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Master Droit des Affaires, contentieux et professions judiciaires

Exposé n°2

La Responsabilité Civile :
Thème :

Contractuelle et Délictuelle

Réalisé par :
Mlle. Amadou Adamou Maimouna
Mr. Willy SOW

Encadré par :
Mr. EL Mehrazi Mohamed

Année universitaire 2022 – 2023


1
Thème : La Responsabilité Civile :
Contractuelle Et Délictuelle

Amadou Adamou Maimouna


Willy Soro

2
Abréviation

Art : article
Al : alinéa
D.O.C : dahir des obligations et contrat

3
Sommaire

Abréviation .........................................................................................................................................3
Sommaire ...........................................................................................................................................4
Introduction........................................................................................................................................5
Chapitre I : la responsabilité civile contractuelle..................................................................................7
Section1 : les fondements de la responsabilité civile contractuelle. .................................................7
Section II : les effets de la responsabilité contractuelle .................................................................. 11
Chapitre 2 : la responsabilité civile délictuelle ................................................................................... 17
Section I : Les conditions de mise en œuvre de la responsabilité civile délictuelle ......................... 17
Section II : les effets de la responsabilité civile délictuelle ............................................................. 20
Conclusion ........................................................................................................................................ 21
Bibliographie .................................................................................................................................... 22

4
Introduction

La responsabilité civile désigne l’idée d’un dommage et de sa réparation, ou


encore de l’indemnisation des victimes. Elle consiste en l’obligation d’une
personne dont les activités se relèvent dommageables de réparer le préjudice subi
par autrui. Il est important distinguer avec l’assurance dommage qui elle aussi
nécessite une indemnisation des victimes, mais la différence avec la responsabilité
civile est qu’en matière de l’assurance dommage l’assureur est totalement
étranger au dommage1 alors qu’en matière civile le responsable a nécessairement
une relation aussi étroite soit-elle avec la victime.

Du civile au pénale, les responsabilités diffèrent tout comme le vocabulaire. En


effet, en matière de responsabilité pénale, on parle d’infraction et de sanction
(peine), ce qui veut dire que le préjudice commis trouble l’ordre public d’où le
caractère coercitif. Le civile utilise les moyens douces c’est-à dire le dommage et
la réparation qui est le plus souvent pécuniaire. Aussi la responsabilité
administrative, un peu proche de celle civile, elle oblige les établissements publics
ou administrations à la réparation au lieu des particuliers.

Ainsi, dans une lancée philosophique, on peut orienter le raisonnement sur la


conscience. Et donc si la conscience est la source de notre liberté, la vie en société
est une entrave à ladite liberté. Il en fixe les limites. Autrement dit, une personne
est responsable civilement quand elle est tenue de réparer un dommage subit par

1
Jourdain Patrice, Les principes de la responsabilité civile, Dalloz 2014, Page7 ;
5
autrui, à la différence du la responsabilité morale, la responsabilité juridique
n’existe pas sans une action ou abstention et sans un préjudice 2. Et si par
imprudence ou négligence, quelqu’un a causé un dommage à autrui, le droit civil
l’oblige à réparer le tort causé, c’est la responsabilité civile, qui est d’ailleurs
confirmé à l’art 77 du D.O.C : « Tout fait quelconque, de l'homme qui, sans
l'autorité de la loi, cause sciemment et volontairement à autrui un dommage
matériel ou moral, oblige son auteur à réparer ledit dommage, lorsqu'il est établi
que ce fait en est la cause directe »3.

La responsabilité civile est un donc un droit subjectif, d’ailleurs les droits


subjectifs apparaissent comme des prérogatives reconnues aux individus par la
règle de droit objectif. Cependant, quels peuvent être les fondements de la
responsabilité civile ?

On peut alors évoquer les sources desdits droits notamment les actes juridiques et
les faits juridiques. Ce qui nous renvoi à la typologie de la responsabilité civile
s’articulant sur deux types notamment la responsabilité civile contractuelle qui
émane d’un acte juridique le souvent un contrat, et la responsabilité civile
délictuelle engendré par un fait juridique.

Dans le souci de mener à bien l’étude de notre droit positif de la responsabilité


civile, il sera question d’aborder la responsabilité contractuelle (chapitre I) et la
responsabilité civile délictuelle (chapitre II)

2
Mémoire de licence en droit privé, h. h a t y t @ h o t m a i l. c o m 0 0. 2 1 2. 6. 3 0 4. 3 2 9. 1 9, Page 3
3
Art 77, Dahir des obligations et contrats ;
6
Chapitre I : la responsabilité civile contractuelle

On ne peut aborder l’obligation contractuelle sans évoquer l’art premier du


D.O. C qui dispose : « les obligations dérivent des conventions et autres
déclarations de volonté, des quasi-contrats, des délits et des quasi-délits »
autrement dit la responsabilité civile contractuelle nait des obligations
contractuelles des parties. En effet, le contrat étant défini comme un accord de
volonté constatant la volonté concordante de deux ou plusieurs personnes en vue
de créer des effets juridiques (obligation), lesdites obligations constituent les
sources de la responsabilité4.

Toutefois, dans quelle mesure les obligations contractuelles peuvent engager la


responsabilité des parties ?

Notre analyse s’articulera autour de deux points notamment les fondements de


responsabilité civile contractuelle (section 1) et les effets de ladite responsabilité
(section 2).

Section1 : les fondements de la responsabilité civile contractuelle.

La responsabilité contractuelle renvoie à toutes obligations ayant vu le jour


grâce à un contrat. En effet, la condition de la responsabilité en matière

4
Mohamed Nakhli, les techniques juridiques d’engagements, 2ème édition 2021, CDMAE ;
7
contractuelle tourne autour de deux éléments essentiels que nous allons
décortiquer dans la suite du travail notamment la faute, le dommage (A) et le
lien de causalité (B).

A. Le dommage / faute

Le fait générateur de responsabilité peut d'abord être la faute, car toute faute
dommageable engendre nécessairement un droit à réparation pour la victime. Elle
est à la fois la condition de la responsabilité et du fondement du droit à la
réparation. Le défaut d’exécution donne lieu à l’octroi des dommages et intérêts
compensatoires dont le montant varie selon soit une inexécution partielle ou
totale. Ainsi, un retard dans l’exécution des termes d’un contrat peut donner
naissance à des dommages-intérêts par le simple fait par exemple que le créancier
apporte la preuve du préjudice subi. 5

Il s’agit ici de savoir dans quel cas un contractant doit répondre de l’insatisfaction
de son cocontractant : s’agit-il d’une obligation de moyen ou de résultat ?

 S’il s’agit d’une obligation de moyen, le créancier est tenu de prouver que
le débiteur n’a pas déployé les efforts d’un contractant honnête et
consciencieux, autrement dit, il doit prouver la faute de celui dont il prétend
engager la responsabilité ;

En cas d’inexécution, la faute est automatiquement présumée même devant un


cas de force majeur prouvé à travers la réunion des conditions même de la force
majeur notamment l’imprévisibilité, l’inévitabilité et l’irrésistibilité prévue à l’art
268 du D.O.C : «Il n'y a lieu à aucuns dommages-intérêts, lorsque le débiteur

5
Mohamed Nakhli, les techniques juridiques d’engagements, 2ème édition 2021, CDMAE, P61
8
justifie que l'exécution ou le retard proviennent d'une cause qui ne peut lui être
imputée, telle que la force majeure, le cas fortuit ou la demeure du créancier ».6

Exception est constatée lorsque les termes du contrat ont prévu ou spécifier
l’obligation de moyens comme le cas d’un contrat liant l’avocat à son client ; ou
encore le médecin à son patient…

 Lorsqu’il s’agit d’une obligation de résultat, il suffit que ce résultat ne soit


pas obtenu, pour que le débiteur ait manqué de son engagement et en soit
responsable. Il ne pourrait s’exonérer qu’en faisant la preuve que l’échec
est dû à une cause étrangère, qu’il ne lui est pas imputable.
Par exemple un débiteur dont le contrat stipule que le créancier doit recevoir du
débiteur l’objet du contrat à son demeure alors comme le dispose l’art 270 du
D.O.C : « Le créancier est en demeure, lorsqu'il refuse, sans juste cause, de
recevoir la prestation que le débiteur ou un tiers, agissant en son nom, offre
d'accomplir de la manière déterminée par le titre constitutif ou par la nature de
l'obligation ».7 La faute est alors due au créancier qui n’a pas fait le nécessaire et
non au débiteur ce qui est largement suffisant pour dégager la responsabilité de
ce dernier.

B. Le lien de causalité
Quand on parle de dommage, de faute d’un contrat d’une inexécution dont
la conséquence est la réparation, logiquement il faudrait qu’il ait un lien, une
relation de cause à effet entre le dommage subi et la faute commise. En effet, une
responsabilité ne peut être contractuelle qu’entre les parties au contrat. En cas de
la commission d’une faute, elle doit être la raison principale ou disons la résultante
d’un dommage que subira l’autre partie. L’art 263 du D.O.C dispose : « les

6
Art 268 dahir des obligations et contrats
7
Art 270 dahir des obligations et contrats
9
dommages sont la perte effective que le créancier à éprouver et le gain dont il a
été privé, et qui sont la conséquence directe de l’inexécution »8 ; cela suppose que
la responsabilité du débiteur soit mise en jeu que lorsqu’il commet une faute qui
engendrera des dommages que le créancier subira. 9

Ainsi, lorsqu’on est confronté au fait que le dommage n’ait pas eu une seule cause,
donc il est issu de plusieurs, on peut se fier à deux systèmes notamment :

 Le système de l’équivalence des conditions, tous les facteurs qui ont


concouru (participé) à la réalisation du dommage et sans lesquels le
dommage ne serait pas produit, ont une même valeur causale et doivent être
retenus.
 Le système de la cause adéquate ou générique où le juge doit opérer une
sélection (c.à.d. choisir) parmi les facteurs qui ont contribué à la réalisation
du dommage pour ne retenir que ceux qui pouvaient rendre le dommage
probable à l’exclusion des autres.
L’exemple : Un voyageur est blessé au cours d’un accident. Il est transporté à
l’hôpital où il subit plusieurs perfusions sanguines. Au cours de ces perfusions, il
est contaminé par le sida qui cause sa mort au bout de quelques mois. Là encore
faut-il couper la chaîne ? Quels sont les préjudices dont le transporteur pourrait
avoir à répondre ? Les blessures dues à l’accident ? La contagion et la maladie ?
Le décès ?10
Il faut préciser que le législateur s’est gardé d’opter en faveur de telle ou telle
thèse et préfère se décharger sur le bon sens du juge d’où le pouvoir
discrétionnaire du juge.
Il peut y avoir des causes d’exonération : la force majeure mais elle doit remplir
les trois critères notamment :

8
Art 263 dahir des obligations et contrats ;
9
Mohamed Nakhli, les techniques juridiques d’engagements, 2ème édition 2021, CDMAE, P62
10
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10
 L’extériorité : l’évènement doit échapper au contrôle du débiteur
 L’imprévisibilité : l’évènement ne doit pas pouvoir être raisonnablement
prévu lors de la conclusion du contrat
 L’irrésistibilité : les effets de l’évènement ne doivent pas pouvoir être
évités par des mesures appropriées 11
Autrement dit Le débiteur ne peut voir sa responsabilité contractuelle engagée que
s’il a causé le dommage. Par conséquent, un cas de force majeure l’ayant
empêché d’exécuter correctement son obligation constitue une cause
d’exonération totale de responsabilité pour le débiteur12.
la deuxième cause d’exonération est la faute du créancier. En effet, si le
créancier a commis une faute qui a contribué à la réalisation de son dommage,
alors le débiteur est partiellement exonéré13.

Section II : les effets de la responsabilité contractuelle

Les effets de la responsabilité contractuelle tournent autour de deux axes


principales : la réparation du préjudice (A) auquel le débiteur est tenu de verser
les dommages-intérêts ou autres dispositions prévus lors de la conclusion du
contrat et aussi les aménagements conventionnels (B) que nous allons analyser ci-
après.

A. La réparation du dommage
La réparation étant le but même de la responsabilité civile, elle consiste à
obliger une partie à exécuter son obligation pour la responsabilité contractuelle.

11
Article 1218 du Code civil
12
Article 1231-1 du Code civil
13
Cass. Civ. 1ère, 17 janv. 2008).
11
En effet, pour qu’il ait réparation, il faut que le responsable ne bénéficie pas d’une
quelconque cause d’exonération de responsabilité.

Ainsi, elle doit être faite par l’auteur de la faute, le débiteur dans les exemples
cités ci-dessus. Toutefois, il existe des cas où on ne pourra pas identifier
personnellement le responsable du fait générateur, on parle alors de faute
commune, ici tous les individus concernés devront se partager la responsabilité :
la réparation.

La réparation repose sur le principe d’équivalence entre les dommages et la


réparation, il s’agit principe de la réparation intégrale du préjudice. Ce principe
gouverne la compétence du juge pour évaluer le montant de la réparation.

L’évaluation de la réparation : L’évaluation se fait donc par le juge, il peut


réparer également l’ensemble de tous les préjudices par une réparation globale.
Elle se fait en dommage et intérêts. L’évaluation se fait au moment du jugement
définitif et non au moment du dommage, mas cette règle subit des atténuations
(notamment par un arrêt rendu en 2011) qui explique qu’il est parfois judicieux
d’évaluer le montant du préjudice au jour où a eu lieu le dommage.

Le juge peut aussi choisir une réparation en nature pour le responsable ou


en dommages-intérêts, on parle des moyens de réparation.

De plus la résolution du contrat qui consiste d’ailleurs au fait de mettre fin au


contrat. On suppose que le débiteur n’exécute pas la prestation mise à sa charge
par le contrat. Le créancier n’est pas désarmé et peut avant de recourir à la solution
extrême qui est la résolution, utiliser certains moyens de défense qui sont
l’exception d’inexécution et le droit de rétention. L’exception d’inexécution est
le droit accordé à chaque contractant de refuser d’exécuter son obligation tant que
l’autre n’accomplit pas la sienne. Ce remède provisoire est prévu par l’article 235
du D.O.C et qui précise que «Dans les contrats bilatéraux l’une des parties peut

12
refuser d’accomplir son obligation jusqu‘à l’accomplissement de l’obligation
corrélative de l’autre partie, à moins que, d’après la convention ou l’usage, l’un
des contractants soit tenu d’exécuter le premier sa part d’obligation…»14. Quant
au droit de rétention, ce moyen permet au créancier de retenir la chose
appartenant au débiteur jusqu’à ce que celui-ci consente à s’exécuter15. Toutefois,
il arrive que ces remèdes n’aboutissent pas. D’où La résolution se définit comme
l’anéantissement (disparition) rétroactif du contrat pour une cause postérieure à
sa formation et particulièrement, en cas d’inexécution de ses obligations par l’une
des parties. Elle peut être obtenue dans deux hypothèses par décision judiciaire
16
ou conventionnelle17.

B. Les aménagements conventionnels (clauses)


Le contrat étant la loi des parties, celles-ci peuvent décider de prévoir au
moment de la conclusion de ce dernier des clauses 18 dans un but d’anticiper les
éventuelles conséquences de l’inexécution de leurs obligations. Elles peuvent par
exemple délimiter les dommages-intérêts. Tout dépendra des obligations et des
limites prévues. On distingue entre autre :

 La clause de non responsabilité


C’est une clause par laquelle, il sera question de préciser que le débiteur ne
sera plus responsable et ne devra pas dédommager en cas d’inexécution ou même
d’exécution tardive de ses obligations. Cette clause a d’ailleurs pris une extension
considérable dans le monde des affaires. L’exemple des contrats d’assurance,
toutefois, il arrive de la rencontrer dans les contrats d’adhésion.

14
Art 235 dahir des obligations et contrats
15
Art 291- 305 dahir des obligations et contrats
16
Art 259 dahir des obligations et contrats
17
Art 260 dahir des obligations et contrats
18
Ces clauses ne sont valables que dans les hypothèses du dol ou de faute lourde du débiteur ;
13
La jurisprudence admet en principe, la validité des clauses de non
responsabilité sauf dans certains cas où des raisons diverses la conduisent à les
annuler.19
Néanmoins, il faut reconnaitre que ces clauses d’exonération permettent
souvent au débiteur de faire preuve d’imprudence puisqu’il sait qu’il ne risque
rien. Ainsi, le droit marocain bénéficie d’une validité de principe basée sur
plusieurs restrictions dont la première est prévue à l’art 232 du D.O.C : « On ne
peut stipuler d'avance qu'on ne sera pas tenu de sa faute lourde ou de son dol »20.
Ceci pour éviter de donner l’opportunité au débiter de se soustraire de ses
engagements. La deuxième restriction est de veiller au fait que la clause ne
produise aucun effet lorsque la faute se traduit par une atteinte à l’intégrité
physique de la victime vu qu’il est question du maintien de l’ordre public. La
jurisprudence reconnait à la charge du débiteur une obligation de veiller à la
sécurité de la personne en cause, car l’intégrité de la personne est matière d’ordre
public. C’est l’exemple du contrat médical, de transport, d’hôtelleries… Ex : Un
médecin ne peut valablement convenir avec son patient qu’il ne sera pas
responsable de ses erreurs de diagnostique ou les fautes opératoire.
Quant à la troisième restriction, il s’agit du fait que la clause de non
responsabilité ne produira pas effet lorsqu’elle a pour finalité de priver le contrat
de son objet ou sa raison d’être. D’ailleurs, Pour certains auteurs, même lorsque
la clause d’irresponsabilité est admise à produire effet, le créancier qui se trouve
ainsi, privé d’une action contractuelle, devrait conserver la possibilité d’agir sur
le plan délictuel lorsque les conditions de la responsabilité délictuelle se trouvent
réunies.21
 La clause limitative de responsabilité

19
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20
l’art 232 dahir des obligations et contrats
21
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14
Les clauses restreignant les obligations du débiteur, et par voie de
conséquence limitant sa responsabilité contractuelle, supposent que le créancier
accepte que le débiteur n’assume qu’une obligation de moyen, là où il aurait pu
assumer une obligation de résultat. Ou encore qu’il accepte de le décharger de
l’accomplissement de telle ou telle obligation, ou encore les parties peuvent même
insérer dans le contrat une clause limitative de responsabilité, dans la mesure où,
en cas d’inexécution de l’obligation, la réparation due par le débiteur ne dépassera
jamais la limite assignée (fixée), mais elle demeurera en deçà, lorsque le préjudice
causé par l’inexécution de l’obligation est inférieur. Cette limite est considérée
comme un plafond quel que soit l’étendue du préjudice subi, mais le créancier
pourra obtenir moins si le débiteur parvient à prouver que le préjudice subi
n’atteint pas le plafond. 22
Le principe étant dit, il existe certaines exceptions dont : si les obligations font
parties de l’essence du contrat alors il ne peut pas y avoir suppression sans
atteindre la raison d’être du contrat ;
S’il s’agit des obligations impératives, exemple de contrat d’hôtellerie dont l’art
743 l’appui.23
 La clause pénale

La clause pénale est celle par laquelle les parties à un contrat conviennent
d’une somme forfaitaire à verser en cas d’inexécution, de retard ou de faute dans
l’exécution. 24 Elle a l’avantage d’éviter aux parties les difficultés inhérentes à

22
Mohamed Nakhli, les techniques juridiques d’engagements, 2ème édition 2021, CDMAE, P64
23
Art 743 : « Les hôteliers, aubergistes, logeurs en garni, propriétaires d'établissements de bains, cafés,
restaurants, spectacles publics, répondent de la porte, de la détérioration et du vol des choses et effets
apportés dans leurs établissements par les voyageurs et personnes qui les fréquentent, qu'ils soient arrivés par
le fait de leurs serviteurs et préposés, ou par le fait des autres personnes qui fréquentent leur établissement.
Est nulle toute déclaration ayant pour objet de limiter ou d'écarter la responsabilité des personnes ci- dessus
dénommées, telle qu'elle est établie par la loi »
24
Mohamed Nakhli, les techniques juridiques d’engagements, 2ème édition 2021, CDMAE, P64
15
l’évaluation judiciaire des dommages-intérêts. On la retrouve plus dans les
contrats de bail, d’entreprise, de prêt ou de crédit-bail.
Lorsque ce montant est supérieur au préjudice probable, la clause pénale
aura pour fonction d’amener le débiteur à exécuter ponctuellement son
engagement (pour échapper à l’application de la peine). La clause est alors
véritablement pénale dans la mesure où elle tend à faire pression sur la volonté du
débiteur, et peut être rapprochée à l’astreinte, elle donne au créancier une garantie
d’exécution, lorsque le montant de la clause est au contraire, inférieur au préjudice
probable, elle apparait alors, comme une limitation de responsabilité. D’où
l’importance de distinguer la clause pénale qui est un forfait de la clause limitative
de responsabilité qui fixe un maximum auquel le créancier ne peut pas prétendre
s’il n’a subi qu’un moindre préjudice.
La clause pénale fait donc échec au pouvoir souverain d’appréciation
normalement réservé au juge pour ce qui concerne l’allocation de dommages-
intérêts. D’après les dispositions du code civil français, le juge dispose d’un
pouvoir modérateur en cas d’inexécution totale c’est-à dire que le juge peut
modérer ou augmenter la pénalité convenue 25 en fonction du préjudice ; ou en cas
d’inexécution partielle, il est en mesure soit de diminuer la pénalité
proportionnellement à l’intérêt que celle-ci à procurer au créancier.26
Le législateur français précise que es deux dispositions sont d’ordre public.
Toute clause contraire serait réputée non-écrite27, mais elle peut se voir priver
d’effet en cas de faute lourde ou dolosive commise par le débiteur. 28

25
Article 1231-5 alinéa 2 du Code civil
26
Article 1231-5 al. 3 du Code civil
27
Article 1231-5 al. 4 du Code civil
28
article 1231-3 du Code civil
16
Chapitre 2 : la responsabilité civile délictuelle
Le sujet de la responsabilité civile délictuelle est d’une très grande importance du fait qu’il
représente la base de plusieurs autres domaines juridiques, en l’occurrence les principes de
l’action en concurrence déloyale ou encore, le droit de la consommation.

Il faut noter que la responsabilité délictuelle ou autrement dit quasi délictuelle à lieu hors de
tout contrat ce qui sous-entend qu’entre la victime du dommage de l’auteur, il n’a pas de lien
contractuel contrairement à la responsabilité civile contractuelle qui nait des obligations
contractuelle des parties ou de la volonté des parties.

L’on parle de responsabilité civile délictuelle à partir du moment ou une personne cause du
dommage ou du tort à autrui résultant d’un fait juridique, volontaire ou non volontaire.

La responsabilité civile délictuelle se perçoit comme l’obligation pour une personne qui a causé
un dommage à autrui de le réparer tout en indemnisant la victime.

Cette responsabilité civile délictuelle se décompose en trois parties notamment la responsabilité


du fait personnel qui constitue le droit commun de la responsabilité confère 29 les articles 1240
et 1241.

Ensuite la responsabilité des faits des personnes et enfin la responsabilité du fait des choses.

Cependant, dans quelle mesure la responsabilité civile délictuelle peut être engagée ?

Dans notre analyse, nous parlerons des conditions de mise en œuvre de la responsabilité civile
délictuelle (section 1) avant de parler par la suite des effets de la responsabilité civile délictuelle
(section 2)

Section I : Les conditions de mise en œuvre de la responsabilité civile


délictuelle
Concernant les conditions de mise en œuvre de la responsabilité civile délictuelle, nous aurons
à parler en premier lieu du dommage et du fait générateur (A) et en second lieu, d’un lien de
causalité (B).

29
Les articles 1240 et 1241 du code civil.
17
A. Le dommage et le fait générateur
Pour ce qui est du dommage, la responsabilité civile délictuelle rentre en jeu dans le cas où une
personne a subi un préjudice causé par autrui. Dans ce cas, cette personne qui a été victime du
préjudice, peut demander de l’auteur qui lui a causé le préjudice des dommages et intérêts
histoire de combler le préjudice dont elle a été victime. On peut appeler ça autrement la
réparation

Alors, dans le cas où l’on engage la responsabilité civile délictuelle de l’auteur qui a causé le
dommage, il sera donc condamné à verser une somme d’argent à la victime.

L’on peut définir le dommage comme une atteinte à un intérêt légitime protégé. En d’autres
termes, le dommage correspond à l’atteinte même or le préjudice quant à lui est la traduction
juridique de l’atteinte ce qui sous-entend qu’il y’a une nuance entre ces deux notions l’une qui
concerne directement l’atteinte même et l’autre qui est le fait de la traduction juridique de
l’atteinte.
30
L’article 77 du D.O.C stipule que « Tout fait quelconque de l’homme qui sans l’autorité
de la loi, cause sciemment et volontairement à autrui un préjudice est tenu à réparer ledit-
dommage lorsqu’il est établi que ce fait en est la cause directe….. » Autrement dit une personne
qui qu’elle soit qui cause consciemment et volontairement à autrui un dommage est dans
l’obligation de le réparer.

Il faut aussi savoir que pour être réparable, le dommage doit être certain et direct.
En effet, le dommage est certain à partir du moment où il est réalisé mais il existe aussi la
réparation du préjudice futur qui est considérée comme une prolongation certaine et directe
d’un état de chose actuelle, et un préjudice futur dont la réalisation est incertaine.

De plus il existe différents types de dommages notamment le dommage matériel qui est un
dommage objectif portant atteinte au patrimoine et susceptible d’être directement évalué en
argent. Aussi, il existe le dommage corporel qui est le fait de porter atteinte à l’intégrité
physique d’une personne.
Enfin, il y’a le droit moral qui est le fait de porter atteinte à des droits extrapatrimoniaux.

30
Art 77 dahir des obligations et contrats
18
Tout d’abord Concernant le fait générateur, il faut savoir qu’il est parmi trois les éléments, l’un
des éléments nécessaires pour mettre en œuvre la responsabilité délictuelle ou même
contractuelle d’une personne. L’on pourra donc dire que c’est le fait matériel qui sera la cause
du dommage.

En d’autres termes, c’est un évènement qui est à l’origine du dommage. Le fait générateur peut
être une faute, un fait de la chose ou un fait d’autrui. En effet le fait générateur est différent
dans la mesure où l’on se trouve dans la responsabilité civile délictuelle ou contractuelle, en
d’autres termes, le fait générateur dans la responsabilité civile délictuelle ne fonctionne pas de
la même manière dans la responsabilité civile contractuelle.

B. Le lien de causalité
Nous entendons par lien causalité, la réparation des dommages qui est subordonnée à
l’existence d’un lien de causalité entre le dommage et le fait générateur, ceci résulte des textes
du D.O.C plus précisément aux articles 77 et 3178.

En claire, cette causalité qui est l’élément de la responsabilité civile est la causalité directe. Elle
fait ressortir certaines difficultés quand plusieurs éléments concourent à sa réalisation.

C’est l’exemple d’un automobiliste qui renverse un piéton. Pendant le transport de la victime à
l’hôpital, il y’a un autre accident qui survient et qui entraine la mort du blessé. Dans ce cas
précis, faut-il admettre la théorie de l’équivalence des conditions et décider qu’il y’a
responsabilité à partir du moment où le fait illicite a concouru à la réalisation du dommage ?

Il faut noter que cette thèse qui élargie à l’excès le champ des causalités n’a pas été retenue par
la jurisprudence, qui s’est orienté dans une voie, tout en consacrant la théorie de la causalité
adéquate. Elle s’efforce donc de retenir comme cause l’évènement qui normalement était de
nature à produire le dommage.

Aussi, l’établissement du lien de causalité entre l’inexécution de l’obligation et le dommage


pèse en principe à la charge du demandeur. Ce qui veut dire dans le but de rendre plus explicite
nos dits que le doute sur l’existence de ce lien profite au défendeur qui peut, dans certains cas,
échapper à l’obligation de réparer le dommage qui pèse sur lui.

31
Art 78 dahir des obligations et contrats
19
Section II : les effets de la responsabilité civile délictuelle
Nous entendons par effet de la responsabilité civile délictuelle, deux grands volets notamment
la réparation en nature (A) et la réparation par équivalent (B)

A. La réparation en nature
Pour commencer, il faut savoir que lorsque les trois conditions de la responsabilité sont réunies,
il existe une obligation de réparer le dommage qui va naitre à la charge de l’auteur du préjudice.
Alors, la personne qui a subi le préjudice, dispose d’une créance de réparation qui nait au jour
de la survenance du dommage.

Il revient au juge de décider laquelle des réparations sera exécuté c’est-à-dire que c’est lui qui
décidera en fonction de ses analyses s’il faut procéder par la réparation en nature ou par
équivalent. Mais dans cette partie il s’agira de parler de la réparation en nature pour éviter de
s’éparpiller. L’on parle de réparation en nature chaque fois qu’on ne parle pas d’argent ou
d’espèce.

En effet, la réparation en nature est la plus adéquate pour être plus explicite, nous pouvons dire
qu’elle correspond le mieux à l’objectif de responsabilité qui est de replacer la victime dans la
situation où elle serait trouvée si l’acte dommageable ne s’était pas produit c’est-à-dire à l’état
initial de la victime. C’est ce type de réparation qui prévalait lorsqu’il y’a un préjudice matériel
mais il faut noter qu’elle n’est pas toujours possible.

Aussi, l’on remarque à ce niveau encore qu’en matière de responsabilité délictuelle, les textes
sont muets au sujet de la possibilité de réparer en nature un préjudice alors, il est plus judicieux
de se tourner vers la responsabilité contractuelle qui se trouve à l’article 321142 du code civil.

B. La réparation par équivalent


Déjà nous entendons par ‘’équivalent’’, une sorte de compensation. En effet, la réparation par
équivalent, c’est le fait d’attribuer des dommages et intérêts à la victime et cela dans le but de
compenser le préjudice subi.

32
Art 1142 du code civil
20
Autrement dit, la réparation par équivalent accorde à la victime des dommages et intérêts qui
dépendent de l’évaluation des préjudices réparables. Dans la pratique, l’indemnisation prend
généralement la forme d’un capital ou d’une rente.

De plus, il faut savoir que lorsque la contrefaçon a déjà produit des conséquences
dommageables, celle-ci, ne peuvent être réparées que par équivalent, plus principalement sous
la forme de l’octroi de dommages-intérêts ainsi, l’indemnisation réparatoire, pourra s’analyser
aussi comme le moyen, à la fois très pragmatique et symbolique, pour le breveté de remettre la
main sur la propriété dont il fut partiellement privé par le contrefacteur.

Conclusion

Au terme de notre analyse, nous pouvons dire que la responsabilité civile contractuelle et
délictuelle fait partie des grandes notions du droit des obligations et touche même le droit
administratif. Cet exposé nous a permis de mettre à nu les distinctions entre la responsabilité
civile contractuelle et la responsabilité civile délictuelle bien qu’ils ont des points similaires.
Cela a aussi ouvert notre esprit sur les différentes responsabilités auxquelles l’auteur d’un
préjudice est confronté et comment l’auteur du préjudice en question peut s’exonérer. La
responsabilité civile contractuelle et délictuelle est une matière incontournable pour nous les
étudiants en droit car nous serrons à tout moment confrontés à ce genre de situation.

La responsabilité est divisée entre responsabilité contractuelle, qui suppose la conclusion d’un
contrat et la responsabilité extracontractuelle ou délictuelle qui se rattache aux faits d’un
individu. Ils se rapprochent tous deux par leur fondement.

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Bibliographie
 Mohamed Nakhli, les techniques juridiques d’engagements, 2ème édition 2021, CDMAE, P62
 Jourdain Patrice, Les principes de la responsabilité civile, Dalloz 2014, Page7 ;

 Mémoire de licence en droit privé, h. h a t y t @ h o t m a i l. c o m 0 0. 2 1 2. 6. 3 0 4. 3 2 9. 1 9, Page 3


 Cours du droit des obligations et contrats, Sendid Salsabil
 Dahir des obligations et contrats
 Code civil français
 Cass. Civ. 1ère, 17 janv. 2008

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