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Malek jaber – jawhara jammel

Action direct

Le créancier peut intenter une action directement contre un tiers dans le but
d'obtenir la réparation des dommages subis par lui du fait de l'inexécution /
mauvaise exécution du contrat.

Toutefois, la jurisprudence diffère quant au fondement de cette action.

Certaines juristes estiment que le créancier ne peut rechercher la responsabilité


des tiers que de point de vue délictuelle, en vertu du principe de l'effet relatif du
contrat prévus dans l’article 240 du coc ,

Ce qui implique que la force obligatoire du contrat est limitée au cocontractant et


ne s'étend pas aux tiers qui n'ont pas participé à la conclusion du contrat.

 Ainsi, le tiers est considéré comme une personne étrangère à la relation


contractuelle entre le débiteur et le créancier,
 et il n'existe donc pas de lien contractuel entre ce dernier et le tiers,
 ce qui conduit à l'adoption des règles de responsabilité délictuelle.

Cependant, cette tendance jurisprudentielle et judiciaire a fait l’objet de plusieurs


critiques

D'une part, la règle de l'effet relatif du contrat n'est pas considérée comme un
obstacle pour le créancier d'intenter une action directe sur la base contractuelle,
estimant que l’auxiliaire ou le représentant manque à ses obligations.

De plus La personne contractante n'a pas la qualité de tiers totalement étranger au


contrat,

mais il s'agit plutôt d'une personne :

 chargée par le débiteur d'exécuter le contrat à sa place


 ou de l’aider dans le processus d'exécution.

En effet, le représentant ou l’auxiliaire ne peut être considéré comme une


personne étrangère à la relation contractuelle entre le débiteur et le créancier
parce que le dommage causé à ce dernier était la conséquence du fait
dommageable commis par lui lors de l'exécution du contrat.

Ainsi, la responsabilité de l’autrui doit être fondée sur les règles de la


responsabilité contractuelle, c’est-à-dire sur les mêmes bases sur lesquelles repose
la responsabilité du débiteur.
Malek jaber – jawhara jammel

Or cette possibilité pour les créanciers d'engager directement une action contre un
tiers dans le cadre des relations contractuelles crée un régime juridique distinct de
celui appliqué aux actions directes en responsabilité.

La jurisprudence a cherché à définir les conditions et les limites de l'exercice de


cette action, comblant le vide juridique entourant ce type des actions.

Selon le Professeur Senhouri, le créancier, en tant que détenteur de la créance, a le


droit d'initier directement une action sur le patrimoine du tiers : en son nom et
pour son propre compte, et non au nom du débiteur.

Ainsi, le créancier ne se substitue pas au débiteur lors de l'exercice de l'action


directe en responsabilité contractuelle, contrairement à l'action (révocatoire ou
subrogatoire) consacrées dans les articles 307 et 308 coc selon lesquels le créancier
peut réclamer l’autrui au nom de débiteur négligent, mais pour son propre
bénéfice.

De plus, le créancier peut intenter une telle action sans exiger que le débiteur :

 soit insolvable,

 ou que ce dernier ait été poursuivi en premier lieu

 ou que le créancier ait demandé au débiteur de résoudre la question à sa


place. .

En revanche, il faut que le tiers sache que le créancier est le bénéficiaire de cette
obligation pour que ce dernier puisse exercer une action directe à son encontre.

Ainsi, un tiers peut rejeter l’action directe intentée contre lui par le créancier si le
débiteur cache délibérément son identité aux autres

Quant aux limites de l'exercice de l'action directe contre les tiers, il n'est pas
possible d'imposer aux autres plus que ce à quoi ils s'attendaient lors de la
conclusion du contrat.

Le tiers jouit des mêmes droits accordés au débiteur en vertu du contrat initial
conclu entre le créancier et le débiteur.

Ainsi, il lui est permis, par exemple, invoquer les clauses contractuelles incluses
dans ce contrat qui visent à exonérer ou à atténuer la responsabilité.
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Rétroactivité ?

Le législateur consacre dans l’art 245 coc au débiteur un droit de rétroactivité sur
l’auxiliaire ou le substitut estimant que ce dernier était l’auteur du fait
dommageable.

Dans ce cadre, une décision rendue par le tribunal de première instance de


Mahdia,

 a reconnu la responsabilité de la commune en tant que débitrice des actes


fautifs de son adjoint,
 et elle est donc tenue de payer Montant de l'indemnisation
 tout en préservant ses droits de recourir contre l’auteur de la faute.

Par conséquent, si le débiteur paie le montant de l'indemnisation au créancier à la


suite d'un dommage causé par un tiers, Il peut introduire une action de rétroactivité
contre ce dernier pour récupérer l'intégralité du montant qu'il a payé au créancier,

L’exercice d’une telle action nécessite certaines conditions telles que :

 la preuve de la faute commise par l’autrui


 et que cette faute a résulté un préjudice au débiteur

Cependant, la jurisprudence française diffère quant à la nature de la faute qui


entraine le recours du débiteur contre autrui :

 Certains ont précisé que le débiteur a le droit de recourir contre les tiers,
quelle que soit la nature de la faute qui lui est imputée si c’était une faute
simple ou énorme.
 Quant à la seconde position de la jurisprudence française, elle rejette le
recours du débiteur contre autrui dans le cas où ce dernier aurait commis un
simple délit.

Cependant, il ne suffit pas de dire qu'un tiers a commis une faute dans l'exécution
du contrat pour exercer un recours : le débiteur doit plutôt verser le montant de
l'indemnisation au créancier.

Avant cela, cette action en justice ne pourra pas être poursuivie, si non son recours
est considérée comme infondé et prématurée.

Il est à noter que l'exercice du droit de recours contre autrui n'est pas limité à une
personne physique.
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En revanche, une personne morale peut intenter une telle action

Certains juristes ont considéré que le recours du débiteur contre autrui ne peut être
généralisé dans tous les cas, car il est interdit d'exercer ce recours dans certains
cas :

 s’il y a une stipulation dans le contrat qui interdisse un tel droit quelle que
soit la nature de la faute commise par l’autrui
 Par ailleurs, une autre tendance jurisprudentielle rejette l'action du débiteur
contre un tiers si la faute de ce dernier était matériellement ou moralement
liée au travail qui lui a été confié au profit du débiteur, afin d'assurer
l'équilibre des droits et devoirs entre les parties et en réponse aux exigences
de la justice

Il semble que cette tendance jurisprudentielle est plus conforme à la logique


juridique, étant donné qu'un tiers est une personne chargée par le débiteur
d'exécuter le contrat à sa place ou de l'assister dans le processus d'exécution.

Il ne peut donc supporter la charge de l'indemnisation définitive de la faute, à


moins que cette faute ne soit distincte du travail pour lequel il a été employé.

Il convient également de noter que le recours du débiteur au représentant ou à


l'assistant est le plus souvent fictif et sans valeur en raison des grandes différences
entre eux, notamment dans les grandes institutions qui emploient un grand nombre
de travailleurs, car l’ouvrier ou l’employé est souvent insolvable et sans ressources,
en plus de l'impossibilité d'identifier l'auteur de l'acte illicite

I - Les spécificités de l’établissement de la responsabilité du fait d’autrui :

1) spécificité au niveau du tiers


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Le législateur prévoit dans l’article 245 coc que le débiteur doit répondre du fait et
de la faute de son représentant et des personnes dont il se sert pour exécuter son
obligation

De cet art on peut deduire que la responsabilité contractuelle du fait d’autrui existe
lorsqu’un débiteur introduit volontairement un tiers dans l’exécution du contrat

Le législateur tunisien a précisé dans l’article précité les personnes qui peuvent
être incluses.

Ce tiers peut d'abord être un « représentant » c’est à dire un substitut: qui exécute
l'obligation à la place du débiteur.

Et il peut aussi se présenter comme un auxiliaire un aide autrement dit quelqu’un


qui collabore à l’exécution d'une obligation sur les ordres et sous le contrôle du
débiteur.

Pour que cette respo produise ses effets il faut qu'autrui soit chargé par le débiteur
ou par la loi d'exécuter le contrat.

Dans le premier cas, le débiteur est responsable contractuellement de l'acte


d'autrui en raison du mandat donné à autrui pour exécuter l'obligation à sa place.

Par exemple, l'entrepreneur est responsable des actes dommageables commis par
les travailleurs qu'il a engagés pour remplir ses obligations contractuelles.

Dans ce contexte, la Cour de cassation a considéré, dans un arrêt rendu le 1er juillet
1976, que l'entrepreneur est responsable des actes dommageables commis par ses
employés lorsqu'ils sont occupés à une tâche qui leur a été confiée en vertu de
l'article 845 du coc.

De même, le propriétaire de l'entreprise est responsable des travailleurs qu'il a


chargés d'exécuter les engagements contractés.

Dans ce cadre La Cour de cassation a reconnu, dans un arrêt rendu le 12 octobre


1981, la responsabilité de la société de réparation des moteurs pour les fautes et les
négligences commises lors de la réparation du moteur du camion par ses
travailleurs, se basant sur les dispositions de l'article 845 du Coc.

Donc on déduit que pour établir la responsabilité contractuelle du fait d’autrui il


faut que l'obligation pour laquelle l’autrui intervient est d'ordre contractuel, et
l'intervention a lieu dans le cadre de l'exécution de cet engagement.
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En revanche, dans le cadre de la responsabilité délictuelle du fait d'autrui, les


actions de cette tierce personne entraînent souvent des conséquences
dommageables sans nécessairement être liées à l'exécution d'un contrat spécifique.

Dans ce cadre on peut dire que la spécificité de la responsabilité contractuelle du


fait d'autrui, réside dans le lien contractuel existant entre le débiteur et l’autrui

et dans le consentement explicite du débiteur à l'intervention d'autrui dans


l'exécution du contrat alors que dans la responsabilité délictuelle la tierce personne
peut agir de manière indépendante sans l'accord ou la directive explicite du
débiteur, en plus de l’absence de lien contractuel direct entre la tierce personne et
la victime.

En ce qui concerne le deuxième cas, lorsqu’autrui est chargé par la loi d'exécuter le
contrat, comme dans le cas d'un tuteur ou d'un mandataire exécutant un contrat
dont l'une des parties est mineure ou interdite, la responsabilité contractuelle de la
personne mineure ou interdite est engagée en cas de non-respect de l'exécution de
cet engagement par le tuteur.

La responsabilité contractuelle est ainsi établie pour les actes de l'interdit résultant
de l'action du tuteur ayant causé un préjudice au créancier.

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