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Choix d'investissement 21
Chapitre 2
Choix d'investissement
Une entreprise, quelque soit son secteur d'activité, cherche à maximiser son prot dans son
équippements ou des idées nouvelles qui vont renforcer sa capacité de production. La décision d'in-
vestir est la plus importante dans la vie de l'entreprise car, non seulement elle est quasi-irréversible
mais aussi elle met en jeu des capitaux énormes. Ce chapitre vise à répondre à la problématique
suivante : quels sont les critères de choix d'investissement ? La réponse à cette problèmatique nous
a conduit à présenter dans la première section les concepts concernant l'investissement, les trois
sections suivantes présentent le choix de l'investissement (avenir certain, avenir incertain et avenir
nancières en biens et services. Toutefois, l'investissement doit être perçu suivant le contexte dans
par exemple.
Des immobilisations hors exploitation telles que : des achats de terrains à des ns spéculatives,
des achats de titres de participation à des ns stratégiques et diverses réalisations à caractères
sociales.
b. Notion économique
Pour un opérateur économique, un investissement est un sacrice de ressources nancières au-
jourd'hui dans l'espoir d'obtenir des recettes étalées sur le futur et dont le montant est supérieur
aux ressources nancières dépensées. Selon cette conception, l'accent est mis sur la durée de l'inves-
tissement, sa rentabilité et l'introduction du risque. De ce fait, la vision du dirigean est plus large
que celle du comptable. En eet, le premier considère comme investissement ensemble des ressources
nancières mobilisées pour l'acquisition des biens d'équipement que celle relevant des compagnes
publicitaires, du recyclage du personnel, etc. Pour le manager, ces éléments constituent des dépenses
dont les eets se prolongent sur plusieurs année visant aussi bien le renforcement de la capacité de
production que l'ecacité des moyens de production.Or, ces éléments sont conçues par le deuxième
c. Notion nancière
Un nancier conçoit un investissement comme un emploi long nécessitant un nancement long
par des capitaux permanents (capitaux propres et dettes à moyen et à long terme) et doit générer
des revenus (recettes) an de se rembourser (objectif minime) sur sa durée de vie. Comme celle du
comptable, cette dénition est centrée sur le temps mais elle est plus générale et englobe
les dépenses classées par le comptable comme charge d'exploitation et qui correspondent au
Les investissements incorporels représentés par exemple par des droit de brevet, de bail, de
licence ou des charges ayant un impact dans le futur telles que les dépenses de la formation
Les investissements nanciers constitués par les placements et éventuellement par la prise du
remplacement
demande élevée
haut risque : il s'agit des investissements de capacité ou d'innovation eu égard à leur liaison
de la productivité
a. Acte de l'investissement
La décision d'investir doit être précédéee des études technico-économiques. Ceux-ci doivent dé-
s'ajoutent d'autres composantes sociales (emploi, formation, etc), scales. Ces éléments sont néces-
saires avant la prise de la décision d'investissement pour vérier les priorités arrêtées en fonction des
entre eux.
b. Financement de l'investissement
Le montant de l'investissement doit être déterminé d'une manière précise du fait que les capitaux
L'autonancement composé des diverses réserves constituées au cours de l'exercice après im-
pôts et distribution des dividendes, des dotations en compte d'amortissement et des provisions.
En général, les investissements dont la rentabilité est inferieur ou coût du capital nancier sont à
éviter.
c Processus décisionnel
Chaque processus décisionnel en matière d'investissement comporte cinq étapes essentielles
1. Détecter et poser clairement le problème, an de trouver la bonne décision qui justiera
l'investissement.
tissement I0 et ce qu'il peut rapporter, i.e. les gains futurs espérés. La connaissance de ces ux est
réalisation du projet doit être évalué. On peut entre autres citer le prix d'acquisition des biens
Cash-ow ou solde des ux de trésorerie induits par le projet : il s'agit du surplus monétaire
crée par l'investissement. Conventionnellement, l'année sert de base périodique pour le mesurer
bien que ce soit un phénomène continu. Il est égal à la diérence entre les recettes et les
La durée de vie du projet : un projet a une durée de vie qui conditionnera l'échéancier des cash-
ows. Généralement, la durée de vie économique d'un projet excède la durée d'amortissement
scal.
La valeur résiduelle : à la n de la durée de vie, les biens ont une valeur résiduelle. Cette valeur
est à prendre en compte pour le choix des projets. Elle est égale à la valeur vénale nette des
impôts sur les plus values. Elle doit être ajoutée au cash ow de la dernière année du projet
ments constitue un choix et il revient au gestionnaire de déterminer ceux qui sont bénéques pour
l'entreprise et ceux qui ne le sont pas. Pour pouvoir les distinguer, le gestionnaire peut employer
diérents critères :
Bénéce moyen
1
∑nt=1 Bt
TRC = = n
,
Investissement moyen (I+VR)
2
Dénition 2.2. Projets indépendants : Deux projets sont dits indépendants si l'acceptation
ou le rejet de l'un n'a aucun eet sur l'acceptation ou le rejet de l'autre.
Projets mutuellement exclusifs : Deux projets sont mutuellement exclusifs si l'on ne peut les
accepter en même temps. L'adoption de l'un des deux entraîne automatiquement le rejet de
l'autre.
Projets dépendants ou complémentaires : Deux projets sont dépendants ou complémentaires si
l'acceptation ou le rejet de l'un entraîne automatiquement l'acceptation ou le rejet de l'autre.
b. Règle de décision
Pour les projets indépendants, on accepte les projets dont le TRC excède un taux de référence
Pour les projets mutuellement exclusifs, on retient le projet dont le TRC est le plus élevé à
condition qu'il excède le taux minimum xé par les dirigeants de l'entreprise.
Exercice 2.1. Un projet nécessite un investissement de 5000 Euros. Sa durée de vie est de 5 ans.
L'entreprise amortira l'investissement sur 5 ans selon le système linéaire. Les bénéces annuels
après impôt sont : En se basant sur la méthode du TRC ce projet devrait-il être accepté si le TRC
Année 1 2 3 4 5
c. Avantages et limites
Le TRC semble ne présenter qu'un seul avantage à savoir la possibilité de le calculer en tout
temps puisque les renseignements comptables sont presque toujours disponibles. Cependant, son
utilisation dans le choix des investissements est peu recommandée. En eet, ses principales lacunes
sont :
Il est plutôt basé sur des bénéces comptables que sur des ux monétaires.
Le choix de taux de référence pour juger le TRC d'un projet est assez arbitraire
est intéressant
Pour les projets indépendants, on accepte les projets dont le DR est inférieur ou égal à un
Pour les projets mutuellement exclusifs : on retient le projet ayant le DR le plus court à
condition qu'il soit inférieur ou égal au délai de référence xé par les dirigeants de l'entreprise.
La méthode du délai de récupération est facile à appliquer, elle tient compte de la valeur tempo-
relle de l'argent et elle favorise la liquidité. Cependant, la méthode comporte certains inconvénients :
Elle ignore les ux monétaires qui surviennent après le délai de récupération.
En cas de projets mutuellement exclusifs la méthode peut conduire à retenir le projet le moins
rentable.
n
CFNt
VAN = −I0 + ∑
t=1 (1 + i)
t
négative.
règle de décision
Pour les projets indépendants, on accepte les projets dont la VAN est supérieure à zéro.
Pour les projets mutuellement exclusifs, on retient le projet dont la VAN est la plus élevée à
Avantages et limites
Le critère de la VAN présente une rigueur conceptuelle faisant de lui le critère de décision
préféré des experts nanciers puisqu'il indique directement la valeur créée par un investissement.
La principale limite du critère provient du taux d'actualisation utilisé. En eet, la méthode suppose
que les cash-ows dégagés sont réinvestis au cours des périodes suivantes au taux d'actualisation or
Exercice 2.2. X et Y sont deux projets mutuellement exclusifs dont les caractéristiques apparaissent
ci-après. Sachant que le taux d'actualisation est de 10%, calculer la VAN de chaque projet et dire
quel projet doit-on retenir ?
de la division de la valeur actualisée des ux monétaires à venir par l'investissement initial. En
conséquence, il constitue une mesure de la rentabilité d'un projet par unité monétaire initialement
∑nt=1 CF Nt (1 + i)−t
IR = .
I0
Un projet sera jugé rentable lorsque son indice de rentabilité est supérieur à 1. En eet, la valeur
actualisée des ux monétaires à venir est supérieure à l'investissement initial. Le projet a donc une
VAN positive. Par contre, Lorsqu'un IR est inférieur à 1, la VAN du projet est négative, ce dernier
Règle de décision
Pour les projets indépendants, on accepte les projets dont l'IR est supérieure à 1.
Pour les projets mutuellement exclusifs, on retient le projet dont l'IR est supérieure à 1 et le
plus élevé.
Avantage et limite
L'IR est étroitement lié à la VAN. Il peut se révélé utile lorsque nous comparons plusieurs projets
Exercice 2.3. On considère les mêmes données que l'exercice précédent mais calculons l'indice de
rentabilité.
pour lequel la somme des cash-ows actualisées est égale à la dépense initiale.
n
CFNt
⋆
le TRI esti tel que ∑ = I0 .
t=1 (1 + i )
⋆ t
Règle de décision
Pour les projets indépendants, on accepte les projets dont le TRI est supérieur au taux de
Pour les projets mutuellement exclusifs : on retient le projet ayant le TRI le plus élevé à
condition qu'il soit supérieur au taux de rendement requis par les dirigeants de l'entreprise.
Avantage et limites
Bien que le TRI constitue l'une des plus importantes solutions de rechange à la méthode de la
VAN, il présente parfois des problèmes dans le cas de certains ux monétaires (TRI multiples) ou
dans le classement des projets mutuellement exclusifs (conit avec les autres critères de décision).
L'utilisation du TRI est très fréquente. Certains gestionnaires le préfèrent à la VAN. Cependant,
l'utilisation de ce critère comporte certaines lacunes comme la possibilité d'obtenir plus d'un TRI
possible pour un même projet. Le problème est lié au fait que pour des projets ayant plus d'un
changement de signe dans la série des ux de liquidité, il existe plusieurs TRI.
Exercice 2.4. Une entreprise envisage 2 projets mutuellement exclusifs X et Y exigeant un in-
vestissement de 50000 TND et 30000 TND respectivement. Les ux anticipés relatifs à chacun des
projets sont : En se basant sur le critère TRI quel projet doit-on choisir si le taux de rendement
Année X Y
1 0 20000
2 0 12000
3 90000 10000
avec l'objectif nancier de l'entreprise. En eet un projet dont la VAN est positive peut être réalisé,
puisqu'il créera de la richesse. Alors qu'un projet dont la VAN est négative ne doit pas être réalisé
projet était attaché une suite déterminée de cash-ows. Une telle situation, bien que rendant le
choix aisé et immédiat est rare dans la pratique. En avenir incertain, pour un projet donné, il existe
autant de conséquences possibles que de situations pouvant survenir. Un ux monétaire correspond
une incertitude relative pour laquelle La probabilité que tel événement se produise est connue ;
une incertitude absolue dans laquelle la probabilité que tel événement se produise est inconnue.
Ainsi, le problème consiste à déterminer parmi un ensemble de projets d'investissement celui qui
Dans le cas d'une incertitude absolue, nous allons adopté l'exemple suivant tout au long de cette
section :
Exemple 2.2. Soit la matrice donnant les valeurs actuelles nettes de 4 projets possibles (P1, P2,
P3 et P4) selon 4 états de la nature (E1, E2, E3 et E4) susceptibles de survenir.
E1 E2 E3 E4
le résultat minimum obtenu pour chaque projet. D'un autre coté, ce critère nous permet de juger
chaque projet sur la base de l'état qui lui est le plus défavorable. Donc c'est un critère de l'investisseur
Minimum Maximum
P1 2500
P2 3000
P3 3500 3500 P3
P4 3000
le résultat le plus favorable et choisir le projet associé au meilleur de ces résultats. Ce critère est
optimiste puisqu'il laisse espérer le prot maximum. C'est le critère de l'investisseur optimiste.
Maximum Maximax
P1 6000 6000 P1
P2 5800
P3 4800
P4 5500
pour chaque projet la moyenne des performances conditionnelles et on choisit celui qui fournit la
Moyenne Minimum
P1 3875
P2 3825
P3 4200
P4 4250 4250 P4
b. Critère de Hurwicz
Ce critère maximise la somme pondérée de la meilleure et de la plus mauvaise performance. Pour
1-p en suite, pour chaque projet on sélectionne le pire et le meilleur des résultats. Dans le but de
calculer dans une troisième étape la combinaison linéaire de ces performance en pondrant le pire des
1-p . Donc le critère de HURWICZ consiste alors à maximiser cette combinaison linéaire.
Remarque 2.1. si (p=0) alors l'investisseur est extrêmement optimiste donc on retrouve le critère
du Maximax. Si (p=1) alors l'investisseur est extrêmement pessimiste et cela nous fait passer au
critère de Wald (Maximin).
obtenue dans le cadre d'un scénario donné et celle qui est obtenue pour ce même scénario contenu de
la décision retenue. Le critère de Savage est basé sur la minimisation du regret maximal que pourrait
entraîner un mauvais choix. Ainsi, l'utilisation du critère de SAVAGE nécessite la construction d'une
nouvelle matrice que nous appelons la matrice des regrets conditionnels. Dans le but de choisir le
États de la nature E1 E2 E3 E4
E1 E2 E3 E4 Maximum Minimax
calcule de l'espérance mathématique des resultats de chaque projet. Pour ce calcule, il est nécessaire
d'associé chaque état de nature avec une probabilité de réalisation. PASCAL choisie le projet qui
b. critère de MARKOWITZ
Ce critère vient complété le critère de pascale, pour MARKOWITZ l'utilisation de l'espérance
mathématique ne peut seule permettre d'eectué le choix entre projets, il faut chercher le couple
c. Critère de BERNOULLI
Ce critère cherche a maximisé la moyenne du logarithme népérien des performances. Donc pour
ce critère il faut calculé pour chaque projet la moyenne de l'utilité des performances conditionnelles.
les valeurs que peut prendre le cash-ow relatif à un exercice donné et d'aecter une probabilité
déterminée à chacune de ces valeurs. En d'autres termes, chaque cash-ow d'un projet d'investis-
sement est une variable aléatoire dont on connaît la loi de probabilité. Dans une telle situation
plusieurs critères d'évaluation et de choix peuvent être utilisés. Dans un univers aléatoire on peut
calculer l'espérance mathématique E(VAN), la variance et l'écart-type de la VAN d'un projet. L'es-
pérance mathématique peut alors représenter une mesure de la rentabilité du projet, tandis que
la variance (ou l'écart-type) permettra plutôt d'apprécier le risque que représente le projet. Néan-
moins, le recours aux probabilités est plus ou moins complexe selon que les cash-ows sont ou non
interdépendants.
n
E(CFNt )
E(VAN) = −I0 + ∑ ,
t=1 (1 + i)
t
nt
avec E(CFNt ) = ∑ CFNtj × ptj
j=1
où
n
V ar(CFNt )
V ar(VAN) = ∑
t=1 (1 + i)2t
nt
avec V ar(CFNt ) = ∑ (CFNtj − E(CFNt ))2 ptj .
j=1
Plus la variance, l'écart-type est élevé, plus le risque du projet pris isolément est grand. Quand
on compare des projets de montants diérents, on peut mesurer le risque relatif (coecient de
Ecart(type(VAN)
.
Espérance(VAN)
Plus ce rapport appelé coecient du risque est bas, plus le risque relatif du projet est faible.
On accepte le projet lorsque l'espérance mathématique de la VAN est positive. Entre plusieurs
projets, on retient celui qui possède l'espérance mathématique la plus élevée. Mais, le critère de
cette norme, le projet peut être rejeté. Entre plusieurs projets, on est nalement amené à comparer
les diérentes espérances mathématiques en tenant compte du risque lié à ces projets. On retient le
projet qui a le plus faible risque relatif à condition que sa l'espérance de la VAN soit positive.
Exercice corrigé
Considérons deux projets mutuellement exclusifs X et Y. Chacun des deux projets a une durée
de vie d'un an et permet la réalisation des cash-ows suivants : Le taux sans risque est de 10%.
Quel projet la rme devrait-elle retenir si son objectif est de minimiser le coecient de varia-
tion.
Solution
0,3 50000
0,2 60000
0,2 62500
0,3 70000
0,3 20000
0,4 40000
0,3 60000
Et enn que :
Compte tenu de son objectif, l'entreprise devrait retenir le projet X puisqu'il ore le plus faible
risque relatif.
alternant avec une série de conséquences possibles. Le décideur est confronté à plusieurs opportu-
nités, chacune pouvant entraîner des événements diérents auxquels il est possible d'attacher des
probabilités de réalisation. Le décideur peut répondre à chaque événement au moyen d'une déci-
sion appropriée qui, elle-même, aura un certain nombre de conséquences (événements) également
événement et du résultat engendré par chaque opportunité (décision) rend possible le calcul de
l'espérance de gain associée à chaque décision. C'est le principe de l'arbre de décision. Un arbre de
16 0,2 13 0,3
20 0,6 15 0,4
24 0,2 17 0,3
décision permet une représentation visuelle de la série de choix successifs. Deux contraintes doivent
être respectées
Contraintes d'exclusivité : les décisions doivent être exclusives les unes des autres.
Exercice corrigé
Soit un projet nécessitant un investissement de 50000 u.m et dont la durée est de deux ans. Le
taux sans risque est de 10% et les ux monétaires ont la conguration suivante
2. Les dirigeants de l'entreprise ont décidé de n'accepter que les projets ayant un coecient de
Esquisse de solution
Ainsi :
4000 24050
E(VAN) = −50000 + + = 6240.
1, 1 (1, 1)2
De même, chaque étudiant doit montrer que σ(VAN) = 14096, 846.
Chaque étudiant peut calculer CV = 2, 26.