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traité de N'Djamena du 16 mars 1994, révisé principalement à Yaoundé le 25 juin 2008 puis à
(CEDEAO, traité de Lagos du 28 mai 1975, révisé à Cotonou le 23 juillet 1993) ; Union
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Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA, traité de Dakar du 10 janvier 1994,
étudiants, à partir notamment des grandes étapes d’une intégration économique : zone de
éventuellement union politique, tels que présentés par Bela Alexander BALASSA, in The
coopération en Afrique : la difficile rencontre possible entre les théories et les faits, Paris,
créant une solidarité de fait ; processus comptant sur l'effet de propagation dit spill over
compétences États vers l'OI, pouvoir normatif reconnu aux institutions communautaires,
- Importance attachée à la figure des « maîtres des traités » que sont les États :
révision des traités = art. 57 (révision des traités – unanimité, puis ratification par tous les
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États selon leurs règles constitutionnelles respectives), art. 66 (ratification des traités), art. 58
* Rôle central de la conférence des chefs de l'État, qui statue par consensus (art.
16), adopte les actes les plus importants (actes additionnels par exemple, art. 40), nonobstant
que son droit d'initiative en matière normative (art. 34); Parlement communautaire, pour
(préambule ; art. 5 de la convention du 25 juin 2008 : élection au SUD), mais rôle purement
consultatif (consulté sur les projets d'actes additionnels, de règlements et de directives ; avis
obligatoire ou conforme dans certains cas, art. 25 convention), (absence de pouvoir budgétaire
par exemple : budget adopté par le Conseil des ministres sur proposition de la Commission,
traité CEMAC = accent mis sur la solidarité entre les peuples « dans le respect des identités
nationales »; idée centrale reproduite, sous une formulation identique dans les conventions
régissant l'UEAC (art. 8) et l'UMAC (art. 2) : l'Union agit dans le respect des objectifs qui lui
sont assignés par les traités et respecte l'identité nationale des États membres ;
de principe dans les préambules du traité CEMAC révisé (volonté d'établir « une organisation
commune dotée de compétences et d'organes propres dans la limite des pouvoirs qui leur sont
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une Communauté économique et monétaire exige la mise en commun partielle et progressive
politique collective). Au total, la CEMAC serait encore plus proche d'un phénomène de
organisation d'intégration.
comme les éléments constitutifs d’un État, à savoir notamment la citoyenneté, la personnalité
juridique et les valeurs fondatrices. Il ne s’agit pas pour autant d’assimiler une organisation
lien notamment avec la participation aux élections. A cet effet, il est traditionnellement couplé
à la nationalité.
l'Union européenne.
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et entré en vigueur le 10 juillet 1984. Cette citoyenneté est étroitement dépendante de la
nationalité d'un État membre, étant entendu que le protocole précise en son préambule que
« les EM continueront à exercer leur droit souverain pour l'octroi de leur nationalité ». Cette
la citoyenneté est une citoyenneté de superposition qui s’ajoute à la qualité de national définie
l’Union complète la citoyenneté nationale et ne la remplace pas ” (art. 20, & 1er du Traité sur
s’ajoute). Elle apparaît donc comme une qualité complémentaire dont la possession entraîne
la jouissance de certains droits garantis par le traité. La Cour de justice de l'Union européenne
a ainsi pu affirmer que : « …le statut de citoyen de l’Union a vocation à être le statut
fondamental des ressortissants des EM permettant à ceux parmi ces derniers qui se trouvent
dans la même situation d’obtenir, indépendamment de leur nationalité et sans préjudice des
exceptions expressément prévues à cet égard, le même traitement juridique » (20 sept 2001,
Rudy Grzelczyk : Rec. I-6193). Les droits attachés à la citoyenneté communautaire sont
quelques droits attachés au statut de citoyen : « 1. Les citoyens de la Communauté ont le droit
citoyens de la Communauté sur leurs territoires respectifs, conformément aux dispositions des
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protocoles y afférents. 2. Les EM s'engagent à prendre toutes les mesures appropriées en vue
d'assurer aux citoyens de la Communauté la pleine jouissance des droits visés au paragraphe
1 du présent article... ».
pas 90 jours, première étape de 1980-1985 ; institution d'un passeport CEDEAO par décision
protocole de 1979 : obligation pour les EM d'informer leurs citoyens sur les conditions
d'entrée, de séjour, de résidence et d'établissement dans les autres EM de même que les
conditions d'expulsion ;
non à une activité salariée et à l'exercer (hors emplois dans l'administration publique) ; mêmes
droits et libertés que les nationaux, sauf droits politiques ; institution d'une carte de résident
activités économiques, de les exercer ainsi que de constituer et de gérer des entreprises et/ou
sociétés (dans les mêmes conditions que les nationaux et conformément à la législation de
l'État d'accueil).
Traité sur l’Union Européenne (TUE) (dans sa version après le traité de Lisbonne) prévoit
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d’une part que « dans toutes ses activités, l’Union respecte le principe de l’égalité de ses
citoyens… » (art. 9), et d’autre part que « tout citoyen a le droit de participer à la vie
démocratique de l’Union. Les décisions sont prises aussi ouvertement et aussi près possible
Par ailleurs, les citoyens de l'UE bénéficient conjointement avec les ressortissants
d’États tiers d'autres types de droits : la protection des droits fondamentaux (art. 6, & 2 TUE),
Justice de l’Union.
ceux que l’on peut considérer comme indépendants et ceux qui sont liés au Parlement
européen. Parmi les premiers, on trouve tout d’abord la liberté de circulation et de séjour
sur le territoire des États membres (art. 21 TFUE). Ce droit ne s’exerce cependant que sous
réserve des limitations et des conditions prévues par le traité et les dispositions prises pour son
application. Sont exclues cependant de cette procédure les mesures relatives aux passeports,
dans l’État membre de résidence alors que les citoyens de l’Union ne sont pas
ressortissants de cet État (art. 22, & 1 TFUE). Les modalités d’exercice de ce droit ont été
arrêtées par la directive 94/80/CE du Conseil du 19 décembre 1994. Cette directive permet par
exemple à titre dérogatoire aux États membres de réserver aux nationaux certaines fonctions
dans les exécutifs municipaux et d’interdire aux élus non nationaux la participation à la
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Dans cette première catégorie, il faut enfin mentionner le droit à la protection
des autorités diplomatiques et consulaires dans tout État tiers où l’État membre dont il est
le ressortissant n’est pas représenté (art. 23 TFUE). Cette disposition a été mise en œuvre dans
le cadre de la Politique Extérieure et de Sécurité Commune (PESC) par une décision des
représentants des États membres réunis au sein du Conseil en date du 19 décembre 1995,
diplomatiques et consulaires. La protection n’est pas accordée par l’Union, mais le traité crée
une obligation de coopération entre États membres de telle sorte que l’un d’entre eux doit
assurer cette protection lorsque l’État dont le citoyen a la nationalité n’est pas représenté dans
l’État tiers en cause. Il s’agit donc plutôt d’une protection d’urgence, voire humanitaire.
européen), citons d’abord le droit de vote et d’éligibilité aux élections européennes des
citoyens de l’Union résidant sur le territoire d’un autre État membre (art. 22, & 2 TFUE).
Les modalités d’exercice de ce droit ont été fixées par la directive 93/109/CE du Conseil du 6
décembre 1993. Le premier principe est celui de la liberté de choix de l’électeur entre l’État
de résidence et l’État dont il est ressortissant. Le second principe est celui de l’égalité de
traitement : les droits de vote et d’éligibilité s’exerçant dans les mêmes conditions pour les
nationaux et les résidents communautaires. Une dérogation a été prévue lorsque, dans un État,
nationalité est supérieure à 20 % des citoyens de l’Union en âge de voter (en pratique cela
Ensuite et enfin, les citoyens de l’Union bénéficient d’un droit de pétition devant
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termes de l’art. 228 TFUE, est nommé par le Parlement et est habilité à recevoir des plaintes
organes juridictionnels. L’article 21 précité stipule également que les citoyens peuvent
s’adresser aux institutions ou organes de l’Union dans l’une quelconque des langues
officielles et recevoir une réponse dans la même langue (disposition introduite par le traité
d’Amsterdam).
En lien indirect avec ce qui précède, l'art. 11, & 4 TUE stipule que : « des citoyens
de l’Union, au nombre d’un million au moins, ressortissants d’un nombre significatif d’États
attributions, à soumettre une proposition appropriée sur des questions pour lesquelles ces
citoyens considèrent qu’un acte juridique de l’Union est nécessaire aux fins de l’application
des traités » (procédures et conditions requises pour la présentation d’une telle initiative,
c’est-à-dire que celui-ci a pour objet de leur permettre de remplir sa mission. S’agissant plus
stipule que : « L'Union a la personnalité juridique... » (art. 88, & 1 du traité CEDEAO révisé :
CEMAC révisé).
stipule par exemple que : « Elle de la capacité juridique la plus large reconnue aux personnes
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morales par la législation nationale. Elle est représentée en justice par la Commission. Elle a
y afférent sont régies par la loi applicable au contrat en cause ». Ainsi dans chaque EM la
Communauté agit selon les dispositions les plus favorables prévues par les législations
peut conclure des accords de coopération avec des pays tiers ». L'article 8, alinéa 3 du traité
CEMAC révisé prévoit quant à lui que « Des accords de coopération et d'assistance peuvent
être signés avec les États tiers ou les organisations internationales » ; alinéa 1er : « La
Communauté établit toutes coopérations utiles avec les organisations régionales ou sous
régionales existantes ».
représentée pour ce qui est de son exercice par la Commission. A ce titre, la Cour de Justice
de la CEMAC, dans l’affaire Société Price Waterhouse SARL rendue le 14 novembre 2013, a
affirmé que : « …La Communauté a sa propre personnalité juridique différente de celle des
Etats membres, que les accords signés entre un Etat membre et un Etat dans le cadre de leur
EM de conclure individuellement des accords d'investissement avec les pays tiers), « en tant
que sujet de droit international, l'UEMOA a la capacité de conclure des traités internationaux
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pouvant être définis comme « tout engagement ayant force obligatoire pris par un sujet de
droit international ».
Ces valeurs s’assimilent à un « code de conduite » accepté par les Etats fondateurs
dans le fonctionnement de l’Union. Elles expriment plus précisément un consensus global sur
fondamentales ».
C’est la CJCE qui a été la première à affirmer son existence dans un arrêt Les
Verts c/ Parlement européen du 23 avril 1986 : « Il y a lieu de souligner d’abord, à cet égard,
que la CEE est une communauté de droit en ce que ni ses EM ni ses institutions n’échappent
traité ”. Pour une autre référence à la notion de « communauté de droit », voir : CJCE, 14
décembre 1991, Accord sur la création de l’EEE, Avis 1/91). Dans cette conception de la
communauté de droit, l’accent est mis sur la soumission des autorités publiques à des normes
juge doit ainsi veiller à ce que le pouvoir discrétionnaire des institutions communautaires ne
l’affaire Les Verts la Cour a, par sa jurisprudence, complété le traité pour permettre aux
requérants d’attaquer un acte du Parlement qui, d’après une interprétation textuelle, échappait
à son contrôle.
chargées d'interpréter et d'appliquer le droit dans le respect des différents traités (art. 48 traité
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fondamentaux : la reconnaissance et le respect des règles et principes juridiques de la
gouvernement dans chaque État membre (art. 4-j). Les hautes parties contractantes au traité
CEMAC, réaffirment quant à elles dans son préambule leur attachement au respect
C'est ainsi que l'article 3 du traité UEMOA stipule-t-il que « L'Union respecte dans son action
les droits fondamentaux énoncés dans la DUDH de 1948 et la CADHP de 1981 ». Quant au
traité CEDEAO, son article 4 sur les principes fondamentaux de la Communauté, y intègre
sur la démocratie et la bonne gouvernance du 21 décembre 2001 qui, dans son article 1er,
considère notamment comme principes constitutionnels communs à tous les États membres de
internationaux relatifs aux droits de l'homme. Quant au traité CEMAC, allusion est faite aux
droits de l'homme dans le préambule L'une des politiques sectorielles de l'UEAC porte sur la
bonne gouvernance, les droits de l'homme, les questions de genre et le dialogue social. A ce
propos, l'article 47 de la convention prévoit que le Conseil des ministres peut définir des
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diversité au sein des sociétés des États membres, le respect universel et la protection des
sur la problématique de la protection des droits fondamentaux. Il est vrai que certains
pouvaient, dans certains cas, coïncider avec des dispositions relatives aux droits de l’homme.
Cela n’enlève rien à l’absence de disposition générale relative aux droits fondamentaux dans
les traités. Ceci est principalement dû à la vocation économique des traités de base, peu
enclins selon leurs auteurs à interférer avec la question des droits fondamentaux.
La question a été finalement résolue par la CJCE dans les premiers arrêts rendus,
fondamentaux protégés par les États membres (4 février 1959, aff. 1/58, Stork c/ Haute
Autorité de la CECA, et 12 février 1960, aff. 16, 17 et 18/59, Comptoirs de vente de la Ruhr c/
Haute autorité de la CECA). Cette jurisprudence était critiquable car elle pouvait conduire à
penser que la création des Communautés se traduisait par un déficit dans la protection des
droits fondamentaux. Un certain nombre de juridictions nationales vont réagir face à cette
1974 dit Solange I (position déjà annoncée dans un arrêt du 18 octobre 1967), va subordonner
d’une protection satisfaisante des droits fondamentaux dans le cadre communautaire. Attitude
Frontini et Pozzani). Notons que la CJCE n’y est pas restée insensible : dès 1969, elle
reconnaissait que les droits fondamentaux faisaient partie du droit communautaire en tant que
PGD (12 novembre 1969, aff. 29/69, Stauder). Elle affirma par la suite dans l’arrêt du 17
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décembre 1970 (aff. 11/70, Internationale Handelsgesellschaft) que le respect des droits
fondamentaux faisait partie des Principes Généraux du Droit (PGD) dont elle assurait le
respect et qu’il convenait de s’inspirer en ce qui concerne la définition de ces droits des
traditions constitutionnelles communes aux EM. Puis en 1974 dans l’arrêt Nold (14 mars, aff.
auxquels les États ont coopéré ou adhéré et en particulier à la Convention Européenne des
réserves initiales des Cours constitutionnelles allemande et italienne sont devenues formelles,
mentionner l’étape importante marquée par le TUE qui consolide la jurisprudence de la CJCE
dans l’art. F & 2 (aujourd’hui 6), en faisant du respect des droits fondamentaux un des PGD
approfondit cet état du droit en imposant explicitement aux États candidats le respect des
principes de l’art. 6 & 1 précité, parmi lesquels figure le respect des DH et de l’État de droit.
Ensuite, il instaure une procédure de suspension des droits de vote et de droits découlant du
traité lorsqu’un EM viole de manière “ grave et persistante ” les principes énoncés à l’art. 6.
Enfin, la compétence de la Cour est affirmée en ce qui concerne le respect de l’art. 6 & 2,
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lequel impose à l’Union de respecter les droits fondamentaux dans le cadre de ses missions.
L’initiative de son adoption vient du Conseil européen de Cologne en juin 1999. Les travaux
ont commencé en décembre 1999, sous l’égide d’une Convention, et se sont achevés en temps
utile pour le Conseil européen de Nice en décembre 2000. Les rédacteurs de la Charte ont
choisi de rédiger celle-ci dans une forme juridique de telle sorte qu’elle puisse, le cas échéant,
Précisons que l'article 6 UE est ainsi rédigé : « 1. L’Union reconnaît les droits, les
libertés et les principes énoncés dans la Charte des droits fondamentaux du 7 décembre 2000,
[…] laquelle a la même valeur juridique que les traités ; […] 2. L’Union adhère à la
adhésion ne modifie pas les compétences de l’Union telles qu’elles sont définies dans la
Constitution ; 3. Les droits fondamentaux, tels qu’ils sont garantis par la Conv. EDH et tels
qu’ils résultent des traditions constitutionnelles communes aux EM, font partie du droit de
l’Union en tant que principes généraux ». Il est indiqué dans le protocole n° 5 que l’accord
Convention.
nouveau paragraphe à l’article 59 de la Convention aux termes duquel : « L’UE peut adhérer
à la présente Convention ».
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Section 2 – La spécificité de la Communauté ou de l’Union
constitutionnelle des traités communautaires. S’il est vrai que ces derniers conservent un inné
tiré du droit international (qu’ils sont enracinés dans le droit international), il n’en reste pas
moins qu’eu égard à la spécificité communautaire, on peut avec la CJCE affirmer l’existence
d’une « charte constitutionnelle » de la Communauté (rappeler arrêt Les Verts de 1986 et avis
Les Communautés sont fondées sur des traités internationaux, conclus comme
pour toutes les organisations internationales, par la volonté souveraine des États telle qu’elle
s’est exprimée dans le cadre du droit international public. Certes les traités contiennent des
règles matériellement constitutionnelles dans la mesure où ils définissent les objectifs, les
s’agit d’un trait commun à toutes les organisations internationales. Certes, par rapport aux
modifier l’analyse, car toutes les spécificités communautaires tirent leur origine des traités
conclus entre États souverains. Les Communautés constitueraient donc un ensemble de droit
international. Pour la plupart des spécialistes de droit international, le fait que l’Union trouve
sa source dans le droit international reste déterminant. Pour eux, ce que l’on considère comme
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des spécificités du droit communautaire (effet direct, non-réciprocité, etc.) ne sont que
qu’une forme perfectionnée d’organisation internationale. Voir sur ce point, Alain PELLET,
communautaires
Il est vrai que la Cour a d’abord été sensible à la position ci-dessus présentée,
international… (5 février 1963, Van Gend & Loos, 26/62). Mais le démarquage de l’ordre
communautaire par rapport au droit international sera effectué l’année suivante dans l’arrêt
Flaminio Costa c/ Enel du 15 juillet 1964 (6/64) : « à la différence des traités internationaux
juridique des EM lors de l’entrée en vigueur du traité et qui s’impose à leurs juridictions ».
La Cour se fonde donc sur les caractéristiques propres au droit communautaire pour asseoir
l’autonomie de celui-ci. La Cour de Justice de la CEMAC évoque quant à elle, dans son arrêt
issu de ses racines internationales, Professeur Denys SIMON), mais n’a qu’un effet
remarquablement relevé par la Cour dans son avis déjà cité sur l’EEE : « …le traité CEE,
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bien que conclu sous la forme d’un accord international, n’en constitue pas moins la charte
dans son avis 2/13 du 18 décembre 2014 portant sur la question de l'adhésion de l'Union à la
CEDH ; avis dans lequel on peut lire au paragraphe 158 que : « ...L'Union est dotée d'un ordre
juridique d'un genre nouveau, ayant une nature qui lui est spécifique, un cadre constitutionnel
et des principes fondateurs qui lui sont propres, une structure institutionnelle particulièrement
fonctionnement... »
constitutionnelle. Mais ces règles n’ont pas été adoptées au terme d’une procédure
constitutionnelle. On n’est donc pas en présence d’une Constitution au sens formel, d’où
pas simple de savoir à partir de quel moment on passe de la catégorie du traité international à
celle de Constitution. Il n’en demeure pas moins que l’analyse du fonctionnement des
institutions communautaires relève en l’état actuel beaucoup plus du droit constitutionnel que
du droit international.
Ceci est en tout état de cause davantage plausible pour ce qui concerne la
construction européenne. Voir par exemple sur cette question, la prise de position du Conseil
estime qu’il résulte des stipulations du « traité établissant une Constitution pour l’Europe »,
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« et notamment celles relatives à son entrée en vigueur, à sa révision et à la possibilité de le
dénoncer, qu’il conserve le caractère d’un traité international souscrit par les États
alors que la seule formule institutionnelle qu’ait jamais utilisée la Cour de justice pour
qualifier la Communauté est celle de « pouvoir public commun » (14 novembre 1978,
Et pour la Cour de justice de l'UEMOA (Avis n° 002/2000 du 22 mars 1999, Demande d'avis
de pouvoirs issus d'une limitation de compétences et d'un transfert d'attributions des EM qui
lui ont délibérément concédé une partie de leurs droits souverains pour créer un ordre
juridique autonome qui lui est applicable ainsi qu'à leurs ressortissants ».
est l’exercice d’une autorité souveraine. La question devient dès lors qui de l’organisation
d'intégration ou de ses États membres détient actuellement la souveraineté. Il est vrai que la
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Communauté ou l'Union ne dispose que de compétences d’attribution. Le préambule du traité
CEMAC fait référence par exemple d'une « organisation commune dotée de compétences et
d'organes propres agissant dans la limite des pouvoirs qui leur sont conférés par le présent
traité ». Quant à l'UE, (Art. 1er UE : mise en place de l’Union, « à laquelle les EM attribuent
des compétences pour atteindre leurs objectifs communs » ; principe d’attribution défini à
l’article 5, & 2 UE : « l’Union n’agit que dans les limites des compétences que les EM lui ont
attribuées dans les traités pour atteindre les objectifs que ces traités établissent. Toute
compétence non attribuée à l’Union dans les traités appartient aux EM »).
Mais on peut soutenir que l’exercice de la souveraineté est partagé dans les
domaines dans lesquels les États ont transféré certaines de leurs compétences souveraines.
physique ; son recours appartient aux États. Elle ne dispose pas non plus de la compétence de
disposer de ses propres compétences (kompetenz – kompetenz) : la révision des traités requiert
l’accord de tous les EM, dès lors tout renforcement de la construction communautaire exige
l’accord de tous ses membres (art. 106 UEMOA : ratification des modifications par tous les
EM selon leurs règles constitutionnelles respectives ; art. 57 CEMAC ; art. 90-3 CEDEAO).
de l’État, elle ne saurait pour l’instant être analysée comme une entité étatique. Au demeurant,
le caractère étatique est davantage exclu par la mention explicite d'un droit de dénonciation ou
de retrait volontaire du traité (107 UEMOA ; 58 CEMAC et 91 CEDEAO ; art. 50, & 1 TUE :
l’Union »).
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B. Le dépassement de la catégorie de l’organisation internationale
comme une organisation internationale. Pour eux, dès lors qu'elles ne peuvent être considérées
Communauté comme « un nouvel ordre juridique de droit international » (Van Gend en Loos,
1963) à une conception selon laquelle “ …les traités communautaires ont institué un nouvel
ordre juridique… ” (Costa c/ Enel, 1964 et avis EEE, 1991) ; Cour de justice UEMOA, avis
22 mars 1999, « ordre juridique autonome ». Si l’on additionne l’ensemble des spécificités de
l’Union (non-réciprocité, effet direct qui est la règle, citoyenneté, etc.), on réalise que l’on est
internationale.
commun certaines de leurs compétences, acceptent qu’un nombre important de décisions soit
pris à la majorité qualifiée, que ces décisions s’insèrent dans les ordres juridiques nationaux
sans formalité particulière, et qu’elles l’emportent sur les normes nationales contraires. Il
s’agit là néanmoins d’une simple description des caractéristiques des Communautés. Ce serait
une gageure aujourd’hui de vouloir faire entrer ces dernières dans des catégories juridiques
connues.
auteurs ont avancé la qualification empruntée à J. Delors, qui est celle de fédération d’États-
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constitutionnel d’États souverains », in « « A Constitution order of sovereign States » in
States in the European Union », European Law Review 1998, n° 23, p. 201). L’idée sous-
niveau de l’Union doit sauvegarder la diversité des États nationaux. La difficulté qu’il y a à
trouver une qualification qui fasse autorité montre que l’Union demeure fondamentalement un
concept original.
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CHAPITRE I : LES NORMES DE DROIT COMMUNAUTAIRE
Les dispositions des traités ne comportent aucune typologie explicite des sources
du droit communautaire. Par conséquent, il faut opérer une construction du système des
sources, identifiant les différentes catégories de normes et précisant leurs rapports réciproques
(coordination ou hiérarchie), à partir des indications fournies par les traités, par la pratique des
institutions et des EM, ainsi que par la jurisprudence communautaire. On peut distinguer à cet
égard les sources écrites du droit communautaire ou les sources non écrites, ou les sources
droit primaire, le droit dérivé, les sources externes et les sources non écrites. Sur cette
question, voir l’excellent Que sais-je ? (n° 3560, PUF, Paris, 2000), de Pierre-Yves MONJAL,
Le droit primaire est constitué par les traités fondateurs des Communautés. Il
s’agit de traités internationaux négociés et conclus entre les EM, ces derniers apparaissant
ainsi comme les « maîtres des traités ». Il convient tout d’abord d’identifier le contenu de ce
Le droit primaire s’est constitué au fil des révisions successives des traités. On est
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A. Le traité fondateur et ses révisions successives
renvoyer à ce qui a été dit en introduction à propos des différents traités fondateurs des
Ces différents traités sont très souvent complétés de protocoles et annexes qui ont
la même valeur juridique que les traités eux-mêmes (cf. notamment art. 102 UEMOA : le
intégrante du présent traité ; art. 51 UE : les protocoles et annexes des traités en font partie
9 avril 1992, & 45, qui précise que les protocoles sont « indissociables » des articles
stipulations du TUE), a confirmé que les dispositions des protocoles faisaient partie intégrante
du droit originaire, avec la même valeur juridique que les traités eux-mêmes. Cependant, les
déclarations insérées dans l’acte final des traités n’ont en principe aucun caractère normatif et
peut tout de même penser que si ces déclarations expriment l’accord unanime des EM, elles
ont, en dépit de leur forme, valeur d’engagement au même titre que les protocoles.
Ces autres actes conventionnels sont généralement constitués par les protocoles
additionnels qui soit viennent compléter les traités dans des domaines bien précis (protocole
CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance par exemple), ou encore des conventions
relatives soit à la mise en place de certains organes ou institutions (Cour de justice, Parlement
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relatives d'une part à l'Union économique d'Afrique centrale (UEAC) et d'autre part à l'Union
adoptés selon les procédures formelles de révision des traités fondateurs et ratifiés par
autonome » opérée par l’Acte du 20 septembre 1976 portant élection des représentants à
l’Assemblée au SUD en vertu de l’art. 190, & 4 CE (ex-138), entré en vigueur le 1er juillet
1978, après adoption par les EM selon leurs règles constitutionnelles respectives. Certaines de
ses stipulations ont été introduites dans l’art. 190 précité par le traité d’Amsterdam.
consolidées des traités. Il peut s'agir aussi de réflexions autour de la fusion des organisations
CEMAC, placés sous l’égide du Président de la République du Cameroun avec pour bras
L’autorité des traités résulte de leur rang, en cas de conflit avec d’autres normes
ainsi que des conditions de leur révision. De ce point de vue, les traités se situent au sommet
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dans l’OJC. Quant aux clauses concernant la révision des traités, elles marquent le caractère
communautaire. Bien qu’il ne soit pas expressément formulé par les traités, le principe de la
hiérarchie entre droit primaire et droit dérivé s’impose à l’évidence. D’une part, les actes pris
par les institutions ne peuvent être adoptés que dans la limite des attributions qui leur sont
conférées par les traités ; d’autre part, le système juridictionnel communautaire prévoit une
série de procédures destinées à sanctionner la violation par les institutions des dispositions du
droit primaire. Les « principes régissant la hiérarchie des normes » excluent qu’un acte de
droit dérivé puisse déroger à une disposition du traité (Tribunal de Première Instance de la
Communauté Européenne (TPICE), 10 juillet 1990, Tetra Park, T-51/89). Cette supériorité du
droit primaire sur l’ensemble des autres sources du droit communautaire est corroborée par
l’interdiction de toute révision déguisée des traités par un acte ou une pratique des institutions
Concernant les accords conclus par la Communauté avec des États tiers, le
principe de primauté des traités constitutifs s’impose aussi comme la conséquence logique de
leur caractère de charte constitutionnelle d’une Communauté de droit. Les risques de conflits
entre les traités conclus par la Communauté et les traités de base sont en principe résolus, en
droit de l'UE, par la procédure consultative préventive de l’art. 300, & 6 CE (ex-228, art. 218,
& 11 TFUE) ; l’avis négatif de la CJCE subordonnant la conclusion du traité à une décision
prise selon les formes de la révision ; par ailleurs la décision de conclusion d’un accord
international en violation des traités de base est susceptible d’être annulée par la Cour (9 août
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1994, France c/ Commission, C-327/91, dans cette espèce qui concernait l’incompétence de
la Commission pour conclure un accord avec les USA en matière de concurrence, l’accord a
fait l’objet d’une nouvelle décision de conclusion prise cette fois par le Conseil, institution
compétente dans cette hypothèse pour engager la Communauté), avec le risque d’une
conclus par les EM est plus complexe. Concernant les traités conclus postérieurement à
l’entrée en vigueur des traités communautaires, ils ne peuvent prévaloir sur le droit
communautaire primaire en vertu des règles de droit international relatives aux obligations
conventionnelles successives souscrites par les mêmes parties. On voit mal en effet comment
les EM pourraient conclure un accord dans des domaines dans lesquels ils ne sont plus
effet été fermement rappelée par la Cour dans ses avis 1/75 (11 novembre 1975, Arrangement
concernant une norme pour les dépenses locales) et 1/76 (26 avril 1977, Fonds européen
équivaudrait en effet à reconnaître que les EM peuvent prendre, dans les rapports avec les
pays tiers, des positions divergentes de celles que la Communauté entend assumer, et
commun ”. A l’inverse, ces mêmes règles de droit international général conduisent à ce que les
plusieurs États tiers d’autre part, ne peuvent être affectés par les dispositions des traités de
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Paris et de Rome, comme le confirme l’art. 351, & 1er TFUE. Tout au plus est-il prévu qu’en
cas d’incompatibilité, les EM sont supposés recourir à “ tous les moyens appropriés pour
éliminer les incompatibilités constatées ”. Dans cette perspective, la Cour juge que les EM
sont tenus par une véritable obligation d’éliminer les incompatibilités avec le droit
Par contre, les EM, s’ils restent tenus par les engagements souscrits à l’égard
d’États tiers, ne peuvent plus se prévaloir des droits qu’ils tirent de conventions antérieures
d’affecter les droits des États tiers (27 février 1962, Commission c/ Italie, 10/61, impossibilité
de faire prévaloir les droits tirés du GATT sur les règles douanières communautaires dans les
échanges intracommunautaires). Par ailleurs, l’obligation posée par l’art. 307 de ne pas
vigueur des traités communautaires ne saurait avoir pour effet de lier la Communauté à
l’égard des États tiers concernés (14 octobre 1980, Burgoa, 812/79).
commerciale... » ;
investissements = compétences partagées entre l'Union et les EM ; ces derniers peuvent donc
entre les accords conclus individuellement et ceux conclus par l'Union, la priorité revient aux
28
accords conclus par l'Union en vertu du principe de primauté du droit communautaire sur le
droit interne... ».
au Conseil un projet de révision ; une phase de négociation qui débute par la décision du
Conseil prise après avis du Parlement et le cas échéant de la Commission, de convoquer une
traité ; enfin, une troisième phase purement nationale, qui correspond à la ratification des
amendements par tous les EM selon leurs règles constitutionnelles respectives. Renvoyer aux
La voie de révision ouverte par les traités est-elle exclusive ? La question a été
débattue de savoir si les EM pouvaient réviser les traités en dehors des procédures normales
de révision. On a en effet soutenu que les traités de base comme tous les traités internationaux
pouvaient faire l’objet d’une révision d’un commun accord des parties contractantes,
conformément aux règles du droit international général. Cette position n’est pas partagée par
la Cour de justice, qui estime dans l’arrêt Defrenne du 8 avril 1976 (43/75) « qu’en effet une
modifier certaines dispositions des traités fondateurs ? Certains auteurs ont voulu voir
la révision ne pourrait porter atteinte. Dans son avis 1/91 rendu à propos de la compatibilité
du système juridictionnel institué par l’accord relatif à l’EEE avec le traité CEE, la Cour
29
soulignait que l’accord était incompatible avec l’art. 164 du traité CEE (art. 19, & 1er UE : elle
question de savoir s’il pouvait être remédié à cette incompatibilité par une révision de l’art.
organisations internationales ; art. 217 TFUE), la Cour affirmait : “ Toutefois, l’art. 238 du
traité CEE ne fournit aucune base pour instituer un système juridictionnel qui porte atteinte à
l’art. 164 de ce traité et, plus généralement, aux fondements même de la Communauté. Pour
les mêmes raisons, une modification de cette disposition dans le sens indiqué par la
avec le droit communautaire ” (14 décembre 1991). Cette affirmation paraît accréditer
professeur Jean-Paul JACQUÉ, la Cour a simplement indiqué qu’il n’était pas possible
d’altérer indirectement un élément essentiel du traité par la voie d’une révision du seul art.
238. Pour qu’une telle altération intervienne, il faudrait procéder à une révision directe de
l’art. 164. Ceci entraînerait peut-être, dans des cas extrêmes, une modification de la nature de
adoptés par les institutions communautaires tels qu’ils sont prévus par les traités. Il s’agit d’un
corps de règles prises en application et pour l’application des traités. Les actes de droit
communautaire dérivé peuvent être distingués selon une typologie qui repose sur le traité. Ils
30
& 1. La typologie des actes communautaires de droit dérivé
recommandations et avis (visés à l'art. 288 TFUE). En droit communautaire africain, s'est
ajoutée une catégorie originale : celle des actes additionnels. Au-delà de l’énumération des
actes telle qu'elle figure dans les traités, la pratique a conduit au développement de toute une
A. La typologie officielle
Aux termes de l’art. 9 du traité CEDEAO, tel que modifié par le protocole du 14
juin 2006, « Les actes de la Communauté sont dénommés Actes additionnels, règlements,
directives, décisions, recommandations et avis ». C'est la même typologie qui est retenue par
les traités européens, et par le traité CEMAC (art. 41, sauf règlements cadres) et par traité
UEMOA (art. 43). De manière générale, les actes additionnels sont pris par la seule
Conférence des chefs d'État et de Gouvernement (art. 40, traité CEMAC) ; tous les autres
actes peuvent être adoptés ou émis par le Conseil, alors que la Commission ne peut prendre
1. L’acte additionnel
Art. 41, al. 1 CEMAC (9, al. 1 CEDEAO ; 19, al. 2 UEMOA) : « Les actes
additionnels sont annexés au traité de la CEMAC et complètent celui-ci sans le modifier. Leur
plus clairement à son caractère à mi-chemin entre droit primaire et dérivé. Il peut d'abord se
réclamer du droit primaire : il est annexé au traité et complète celui-ci (même nature que l'acte
31
auquel il est annexé) ; il s'impose aux actes pris par les institutions et organes communautaires
Il renvoie cependant clairement au droit dérivé car il est édicté par une institution
pour son entrée en vigueur, à la ratification par l'ensemble des EM selon leurs règles
constitutionnelles respectives.
conformité à celui-ci ». La Cour a en l'espèce conclu qu'elle est compétente pour apprécier la
légalité d'un acte additionnel à caractère individuel (nomination) ; ce qui laisse en suspens la
question du contrôle des actes additionnels à portée générale ou réglementaire (ceux mettant
réfuté l’appartenance des actes additionnels au droit primaire. En effet, à propos d’une
conventions faisant partie du traité, les actes additionnels ne peuvent que les compléter sans
les modifier ». Par conséquent, les articles de l’acte additionnel en cause, qui modifiaient les
avril 2008).
32
2. Le règlement communautaire
ont une portée générale. [Ils] sont obligatoires dans tous leurs éléments et directement
de la fonction législative communautaire, ce d’autant plus que c’est à son propos que la Cour
Il a une portée générale parce qu’il s’applique de manière abstraite à toutes les
personnes qui entrent dans son champ d’application. Il s’oppose ainsi à la décision de l’art.
41, al. 4 CEMAC (43, al. 3 UEMOA) qui est un acte à caractère particulier ; d’où l’indication
des destinataires auxquels elle s’adresse, alors que le règlement, de caractère essentiellement
normatif, est applicable non à des destinataires limités, désignés et identifiables, mais à des
catégories envisagées abstraitement et dans leur ensemble ” (14 décembre 1962, Fédération
Le règlement est obligatoire dans tous ses éléments. Il est obligatoire, ce qui
(recommandations et avis qui « ne lient pas »). Il l’est dans tous ses éléments, ce qui l’oppose
à la directive qui ne lie que « quant au résultat ». Il prescrit non seulement une obligation de
résultat, mais peut également imposer des obligations extrêmement détaillées. Il en résulte
dit, l’intensité normative complète du règlement exclut toute application partielle ou sélective,
33
de même que toute modification ou adjonction, voire toute édiction de règles obligatoires
Le règlement est directement applicable dans tout EM. Les règlements sont
donc investis de l’immédiateté normative, en ce sens qu’ils produisent, dès la date de leur
entrée en vigueur, leurs effets juridiques dans les ordres juridiques nationaux sans
au risque de faire obstacle à leur effet direct et de compromettre ainsi leur application
directement aux sujets de droit interne des EM et il ne saurait avoir pour destinataires
exclusifs les seuls États et institutions. Autrement dit, le règlement engendre par lui-même des
droits et des obligations pour les particuliers eux-mêmes : « en raison de sa nature même et de
sa fonction dans le système des sources de droit communautaire, il produit des effets
immédiats et est, comme tel, apte à confier aux particuliers des droits que les juridictions
nationales ont l’obligation de protéger » (14 décembre 1972, Politi, 43/71). Les particuliers
peuvent faire valoir les droits et obligations créés par un règlement tant à l’égard des autorités
nationales (effet direct vertical) qu’à l’égard d’autres particuliers (effet direct horizontal).
ont, comme les règlements, une portée générale. A la différence cependant des règlements,
« ils ne sont directement applicables que pour certains de leurs éléments » (41, al. 2). Quant à
l'UEMOA, l'article 24 du traité révisé stipule que « le Conseil peut déléguer à la Commission
l'adoption des règlements d'exécution des actes qu'il édicte. Ces règlements d'exécution ont la
même force juridique que les actes pour l'exécution desquels ils sont pris ». A notre
connaissance, cette catégorie d’actes de droit communautaire dérivé n’a jamais été utilisée
34
3. La directive communautaire
Art. 41, al. 3 CEMAC : « Les directives lient tout EM destinataire quant au
concerne la forme et les moyens ». Art. 43, al. 2 UEMOA : « Les directives lient tout EM
nationales. Il en résulte que la directive renvoie à une méthode législative à double détente,
transposition par un acte national destiné à traduire ces objectifs dans le droit interne de
chaque EM. Il s’agit sans doute de l’acte de droit dérivé qui révèle le plus nettement la
contradiction entre le souci d’assurer une application uniforme des règles communautaires et
différence des règlements, comme des actes à caractère individuel qui ne lient que le ou les
directives sont le plus souvent adressées à l’ensemble des EM et sont donc destinées à
produire leurs effets sur l’ensemble du territoire communautaire, au point que le juge
communautaire lui-même a pu parler d’« acte de portée générale » (22 février 1984,
Kloppenburg, 70/83).
résultat à atteindre, tout en laissant aux instances nationales la compétence quant à la forme et
aux moyens. Elle fixe donc seulement une obligation de résultat. Dans la pratique, la tendance
35
rédactionnelle de la Commission et du Conseil s’est en effet orientée, pour des raisons
d’uniformité d’application des règles communes, vers un degré de précision des directives qui
laisse peu de marge d’appréciation aux EM quant aux moyens de mise en œuvre.
Effet direct de la directive. Silence de l’art. 41, al. 3 CEMAC concernant cet
effet direct. La doctrine estimait généralement par voie de conséquence que la directive était
dépourvue d’effet direct, d’autant plus que l’intervention des autorités nationales quant à la
forme et aux moyens était censée faire écran entre l’acte communautaire et le justiciable, qui
n’était directement affecté que par la mesure nationale. Il a été cependant admis que dans
certaines conditions, les dispositions des directives soient susceptibles de créer des droits
invocables en justice devant les tribunaux nationaux même si cet effet direct, cantonné à un
effet « vertical », demeure à la fois exceptionnel et limité. Notons que la pénétration des
directives dans l’ordre juridique interne n’est pas subordonnée à une mesure de réception du
droit national : la directive est intégrée dans l’ordre interne des EM dès sa publication au
Bulletin officiel, au même titre qu’un règlement, mais elle ne déploiera son plein effet que par
vigueur à la date qu’elles fixent ou à défaut le vingtième jour qui suit leur publication, et non
au terme du délai imparti aux EM pour assurer leur transposition en droit interne.
transposition consiste dans l’adoption par les autorités nationales compétentes, dans le délai
imparti, des mesures nationales nécessaires à l’application, dans l’ordre juridique interne, des
normes établies par la directive. Il s’agit d’une obligation de faire qui peut comprendre une
36
L’existence d’une pratique administrative conforme aux exigences de la directive,
n’exonère pas l’État de son obligation de transposition formelle. En effet, une pratique ou une
efficacité de la directive.
aux EM la compétence de choisir la forme et les moyens qui conformément à leurs règles
internes, sont les mieux adaptés pour assurer la réalisation des objectifs fixés par la directive.
Cette compétence est néanmoins encadrée, afin de garantir l’application effective et uniforme
de la directive dans tous les EM. La transposition doit être effectuée par un acte
« contraignant », à caractère « normatif », équivalant à celui qui aurait été pris en droit interne
pour réaliser spontanément un objectif analogue. Le recours à la loi est indispensable dès lors
généralement l’intervention parlementaire. Il est concevable que soit utilisée la procédure des
de service interne à l’administration s’avère cependant insuffisante pour remplir les conditions
effective de la directive.
directive est une obligation dont les EM ne peuvent s’affranchir, au risque de compromettre
l’applicabilité uniforme des normes communautaires. Il est donc proscrit de laisser passer le
délai sans adopter les mesures de transposition requises. En principe, on ne peut reprocher aux
EM de ne pas avoir transposé la directive tant que le délai n’est pas expiré. Cependant, il pèse
37
sur ces États, pendant le délai imparti pour la transposition, une exigence de « loyauté », qui
compromettre sérieusement le résultat » prescrit par la directive, obligation qui devrait être
sanctionnée par les juridictions nationales sur le terrain de l’annulation des mesures de
disposition finale imposant aux EM de transmettre à la Commission des indications sur l’État
du droit national dans le domaine considéré et sur les mesures prises en vue d’assurer la
contrôler la transposition correcte en droit interne. Par ailleurs, le plus souvent, la directive
comporte l’obligation pour les destinataires de faire mention de la directive dans l’acte de
communautaires.
prescrit par la directive. Les autorités nationales se voient interdire d’introduire des
dérogations ou des exceptions non prévues par la directive, ou de procéder à une mise en
transposition doit être intégrale, même si la directive vise des activités inexistantes de fait
L’effet utile attaché aux directives suppose également que toutes les autorités
38
seulement à l’égard des services centraux et extérieurs des administrations centrales, mais
également auprès des autorités déconcentrées de l’État ou auprès des collectivités publiques
autonomes ou décentralisées. C’est ainsi que les États fédérés des EM fédéraux, les
dispositions des directives communautaires, dans la mesure où il serait inadmissible que l’État
Enfin, les contraintes imposées aux EM dans la mise en œuvre des directives
comprennent l’obligation, pour les autorités de transposition comme pour les autorités
d’application, de faire en sorte que les mesures prises dans le champ de la directive respectent
vigueur.
4. La décision
L’art. 43, al. 4 CEMAC stipule que : « Les décisions sont obligatoires dans tous
leurs éléments pour les destinataires qu’elles désignent » (idem, art. 43, al. 3 UEMOA). (Art.
288, al. 4 TFUE : « La décision est obligatoire dans tous ses éléments. Lorsqu’elle désigne
des cas individuels une compétence communautaire. C’est donc un acte à portée individuelle,
dont les destinataires peuvent être soit un EM (ex : décisions de la Commission se prononçant
sur la compatibilité avec le traité des aides publiques aux entreprises au titre des règles de
concurrence applicables aux États ; décisions relatives à l’éligibilité des demandes nationales
au bénéfice des financements des fonds structurels), soit une personne physique ou morale
(ex : décisions adressées par la Commission aux entreprises en vertu des pouvoirs de contrôle
39
des ententes ou des abus de position dominante dans le cadre des règles de concurrence
L’instrument de la décision peut à titre exceptionnel être utilisé, dans les cas
prévus par les traités, sous forme de décision adressée à tous les EM ; il s’agit là d’une
Cependant, à la différence de cette dernière, la décision est obligatoire dans tous éléments, ce
qui implique que les éventuelles mesures nationales d’exécution se limitent à l’exercice d’une
compétence liée. La décision est d’effet direct à l’égard de ses destinataires dans la mesure où
elle crée directement des droits et/ou des obligations dans leur patrimoine juridique. En outre,
les décisions adressées aux EM sont susceptibles, le cas échéant, d’engendrer des droits dans
le chef des particuliers, c’est-à-dire de produire un effet direct analogue à celui reconnu dans
Selon l’art. 41 CEMAC, in fine « Les recommandations et les avis ne lient pas »
(art. 43, al. 4 UEMOA : « Les recommandations et les avis n'ont pas de force exécutoire ».
sont des instruments d’orientation, invitant leur destinataire à adopter une ligne de conduite
déterminée. Ils peuvent intervenir dans des domaines où la Communauté ne dispose pas de
L’efficacité du recours à ces instruments ne doit pas être sous-estimée, dans la mesure où ils
sont dotés d’une portée politique certaine, et peuvent le cas échéant produire des effets
juridiques indirects : la Cour de justice a estimé que les juridictions nationales devaient
40
utiliser la recommandation comme instrument d’interprétation de mesures nationales adoptées
pour leur mise en œuvre ou lorsqu’elle vient à l’appui d’autres mesures communautaires de
Il convient tout de même de préciser qu'il existe plusieurs catégories d'avis : les
moins contraignants sont les avis simples ; on trouve par ailleurs des avis obligatoires (budget
(adhésion de nouveaux membres, accords d'association avec les États tiers, droit
d'établissement, libre circulation des personnes, des biens et des services), par exemple du
1. La notion
La nomenclature prévue par les traités n’exclut pas l’existence d’autres formes
d’actes juridiques adoptés par la Commission et le Conseil. Dans la pratique, les institutions
ont recours à divers actes qui ne sont pas mentionnés dans cet article. Certains auteurs ont
utilisé à cet égard la qualification de sources secondaires : une série d’actes relativement
hétérogènes, qui échappent à la qualité de « droit dérivé » stricto sensu, même s’ils
constituent à n’en point douter de véritables sources du droit communautaire. Cela concerne
notamment des actes qu’on peut qualifier d’« atypiques », comprenant à la fois les actes
unilatéraux « hors nomenclature » pris par les institutions et les actes « conventionnels »
41
Cameroun. En effet, à propos d’un protocole d’accord faisant office de plan de restructuration
d’un établissement bancaire, la Cour a mis en évidence que : « Attendu qu’il va sans dire que
innommés ».
communautaire européen.
toute une série d’actes exprimant des engagements réciproques des institutions, qui présentent
une assez grande diversité à la fois quant à leur dénomination ou à leur forme, et quant à
leur objet.
Sur le plan de la forme, il peut s’agir tout d’abord d’accords non écrits, dont la
teneur résulte de la rencontre des volontés exprimées par des déclarations concordantes
émanant de deux ou plusieurs institutions, ou encore d’échanges de lettres entre les présidents
Conseil, sont largement organisées sur la base de ce type d’accords informels. On trouve
mécanismes établis par les traités : accords relatifs à la procédure budgétaire (accord
42
interinstitutionnel du 6 mai 1999 sur la discipline budgétaire et l’amélioration de la procédure
25 octobre 1993 sur les procédures pour la mise en œuvre du principe de subsidiarité,
cadre de la procédure de codécision), qui peuvent engager deux institutions (code de conduite
Commission). Une deuxième série s’attache à formaliser une position commune des
institutions sur une question jugée fondamentale, comme les déclarations communes en
matière de droits de l’homme (1977, sur les droits fondamentaux ou de 1986 sur le racisme et
la xénophobie ; la Charte des droits fondamentaux a été publiée au JOCE comme accord
Les institutions qui ont y recours ont souvent tendance à y voir seulement « une déclaration
d’intention de caractère politique qui lie les trois institutions politiquement et moralement,
entre elles-mêmes et vis-à-vis du public, sans pour autant constituer une obligation juridique
en tant que telle ». Pour autant, la Cour a admis assez prudemment que de tels actes puissent
produire des effets juridiques entre institutions (12 mai 1998, RU c/ Conseil). Même si la
Cour de Luxembourg a estimé que les accords exprimant une coordination volontaire entre
institutions ne pouvaient par eux-mêmes créer des effets juridiques obligatoires pour les tiers,
et donc n’étaient pas des actes susceptibles de recours en annulation ; il faut reconnaître que la
43
représentation de la Communauté au sein des organes de la FAO (19 mars 1996, Commission
c/ Conseil). On peut parler d’une pratique constante des institutions qui ne peut en aucun cas
dans une déclaration relative à l’art. 10 CE annexée au traité de Nice de 2001 renforce
incontestablement leur portée. Cette déclaration précise le fondement de ces accords, qui
réside dans le principe de coopération loyale. En outre, elle institue un encadrement de ces
actes, en définissant leur objectif, les trois institutions signataires ne pouvant y recourir que
dans le but de faciliter l’application des traités, sans pouvoir modifier ou compléter leurs
dispositions. En somme, cette déclaration concilie un double objectif : elle propose un cadre
juridique précisant les fondements et les conditions du recours à ces actes, tout en maintenant
Il faut enfin préciser que le traité de Lisbonne de 2007 vise à institutionnaliser les
procèdent à des consultations réciproques et organisent d’un commun accord les modalités de
leur coopération. A cet effet, ils peuvent, dans le respect des traités, conclure des accords
souci de la Commission de fixer sa « doctrine » générale dans les domaines où elle dispose du
pouvoir de prendre des mesures individuelles au cas par cas (concurrence, aides publiques),
communautaire par les EM (libre circulation des marchandises, libre circulation des
personnes). Par ailleurs, la Cour de justice a admis que de tels actes étaient susceptibles de
produire des effets contraignants : 24 mars 1993, CIRFS, la « discipline » établie par une
44
lettre de la Commission en matière d’aides publiques dans le secteur textile, ne peut être
modifiée par une décision individuelle ; TPICE, 30 avril 1998, Cityflyer Express Ltd, T-16/96
et Het Vlaamse Gewest, T-214/95, les « lignes directrices » contenues dans une
étaient conformes aux dispositions des traités ; et a reconnu qu’ils pouvaient faire l’objet d’un
recours en annulation dès lors qu’ils produisaient des effets juridiques à l’égard des tiers (16
juin 1993, France c/ Commission). Cependant, de tels actes ne doivent pas être de nature à
être adopté selon les règles du traité ; ils seraient annulés pour incompétence (20 mars 1997,
France c/ Commission).
Les actes « informels » des institutions. Il s’agit d’actes des institutions non
prévus par les traités, et qui sont nés de la pratique institutionnelle et ont été qualifiés de façon
d’action, livres blancs, livres verts, codes de conduite, etc.) ; celles renvoyant à une fonction
extrême diversité va de pair avec une incertitude juridique manifeste. En règle générale, ces
actes ont vocation à exprimer une position ou un engagement politique, et ne sont pas
susceptibles comme tels de produire des effets de droit (simples documents préparatoires de
futurs actes obligatoires). Pour autant, la CJCE a estimé que de tels instruments pouvaient le
cas échéant engendrer des effets juridiques, dès lors que l’auteur de l’acte en manifestait
clairement l’intention. C’est ainsi que certaines délibérations ou résolutions du Conseil ont été
considérées comme liant les institutions et/ou les EM (4octobre 1979, France c/ RU).
Nonobstant les critiques qui lui ont été adressées, cette pratique persiste ; on peut d’ailleurs la
rapprocher de la plupart des positions arrêtées par le Conseil européen (Conférence des chefs
45
d'État et de Gouvernement en droit communautaire africain), qui ne sont traduites
certain nombre d’exigences formelles. Il en est ainsi d'abord de l'obligation de motivation des
actes : art. 44 UEMOA « Les règlements, les directives et les décisions du Conseil et de la
Commission sont dûment motivés » (voir aussi, art. 42 CEMAC). Il s'agit d'une obligation
générale de motivation à la fois pour donner aux administrés les moyens de faire valoir leurs
droits et pour fournir au juge les éléments nécessaires à l’exercice de son contrôle. Le degré
de précision auquel est assujettie la motivation dépend de la nature et de la portée des mesures
concernées.
préalable qui conditionne son opposabilité aux administrés (CJCE, 25 janvier 1979, Racke).
C’est ainsi que l'article 43 CEMAC précise-t-il que les actes additionnels, les règlements et
les règlements cadres sont publiés au Bulletin officiel de la Communauté, et sont également
publiés aux JO des EM ; alors que les directives et décisions sont notifiées à leurs
L’entrée en vigueur des actes communautaires peut être soit fixée par les auteurs
de l’acte, soit intervenir à défaut, en vertu de l’art. 43 CEMAC précité, le vingtième jour
suivant leur publication. L’entrée en vigueur et l’application différées sont souvent préférées à
46
aux directives et décisions, elles prennent effet le lendemain de leur notification à leurs
destinataires.
des réglementations nouvelles, y compris aux effets actuels et futurs des situations nées sous
but à atteindre l’exige et que la confiance légitime des intéressés est dûment respectée »
Kirk), et à l’exception des règles purement procédurales qui, selon une solution traditionnelle,
l’abrogation inspiré par les principes applicables au niveau national : le retrait des actes
créateurs de droits est licite dans un « délai raisonnable » et exclusivement pour illégalité, et
sous réserve d’une confrontation de l’intérêt public et des intérêts privés en cause ; le retrait
des actes non créateurs de droits est également possible dans un délai raisonnable ;
l’abrogation est licite dans les conditions prévues pour l’adoption d’une réglementation
extérieurs des Communautés constituent des sources de droit dans l’OJC, où elles s’insèrent
47
& 1. Les accords conclus par la Communauté avec des Etats tiers ou des
organisations internationales
Font-ils partie de l’OJC ? Si oui, quelle est leur place dans la hiérarchie des
normes communautaires ?
reconnue aux Communautés, il est de principe que ces dernières puissent conclure des accords
de coopération avec des États tiers ou des organisations internationales (art. 13, al. 2 et 84
UEMOA ; 8, al. 1 et 3 et 34, alinéa 2 CEMAC ; 83, al. 1 CEDEAO). Mais ces traités sont très
souvent silencieux sur le processus d'insertion de ces accords dans l'ordre juridique
par le Conseil. Par conséquent, l'on se résoudra à mettre en valeur la situation, telle qu'elle se
Aux termes de l’art. 216, & 2 TFUE : « Les accords conclus selon les conditions
fixées au présent article lient les institutions de la Communauté et les EM ». A travers cette
formule, il est clair que les accords conclus par la Communauté avec des États tiers ou des
Cour a-t-elle affirmé dans l’arrêt Haegeman du 30 avril 1974 que « les dispositions de
l’accord forment partie intégrante, à partir de l’entrée en vigueur de celui-ci, dans l’OJC ».
Cette intégration dans l’OJC ne vaut que si l’accord a été publié et elle ne prend effet qu’à la
date d’entrée en vigueur de l’accord. En tout état de cause, il faut dire que la Communauté est
moniste en ceci que les accords internationaux font partie de l’OJC sans qu’il soit besoin
48
se remémorer, à l’occasion, la distinction classique entre théories moniste et dualiste dans les
On peut en dire de même de certains actes unilatéraux pris par les organes de
certains accords externes des Communautés. En effet, nombreux sont les accords ou les
conventions conclus par la Communauté avec les États tiers qui instituent des organes de
gestion et leur confèrent le pouvoir d’adopter des actes obligatoires unilatéraux, c’est-à-dire
qui n’ont pas besoin d’une ratification ou d’une approbation pour lier les parties (ex : Conseils
des accords d’association ou de coopération avec les pays de la Méditerranée ; conseil des
systématiquement de tels actes dans des règlements communautaires en annexe desquels ils
sont publiés au JOUE. Cette pratique des institutions a introduit quelques doutes sur leur
qualité de sources autonomes du droit communautaire. Mais, il faut bien reconnaître que le
doute n’est plus de mise depuis l’affirmation jurisprudentielle selon laquelle : “ du fait de leur
d’association font, au même titre que l’accord lui-même, partie intégrante, à partir de leur
Comme on l’a dit plus haut les accords conclus par la Communauté doivent être
216, & 2 TFUE précité stipule que ces accords lient les institutions communautaires, ces
engagements externes et les actes unilatéraux pris en application occupent dans la hiérarchie
des normes une place supérieure à celle du droit dérivé. Autrement dit, le droit issu des
49
subordonné du droit dérivé aux engagements externes implique que ce droit soit interprété
conformément aux dispositions d’un accord, et peut conduire à l’annulation d’un acte
précité) a pour sa part considéré que, si les EM et l'Union ont des compétences partagées dans
l'Union, la priorité revient aux accords conclus par l'Union en vertu du principe de la
En principe les accords conclus par les EM ne lient que ces derniers et ne
communautaires. Cette obligation ne vaut que pour autant qu’il s’agisse de « permettre à
l’EM concerné d’observer les engagements qui lui incombent en vertu de la convention
antérieure sans, pour autant, lier la Communauté à l’égard de l’Etat intéressé ” (CJCE, 14
Communauté pouvait être liée par certaines obligations conventionnelles souscrites par les
tous les EM sont parties. La Cour constate tout d’abord que les EM n’ont pas entendu se
dégager des obligations souscrites à l’égard des autres parties contractantes du GATT, et
50
qu’ils ont au contraire manifesté leur volonté de respecter les buts et les stipulations de
l’Accord général (art. 351 TFUE). Le juge communautaire estime ensuite que le transfert de
nécessairement que cette dernière fut liée par les dispositions de l’Accord général (12
décembre 1972, International Fruit). Cette solution n’a plus qu’un intérêt historique puisque
la Communauté est devenue partie à l’accord sur l’OMC qui a succédé au GATT.
002/2000 du 22 mars 1999 précité) a précisé qu'en application de l'article 84 du traité, l'Union
intérieure qu'extérieure ; que par conséquent, « sous peine de violation de l'article 7 du traité
son paragraphe 1 précise que les EM peuvent conclure des accords internationaux « à
condition que ces accords ne soient pas incompatibles avec les dispositions du présent
prendront toutes les mesures nécessaires pour éliminer les incompatibilités constatées ».
traité CE pour reconnaître que les règles du droit international général font partie de l’OJC.
Ceci étant, dans son arrêt Poulsen et Diva Navigation du 24 novembre 1992, la Cour de
51
Luxembourg a, pour la première fois, imposé à la Communauté, dans l’exercice de ses
pas formellement la Communauté. Cela n’a cependant été possible que dans la mesure où ces
C’est sur la base de ce principe que la Cour fait largement application comme
source du droit communautaire des règles du droit international des traités. A cet égard, les
arrêts rendus par le TPICE dans l’affaire Opel Austria c/ Conseil (22 janvier 1997) et par la
Cour dans l’affaire Racke (16 juin 1998) révèlent une évolution notable dans le sens de la
reconnaissance de l’autorité des normes de droit international coutumier. Dans le premier cas,
le Tribunal avait reconnu, sur la base du droit international des traités, l’existence d’une
obligation de bonne foi pesant sur les parties contractantes entre la signature et la conclusion
d’un accord (codifiée par l’art. 18 des conventions de Vienne de 1969 et de 1986 sur le droit
des traités) ; principe qui « lie la Communauté ». Dans l’espèce Racke, la Cour a reconnu
internationales, en ces termes : « les règles du droit coutumier international portant sur la
l’OJC ».
international général relevant du jus cogens (droits fondamentaux des particuliers) : 21 sept.
05, Yusuf c/ Conseil et Commission, confirmé par 12 juillet 2006, Ayadi c/ Conseil et Hassan
c/ Conseil et Commission. Il en résulte que ces règles s’imposent aux institutions dans
l’adoption d’actes de droit dérivé, et que l’incompatibilité de ces derniers avec les premières
52
impliquerait l’annulation ou la déclaration d’invalidité de l’acte communautaire. Cependant,
le juge communautaire ne s’est pas encore directement prononcé sur une hypothèse de conflit
entre une règle coutumière internationale et une norme de droit communautaire primaire.
Parmi ces sources, la jurisprudence tient une place considérable ; l’existence par la
Cour de cette mission normative se singularise spécialement par un large recours aux PGD et
Les PGD communautaire sont des sources non écrites qui procèdent d’une
« invention » jurisprudentielle, opérée par le juge à partir d’un fonds commun de valeurs.
PGD communautaire, a fait appel d’une part à des principes empruntés au droit international
et au droit interne des EM, et dégagé d’autre part des principes issus de la structure du
système communautaire lui-même. Il s’agit ici d’une acceptation sélective destinée à éviter
C’est ainsi que la Cour applique « les principes de droit international », en matière de traités
de droit international (qui) s’oppose à ce qu’un État refuse à ses propres ressortissants le
droit d’avoir accès à son territoire et d’y séjourner » (CJCE, 4 décembre 1974, Van Duyn).
53
Quant à la Cour de Justice de la CEMAC, elle a par exemple consacré le principe de non-
discrimination en tant que principe de droit international (arrêt du 31 mars 2011, dame
La Cour de justice a ensuite emprunté aux PG communs aux droits internes des
EM. Ainsi a-t-elle abondamment recours aux règles fondamentales reconnues par les
principes issus des droits constitutionnels nationaux et garantissant les droits fondamentaux,
Cour, il ne s’agit pas pour elle de ne retenir que les principes strictement communs à
l’ensemble des ordres juridiques nationaux. La Cour se réserve, en effet, non seulement de
choisir parmi les différentes solutions offertes par les droits nationaux, mais encore d’écarter
les principes communs qui seraient incompatibles avec les exigences communautaires (11
juillet 1968, Dausin). En tout état de cause, les PG issus des droits nationaux ne seront admis
en qualité de PGD communautaire que dans la mesure où ils sont compatibles avec « le cadre
réparation des dommages causés par les organes et institutions communautaires ou par les
agents de ceux-ci dans l'exercice de leurs fonctions, que la Cour doit statuer « en tenant
compte du droit positif communautaire et des PGD qui sont communs aux EM ».
du pouvoir d’auto-organisation des institutions que l’on ne peut vraiment qualifier de PGD,
54
car ils s’appliquent au fonctionnement institutionnel de l’Union et trouvent leur source dans
la Cour dans le domaine des PGD. Amenée à combler les lacunes du droit communautaire, la
Cour a fait preuve d’une grande créativité. En effet, les traités étaient muets sur des questions
aussi essentielles que la protection des droits fondamentaux, le régime des actes juridiques, la
procédure administrative non contentieuse, etc. Trois grandes catégories peuvent se dégager :
les droits fondamentaux, les principes découlant de la Communauté de droit et les principes
structurels.
D’abord, celui du 2 juillet 2009, Société Price Waterhouse SARL, dans lequel elle estime :
« Attendu que les droits de la défense et le principe du contradictoire ont valeur de principes
procédure susceptible d’aboutir à une décision faisant grief, le respect de ces droits
Cameroun, jugée le 31 mars 2011, elle souligne : « Attendu que le droit au recours ou droit au
juge faisant partie des droits fondamentaux qui se trouvent au cœur de l’Etat de droit, le
En droit de l’Union Européenne et sans revenir en détail sur ce qui a été dit plus
55
caractère fonctionnel des compétences attribuées aux institutions expliquent certainement
qu’ils n’aient pas été assortis d’un catalogue communautaire des droits fondamentaux. Pour
surmonter cette lacune, la Cour de justice va avoir recours aux PGD (« le respect des droits
fondamentaux fait partie intégrante des PGD dont la Cour assure le respect ») et, plus
précisément aux PG communs aux droits des EM (« la sauvegarde de ces droits, tout en
s’inspirant des traditions constitutionnelles communes aux EM doit être assurée dans le cadre
s’agit donc ici de protéger l’ensemble des droits de l’homme et libertés publiques
généralement garantis par les droits constitutionnels nationaux et par les instruments
appréhendés, non comme des « prérogatives absolues », mais sous réserve des « limites
justifiées par les objectifs d’intérêt général poursuivis par la Communauté dès lors qu’il n’est
pas porté atteinte à la sauvegarde de ces droits ». Ont été notamment consacrés l’ensemble
sociale comme le droit de propriété, le droit au libre exercice des activités économiques, la
protection du secret des affaires, la liberté syndicale, ou encore les libertés rattachées à la
liberté d’expression. Il faut par ailleurs que l’OJC tend à assurer le respect de la dignité
humaine en tant que PGD ; la protection d’un tel droit fondamental constitue un intérêt
56
2. Les principes découlant de la Communauté de droit
« sous-principes » qui en sont les corollaires, notamment le principe de respect des droits
acquis, le principe de prévisibilité et de clarté des règles applicables, le principe de bonne foi,
Cette catégorie comporte également les principes liés au droit à une protection
juridictionnelle effective et au droit à un procès équitable : ont été ainsi affirmés le « droit au
juge » et les droits de la défense dans les procédures contentieuses. Pourraient être encore
de façon expresse, par le TPICE du principe de précaution comme PGD communautaire (28
janv. 2003, Les Laboratoires Servier) : « …le principe de précaution peut être défini comme
appropriées en vue de prévenir certains risques potentiels pour la santé publique, la sécurité
et l’environnement, en faisant prévaloir les exigences liées à la protection de ces intérêts sur
politique de la Communauté. On peut ainsi citer les principes régulateurs qui gouvernent la
57
principe de coopération loyale, le principe d’égalité et de solidarité entre États membres (7
Pour ce qui est des principes à caractère économique citons par exemple les
1. L’autorité jurisprudentielle
la Cour assure le respect ; ils s’imposent à ce titre aux institutions dans l’élaboration et
l’application du droit dérivé. Il faut également préciser que ces principes s’imposent aussi aux
EM dès lors qu’ils agissent dans le champ du droit communautaire (CJCE, 13 juillet 1989,
Wachauf). Ainsi les mesures prises en application du droit communautaire ou « dans le cadre
s’agissant de la garantie des droits fondamentaux, par une prise en compte de l’importance de
traités ”. C’est ainsi que les trois autres institutions ont adopté une déclaration commune le 5
avril 1977 par laquelle elles s’engageaient à respecter les droits fondamentaux. Cette
démarche a été confortée par le préambule de l’Acte Unique Européen qui fait référence aux
58
principes contenus dans les droits constitutionnels nationaux et dans les instruments
internationaux tels que la CEDH. Le traité de Maastricht a inséré dans le corps des traités le
des droits fondamentaux, en les érigeant en fondements de l’Union. L’art. 6, & 2 est
désormais justiciable de la Cour ; ce qui renforce d’autant la garantie du respect des PGD
effet, le respect des droits de l’homme fait partie des valeurs de l’Union (art. 2 UE), et le & 3
de l’art. 6 UE précise que : « Les droits fondamentaux, tels qu’ils sont garantis par la CEDH
et tels qu’ils résultent des traditions constitutionnelles communes aux EM, font partie du droit
& 2. La jurisprudence
apparaît très clairement dans les méthodes d’interprétation utilisées par la juridiction
communautaire.
Aux termes de l'article 1er du Protocole additionnel relatif aux organes de contrôle
l'application du traité de l'Union » (voir aussi art. 48, al. 1 CEMAC ; art. 9, & 1 du protocole
relatif à la Cour de justice CEDEAO, qui ajoute les « principes d'équité » ; également, art. 19,
& 1 TUE). Il n’est pas exagéré de dire que la jurisprudence d'une Cour de justice a une valeur
59
normative. En effet, en droit communautaire européen, cette jurisprudence a contribué, de
On peut parler d’une grande diversité des techniques interprétatives utilisées par la
Cour. Ainsi est intensivement exploitée l’interprétation textuelle, notamment par un recours au
contexte élargi à l’économie des traités et par un emploi hautement productif de l’effet utile.
L’appel à l’intention des parties est globalisé de façon à tirer les conséquences ultimes de la
sans nul doute à faire prévaloir les finalités des traités. La Cour procède ainsi à une utilisation
combinée de ces différentes méthodes, procédant ainsi à une lecture systématique des traités.
international et par rapport au droit interne des EM, se combine avec la démonstration
60
CHAPITRE II : LES RAPPORTS ENTRE LE DROIT COMMUNAUTAIRE
ET LES DROITS NATIONAUX
La question des rapports entre l’OJC et les ordres juridiques nationaux est l’une
des plus déterminantes de l’intégration communautaire. Elle commande l’autorité dont jouira
le droit communautaire dans les différents EM. Par sa nature propre le droit communautaire
possède une force spécifique de pénétration dans l’ordre juridique des EM. Aussi acquiert-il
automatiquement statut de droit positif dans les ordres juridiques nationaux ; est-il susceptible
de créer, par lui-même, des droits et des obligations pour les particuliers ; prend-il place avec
rang de priorité sur toute norme nationale. Au vu de ce qui précède, il convient tout d’abord
d’examiner l’affirmation théorique des principes majeurs de l’OJC, avant de présenter ensuite
l’attitude des juridictions nationales à l’égard des effets des normes communautaires dans les
communautaire
rapport aux ordres juridiques nationaux, exclut que sa pénétration dans les droits nationaux
communautaire est intégré de plein droit dans le droit interne des EM, en ce sens que sa
pénétration s’effectue sans aucune « médiatisation ». Ceci vaut tout d’abord pour le droit
originaire car les traités constitutifs, dès lors qu’ils sont régulièrement ratifiés, font partie de
l’ordonnancement juridique des EM et doivent être appliqués par les autorités et juridictions
61
Le même principe vaut pour l’ensemble du droit dérivé (cf. art. 41 CEMAC pour
règlement exige que son entrée en vigueur et son application en faveur ou à la charge des
sujets de droit se réalisent sans aucune mesure portant réception dans le droit national »
(CJCE, 10 octobre 1973, Variola). Ceci vaut également pour les directives ainsi que pour les
décisions prises par les institutions, ou encore les accords internationaux liant la
qui constitue le noyau irréductible concernant la pénétration du droit communautaire dans les
ordres juridiques nationaux, les rapports entre droit communautaire et droits nationaux sont
classiquement gouvernés d’une part par le principe d’effet direct et d’autre part par la théorie
de la primauté.
Une norme communautaire est d’effet direct lorsque qu’elle est capable de créer
directement des droits ou des obligations au profit des particuliers (applicabilité directe) ;
droits et obligations que ces derniers peuvent invoquer devant le juge national (invocabilité
directe). Il est vrai que le droit international connaît également les normes d’applicabilité
directe ou self executing. C’est ainsi que la CPJI, dans l’avis du 13 mars 1928, Compétences
des tribunaux de Dantzig a reconnu que les parties à une convention internationale pouvaient
avoir l’intention de faire produire aux dispositions de celle-ci des effets à l’égard des
particuliers. Mais ceci est l’exception alors qu’en droit communautaire, l’effet direct est la
règle. Ainsi les particuliers, en tant qu’acteurs du droit communautaire, peuvent contraindre
62
A. L’affirmation jurisprudentielle de l’effet direct
La seule mention incidente de l’effet direct dans les traités fondateurs concerne les
traités précisent en effet que le règlement est « directement applicable dans tout EM ». Il n’en
demeure pas moins que la généralisation de la théorie de l’effet direct résulte d’une
construction jurisprudentielle dont l’arrêt fondateur date du 5 février 1963, Van Gend en Loos
objectifs. Autrement dit c’est la finalité d’intégration qui postule le principe de l’applicabilité
concerne directement les particuliers. A ce titre, le traité ne comporte pas seulement des
obligations mutuelles entre EM, il fait naître directement des droits pour les justiciables. Ceci
peut prendre appui à la fois sur le texte du préambule du traité de Rome qui s’adresse aux
peuples des EM, et surtout sur le fait que les individus contribuent aux prises de décision en
économique et social. La Cour s’appuie enfin sur un argument tiré du renvoi préjudiciel ;
mécanisme qui « confirme que les EM ont reconnu au droit communautaire une autorité
susceptible d’être invoquée par leurs ressortissants devant les juridictions nationales ».
duquel : « le droit communautaire indépendant de la législation des EM, de même qu’il crée
des charges dans le chef des particuliers, est aussi destiné à engendrer des droits qui entrent
dans leur patrimoine juridique ». Aussi, contrairement au système internationaliste, ces droits
63
« naissent non seulement lorsqu’une attribution explicite en est faite par le traité, mais aussi
en raison d’obligations que le traité impose d’une manière bien définie, tant aux particuliers
communautaires confèrent aux particuliers des droits que les juridictions nationales doivent
sauvegarder, non seulement lorsque les dispositions en cause les visent expressément comme
sujets de droit, mais encore lorsqu’elles imposent aux EM une obligation bien définie. On
peut donc parler d’une présomption d’effet direct découlant de la jurisprudence de la Cour ;
effet direct dont les conséquences ont été parfaitement résumées dans l’arrêt Simmenthal du 9
mars 1978 : les règles du droit communautaire doivent « déployer la plénitude de leurs effets
de manière uniforme dans tous les EM » ; elles constituent « une source de droits et
d’obligations pour tous ceux qu’elles concernent, qu’il s’agisse des EM ou des particuliers
qui sont parties à des rapports juridiques relevant du droit communautaire » ; « tout
juge…saisi dans le cadre de sa compétence, a, en tant qu’organe d’un EM, pour mission de
Quels sont les critères de l’effet direct ? Ces critères ont été synthétisés dans
l’arrêt de la CJCE du 5 avril 1979, Ministère public c/ Ratti : « …dans tous les cas où des
suffisamment précises ». Pour ce qui concerne la précision de l’acte, il a été jugé que la
nécessité d’une clarification par la voie d’une interprétation juridictionnelle ne s’opposait pas
à l’effet direct.
Pour autant le critère majeur de l’effet direct est l’inconditionnalité des effets de
l’acte : l’application de la norme doit pouvoir intervenir sans qu’aucune mesure ultérieure des
64
lorsque la mesure est applicable par elle-même, mais également lorsque, lors de l’adoption
marge d’appréciation. L’existence d’un terme mis à l’entrée en vigueur de l’acte n’est pas non
que lorsque le terme sera expiré. En somme, la norme communautaire produit des effets
directs dès lors que sa mise en œuvre n’est subordonnée à aucune appréciation discrétionnaire
invoquées devant les juridictions nationales, y compris dans des litiges entre particuliers, et
pleinement applicables par le juge : il s’agit de l’effet direct horizontal. Par contre, d’autres
actes ne produisent qu’un effet direct limité, dès lors qu’ils ne créent pas directement
d’obligations à la charge des justiciables, mais seulement à l’égard des États, et qu’elles ne
sont alors invocables devant les tribunaux nationaux que dans les litiges opposant les
normes communautaires.
Il faut dire d’emblée que c’est à propos d’une disposition du traité CE que la Cour
fondateurs sont susceptibles de produire un effet direct, il faut reconnaître que seules certaines
d’entre elles peuvent faire naître des droits et obligations que les tribunaux nationaux sont
conduits à sauvegarder quel que soit le type de litige (horizontal ou vertical) en cause. Il en est
65
ainsi des dispositions visant explicitement les personnes privées (personnes physiques ou
morales) comme destinataires des obligations qu’elles contiennent : les règles de concurrence
applicables aux entreprises, « se prêtent par leur nature même à produire des effets directs
dans les relations entre particuliers » (CJCE, 30 janvier 1974, BRT c/ Saban).
Il s’agit par ailleurs de stipulations qui, sans avoir des particuliers comme
destinataires, mettent à leur charge des obligations qui leur sont opposables de la part des
bénéficiaires des droits créés directement par le droit communautaire : a été admis l’effet
du sexe.
Effet direct vertical. Ce sont les plus nombreuses, et comme on l’a dit plus haut,
elles créent des droits et obligations pour les particuliers à l’égard des seuls EM. Citons
d’abord des dispositions instituant des obligations de ne pas faire : la prohibition des
fiscales.
institutionnel, ou encore les dispositions laissant soit aux institutions, soit aux EM une marge
d’appréciation.
66
2. L'effet direct des actes additionnels
Les actes additionnels qui ont une portée réglementaire peuvent avoir un effet
direct vertical, notamment s'ils portent non pas sur les institutions mais sur les politiques
l’applicabilité directe. L’applicabilité directe du règlement est complète : il est apte à conférer
des droits et des obligations aux particuliers non seulement dans leurs relations avec les EM et
d’application. Dans ce cas, l’effet direct du règlement a pour conséquence de permettre aux
règlement.
droit interne, elles ne produisent en principe pas d’effets directs. La création de droits et
d’obligations pour les particuliers ne résulte pas de la directive elle-même, mais des mesures
des directives a suscité de nombreuses controverses, alors que le traité attribue expressément
67
Ce sont les arrêts de la CJCE SACE (17 décembre 1970 précité) et Van Duyn (4
décembre 1974, 41/74) qui posent le principe de l’effet direct des directives. L’absence en
principe d’effet direct de la directive n’est pas contestée par la Cour ; mais elle vise
l’hypothèse particulière dans laquelle l’État n’a pas ou a mal transposé la directive à
hypothèse reviendrait à ôter tout effet utile à la directive alors qu’elle est, selon le traité, un
acte obligatoire. Par ailleurs, l’EM qui n’a pas pris dans les délais, les mesures d’exécution
imposées par la directive ne peut opposer aux particuliers le non-accomplissement, par lui-
L’effet direct des directives ne constitue, selon la Cour, qu’une garantie minimale
pour les particuliers : « Ce n’est que dans des circonstances particulières, notamment dans le
cas où un EM a omis de prendre les mesures requises, ou adopté des mesures non conformes
à une directive, que la Cour a reconnu le droit, pour les justiciables, d’invoquer une directive
contraignant de l’obligation imposée aux EM par l’effet direct des directives, en vertu de
l’art. 189, 3e alinéa, -art. 249 nouveau – ne saurait servir de justification à un EM pour se
dispenser de prendre, en temps utile, des mesures adéquates à l’objet de chaque directive » (2
disposent d’un tel effet direct. Ainsi, à défaut de toute mesure d’application prise dans les
délais, les dispositions d’une directive qui remplissent les conditions de l’effet direct peuvent
68
(invocabilité d’exclusion), ou encore en tant qu’elles créent des droits que les particuliers sont
comportement de l’État défaillant, cet effet vertical est entendu par la Cour au sens large,
c’est-à-dire qu’une directive peut être opposée à l’État quelle que soit la qualité en laquelle il
se présente, autorité publique ou simple employeur, mais encore aux autorités décentralisées
particuliers. Ainsi, comme l’affirme la Cour elle-même dans son arrêt Marshall de 1986
destinataire ». Il en découle « qu’une directive ne peut pas par elle-même créer d’obligations
dans le chef d’un particulier et qu’une disposition d’une directive ne peut donc pas être
invoquée en tant que telle à l’encontre d’une telle personne ». Relevons tout de même qu’une
telle solution empêche aussi un particulier d’invoquer à l’encontre d’un autre particulier (effet
direct horizontal) les dispositions d’une directive qui rempliraient cependant les conditions de
l’effet direct.
Nonobstant le fait que cette position prive les particuliers d’une possibilité de
défendre leurs droits, la Cour a nettement réitéré son refus de consacrer l’effet direct
horizontal des directives, qui remettrait en cause le système des sources du droit
avec effet immédiat des obligations à la charge des particuliers, alors qu’elle ne détient cette
compétence que là où lui est attribué le pouvoir d’adopter des règlements » (CJCE, 14 juillet
69
Ceci n’exclut pas que les dispositions d’une directive puissent produire certains
effets dans les litiges entre particuliers. Il est ainsi admis qu’un distributeur pharmaceutique
concurrents en violation d’une directive (CJCE, 12 novembre 1996, Smith & Nephew
généralement considérée comme un palliatif notable à l’absence d’effet direct horizontal des
directives, car elle s’applique même dans les litiges opposant deux particuliers (CJCE, 13
Il faut ici distinguer les décisions adressées à des particuliers de celles adressées à
des EM. L’effet direct des décisions adressées à une personne privée. Le destinataire peut
être une personne physique ou morale ; une décision communautaire produit à son égard un
effet direct complet : elle crée des droits et/ou obligations au profit de son destinataire ; celui-
ci pouvant s’en prévaloir devant les juridictions nationales. Elle crée aussi des droits pour les
tiers, qui peuvent invoquer la décision à l’encontre de l’entreprise à laquelle elle était adressée
(effet horizontal).
L’effet direct des décisions adressées aux EM. Elles créent des obligations à la
charge des seuls EM destinataires, mais peuvent par ricochet créer des droits au profit des
particuliers qui peuvent s’en prévaloir devant les tribunaux nationaux. Il s’agit d’un effet
direct vertical qui peut concerner les dispositions combinées du traité, d’une décision et d’une
directive, d’une décision seule, ou encore d’une décision prise par un organe créé par une
70
6. L’effet direct des engagements internationaux de la Communauté
résulte que les normes issues des engagements externes de la Communauté ne bénéficient pas
de la présomption d’effet direct. Mais la Cour a souligné que les critères de l’effet direct
doivent être ici utilisés eu égard à l’objet et à la nature de l’accord : « une disposition d’un
accord conclu par la Communauté avec des pays tiers doit être considérée comme étant
d’application directe lorsque, eu égard à ses termes, ainsi qu’à l’objet et la nature de
l’accord, elle comporte une obligation claire et précise, qui n’est subordonnée, dans son
exécution ou dans ses effets, à l’intervention d’aucun acte extérieur » (CJCE, 7 juin 1987,
Demirel).
La question la plus délicate à cet égard fut celle de l’effet direct du GATT puis des
règles de l’OMC. La Cour de justice a refusé de reconnaître un effet direct aux règles du
novations contenues dans les règles de l’OMC depuis les accords de Marrakech, la Cour de
justice exclut un effet direct de ces règles (23 novembre 1999, Portugal c/ Conseil).
Cependant la légalité d’un acte communautaire au regard de l’OMC peut être contrôlée
lorsque cet acte vise à exécuter une disposition particulière des accords ou renvoie à des
dispositions précises de ceux-ci (22 juin 1989, Fediol, 70/87 et 7 mai 1991, Nakajima). Par
ailleurs, n’est pas exclue la reconnaissance d’une forme d’invocabilité minimale, notamment
l’obligation pour le juge communautaire comme pour le juge national de procéder à une
OMC. Ces principes, dégagés à propos de l’OMC, sont applicables à l’ensemble des accords
71
& 2. La théorie de la primauté du droit communautaire
A. La consécration de la primauté
C’est dans le célèbre arrêt Costa c/ ENEL (15 juillet 1964), que la Cour de justice
communautaire dans les espaces africains, la primauté est d’abord et surtout consacrée dans
les traités.
C'est ainsi que l'article 44 CEMAC stipule que : « ...Les actes adoptés par les
objectifs du présent traité sont appliqués dans chaque EM nonobstant toute législation
selon laquelle le respect des actes additionnels « s'impose aux institutions, aux organes et aux
6 UEMOA, il prévoit que « Les actes arrêtés par les organes de l'Union pour la réalisation
des objectifs du présent traité et conformément aux règles et procédures instituées par celui-
ci, sont appliquées dans chaque EM nonobstant toute législation contraire, antérieure ou
postérieure ». Ce qui vaut pour les actes de droit privé s'impose a fortiori pour le droit
primaire.
Cette primauté, conventionnellement posée, a été par ailleurs reconnue par la Cour de
Commission de l'UEMOA relative à la création d'une Cour des comptes au Mali, dans les
72
termes suivants : « La primauté du droit communautaire bénéficie à toutes les normes
même constitutionnelles parce que l'ordre juridique communautaire l'emporte dans son
intégralité sur les ordres juridiques nationaux. Les États ont le devoir de veiller à ce qu'une
norme de droit national incompatible avec une norme de droit communautaire qui répond aux
engagements qu'ils ont pris, ne puisse pas être valablement opposée à celui-ci. Cette
nationale. Ainsi, le juge national, en présence d'une contrariété entre le droit communautaire
et une règle de droit interne, devra faire prévaloir le premier sur la seconde en appliquant
l'un et en écartant l'autre ». Cette position a été confirmée par un arrêt récent, du 8 juillet
constitutionnelle du Bénin, dans lequel la même Cour affirme dans son dispositif : « La
primauté de l’ordre juridique de l’Union dans son intégralité sur les ordres juridiques
juridictionnelle et même de niveau constitutionnel interne ne saurait être utilisée pour mettre
Elle a été également consacrée par la Cour de justice CEMAC, 13 novembre 2009, aff.
hiérarchie des normes juridiques qui veut que les textes communautaires priment sur les
lois nationales ». Cette position a été confirmée et prolongée dans l’arrêt du 31 mars 2011,
Banque Atlantique du Cameroun, d’où il résulte : « Qu’il importe de noter, (…), que le
73
principe de primauté permet de faire prévaloir la norme communautaire sur la norme
communautaire qui, en raison de sa nature spécifique originale, ne peut se voir opposer tout
texte interne quel qu’il soit, sans perdre son caractère communautaire et sans que soit mise en
que selon la doctrine établie et la jurisprudence constante, tout juge de l’application du droit
laisser inapplicable… ».
pas une clause expresse affirmant la primauté du droit communautaire sur le droit national. Il
l’OJC » (CJCE, 10 octobre 1973, Variola). La primauté du droit communautaire est donc une
Déclaration n° 17 dans laquelle il est rappelé que « selon une jurisprudence constante de la
Cour de justice de l’UE, les traités et le droit adopté par l’Union sur la base des traités
priment le droit des EM, dans les conditions définies par ladite jurisprudence ». Est adjoint à
cette Déclaration un Avis du Service juridique du Conseil du 22 juin 2007, pour lequel : « il
un principe fondamental dudit droit. [Principe inhérent selon la Cour à la nature particulière
de la CE]. Le fait que le principe de primauté ne soit pas inscrit dans le futur traité ne
74
modifiera en rien l’existence de ce principe ni la jurisprudence en vigueur de la Cour de
communautaire européen.
Il était possible de soutenir que les rapports entre droit communautaire et droits
nationaux étaient régis par les formules monistes ou dualistes retenues par les règles
constitutionnelles nationales. Ce n’est pas la position retenue par la Cour de justice ; pour elle
en effet, les relations entre OJC et ordres juridiques des EM ne peuvent en aucun cas
s’apprécier à la lumière des solutions diverses prévues par les droits constitutionnels
nationaux. Ainsi, le fondement de la primauté doit être recherché dans l’autonomie du droit
communautaire lui-même : « issu d’une source autonome, le droit né du traité ne peut se voir
judiciairement opposer un texte interne quel qu’il soit sans perdre son caractère
communautaire et sans que soit mise en cause la base juridique de la Communauté elle-
même » (arrêt Costa). Comme l’a affirmé dans les années 1970, Pierre PESCATORE (ancien
« existentielle » de primauté : s’il n’est pas capable de l’emporter en toutes circonstances sur
le droit national, il est inefficace, et donc, pour autant, inexistant. L’idée même d’un ordre
Nonobstant les indices textuels de primauté (art. 189 CE, devenu 249 et 5-2 CE,
devenu 10), il faut soutenir que la véritable justification de la doctrine de la primauté réside,
autant sur la nature propre de l’OJC, que sur la nécessaire application uniforme de ce droit de
l’intégration. La volonté des États de construire un marché commun, puis par la suite un
75
uniformité suppose que le droit interne d’un EM ne puisse faire obstacle à la mise en œuvre
des règles communes. Cette exigence fondamentale de l’OJC impose en effet que toutes les
force obligatoire et du même contenu. Trois passages significatifs de l’arrêt Costa traduisent
État à l’autre à la faveur des législations internes ultérieures, sans mettre en péril la
pas inconditionnelles mais seulement éventuelles, si elles pouvaient être mises en cause par
« …le transfert opéré par les États, de leur ordre juridique interne au profit de
l’OJC des droits et d’obligations correspondant aux dispositions du traité, entraîne donc une
limitation définitive de leurs droits souverains contre laquelle ne saurait prévaloir un acte
Voir, à titre de rappel, les positions mises en évidence plus haut, de la Cour de
L’OJC l’emporte dans son intégralité sur les ordres juridiques nationaux. En effet,
la Cour a elle-même affirmé dans son arrêt Costa que le droit communautaire ne pouvait se
voir opposer un texte interne quel qu’il soit. On est donc en présence d’une primauté
inconditionnelle de tout le droit communautaire sur tout le droit national. Cette vision
englobante postule que les normes communautaires, y compris certains éléments tirés de la
jurisprudence communautaire, sont considérées comme étant supérieures à toutes les règles
76
des ordres juridiques nationaux. Tout d’abord l’ensemble des sources communautaires sont
concernées par cette primauté : le droit primaire et le droit dérivé, les engagements
du droit national. Le droit communautaire s’impose aussi bien aux normes des autorités
étatiques qu’à celles découlant des collectivités infranationales. Il est clair également que cette
obligation s’impose au législateur (cf. arrêt Costa). On pouvait s’interroger sur l’applicabilité
nationales ; et notamment sur la portée de l’expression « tout texte interne quel qu’il soit »
(arrêt Costa). Cette expression a été précisée par l’arrêt Internationale H. de 1970, en ces
termes : « l’invocation d’atteintes portées soit aux droits fondamentaux tels qu’ils sont
formulés par la Constitution d’un EM soit aux principes d’une structure constitutionnelle
nationale ne saurait affecter la validité d’un acte de la Communauté ou son effet sur le
territoire de cet État ». Les normes constitutionnelles ne donc pas opposables au droit
communautaire originaire, comme l’ont confirmé deux arrêts de la Cour de justice du 2 juillet
de son avocat général Ph. Léger pour qui, il suffisait « de rappeler que, selon une
norme nationale, même d’ordre constitutionnel ». Le droit constitutionnel des États se trouve
interne pour justifier le non-respect des obligations et délais résultant des règlements
77
communautaires (9 juill. 1998, Comm. c/ Belgique). Pour une confirmation récente : 11 janv.
2000, Tanja Kreil (La Cour y a interprété la directive sur l’égalité de traitement entre hommes
et femmes comme s’opposant à l’application de l’art. 12a de la LF all. qui excluait de manière
Voir en dernier lieu, CJUE, aff. C-999/11, 26 février 2013, Stefano Melloni c/
Ministerio fiscal, & 59 : « Il est ,..., de jurisprudence bien établie qu'en vertu du principe de
primauté du droit de l'Union, qui est une caractéristique essentielle de l'ordre juridique de
l'Union […], le fait pour un EM d'invoquer des dispositions de droit national, fussent-elles
d'ordre constitutionnel, ne saurait affecter l'effet du droit de l'Union sur le territoire de cet
État ».
C’est principalement à ce niveau que l’on mesure encore un peu plus la spécificité
avec le droit communautaire soit assurée de façon uniforme et effective, mais aussi directe et
immédiate.
Si le droit communautaire prévaut sur le droit national, cela ne veut pas dire que la
Cour de justice détienne le pouvoir d’annuler la norme nationale illicite. Cette tâche revient
aux juridictions nationales car il incombe au droit interne, conformément à ses propres
principe d’autonomie procédurale des droit nationaux, reconnu en ces termes par la Cour : le
d’appliquer, parmi les divers procédés de l’ordre juridique interne, ceux qui sont appropriés
pour sauvegarder les droits individuels conférés par le droit communautaire » (CJCE, 3 avr.
78
1968, Molkerei Zentrale). Cependant le respect absolu de ce principe d’autonomie
d’où l’encadrement progressif par la Cour de cette autonomie procédurale reconnue au droit
national.
Cette autonomie procédurale est en effet subordonnée à l’obligation pour les juges
nationale incompatible. La portée de cette exigence a été mise en valeur par la Cour
lorsqu’elle affirme que l’effectivité du droit communautaire implique « pour les autorités
juill. 1972, Comm. c/ Italie : Rec. 529). Deux effets sont ainsi reconnus au droit
Ainsi que l’affirme la Cour dans son arrêt Simmenthal du 9 mars 1978 : « le juge
même postérieure, sans qu’il ait à demander ou à attendre l’élimination préalable de celle-ci
prévalence du droit communautaire sur le droit national par rapport aux rapports classiques du
79
« primauté internationale » est complétée par la « communautarisation » de la « primauté
prévu un contrôle juridictionnel réel de la part des juridictions nationales sur toutes les
a) Le droit au juge
dans l’objectif d’assurer la garantie des droits issus du droit communautaire. En effet, les
justiciables ne sauraient être privés, par l’effet du droit processuel interne, du droit de faire
valoir par la voie contentieuse les droits qu’ils tirent du droit communautaire. Ce principe
assure que toute violation du droit communautaire par les autorités nationales fera l’objet d’un
primauté du droit communautaire et comme une obligation découlant d’un PGD (au juge)
consacré par les traditions constitutionnelles communes aux EM et par les textes
conventionnels. C’est ainsi par exemple qu’a été condamnée l’impossibilité résultant des
Cette exigence d’un contrôle juridictionnel effectif est susceptible d’engendrer des
juridictionnel à l’encontre d’actes qui en vertu du droit national n’ont qu’une portée
80
consultative. Notons par ailleurs que le droit à une protection juridictionnelle a pu faire l’objet
d’une concrétisation spécifique à travers des obligations insérées dans des actes de droit
dérivé. Il faut d’ailleurs observer que la Cour de justice a récemment précisé que les
d’écarter une disposition nationale faisant obstacle à la compétence du juge administratif, fût-
elle une disposition constitutionnelle (CJCE, 22 mai 2003, Connect Austria Gesellschaft).
la protection juridictionnelle. La garantie des droits tirés du droit communautaire doit être
assurée dans les mêmes conditions qu’aux nationaux à tous les justiciables. Ce principe
d’égalité de traitement juridictionnel a été déduit, par la Cour, directement de l’art. 12 CE (ex-
citoyens de l’Union les mêmes droits et facilités linguistiques que ceux reconnus à leurs
nationaux. Un tel principe doit dès lors être considéré comme une condition nécessaire à la
garantie effective des droits attribués aux justiciables par le droit communautaire.
Simmenthal qu’il incombe aux tribunaux nationaux d’écarter toute règle procédurale nationale
qui pourrait avoir pour effet de priver les justiciables d’une protection immédiate et effective
de leurs droits, fût-ce à titre temporaire, dans l’attente du jugement définitif sur l’existence de
diminuée si une règle du droit national pouvait empêcher le juge saisi d’un litige régi par le
81
droit communautaire d’accorder des mesures provisoires en vue de garantir la pleine
soulever d’office un moyen tiré de la violation du droit communautaire. A cet égard, la Cour a
d’abord jugé que le droit communautaire ne s’opposait pas à ce qu’un juge national décide
national, en admettant que chaque fois que le droit interne oblige à relever un moyen d’office,
la même obligation s’impose s’agissant des moyens tirés des règles contraignantes du droit
communautaire. Il admet néanmoins que, dès lors que le droit processuel national interdit au
juge de soulever d’office un moyen, le droit communautaire n’impose pas au juge interne de
relever d’office les moyens tirés du droit communautaire (CJCE, 14 déc. 1995, Van
Schijndel). Cette dernière solution doit cependant être nuancée : certains arrêts de la Cour de
justice poussent à penser que le juge communautaire tient à limiter l’obligation pour le juge
national de relever d’office l’application des règles communautaires aux seules hypothèses où
seraient en cause des dispositions fondamentales du droit communautaire (CJCE, 1er juin
82
3. La responsabilité de l’État du fait de la violation du droit
communautaire
Cette question n'a pour l'instant pas connu de développements significatifs en droit
communautaire africain.
En droit communautaire européen, l’idée selon laquelle la violation du droit
nov. 1991 : « les EM sont obligés de réparer les dommages causés aux particuliers par les
responsabilité de l’État pour les dommages causés aux particuliers par des violations de la
législation communautaire qui lui sont imputables est « inhérent au système du traité » ; et le
Un autre principe a été également mis en exergue, accentuant ainsi l’emprise des
La Cour a ainsi affirmé que le principe du droit à réparation en cas de violation du droit
communautaire « est valable pour toute hypothèse de violation du droit communautaire par
un EM, et quel que soit l’organe de l’EM dont l’action ou l’omission est à l’origine du
être engagée du fait de la violation du droit communautaire par une juridiction suprême. En
principe selon lequel les EM sont obligés de réparer les dommages causés aux particuliers
par les violations du droit communautaire qui leur sont imputables est également applicable
83
lorsque la violation en cause découle d’une décision d’une juridiction statuant en dernier
ressort… ».
Cet arrêt vient d’être confirmé par la Cour (13 juin 2006, Traghetti del
Mediterraneo c/ Italie) : cette responsabilité ne peut être limitée aux seuls cas du dol et de la
faute grave du juge si une telle limitation conduisait à exclure l’engagement de cette
responsabilité dans les cas où une méconnaissance manifeste du droit communautaire a été
commise. Elle peut être engagée lorsque la violation manifeste du droit communautaire
résulte d’une interprétation des règles de droit ou d’une appréciation des faits et des preuves.
La responsabilité de l’État est engagée dès lors que trois conditions sont remplies :
le résultat prescrit par la norme communautaire doit comporter l’attribution de droits au profit
des particuliers, la violation doit être suffisamment caractérisée, et il doit exister un lien de
causalité entre la violation de l’obligation qui incombe à l’État et le dommage subi par la
victime de la violation.
pas de même de celle qui a trait à l’exigence d’une violation suffisamment caractérisée. Dans
manifeste et grave par un EM ou par une institution communautaire des limites qui
s’imposent à son pouvoir d’appréciation ». La violation est sans nul doute toujours
hypothèse qui se distingue de la transposition incorrecte qui doit donner lieu à une
communautaire laisse à l’EM une certaine marge d’appréciation que la Cour exige une
violation caractérisée.
84
Dans l’arrêt Köbler de 2003, la Cour considère qu’afin de déterminer si la
violation est suffisamment caractérisée lorsque la violation en cause découle d’une décision
manifeste ».
d’équivalence impose aux États de traiter les réclamations dans ce domaine de la même
manière que les réclamations fondées sur la violation du droit interne. Cependant, le principe
d’effectivité leur impose d’écarter toute règle nationale qui rendrait l’obtention de la
Morris France), mais avait semblé éprouver plus de difficulté à reconnaître sans équivoque la
tabacs, en raison du préjudice que leur a causé l’application d’un décret du 31 déc. 1976,
fixant les prix de vente des tabacs selon des modalités incompatibles avec les objectifs d’une
avec la directive de la loi en application de laquelle il avait été pris). La même perspective se
retrouve dans un jugement récent du TA Paris, 7 mai 2004, Assoc. France Nature
Environnement, dans lequel le juge accepte d’engager la responsabilité de l’État pour la non
fermeture de la chasse avec les objectifs de la directive de 1979 sur la conservation des
85
oiseaux sauvages ; et refuse de l’engager pour l’incompatibilité avec le même texte de la loi
lois qui ne seraient pas compatibles avec les objectifs d’une directive communautaire ».
Il faut dire cependant que la CAA Paris a été plus audacieuse en reconnaissant la
responsabilité de l’État (1er juill. 1992, Sté Jacques Dangeville, s’il évite le terme de faute,
l’arrêt déclare l’État responsable en raison du caractère illicite de la situation créée par la non-
adaptation d’une loi fiscale aux objectifs d’une directive) ; mais le CE a soigneusement évité
de se prononcer sur le bien-fondé de cette solution en cassant l’arrêt d’appel pour des raisons
procédurales (30 oct. 1996, Dangeville). Soulignons que la France a été récemment
condamnée dans cette affaire par la Cour EDH, se fondant sur l’absence d’un recours effectif
devant le juge français. La Cour a jugé que la directive non transposée étant d’effet direct,
devait servir de fondement à l’action en responsabilité engagée par la société requérante. Elle
contribue ainsi à une application effective du droit communautaire (Cour EDH, 16 avr. 2002,
SA Dangeville c/ France).
n’hésitant pas à établir la responsabilité de l’État « sur le fondement d’une faute du pouvoir
sui generis, de type objectif dans son arrêt d’ass., 8 février 2007, M. Gardedieu : RFDA 2007,
p. 361 : « Considérant que la responsabilité de l'État du fait des lois est susceptible d'être
engagée, d'une part, sur le fondement de l'égalité des citoyens devant les charges publiques,
pour assurer la réparation de préjudices nés de l'adoption d'une loi à la condition que cette
86
loi n'ait pas entendu exclure toute indemnisation et que le préjudice dont il est demandé
réparation, revêtant un caractère grave et spécial, ne puisse, dès lors, être regardé comme
une charge incombant normalement aux intéressés, d'autre part, en raison des obligations
qui sont les siennes pour assurer le respect des conventions internationales par les autorités
publiques, pour réparer l'ensemble des préjudices qui résultent de l'intervention d'une loi
Köbler dans son arrêt du 18 juin 2008, Gestas : « En vertu des principes généraux régissant la
fonction juridictionnelle par une juridiction administrative est susceptible d'ouvrir droit à
indemnité. Si l'autorité qui s'attache à la chose jugée s'oppose à la mise en jeu de cette
responsabilité dans les cas où la faute lourde alléguée résulterait du contenu même de la
l'État peut cependant être engagée dans le cas où le contenu de la décision juridictionnelle
est entaché d'une violation manifeste du droit communautaire ayant pour objet de conférer
communautaire
L’objectif dans cette section est de mettre en valeur ce qu’il convient de qualifier
La mise en articulation ici postulée permet de faire l’esquisse d'un droit national de
l'expression d'une liberté et la traduction d'un engagement. Dans cette mesure, l'on peut
87
États avec les systèmes juridiques mis en place au niveau communautaire. Il y aurait ainsi
communautaire).
on note d’une part la prégnance de la volonté de l’État, qui déteint d’autre part sur
l’État.
l’État légitime son engagement dans l’ordre externe. Elle se traduit généralement par
l'expression formelle des autorités habilitées au sein de l'État à nouer, notamment par
conventions, des relations avec d'autres entités étatiques ; processus que le doyen Maurice
2004, vol. 310). Cette considération ne constitue, en d'autres termes, que la manifestation de
l'affirmation selon laquelle, et comme l’a souligné la CPJI dans son arrêt de 1923, affaire du
88
formule du Tribunal constitutionnel allemand, les États demeurent les « maîtres des traités ».
Elle est d'abord perceptible dans le fait que l'engagement communautaire de l'État,
dans la plupart des pays d'Afrique noire francophone, a pour principal vecteur les dispositions
Sans avoir à trop insister, l'observation générale de la plupart de ces Constitutions montre que
c'est le Président de la République qui est la principale autorité habilitée à engager l'État au
plan international, et donc dans le cadre de la construction communautaire. C'est ainsi par
exemple que lui est reconnue la mission générale de garant du respect des traités et accords
internationaux, ou encore que lui revient la compétence de négocier et de ratifier les traités, y
compris communautaires.
significatif dans cette mesure de mettre en valeur la considération selon laquelle la volonté de
Il faut ensuite préciser que cette même volonté de l'État est prégnante dans le
89
du traité CEDEAO révisé1, tous les autres engagements communautaires font une place
exclusive au consensus voire à l'unanimité. C'est ainsi qu'ils doivent être signés ou révisés par
l'ensemble des États membres, et que leur entrée en vigueur est subordonnée à la ratification
par les États membres selon leurs règles constitutionnelles respectives. A ce sujet, le traité
révisé CEMAC de juin 2008 prévoit respectivement que : les modifications des traités ou des
conventions subséquentes « entrent en vigueur après avoir été ratifiées par tous les États
membres en conformité avec leurs règles constitutionnelles respectives » (article 57, alinéa 3)
; « Le présent traité sera ratifié à l'initiative des Hautes parties contractantes, en conformité
des États membres, et au final leur liberté souveraine, est ainsi sauvegardée. Ce diagnostic est
conforté par la possibilité qui est ouverte à tout État membre de dénoncer ou de se retirer
volonté de l'État, vers les règles classiques du droit des traités. Nonobstant ses contours quasi
droit de l’intégration.
habilitant, de façon spécifique, l’État à conclure des traités communautaires ? Cette question
1
L'article 89 du traité CEDEAO révisé à Cotonou en 1993 et l'article 4 du protocole additionnel du 11 juin 2006
portant amendement de ce traité subordonnent l'entrée en vigueur à l'accomplissement des formalités appropriées
en la matière par 9 États membres.
2
Articles 107 du traité UEMOA révisé, 91 du traité CEDEAO révisé, 91, paragraphes 1 à 3 du traité CEEAC et 58
du traité CEMAC révisé.
90
est d'autant plus essentielle que « les organes compétents, les procédures à utiliser pour la
dégagées de la mobilisation des Constitutions des États d’Afrique noire francophone ; les unes
emportant relative singularisation des processus d'intégration et les autres valant banalisation
de l'intégration communautaire.
La première approche est la plus dominante, celle qui accorde une place
proclamations préambulaires, les constituants concernés ont prévu des clauses d'intégration
rédigées ainsi qu'il suit : « La République du Sénégal peut conclure avec tout État africain des
soucieuse de réaliser l'unité africaine peut conclure tout accord d'intégration sous régionale
ou régionale... »4.
3
Article 96, alinéa 3 de la Constitution du Sénégal du 22 janvier 2001 révisée ; voir aussi l'article 172 de la
Constitution de la VIIème République du Niger en date du 25 novembre 2010.
4
Article 149 de la Constitution du Bénin du 11 décembre 1990 modifiée.
91
Cette clause constitutionnelle d'intégration a fait l'objet d'une interprétation souple
souveraineté, la Cour affirme d'une part « qu'il n'en résulte pas cependant changement de
considère d'autre part – suite à une interprétation combinée du préambule et de l'article 149 -
moins une limitation de souveraineté ; qu'une telle limitation ou un tel abandon partiel de
certains égards, celles adoptées d'une part par le Conseil constitutionnel sénégalais et d'autre
part par la Cour suprême de justice de République démocratique du Congo. Pour le premier,
cause le traité OHADA s'assimile « non pas à un abandon de souveraineté, mais [à] une
limitation de compétences qu'implique tout engagement unilatéral »6. Quant à la seconde, elle
5
Décision DCC 19-94 du 30 juin 1994, Président de la République.
6
Conseil constitutionnel sénégalais, 16 décembre 1993 : Recueil Pénant, n° 827, mai-août 1998, pp. 225-234,
note Alioune SALL.
92
a jugé – se fondant sur l'article 217 de la Constitution7 – que les stipulations conventionnelles
décisions, il ne fait pas de doute que le constituant béninois a, comme certains autres en
coopération ou d'intégration. C'est ainsi que l'article 115 de la Constitution gabonaise de 1991
d'association avec d'autres États. Elle accepte de créer avec eux des organismes
texte de l'Acte constitutif de l'Union africaine, d'une part, que celui-ci constitue un traité ou
accord au sens des articles 113 à 115 de la Constitution et, d'autre part, que ledit texte ne
comporte aucune clause contraire à la Constitution »10 ; sans aucun éclairage quant aux
motifs conduisant à cette déclaration de non contrariété. Ce qui incline à penser que la Cour
7
Aux termes de l'article 217 de la Constitution de 2006 : « La RDC peut conclure des traités ou accords
d'association ou de communauté comportant un abandon partiel de souveraineté en vue de promouvoir l'Unité
africaine ».
8
Cour suprême de justice de RDC, décision n° R.CONST.112/TSR, 5 février 2010, comm. Marcel
WETSH'OKONDA KOSO, www.la-constitution-en-afrique.org/8-categorie-10195444.html
9
Voir, pour des formules proches, les articles 218 de la Constitution tchadienne de 1996 révisée et 182 de la
Constitution congolaise du 20 janvier 2002.
10
Décision n° 009/CC du 13 juin 2001 relative à la loi n° 003/2001 autorisant la ratification de l'Acte constitutif de
l'Union africaine. Voir de manière générale.
93
considère la clause de l'article 115 comme habilitant l'État à conclure des traités instituant des
Constitutions aucune clause d'intégration. De ce point de vue, l'on a pu considérer que les
formules figurant dans les préambules pouvaient servir de fondement implicite à l'engagement
révisée qui proclame que le Peuple togolais s'engage « à défendre la cause de l'unité
Constitution camerounaise du 18 janvier 1996 révisée. En effet, il faut souligner que l'option
trouve dans la réalisation d'une solidarité de plus en plus étroite entre les peuples africains,
[le Peuple camerounais] affirme sa volonté d'œuvrer à la construction d'une Afrique unie et
libre, tout en entretenant avec les autres nations du monde des relations pacifiques et
fraternelles conformément aux principes formulés par la Charte des Nations Unies ». S'il
n'en demeure pas moins – ainsi que l'ont montré certains auteurs – que nous sommes en
94
en place d'organismes intergouvernementaux », ou encore que cette loi fondamentale est
« ...muette sur la question et ne consacre spécifiquement aucun titre, chapitre ou article aux
Une mise en adéquation de cette dernière avec les processus d'intégration communautaire
apparaît de ce point de vue nécessaire. En effet, et paraphrasant les termes d'un rapport
construction communautaire, et des incidences chaque jour croissantes que celle-ci entraîne
dans l'ordre juridique interne, le système communautaire ne tire finalement sa force en droit
internationaux ».
communautaire de l’État est donc indéniable, même si l’on peut considérer qu’il est à
géométrie variable. La prégnance de la volonté de l’État soulignée plus haut peut, à certains
peut déceler une dose de présence étatique (rôle moteur de la Conférence des chefs d’État et
de gouvernement ; place centrale des Conseils des ministres ou Comités ministériels dans le
processus décisionnel communautaire). Tout ceci questionne, en tout état de cause, la figure
95
& 2. Le droit national d'exécution du droit communautaire
implications du statut de l’État membre d’une Communauté sous régionale. Cela renvoie en
des actes juridiques et matériels par lesquels les organes étatiques concourent à
moyens normatifs (A) ainsi qu’à l’activité juridictionnelle (B), étant entendu que les premiers
communautaire traduit quelques figures théoriques mises en valeur par la doctrine, avec pour
entrée la théorie du dédoublement fonctionnel soutenue par G. Scelle aux termes de laquelle
« les agents dotés d’une compétence institutionnelle ou investis par un ordre juridique
utilisent leur capacité fonctionnelle telle qu’elle est organisée dans l’ordre juridique qui les a
instituées mais pour assurer l’efficacité des normes d’un autre ordre juridique privé des
indirecte qui implique que la mise en œuvre normative du droit communautaire revient aux
démocratique et de subsidiarité, car « le recours aux « moyens étatiques » aux fins de mise en
application du droit communautaire […] présente un avantage indéniable qui garantit leur
efficacité : le droit [communautaire] est ainsi mis en œuvre « le plus près possible du
citoyen » par des moyens conformes aux exigences de l’État de droit ». On ne peut à ce stade
qu’en déduire que, pour ce qui est de l’exécution normative, la recherche d’articulation entre
96
les exigences tirées du principe de coopération loyale et le nécessaire respect de l’autonomie
plus que les Communautés économiques régionales, y compris en Afrique noire francophone,
ne disposent pas de moyens leur permettant de faire appliquer en droit interne le droit élaboré
par les institutions communautaires. De ce point de vue, ce principe « signifie que, lorsque
des mesures de mise en œuvre du droit [communautaire] doivent être arrêtées par les États
membres, ceux-ci se conforment aux règles qui découlent de leur droit interne et notamment
de leur droit constitutionnel, pour ce qui concerne la détermination des organes compétents et
des procédures à utiliser ». Les États membres sont ainsi libres de recourir à l’instrument
juridique de leur souhait pour mettre en œuvre le droit communautaire ; ce dernier étant
coopération loyale ; ce que donne à voir par exemple l’article 5, paragraphe 2 du traité
CEDEAO révisé qui stipule que « Chaque État membre s’engage à prendre toutes les mesures
traité ». Le principe de loyauté communautaire est par ailleurs décliné à l’article 4 traité
CEMAC révisé dans les termes suivants : « Les États membres apportent leur concours à la
particulières propres à assurer l’exécution des obligations découlant du présent traité. A cet
effet, ils s’abstiennent de prendre toute mesure susceptible de faire obstacle à l’application du
présent traité et des actes pris pour son application »11. Ainsi formulé, le principe de
11
97
coopération loyale, comme l’a mis en exergue le professeur Anne LEVADE, implique une
double obligation : « positive à la charge des États membres […] qui se traduit par un pouvoir
Tout ceci impose aux États membres d’une Communauté d’adapter leurs systèmes
traduire leur engagement communautaire. Cette approche a été par exemple retenue par l’Acte
gouvernements des États membres de la CEMAC ; texte qui invite les États membres à mettre
en place une structure nationale chargée des questions d’intégration, au sein de laquelle serait
prévue une Cellule interministérielle dédiée au suivi des questions d’intégration. A ce propos,
et concernant de manière générale les structures gouvernementales des États d’Afrique noire
francophone, il faut reconnaître qu’une telle recommandation est assez largement prise en
compte. De façon plus précise, les questions d’intégration régionale ou africaine sont souvent
l’intégration » comme « l’adaptation de l’État à son statut d’État membre » ne sont pas encore
assez visibles. Cela implique de mettre en place : des organes de suivi, de veille et d’analyse
Ce principe de loyauté communautaire a été précisé par la Cour de justice des Communautés européennes, 22
octobre 1998, Kellinghusen, aff. C-36/97 et C-37/97, Rec. I-6337 : « Selon une jurisprudence de la Cour, les
relations entre les États membres et les institutions communautaires sont régies […] par un principe de
coopération loyale. Ce principe oblige […] les États membres à prendre toutes les mesures propres à garantir la
portée et l’efficacité du droit communautaire ».
98
(assurant la représentation des intérêts étatiques dans les mécanismes complexes de prise de
décision et de mise en œuvre du droit communautaire), d’un Secrétariat général chargé des
culture de l’intégration voire à une absence de volonté politique des États. Est significative à
CCE-SE du 25 juin 2013 portant suppression du visa pour tous les ressortissants de la
CEMAC circulant dans l’espace communautaire, à partir du 1er janvier 2014. Il n’est donc pas
aisé à l’heure actuelle de mesurer le taux comme la qualité de la mise en œuvre du droit
communautaire par les États d’Afrique francophone. En effet, on peine à voir la traduction
concrète des principes d’équivalence (les mêmes règles doivent être applicables en matière
l’exercice des droits issus du droit communautaire). L’impression qui prédomine alterne entre
la piètre discipline communautaire des États et l’existence, certes réelle, d’un droit national de
cause, ce rôle communautaire des EM est central dans l’effectivité et l’application uniforme
du droit de l’intégration ; une telle considération n’est pas étrangère à l’office du juge
national.
99
B) Les limites de l'exécution juridictionnelle
un office de pur droit interne. On parle dans cette mesure de juridictions nationales, juges de
droit commun du droit communautaire. Ce rôle a par exemple été remarquablement mis en
exergue par le juge communautaire européen dans son arrêt Administration des douanes de
l’État c/ SA Simmenthal du 9 mars 1978 : « Tout juge saisi, dans le cadre de sa compétence, a,
en tant qu’organe d’un EM, pour mission de protéger les droits conférés aux particuliers par
le droit communautaire ». Cette affirmation communautaire a été par ailleurs reprise par
certains juges européens, à l'instar du Conseil d'État français qui considère que la juridiction
rôle communautaire des juridictions nationales » n'a pas encore été appréhendé à sa juste
mesure ; alors même qu'il est impliqué par l'affirmation du principe de primauté du droit
communautaire présenté plus haut (art. 44 CEMAC, 6 UEMOA et avis de la Cour de justice
de l'UEMOA n° 001/2003 du 18 mars 2003). Or, nos investigations ne nous ont pas permis
d'intégration. Une telle situation est peut-être inhérente au tropisme national de la plupart des
juridictions concernées, qui ont du mal à rendre inapplicables une norme législative ou
réglementaire nationale pour cause de contrariété avec le droit communautaire. Autrement dit,
excluant par conséquent l'existence d'un contentieux spécifique des actes nationaux
12
Conseil d'Etat français, ass., 30 octobre 2009, Mme Perreux.
100
Quelques solutions du juge judiciaire camerounais peuvent tout de même être
relevées :
droit communautaire et de protéger les droits que celui-ci confère aux particuliers en laissant
antérieure ou postérieure » ;
- Cour suprême, 15 juillet 2010, arrêt n° 21/civ., Michel Zouhair Fadoul c/ Omaïs
Kassim Selecta SARL : « Attendu qu'il ressort de cette disposition constitutionnelle [article
45] une hiérarchie des normes qui consacre la primauté des conventions internationales
ratifiées par le Cameroun sur la norme interne ; que le juge national en tire son investiture à
prévaloir le traité sur celles-ci au cas où elles lui sont contraires ; qu'ainsi, en cas de conflit
entre une convention internationale et une norme interne contraire, la seconde est écartée du
ratifiés et entrés en vigueur prennent place dans la hiérarchie des normes juridiques à côté de
Cette retenue des juridictions des États d'Afrique noire francophone, dans
l'exercice de leur office de juge communautaire de droit commun, s'observe aussi dans le
recours au renvoi préjudiciel. En effet, cette voie de droit permet au juge national de saisir la
101
« ...assurer une interprétation et une application uniformes du droit communautaire sur
nationales y ont très peu recours, et lorsque tel est le cas, elles ne le font nullement dans la
logique du dialogue des juges. Ainsi, la Cour de justice de l'UEMOA a-t-elle dû se déclarer
incompétente, dans son arrêt n° 02/2005 du 12 janvier 2005, Cie Air France et Syndicat des
connaître d'un pourvoi ainsi que le lui demandait le Conseil d'État sénégalais, car « la
procédure de renvoi est expressément celle de statuer « à titre préjudiciel ». En outre, dans un
arrêt du 25 novembre 2010, École inter-Etats des douanes c/ Djeukam Michel, la Cour de
justice CEMAC a été contrainte d'affirmer que : « ...le « contentieux préjudiciel n’étant que
l’archétype d’une justice dialogique » la Cour d’appel de Bangui qui ne dit pas en quoi la
partir des indications factuelles du litige, de constater leur incompétence ratione materiae
pour connaître d’un recours entrepris par un fonctionnaire de la CEMAC contre une de ses
D'où les considérations en guise de recommandations formulées par deux juges de la chambre
judiciaire de la Cour de justice CEMAC : pour l'un, « ...une connaissance générale des
principes du droit communautaire et de son champ d'application est seule à même de conférer
au juge national, quel qu’il soit, le « réflexe communautaire » sans lequel l'application
102
uniforme du droit communautaire ne serait qu'une vaine exigence théorique » (juge Taty), et
national de sauvegarder et de protéger par ses décisions les droits individuels engendrés par
on l’a dit, la question de l’existence d’un droit national de l’intégration communautaire couve
communautarisation des droits nationaux des pays d’Afrique noire francophone. A ce dernier
propos, et de façon tout à fait réaliste, il est difficile en l'état actuel du degré d'appréhension,
par les pays d'Afrique noire francophone, de la qualité d'État membre d'une organisation
d'intégration de formuler « ...le constat de l'émergence d'un corps de règles nationales propres
aux relations organiques et normatives avec [les Communautés dont ils sont membres] ». Que
de « chemin communautaire » restant à parcourir pour lesdits États membres, en tant que cela
103