Vous êtes sur la page 1sur 6

Dans une société démocratique , la liberté d’expression, constituant le droit d’exprimer

librement ses opinions, est l’une des libertés fondamentales et primordiales au


développement et à l’épanouissement de tout individu.

Elle a été l'une des premières libertés publiques énoncées dans le monde et est prévue et
protégée par différents textes comme la convention européenne des droits de l’homme de
1950 ou encore la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.
Ainsi, en échangeant librement leurs pensées et leurs opinions, les individus parviennent à
comprendre et à s’imprégner des réalités du monde dans lequel ils vivent. Sa garantie et son
respect favorise l’émergence d’une société ouverte, tolérante et respectueuse d’un Etat de
droit. Mais cette liberté d’exprimer ses idées n’est pas absolue, car certaines limites
s’imposent à son exercice dans le cadre de la prise en compte de l’intérêt général. D’où
l’intitulé de notre sujet : la liberté d’expression et la protection de l’intérêt général.
La liberté d’expression est définie selon la Convention Européenne des Droits de l’Homme
comme : « la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées
sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de
frontière » . Tandis que l’intérêt général désigne la capacité des individus à transcender
leurs appartenances et leurs intérêts pour exercer la suprême liberté de former
ensemble une société politique . Ces définitions nous permettent de voir que la
liberté d’expression et la protection de l’intérêt général sont étroitement liées par le
fait de la protection même de la personne humaine et de ses idées.
Il est dès lors opportun de se demander : la liberté d’expression est-elle un droit
absolu ?
Elucider une telle question revêt aussi bien un intérêt pratique qu’un intérêt théorique.
Dans la pratique, la liberté d’expression bien qu’étant sous la protection d’un bon
nombre de textes, n’est pas un droit illimité vu la quantité des règles auxquelles elle
est assujettie. Ensuite, en théorie il n’y pas une réelle cohésion quant à son étendu .
Par exemple, un débat s’est posé sur l’opposabilité de la liberté d’expression et du droit à
l’information en droit d’auteur. Il a connu une vigueur nouvelle à la suite de l’affaire Malka /
Klasen à l’occasion de laquelle la Cour de cassation a jugé que quand bien même l’utilisation
d’une œuvre protégée n’entrerait pas dans le champ des exceptions figurant dans la loi, il
appartient au juge du fond de veiller à assurer un juste équilibre entre les différents intérêts
en présence, et en particulier entre droit d’auteur et liberté d’expression. Cette
transposition du contrôle in concreto a suscité les réserves d’une partie de la doctrine
intellectualiste. F. Pollaud-Dulian a ainsi stigmatisé « une brèche […] percée dans l’édifice du
droit d’auteur » à travers […] un déclin du droit moral ». Ceci montre principalement les
différentes perceptions de la liberté d’expression dépendant des espaces, des
cultures , des milieux et d’autres facteurs tout aussi prééminents.
Le plan que nous adopterons tout au long de notre exposé nous permettra de voir
que la liberté d’expression est prévue et protégée différemment selon les espaces
mais également qu’elle a certaines limites et doit aujourd’hui relever un certains
nombre de défis.
Pour venir ainsi à bout de la question posée nous allons, après avoir montré que la
liberté d’expression est un droit fondamental, voir quelles sont les limites auxquelles
elle est soumise dans le cadre de la protection de l’intérêt général.

I.) La liberté d'expression : un droit fondamental

La liberté d'expression est un droit fondamental qui garantit aux individus la possibilité de
s'exprimer librement et de recevoir des informations sans ingérence gouvernementale.
Ainsi, elle est protégée par différents textes et articles (A) qui nous permettrons de
déterminer le statut de la liberté d’expression selon les espaces(B).

A.) L'affirmation de la liberté d'expression dans la loi


Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et la
liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y
avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontières. En effet, la
première proclamation de la liberté d'expression date de 1776 , date à laquelle les Etats Unis
adoptent leur constitution. En France, la déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen (
DDHC) du 26 août 1789 en son article 11 reprendra ce droit fondamental. Il en est de même
de l'article 11 de la charte des droits fondamentaux de l'union européenne du 14 décembre
2007, qui énonce les principaux éléments de la liberté d'expression et transcende des
frontières.

Ensuite, la déclaration de principe sur la liberté d'expression en Afrique rappelle que la


liberté d'expression est un droit humain fondamental garantie par la Charte Africaine des
Droits de l'Homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966 et
aussi par d'autres documents internationaux et constitutions nationales, en son article 9 ,
réaffirmant ainsi que la nécessité d'une interprétation de ses implications spécifiques eu
égard à la liberté d'expression en Afrique.
En outre, le Sénégal, dans le préambule de sa constitution, proclame solennellement son
indépendance et son attachement aux droits fondamentaux tels qu'ils sont définis dans la
Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen de 1789 et dans la Déclaration Universelle
du 10 décembre 1948.
La constitution sénégalaise en son article 8 dispose : « chacun a le droit d'exprimer et de
diffuser librement ses opinions par la parole , la plume et l'image . Chacun a le droit de
s'instruire sans entrave aux sources accessibles à tous . Ces droits trouvent leurs limites
dans les prescriptions des lois et règlements ainsi que dans le respect de l'honneur
d'autrui ».

Ainsi, la liberté d’expression est un droit reconnu à tout un chacun ,mais s’applique
différemment selon les pays.
B.) Le statut de la liberté d’expression à l’étranger et au Sénégal
Il est important de noter que la liberté d'expression est différemment appliquée selon les
paysages politiques, économiques et sécuritaires, que ça soit à l’étranger ou au Sénégal.
En effet,le statut de la liberté d'expression varie considérablement d'un pays à un autre.
Dans certains pays, la liberté d'expression est largement respectée et protégée par la loi,
tandis que dans d'autres, le droit de s’exprimer librement est régulièrement restreint ou
même réprimée. Ce sont pour la plupart les pays à régime autoritaire et les pays en guerre
ou en transition politique.
A l’étranger, la liberté d’expression est consacrée majoritairement par les constitutions des
Etats. Comme aux Etats-Unis ( article 4 de la constitution de 1776) en Angleterre dans la
constitution de 1695),.. et en France la Charte des droits de l’union européenne la prévoit
aussi en son article 11. Mais l’une des plus importante disposition a été faite par la
Convention européenne de droits de l’homme à l’article 10 : « …. »
Les pays africains, ont quant à eux de plus en plus accès à Internet et aux autres moyens
d’informations, ainsi ils veillent à ce que les citoyens puissent exercer librement leurs droits.
La République du Bénin à l’instar des autres Etats de l’Afrique de l’Ouest est l’un des
premiers Etats à procéder à la mise en place d’un véritable Code, qui réunit l’ensemble des
dispositions légales applicables à tous les aspects juridiques des activités. Le bénin consacre
la liberté d’expression à l’article 23 de sa constitution et va dans le même sens que la loi de
2017 portant Code du numérique en République du Bénin. Aussi l’article 4 de la Constitution
de 1992 de la République du Mali garantie la liberté d’expression ; en Côte d’Ivoire, ce sont
les articles 9 et 10 de la Constitution de 2016 et l’article 7 de la Constitution de la Guinée qui
ont consacré tous la liberté d’expression comme un droit fondamental dans leur droit
interne.

Au Sénégal, la liberté d'expression est garantie par la Constitution et est généralement


respectée par les autorités. L’article 10 de la Constitution du Sénégal proclame très
fortement la liberté d’expression. Il en de même de l’article 5 de la loi 2008 portant loi
d’orientation sur la Société de l’Information et de la loi 2011 portant Code des
Télécommunications qui amis en exergue les principaux aspects de la régulation des
télécommunications, notamment la concurrence, l’interconnexion, l’accès au service
universel, les ressources rares et la tarification, du Code de la presse de 2017 et du
nouveau Code sur les communications électroniques à travers la loi 2018.L’article 48 du
code de la presse du Sénégal évoque le caractère d’intérêt général que doivent revêtir les
informations émises. Ainsi, l’article 178 dudit Code dispose : « Le contenu, publié par
l'entreprise de presse en ligne, présente un caractère d’intérêt général quant à la diffusion
de la pensée : instruction, éducation, information, récréation du public ».

La liberté d'expression est un droit fondamental qui est essentiel pour la protection de
l'intérêt général, car elle permet aux individus de s'exprimer librement, de débattre de
questions importantes et de contribuer à la prise de décisions démocratiques. Toutefois, la
liberté d'expression peut être restreinte sous bon nombre d’aspects.

II.) La protection de l’intérêt générale : une limite à la liberté d’expression


La liberté d’expression bien qu’étant un droit fondamental et rigoureusement protégé, il
n’est pas un droit absolu et sans failles. De ce fait, elle connait des restrictions sur le plan
légal et moral (A) et fait face à des défis considérables (B).

A.) Les restrictions légales et morales


La liberté d’expression est un principe fondamental reconnu et octroyé à tous. Cependant il
existe un certain nombre de restrictions et de sanctions à l’exercice de ce droit dans le cadre
de la protection de l’intérêt général.
D’abord sur le plan légal, il est énoncé à l’article 10 de la convention européenne des droits
de l’homme au paragraphe 2 que : « L’exercice de ces libertés comportant des devoirs et des
responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions,
prévues par la loi[…] ». En vertu de ces conditions, toute ingérence dans l’exercice de la
liberté d’expression doit se faire sur la loi interne, c’est-à-dire sur une loi écrite et publique
adoptée par le Parlement, ainsi toute restriction doit être conforme au droit international en
matière de droits de la personne. Par exemple, l’interdiction de publier ou la saisie d’un
moyen d’expression livre, journal, film, etc...doit impérativement être prévue par un texte.
Ainsi, la loi a consacrée une protection renforcée de la liberté d’expression, et
particulièrement celle de la presse.
Sur le plan moral, la liberté d’expression suscite de nouvelles interprétations du principe la
protection de la « réputation ou des droits d’autrui » , et est aujourd’hui de loin le motif le
plus fréquemment invoqué pour restreindre la liberté d’expression. Ces atteintes sont
diverses :La diffamation, qui est le fait de tenir des propos portant atteinte à l’honneur d’une
personne physique ou morale, est prévue à l’article 12 du Pacte international relatif aux
droits civils et politiques de 1966 et dispose : « Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires ou
illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes
illégales à son honneur et à sa réputation ». Par exemple, la condamnation d’un journaliste
pour diffamation n’est possible que si le délit de diffamation est prévu en droit interne. On a
aussi, la notion de respect à La vie privée. Bien que n’étant pas définie par la loi, elle englobe
le respect du domicile de la personne, de ses données personnelles,… .Elle est consacrée à
l’article 9 du code civil français :« Chacun a droit au respect de sa vie privée. Les juges
peuvent, sans préjudice de la réparation du dommage subi, prescrire toutes mesures, telles
que séquestre, saisie et autres, propres à empêcher ou faire cesser une atteinte à l'intimité
de la vie privée […] ». L’article 39 du code de la presse du Sénégal impose aussi le respect de
la vie privée par les agents de programme.
Aussi l’article 104 dudit code dispose en ses termes : « Le contenu des messages publicitaires
doit être conforme aux exigences de décence, de moralité, de véracité et de respect des
valeurs et des nationales. Il ne doit en aucun cas porter atteinte ni à la dignité ni à la
considération de la personne humaine, ni à la sensibilité des mineurs. Il ne doit pas porter
atteinte à la sécurité, à la santé publique et au respect dû aux institutions de l'État ». En
outre, les critiques sévères voire virulentes, les expressions imagées propres à attirer
l’attention, ainsi que les injures, les outrages,… sont tout aussi bien limités dans l’exercice du
droit à la liberté d’expression.
La liste des motifs possibles de restrictions est ainsi exhaustive, néanmoins ,compte tenu de
ses nombreuses restrictions , il est important de rester vigilant face aux tendances
répressives de la liberté d’expression et de continuer à défendre ce droit fondamental.

B.) Les défis de la liberté d’expression


La liberté d’expression inclût le droit de s’exprimer, de transmettre et de recevoir des
informations, que ce soit sous forme orale ou écrite. En effet, l’accès à l’information fiable
est l’un des défis les plus importants du droit à la liberté d’expression, surtout dans le cadre
actuel « post-covid » qui a eu des répercussions considérables. Ainsi, durant la Pandémie,
l’un des principaux moyens pour s’informer sur la situation mondiale était par le biais des
technologies de l’information et de la communication (TIC). Les préoccupations relatives à la
sécurité numérique se multiplient alors que la démarcation entre les activités en ligne et
hors ligne est de plus en plus floue. Les conséquences des dérives dans le cadre de
l’utilisation des TICS sont au Sénégal prévues par la loi 2008-11 du 25 janvier 2008 sur la
cybercriminalité. Des campagnes de lutte contre la désinformation doivent aussi être
organisées afin de limiter les dégâts que peut causer celle-ci, bien qu’il faut reconnaître
qu’aujourd’hui des efforts considérables sont faits. Par exemple, en ce qui concerne la
diffamation, aujourd’hui des combats ont été menés pour amoindrir les restrictions assez
rigoureuses de la liberté d’expression. Aujourd’hui en France, la personne accusée de
diffamation pourrait éviter la condamnation en évoquant l’exception de vérité et ainsi
prouver la véracité des faits évoqués.. ou situer ses propos dans le cadre d’un débat
d’intérêt général, car il s’agira là d’une cause d’utilité publique.
Un accent particulier est en outre mis sur le travail fondamental des journalistes, et pour
l’atténuation des restrictions sur l’organisation du secteur des médias ; puisque de nos jours
on retrouve de moins en moins d’environnements qui permettent aux professionnels des
médias de faire leur travail. Cette tendance constitue un défi particulier surtout dans les
régions du monde secouées par des tensions sociales, ethniques et politiques ou des conflits
armés et des situations d’urgence, aussi ces zones sont souvent confrontées à des
problèmes de corruption, de mauvaise gouvernance et à des intérêts politiques et
économiques qui entrent en conflit avec la liberté d'expression.
De plus, les journalistes et les professionnels des médias font fréquemment l’objet
d’attaques comme l’intimidation, le harcèlement, la détention arbitraire et les attaques
misogynes, de pressions et de poursuites judiciaires pour leurs opinions critiques. Aussi, il y’a
des cas où les journalistes et les militants de la société civile font l'objet de censure et même
de surveillance gouvernementales, ou à des restrictions pour accéder à certaines
informations. Ils font ainsi partie des principales cibles du harcèlement et des attaques en
ligne. Bien que la liberté d’expression continue d’évoluer dans l’espace numérique, il est
nécessaire de s’attaquer aux nouvelles menaces qui pèsent sur ce droit à travers des
dispositions légales spécifiques.
Aujourd’hui, il est admis de dire que toute discussion sur la liberté d’expression reflète les
préoccupations croissantes relatives aux menaces numériques.

Vous aimerez peut-être aussi