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La convention de compte permet, en effet, à chacun des titulaires de disposer de la totalité du solde.
B) Source
Le principe étant la division de l’obligation en autant de fractions qu’il y a de créanciers, la solidarité active
ne peut être l’exception.
D’où la règle posée à l’article 1310 du Code civil aux termes duquel « la solidarité est légale ou
conventionnelle ; elle ne se présume pas. »
La Cour de cassation a eu l’occasion de rappeler cette règle, qui n’est pas nouvelle, notamment dans un
arrêt du 16 juin 1992 (Cass. 1ère civ. 16 juin 1992).
L’absence de présomption de la solidarité vaut tant pour la solidarité active que pour la solidarité active. Le
texte ne distingue pas
C) Effets
Les effets de la solidarité sont réglés par les articles 1311 et 1312 du Code civil. La lecture de ces
dispositions invites à distinguer deux sortes d’effets : l’effet principal de la solidarité et les effets
secondaires
Il s’ensuit que le créancier peut réclamer à chaque débiteur pris individuellement le paiement de la totalité
de la dette.
La solidarité passive présente un réel intérêt pour le créancier dans la mesure où elle le prémunit contre une
éventuelle insolvabilité de l’un de ses débiteurs.
Aussi, dans cette configuration les codébiteurs sont garants les uns des autres.
1. Source
==> Principe
La règle est ici la même qu’en matière de solidarité active
Conformément à l’article 1310 du Code civil « la solidarité est légale ou conventionnelle ; elle ne se
présume pas. »
La solidarité passive peut ainsi avoir deux sources distinctes : la loi ou le contrat.
La source contractuelle
o Lorsqu’elle est d’origine contractuelle, la solidarité passive doit être expressément stipulée
o Dans le doute, le juge préférera la qualification d’obligation conjointe
o La Cour de cassation fait preuve d’une extrême rigueur à l’égard des juges du fond qui ne saurait retenir
la solidarité lorsque, notamment, elle est tacite (V. en ce sens 1ère civ. 19 févr. 1991; Cass. 1ère civ. 7 nov.
2012).
La source légale
o Il est de nombreux textes qui instituent une solidarité passive à la faveur du créancier
o Cette dernière se justifie
Soit par une communauté d’intérêts
Co-emprunteurs de la même chose dans le prêt à usage (art. 1887 C.civ.)
Époux pour le paiement de l’impôt sur le revenu
Époux pour les dettes ménagères (art. 220 C. civ.)
Soit par la participation commune à une même responsabilité
Parents pour les dommages causés par leurs enfants mineurs habitant avec eux (art. 1242, al. 4
C. civ.)
Producteur d’un produit fini et producteur d’une partie composante, pour le dommage causé par
le défaut du produit incorporé dans le produit fini
Personnes condamnées pour un même crime ou un même délit s’agissant des restitutions et
dommages et intérêts ( 375-2, al. 1 C. pén. et 480-1, al. 1 C. proc. pén).
Soit par la nécessité de renforcer le crédit
Signataires d’une lettre de change ( L. 511-44 C. com.)
Signataires d’un chèque ( L. 131-51 C. mon. fin.)
Associés d’une société en nom collectif ( 221-1 C. com.)
==> Exception
Par exception à la règle de droit commun, en matière commerciale, la solidarité est présumée.
Le principe est donc inversé, ce qui signifie que l’exclusion de la solidarité doit être expressément stipulée.
Cette solution est ancienne (Cass. Req. 20 oct. 1920) et constante (Cass. com. 5 juin 2012).
L’instauration de cette présomption se justifie par le besoin de crédit dont les opérateurs ont besoin dans le
cadre de la vie des affaires.
2. Effets
Les effets de la solidarité sont régis aux articles 1313 à 1319 du Code civil.
L’appréhension des effets de la solidarité passive suppose de bien distinguer la question de l’obligation à la
dette de celle relative à la contribution à la dette.
L’obligation à la dette détermine l’étendue du droit de poursuite du créancier à l’encontre de ses débiteurs
o Dans cette hypothèse sont donc envisagés les rapports entre le créancier et ses débiteurs
La contribution à la dette détermine quant à elle l’étendue de la répartition de la dette entre les codébiteurs
o Dans cette hypothèse sont seulement envisagés les rapports entre débiteurs
a) L’obligation à la dette ou les rapports entre le créancier et les débiteurs
Dans les rapports entre les créanciers et ses débiteurs il convient de distinguer les effets principaux de la
solidarité de ses effets secondaires.
Ils ont en commun de faciliter l’action du créancier car certains actes accomplis à l’encontre de l’un des
codébiteurs produisent leurs effets à l’égard de tous les autres.
La cohérence de ces effets secondaires demeure toutefois incertaine dans la mesure où, tout en liant le sort
des codébiteurs à l’instar des exceptions inhérentes à la dette, ils ne se rattachent pas aisément à la notion
d’unicité de la dette.
Ce recours intéresse le stade de la contribution à la dette. Plus globalement, il s’agit de déterminer, après
avoir surmonté le stade de l’obligation à la dette, l’étendue de la répartition de la dette entre les codébiteurs
Plusieurs règles ont été adoptées aux fins de régler cette question de la répartition du poids de la dette.
L’obligation contractée solidairement envers le créancier se divise de plein droit entre les débiteurs.
Le débiteur qui donc a payé le créancier ne peut pas actionner en paiement l’un de ses codébiteurs pour le
montant de la dette restant dû.
Celui qui a payé au-delà de sa part dispose d’un recours contre les autres à proportion de leur propre part
Dans un célèbre arrêt du 4 décembre 1939, la Cour de cassation a considéré, en matière de responsabilité du
fait personnel, que « chacun des coauteurs d’un même dommage, conséquence de leurs fautes respectives,
doit être condamné in solidum à la réparation de 1’entier dommage, chacun des fautes ayant concouru à le
causer tout entier » (Cass. Req. 4 déc. 1939).
La même solution a été adoptée en matière de responsabilité du fait des choses, soit dans l’hypothèse où
plusieurs personnes ont été désignées comme gardiennes de la chose instrument du dommage (Cass. civ. 29
nov. 1948).
La doctrine justifie l’obligation in solidum par l’existence d’un préjudice unique causé à la victime, d’où il
résulterait alors une dette unique.
La Cour de cassation résume régulièrement cette idée en affirmant que « chacune des fautes commises
avait concouru à la réalisation de l’entier dommage, de sorte que la responsabilité de leurs auteurs devait
être retenue in solidum envers la victime de celui-ci » (Cass. com. 19 avr. 2005).
La Cour de cassation ne se limite pas à une application de l’obligation solidum aux coauteurs d’un
dommage, elle recourt également à cette figure juridique pour faciliter le recours de la victime à l’encontre
d’un responsable et de son assureur contre lequel elle dispose d’une action directe.
Bien que cela soit contesté par certains auteurs, les tribunaux recourent enfin à l’obligation in solidum en
matière d’obligation alimentaire.
==> Les effets de l’obligation in solidum
Si l’obligation in solidum produit les mêmes effets principaux que l’obligation solidaire, les effets
secondaires attachés à cette dernière sont absents.
La production d’effets principaux
o Une obligation au total
Pareillement à l’obligation solidaire, l’obligation in solidum est une obligation au total
Il en résulte que la victime peut actionner en paiement pour le tout le codébiteur de son choix, sans
que lui soit imposée une division de ses poursuites
La question connexe du partage de responsabilité entre les coauteurs du dommage n’a aucune
incidence au stade de l’obligation à la dette, soit dans les rapports avec le créancier.
Cette question n’intervient qu’au stade de la contribution à la dette (V. en ce sens com. 14 janv.
1997).
S’agissant du paiement effectué par l’un des codébiteurs, il libère les autres.
o Le régime de l’opposabilité des exceptions
Les exceptions opposables au créancier sont, en matière d’obligation in solidum, sensiblement les
mêmes qu’en matière de solidarité passive.
Il existe, cependant quelques différences comme par exemple :
Le désistement d’instance de la victime contre l’un des codébiteurs, ne l’empêche pas d’engager
par la suite des poursuites contre les autres.
De même si la victime laisse s’écouler le délai de prescription qui courrait au bénéfice d’un
codébiteur, elle peut toujours réclamer le tout aux autres.
L’absence effets secondaires
o Les effets secondaires de la solidarité sont ici écartés.
o Selon la doctrine, la production d’effets secondaires se justifie par la théorie de la représentation
mutuelle.
o Or il n’y a pas de communauté d’intérêts en matière d’obligation in solidum.
==> Les recours entre les codébiteurs
Le codébiteur qui a payé l’intégralité de la dette jouit d’un recours subrogatoire contre les autres.
La question s’est alors posée de savoir si le codébiteur solvens disposait également d’une action personnelle
contre le coauteur du dommage.
La jurisprudence a été conduite à trancher cette question dans une espèce où une victime avait renoncé à ses
droits contre l’un des codébiteurs.
Impossible donc de se subroger dans des droits dont elle n’était plus titulaire en raison de sa renonciation.
Dans un arrêt du 7 juin 1977, la Cour de cassation a estimé que le codébiteur solvens disposait bien d’une
action personnelle contre les coresponsables.
Bien que le fondement de ce recours ait été discuté en doctrine (gestion d’affaires, enrichissement sans
cause ?) le recours personnel est admis, tantôt sur le fondement de la responsabilité délictuelle, tantôt sur le
fondement de la responsabilité contractuelle.
Quant à l’étendue du recours, il doit être divisé entre tous les codébiteurs, en ce sens que, entre eux, il n’y
point de solidarité.
La détermination de leurs parts contributives se fait en fonction notamment de la gravité des fautes
respectives commises par chacun.