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La solidarité (active et passive): régime juridique

Posted Sep 20, 2017


Bien que le Code civil ne connaisse que deux formes de solidarité, la solidarité active et la solidarité
passive, la jurisprudence en a ajouté une troisième forme : la solidarité imparfaite plus couramment connue
sous le nom d’obligation in solidum.
I) La solidarité active
A) Notion
Il y a solidarité active lorsque plusieurs créanciers sont titulaires d’une créance unique à l’encontre d’un
débiteur unique. Il s’ensuit que chacun d’entre eux est en droit d’exiger du débiteur le paiement de la
totalité de ce qui est dû.

La solidarité active concerne le domaine bancaire et plus particulièrement le fonctionnement du compte


joint.

La convention de compte permet, en effet, à chacun des titulaires de disposer de la totalité du solde.

B) Source
Le principe étant la division de l’obligation en autant de fractions qu’il y a de créanciers, la solidarité active
ne peut être l’exception.

D’où la règle posée à l’article 1310 du Code civil aux termes duquel « la solidarité est légale ou
conventionnelle ; elle ne se présume pas. »
La Cour de cassation a eu l’occasion de rappeler cette règle, qui n’est pas nouvelle, notamment dans un
arrêt du 16 juin 1992 (Cass. 1ère civ. 16 juin 1992).
L’absence de présomption de la solidarité vaut tant pour la solidarité active que pour la solidarité active. Le
texte ne distingue pas

C) Effets
Les effets de la solidarité sont réglés par les articles 1311 et 1312 du Code civil. La lecture de ces
dispositions invites à distinguer deux sortes d’effets : l’effet principal de la solidarité et les effets
secondaires

==> L’effet principal de la solidarité


 Dans les rapports entre les créanciers et le débiteur
o Les effets à l’égard des créanciers
 Le principal effet de la solidarité active est que cette modalité de l’obligation confère à chaque
créancier la faculté d’exiger et de recevoir du débiteur le paiement de toute la créance ( 1311 C. civ.)
 Le débiteur ne pourra donc pas opposer au créancier le principe de division de la créance, quand
bien même son droit ne porte que sur une fraction de ladite créance
o Les effets à l’égard du débiteur
 En contrepartie de la possibilité pour chaque créancier de réclamer au débiteur le paiement du tout,
le paiement fait à l’un d’eux libère le débiteur à l’égard de tous.
 Cela signifie donc que les autres créanciers ne pourront pas lui réclamer le paiement de leur part.
 L’article 1311 du Code civil précise que « le débiteur peut payer l’un ou l’autre des créanciers
solidaires tant qu’il n’est pas poursuivi par l’un d’eux.»
 Deux enseignements peuvent être tirés de cette disposition
 Premier enseignement
 Tant que le débiteur n’est pas poursuivi peut valablement se libérer entre les mains de l’un
des créanciers solidaires de son choix
 Le créancier ainsi choisi ne dispose pas de la faculté de refuser le paiement
 Second enseignement
 Lorsque le débiteur fait l’objet de poursuites, la faculté pour le débiteur de choisir le
créancier entre les mains duquel il va payer cesse.
 Il ne pourra valablement se libérer qu’entre les mains du créancier poursuivant.
 À défaut, son paiement ne sera pas libératoire.
 Dans les rapports entre créanciers
o Si, envers le débiteur, le principe de division n’opère pas sur la créance, envers les créanciers
l’obligation se divise.
o Il en résulte que les créanciers qui n’ont reçu aucun paiement de la part du débiteur, disposent d’un
recours contre celui ou ceux qui ont perçu la totalité de la créance pour obtenir restitution de leur part,
déterminée, en l’absence de clause contraire, de manière égale à celle des autres.
o L’article 1309, al. 2 du Code civil prévoit en ce sens que « chacun des créanciers n’a droit qu’à sa part
de la créance commune»
o L’article 1312 précise que lorsqu’un créancier reçoit paiement du débiteur il « en doit compte aux
autres».
o De toute évidence, cette solution met en exergue la dangerosité de la solidarité active, dans la mesure où
en cas d’insolvabilité ou de mauvaise foi du créancier accipiens, les autres sont susceptibles de se
retrouver démunis et privés du bénéfice de leur part dans la créance.
==> Les effets secondaires
Les effets secondaires de la solidarité active sont au nombre de deux :

 Bénéfice de l’acte suspensif ou interruptif de prescription


o Aux termes de l’article 1313 du Code civil, « tout acte qui interrompt ou suspend la prescription à
l’égard de l’un des créanciers solidaires, profite aux autres créanciers. »
o Cette règle se justifie par la nature de la solidarité qui a pour effet de faire obstacle à la division de
l’obligation
o Aussi, dès lors que la créance est indivisible, il apparaît logique que les événements qui l’affectent se
répercutent sur tous ses titulaires qui, à l’égard du débiteur, sont indivisiblement liés.
 L’effet individuel de la remise de dette
o L’article 1350-1, al. 2 du Code civil prévoit que « la remise de dette faite par l’un seulement des
créanciers solidaires ne libère le débiteur que pour la part de ce créancier.»
o Cette règle se justifie par la nécessité de ne pas aggraver la situation des autres créanciers, lesquels
peuvent ne pas vouloir consentir une remise de dette au débiteur.
o Il appartient à chacun, pris individuellement, de déterminer du sort de sa part dans la créance.
II) La solidarité passive
A) Notion
À l’inverse de la solidarité active, il y a solidarité passive lorsqu’un créancier est titulaire d’une créance à
l’encontre de plusieurs débiteurs.

Il s’ensuit que le créancier peut réclamer à chaque débiteur pris individuellement le paiement de la totalité
de la dette.

La solidarité passive présente un réel intérêt pour le créancier dans la mesure où elle le prémunit contre une
éventuelle insolvabilité de l’un de ses débiteurs.

Aussi, dans cette configuration les codébiteurs sont garants les uns des autres.
1. Source
==> Principe
La règle est ici la même qu’en matière de solidarité active

Conformément à l’article 1310 du Code civil « la solidarité est légale ou conventionnelle ; elle ne se
présume pas. »
La solidarité passive peut ainsi avoir deux sources distinctes : la loi ou le contrat.

 La source contractuelle
o Lorsqu’elle est d’origine contractuelle, la solidarité passive doit être expressément stipulée
o Dans le doute, le juge préférera la qualification d’obligation conjointe
o La Cour de cassation fait preuve d’une extrême rigueur à l’égard des juges du fond qui ne saurait retenir
la solidarité lorsque, notamment, elle est tacite (V. en ce sens 1ère civ. 19 févr. 1991; Cass. 1ère civ. 7 nov.
2012).
 La source légale
o Il est de nombreux textes qui instituent une solidarité passive à la faveur du créancier
o Cette dernière se justifie
 Soit par une communauté d’intérêts
 Co-emprunteurs de la même chose dans le prêt à usage (art. 1887 C.civ.)
 Époux pour le paiement de l’impôt sur le revenu
 Époux pour les dettes ménagères (art. 220 C. civ.)
 Soit par la participation commune à une même responsabilité
 Parents pour les dommages causés par leurs enfants mineurs habitant avec eux (art. 1242, al. 4
C. civ.)
 Producteur d’un produit fini et producteur d’une partie composante, pour le dommage causé par
le défaut du produit incorporé dans le produit fini
 Personnes condamnées pour un même crime ou un même délit s’agissant des restitutions et
dommages et intérêts ( 375-2, al. 1 C. pén. et 480-1, al. 1 C. proc. pén).
 Soit par la nécessité de renforcer le crédit
 Signataires d’une lettre de change ( L. 511-44 C. com.)
 Signataires d’un chèque ( L. 131-51 C. mon. fin.)
 Associés d’une société en nom collectif ( 221-1 C. com.)
==> Exception
Par exception à la règle de droit commun, en matière commerciale, la solidarité est présumée.

Le principe est donc inversé, ce qui signifie que l’exclusion de la solidarité doit être expressément stipulée.

À défaut, les débiteurs seront présumés solidaires.

Cette solution est ancienne (Cass. Req. 20 oct. 1920) et constante (Cass. com. 5 juin 2012).
L’instauration de cette présomption se justifie par le besoin de crédit dont les opérateurs ont besoin dans le
cadre de la vie des affaires.

2. Effets
Les effets de la solidarité sont régis aux articles 1313 à 1319 du Code civil.

L’appréhension des effets de la solidarité passive suppose de bien distinguer la question de l’obligation à la
dette de celle relative à la contribution à la dette.
 L’obligation à la dette détermine l’étendue du droit de poursuite du créancier à l’encontre de ses débiteurs
o Dans cette hypothèse sont donc envisagés les rapports entre le créancier et ses débiteurs
 La contribution à la dette détermine quant à elle l’étendue de la répartition de la dette entre les codébiteurs
o Dans cette hypothèse sont seulement envisagés les rapports entre débiteurs
a) L’obligation à la dette ou les rapports entre le créancier et les débiteurs
Dans les rapports entre les créanciers et ses débiteurs il convient de distinguer les effets principaux de la
solidarité de ses effets secondaires.

==> Les effets principaux de la solidarité


Il convient de distinguer les effets qui participent de l’exécution de l’obligation de ceux qui opèrent sa
neutralisation :

 L’exécution de l’obligation : le droit de poursuite


o L’obligation au total
 L’une des principales caractéristiques de la solidarité passive est que les débiteurs sont tenus à une
même dette, quelle que soit la cause de leur engagement.
 En raison de cette unicité de la dette qui échappe au principe de division, il en résulte que chacun est
obligé à la totalité de la dette.
 L’article 1313, al. 1er prévoit en ce sens que « la solidarité entre les débiteurs oblige chacun d’eux à
toute la dette»
o La faculté d’élection du créancier
 Aux termes de l’article 1313, al. 2e du Code civil, « le créancier peut demander le paiement au
débiteur solidaire de son choix. »
 Le créancier dispose donc de ce que l’on appelle traditionnellement une faculté d’élection.
 Il peut, en effet, choisir discrétionnairement celui d’entre les codébiteurs auquel il réclamera le
paiement, par voie extrajudiciaire ou judiciaire, sans avoir à mettre en cause les autres ou même
simplement les avertir.
 Les codébiteurs, tous placés sur le même plan, ne jouissent d’aucun bénéfice de discussion et bien
évidemment d’aucun bénéfice de division.
o La pluralité de liens d’obligations fonde une pluralité de poursuites
 Contrairement à la solution ancienne du droit romain fondée sur la litis contestatio, les poursuites
engagées contre l’un des débiteurs n’empêchent pas le créancier d’agir contre les autres.
 L’article 1313, al. 2 dispose que « les poursuites exercées contre l’un des débiteurs solidaires
n’empêchent pas le créancier d’en exercer de pareilles contre les autres. »
 Il appartiendra néanmoins au créancier lorsqu’il diligentera des poursuites ultérieures de déduire du
montant de sa demande le paiement partiel précédemment obtenu de l’un des codébiteurs.
o Unicité de la dette
 En raison de l’unicité de la dette, qui donc ne fait pas l’objet d’une division, les différents rapports
d’obligation sont placés sous la dépendance mutuelle de leur exécution réciproque.
 La conséquence en est que paiement fait par l’un des débiteurs libère les autres à l’égard du
créancier.
 Cette règle est exprimée à l’article 1313, al. 1er du Code civil.
 La neutralisation de l’obligation : le régime des exceptions
o La question qui ici se pose est de savoir si un débiteur peut opposer une exception au créancier.
o Par exception, il faut entendre un moyen de défense qui tend à faire échec à un acte en raison d’une
irrégularité (causes de nullité, prescription, inexécution, cause d’extinction de la créance etc…)
o Le régime des exceptions est traité à l’article 1315 du Code civil.
o Lorsque ces exceptions sont fondées, elles emportent disparition de la dette à l’égard de tous les
débiteurs.
o D’où la possibilité pour chaque débiteur de les invoquer
o Quel que soit le débiteur qu’il poursuit, le créancier est, par principe, susceptible de se les voir opposer.
o Toutefois, toutes les exceptions ne sont pas opposables au créancier.
o Aussi, convient-il de distinguer trois catégories d’exceptions
 Les exceptions inhérentes à la dette : le principe d’opposabilité
 Principe
 Il s’agit des exceptions communes à tous les codébiteurs.
 Pour cette catégorie d’exception, la règle est posée à l’article 1315, al. 1er du Code civil qui
prévoit que « le débiteur solidaire poursuivi par le créancier peut opposer les exceptions qui
sont communes à tous les codébiteurs».
 Ainsi, les inhérentes à la dette peuvent toujours être opposées au créancier.
 Ce principe se justifie par le caractère commun de la dette
 Les exceptions qui l’affectent se répercutent donc mécaniquement sur chacun des débiteurs.
 Applications
 À titre d’exemple d’exceptions inhérentes à la dette, l’article 1315 vise la résolution et la
nullité
 Cas particulier de la nullité
 S’agissant de cette dernière exception, il y a là une maladresse du législateur, en ce que
toutes les causes de nullités ne constituent pas nécessairement des exceptions inhérentes à
la dette.
 Lorsque la nullité trouve sa source dans l’incapacité du débiteur ou dans un vice du
consentement, elle s’apparente plutôt à une exception qui lui est personnelle.
 Elle ne devrait, en conséquence, pouvoir être invoquée que par celui dont elle affecte la
validité de l’engagement.
 Dans ces conditions, peuvent être qualifiées d’exceptions inhérentes à la dette par
exemple :
 Les nullités tenant à l’objet, à la contrepartie ou encore à la forme de l’acte
 Les exceptions tirées d’un terme ou d’une condition commun à tous les codébiteurs
 Les causes d’extinction de l’obligation :
 par disparition de l’objet
 Paiement
 Dation en paiement
 Novation
 par prescription
 par remise de dette
 par perte fortuite de la chose
 Les exceptions purement personnelles : le principe d’inopposabilité
 Principe
 Les exceptions purement personnelles sont celles tirées de l’engagement d’un débiteur
indépendamment de l’engagement des autres.
 Elles ne touchent donc qu’un seul lien obligataire, sans affecter les autres.
 Pour cette catégorie d’exceptions, il ressort de l’article 1315 du Code civil que seul le
débiteur dont l’engagement est frappé de nullité peut opposer l’exception au créancier.
 Dans la mesure où l’exception n’est pas inhérente à la dette, elle ne produit sur elle aucun
effet extinctif, de sorte que les codébiteurs demeurent solidairement tenus.
 C’est là tout le sens de l’article 1315 lorsqu’il énonce qu’un débiteur « ne peut opposer les
exceptions qui sont personnelles à d’autres codébiteurs, telle que l’octroi d’un terme»
 Applications
 Au rang des exceptions purement personnelles on compte notamment :
 Les nullités tenant aux vices du consentement et aux incapacités
 Les exceptions tirées d’un terme ou d’une condition propre à un débiteur
 L’extinction de la créance pour défaut de déclaration dans le cadre d’une procédure
collective
 La suspension des poursuites à l’encontre d’un débiteur qui fait l’objet d’une procédure
de redressement ou de liquidation judiciaire
 Les exceptions simplement personnelles : le principe d’opposabilité partielle
 Principe
 Il s’agit des exceptions dont l’invocation produit des effets inégaux selon la personne de celui
qui les oppose au créancier
 S’il s’agit du débiteur personnellement touché par l’exception, son engagement sera
affecté pour le tout
 S’il s’agit du débiteur non personnellement touché par l’exception, son engagement ne
sera affecté que partiellement
 La particularité de ces exceptions est que tandis qu’elles atteignent des liens et libère le
débiteur qui en est le sujet passif, elles libèrent également ses codébiteurs mais qu’à
concurrence de la part contributive de ce dernier.
 L’article 1315 prévoit en ce sens que « lorsqu’une exception personnelle à un autre
codébiteur éteint la part divise de celui-ci […] il peut s’en prévaloir pour la faire déduire du
total de la dette.»
 En somme, contrairement à l’exception inhérente à la dette qui l’affecte totalement et à
l’exception purement personnelle qui ne l’affecte pas du tout, l’exception simplement
personnelle n’affecte la dette que partiellement ; d’où ses effets variables, selon le débiteur
qui l’invoque.
 Applications
 À titre d’exemples d’exceptions simplement personnelles, l’article 1315 vise notamment la
compensation et la remise de dette.
 Sur la compensation
 Le législateur semble avoir retenu une solution différente de celle appliquée
antérieurement à la réforme.
 L’ancien article 1294, al. 3 du Code civil prévoyait, en effet, que la compensation
constituait une exception purement personnelle au débiteur solidaire.
 La Cour de cassation estimait toutefois que si elle était invoquée par ce dernier, tous les
codébiteurs devaient en bénéficier, selon le régime des exceptions inhérentes à la dette.
 Si, en revanche, il décidait de ne pas formellement l’opposer au créancier, la
compensation demeurait sans effet sur le quantum de la dette.
 En l’état du droit, les termes de l’article 1315 du Code civil invitent à penser que la
compensation pourra être invoquée par les codébiteurs de celui titulaire d’une créance
réciproque à l’encontre du créancier.
 La compensation est, en effet, présentée comme une exception simplement personnelle de
sorte que l’on est légitimement en droit de penser qu’elle en emprunte le régime.
 Sur la remise de dette
 Il s’agit de l’hypothèse où le créancier consent une remise de dette à l’un des codébiteurs,
mais réserve ses droits contre les autres.
 Dans cette situation, l’article 1315 du Code civil contraint le créancier à déduire de ses
poursuites contre les codébiteurs la part contributive du bénéficiaire de la remise de dette.
 Cette règle est spécifiquement exprimée à l’article 1350-1 du Code civil qui dispose
que « la remise de dette consentie à l’un des codébiteurs solidaires libère les autres à
concurrence de sa part. »
==> Les effets secondaires de la solidarité
Certains effets de la solidarité sont qualifiés de secondaires en raison de leur singularité.

Ils ont en commun de faciliter l’action du créancier car certains actes accomplis à l’encontre de l’un des
codébiteurs produisent leurs effets à l’égard de tous les autres.

La cohérence de ces effets secondaires demeure toutefois incertaine dans la mesure où, tout en liant le sort
des codébiteurs à l’instar des exceptions inhérentes à la dette, ils ne se rattachent pas aisément à la notion
d’unicité de la dette.

Aussi, a-t-on cherché à leur trouver un socle théorique commun.

 Exposé de la théorie de la représentation mutuelle


o À partir des effets secondaires les plus caractéristiques, la doctrine du XIXe siècle a cherché à les
rassembler autour d’une théorie commune, laquelle a été reprise par la jurisprudence (V. notamment en
ce sens civ. 1er déc. 1885).
o Cette tentative de théorisation des effets secondaires de la solidarité a toutefois fait l’objet de vives
critiques.
o La particularité de ces effets remarquait-on est que les codébiteurs posséderaient une communauté
d’intérêts.
o En partant de ce postulat, on en a déduit qu’ils avaient respectivement qualité à agir au nom des autres
et que, en somme, ils se représentaient mutuellement.
o C’est ce que l’on appelle la théorie de la représentation mutuelle.
o Le pouvoir de représentation dont seraient dotés les codébiteurs ne serait pas toutefois illimité.
o Ces derniers ne sauraient accomplir aucun acte qui aurait pour conséquence d’aggraver la situation des
autres.
o Ils ne pourraient valablement agir qu’en vue de maintenir ou de réduire l’engagement de tous.
o Bien que séduisante, cette thèse n’en est pas moins contestable.
o Non seulement elle présente une certaine part d’artifice en ce qu’il est difficile de trouver une
communauté d’intérêt dans la situation juridique que constitue la solidarité, surtout la majorité des
solutions qu’elle entend recouvrir peuvent également être rattachées à la notion d’unicité de la dette.
 Inventaire des effets secondaires
o De tous les effets secondaires énoncés par le Code civil avant la réforme, l’ordonnance du 10 février
2017 n’en reprend qu’un seul : la demande d’intérêts formée contre l’un des codébiteurs.
o Est-ce à dire que les autres effets secondaires attachés à la solidarité sont abandonnés ?
o On ne saurait être aussi catégorique ; rien ne permet de se prononcer dans un sens un dans l’autre.
o Aussi, dans l’attente que la Cour de cassation se prononce, au cas par cas, convient-il d’envisager que
tous les effets secondaires attachés à la solidarité antérieurement à la réforme soient conservés :
 La demande d’intérêts formée contre l’un des codébiteurs
 L’article 1314 du Code civil prévoit que « la demande d’intérêts formée contre l’un des
débiteurs solidaires fait courir les intérêts à l’égard de tous.»
 De toute évidence, cet effet secondaire vient contredire la théorie de la représentation mutuelle,
dans la mesure où il conduit à une aggravation de la situation des codébiteurs.
 À la vérité, cette règle se justifie, une fois encore, par l’idée de dette unique.
 Les intérêts étant les accessoires de la dette. Or celle-ci est due par tous.
 Les intérêts qui commencent à courir ne peuvent donc que suivre le même régime.
 La mise en demeure adressée à l’un des codébiteurs
 Lorsqu’une mise en demeure est adressée par le créancier à l’un des codébiteurs, elle les oblige
tous à payer le prix
 Elle fait courir les intérêts moratoires.
 Toutefois, seul le mis en demeure peut être condamné, s’il ne s’exécute pas, à verser des
dommages et intérêts
 L’interruption de la prescription contre l’un des codébiteurs
 Lorsqu’un acte interruptif de prescription est accompli par le créancier, il produit ses effets à
l’encontre de tous les codébiteurs.
 L’acte interruptif de prescription peut consister, tant en un acte judiciaire (acte introductif
d’instance) qu’en un acte extrajudiciaire (reconnaissance de dette).
 La transaction entre le créancier et l’un des codébiteurs
 Dans un arrêt du 3 décembre 1906, la Cour de cassation a estimé que la transaction conclue entre
le créancier et l’un des codébiteurs profite aux autres lorsqu’elle leur est favorable ( req. 3 déc.
1906).
 L’autorité de la chose jugée
 Dans un arrêt du 28 décembre 1881, la Cour de cassation a estimé que « la chose jugée avec l’un
des codébiteurs solidaires est opposable à tous les autres» ( civ. 28 déc. 1881).
 Cette règle est toutefois écartée dans l’hypothèse où cet effet secondaire de la solidarité conduit à
aggraver la situation des codébiteurs.
 Les voies de recours
 L’exercice d’une voie de recours par l’un des codébiteurs bénéficie aux autres, de sorte que la
décision obtenue en appel pour l’un sera opposable à tous les autres.
β) La contribution à la dette ou les rapports entre codébiteurs
Une fois le créancier désintéressé, celui à qui il a été demandé régler la totalité de la dette, à tout le moins
plus que sa part, dispose d’un recours contre ses codébiteurs.

Ce recours intéresse le stade de la contribution à la dette. Plus globalement, il s’agit de déterminer, après
avoir surmonté le stade de l’obligation à la dette, l’étendue de la répartition de la dette entre les codébiteurs

Plusieurs règles ont été adoptées aux fins de régler cette question de la répartition du poids de la dette.

==> Le rétablissement du principe de division


Au stade de la contribution à la dette, il ressort de l’article 1317 du Code civil que la solidarité ne joue plus.

L’obligation contractée solidairement envers le créancier se divise de plein droit entre les débiteurs.

Le débiteur qui donc a payé le créancier ne peut pas actionner en paiement l’un de ses codébiteurs pour le
montant de la dette restant dû.

Celui qui a payé au-delà de sa part dispose d’un recours contre les autres à proportion de leur propre part

==> La répartition de la dette entre codébiteurs


 Principe
o L’article 1317 prévoit que « entre eux, les codébiteurs solidaires ne contribuent à la dette que chacun
pour sa part. »
o La division se fait, en principe, par parts égales
o Cette clé de répartition n’est toutefois pas absolue.
o Dans plusieurs cas, il peut, en effet, être dérogé au principe de répartition à parts égales de la dette.
 Exceptions
o La solidarité est fondée sur une responsabilité commune
 Dans cette hypothèse, le juge peut moduler la contribution des codébiteurs, en fonction du degré des
fautes respectives s’il s’agit d’une solidarité fondée sur une responsabilité commune.
o La stipulation d’une clause de répartition
 Les parties peuvent elles-mêmes prévoir une répartition inégale dans le contrat
o L’insolvabilité d’un codébiteur
 L’article 1317 dispose que dans l’hypothèse où l’un des codébiteurs « est insolvable, sa part se
répartit, par contribution, entre les codébiteurs solvables, y compris celui qui a fait le paiement et
celui qui a bénéficié d’une remise de solidarité. »
 La part est donc répartie entre tous les codébiteurs encore solvables.
 Cette solution s’apparente à une sorte de solidarité horizontale et subsidiaire qui s’adjoindrait à la
solidarité verticale jouant dans les rapports avec le créancier.
o La dette a été contractée dans l’intérêt d’un seul débiteur
 L’article 1318 prévoit que « si la dette procède d’une affaire qui ne concerne que l’un des
codébiteurs solidaires, celui-ci est seul tenu de la dette à l’égard des autres
 Cela signifie donc que dans l’hypothèse où un seul des codébiteurs est intéressé à l’opération, il doit
supporter le poids définitif de la dette.
 Il en résulte deux conséquences :
 Si le débiteur intéressé à l’opération a seul été actionné en paiement par le créancier, il ne
dispose d’aucun recours contre ses codébiteurs.
 Inversement si les codébiteurs non intéressés à l’opération ont été actionnés en paiement par le
créancier, ils disposent d’un recours contre celui concerné par la dette
==> Le recours du codébiteur solvens
Il dispose d’un double recours contre ses codébiteurs :

 Une action personnelle


o Cette action est fondée sur l’article 1317, al. 2 du Code civil.
o Sur le plan théorique, les auteurs invoquent les notions de mandat et de gestion d’affaires pour la
justifier.
o L’action personnelle qui ne peut être exercée qu’à titre chirographaire permet de réclamer aux
codébiteurs les intérêts des sommes versées au créancier à compter du jour du paiement.
 Une action subrogatoire
o Cette action est fondée sur l’article 1346 du Code civil qui prévoit que « la subrogation a lieu par le
seul effet de la loi au profit de celui qui, y ayant un intérêt légitime, paie dès lors que son paiement
libère envers le créancier celui sur qui doit peser la charge définitive de tout ou partie de la dette.»
o Le mécanisme de la subrogation, qui joue de plein droit dès le paiement effectué, présente l’avantage
d’investir le codébiteur solvens de tous les droits et actions du créancier.
o Aussi, cela lui permet-il de jouir, notamment, des sûretés et garanties attachés à la créance initiale.
3. L’extinction de la solidarité passive
La solidarité prend fin dans trois cas distincts :
 Le paiement
o C’est la cause d’extinction normale de la solidarité
o Si le paiement réalise l’exécution intégrale de l’obligation, la dette disparaît.
o La solidarité n’a donc plus de raison d’être.
 Le décès d’un codébiteur
o En l’absence d’une clause d’indivisibilité complétant la solidarité, le décès de l’un des codébiteurs
produit une division de la part du codébiteur dans la dette entre ses héritiers.
o Aussi, le créancier, ne pourra pas les actionner en paiement pour le tout.
o La solidarité jouera néanmoins toujours entre les autres codébiteurs.
 La remise de solidarité
o Le nouvel article 1316 dispose que « le créancier qui reçoit paiement de l’un des codébiteurs solidaires
et lui consent une remise de solidarité conserve sa créance contre les autres, déduction faite de la part
du débiteur qu’il a déchargé. »
o Ainsi, lorsque le créancier est réglé par l’un des codébiteurs, il peut lui consentir une remise de
solidarité.
o Cela signifie qu’il n’est plus tenu solidairement à la dette, mais seulement conjointement.
o La conséquence en est que le créancier ne pourra exiger du bénéficiaire de la remise que le paiement de
sa part dans la dette et non du tout.
o Quant aux autres débiteurs, ils demeurent tenus solidairement de la dette, déduction faite de la part du
débiteur qui a été déchargé.
III) L’obligation in solidum
==> Obligation in solidum / obligation solidaire
À l’instar de l’obligation solidaire, l’obligation in solidum appartient également à la catégorie des
obligations au total dans la mesure où elle échoit à une pluralité de débiteurs sur lesquels pèse une dette
commune envers un même créancier.
À la différence néanmoins de l’obligation solidaire, l’obligation in solidum n’a pas été envisagée par le
législateur.
Absente du Code civil, c’est une création purement prétorienne dont la nature juridique est très discutée en
doctrine, notamment sur la question de savoir s’il s’agit d’une simple variété de solidarité introduite en
droit positif praeter legem (dans le silence de la loi) ou s’il s’agit d’une institution autonome.
En tout état de cause, conformément à l’article 1310 du Code civil (anciennement 1202, al. 1er), la solidarité
ne se présume pas. Le principe, c’est la division de l’obligation en autant de fractions qu’il existe de
débiteurs.
Pourquoi, dans ces conditions, avoir institué cette obligation in solidum qui existe indépendamment de la
loi et en dehors de toute clause contractuelle ?
La raison réside dans la volonté des tribunaux qui, dans le droit fil du mouvement d’objectivation de la
responsabilité civile, n’ont pas souhaité aggraver le sort des victimes en leur imposant de diviser leurs
poursuites dans l’hypothèse où plusieurs auteurs seraient à l’origine de leur dommage.

==> Domaine d’application de l’obligation in solidum


Le domaine d’élection de l’obligation in solidum, c’est bien évidemment la responsabilité civile.

Dans un célèbre arrêt du 4 décembre 1939, la Cour de cassation a considéré, en matière de responsabilité du
fait personnel, que « chacun des coauteurs d’un même dommage, conséquence de leurs fautes respectives,
doit être condamné in solidum à la réparation de 1’entier dommage, chacun des fautes ayant concouru à le
causer tout entier » (Cass. Req. 4 déc. 1939).
La même solution a été adoptée en matière de responsabilité du fait des choses, soit dans l’hypothèse où
plusieurs personnes ont été désignées comme gardiennes de la chose instrument du dommage (Cass. civ. 29
nov. 1948).
La doctrine justifie l’obligation in solidum par l’existence d’un préjudice unique causé à la victime, d’où il
résulterait alors une dette unique.
La Cour de cassation résume régulièrement cette idée en affirmant que « chacune des fautes commises
avait concouru à la réalisation de l’entier dommage, de sorte que la responsabilité de leurs auteurs devait
être retenue in solidum envers la victime de celui-ci » (Cass. com. 19 avr. 2005).
La Cour de cassation ne se limite pas à une application de l’obligation solidum aux coauteurs d’un
dommage, elle recourt également à cette figure juridique pour faciliter le recours de la victime à l’encontre
d’un responsable et de son assureur contre lequel elle dispose d’une action directe.
Bien que cela soit contesté par certains auteurs, les tribunaux recourent enfin à l’obligation in solidum en
matière d’obligation alimentaire.
==> Les effets de l’obligation in solidum
Si l’obligation in solidum produit les mêmes effets principaux que l’obligation solidaire, les effets
secondaires attachés à cette dernière sont absents.
 La production d’effets principaux
o Une obligation au total
 Pareillement à l’obligation solidaire, l’obligation in solidum est une obligation au total
 Il en résulte que la victime peut actionner en paiement pour le tout le codébiteur de son choix, sans
que lui soit imposée une division de ses poursuites
 La question connexe du partage de responsabilité entre les coauteurs du dommage n’a aucune
incidence au stade de l’obligation à la dette, soit dans les rapports avec le créancier.
 Cette question n’intervient qu’au stade de la contribution à la dette (V. en ce sens com. 14 janv.
1997).
 S’agissant du paiement effectué par l’un des codébiteurs, il libère les autres.
o Le régime de l’opposabilité des exceptions
 Les exceptions opposables au créancier sont, en matière d’obligation in solidum, sensiblement les
mêmes qu’en matière de solidarité passive.
 Il existe, cependant quelques différences comme par exemple :
 Le désistement d’instance de la victime contre l’un des codébiteurs, ne l’empêche pas d’engager
par la suite des poursuites contre les autres.
 De même si la victime laisse s’écouler le délai de prescription qui courrait au bénéfice d’un
codébiteur, elle peut toujours réclamer le tout aux autres.
 L’absence effets secondaires
o Les effets secondaires de la solidarité sont ici écartés.
o Selon la doctrine, la production d’effets secondaires se justifie par la théorie de la représentation
mutuelle.
o Or il n’y a pas de communauté d’intérêts en matière d’obligation in solidum.
==> Les recours entre les codébiteurs
Le codébiteur qui a payé l’intégralité de la dette jouit d’un recours subrogatoire contre les autres.

La question s’est alors posée de savoir si le codébiteur solvens disposait également d’une action personnelle
contre le coauteur du dommage.
La jurisprudence a été conduite à trancher cette question dans une espèce où une victime avait renoncé à ses
droits contre l’un des codébiteurs.

Impossible donc de se subroger dans des droits dont elle n’était plus titulaire en raison de sa renonciation.

Dans un arrêt du 7 juin 1977, la Cour de cassation a estimé que le codébiteur solvens disposait bien d’une
action personnelle contre les coresponsables.
Bien que le fondement de ce recours ait été discuté en doctrine (gestion d’affaires, enrichissement sans
cause ?) le recours personnel est admis, tantôt sur le fondement de la responsabilité délictuelle, tantôt sur le
fondement de la responsabilité contractuelle.

Quant à l’étendue du recours, il doit être divisé entre tous les codébiteurs, en ce sens que, entre eux, il n’y
point de solidarité.

La détermination de leurs parts contributives se fait en fonction notamment de la gravité des fautes
respectives commises par chacun.

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