouvernement fédéral
de l’OPEP.
décrète une réduction des taxes et des impôts pour aug¬
menter la demande agrégée. Dans notre exemple, la
masse monétaire et la baisse des impôts font déplacer la
courbe de demande agrégée en DA,. L’objectif de la poli¬
tique est de ramener le PIB réel à 800 milliards de dol¬
FIGURE 19.7 lars. Mais la courbe d’offre agrégée à long terme s’est
déplacée et le PIB potentiel est donc descendu à 750 mil¬
La réponse à un ralentissement liards de dollars. La hausse de la demande agrégée ne
de la croissance de peut pas entraîner une augmentation de la production si
l’économie n’en a pas la capacité. Le PIB réel reste donc à
la productivité 750 milliards de dollars, mais le niveau des prix monte
encore; l’indice implicite du PIB passe à 140. Comme
vous pouvez le constater, dans ce cas, la règle de rétroac¬
tion na aucun effet sur le PIB réel, mais entraîne en
revanche une forte hausse du niveau des prix.
Nous venons de voir certains des inconvénients liés
à l’utilisation d’une règle de rétroaction en tant que
politique de stabilisation. Certains économistes croient
que ces inconvénients sont graves et demandent à la
Banque et au gouvernement de s’en tenir à une règle
fixe. D’autres considèrent que les avantages d’une règle
de rétroaction priment sur ses inconvénients, et insistent
pour que la Banque continue d’appliquer ce type de
règle.
dons à l’admissibilité aux prestations — par exemple, les ■ Pour adopter une règle de rétroaction efficace, il faut
prestations pourraient n’être versées qu’aux gens inscrits à déterminer si on a affaire à un choc touchant la
un programme de formation qui augmente leurs chances demande agrégée ou l’offre agrégée, être en mesure de
de se trouver un emploi. Mais ces mesures susceptibles de prévoir ce qui se passera pendant toute la période où
faire baisser le taux de chômage naturel causeraient des les effets des mesures adoptées se feront sentir, et bien
difficultés aux chômeurs, difficultés dont le coût pourrait connaître les règles de rétroaction utilisées.
dépasser celui d’un taux de chômage naturel élevé. Les
Nous avons étudié la politique de croissance ainsi
responsables de la politique économique doivent peser les
que les politiques du cycle économique et du chômage.
avantages et les inconvénients des mesures qu’ils mettent
Nous allons maintenant étudier les politiques en matière
en œuvre.
d’inflation.
Au Canada, le taux de chômage naturel a une
dimension régionale importante. Les taux de chômage
sont beaucoup plus élevés dans les provinces atlantiques
que dans le reste du pays. Pour réduire le chômage régio¬
nal, il faut déplacer soit la main-d’œuvre soit les emplois. La politique en matière
La plupart des économistes s’entendent pour dire que,
d’inflation
toutes choses étant égales par ailleurs, le déplacement des
emplois est de loin la mesure la plus efficace et la plus
_ En matière d’inflation, les mesures s’attaquent
souhaitable. Comment déplace-t-on des emplois ? On
à deux problèmes. En période de stabilité des prix, elles
peut, par exemple, instaurer des incitatifs à l’investisse¬
visent à éviter une poussée inflationniste; en période
ment régional. Mais, pour être efficaces, ces incitatifs
d’inflation, elles visent à réduire le taux d’inflation et à
doivent être maintenus durant des années. De plus,
rétablir la stabilité des prix. Mais éviter l’inflation par la
comme la croissance de l’emploi dans certaines régions se
demande, c’est s’exposer à une récession par la demande,
fait aux dépens d’autres régions, les incitatifs engendrent
et pour éviter l’inflation il faut stabiliser la demande
des coûts (très élevés) qui doivent être évalués par rap¬
agrégée. Les politiques touchant le cycle économique et
port aux avantages. le chômage que nous venons d’étudier sont donc égale¬
ment des politiques anti-inflationnistes. Mais éviter l’in¬
Les politiques du taux naturel en pratique En
flation par les coûts soulève certaines questions qu’on
1996, le gouvernement du Canada a adopté la Loi sur doit prendre en considération. Nous allons donc nous
l’assurance-emploi dont l’objectif est en partie d’abaisser le
pencher sur :
taux de chômage naturel. Cette loi limite l’admissibilité
■ la prévention de l’inflation par les coûts,
aux prestations d’assurance-emploi et diminue le mon¬
tant de ces prestations. De plus, le gouvernement fédéral ■ le ralentissement de l’inflation.
a, de concert avec les gouvernements provinciaux, bonifié
les prestations de soutien au réemploi et les mesures
d’emploi actives afin de faciliter le retour au travail des La prévention de l’inflation
prestataires. Enfin, la Loi sur l’assurance-emploi prévoit la par les coûts
création d’un fonds transitoire pour la création d’emplois
visant à inciter les employeurs à créer de nouveaux L ’inflation par les coûts est une inflation causée par la
emplois. Par ces diverses mesures, le gouvernement hausse des coûts. De 1973 à 1974, et de nouveau en
espère réduire le taux de chômage naturel. 1980, les prix mondiaux du pétrole ont explosé. Les chocs
liés aux coûts, comme ceux-ci, deviennent inflationnistes
s’ils s’accompagnent d’une augmentation de la masse mo¬
nétaire. Or, une telle augmentation de la masse monétaire
peut se produire avec une politique monétaire fondée sur
une règle de rétroaction, tandis qu’une politique moné¬
taire fondée sur une règle fixe rend impossible l’inflation
À retenir
par les coûts. Nous allons voir pourquoi.
La figure 19.8 montre une économie en situation de
■ Les politiques fondées sur des règles fixes stabilisent plein emploi. La demande agrégée correspond à la courbe
les politiques budgétaire et monétaire, et les mettent à DAq ; l’offre agrégée à court terme, à la courbe OACT0 ;
l’abri des fluctuations de la conjoncture economique. l’offre agrégée à long terme, à la courbe OALT. Le PIB réel
■ Les politiques fondées sur des règles de rétroaction se chiffre à 800 milliards de dollars et l’indice implicite des
baissent les impôts, augmentent les dépenses et prix est égal à 110. Supposons maintenant que l’OPEP
accélèrent la croissance de la masse monétaire lorsque tente de profiter d’un avantage temporaire en augmentant
l’économie est en récession et font le contraire quand le prix du pétrole. La courbe d’offre agrégée à court terme
FIGURE 19.8
Au départ, l’économie se situe sur les courbes DA0 et OACT0; jusqu’à ce que le prix du pétrole baisse de nouveau; l’économie
l’indice implicite du PIB se chiffre à I 10, et le PIB réel, à 800 mil¬ retourne alors à sa position de départ. En présence d’une règle de
liards de dollars. L’OPEP augmente le prix du pétrole, ce qui rétroaction — graphique (b), la Banque du Canada augmente la
entraîne le déplacement de la courbe d’offre agrégée à court quantité de monnaie en circulation, ce qui entraîne le déplacement
terme en OACT,. Le PIB réel descend à 750 milliards de dollars et de la courbe de demande agrégée jusqu’en DA,. Le PIB réel revient
l’indice implicite du PIB monte à 120. Si elle suit une règle fixe —
à 800 milliards de dollars (PIB potentiel), mais l’indice implicite du
graphique (a) —, la Banque du Canada n’influe d’aucune façon sur PIB s élève à 125. L’économie est appelée à connaître, encore une
la demande agrégée. Le ralentissement de l’économie persiste fois, une inflation par les coûts.
Une règle fixe monétariste La figure 19.8 (a) illustre remontera à 800 milliards de dollars. Cet ajustement
ce qui se produit si la Banque du Canada suit une règle pourrait toutefois mettre un certain temps à se produire.
fixe pour sa politique monétaire et que le gouvernement
suit lui aussi une règle fixe pour sa politique budgétaire. Une règle de rétroaction keynésienne La fi¬
Supposons que la règle fixe dicte une croissance nulle de gure 19.8 (b) illustre ce qui se produit si la Banque
la masse monétaire et 1 absence de variation des impôts et du Canada et le gouvernement obéissent à une règle
des taxes ainsi que des dépenses publiques en biens et de rétroaction. Le point de départ est le même —
services. Avec ces règles fixes, la Banque du Canada et le l’économie se trouve au point d’intersection des courbes
gouvernement font abstraction de la hausse du prix du OACTq et DAo, là où l'indice implicite du PIB est de
pétrole. On ne prend aucune mesure. La courbe d’offre 110, et le PIB réel, de 800 milliards de dollars. L’OPEP
agrégée à court terme s’est déplacée en OACT,, mais la fait augmenter le prix du pétrole et la courbe d’offre
courbe de demande agrégée reste en DAq. L’indice agrégée à court terme se déplace jusqu’en OACT,. Le
implicite des prix monte à 120 et le PIB réel tombe à PIB réel descend à 750 milliards de dollars et le niveau
750 milliards de dollars. des prix s’élève à 120.
L’économie connaît la stagflation. Comme le chô¬ Une règle de rétroaction est suivie. Avec une capacité
mage est au-dessus de son taux naturel, le salaire nominal optimale de production estimée à 800 milliards de dol¬
finira par chuter. Le faible niveau du PIB réel et du lars et un PIB réel effectif de 750 milliards de dollars, la
volume des ventes entraînera finalement une baisse du Banque du Canada injecte de l’argent dans l’économie
prix du pétrole. Ces événements provoquent un retour et le gouvernement accroît ses dépenses et réduit les taxes
de la courbe d’offre agrégée à court terme en OACT0. et les impôts. La demande agrégée augmente et la courbe
L’indice implicite du PIB descendra à 110 et le PIB réel de demande agrégée se déplace vers la droite en DA,.
495
La politique en matière d’inflation
Le niveau des prix s’élève alors à 125 et le PIB réel est Une réduction imprévue de l’inflation Nous allons
remonté à 800 milliards de dollars. L’économie revient à utiliser deux approches équivalentes pour étudier le
son niveau de plein emploi, mais cette fois avec un problème du ralentissement de l’inflation : le modèle de
niveau des prix plus élevé. La Banque du Canada ainsi la demande et de l’offre agrégées et la courbe de Phillips.
que la plupart des autres banques centrales du monde Le modèle DA-OA nous indique le PIB réel et le niveau
ont réagi comme nous venons de le décrire à la première des prix, alors que la courbe de Phillips — expliquée au
vague de hausses du prix du pétrole par l’OPEP dans le chapitre 18 (p. 467) — nous permet de tenir compte de
milieu des années 1970. l’inflation et du chômage.
L’OPEP voit le même avantage à hausser encore le La figure 19.9 illustre une économie en situation de
prix du pétrole. La nouvelle augmentation du prix du plein emploi où l’inflation atteint 10 % par année. Dans
pétrole a fait diminuer l’offre agrégée, ce qui a provoqué le graphique 19.9 (a), l’économie se situe à l’intersection
un nouveau déplacement vers la gauche de la courbe de la courbe de demande agrégée DAq et de la courbe
d’offre agrégée à court terme. Si la Banque du Canada et d’offre agrégée à court terme OACT0. Le PIB réel est de
les autres banques centrales combattent la hausse des prix 800 milliards de dollars, et l’indice implicite du PIB, de
en faisant hausser la demande agrégée, l’économie con¬ 110. Comme le PIB réel est égal au PIB potentiel sur la
naîtra alors une inflation galopante. Consciente de ce courbe OALT, l’économie est au niveau de plein emploi.
risque, la Banque du Canada n’a pas réagi à la deuxième De même, dans le graphique 19.9 (b), l’économie se
vague de hausses des prix par l’OPEP au début des situe sur la courbe de Phillips à long terme CPLT, et
années 1980 comme elle l’avait fait précédemment. Au sur la courbe de Phillips à court terme CPCT0. Comme
contraire, la Banque du Canada est restée ferme et elle a on prévoit un taux d’inflation de 10 % par année, le
même ralentit la croissance de la demande agrégée pour chômage est à son taux naturel et se chiffre à 6 % de la
atténuer encore les conséquences des mesures de l’OPEP population active.
sur l’inflation. L’année suivante, on prévoit que la demande agrégée
augmentera et que la courbe de demande agrégée de la
Les incitations à augmenter les coûts Nous venons
figure 19-9 (a) se déplacera vers la droite, de DA0 à DA\.
de voir que, lorsque la Banque du Canada adopte une
En prévision de cette hausse de la demande agrégée, les
règle de rétroaction, l’incitation à augmenter les coûts est
salaires augmentent, ce qui provoque un déplacement de
plus forte. Si un groupe envisage de profiter d’un avan¬
la courbe d’offre agrégée à court terme, qui passe de
tage temporaire en haussant le prix auquel il offre ses
OACTq à OACT\. Si les anticipations s’avèrent exactes,
ressources, et si la Banque du Canada réagit à cette
l’indice implicite du PIB s’élève à 121 — un taux d’infla¬
hausse de prix en augmentant la masse monétaire pour
tion de 10 % — et le PIB réel reste égal au PIB potentiel.
prévenir le chômage et le ralentissement de l’activité
Dans le graphique 19.9 (b), l’économie demeure à sa
économique, il sera difficile de freiner la hausse des
position initiale — le chômage se situe à son taux naturel
coûts. Par contre, si elle adopte une règle fixe, l’incitation
et le taux d’inflation est de 10 % par année.
à profiter d’un avantage temporaire pour faire monter les
Supposons que, personne ne s’attendant à ce qu’elle
salaires ou les prix est beaucoup plus faible. Chaque
change sa politique, la Banque du Canada tente en fait
groupe doit tenir compte du coût qui résulterait d’un
de ralentir l’inflation. Elle augmente les taux d’intérêt
chômage plus élevé et d’une production plus faible.
et freine la croissance monétaire. La croissance de la
Ainsi, une règle fixe peut mener à un taux d inflation
demande agrégée ralentit et la courbe de demande agrégée
stable (ou même nul), tandis qu’une règle de rétroaction
— graphique 19.9 (a) — se déplace de DA$ à DA2. Sans
en réponse aux pressions à la hausse exercées sur les coûts
variation du taux d’inflation prévu, les salaires montent
n’empêchera pas l’inflation d’augmenter ou de diminuer
comme auparavant et la courbe d’offre agrégée à court
si un groupe de personnes croit pouvoir profiter d’un
terme se déplace vers la gauche, de OACTq à OACT\. Le
avantage temporaire en faisant augmenter les prix.
PIB réel descend à 750 milliards de dollars, et l’indice
implicite du PIB s’élève à 118,8 — soit un taux d’infla¬
tion de 8 % par année. Au graphique 19.9 (b), l’écono¬
Le ralentissement de l’inflation
mie se déplace le long de la courbe de Phillips à court
terme CPCTq au fur et à mesure que le chômage monte
Jusqu’ici, les politiques que nous avons étudiées visaient
jusqu’à 9 % par année et que le taux d’inflation descend
à éviter l’inflation. Cependant, le plus souvent, on ne
jusqu’à 8 % par année. La politique de la Banque du
cherche pas à éviter l’inflation, mais à la juguler. Le
Canada a réussi à ralentir l’inflation, mais au prix d’une
Canada a connu une telle situation vers la fin des années
récession. Le PIB réel se situe au-dessous du PIB poten¬
1970 et au début des années 1980. Comment peut-on
tiel, et le chômage, au-dessus du taux naturel.
ralentir l’inflation lorsqu’elle est déjà là? Pour répondre à
cette question, nous allons étudier deux cas :
Une lutte contre l’inflation crédible et annoncée
■ une réduction imprévue de l’inflation, Supposons que, plutôt que de se contenter de ralentir la
■ une réduction de l’inflation crédible et annoncée. croissance de la demande agrégée, la Banque du Canada
496
Chapitre 19 Les défis de la politique macroéconomique
FIGURE 19.9
CPCTn
CPCL
6 9
Chômage (en pourcentage annuel)
(a) Demande et offre agrégées (b) Courbes de Phillips
Au graphique (a), on prévoit que la courbe de demande agrégée se PIB réel descend à 750 milliards de dollars et le taux d’inflation
déplacera de DA0 à DA\, et c’est ce qui arrive. La courbe d’offre descend à 8 % par année (l’indice implicite du PIB se chiffre à
agrégée à court terme se déplace de OACT0 à OACT,. L’indice I 18,8). Le chômage monte à 9 % à mesure que l’économie se
implicite du PIB monte à 121 .mais le PIB réel reste à 800 milliards déplace vers le bas sur la CPCTç,. Un ralentissement prévu de la
de dollars. Le taux d’inflation se chiffre à 10 % par année, et il est croissance de la demande agrégée entraîne le déplacement de la
prévu. Au graphique (b), qui montre la même situation, le chômage courbe de demande agrégée de DA0 à DA2 et la courbe d’offre
est à son taux naturel de 6 % par année et le taux d’inflation est agrégée à court terme se déplace de OACT0 à OACT2. La courbe de
de 10 % par année. Phillips à court terme se déplace jusqu’en CPCT|. Le taux d’infla¬
Un ralentissement imprévu de la demande agrégée entraîne tion descend à 5 % par année, le PIB réel reste à 800 milliards de
le déplacement de la courbe de demande agrégée de DA0 à DA2, le dollars et le chômage, à son taux naturel de 6 % par année.
FIGURE 19.10
14 •
Source : Statistique Canada, CANSIM, juillet 1999, séries P100000 et Revue de la Banque du Canada.
ils le feraient pour prédire le comportement de n’importe réduction de l’inflation. Son communiqué confirmait
qui). De plus, la Banque devait faire face à un problème que la stabilité des prix était l’objectif à long terme que
d’incohérence temporelle. Un problème d’incohérence devait poursuivre la politique monétaire canadienne et
temporelle survient lorsqu’un plan semble convenable à précisait la trajectoire envisagée pour atteindre un bas
un moment donné, et inadéquat à un autre moment. taux d’inflation. Dans la figure 19.10, les points en vert
Combien de fois vous êtes-vous présenté à un examen de indiquent la cible d’inflation visée chaque année par la
fin de session pour vous rendre compte que vous n’aviez Banque, et les traits orange indiquent la marge d’erreur
pas assez étudié ? Vous faisiez alors face à un problème quelle juge acceptable par la Banque. L’annonce faite en
d’incohérence temporelle. 1991 spécifiait une cible d’inflation de 3 % pour l’année
Prévoir le comportement de la Banque du Canada, 1992, cette cible devant être par la suite ajustée graduel¬
c’est comme prévoir votre propre comportement — bien lement à la baisse de manière à atteindre 2 % en 1995.
que, en pratique, ce soit un peu plus complexe. Pour pré¬ En 1993 et en 1998, des communiqués réaffirmaient
voir les mesures qu’adoptera la Banque du Canada, les l’intention de la Banque de maintenir la cible d’inflation
gens se fient, non pas sur ce qu elle annonce vouloir faire, à 2 % par année jusqu’en 2001. La figure 19.10 révèle
mais plutôt sur les mesures qu elle a adoptées dans le que la politique monétaire mise en œuvre par la Banque
passé. À partir de ces observations, ils tentent de com¬ a réduit l’inflation beaucoup plus rapidement que prévu.
prendre la politique actuelle de la Banque, de prévoir les Sauf en 1995, le taux d’inflation a toujours été inférieur
mesures qu elle adoptera et d’anticiper leurs effets sur la à la cible d’inflation adoptée par la Banque du Canada.
demande agrégée et l’inflation. Dans les années 1970, la
Banque n’avait pas l’habitude de s’engager dans une lutte
à finir contre l’inflation qui aurait pour effet de créer du
chômage; il était donc rationnel de penser que la Banque ■■BHBBBBHBBHBBBBBHBBBBBBBBMBBBBBHBBi
Une Banque du Canada plus indépendante, et qui que le chômage est à son taux naturel, une dévaluation
viserait uniquement la stabilité des prix, pourrait du dollar canadien signifie que la masse monétaire et le
peut-être atteindre son objectif sans provoquer autant niveau des prix doivent augmenter du même pourcen¬
de pertes d’emplois et de production. tage que celui de la baisse du dollar. Avec des prix au
Canada plus élevés et un dollar canadien plus faible, les
Passons maintenant aux mesures économiques qui
exportateurs n’ont pas l’avantage des prix et les importa¬
peuvent changer le solde international du compte
courant du Canada. tions ne deviennent pas plus coûteuses ; la situation réelle
reste inchangée. La dévaluation du dollar n’est donc pas
une politique valable pour réduire le déficit du compte
courant en situation de plein emploi. Par contre, elle
pourrait s’inscrire dans une politique monétaire expan¬
sionniste qui rétablit le plein emploi lorsque l’économie
est en récession. Cependant, dans ce cas, la dévaluation
La politique en matière
du dollar n’est plus une politique de réduction du déficit
de compte courant du compte courant, mais simplement la conséquence de
1 adoption d’une politique monétaire expansionniste.
— Le compte courant fluctue en fonction du
PIB réel. Mais supposons que, lorsque le PIB réel est égal
au PIB potentiel, le compte courant soit trop déficitaire.
Quelles mesures pourraient réduire ce déficit? Le gou¬ La hausse des tarifs ou l’imposition
vernement pourrait réduire la demande agrégée ; cette de quotas à l’importation
baisse entraînerait une diminution du PIB réel, laquelle,
à son tour, réduirait la demande d’importations et le Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le
déficit du compte courant. Cependant, cette mesure Canada et les autres grands pays ont adopté une poli¬
ralentirait également l’économie: le PIB réel descendrait tique d’ouverture des frontières internationales ; ils ont
au-dessous du PIB potentiel et le chômage monterait au- réduit les tarifs douaniers et aboli les quotas à l’importa¬
dessus de son taux naturel. De là, la nécessité d’élaborer tion. De nombreuses barrières à l’échange subsistent
des moyens qui permettent de réduire le déficit du encore, mais on les élimine progressivement et, dès l’an
compte courant sans diminuer le PIB réel. Pour ce 2000, tout le continent nord-américain pratiquera un
faire, on propose généralement l’une ou l’autre des libre-échange quasi absolu. Bon nombre de gens croient
trois mesures suivantes : que cette ouverture des frontières est responsable du
■ la dévaluation du dollar, déficit du compte courant du Canada. Pour eux, la solu¬
tion est simple : revenir aux tarifs douaniers imposés par
■ la hausse des tarifs ou l’imposition de quotas à
Sir John A. Macdonald !
l’importation,
Les partisans de cette «solution» au déficit du
■ la réduction du déficit public. compte courant confondent le solde des échanges et le
Comme vous êtes sur le point de le constater, volume des échanges. Les tarifs influent sur le volume des
une seule de ces trois mesures est vraiment efficace. échanges, mais pas sur leur solde. Si le Canada imposait
Examinons-les une à une. des droits tarifaires, les importations canadiennes dimi¬
nueraient sans doute, mais les exportations canadiennes
en feraient autant. Si les étrangers ne pouvaient plus
La dévaluation du dollar vendre autant de biens et services au Canada, ils dimi¬
nueraient leurs achats au Canada. Selon toutes proba¬
Si la Banque du Canada réduisait les taux d’intérêt, le bilités, cette diminution de la valeur des exportations
dollar se déprécierait. Sans aucune variation des prix au serait égale à la diminution de la valeur des importations ;
Canada et dans le reste du monde, cette baisse de la par conséquent, le solde du compte courant resterait
valeur du dollar donnerait aux exportateurs canadiens un inchangé.
avantage sur les marchés étrangers, ce qui entraînerait Mais l’application d’une telle politique se ferait au
une hausse des exportations. La faiblesse de notre dollar détriment à la fois des Canadiens et des étrangers, car
aurait aussi pour effet d’augmenter pour nous le prix des toute limitation du volume des échanges restreint les
biens et services produits à l’étranger, ce qui entraînerait gains à l’échange et réduit la consommation pour tous.
une baisse des importations. D’un seul coup, le déficit
du compte courant diminuerait.
Le raisonnement qui précède est logique, mais sa La réduction du déficit public
conclusion dépend d’une hypothèse clé qui ne tient pas
la route : « sans aucune variation des prix». Si l’économie Le solde du compte courant est égal à la somme
canadienne produit au niveau de son PIB potentiel, et de l’excédent du secteur privé (l’épargne moins
499
Résumé
RÉSUMÉ
Éléments clés il faut accroître l’épargne publique, qui est devenue de plus
en plus négative durant les années 1980, et stimuler les
incitations à l’épargne privée en augmentant le taux de
Les objectifs de la politique macroéconomique rendement après impôts. On peut augmenter l’investisse¬
Les cinq objectifs de la politique macroéconomique sont ment dans le capital humain par l’amélioration des pro¬
l’atteinte d’une croissance stable et soutenue du PIB réel, grammes d’éducation et de formation en milieu de travail.
l’atténuation des fluctuations évitables du cycle écono¬ On peut augmenter l’investissement dans de nouvelles
mique, le maintien d’un faible taux de chômage, la lutte techniques au moyen d’incitatifs fiscaux, (p. 484-486)
contre l’inflation et la réduction de tout déficit impor¬
tant du compte courant, (p. 480-482) La politique en matière de cycle économique et de
chômage La politique fondée sur une règle fixe ne
La politique macroéconomique: ses outils et sa per¬ prend aucune mesure pour amortir les chocs que subit
formance Sous Pierre Elliott Trudeau et John Turner, la demande agrégée. Une politique qui s’appuie sur une
la politique budgétaire canadienne était expansionniste; règle de rétroaction ajuste les taxes et les impôts, les
sous Brian Mulroney et Jean Chrétien, elle était restric¬ dépenses publiques ou la masse monétaire pour atténuer
tive. Depuis 1975, la politique monétaire a connu quatre les effets des autres facteurs sur la demande agrégée.
phases : la première était inflationniste, la deuxième a Certains économistes soutiennent que les règles de
entraîné une baisse de l’inflation, la troisième a stimulé la rétroaction rendent l’économie moins stable que les
reprise et la quatrième a jugulé l’inflation. Depuis 1992, règles fixes. Lorsqu’il y a ralentissement de la croissance
la politique monétaire canadienne vise chaque année de la productivité, une règle fixe entraîne une production
l’atteinte d’une cible d’inflation, (p. 482-484) plus faible (et un plus fort taux de chômage) ainsi qu’un
niveau des prix plus élevé. Une règle de rétroaction qui
La politique de croissance à long terme Ayant pour augmente l’offre de monnaie ou diminue les taux d’im¬
objectif d’accroître le taux de croissance à long terme, la position afin de stimuler la demande agrégée a pour
politique macroéconomique est axée sur l’augmentation résultat un niveau des prix et une inflation encore plus
de l’épargne et sur l’investissement dans le capital humain élevés. Le PIB réel (et le chômage) suit le même cours
et les nouvelles techniques. Pour hausser le taux d épargne, qu’avec une règle fixe. (p. 487-493)
Entre les lignes
déclarations pubbque
s’est accru à un taux annuel de
Ver HeUThiessen laissent entendre 19 % entre novembre 1995 et
Gordon Thiess<« • . t ire poursuit Talque» anni'ecté de^lquldb
que sa politique Plus janvier 1996..
in large ouvrait son tés dans l de°n°”'ô“iancalres-
t6t ce mois-ci, ™ea““n9l„ute 0= CsS“cruUru„ePtaux annuel de
SAncomment^l-tard
19 0/0 de novembre a janvier.
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■
Analyse
ÉCONOMIQUE
■ Depuis qu’elle a déclaré la ■ La Banque du Canada a ■ En regard des mesures nulle, et non le taux de chô¬
guerre à l’inflation au cours continué à réduire le taux adoptées par la Banque du mage élevé, qui a déclenché
de la fin des années 1980, la de croissance de la masse Canada, il semble clair que un nouveau revirement de
Banque du Canada a concen¬ monétaire jusqu'en juin c’est l’atteinte d’une inflation la politique monétaire.
tré tous ses efforts sur l’at¬ 1994 ; son taux était alors
teinte d’un seul objectif: de 1,2% par année, son plus
juguler l’inflation. bas niveau. À ce moment, le
taux d’inflation était nul.
■ Malgré les commentaires
du gouverneur Gordon ■ Après plusieurs mois
Thiessen sur le chômage d’inflation nulle, la Banque a
dans le discours dont fait état commencé à accélérer le
le Financial Post, la Banque ne taux de croissance de la 5 B
■g O
semble pas avoir changé masse monétaire. Après juin
d’orientation. 1994, le taux de croissance If
0)
SJ
0)
SJ
de M2+ s’est accéléré de
§ I
■ Les figures I et 2 mon¬ mois en mois.
vi O
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trent les résultats de mois en P c
grimpait de 7 % à presque .ç • 12 ^
o
■ La figure I montre que la 12 % par année (en novem¬ a> T> û-V
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Banque s’est mise à ralentir » ic
bre 1992).
2 O • 10 0> 0
la croissance monétaire en C O
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O U) o o
1990, à mesure que le taux ■ Depuis la fin de 1992, le O
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d’inflation grimpait vers les taux de chômage est en • 8 w Q.
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7 % par année. baisse, mais ce recul a été OV) -o û.
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lent. *5i-
■ L’inflation a atteint un u • 6 h- "O
■ Lorsque la Banque a com¬ 1990 1991 1992 1993 1994 1995
sommet de 6,8 % par année
Année
en janvier 1991. (Cette mencé à accélérer la crois¬
hausse provenait de l’instau¬ sance de la masse monétaire, Figure 2 La croissance monétaire et le chômage
de mois en mois
ration de la TPS). Elle a en¬ le taux de chômage avait
suite ralenti, d’abord lente¬ déjà reculé, passant de I 1,9
ment, et plus rapidement à 10 %.
par la suite.
La politique en matière d’inflation Une règle fixe en¬ Figure 19.3 Le bilan de la politique monétaire
raie la menace d’une inflation par les coûts. Une règle de canadienne: un survol, 484
rétroaction permet l’inflation par les coûts en laissant fluc¬
Figure 19.6 Deux politiques de stabilisation : les chocs
tuer le niveau des prix et l’inflation. Habituellement, lors¬
subis par la demande agrégée, 489
qu un ralentissement de la demande agrégée entraîne une
Figure 19.7 La réponse à un ralentissement de la
baisse de l’inflation, une récession s’amorce, (p. 493-497)
croissance de la productivité, 492
La politique en matière de compte courant En Figure 19.8 La réponse à une hausse du prix du pétrole
situation de plein emploi, une dévaluation du dollar pro¬ par l’OPEP, 494
voque une hausse du niveau des prix sans améliorer les Figure 19.9 La réduction de l’inflation, 496
habiletés de concurrence à l’échelle internationale ; elle
n’a donc aucun effet sur le compte courant. Une hausse
des tarifs fait diminuer les importations et les exporta¬
tions et n’a aucun effet sur le solde du compte courant.
Une diminution du déficit public entraîne une réduction Mots clés
du déficit du compte courant, (p. 498)
Économiste keynésien, 489
Économiste monétariste, 488
Figures clés Politique budgétaire, 482
Politique discrétionnaire, 487
Figure 19.1 La performance macroéconomique: le PIB Politique fondée sur une règle de rétroaction, 487
réel et l’inflation, 482 Politique fondée sur une règle fixe, 487
Figure 19.2 Le bilan de la politique budgétaire cana¬ Politique monétaire, 482
dienne : un survol, 483 Problème d’incohérence temporelle, 497
Q U JL S T IONS DE RÉVISION
L Quels sont les objectifs de la politique macro¬ 10. Pourquoi les économistes ne s’entendent-ils
économique? pas sur l’efficacité des règles fixes et des règles
2. Décrivez les grandes caractéristiques de la politique de rétroaction ?
budgétaire et de la politique monétaire depuis
11. Les politiques fondées sur des règles de rétroaction
1975.
sont-elles plus efficaces que les politiques fondées
3. Expliquez les principaux moyens par lesquels une
sur des règles fixes pour réagir à un choc subi par
politique peut tenter d’accélérer la croissance du
la demande agrégée ? Justifiez votre réponse.
PIB potentiel.
4. Faites la distinction entre une règle fixe et une règle 12. Expliquez pourquoi la crédibilité de la Banque du
de rétroaction. Canada influe sur les coûts reliés à la réduction de
l’inflation.
5. Qu’est-ce qu’une politique discrétionnaire?
Donnez des exemples de politiques discrétion¬ 13. Expliquez pourquoi, si la théorie du cycle d’origine
naires. réelle est exacte, les politiques budgétaire et moné¬
6. Analysez les effets d’une diminution temporaire de taire n’ont aucun effet sur le PIB réel et n’influent
la demande agrégée lorsque la Banque du Canada que sur le niveau des prix.
adopte une politique basée sur une règle fixe. 14. Quelles mesures le gouvernement peut-il prendre
7. Analysez l’évolution du PIB réel et du niveau des pour faire baisser le taux de chômage naturel ?
prix en réponse à une diminution permanente de la
15. Expliquez pourquoi une règle de rétroaction peut
demande agrégée lorsque la Banque du Canada
entraîner une inflation par les coûts alors qu’une
adopte :
règle fixe ne le peut pas.
a) une politique qui s’appuie sur une règle fixe.
b) une politique fondée sur une règle de rétroac¬ 16. Expliquez les effets d’une réduction imprévue de
tion. l’inflation sur le chômage.
8. Qu est-ce qui distingue un économiste monétariste 17. Expliquez les effets sur le chômage de l annonce
d’un économiste keynésien ? crédible d'une réduction de l’inflation.
9. Expliquez le principal problème lié à la poursuite 18. Quelles sont les trois manières de réduire le déficit
d une politique budgétaire visant à stabiliser du compte courant tout en maintenant l’équilibre
l’économie. de plein emploi ?
503
Problèmes
N R I U
1. Lisez attentivement la rubrique « Entre les lignes » 2. Le gouvernement fédéral est en situation de surplus
(p. 500), et répondez aux questions suivantes: budgétaire depuis 1997. L’équilibre budgétaire
a) Quel a été le principal objectif de la Banque de plusieurs provinces s’est également beaucoup
du Canada depuis la fin des années 1980 ? amélioré et certaines affichent maintenant des
b) Les commentaires du gouverneur de la Banque surplus.
du Canada, Gordon Thiessen, sur le chômage a) D’après vous, quels sont les principaux effets
dont fait état le Financial Postvous incitent-ils de ces tendances de la politique budgétaire sur
à croire que la Banque ait changé d’objectif au l’économie ?
cours de l’année 1996 ? Justifiez votre réponse. b) Sur lesquels de ces objectifs de la politique
c) Que vous révèle le taux de croissance de M2+ macroéconomique les tendances de la poli¬
sur la politique de la Banque du Canada? tique budgétaire auront-elles le plus de consé¬
d) Que vous indique le cours de l’inflation et du
quences ?
chômage depuis 1990 quant aux objectifs et
c) Y a-t-il des effets adverses potentiels liés à une
aux effets de la politique monétaire de la
réduction du déficit ? Si oui, quels sont-ils et
Banque du Canada ?
comment peut-on les atténuer ?
e) Souhaitez-vous que le gouvernement du
Canada et le ministre des Finances jouent un 3. Certains gouvernements provinciaux augmentent
rôle plus important dans l’élaboration de la les droits de scolarité universitaire. D’après vous,
politique monétaire ? En quoi la politique quels seront les effets sur l’investissement dans le
pourrait-elle être différente si le gouvernement capital humain et le taux de croissance à long terme
jouait un plus grand rôle? au Canada ?
PROBLÈMES
2. L’économie connaît un taux d’inflation de 10 % et a) Quels sont le PIB réel d’équilibre et le niveau
un taux de chômage de 7 %. Élaborez les mesures des prix au départ?
qui devraient permettre à la Banque du Canada et b) Si la diminution de la demande agrégée est
au gouvernement de réduire l’inflation et le chô¬ temporaire et que le gouvernement obéit à une
mage. Expliquez comment et pourquoi ces mesures politique budgétaire basée sur une règle fixe,
devraient être efficaces. qu’advient-il du PIB réel et du niveau des prix?
3. L’économie illustrée dans le graphique suivant se Décrivez graphiquement les effets immédiats et
situe au départ à l’intersection de la courbe de l’ajustement qui se produit à mesure que la
demande agrégée DAq et de la courbe d offre demande agrégée revient à son niveau initial.
c) Si la diminution de la demande agrégée est
temporaire et que le gouvernement obéit à une
politique budgétaire qui s’appuie sur une règle
de rétroaction, qu’advient-il du PIB réel et du
niveau des prix? Décrivez graphiquement les
effets immédiats et l’ajustement qui se produit
à mesure que la demande agrégée revient à son
niveau initial.
d) Si la diminution de la demande agrégée est
permanente et que le gouvernement obéit à
une politique budgétaire fondée sur une règle
fixe, qu’advient-il du PIB réel et du niveau des
prix?
504
Chapitre 19 Les défis de,la politique macroéconomique
L’économie mondiale
vons réduire constamment le déficit En bref, notre politique écono¬ ordinaire qui nous enseigne que, dans
budgétaire, qui chaque année doit mique est conçue pour le moyen le monde nouveau, aucun pays ne
représenter un pourcentage moindre terme : réduction du déficit budgé¬ peut se permettre de s’isoler du reste
du PIB que l’année précédente. Nous taire sur plusieurs années, libéralisa¬ du monde économique. Pour un petit
en sommes maintenant à notre qua¬ tion des échanges sur plusieurs années pays, la seule chance de devenir partie
trième année, et nous sommes sur la et régime du taux de change établi en intégrante de ce monde et de le rester
bonne voie. Je prévois que le déficit fonction de l’avenir et concordant est d’avoir un système économique
budgétaire de 1994 se chiffrera autour avec notre cible d’inflation à long concurrentiel et efficient.
de 2 % du PIB. Au début de la décen¬ terme. Leçon n° 3 Le secteur privé n’a
nie, il s’élevait à plus de 6 %. aucune chance s’il est en concurrence
En deuxième lieu, nous visons Si on considérait l’économie mondiale avec le gouvernement. Les gouverne¬
la libéralisation des échanges. Nous comme un laboratoire d’économique ments agissent selon d’autres consi¬
avons signé un accord de libre- expérimentale, selon vous, quelles dérations; ils n’ont ni la discipline
échange avec les États-Unis, ainsi leçons pourrions-nous tirer des expé¬ des profits et des pertes, ni la disci¬
qu’un accord spécial avec l’Union riences passées afin d’améliorer la pline et les conseils des actionnaires.
européenne. Pour ce qui est des politique économique ? Par conséquent, les secteurs publics
pays du tiers monde, nous avons Je dirais qu’on peut en tirer quatre trop lourds y perdent à long terme, et
adopté, il y a quatre ans, un plan grandes leçons. le secteur privé y perd à court terme.
de réduction tarifaire unilatéral étalé Leçon n° 1 Pour maîtriser l’in¬ Dans le meilleur intérêt de l’écono¬
sur plusieurs années : chaque année, flation, un pays doit avoir une banque mie, il faut réduire autant que pos¬
nous réduisons unilatéralement nos centrale indépendante. Si vous dépar¬ sible la taille du secteur public.
tarifs douaniers. Comme nous avons tagez les pays où le taux d’inflation est Leçon n° 4 Le futur est beau¬
ouvert notre économie à la concur¬ bas et ceux où il est élevé, ou encore coup plus près du présent que ne le
rence étrangère, la concurrence ceux où il diminue et ceux où il aug¬ soupçonnent bien des politiciens. Si
intérieure s’est considérablement mente, vous constaterez que le un pays continue d’enregistrer des
accrue. Le gouvernement s’est taux d’inflation est intimement lié déficits budgétaires si importants
engagé à poursuivre sa politique au degré d’indépendance des banques qu’ils deviendront forcément insou¬
de réductions tarifaires pendant centrales. Le degré d’indépendance tenables, le marché ne le tolérera pas
plusieurs années. Jusqu’à présent, des banques centrales reflète la réalité longtemps. Le marché extrapole les
tout se déroule bien. du système politique, dont l’horizon conséquences dans le futur et les
Le troisième aspect de notre temporel est généralement plus court traduit immédiatement au présent.
politique économique cible l’infla¬ que ne l’exige le système économique.
tion. Au début de 1992, nous nous La société doit donc se protéger en En terminant, quelle serait selon vous
sommes imposés un objectif d’infla¬ assurant l’indépendance de sa banque la meilleure combinaison de cours au
tion maximale tolérable, et cela nous centrale. premier cycle pour l’étudiant ou l’étu¬
a très bien servi. La même année, Leçon n° 2 Un pays ne peut diante qui vise une carrière en écono¬
nous avons également adopté un connaître une croissance soutenue mique orientée sur la politique inter¬
régime du taux de change que nous sans s’engager dans le système mon¬ nationale?
appelons « bande rampante » : nous dial d’échange. Il y a interaction entre Des cours qui lui permettent d’amé¬
établissons la pente de la bande de la stabilité économique d’une part et liorer ses habiletés analytiques lui
façon à ce qu’elle soit en accord avec les politiques d’échange ainsi que les seront utiles : en plus de l’écono¬
notre objectif d’inflation. Au début mesures politiques structurelles qui as¬ mique, cette personne pourrait
de l’année, nous fixons une cible surent la flexibilité et la non-distorsion étudier la philosophie, les mathé¬
d’inflation. Nous en soustrayons d’autre part. Or, cette interaction matiques, l’histoire et les sciences
ensuite le taux d’inflation moyen devient de plus en plus importante et politiques. Je lui conseillerais de
de nos partenaires commerciaux, ce de plus en plus évidente. Si vous ana¬ rechercher la compagnie de pro¬
qui nous donne la pente de la « bande lysez les coûts réels de la réforme en fesseurs, de confrères et de consoeurs
rampante». Autrement dit, nous éta¬ Europe de l’Est et des transformations qui la stimulent et l’inspirent. Elle
blissons la trajectoire des grandeurs en Europe centrale, vous constaterez devrait suivre attentivement les chan¬
nominales de l’économie. Nous regar¬ qu’une part considérable de ces coûts gements économiques et politiques
dons vers l’avenir : nous ne modifions découle de l’effondrement de leurs dans le monde — lire, voyager,
pas la pente de notre « bande ram¬ systèmes d’échange. Le fait est regret¬ s’exposer à diverses cultures. Savoir
pante» en fonction de l’inflation table mais, d’un autre côté, il nous qui sont les auteurs des politiques
passée, mais plutôt en fonction de suggère le remède. Selon moi, le économiques et observer les effets
l’inflation ciblée. Toutes les grandeurs GATT est beaucoup plus qu’un de leurs décisions sur le monde.
nominales de l’économie convergent simple démantèlement des tarifs ;
pour concorder avec cette cible. c’est une victoire philosophique extra¬
20
Le commerce international
échanges commerciaux aussi loin que possible avec la technologie dont ils disposent.
Au XIIIe siècle. Marco Polo ouvrait la route de la soie entre l’Europe et la Chine.
commercer avec d’autres pays ? ♦ Quand le Mexique, pays où les salaires sont très bas,
a conclu un accord de libre-échange avec le Canada et les États-Unis, pays où les salaires
sont très élevés, le milliardaire texan Ross Perot a prédit que l’Accord de libre-échange
igliji
nord-américain (ALENA) déclencherait un « immense bruit de succion », alors que les
i ' , -
emplois du Canada et des États-Unis seraient « aspirés » par le Mexique. Ross Perot
avait-il raison ? Comment le Canada peut-il concurrencer des pays où le salaire des tra¬
vailleurs est infiniment plus bas ? Y a-t-il encore des secteurs où nous sommes concur¬
rentiels ? ♦ Depuis la Confédération, les tarifs douaniers, ces taxes sur les importations
imposées par sir John A. Macdonald dans les années 1870, étaient l’une des pierres
de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) ainsi que l’abolition
progressive des tarifs douaniers. Quels sont les effets des tarifs douaniers sur le com¬
libre ?
pourquoi tout pays a avantage à se spécialiser dans la production des biens et services
production avec d’autres pays. Nous constaterons notamment que tout pays peut être
concurrentiel dans certains secteurs, quel que soit le taux salarial de sa main-d’œuvre.
Nous expliquerons aussi pourquoi les pays restreignent les échanges même si le com¬
FIGURE 20.1
Véhicules automobiles
10 20 30 40
• ••••••
50 60 70 80 0 10 20 30 40 50 60 70 80
(en milliards de dollars par année) (en milliards de dollars par année)
(a) Exportations
(b) Importations
Le Canada exporte et importe plus de véhicules automobiles que Nos principales importations sont les véhicules automobiles, le
de tout autre type de biens ou services. Le bois d’œuvre, les pâtes matériel électronique, les machines industrielles, d’autres biens
et papiers, le charbon et le pétrole, le matériel électronique, les de consommation et d’autres biens d’équipement ainsi que les
produits chimiques et les voyages représentent également une voyages.
part considérable de nos exportations.
■ Importations
d’un étudiant français au Canada sont considérées com¬
me une exportation de services du Canada vers la France.
Autres pays
i
• • • •
Les Canadiens voyagent beaucoup plus à l’étranger que 0 10 20 30
les étrangers au Canada ; les voyages sont la septième Importations et exportations
(en pourcentage du produit intérieur brut)
importation canadienne en importance.
Quand nous importons des téléviseurs fabriqués en (a) 1975
Corée du Sud, nous pouvons avoir recours, par exemple,
à un armateur grec pour transporter la cargaison et à
une compagnie britannique pour l’assurer; ce que nous
payons au transporteur grec et à l’assureur britannique
est une importation de services. De même, quand un
..
cargo canadien transporte du papier journal à Tokyo, États-Unis
les frais de transport sont une exportation de services vers
le Japon. Après les biens énumérés plus haut, les services
commerciaux et de transport sont les principales impor¬
Royaume-Uni
Autres pays
ï
de l'Union
tations du Canada. européenne
Japon
le reste du monde avaient augmenté, tandis que nos étaient les États-Unis, le Royaume-Uni et d’autres pays européens.
échanges avec l’Europe et le Japon restaient stables. En 1998, nos échanges (en pourcentage du produit intérieur brut)
Notons que le Mexique, l’Australie et la Nouvelle- avec les États-Unis ont plus que doublé et notre commerce avec
Zélande sont classés sous «Autres pays de 1 OCDE», de nouveaux pays s’est accru.
Chapitre 20 Le commerce.international
En 1975, le Canada enregistrait un léger déficit d’autres pays ou leur achète des actifs, leur permettant
commercial avec les États-Unis. En 1998, il enregistrait ainsi d’acheter des biens d’une valeur qui excède celle
un important excédent commercial, largement attri¬ des biens qu’ils nous ont vendus.
buable à l’ALENA, entré en vigueur en 1994. Dans ce chapitre, nous n’étudierons pas les facteurs
qui déterminent la balance commerciale dans son ensem¬
ble, ni les mouvements de capitaux associés aux déséqui¬
Les tendances de l’échange libres de la balance commerciale. Nous chercherons
plutôt à expliquer le volume et la direction des flux com¬
Le commerce international représente une part de plus merciaux. Pour simplifier, nous construirons un modèle
en plus importante de notre activité économique. En théorique où il n’y a entre les pays ni prêts ni emprunts,
1975, nous exportions 20 % du total de notre produc¬ mais seulement des échanges de biens et services. Com¬
tion et nous importions 20 % des biens et des services me il n’y a ni prêts ni emprunts internationaux, la ba¬
que nous consommions ; depuis, ces pourcentages ont lance commerciale des pays doit être nulle.
augmenté constamment et représentent aujourd’hui
près du double.
Du côté des exportations, on note un volume accru
dans toutes les grandes catégories de produits. On l’a
vu, les véhicules automobiles sont devenus la principale
FIGURE 20.3
exportation canadienne, suivis des produits forestiers
(bois d’œuvre, papier et pâte à papier). La balance commerciale du
Mais c’est du côté des importations qu’on enregistre
les changements les plus considérables. Les importations
Canada
de produits alimentaires et de matières premières ont bais¬
sé de manière soutenue. Les importations de pétrole, qui
avaient beaucoup augmenté dans les années 1970, ont dé¬ Balance commerciale
cliné dans les années 1980. Les importations de machines (en milliards de dollars)
-10 • • •
Quand on achète plus qu’on ne vend, on doit financer 1970 1975
la différence en empruntant ou en vendant des actifs ; Année
Le coût d’opportunité 15
et l’avantage comparatif
U
CPP
de Manufactura
U
Les gains à l’échange
4 8 12
Voitures (en millions d'unités par année) — Si les Manufacturiers pouvaient acheter des
céréales au coût de production de Fermia, ils obtien¬
Manufactura produit et consomme annuellement 18 millions de
draient 9 tonnes de céréales en échange d’une voiture.
tonnes de céréales et 4 millions de voitures. En d’autres termes, la
Ce coût est nettement inférieur au coût de production
production et la consommation sont représentées par le point a'
des céréales à Manufactura, où l’on doit renoncer à
sur la courbe des possibilités de production. Le coût d’opportu¬
9 voitures pour produire 9 tonnes de céréales. Les Manu¬
nité correspond à la pente de la courbe des possibilités de pro¬
facturiers gagneraient donc à acheter leurs céréales au
duction. Le triangle rose indique qu’au point a' les Manufacturiers
prix avantageux de Fermia.
doivent renoncer à 6 millions de tonnes de céréales pour obtenir
Inversement, si les Fermiers pouvaient se procurer
6 millions de voitures. Autrement dit.au point o', 6 millions de
des voitures au prix de production de Manufactura, ils
voitures coûtent 6 millions de tonnes de céréales. Une voiture
obtiendraient une voiture en échange d’une tonne de
coûte donc I tonne de céréales et I tonne de céréales permet
céréales. Comme la production d’une voiture coûte
d’acheter une voiture.
9 tonnes de céréales à Fermia, les Fermiers gagneraient
à l’échange.
Il devient alors logique pour les Manufacturiers
d’acheter leurs céréales à Fermia, et pour les Fermiers
4 millions de voitures par année. Ce niveau de produc¬ d’acheter leurs voitures à Manufactura. Voyons comment
tion correspond au point a'. se feront ce s échanges internationaux.
Pour calculer les coûts d’opportunité à Manufactura,
on fait le même calcul que pour Fermia. Au point a', le
coût d’opportunité d’une voiture est égal à la pente de la La réalisation des gains à l’échange
ligne rose tangente à la courbe des possibilités de produc¬
tion (CPP). Le triangle rose indique que la pente de la Les Fermiers aimeraient acheter des voitures des Manu¬
courbe des possibilités de production de Manufactura facturiers, qui, eux, voudraient obtenir des céréales des
équivaut à 6 millions tonnes de céréales divisé par 6 mil¬ Fermiers. Voyons maintenant comment les deux nations
lions de voitures, ce qui donne 1 tonne de céréales par vont traiter cet échange en étudiant le marché de l’auto¬
voiture. Pour produire une voiture de plus, les Manu¬ mobile.
facturiers doivent renoncer à 1 tonne de céréales. Ainsi, Le graphique de la figure 20.6 illustre ce marché. La
le coût d’opportunité de 1 voiture est de 1 tonne de quantité de voitures échangée par les deux pays apparaît
céréales, et 1 tonne de céréales vaut 1 voiture. Ces prix sur l’axe des abscisses, l’axe des ordonnées indiquant le
sont ceux auxquels les Manufacturiers doivent faire face. prix d’une voiture en tonnes de céréales — son coût
d’opportunité. Sans échange international, ce prix est
de 9 tonnes de céréales à Fermia (le point a sur le gra¬
L’avantage comparatif phique), et d’une tonne de céréales à Manufactura
(le point a'). Les points a et a' du graphique de la figure
Les voitures sont moins chères à Manufactura qu’à Fer¬ 20.6 correspondent aux points a et a' des figures 20.4
mia; une voiture coûte 9 tonnes de céréales à Fermia, et et 20.5. Plus le prix d’une voiture (en tonnes de céréales)
seulement 1 tonne de céréales à Manufactura. Inverse¬ est bas, plus la quantité de voitures que les Fermiers
ment, les céréales sont moins chères à Fermia qu’à Ma¬ désirent importer de Manufactura est grande, ce
515
Les gains à l’échange
Lorsque le prix d’une voiture baisse, la quantité demandée par Les changements dans la production
l’importateur (Fermia) augmentera pente de la courbe de de¬ et dans la consommation
mande d’importation est négative. Lorsque le prix d’une voiture
augmente, la quantité de voitures offerte par l’exportateur (Manu¬ Nous avons vu que, grâce au commerce international, les
factura) augmente: la pente de la courbe d’offre d’exportation de Fermiers peuvent acheter des voitures à un prix moindre
voitures de Manufactura est positive. Sans échanges internatio¬ que s’ils les produisaient eux-mêmes ; de plus, ce com¬
naux, le prix d’une voiture est de 9 tonnes de céréales à Fermia merce leur permet de vendre leurs céréales à un prix plus
(point o) et de I tonne de céréales à Manufactura (point a ). élevé. De même, les Manufacturiers peuvent vendre leurs
Lorsqu’il y a échange commercial international, le prix des voitures à un prix plus élevé et acheter des céréales à un
voitures se situe à l’intersection de la courbe d’offre d’exportation coût moindre. Tout le monde y gagne. Mais comment
et de la courbe de demande d’importation, soit à 3 tonnes de est-ce possible ? Et quels changements dans la production
céréales. À ce prix, Fermia importe de Manufactura 4 millions de et la consommation entraînent ces gains ?
voitures par année, et exporte vers Manufactura 12 millions de Dans une économie qui ne se livre à aucun échange
FIGURE 20.7
£ 36
a>
TJ
co
c
O
L
CO
<D
"a 21
■o
U
45 89 12 15 16 4 5 8 9 12 16
Voitures (en millions d'unités par année)
Voitures (en millions d'unités par année)
(a) Fermia
(b) Manufactura
Sans échanges commerciaux, les Fermiers produisent et consom¬ de o à b; comme ils exportent des céréales et qu’ils importent des
ment au point a, et le coût d’opportunité d’une voiture à Fermia voitures, leur consommation se situe au point c. Autrement dit, les
est de 9 tonnes de céréales — pente de la droite en noir au Fermiers consomment plus d’automobiles et plus de céréales que
graphique (a). Quant aux Manufacturiers, ils produisent et con¬ quand ils produisaient eux-mêmes tous leurs biens de consomma¬
somment au point a', et le coût d’opportunité d’une voiture à tion (point o).
Manufactura est de I tonne de céréales — pente de la droite en De leur côté, les Manufacturiers — graphique (b) — augmen¬
noir au graphique (b).
tent leur production de voitures et réduisent leur production de
Avec des échanges internationaux, les pays peuvent échanger céréales, se déplaçant ainsi de a ' à b Comme ils exportent des
des biens à raison de 3 tonnes de céréales pour une voiture, et ce voitures et importent des céréales, leur consommation se situe au
tout le long de la droite en rose de leur graphique respectif. Ainsi, point c . Autrement dit, les Manufacturiers consomment plus de
les Fermiers — graphique (a) — diminuent leur production de voitures et plus de céréales que quand ils produisaient eux-mêmes
voitures et augmentent leur production de céréales, se déplaçant tous leurs biens de consommation (point a’).
Les possibilités de consommation Dans chacun des soit à n’importe quel point sur sa droite en rose des pos¬
graphiques de la figure 20.7, la pente des droites roses sibilités de consommation, s’il participe au commerce
représente les possibilités de consommation lorsqu’il y international.
a commerce international. Leur pente est identique, car
elle correspond au coût d’opportunité d’une voiture L’équilibre du libre-échange Grâce au commerce
— 3 tonnes — sur le marché international. Par contre, international, les constructeurs d’automobiles de Manu¬
leur position respective dépend des possibilités de pro¬ factura obtiennent un meilleur prix pour leur produc¬
duction de chaque pays. Un pays ne peut produire tion ; ils produisent un plus grand nombre d’auto¬
à l’extérieur An la courbe des possibilités de production; mobiles. Entre-temps, les producteurs de céréales de
sa droite des possibilités de consommation doit donc Manufactura, eux, reçoivent un prix plus bas pour
absolument toucher sa courbe des possibilités de produc¬ leurs céréales et réduisent donc leur production. Tous
tion. Ainsi, Fermia peut décider de consommer soit au les producteurs de Manufactura ajustent leur produc¬
point b, s il choisit de ne pas échanger avec Manufactura, tion en se déplaçant le long de leur courbe des possibi-
517
Les gains A l’échange
lités de production jusqu’à ce que le coût d’opportunité 1 million de voitures de plus qu’auparavant. Cette aug¬
à Manufactura soit égal au prix international — qui est mentation de la consommation de voitures et de céréales,
aussi le coût d’opportunité mondial. Cette égalité est consommation qui dépasse maintenant les limites de la
atteinte lorsque Manufactura produit au point A du courbe des possibilités de production, correspond aux
graphique 20.7 (b). gains que le commerce international procure aux Fermiers.
Cependant, la consommation des Manufacturiers, Les Manufacturiers gagnent également à l’échange.
elle, ne se situe pas au point b'. Autrement dit, ils n’aug¬ Sans commerce international, leur consommation se
mentent pas leur consommation de voitures et ne dimi¬ situe au point a' (graphique b), qui se trouve sur la
nuent pas leur consommation de céréales ; simplement, courbe des possibilités de production de Manufactura.
ils vendent à Fermia une partie de leur production auto¬ En s’adonnant au commerce international, ils font passer
mobile en échange d’une partie de la production céréa¬ leur consommation au point c', situé à l’extérieur de la
lière de Fermia. Ils font un échange international. Pour courbe des possibilités de production. Grâce aux échan¬
comprendre le fonctionnement de cet échange, voyons ges internationaux, les Manufacturiers consomment
ce qui se passe à Fermia. maintenant 3 millions de tonnes de céréales et 1 million
À Fermia, les producteurs d’automobiles reçoivent de voitures de plus par année. Cette augmentation de la
maintenant un prix moindre pour leur production, tan¬ consommation de céréales et de voitures correspond aux
dis que les producteurs de céréales vendent leur produc¬ gains à l’échange pour les Manufacturiers.
tion à meilleur prix. Les constructeurs de Fermia dimi¬
nuent leur production de voitures et augmentent leur
production de céréales. Ils ajustent leur production en se Un échange où tout le monde gagne
déplaçant le long de leur courbe des possibilités de pro¬
duction jusqu’à ce que le coût d’opportunité d’une Quand ils discutent de commerce international, les gens
voiture (exprimé en céréales) soit égal au prix interna¬ disent souvent qu’il faut favoriser une «concurrence
tional, soit jusqu’au au point b du graphique 20.7 (a). loyale» en établissant clairement les règles du jeu et qu’il
Mais la consommation des Fermiers ne se situe pas à ce faut adopter des mesures pour protéger nos industries
point b; en fait, ils échangent une partie de leur produc¬ contre la concurrence étrangère. Ils parlent du commerce
tion supplémentaire de céréales contre des voitures de international comme d’un jeu où il y a des gagnants et
Manufactura, maintenant moins chères. des perdants. Pourtant, dans les échanges que nous ve¬
Les deux graphiques de la figure 20.7 nous indi¬ nons d’étudier entre les Fermiers et les Manufacturiers, il
quent les quantités consommées dans les deux pays. n’y a pas de perdants : tout le monde profite des échan¬
Nous avons vu à la figure 20.6 que Manufactura exporte ges. Les vendeurs ajoutent la demande nette des étrangers
4 millions de voitures par année et que Fermia importe à leur demande nationale, et leur marché se développe ;
cette même quantité de voitures. Nous avons vu égale¬ les acheteurs profitent d’une offre totale plus importante
ment que Fermia exporte chaque année 12 millions de puisque l’offre nette extérieure s’ajoute à l’offre inté¬
tonnes de céréales vers Manufactura. Les Fermiers con¬ rieure. On le sait, les prix augmentent lorsque la de¬
somment donc annuellement 12 millions de tonnes de mande se gonfle et ils diminuent lorsque l’offre s’accroît.
moins qu’ils n’en produisent; en contrepartie, ils achè¬ Ainsi, une demande plus forte (exportation des étran¬
tent 4 millions d’automobiles de plus qu’ils n’en pro¬ gers) entraîne une augmentation des prix et une offre
duisent. Leur consommation se situe au point cdu accrue (importation des étrangers) provoque une dimi¬
graphique 20.7 (a). nution des prix. Les avantages que retire un pays du
De même, nous savons que les Manufacturiers con¬ commerce international n’entraînent donc aucune perte
somment 12 millions de tonnes de céréales de plus qu’il pour un autre pays. Dans cet exemple, les deux pays qui
n’en produisent et que, en contrepartie, ils consomment se livrent à des échanges tirent avantage de ce commerce
4 millions de voitures de moins qu’ils n’en produisent. international.
La consommation des Manufacturiers se situe donc au
point U du graphique 20.7 (b).
L’avantage absolu
Le calcul des gains à l’échange Les deux graphiques
de la figure 20.7 illustrent bien les gains qui résultent de Supposons que, pour produire un volume donné de
ces échanges. Le graphique 20.7 (a) montre que, sans céréales ou de voitures, on ait toujours besoin de moins
commerce international, la production et la consomma¬ de travailleurs à Manufactura qu’à Fermia — autrement
tion des Fermiers se situent au point a, qui se trouve sur la dit, que la productivité de Manufactura soit supérieure à
courbe des possibilités de production de Fermia. Grâce au celle de Fermia. Si c’est le cas, on dira que Manufactura
commerce international, la consommation des Fermiers possède un avantage absolu sur Fermia. Un pays détient
passe au point c, situé à Y extérieur de la courbe des possi¬ un avantage absolu sur un autre pays si sa productivité
bilités de production. Au point c, les Fermiers consom¬ est supérieure à celle de cet autre pays pour tous les
ment annuellement 3 millions de tonnes de céréales et biens. Mais, avec un avantage absolu, Manufactura ne
5*8
Chapitre 20 Le commerce international
Tout pays peut se procurer auprès d’un autre pays des L’échange de biens de même nature
biens et services à un coût d’opportunité moindre que
le coût auquel il peut les produire pour lui-même. En quoi est-il logique que le Canada fabrique des voi¬
tures pour l’exportation, alors qu’il en importe une
Pour réaliser des gains à l’échange, chaque pays doit
grande quantité des États-Unis, du Japon, de la Corée
augmenter sa production de biens et services pour
et de l’Europe de l’Ouest? Ne serait-il pas plus sensé
lesquels il a un avantage comparatif — ceux qu’il peut
pour les Canadiens de produire ici même toutes les
produire à un coût d'opportunité inférieur —, et
voitures qu’ils achètent? Après tout, nous avons accès
échanger une partie de cette production contre la
à la meilleure technologie de production de voitures,
production d’autres pays.
nos travailleurs de l’automobile sont certainement aussi
fous les pays peuvent tirer avantage du commerce productifs que ceux des États-Unis, d’Europe de l’Ouest
international, car tous possèdent un avantage com¬ et des pays du Pacifique et nous disposons d’autant de
paratif pour certains produits. capital — chaînes de production, robots et outillages
519
Les gains du commerce international dans le monde réel
divers — que les producteurs du reste du monde. Cet Grâce au commerce international, tout constructeur
inventaire des conditions de production ne répond donc a accès au marché mondial ; chacun peut se spécialiser
pas à notre question : pourquoi faire des échanges de dans une gamme de produits et les vendre partout dans
produits de même nature réalisés par une main-d’œuvre le monde. Cela permet de grandes séries de production
similaire à l’aide des mêmes installations ? Qu’est-ce qui pour les voitures les plus recherchées, et des séries de pro¬
justifie ces échanges? Pourquoi le Canada détient-il un duction suffisantes même pour des voitures qui ne trou¬
avantage comparatif dans la production de certains types vent qu’une clientèle limitée dans chaque pays.
de voitures, et les États-Unis, le Japon et l’Europe, dans On retrouve cette situation dans de nombreuses
d’autres types de voitures ? industries, notamment celles où l’on produit des biens
d’équipement et des pièces spécialisées. Ainsi, le Canada
La diversité des préférences Le premier élément
exporte des logiciels d’illustration, mais il importe des
de réponse réside dans la très grande diversité des préfé¬
puces mémoire ; il exporte des ordinateurs centraux, mais
rences, ce qu’illustre bien l’exemple des automobiles.
il importe des ordinateurs compatibles ; il exporte du
Certains aiment les voitures sport, d’autres les limou¬
matériel de télécommunications, mais il importe des
sines, d’autres encore les voitures intermédiaires ou les
magnétoscopes. Le commerce international de produits
fourgonnettes. Et il n’y a pas que la catégorie ou la taille.
manufacturés légèrement différenciés est une activité très
Certains veulent une voiture économique en énergie,
rentable. On peut expliquer ce type de commerce à l’aide
tandis que d’autres privilégient la performance, le confort
du modèle de commerce international étudié plus haut ;
ou la sécurité. Certains tiennent au coffre arrière spa¬
il suffit de penser aux divers types de voitures — voiture
cieux ; d’autres ne sauraient se passer des quatre roues
sport, limousine, familiale, etc. — comme à autant
motrices ou de la traction avant. Certains préfèrent la
de biens différents. En se spécialisant dans certaines
transmission automatique ; d’autres, la transmission
productions, chaque pays peut réaliser d’importantes
manuelle. Il y a ceux qui ne jurent que par la robustesse,
économies d’échelle et obtenir l’équivalent d’un avan¬
ceux qui craquent pour l’élégance de la ligne, les mordus
tage comparatif.
du tape-à-l’œil et de la calandre en temple grec, et les
Nous avons vu que tous les pays peuvent tirer profit
amateurs de tacots sympathiques... Bref, les goûts des
de l’avantage comparatif et du commerce international,
consommateurs sont infiniment variés et une gamme
peu importe la nature des biens échangés. Lorsque les
limitée de modèles standard ne saurait les satisfaire. Ils
États-Unis, le Japon ou les pays riches de l'Union euro¬
aiment la diversité et ils sont prêts à en payer le prix.
péenne importent des matières premières du tiers
Les économies d’échelle Le deuxième élément de monde, de l’Australie et du Canada, les pays impor¬
réponse tient aux économies d’échelle, grâce auxquelles le tateurs en tirent autant de profit que les pays exporta¬
coût de production moyen baisse à mesure que le niveau teurs. Quand nous achetons des téléviseurs, des magnéto¬
de production augmente. Bon nombre de produits ma¬ scopes, des vêtements ou d’autres produits bon marché
nufacturés, notamment les automobiles, permettent de venant de pays où les salaires sont bas, nous tirons profit
réaliser des économies d’échelle. Par exemple, s’il ne pro¬ de ces échanges, tout comme les pays exportateurs. Il est
duit qu’une centaine (ou même quelques milliers) de vrai que, si nous importons plus de voitures et que nous
voitures d’un type très particulier, le constructeur auto¬ en produisons moins nous-mêmes, nous verrons décliner
mobile devra recourir à des techniques de production l’emploi dans notre secteur automobile, mais cela con¬
beaucoup moins automatisées, qui exigent donc plus de tribuera à créer des emplois dans d’autres secteurs où
main-d’œuvre, que s’il fabriquait des centaines de milliers nos avantages comparatifs nous permettent d’être con¬
de voitures de ce modèle ; son coût unitaire sera donc currentiels. Une fois le processus de restructuration de
élevé. Par contre, si son volume de production est très l’économie terminé, les gens qui ont perdu leur emploi
élevé et qu’il peut avoir recours à des chaînes de montage en auront trouvé un autre dans un secteur en expansion,
plus automatisées, il pourra réduire considérablement et pourront acheter des biens produits dans d’autres pays
son coût moyen de production. Mais pour diminuer les à des prix encore plus bas qu’autrefois. Les gains que le
coûts il faut que les chaînes de montage automatisées commerce international apporte aux uns ne se font pas
produisent un très grand nombre de voitures. nécessairement au détriment des autres.
La diversité des préférences et les économies d’échelle Cependant, l’ajustement aux changements de l’avan¬
expliquent donc que des produits peu différenciés don¬ tage comparatif qui modifient la structure du commerce
nent lieu à un avantage comparatif et fassent l’objet d’un international risquent de prendre du temps. Ainsi, l’aug¬
commerce international intense. Si toutes les voitures mentation des importations d’automobiles et le déclin
achetées au Canada y étaient également fabriquées — de la production automobile du Canada qui s’en est suivi
aucune importation — et que les constructeurs conti¬ n’ont certainement pas enrichi à court terme les travail¬
nuaient à offrir la même diversité de produits, les séries leurs canadiens qui ont perdu leur emploi. La recherche
de production de certains modèles seraient extrêmement d’un meilleur emploi est fastidieuse; bien des travailleurs
courtes et ne leur permettraient pas de réaliser des écono¬ qualifiés doivent s’accommoder de salaires moindres et
mies d’échelle. de tâches qui ne font pas appel à leur expérience. Ce n’est
520
Chapitre 20 Le commerce international
qu’à long terme que la spécialisation et le commerce L’Accord général sur les tarifs douaniers et le
international profitent à tous et à toutes. À court terme, commerce — ou GATT {GeneralAgreement on Tariffs
les travailleurs et les entrepreneurs des industries qui ne and Trade) — est une entente visant à limiter les inter¬
détiennent pas d’avantage comparatif risquent d’avoir à ventions étatiques en matière de commerce international.
supporter des coûts très élevés et ce, sur d’assez longues Négocié dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le
périodes. Certains travailleurs qualifiés ont atteint un âge GATT a été signé en octobre 1947. Il vise à libéraliser les
où il ne serait plus rentable de déménager ou d’accepter activités commerciales et à fournir un cadre administratif
un emploi dans un autre secteur ; ceux-là ne partageront pour la négociation d’arrangements commerciaux plus
donc jamais les gains. libéraux. Le GATT est administré par un petit organisme
En partie à cause des coûts de l’ajustement à la trans¬ dont le siège social est à Genève.
formation de la structure du commerce mondial, mais Depuis la formation du GATT, il y a eu plusieurs
aussi pour d’autres raisons, presque tous les gouverne¬ cycles ou rounds de négociation dont la plupart ont
ments interviennent dans les échanges commerciaux abouti à des réductions tarifaires ; le Kennedy Round
en leur imposant des restrictions de manière à protéger (1962-1967)en a amené de substantielles et d’autres
certains secteurs d’activité. Nous verrons que le libre- ont été négociées lors du Tokyo Round (1973-1979).
échange entraîne les meilleurs avantages qui soient et Le cycle de négociation le plus récent, f Uruguay
nous tâcherons de comprendre pourquoi il arrive malgré Round (1986—1994), a été le plus ambitieux et le plus
tout que les gouvernements limitent les échanges. complet, menant à un accord entre 115 pays afin de
réduire les tarifs et d’empêcher le protectionnisme exercé
sous forme de subventions ou de traitements de faveur
lors des achats publics. On dit que cet accord a entraîné
la réduction tarifaire la plus importante de l’histoire et
Les pratiques commerciales
on prévoit que les gains de la spécialisation et du com¬
restrictives merce international accroîtront la production mondiale
de 1 % par année.
— Les gouvernements restreignent parfois le
L’élimination graduelle de bon nombre de subven¬
commerce international afin de protéger la production
tions agricoles, le renforcement des droits de propriété
nationale de la concurrence étrangère : cette pratique
intellectuelle (droits d’auteurs et brevets) et la création
s’appelle le protectionnisme. Deux types de mesures
d’une nouvelle Organisation mondiale du commerce
restreignent le commerce international :
(OMC) étaient au centre des discussions de f Uruguay
1. les tarifs douaniers,
Round. Tous les pays membres de l’OMC sont tenus de
2. les barrières commerciales non tarifaires. respecter les règlements du GATT et de limiter le recours
aux subventions comme solution de rechange aux tarifs
Le tarif douanier (ou droit de douane) est une taxe
douaniers et à d’autres formes de protectionnisme. Le
qu un gouvernement impose sur un bien importé lorsque
Canada a signé les accords de l’Uruguay Round en 1994.
ce bien passe ses frontières. On appelle barrières non
En plus d’adhérer aux accords multilatéraux du
tarifaires toutes les autres mesures qui limitent le com¬
GATT et de l’OMC, le Canada a signé d’autres ac¬
merce international. Par exemple, les quotas d’importa¬
cords, le principal étant l’Accord de libre-échange nord-
tion et l’obligation faite aux importateurs d’obtenir une
américain (ALENA), entré en vigueur le 1er janvier
licence d’importation sont des barrières non tarifaires.
1994. En vertu de cet accord, les barrières imposées au
Nous y reviendrons, mais penchons-nous d’abord sur
commerce international entre le Canada, les Etats-Unis
1 évolution des tarifs douaniers.
et le Mexique seront pratiquement éliminées d’ici 15 ans
(10 ans pour l’échange entre le Canada et les États-Unis
L’histoire des tarifs douaniers en vertu de l’Accord de libre-échange entre le Canada et
les États-Unis, qui est entré en vigueur le 1er janvier
L’économie canadienne a toujours été protégée par des 1989). L’ALENA semble avoir eu pour conséquence
tarifs douaniers. La figure 20.8 décrit l évolution de la de faire croître les exportations et les importations entre
protection tarifaire des débuts de la Confédération les trois pays.
jusqu’en 1997. Le niveau moyen des tarifs est exprimé Les barrières tarifaires ont presque entièrement dis¬
en pourcentage de la valeur des importations totales. paru entre les pays membres de l’Union européenne,
Comme le montre la figure, faible au début des années union qui a créé le plus grand des marchés intégrés sans
1870, le taux moyen de protection tarifaire dépassait tarifs douaniers au monde. En 1994, les négociations qui
déjà les 20 % en 1890; après quelques fluctuations, il se sont déroulées au sein de la Coopération économique
a décliné de façon continue depuis les années 1930, en Asie-Pacifique (CEAP) ont mené à l’établissement
déclin qui s est accentué après la Deuxième Guerre mon¬ d’un accord de principe en vue de créer une zone de
diale, à la suite de 1 adoption de l’Accord général sur les libre-échange englobant la Chine, toutes les économies
tarifs douaniers et le commerce (GATT). de l’Asie de l'Est et du sud du Pacifique, ainsi que le
52.1
Les pratiques commerciales restrictives
FIGURE 20.8
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1860 1870 1880 1890 1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000
Année
Les tarifs canadiens existaient déjà avant la Confédération. Ils ont plusieurs cycles de négociation, dont les plus importants sont
augmenté de façon continue jusqu’en 1870, pour décroître ensuite mentionnés dans la figure. Ils n’ont jamais été aussi bas qu’à l’heure
lentement jusqu’à la hausse des années 1930. Depuis l’adoption du actuelle.
GATT en 1947, les tarifs ont décliné progressivement à la suite de
Source : Statistique Canada, Statistiques historiques du Canada, Série G485, et CANSIM, mars 1996.
■■■■■■■■■■■■■■■■■■■H
Canada et les États-Unis. Comme certaines de ces écono¬ Le fonctionnement des tarifs
mies connaissent les croissances les plus rapides, cet ac¬ douaniers
cord pourrait bien préfigurer l’établissement d’une zone
de libre-échange à l’échelle mondiale. Pour déterminer les effets des tarifs douaniers, nous re¬
Cet énorme effort consenti pour parvenir au libre- prendrons l’exemple du commerce entre Fermia et Ma¬
échange souligne le fait que certains secteurs restent nufactura. La figure 20.9 présente le marché internatio¬
soumis à des tarifs douaniers considérables. Les tarifs nal des automobiles, où les seuls partenaires commerciaux
douaniers les plus élevés auxquels font face les Canadiens sont ces deux pays.
sont les droits de douane de plus de 10 % (en moyenne) Le volume des échanges et le prix d’une automobile
qui sont imposés sur presque toutes nos importations de sont fixés par le point d’intersection de la courbe d’offre
textiles et de chaussures. Par exemple, quand vous ache¬ d’exportation de voitures de Manufactura et de la courbe
tez un jean à 20 $, vous payez environ 5 $ de droit de de demande d’importation de voitures de Fermia.
douane; en d’autres mots, s’il y avait libre-échange dans À la figure 20.9, comme à la figure 20.6, les deux pays
le textile, le même jean ne vous coûterait que 15$. échangent des voitures et des céréales. Manufactura ex¬
Autres produits protégés par des tarifs douaniers : les porte des voitures, et Fermia, des céréales. Fermia importe
produits agricoles, l’énergie, les produits chimiques, les 4 millions de voitures par année et, sur le marché mon¬
minéraux et les métaux. La viande et les fromages nous dial, une voiture s’échange contre 3 tonnes de céréales.
coûtent beaucoup plus cher que s’il y avait un libre- Pour rendre l’exemple plus concret, la figure 20.9 exprime
échange international sur ces marchés. les prix en dollars plutôt qu’en unités de céréales. Si une
Pour les gouvernements, la tentation d’imposer des tonne de céréales coûte 1 000$, une voiture vaut 3 000$.
tarifs douaniers est forte. Non seulement ceux-ci repré¬ Supposons le scénario suivant: le gouvernement de
sentent une source de revenus, mais ils leur permettent Fermia, probablement sous la pression des constructeurs
de protéger les intérêts spécifiques de certaines industries d’automobiles du pays, décide d’imposer un tarif doua¬
que concurrencent directement les importations. loute- nier de 4 000$ sur chaque voiture importée de Manu¬
fois, comme nous le verrons, le libre-échange interna¬ factura — un tarif prohibitif, mais les constructeurs
tional comporte d’énormes avantages que les tarifs d’automobiles de Fermia en ont vraiment assez de
douaniers ne peuvent qu’amoindrir. Voyons comment. la concurrence de Manufactura. Que se passe-t-il ?
J22.
2 000 $ la voiture — ce qui a ramené les dépenses d’im¬ un tarif douanier. Comme l’imposition d’un tarif doua¬
portation à 4 milliards de dollars par année. Cette situa¬ nier augmente le prix des importations et réduit leur
tion rendra-t-elle la balance commerciale de Fermia excé¬ volume, on est porté à croire quelle réduit le déficit de
dentaire ? Ce pays importe-t-il maintenant moins qu’il la balance commerciale. Mais c’est oublier que le tarif
n’exporte ? douanier modifie également le volume des exportations.
Pour répondre à cette question, il faut comprendre Du point de vue de l’équilibre de la balance commer¬
ce qui se passe à Manufactura. Nous venons de voir que ciale, le tarif a pour effet de réduire de manière équiva¬
le prix reçu par Manufactura pour chacune de ses voi¬ lente le volume des échanges dans les deux directions.
tures est tombé de 3 000 $ à 2 000 $, ce qui a aussi fait La balance commerciale reste donc inchangée.
baisser le prix des voitures. Mais le prix des céréales, lui,
est resté de 1 000 $ la tonne. Donc, le prix relatif d’une Apprendre à rude école Après l’analyse que nous
voiture a diminué et le prix relatif des céréales a aug¬ venons de faire, une conclusion s’impose: les tarifs doua¬
menté. Avec le libre-échange, les Manufacturiers pou¬ niers réduisent à la fois les importations et les exporta¬
vaient obtenir 3 tonnes de céréales contre une voiture ; tions. Nous avons mis beaucoup de temps à comprendre
cette quantité n’est plus maintenant que de 2 tonnes. cette leçon. Comme le montre la figure 20.8, à plusieurs
Comme le prix relatif des céréales a augmenté, la quan¬ reprises dans son histoire, le Canada a imposé des tarifs
tité demandée par les Manufacturiers diminue. Les Ma¬ douaniers élevés. Or, chaque fois, le volume des échanges
nufacturiers importent donc moins de céréales, ce qui a diminué. L’exemple le plus frappant de ce phénomène
signifie évidemment que les Fermiers en exportent remonte à la crise des années 1930. Les États-Unis, dont
moins. En fait, l’industrie céréalière de Fermia s’en trou¬ le volume d’importations et d’exportations était le plus
ve modifiée de deux façons : d’abord par la diminution important, avaient augmenté leurs tarifs douaniers; par
de la quantité de céréales vendue à Manufactura, puis par mesure de représailles, un grand nombre de pays en ont
l’expansion de l’industrie automobile qui accroît la con¬ fait autant. L’opération a presque anéanti le commerce
currence pour les facteurs de production. L’imposition international.
d’un tarif douanier sur les automobiles a donc réduit la Examinons maintenant le deuxième type de mesures
taille de l’industrie céréalière de Fermia. protectionnistes : les barrières non tarifaires.
Au premier abord, il peut sembler paradoxal que, en
imposant un tarif douanier sur l’importation de voitures,
un pays se pénalise lui-même et réduise ses exportations Les barrières non tarifaires
de céréales. Pour mieux comprendre, examinons le phé¬
nomène sous un autre angle. Les Manufacturiers achè¬ Essentiellement, les barrières non tarifaires existent sous
tent des céréales grâce à l’argent qu’ils gagnent en expor¬ deux formes :
tant des voitures à Fermia. S’ils exportent moins de 1. les quotas d’importation,
voitures, ils ne peuvent plus acheter autant de céréales.
2. les restrictions volontaires d’exportation.
En fait, à moins de recourir à des prêts entre pays, Ma¬
nufactura doit réduire ses importations de céréales d'un Le quota d’importation est une restriction quanti¬
montant égal à la perte de revenu que lui inflige la baisse tative; il spécifie la quantité maximale d’un bien qu’on
de ses exportations de voitures. A Manufactura, les im¬ peut importer durant une période donnée. Les quotas
portations céréalières ne se chiffrent plus qu’à 4 milliards touchent plusieurs produits d’importation, notamment
de dollars, puisque l’exportation de voitures de ce pays le fromage. La restriction volontaire d’exportation est
ne lui apporte plus assez de revenus pour dépasser ce une entente entre deux gouvernements en vertu de la¬
montant. Ainsi, la balance commerciale de chaque pays quelle le pays exportateur accepte de limiter le volume
reste en équilibre, même après l’imposition d’un tarif de ses exportations d’un bien particulier. La restriction
douanier. Le tarif a réduit les importations, mais il a volontaire d’exportation est souvent appelée RVE.
également diminué les exportations, et la réduction de la L’accord sur le bois d’œuvre signé entre le Canada et
valeur des exportations est exactement égale à la réduc¬ les États-Unis en est un bon exemple.
tion de la valeur des importations. Le tarif douanier n a Depuis la Deuxième Guerre mondiale, les barrières
donc aucun effet sur la balance commerciale ; il ne fait non tarifaires jouent un rôle important dans le com¬
que réduire le volume des échanges. merce international, à tel point qu’aujourd'hui on s’en¬
Ce résultat est probablement l’un des aspects les plus tend pour dire qu’elles sont devenues pour le commerce
mal compris de l’économie internationale. À maintes international des obstacles plus difficiles à surmonter
reprises, les gouvernements ou les milieux d affaires ont que les tarifs douaniers eux-mêmes.
réclamé l'imposition de tarifs douaniers afin de combler Les quotas revêtent une importance particulière dans
le déficit de la balance commerciale, ou ont soutenu que l’industrie textile. En vertu d’une entente internationale
la réduction des tarifs produirait un déficit de la balance — l’Accord multifibres —, la plupart des pays ont établi
commerciale. S’ils sont arrivés à cette conclusion, c’est des quotas sur un large éventail de produits textiles. Les
faute d’avoir tenu compte de tous les effets qu entraîne produits agricoles sont également soumis à des quotas.
5*4
Chapitre 20 Le commerce international
Les barrières non tarifaires se poursuive, la conclusion s’impose pour la plupart des
« invisibles » économistes : le protectionnisme créant plus de problèmes
qu’il n’en résout, le libre-échange est la solution la plus
En plus des quotas et des restrictions volontaires d’expor¬ avantageuse et la plus susceptible d’entraîner la prospérité.
tation, il existe des milliers de barrières non tarifaires pres¬ Avec notre exemple montrant comment Fermia et Manu¬
que impossibles à détecter, car elles sont quasi invisibles. factura profitaient tous les deux de leur avantage compa¬
Elles proviennent de lois nationales qui, sans nécessaire¬ ratif, nous avons passé en revue les arguments les plus
ment avoir pour objectif de restreindre la concurrence probants en faveur du libre-échange. Mais le débat entre
étrangère, ont pourtant cet effet. Par exemple, dans quel¬ partisans du libre-échange et partisans du protection¬
ques pays (notamment au Royaume-Uni, au Japon, en nisme soulève d’autres questions. Examinons-les.
Australie et en Nouvelle-Zélande), on conduit à gauche. Trois objectifs pourraient pousser un pays à restrein¬
Cette loi apparemment anodine limite dans les faits la dre le commerce international en imposant des tarifs
concurrence des constructeurs d’automobiles étrangers. douaniers ou des quotas :
On peut évidemment fabriquer au Canada des automo¬ ■ la sécurité nationale,
biles conçues pour la conduite à gauche, mais cela entraîne
■ la croissance des industries naissantes,
des coûts supplémentaires dont l’importance varie selon le
volume des ventes. ■ l’incitation à la concurrence et la restriction des
monopoles.
Troisièmement, même si on réussissait à prouver la dumping lorsqu’une entreprise étrangère vend des biens
nécessité de maintenir ou d’augmenter la production des d’exportation à un prix moindre que le coût de produc¬
industries stratégiques, il resterait toujours un moyen plus tion. Une entreprise étrangère cherchant à acquérir un
efficient que les mesures protectionnistes d’atteindre cet monopole international pourrait avoir recours au dum¬
objectif. La subvention directe des entreprises de l’indus¬ ping; elle vendrait sa production à un prix moindre que
trie stratégique — subvention financée à même les taxes le coût de production afin de mettre en faillite les entre¬
et impôts prélevés dans tous les secteurs de l’économie, prises nationales. Cela fait, elle profiterait de sa situation
lui permettrait de produire au niveau jugé approprié, et de monopole pour exiger un prix plus élevé pour ses pro¬
le maintien d'une libre concurrence internationale empê¬ duits. Le GATT a rendu le dumping illégal et, si les pro¬
cherait 1 augmentation des prix à la consommation. ducteurs canadiens peuvent prouver que le dumping leur
cause un préjudice, le Canada peut imposer des droits
Les industries naissantes antidumping sur les importations.
Cela dit, on a d’excellentes raisons pour ne pas céder
Le deuxième argument invoqué pour justifier la protec¬ à l’argument protectionniste du dumping. D’abord, le
tion est f argument des industries naissantes, selon dumping est pratiquement impossible à détecter parce
lequel il faut protéger une industrie naissante le temps qu il est très difficile de déterminer les coûts d’une entre¬
quelle parvienne à maturité et soit en mesure de soutenir prise. Par conséquent, on ne peut que vérifier si le prix
la concurrence sur les marchés mondiaux. Cet argument d exportation d’une entreprise est plus bas que le prix
est fonde sur la notion d avantage comparatif dynamique, quelle pratique sur son marché intérieur. Mais la validité
qui peut découler de X apprentissage par la pratique (voir de cette vérification est douteuse, car il peut être justifié
le chapitre 3). pour une entreprise d’exiger un prix moindre sur les
Il ne fait aucun doute que l’apprentissage par la pra¬ marches où la quantité demandée est étroitement liée
tique est un moteur puissant pour l’augmentation de au prix (demande élastique), et un prix plus élevé sur
la productivité et que l’expérience professionnelle fait les marchés où elle l’est moins.
évoluer l’avantage comparatif, mais cela ne justifie en Deuxièmement, il est presque impossible d’imaginer
rien le protectionnisme. un bien qui donne naissance à un monopole naturel
D’abord, l’argument des industries naissantes ne mondial. Ainsi, même si toutes les entreprises d’une in¬
vaut que si les avantages de l’apprentissage par la pra¬ dustrie nationale étaient poussées à la faillite, il serait
tique, en plus d’augmenter les revenus des propriétaires toujours possible de trouver quelques autres sources — et
et travailleurs des entreprises d’une industrie naissante, même de nombreuses autres sources — d’approvision¬
s’étendent aussi aux autres secteurs de l’économie. Ainsi, nement à 1 étranger et d’acheter à des prix déterminés sur
1 apprentissage par la pratique génère d’énormes gains de les marchés concurrentiels.
productivité dans la fabrication du matériel de télécom¬ Troisièmement, si un bien ou un service pouvait
munications, mais la quasi-totalité de ces gains bénéfi¬ entraîner la création d un monopole vraiment mondial,
cient aux actionnaires et aux travailleurs d’entreprises la meilleure façon de le contrer serait le recours à une
comme Nortel. Puisque les preneurs de décisions — ceux réglementation — comme on le fait pour contrer les
qui courent le risque et font le travail — sont ceux-là monopoles intérieurs. Notons toutefois qu’une telle
mêmes qui en tirent profit, ils tiennent compte des gains réglementation exigerait une collaboration interna¬
dynamiques lorsqu ils décident de 1 ampleur de leurs tionale.
activités. Dans ce cas, les autres secteurs de l’économie Les droits de douane compensateurs sont des tarifs
n’en tirent à peu près aucun avantage et il est donc inu¬ douaniers qu’un gouvernement impose pour permettre
tile que le gouvernement les aide à atteindre une produc¬ aux producteurs nationaux de concurrencer des produc¬
tion efficiente. teurs étrangers subventionnés par leurs propres gouverne¬
Deuxièmement, même si on faisait la preuve qu’il est ments. En effet, il est fréquent que les gouvernements
avantageux de protéger une industrie naissante, on pour¬ étrangers versent des subventions à certaines de leurs
rait le faire de manière plus efficiente en subventionnant industries nationales. Selon la Loi des mesures d’importa¬
les entreprises de cette industrie à même les taxes et les tions particulières, si le Canada peut démontrer qu’un
impôts. Cette subvention permettrait à l’industrie de con¬ gouvernement étranger subventionne indûment ses ex¬
tinuer à se développer jusqu’au niveau jugé approprié et le portations vers le Canada, il peut imposer un droit com¬
libre-échange international garantirait que les prix à la con¬ pensateur. Mais il n’est pas toujours facile de faire la dis¬
sommation restent au niveau des prix du marché mondial. tinction entre une subvention et une forme légitime
d’aide gouvernementale ou, tout simplement, une con¬
ception différente du rôle de l’État. Prenons l’exemple de
La restriction des monopoles 1 industrie canadienne du bois d’œuvre. Les producteurs
américains affirment qu’elle reçoit des subventions sous
■ e troisième argument invoqué pour justifier l’imposi- forme de droits de coupe préférentiels, mais les gou¬
°n d’une protection est celui du dumping. On parle de
vernements provinciaux, propriétaires de la plupart des
527
L’argumentation antiprotectionniste
canadienne est supérieure à celle de la main-d’œuvre et la croissance rapide des revenus que réside l’espoir
mexicaine sont ceux où le Canada détient un avantage d’un environnement plus propre. Au fur et à mesure
comparatif. En instaurant le libre-échange, donc en aug¬ que s’accroissent leurs revenus, les pays en développe¬
mentant la production et les exportations de biens pour ment comme le Mexique auront les moyens d’améliorer
lesquels nous détenons un avantage comparatif, et en leur environnement en fonction des normes visées.
diminuant la production et les importations de biens
pour lesquels nos partenaires commerciaux détiennent
un avantage comparatif, nous améliorons notre situation, L’exploitation par les pays riches des
et nos partenaires améliorent la leur. pays en développement
Revenons à l’exemple du commerce d’automobiles et déménager, mais un an ou deux plus tard, avec un peu
de céréales entre Fermia et Manufactura. À Fermia, tous de recul, il estimera probablement que, finalement, cet
les producteurs de céréales ainsi que ceux parmi les pro¬ enchaînement de faits lui a valu une augmentation de
ducteurs de voitures qui n’ont pas à supporter les coûts revenu et une plus grande sécurité d’emploi.
de l’ajustement à la décroissance de l’industrie automo¬ Au Canada, la faveur dont jouit le protectionnisme
bile dans leur pays profitent des avantages du libre- dans les débats économiques et politiques vient juste¬
échange. À Manufactura, tous les producteurs de voi¬ ment de cette impossibilité de dédommager complète¬
tures ainsi que ceux parmi les producteurs de céréales qui ment les victimes du libre-échange.
n’ont pas à supporter les coûts d’ajustement à la décrois¬ Il y a une deuxième raison pour laquelle les gou¬
sance de l’industrie céréalière de leur pays profitent des vernements restreignent le commerce international. On
avantages du libre-échange. Ces coûts d’ajustement sont l’a vu, les revenus des tarifs douaniers reviennent aux
transitoires. Les producteurs d’automobiles de Fermia et gouvernements; or, les gouvernements des pays en
leurs employés qui ont dû se mettre à la production de développement dépendent de cette source de revenus
céréales assument les coûts du libre-échange, comme pour financer une part importante de leurs dépenses.
tous les producteurs de céréales de Manufactura et leurs Dans ces pays, les tarifs douaniers sont une forme de
employés qui ont dû devenir des producteurs d’automo¬ taxation moins coûteuse et plus rentable que l’impôt sur
biles. Le nombre de gens qui gagnent au libre-échange le revenu ou les taxes de vente. Il est donc difficile pour
est généralement beaucoup plus important que le nom¬ ces pays d’éliminer les tarifs douaniers.
bre de gens qui y perdent. Mais, si le libre-échange fait
beaucoup de gagnants, les gains de chacun sont minimes,
tandis que les pertes des perdants sont considérables.
Ceux qui risquent d’y perdre onr donc intérêt à dépenser
À RETENIR
des sommes considérables pour faire du lobbying contre
le libre-échange. Par contre, ceux qui y gagneraient n’ont
pas vraiment intérêt à investir beaucoup de temps ou ■ Les restrictions commerciales visant à assurer la sécu¬
d’argent pour faire du lobbying en faveur du libre- rité d’un pays, à stimuler la croissance des industries
échange. Les deux groupes seront aussi efficients que naissantes et à restreindre les monopoles étrangers ont
possible — chacun comparant les avantages et les coûts, peu de mérites.
et adoptant la ligne de conduite la plus avantageuse pour Les restrictions au commerce international qu’on im¬
lui. Le groupe qui milite contre le libre-échange fera pose afin de sauvegarder des emplois, de compenser
donc beaucoup plus de lobbying que le groupe qui y est les faibles taux salariaux à l’étranger, de diversifier
favorable. l’économie et de compenser les coûts des politiques
environnementales sont malavisées.
■ Les principaux arguments antiprotectionnistes sont les
Le dédommagement des perdants suivants ; les subventions et les politiques de concur¬
rence peuvent atteindre les objectifs nationaux de
Si, au total, les avantages qu’on retire du libre-échange
manière plus efficiente que les mesures protection¬
dépassent les pertes qu’il occasionne, pourquoi les per¬
nistes, qui risquent de déclencher des guerres com¬
sonnes et les groupes avantagés n’offrent-ils pas de
merciales où tous les partenaires seront perdants.
dédommager ceux qui y perdent, de façon à faire 1 una¬
nimité en faveur du libre-échange? Jusqu’à un certain Malgré les pressions politiques en faveur du protec¬
point, c’est ce qui se passe — indirectement, par le biais tionnisme, les gouvernements nord-américains ont adop¬
de l’assurance-emploi. Mais, en général, on déploie bien té des mesures conçues pour augmenter les gains
peu d’efforts pour dédommager les victimes du libre- découlant de leurs échanges.
échange. Cela tient surtout aux sommes énormes qu il
faudrait consacrer à la recherche des vrais perdants.
D’ailleurs, on ne pourrait jamais déterminer à coup sûr
si les difficLiltés d’une personne ou d’une entreprise sont
Les effets de l’Accord
imputables au libre-échange ou à d autres causes, qui
dépendent peut-être d’elle-même. De plus, ceux qu on de libre-échange
aurait étiquetés comme des perdants à un moment don¬ nord-américain
né pourraient en définitive être les vrais gagnants. Pre¬
nons l’exemple d’un jeune employé de 1 industrie auto¬ _ EN 1987, LES GOUVERNEMENTS DU CANADA ET
mobile qui perd son travail à Windsor et devient un des Etats-Unis ont convenu de créer une zone de libre-
ouvrier spécialisé dans le montage des ordinateurs à échange; l’Accord de libre-échange entre le Canada et
Montréal. Sur le coup, le jeune homme sera évidemment les Etats-Unis est entré en vigueur le 1er janvier 1989, à
contrarié par la perte de son emploi et 1 obligation de l’issue de deux années d’intenses négociations et, du côté
Entre les lignes
Les faits
EN BREF
t
de 2 9 % et atteignaient 22'
\
m
diimnUnTse chiffrent à 18.3 mil-
bons, qui se , Staüstique
compte des P™s importations de
automobile, ont dimi-
américaine. Les exportateurs
profitent de la croissance
» Uards^«^^xcédent du b‘en de 3*2 mdique que
rapide des États-Unis, mais
V Canada. De p , être de ïï'c^e^ boudent touiouts
■ mois d'avril, qu' selon les les Canadiens hésitent tou¬
1 2.6 milliards de dollmSrts. . ^
trolSques et les meubles importés- jours à dépenser.
tf,aussm°ïï'elève en fait à 3.1 mil¬
Analyse
ÉCONOMIQUE
montre la relation entre favorise les dépenses, et Figure 2 Les importations canadiennes
Si vous
DEVIEZ VOTER
Entre
-4 e
■ Si vous étiez membre du principal comité respon¬ 1988 1992 1996 2000
sable de l’élaboration de la politique de la Banque du Année
Canada, voteriez-vous pour une baisse des taux d’intérêt Figure 3 La croissance du PIB réel au Canada
dans la situation décrite par l’article du Globe and Mail l et aux États-Unis
canadien, d un débat politique houleux. Cinq ans plus L’ALENA, qui reconnaît ce fait et vise à stimuler de tels
tard, en 1994, les États-Unis, le Canada et le Mexique échanges entre les trois pays signataires, établit deux prin¬
signaient un traité de libre-échange entre les trois pays. cipes: le droit d’établissement et le traitement national. Le
Examinons le contenu de ce fameux Accord de libre- droit d établissement signifie que les entreprises améri¬
échange nord-américain.
caines ont le droit d’établir des succursales au Canada et
vice versa. Le traitement national signifie que chaque pays
traitera les biens, les entreprises et les investisseurs de
Les termes de i'ALENA l’autre pays comme s’il s’agissait des siens.
Essentiellement, les pays signataires de l’Accord de libre- Les négociations futures de subventions Aux États-
échange nord-américain se sont engagés à : Unis, au Canada et au Mexique, de nombreuses subven¬
® éliminer les obstacles au commerce des biens et des tions soutiennent des industries intérieures, et plus parti¬
services entre les territoires des parties et faciliter les culièrement la production agricole. Ces subventions sont
échanges transfrontaliers de ces produits ; problématiques, et le pays qui importe des biens subven¬
■ favoriser la concurrence loyale dans la zone de libre- tionnés peut imposer des droits compensateurs.
échange ;
La mise en place de procédures et d’institutions
SI augmenter substantiellement les possibilités d’investis¬
pour le règlement des différends L’ALENA prévoit
sement sur les territoires des parties;
deux mécanismes de règlement des différends : le premier
a assurer de façon efficace et suffisante la protection et
sert à régler les différends relatifs à tous les aspects de
le respect des droits de propriété intellectuelle sur le
I Accord et le deuxième concerne l’application des droits
territoire de chacune des parties ;
de douane compensateurs et l’instauration de lois anti¬
■ établir des procédures efficaces pour la mise en œuvre
dumping dans l’un ou l’autre des pays signataires. Ainsi,
et 1 application de l’Accord, pour son administration
en 1994, les États-Unis ont fait une demande d’impo¬
conjointe et pour le règlement des différends;
sition de droits de douane compensateurs sur les expor¬
■ créer le cadre d’une coopération trilatérale, régionale
tations canadiennes de blé dur et sur les produits du bois
et multilatérale plus poussée afin d’accroître et
d’œuvre. En 1996, les États-Unis planifiaient de faire une
d’élargir les avantages découlant de l’Accord.
demande de droits compensateurs sur les exportations
Les pays de 1 ALENA ont pris plusieurs mesures canadiennes de volailles. Dans ces deux cas, les États-Unis
pour atteindre leur objectif d’élimination des obstacles accusent le Canada de subventionner injustement ces
au commerce. Voyons quelles sont ces mesures. industries, faisant en sorte que les exportations cana¬
diennes sont moins coûteuses que le prix auquel les pro¬
La réduction progressive des tarifs douaniers ducteurs américains peuvent fournir ces marchandises.
Dès le Lr janvier 1989, date de l’entrée en vigueur de
1 Accord de libre-échange entre le Canada et les États-
Unis, les signataires éliminaient certains tarifs douaniers
Les conséquences de I’ALENA
entre leurs deux pays; depuis, ils en ont aboli ou réduit
II est difficile de déterminer les conséquences d’accords
plusieurs autres. En vertu de I’ALENA, tous les tarifs
aussi complexes que l’Accord de libre-échange entre le
douaniers entre le Canada, les États-Unis et le Mexique
Canada et les États-Unis et 1 ALENA, et les économistes
doivent disparaître progressivement entre 2003 et 2008.
ne s’entendent pas sur ce sujet. Selon la théorie étudiée
Les barrières non tarifaires LALENA élimine toutes dans ce chapitre, 1 élimination des tarifs douaniers
les barrières non tarifaires comme les politiques gouver¬ devrait entraîner une hausse du volume d’échanges in¬
nementales d’achats de produits locaux ; par contre, la ternationaux. Autrement dit, la théorie prédit que les
plupart des quotas, surtout ceux qui soutiennent les poli¬ Canadiens, les Américains et les Mexicains se spéciali¬
tiques agricoles, demeurent en vigueur. L’ALENA prévoit seront dans les activités pour lesquelles ils détiennent
egalement une exception pour les produits de l’industrie respectivement un avantage comparatif, et qu’ils échan¬
culturelle. geront un volume plus important de biens et services. En
pratique, le volume des échanges internationaux entre le
Les marchés publics Les trois pays de I’ALENA se Canada et les États-Unis a effectivement augmenté dans
sont engagés a traiter sur un pied d’égalité leurs propres les trois années qui ont suivi l’adoption de l’Accord de
entreprises et celles des autres pays signataires lors de libre-échange entre le Canada et les États-Unis. Entre
marches publics importants — construction d’auto¬ 1989 et 1992, la hausse des exportations canadiennes
routes, achat d’ordinateurs, etc. vers les États-Unis atteignait 17 %, alors quelle n’était
que de 8 % entre 1986 et 1989.
L échange des services Ces dernières années, les
Après l’adoption de l’Accord, le Canada a consi¬
échanges internationaux de services ont progressé plus dérablement accru ses exportations de services publi¬
rapidement que les échanges de biens manufacturés.
citaires, d’équipement de bureau, de matériel de télécom-
533
Résumé
munications, de papier et de services de transport. De même que ceux qui faisaient l’objet d’une exclusion
plus, ses importations de viandes et de produits laitiers, temporaire devront être abolis d’ici à 2008.
de services de télécommunications, de vêtements, de L’ALENA a réduit les barrières non tarifaires, entraîné
meubles, d’aliments préparés et de boissons ont aussi la libéralisation de l’échange des produits et des ser¬
considérablement augmenté.
vices de l’énergie et établi deux mécanismes de règle¬
Ces augmentations considérables des exportations et ment des différends.
des importations ont accru les gains découlant de la spé¬
■ L’Accord de libre-échange entre le Canada et les Etats-
cialisation et de l’échange, mais ils ont également donné
Unis et l’ALENA ont entraîné une forte augmentation
lieu à de pénibles ajustements. Des milliers d’emplois ont
des échanges entre le Canada et les États-Unis.
disparu dans les secteurs en déclin et de nouveaux em¬
plois ont été créés dans les secteurs en expansion. Dans
les années qui ont suivi l’adoption de l’Accord de libre-
échange entre le Canada et les États-Unis, les suppres¬
sions d’emplois ont atteint un niveau record. À la fin
O Vous connaissez maintenant les gains qu’un pays
des années 1980 et au début des années 1990, le taux de
peut retirer d’une spécialisation accrue et des échanges
chômage a augmenté pendant trois années consécutives,
commerciaux avec l’étranger. Produire davantage de
atteignant un taux qui n’a été dépassé que durant la
biens et services pour lesquels nous détenons un avantage
Grande Dépression. Nous ne savons pas exactement
comparatif et échanger avec d'autres pays une partie de
dans quelle mesure ce taux de suppression d’emplois
notre production nous permet d’élargir nos possibilités
est attribuable au seul Accord de libre-échange, et cette
de consommation. En limitant nos échanges interna¬
question reste controversée, mais il ne fait aucun doute
tionaux, nous limitons l’ampleur des avantages qui dé¬
que l’Accord y ait largement contribué.
coulent de la spécialisation et de l’échange. L’ouverture
de nos frontières au commerce international élargit nos
marchés et fait augmenter le prix des biens pour lesquels
nous avons un avantage comparatif; de plus, nous pou¬
À RETENIR
vons nous procurer certains produits à des prix beaucoup
plus avantageux que si nous les produisions nous-mêmes.
■ En vertu de l’Accord de libre-échange entre le Canada Tous les pays ont avantage à la libéralisation du com¬
et les États-Unis, tous les tarifs douaniers enrre ces merce international. La rubrique «Entre les lignes»
deux pays auront disparu à la fin de 1999. L’ALENA (p. 530) se penche sur l’intensification du commerce
stipule que les tarifs douaniers avec le Mexique, de international canadien à l’heure de h ALENA.
RÉSUMÉ
Points clés Les gains à l’échange Les pays peuvent réaliser des
gains par le commerce international dans la mesure où
leurs coûts d’opportunité diffèrent. Le commerce inter¬
national permet à tout pays d’obtenir des biens et ser¬
La structure du commerce international II y a vices à un coût d’opportunité moindre que s’il produisait
entre tous les pays des flux considérables d’échanges, lui-même tous ses biens. Grâce au commerce internatio¬
mais le volume d’échanges le plus important est sûre¬ nal, chaque pays peut atteindre des niveaux de consom¬
ment celui que génère le commerce de produits manu¬ mation situés à l’extérieur de sa courbe des possibilités
facturés entre les pays riches. Les États-Unis sont le de production, (p. 514-518)
principal partenaire commercial du Canada et celui
qui connaît l’expansion la plus rapide, (p. 510-513) Les gains du commerce international dans le
monde réel L’essentiel du commerce international
Le coût d’opportunité et l’avantage comparatif concerne des biens de nature semblable; ce type d’échan¬
Lorsque les coûts d’opportunité diffèrent entre les pays, ges s’explique par les économies d’échelle et par la diver¬
le pays pour qui le coût d opportunité d un bien ou d un sité des préférences, (p. 518-520)
service est le plus bas détient un avantage comparatif
dans la production de ce bien. L’avantage comparatif Les pratiques commerciales restrictives Un pays
est la source des gains à l’échange, (p. 513-514) peut restreindre le commerce international en instaurant
534
Chapitre 20 Le commerce international
des tarifs douaniers ou des barrières non tarifaires. Ces Figures clés
restrictions au commerce entraînent l’augmentation du
prix des produits touchés dans le pays importateur ainsi Figure 20.4 Le coût d’opportunité à Fermia, 513
que la diminution du volume des importations et de leur Figure 20.5 Le coût d opportunité à Manufactura, 514
valeur totale. Parallèlement, elles réduisent la valeur Figure 20.6 Le commerce international d’automobiles,
totale des exportations d’un montant équivalent à la 515
réduction de la valeur des importations, (p. 520-525) Figure 20.7 L’expansion des possibilités de consomma¬
tion, 516
L’argumentation antiprotectionniste Les arguments
Figure 20.9 Les effets d’un tarif douanier, 522
selon lesquels le protectionnisme est nécessaire pour assu¬
Figure 20.10 Les effets d’un quota d’importation, 525
rer la sécurité du pays, pour stimuler les industries nais¬
santes ou pour empêcher le dumping sont faibles. Les
arguments protectionnistes de sauvegarde des emplois, de
concurrence à une main-d’œuvre étrangère bon marché, Mots clés
de diversification et de stabilisation de l’économie et de
lutte contre les normes environnementales laxistes n’ont Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce
aucun fondement, (p. 525-529) (GATT), 520
Argument des industries naissantes, 526
Les effets de l’Accord de libre-échange nord- Avantage absolu, 517
américain LAccord de libre-échange nord-américain Avantage comparatif, 514
éliminera la plupart des tarifs imposés sur l’échange entre Balance commerciale, 510
le Canada, les États-Unis et le Mexique d’ici à 2008. La Barrières non tarifaires, 520
plus grande partie des tarifs entre le Canada et les États- Droits de douane compensateurs, 526
Unis sont abolis depuis 1999. L’Accord a aboli les bar¬ Dumping, 526
rières non tarifaires, instauré le libre-échange pour les Exportateur net, 510
produits et services énergétiques, ouvert les marchés Exportations, 510
publics et créé deux mécanismes de règlement des dif¬ Importateur net, 510
férends. Dans le cadre de négociations ultérieures, on Importations, 510
tentera de réduire les subventions. L’élimination des tarifs Protectionnisme, 520
a accru le volume des échanges, ce qui est avantageux Quota d’importation, 523
pour les consommateurs, mais elle a également fait aug¬ Restriction volontaire d’exportation, 523
menter le taux de chômage, (p. 529-533) Tarif douanier (droit de douane), 520
Q uestions DE RÉVISION
1. Quelles sont les principales importations et les 7. Expliquez 1 évolution de la balance commerciale du
principales exportations du Canada ? Canada depuis 1975.
2. De quelle manière le Canada échange-t-il des 8. Qu est-ce qu’un avantage comparatif? Pourquoi
services sur le plan international ? l’avantage comparatif permet-il de réaliser des gains
par le commerce international ?
3. Quels sont les produits dont le commerce interna¬
tional a connu l’expansion la plus rapide au cours 9. Expliquez quels sont les gains à l’échange.
des dernières années ? 10. Expliquez pourquoi tout pays peut réaliser des
gains par le commerce international.
4. Qu’est-ce que la balance commerciale ? Dans
quelles circonstances le Canada serait-il un exporta¬ 11. Etablissez la distinction entre un avantage com¬
teur net ? paratif et un avantage absolu.
12. Expliquez pourquoi tous les pays détiennent un
5. Avec quels pays le Canada effectue-t-il le plus
avantage comparatif dans la production de certains
d’échanges ?
biens.
6. En 1998, vers quels pays le Canada a-t-il exporté la 13. Expliquez pourquoi, lorsqu’un pays commence à
plus grande quantité de biens et services, et de quel faire des échanges, le prix obtenu en échange du
pays a-t-il importé la plus grande quantité de biens bien exporté augmente et le prix payé pour le bien
et services ? importé diminue.
535
Problèmes
14. Expliquez pourquoi on importe et on exporte 20. Quels sont les effets d’une restriction volontaire
d’aussi grandes quantités de certains biens de même d’exportation ?
nature, comme les automobiles. 21. Qu’est-ce que le dumping? Que sont les droits de
douane compensateurs ?
15. Quelles sont les principales pratiques commerciales
restrictives ? 22. Décrivez les grandes tendances de l’évolution des
protections tarifaires et non tarifaires.
16. Que sont le GATT et l’Organisation mondiale du 23- Quels sont les principaux arguments en faveur des
commerce ? Quand ont-ils été instaurés et quels restrictions commerciales ? Expliquez les faiblesses
sont leurs rôles ? de chacun.
17. Qu’est-ce que l’ALENA? Quand a-t-il été instauré 24. Pourquoi certains pays limitent-ils leur commerce
et quels ont été ses effets ? international ?
25. Qu’est-ce que l’Accord de libre-échange entre le
18. Quels sont les effets d’un tarif douanier?
Canada et les Etats-Unis ? Quelles ont été ses con¬
19. Quels sont les effets d’un quota d’importation? séquences ?
ANALYSE CRITIQUE
1. Lisez attentivement la rubrique « Entre les lignes » économiques canadien et américain durant les
(p. 530), et répondez aux questions suivantes: années 1990?
a) Comment et pourquoi les exportations cana¬ h) Selon vous, pourquoi l’article établit-il un lien
diennes sont-elles influencées par l’état de entre la politique du taux d’intérêt de la
l’économie américaine ? Banque du Canada d’une part et le volume des
b) Y a-t-il eu des changements dans la relation échanges internationaux et la balance commer¬
entre les exportations canadiennes et le PIB ciale internationale d’autre part ?
réel des Etats-Unis durant les années 1990?
2. «L’Accord de libre-échange nord-américain entraî¬
Lesquels ?
nera l’exportation d’emplois canadiens vers le
c) A quoi peut-on attribuer ces changements ?
Mexique». Commentez cet énoncé.
Justifiez votre réponse.
d) Quelles sont les principales influences qui 3. Sir John A. Macdonald a introduit les tarifs doua¬
s’exercent sur les importations canadiennes ?
niers pour augmenter l’emploi et diminuer le chô¬
e) Y a-t-il eu des changements dans la relation mage. Y a-t-il des circonstances où un tarif pourrait
entre les importations canadiennes et le PIB accroître l’emploi ?
réel du Canada durant les années 1990 ?
f) À quoi peut-on attribuer ces changements ? 4. Le Pacte nord-américain de l’auromobile est un
Justifiez votre réponse. accord unique entre le Canada et les États-Unis.
g) En quoi le commerce entre le Canada et les Pouvez-vous imaginer des accords similaires qui
États-Unis a-t-il été influencé par les cycles pourraient connaître le même succès ?
1. Les figures 20.4 et 20.5 illustrent les possibilités de c) Sans échanges commerciaux, Fermia produit
production de Fermia et de Manufactura. 2 millions de voitures et Manufactura,
a) Calculez le coût d’opportunité d’une voiture 8 millions. Lequel des deux pays détient un
à Fermia au point de la courbe des possibilités avantage comparatif dans la production des
de production où 2 millions de voitures sont voitures ?
produites. d) S’il n’y a aucun échange commercial entre
b) Calculez le coût d’opportunité d une voiture à Fermia et Manufactura, quelle quantité de
Manufactura lorsque ce pays produit 8 mil¬ céréales et combien de voitures consomme-
lions de véhicules. t-on dans chaque pays ?
536
Chapitre 20 Le commerce international
2. Supposons que les deux pays du problème n° 1 naires commerciaux de restreindre volontairement
conviennent d instaurer entre eux une zone de leurs exportations à 300 millions de tonnes de soja.
libre-échange. a) Quel est le prix mondial du soja?
a) Lequel des deux pays exportera des céréales ? b) Quel revenu les producteurs de soja retirent-ils
b) Comment s’ajustera la quantité de chaque bien dans les pays exportateurs ?
produit par ces deux pays ? c) Quel pays est avantagé par la restriction volon¬
c) Comment s’ajustera la quantité de chaque bien taire d’exportation ?
consommé par chacun de ces pays ?
9. Supposons que le pays exportateur du problème
d) Que pouvez-vous dire au sujet du prix d’une
n° 5 (b) subventionne ses producteurs à raison
voiture, en situation de libre-échange ?
de 1 $ par tonne de soja récoltée.
3. Comparez la production totale de chaque bien, a) Quel est le prix du soja dans le pays importa¬
pour les problèmes n° 1 et n° 2. teur?
4. Comparez la situation des problèmes n° 1 et n° 2 b) Quelle mesure les producteurs de soja du pays
avec celle que nous avons analysée dans l’exemple importateur peuvent-ils prendre ? Pourquoi ?
de ce chapitre (p. 513-518). Comment expliquez- 10. Atlantis et l’Empire Magique produisent unique¬
vous que Manufactura exportait des voitures dans ment des aliments et des ballades en montgolfière.
l’exemple du chapitre alors qu’il en importe dans Ils possèdent les courbes de possibilités de produc¬
le problème n° 2 ? tion illustrées par les figures suivantes.
5. La figure suivante illustre le marché mondial du
soja, où seuls deux pays se livrent à des échanges.
c) Si l’Empire Magique produit au point a, quel a) Comment le prix des aliments varie-t-il dans
est le coût d’opportunité d’une ballade en chaque pays ?
montgolfière dans ce pays ? b) Quel pays exporte des ballades en montgol¬
d) Quelles sont les possibilités de production de fière ?
l’Empire Magique ?
c) Quel pays exporte des aliments ?
e) Quel pays détient un avantage comparatif dans
la production d’aliments ? d) Quels sont les gains à l’échange pour chaque
pays?
11. Supposons qu’Atlantis et l’Empire Magique, les
pays du problème n° 10, signent un accord de e) Cet accord de libre-échange fait-il des
libre-échange. perdants ?
L’évolution de nos connaissances
Hier...
Au XVIIIe siècle, lorsque les mercantilistes et les économistes débattaient
des pour et des contre du libre-échange international, les technologies de
transport disponibles limitaient considérablement les gains que l’on pouvait escompter du commerce
international. Des bateaux à voiles aux cales exiguës mettaient plus d’un mois à traverser l’Atlan¬
tique. Mais la perspective de gains plus importants stimula les efforts en vue de réduire les coûts
du transport naval. Dans les années 1850, on mit au point le
clipper, qui franchissait en 12 jours la distance entre Halifax
et Liverpool. Un demi-siècle plus tard, des bateaux à vapeur de
10 000 tonnes voyageaient entre le Canada et l’Angleterre en
4 jours à peine. À mesure que la durée et le coût de la naviga¬
tion diminuaient, le volume des échanges internationaux et les
gains du commerce international s’accrurent.
Les porte-conteneurs ont révolutionné le commerce
international et contribuent toujours à son expansion.
Aujourd’hui, la plupart des biens traversent les océans
emballés et empilés dans des conteneurs — des boîtes
de métal — sur des bateaux comme celui-ci. La tech¬
nologie des conteneurs a permis de réduire les coûts du
transport maritime en économisant sur la manutention
et en protégeant les cargaisons contre le vol, ce qui a
fait diminuer les coûts des assurances. Sans cette tech¬
nologie, il n’y aurait sans doute pas autant d’échanges
internationaux de biens comme les téléviseurs et les
magnétoscopes. Les cargaisons périssables de grande
valeur, comme les fleurs et les aliments frais, ainsi que
les colis urgents, sont livrés par avion. Chaque jour, des
douzaines de Boeing 747 chargés de cargaison voya¬
gent entre les grandes villes canadiennes et les princi¬
pales destinations de l’Atlantique et du Pacifique.
David Ricardo
CONNAISSANCES
mobilières très prospère, avait 27 ans quand il trouva
années 1930. Mais le GATT est aussi le triomphe de la logique des concepts dégagés
par Smith et par Ricardo.
EVOLUTION
SSÎÏ'ffi'J?
il*
Objectifs comment se finance le commerce
du chapitre international
ni mm.
Expliquer pourquoi le Canada est un
mBI
-/j+Sf ' -% emprunteur international
. 'T.-;'. iÆp3,-i-,T#i4rfï--a
- :;,:.S:fea:-v
Expliquer comment s’établit la valeur
mm
du taux de change du dollar
«as
Expliquer pourquoi la valeur du taux
de change du dollar fluctue
•l&IP
mm m
( ;\
. t*
L a dette grimpe, le dollar dégringole... En 1998, les exportations de biens et services
du Canada dépassaient de 12 milliards de dollars ses importations. Or, les achats et les
ventes de biens et services ne sont pas les seules transactions qui engendrent des mouve¬
ces transactions était à l’avantage des étrangers puisque les intérêts nets qui leur étaient
versés totalisaient 30 milliards de dollars — soit environ 3,3 <t par dollar gagné. Le total
des paiements en revenus d’intérêt et en biens et services des résidents canadiens à des
L’écart était particulièrement important à la fin des années 1980 et au début des années
1990. Et, durant cette période, les étrangers ont acheté une quantité considérable
d’actifs canadiens; en 1995, ils en possédaient plus de 600 milliards de dollars compa¬
rativement à 300 milliards de dollars 10 ans plus tôt. Dans les années 1980 et 1990, des
sorte que les quatre grands fabriquants canadiens de barres de chocolat sont maintenant
acquis le géant brasseur canadien John Labatt ltée. Mais pourquoi les étrangers ont-ils
1,01 $US pour acheter un dollar canadien; en 1998, 0,67$US suffisaient. Cette chute
ne s’est pas toujours faite en douceur: si notre dollar s’est maintenu et a même augmen¬
Le dollar canadien s’est également dévalué par rapport à d’autres devises internationales
comme le yen japonais, le mark allemand, le franc suisse et la livre anglaise. Par contre,
il a pris de la valeur par rapport à la lire italienne. Pourquoi la valeur de notre dollar
tenant cruciales pour les Canadiens. Nous allons voir pourquoi le Canada est devenu si
attirant pour les investisseurs étrangers, pourquoi le dollar canadien fluctue par rapport
à d’autres devises et pourquoi les taux d’intérêt varient d’un pays à l’autre.
Chapitre 21 La balance des paiements et le dollar
Nous allons étudier ici les marchés où s’achètent et Le tableau 21.1 présente les comptes de la balance
se vendent des devises. Mais, voyons d’abord quelle est des paiements du Canada pour l’année 1998. Les postes
l’ampleur du commerce international, des prêts et des qui apportent des devises étrangères au Canada portent
emprunts, et comment nous consignons ces transactions le signe plus ; ceux qui coûtent des devises étrangères au
— comment nous tenons les comptes de la balance des Canada, le signe moins. On constate que, en 1998,
paiements. même si les exportations canadiennes dépassaient les
importations canadiennes une fois déduit le revenu d’in¬
vestissement net versé à l’étranger, le Canada enregistrait
Les comptes de la balance
des paiements
un déficit du compte courant de 16,4 milliards de dol¬ Les données du tableau 21.1 donnent un aperçu des
lars. Comment comblons-nous le déficit du compte comptes de la balance des paiements pour l’année 1998.
courant? En empruntant à l’étranger ou en puisant dans Aux fins de la publication des comptes de la balance des
nos réserves de devises étrangères. Le compte capital paiements, Statistique Canada inclut les règlements offi¬
nous indique combien nous avons emprunté : notre em¬ ciels dans le compte capital ; on ne publie donc que deux
prunt net au reste du monde se chiffrait à 22 milliards comptes — le compte courant et le compte capital. La
de dollars (66,2 milliards de dollars moins 44,2 milliards figure 21.1 montre l’évolution des trois comptes de la
de dollars) et on constatait un écart statistique de 1,9 mil¬ balance des paiements pour la période de 1975 à 1998.
liard de dollars. L’écart statistique mesure l’effet com¬ Comme l’économie progresse et que le niveau des prix
biné des transactions du compte capital et du compte monte, l’évolution des soldes de la balance des paiements
courant : emprunts privés non identifiés à l’étranger, en dollars ne signifie pas grand-chose. Pour dégager les
commerce international illégal — l’importation de influences de la croissance et de l’inflation, la figure 21.1
drogues illégales, par exemple — et transactions qui ne présente donc la balance des paiements en pourcentage
sont pas déclarées pour les soustraire aux tarifs douaniers du PIB nominal.
ou à d’autres mesures protectionnistes du commerce On constate que le solde du compte courant est en
international. En 1998, le solde du compte capital quelque sorte l’image en négatif du solde du compte
totalisait 23,9 milliards de dollars. capital. Les variations de nos réserves de devises étran¬
La somme du solde du compte courant et du solde gères sont habituellement minimes comparativement aux
du compte capital correspond à la variation des réserves variations des soldes de ces deux comptes. À la fin des
officielles de devises étrangères du Canada. Le compte années 1980 et dans les années 1990, le Canada a enre¬
compensatoire indique que la variation nette de nos gistré un important déficit du compte courant (et un
réserves de devises étrangères correspond à un montant surplus du compte capital). À la fin des années 1980
négatif — notre règlement officiel. En 1998, le compte et au début des années 1990, le compte compensatoire a
compensatoire se chiffrait à -7,5 milliards de dollars. également augmenté.
FIGURE 21.1
cû
Û.
D
U
0)
O)
*-ü
c
a»
D
O
a
c
a>
«/»
c
<U
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’5
CL
WJ
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“D
C
_0
O
CÛ
1975 1980 1985 1990 1995 2000
Année
De 1985 à 1998, sauf pour l’année 1996, le compte courant a été nous empruntons au reste du monde. Les fluctuations du registre
déficitaire. Le solde du compte capital est un peu l’image en négatif officiel (variation nette des réserves officielles de devises étran¬
du solde du compte courant. Lorsque le solde du compte courant gères) sont minimes en comparaison des fluctuations des soldes
est négatif, le solde du compte capital est positif, ce qui signifie que du compte courant et du compte capital.
Létude des revenus et dépenses, prêts et emprunts, les autres pays chez lui. À l’heure actuelle, le Japon est le
et comptes de banque personnels d’un particulier nous plus important pays créditeur au monde.
aidera à mieux comprendre les comptes de la balance des La différence entre flux et stocks est au cœur de la
paiements ainsi que leur interrelation. distinction entre «prêteurs nets» et «emprunteurs nets»,
et entre «pays débiteurs» et «pays créditeurs». Les prêts
Analogie avec la situation d’un particulier Le et les emprunts sont des flux, des montants prêtés ou
compte courant d’un particulier enregistre les revenus empruntés sur une période donnée. Les dettes sont des
qu’il tire de la location de ses facteurs de production et stocks, des montants détenus à un moment donné. Avec
ses dépenses en biens et services. Prenons la situation de le temps, le flux des prêts et des emprunts modifie le
Philippe en 1998. Cette année-là, Philippe a gagné stock de la dette. Mais le stock de la dette impayée
25 000 $ en revenu d’emploi et 1 000 $ en revenu d’in¬ dépend principalement des flux de prêts et d’emprunts
térêt sur un placement de 10 000 $ ; son compte courant passés, et non pas des flux de la période courante. Les
montrait donc des revenus de 26 000$. Toujours en flux de la période courante déterminent la variation du
1998, Philippe a consacré 18 000$ à l’achat de biens et stock de la dette impayée.
services de consommation et il a acheté une maison Le Canada est à la fois un emprunteur net et un pays
d une valeur de 60 000 $ ; ses dépenses totales s’élevaient débiteur ; chaque année, il emprunte davantage qu’il ne
donc à 78 000 $. La différence entre ses dépenses et ses prête au reste du monde, et son stock d’emprunts auprès
revenus se chiffrait à 52 000 $ (78 000 $ - 26 000 $) ; du reste du monde dépasse ses prêts à l’étranger.
ce montant était pour ainsi dire le déficit du compte Le Canada doit-il s’inquiéter du fait d’être un em¬
courant de Philippe. prunteur net ? Cela dépend de ce que nous faisons avec
Philippe devait couvrir l’excédent de ses dépenses les sommes empruntées. Si le Canada emprunte pour
sur ses revenus en utilisant l’argent qu’il avait à la banque faire un investissement qui fera croître son économie et
ou en contractant un emprunt ; il a décidé de prendre augmentera son revenu, il n’y a aucun problème. Mais
une hypothèque de 50 000$ pour faciliter le paiement si les sommes empruntées servent à la consommation,
de sa maison. Comme c’était son seul emprunt, l’excé¬ le Canada devra à un moment donné faire face à des
dent de son compte capital atteignait 50 000$. Avec paiements d’intérêt plus élevés, ce qui l’obligera alors à
un déficit dti compte courant de 52 000$ et un excédent réduire son niveau de consommation. Lorsqu’ils finan¬
du compte capital de 50 000$, il lui manquait encore cent la consommation courante, plus les emprunts sont
2 000$ ; il a retiré ce montant de son compte de banque, élevés et plus ils s’échelonnent sur une longue période,
qui s’en est trouvé diminué d’autant. plus la baisse du niveau de consommation qui deviendra
Dans notre analogie, les facteurs de production offerts nécessaire sera grande.
par Philippe correspondent à l’offre d’exportations d’un
pays ; ses achats de biens et services, incluant l’achat de sa
maison, aux importations d’un pays ; son prêt hypothé¬
Le solde du compte courant
caire, c est-a-dire son emprunt, aux emprunts d’un pays à
l’étranger ; et les variations du solde de son compte ban¬
Qu’est-ce qui détermine le solde du compte courant et
caire, aux variations des réserves officielles d’un pays.
le montant des prêts et emprunts internationaux d’un
pays ? Nous avons vu que les exportations et les importa¬
tions sont les principaux postes du compte courant. Les
Les emprunteurs et les prêteurs,
exportations nettes (XN) représentent la différence entre
les débiteurs et les créditeurs
les exportations et les importations de biens et services.
On peut décrire le solde du compte courant (SCC) par
Un pays est un emprunteur net s’il emprunte davantage
l’équation suivante :
qu’il ne prête au reste du monde ; il est un prêteur net
s’il prête plus qu’il n’emprunte au reste du monde. Un SCC= XN+ revenus d’intérêt nets + paiements
pays qui est un emprunteur net peut soit s’endetter de transfert nets.
davantage, soit simplement réduire le montant de ses Les fluctuations des exportations nettes sont les prin¬
avoirs nets dans le reste du monde. Comme la plupart cipales causes des fluctuations du solde du compte cou¬
des pays, le Canada est un emprunteur net ; quelques rant; l’importance de ses deux autres postes est minime
pays comme 1 Arabie Saoudite et le Venezuela, dont la et ils fluctuent très peu. On peut donc étudier le solde du
richesse dépend du pétrole, ou comme le Japon sont compte courant en se concentrant sur les facteurs qui
d’importants prêteurs nets. déterminent les exportations nettes.
Un pays débiteur est un pays qui, au fil des ans, a Commençons par nous rafraîchir la mémoire sur
emprunté davantage au reste du monde qu’il n’a prêté certaines notions de comptabilité nationale étudiées au
lui-même; ses dettes envers le reste du monde excèdent chapitre 6. Le tableau 21.2 résume les calculs dont nous
ses créances. Un pays créditeur est un pays qui, au fil aurons besoin. La partie (a) énumère les variables rela¬
des ans, a investi davantage dans le reste du monde que tives au revenu national avec leurs symboles. La partie
545
Le financement du commerce international
TABLEAU 2 1.2
(a) Variables
Investissement / 176
Epargnes É 177
Injections (1) l + G + X
Source : Statistique Canada, Comptes des revenus nationaux et des dépenses, 1999 et CANSIM, août 1999.
54 6
Chapitre 21 La balance des paiements et le dollar
(b) traite des injections et des fuites dans le flux circulaire national, pour constater que les exportations nettes
des revenus ; elle montre qu’il y a égalité entre ces deux sont égales à la somme des surplus budgétaires du sec¬
postes. L’équation (1) rappelle que les injections sont des teur public et du secteur privé. Mais ces calculs révèlent
investissements (/), des dépenses gouvernementales en un fait fondamental : nos exportations nettes et notre
biens et services (G) et des exportations (X). L’équation compte courant ne peuvent varier que si le déficit (ou le
(2) rappelle que les fuites correspondent à l’épargne (É), surplus) du secteur public varie ou si le surplus (ou le
aux taxes et impôts nets (T) et aux importations (IM). déficit) du secteur privé fluctue.
Au chapitre 6, nous avons appris que les injections sont
égales aux fuites. La différence entre l’équation (2) et
l’équation (1) correspond à l’équation (3). Nous écrivons
ainsi l’égalité des fuites et des injections pour mettre
l’accent sur les surplus et les déficits des différents sec¬
À RETENIR
teurs de l’économie.
Le surplus ou le déficit budgétaire du secteur
public correspond à la différence entre le montant net ■ Pour acheter des biens produits dans d’autres pays
des impôts et taxes, et les dépenses publiques en biens et ou pour investir à l’étranger, les Canadiens utilisent
services. Si cette différence est positive, le secteur public des devises étrangères. Pour se procurer des biens
enregistre un surplus ; si elle est négative, le secteur pu¬ fabriqués au Canada ou pour investir ici, les étrangers
blic est en déficit. Le déficit budgétaire du secteur public utilisent la monnaie canadienne.
est différent du déficit budgétaire du gouvernement fédé¬ ■ Nos échanges internationaux sont inscrits dans les
ral. Le secteur public inclut le gouvernement fédéral, les comptes de la balance des paiements — le compte
gouvernements provinciaux et les autorités municipales. courant (exportations et importations de biens et ser¬
Le surplus ou le déficit budgétaire du secteur vices, paiements d’intérêt nets à l’étranger, paiements
privé correspond à la différence entre l’épargne et l’inves¬ de transfert nets à l’étranger), le compte capital (mon¬
tissement. Si l’épargne est supérieure à l’investissement, tant net des prêts et des emprunts à l’étranger) et le
le secteur privé enregistre un surplus et peut donc prêter compte compensatoire (variation des réserves de
aux autres secteurs. Si l’investissement est plus élevé que devises étrangères).
l’épargne, le secteur privé enregistre un déficit qu’il doit
■ Les exportations nettes sont égales à la somme des
financer en empruntant aux autres secteurs.
surplus du secteur publique et du secteur privé.
La partie (c) calcule la valeur de ces déficits et de
ces surplus pour le Canada en 1998. Comme on le cons¬ Les variations du déficit du secteur public peuvent
tate, les exportations nettes enregistraient un surplus de faire fluctuer le surplus du secteur privé et les expor¬
12 milliards de dollars. Les revenus du secteur public en tations nettes.
tour, suivis des marchés de Vancouver, de Los Angeles et valait 0,72 $US. Le dollar canadien a donc subi une dé¬
de San Francisco. Quand ces derniers sont sur le point de préciation de 0,29 $US. De 1986 à 1991, le dollar cana¬
fermer, le marché de Tokyo s’apprête à entreprendre une dien a gagné de la valeur par rapport au dollar américain :
nouvelle journée. Les cambistes du monde entier sont en le dollar s’est apprécié. L’appréciation est la hausse de la
communication constante. Dans une journée typique de valeur d’une devise par rapport à une autre. Par exemple,
1995, la somme de 1,3 billion de dollars (US) a changé en 1986, le dollar canadien valait 0,72 $US et, en 1991,
de mains. il valait 0,87 $US. Durant cette période, le dollar cana¬
On appelle taux de change le taux auquel la devise dien s’est donc apprécié de 0,15 $US.
d’un pays s’échange contre celle d’un autre pays. Ainsi, en Pourquoi le taux de change du dollar canadien a-t-il
juillet 1999, on pouvait acheter 0,67 $US avec 1 SCAN. tant fluctué? Pour répondre à cette question, il faut con¬
Le taux de change entre le dollar canadien et le dollar naître les facteurs qui déterminent la valeur du taux de
américain était de 0,67 SUS pour un dollar. change.
Les interventions des cambistes rendent le marché La valeur du taux de change du dollar est un prix —
des changes très efficace. Les taux de change sont presque le prix de la monnaie d’un pays par rapport à la monnaie
les mêmes partout dans le monde. Si le dollar canadien d’un autre pays. Et, comme tous les prix, la valeur du taux
était faible à Londres et fort à Montréal, les gens achè¬ de change est déterminée par l’offre et la demande. Pour
teraient des dollars à Londres et vendraient des dollars à comprendre les forces qui déterminent la valeur du taux
Montréal ; le prix à Londres augmenterait et le prix à de change, nous devons donc étudier la demande et l’offre
Montréal diminuerait, jusqu’à ce que les prix soient sur le marché des changes. Commençons par la demande.
ramenés à égalité.
La figure 21.2 illustre l’évolution du taux de change
du dollar canadien exprimé en dollars américains de La demande sur le marché
1975 à 1998. De 1976 à 1986, la valeur du dollar cana¬ des changes
dien a baissé par rapport au dollar américain : le dollar
s’est déprécié. La dépréciation est la baisse de la valeur La quantité de dollars canadiens demandée sur le marché
d’une devise par rapport à une autre. Par exemple, en des changes correspond à la quantité que les négociants
1976, le dollar canadien valait 1,01 $US et, en 1986, il ont l’intention d’acheter au cours d’une période donnée
FIGURE 21.2
£ a 0,65 • 1975
• •
1980
•
1985
*
1990
*
1995 2000
Année
et à un prix donné. Cette quantité dépend de plusieurs vaudra alors 0,70 $US. L’opération lui rapportera un profit
facteurs, dont les principaux sont : de 30 SUS. Et, si le dollar vaut 0,65 SUS aujourd’hui,
■ le taux de change, John aura acheté plus de 1 000 SCAN avec ses 670 SUS et
■ les taux d’intérêt au Canada et dans le reste du son profit dépassera 30$US. Autrement dit, toutes choses
monde, étant égales par ailleurs (notamment la valeur du taux de
change anticipé à la fin du mois), plus le taux de change
■ le taux de change anticipé.
est bas aujourd’hui, plus le taux de rentabilité anticipé de
Examinons d’abord la relation entre la quantité de l’achat de dollars canadiens est élevé et plus la quantité de
dollars demandée sur le marché des changes et le taux de dollars canadiens demandée sur le marché des changes sera
change. importante.
La figure 21.3 montre la courbe de demande de
dollars canadiens sur le marché des changes. Lorsque
La loi de la demande sur le marché le taux de change augmente, toutes choses étant égales
des changes par ailleurs, la quantité de dollars demandée diminue et,
comme 1 indique la flèche, il se produit un mouvement
La demande de dollars est une demande dérivée: les vers le haut sur la courbe de demande. Lorsque le taux
gens n’achètent pas des dollars pour le simple plaisir de change diminue, toutes choses étant égales par ailleurs,
d’en profiter, mais pour pouvoir acheter des biens et la quantité de dollars demandée augmente et, comme
services produits au Canada (exportations canadiennes), 1 illustre la flèche, il y a un mouvement vers le bas sur
ainsi que des éléments d’actif financiers canadiens — la courbe de demande.
comptes bancaires, obligations d’épargne, actions, entre¬
prises, immeubles, etc. La loi de la demande s’applique
aux dollars comme à tout ce qui a de la valeur.
Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le taux de
change est élevé, plus la quantité demandée de dollars est
FIGURE 21.3
faible sur le marché des changes. Par exemple, si le prix
des dollars canadiens monte de 0,67 $US à 0,75 $US, et La demande de dollars
que tous les autres facteurs restent constants, la quantité
de dollars que les gens ont l’intention d’acheter sur le
marché des changes diminue.
Pourquoi le taux de change influe-t-il sur la quantité
demandée de dollars ? Pour deux raisons, qui sont liées à
deux sources de la demande dérivée de dollars :
■ l’effet des exportations,
L’effet des profits anticipés Supposons que John, un fonction du taux de change. Toutes choses étant égales par
Américain, croie que le dollar canadien vaudra 0,70 $US à ailleurs, si le taux de change augmente, la quantité de dollars
la fin du mois. Si la valeur du dollar est aujourd’hui de demandée diminue et cela entraîne un mouvement vers le haut
0,67 SUS, et si ses prévisions sur la valeur future du dollar le long de la courbe de demande de dollars. Si le taux de change
se révèlent exactes, John pourra réaliser un profit rapide¬ diminue, la quantité de dollars demandée augmente et cela
ment. S’il dépense 670 $US pour acheter 1 000 SCAN entraîne un mouvement vers le bas le long de la courbe de
demande de dollars.
aujourd’hui, il pourra échanger ses 1 000 SCAN contre
700 $US à la fin du mois puisque le dollar canadien
549
Le taux de change
Le taux de change anticipé Toutes choses étant égales anticipé s’accroît. anticipé décroît.
La loi de l’offre sur le marché Pour les deux raisons que nous venons de passer en
des changes revue, toutes choses étant égales par ailleurs, lorsque le
taux de change monte, la quantité de dollars offerte aug¬
Les gens offrent des dollars canadiens sur le marché des mente et, lorsque le taux de change descend, la quantité
changes lorsqu’ils achètent d’autres devises. Et ils achè¬ de dollars offerte diminue. La figure 21.5 présente la
tent d’autres devises pour se procurer des biens et services courbe d’offre de dollars canadiens sur le marché des
produits à l’étranger (importations canadiennes), ainsi changes. Dans ce graphique, lorsque le taux de change
que des éléments d’actif financiers étrangers — comptes augmente, toutes choses étant égales par ailleurs, il y a
bancaires, obligations d’épargne, actions, entreprises, une augmentation de la quantité de dollars offerte et un
immeubles, etc. La loi de l’offre s’applique aux dollars mouvement vers le haut le long de la courbe d’offre,
comme à tout ce que les gens ont l’intention de vendre. comme 1 indique la flèche. Lorsque le taux de change
Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le taux diminue, toutes choses étant égales par ailleurs, il y a
de change est élevé, plus la quantité offerte de dollars est une diminution de la quantité de dollars offerte et un
grande sur le marché des changes. Par exemple, si le prix mouvement vers le bas le long de la courbe d’offre,
du dollar canadien monte de 0,67 $US à 0,75 $US, et comme l’indique la flèche.
que tous les autres facteurs restent constants, la quantité
de dollars que les gens ont l’intention de vendre sur le
marché des changes augmente. Pourquoi le taux de Les variations de l’offre de dollars
change influe-t-il sur la quantité offerte de dollars ? Pour
deux raisons qui s’apparentent à celles que nous avons Une variation de tous les autres facteurs ayant une inci¬
vues du côté de la demande sur le marché : dence sur la quantité de dollars que les gens prévoient
■ l’effet des importations, vendre sur le marché des changes provoque une fluctua¬
tion de l’offre de dollars et un déplacement de la courbe
■ l’effet des profits anticipés.
égales par ailleurs (notamment la valeur du taux de mente, la quantité de dollars offerte augmente, ce qui entraîne un
change anticipé à la fin du mois), plus le taux de change mouvement vers le haut le long de la courbe d’offre de dollars.
est élevé dans le présent, plus le taux de rendement Si le taux de change diminue, la quantité de dollars offerte dimi¬
nue, ce qui entraîne un mouvement vers le bas le long de la
attendu de la vente des dollars canadiens est élevé et plus
courbe d’offre de dollars.
la quant-ité de dollars offerte sur le marché des changes
sera importante.
Le taux de change
Les variations du taux de change respondaient aux courbes Ai et Ai- Le prix du dollar
canadien exprimé en dollars américains se chiffrait à
Si la demande de dollars augmente et que l’offre de dol¬ 0,87 SUS, au point d’intersection des courbes d’offre et
lars ne varie pas, le taux de change monte. Si la demande de demande. Durant les quatre années suivantes, les gens
de dollars diminue et que 1 offre de dollars ne varie pas, prévoyaient la dépréciation du dollar canadien ; ils s’atten¬
le taux de change baisse. De même, si l’offre de dollars daient à ce que le taux de change soit plus faible. Par
diminue et que la demande de dollars ne varie pas, le taux conséquent, la demande de dollars a diminué et l’offre
de change monte. Si l’offre de dollars augmente et que la de dollars a augmenté. La courbe de demande s’est dé¬
demande de dollars ne varie pas, le taux de change baisse. placée vers la gauche jusqu’en As et la courbe d’offre s’est
Ces prévisions sur les effets des variations de la déplacée vers la droite jusqu’en 095. Le taux de change est
demande et de l’offre sont identiques à celles des autres descendu à 0,73 $US pour un dollar, au point d’intersec¬
marchés. tion des courbes d’offre et de demande en 1995.
FIGURE 21.8
o _o 0,87
0,80
0,72
0,60
0,50
Le taux de change est très variable, car les fluctuations de la de¬ Entre 1991 et 1995 — graphique (b) —, le taux de change
mande et de l’offre ne sont pas indépendantes les unes des autres. a chuté, passant de 0,87 $US à 0,73 $US pour un dollar canadien,
Entre 1986 et 1991 — graphique (a) —, le dollar s’est apprécié, parce qu’une baisse du taux de change anticipé a entraîné une
passant de 0,72 $US à 0,87 $US pour un dollar canadien, parce diminution de la demande de dollars et une augmentation de
qu’une hausse du taux de change anticipé a provoqué une augmen¬ l’offre.
tation de la demande de dollars et une diminution de l’offre.
forces fondamentales à l’œuvre qui influent sur la valeur Canadiens doivent débourser plus d’argent pour s’offrir
de la monnaie, soit: un hamburger à New York.
■ la parité des pouvoirs d’achat, Si la valeur du dollar américain est supérieure à celle
du dollar canadien pour l’achat de tous les biens et ser¬
■ la parité des taux d’intérêt.
vices (ou presque), la plupart des gens se disent que la
La parité des pouvoirs d’achat L’argent vaut ce valeur du dollar américain est trop élevée et s’attendent
qu’elle nous permet d’acheter. Mais deux monnaies à ce que le dollar canadien s’apprécie sur le marché des
différentes, les dollars canadiens et les dollars américains changes. Ils anticipent une hausse du taux de change.
par exemple, peuvent acheter des quantités différentes de La demande de dollars canadiens augmente et l’offre de
biens et services. Supposons, par exemple, qu’un Big Mac dollars canadiens diminue. Le taux de change monte,
coûte 2 SCAN à Montréal et 1,50 SUS à New York. Si le comme prévu.
taux de change est de 0,75 SUS pour un dollar canadien, Si, au contraire, la valeur du dollar américain est
les deux monnaies ont la même valeur. Vous pouvez inférieure à celle du dollar canadien pour l’achat de tous
acheter un Big Mac à Montréal ou à New York pour les biens et services (ou presque), la plupart des gens se
2 SCAN ou pour 1,50 SUS. On dit alors qu’il y a parité disent que la valeur du dollar canadien est trop élevée et
des pouvoirs d’achat, ce qui signifie égalité de la valeur s’attendent à ce que le dollar canadien se déprécie sur le
des monnaies. Supposons maintenant que le taux de marché des changes. Ils anticipent une baisse du taux de
change soit égal à 0,70 SUS pour un dollar canadien. change. La demande de dollars canadiens diminue et
Dans ce cas, il suffit de 1,40 SUS pour acheter un Big l’offre de dollars canadiens augmente. Le taux de change
Mac à Montréal, tandis qu’il faut 2,14 SCAN pour s’en baisse, comme prévu.
procurer un à New York. La valeur du dollar américain La valeur de la monnaie est déterminée par le niveau
est plus élevée que celle du dollar canadien sur le plan des prix, qui, à son tour, est déterminé par la demande
du pouvoir d’achat. Les Américains peuvent acheter et l'offre agrégées (voir le chapitre 7, p. 164 et le cha¬
des hamburgers bon marché à Montréal, alors que les pitre 18, p. 457). Ainsi, les forces fondamentales qui
554
Chapitre 21 La balance des paiements et le dollar
influent sur le taux de change étendent leurs tentacules Supposons que la Banque du Canada veuille stabi¬
sur toute l’économie. liser le taux de change à 0,70 $US pour un dollar cana¬
dien. Si le taux de change est supérieur à 0,70 SUS pour
La parité des taux d’intérêt La monnaie vaut ce
un dollar canadien, la Banque vend des dollars. Si le taux
qu’elle nous permet de gagner. La parité des taux d’in¬
de change descend sous les 0,70 SUS, la Banque achète
teret est une situation où la monnaie donne le même
des dollars. En prenant ces mesures, elle fait varier l’offre
taux de rendement d’un pays à l’autre et avec différentes
de dollars et maintient le taux de change près de son taux
devises. Par exemple, supposons qu’un dépôt bancaire en
cible de 0,70 SUS pour un dollar.
dollars canadiens fait à Montréal rapporte 5 % d’intérêt
La figure 21.9 illustre les interventions de la Banque
par année et qu’un dépôt bancaire en dollars américains
du Canada sur le marché des changes. L’offre de dollars
fait à New York ne rapporte que 3 % d’intérêt par année.
correspond à O et, au départ, la demande de dollars est
Dans ce cas, pourquoi les gens déposent-ils de l’argent
A). Le taux de change d’équilibre se chiffre à 0,70 SUS
dans les banques de New York ? Pourquoi ne déposent-ils
pour un dollar canadien. Ce taux de change correspond
pas tout leur argent à Montréal ? Parce que l’écart entre
au taux cible par la Banque du Canada, taux représenté
les taux d’intérêt à Montréal et à New York reflète les
par la droite horizontale rouge dans la figure.
anticipations de l’évolution du taux de change. Suppo¬
Lorsque la demande de dollars augmente et que la
sons, par exemple, que les gens prévoient que le dollar
courbe de demande se déplace vers la droite en Du la
canadien se dépréciera de 2 % par année. Il faut sous¬
Banque vend 100 milliards de dollars. Cette mesure
traire cette dépréciation de 2 % du taux d’intérêt de 5 %
provoque une augmentation de l’offre de dollars de
pour obtenir le taux de rendement net de 3 % par année
100 milliards de dollars et empêche le taux de change de
qu’un Américain peut obtenir en déposant des fonds
dans une banque montréalaise. Puisque les deux taux de
rendement sont égaux, peu importe aux gens que leurs
fonds soient dans une banque de Montréal ou de New
York. Il y a parité des taux d’intérêt.
En pratique, la parité des taux d’intérêt s’applique
toujours lorsqu’on compare les rendements de place¬
ments financiers qui présentent des risques équivalents.
Les gestionnaires de portefeuilles sont constamment à la
recherche des taux de rendement les plus élevés pour
placer leurs fonds. Si, durant quelques secondes, le taux
de rendement est plus élevé à Montréal qu’à New York,
la demande de dollars canadiens augmente et le taux de
change monte jusqu’à qu’il y ait égalité entre les taux
d’intérêt anticipés.
Canada diminuent par rapport aux taux d’intérêt dans le à 0 et le taux de change se chiffre à 0,70$US pour un dollar cana¬
reste du monde, la demande de dollars canadiens baisse, dien. La Banque du Canada peut intervenir sur le marché des chan¬
l’offre augmente et le taux de change diminue.) ges pour assurer le maintien du taux de change au niveau ciblé (ici,
Mais la Banque du Canada peut intervenir directe¬ 0,70 $US pour un dollar canadien). Si la demande augmente, passant
ment sur le marché des changes. Elle peut acheter ou de D0 à D|, la Banque vend 100 milliards de dollars pour accroître
vendre des dollars canadiens et tenter ainsi d’atténuer l'offre et arrêter la hausse du taux de change. Si la demande dimi¬
les fluctuations de la valeur du taux de change. Voyons nue, passant de D0 à D2, la Banque achète 100 milliards de dollars
quelles interventions peut faire la Banque du Canada pour faire baisser l’offre et éviter la chute du taux de change.
monter. Lorsque la demande de dollars diminue et que la ■ Les variations des taux d’intérêt et du taux de change
courbe de demande se déplace vers la gauche en D2, la anticipé entraînent une fluctuation de la demande et
Banque achète 100 milliards de dollars. Cette mesure de l’offre, ainsi que des variations du taux de change.
entraîne une diminution de l’offre de dollars de 100 mil¬
■ La parité des pouvoirs d’achat, la parité des taux
liards de dollars et prévient une chute du taux de change.
d’intérêt et les forces fondamentales qui jouent sur
Si la demande de dollars fluctue entre D\ et D2 et
le niveau des prix et sur les taux d’intérêt influent sur
quelle correspond en moyenne à D0, la Banque du
les anticipations.
Canada peut intervenir ainsi à plusieurs reprises sur le
marché des changes. Parfois, la Banque achète des dollars ; ■ La Banque du Canada peut intervenir sur le marché
des changes pour tenter d’atténuer les fluctuations de
parfois, elle en vend mais, en moyenne, elle n’achète ni ne
vend de dollars. Supposons cependant que la demande de la valeur du taux de change.
RÉSUMÉ
e dollar flottant
Les faits
en bref
jusqu’en D| et la courbe
d’offre s’est déplacée vers la
droite jusqu’en 0|. Pour main¬
tenir l’équilibre entre l’offre et
la demande, le taux de change
les
déterminent le taux de change. Plus le taux de change est Tableau 21.2 Les exportations nettes, les prêts nets à
bas, plus la quantité de dollars canadiens demandée est l’étranger et le financement de l’investis¬
élevée ; plus le taux de change est élevé, plus la quantité de sement, 545
dollars offerte est faible. Les variations du taux de change
anticipé et du différentiel d’intérêt canadien font fluctuer
la demande de dollars canadiens ; elles entraînent égale¬ Mots clés
ment des fluctuations de l’offre de dollars, et ce, dans la
Appréciation, 547
direction opposée à la variation de la demande.
Compte capital, 542
La Banque du Canada peut intervenir sur le marché
Compte compensatoire, 542
des changes afin d’atténuer les fluctuations de la valeur
Compte courant, 542
du taux de change, (p. 546-555)
Comptes de la balance des paiements, 542
Dépréciation, 547
Différentiel d’intérêt canadien, 549
Emprunteur net, 544
Figures et tableau clés Marché des changes, 546
Parité des pouvoirs d’achat, 553
Parité des taux d’intérêt, 554
Figure 21.1 La balance des paiements du Pays créditeur, 544
Canada, 543 Pays débiteur, 544
Figure 21.2 Le taux de change du dollar Prêteur net, 544
canadien, 547 Règlement officiel, 542
Figure 21.7 Le taux de change d’équilibre, 552 Réserves officielles de devises étrangères, 542
Figure 21.8 Les fluctuations du taux de change, 553 Surplus ou déficit du secteur privé, 546
Figure 21.9 Les interventions sur le marché des Surplus ou déficit du secteur public, 546
changes, 555 Taux de change, 547
questions de révision
1. Nommez les trois comptes qui composent les 6. Expliquez pourquoi les fluctuations du déficit du
comptes de la balance des paiements ? secteur public entraînent des fluctuations du solde
2. Énumérez les transactions inscrites dans le compte du compte courant.
courant et dans le compte capital d’un pays. 7. Expliquez pourquoi la quantité de dollars
3. Décrivez la relation entre les soldes du compte cou¬ demandée est fonction du taux de change.
rant et du compte capital, et le compte compen¬ 8. Expliquez pourquoi la quantité de dollars offerte
satoire, et expliquez ce qu’est le règlement officiel. est fonction du taux de change.
4. Faites la distinction entre un pays emprunteur net 9. Enumérez les principaux facteurs qui ont une inci¬
et un pays prêteur net. Est-ce qu’un pays emprun¬ dence sur la demande de dollars sur le marché des
teur net est toujours un pays créditeur ? Un pays changes.
créditeur est-il toujours un pays emprunteur net?
10. Énumérez les principaux facteurs qui ont une inci¬
5. Établissez la relation entre les exportations nettes dence sur l’offre de dollars sur le marché des
d’un pays, le déficit du secteur public et le surplus changes.
du secteur privé.
11. Pourquoi le taux de change fluctue-t-il autant ?
ANALYSE CRITIQUE
1. Lisez attentivement la rubrique « Entre les lignes » quelle a été leur incidence sur la valeur du taux
(p. 556), puis répondez aux questions suivantes: de change du dollar canadien ?
a) Pourquoi le vendredi 10 mai et le lundi 12 mai c) Comment la demande et l’offre de dollars
1996 ont-ils été des journées particulièrement ont-elles varié au cours de cette journée du
intéressantes sur le marché des changes ? vendredi ?
b) Quels ont été les principaux événements sur le d) Quels ont été les principaux événements sur le
marché des changes le vendredi 10 mai et marché des changes le lundi 13 mai et quelle a
559
Problèmes
été leur incidence sur la valeur du taux de 4. La valeur du taux de change d’une devise est iden¬
change du dollar canadien ? tique à un prix et, comme tous les autres prix, elle
e) Etes-vous d’accord avec le ministre des Finances est déterminée par les forces du marché. Etes-vous
Paul Martin lorsqu’il affirme que le dollar a été d’accord avec cette affirmation. Sinon, expliquez
avantagé par les mesures de réduction du déficit ? pourquoi.
2. Commentez l’énoncé suivant: «La Banque du
Canada doit intervenir sur le marché des changes 5. Supposons que nous renoncions au dollar canadien
pour maintenir la parité entre le dollar canadien et pour utiliser le dollar américain au Canada. Quels
le dollar américain. » effets ce changement aurait-il sur la balance des
3. Les exportateurs canadiens préfèrent que la valeur paiements au Canada et sur d’autres aspects de
du dollar soit faible. Expliquez pourquoi. l’économie canadienne ?
PROBLÈMES
1. Les habitants de Fermia, dont la devise est le grain, milliards de dollars). Le PIB de Paradisia est de
ont effectué les transactions suivantes en 1999 : 60 milliards de dollars.
a) Calculez les exportations nettes de Paradisia.
En milliards b) Calculez l’épargne de Paradisia.
Variable de grains c) Comment se finance l’investissement de
Paradisia ?
Importations de biens et services 300
Exportations de biens et services 480 3. Vous obtenez les données suivantes au sujet du
Revenu d’intérêt net versé aux étrangers 50 Musica, pays dont la devise est la note (JJ ) :
Transferts nets reçus des étrangers 20 En milliards
Emprunts obtenus de l'étranger 60 Variable de notes
Prêts consentis à l’étranger 200
PIB 100
a) Établissez le compte courant et le compte Dépenses de consommation 60
••••••••#
V Hlénage S A •••
12
A 36 •
14 ^uvernemeJo
Ê*
m
V
V
L.
reesie
du monde
1
^
Æ
S6o
Chapitre 21 La balance des paiements et le dollar
Effectuez les calculs suivants pour le Musica: c) Quelles mesures la banque centrale devrait-elle
a) Importations de biens et services prendre pour assurer le maintien de la stabilité
b) Exportations nettes relative du taux de change ?
c) Épargne d) En vous référant à la question (c), décrivez
d) Surplus ou déficit du secteur privé l’effet que ces mesures de la banque centrale
e) Surplus ou déficit du secteur public auront sur les réserves officielles de devises
4. La figure ci-dessous donne la valeur du dollar étrangères du pays.
canadien par rapport à la livre anglaise et à la lire 6. La devise d un pays s’apprécie et ses réserves offi¬
italienne. cielles de devises internationales augmentent. Que
pouvez-vous affirmer au sujet des variables sui¬
1,6* » 1 500 vantes ?
C
O c a) Les interventions de la banque centrale sur le
O
O TJ marché des changes ;
c O
O c
O b) Le compte courant du pays ;
c) Le compte compensatoire du pays.
O
“O O 7. Recueillez les données de Statistique Canada sur les
c 13
4> 3 O transactions internationales du Canada des quatre
O3
?! c ^ dernières années. Vous trouverez ces données dans
i i g
<D ÿ
SJ Or, le site Web de l’organisme (http://www.statcan.ca/
CJ v)
"O > X « start_f.html), en empruntant le chemin suivant:
X — X —
a3 «
c = C
u ai
Le Canada en Statistiques/Conjoncture écono¬
1990 1991 1992 1993 1994 1995 mique/ Comptes nationaux/Balance des paiements
Année internationaux, Bilan canadien des investissements
internationaux, fin d’année. Pour chacune de ces
a) Entre 1990 et 1995, par rapport à quelle devise
quatre années :
le dollar canadien s’est-il apprécié ?
a) construisez un tableau similaire au tableau 21.1
b) Entre 1990 et 1995, par rapport à quelle devise
résumant les comptes de la balance des
le dollar canadien s’est-il déprécié ?
paiements du Canada;
5. La figure ci-dessous illustre le marché des changes. b) calculez les taux de croissance des exportations
La demande de dollars descend de D0 à Z),.
et des importations canadiennes ;
c) dites si le Canada a enregistré un surplus ou un
déficit du compte courant;
d) calculez la variation des réserves officielles de
devises étrangères du Canada.
8. Toujours sur le site Web de Statistique Canada,
recueillez des données sur la valeur du taux de
change entre le dollar canadien et le dollar améri¬
cain. Vous les trouverez en empruntant le chemin
suivant: Le Canada en Statistiques/Conjoncture
économique/Marchés monétaires.
a) Décrivez les variations de la valeur du dollar
canadien par rapport à la valeur du dollar
américain les trois dernières années.
b) Calculez le pourcentage d’appréciation ou de
a) Quels facteurs ayant une incidence sur le dépréciation du dollar canadien pour chacune
marché pourraient avoir fait diminuer la des trois dernières années.
demande de dollars ? Expliquez. c) En plus de celles qui figurent dans ce site Web,
b) Expliquez ce qui advient du taux de change de quelles données auriez-vous besoin pour
lorsque la demande de dollars descend de être en mesure d’expliquer les variations de la
Dq à A. valeur du taux de change du dollar canadien ?
Avantage comparatif (Comparative Bien normal (Normalgood) Bien (ou
advantage) Avantage que détient une per¬ service) dont la demande augmente à
sonne ou un pays dans la production mesure que le revenu augmente
d’un bien ou d’un service s’il peut pro¬
duire ce bien à un coût d’opportunité Biens et services intermédiaires
moindre (Intermediate goods and services) Biens et
services que les entreprises achètent les
Avantage comparatif dynamique unes des autres et utilisent comme
(Dynamic comparative advantagd) intrants dans la production et la vente
Avantage comparatif que détient une d’autres biens et services aux utilisateurs
personne ou un pays qui, grâce à la spé¬ finaux
Abscisse (X-coordinate) Coordonnée
cialisation et à l’apprentissage par la pra¬
horizontale dont la longueur a la valeur Bilan (Balance sheel) Liste des éléments
tique, produit une activité donnée au
marquée sur l’axe des abscisses, ou axe d’actif et de passif d’une banque (ou
coût d’opportunité le plus bas
horizontal, d’un graphique d’une entreprise) qui indique sa valeur
Avantage marginal (Marginal benefii) nette comptable
Accord général sur les tarifs douaniers
et le commerce (GATT — General Augmentation de l’avantage total qui Budget équilibré (Balanced budget)
Agreement on Tarijfs and Trade) Accord résulte de la consommation d’une unité Budget gouvernemental où il y a égalité
multilatéral visant à limiter les interven¬ supplémentaire d’un bien ou d’un ser¬ entre le total des recettes et le total des
tions gouvernementales qui restreignent vice ; calculé en divisant l’augmentation dépenses
le commerce international de l’avantage total par l’augmentation de
la consommation Budget fédéral (Fédéral budget) Énoncé
Accumulation de capital ( Capital accu¬ du plan annuel des revenus et des
mulation) Augmentation des ressources Avoir des propriétaires (Equity) Part dépenses du gouvernement du Canada
en capital détenue par une personne dans une ainsi que des lois et règlements qui
entreprise autorisent ces revenus et ces dépenses
Actif (Asset) Ensemble de ce que les ban¬
ques (ou les entreprises) possèdent Axe des abscisses (X-axis) Axe horizon¬ Budget provincial (Provincial budgeî)
Activiste keynésien (Keynesian activist) tal d’un graphique Énoncé du plan annuel des revenus et
Économiste pour qui les fluctuations de des dépenses d’un gouvernement provin¬
Axe des ordonnées ( Y-axis) Axe vertical cial ainsi que les lois et règlements qui
la demande agrégée et la rigidité des
d’un graphique autorisent ces revenus et dépenses
salaires (ou des prix ou des deux) sont les
principales causes des fluctuations Axes (Axes) Lignes ou échelles verticale Caisse d’économie (Crédit union)
économiques
ou horizontale caractérisant un Organisme coopératif qui accepte des
Amortissement ou Dépréciation graphique dépôts de ses membres et leur octroie des
(.Dépréciation) Partie du capital qui prêts
devient obsolescente au cours d’une Balance commerciale Voir Solde com¬
mercial Capital (Capital) Machines, bâtiments,
période donnée
outillage et autres biens manufacturés
Anticipation rationnelle (Rational Banque à charte ( Chartered bank) utilisés dans la production de biens et de
expectation) Meilleure prévision possible Entreprise privée ayant, en vertu de la services
compte tenu de toute l’information Loi sur Les banques de 1922, obtenu une
pertinente disponible charte qui l’autorise à recevoir des dépôts Capital humain (Human capital)
et à accorder des prêts Ensemble des compétences et des savoirs
Appréciation ( Currency appréciation) que confèrent aux gens le talent, l’éduca¬
Augmentation de la valeur d’une devise Banque centrale ( Central bank) tion et la formation professionnelle
par rapport à une autre Organisme public qui supervise les insti¬
Ceterisparibus Locution latine signifiant
Apprentissage par la pratique tutions et les marchés monétaires et
«toutes choses étant égales par ailleurs»
(.Learning-by-doing) Possibilité de devenir financiers d’un pays, et qui conduit sa
— on dit aussi « toutes autres choses
plus productif dans une activité (appren¬ politique monétaire
étant égales» ou «tous les autres facteurs
tissage) par le simple fait de produire à étant maintenus constants »
Banque du Canada (Bank of Canada)
répétition un même bien ou un même
Banque centrale du Canada Chômage cyclique ( Cyclical unemploy-
service (pratique)
ment) Fluctuations du chômage qui
Argument des industries naissantes Barrière non tarifaire (Nontariff barrier)
coïncident avec le cycle économique
(.Infant-industry argument) Argument Toute mesure autre qu’un tarif douanier
selon lequel une industrie naissante a qui limite le commerce international Chômage frictionnel (Frictional unem-
besoin de protection pour acquérir la ployment) Chômage découlant de la
Base monétaire (Monetary basis) Somme mobilité normale de la main-d’œuvre
maturité qui lui permettra d’affronter la
des billets de banque de la Banque du — continuellement, de nouveaux venus
concurrence sur les marchés mondiaux
Canada à l’extérieur de la Banque, des intègrent la population active, des entre¬
Avantage absolu (Absolute advantage) dépôts des banques à charte à la Banque prises mettent à pied des travailleurs et
Avantage que détient une personne sur du Canada ainsi que des pièces de mon¬ d’autres entreprises engagent des tra¬
une autre lorsque, avec la même quantité naie que détiennent les ménages, les vailleurs
de facteurs de production, sa production entreprises et les banques
est supérieure; avantage que détient un Chômage saisonnier (Seasonal unem-
pays sur un autre lorsque, pour tous les Bien inférieur (Inferior good) Bien (ou ploymeni) Chômage découlant d’une
biens, sa production par unité de facteur service) dont la demande baisse à mesure diminution du nombre d’emplois
est supérieure que le revenu augmente disponibles en raison de la saison
562.
Glossaire
Chômage structurel (Structural unem- Courbe d’offre {Supply curvè) Courbe d’un service; résultat de la division de
ployment) Chômage découlant de qui illustre la relation entre la quantité l’augmentation du coût total par l’aug¬
changements dans la structure ou offerte d’un bien et son prix lorsque tous mentation de la production
l’emplacement des emplois les autres facteurs qui influent sur les
plans des producteurs restent constants Croissance économique {Economie
Coefficient de réserve (Reserve ratio) growth) Expansion des possibilités de
Part des dépôts totaux qu’une banque Courbe d’offre agrégée à court terme production provenant de l’accumulation
garde en réserve CShort-run aggregate supply curvè) Courbe de capital et du progrès technologique
qui illustre la relation entre la quantité
Coefficient de réserve désiré ( Desired de PIB réel offerte et le niveau des prix, Cycle économique {Business cycle)
reserve ratio) Part des dépôts totaux lorsque le salaire nominal et les autres Variations à la hausse et à la baisse de
qu’une banque souhaite garder en réserve facteurs influant sur les intentions de l’activité économique, mesurées par les
production restent constants fluctuations du PIB réel par rapport au
Complément ou Bien complémentaire
PIB potentiel
( Complément) Bien qui est nécessaire¬ Courbe d’offre agrégée à long terme
ment utilisé en même temps qu’un autre {Long-run aggregate supply curvè) Courbe Déficit budgétaire {Budget déficit) Solde
qui illustre la relation entre la quantité budgétaire gouvernemental négatif—
Compromis ( Trade-off) Contrainte qui
de PIB réel offerte et le niveau des prix excédent des dépenses totales sur les
oblige à renoncer à une chose pour en recettes fiscales
lorsque le PIB réel est égal au PIB
obtenir une autre
potentiel
Déficit cyclique ( Cyclical déficit) Déficit
Comptabilité de la croissance ( Growth budgétaire qui n’existe que parce que
Courbe d’offre de travail {Labour supply
accoundng) Méthode qui permet de cal¬ l’économie se situe à l’équilibre de sous-
curvè) Courbe qui indique la quantité de
culer les contributions respectives à la emploi
travail que les ménages ont l’intention
croissance du PIB réel de la croissance du
d’offrir à chaque niveau de salaire réel
travail et du capital d’une part, et des Déficit structurel {Structural déficit)
possible
progrès techniques d’autre part Déficit budgétaire qui se produit lorsque
Courbe de demande {Demand curvè) l’économie est en situation de plein
Compte capital {Capitalaccount) Bilan emploi
Courbe qui illustre la relation entre la
des transactions d’un pays au chapitre
quantité demandée d’un bien et son prix Demande (Demand) Relation entre la
des prêts et des emprunts internationaux
lorsque tous les autres facteurs influant quantité demandée d’un bien et son prix
Compte compensatoire {Officialsettle- sur les plans des acheteurs restent lorsque tous les autres facteurs qui in¬
ments accouni) Compte qui indique la constants
fluent sur les plans des acheteurs restent
diminution ou l’augmentation nette des constants ; la demande est décrite par un
Courbe de demande de travail {Labour
réserves officielles de devises étrangères barème de demande et illustrée par une
demand curvè) Courbe qui indique la
d’un pays courbe de demande
quantité de main-d’œuvre que les entre¬
Compte courant {Current account) Bilan prises ont l’intention d’embaucher à Demande agrégée {Aggregate demand)
des transactions d’un pays au chapitre chaque niveau de salaire réel possible Relation entre la quantité de PIB réel
des exportations de biens et services à Courbe de Phillips {Phillips curvè) demandée et le niveau des prix
l’étranger, des paiements des importa¬ Courbe qui illustre la relation entre
tions de biens et services de l’étranger, Demande d’investissement {Investment
['inflation et le chômage
des paiements d’intérêt nets à l’étranger demand) Relation entre le niveau d’in¬
et des transferts nets (comme les Courbe de Phillips à court terme vestissement et le taux d’intérêt réel
paiements d’aide à l’étranger) {Short-run Phillips curvè) Courbe qui lorsque tous les autres facteurs qui in¬
illustre la relation entre l’inflation et le fluent sur l’investissement restent
Comptes de la balance des paiements chômage lorsque le taux d’inflation constants
{Balance ofpayments account}) Bilan des anticipé et le taux de chômage naturel
Demande de consommation
activités commerciales, des emprunts et restent constants
des prêts d’un pays sur la scène interna¬ ( Consumpdon demand) Relation entre les
tionale Courbe de Phillips à long terme {Long- dépenses de consommation et le taux
run Phillips curvè) Courbe qui montre la d’intérêt réel lorsque tous les autres fac¬
Conflit de politique {Policy conflict) relation entre l’inflation et le chômage teurs qui influent sur l’investissement
Situation qui survient lorsque le gou¬ lorsque le taux d inflation effectif est égal restent constants
vernement et la Banque du Canada au taux d’inflation anticipé
Demande de travail {Demandfor labour)
poursuivent des objectifs différents et
Courbe des possibilités de production Quantité de travail demandée (mesurée
que les mesures adoptées de part et
{Production possibility fronder) Courbe en nombre d’heures de travail) par toutes
d’autre nuisent à l’atteinte de leurs
qui trace la frontière entre les combi¬ les entreprises de l’économie pour chaque
objectifs respectifs
naisons de biens et services qu’il est niveau possible du salaire réel
Coordination des politiques {Policy possible de produire et celles qui sont
irréalisables Dépense agrégée planifiée {Aggregate
coordination) Situation qui survient
planned expenditurè) La somme des
lorsque le gouvernement et la Banque
Coût d’opportunité ( Opportunity cost) dépenses de consommation prévues, de
du Canada travaillent de concert pour Meilleure possibilité à laquelle on a l’investissement planifié, des dépenses
atteindre des objectifs communs
renoncé en prenant une décision, en gouvernementales prévues et de la dif¬
faisant un choix férence entre les exportations planifiées
Coordonnées ( Coordinates) Lignes par¬
tant d’un même point et courant per¬ et les importations planifiées
Coût marginal {Marginal cost) Variation
pendiculairement aux deux axes d’un du coût total qui résulte de la production Dépenses autonomes {Autonomous
graphique d’une unité supplémentaire d'un bien ou expenditures) Somme des composantes
563
Glossaire
de la dépense agrégée planifiée qui ne Écart récessionniste (Recessionary gap) Équilibre de suremploi {Above full-
dépendent pas directement du PIB réel Montant duquel le PIB réel est inférieur employment equilibriuni) Situation
au PIB potentiel d’équilibre où le PIB réel dépasse le PIB
Dépenses de consommation
potentiel
( Consumption expenditurè) Ensemble des Économie (Economy) Mécanisme qui
dépenses en biens et services de consom¬ permet de répartir des ressources limitées Équilibre des dépenses {Equilibrium
mation en vue d’utilisations concurrentes expenditurè) Situation où la dépense
agrégée planifiée est égale au PIB réel
Dépenses gouvernementales Voir Économique (Economies) Étude de la
manière dont les consommateurs utili¬ Équilibre macroéconomique à court
Dépenses publiques
sent leurs ressources rares pour satisfaire terme (Short-run equilibriuni) Situation
Dépenses induites (Induced expenditurè) leurs besoins illimités où la quantité de PIB réel demandée est
Somme des composantes de la dépense égale à la quantité de PIB réel offerte au
Économiste keynésien Voir Keynésien point d’intersection de la courbe DA et
agrégée planifiée qui varient directement
avec le niveau du PIB réel Économiste monétariste Voir de la courbe OA
Monétariste Équité (Equity) Justice ou égalité
Dépenses publiques ( Government
expenditures) Biens et services qu’achète économique
Effet d’attraction ( Crowding in)
le gouvernement Tendance d’une politique budgétaire Esprit d’entreprise {Entrepreneurial
expansionniste à faire augmenter ability) Type particulier de ressource
Dépréciation ( Currency dépréciation) . investissement humaine qui organise les trois autres fac¬
Baisse de la valeur d’une devise par
teurs de production — le travail, la terre
rapport à une autre devise Effet d’éviction ( Crowding oui)
et le capital; c’est grâce à l’esprit d’entre¬
Tendance d’une politique budgétaire
Dette publique {Government debî) prise qu’on court des risques, qu’on
expansionniste à faire augmenter les taux
Montant total des emprunts du gou¬ prend des décisions d’affaires et qu’on
d’intérêt et à faire diminuer l’investisse¬
vernement innove.
ment
Expansion (Expansion) Phase du cycle
Diagramme de dispersion (Scatter Effet d’éviction international
économique où le PIB réel augmente
diagrani) Graphique montrant les valeurs {International crowding oui) Tendance
d’une variable économique associées à d’une politique budgétaire expansion¬ Exportateur net {Net exporter) Pays dont
celles d’une autre variable niste à faire diminuer les exportations la balance commerciale est positive, c’est-
nettes à-dire dont la valeur des exportations
Différentiel d’intérêt canadien dépasse la valeur des importations
{Canadian interest rate differential) Efficience dans la production {Producer
Différence entre le taux d’intérêt cana¬ efftciency ou production efficiency) Exportations {Exports) Biens et services
dien et le taux d’intérêt étranger Situation où il est impossible de produire vendus à l’extérieur du pays
une plus grande quantité d’un bien ou
Exportations nettes {Net exports)
Drainage du numéraire (Currency d’un service sans produire une moindre
Différence entre les exportations et les
drain) Augmentation des billets et pièces quantité d’un autre bien; cette situation
importations
de monnaie détenus par les ménages et ne se produit qu’aux points situés iwla
les entreprises courbe des possibilités de production Facteurs de production {Factors of pro¬
duction) Ensemble des ressources pro¬
Droit de douane, droit tarifaire ou Efficience économique {Economie effi¬ ductives de l’économie — la terre, le
tarif douanier ( Tariff) Taxe qu’un gou¬ ciency) Situation où le coût de produc¬ travail, le capital et l’esprit d’entreprise
vernement impose sur un bien importé tion est le plus bas possible
au moment où ce bien arrive dans le pays Flux {Flou?) Quantité mesurée par unité
Emprunteur net {Net borrower) Pays qui de temps
Droits de douane compensateurs emprunte plus qu’il ne prête à l’étranger
{Countervailing duties) Droits de douane Fonction d’épargne {Saving functiori)
Épargne {Saving) Différence entre le
imposés par le gouvernement pour aider Relation entre l’épargne et le revenu
revenu disponible et les dépenses de
les producteurs nationaux à concurrencer disponible lorsque tous les autres facteurs
consommation
restent constants
les producteurs étrangers qui sont sub¬
ventionnés par leur propre gouverne¬ Épargne nationale {National saving)
Fonction d’importation {Importfunc¬
Somme des épargnes privées et des
ment tiori) Relation entre les importations et le
épargnes publiques
PIB réel lorsque tous les autres facteurs
Droit tarifaire Voir Droit de douane
Équation d’échange {Equation of restent constants
Droits de propriété (Property rights) exchange) Équation qui montre que le
Fonction de consommation
Ensemble de conventions sociales qui PIB est égal à la quantité de monnaie
( Consumption functiori) Relation entre les
régissent la possession, l’utilisation et la multipliée par la vitesse de circulation
dépenses de consommation et le revenu
cession des facteurs de production ou Équilibre de chômage Voir Équilibre de disponible lorsque tous les autres facteurs
des biens et services sous-emploi restent constants
Dumping (Dumping) Vente d’un pro¬ Équilibre de plein emploi {Full-employ- Fonction de production agrégée
duit exporté par une entreprise étrangère ment equilibriuni) Situation d’équilibre {Production functiori) Relation entre le
à un prix inférieur à son coût de produc¬ où le PIB réel est égal au PIB potentiel PIB réel et la quantité de travail utilisée
tion lorsque tous les autres facteurs restent
Équilibre de sous-emploi {Below full-
constants
Écart inflationniste {Inflationary gap) employment equilibriuni) Situation
Montant duquel le PIB réel dépasse le d’équilibre où le PIB réel est inférieur au Fonction de productivité {Productivity
PIB potentiel PIB potentiel functiori) Relation qui indique comment
564
Glossaire
le PIB réel par heure de travail varie Inflation (Inflation) Hausse soutenue du M2+ {M2+) Mesure de la monnaie cons¬
lorsque la quantité de capital par heure niveau général de prix qui engendre une tituée de M1, des dépôts d’épargne des
de travail change, mais qu’il n’y a aucun dépréciation continuelle du pouvoir particuliers et des dépôts à préavis autres
changement technique d’achat de la monnaie que ceux des particuliers dans les ban¬
Fuite (Leakage) Sommes qui sortent du ques à charte, ainsi que des dépôts dans
Inflation par la demande (Demand-pull
flux circulaire des revenus et dépenses. Il les sociétés de fiducie, dans les caisses de
inflation) Inflation engendrée par une
s’agit des revenus qui ne sont pas dépen¬ crédit, dans les caisses populaires et
hausse initiale de la demande agrégée
sés en biens et services produits dans le autres institutions financières
pays Inflation par les coûts ( Cost-push infla¬
Macroéconomie {Macroeconomics)
tion) Inflation causée par une hausse
Grande Dépression ( Great Dépréssion) Etude des phénomènes économiques
initiale des coûts de production
Décennie (1929-1939) marquée par un nationaux et globaux, des fluctuations
taux de chômage record et la stagnation Injection (Injection) Sommes qui entrent et de la croissance des agrégats écono¬
de la production dans l’économie mon¬ dans le flux circulaire des revenus et miques, et des effets que les actions
diale dépenses; ces dépenses ne proviennent gouvernementales exercent sur eux
pas des ménages
Graphique de coupe transversale ( Cross Main-d’œuvre Voir Population active
section graph) Graphique qui indique les Innovation financière {Financial inno¬ Marché (Market) Tout ensemble de dis¬
valeurs d une variable économique pour vation) Création de nouveaux produits positions permettant à des acheteurs et
divers groupes d’une population à un financiers — nouvelles méthodes d’em¬ des vendeurs d obtenir de l’information
moment donné prunt et de prêt et d échanger des biens, des services et
des facteurs de production
Graphique de série chronologique Institution de dépôt (Depository institu¬
( Time-seriesgrapb) Graphique mesurant tion) Entreprise qui reçoit des dépôts des Marché des changes (Foreign exchange
le temps sur l’axe des abscisses, et la va¬ ménages et des entreprises, et leur markei) Marché où l’on échange la devise
riable (ou les variables) à étudier, sur accorde des prêts d’un pays contre celle d’un autre pays
l’axe des ordonnées
Intermédiaire financier {Depository Microéconomie {Microeconomics) Étude
Importateur net (Net importer) Pays institution) Entreprise dont l’activité du comportement économique des
dont la balance commerciale est néga¬ principale consiste à utiliser les dépôts ménages et des entreprises, du fonction¬
tive, c’est-à-dire dont la valeur des des ménages et des entreprises pour nement des marchés ainsi que des effets
importations dépasse la valeur des octroyer des prêts à d’autres ménages ou des interventions gouvernementales et
exportations d’autres entreprises des taxes sur les prix et les quantités des
biens et services
Importations (Imports) Ensemble des Investissement (Investment) Somme
biens et des services achetés à l’extérieur Modèle économique {Economie mode!)
consacrée à l’achat de nouvelles usines,
du pays Représentation schématique du monde
de matériel et de bâtiments ainsi qu’à
économique qui ne comprend que les
Impôts autonomes (Autonomous taxes) l’accroissement des stocks
éléments nécessaires à l’atteinte de l’ob¬
Impôts qui ne dépendent pas du PIB réel jectif fixé
Investissement brut ( Cross investment)
Impôts induits (Induced taxes) Impôts Somme consacrée à l’accroissement du Modification de l’offre {Change in sup-
qui varient selon le PIB réel stock de capital et au remplacement du ply) Déplacement de la courbe d’offre
capital devenu obsolescent
Impôts nets (Net taxes) Différence Modification de la demande ( Change
entre les impôts et les taxes versés aux Investissement net (Net investment) in demand.) Déplacement de la courbe
gouvernements et les paiements de trans¬ Addition nette au stock de capital; l’in¬ de demande
fert reçus des gouvernements vestissement brut moins l’amortissement
Modification de la quantité demandée
Incitatif (Incentive) Mesure dont l’objec¬ Keynésien (Keynesian) Économiste dont ( Change in the quantity demanded)
tif est d’amener l’agent à adopter un les travaux sur le fonctionnement de Mouvement le long de la courbe de
comportement précis l’économie s’inscrivent dans la foulée des demande
théories de J. M. Keynes
Indicateurs de la politique monétaire Modification de la quantité offerte
(Monetary policy indicators) Indicateurs Liquidité {Liquidity) Degré de facilité {Change in the quantity supplied)
économiques utilisés par la Banque du avec laquelle un élément d’actif peut être Mouvement le long de la courbe d’offre
Canada pour déterminer si elle doit instantanément converti en moyen de Monétariste (Monetarist)
appuyer sur le frein ou sur l’accélérateur paiement sans trop perdre de valeur Macroéconomiste pour qui les variations
pour influer sur le PIB réel, l’emploi et de la quantité de monnaie sont la princi¬
l’inflation Loi des rendements décroissants {Lau>
pale source des fluctuations économiques
of diminishing returns) Principe selon
Indice des prix à la consommation — lequel, lorsqu’une entreprise augmente la Monnaie {Money) Bien tangible, billet
IPC {Consumer Price Index) Indice quantité d’un facteur variable alors que ou pièce généralement accepté comme
mesurant le prix moyen des biens et ser¬ la quantité de facteurs fixes reste cons¬ moyen de paiement
vices habituellement consommés par une tante, le produit marginal du facteur
Monnaie scripturale {Deposit money)
famille vivant en milieu urbain variable finit par diminuer
Dépôts dans les banques et autres
Indice implicite du PIB {GDPdeflator) Ml {Ml) Mesure de la monnaie consti¬ institutions financières comme les com¬
Indice qui mesure la moyenne des prix tuée de la monnaie hors banque et des pagnies fiduciaires
de tous les'biens et services qui entrent dépôts à vue des particuliers dans les Moyens de paiement {Means of
dans le calcul du PIB banques à charte payment) Mode de règlement d’une dette
56s
Glossaire
Multiplicateur (Multiplier) Nombre par Numéraire ( Currency) Monnaie en des biens hérités et de l’épargne accu¬
lequel on multiplie la variation des espèces (billets et pièces) ayant cours légal mulée au fil des ans
dépenses autonomes pour déterminer la
variation des dépenses d’équilibre et du Offre (Supply) Relation entre la quantité Pays créditeur ( Creditor nation) Pays
PIB réel quelle engendre d’un bien que les producteurs prévoient qui, au cours de son histoire, a investi
vendre et le prix de ce bien lorsque tous davantage dans le reste du monde que le
Multiplicateur de dépôts (Deposit mul¬ les autres facteurs influant sur les plans reste du monde chez lui
tiplier) Nombre par lequel on multiplie de vente restent constants ; l’offre est
Pays débiteur (Debtor nation) Pays qui,
une augmentation des réserves bancaires décrite par un barème d’offre et illustrée
au cours de son histoire, a emprunté
pour déterminer l’augmentation des par une courbe d’offre
davantage au reste du monde qu’il n’a
dépôts bancaires
Offre agrégée à court terme {Short-run prêté lui-même. Ses dettes envers le reste
Multiplicateur des dépenses publiques aggregate supply) Relation entre la quan¬ du monde excèdent ses créances
(gouvernementales) ( Government expen- tité de PIB réel offerte et le niveau des Pente {Slope) Dans un graphique, varia¬
ditures multiplier) Nombre par lequel prix lorsque le salaire nominal et les tion de la valeur de la variable mesurée
on multiplie la variation des dépenses autres facteurs influant sur les intentions sur l’axe des ordonnées divisée par la
publiques pour déterminer la variation de production restent constants variation de la valeur de la variable
des dépenses d’équilibre qu elle engendre mesurée sur l’axe des abscisses
Offre agrégée à long terme {Long-run
Multiplicateur des impôts autonomes aggregate supply) Relation entre la quan¬ Personnes licenciées {Job losers)
(.Autonomous tax multiplier) Nombre par tité de PIB réel offerte et le niveau des Personnes mises à pied de manière tem¬
lequel on multiplie la variation des prix lorsque le PIB réel est égal au PIB poraire ou permanente
impôts autonomes pour déterminer la potentiel
Personnes qui démissionnent (Job
variation des dépenses d’équilibre quelle
Offre d’épargne {Savingsupply) Relation leavers) Personnes qui quittent volon¬
engendre
entre l’épargne désirée et le taux d’intérêt tairement leur emploi
Multiplicateur du budget équilibré réel lorsque tous les autres facteurs Personnes qui réintègrent la popula¬
(.Balanced budget multiplier) Nombre par restent constants tion active (Re-entrants) Personnes qui se
lequel on multiplie des variations égales joignent de nouveau à la population
et simultanées des dépenses publiques et Offre de travail {Supply of labour)
Quantité de travail offerte pour chaque active
des impôts forfaitaires pour déterminer
la variation des dépenses d’équilibre salaire réel PIB nominal (Nominal GDP) Valeur du
quelles engendrent PIB calculée aux prix courants
Opération sur le marché libre ( Open
market operation) Achat et vente de titres PIB potentiel ou Capacité optimale de
Multiplicateur monétaire (Money mul¬
du gouvernement — bons du Trésor et production de l’économie (Potential
tiplier) Nombre par lequel on doit multi¬
obligations — par la Banque du Canada GDP) PIB que l’on obtient lorsque toutes
plier un changement de la valeur de la
les ressources de l’économie — travail,
base monétaire afin d’obtenir le change¬ Ordonnée {Y-coordinate) Coordonnée capital, terre et esprit d’entreprise — sont
ment induit de la quantité de monnaie verticale dont la longueur correspond à utilisées à leur pleine capacité
la valeur indiquée sur l’axe des ordon¬
Niveau des prix (Price level) Niveau PIB réel Voir Produit intérieur brut
nées, ou axe vertical, d’un graphique
moyen des prix réel
Origine {Origin) Point zéro commun à
Nouveaux venus (Entrants) Personnes Plein emploi (Full employment) Situa¬
deux axes
qui se joignent pour la première fois à la tion où le taux de chômage est égal au
population active Papier-monnaie convertible ( Conver¬ taux de chômage naturel
tible paper money) Reconnaissance de Politique budgétaire (Fiscalpolicy)
Nouvelle théorie classique du cycle
dette libellée en monnaie-marchandise Ligne de conduite adoptée par un gou¬
économique {New classical theory ofthe
circulant comme moyen de paiement vernement pour tenter d’influer sur
business cycle) Théorie des anticipations
rationnelles du cycle économique qui Parité des pouvoirs d’achat (Purchasing l’économie en établissant et remaniant
considère les fluctuations imprévues de la power parity) Situation rencontrée les taxes et les impôts ainsi que les
demande agrégée comme la principale lorsque le taux de change entre deux dépenses publiques
cause des fluctuations économiques devises permet à celles-ci d’acheter la Politique budgétaire automatique
même quantité de biens et services (Automatic fiscal policy) Mesure budgé¬
Nouvelle théorie de la croissance {New
growtb theory) Théorie économique de la taire qui s’applique automatiquement
Parité des taux d’intérêt {Interest rate
croissance qui s’appuie sur l’idée que les lorsque l’état de l’économie l’exige
parity) Situation rencontrée lorsque les
progrès techniques découlent des déci¬ placements financiers en devises étran¬ Politique budgétaire discrétionnaire
sions que prennent les ménages en ten¬ gères rapportent, compte tenu des anti¬ (Discretionary fiscal policy) Mesure
tant d’obtenir le plus de profits possible cipations relatives au taux de change, le budgétaire ponctuelle adoptée par le
même taux de rendement que les place¬ Parlement pour s’ajuster à l’état de
Nouvelle théorie keynésienne du cycle
ments en dollars canadiens l’économie
économique {New keynesian theory of the
business cycle) Théorie des anticipations Passif (Liabilities) Ensemble de ce que Politique budgétaire expansionniste
rationnelles du cycle économique qui les banques (ou les entreprises) doivent (Expansionary fiscal policy) Politique
considère toutes les fluctuations de la budgétaire caractérisée par la hausse des
demande agrégée — prévues et impré¬ Patrimoine ou Richesse ( Wealth) Valeur dépenses publiques ou des paiements de
vues — comme des causes de fluctua¬ actuelle nette des actifs d’un ménage ; transfert, ou la diminution des impôts et
tions économiques valeur au cours du marché de la somme des taxes
S66
Glossaire
Politique budgétaire restrictive les biens et services finis produits dans Quota (Quota) Limitation de la quantité
(Contractionary fiscalpolicy) Politique l’économie au cours d’une année d un bien qu’une entreprise peut pro¬
budgétaire caractérisée par la diminution duire ou qui peut être importé
des dépenses publiques ou des paiements Produit intérieur brut réel (PIB réel)
de transfert, ou par l’augmentation des (Real Gross Domestic Product— real Rareté (Scarcity) Situation où les besoins
impôts et des taxes GDP) Valeur de la production agrégée et désirs dépassent les ressources dont on
calculée aux prix observés durant l’année dispose pour les satisfaire
Politique discrétionnaire (Discretionary de référence
policy) Mesure politique prise à la pièce Rationnement des emplois (Job
Produit marginal du travail (Marginal rationinf) Pratique qui consiste à payer
en réaction à l’état de l’économie et en
product of labour) Augmentation du PIB un salaire qui crée une offre excédentaire
tenant compte de toute l’information
réel qui résulte de l’addition d’une heure de travail et une pénurie d’emploi
disponible, y compris les leçons tirées
de travail lorsque les autres facteurs de
des «erreurs» commises dans le passé
production restent constants Récession (Recession) Période au cours
Politique fondée sur une règle de de laquelle le PIB réel diminue pendant
Produit marginal du travail décrois¬ deux trimestres consécutifs
rétroaction (Feedbak-rule policy) Règle
sant (Diminishing marginal product of
qui spécifie une ou des mesures poli¬
labour)Tenà2Lncc à la baisse du produit Recherche d’emploi (Job search) Activité
tiques à appliquer selon le comporte¬
marginal du travail lorsque la quantité à laquelle se consacrent les gens lorsqu’ils
ment de l’économie
de travail utilisée augmente sont à la recherche d’emplois vacants et
Politique fondée sur une règle fixe acceptables
Progrès technologique ( Technological
(■Fixed-rulepolicy) Règle qui spécifie une Règlement officiel ( Official seulement)
progress) Mise au point de nouvelles
ou des mesures à appliquer indépendam¬ Variation des réserves officielles de
techniques de production permettant
ment du comportement de l’économie devises étrangères d’un pays
d’obtenir davantage de biens et de ser¬
Politique monétaire (Monetarypolicy) vices, et de développer de nouveaux
Relation directe Voir Relation positive
Ligne de conduite adoptée par la Banque produits
du Canada pour tenter d’influer sur l’éco¬ Relation inverse (Inverse relationship)
Propension marginale à consommer
nomie en modifiant les taux d’intérêt et Relation entre deux variables qui se
(•Marginalpropensity to consume) Fraction
la quantité de monnaie en circulation déplacent dans des directions opposées
du dernier dollar de revenu disponible
Population active (Labour forcé) Somme consacrée à l’achat de biens et services Relation linéaire (Linear relationship)
des personnes en emploi et des personnes de consommation Relation entre deux variables illustrée par
en chômage une ligne droite
Propension marginale à épargner
(Marginalpropensity to save) Fraction Relation négative (Négative relationship)
Population en âge de travailler
du dernier dollar de revenu disponible Relation entre deux variables qui se
( Working-agepopulation) Somme des
consacrée à l’épargne déplacent dans des directions opposées
personnes âgées de 15 ans et plus
Propension marginale à importer Relation positive (Positive relation)
Prêteur net (Net lender) Pays qui prête
(Marginalpropensity to import) Fraction Relation entre deux variables qui se
plus qu’il n’emprunte au reste du monde
du dernier dollar de PIB réel consacrée déplacent dans la même direction
Principe de substitution (Principle of aux importations
substitution) Principe en vertu duquel, Rente perpétuelle (Perpetuity) Obli¬
Protectionnisme (Protectionism) gation qui garantit un montant d’argent
lorsque le coût d’opportunité d’une acti¬
Politique qui vise à restreindre les impor¬ annuel fixe à perpétuité
vité augmente, les consommateurs y sub¬ tations pour protéger la production
stituent d’autres activités dont le coût Réserves (Reserves) Somme du numéraire
nationale de la concurrence étrangère
d’opportunité est moindre qu’une banque détient et de ses dépôts à
Quantité d’équilibre (Equilibrium la Banque du Canada
Prix d’équilibré (Equilibrium pricè) Prix quantity) Quantité achetée et vendue
auquel la quantité demandée est égale à au prix d’équilibre Réserves excédentaires (Excess reserves)
la quantité offerte Différence entre les réserves effectives
Quantité de travail demandée
d’une banque et ses réserves désirées
Prix relatif (.Relative price) Ratio entre le ( Quantity of labour demanded) Nombre
prix d un produit et celui d’un autre pro¬ d heures de main-d’œuvre que désirent Réserves officielles de devises interna¬
duit; le prix relatif est un coût d’oppor¬ employer toutes les entreprises de tionales ( Official international reserves)
tunité l’économie Avoir du gouvernement en devises
étrangères
Problème d’incohérence temporelle Quantité de travail offerte ( Quantity of
( Time-inconsistencyproblenî) Problème labour supplied) Nombre d’heures de tra¬ Réservoir de valeur (Store of value) Bien
qui survient lorsqu’une intention semble vail que les ménages sont prêts à offrir ayant la propriété de conserver sa valeur
appropriée à un moment donné, mais aux entreprises avec le passage du temps
inefficace à un autre moment
Quantité demandée ( Quantity Restriction volontaire d’exportation
Productivité (.Productivity) PIB réel par demanded) Quantité d’un bien ou d’un ( Voluntary export restraint) Limitation du
heure de travail service que les consommateurs désirent volume d’exportation d’un bien donné
acheter à un prix donné et dans une que s’impose volontairement un pays
Productivité du travail (Labour produc¬ période donnée exportateur
tivity) Production totale par personne
employée Quantité offerte ( Quantity supplied) Revenu disponible (Disposable incomé)
Quantité d’un bien ou d’un service que Somme des revenus gagnés en offrant
Produit intérieur brut (PIB) ( Gross les producteurs désirent vendre à un prix les services des facteurs de production
domesticproduct— GDP) Valeur de tous donné et dans une période donnée (salaires, intérêt, loyer et profit) et de la
567
Glossaire
différence entre les paiements de trans¬ Surplus budgétaire {Budget surplus) grande échelle que les banques à charte
fert du gouvernement et le montant des Solde budgétaire gouvernemental positif se consentent mutuellement et quelles
taxes et impôts — excédent des recettes fiscales sur les octroient aux négociants sur les marchés
dépenses totales financiers
Revenu intérieur net au coût des fac¬
teurs (Net domestic income atfactor cost) Surplus ou déficit du secteur privé Taux marginal d’imposition {Marginal
Somme des revenus de tous les facteurs (.Private sector surplus or déficit) Diffé¬ tax rate) Proportion de chaque dollar
de production rence entre l’épargne et l’investissement supplémentaire du PIB réel qui revient
Richesse Voir Patrimoine au gouvernement sous forme de taxes ou
Surplus ou déficit du secteur public
d’impôts nets
( Government sector surplus or déficit)
Salaire d’efficience (Ejficiency wagê)
Différence entre le montant des impôts Taxes nettes Voir Impôts nets
Salaire qui maximise le profit
et des taxes nets et les dépenses publiques
Salaire de réserve (Réservation wagê) en biens et services Tendance ( Trend) Orientation générale
Salaire le plus faible auquel une personne (dans le sens d’une hausse ou d’une
Tarif douanier Voir Droit de douane baisse) caractérisant l’évolution d’une
consent à offrir du travail
Taux d’activité de la main-d’œuvre variable
Salaire nominal (Money tuage rate)
Proportion de la population en âge de Terre {Land) Ensemble des ressources
Salaire exprimé en dollars
travailler qui fait partie de la population naturelles utilisées pour produire des
Salaire réel (Real wage rate) Quantité active biens et des services
de biens et services que le salaire horaire
Taux d’ emploi {Employment-to-popula-
permet d’acheter. Le salaire réel est ob¬ Théorie classique de la croissance
tion ratio) Rapport entre l’emploi et la
tenu en divisant le salaire horaire par le ( CLassical growth theory) Théorie de la
niveau général des prix population en âge de travailler ; pour¬
croissance économique s’appuyant sur
centage des personnes en âge de travailler
l’idée que la croissance démographique
Salaire réel de subsistance (Subsistence qui occupent un emploi
est déterminée par le niveau de revenu
real wage rate) Salaire réel minimum
Taux d’escompte {Bank rate) Taux d’in¬ par habitant
nécessaire pour survivre
térêt auquel la Banque du Canada prête
Théorie des insiders et des outsiders ou
Société de fiducie et de prêt hypothé¬ des réserves aux banques à charte
Théorie des travailleurs en place et des
caire ( Trust and mortgage loan company)
Taux d’intérêt {Interest rate) Montant nouveaux travailleurs {Insider-outsider
Institution de dépôt privée exploitée en
reçu par un prêteur et versé à un em¬ theory) Théorie du rationnement des
vertu de la Loi sur les compagnies fidu¬
prunteur, exprimé en pourcentage du emplois selon laquelle, pour être produc¬
ciaires de 1922. Elle recueille des dépôts
montant du prêt tifs, les nouveaux travailleurs doivent
et consent des prêts, et agit à titre de
obtenir une formation sur place des
fiduciaire pour les fonds de pension et Taux d’intérêt réel {Real inter est rate) travailleurs en place
les successions Différence entre le taux d’intérêt sur un
prêt et le taux d’inflation anticipé Théorie du cycle d’origine réelle ( Real
Solde budgétaire (Balanced budget)
business cycle theory) Théorie qui consi¬
Écart entre les recettes et les dépenses du Taux de change {Foreign exchange rate) dère les fluctuations aléatoires de la pro¬
gouvernement au cours d’une période Prix auquel la devise d’un pays est ductivité comme la principale cause des
donnée, habituellement un an échangée contre celle d’un autre pays fluctuations économiques
Solde commercial (Balance oftrade) Taux de change réel {Real exchange rate)
Différence entre la valeur des exporta¬ Théorie économique {Economie theory)
Indice qui exprime le coût d’opportunité
tions d’un pays et la valeur de ses impor¬ Ensemble d’énoncés positifs permettant
des biens et services produits à l’étranger
tations de biens et services de comprendre et de prévoir les décisions
en biens et services fabriqués au Canada
économiques des ménages, des entre¬
Somme des heures travaillées (Aggregate Taux de chômage ( Unemployment rate) prises et des gouvernements
hours) La somme des heures travaillées Pourcentage de la population active sans
par tous les employés à temps partiel et Théorie keynésienne du cycle
emploi
à temps plein au cours d’une année économique {Keynesian theory ofthe
Taux de chômage naturel {Natural rate business cycle) Théorie qui considère les
Stabilité économique (Economie sta- of unemploymeni) Taux de chômage anticipations volatiles comme la princi¬
bility) Absence de fluctuations impor¬ lorsqu’il n’y a pas de chômage cyclique, pale cause des fluctuations économiques
tantes du taux de croissance économique, autrement dit, lorsque le chômage est
du niveau d’emploi et des prix moyens Théorie moderne de la croissance
frictionnel, structurel ou saisonnier
{New growth theory) Théorie de la crois¬
Stagflation (Stagflation) Situation qui Taux de préférence temporelle ( Rate of sance fondée sur l’idée que le progrès
prévaut lorsqu’il y a à la fois augmenta¬ timepreference) Taux d’intérêt réel que les technologique découle des choix des gens
tion du niveau des prix et diminution du épargnants veulent obtenir dans leur quête de profits
PIB réel
Taux de travail à temps partiel Théorie monétariste du cycle
Stock {Stock) Quantité mesurée à une involontaire {Involuntary part-time rate) économique {Monetarist theory of the
date donnée Pourcentage des membres de la popula¬ business cycle) Théorie qui considère les
Stock de capital ( Capital stock) Stock tion active qui occupent un emploi à variations de la quantité de monnaie
d’usines, de matériel, de bâtiments temps partiel et souhaitent obtenir un comme la principale cause des fluctua¬
(y compris les logements) et d’inventaires emploi à temps plein tions économiques
Substitut {Substitute) Bien qui peut en Taux des fonds à un jour {Overnight Théorie néoclassique de la croissance
remplacer un autre loans rate) Taux d’intérêt sur les prêts à {Neoclassicalgrowth theory) Théorie de
568
Glossaire
la croissance économique qui explique la réintègrent en se mettant activement à influent sur ces intentions, autre que le
comment l’épargne, l’investissement et la recherche d’un emploi prix du bien, varie; elle se traduit par un
la croissance économique réagissent à la déplacement de la courbe de demande
croissance démographique et au progrès Troc (Barter) Échange direct d’un bien
technologique ou service contre un autre bien ou Variation de la quantité demandée
service ( Change in quantity demanded) Variation
Théorie quantitative de la monnaie des intentions des acheteurs lorsque le
( Quantity theory ofmoney) Théorie selon Unité de compte {Unit of account) prix d’un bien varie mais que tous les
laquelle, à long terme, une augmentation Mesure reconnue pour évaluer les prix autres facteurs influant sur ces intentions
de la quantité de monnaie engendre une des biens et des services restent constants ; elle se traduit par un
augmentation proportionnelle du niveau mouvement le long de la courbe de
des prix Valeur ajoutée ( Value added) Différence
demande
entre la valeur de la production d’une
Transfert de dépôts gouvernementaux entreprise et la valeur des biens intermé¬ Variation de la quantité offerte
( Government deposit shifiinf) Transfert diaires quelle achète à d’autres entre¬ ( Change in quantity supplied ) Variation
des fonds entre les comptes bancaires du prises des intentions des vendeurs qui se pro¬
gouvernement fédéral dans les banques à duit lorsque le prix d un bien varie mais
charte et la Banque du Canada Variation de l’offre {Change in supply)
que tous les autres facteurs qui influent
Variation des intentions des vendeurs qui
sur ces intentions restent constants; elle
Travail (Laboij Temps et efforts con¬ se produit lorsqu’un facteur qui influe
se traduit par un mouvement le long de
sacrés à la production de biens et de sur ces intentions, autre que le prix du la courbe d’offre
services bien, varie; elle se traduit par un
déplacement de la courbe d’offre Vitesse de circulation ( Velocity of circu¬
Travailleurs découragés (Discouraged
lation) Nombre moyen de fois qu’un
workers) Personnes qui, durant une réces¬ Variation de la demande ( Change in dollar est utilisé dans une année pour
sion, quittent temporairement la popula¬ demanal) Variation des intentions des acheter les biens et services calculés dans
tion active et qui, durant une expansion, acheteurs lorsqu’un des facteurs qui le PIB
Axe(s), 26 tangibles, 56
coupures d’, 27 usagés, 132
des abscisses, 26 Bien-être économique, 141
des ordonnées, 26 Bilan, 247
de la Banque du Canada, 267
Budget gouvernemental, 212-218
Balance
équilibré, 213
commerciale, 510, 512
multiplicateur du, 222
des paiements, les comptes de la,
Abscisses, 27 542-544
axe des, 26 Banque(s) Caisse d’économie, 248
Accord(s) à charte, 247, 271 Capital(aux), 18, 43, 126
de libre-échange nord-américain base monétaire et réserves des, 273 accumulation de, 50
(ALENA), 529 centrale dépendante ou indépen¬ compte, 542
voir aussi Libre-échange et dante, 266 dette publique et, 215
ALENA création de monnaie par les, 249 humain, 43, 162
entre économistes, 15, 16 du Canada, 266 croissance du, 401
général sur les tarifs douaniers et le actions de la, 284 investissement dans le, 486
commerce (GATT), 520 bilan de la, 267 rendements social et
Accumulation de capital, 50 interventions sur le marché des privé du, 486
Achat changes, 554, 555 inflation sur le marché des, 463
détermination des inten¬ règles de rétroaction à la, 490 intérêt et, 372
tions d’, 156 origine des, 243 rôle central du, 430
facteurs qui influent sur les inten¬ réserves des, 273 stock de, 371
tions d’, 68 Barème Cause de l’effet, dégagement
parité des pouvoirs d’, 141 d’offre, 73 de la, 13
pouvoir d’, 414, 377, 553 agrégée à court terme, 160 Ceterisparibus, 13, 36
Actif(s), 247 de demande, 69 Change(s)
liquide, 246 agrégée, 156 marché des, 546-555
net, pouvoir d’achat de 1’, 377 Barrières non tarifaires, 520, 523 taux de, voir Taux de change
Activité de la main-d’œuvre, taux d’, invisibles, 525 Charte, banques à, 247, 271
348, 349 Base monétaire, 267 Chèques, 244, 245
Agriculteurs, revenus nets des, 133 et réserves des banques, 273 Choix, science des, 8
ALENA, 185, 509, 520, 532 et taux d’intérêt, 278 Chômage, 103-105, 480
Amortissement, 371 Bénéfices des sociétés avant impôts, 133 causes du, 361
Analyse marginale, 9 Besoins, double coïncidence des, 57, 241 conséquences du, 105
Anticipation, 157 Bien(s) cyclique, 356
rationnelle, 434-436, 464 complémentaire, 70 données démographiques
Antiprotectionnisme, 525 de consommation (durables sur le, 354
Appréciation (d’une monnaie), 552 ou non), 43 durée du, 353, 354
Apprentissage par la pratique, 55 de production, 43 emplois et, 364
Arc, pente le long d’un, 35 échange de, 518 équilibre de, 165
Argument des industries et services frictionnel, 355
Régime de 1’, 212 consommation en, 132 PIB réel et, 356
Attraction, effet d’, 300 exportations de, 132 plein emploi et, 352
absolu, 54, 517 intermédiaires, 132, 134, 135 réduction du, 279, 280
de l’échange, 52, 54, 514 intermédiaires, 132, 134, 135 types de, 355
Décisions économiques, coordination des changes, 548, 549 Directives, coordination par, 19
des, 18 Dépense(s) Dispersion, diagramme de, 27, 28
Déficit(s), 113, 114, 216 agrégée, 129, 135, 136, 196 Diversité, 528
budgétaire (s), 213 barème de, 187 Données, représentation graphique
cycle économique et, 224 courbe de, 187, 189 des, 26
des secteurs public et privé, 546 modèle de la, 196 voir aussi Graphique(s)
effets à long terme des, 230 planifiée, 179, 188, 197 Douane, droits de, 520, 526
cyclique, 225 autonomes, 189, 198 Droit(s)
dette publique et, 215 budgétaires, 212, 213 de douane, 520
du compte courant, le, 481 Comptes nationaux des revenus et, compensateurs, 526
public, réduction du, 498 132,133 de propriété, 42, 56
structurel, 225 d’équilibre et PIB réel, 187, 297 Droite
Déflation, 112 d’investissement, 184 à 45°, 179
Demande, 68, 69
de consommation, 127, 179 pente d’une, 34, 35
agrégée, 156, 169, 196, 197 épargne et, 376 Dumping, 526
barème de, 156
effectives et PIB réel, 189
courbe de, 156-159, 169 égalité entre les revenus, la valeur de
dépenses gouvernementales
production et les, 127 Écart
et, 226
équilibre des, 189, 190, 297 inflationniste, 165
déterminants de la, 157
exclues de l’évaluation du PIB, 132 récessionniste, 165, 199
du cycle économique, théotie de
finale, 132, 135 statistique, 543
la, 431
flux circulaire des, 128 Échange (s), 58
effets d’un changement de la,
gouvernementales, 129, 132, avantages de 1’, 52-55
166, 167
184,215 conventions sociales de 1’, 56
inflation et, 458, 461
demande agrégée et, 226 de biens et/ou de services, 510,
modèle de la, 196
effets engendrés par une varia¬ 511,518
monnaie et, 296
tion des, 301 équation d’, 281, 282
politique
en biens et services, 213 équilibre des, 515
budgétaire et, 226, 298
multiplicateur des, 218-220 gains à 1’, 514, 517
monétaire et, 302
induites, 189, 192 instrument d’, 241
ralentissement économique, 170
méthode des (calcul du PIB), 131 libre-, 516
récession et, 443
personnelles de consommation en monétaire, 57
stabilisation de la, 487, 488
biens et services, 132 Échelle, économies d’, 519
taux d’intérêt et, 296
planifiées et PIB réel, 189 Économie(s)
variations de la, 198
publiques, voir Dépenses gouverne¬ baromètres de 1’, 125
augmentation de la, 72, 81
mentales caisse d’, 248
barème de, 69, 374
taux d’intérêt et, 390 d’échelle, 519
courbe de, 69, 71
Déplacement de la courbe, 49, 71 de marché, 20
d’investissement, 374-376
d’offre agrégée à court ou long définition de 1’, 15
de consommation, 378-383
terme, 163 évolution de 1’, 172
de dollars, variations de la, 549
de demande agrégée, 158, 159 fermée, 17
de monnaie, 252-255
Dépôts, 244 mixte, 20
au Canada, 258, 549
gouvernementaux, transferts de, 270 mondiale, 20, 158
de travail, 328-331
multiplicateur de, 251 équilibre à long terme dans 1’,
au Canada, 330
Dépréciation (d’une monnaie), 126, 383,384
courbe de, 357
dérivée, 548 134,547, 552 ouverte, 20
évolution de la, 69, 71, 80 Désaccords entre économistes, 15, 16 vue d’ensemble d’une, 17
excédentaire, 77 Désépargne, 180 Économique, 1’, 8
inflation par la, 458-460 Dette publique (gouvernementale, Économistes
loi de la, 68, 71 nationale), 213, 215 accords et désaccords entre,
modification de la, 71, 72, Dévaluation, 498 15, 16
78-80 Devises étrangères, réserves officielles du fonction des, 11
spirale inflationniste, 459 Canada, 542 keynésiens, 489
sur le marché Diagramme de dispersion, 27, 28 monétaristes, 488
du travail, 357 Différentiel d’intérêt canadien, 549 raisonnement des, 8
57*
Index
Effet(s) coût d’opportunité de production nettes, 129, 386, 387, 389, 510, 545
d’attraction, 300 d’une, 45 excédent des, 530
d’éviction, 300 esprit d’, 18, 43 restriction volontaire d’, 523, 524
international, 300, 301 investissement des, 132
d’un changement de la demande non agricoles individuelles, revenus
agrégée, 166 nets des, 133
de l’Accord de libre-échange nord- production des (calcul du
américain, 529 Facteurs
PIB), 134
de l’inflation, 463 coût des, 134
Environnement, normes laxistes, 528
de la politique expansionniste sur de production, 18
Épargne, 127, 179, 181
l’emploi, 309, 310 prix des, 73
brute, 485
de la politique monétaire sur les taux influant sur les intentions
dépenses de consommation
de change et d’intérêt, d’achat, 68
et, 376
276, 308 de vente, 73
et croissance, 414
de revenu, 68, 332 marché des, 18, 439
facteur de croissance écono¬
de richesse, 157, 196 mique, 400 méthode des revenus des (calcul du
de substitution, 68, 139, 157, PIB), 133
fonction d’, 179, 180
196,331 prix relatifs de, 160
nationale (publique et privée), 130,
intertemporelle, 438 revenu intérieur net au coût des, 134
484-486
de variation de l’offre de monnaie, nette, 485 Fiducie et de prêt hypothécaire, société
302-306 de, 248
offre d’, 378
dégagement de la cause de 1’, 13 Financement
taux au Canada, 485
des quotas et des restrictions volon¬ des investissements, 130, 545
théorie néoclassique de 1’, 411
taires d’exportation, 524 du déficit, 312
Équation d’échange, 281, 282
des transferts de dépôts gouverne¬ Flux, 126
Équilibre, 77
mentaux, 270 sur le marché du travail, 353
à long terme dans l’économie
en chaîne de la politique moné¬ Fonction
mondiale, 383, 384
taire, 277 d’épargne, 179, 180
budgétaire, 213
multiplicateur, 192 d’importation, 186, 187
de chômage, 165
d’une opération sur le marché de consommation, 179, 180
de plein emploi, 165, 202
libre, 273-276 canadienne, 182, 183, 200
rupture de 1’, 463
Efficience de production, 325-328
de suremploi, 165
dans la production, 44 de productivité, 403
dépenses d’, 187, 296
économique, 15 Fonds à un jour, taux des, 268, 269
des dépenses, 189, 190, 296
salaires d’, 362 Friedman, Milton, 505
des échanges, 515
Emploi(s), 103 Fuites, 130
du libre-échange, 516
assurance-, 212, 361 du marché
chômage, population active et, des changes, 551, 552
349, 364 du travail, 333, 336
effets de la politique expansionniste monétaire, 256, 257 Gains
sur le plein, 309, 310 du taux d’intérêt, 296, 297 à l’échange, 514, 517
équilibre de plein, 165, 202, 463 macroéconomique, 164, 166 du commerce international dans le
global, 11 à court terme, 164 monde réel, 518
plein, 165, 202, 309, 310, 357, 463 et plein emploi, 165 Garantie partielle, 243
prestations d’assurance-, 361 PIB d’, 198, 227 Gatt, 520
rationnement des, 362 prix d’, 77 Gouvernement(s), 18
récession et, 444 quantité d’, 77 budgets des, 212-217
recherche d’, 361 Équité, 15 déficits budgétaires des, 113,
Régime de l’assurance-, 212 Erreur 213,230
salaires et, 347, 357-359 décomposition, 14 dépenses des, 129, 213, 215
sauvegarde des, 527 du post hoc ergo hoc, 14 Graphique(s)
taux d’, 348 Esprit d’entreprise, 18, 43 à deux variables, 26
Emprunteur net, 544 Éviction, effets d’, 300, 301 à une seule variable, 26
Emprunts étrangers, 130 Expansion, 108, 195 de coupe transversale, 29, 30
Entreprise(s), 18, 127 Exportateur net, 510 de relations entre plus de deux
courbe'des possibilités de production Exportation(s), 185, 510 variables, 36, 37
d’une, 43, 46 de biens et services, 132 de séries chronologiques, 28, 29, 30
573
Index
trompeurs, 30, 31 politique en matière d’, 493 de la demande, 68, 71, 548
utilisés dans les modèles prévention par les coûts, 493 des mesures d’importations parti¬
économiques, 31 prévue, 464, 465 culières, 526
Gresham, loi de, 242 ralentissement de P, 495 des rendements décroissants,
réduction de f, 495, 496 403, 430
taux
Heures travaillées, somme des, 330, 351 d’, 280, 282, 283, 457
Howitt, P., 97 d’intérêt et, 471 Ml et M2+, 244, 246
Hyperinflation, 113, 466 Injections, 130 Macroéconomie, 11, voir aussi Politique
Innovation financière, 253 macroéconomique
Insiders-outsiders, théorie des, 362 notions de, 100
Importateur net, 510 Institutions financières, fonctions origines et objets d’étude, 102
Importation(s), 186, 194, 510 économiques, 248 Main-d’œuvre, 103
de biens et services, 132 Instrument d’échange, 241 étrangère, concurrence avec la, 527
fonction d’, 186, 187 Intérêt(s) marché à court terme, 161
quota d’/à 1’, 498, 523, 524 canadien, différentiel d’, 549 relocalisation sectorielle de la, 360
Imposition, taux marginal d’, 182, 217 capital et, 371 taux
Impôts, 194 paiement d’, 213 d’activité de la, 348, 349
autonomes, 217 réel, taux d’, 184, 372, 373, 374, de participation de la, 332
multiplicateur des, 220-222 377, 383, 386 Marchandise, monnaie-, 242
induits, 217, 223 taux d’, voir Taux d’intérêt Marché, 18, 56
nets, 129, 182 Intermédiaire financier, 247 coordination par le, 19
bénéfices des sociétés avant, 133 Investissement(s), 126, 128, 371, 373, de la main-d’œuvre à court
directs et indirects, 134 384,386 terme, 161
sur le revenu brut, 126, 371 des capitaux, inflation sur le, 463
des particuliers, 212 demande d’, 374, 375, 376 des changes, 546-555
des sociétés, 212 dans de nouveaux biens demande sur le, 547
Incitatif, 10 d’équipement (croissance équilibre du, 551, 552
Incohérence temporelle, économique), 400 interventions sur le, 555
problème d’, 497 dans de nouvelles techniques, 486 la Banque du Canada sur le,
Indicateurs de la politique monétaire, dans le capital humain, 486 554,555
268,269 dépenses gouvernementales d’, 184 offre sur le, 549
Indice des entreprises, 132 des facteurs, 18, 439
des prix, 67, 136 exportations nettes et, 386, 387 des produits, 18
à la consommation (IPC), 111, financement des, 130, 545 du travail, 333, 336, 348, 350, 353,
136, 137 net, 126, 371 358,359
implicite du PIB, 137, 138 rôle central de 1’, 430 indicateurs du, 348
Industries naissantes, argument taux d’intérêt et, 296, 384 inflation sur le, 463
des, 526 titre d’, 248 offre et demande sur le, 357, 358
Inflation, 106, 111-113, 172, 281, IPC, voir Indice des prix à la consomma¬ récession et, 443
crédible et annoncée, 495 Keynes, John Maynard, 102, 1 15, 306 équilibre du, 256, 257
dans le monde, 283 voir aussi Théorie keynésienne prix du, 134
de l’économie canadienne, 169, 282 Keynésianisme (keynésiens), 306, 307, Masse monétaire
lutte au Canada contre 1’, 497 Libre-échange, 516, 529 gestion de la, 271
mesures de 1’, 138, 140 Licenciements, 352 taux de croissance de la, 282
par les coûts, 460-462, 493 de Gresham, 242 Méthodes de calcul du PIB, 131,
PIB réel et, 482 de l’offre, 73, 75, 550 133, 134
S74
Index
demandée, 68, 72 Restriction volontaire d’exportation, ou privé, déficit et surplus des, 546
de travail, 328 523,524 Séries chronologiques
de PIB, 156, 157 Rétroaction, règle de, 487-492 comparaison de deux, 29
offerte, 73 Revenu(s) graphique de, 28, 29, 30
de PIB réel, 339 agrégé, 127, 136 Services, 43
de travail, 331 attendu, 378 biens et, voir Biens et services
modification de la, 75 complémentaires du travail, 133 Société(s)
Quota d’/à l’importation, 498, de placements, 133, 212 bénéfice avant impôts des, 133
523, 524 des consommateurs, 70 de fiducie et de prêt hypothé¬
des facteurs, méthode des, 133, 135 caire, 248
des particuliers, impôts sur le, 212 impôts sur le revenu des, 212
Ralentissement économique, 170 des sociétés, impôts sur le, 212 Solde budgétaire, 212, 216
Rareté, phénomène de la, 8 disponible, 157, 179, 181, 377, Solow, Robert, 423
Ratio, 48 379, 380 Somme des heures travaillées, 350, 351
effet de, 68, 332 Spécialisation, 52, 54
Rationnement des emplois, 362
Rattrapage économique, 398, 399 égalité entre les dépenses, la valeur de Spirale inflationniste
Récession, 107, 195, 441 production et les, 127, 129 par la demande, 459
Recettes budgétaires, 212, 213 et dépenses, Comptes nationaux des, par les coûts, 462
Recherche d’emploi, 361 132,133 Stabilisateurs économiques, 223, 224
flux circulaire des, 128 Stabilité, 528
Régime de l’assurance-emploi, 212
global, 11 économique, 15, 223, 224
Règle (s)
impôts sur le, 212 Stagflation, 168, 461, 494
de rétroaction, 487-492, 494
intérieur net au coût des Stock, 126
du tiers, 404
facteurs, 134 de capital, 371
fixe, politique fondée sur une,
net(s), 143 Subsistance, salaire réel de, 409
487-492, 494
des agriculteurs ou des entrepri¬ Substitut, 9, 70
Règlement officiel, 542
ses non agricoles indi¬ Substitution
Réglementation financière, 248
Relation(s) viduelles, 133 effet de, 68, 139, 157, 196, 331
redistribution des (inflation), 463 intertemporelle, 332, 438
négative ou inverse entre des va¬
relation entre la consommation principe de, 9, 67
riables évoluant en sens
et le, 27 Subventions, 134
opposé, 31
Richesse, 127 Surplus, 78
pente d’une, 34
économique, les sources de la, 63, 64 budgétaire, 213
positive, directe ou linéaire entre
effet de, 157, 196
deux variables évoluant dans des secteurs public et privé, 546
Romer, Paul, 423
le même sens, 31, 32, 33
qui ont un maximum et un mini¬
mum, 32, 33 Tarifs douaniers, 498, 520-523
Rendement(s) Salaire(s), 133 voir aussi Droits de douane
décroissants, loi des, 403, 430 d’efficience, 362 Taux
social et privé du capital de réserve, 332 créditeur des banquiers, 269
humain, 486 emploi et, 347, 358 d’activité de la main-d’œuvre, 332,
Rentabilité, taux attendu de, 374 inflation et, 459 348,349
Rente perpétuelle, 256 minimum, 363 d’emploi, 348, 349
Représentation graphique des nominal, 328, 329, 334, 337, d’épargne au Canada, 485
données, 26 339, 351 d’escompte, 269
voir aussi Graphique(s) réel, 328, 329, 351 d’inflation, 280, 457
Réserve(s), 247 constant, 329 au Canada, 282
coefficient de, 250, 268 de subsistance, 409 dans le monde, 283
des banques, base monétaire et, 273 récession et, 444 d’intérêt, 184
désirées, 250 rigidité des, 363 base monétaire et, 278
excédentaires, 250 Schumpeter, Joseph, 423 coordination des politiques
obligatoire, coefficient de, 268 Science monétaire et budgétaire
officielles de devises étrangères du des choix, la, 8 et, 311
Canada, 542 économique, la, 11 croissance du PIB réel et, 281
salaire de, 332 Secteur(s) public demande
Réservoir de valeur, 242 canadien, 216 agrégée et, 296
577
Index
Chapitre 11
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