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Chapitre VI 

: L’investissement

Section I / Notions de base

I/ Définitions
 L’investissement est une dépense engagée en vue d’obtenir des flux de revenus futurs.

 L’investissement est défini aussi comme l’achat de biens de production durables. On limite la
notion aux dépenses visant à acquérir des biens servant directement et pendant plus d’un an à
la production. Ces dépenses se distinguent de la consommation intermédiaire dans la mesure
où elles s’inscrivent dans un cycle de long terme, alors que les consommations intermédiaires
sont utilisées en une seule fois et immédiatement détruites ou transformées dans le processus
de production.

Selon la conception de la comptabilité nationale, l’investissement s’inscrit comme une opération de


"formation brute de capital fixe" (FBCF) qui représente l’ensemble des biens durables permettant aux
unités de production de maintenir, d’augmenter et de moderniser leur capital technique, et ceci
pendant plusieurs cycles de production.

II/ Typologie : l’investissement constitue la base du capital dans la mesure où il per- met à la fois
son renouvellement (dépréciation avec le temps) et son développement (innovation, progrès technique)

1/ L’investissement immatériel : il n’augmente pas le stock de biens durables de l’entreprise.


Il concerne les dépenses autres que celles en capital fixe, mais toujours dans l’objectif de
générer des bénéfices futures.

Les principaux investissements sont : la formation du personnel, les dépenses en recherche et


développement, l’acquisition de logiciels, l’achat de brevets ou de licences d’exploitation, la publicité.

2/ L’investissement matériel : il désigne les acquisitions physiques des entreprises telles


que : les achats de terrains, de bâtiments, des machines, des véhicules. Selon l’objectif
recherché, l’entreprise choisit l’un des investissements suivants :

III/ Modes de financement : Pour investir, l’entreprise a besoin de ressources financières.


Comment trouver ces moyens de financement ?

1/ Financement interne : ce n’est autre que l’autofinancement. L’entreprise utilise ses


propres ressources pour investir. Cela suppose que la firme a réalisé de bons résultats et qu’à
partir des profits dégagés au cours de son activité productive elle a pu constituer une épargne
substantielle.

En comptabilité nationale :
Le taux d’autofinancement = (Epargne brute/ FBCF) * 100
Ce mode de financement présente l’avantage de financer les investissements sans subir les coûts
d’intérêt et de garder l’autonomie de gestion de l’entreprise. En revanche, l’inconvénient du
financement interne est le fait que les actionnaires, privés des dividendes, attendent des profits élevés.

2/ Financement externe :

 L’augmentation du capital : quand l’autofinancement est insuffisant, l’entreprise peut éviter


l’endettement en faisant appel aux propriétaires du capital ou à de nouveaux associés. Elle
procède à une augmentation du capital par émission de nouvelles actions. Cette formule
présente l’avantage pour l’entreprise de ne pas s’endetter mais l’inconvénient de modifier son
autonomie de direction par l’entrée de nouveaux actionnaires.
 L’emprunt : le fait de recourir à l’endettement ne doit pas être jugé comme une erreur de
gestion, mais au contraire comme le fait d’une entreprise saine ayant des projets d’avenir
surtout si les taux d’intérêt sont faibles. L’emprunt occasionne des coûts et frais de
remboursement fixes (qui ne dépendent pas de l’activité). Comme l’investissement n’est pas
rentable dans l’immédiat, ceci peut avoir des conséquences lourdes sur l’entreprise. Par contre,
si le rendement du projet d’investissement est supérieur au taux d’intérêt, l’endettement est
avantageux et les profits futurs reviennent aux actionnaires.

Section2/ Les déterminants de l’investissement

L’analyse des déterminants de l’investissement se situe à deux niveaux :

- Au niveau microéconomique : quelles sont les motivations qui poussent les entre- prises à
investir ?
- Au niveau macroéconomique : quel rôle joue l’investissement dans le développement
économique d’une nation ?

I/ L’analyse microéconomique de l’investissement : le facteur capital reste tribu- taire de la


décision d’investissement qui dépend du taux d’intérêt. Ainsi, l’entrepreneur compare ce qu’il
avance à l’entreprise comme investissement et d’autres dépenses avec ce qu’il en retirera
comme revenus pendant la durée de son projet.

A ce niveau, le taux d’intérêt va intervenir pour rendre comparables les dépenses et revenus relatives à
des périodes différentes.
La rentabilité de l’investissement peut être étudiée selon deux règles connues dans la théorie des choix
de projet : la règle de la valeur actualisée nette (VAN) et la règle du taux de rende- ment interne (TRI).

1/ La valeur actualisée nette (VAN) : Un projet d’investissement a deux

conséquences :

- Une dépense d’investissement initial Io à la période zéro pour l’achat des équipements

- Une série de revenus annuels nets obtenus au cours de la durée de vie et d’activité du projet.

Les revenus nets sont la différence entre les recettes et les dépenses annuelles.

La valeur actuelle (VA) des revenus prévus et attendus d’un investissement sur plusieurs an- nées (R1,
R2,…) est calculée à partir du taux d’intérêt du marché (i), le taux auquel on peut prêter ou emprunter.

VA = R1/(1+i) + R2/(1+i)2 + R3/(1+i)3 + + Rn/(1+i)n

La valeur actualisée nette (VAN) est la différence entre les revenus futurs actualisés d’un pro- jet et
son coût à la période présente Io.

VAN = R1/(1+i) + R2/(1+i)2 + R3/(1+i)3 +..................+ Rn/(1+i)n - Io

La VAN est fonction de Io, Rt et i = f (Io, Rt, i ). Elle devient un critère pour le choix des pro- jets
d’investissement selon la règle suivante :

 Si VAN > 0, l’investissement rapporte plus que son coût donc il est à retenir

 Si VAN < 0, l’investissement n’est pas rentable car il coûte plus que ce qu’il rapporte. Il est à
rejeter.

D’après la formule, la VAN est une fonction décroissante du taux d’intérêt, car plus le taux d’intérêt
augmente, plus la recette totale nette du projet est faible.

2/ Le taux de rendement interne (TRI) ou l’efficacité marginale du capital : Le TRI noté


(r) correspond à ce que Keynes appelle l’efficacité marginale du capital. Il désigne le taux
d’intérêt pour lequel la valeur actuelle du flux de revenu attendu est égale au coût initial de
l’investissement. Le TRI d’un projet d’investissement est le taux d’intérêt pour lequel la
VAN du projet est nulle. C’est donc le taux d’intérêt maximum que peut payer le projet tout
en demeurant rentable.

Le TRI est défini à partir de l’équation suivante :


Io = R1/(1+r) + R2/(1+r)2 + R3/(1+r)3 +..................+ Rn/(1+r)n

La décision d’investissement peut être établie en comparant le TRI avec le taux d’intérêt.

 Si le TRI est supérieur au taux d’intérêt (i), l’investissement sera réalisé

 Si le TRI est inférieur à (i), le projet est à rejeter car l’investissement n’est pas rentable

En conclusion, rappelons que le choix d’investir selon ces deux règles dépend du taux d’intérêt (i). En
effet, la baisse du taux d’intérêt fait augmenter le montant des investissements et vice versa.

Application :

La société Krichène envisage d’investir 27000 dinars dans un projet dont la durée d’utilisation est
de 5 ans. Cette entreprise a une idée assez précise sur les revenus annuels nets qui seront générés par
cet investissement.

Année 1 2 3 4 5
Revenus annuels nets (R) 0 7000 15000 13000 7000

Le financement de cet investissement sera réalisé par un emprunt au taux d’intérêt annuel de 10%.

1/ Calculer la VAN du projet

2/ Qu’adviendrait-il de la VAN si le taux d’intérêt était de 15%

3/ Déterminer le TRI de ce projet

Solution :

1/ i = 10%

VAN = R1/(1+i) + R2/(1+i)2 + R3/(1+i)3 + R4/(1+i)4 + R5/(1+i)5 - Io = 3280,47 > 0

═══› la VAN est positive ═══› Projet à retenir

2/ i= 15%, VAN = -931,221 < 0

═══› la VAN devient négative ═══› le projet n’est plus rentable

3/ Par interpolation (méthode de résolution par tâtonnement) 10%


→ 3280,47
r → 0 (TRI = r)
15% → -931, 221
═══› TRI ?
(0,15 – 0,10)/ (0,15 – r) = (-931,221 - 3280,47)/- 931,221 = 4,523
═══› r = 0,1389 ═══› TRI = 13,89%

2/ L’analyse macroéconomique de l’investissement : si la décision d’investir s’intéresse à la


dimension microéconomique de l’investissement, quels sont les déterminants de
l’investissement d’un point de vue macroéconomique ?

En terme macroéconomique, l’investissement est une composante de la demande globale, au même


titre que la consommation et les exportations. C’est un agrégat déterminé principalement par deux
facteurs :

- La demande anticipée, estimée à partir d’une extrapolation, corrigée du cycle, des taux de
croissance antérieurs
- La profitabilité, qui correspond à l’écart entre la rentabilité économique et le coût du capital,
estimé à partir du taux d’intérêt.

L’investissement peut aussi être abordé du côté de l’offre. En effet, il agit sur l’offre et joue un rôle
important en économie, indépendamment de l‘orientation des politiques économiques.

L’investissement d’aujourd’hui est un déterminant de l’offre globale de demain dans la me- sure où il
accroît les capacités de production de l’économie, améliore la productivité globale et permet à
l’économie d’enregistrer des taux de croissance supérieurs.

Ainsi, les pays qui réservent une part importante de leur PIB à l’investissement, connaissent les taux
de croissance les plus élevés.

Il en découle qu’à l’échelle macroéconomique, l’investissement ne dépend pas uniquement du taux


d’intérêt mais aussi d’autres variables.

1/ L’investissement autonome : il est déterminé par les variables suivantes :


 La croissance démographique

 Le progrès technique qui impose un renouvellement des équipements

 Les décisions de l’Etat concernant l’infrastructure et l’investissement à caractère social.


Dans ce cas, l’investissement est considéré comme une donnée notée ĪA.

L’investissement autonome ne constitue pas la totalité des investissements. Il existe d’autres types
d’investissement qui sont en relation directe avec le revenu national et la demande.

2/ L’influence du revenu et de la demande : la variation du revenu dans une économie agit sur la
demande. La capacité de production doit alors s’adapter à la nouvelle de- mande, ce qui signifie de
nouveaux investissements.

Lorsque le revenu s’élève, la demande augmente, si le capital existant n’est pas sous employé,
l’investissement en capital s’accroît, afin d’augmenter les capacités de production.

Les enquêtes auprès des entrepreneurs montrent que la demande, qui conditionne les profits espérés,
est le premier déterminant de l’investissement.

Comme d’un point de vue macroéconomique, la demande est égale à la production, on constate que
l’investissement répond aux variations de la production de la manière suivante :

 Il suffit que la croissance diminue pour que l’investissement chute.

 Si la croissance s’accroit, l’investissement augmente fortement

La variation de l’investissement dépend donc de l’accélération de l’économie. C’est ce que l’on


appelle l’accélérateur d’investissement.

Le mécanisme de l’accélérateur montre que toute variation de la demande entraîne des variations
amplifiées si :

 Les entreprises fonctionnent à pleine capacité

 Le coefficient de capital (K / Production) est stable

3/ Le rôle des profits : le profit est source d’autofinancement, selon Helmut Schmidt, "les profits
d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après demain"

Cette relation est vérifiée par les études qui montrent une forte corrélation entre taux de marge et taux
d’autofinancement24indiquant que l’existence de profit conduit les entreprises à moins s’endetter.

Conclusion
L’investissement dépend de la volonté d’investir et de la capacité à le faire. Comme il dépend aussi du
climat de confiance ou de méfiance dans lequel évoluent les entreprises, d’où l’acharnement des
gouvernements à convaincre les entrepreneurs que l’environnement des affaires est favorable et qu’ils
peuvent avoir confiance en l’avenir.

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