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DROIT DU TRAVAIL
CYCLE DE LICENCE :
Bibliographie sélective
1- DOCKES (E), Droit du travail, coll. Hypercours, Dalloz, Paris, 2019,
2- DOUBLIES (R.), Manuel du Droit du travail du Cameroun, LGDJ, Paris, 1973.
3- PELISSIER (J), SUPPIOT (A) et JEAMMAUD (A), Droit du travail, Dalloz, Paris,
2006.
4- POUGOUE (P-G), Droit du travail et de la prévoyance sociale au Cameroun, Tome
1, Presses Universitaires du Cameroun, Yaoundé, 1988.
5- TEYSSIE (B), Droit du travail, Tome 1 et Tome 2, Litec, Paris, 2005.
6- TCHOKOMAKOUA (V) et KENFACK (P-E), Droit du travail camerounais,
Presses Universitaires d’Afrique, Yaoundé, 2000.
7- PELISSIER (J), LYON-CAEN (A), JEAMMAUD (A) et DOCKES (E), Les grands
arrêts du droit du travail, Dalloz, paris, 2018.
8- Code du Travail Camerounais Annoté, Presses Universitaires d’Afrique, Yaoundé,
1997,
9- Projet d’Acte uniforme OHADA, portant code du travail.
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INTRODUCTION
Le travail occupe dans notre société une place importante ; il faut cependant convenir avec M.
DESPAX, dans son « Que Sais-Je », que « L’histoire du travail humain ne se confond pas
avec l’histoire du droit du travail ». Car il faut attendre l’époque moderne pour voir se
développer une véritable législation sociale.
En effet, jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, le travail humain a été essentiellement régi sur la
base de rapports individuels de « maître à esclave ». A cette époque, il est impossible de
mettre en évidence une législation globale prenant en compte les droits des personnes placées
sous la subordination d’autres personnes, même si l’analyse de l’évolution historique du droit
du travail au Cameroun laisse entrevoir un cheminement progressif vers la codification et la
création d’une législation sociale.
Nous allons, dans cette introduction, retracer les notions et les finalités du droit du travail
d’une part, et ses sources d’autre part.
1° - suppose un travail effectué par l'une de ces personnes (le travailleur) au profit de l'autre
(l'employeur), la prestation de travail doit être personnelle.
2° - suppose une rémunération versée en contrepartie de ce travail, le contrat de travail est un
contrat à titre onéreux.
3° - suppose, encore, que ce travail s'effectue dans le cadre d'une relation d'autorité :
l'employeur a le droit de donner des ordres et des directives au salarié, de contrôler le travail
de celui-ci et de sanctionner les manquements.
« L’employeur » quant à lui est toute personne qui crée une activité professionnelle et qui
recrute des personnes pour l’exécuter moyennant paiement d’un salaire. L’employeur n’est
pas nécessairement (comme nous le verrons un plus loin), le chef d’entreprise. C’est en
somme celui qui donne les directives et les ordres.
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Le droit du travail ne régit qu'une partie de ce que le langage courant appelle « travail ». À
plusieurs reprises, le Code du travail définit son champ d'application en ayant recours aux
termes d'« employeur » ou/et de « travailleur » qui désignent chacune des deux parties au
contrat de travail.
Les situations ne découlant pas d'un tel contrat, ne sont pas soumises au droit du travail.
Ainsi, deux catégories de travailleurs ne sont pas soumises au droit du travail ; il s’agit des :
- Travailleurs indépendants, (c’est-à-dire ceux qui exercent des activités pour leur
propre compte : commerçants, artisans, agriculteur cultivant leur propre terre, avocats,
etc.)
- agents publics.
La présomption instituée n'est qu'une présomption simple qu'il est possible de combattre en
administrant la preuve de l'existence d'un « lien de subordination juridique permanente ».
Le droit du travail ne s'applique pas aux rapports de travail nés dans le cadre des
services publics administratifs. C'est une très vieille tradition. Pour ce qui concerne,
plus particulièrement, les services publics administratifs, les conditions de travail ne se
négocient pas de gré à gré, parce que c'est l'intérêt général qui est en jeu. C’est ce qui
explique que les conditions de travail des fonctionnaires découlent non pas d’un
contrat, mais d’un statut.
Il ressort en effet de l’art. 1er al. 3, du code du travail, que certaines catégories de travailleurs
sont exclus du champ d’application du code du travail ; il s’agit des personnes régies par :
Néanmoins, tous les agents des services publics ne sont pas fonctionnaires :
il arrive que les services publics à caractère administratif aient recours au contrat pour
satisfaire leurs besoins de main-d’œuvre.
Ces situations qui devraient rester exceptionnelles se développent néanmoins. Longtemps, une
distinction subtile était opérée parmi ces agents contractuels : ceux qui avaient pour mission
d'assurer le fonctionnement du service public administratif étaient considérés comme des
contractuels de droit public, leur contrat n'était pas soumis au droit du travail et les litiges en
découlant relevaient donc des juridictions administratives ; en revanche, ceux dont la tâche ne
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participait pas directement au service public administratif étaient titulaires d'un contrat de
travail de droit privé.
Le droit du travail est souvent présenté comme un droit de justice sociale, destiné à protéger
les salariés contre les abus des employeurs.
La protection de la partie faible au contrat de travail (le salarié) est évidemment un des axes
majeurs de la législation sociale. Ce qui est compréhensible ; mais il n’en reste pas moins
qu’il serait excessif de faire d’elle la fonction essentielle du droit du travail. L’intérêt de
l’entreprise doit également être pris en compte.
Les finalités du droit du travail sont donc de deux ordres :
- La finalité socio-politique
- Et la finalité économique.
a) La finalité socio-politique
Le droit du travail vise à protéger le salarié, considéré comme la partie vulnérable. Pour y
parvenir, certaines mesures sont prévues notamment :
- La stabilité de l’emploi à travers l’obligation pour le nouvel employeur de maintenir le
contrat de travail en cas de changement juridique à la tête de l’entreprise ;
- L’institution des délégués du personnel qui servent de courroie de transmission entre
les salariés et l’employeur ;
- Le respect de la procédure en cas de rupture du contrat de travail (préavis, motivation,
notification, autorisation préalable de l’inspecteur du travail pour le licenciement des
délégués du personnel etc.)
- Le versement régulier des salaires des employés et des autres gratifications,
indemnités et primes etc. ;
- La protection des droits collectifs du travailleur à travers la liberté syndicale, le droit
de grève etc. ;
L’enjeu politique du droit du travail se ramène au souci de stabilité du régime politique ; en
effet la politique se sert du social pour assurer sa stabilité.
b) La finalité économique
Cet enjeu est né de l’observation des réalités économiques. Les difficultés économiques et
financières ont révélé la nécessité de protéger les entreprises elles-mêmes. En effet, à force de
protéger le salarié, le droit du travail a fini par sacrifier l’économie nationale. Alors
désormais, le salarié n’est protégé que s’il y va de la survie et de l’intérêt de l’entreprise. Le
droit du travail est désormais un « compromis » entre les différents intérêts antagonistes :
intérêts de l’employé d’un côté et ceux de l’employeur de l’autre.
Le droit du travail se caractérise par la grande diversité de ses sources. Si certaines sont dites
classiques, d’autres sont spécifiques à la matière. La diversité des sources nationales se
double d’une influence des sources internationales.
1) Les sources internationales
Elles proviennent pour l’essentiel de l’organisation internationale du travail. (OIT)
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L’OIT élabore des conventions internationales adoptées à la majorité des deux tiers et
affectés ensuite à la ratification des Etats membres. Ces conventions acquièrent du fait de
leurs ratifications, force obligatoire et ont dans la hiérarchie des normes juridiques, une
prééminence sur les lois internes.
On peut parler ici d’un véritable droit international du travail ; certaines conventions ayant été
ratifiées par plus de 100 pays. Parmi les plus significatives, on peut citer la convention :
L’OIT utilise aussi de simples recommandations pour des textes ne recueillant pas un
consensus suffisant.
Le poids de l’OIT doit être relativisé du fait de l’absence de contrôle juridique de l’application
des normes. On considère généralement que le pouvoir de l’OIT reste essentiellement moral.
La constitution
Ce texte fondamental édicte à travers son préambule, un certain nombre de principes
fondamentaux relatif au droit du travail. Le préambule de la constitution énonce en effet que :
«Tout homme a le droit et le devoir de travailler » ; faisant ainsi du droit au travail, un droit
fondamental de l’homme.
La loi
La loi demeure une source essentielle du droit du travail camerounais. Le code du travail
témoigne de cette importance.
La première codification du droit du travail camerounais a eu lieu le 12 juin 1967 et remanié
par une loi du 25 novembre 1974. Une seconde opération de recodification a été réalisée par
la loi n° 92/007 du 14/08/1992.
La jurisprudence
Elle joue un rôle fondamental en droit du travail, notamment en ce qui concerne la précision
de certains concepts propres à la matière.
Il s’agit d’une spécificité de la matière ; les partenaires sociaux sont amenés à participer à la
mise en place des normes.
La convention collective
Le caractère collectif de ces conventions introduit une certaine uniformisation dans les
relations de travail. Les conventions collectives permettent une adaptation plus grande de la
règle de droit à la diversité des situations. La convention collective est un texte qui aborde
toutes les questions relatives à la relation de travail.
Par exemple, Il n'est pas forcément opportun de soumettre les salariés de l'industrie
exactement au même régime que les salariés du secteur du commerce et des services. Par la
négociation collective de branches, les professions créent ainsi leurs propres lois.
Les accords collectifs permettent également d'adapter, dans certaines limites, le droit étatique
et même le droit issu des conventions de branche à la réalité particulière de chaque entreprise.
Un accord collectif n'aborde qu'une ou plusieurs questions relatives à la relation de travail.
Ce contrat demeure une source non négligeable du droit du travail dans la mesure où il
organise les rapports entre un employeur et un salarié.
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L’objet du contrat de travail est de fixer un régime applicable aux relations des parties, tout en
créant entre elles un rapport juridique plaçant le salarié sous la subordination de l’employeur.
L’individualisme est consacré par le contrat de travail
Le règlement intérieur
Le règlement intérieur est un document écrit, interne à l’entreprise, ayant le caractère d’acte
unilatéral de l’employeur avec force obligatoire. Le règlement s’impose à tous les salariés de
l’entreprise sans qu’il soit nécessaire de recevoir un consentement individuel.
Les coutumes et les usages professionnels conservent en droit du travail une importance non
négligeable. Un usage existe à partir du moment où il rassemble les caractères de généralité,
de constance et de fixité. Depuis quelques années, les usages professionnels sont peu à peu
remplacés par des usages d’entreprise. Ces usages n’apparaissent pas dans le contrat de
travail, mais ils naissent du fait d’une pratique générale, constante et fixe, suivie dans une
entreprise déterminée. Mais ce type d’usage est plus fragile que les usages applicables à
l’ensemble des salariés d’une même profession.
Notons que les conventions collectives consacrent très souvent, l’usage qui consiste à
accorder au salarié la possibilité de s’absenter au cours du préavis pour rechercher un emploi.
Jurisprudence
La cour de cassation française indique que lorsqu’un treizième mois relève d’un usage et non
d’un contrat de travail, sa dénonciation ne constitue pas une modification substantielle du
contrat de travail. Cf : Ch soc., 3 déc. 1996, CFDTc/ sté SAMETO-TECHNIFIL.
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Comme les engagements unilatéraux de l'employeur, les usages constituent une source
d'obligations, mais à la différence de celles-ci, il n'y a pas de décision formelle de
l'employeur : on constate une pratique continue qui a fait naître dans l'esprit des salariés
l'attente de son renouvellement. Ces normes n'ont qu'une force inférieure à celle d'une
convention collective et n'ont qu'un caractère supplétif à la convention. La jurisprudence en
conclut que l'usage ou l'accord atypique peut être abrogé par une convention collective.
Le Droit du travail développe deux types de relations : les relations individuelles d’une part
(Première Partie), et les relations collectives d’autre part (Deuxième Partie).
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PREMIERE PARTIE :
Les relations individuelles de travail s’établissent avec le recrutement des travailleurs dans
l’entreprise. Il faut relever que le recrutement est le domaine le moins encadré de la carrière
du salarié. On cherche à préserver la liberté de choix de l’employeur. Celui-ci est libre de
recruter ses collaborateurs même si cette liberté peut se révéler parfois fortement
discriminatoire.
Le recrutement se concrétise par la conclusion d’un contrat de travail. (Chap 1). La relation
de travail se poursuit avec l’exécution du contrat de travail (Chap 2), cependant elle peut être
entachée d’incidents sociaux, sources des différends individuels de travail (Chap 3).
Le Code du travail en son art. 23 al 1, nous fournit cette définition du contrat de travail :
« Le contrat de travail est une convention par laquelle un travailleur, s'engage à mettre son
activité professionnelle sous l'autorité et la direction d’un employeur en contrepartie d’une
rémunération ». La conclusion du contrat de travail définitif peut être précédée par des étapes
préalables ; de plus, la validité d’un contrat de travail exige le respect de certaines conditions ;
et enfin les éléments nécessaires à la qualification de tout contrat de travail, et permettant de
le distinguer des contrats voisins doivent être précisés.
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§1. La période d’engagement à l’essai
L'essai est destiné à juger des "qualités essentielles de la personne" et de son aptitude à un
poste particulier. En clair, aux termes de l’art 28 du code de travail, la période d’essai pour
but, de permettre aux parties d’examiner, si la relation de travail est en mesure de se
prolonger. Elle permet à l’employeur d’apprécier l’aptitude et les capacités du salarié, et au
salarié d’apprécier les conditions de travail et la nature des relations dans l’entreprise. L’essai
est facultatif
Catégories Durée
I et II 15 jours
V et VI 02 mois
VII à IX 03 mois
X à XII 04 mois
La période d’essai ne peut être renouvelée qu’une seule fois. Il ne peut porter que sur une
période maximale de 6 mois, sauf en ce qui concerne les cadres pour lesquels cette période
peut être prolongée jusqu’à 8 mois (art 28 al 2 CT).
La période d'essai ne se présume pas. Pour être valable, l’art 28 al 2 impose que son existence
et sa durée soient mentionnées dans un document. Le contrat d’engagement à l’essai est un
véritable contrat autonome, mais il peut aussi être inclus dans le contrat définitif. Le contrat
d’engagement à l’essai doit donc être stipulé par écrit. Il doit comporter l’indication de la
catégorie et de l’échelon attribué au travailleur. Le renouvellement doit aussi être signifié par
écrit.
En l’absence d’un écrit, le recrutement est considéré comme définitif et il faudra conclure à
l’existence d’un contrat de travail à durée indéterminé. La période d'essai s'inscrit dans un
contexte d'ordre public la jurisprudence va intervenir pour sanctionner les abus.
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L’essai a un caractère précaire ; la rupture de la période d'essai peut intervenir à tout moment,
du fait de l'employeur ou du salarié, sans formalité et sans préavis. C’est en quelque sorte une
mise à l’écart temporaire des règles relatives à la rupture du contrat de travail.
Si l'employeur n'est pas tenu d'alléguer les raisons qui le conduisent à mettre fin à la période
d'essai, la rupture peut être considérée comme fautive lorsque les motifs de la rupture sont
sans relation avec le but de l'essai ou que l'employeur a agi avec malveillance ou légèreté
blâmable. Il faut que le salarié puisse établir ce détournement de l'essai. Si cette preuve peut
être apportée, l’employeur sera condamné à des dommages et intérêts.
Mais lorsque la cour considère que la période d'essai est excessive, le contrat sera considéré
comme définitif et la rupture par l'employeur sera le plus souvent qualifiée de licenciement
abusif.
La poursuite de la relation de travail après l’expiration de la période d’essai vaut engagement
définitif prenant effet à compter du début de l’essai. La jurisprudence applique
rigoureusement cette disposition légale.
Jurisprudence
Cf. Aff. NDO BILO’O Daniel C/ SGBC, CS arrêt n° 138/S du 12 juin 1996. Dans cette
affaire, la SGBC avait conclu avec NDO BILO’O un contrat d’engagement à l’essai qui
venait à expiration le 31 mars 1981. Les relations contractuelles continueront entre les
parties jusqu’au 29 juin de la même année, date à laquelle l’employeur à penser à remercier
son partenaire pour essai non concluant. Le juge de la cour Suprême a décidé qu’il ne
s’agissait plus d’un contrat à l’essai, mais d’un contrat de travail définitif à durée
indéterminé, qui ne saurait être rompu sans respect de certaines formalités.
La décision d’embaucher prise, reste pour l’employeur à décider du type de contrat à proposer
à l’employé. Mais avant d’étudier les différentes formes de contrat de travail, ses conditions
de formation doivent préalablement être précisées.
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§1. Les conditions de formation du contrat de travail
Le respect de deux types de conditions est nécessaire à la validité du contrat de travail : les
conditions de fond et les conditions de forme.
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Un individu ne peut pas s’engager valablement à transporter de la drogue ou des objets de
contrebande.
D’autres travaux sans être illicites, sont interdits à certaines personnes en raison de leurs
caractères particuliers ; ainsi les travaux pénibles et dangereux ne peuvent pas être mis à la
charge des femmes ou des enfants, d’autres réclament de l’exécutant une compétence établie
et ne peuvent être accomplis que par des personnes justifiant d’un titre déterminé.
Quant à la capacité, un enfant peut bien conclure un contrat de travail dès l’âge de 14ans son
consentement doit être appuyé par celui de ses parents.
C’est le contrat dont le terme est fixé à l’avance par la volonté des deux parties. (Exemple :
contrat conclu pour 8 mois). C’est un contrat de date à date. L’arrivée du terme librement
choisi par les deux parties au moment de la conclusion du contrat, met automatiquement fin à
ce dernier sans préavis, ni indemnité (Art. 25 du CT).
La date de l’échéance doit être clairement connue au moment de la conclusion du contrat.
Le contrat à durée déterminé ne peut être conclu pour une durée supérieure à deux ans et ne
peut être renouvelé qu’une seule fois. Ce qui porte à 4 ans la durée maximale de travail à
durée déterminée, avec la même entreprise, lorsque le travailleur est de nationalité
camerounaise. Au terme de ce renouvellement, si les relations de travail se poursuivent, le
contrat à durée déterminée se transforme en contrat à durée indéterminée.
En limitant la possibilité de renouvellement, le législateur empêche toute tentative d’utiliser
les services d’un travailleur temporaire à un poste susceptible d’accueillir des salariés
permanents.
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b) Le contrat de travail à durée déterminée par assimilation
Le code du travail de 1992 assimile au contrat de travail à durée déterminé :
- Le contrat dont le terme est subordonné à la survenance d’un évènement futur et
certain dont la réalisation ne dépend pas exclusivement de la volonté des deux parties,
mais qui est indiqué avec précision. (Exemple contrat conclu avec une berceuse qui
prendra fin lorsque l’enfant gardé aura atteint l’âge requis pour être inscrit à la
maternelle) Ici le terme est fixé mais inconnu à l’avance. L’essentiel est que sa durée
n’excède pas deux ans.
- Le contrat conclu pour la réalisation d’un ouvrage déterminé. (comme par exemple
pour un chantier. Ce contrat permet aux entreprises qui démarrent un chantier de
recruter du personnel dont elles vont se séparer sans difficulté à la fin du chantier). Ici
l’essentiel est qu’un terme existe, c’est-à-dire un évènement futur, certain qui ne
dépend pas exclusivement de la volonté des parties. La durée de l’ouvrage peut même
excéder 2 ans. C’est l’objet et non plus la durée du contrat qui est pris en compte ici.
Le contrat à durée déterminée par assimilation ne se renouvelle pas.
(Le CDD prend normalement fin à l’arrivée du terme convenu. Le travailleur ne peut
alors prétendre à aucune indemnité puisqu’il ne s’agit pas d’un licenciement. En
dehors de la faute lourde de la force majeure ou de l’accord des parties, ce contrat ne
peut être rompu avant terme. Il garanti alors une plus grande sécurité de l’emploi).
Selon l’art. 25 al. 4 (a) du CT, il a pour objet soit le remplacement d’un travailleur absent ou
dont le contrat est suspendu, soit l’achèvement d’un ouvrage dans un délai déterminé
nécessitant l’emploi d’une main d’œuvre supplémentaire. Un contrat de travail temporaire ne
peut durer plus de trois mois (art. 2 du décret n° 93/577/PM du 15 juillet 1993. Il ne peut être
renouvelé qu’une seule fois ; c’est dire qu’en cas de continuité du travail, au-delà delà période
maximale, (3 mois ou 6 mois), le contrat se transforme en contrat à durée indéterminée.
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Le recrutement pour un emploi temporaire peut se faire soit directement (employeur –
salarié), soit indirectement (entreprise utilisatrice du salarié - entreprise du travail temporaire.
Lorsque les parties optent pour la forme indirecte, on parle de mise à disposition du
travailleur. Le travailleur temporaire n’est pas l’employé de l’entreprise utilisatrice ;
cependant il est tenu dans cette entreprise au respect de certaines obligations conformément
au décret n° 93/577 précité.
La sécurité de ce travailleur ainsi que son salaire incombe à l’employeur de l’entreprise
temporaire. En cas d’insolvabilité de ce dernier, le travailleur exercera son droit de recours
contre l’entreprise utilisatrice. Un tel recours ne trouve pas son fondement dans la législation
du travail. Il faut faire recours ici à la responsabilité et à l’enrichissement sans cause, entre
l’entreprise utilisatrice et l’entreprise de travail temporaire ; il doit exister un contrat écrit de
mise à disposition.
C’est celui qui est lié à la nature cyclique ou climatique des activités de l’entreprise. Le travail
saisonnier porte sur des tâches normalement appelées à se répéter chaque année à des dates à
peu près fixes, en fonction des rythmes des saisons. Il ne peut durer plus de 6 mois par année.
Il peut être renouvelé chaque année avec le même employeur suivant les besoins des
cocontractants.
En cas de continuité des relations au-delà de 6 mois, ce contrat se transforme en contrat de
travail à durée indéterminée.
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§1. Une prestation de travail
Sans prestation de travail, il n'y a pas de contrat de travail. Elle doit avoir un caractère
personnel : le contrat de travail est conclu intuitu personae et le salarié n'est pas en droit de se
substituer un tiers dans l'exercice de son travail.
Peu importe la nature de ce travail : il peut être physique, intellectuel, artistique, etc.[ Il n'est
pas obligatoire qu'il soit pénible ou désagréable ; (on peut très bien prendre plaisir à effectuer
sa prestation de travail)]. Il y a travail dès lors qu'on est obligé (au sens juridique du terme) de
faire quelque chose pour autrui. Le travailleur ne promet pas un résultat ; il met sa force ou sa
capacité de travail, ses aptitudes, à la disposition de son cocontractant, et l’exécution de la
prestation supposant une certaine durée, le contrat de travail présente nécessairement un
caractère successif.
Pour qu'il y ait contrat de travail, il faut qu'il y ait une prestation de travail au service
d'autrui.
Lorsque l'on travaille pour soi (travail ménager, éducation des enfants, bricolage), on
n'effectue pas une prestation de travail au sens du droit du travail.
Par ailleurs, la prestation de travail doit constituer l'un des principaux objets du contrat et ne
pas apparaître pas comme secondaire ou accessoire.
Il est quelque fois affirmé que la prestation de travail doit, pour pouvoir constituer le critère
d'un contrat de travail, être exercée à titre professionnel, c'est-à-dire de façon habituelle et
dans le but de se procurer un revenu pour subvenir à ses besoins et, éventuellement, à ceux de
sa famille.
Peu importe la forme que prend cette rémunération : comme la quantité du travail
fourni se mesure souvent en temps, la rémunération au temps est souvent utilisée. Toutefois,
rien n'interdit une autre forme de rémunération (à la tâche, à la commission, au résultat ou
rendement) ; tout ou partie de cette rémunération peut être versée en argent ou en nature
(attribution gratuite d'un logement ou d'avantages divers, etc.). Dès lors que les deux autres
critères du contrat de travail sont établis, la constatation d'une rémunération, quels que soient
son montant et sa nature, emporte l'existence d'un contrat de travail.
Le contrat de travail est un contrat synallagmatique, c’est-à-dire qu’il crée des droits et
des obligations réciproques. On applique ici le principe de l’exception d’inexécution (c’est le
refus d’exécuter son obligation opposé, comme moyen de défense au fond, par l’une des
parties d’un contrat synallagmatique à son cocontractant aussi longtemps que celui-ci n’offre
pas d’exécuter la sienne) ; si le travail n’est pas exécuté, le salaire n’est pas versé. L’employé
peut refuser d’exécuter ses prestations s’il réclame les arriérés de salaire.
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§3. Un lien de subordination
(…..)
L'employeur peut, en outre, préciser dans le règlement, l'obligation pour les salariés de se
présenter aux visites médicales et examens complémentaires prévus par la réglementation en
vigueur.
Il peut limiter les libertés des salariés si cela est justifié par la nature de leur tâche et si cela
reste proportionné au but recherché.
Exemple : Port d'un uniforme pour améliorer l'image de l'entreprise face à la clientèle.
C’est le droit de punir le salarié qui désobéit aux ordres. Il est l’expression ultime du pouvoir
de direction. Comme tel, il est sans doute le mode d’exercice du pouvoir qui a la plus vite
concentré sur lui la méfiance ; puisqu’il autorise l’employeur, contre tous les principes
habituels, à être juge et partie et à se faire justice lui-même. L’employeur peut infliger des
sanctions morales constituées de l’avertissement, du blâme avec ou sans inscription au dossier
et la réprimande. Il peut infliger des sanctions pécuniaires, mais sa manifestation la plus
inacceptable est l’amende qui permet à l’employeur de reprendre d’une main ce qu’il avait
accordé de l’autre. Il peut infliger des sanctions professionnelles ; les plus importantes sont :
le retard dans l’avancement, la mutation, la rétrogradation et le licenciement.
Le pouvoir disciplinaire de l’employeur est strictement encadré. Le droit disciplinaire
s’applique dès qu’une mesure de l’employeur est qualifiée de sanction disciplinaire. La
sanction doit être fondée sur une faute. Certaines sanctions sont prohibées.
Jurisprudence
Cf. arrêt n° 80/s du 12 juin 2002, Aff. Palais des congrès contre Ebolo Eloundou Jean Paul.
Ici, l’employeur a retenu une fraction du salaire de son employé pour faute commise dans
l’exécution de son contrat de travail. Le juge saisi précise qu’en dehors des hypothèses
expressément prévus par la loi, l’employeur n’a pas le droit de retenir le salaire.
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Cette disposition exclue la réduction du salaire en cas difficulté économique, d’exécution
défectueuse ou d’inexécution volontaire du contrat de travail ; elle exclue aussi les réductions
et les suppressions de primes en cas d’accident de travail d’un chauffeur par exemple. Cette
disposition exclue enfin le cas de retenu sur salaire dans le cadre des cotisations syndicales
dues à la CNPS (art. 29 CT). La seule sanction disciplinaire qui entraîne la privation du
salaire est la mise à pieds disciplinaire (art. 30 al ; 2 CT) et sa validité est liée aux conditions
suivantes :
- Etre d’une durée maximale de 8 jours ouvrables,
- Etre notifié au travailleur par écrit avec indication des motifs,
- Etre communiqué au travailleur dans les 48 heures qui suivent, à l’inspecteur du
travail du ressort de l’entreprise.
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immatriculer tous ses salariés auprès de la Caisse Nationale de Prévoyance sociale. Seules les
trois dernières obligations feront l’objet de notre attention.
L’article 2 al.1 du décret n° 95/677 du 18 décembre 1995, détermine les circonstances et les
limites dans lesquelles des dérogations à la durée légale du travail sont autorisées (Art. 80 al.
4 CT).
En dehors des dérogations prévues par le décret sus-cité, Il est possible de déroger à la
durée légale du travail par le recours à des heures dites supplémentaires. Juridiquement
encadrées, ces heures supplémentaires doivent donner lieu à une majoration de salaire.
Remarque : Notons cependant qu'un salarié est fondé à refuser d'effectuer des heures
supplémentaires si l'employeur refuse de les lui payer (Cass. soc. du 10.06.2003, Sté
Williamson transports / Guillou, RJS 10 / 03, n° 1174).
B. La rémunération du salarié
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a. Le salaire de base
Il apparaît comme la rémunération principale du travail que l'employeur doit verser au salarié
en contre partie de la prestation fournie. Elle est fixée, lors de l'embauche, au moins dans sa
nature et dans son mode de calcul. Lorsque le salaire est librement fixé entre les parties,
celui-ci ne peut en aucun cas être inférieur au SMIG (salaire minimum interprofessionnelle
garanti). Le respect du S.M.I.G. reste obligatoire. Le rôle de l’Etat se réduit à la fixation du
minimum, c’est-à-dire du SMIG qui est actuellement de 28 216 FCFA.
Ces avantages en nature font partie intégrante du salaire (Cass. Soc. du 18.01.1979, Bull. Cas.
V n° 53) et participent donc de sa nature juridique lorsqu'ils sont prévus par le contrat de
travail, la convention collective ou les usages.
Les accessoires en espèces
Il s’agit de la :
- prime de rendement,
- prime d’assiduité,
- prime d’ancienneté,
- prime de technicité,
- prime de risque ( à l’exclusion des gardiens de nuit et de jour),
- gratification.
Les gratifications ne sont pas imposées par le Code du Travail mais elles sont largement
pratiquées par les entreprises.
Elles apparaissent comme le versement de sommes d'argent destinées à récompenser le travail
accompli ou à marquer des événements intervenus dans la vie familiale des salariés.
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Remarque :
Notons qu'il est possible de subordonner l'octroi d'une gratification au respect de certaines
conditions comme les résultats financiers de l'entreprise, l'assiduité du salarié.
2. Le paiement du salaire
L’employeur doit prélever des salaires, les retenues obligatoires au profit de l’Etat, il doit
aussi prélever toutes les sommes dues par le travailleur, soit au titre d’une décision de justice,
(pension alimentaire, règlement de dette), soit par convention (cotisation syndicale, cotisation
due à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale.
Cette action peut porter sur le salaire de base, les accessoires de salaire, la délivrance d’un
bulletin de paie, les indemnités de rupture du contrat de travail.
L’action en paiement du salaire se prescrit par 3 ans à compter du jour de la rupture du contrat
de travail.
Une fois ce délai expiré, une telle action n’est recevable que si la prescription a été
interrompue par toute réclamation du travailleur adressée par lettre recommandée avec
accusée de réception, par une demande adressée à l’inspecteur du travail du ressort de
l’entreprise, ou par une reconnaissance de dette.
3. La protection du salaire
Eu égard à son importance, le salaire mérite d’être protégé, contre l’employeur, les créanciers
et le salarié lui-même.
26
L’employeur est tenu de délivrer les bulletins de paie, sauf en cas d’activité payée à l’heure.
Ce bulletin obéit à un certain formalisme : classification professionnelle, emploi retenu,
périodicité, montant de la rémunération nette, date du paiement.
L’acceptation par le travailleur d’un bulletin de paie sans réserve ni protestation ne saurait
signifier renonciation de la part du salarié au paiement de tout pu partie de son salaire.
27
Il revient à l’employeur d’établir la culpabilité de son employé.
A. le devoir d’obéissance
C’est la conséquence logique du lien de subordination. Tout acte d’insubordination, tout
comportement insolent, (injures, mépris, médisance, calomnie…) peut justifier la rupture du
lien contractuel.
Le salarié est tenu de respecter le règlement intérieur de l’entreprise. Aussi le refus de porter
un dispositif de sécurité peut constituer une faute lourde pouvant justifier le licenciement.
B. Le devoir d’intégrité
Il est encore appelé devoir de probité. Le salarié doit être incorruptible. Il doit être un citoyen
modèle, déterminé à sauvegarder l’honneur et les intérêts de l’entreprise qui l’emploie. Tout
employé rémunéré sous quelque forme que ce soit, qui agrée des commerces sans
l’autorisation de son patron, reçoit de dons pour faire ou s’abstenir de faire un acte de son
service, tombe sous le coup de la loi pénale qui punit à l’article 312 le délit de corruption.
La violation du devoir d’intégrité constitue sur le plan contractuel une faute lourde, légitimant
le licenciement, ou une faute grave justifiant la rupture anticipée d’un contrat à durée
déterminée.
D. Le devoir de non-concurrence
Le travailleur peut être amené, sous la base de son contrat de travail, à ne pas exercer même
après les heures normales de travail, une activité susceptible de concurrencer celle de son
employeur. Ce devoir peut survivre au contrat. En effet d’après l’article 31 al. 2 du CT, le
salarié ne pourra pas en cas de rupture du contrat de travail, exercer pour son compte ou celui
d’autrui, une activité de nature à concurrencer celle de son ex-employeur, et cela dans deux
conditions :
- si la rupture est survenue de son fait (démission) alors que l’employeur avait assumé
les frais de son déplacement du lieu de sa résidence au lieu du travail.
- Si la rupture du contrat est consécutive à une faute lourde de l’employé. l’article 31 al.
3 du CT ajoute que cette interdiction ne peut s’étendre que sur un rayon de 50 km
autour de du lieu de travail et pendant un délai d’un an.
28
CHAPITRE 3 : LES EVENEMENTS PERTUBANT L’EXECUTION DU CONTRAT
DE TRAVAIL
La maladie, la maternité, la vente de l’entreprise, sont des événements qui perturbent la bonne
exécution de la relation de travail. Loin d’être rompu, le contrat de travail résiste grâce à deux
mécanismes : la suspension du contrat de travail et le transfert des contrats de travail en cas de
changement d’employeur.
Cependant le contrat de travail n’a pas vocation à l’éternité. La rupture du contrat de travail
peut intervenir dans les circonstances les plus diverses, entraînant démission, départ à la
retraite ou licenciement.
La question de départ est simple. Une entreprise change de mains. Les salariés avaient
contracté avec l’ancien propriétaire. Ils n’ont rien conclu avec le nouveau propriétaire. Les
salariés se retrouvent ainsi liés à une personne qui n’a plus de travail à fournir. L’acquéreur,
lui a besoin de travail, mais n’a aucun salarié. L’intérêt des salariés est généralement de
conserver leur emploi et donc de continuer leur travail avec l’acquéreur de l’entreprise. Les
salariés suivent le sort de l’entreprise ; ils sont en quelque sorte transférés avec l’entreprise.
De manière plus précise, l’article 42 al. 1 du Code du Travail dit qu’en cas de transfert
d’entreprise, les contrats individuels de travail sont maintenus entre le nouvel employeur et le
personnel de l’entreprise.
Ainsi, lorsqu’il survient une modification dans la situation juridique de l'employeur,
notamment par succession, vente, fusion, transformation de fonds, mise en société, tous les
contrats de travail en cours au jour de la modification, subsistent entre le nouvel employeur et
le personnel de l'entreprise. Le contrat de travail apparaissant formé avec l'entreprise plus
qu'avec l'employeur.
29
§ 2. Les conditions d'application
On peut donc en déduire que l'article 42 al.1 du C T ne s'appliquera pas en cas de cessation
pure et simple d'activité sans reprise par un autre employeur. A l'inverse, l'interruption
temporaire de l'activité ne fait pas obstacle au maintien des contrats de travail dès lors que
c'est la même entreprise qui se remet à fonctionner.
Remarque : On notera ici que la jurisprudence admet «une activité analogue» et non
nécessairement identique.
L'employeur est tenu, vis-à-vis des salariés dont le contrat subsiste, des obligations qui
incombaient à l'ancien employeur à la date de la modification.
Il en résulte que l'ancien employeur est tenu de rembourser les sommes acquittées à sa place
par le nouvel employeur sauf s'il en a été tenu compte dans la convention intervenue entre
eux.
30
L'application de cet article emporte un certain nombre de conséquences :
• le nouvel employeur doit assumer la charge des salaires et dettes nés à la date du transfert
mais qui demeurent impayées,
• le salarié conserve le droit de se retourner contre son ancien employeur pour exercer une
action en paiement,
• les dettes nées après le transfert sont à la charge d'un nouvel employeur y compris si elles
correspondent pour tout ou partie à un travail réalisé sous l'ancienne direction.
Les contrats ne peuvent prendre fin que si les travailleurs sollicitent eux-mêmes leur départ,
ou si le changement d’employeur est suivi du changement d’activité.
Cette règle consensuelle dans son principe est l’une des exceptions à l’effet relatif des
contrats. Une telle disposition vise à faire échec à l’art. 1165 du C.civ qui dispose en
substance « les conventions n’ont d’effet qu’entre les parties contractantes. Elles ne nuisent
guère aux tiers, et ne leur profitent que dans les cas prévus à l’Art 1121 du C.civ. »
Les principes civilistes relatifs à la liberté contractuelle font du contrat la loi des parties. De
fait, l’employeur comme le salarié sont tenus de respecter la loi des parties. Ils peuvent
convenir sous certaines conditions de la faire évoluer ; mais une telle modification ne peut
être imposée à l’une ou à l’autre des parties si elle porte sur des éléments essentiels ou
substantiels. La modification unilatérale ne devrait porter que sur des clauses accessoires.
Les clauses substantielles du contrat de travail ne peuvent être modifiées que sur l’accord des
deux parties. On considère comme substantielles car portant sur la nature même du contrat de
travail, les modifications suivantes :
- Le mode de rémunération,
- Le lieu d’exécution du travail,
- La durée du travail,
- La qualification du salarié.
Lorsque l’une des parties prend l’initiative de modification une clause substantielle du contrat,
la rupture qui peut s’en suivre lui est imputable. Mais lorsque la modification porte sur une
clause non substantielle, le refus de l’autre partenaire est en principe fautif, surtout lorsque la
modification porte sur les intérêts fondamentaux de l’entreprise. Un employeur qui réduit de
manière unilatérale le salaire, qu’il paie déjà de manière irrégulière ou qui affecte son
employé sans solliciter son avis, porte atteint aux clauses substantielles du contrat, et le
travailleur contraint à la démission, est en fait victime de licenciement déguisé.
Certains événements peuvent venir bloquer, de manière temporaire l’exécution des principales
obligations du contrat de travail. Afin d’assurer une certaine pérennité à la relation de travail,
le contrat n’en est pas pour autant résilié : les obligations sont considérées momentanément
mises en sommeil. On parle alors de « suspension du contrat de travail ».
31
§. 1 : Les causes de suspension du contrat de travail
On peut distinguer deux types de causes. En effet, d’après l’article 32 du code du travail, il
existe des causes fondamentales et des causes secondaires. Intéressons-nous exclusivement
aux causes fondamentales.
Parmi les causes fondamentales, on peut citer :
- La maladie non professionnelle du travailleur,
- le congé de maternité,
- Le chômage technique,
- Le congé payé,
Du fait de la détérioration de son état de santé, un salarié peut être physiquement incapable de
réaliser le travail pour lequel il a été embauché, de manière temporaire ou définitive. Atteint
dans son corps, il risque alors de perdre en outre son salaire. En réaction, un certain nombre
de règles protectrices ont été mises en place.
La maladie non professionnelle suspend le contrat pendant 6 mois. Ce délai est prorogé
jusqu’au remplacement effectif du travailleur. La maladie du salarié doit être constatée par un
certificat médical délivré par un médecin agrée par l’employeur ou relevant d’un
établissement hospitalier reconnu par l’Etat. Ce certificat doit être présenté pendant la période
de maladie et non après la guérison.
A défaut d’un certificat médical, le travailleur peut être considéré comme absent, et
sanctionné immédiatement par un licenciement.
En cas de maladie professionnelle du salarié, la durée maximale est supérieure à 3 ans.
La notification doit se faire par écrit à l’employeur. Cependant, la jurisprudence décide que
cette notification peut se faire par tous moyens, notamment par information directe de
l’employeur par les membres de la famille du malade. (Art. 32 al. c du CT).
B. Le congé de maternité
D’après l’art 32 al. du CT, le contrat de travail de la femme salariée est suspendu pendant la
période de maternité. Ce congé dure 14 semaines : 4 semaines avant la date de
l’accouchement et 10 semaines après l’accouchement (art 84 du CT). Ce délai peut être
prorogé de 6 semaines en cas de la maladie dûment constatée, et résultant soit de la grossesse,
soit des couches. Pendant la durée de la maternité, l’employeur ne peut rompre le contrat de la
femme bénéficiaire pour cause de grossesse. La femme dans cet état peut rompre son contrat
sans préavis. Si l’accouchement a lieu avant la date présumée, la période de repos est
prolongée jusqu’à l’accomplissement des 14 semaines.
C. Le chômage technique
La mise à pied économique ou chômage technique est la situation dans laquelle se trouve un
salarié lorsque l’employeur ne remplit plus son obligation de fournir un travail, lorsqu’il
réduit unilatéralement et provisoirement le temps de travail de ses salariés. Le contrat de
travail est alors suspendu et les salaires réduits.
Le chômage technique suspend le contrat de travail pendant une durée maximale de 6 mois
(Art. 32 al. k CT). C’est une interruption collective, totale ou partielle des activités du
personnel de l’entreprise ou d’un établissement résultant soit des causes accidentelles ou de
32
force majeure, (sinistre ou intempéries de caractères exceptionnel) soit d’une conjoncture
économique défavorable.
D. Le congé payé
La durée du congé est augmentée en faveur des mères salariées, de 2 jours ouvrables par
enfant âgés de 6 ans et plus, à la date du départ en congé, inscrits à la l’état civil et vivant au
foyer. Cette durée est augmentée d’un jour seulement si le congé principal n’excède pas 6
jours (art 90 al 2 CT).
Pour les jeunes travailleurs de 18 ans, la base du calcul est de 2 jours et demi (art 90 al 1 CT).
Maladie non-professionnelle :
Pendant les 6 premiers moins de la maladie, l’employé bénéficie de la totalité du salaire.
Congé de maternité :
La femme salariée dans cet état a droit à tous les avantages. Elle a droit à la charge de la
CNPS, à une indemnité journalière égale au montant du salaire effectivement perçu au
moment de la suspension de son contrat.
Chômage technique :
Pendant la période de suspension du contrat, le chômeur a droit à une indemnité de chômage
technique égale à un pourcentage du salaire mensuel fixé comme suit :
1er mois : 50%
2e mois : 40%
3e mois : 35%
4e mois : 30%
5e mois : 25%
6e mois : 20%
Cf. arrêté N°001/4/MTPS du 14 février 1995 fixant les taux d’indemnisation pendant la
période de suspension au chômage technique.
33
Le salaire à prendre en compte est le salaire de base majoré de la prime d’ancienneté perçue
au moment de l’arrêt du travail.
Le congé payé
D’après l’art. 4 du décret N° 75/28 du 10 février 1975, l’allocation de congé payé est égale à
une fraction de la rémunération totale perçue par le travailleur au cours de la période de
référence. Cette fraction est égale à 1/16e de la rémunération totale.
A l’inverse, si la maladie avait commencé avant la date prévue pour le départ en congé du
salarié, le salarié restait juridiquement considéré comme malade. Le temps de la maladie ne
s’imputait pas sur le temps des congés et à la date initialement prévue pour son retour, il
bénéficiait d’un reliquat de congés payés.
La cour de cassation a progressivement abandonné le critère chronologique qui a laissé la
place à un autre mode de résolution des conflits, qui compare les causes de suspension et leur
régime, et détermine en fonction de la nature de ces causes laquelle l’emporte,
indépendamment de leurs dates de survenance.
§ 1: la démission
La démission ne se présume pas ; elle doit résulter d’une manifestation sérieuse et non
équivoque de la volonté du salarié. Le travailleur qui envisage de démissionner doit modifier
par écrit son projet à l’employeur. Mais la jurisprudence considère qu’une démission verbale
est tout à fait valable juridiquement, Cependant pour éviter toute contestation ultérieure sur la
34
réalité et les modalités de la démission, celle-ci doit être signifiée par écrit dans l’intérêt de
l’employeur et du salarié.
Le travailleur démissionnaire doit respecter le délai de préavis ; pendant cette période de
préavis, le travailleur bénéficie comme dans le cadre du licenciement d’un jour de liberté par
semaine, afin de rechercher un autre emploi. Si le préavis n’est pas respecté, le travailleur
peut être condamné à payer à l’employeur une indemnité compensatrice de préavis. Cette
indemnité correspond aux salaires et avantages dont aurait bénéficié le travailleur pendant la
période de préavis (art 35 et 36 du CT)
Cependant, les parties peuvent s’entendre pour ne plus respecter le préavis. Dans cette
hypothèse, l’initiateur de la rupture paie immédiatement l’indemnité correspondante.
La preuve de la démission doit être rapportée par l’employeur. Et à cet égard, la jurisprudence
se montre particulièrement exigeante notamment sur le point de savoir s’il ya eu
effectivement démission. En effet, elle décide que si par des agissements consistant
notamment au refus de payer à l’employé ses droits, si celui-ci démissionne, il n’y a pas
juridiquement parlant démission, mais licenciement déguisé.
Le travailleur démissionnaire n’a droit à aucune indemnité. Il n’a pas droit à la priorité de
réembauchage. Il a droit à un certificat de travail (art 44 CT). Il est protégé par
l’inopposabilité de la mention « reçu pour solde de tout compte ».
- Il est tenu de respecter le secret professionnel,
- Il doit respecter le secret de non-concurrence, si cela a été expressément prévu dans le
contrat.
Il y aura démission abusive si le salarié a commis une faute dans l’exercice de son droit :
malveillance, brutalité, concurrence déloyale, détournement de clientèle etc. Le salarié
démissionnaire peut être condamné à verser des dommages-intérêts à son employeur. Il faut
que le salarié ait agi avec une intention de nuire ou une légèreté blâmable.
§ 2 : Le licenciement
Il trouve son fondement dans l’art 34 al 2 du CT, et constitue le plus important du contentieux
du droit du travail. Tout en posant le principe d’un droit de résiliation unilatéral du contrat de
travail appartenant à l’employeur, la loi exige que la rupture à l’initiative du chef d’entreprise
soit fondée sur un motif valable. Il doit être légitime pour ne pas aboutir à la condamnation de
l’employeur à l’observation de certains droits.
Le licenciement doit être légitime c'est-à-dire que le motif du licenciement doit être légitime.
Au cas contraire, on aboutit à un licenciement abusif. Si l’employeur n’a seulement pas
respecté la procédure de licenciement, on parlera tantôt du licenciement irrégulier, tantôt du
licenciement nul.
1. Le licenciement légitime
Il est fondé sur un motif valable : il peut venir soit du travailleur lui-même, soit de
l’entreprise. On dira qu’il y a licenciement légitime notamment en cas de :
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- Faute lourde ou d’insuffisance professionnelle du travailleur ;
- Motif économique ou de difficulté économique.
La faute lourde est une faute extrêmement grave qui d’après les usages, rend intolérable le
maintien du lien contractuel.
L’appréciation de la faute lourde relève du pouvoir des juges du fond. Cette appréciation se
fait sous le contrôle de la cour suprême.
La faute lourde n’est pas synonyme de faute grave. En effet, on peut retenir que la faute
grave bien que légitimant le licenciement permet aux travailleurs de bénéficier du préavis, de
l’indemnité du préavis et de l’indemnité du licenciement (lorsque la condition d’ancienneté
est remplie) ; alors que la faute lourde est privative non seulement du préavis et de
l’indemnité du préavis mais aussi de l’indemnité de licenciement.
Le travailleur peut aussi être licencié pour perte de confiance. Cela arrive très souvent à la
suite d’une infraction commise par l’employé au détriment de son patron. Il n’est pas
nécessaire que le procès pénal aboutisse à une condamnation. L’essentiel pour l’employeur
c’est de démontrer que l’implication (démontrée ou non) de son partenaire dans un fait
indécent et illicite, est de nature à remettre en cause la confiance qu’il avait placé en lui.
De manière générale, il revient au juge d’apprécier le motif de licenciement, car il n’existe pas
une liste exhaustive des motifs du licenciement. Le juge dans cette mission doit être guidé par
l’intérêt de l’entreprise.
Il ya donc motif légitime de licenciement chaque fois que le comportement du travailleur ne
profite pas aux intérêts de l’entreprise ou que les conditions économiques (situation de la
trésorerie, absence de débouchés, crise économique …) justifient une restructuration ou une
réorganisation de l’entreprise, réorganisation qui passerait notamment par un licenciement
pour motif économique.
2. Le licenciement irrégulier
Il s’agit d’une innovation de l’art 39 de CT de 1992, bien que l’interprétation de cet article
fasse encore l’objet de querelles doctrinales.
Il y a licenciement irrégulier chaque fois que la rupture du lien contractuel intervient au
mépris de la procédure (la lettre du licenciement, la motivation, la notification et le préavis).
3. le licenciement nul
A côté des hypothèses des Art 4 et 130 du CT, il existe d’autres hypothèses pour lesquelles le
législateur interdit le licenciement tout en refusant d’en tirer les conséquences.
C’est notamment le cas du licenciement d’une femme en état de grossesse, d’un gréviste (en
cas de grève légitime) : Art 157 du CT. Dans ces deux hypothèses, le licenciement est interdit.
Mais le législateur ne prévoit pas la sanction que mérite l’employeur pour n’avoir pas
respecté la loi.
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Si le droit à une famille est un droit fondamental de l’homme, le licenciement d’une femme
pour raison de grossesse devrait être qualifiée de nul et de nul effet, et par conséquent
entraîner la réintégration de la victime.
Si la grève est un droit fondamental du travailleur, licencier un gréviste (en cas de grève
légitime) constitue de manière très subtile de reprendre d’une main ce que l’on aura donné de
l’autre.
Est expressément nul et de nul effet, tout licenciement qui se justifie par les opinions
politique, syndicale ou religieuse du salarié ; Art 4 du CT. Mais seulement, dans cette
hypothèse, le législateur ne parle pas de réintégration pure et simple.
C’est le lieu de noter que le non respect de la procédure du licenciement d’un délégué du
personnel, n’aboutit pas à un licenciement irrégulier ou abusif, mais à un licenciement nul.
Rappelons enfin que le non respect de la procédure de l’Art 40 du CT (convocation du
délégué du personnel, information de l’inspection du travail du ressort, recherche des
alternatives au licenciement pour motif économique) peut être qualifié soit de licenciement
irrégulier, soit de licenciement abusif ; le licenciement irrégulier étant originellement une
modalité du licenciement abusif.
4. le licenciement abusif
Le préavis est d’ordre public qu’il s’agisse du licenciement ou de la démission il se donne par
écrit. C’est un délai préfix c’est-à-dire qui ne peut être suspendue ou interrompue. C’est dire
qu’une maladie pendant la période du préavis ne suspend pas son cours. Le délai ne doit pas
être donné pendant une période de congé déjà notifiée.
Le motif doit être donné dans la lettre du licenciement et au moment du licenciement. C’est
dire que la révision du motif devant le juge a un effet rétroactif sur le licenciement qui est
désormais abusif.
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C’est le licenciement sans motif réel et sérieux. Cela arrive lorsque l’employeur a exercé son
droit sans une cause revêtant, une certaine gravité qui rendrait insupportable le maintien du
lien contractuel. La jurisprudence parle de légèreté blâmable, d’attitude fantaisiste ou
d’invention.
c. Le licenciement déguisé :
Il y a licenciement déguisé soit lorsque l’employeur profite de l’élasticité du temps pour faire
disparaître le lien contractuel, soit lorsqu’il fait pression sur le travailleur pour le voir
démissionner.
C’est le cas de licenciement pour opinion syndicale, religieuse ou politique. Ici, on tient
compte de l’Art 39 du CT, mais seulement, il y a une nette contradiction entre l’art 9 al 1er et
l’art. 4 al 4.
En effet, d’après ce dernier article, est nul et de nul effet tout acte contraire au présent
article. Or, ledit article porte sur la liberté syndicale et notamment l’interdiction de licencier
pour motif syndical. Et l’article 39 al 1 CT dispose in fine : « sont notamment considérés
comme effectués abusivement, les licenciements motivés par les opinions du travailleur, son
appartenance ou sa non appartenance à un syndicat ».
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- La recherche des mesures alternatives au licenciement pour motif économique : ces
alternatives sont notamment : réduction des horaires de travail, le travail par roulement
(par équipes) ; le travail à temps partiel ; le chômage technique le réaménagement des
primes des indemnités ; la réduction des salaires. En dépit de ces mesures alternatives,
le licenciement peut s’avérer toujours nécessaire. Le licenciement s’impose aussi soit
parce qu’à l’issue d’un mois de négociation, les parties n’arrivent pas à s’entendre,
soit parce que les employés s’opposent aux résolutions.
- L’indemnité de préavis
Il se calcule en multipliant le salaire mensuel moyen du travailleur par le nombre de jour ou
de mois de préavis.
Le délai de préavis se calcule sur la base de l’ancienneté et de la catégorie professionnelle,
conformément au tableau ci-après.
Le délai de préavis constitue le minimum. Les parties peuvent donc prévoir un délai plus long.
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LES DIFFERENTS DELAIS DE PREAVIS
Catégorie Ancienneté
Moins d’un an Entre 1 et 5 ans plus de 5 ans
I à VI 01 mois 02 mois 02 mois
VII à IX 01 mois 02 mois 03 mois
X à XII 01 mois 03 mois 04 mois
Il peut s’agir des différends opposant employeur et salariés d’une part, ou des différents
opposant deux employeurs, d’autre part.
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§ 1 : Les différends individuels entre employeurs et salariés.
L’hypothèse la plus courante porte sur l’action en concurrence déloyale. L’autre hypothèse
est relative à un débauchage déloyal. Mais la spécificité du droit du travail est ici très peu
prononcée pour les deux employeurs qui généralement sont des commerçants.
Il ressort de l’article 139 du code du travail que « Tout travailleur ou tout employeur doit
demander à l’inspecteur du travail de régler le différend à l’amiable ». La tentative de
conciliation devant l’inspecteur compétent est une formalité obligatoire dont le défaut de
constatation dans la requête adressée au juge et dans le jugement qu’il prend, annule la
procédure.
41
A. La juridiction compétente
Le tribunal territorialement compétent est celui du lieu de travail. Toutefois les parties
peuvent porter le litige devant le tribunal du lieu de résidence du défendeur et cela sous deux
conditions :
- que la partie qui se plaint ne réside plus au lieu où est exécuté son contrat.
- que les parties en conflits se trouvent au Cameroun (article 132 du CT).
Pour la compétence matérielle, on se réfère aux articles 15 al. 1(b) et 18 al.1 (b) de la
loi n°2006/015 du 29 Décembre 2006 portant organisation judiciaire.
D’après l’article 15 al. 1 (b), le TPI est compétent lorsque le montant de la demande
est inférieur ou égale à 10 000 000 FCFA.
D’après l’article 18 al. 1 (b), le TGI est compétent lorsque le montant de la demande
est supérieur à 10 000 000 FCFA.
1- La composition du tribunal
En matière sociale, le tribunal se compose d’un magistrat, d’un greffier, d’un assesseur
employeur et d’un assesseur employé. Le mandat des assesseurs est de deux ans
renouvelables. Ils sont nommés par arrêté du ministre en charge du travail sur la base d’une
liste comportant au moins trois noms de chaque poste à pouvoir. Les fonctions d’assesseurs
sont gratuites ; toutefois, les frais de déplacement et de séjour et le montant des salaires et
indemnités perdues du fait de leur participation aux fonctions des tribunaux leur sont
remboursés (article 137 du CT).
Le président peut être contraint de statuer seul lorsque les assesseurs convoqués à deux
reprises ne se présentent pas. Dans ce cas, cette carence doit être expressément mentionnée
dans le jugement sous peine de nullité (article 133 du CT).
2- L’introduction d’instance
L’action est introduite par une déclaration orale ou écrite par la partie la plus diligente. La
procédure est gratuite. Le président a deux jours, Dimanche et les jours ferries non compris
pour étudier la demande après réception.
Un syndicat peut être défini comme une association qui a pour objet l’étude, la défense, le
développement et la protection des intérêts économiques, individuels, sociaux et agricoles de
ses membres.
Un syndicat professionnel regroupe les membres d’une branche d’activité ou des branches
d’activités connexes ou similaires. La liberté syndicale se conçoit via la liberté de création,
d’organisation, d’adhésion.
43
§1. La liberté de création et d’organisation
La loi reconnait aux employeurs et employés, sans restriction d’aucune sorte et sans
autorisation préalable, le droit de créer des syndicats professionnels (art 3.CT). Cette liberté
de création est assurée par des facilités d’enregistrement.
En effet, l’art 11 du CT prévoit une procédure d’enregistrement assez brève : le dossier de
création est déposé auprès de l’autorité compétente : greffier des syndicats, fonctionnaire
auprès du ministère de travail, et nommé par décret du président de la république. Ce
fonctionnaire à un délai d’un mois pour réagir. Lorsqu’il s’engage à enregistrer le syndicat, il
doit délivrer un récépissé d’enregistrement. Et s’il garde le silence au-delà d’un mois, son
silence vaut enregistrement.
En cas de litige, l’affaire est portée devant le juge administratif dans les 30 jours qui suivent la
notification de la décision de refus d’enregistrement ou d’annulation d’un enregistrement.
C’est le propre de la liberté syndicale. Mais ce propre admet des atténuations par le contrôle
que l’Etat peut faire au niveau du but poursuivi.
- Par l’obtention d’un certificat d’enregistrement, preuve de l’existence légale du
mouvement. Il faut préciser ici que l’art 11 du CT omet d’ajouter qu’en cas de silence du
greffier des syndicats au-delà du temps qui lui est imparti, les donneurs n’ont pas besoin de
récépissé d’enregistrement pour commencer leurs activités.
Chaque travailleur ou employeur peut s’affilier à tout syndicat de son choix. La protection de
la liberté syndicale contre l’employeur à deux aspects :
- L’interdiction faite à l’employeur de prendre des décisions inspirées par le fait que le
travailleur fait partie ou non de tel ou tel syndicat.
- L’interdiction d’employer un quelconque moyen d’intimidation afin de dissuader une
affiliation ou une activité syndicale.
La protection de la liberté syndicale est assurée par les syndicats eux-mêmes. En effet, les
syndicats peuvent figurer sur la liste des obstacles à la liberté syndicale.
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- Il faut donc protéger la liberté syndicale, la liberté de se syndiquer, la liberté de se
retirer d’un syndicat pour un autre. Ainsi, la pratique qui consiste pour un syndicat à
subordonner l’usage de sa marque par un employeur à l’obligation pour celui-ci de ne
prendre ou de ne conserver que les adhérents à son syndicat sont sanctionnés par la loi.
Par conséquent, l’employeur ne saurait tenir compte de l’appartenance ou de l’activité
syndicale lors de l’embauchage ou de la rupture du caractère (art 5 et 168 CT)
- Tout membre d’un syndicat peut démissionner à tout moment, nonobstant toute
disposition contraire prévue par les parties.
Les moyens d’action d’un syndicat donnent lieu à une variété de formes d’activité.
Un syndicat peut ester en justice pour la défense des intérêts des membres (syndiques) ou de
la profession ; posséder sans limitation des biens meubles et immeubles.
- Créer des œuvres sociales ;
- Contracter librement ;
- Informer librement les membres de leurs activités.
Un syndicat professionnel est une personne morale de droit privé. Il peut donc être civilement
responsable.
Examinons tour à tour les conditions d’élection et les missions des délégués du
personnel.
§1. Les élections
Certaines conditions sont exigées tant pour être électeur que pour être éligible au poste
de délégué du personnel.
A. La mission de réclamation
D’après l’art 188 CT, les délégués du personnel ont pour mission notamment de présenter à
l’employeur les revendications individuelles et collectives qui n’auraient pas été directement
satisfaites, et concernant la direction du travail, la protection du travailleur, la classification
professionnelle, l’hygiène et la sécurité au lieu de travail.
Dans le cadre de cette mission, le chef d’entreprise est tenu d’accorder au délégué du
personnel le temps nécessaire à l’accomplissement de sa mission : 15 heurs maximum par
mois, sauf convention contraire. Il doit en même temps prévoir un local pouvant servir de lieu
de réunion.
B. La mission de collaboration
En vue d’assurer la bonne marche de l’entreprise, les délégués du personnel :
- Sont tenus de proposer toutes mesures d’hygiènes et de sécurité donc utiles à
l’entreprise ;
- Doivent donner leurs avis sur le règlement intérieur avant sa mise en application ;
- Participent à la recherche des mesures alternatives au licenciement pour motif
économique.
- Donnent leurs avis et suggestions sur la liste des travailleurs à licencier pour motif
économique.
Malheureusement, à la place de la collaboration on assiste à un affrontement, un bras de fer
entre l’employeur et les délégués du personnel. D’où la nécessité d’accorder à ce dernier une
protection particulaire afin de les mettre a l’abri des licenciements fantaisistes.
Toute personne qui porte atteinte à l’exercice de fonction du délégué du personnel commet le
délit d’entrave à la mission du délégué du personnel, et est puni d’une amende de 20.000 à
1.500.000 (art 166 CT)
En cas de licenciement pour motif économique, un délégué du personnel ne peut être licencié
que si son emploi est supprimé et après autorisation de l’inspecteur du travail du ressort.
Cette protection profite tant au délégué titulaire qu’au délégué suppléant. La demande de
licenciement doit être préalable au licenciement lui-même. L’inspecteur du travail du ressort
doit procéder si cela est nécessaire à une enquête contradictoire ou non sur le terrain. Il doit
motiver sa décision. Mais quelle est la nature juridique de sa décision ? Est-ce un acte
administratif ?
L’inspecteur du travail dispose d’un mois et exceptionnellement de deux mois pour donner ou
non son accord. Lors qu’il refuse le licenciement sollicité, le contrat reprend son cours
normal s’il avait été suspendu (mise à pied conservatoire suite à une faute lourde), et le salaire
dont aurait profité le délégué du personnel pendant la suspension de son contrat lui est payée.
Lorsque l’inspecteur de travail donne son accord, le licenciement prend effet à partir du jour
de la suspension du contrat. Si le licenciement est nul, les relations de travail sont supposées
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n’avoir jamais été interrompues. Juridiquement, les liens contractuels sont maintenus. D’où la
nécessité de réintégrer le délégué du personnel.
A l’exercice du droit de grève par les salariés, l’employeur peut être tenté de répondre par une
mesure de lock-out c’est-à-dire la fermeture de l’entreprise.
§1. La grève
C’est le refus collectif ou concret de tout ou partie du personnel de respecter les règles
normales du travail en vue d’amener l’employeur à satisfaire leurs revendications ou
réclamations. Le débat contemporain sur l’exercice du droit de grève porte aujourd’hui
largement sur les libertés respectives des grévistes et sur celles des usagers considérés comme
pris en otages de débats qui les dépassent.
Il convient d’analyser les textes applicables avant de s’appesantir sur la notion même de
licéité du droit de grève.
§1. Les textes applicables
Plusieurs textes consacrent et réglementent le droit de grève notamment :
- La constitution
L'exercice du droit de grève est reconnu par la Constitution. Le droit de grève " s'exerce dans
le cadre des lois qui le réglementent "
- Le code du travail
Les articles 157 al.3 ,4 et 5 du Code du travail réglementent l'exercice du droit de grève dans
le secteur privé en posant les principes suivants :
• la grève ne rompt pas le contrat de travail, sauf faute lourde imputable au salarié
• tout licenciement prononcé en raison de l'exercice du droit de grève est nul de plein droit.
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• aucun salarié ne peut être sanctionné ou licencié en raison de l'exercice normal du droit de
grève.
- Le rôle de la jurisprudence
En l'absence de textes légaux réglementant l'exercice du droit de grève dans le secteur privé,
ce sont les tribunaux qui ont été amenés à déterminer les conditions d'exercice du droit de
grève.
Définissons d’abord le vocable grève avant d’examiner ses conditions d’exercice et les
sanctions aux quelles s’exposent les salariés en cas de grève illicite.
A. La définition de la grève
La grève est la cessation collective et concertée du travail en vue d'appuyer des revendications
professionnelles déjà déterminées et connues de l'employeur.
Les revendications d'ordre politique ne peuvent légitimer une grève dans la mesure où elle ne
repose pas sur des revendications professionnelles.
C. Les sanctions
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Section 2. Les conditions de fonctionnement de l’entreprise pendant la grève
Même pendant la grève, les deux parties au contre de travail que sont l’employeur et le
salarié, disposent de certains droits et et sont astreints à certaines obligations.
Les salariés dans l’exercice de leur droit de grève doivent éviter certains comportements
abusifs pouvant conduire à rendre le mouvement de grève illicite.
Les grèves courtes et répétées sont licites dès lors qu'elles ne procèdent pas d'une volonté de
désorganiser l'entreprise. Certains arrêts de travail de courte durée n'ayant pour conséquence
que de désorganiser la production sont licites.
Ainsi a été considéré comme licite la répétition d'arrêts de travail de 2 fois 5 minute par heure.
Le comportement abusif des grévistes pendant une grève n'a pas pour effet de rendre le
mouvement de grève illicite. Mais le salarié qui a participé à un abus dans l'exercice du droit
de grève peut faire l'objet de sanction et faire l'objet d'un licenciement pour faute lourde. La
faute lourde est alors caractérisée par l'intention de nuire du salarié vis-à-vis de l'employeur
ou de l'entreprise. Elle suppose la participation personnelle du salarié aux faits qui lui sont
reprochés.
• La grève n'a pas pour effet de rompre le contrat de travail, mais simplement de le suspendre.
Le salarié continue de faire partie de l'entreprise.
• Les accidents survenus au cours de la suspension de contrat de travail due à une grève n'ont
pas un caractère professionnel, le salarié gréviste ne se trouvant pas sous l'autorité de
l'employeur.
• Le contrat de travail étant suspendu pendant la grève, les grévistes ne peuvent, sauf
exception, prétendre au paiement de leur salaire pour les périodes de grève. L'employeur peut
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donc légitimement procéder à des retenues sur salaire correspondant aux périodes non
travaillées.
• Les amendes et autres sanctions pécuniaires sont interdites. Aussi, la retenue sur le salaire en
raison de la participation à une grève ne doit pas avoir le caractère d'une sanction mais doit
être proportionnelle à la cessation du travail, quelles que soient les conséquences de l'arrêt de
travail sur la production.
Il est reconnu à l’employeur le droit de prendre certaines mesures temporaires, il a aussi des
obligations à assumer vis-à-vis des salariés non grévistes.
Il n'est pas interdit à l'employeur, en cas de grève, d'organiser l'entreprise pour assurer la
continuité de l'activité : modification des fonctions de salariés non-grévistes, sous réserve de
leur accord, participation de bénévoles.
Les non-grévistes ont droit au paiement de leur salaire même s'ils n'ont pas été en mesure
d'exécuter leur prestation de travail dès lors qu'ils se sont tenus à la disposition de
l'employeur.
L'employeur est ainsi tenu de verser leur salaire à des salariés non-grévistes qui n'ont pu
accéder à leur poste de travail en raison de la présence de manifestants bloquant l'accès de
l'établissement ou en raison de la présence de piquets de grève, par exemple.
Le lock-out est une mesure temporaire de fermeture de l'entreprise, d'un établissement ou d'un
service décidée par l'employeur en raison d'une grève ou d'une menace de grève.
Le lock-out, qui ne fait l'objet d'aucune prévision légale, est illicite. Il en est plus
particulièrement ainsi lorsque la fermeture de l'entreprise est utilisée comme un moyen de
rétorsion à l'égard des grévistes et de pression sur les non-grévistes ainsi privés de leur
rémunération. La fermeture peut cependant être licite lorsque l'employeur se trouve dans une
situation contraignante rendant impossible la poursuite de l'activité.
La fermeture de l'entreprise est justifiée lorsque la grève de tout ou partie des salariés crée une
" situation contraignante " rendant impossible la poursuite de l'activité. Elle n'est légitime que
si l'employeur établit qu'il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour fournir du travail aux
non-grévistes.
Exemple : Par exemple, l'existence d'une situation contraignante est établie et permet la
fermeture de l'entreprise lorsque des piquets de grève interdisent tout accès des lieux de
travail aux non-grévistes et que, malgré une ordonnance d'expulsion sollicitée par
l'employeur.
Les dispositions qui gouvernent la grève dans le secteur privé ne sont pas toujours reçues dans
le secteur public en raison, notamment, des exigences liées à la nécessaire continuité du
service public.
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§1. Les règles générales
Les restrictions à l'exercice du droit de grève dans le secteur public se manifestent par :
• l'obligation de respecter un préavis ;
• l'interdiction des grèves tournantes ;
• l'existence d'un service minimum dans certains secteurs ;
• des modalités particulières de retenues sur salaire.
L'usage du droit de grève dans le secteur public doit être précédé d'un préavis. La cessation
du travail sans respect du préavis constitue une faute lourde pour les salariés qui ont appelé à
la grève et le syndicat qui appelle à la cessation du travail sans respecter le préavis peut se
voir condamner au paiement de dommages-intérêts en réparation du préjudice subi par
l'entreprise du fait de l'absence de préavis.
Le préavis doit émaner de l'organisation syndicale ou d'une des organisations syndicales
représentatives sur le plan national, dans la catégorie professionnelle ou dans l'entreprise,
l'organisme ou le service intéressé. Le préavis doit parvenir 7 jours francs avant le
déclenchement de la grève à l'autorité hiérarchique ou à la direction de l'établissement, de
l'entreprise ou de l'organisme intéressé. Le préavis doit préciser les motifs du recours à la
grève. Il fixe le lieu, la date et l'heure de la grève envisagée, ainsi que sa durée, limitée ou
non.
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