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Méthode pédagogique pour le module responsabilité civile :

Comme vous le savez, nous vivons depuis mars dernier une période exceptionnelle due à l’épidémie
de Covid 19.

Cette situation nous oblige à changer nos méthodes de travail pour pouvoir respecter le protocole
sanitaire. Les cours en ligne se sont donc imposés comme alternatif aux cours donnés en présentiel.

L’année dernière, dans le cadre du cours de droit commercial, j’avais assuré deux parties en
présentiel et la troisième à distance. Pour l’examen, j’ai préféré vous questionner juste sur les parties
vues en présentiel croyant que j’allais avoir les meilleures notes des 3 promotions qui se sont
succédées dans notre fac puisque vous aviez assez de temps pour préparer le module.

Mais, à ma grande déception, à l’exception d’une très petite minovictimerité, vous avez pris les
choses à la légère, croyant qu’un examen à distance ne nécessite aucune préparation, et que vous
avez le droit de copier- coller ce que vous trouvez sur internet sans même essayer de comprendre le
sujet.

Un sujet de dissertation nécessite un plan de travail équilibré et répondant à la problématique que


vous avez posé. Il n’était donc pas question de chercher un cours similaire au mien et de me
l’envoyer à titre de réponse au sujet d’examen.

C’est pour ces différentes raisons que j’ai décidé d’éclairer la méthode de travail avant de
commencer le cours :

1-Chaque semaine, je mets à votre disposition (sur l’ENT) une partie du cours.

2-Le cours est rédigé d’une manière très claire pour vous faciliter la compréhension de tous les
détails.

3-Pour chaque partie du cours que j’envoie, vous avez une semaine pour poser vos questions. Vous
devez donc être à jour et préparer vos fiches de lecture la semaine même où vous avez reçu le cours.
AUTREMENT DIT, n’attendez pas la fin du cours pour commencer la préparation.

4-Pour chaque partie du cours, vous avez un devoir à rendre ( sur l’ENT). Il peut consister en une
dissertation, un commentaire d’arrêt, un cas pratique…..Ces devoirs constituent un complément du
cours et un moyen d’évaluation très important des étudiants. AUTREMENT DIT, l’évaluation ne se fait
pas seulement en fin de module, mais de façon continue.

5-Les travaux à rendre sont personnels. Le travail similaire de deux ou plusieurs étudiants sera
sévèrement sanctionné. L’objectif est de pousser chacun de vous à contribuer, grâce à son effort
personnel, à la compréhension du cours et au développement de l’esprit d’analyse.

Très bon courage


Cours de responsabilité civile :

Introduction :

Qu’est-ce que la responsabilité ?

La responsabilité est l’obligation de répondre de ses actions ou de celles des autres.

Elle repose sur un principe de bon sens : l’auteur d’un dommage causé à autrui est tenu de le
réparer.

Quels sont les types de responsabilité ?

Il existe plusieurs types de responsabilité. On peut citer :

-La responsabilité administrative : c’est l’obligation pour l’administration de réparer les préjudices
causés par son activité ou celle de ses agents.

-La responsabilité pénale : c’est l’obligation de répondre de ses actes délictueux en subissant une
sanction pénale dans les conditions et selon les formes prescrites par la loi.

Autrement dit, la responsabilité pénale n’est engagée que si l’individu a commis un acte
expressément défendu par les lois répressives : c’est le principe de la légalité des délits et des peines
(en latin : nullum crimen, nulla poena sine lege, c’est-à-dire il n’y a pas de crime, il n’y a pas de peine
sans loi).

La responsabilité pénale a pour but de défendre les intérêts de la société contre les actes qui portent
atteinte à l’ordre public.

-La responsabilité civile : elle désigne la responsabilité d’une personne en cas de dommage causé par
une action volontaire ou involontaire.

Elle impose à la personne en faute la réparation des dommages causés à un ou plusieurs individus
qu’ils relèvent de son fait ou de personnes, animaux ou objets dont elle a la responsabilité.

La responsabilité civile est de deux types :

1- La responsabilité civile délictuelle : elle régit les situations dans lesquelles une personne
cause un préjudice à un autre sans qu’il y ait un contrat entre elles.
2- La responsabilité civile contractuelle : à l’inverse, elle encadre les dommages causés à un
contractant dans le cas du non- respect total ou partiel des obligations nées d’un contrat.

Notre cours portera sur ce dernier type de responsabilité, c’est-à-dire la responsabilité civile dans ses
deux volets.

On adoptera le plan suivant :

Première partie : la responsabilité contractuelle


Chapitre 1 : Les conditions de la responsabilité contractuelle

Section 1 : Un contrat régulièrement formé

Section 2 : Un fait générateur

Section 3 : Un dommage

Section 4 : Un lien de causalité

Chapitre 2 : Les causes d’éxonération

Section 1 : La force majeure

Section 2 : Le fait d’un tiers ou du créancier

Chapitre 3 : La réparation

Section 1 : La mise en demeure du débiteur

Section 2 : La forme et l’étendue de la réparation

Chapitre 4 : L’aménagement de la responsabilité contractuelle

Section 1 : La clause pénale

Section 2 : Les clauses limitatives de responsabilité

Section 3 : Les clauses exclusives de responsabilité

Partie 2 : La responsabilité civile délictuelle


Chapitre 1 : Les conditions de la RCD

Section 1 : La faute

Section 2 : Le dommage

Section 3 : Le lien de causalité

Chapitre 2 : Les hypothèses de la RCD

Section 1 : La responsabilité du fait personnel

Section 2 : La responsabilité du fait d’autrui

Section 3 : La responsabilité du fait des choses

Chapitre 3 : La mise en œuvre de la RCD

Section 1 : Les parties


Section 2 : La compétence du tribunal

Section 3 : La prescription

Section 4 : Le jugement

Premier devoir à rendre (sur l’ENT) :


Faites une comparaison détaillée entre la responsabilité civile et la
responsabilité pénale.
Première partie : La responsabilité civile contractuelle

Définition : il s’agit de l’obligation de réparer le préjudice résultant de l’inexécution du contrat.

La violation du lien contractuel entraine la sanction du débiteur.

Dans le cadre de cette première partie, on analysera à travers quatre chapitres :

- Les conditions de la RCC


- Les causes d’exonération
- La réparation
- L’aménagement de la RCC

Chapitre 1 : Les conditions de la RCC

Elles sont au nombre de 4 :

- Un contrat valablement formé


- Un fait générateur
- Un dommage
- Un lien de causalité

Section 1 : Un contrat valablement formé

La première condition de la RCC est de toute évidence un contrat valable, c’est-à-dire comportant les
conditions de validité prévues par la loi (consentement libre, capacité, objet et cause).

Cette condition constitue le point de départ de toute discussion sur la responsabilité contractuelle.

(Pour cette partie, vous devez impérativement vous référer au cours du semestre dernier : droit
des obligations. Revoir obligatoirement les conditions de validité du contrat, les cas de nullité, les
effets du contrat valablement formé).

Section 2 : Un fait générateur

Le fait générateur (la faute) réside dans l’inexécution du contrat (inexécution totale, inexécution
partielle, exécution défectueuse) ou le retard dans l’exécution. C’est ce qui découle de l’article 263
du DOC « Les dommages-intérêts sont dus, soit à raison de l’inexécution de l’obligation, soit à raison
du retard dans l’exécution, et encore qu’il n’y ait aucune mauvaise foi de la part du débiteur ».

Qui doit rapporter la preuve de la faute ?

Le fardeau de la preuve sera différent selon qu’il s’agit d’une obligation de moyens ou d’une
obligation de résultat.

Une obligation de moyen est une obligation par laquelle le débiteur s’oblige à utiliser tous les
moyens possibles en vue d’atteindre un résultat déterminé, mais sans s’engager à y parvenir
( médecin, avocat…).
Dans l’obligation de résultat, le débiteur a promis un résultat précis (le cas du transporteur).

S’agissant de l’obligation de moyen, la responsabilité du débiteur ne peut pas être engagée du seul
fait que le résultat n’a pas été obtenu. Ce que le créancier doit donc démontrer, c’est que les moyens
adéquats pour parvenir au résultat n’ont pas été mis en œuvre.

Dans ce cas, l’appréciation se fait in abstracto, c’est-à-dire que le juge va comparer l’attitude du
débiteur avec celle d’un individu prudent et avisé se trouvant dans les mêmes circonstances. C’est le
standard du bon père de famille. Le débiteur, pour se dégager de sa responsabilité, doit démontrer
qu’il a utilisé tous les moyens nécessaires pour arriver au résultat, et qu’il n’a pas commis de faute
dans l’exécution.

Pour le deuxième type d’obligation (obligation de résultat), l’absence de résultat constitue le


débiteur en faute. Le créancier doit donc simplement démontrer que le résultat n’a pas été obtenu.
L’appréciation se fait ici in concreto, c’est-à-dire en ne tenant compte que des propres aptitudes du
débiteur, sans référence à ce qui aurait été le comportement standard d’une personne prudente et
avisée. Le débiteur ne peut s’échapper de la responsabilité qu’en cas de force majeure.

La distinction entre obligation de moyen et obligation de résultat qui commande aujourd’hui le


régime juridique de la responsabilité contractuelle a remplacé la hiérarchie des fautes qui a
longtemps été la règle.

En effet, on distinguait entre :

La faute dolosive : C’est la faute intentionnelle qui comporte la mauvaise foi de la part du débiteur.

La faute lourde : elle est non intentionnelle mais aussi grave que le dol auquel elle équivaut. Elle
engage tout débiteur quel que soit son obligation.

La faute légère : C’est l’inattention, la maladresse que tout homme peut commettre même lorsqu’il
est normalement avisé et soigneux.

Aujourd’hui, on part du principe que peu importe la gravité de la faute. Le dommage doit être
intégralement réparé. Une faute légère peut causer un dommage plus lourd que la faute dolosive, la
faute lourde ou la faute inexcusable.

Mais, la disparition de la théorie de la gradation des fautes n’est pas totale. Le législateur marocain
lui fait toujours référence dans certains cas.

C’est ainsi que les limitations légales et conventionnelles de responsabilité ne sont pas permises en
cas de faute dolosive, de faute lourde et de faute inexcusable. Cela s’explique par leur gravité.

Par contre, ces limitations sont possibles en cas de faute légère (chapitre 4 : L’aménagement de la
RCC).

Section 3 : Le dommage

Paragraphe 1 : Les différents types de dommage

Le dommage peut être matériel, moral ou corporel.

Le dommage matériel : l’article 264 du DOC dispose que : « Les dommages sont la perte effective que
le créancier a éprouvé et le gain dont il a été privé, et qui sont la conséquence directe de
l’inexécution de l’obligation…. ».
Qu’est- ce que le gain manqué et la perte éprouvée ?

Il s’agit des situations où l’inexécution du contrat ou le retard dans l’exécution cause une diminution
de la fortune (perte éprouvée) ou la non augmentation de la fortune (gain manqué).

C’est le cas de l’acheteur qui ne reçoit pas livraison d’une marchandise commandée. Dans ce cas, et
devant les nécessités de la poursuite de l’activité, il peut être obligé de se procurer la marchandise
ailleurs à un prix plus élevé. Il aura droit dans ce cas au remboursement du supplément du prix qu’il a
payé (perte éprouvée) et au bénéfice de la revente qu’il a pu manquer (gain manqué).

Le dommage moral : il y a eu une évolution jurisprudentielle relativement à la réparation du


préjudice moral.

Au départ, le juge ne retenait pour la fixation des dommages-intérêts que le dommage d’ordre
matériel. La question du dommage moral ne pouvait se poser qu’en matière de responsabilité
délictuelle.

On a admis par la suite que le dommage moral pouvait être réparé au même titre que le dommage
matériel dans le cas de la responsabilité contractuelle.

Le cas apparait surtout dans le contrat de transport de personnes. La victime (ou ses ayants droits)
peut subir du fait de l’accident, un dommage non seulement matériel (dépenses médicales, perte de
salaire, incapacité temporaire ou permanente nécessitant l’assistance d’une tierce personne), mais
aussi un dommage moral (souffrance physique et psychique, douleur éprouvée suite à la mort d’un
être cher).

Le dommage corporel : il doit être réparé dans les contrats comportant une obligation de sécurité
( ex : contrat de transport).

Paragraphe 2 : Les caractères du dommage

Le dommage doit être personnel, certain et prévisible.

Le dommage doit être personnel : c’est ce qui découle de l’article 64 du DOC. Mais, si le principe posé
par l’article 64 ne concerne que le créancier qui a subi le dommage, cela ne se contredit pas avec la
possibilité d’extension de ce droit aux héritiers comme dans l’exemple vu précédemment.

Le dommage doit être certain : le dommage n’est réparable que si on a la certitude qu’il s’est bien
réalisé (préjudice actuel) ou qu’il va se réaliser (préjudice futur).

Le dommage actuel et le dommage futur s’opposent au dommage éventuel dont la réparation n’est
pas certaine et qui ne peut donner lieu à réparation tant que l’éventualité ne s’est pas transformée
en certitude.

Le dommage doit être prévisible : cela veut dire que le débiteur n’est tenu que de ce qui pouvait être
prévu lors de la formation du contrat, c’est-à-dire de ce qui faisait vraiment partie de ses obligations
contractuelles.

Exemple : Le transporteur, en cas de perte des marchandises confiées, ne remboursera que la valeur
qui lui aura été déclarée, ou la valeur des marchandises qu’il était normal de trouver dans ce type de
colis.

Section 4 : Le lien de causalité


La mise en œuvre de la responsabilité contractuelle impose de démontrer l’existence d’un lien causal
entre l’inexécution contractuelle du débiteur et le dommage causé au créancier.

Mais, souvent, un dommage peut avoir plusieurs causes. La question se pose alors de savoir si on doit
prendre en considération toutes les causes qui ont participé à la production du dommage, ou doit on
rechercher uniquement la cause principale ?

Certaines théories ont été avancées pour trouver une réponse à cette question. On peut citer :

1-La théorie de l’équivalence des conditions : elle retient toutes les causes ayant contribué au
dommage. Autrement dit, ces causes sont considérées comme équivalentes en ce qui concerne la
réalisation du dommage. Dés que le dommage peut être rattaché par un lien quelconque à
l’inexécution contractuelle du débiteur, il est tenu pour responsable.

2-La théorie de la causalité adéquate : il faut choisir entre les causes du dommage, celle ou celles qui
sont déterminantes, celles sans qui le dommage ne se serait pas produit.

3-La théorie de la causalité directe : on retient les causes dont l’importance relativement aux autres,
a joué un rôle direct dans la réalisation du dommage.

Par référence à l’article 264 du DOC, on peut dire que le législateur marocain retient la dernière
théorie tout en laissant place à l’appréciation personnelle du juge.

Chapitre 2 : Les causes d’exonération du débiteur :

Qu’est-ce qu’une cause d’exonération ?

Il s’agit d’un fait qui va pouvoir être invoqué par le débiteur d pour se dégager de sa responsabilité.

Autrement dit, il n’y a pas lieu de responsabilité lorsque l’inexécution provient non du fait du
débiteur mais d’une cause étrangère.

Les cas d’exonération sont la force majeure, le fait d’un tiers ou le fait de la victime elle-même ( voir
les articles 268-269-270 du DOC).

Section 1 : La force majeure :

Selon l’article 269 du DOC : « la force majeure est tout fait que l’homme ne peut prévenir, tel que les
phénomènes naturels (inondations, sécheresses, orages, incendies, sauterelles), l’invasion ennemie,
le fait du prince, et qui rend impossible l’exécution de l’obligation.

N’est point considérée comme force majeure la cause qu’il était possible d’éviter, si le débiteur ne
justifie qu’il a déployé toute diligence pour s’en prémunir.

N’est pas également considérée comme force majeure la cause qui a été occasionnée par une faute
précédente du débiteur. »

Partant de cet article, la force majeur se caractérise par :

- L’irrésistibilité
- L’imprévisibilité
- L’extériorité

-L’événement doit être irrésistible :

Cela veut dire que le débiteur n’a pas été en mesure de l’écarter, il a été dans l’impossibilité d’agir et
d’exécuter, et comme on le sait « A l’impossible, nul n’est tenu ».
Comment est appréciée l’impossibilité d’exécution ?

L’irrésistibilité doit être appréciée in abstracto, c’est-à-dire par référence à l’homme diligent, et non
par rapport à l’homme le plus fort et le plus diligent. L’événement devrait être insurmontable pour
un individu normalement capable.

-L’événement doit être imprévisible :

Un événement est imprévisible lorsqu’au moment de la conclusion du contrat, il n’y avait aucune
chance normale et raisonnable pour qu’il puisse survenir.

S’il pouvait être prévu au moment du contrat, les parties devraient en tenir compte dans leur
convention.

-L’événement doit être extérieur :

L’événement ne doit pas être imputable à un fait du débiteur ou des personnes dont il dépend. Ex :
un entrepreneur ne peut pas invoquer la défaillance de son matériel ou de son personnel pour
s’exonérer.

La force majeure établie est une cause d’exonération totale du débiteur qui est complétement libéré,
sauf quand, dans le contrat, le débiteur a pris à sa charge la force majeure.

Section 2 : Le fait d’un tiers :

Le débiteur peut être exonéré si l’inéxécution est due au fait d’un tiers. Deux conditions sont
nécessaires :

-Le fait du tiers doit présenter les caractères de la force majeure, c’est-à-dire que le débiteur n’a pu
ni prévoir ni empêcher ce fait.

-Le tiers ne doit pas être une personne dont le débiteur doit répondre (représentant légal du
débiteur, personne chargée d’exécuter pour lui le contrat ou de l’aider dans cette exécution).

Section 3 : Le fait du créancier :

Le débiteur est également exonéré lorsque l’inexécution de l’obligation provient de l’attitude du


créancier lui-même. C’est le cas lorsque ce dernier refuse sans motif valable la prestation offerte par
le débiteur ou lorsqu’il fait obstacle à l’exécution.

Le fait du créancier peut revêtir les caractères de la force majeure et entraîne dans ce cas
l’exonération totale du débiteur.

S’il ne présente pas les caractères de la force majeure, il entraînera une exonération partielle. Dans
ce cas, il y aura un partage de responsabilité entre le débiteur et le créancier.

Chapitre 3 : La réparation :

Section 1 : La mise en demeure :

Le principe est que nul ne peut se faire justice à soi même. Le créancier n’est donc pas libre de
contraindre le débiteur à l’exécution au moment et par les moyens qu’il choisirait lui-même. Il faut
que l’exécution soit clairement constatée par une mise en demeure non suivie d’effet.

Qu’est-ce qu’une mise en demeure ?


La mise en demeure est une interpellation formelle faite au débiteur qui n’a pas exécuté son
obligation à terme. Elle permet donc de constater le retard dans l’exécution (article 254 du DOC).

La mise en demeure est donc une protestation invitant le débiteur à s’exécuter dans le délai qu’elle
fixe. Passé ce délai, le créancier se considérera comme dégagé en ce qui le concerne (article 255
alinéa 2 du DOC).

Quelle forme doit prendre la mise en demeure ?

Ainsi qu’il en résulte de l’article 255 alinéa , l’interpellation doit se faire par écrit. Elle peut même
résulter d’un télégramme, d’une lettre recommandée, d’une citation en justice même devant un juge
incompétent.

Est-elle nécessaire dans tous les cas ?

La lecture des articles 255 et 256 du DOC fait ressortir un principe et des exceptions.

Le principe est que la mise en demeure est nécessaire lorsque l’exécution de l’obligation n’est pas
inscrite dans un délai détérminé.

Par contre, la mise en demeure est inutile si le débiteur a refusé formellement d’exécuter son
obligation ou lorsque l’exécution est devenue impossible.

A son tour, l’article 262 du DOC écarte la nécessité de la mise en demeure lorsqu’il y’a contravention
à une obligation de ne pas faire.

Section 2 : La nature de la réparation :

La réparation en nature consiste à condamner le débiteur à exécuter l’obligation telle qu’elle est
prévue par le contrat quand cela est toujours possible. Ainsi, le dépositaire en possession de la chose
déposée et refusant de la restituer, peut parfaitement être condamné à cette restitution.

Mais, quand il s’agit d’une obligation de faire ou de ne pas faire, la réparation en nature n’est pas
possible et elle se fera sous forme de dommages-intérêts. Il s’agit du mode de réparation le plus
courant.

Comment sont alors évalués les dommages-intérêts ?

Section 3 : Evaluation des dommages-intérêts :

On distingue entre les dommages-intérêts compensatoires et les dommages-intérêts moratoires.

Les dommages-intérêts compensatoires :

Les dommages-intérêts compensatoires compensent la perte en capital résultant de l’inexécution du


contrat. Ils viennent réparer intégralement le dommage du créancier sans toutefois le dépasser. Le
juge prend en considération pour l’évaluation du montant des dommages-intérêts aussi bien le
préjudice matériel que moral, aussi bien le gain manqué que la perte subie.

La détermination de ces éléments peut donner lieu à des difficultés de fait. Le juge a la possibilité de
s’informer en ordonnant une expertise confiée à des professionnels et de décider en tenant compte
des résultats de cette expertise qui d’ailleurs ne s’impose jamais à lui.

Les dommages-intérêts moratoires :


Les dommages-intérêts moratoires sont dus lorsque l’obligation contractuelle est exécutée mais au-
delà de la date qui avait été prévue. Ils viennent donc sanctionner l’inexécution momentanée (art
263 du DOC).

Néanmoins, le droit à des dommages-intérêts moratoires n’est pas acquis automatiquement au


créancier du seul fait du retard constaté. Pour obtenir réparation, celui-ci doit prouver que le défaut
de ponctualité de son cocontractant lui a causé un préjudice.

L’exception à ce principe concerne les créances de nature monétaire. En effet, dans ce cas, le
créancier est dispensé de rapporter la preuve d’un préjudice. On considére en effet que tout retard
dans le paiement d’une somme d’argent provoque automatiquement un dommage reésultant de la
perte de l’intérêt de l’argent non perçu. ( le créancier aurait pu replacer à intérêt la somme qui lui
était dû).

Notons que le droit à des dommages-intérêts moratoires n’est ouvert au créancier que s’il a adressé
à son débiteur une mise en demeure, et les intérêts se calculent à compter de la date de cette
sommation .

Chapitre 4 : L’aménagement de la responsabilité contractuelle

Les parties contractantes peuvent aménager les conséquences de l’inexécution ou les modalités de la
réparation par voie conventionnelle.

On distingue trois types de clauses qui permettent d’aménager la responsabilité contractuelle :

- Les clauses limitatives de responsabilité


- Les clauses exclusives de responsabilité
- La clause pénale

Section 1 : Les clauses exclusives de responsabilité

Les parties contractantes peuvent décider de supprimer le principe même de la réparation en cas
d’inexécution du débiteur.

Si ces clauses sont illicites en matière délictuelle, elles sont valables en matière contractuelle. Mais,
cette validité n’est pas absolue :

-Elles ne sont pas valables en cas de dol ou de faute lourde. En effet, et conformément à l’article 232
du DOC « on ne peut stipuler d’avance qu’on ne sera pas tenu de sa faute lourde ou de son dol ».

-Elles ne sont pas valables si elles visent les dommages causés à l’intégrité physique du corps humain.
C’est le cas en matière de consommation. C’est ainsi que la réglementation des clauses abusives
déclare nulle toute clause ayant pour objet ou pour effet de supprimer le droit à la réparation au
consommateur en cas de manquement par le professionnel à l’une quelconque de ses obligations.
( voir art 18 de la loi 31-08 édictant les mesures de protection du consommateur).

Section 2 : Les clauses limitatives de responsabilité

Par le biais de ces clauses, les parties contractantes se mettent d’accord pour limiter la responsabilité
du débiteur en cas d’inexécution en fixant le plafond des dommages-intérêts dus. Par exemple, en
cas de perte d’un colis, le transporteur ne versera que telle somme. Les compagnies aériennes
limitent le montant de leur responsabilité en cas de perte de bagages.

Les clauses limitatives sont inacceptables en cas de faute lourde ou de dol du débiteur ou des
personnes dont il doit dépendre.
Section 3 : La clause pénale

C’est la clause par laquelle les parties fixent d’avance et de façon forfaitaire l’indemnité qui sera due
au créancier en cas d’inexécution.

Contrairement à la clause limitative qui est stipulée dans l’intérêt du débiteur, la clause pénale est
stipulée dans l’intérêt du créancier. Le montant prévu par la clause pénale est souvent supérieur au
préjudice réel anticipé afin de donner sa fonction punitive à la clause.

Autrement dit, la clause pénale a un caractère sanctionnateur dans la mesure où le débiteur sait ce
qui l’attend s’il n’exécute pas. Si la somme est très élevée, elle constitue une excellente incitation à
s’exécuter.

Mais, il faut noter que si le montant des dommages-intérêts convenu est excessif, le juge peut le
réduire conformément à l’article 264 alinéa 3 du DOC.

Deuxième partie : La responsabilité civile délictuelle

La première partie a porté sur la responsabilité civile contractuelle qui est engagée en cas de
manquement à une obligation contractuelle.

La responsabilité délictuelle quant à elle, s’appuie sur des faits qui ont causé un dommage en dehors
de tout contrat.

Dans le cadre de ce cours, on va analyser les trois hypothèses de la responsabilité civile délictuelle :

La responsabilité du fait personnel (chapitre 1)

La responsabilité du fait d’autrui (chapitre 2)

La responsabilité du fait des choses (chapitre 3)

Chapitre 1 : La responsabilité du fait personnel


Les articles 77 et 78 du DOC constituent le fondement de la responsabilité civile délictuelle.

De l’analyse de ces deux articles, on déduit que la RCD est fondée sur trois conditions :

La faute (section 1)

Le dommage (section 2)

Le lien de causalité (section3)

Une fois qu’on analysera ces trois conditions, nous déterminerons les causes d’exonération (section
4).

Section 1 : La faute

On analysera la faute à travers sa définition et ses éléments constitutifs (paragraphe 1), ses différents
types (paragraphe 2), son lien avec la notion d’abus de droit (paragraphe 3), les faits justificatifs qui
entrainent sa disparition (paragraphe 4), et enfin la preuve de la faute (paragraphe 5).
Paragraphe 1 : définition et éléments constitutifs de la faute

Plusieurs juristes ont défini la faute. Le premier qui a essayé de la définir est PLANIOL « la faute est la
violation d’une obligation préexistante ». Mais, cette définition a été fortement critiquée car la faute
peut être un manquement à un simple devoir sans qu’existe une obligation préexistante au sens
juridique du terme.

MAZEAUD a proposé la définition selon laquelle la faute est « une erreur de conduite telle qu’elle
n’aurait pas été commise par une personne avisée placée dans les mêmes circonstances. »

Par référence aux articles 77 et 78, la faute suppose la réunion de deux éléments : l’élément matériel
et l’élément moral.

A- L’élément matériel

L’élément matériel réside dans l’illicéité du comportement : le comportement de l’auteur du


dommage est illicite, anormal, défectueux. Cela peut découler de la transgression d’une disposition
légale ou réglementaire mais aussi d’une règle qui ne dispose d’aucun fondement textuel.

Quand le fait dommageable a transgressé une règle de droit, la constatation de la faute est facile.
Dans le cas contraire, il appartient au juge de décider si le fait dommageable est illicite. Il l’appréciera
en se basant sur le devoir général de chacun d’agir avec prudence et diligence.

B- L’élément moral

La question qui se pose ici est la suivante : est-ce que l’auteur d’un dommage doit être conscient de
son acte pour pouvoir le lui imputer ?

C’est le problème de l’imputabilité de la faute à son auteur.

En droit marocain, une personne n’est responsable de ses fautes que si elle a le discernement
suffisant et qu’elle est capable de distinguer entre le bien et le mal.

Le discernement est donc un élément important pour engager la responsabilité d’une personne.
Plusieurs articles du DOC le prouvent.

C’est ainsi que par référence à l’article 96 du DOC, le législateur considère que le mineur dépourvu
de discernement et l’insensé ne répondent pas civilement du dommage qu’ils causent par leur fait.

De même, le législateur considère l’ivresse involontaire comme cause d’absence de responsabilité


car il y a absence involontaire de discernement.

Quant aux sourds-muets et infirmes, ils répondent en principe des dommages résultant de leur fait,
de leur faute car ils possèdent le degré de discernement nécessaire pour apprécier les conséquences
de leurs actes, sauf s’il est prouvé qu’au moment de la réalisation du fait ou de la faute
dommageable, ils en étaient dépourvus. (article 97 du DOC).

Paragraphe 2 : les différents types de faute

A- Faute de commission/faute d’omission

La faute par commission suppose un acte positif. L’intéressé fait ce qu’il ne doit pas faire. L’acte
positif peut être physique (coups et blessures), moral ou psychologique (injures).
Par contre, la faute par omission consiste à s’abstenir d’agir. La personne s’abstient de faire ce
qu’elle doit faire, et par cette omission, elle cause un dommage à autrui. (refus de porter secours à
une personne en danger).

B- Faute intentionnelle/faute d’imprudence et de négligence

La faute intentionnelle (délictuelle) est une faute volontaire (article 77 du DOC). L’auteur du
dommage agit volontairement en vue de causer un préjudice à autrui. Il agit avec l’intention de nuire
à autrui. La faute intentionnelle peut être considérée comme l’équivalent de la faute dolosive en
matière contractuelle.

Pour la faute non intentionnelle ou faute d’imprudence et de négligence, il n’y a pas d’intention de
nuire à autrui. Dans cette situation, on parle de faute quasi-délictuelle (article 78 du DOC).

Comment déterminer si cette imprudence ou négligence est fautive ?

Pour comparer entre ce qui a été et éventuellement ce qui aurait dû être, les tribunaux se réfèrent
au modèle abstrait que peut représenter le bon père de famille, c’est-à-dire l’homme raisonnable
placé dans la même situation (appréciation in abstracto).

Paragraphe 3 : faute et abus de droit

La question qui se pose dans ce cadre est la suivante/ est-ce que l’exercice abusif d’un droit peut
constituer une faute et engager la responsabilité de son auteur ? Est-ce que la faute peut revêtir le
masque de ce qu’on appelle l’abus de droit ?

Il est traditionnellement admis que les droits subjectifs ont pour limite l’exercice abusif par leurs
titulaires. Il s’agit de la théorie de l’abus de droit.

Cette théorie repose sur deux critères : un critère subjectif qui réside dans l’intention de nuire ( La
personne est en faute lorsqu’elle exerce son droit dans l’intention de nuire à autrui), et un critère
objectif qui consiste à exercer un droit sans intérêt légitime et sérieux ( acte désintéressé ne
procurant aucun avantage à son titulaire).

Quelle est la position du législateur marocain concernant la théorie de l’abus de droit ? Est-ce que le
législateur marocain consacre la théorie de l’abus de droit ?

Il vous est demandé de compléter cette partie en analysant les


articles suivants :
ART 91-92-94

Paragraphe 4 : Les faits justificatifs

Dans certains cas précis, la faute est justifiée, ce qui conduit à sa disparition et à l’irresponsabilité de
l’auteur du dommage.

C’est le cas de la légitime défense, l’état de nécessité, l’acceptation des risques.

A- La légitime défense
Conformément à l’article 95 alinéa 1 du DOC, il n’y a pas lieu à responsabilité civile dans le cas de
légitime défense.

L’alinéa 2 de l’article 95 la définit comme étant « le cas où l’on est contraint d’agir afin de repousser
une agression imminente et injuste dirigée contre la personne ou les biens de celui qui se défend ou
d’une autre personne ».

Le législateur conditionne donc la légitime défense par le caractère imminent et injuste de


l’agression, c’est-à-dire qu’elle doit être strictement nécessaire. Il faut également que les moyens
employés soient proportionnels à la gravité de l’infraction.

B- L’état de nécessité

Dans cette hypothèse, une personne va causer délibérément un dommage à une autre personne
pour éviter un plus grave. C’est le cas du conducteur d’un véhicule qui voit surgir un piéton et donc
dévie sa trajectoire et entre dans une vitrine de magasin en causant des dommages matériels, qui
sont moins graves qu’un dommage corporel qu’il aurait pu faire subir au piéton.

C- Acceptation des risques

Dans cette hypothèse, la victime a accepté les risques d’une activité dangereuse génératrice de
dommages. Elle ne peut donc invoquer la faute qu’aurait commise l’auteur du dommage. C’est le cas
des activités sportives (cas du rugby, de la boxe…). Mais, l’acceptation des risques ne va effacer le
caractère fautif d’un acte que si l’auteur du dommage a respecté les règles du jeu.

Paragraphe 5 : la preuve de la faute

La responsabilité délictuelle du fait personnel est une responsabilité pour faute prouvée. En effet, il
appartient à la victime de démontrer la faute de celui qu’elle prétend rendre responsable, le
dommage et le lien de causalité.

Section 2 : Le dommage

Paragraphe 1 : Les différents types de dommage

L’article 98 du DOC définit les dommages, dans le cas de délit ou de quasi-délit, comme « la perte
effective éprouvée par le demandeur, les dépenses nécessaires qu’il a dû ou devrait faire afin de
réparer les suites de l’acte commis à son préjudice, ainsi que les gains dont il est privé dans la mesure
normale en conséquence de cet acte. »

Comme on peut le constater, l’article 89 (comme l’article 264 pour la responsabilité contractuelle)
n’évoque que le préjudice matériel sans faire référence au préjudice moral.

Mais, la lacune peut être comblée par référence à d’autres dispositions juridiques, et notamment
l’article 77 du DOC qui vise les deux types de dommage.

Paragraphe 1 : Le dommage matériel

Le dommage matériel comprend trois types de dommages :

-Les dommages matériels proprement dits (destruction ou détérioration d’objets corporels, voiture
accidentée, meubles abimés…)
-Les dommages corporels (blessures, mutilations…)

-Les pertes économiques (cas du commerçant qui n’a pas pu vendre sa marchandise à cause de la
concurrence déloyale d’un autre commerçant).

Paragraphe 2 : Le dommage moral

C’est le dommage extrapatrimonial comme l’atteinte aux droits de la personnalité (atteinte à


l’honneur, à la vie privée..) ou le préjudice d’affection (chagrin causé par la perte d’un être cher).

Comme il a déjà été précisé dans le cadre de la responsabilité contractuelle, la réparation du


préjudice moral a fait l’objet d’une controverse et la jurisprudence s’est longtemps refusée à la
prendre en compte. Aujourd’hui, on admet la réparation du préjudice moral.

Qui a le droit à la réparation du dommage moral ?

La question se pose surtout en cas de décès. C’est ainsi que pour le cas des accidents de circulation,
le législateur détermine limitativement les personnes qui peuvent demander la réparation : le
conjoint survivant, les ascendants et les descendants.

Si la personne qui a demandé la réparation du dommage moral décède avant de l’obtenir, son droit
est transféré à ses héritiers.

Paragraphe 2 : Les caractères du dommage

Pour être réparable, le dommage doit être certain, personnel et direct.

A- Dommage certain

Comme pour la responsabilité contractuelle, le dommage doit être certain.

Un dommage certain est généralement un dommage actuel, présent. Mais, il peut être futur à
condition qu’il soit la prolongation certaine et directe du préjudice actuel.

B- Dommage direct

Le dommage doit être la conséquence directe de la faute (voir lien de causalité).

C- Dommage personnel

Seul celui qui a personnellement souffert du dommage est recevable à en demander la réparation. Ce
principe n’empêche pas le représentant légal du mineur et du malade mental, incapables d’ester en
justice, de réclamer des dommages-intérêt en leur nom.

Section 3 : Le lien de causalité entre la faute et le dommage

Comme pour la responsabilité contractuelle, la mise en œuvre de la responsabilité délictuelle impose


de démontrer l’existence d’un lien causal entre la faute et le dommage.

Là aussi, le problème se pose lorsque le dommage peut être rattaché à plusieurs causes, ou lorsque
plusieurs dommages résultent de la même faute.

Cette question comme nous l’avons déjà précisé, a fait l’objet de nombreuses controverses de la part
de la doctrine et a abouti à plusieurs théories (voir lien de causalité en matière contractuelle).
Par référence à l’article 77 du DOC, on peut dire que le législateur retient la théorie de la causalité
directe tout en laissant place à l’appréciation du juge.

Section 4 : Les causes d’exonération

Comme pour la responsabilité contractuelle, les causes d’exonération sont au nombre de trois : la
force majeure, le fait d’un tiers et le fait de la victime.

Paragraphe 1 : La force majeure

Elle doit être insurmontable, imprévisible et extérieur (voir première partie).

Paragraphe 2 : Le fait d’un tiers

Comme pour la force majeure, le fait du tiers pour être exonératoire, doit être imprévisible,
insurmontable et extérieur.

Paragraphe 3 : Le fait de la victime

Dans ce cas, c’est la victime elle-même qui a commis une faute à l’origine de son préjudice.

En général, la jurisprudence considère que la faute de la victime entraine une exonération partielle
de l’auteur du fait dommageable ( le partage étant laissé à la libre appréciation des juges).
Chapitre 2 : La responsabilité du fait des choses.

La responsabilité du fait des choses est la responsabilité qui est engagée lorsque le préjudice subi
par la victime a été causé au moyen d’une chose quelconque appartenant ou se trouvant sous la
garde d’une personne.
La responsabilité du fait des choses est conçue dans le D.O.C comme une responsabilité
exceptionnelle. Elle est régie par deux séries de règles juridiques :
-La première série vise le dommage causé par certaines choses particulières expressément
mentionnées par la loi, à savoir le dommage causé par les animaux et celui causé par la ruine des
bâtiments.
-La seconde série concerne la responsabilité générale des choses c'est-à-dire la responsabilité qui est
engagée lorsque le dommage est causé par une autre chose en dehors de celui causé par un animal
ou une ruine de bâtiment.

Section 1 : La responsabilité du fait d’un animal ou d’une ruine de bâtiment.

Cette responsabilité est de nature exceptionnelle. Elle est prévue par le DOC dans deux articles 86
et 89. Le premier article institue une responsabilité du fait d’un animal, le second une responsabilité
du fait d’une ruine de bâtiment.

Paragraphe 1 : La responsabilité du fait des animaux.

L’article 86 du D.O.C dispose dans son alinéa 1er « chacun doit répondre du dommage causé par
l’animal qu’il a sous sa garde, même si ce dernier s’est égaré ou échappé, s’il ne prouve :
-Qu’il a pris les précautions nécessaires pour l’empêcher de nuire ou pour le surveiller ;
-Ou que l’accident provient d’un cas fortuit ou de force majeure, ou de la faute de celui qui en a été
victime ».
Il doit s’agir d’un animal approprié se trouvant sous la garde d’une personne en sa qualité de
propriétaire ou d’utilisateur. Celui-ci, en cas d’accident, est présumé responsable du dommage causé
par l’animal. Il suffit que l’animal ait joué un rôle actif dans la production du dommage, un contact
matériel n’étant d’ailleurs pas requis. La responsabilité demeure même si l’animal s’est échappé ou
s’est égaré. Sont exclus les animaux sauvages sauf si les conditions de l’article n°87 du D.O.C sont
réunies.
Le propriétaire de l’animal ou son utilisateur ne peut s’exonérer de sa responsabilité présumée que
s’il réussit à prouver qu’il a correctement surveillé l’animal ou à démontrer que le dommage a été
généré par un cas fortuit ou de force majeure ou encore à prouver qu’il n’a aucune relation avec
l’animal mis en cause.

Paragraphe 2 : La responsabilité du fait de la ruine des bâtiments.

L’article 89 du D.O.C dispose « Le propriétaire d’un édifice ou autre construction est responsable du
dommage causé par son écroulement ou par sa ruine partielle, lorsque l’un ou l’autre est arrivé par
suite de vétusté, par défaut d’entretien, ou par le vice de la construction. La même règle s’applique au
cas de chute ou ruine partielle de ce qui fait partie d’un immeuble tel que les arbres, les machines
incorporées à l’édifice et autres accessoires réputés immeubles par destination. Cette responsabilité
pèse sur le propriétaire de la superficie, lorsque la propriété de celle-ci est séparée de celle du sol.
Lorsqu’un autre que le propriétaire est tenu de pourvoir à l’entretien de l’édifice, soit en vertu d’un
contrat, soit en vertu d’un usufruit ou autre droit réel, c’est cette personne qui est responsable.
Lorsqu’il y a litige sur la propriété, la responsabilité incombe au possesseur actuel de l’héritage »
Conformément à cet article, pour que la responsabilité du propriétaire soit engagée, le demandeur
doit prouver que :
-Le dommage a été causé par l’écoulement ou la ruine. Si le dommage est causé par autre chose que
la ruine, il serait fait application de la responsabilité du fait des choses. C’est le cas par exemple
lorsqu’un pot de fleurs s’est détaché et blessé un passager.
-L’écoulement ou la ruine a été causé par vétusté, par défaut d’entretien ou par vice de construction.
Le propriétaire ou le gardien de l’immeuble, ayant été à l’origine du dommage, ne peut s’exonérer
de la responsabilité que par la preuve de la force majeure ou de la faute de la victime.

Section 2 : La responsabilité générale du fait des choses.

Dans la responsabilité du fait des choses, une chose va intervenir dans la production d’un
dommage. En principe, toute chose peut permettre l’application de cette responsabilité à condition
d’appartenir à quelqu’un et d’avoir joué un rôle actif dans la production du dommage. Il n’est pas
nécessaire que la chose ait un vice interne ni qu’elle soit dangereuse. Le rôle actif est l’état anormale
de la chose .Si la chose était dans un état normal, il ne pourrait pas y avoir lieu à l’application de la
responsabilité du fait des choses. Ainsi, une personne qui en marchant dans une rue ne voit pas un
poteau d’électricité, le heurte et se blesse, ne peut demander réparation sur cette base étant donné
que la chose était dans un état normal. En revanche, si le poteau est placé de façon dangereuse ou
couché sur le sol, il est alors dans un état anormal, ce qui ouvre la voie à une réparation du dommage
subi par la victime.
Aujourd’hui, sous la pression du développement industriel et du machinisme, la jurisprudence
connait une importante évolution dans l’interprétation du texte ayant institué la responsabilité du
fait des choses. Le domaine de cette responsabilité tend à s’élargir car nombre d’accidents se
produisent quotidiennement, génèrent une diversité de dommages et posent le problème de leur
réparation. Cette réparation ne peut être admise qu’après la réunion d’un certain nombre de
conditions relatives à la chose et à son rôle dans la production du dommage déclaré.

A- Les conditions relatives à la chose

En principe, toute chose peut, en vertu des dispositions de l’article 88 du D.O.C ,donner lieu à
l’application de la responsabilité du fait des choses, qu’elle soit meuble ou immeuble, actionnée de la
main de l’homme ou non, en mouvement ou non, qu’elle soit entrée en contact ou non avec la
victime .A l’inverse, certaines choses sont exclues telles que les choses sans maitre c'est-à-dire celles
qui sont insusceptibles d’appropriation comme l’air , l’eau...
La réparation d’un dommage subi du fait d’une chose exige que cette chose ait été sous la garde de
son propriétaire ou de son utilisateur et qu’elle ait joué un rôle actif dans la production de ce
dommage.

a- La garde de la chose.

L’article 88 du D.O.C dispose que l’on doit répondre du dommage causé par la chose que l’on a sous
sa garde mais ne donne aucune définition à la notion de garde. Seules la doctrine et la jurisprudence
se sont emparées de la mission de combler une telle lacune. Trois conceptions se proposent ainsi de
préciser les contours de cette notion relative à la garde de la chose.
-Selon la première conception, la garde est une notion juridique qui conditionne l’attribution de la
qualité du gardien de la chose à celui qui a le droit de l’utiliser. Ce droit d’usage peut être l’apanage
du propriétaire de la chose, de son locataire ou de son emprunteur. Néanmoins l’adoption de cette
conception a une limite d’ordre pratique du moment que le propriétaire resterait responsable
lorsque sa chose est manipulée illégalement par une autre personne (un voleur par exemple).
-Selon la seconde conception, la détermination de la garde de la chose, ayant été à l’origine du
dommage subi, doit se faire par référence à la théorie de la garde matérielle de cette chose. Serait
alors gardien, celui qui a la chose en main abstraction faite de sa qualité : propriétaire, locataire,
emprunteur, voleur. Même un salarié utilisant, pour les besoins de son service, une chose
appartenant à son employeur serait traité en tant que gardien de cette chose. Cela implique que
cette conception a des limites et qu’en pratique, elle ne peut pas servir de base à un procès
équitable.
-S’agissant de la 3ème conception, il s’agit d’une solution jurisprudentielle préconisant une solution
intermédiaire. Serait alors gardien celui qui a l’usage, la direction et le contrôle de la chose. Il est
donc logique que son propriétaire soit présumé gardien mais il peut apporter la preuve du transfert
de la garde au terme d’une opération de location, de prêt, de donation ou même d’un vol.
Quant à la manipulation par un salarié dans le cadre de sa mission d’une chose appartenant à son
employeur, la jurisprudence a tranché le problème et soutenu que la qualité de gardien est
incompatible avec celle de préposé (salarié) ; les tribunaux considèrent que la position de
subordination empêche celui-ci d’avoir la direction de la chose et qu’à ce titre il ne peut pas être
traité en tant que gardien de cette chose.
La garde de la chose est une notion mouvante et évolutive qui doit s’apprécier en fonction de la
situation dans laquelle il y a eu survenance d’un dommage réparable. La garde peut alors avoir
plusieurs caractères.

b- Les caractères de la garde.

En principe, la garde est alternative et indivisible. Elle est dite alternative en ce sens que la chose
ne doit avoir qu’un seul gardien, et elle est dite indivisible en ce sens que le gardien doit en principe
avoir la garde de la totalité de la chose. Néanmoins, la pratique nous enseigne qu’il existe des cas
exceptionnels de garde auxquels la jurisprudence réserve des traitements assez spécifiques. Ainsi.
- Lorsque la garde appartient à plusieurs personnes (cas de copropriété, d’indivision, d’un sport
collectif…), il y’aura une « garde commune » qui entraine une responsabilité solidaire de toutes ces
personnes. Si le dommage est subi par un co-gardien, celui-ci ne peut se retourner contre les autres
sur le terrain de la responsabilité du fait des choses. Ainsi si à l’occasion d’un match de football, un
joueur est blessé par le ballon envoyé par un autre, celui qui est blessé ne peut demander réparation
sur la base de la responsabilité civile du fait des choses étant donné que le ballon (une chose) fait
l’objet « d’une garde collective ».
- Dans certaines situations exceptionnelles, la jurisprudence adopte la théorie des deux gardes c'est-
à-dire qu’elle admet que la garde soit scindée en deux. D’un côté la garde de la structure et de
l’autre la garde du comportement de la chose. Ainsi, dans le cas du transport des bouteilles de gaz ,
la jurisprudence distingue une garde de comportement des bouteilles transportées mise à la charge
du transporteur et une garde de la structure mise à la charge de leur fabricant .Dans l’hypothèse
d’une explosion , imputable à un vice de fabrication, le fabricant serait déclaré responsable. Cette
théorie permet plus d’équité mais la jurisprudence la réserve exclusivement aux choses dotées d’un
« dynamisme » propre susceptible de se manifester dangereusement en dehors de toute utilisation.
Quoi qu’il en soit, pour faire endosser une obligation de réparation d’un préjudice à une personne
du fait d’une chose lui appartenant en tant que propriétaire, locataire ou emprunteur, le demandeur
doit prouver que le défendeur avait la qualité de gardien de la chose au moment de la survenance de
l’acte dommageable et que cette chose a joué un rôle actif dans la production du dommage à
réparer.

c- Le fait de la chose (le rôle actif de la chose dans la production du dommage).

La notion du fait de la chose doit être appréciée à travers deux éléments en interaction. Un
élément matériel qui indique que la chose doit avoir matériellement joué un rôle dans la production
du dommage et un élément juridique qui permet de démontrer que la survenance du dommage est
imputable à une défectuosité quelconque affectant la structure ou le comportement de la chose.
Pour qu’il y ait responsabilité, la loi exige que le dommage ait été causé par le fait d’une chose
dont le gardien a été identifié. Cela signifie que cette chose doit avoir été le véritable instrument du
dommage ; elle doit avoir joué un rôle actif dans la réalisation du préjudice déclaré par la victime. A
ce sujet, l’article n°88 du D.O.C dispose « il faut que la chose soit la cause directe du dommage ». Il
n’est pas nécessaire qu’il y ait un contact matériel entre la chose et la victime. C’est le cas par
exemple de l’automobiliste qui a effrayé le cycliste et l’ a obligé de quitter la route pour aller tomber
dans un fossé sans l’avoir heurté. Il n’est pas non plus nécessaire que la chose soit en mouvement
comme c’est le cas de l’automobiliste qui a heurté un camion en position de stationnement interdit.
Il suffit alors que la chose soit dans une situation anormale. Cela implique qu’il n’y aura pas de
responsabilité du fait d’une chose lorsque celle-ci occupe sa place normale, lorsqu’elle fonctionne
normalement et que la preuve de sa passivité est facilement productible. De ce fait, la victime
prétendant à la réparation du dommage doit prouver le rôle actif de la chose dénoncée et partant la
responsabilité de son gardien.
Néanmoins, la jurisprudence dominante présume le fait actif de la chose lorsqu’il y a un contact
matériel entre la chose et la victime ou lorsque la chose était en mouvement lors de la survenance du
dommage. Cette présomption met à la charge du défendeur la production d’une preuve contraire
indiquant de manière irréfutable que la chose n’a généré pour la victime aucun préjudice c'est-à-dire
qu’au moment de la survenance du dommage, sa chose était dans un emplacement normal
respectant les conditions de sécurité et d’hygiène prévues par la loi.
Aujourd’hui la tendance des tribunaux est de permettre une meilleure indemnisation des victimes.
Ils tendent ainsi à faciliter la mise en œuvre de la responsabilité et empêcher celui qui est désigné
comme responsable de s’exonérer trop facilement. C’est ainsi que l’on est passé doucement de la
notion de faute, comme fondement de la responsabilité, à la notion de risque. Aucune exonération
de la responsabilité n’est alors possible en dehors des cas prévus par la loi.

B- L’exonération du gardien de la responsabilité du fait d’une chose.

En pratique, on tend au renversement de la charge de la preuve ; la victime n’a plus à prouver la


faute de l’auteur du dommage car on présume son existence et le responsable devra alors, pour
s’exonérer, prouver qu’il n’a pas commis de faute. Parfois même c’est la responsabilité elle-même
qui en est présumée et le responsable ne peut non seulement s’exonérer en prouvant qu’il n’a pas
commis de faute mais il ne peut que démontrer l’existence d’un événement de force majeure. On
parle alors de responsabilité objective.
Quoi qu’il en soit, celui qui est déclaré responsable du fait d’une chose lui appartenant en vertu d’un
contrat d’achat, de location ou d’emprunt ne peut s’exonérer de sa responsabilité qu’en produisant
une preuve valable de son innocence .Il peut extraire les raisons de son exonération soit à partir des
dispositions de l’article 88 du D.O.C soit en dehors de celui-ci.

a- L’exonération prévue par l’article 88 du D.O.C.

Pour prétendre à l’exonération de la responsabilité du fait de la chose dont il a la garde, le gardien


doit prouver :
-Qu’il a fait tout ce qui était nécessaire pour empêcher la survenance du dommage,
-et que ce dommage a été le résultat d’un cas fortuit, d’une force majeure ou enfin d’ imprudence
imputable à la victime elle-même (faute de la victime)
L’étendu de l’exonération est tributaire de la nature de la cause de celle-ci .La force majeure conduit
à une exonération totale et la faute de la victime conduit à une exonération partielle.

b- L’exonération sollicitée en dehors de l’article 88 du D.O.C.

Pour s’exonérer de la responsabilité qui lui est imputable, le gardien de la chose mis en cause peut
prouver le fait passif de celle –ci. Il doit démontrer que la survenance du dommage est due à une
cause qui lui est étrangère. Il peut par exemple prouver qu’au moment de la réalisation du
dommage, il n’avait pas la garde de la chose ou que celle-ci ne lui appartenait plus ou encore qu’elle
était dans une situation normale (cas d’une chose immobilisée) ou qu’elle avait un comportement
parfaitement régulier (cas d’une chose en mouvement).

Le domaine de la responsabilité du fait des choses est loin d’être clos. Le législateur ne cesse de
créer des régimes spéciaux fondés sur la notion de risque et non pas de faute, ce qui explique le sort
peu favorable réservé au responsable devant assumer une obligation de réparation d’un dommage
causé à autrui. C’est le cas notamment de la responsabilité du conducteur d’un véhicule terrestre à
moteur permettant une meilleure indemnisation des victimes d’accidents de la circulation, et de la
responsabilité du fabricant du fait des produits défectueux qui permet l’indemnisation des victimes
par le fabriquant lorsqu’il est établi que leur dommage est causé par un défaut du ou des produits
qu’il a conçus.

Chapitre 3 : La responsabilité du fait d’autrui.

Il s’agit d’un régime particulier de responsabilité civile délictuelle qui trouve son fondement dans
l’article 85 du D.O.C. Celui-ci dispose dans son alinéa 1er : « On est responsable non seulement du
dommage que l’on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des
personnes dont on doit répondre ».
Dans le régime du fait d’autrui, par opposition à celui du fait personnel, l’action en responsabilité va
être dirigée contre une personne qui n’est pas l’auteur réel du dommage, mais qui va supporter sa
réparation à cause du fait dommageable d’une autre personne. Cette situation particulière est
prévue par l’article 85 ainsi que par l’article 85 bis du D.O.C. Elle concerne les quatre cas essentiels
suivants :
- Le père et la mère après le décès du mari, sont responsables du dommage causé par leurs
enfants mineurs habitant avec eux ;
- Les maitres et les commettants, du dommage causé par leurs domestiques et préposés dans
les fonctions auxquelles ils les ont employés ;
- Les artisans, du dommage causé par leurs apprentis pendant le temps qu’ils sont sous leur
surveillance.
- Les membres de l’enseignement public et les fonctionnaires du service de la jeunesse, du
dommage causé par les enfants ou jeunes gens qui leur sont confiés à raison de leurs
fonctions.
La loi a prévu dans chaque cas les personnes tenues de l’obligation de garde et a défini les conditions
de mise en œuvre de cette responsabilité.
On constate à l’analyse, que les gardiens ne sont pas traités sur un pied d’égalité, et que le législateur
fait preuve à l’égard du gardien, selon les cas, d’une sévérité plus ou moins grande.
On va traiter les différents cas de la responsabilité du fait d’autrui selon l’intensité du régime
juridique.
Vient en premier lieu la responsabilité des instituteurs et des fonctionnaires du service de la jeunesse
et des sports, ensuite celle des parents et des artisans (dont le régime juridique est similaire), et enfin
celle des commettants du fait de leurs préposés.

Section 1 : La responsabilité des instituteurs et des fonctionnaires du service de la jeunesse et des


sports :

Ca cas de responsabilité est prévu par l’article 85 bis du DOC.


On entend par instituteur toute personne chargée de l’encadrement éducatif ou récréatif de l’élève :
enseignants du primaire et du secondaire. Par contre, les enseignants supérieurs en sont exclus car
ils n’ont pas à assurer des taches de surveillance.
La responsabilité des instituteurs s’explique par le fait qu’en remettant l’enfant à l’instituteur, les
parents lui transmettent par la même l’autorité parentale.
L’application de l’article 85 bis suppose que l’enfant cause un dommage pendant le temps qu’il est
sous la surveillance de son instituteur. Dès que l’élève quitte l’école ou le terrain de sport pour
rentrer chez lui, la responsabilité de l’instituteur ou du fonctionnaire de la jeunesse et des sports
disparait pour être supportée de nouveau par ses parents.
Quel est le régime juridique applicable ?
L’article 85 alinéa 2 dispose : « les fautes, imprudences ou négligences invoquées contre eux comme
ayant causé le fait dommageable, devront être prouvées conformément au droit commun par le
demandeur à l’instance ».
Cela veut dire que la victime doit prouver la faute de l’instituteur dans la surveillance des élèves qui
sont à sa charge.
Le défendeur pour s’exonérer, se réserve la faculté de prouver le contraire ; il peut prouver soit que
le préjudice a eu lieu par la faute de celui qui en a été victime soit qu’il est imputable à une force
majeure.
Dans ce cas, la responsabilité de l’Etat sera substituée à celle de ses agents. Autrement dit, la victime
pourra intenter son action directement contre l’Etat en sa qualité d’employeur. (art 85 bis alinéa 3).
L’Etat peut exercer une action récursoire contre les instituteurs et les fonctionnaires du service de la
jeunesse et des sports. Celle-ci est définie comme étant une action qui permet à celui qui a réparé le
dommage à la place de la personne qui l’a réellement causé, de se retourner contre celle-ci pour se
faire rembourser le montant de la réparation acquitté.

Section 2 : La responsabilité des parents du fait de leurs enfants mineurs

Cette responsabilité est régie par l’article 85 du DOC. Elle trouve sa justification dans le fait que les
parents sont censés exercer une autorité parentale, c'est-à-dire la garde, la surveillance et
l’éducation de leurs enfants.

C’est ainsi que le père de son vivant est responsable des faits causés par son enfant mineur. A son
décès, cette responsabilité se transmet à la mère.
Il faut, pour mettre en œuvre cette responsabilité, que l’enfant soit personnellement à l’origine d’un
fait dommageable, qu’il soit mineur non émancipé ( condition de minorité) et qu’il habite chez ses
parents ( condition de cohabitation).
Le terme habiter signifie se trouver habituellement chez l’un ou l’autre des parents. Si donc l’enfant
est confié à un tiers, la responsabilité est transférée à celui-ci.
La rupture de la cohabitation peut faire obstacle à l’application de la responsabilité des parents à
condition qu’elle soit légitime (divorce par exemple).Cela implique que lorsque cette rupture est de
nature passagère ou de courte durée, elle est réputée comme si elle n’a jamais eu lieu. Dans une telle
hypothèse, les parents continuent à être liés par le comportement de leurs enfants mineurs. A ce
propos, des solutions jurisprudentielles ont pu estimer que si l’enfant était confié à ses grands-
parents pendant une période de vacances, la responsabilité des parents jouait encore. Bien plus, ils
considèrent que le lien de cohabitation n’est pas rompu en cas de fugue de l’enfant, voyant là un
défaut dans l’éducation des enfants qui maintient la responsabilité des parents.

Quel est le régime juridique applicable ?


L’article 85 prévoit une présomption de faute. Les pères et mères ne peuvent être exonérés que s’ils
prouvent qu’ils ont exercé toute la surveillance nécessaire, en prouvant par exemple que la faute
incombe à la victime ou qu’ils n’ont pas pu empêcher le fait dommageable. On présume donc une
faute de surveillance à la charge des parents, mais cette présomption admet la preuve contraire.

Section 3 : La responsabilité des artisans du fait de leurs apprentis.

Cette responsabilité est supportée par l’artisan du fait de son apprenti. Sa mise en action suppose
l’existence de deux conditions cumulatives à savoir l’existence d’un lien ou d’une relation
d’apprentissage et la commission par l’apprenti de l’acte dommageable à l’occasion de cet
apprentissage. L’apprenti doit avoir commis un fait à l’origine du dommage et ce fait doit être
survenu pendant la relation d’apprentissage pour que l’artisan soit déclaré responsable. Ce régime
est fondé sur une faute présumée ce qui signifie que l’artisan peut s’exonérer en prouvant qu’il n’a
pas commis de faute, en plus des autres causes d’exonération telle la force majeure.
En l’absence d’une définition juridique de l’apprenti et par référence à la doctrine, celui-ci serait
toute personne mineure ou majeure qui accepte d’être au service d’un maitre artisan à charge pour
ce dernier de lui faire apprendre un métier artisanal.
Quant à la définition de l’artisan, elle est donnée par l’article 3 du dahir du 28 juin 1963 régissant
l’organisation des chambres de l’artisanat. L’attribution de la qualité d’artisan est conditionnée par la
réunion d’un certain nombre de conditions : l’artisan doit effectuer un travail manuel, être
indépendant et exercer son métier seul ou avec l’aide de sa famille ou de tiers dont le nombre ne
doit pas dépasser dix personnes, utiliser des machines dont la force motrice doit être inférieure à dix
chevaux vapeurs, assurer personnellement la production et la commercialisation de ses produits.

Section 4 : La responsabilité des commettants du fait de leurs préposés.

C’est la plus lourde des responsabilités du fait d’autrui dans son interprétation jurisprudentielle. Les
dispositions juridiques la régissant sont établies de manière à ce qu’il serait difficile pour le
commettant de s’exonérer de la responsabilité d’un fait dommageable commis par son préposé.
Toutefois, la mise en action de cette responsabilité exige la réunion simultanée de trois principales
conditions suivantes :
1- L’existence d’un lien de préposition ou de subordination liant le commettant à son
préposé .La jurisprudence définit le commettant de façon extensive en indiquant que c’est lui
qui fait appel, pour son compte et son profit personnel, à l’intervention d’une autre personne
et se réserve le droit de lui donner des ordres et des instructions sur la manière dont il doit
remplir les fonctions auxquelles elle est employée et qu’elle accomplit pour lui.
2- La commission par le préposé d’une faute préjudiciable c'est-à-dire que ce préposé doit avoir
commis une faute .Le commettant ne peut pas se décharger de sa responsabilité en faisant la
preuve qu’il n’a commis aucune faute ; il ne peut s’exonérer qu’en démontrant que le
dommage est dû à une cause étrangère au fait du préposé. En effet, s’il est établi que le
préposé a commis une faute préjudiciable, la victime a le droit d’engager une action en
réparation contre le commettant qui ne trouvera certainement aucune issue favorable à son
exonération. Le législateur semble soutenir la victime dans sa demande. Cette attitude
trouve son fondement dans la théorie des risques qui tend à imputer la responsabilité au
commettant étant donné que celui-ci exerce une activité risquée qui ne profite enfin de
compte qu’à lui en comparaison avec la rémunération souvent attribuée au préposé. En fait,
le résultat de l’activité ne sert que les intérêts du commettant et à ce titre il doit en assumer
ses risques, d’autant plus que la victime a intérêt à actionner le commettant en raison de sa
solvabilité. Le souci majeur du juge demeure l’encaissement par la victime du montant qui lui
est alloué au titre de la réparation.
3- La faute doit être commise par le préposé dans le cadre de ses fonctions c'est-à-dire que le
préposé doit avoir causé le dommage réparable durant l’exercice de la mission qui lui a été
confiée par son commettant. A ce sujet, on constate que la position de la jurisprudence
hésite entre deux conceptions.
- Une conception extensive du lien devant lier le préposé à ses fonctions selon laquelle il suffit
que la fonction ait fourni l’instrument du dommage pour que le commettant soit
responsable.
- Une conception plus restrictive selon laquelle la responsabilité du commettant s’explique
par son pouvoir sur le préposé lorsque celui-ci est en exercice des fonctions qui lui sont
confiées au moyen d’un contrat, sachant qu’il n’est pas nécessaire que ce contrat soit établi
par écrit. Le fait qu’un préposé cause un dommage en dehors de ses heures de travail ou en
abusant de la mission qui lui est confié par le commettant, implique l’absence de tout lien de
préposition ou de subordination le liant à ce dernier qui, de ce fait, ne doit encourir aucune
responsabilité. A ce propos, la jurisprudence soutient par exemple que le commettant n’est
plus responsable du dommage causé par le préposé qui utilise sans autorisation à des fins
personnelles, le véhicule à lui confié pour l’exercice de ses fonctions. Le commettant ne
s’exonère que si son préposé a agi hors de ses fonctions sans autorisation et à des fins
étrangères à ses attributions.

En résumé, il suffit que le préposé soit à l’origine du dommage, qu’il y ait un lien de subordination
(qui se traduit par l’autorité du commettant sur son préposé) et que le fait du préposé ait été commis
pendant ou à l’occasion des fonctions dont il a la charge. Implicitement, cette dernière conception,
assez extensible, pénalise le commettant et lui complique le sort, puisque l’emploi de l’expression «
à l’occasion des fonctions » ne suppose pas que l’acte ait eu forcément lieu pendant les fonctions : il
suffit que la fonction ait fourni l’occasion de causer un dommage. Une abondante jurisprudence, à
peu près fixée, décide que le commettant, pour s’exonérer, devra s’appuyer sur la réunion de trois
conditions cumulatives : il devra prouver que son préposé, au moment de la production du
dommage, agissait en dehors de ses fonctions, à des fins personnelles et sans autorisation.
La responsabilité du commettant du fait de son préposé est régie par un régime de responsabilité
présumée fondée sur le risque, ce qui implique que le commettant ne pourra s’exonérer que par la
démonstration d’un cas de force majeure.
En principe, le commettant, déclaré civilement responsable du dommage causé par son préposé,
peut se retourner contre ce dernier pour lui demander le remboursement du montant de la
réparation attribué à la victime. Néanmoins, en pratique, les employeurs ne se retournent pas contre
leurs préposés et n’exercent pas de recours contre eux notamment en présence d’un bureau syndical
actif ou d’une convention collective du travail excluant expressément de tels recours.

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