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COURS DE DROIT DE L’INFORMATION ET

DE LA COMMUNICATION
Licence 3
Droit Public
Deuxième semestre
Pr Jean Tobie HOND

INTRODUCTION GENERALE

Le cours de droit de l’information et de la communication a pour objectif


d'aborder le principe juridique de la liberté d'expression et ses restrictions à
travers les différents médias, qu’il s’agisse de la presse écrite et cybernétique,
de la radiodiffusion sonore ou de la télévision.

A- Cadre conceptuel du droit de l’information et de la communication

Le droit de la communication est l'ensemble des règles qui s'appliquent aux


acteurs et aux supports de la communication sociale. Il se subdivise en
diverses branches dont les deux principales sont le droit de la presse et le
droit de la communication audiovisuelle.

Dès l'instant où la communication cesse de se limiter à un échange entre


deux personnes (communication intersubjective) et où elle s'inscrit dans
l'espace public ouvert à la discussion, elle prend des formes qui sont
compréhensibles par l'ensemble des acteurs du champ social, créant ainsi un
espace public. Cet espace public, parce qu’il permet une libre circulation des
idées, des opinions et des informations, autorise l’ingérence des pouvoirs
publics. Par conséquent, le principe de liberté qui caractérise le droit de la
communication ne se justifie que si cette liberté est respectueuse de la
dignité de la personne humaine, de la propriété d'autrui, du caractère
pluraliste de l'expression des courants de pensée et d'opinion, de la
protection de l'enfance et de l'adolescence, ou de la sauvegarde de l'ordre
public qui peut dans certains cas, expliquer l’ingérence des pouvoirs publics.

B- La justification de l’ingérence des pouvoirs publics

L’ingérence des pouvoirs publics est nécessaire à l’exercice de la liberté de


l’information et de la communication. En effet, les médias, par leur caractère
irradiant, contribuent à la création d’une conscience collective. Cette forme

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de communication permet des échanges et des diffusions d’informations
dans l'espace public. Dans cette logique, les mots et les informations
diffusées n'engagent plus que leurs auteurs, mais aussi les liens sociaux qui
se créent dans le champ social et peuvent entrainer des conséquences
suffisamment troublantes pour le bon ordre social. C’est ce qui justifie
l’intervention de l’Etat dans sa fonction régulatrice.
Pour Michel Mathien, « c'est dans l'espace public, caractérisé par
l'indistinction de tous ceux qui y circulent, que nous avons besoin de médias
pour représenter notre appartenance, notre citoyenneté et les choix qui
structurent nos pratiques sociales ».C'est à ce niveau qu’interviennent les
médias comme support de la médiation, c'est-à-dire de la relation entre les
acteurs singuliers de la sociabilité et les structures collectives de leur
appartenance. (Michel Mathien. Economie générale des médias, Ellipses,
Infocom, 2003).
C- Communication et information
La notion de communication est très souvent rapprochée de celle
d’information. Si la communication suppose une relation entre l’émetteur et le
récepteur d’une information, l’information quant à elle, renvoie à un contenu.
Ainsi perçue, l’information peut, en fonction des situations, être appréhendée
comme un bien (si l’on considère sa rareté), un produit (si l’on considère sa
reproduction massive), une marchandise (si l’on considère sa valeur), ou un
service (si l’on considère son utilité).

D- L’information et la communication appréhendées sous l’angle des libertés


La liberté de communication, qui repose toute entière sur la liberté
d’expression, est la pierre angulaire des principes de la démocratie et des
droits de l’Homme proclamés dans les conventions et déclarations de droits.
Pour la qualifier, la jurisprudence du Conseil Constitutionnel français parle «
d'une liberté fondamentale, d'autant plus précieuse que son existence est
l'une des garanties essentielles du respect des droits et libertés et de la
souveraineté nationale » (CC, Décision N° 84-181 des 10 et 11 octobre
1984).Parmi les supports de cette liberté de communication, la presse joue
un rôle de « chien de garde », en alertant le public sur les menaces qui
pèsent sur les libertés, qu'elles émanent des gouvernants ou d’autres
puissances.

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Toutefois, l’on ne peut dissocier la liberté de communication des valeurs les
plus fondamentales de la démocratie libérale. Cette liberté est donc le
support de l’information à destination des citoyens.

Le droit de la communication permet également de souligner les limitations


dont la liberté d’expression fait l’objet. C’est une liberté dont la proclamation
s’accompagne de limitations ou à tout le moins, doit etre conciliée avec
d’autres libertés bénéficiant de la même protection. La société libérale est
alors celle qui s’emploie à fixer cette conciliation.

En s’inspirant de ce développements liminaires, cet enseignement se


préoccupera d’évoquer tour à tour les champs d’appréhension du droit de
l’information et de la communication (Première partie) et les conséquences
inhérentes à ce droit fondé sur le principe de la liberté (deuxième partie).

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Première partie

Les champs d’appréhension du droit de

l’information et de la communication

Chapitre I
Un droit appréhendé sous l’angle de la liberté d’expression

Le droit de l’information et de la communication s’applique à toutes les


activités qui, par le moyen de l’écrit, de l’image, du son ou de tout autre
procédé, communiquent au public des informations, des connaissances, des
loisirs. Si cette communication s’est pendant longtemps déployée à travers
des supports distincts, avec la fulgurante évolution des technologies de la
communication, elle tend de plus en plus à se développer par le biais de
supports uniques. C’est le phénomène dit de la convergence technologique
qui tend à rassembler sur le même réseau numérique et à travers un même
terminal l’audiovisuel traditionnel, la presse écrite, la communication en ligne
et la correspondance privée.

Il s’agira ici d’évoquer d’une part la consécration textuelle de la liberté


d’information et de la communication (section I) et d’autre part, les
instruments de protection de cette liberté (section II).

Section 1
La consécration textuelle de la liberté d’information
et de communication
Sans prétendre à l’exhaustivité, nous limiterons le champ de nos
développements à un certain nombre de textes fondamentaux, en
commençant par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (DDHC)
de 1789, la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, le pacte
relatif aux droits civils et politiques, la Convention Européenne des Droits de

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l’Homme et des Libertés Fondamentales (CEDHLF) et la charte africaine des
droits de l’homme et des peuples de 1981.

I - La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789

A- Affirmation de la liberté de l’information et de la communication

L’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen définit la


liberté de communication des pensées et des opinions comme « un des droits
les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer
librement, sauf à répondre à l’abus de cette liberté dans les cas déterminés
par la loi ». La DDHC, en qualité de texte fondateur des « droits inhérents à
l’essence de l’homme », fait partie des textes constitutionnels du droit de la
plupart des systèmes démocratiques (Voir J. Rivero, Les libertés publiques,
PUF, collection Thémis-Droit public, Tome 1, Les droits de l’homme, 8ème
édition).

B- Réception constitutionnelle du principe

La prescription de l’article 11 de la DDHC a fait l’objet d’une réception par la


quasi-totalité des constitutions des Etats modernes.

A titre d’illustration, l’article 1er du Préambule de la Constitution française du


4 octobre 1958 proclame l’attachement du peuple français « aux Droits de
l’homme […] tels qu’ils ont été définis par la Déclaration de 1789, confirmée
et complétée par le préambule de la Constitution de 1946 ». Au renfort de
cette consécration, le Conseil Constitutionnel français, dans sa célèbre
décision n°71-44 du 16 juillet 1971 dite « Liberté d’association », consacre la
valeur constitutionnelle du préambule de la Constitution et confère ainsi une
importance de premier rang au texte de la Déclaration des Droits de l’Homme
et du Citoyen.

De la même manière, la Constitution camerounaise du 18 janvier 1996


mentionne à son préambule que « la liberté de communication, la liberté
d’expression, la liberté de presse … sont garantis dans les conditions fixées
par la loi ». La pertinence d’une telle affirmation s’entend davantage lorsque
l’on se réfère à l’article 65 de la loi fondamentale du Cameroun, qui précise

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que «le préambule fait partie intégrante de la constitution ». Ces deux
disposition confirme, s’il en était encore besoin, la valeur constitutionnelle de
la liberté de l’information et de la communication. (ce référent constitutionnel
consacre une valeur constitutionnelle à ce droit).

II- Les autres instruments internationaux de promotion de la


liberté d’information et de communication

A- Une portée plus ou moins contraignante

D’autres textes à vocation internationale de portée plus ou moins


contraignante, convergent vers le même objectif que laDDHC.

Il s’agit :

- de la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 dont


l’article 19 mentionne que la liberté d’expression implique « le droit de
ne pas être inquiété pour ses opinions » et celui de recevoir et de
répandre des informations sans considérations de frontières.
- du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques dont l’article
19 qui dispose que« Nul ne peut être inquiété pour ses opinions. Toute
personne a droit à la liberté d’expression ; ce droit comprend la liberté
de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées
de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme
orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son
choix ».
- de la Convention Européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme et
des Libertés fondamentales.

Lorsqu’ils sont régulièrement introduits dans l’ordre juridique interne des


Etats, ces textes obtiennent une valeur supra législative, tel que le mentionne
l’article 45 de la Constitution camerounaise du 18 janvier 1996 qui dispose
que « les traités ou accords internationaux régulièrement approuvés ou
ratifiés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois ».
B- Un caractère obligatoire limité

Le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques présente un


caractère obligatoire pour tous les Etats signataires, après ratification.

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Cependant, ce caractère obligatoire propre à garantir l’effectivité des droits et
libertés ainsi reconnus est limité en l’absence de mécanismes de sanctions et
d’obligations positives, qui ont été laissés à la charge des Etats.

Pour sa part, l’article 10(1) de la Convention Européenne de Sauvegarde des


Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales dispose que « toute
personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté
d’opinion et la liberté de recevoir et de communiquer des informations ou des
idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorité publique et sans
considération de frontières ».La formulation de cet article revêt un caractère
large. En effet, le terme « toute personne » indique que les bénéficiaires de
la liberté ainsi consacrée sont à la fois les personnes physiques et les
personnes morales. De fait cet article, en l’absence de précisions contraires,
s’applique à tout support de communication et à toute activité de
communication.

A tout prendre, l’on observe qu’au principe de liberté énoncé à l’alinéa 1 de


l’article 10 de la Convention ci-dessus mentionné, s'opposent les exceptions
envisagées à son alinéa 2. La liberté d’expression fait donc ainsi partie des
libertés conditionnelles qui peuvent faire l’objet d’une dérogation ou d’une
restriction, notamment dans le cadre d’une clause d’ordre public. Ces
restrictions concernent habituellement la sécurité nationale, l'intégrité
territoriale ou la sûreté publique, la défense de l'ordre ou la prévention du
crime, la protection de la santé ou de la morale, la protection de la réputation
ou des droits d'autrui, la sauvegarde d'informations confidentielles, la
garantie de l'autorité et de l'impartialité du pouvoir judiciaire.

Il s’agit là d’une forme de réglementation des ingérences étatiques dans


l'exercice de la liberté d'expression. Cette exception est confirmée par la
jurisprudence de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH). Ainsi,
dans la jurisprudence MAMERE, la CEDH a admis que « la valeur éminente de
la liberté d’expression ne peut pas en toute circonstance l’emporter sur la
nécessité de protéger l’honneur ou la réputation, qu’il s’agisse de simples
citoyens ou de responsables publics » (CEDH, 7 novembre 2006, Légipresse,
n°239-III, p.34).

Section 2 : La protection de la liberté d’information


et de communication

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I - Une consécration textuelle

Les dispositions juridiques qui organisent le secteur de l’information et de la


communication sociale au Cameroun sont contenues dans une variété de
textes qui se présentent sous plusieurs catégories, allant de la forme
législative à des types réglementaires variés. Ces différents textes se
caractérisent globalement par une évolution constante, marquée par une
volonté effective de démonopolisation, qui a abouti au début des années 90 à
la proclamation de la libéralisation du secteur de la communication sociale.

A- Les textes législatifs


- La loi n°90/052 du 19 décembre 1990 relative à la liberté de la
communication sociale, modifiée et complétée par la loi n° 96/04 du
04 janvier 1996.
- La loi n°2006/018 du 29 décembre 2006 régissant la publicité au
Cameroun.
- La loi n° 2010/013 du 21 décembre 2010 régissant les
communications électroniques au Cameroun ;
- Loi n° 2015/007 du 20 avril 2015 régissant l’activité audiovisuelle au
Cameroun.
B- Les textes réglementaires
- Le décret n°92/0313/PM du 24 septembre 1992 rendant exécutoire
le Code de déontologie du journaliste ;
- Le décret n°2000/158 du 03 avril 2000 fixant les conditions et les
modalités de création et d’exploitation des entreprises de
communication audiovisuelle.
- Le décret n°2002/2170/PM du 09 décembre 2002 fixant les
modalités de délivrance de la carte de presse ;
- Le décret n°2012/038 du 23 janvier 2012 portant réorganisation du
Conseil National de la Communication…

Cette abondante réglementation dont le but est d’organiser le cadre et le


fonctionnement du secteur de la communication sociale au Cameroun,
s’inscrit globalement dans une dynamique de libéralisation, privilège que n’a
pas toujours connu ce domaine d’activité. A titre d’illustration, la Presse n’a
pas toujours été libre au Cameroun. L’on peut se souvenir du temps de la
censure a priori et de l’argument récurrent de la subversion, concept
liberticide caractérisé par sa fluidité et son imprécision. La Presse
camerounaise a longtemps vécu dans la frilosité de l’ère de la censure

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radicale. L’on peut rappeler à ce sujet que la loi du 21 décembre 1966 sur la
Presse exigeait notamment que les publications des organes de presse
apparaissant à cette époque soient soumises avant leur impression à
l’appréciation des autorités administratives compétentes, qui pouvaient alors
décider de leur parution ou non. De plus, les sanctions prévues à l’encontre
des publications jugées « subversives » ne se limitaient pas seulement à la
censure ou à la suspension des titres incriminés, mais atteignaient parfois les
Directeurs de publication des organes en cause ou les auteurs des susdits
titres (C’est dans ce contexte que Célestin LINGO, Directeur de L’Essor des
jeunes, a été incarcéré de 1970 à 1975 au camp de Mantoum).

Ce statut précaire et peu propice à l’émergence d’une communication


professionnelle a fort heureusement évolué depuis l’abrogation par
l’assemblée nationale en novembre 1990 de l’ordonnance du 12 mars 1962
sur la répression de la subversion ; la promulgation la même année de la loi n
90/052 portant liberté de la communication sociale, modifiée par la loi n°
96/04 du 4 janvier 1996 qui a définitivement mis un terme à la censure dans
les médias (même si de l’avis de certains observateurs, cette modification de
1996 participe d’une réforme à demi-teinte, puisqu’aux termes des articles 13
et 17 de la loi du 4 janvier 1996, les directeurs de publication des organes de
presse sont tenus de déposer auprès de l’autorité administrative, deux
exemplaires de chaque édition de leurs journaux, au plus tard deux heures
après leur parution. D’autre part, cette loi dispose qu’en cas d’atteinte à
l’ordre public ou aux bonnes mœurs, ces organes peuvent faire l’objet d’une
saisie ou d’une interdiction par l’autorité administrative).

Mais de manière générale, l’on peut affirmer que depuis le début des années
90, la Presse au Cameroun est passée à une phase nouvelle de son histoire à
travers la volonté des pouvoirs publics de promouvoir la liberté d’expression
telle que garantie par la Constitution de la République même si certains
observateurs y ont plutôt vu une sorte de résignation des autorités étatiques
face à un mouvement de libéralisation que l’on dit venu des pays de l’Europe
de l’Est au début des années 90 et qui, au renfort d’une forte pression
populaire, aurait contraint les chancelleries africaines à une réorientation de
leurs politiques dans le sens d’une plus grande prise en compte des droits de
l’homme et des libertés fondamentales.

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En tout état de cause, la Presse camerounaise s’est substantiellement
émancipée, avec l’émergence d’une culture de la liberté qui dans certaines
situations se retrouve aux confins de la permissivité.

Cette politique libérale volontaire ou contrainte, a conduit à un véritable


foisonnement médiatique et à une liberté de ton qui n’a d’égal que celui de la
période pré indépendance, où les journaux s’érigeaient en lobbies puissants,
se dressant au profit des idéaux nationalistes contre les pratiques coloniales.

II- une protection par des moyens juridiques et extra-juridiques

A- La protection par les moyens juridiques

De manière générale, lorsque la liberté de communication fait l’objet d’une


restriction par l’autorité publique, le juge met en balance l’ingérence étatique
dans l’expression de cette liberté et les intérêts protégés par cette ingérence.
Il effectue un contrôle ultra petita, la nécessité étatique de restreindre la
liberté devant s’établir de manière convainquant.

Cette démarche procède du fait que la liberté est considérée comme le


principe, ses restrictions ne devant constituer que des exceptions bien
motivées, sans quoi l’atteinte à la liberté ne se justifie pas en droit.

Même dans les cas de diffamation, le juge a toujours tendance à donner à


l’auteur de l’acte incriminé la possibilité de se défendre. Ainsi, en dehors de
l’hypothèse de l’exceptio veritas qui consiste pour le mis en cause à apporter
la preuve du fait allégué, les tribunaux ont affirmé la possibilité pour l’auteur
d’un fait diffamatoire de prouver sa bonne foi et d’échapper ainsi à la
sanction. Cette bonne foi, tel qu’il ressort d’un arrêté de la chambre criminelle
de la cour de cassation française du 3 juillet 1996, se fonde sur quatre
critères cumulatifs (la légitimité du but poursuivi, l’absence d’animosité
personnelle, le sérieux de l’investigation préalable ; la prudence et la mesure
dans l’expression).

B- La protection par les moyens extra juridiques

Dans le contexte camerounais, elle s’effectue à travers l’action d’institutions


appropriées, qui ont un statut d’Institutions Administratives Indépendantes
ou d’Institutions Administratives Autonomes.

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L’on peut dans ce cadre mentionner le conseil national de la communication,
créé par l’article 68 de la loi du 19 décembre 1990 relative à la liberté de la
communication sociale et réorganisé par le décret n 2012/038 du 23 janvier
2012, dont l’article 3(2) dispose qu’il « veille au respecte de la liberté de
communication sociale conformément à la constitution et aux lois et
règlements en vigueur ».

A coté de ces institutions étatiques, l’on peut aussi relever la fonction des
associations, organisations et syndicats professionnels.

Chapitre 2

Un droit appréhendé sous l’angle de la liberté d’information

De quelque manière qu’elle se présente, l’information a toujours été


envisagée à travers la liberté d’expression ou de communication.

Section 1 : La notion d’information

I- L’absence d’une définition consensuelle

A- Une notion pluri sémique

La notion d'information fait l'objet de multiples définitions selon le domaine


dans lequel elle est utilisée. Chaque domaine d'intervention intègre
l'information dans son propre champ d'étude et ne retient de cette notion que
des aspects partiels. Comme l’affirme E. Daragon, alors que les journalistes
recherchent l'actualité dans l’information, les sociologues la voient comme
l'objet d'un bouleversement social et les informaticiens la perçoivent comme
une donnée de la mémoire artificielle (E. Daragon, « Etude sur le statut
juridique de l'information », D, 1998, chr, p.64.).

De ce qui précède, il apparait donc qu’il n'existe aucune définition


consensuelle de l'information. Toutefois, en dépit de sa polysémie, cette
notion présente un trait fédérateur qui procède de l'idée que l'information est
circulaire. La traduction de cette circularité appliquée au domaine de la
communication, repose sur la relation qui s'instaure entre la structure de
communication, émettrice de l'information et le téléspectateur, le lecteur ou
l’Internaute, récepteurs de l'information.

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Cette dernière considération a conduit les Professeurs Auby et Ducos-Ader à
définir l'information comme « l'action consistant à porter à la connaissance
d'un public certains faits ou opinions à l'aide de procédés visuels ou auditifs,
comportant des messages intelligibles pour ce public » (Auby et Ducos-Ader.
Droit de l'information, 1982, 2ème édition, p.1.).

Par ailleurs, il convient de ne pas confondre les notions d’opinion et


d’information qui revêtent des caractères complètement différents. Si
l’information est par nature objective, l’opinion, elle, est intrinsèquement
subjective. La frontière entre les deux notions est parfois subtile parce que
c’est à partir d’une information que l’on peut se faire ou exprimer une
opinion. Toutefois, dans la pratique, les conséquences qui découlent de la
diffusion ou de la publication d’une information ou d’une opinion sont de
natures différentes, du point de vu des exigences déontologiques (Voir J.
Fauvet. « Le Monde ». Parution du 19 novembre 1971. « La presse
d’information et la presse d’opinion », p. 51).

B- L’information génératrice de droits et d’obligations

L'information peut s'entendre d'une activité qui est liée à l'intervention de


deux principaux acteurs, à savoir l’émetteur et le récepteur de l’information.
L'action informative génère une dynamique porteuse de droits et d’obligations
pour les personnes qui l'émettent et la reçoivent, puisque la pratique de
l’information en matière de communication sociale concerne en même temps
le devoir d'informer et le droit à être informé, sous réserve de l’absence de
divulgation de certaines informations classées secrètes et mises sous le sceau
d’une protection institutionnelle qui peut tomber au terme d’une décision
politique ou d’une prescription temporelle.

De manière globale, le droit à l’information est un droit universel de l’homme


moderne. Il est à la fois actif et passif. Il agit indifféremment dans des
situations de recherche de l’information, mais intervient également pour
permettre à tout individu de pouvoir recevoir l’information. Pour être effective
en pratique, ces situations sont consacrées et protégées d’un pays à un
autre, par des textes législatifs ou réglementaires. A titre d’exemple,
le décret N°2002/2170/PM du 09 décembre 2002 fixant les modalités de
délivrance
de la carte de presse au Cameroun dispose à son article 5 que « le titulaire
de la carte de presse a droit au bénéfice des dispositions particulières prises

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en faveur des représentants de la presse par les pouvoirs publics. Il a
notamment accès, sous réserve du respect des lois et règlements en vigueur
et des nécessités du maintient de l’ordre public, aux sources d’information et,
de manière générale, à tous les lieux où il est appelé à exercer. Il a droit,
dans l’exerce de ses fonctions et à sa demande, à la protection et à
l’assistance des forces chargées du maintien de l’ordre ».

II- Les étapes de la reconnaissance du droit à l’information

A- La protection de l’émetteur et du récepteur

C’est au début des années 80 que l’on s’oriente en France vers la


reconnaissance d’un droit à l’information à travers les lois sur la
communication et les décisions du Conseil Constitutionnel. Le Conseil
constitutionnel s’est fait l’interprète de l’article 11 de la DDHC, en consacrant
la liberté d’émettre et de recevoir des idées et des opinions (Cons. Const.,
n°82-142 DC, 27 juillet 1982, préc.).

Sur cette base, l’émetteur de l’information est libre d’émettre des idées et des
opinions, en même temps que le destinataire de l’information peut exercer
son libre choix pour l’information qu’il souhaite recevoir, en dépit des
influences des intérêts privés ou des pouvoirs publics (Cons. Const., Décision
n°84-181 des 10 et 11 octobre 1984 ; Cons. Const., Décision n°86-217 du 18
septembre 1986).

En protégeant la liberté de l’émetteur et celle du récepteur, le Conseil


constitutionnel met l’accent sur les principes de la liberté d’entreprendre et de
la liberté de choix.

Cette position marque une avancée considérable dans la construction du droit


de l’information, car elle établie deux grands principes, à savoir le principe
dela libre concurrence et celui du pluralisme de l’information. Le pluralisme
médiatique et la diversité des opinions si chers à la société démocratique
contemporaine doivent leur essor à cette avancée. Aujourd’hui, dans le seul
contexte camerounais, l’on dénombre une trentaine de chaines de télévision,

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plus de cent stations de radiodiffusion sonore, environ deux cent organes de
presse écrite et cybernétique fonctionnels.

B- La reconnaissance de la libre expression de l’information

La liberté d'expression reste la notion englobante qui chapeaute l'ensemble


des libertés afférentes au contenu et aux supports de l'activité d'information.
Elle fait le lien entre les diverses libertés reconnues par le législateur qui en
fonction de leur degré de protection, oscillent de la liberté proprement dite
vers le droit exigible. Le terme générique de liberté, qu'il soit associé à
l'expression ou à l'information, est révélateur de la relativité de la notion et
du caractère objectif des règles qui s'y rattachent.

La notion de droit se distingue par sa référence à la subjectivité et au pouvoir


d'exigence dont est titulaire le récepteur sur l'acte même d'information. Ce
droit à l'information consiste à reconnaître au récepteur « non plus seulement
la liberté de recevoir l'information existante, mais également l'aptitude
juridique à bénéficier d'une information effective et objective ». Il s'agit de lui
reconnaître également la possibilité de faire sanctionner toute atteinte au
respect de ce droit ( M. Auby, R. Ducos-Ader, Droit de l'information, 1982,
2ème édition, p.12).

Au plan interne des Etats, la loi n° 96/12 du 05 aout 1996 portant loi-cadre
relative à la gestion de l’environnement au Cameroun dispose à son article 7
(1) que « toute personne a le droit d’être informée sur les effets
préjudiciables pour la santé de l’homme et l’environnement des activités
nocives, ainsi que les mesures prises pour prévenir ou compenser ces
effets ».
Dans le contexte français, le droit à l'information est, depuis 2005 en France
notamment, énoncé dans la loi constitutionnelle n° 2005-205 du 1er mars
2005 relative à la Charte de l'environnement, qui dispose à son Art. 7 que
« toute personne a le droit, dans les conditions et les limites définies par la
loi, d’accéder aux informations relatives à l’environnement détenues par les
autorités publiques et de participer à l’élaboration des décisions publiques
ayant une incidence sur l’environnement». Même si ce texte n’a pas de
portée générale parce qu’il concerne la protection de l’environnement, il reste
qu’il opère une distinction entre l'information et la participation, en érigeant
les deux notions en droit.

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Dans l’esprit de cet article 7 de la Charte française de l'environnement le
Décret n°2002-1187 du 12 septembre 2002 portant publication de la
Convention sur l’accès à l’information, la participation du public au processus
décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement en France
affirmait déjà que «les citoyens doivent avoir accès à l'information, être
habilités à participer au processus décisionnel ».

De ce qui précède, l’on observe dans le contexte du droit français quela


notion de droit à l'information est consacrée dans des textes législatifs
spécifiques dont l'application ponctuelle ne peut prétendre à la
reconnaissance d'un droit à portée générale. Toutefois, à travers l’analyse
des termes « participer à l’élaboration des décisions publiques ayant une
incidence sur l'environnement » ou « être habilités à participer au processus
décisionnel », ne peut-on pas penser, à la suite du Professeur Michel PRIEUR,
que le législateur pourrait, à l'aune de ces articles, contraindre
l'administration à publier ses projets de décrets et à prendre en considération
les observations faites à leur sujet par les citoyens, avant de les rendre
exécutoires et généraliser de ce fait la protection du droit à l’information
(Michel PRIEUR. Droit de l’environnement, 7ème édition Dalloz) .

En restant dans le cas français, d’autres textes peuvent être cités tels que :

- la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 portant diverses mesures entre


l'administration et le public, dite loi de « transparence
administrative », qui dispose à son article 1er que « le droit de toute
personne à l'information est garanti […] en ce qui concerne la liberté
d'accès aux documents administratifs ».
- la loi n°79-587 du 11 juillet 1979 relative à la motivation des actes
administratifs, qui prévoit à son article 1erque « les personnes
physiques ou morales ont le droit d'être informées sans délai des
motifs des décisions administratives défavorables qui les
concernent ».

A la différence du droit interne, la scène juridique internationale a consacré


de nombreux textes et conventions à la liberté d'information et plus
spécialement au droit de recevoir des informations. Voir notamment :

- article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ;


- article 10 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de
l’homme et des libertés fondamentales ;

15
- article 11 de la Charte Européenne des Droits Fondamentaux de
l’Union Européenne.

C'est en réalité, sous l'empire de ces textes à vocation internationale ou à


vocation régionale que le droit à l'information est le plus souvent mis en
œuvre. La Charte Européenne des Droits Fondamentaux de l’Union
Européenne mentionne à son article 11 consacré à la liberté d’expression et
d’information que « toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit
comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des
informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités
publiques et sans considération de frontière ».

Section 2 : La nature juridique du droit à l’information

La condition nécessaire à la reconnaissance des droits fondamentaux résulte de


leur consécration par la constitution ou par un traité international ( Voir J-F Lachaume,
« Droits fondamentaux et droit administratif », AJDA,1998, numéro spécial,
20 juillet/20 août, p.93).

Le droit à l'information répond à cette première condition, puisqu’il est


consacré au préambule de la constitution du Cameroun. Cependant cette
condition n'est pas suffisante. Elle doit être complétée par l'existence d'un
titulaire certain pour ce droit parce qu’il s’agit d’un droit subjectif, ainsi qu'un
régime juridique précis (Voir, M. Bodin, Le droit à l'information, un droit
constitutionnel en voie d'élaboration. Voir également L. Favoreu.
« L'élargissement de la saisine du Conseil constitutionnel aux juridictions
administratives et judiciaires », RFDA, 1990, p.581 et suivantes. Voir aussi J. F.
Lachaume, « Droits fondamentaux et droit administratif », préc., p.92. Voir E.
Picard. « L'émergence des droits fondamentaux en France », AJDA, 1998,
numéro spécial, 20 juillet/20 août, p.6.).

I- Un droit subjectif

A- Une application directe à l’individu

Selon François Terré, le glissement des libertés vers les droits de l'homme se
prolonge vers la reconnaissance de droits subjectifs « d'esprit individualiste »
(F. Terré, « L'information ? Des libertés aux droits subjectifs », Légipresse,

16
1995, n°119, II, p.22.). Dans le même esprit, Jacques Chevallier constate
que « s'efforçant de garantir l'accès de tous à l'information, on se préoccupe
de l'exercice concret de la liberté de communication et on la transforme en
véritable droit subjectif au profit des individus » (J. Chevallier, « Constitution
et communication », D., 1991, chr, p.253. ).

En tout état de cause, la reconnaissance d'un droit subjectif à l'information


permet d'en garantir l’application directe et concrète, notamment en ouvrant
la possibilité d'un recours juridictionnel par le détenteur de ce droit (R. Von
Ihering, L'esprit du droit romain dans les diverses phases de son
développement, traduction par O. De MEULENAERE, éditions Marescq, tome
4, 1978, 3ème édition, p.326).

B- L’existence d’intérêts protégés

La conception classique ou « utilitaire »des droits subjectifs qui vient ainsi


d’être résumée repose sur l'existence d'intérêts protégés par la loi (X.
AGSTINELLI, Le droit à l'information face à la protection civile de la vie
privée, Librairie de l'Université d'Aix en Provence, collection Ethique et
déontologie, 1994, p.118 et suivantes).Ces intérêts peuvent être recoupés en
deux éléments :

Le premier est substantiel. Il renvoi au but pratique du droit qui est l'utilité.

Le second est formel. Il a trait à la protection du droit. Le droit subjectif est


sanctionné par une action en justice ayant pour objet de mettre fin à
l'atteinte qui lui est portée ( VoirJ. Mestre, « La protection, indépendante du
droit de réponse, des personnes physiques et des personnes morales contre
l'altération de leur personnalité aux yeux du public », JCP, 1974, doctrine,
n°2623).

Au surplus, si l’on se réfère à la matière des libertés publiques, le droit à


l'information peut s’identifier à un droit-créance, auquel l’on reconnaîtrait
une protection législative. Or, la catégorie des droits-créances est plus large
que celle des droits subjectifs et correspond à l'idée que certains droits
constituent « des créances par lesquelles l'individu peut exiger de la société
un ensemble de prestations positives » (Voir J. Rivero, Les libertés publiques,
Thémis-PUF, tome 1, p.97). Par conséquent, la proclamation d'un droit-
créance met à la charge de l'Etat une obligation de résultat . Jean Rivero
illustre cette obligation en précisant que ces droits « ne peuvent recevoir

17
satisfaction qu'après la mise en place d'un appareil destiné à répondre aux
exigences des particuliers. Le service public est donc, pour la satisfaction de
tels pouvoirs, le procédé le plus normal » (] J. Rivero, Les libertés publiques,
préc., p.100.). A titre d'illustration, le droit à la santé, tel qu'il est proclamé
par le Préambule de la Constitution du 18 janvier 1996 au Cameroun, ne peut
se réaliser que dans le cadre de la Sécurité sociale ou de la Couverture
maladie universelle.

II- L’exigence d’un titulaire du droit à l’information

A- La qualification du titulaire

La qualification de droit fondamental suppose que le droit à l'information


trouve incontestablement un titulaire pour bénéficier de la protection qui lui
est accordée. Il peut s'agir selon les cas du téléspectateur, du lecteur, de
l’auditeur, de l’internaute, du public, du récepteur, du citoyen, du
consommateur, du client ou du journaliste.

B- La reconnaissance du droit à l’information par les juridictions

Ce qui caractérise le plus un droit subjectif et qui le distingue du droit


objectif, c’est la possibilité pour son titulaire de le faire valoir en justice. Il
ressort de la doctrine française en la matière que même s’il n’est pas reconnu
très explicitement par le Conseil Constitutionnel, les juges se réfèrent au droit
à l’information, pour le concilier avec les droits de la personnalité et l’ordre
public.

La position des juges découle habituellement de l'interprétation faite par le


Conseil constitutionnel français de l'article 11 de la DDHC. Cette position est
justifiée par le fait que l’information est à destination du public qui la reçoit
comme un droit. Étant titulaire d’un tel droit, un particulier est recevable à
agir s’il s’estime atteint dans les prérogatives qui y sont attachées.

Toutefois, il est important de mentionner que l’honnêteté de l’information


constitue un élément fondamental du droit à l’information. Dans sa décision n
94-333 du 21 janvier 1994, le Conseil Constitutionnel, en se référant à
l’impératif de l’honnêteté de l’information, place le citoyen au cœur du

18
dispositif de communication par ces termes : « la libre communication des
pensées et des opinions, garantie par l’article 11 de la déclaration de 1789,
ne serait pas effective si le public auquel s’adressent les moyens de
communication audiovisuelle n’était pas à-même de disposer, aussi bien dans
le cadre du secteur privé que de celui du secteur public, de programmes qui
garantissent l’expression de tendances de pensées différents dans le respect
de l’impératif d’honnêteté de l’information ». l’ »impératif d’honnêteté » de
l’information réuni, ces deux principes : la morale du journaliste par nature
comme loi universelle et les lois positives, qui s’imposent à toute personne.

Les principes reconnus comme des impératifs relèvent, il est vrai, surtout
d’une valeur morale, plutôt que juridique. Mais l’étique et le droit sont
souvent entremêlés. L’on peut donc penser que la notion d’ »impératif » sert
à protéger le citoyen dans une société à la recherche d’un certain degré
d’étique, avec comme objectif la satisfaction de l’intérêt général.

19
Deuxième partie

Les conséquences inhérentes à la libre expression du droit de


l’information et de la communication

Chapitre 3

Ingérence des pouvoirs publics dans l’exercice de la


liberté de la communication et de l’information

La liberté de communication et d’information autorise l’ingérence des


pouvoirs publics dont le rôle est d’empêcher que l’exercice de cette liberté
par certains ne nuise à d’autres dans l’espace public de discussion.

Section 1 : Une ingérence qui se manifeste par les limites à la liberté


d’information et de communication

Il faut ici distinguer les situations ordinaires des situations d’exception (état
d’urgence, état d’exception), où la légalité ordinaire cède la place à une
légalité d’exception, affectant de ce fait le régime des libertés publiques.

Ceci dit, en temps ordinaire, la liberté d’expression fait l’objet de nombreuses


mesures de limitation, d’un encadrement sous des formes diverses, allant des
ingérences des pouvoirs publics, aux mesures législatives.

Mais ces mesures, lorsqu’elles sont mises en œuvre, sont néanmoins placées
sous la surveillance du juge, dans le cadre général de la protection des
libertés fondamentales.

20
I- Les limites contextuelles

Deux aspects au moins peuvent être pris en compte ici, si l’on se réfère une
fois de plus au contexte médiatique. Il s’agit de la fébrilité professionnelle de
certains acteurs des médias et du caractère répressif de la législation sur les
délits de presse.

A- S’agissant de la fébrilité professionnelle de certains acteurs des


médias

Elle se traduit par les compromissions de natures diverses, justifiés par les
difficultés financières des praticiens mal rémunérés et d’un déficit d’éthique,
qui sacrifient la liberté d’expression à l’autel de quelques subsides, dans le
but de manipuler l’information au bénéfice des corrupteurs.

B- Sur le caractère répressif de la législation sur les délits de


presse

Il est important de mentionner que dans le contexte camerounais, les délits


de presse relèvent du droit pénal et non du droit civil. Dans un mémorandum
adressé en 2010 aux autorités publiques pour demander la dépénalisation
des délits de presse, l’Union des Journalistes du Cameroun mentionnait que
« le Cameroun figure encore parmi les pays du monde où le journaliste, dans
l’exercice de son métier, peut-être emprisonné plus facilement qu’un criminel
de droit commun ». S’il faut s’empresser de dénoncer le caractère excessif de
cette affirmation, il reste tout de même que la complexité de la fonction
journalistique, que l’on associe généralement pour des raisons d’utilité
publique à une mission d’intérêt général, devrait justifier une option en
faveur de la dépénalisation, ou plus précisément de la déprisonalisation des
délits de presse.

II- L’ingérence des pouvoirs publics

Il s’agit d’un mode d’intervention parfois liberticide, mais qui dans certains
contextes, peut se justifier par les conséquences sociales susceptibles de
découler d’un usage inapproprié de la liberté d’expression.

A- La censure administrative

21
Elle peut prendre la forme de la censure directe, exercée par un organe du
pouvoir. Cette censure peut s’effectuer à priori ou a posteriori, avec un
impact plus ou moins considérable sur la liberté d’expression. A titre
d’illustration, s’agissant des limites à la liberté d’expression dans le champ
médiatique, l’on peut évoquer dans le contexte camerounais l’ordonnance du
12 mars 1962 portant répression de la subversion, sur la base de laquelle des
citoyens pouvaient être interpelés et arrêtés pour leurs opinions ou leurs
positions politiques (Cas de Albert MUKONG, militant de l’UPC, arrêté le 16
juin 1988 après avoir donné une interview à la BBC, dans laquelle il dénonçait
la corruption et les détournements de deniers publics par de hauts
responsables).

L’on peut aussi mentionner la loi camerounaise du 21 décembre 1966 sur la


presse, qui exigeait que les publications des organes de presse apparaissant
à cette époque soient soumises avant leur impression à l’appréciation des
autorités administratives compétentes, qui pouvaient alors décider de leur
parution ou non.

Les sanctions qui pouvaient résulter de ce mode de censure ne se limitaient


pas à des suspensions de titres, mais atteignaient parfois leurs directeurs de
publication (C’est dans un tel contexte que Célestin LINGO, Directeur de
publication de « L’essor des jeunes », avait été incarcéré de 1970 à 1975 au
camp de Mantum) . Fort heureusement, cette législation liberticide a connu
une évolution positive :

- en novembre 1990, l’Assemblée Nationale du Cameroun a abrogé


l’ordonnance de 1962 portant répression de la subversion ;
- le 19 décembre de la même année, ont été promulguées les lois n°
90/052 et 90/053, portant respectivement sur la liberté de la
communication sociale et la liberté d’association.

La première (la loi sur la liberté de communication sociale) a été modifiée et


complétée par la loi n° 96/04 du 04 janvier 1996 qui a mis un terme à la
censure préalable des organes de presse. Mais de l’avis de certains analystes,
il s’agit encore là d’une réforme en demi-teinte, puisqu’aux termes des
articles 13 et 17 de cette loi, les Directeurs de publication des organes de
presse son tenus de déposer auprès de l’autorité administrative, deux
exemplaires signés de chaque édition de leurs journaux, au plus tard deux
heures après leurs parutions. D’autre part, la loi du 04 janvier 1996 sus

22
mentionnée dispose qu’« en cas d’atteinte à l’ordre public ou aux bonnes
mœurs », (concepts dont l’interprétation est parfois glissante), ces organes
peuvent faire l’objet d’une saisie ou même d’une interdiction par décision de
l’autorité administrative.

B- Les autres formes de censures

Il existe d’autre formes de censures de la liberté d’expression qui se


manifestent par des actions restrictives, ayant une incidence sur l’usage des
Technologie de l’Information et de la Communication. Il s’agit notamment des
coupures de lignes d’électricité ou de téléphone, des blocages d’internet, de
twiter, de facebook ou de youtube. Ces mesures sont souvent justifiées par
des situations de crises comme les conflits armés ou les guerres civiles.

Section II- L’encadrement par la loi

I- La conjugaison des devoirs et des responsabilités

A- La prise en compte de considérations politiques et culturelles

Dès lors que la liberté d’expression déborde le champ intersubjectif de deux


personnes et s’inscrit dans l’espace public ouvert à la discussion, son exercice
comporte des devoirs et des responsabilités. En reprenant une idée de
voltaire qui expliquait dans son Dictionnaire philosophique que l’on peut être
coupable en un ou deux points de l’hémisphère et absolument innocent dans
tout le reste du monde, il apparait que chaque pays encadre la liberté
d’expression selon son régime politique, sa culture, ses valeurs morales,
religieuses et son contexte.

B- Les cas d’ouverture des mesures d’encadrement de la liberté


d’expression

Mais, qu’elles résultent des autorités administrative ou de la loi, les mesures


d’encadrement de la liberté d’expression concernent généralement les cas de
diffamation et d’injures ; d’atteintes à la sureté de l’Etat, à l’intégrité
territoriale, à la sauvegarde d’informations confidentielles ; de déclarations à
caractère xénophobe, raciste et antisémite ; d’apologie de la violence et du
crime ou de violation de la vie privée. Dans ce dernier cas, la Cour
Européenne des Droits de l’Homme, dans l’arrêt MAMERE, a admis que « la
valeur éminente de la liberté d’expression ne peut pas en toute circonstance

23
l’emporter sur la nécessité de protéger l’honneur ou la réputation, qu’il
s’agisse de simples citoyens ou de responsables publics » (CEDH, 7 novembre
2006, Légipresse, n° 239-III).

C’est sur cette base que la 17ème Chambre Correctionnelle du Tribunal de


Grande Instance de Paris a condamné le 27 juin 2012 l’auteur d’un blog qui
avait publié des propos injurieux à l’encontre d’une personne. Mais en dépit
des limites et des modes d’encadrement de la liberté d’expression, celle-ci
bénéficie d’une protection particulière, à travers des mécanismes
juridictionnels et non juridictionnels (CEDH, 7 septembre 1976, Handyside c/
Royaume Uni).

II- La protection de la liberté d’expression

Nous évoquerons la protection à travers les mécanismes juridiques et non


juridiques.

A- La protection par les mécanismes juridiques

Lorsque la liberté d’expression fait l’objet d’une restriction par l’autorité


publique, le juge met en balance l’ingérence étatique dans l’expression de la
liberté et les intérêts protégés par cette ingérence. Il effectue, comme disent
les juristes un contrôle ultra petita, le besoin étatique de restreindre la liberté
devant s’établir de manière convaincante. De façon générale, le juge doit
procéder au contrôle de l’effectivité de la menace susceptible d’être générée
par l’expression de la liberté.

Si celle-ci n’est pas avérée, il lui revient de censurer la mesure de restriction.

Cette démarche procède du fait que la liberté est considérée comme le


principe, ses restrictions ne devant constituer que des exceptions bien
motivées, sans quoi l’atteinte à la liberté ne se justifie guère en droit. Même
dans les cas de diffamation, le juge a toujours tendance à donner à l’auteur
de l’acte incriminé la possibilité de se défendre. Ainsi, en dehors de
l’hypothèse de l’exceptio veritas (exception de vérité) qui consiste pour le mis
en cause à apporter la preuve du fait alléguer, les Tribunaux ont affirmé la
possibilité pour l’auteur d’un fait diffamatoire de prouver sa bonne foi et
d’échapper ainsi à la sanction.

24
Cette bonne foi, tel qu’il ressort d’un arrêt de la Chambre Criminelle de la
Cour de Cassation française du 03 juillet 1996, se fonde sur quatre critères
cumulatifs :

- la légitimité du but poursuivi ;


- l’absence d’animosité personnelle ;
- le sérieux de l’investigation préalable ;
- la prudence et la mesure dans l’expression.

Cette tendance relève de la fonction ordinaire du juge, qui est gardien des
libertés.

Sur un plan constitutionnel, cette protection s’opère à travers le rôle arbitral


du Conseil Constitutionnel, instance compétente en matière constitutionnelle,
qui statue sur la constitutionalité des lois. S’il est vrai que cette fonction est
limitée par la restriction de la capacité de saisine de cette haute juridiction à
quelques autorités (le Président de la République, le Président du Senat, la
Président de l’Assemblée Nationale, le tiers de députés ou des Sénateurs et
les Présidents des exécutifs régionaux), l’on peut indiquer à titre comparatif
l’évolution marquée sur ce point par le constituant français qui permet,
depuis la révision constitutionnelle du 21 juillet 2008 à tout justiciable de
soulever l’inconstitutionnalité d’une loi devant le juge ordinaire.

Sur un plan administratif, le juge administratif protège la liberté d’expression


à travers sa capacité d’annulation des actes administratifs contraires aux
libertés.

Cette compétence est affirmée par une abondante jurisprudence, alignée sur
la position du Conseil d’Etat français dans l’arrêt Société Frampart, rendu le
24 juillet 1960. Dans cette espèce, le Tribunal administratif d’Alger avait
annulé les saisies des numéros du journal dénommé « France soir » sur ordre
du Préfet d’Alger.

L’arrêt du tribunal a été motivé par le fait que ces saisies ne visaient pas à
constater des délits contre la sureté de l’Etat, mais simplement à empêcher la
diffusion dans le département d’Alger d’écrits insérés dans les numéros visés.
Enfin, au niveau des juridictions judiciaires, le juge camerounais emprunte
fort opportunément des techniques du droit anglo-saxon que sont
notamment l’order of prohibition , l’order of mandamus ou le right of habeas
corpus.

25
Dans les deux premiers cas, le juge judiciaire peut par exemple prendre une
ordonnance interdisant à un officier de police judiciaire de procéder à une
arrestation sans mandat de justice dans le cadre d’une enquête préliminaire.
Dans le cas de l’habeas corpus, le juge est compétent pour connaitre des
requêtes en libération immédiate contre des gardes à vue administratives, tel
qu’il ressort des affaires Jean Pierre SA’A ou Jean Pierre KAMGA et Léandre
DJINO, rendues respectivement les 9 septembre 1993 et 26 janvier 1996 par
la chambre criminelle du Tribunal de Grande Instance du Mfoundi.

B- La protection par les mécanismes non juridiques

Dans le contexte camerounais, elle s’effectue à travers l’action d’institutions


appropriées qui ont généralement un statut d’autorités administratives
indépendantes ou d’institutions administratives autonomes. L’on peut dans ce
cadre mentionner la Commission Nationale des Droits de l’Homme et des
Libertés créée par la loi n°2004/016 du 22 juillet 2004, qui joue un rôle
important dans la dénonciation des cas de violation des droits de l’homme, et
le Conseil National de la Communication, créé par la loi du 19 décembre 1990
relative à la liberté de la communication sociale et réorganisé par le décret
n°2012/038 du 23 janvier 2012, dont l’article 3(2) dispose qu’il « veille au
respect de la liberté de communication sociale, conformément à la
constitution et aux lois et règlements en vigueur ».

A coté de ces institutions étatiques, l’on peut aussi relever la fonction


dénonciatrice des syndicats professionnels tel que l’Union des Journalistes du
Cameroun, le Syndicat National des Journalistes du Cameroun, ou des
Organisations Non Gouvernementales comme Les Nouveaux Droits de
l’Homme, le principal défaut de ces institutions à caractère privé étant de
privilégier une forme d’égoïsme corporatif au détriment de la promotion d’une
autorégulation propice à la défense objective des intérêts des professions
concernées.

Quoi qu’il en soit, la notion de la liberté d’expression demeure problématique


dans sa conception, son interprétation et ses applications. Au plan
institutionnel, avec la montée du terrorisme et des extrémismes, elle fait
l’objet de nombreuses violations de la part des pouvoirs publics étatiques,
soucieux de préserver la sécurité et la cohésion au détriment des restrictions
collatérales des droits de l’homme. Au niveau individuel, les technologies de

26
l’information et de la communication suggèrent de nouvelles formes de
matérialisation de la liberté d’expression qui échappant parfois à toute
possibilité d’encadrement. Avec l’avènement d’internet et la nébuleuse des
réseaux sociaux, la liberté d’expression prend dans certains contextes un
caractère mutant, des formes insaisissables, une nature virtuelle qui tend à
l’éloigner de toute exigence éthique. Sur ce point, il y a lieu d’en appeler à
une privatisation de l’éthique, afin que l’usage de la liberté d’expression
trouve de plus en plus sa véritable mesure dans le filtre moral de chaque
conscience humaine. Ainsi, en combinant à la fois la morale perçue comme
valeur universelle et les lois positives, la liberté d’expression pourrait
contribuer, selon le souhait de ses précurseurs, à l’édification d’une société
libre, juste, honnête et équitable.

Section III- Les modalités de l’ingérence des pouvoirs publics


dans l’exercice de la liberté de communication

I : Le régime de la déclaration préalable

A- Consécration principe

Aux termes de l’article 6 de la loi camerounaise du 19 décembre 1990 relative


à la liberté de la communication sociale au Cameroun, la publication des
organes de presse est libre. Elle est soumisse au régime dit de la déclaration.
En théorie le régime de déclaration laisse le citoyen libre d’agir selon sa
propre volonté. Il n’a pas à demander l’autorisation d’user de sa liberté, mais
il peut être soumis à des sanctions s’il fait un mauvais usage de cette liberté.
C’est un régime répressif.

En effet, la caractéristique du régime répressif est de permettre le libre


exercice d'une activité, à la condition que le comportement en question ne
tombe pas sous le coup d'une infraction précédemment définie avec une
clarté suffisante par la loi pénale. Contrairement à ce que suggère le terme «
répressif », il s'agit là du régime le plus libéral, puisqu'il interdit toute
ingérence préalable des pouvoirs publics et confie ensuite aux tribunaux
répressifs, c'est-à-dire aux organes dotés de la plus grande indépendance par
rapport au pouvoir exécutif, le soin de vérifier, au terme d'une procédure
assurant la garantie des droits de la défense, que les faits donnant lieu à
poursuite correspondent bien à la définition légale de l'infraction.

B- Application du principe

27
L’article 7 (1) de la loi du 19 décembre 1990 relative à la liberté de la
communication sociale dispose que la déclaration préalable à la publication
d’un organe de presse doit mentionner :

- Le titre de l’organe de presse concerné et sa périodicité ;


- Le siège de cet organe de presse ;
- Les noms et prénoms de son ou de ses propriétaires ;
- Les noms et prénoms, ainsi que l’adresse du directeur de
publication ;
- Les noms et adresse de l’imprimerie où l’organe de presse est
fabriqué ;
- Les noms et prénoms des membres de l’équipe de rédaction
permanente constituée d’au moins trois journalistes.

Cette disposition ajoute un certain nombre de modalité quand à la mise en


application du principe de la déclaration. En effet, toute personne désireuse
de publier un organe de presse est tenue, préalablement à la première
parution, d’en faire déclaration au Préfet territorialement compétent. Le
Préfet est pour sa part tenu, dans un délai de 15 jours à compter de la date
de saisine, de délivrer un récépissé de déclaration au demandeur, lorsque son
dossier est conforme aux dispositions de la loi. Passé ce délai, le silence du
Préfet vaut récépissé. Par ailleurs, dans le cas où le Préfet refuse de manière
expresse de délivrer le récépissé de déclaration, le demandeur peut saisir le
juge compétent.

II – Le régime d’autorisation

A- Justification du principe

Le régime d’autorisation permet d’exercer une liberté après avoir demandé et


obtenu la permission de l’administration. C’est un régime préventif. Il vise
à empêcher préventivement que l’abus ne soit effectué. N’est permis que ce
qui est autorisé. Il s’agit d’un contrôle a priori de l’exercice d’une liberté.

Les régimes de la déclaration et de l’autorisation s’appliquent respectivement


à la presse écrite et à la communication audiovisuelle. Cette différence de
régime qui caractérise l’audiovisuel par rapport à la presse écrite est basée
sur la nature des rapports entre la communication audiovisuelle et le droit
public, ce qui justifie une permanente implication de l’Etat dans les activités
de ce secteur.

28
La communication audiovisuelle s’est pour partie trouvée soumise au droit
public, la nature même de la radiodiffusion expliquant l’emprise d’un droit
dérogatoire sur cette activité. La destination des émissions à un public
pléthorique et indéterminé a de ce fait placé la communication audiovisuelle
dans l’orbite du droit public, entendu comme le droit du service public. De
plus, la radiodiffusion (sonore ou télévisuelle), de par son caractère
technique, est attractive au droit de la puissance publique, car sa résonance
traverse les frontières de l’Etat d’émission de ses programmes. En
conséquence de cette portée internationale, l’Etat qui sert de siège aux
émissions ne peut se désintéresser de cette activité.

Par ailleurs, l’attribution à un nombre d’utilisateurs de fréquences


audiovisuelles, propriété exclusive de l’Etat, conduit nécessairement ce
dernier, du fait du caractère limité de cette denrée, à mettre en œuvre des
modalités d’octroi qui peuvent limiter l’accès d’un nombre de demandeurs à
l’usage de ces fréquences.

B- Contenu du principe

L’autorisation correspond à un titre d’exploitation accordé à un opérateur du


secteur audiovisuel de la communication sociale. Aux termes de la loi n°
2015/007 du 20 avril 2015 régissant l’activité audiovisuelle au Cameroun,
cette autorisation peut prendre les formes d’une concession, d’une licence,
d’une accréditation ou d’un agrément.

L’autorisation accordée par les pouvoirs publics à des opérateurs du secteur


de la communication sociale a une durée précise, peut être renouvelée au
terme de cette durée, ou suspendue avant son terme. De plus, les
bénéficiaires de l’autorisation sont soumis, dans l’utilisation de ce privilège, à
des obligations réglementaires. A titre d’illustration, l’article 40 de la loi du 20
avril 2015 sur l’audiovisuel au Cameroun les astreint à l’obligation de
respecter les quotas de diffusion et de production de programmes nationaux,
de mettre en place des mesures permettant d’assurer l’accessibilité des
programmes aux personnes malentendantes ou malvoyantes, de veiller au
respect de l’ordre public, aux besoins de défense nationale ou aux bonnes
mœurs.

29
Chapitre 4–
Droit de la communication et de l’information et la
Constitution d’un espace public de discussion

L’espace public de libre discussion est une notion centrale dans la


jurisprudence en matière de liberté de la communication. La définition des
limites de cet espace public ouvert à la contradiction est loin d'aller de soi,
comme l'atteste la très grande diversité des solutions adoptées par les
différentes démocraties libérales. A titre d’exemple, la protection de la vie
privée n'est pas assurée face à la presse dans la tradition anglo-saxonne
comme dans le contexte français.

Par ailleurs, d'autres questions doivent être prises en compte, notamment


celle de l'accès à l'information. Il s'agit là d'un aspect du problème sur lequel
la Cour Européenne des Droits de l'Homme a été appelée à se prononcer
dans son arrêt Goodwin c. Royaume-Uni du 27 mars 1996, à propos d'une
injonction judiciaire faite à un journaliste de révéler l'identité de son
informateur. La Cour a précisé que « la protection des sources journalistiques
est l'une des pierres angulaires de la liberté de la presse, l'absence d'une telle
protection pouvant dissuader les sources journalistiques d'aider la presse à
informer le public sur des questions d'intérêt général, rendant de ce fait la
presse incapable de jouer son rôle indispensable de "chien de garde" et
d’accomplir sa fonction informative. Mais toutes ces différentes considérations
tournent autour de la problématique de la déontologie professionnelle et la
question de la régulation de la liberté de communiquer et d’informer.

Section 1 : La problématique de la déontologie

I- La question de l’honnêteté de la communication et de


l’information

30
L’honnêteté de la communication et de l’information constitue un élément
fondamental du droit à l’information et à la communication. Dans sa décision
n°94-333 du 21 janvier 1994, le Conseil Constitutionnel, en se référant à
l’impératif d’honnêteté de l’information, place le citoyen au cœur du dispositif
de communication par ces termes : « la libre communication des pensées et
des opinions, garantie par l'article 11 de la Déclaration de 1789, ne serait pas
effective si le public auquel s’adressent les moyens de communication
audiovisuelle n'était pas à-même de disposer, aussi bien dans le cadre du
secteur privé que de celui du secteur public, de programmes qui garantissent
l'expression de tendances de pensées différentes, dans le respect de
l'impératif d’honnêteté de l'information ».

En d’autres termes, l’impératif d’honnêteté de la communication et de


l’information réunit deux principes essentiels : la morale de l’émetteur,
comprise comme valeur universelle, et les règles écrites qui relèvent du droit
positif. Ces développements liminaires posent la question de la déontologie
professionnelle.

A- Les prescriptions réglementaires

Selon les pays, les règles déontologiques peuvent aussi bien concorder avec
le droit des médias que s’y opposer. Le principe de la liberté de
communication et d’information impose par exemple dans la plupart des pays
du monde de s’opposer à toute censure, fût-elle appuyée par le droit en
vigueur, et à la révélation des sources, fût-elle commandée par un pouvoir.
Par ailleurs, le respect de la personne peut conduire à s’abstenir de prendre
une photographie ou d’écrire un article, quand bien même le droit le
tolèrerait. Cette considération implique la prise en compte dans l’expression
du droit à la communication et à l’information une clause implicite de
conscience qui devrait interpeller en permanence les acteurs de la
communication et de l’information quant à l’intérêt et à l’utilité sociale des
informations qu’ils diffusent sur l’espace public.

Sous l’appellation de déontologie professionnelle, l’on regroupeles textes


approuvés par l’ensemble des syndicats d’une profession tel que décret
n°92/313/PM du 24 septembre 1992 rendant exécutoire le code de
déontologie du journaliste au Cameroun, ou des chartes propres à certaines
conventions collectives des travailleurs du secteur considérécomme la

31
convention collective des journalistes et des métiers connexes signée le12
novembre 2008 entre les professionnels et les patrons de presse.

B- L’impératif de responsabilité

La liberté de communication et d’information n’est guère synonyme de


permissivité. Elle ne se définit d’ailleurs que par rapport à son corollaire
indispensable qu’est la responsabilité sociale de celui qui en fait usage. C’est
notamment à ce titre que le décret n°92/313/PM du 24 septembre 1992
rendant exécutoire le code de déontologie du journaliste au Cameroun
dispose en son article 07 qu’ « il est interdit au journaliste de publier une
information douteuse, de déformer la vérité des faits, d’attribuer à quiconque
des paroles ou des actes sans avoir procédé aux vérifications nécessaires ».
Une telle disposition est d’autant plus importante que l’information est au
fondement des sociétés contemporaines. Elle forme, mais peut aussi
déformer ; elle construit, mais peut aussi détruire ; elle unit, mais peut aussi
désunir. Sur cette base, la publication ou la diffusion des informations en
direction du grand public doit se faire conformément aux lois et règlements
en vigueur et dans le strict respect des exigences déontologiques qui
régissent les professions du secteur de la communication et de l’information.
Pour qu’une telle exigence soit respectée, la déontologie doit être posée
comme préalable indispensable à l’exercice desdites professions.

II- La déontologie au renfort de la médiation du jeu démocratique

L’exigence déontologique s’inscrit au cœur de la nature même des métiers de


la communication et de l’information. Dans son rôle sociétal de médiateur du
jeu démocratique, le communicateur est souvent tenté de s’ériger en
propriétaire du débat public, en directeur des consciences ou en procureur de
vertu. Une telle attitude traduit, à n’en point douter, un manquement
regrettable à la déontologie professionnelle, référent essentiel de toute
activité de communication sociale dont le fondement repose sur deux types
de considérations.

A- Considérations générales

C’est en 1825 que le terme déontologie apparaît pour la première fois dans la
langue française, dans la traduction de l'ouvrage du philosophe utilitariste

32
anglais Jeremy Bentham, intitulée l'Essai sur la nomenclature et la
classification des principales branches d'Art et Science.

Le vocable déontologie provient étymologiquement des racines grecques


deon, ontoset logos. Les deux premières renvoient dans le cadre d’une
activité donnée au devoir, à ce qu'il faut faire, alors que la troisième signifie
discours. Ainsi, la déontologie est génériquement perçue comme un ensemble
de références formelles ou informelles qui régissent les modes d'exercice
d'une profession par rapport à des principes particuliers auxquels ses
acteurs doivent se référer. Ce concept renferme des droits et des devoirs
encadrant l’activité concernée, notamment quant à la conduite de ceux qui
l'exercent et aux rapports entre ceux-ci et les personnes visées par ladite
activité.

Si les règles déontologiques sont codifiées dans la plupart des systèmes


juridiques, l’on observe dans certaines situations qu’elles relèvent d’une
somme de pratiques ancrées dans le temps et admises de manière expresse
ou implicite par les acteurs d’une profession.

Un code déontologique peut régir l’ensemble d’un secteur d’activités, ou


plutôt une activité particulière contenue dans un secteur général. A titre
d’exemple, l’existence d’un code de déontologie des professionnels du secteur
de l’audiovisuel n’empêche pas celle d’un code autonome régissant
notamment la profession de journaliste de la télévision. Cette pratique est
courante dans le système français où l’on retrouve par exemple dans le
secteur de la santé publique un code de déontologiemédicale pour l'ensemble
des médecins, à coté duquel l’on dénombre notamment un code de
déontologie des chirurgiens-dentistes et un codede déontologie des sages-
femmes, dont les dispositions sont conformes au code de déontologie
médicale.

Cette pratique n’est guère très différente de celle qui est appliquée aux États-
Unis d’Amérique depuis le milieu des années 80, où le Gouvernement Fédéral
a édicté des règles générales d'éthique appelées Federal sentencing
guidelines, auxquelles doivent se conformer les différents codes sectoriels de
déontologie.

B- Les Considérations morales et institutionnelles

33
La liberté de communication et d’information sans un minimum de mode
d’emploi ou de repères, est inconcevable dans la mesure où elle s’exerce
toujours au sein d’une société où doivent être préservées d’autres libertés
fondamentales de l’individu. La référence à la déontologie professionnelle
apparait de ce fait comme une nécessité dont la prise en compte permet aux
acteurs du secteur de la communication sociale de formuler des règles et
des pratiques qui s’imposent à eux.

L’exigence déontologique relève de l’ordre des moyens et se différencie en


cela du référent éthique qui intervient dans un cadre plus englobant, comme
un questionnement moral général.

La déontologie revêt la portée limitée d’une morale circonscrite à une activité


ou à un groupe d’activités en cause. Selon Daniel CORNU, lorsqu’elle
s’applique au secteur de la communication sociale, elle renvoie à des règles
professionnelles qui constituent les conditions ordinairement admises d’une
communication honnête et juste. Toutefois pour y parvenir, le
communicateur doit s’affranchir des « zones critiques » que constituent
notamment son indépendance dans ses relations avec les divers pouvoirs, ses
défaillances dans la vérification des informations destinées au grand public ou
la mise en spectacle de l’information qui sacrifie les faits incontestables à
l’autel des fantasmes.

Dans le prolongement de cette réflexion, la Fédération Internationale de


Journalisme a adopté lors de son congrès d’Istanbul en 1972, une déclaration
internationale précisant les règles de conduite des journalistes dans la
recherche de l’information, ainsi que dans la diffusion et le commentaire des
évènements. Cette déclaration qui est aujourd’hui à la base de la plupart des
codes déontologiques des Etats démocratiques contemporains, se ramène à
six principaux éléments :

- le respect de la vérité ;
- la culture de l’honnêteté ;
- la franchise dans la critique ;
- l’incontournable recours aux sources de l’information ;
- la non discrimination dans le traitement de l’information ;
- le refus de toute gratification en vue de la publication ou de la
suppression d’une information.

34
Cette option en faveur d’une codification déontologique a été clairement
exprimée dans le contexte camerounais dans une série de jugements rendus
par le Tribunal de Première Instance de Douala dans des cas :

- ( TPI-Douala, 13 janvier 1998, Affaire Ministère Public c/ NJAWE


NOUMENI Pius du journal Le Messager. (Propagation de fausses
nouvelles) ;
- TPI-Douala, 04 avril 1996, Affaire Ministère Public et Société de
fournitures industrielles du Cameroun c/ BESSERI Joseph-Marie du
journal Perspectives Hebdo. (Diffamation ; propagation de fausses
nouvelles ; injures).

Mais à côté de cette tendance favorable à la codification déontologique, une


autre approche consiste à soutenir que la déontologie doit davantage être le
fait des gens des médias, parce qu’elle constitue une morale de conduite
qu’ils choisissent volontairement pour s’autocontrôler, s’autolimiter et
s’autocensurer d’une part, et d’autre part, pour préserver de tout
détournement les missions sociales que leur confère leur profession. Jamal
EDDINE Naji affirme sur cette question qu’au-delà de sa considération
institutionnelle et de son acception matérielle, ladéontologie véritable
débute « par un rapport singulier du communicateur avec lui-même »
(EDDINE Naji (J). Médias et journalistes. Précis de déontologie. Publié par la
chaire UNESCO de communication publique et institutionnelle, dans le cadre
du réseau ORBICOM ;Université MOHAMED V-SOUISSI. Rabat. Maroc. 2002
).

L’intérêt d’une telle approche se situe dans le fait qu’ainsi perçue, la


déontologie peut précéder la règle de droit, voire même lui montrer le
chemin. Cette perception est importante dans le secteur des médias dont
l’évolution dégage chaque jour de nouvelles pratiques professionnelles, de
nouveaux modes d’exercer la liberté d’expression, grâce aux inventions
technologiques devant lesquelles les pouvoirs publics et le législateur sont
encore de manière générale en situation d’observation et de réflexion, alors
que les dérives survenues avec ces technologies de l’information et de la
communication menacent potentiellement d’autres libertés fondamentales qui
doivent être préservées.

Section 2 : La question de la régulation

35
Avec l’avènement en Afrique des régimes politiques dits pluralistes et
l’évolution rapide des technologies de l’information, le monopole étatique sur
les moyens de communication est devenu précaire. De fait, la question de la
libéralisation et de la gestion de l’espace médiatique a conduit bon nombre
d’Etats à réfléchir sur la création d’instances de régulation appropriées. Mais,
si les raisons communes qui justifient l’option de la création des organes de
régulation sont indiscutables, il est important d’observer que d’un Etat à un
autre, elles n’entrainent guère une unanimité conceptuelle quant au statut
desdits organes.

Dans certains Etats comme le Cameroun, le Nigeria, la Côte-d’Ivoire et le


Sénégal, les instances de régulation sont restées globalement proches du
pouvoir exécutif, même si elles se sont émancipées d’un rôle purement
consultatif, alors que dans d’autres comme au Benin, la régulation du secteur
de la communication est conduite par un organe plus indépendant du
Gouvernement.

I- La genèse des organes de régulation

A- Une conséquence de la libéralisation des paysages médiatiques


au début du 20ème siècle

1- Des origines anglo-saxonnes de la régulation à sa


généralisation

La régulation des médias est une pratique d’origine anglo-saxonne qui est
née en 1934 aux Etats Unis avec la création de la Federal Communication
Fondation, exemple suivi quinze ans plus tard par le Royaume Uni, avec la
naissance de la Wireless Telegraphie Act et par la suite par la quasi-totalité
des pays démocratiques tels que la France, avec l’institution par la loi du 17
janvier 1989 du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel.

En Afrique, ce phénomène est plus récent, car il date du début des années
1990.

En effet, la vague démocratique qui a déferlé à cette période sur bon nombre
d’Etats africains a entrainé la libéralisation des paysages médiatiques. Pour
gérer ces nouveaux flux d’informations et créer les conditions d’une saine et
libre concurrence, ces Etats ont jugé nécessaire de mettre en place de

36
nouvelles institutions chargées de réguler les médias et la communication
sociale en général.

2- L’expérience camerounaise

C’est dans cette mouvance que le Conseil National de la Communication a été


créé au Cameroun par la loi du 19 décembre 1990 relative à la liberté de la
communication sociale.

En application de cette loi, l’organisation et le fonctionnement de cette


institution ont d’abord été fixés par un décret présidentiel du 21 juin 1991 qui
n’en faisait qu’un organe consultatif placé auprès du Premier Ministre, et plus
récemment, par le décret du 23 janvier 2012 portant réorganisation du
Conseil National de la Communication qui, par une évolution remarquable,
confère à cet organe autonome une double prérogative en termes de
consultation et de régulation des activités du secteur de la communication
sociale.

Cette double prérogative justifie la nature des attributions du Conseil National


de la Communication, qui veille notamment par ses décisions et avis au
respect :

- des lois et règlements en matière de communication sociale ;


- de la liberté et de la responsabilité des médias ;
- de la protection de la dignité des personnes ;
- de l’égalité d’accès aux médias, notamment en période électorale.

Mais au-delà de cette particularité il y a lieu de remarquer que dans la quasi-


totalité des pays où ils existent, les organes de régulation des médias sont
des créations étatiques. Qu’il s’agisse des Autorités Administratives
Indépendantes, des Autorités Publiques Indépendantes ou des structures
ordinaires consacrées par le constituant, le législateur ou le pouvoir exécutif,
ces organes, en dépit de l’autonomie souvent proclamée par les textes qui les
régissent, restent souvent, dans une certaine mesure, liés au pouvoir
étatique, notamment à travers leur statut juridique, le mode de désignation
et l’encadrement des compétences de leurs membres ou l’origine de leurs
ressources de fonctionnement. Cette filiation institutionnelle aux relents
d’inféodation suscite une suspicion compréhensible de la part des acteurs,
des observateurs et des analystes du système médiatique, du fait qu’elle
paraît à l’évidence contre-nature.

B- Le rejet de la volonté initiale de contrôle du pouvoir central

37
1- Les exigences de la société démocratique

En effet, la régulation des médias, initialement confisquée ou tout au moins


contrôlée par le pouvoir autoritaire de l’Etat central (Principalement dans les
systèmes coloniaux ou dans les régimes monolithistes. Voir ASSOMO (A), La
presse écrite au Cameroun à l’ère des revendications d’indépendance :
Approche historique. Mémoire de Master II, Université de Yaoundé II,
ESSTIC, 2009. ) a progressivement suscité de nombreuses critiques de la part
des défenseurs de la liberté de pensée en général et de la liberté de presse
en particulier. Ces critiques, inspirées en grande partie de l’article 11 de la
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, se sont
essentiellement fondées sur le fait que l’Etat, acteur majeur du champ social,
ne saurait en même temps s’ériger en arbitre du jeu et des enjeux politiques.

Un tel postulat peut justifier que ce rôle d’arbitre, dans tout système
démocratique ou qui aspire à cette valeur cardinale, soit notamment reconnu
aux médias à travers leur mission d’intérêt général et d’utilité publique. C’est
à ce niveau que surgit la perplexité de la relation entre les pouvoirs étatiques
et les organes de régulation des médias, originellement voués à la protection
de la liberté de presse et de la diversité médiatique, conformément aux lois
et règlements en vigueur (C’est dans cet esprit que l’article 1 er de la loi
française n° 89-25 du 17 janvier 1989 modifiant la loi n° 86-1067 du 30
septembre 1986 relative à la liberté de communication mentionne que le
Conseil Supérieur de l’Audiovisuel est une Autorité Publique Indépendante,
dont la mission est de garantir la liberté de communication audiovisuelle en
France).

2- L’exigence de crédibilité des organes de régulation

A la vérité, pour se défendre de toute phagocitation des pouvoirs gravitants


et assoir leur légitimité dans leur fonction originelle de protecteur de la liberté
de communication et d’information, précepte fondamental consacrée par la
plupart des constitutions du monde francophone, ces organes ont besoin, à
travers les procédures et les mécanismes qui sont mis en œuvre dans la
structuration de leurs statuts et dans leur fonctionnement, de présenter de
véritables gages de crédibilité, de sécurité et de sûreté, référents essentiels
des garanties procédurales de la régulation des médias, dont l’effectivité

38
nécessite une volonté politique manifeste pour la construction et la
pérennisation de l’Etat de droit.

Mais, la pratique de bon nombre d’Etats laisse apparaître des points


communs et de nombreuses disparités dans la construction et la pratique des
garanties de la régulation des médias. De fait, les développements qui
suivent essayeront de recenser les bonnes pratiques en la matière et de
souligner les variations observées, en évoquant les champs d’appréciation
des garanties de la régulation des médias, ainsi que les obstacles à
l’expression de ces garanties.

II- Les champs d’appréciation des garanties de la régulation des


médias
L’on peut être tenté de circonscrire la notion de garanties procédurales au
champ restreint des mécanismes de traitement des plaintes par les
régulateurs des médias. Mais dans une acception plus complète, la
problématique des garanties procédurales de la régulation des médias intègre
toutes les mesures et les pratiques qui sécurisent et crédibilisent en même
temps le régulateur et sa fonction, l’action ne pouvant être dissociée de
l’actant. Cette perception justifie que l’on évoque d’abord, même
succinctement les garanties liées au statut juridique des organes de
régulation des médias (A), avant d’examiner celles qui sont directement
rattachées aux mécanismes de traitement des plaintes (B).

A- Typologie des garanties


1- Les garanties inhérentes au statut juridique des organes de
régulation des médias
Elles sont liées à la double question de la légalité (1) et de l’autonomie de ces
organes (2), gages premiers de la sécurité des procédures qu’ils sont appelés
à mettre en application.

- Garantie fondée sur la légalité des organes de régulation

39
Pour être sécurisées et crédibles, les actions mises en œuvre dans les
procédures de régulation des médias doivent émaner des institutions légales.
Il s’agit d’entités dont la création et le fonctionnement sont régis par des
textes de droit, qui en fixent les attributions et encadrent les compétences.
Sur ce point, l’on peut observer que la quasi-totalité des organes de
régulation des médias qui fonctionnent dans l’espace francophone ont une
existence juridique par consécration constitutionnelle, législative ou
réglementaire. A titre d’illustration et sans prétention d’exhaustivité, la Haute
Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication du Bénin (HAAC) est
instituée par la constitution. A contrario, le Conseil National de la
Communication du Cameroun (CNC) relève de la loi, alors que la Haute
Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle de Tunisie (HAICA)
a, pour sa part, été créée par un décret-loi. Cette hétérogénéité entraîne au
moins deux considérations. D’une part, le statut d’un organe de régulation
créé par la constitution ne peut être modifié qu’au terme d’un processus
complexe de révision constitutionnelle. De plus, cette consécration ab initio
lui confère une capacité particulière de résistance face à l’influence des
pouvoirs externes. D’autre part, un organe créé par la loi ou le règlement
bénéficie d’une autonomie fragile, son statut pouvant être modifié par un
simple acte législatif ou réglementaire, au gré de la fluctuation des intérêts
du législateur ou du pouvoir exécutif. La conséquence d’une telle disparité est
qu’elle crée trois catégories d’organes de régulation des médias à dignité
normative inégale.

- Garantie basée sur l’autonomie des organes de régulation


L’autonomie des organes de régulation des médias se traduit par leur
détachement organique de l’Etat central, à travers la reconnaissance à leur
compte de la personnalité juridique. Lorsqu’il est effectif, cet élément
participe des garanties procédurales de la régulation des médias, parce qu’il

40
permet l’édiction et l’application de mesures exemptes de l’influence des
pouvoirs externes. Dans la plupart des textes qui organisent les instances de
régulation des pays de l’espace francophone, ce souci d’autonomie apparaît à
tout le moins dans la nomenclature des structures en question. A titre
d’exemple, la loi française du 17 janvier 1989 modifiant celle du 30
septembre 1986 qui crée le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) en fait
une « Autorité Publique Indépendante », dotée d’une existence juridique
propre. En Belgique, le décret coordonné du 26 mars 2009 sur les services de
médias audiovisuels qui crée le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) de la
Communauté française de Belgique instaure une « Autorité Administrative
Indépendante, jouissant de la personnalité juridique ».

2- Les garanties relatives au fonctionnement des organes de


régulation des médias
Elles sont essentiellement liées à la probité et à la capacité professionnelle de
leurs membres (1), à leur sécurité organique (2) et à la crédibilité de leurs
mécanismes de traitement des plaintes (3).
- Garanties basées sur la probité et la capacité professionnelle
des membres
La plupart des textes qui organisent les instances de régulation des médias
dans l’espace francophone conditionnent la désignation de leurs membres par
des critères d’ordre éthique et technique. Ainsi, les régulateurs doivent être
des personnes de bonne moralité et professionnellement qualifiées. C’est
dans cet esprit que le décret du 23 janvier 2012 qui porte réorganisation du
CNC du Cameroun mentionne à son article 7(3) que les membres de cette
instance « sont choisis parmi les personnalités reconnues pour leur intégrité,
leur rectitude morale et leur expertise dans le domaine de la communication
sociale ». Cette double exigence de probité morale et de capacité
professionnelle constitue, au moins théoriquement, un argument de sûreté et

41
de crédibilité, eu égard aux personnes appelées à mettre en œuvre les
mécanismes de régulation des médias.
- Garanties basées sur la sécurité organique des membres
Elles ont essentiellement trait à la nature du mandat des membres des
organes de régulation et à leur immunité.
- Garanties liées à la nature du mandat des membres
Les textes qui régissent le fonctionnement de certains organes de régulation
tels que le CSA de France ou la HAAC du Bénin, consacrent le double principe
du mandat unique et de l’irrévocabilité des membres. L’intérêt d’un tel statut
est qu’il détache lesdits membres de toute dépendance vis-à-vis de l’autorité
détentrice du pouvoir de nomination, leur permettant ainsi de prioriser les
critères d’impartialité et d’objectivité dans l’application des mécanismes de
régulation. Cette garantie fondamentale fait toutefois défaut dans d’autres
contextes. A titre d’exemple, l’article 8 du décret du 23 janvier 2012 qui
réorganise le CNC du Cameroun mentionne que ses membres, qui sont
nommés pour un mandat de trois ans renouvelable, sont révocables « en cas
de faute lourde » par décret du président de la république.
- Garanties liées à l’immunité des membres
L’article 4(2) de la loi sénégalaise du 4 janvier 2006 portant création du
Conseil National de la Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) dispose que ses
membres ne peuvent être poursuivis, recherchés, arrêtés ou jugés à
l’occasion des actes commis ou des opinions émises dans l’exercice de leurs
fonctions. Ce mode de sécurité n’est guère généralisé dans la pratique des
instances de régulation des pays de l’espace francophone. Pourtant, il
constitue une forme de garantie pour les régulateurs, souvent confrontés à
des facteurs exogènes de compromission dans l’application des procédures
de régulation, fondées sur les principes d’impartialité et de sincérité.
3- Garanties basées sur la sécurité des procédures de traitement
des plaintes

42
Elles concernent les différentes étapes de la procédure de traitement des
plaintes par les régulateurs des médias.
4- L’extension du droit de saisine
La plupart des textes qui réglementent le fonctionnement des organes de
régulation des médias dans l’espace francophone consacrent une large
possibilité de saisine desdits organes. Ainsi, outre leur capacité à s’autosaisir,
ces instances reçoivent des plaintes de personnes morales ou physiques de
toutes catégories. C’est dans ce sens que l’article 22 de la loi du 14 juin 2005
portant création, composition et fonctionnement du Conseil Supérieur de la
Communication (CSC) du Burkina Faso mentionne qu’il peut être saisi « par
tout citoyen, toute association, toute personne morale publique ou privée aux
fins d’examiner des questions relatives à son champ de compétence ». Dans
le souci d’accompagner le plaignant dans l’expression de ce droit et de lui
éviter des vices de forme susceptibles de conduire à l’irrecevabilité de sa
requête, certaines pratiques en vigueur tendent à diversifier les modes de
saisine des régulateurs des médias à travers les voies écrite, téléphonique ou
électronique. Plus pratique encore, le Conseil National de l’Audiovisuel de
Roumanie a mis au point sur son site web des formulaires types, avec des
champs obligatoires orientant le requérant dans la formulation complète de
sa requête1. L’ensemble de ces dispositions, favorables à l’extension du droit
de saisine des régulateurs, constituent sans doute des éléments de garanties
procédurales de la régulation des médias.
- La recevabilité des plaintes, la vérification et la qualification
juridique des faits
La recevabilité de la requête du plaignant relève des conditions de forme.
Pour lui être opposables, celles-ci doivent être préétablies et largement
divulguées. La vérification matérielle des griefs correspond à une exigence
d’investigation à laquelle le régulateur doit se soumettre, pour attester de
1 Confère Boite à outils n° 1 du REFRAM. Le traitement des plaintes par les régulateurs des médias.

43
l’authenticité des faits de l’accusation. Cette phase est elle-même préalable à
la qualification juridique des faits, qui établit une corrélation logique entre les
faits incriminés et les dispositions législatives et réglementaires applicables.
Ces trois étapes, lorsqu’elles intègrent les exigences correspondantes,
participent de la transparence et de la sécurité de l’instruction des plaintes.
- Le respect des droits de la défense
Il exige, dans une approche contradictoire, que les éléments de l’accusation
soient transmis à la partie mise en cause pour lui permettre de faire valoir ses
arguments au sujet des faits qui lui sont imputés. Cette garantie procédurale,
qui figure à l’article 19 du règlement intérieur du CSA de France du 9 avril
2014, est également exprimée dans d’autres contextes tel qu’il ressort du
décret-loi du 2 novembre 2011 portant création de la HAICA de Tunisie, qui
précise que cette instance ne peut prononcer de sanction « qu’après avoir
informé l’intéressé et lui avoir permis de prendre connaissance de son dossier
d’accusation et d’assurer sa défense ».
- Le formalisme des modes de délibération
Aux termes des dispositions réglementaires qui régissent son fonctionnement,
le Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle de la Haute Autorité
de la Communication Audiovisuelle (HACA) du Maroc ne délibère valablement
que lorsque le président et quatre de ses membres sont présents. Il prend
ses décisions à la majorité des voix des membres présents. Dans le même
sens, la loi organique du 21 août 1992 relative à la HAAC du Bénin mentionne
que ses décisions doivent être motivées et prises « à la majorité des deux
tiers ». Cette triple exigence de quorum2, de majorité au terme d’un vote
libre et de motivation 3 des décisions qui conditionne les délibérations dans la
pratique de la plupart des instances de régulation des médias des pays de

2Nombre minimal de voix qui conditionnent la validité du corps délibératif.


3 Ensemble des raisons de fait et de droit sur le fondement desquelles l’instance de régulation justifie la légalité de la
décision qu’elle prononce.

44
l’espace francophone, est un gage de sécurité et de crédibilité des procédures
de traitement des plaintes.
- L’ encadrement des sanctions
Les textes qui régissent le fonctionnement des organes de régulation des
médias encadrent les sanctions applicables en cas de faute professionnelle
imputable à un professionnel ou à un organe de presse. Ces sanctions
s’appliquent variablement sous forme de mesures disciplinaires ou
pécuniaires. Ce souci d’encadrement des sanctions, qui participe d’une
volonté de transparence et de prévention de toute forme d’excès de pouvoir
de la part des régulateurs, constitue un élément essentiel des garanties
procédurales de la régulation des médias.

- La publicité des décisions


De par leur statut, les instances de régulation des médias de la quasi-totalité
des pays de l’espace francophone sont des institutions administratives. Dès
lors, les décisions qui émanent d’elles constituent des actes exécutoires. Mais
en droit, l’entrée en vigueur de cette catégorie d’actes est conditionnée par
leur communication au public ou à la personne concernée, selon que l’acte en
cause revêt un caractère général ou individuel. Cette exigence d’information
juridique permet à une personne mise en cause dans le cadre d’une affaire
portée à la sanction du régulateur d’être informée des griefs qui lui sont
imputés, des procédures mises en œuvre, des mesures prises à son encontre
et en cas de contestation, de se pourvoir en annulation. A titre d’illustration,
la loi organique du 15 décembre 2004 relative à la Haute Autorité de
l’Audiovisuel et de la Communication du Togo précise que les décisions de
cette instance sont susceptibles de recours devant la Chambre Administrative
de la Cour Suprême.

45
Au terme de ces premiers développements, il apparaît que les dispositions
juridiques qui régissent l’organisation et le fonctionnement des instances de
régulation des médias dans la quasi-totalité des pays de l’espace francophone
consacrent, de manière hétérogène, une somme de garanties procédurales
dont la mise en œuvre rencontre toutefois des obstacles essentiels qu’il
convient de relever.

B- Les obstacles à l’application des garanties procédurales de la


régulation des médias
Ces obstacles relèvent d’une part des vicissitudes du contexte sociopolitique
de déploiement des organes de régulation (A) et d’autre part, de la précarité
du statut desdits organes (B).

Obstacles inhérents à l’environnement sociopolitique des organes


de régulation
De manière générale, les organes de régulation des médias fonctionnent
dans des conditions marquées par une volonté de contrôle des pouvoirs
géniteurs. Cette tendance qui s’exprime toutefois de façon plus ou moins
perceptible en fonction des contextes, se manifeste habituellement à travers
une inféodation à l’autorité politique (1) et une prégnance permanente du
pouvoir exécutif (2).

L’ inféodation à l’autorité politique


Utilisés dans certains contextes comme instruments de socialisation des
populations, les médias intéressent les forces politiques. Dès lors, leur
contrôle devient un enjeu important en vue de l’acquisition ou de la
pérennisation des positions de pouvoir. De fait, dès le moment où les médias

46
sont considérés comme moyen de pouvoir, il devient difficile que ces
derniers, mieux, que les instances qui les régulent échappent totalement au
contrôle des politiques. Ce contrôle qui intervient notamment au niveau de la
désignation des membres de ces instances ou du renouvellement de leurs
mandats peut compromettre la sécurité des procédures mises en œuvre par
les régulateurs des médias, le devoir de reconnaissance vis-à-vis de l’autorité
de nomination pouvant se substituer à l’exigence de neutralité et d’objectivité
dans les actions de régulation. A titre illustratif, le décret du 23 janvier 2012
qui réorganise le CNC du Cameroun laisse au seul président de la république
le pouvoir de nomination des neuf membres du Conseil, dont le mandat est
renouvelable dans les mêmes conditions.

La prégnance du pouvoir exécutif


L’article 3 de la loi organique du 21 août 1992 relative à la HAAC du Bénin
mentionne que l’exercice des prérogatives de cette instance peut connaître
des limites, notamment en cas de « sauvegarde de l’ordre public ». Cette
légalité d’exception autorise le pouvoir exécutif à mettre entre parenthèses
les exigences procédurales au bénéfice d’une certaine idée de la cohésion
sociale. Dans le même esprit, l’article 2 (3) du décret du 23 janvier 2012
portant réorganisation du CNC du Cameroun place cette institution « auprès
du premier ministre, chef du gouvernement ». Cette disposition traduit sans
équivoque la volonté des pouvoirs publics de soumettre cet organe au
gouvernement. Une telle structuration institutionnelle, contraire à toute
exigence d’autonomie, confirme dans les deux cas sus évoqués comme dans
bien d’autres, une tendance à l’omniprésence du pouvoir exécutif qui
relativise par voie de conséquence la sécurité des procédures mises en œuvre
dans le cadre de la régulation des médias.

Obstacles relatifs au statut des organes de régulation

47
Les obstacles à la sécurité procédurale de la régulation des médias sont
également consubstantiels à une tendance observée dans certains cas à la
tutelle administrative des instances de régulation (1) et à leur dépendance
financière (2).

La tutelle administrative
Le fonctionnement des organes de régulation des médias de certains pays de
l’espace francophone laisse apparaître un rattachement organique à
l’administration centrale de l’Etat. A titre d’exemple, en Suisse, l’Office
Fédéral de Communication est placé sous la tutelle du Département Fédéral
de l’Environnement, des Transports, de l’Energie et de la Communication.
Bien conscient de ce qu’un tel statut n’est guère de nature à garantir une
régulation impartiale, les autorités de ce pays ont séparément créé une
Autorité Indépendante d’Examen des Plaintes. Dans un contexte différent, en
Belgique, le décret coordonné du 26 mars 2009 sur les services de médias
audiovisuels dispose à son article 142(4) que « le président et le vice-
président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel prêtent serment entre les
mains du ministre ayant l’audiovisuel dans ses attributions ». De plus, ces
deux autorités sont, aux termes du même décret, révocables par le
Parlement de la communauté française de Belgique, sur proposition du
Gouvernement. Au Maroc, le Dahir n°1-02-212 du 22 joumada II 1423
portant création de la HACA place cette instance sous la « protection
tutélaire » du roi. Cette tutellisation administrative, contraire au principe
d’autonomie qui devrait statutairement caractériser les organes de régulation
des médias, est une limite considérable à l’exigence d’impartialité qui garantie
l’autorité et la sécurité des instances concernées, dans la mise en œuvre des
procédures de régulation des médias.

La dépendance financière

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Le décret-loi du 2 novembre 2011 qui crée la HAICA de Tunisie précise que
ses ressources financières sont constituées « des subventions accordées sur
le budget de l’Etat ». Dans le cas camerounais, le décret du 23 janvier 2012
qui réorganise le CNC énonce que « le budget du Conseil est inscrit au
budget des services du premier ministre ». De ce rapport financier entre les
organes de régulation des médias et l’Etat, il se dégagent deux
conséquences. D’abord, les ressources des instances de régulation des
médias proviennent des finances étatiques, toute chose qui induit une forme
de subordination politique à travers le facteur financier. Ensuite, les
ressources des instances de régulation sont, en considération de ce qui
précède, soumises au contrôle étatique en vertu des règles générales qui
régissent la gestion des finances de l’Etat. Cette double observation, qui
démontre un rapport de dépendance vis-à-vis de l’Etat s’agissant du principal
moyen d’affirmation de l’autonomie nécessaire au fonctionnement des
instances de régulation, n’est guère de nature à garantir la sécurité des
procédures de régulation des médias.

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COURS DE DROIT DE L’INFORMATION ET DE LA

COMMUNICATION

PLAN DU COURS

Résumé :

Le cours de droit de l’information et de la communication a pour objectif


d'aborder le principe juridique de la liberté d'expression et ses restrictions à
travers les différents médias, qu’il s’agisse de la presse écrite et cybernétique,
de la radiodiffusion sonore ou de la télévision.

INTRODUCTION GENERALE

A- Cadre conceptuel du droit de l’information et de la communication

B- La justification de l’ingérence des pouvoirs publics

C- Communication et information
D- L’information et la communication appréhendées sous l’angle des libertés

Première partie

Les champs d’appréhension du droit de

l’information et de la communication

Chapitre I
Un droit appréhendé sous l’angle de la liberté d’expression

Section 1
La consécration textuelle de la liberté d’information
et de communication
I - La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789

A- Affirmation de la liberté de l’information et de la communication

B- Réception constitutionnelle du principe

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II- Les autres instruments internationaux de promotion de la
liberté d’information et de communication

A- Une portée plus ou moins contraignante


B- Un caractère obligatoire limité

Section 2 : La protection de la liberté d’information


et de communication

I - Une consécration textuelle

A- Les textes législatifs


B- Les textes réglementaires

II- Une protection par des moyens juridiques et extra-juridiques

A- La protection par les moyens juridiques


B- La protection par les moyens extra juridiques

Chapitre 2

Un droit appréhendé sous l’angle de la liberté d’information

Section 1 : La notion d’information

I- L’absence d’une définition consensuelle

A- Une notion pluri sémique


B- L’information génératrice de droits et d’obligations

II- Les étapes de la reconnaissance du droit à l’information

A- La protection de l’émetteur et du récepteur


B- La reconnaissance de la libre expression de l’information

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Section 2 : La nature juridique du droit à l’information

I- Un droit subjectif

A- Une application directe à l’individu


B- L’existence d’intérêts protégés

II- L’exigence d’un titulaire du droit à l’information

A- La qualification du titulaire

B- La reconnaissance du droit à l’information par les juridictions

Deuxième partie

Les conséquences inhérentes à la libre expression du droit de


l’information et de la communication

Chapitre 3

Ingérence des pouvoirs publics dans l’exercice de la


liberté de la communication et de l’information

Section 1 : Une ingérence qui se manifeste par les limites à la liberté


d’information et de communication

I- Les limites contextuelles


A- S’agissant de la fébrilité professionnelle de certains acteurs des médias
B- Sur le caractère répressif de la législation sur les délits de presse

II- L’ingérence des pouvoirs publics

A- La censure administrative
B- Les autres formes de censures

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Section II- L’encadrement par la loi

I- La conjugaison des devoirs et des responsabilités

A- La prise en compte de considérations politiques et culturelles


B- Les cas d’ouverture des mesures d’encadrement de la liberté
d’expression

II- La protection de la liberté d’expression

A- La protection par les mécanismes juridiques


B- La protection par les mécanismes non juridiques

Section III- Les modalités de l’ingérence des pouvoirs publics


dans l’exercice de la liberté de communication

I : Le régime de la déclaration préalable

A- Consécration principe
B- Application du principe

II – Le régime d’autorisation

A- Justification du principe
B- Contenu du principe

Chapitre 4–
Droit de la communication et de l’information et la
Constitution d’un espace public de discussion

Section 1 : La problématique de la déontologie

I- La question de l’honnêteté de la communication et de l’information

A- Les prescriptions réglementaires

B- L’impératif de responsabilité

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II- La déontologie au renfort de la médiation du jeu démocratique

A- Considérations générales

B- Les Considérations morales et institutionnelles

Section 2 : La question de la régulation

I- La genèse des organes de régulation

A- Une conséquence de la libéralisation des paysages médiatiques au


début du 20ème siècle

B- Des origines anglo-saxonnes de la régulation à sa généralisation


C- L’expérience camerounaise

II- Le rejet de la volonté initiale de contrôle du pouvoir central

A- Les exigences de la société démocratique

B- L’exigence de crédibilité des organes de régulation

III- Les champs d’appréciation des garanties de la régulation des


médias

A- Les garanties inhérentes au statut juridique des organes de régulation


des médias

- Garantie fondée sur la légalité des organes de régulation

- Garantie basée sur l’autonomie des organes de régulation

B- Les garanties relatives au fonctionnement des organes de régulation


des médias

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- Garanties basées sur la probité et la capacité professionnelle des
membres

- Garanties basées sur la sécurité organique des membres

- Garanties liées à la nature du mandat des membres


- Garanties liées à l’immunité des membres

C- Garanties basées sur la sécurité des procédures de traitement des


plaintes
D- L’extension du droit de saisine
- La recevabilité des plaintes, la vérification et la qualification juridique
des faits
- Le respect des droits de la défense
- Le formalisme des modes de délibération
- L’ encadrement des sanctions
- La publicité des décisions

E- Les obstacles à l’application des garanties procédurales de la régulation


des médias

Obstacles inhérents à l’environnement sociopolitique des organes de


régulation
L’ inféodation à l’autorité politique
La prégnance du pouvoir exécutif

Obstacles relatifs au statut des organes de régulation


La tutellisation administrative
La dépendance financière

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