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MASTER II : DROIT DES AFFAIRES

MODULE : REDACTION DES ACTES JURIDIQUES

Exposé sous le thème

CLAUSE LIMITATIVE OU
EXONERATOIRE DE
RESPONSABILITE
Présenté par :

- ANDRIANARIVELO Faniriako Adolphe


- BOUZIA Hasnae
- GNAPO Zuihira Elie Colombe
- HASSAN Moussa Ali

Encadré par : Abid HAMDINI

ANNEE UNIVERSITAIRE : 2023-2024


SOMMAIRE

INTRODUCTION………………………………………………………………………………………………………02

PARTIE1. LE CADRE GENERAL DE LA RESPONSABILITE CONTRACTUELLE AU


MAROC ........................................................................................................................................................... 03
Chapitre 1 : Les conditions de la responsabilité contractuelle .................................... 03
Section 1 : conditions de forme………………………………………………………………………………..03
Section 2 : conditions de fond………………………………………………………………………………….03

Chapitre 2 : Le dénouement de la responsabilité contractuelle ............................. 03


Section 1 : La mise en demeure………………………………………………………………………………..04
Section 2 : La mesure de la réparation……………………………………………………………………...05

PARTIE II : LES CONDITIONS ET LIMITES ENCADRANT L’USAGE DES CLAUSES


LIMITATIVES ET EXONERATOIRES DE RESPONSABILITE ...................................................07
Chapitre 1 : Les conditions de validité de ces clauses ...................................................... 07
Section 1 : L’admission de la clause limitative de responsabilité…………………………………………...07
Section 2 : : L’admission de la clause exonératoire de responsabilité ……………………………………07

Chapitre 2. Les limites et les implications économiques et sociales de ces


clauses ................................................................................................................................................... 08
Section 1 : Les limites de ces clauses……………………………………………………………………………………08
Section 1 : Les implications socio-économiques de ces clauses……………………………………………..11

CONCLUSION…………………………………………………………………………………………………………...13
BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………………………………………………14

1
INTRODUCTION

Les contrats sont faits pour être exécutés, selon l'adage " pacta sunt servanda ". Mais s'ils ne sont
pas correctement exécutés, le créancier qui ne peut obtenir la prestation qui lui est due exigera
une compensation, c'est-à-dire des dommages et intérêts de son cocontractant, et c’est, à travers
le principe de la responsabilité contractuelle.

Néanmoins, ce principe qui est basé sur la liberté contractuelle ne connaît pourtant pas une
application absolue puisque dans certains cas le mauvais exécuteur du contrat peut être exonéré
ou que sa responsabilité peut être restreinte par le biais des clauses d’exonératoire ou limitative
des responsabilités.
En effet, puisque l'obligation elle-même ne trouve sa source que dans le contrat et la volonté des
parties, il est admis que celle-ci puissent prévoir et organiser les conséquences d'une inexécution.
Elles peuvent évaluer par avance le montant de la réparation en fixant forfaitairement des
dommages et intérêts, par une clause pénale. Elles peuvent ainsi modifier l'étendue de leurs
responsabilités, soit en écartant totalement la responsabilité du débiteur, par une clause de non
responsabilité, soit en la réduisant par l'effet d'une clause limitative de responsabilité.

Ce n'est qu'au 19e siècle que la pratique des clauses limitatives ou exonératoires de responsabilité
s'est réellement développée, en réponse à l'essor fulgurant de la responsabilité civile. Celui-ci
tient à plusieurs raisons.
Première a trait à l'industrialisation rapide de la société. Les accidents provoqués par des
machines ou de nouveaux moyens de transports laissent les victimes dans l'impossibilité
d'apporter la preuve d'une faute, et par conséquent, sans indemnisation.
Devant une telle injustice, la jurisprudence a fait évoluer l'interprétation des textes du Code civil
- ce fut le grand arrêt Teffaine de 1896, initiateur d'une longue série de décisions rendues en
faveur de la victime.
D’autres raisons comme l’augmentation de la réussite de procès en réparation et condamnation
en responsabilité popularise l’importance et l’efficacité de ces clauses contractuelles.

L'intérêt central de cette étude est de comprendre jusqu'où les parties sont libres d'aller pour
limiter leur responsabilité contractuelle.

De ce fait ; En quoi consiste une responsabilité contractuelle ?


Comment se manifestent les clauses limitatives ou exonératoires des responsabilités
contractuelles ? Quelles en sont ses limites et ses implications ?

Nous traiterons la problématique à travers le cadre général de la responsabilité contractuelle au


Maroc (Chap.1) et l’encadrement de l'usage des clauses limitatives et exonératoires de
responsabilité (Chap.2).

2
PARTIE1. LE CADRE GENERAL DE LA RESPONSABILITE
CONTRACTUELLE AU MAROC

Chapitre 1 : Les conditions de la responsabilité contractuelle

La mise en œuvre de la responsabilité contractuelle nécessite la réunion des conditions de forme


(section1) et des conditions de fond (section2).

Section1 : CONDITIONS DE FORME

Pour engager la responsabilité contractuelle d’un créancier, il faut prouver l’existence d’un
rapport contractuel. Cependant, l’existence d’un contrat ne suffit pas à elle seule pour actionner
la responsabilité contractuelle. Encore faut-il que l’on soit devant un contrat conclu et efficace.

A. L’existante d’un contrat conclu


La responsabilité contractuelle prend son point de départ dès la conclusion du contrat. Dans la
mesure où on ne peut parler d’une défaillance dans l’exécution d’un contrat qui n’a pas encore été
conclu.
Dès lors, la rupture de pourparlers intervenant avant la conclusion du contrat ne peut être
sanctionnée sur le terrain de responsabilité contractuelle.
Elle ne peut l’être que sur le plan extracontractuel. Par contre, cette rupture peut donner lieu à
des dommages et intérêts contractuels, si elle intervient en présence d’un contrat préparatoire
d’un contrat définitif (contrat de pourparlers ou avant-contrat).

B. L’efficacité du contrat
La défaillance contractuelle n’engage la responsabilité du fautif que lorsque le contrat est conclu
et qu’il est en mesure de produire ses effets de façon efficace. Une telle efficacité fait défaut
lorsqu’on se trouve devant un contrat nul ou résolu.

Section 2 : LES CONDITIONS DE FOND

L’existante d’un droit à réparation dépend de trois éléments cumulatifs : une faute
contractuelle, un préjudice et un lien de causalité.

• Une faute contractuelle : de façon générale, le manquement contractuel réside dans


l’inexécution d’une obligation découlant du contrat. Il peut être soit une inexécution pure
et simple de l’obligation, soit un retard dans son exécution1. Dans les deux cas de figure,
le débiteur de l’obligation sera condamné du seul fait de l’inexécution. Toutefois, pour que
le débiteur soit responsable, il est nécessaire que l’inexécution soit imputable à son
activité et non à une cause étrangère.

• Le préjudice contractuel : comme dans la responsabilité extracontractuelle, le dommage


contractuel doit présenter trois caractères généraux :

1DOC, Art 263.

3
➢ Certain : par caractère certain on entend l’obligation d’existence d’un dommage.
L’exigence de certitude résulte de l’article264 du DOC, qui vise la perte effective
et le gain dont le créancier est privé. Les suites de l’inexécution doivent être
avérées et non pas éventuelles.
➢ Le caractère direct : l’article 264 du DOC vise la suite à la fois directe et immédiate
de l’inexécution. Ce qui exclut le préjudice indirect dont il n’est pas certain qu’il
découle de l’inexécution, car il pourrait résulter d’une cause étrangère. Toutefois,
il est difficile de tracer la frontière du direct et de l’indirect.
➢ Le caractère personnel : l’article 264 du DOC parle du dommage « le créancier a
éprouvé ». Dès lors, le préjudice doit être personnel au créancier de l’obligation
contractuelle, ce qui exclut les tiers au contrat.

• Le lien de causalité : la réparation en matière de responsabilité contractuelle ne doit


comprendre que le préjudice qui est une suite directe de l’inexécution de l’obligation. Dès
lors, un lien de causalité doit être prouvé pour exiger des dommages et intérêts. CAD la
victime doit prouver un lien de causalité entre le fait générateur et le dommage.

Chapitre 2 : Le dénouement de la responsabilité contractuelle

La mise en cause de la responsabilité contractuelle du débiteur implique la répartition du


préjudice dont la mesure s’impose (II). Cette action en répartition est subordonnée à une mise en
demeure(I).

Section1 : LA MISE EN DEMEURE

La mise en demeure est l’acte par lequel un créancier demande à son débiteur d’exécuter son
obligation. Il s’agit d’un acte unilatéral comminatoire dont l’objet est d’inciter le débiteur à
exécuter ses obligations.
Sur le plan juridique, la mise en demeure est un acte nécessaire au créancier pour actionner la
responsabilité contractuelle de son débiteur. Toutefois, il existe plusieurs exceptions d’ordre légal
ou conventionnel.

1. Les exceptions légales


Ces exceptions comprennent les cas suivants :
-Lorsque l’obligation et de ne pas faire, le débiteur doit des dommages et intérêts par le seul fait
de la contravention sans qu’une mise en demeure soit nécessaire2.
-Lorsque le débiteur déclare à son créancier qu’il refuse d’exécuter son obligation.3
-Lorsque l’exécution est devenue impossible.4

2. Les exceptions conventionnelles

2 DOC, ART. 262 al.1er


3 DOC, ART. 256 al.1er
4 DOC, ART. 256 al.2er

4
Le débiteur peut être délie de l’obligation de mise en demeure par une exemption contractuelle.
Il suffit pour cela que le contrat stipule un terme bien établi pour l’exécution de l’obligation
contractuelle. Le débiteur sera constitué en demeure par la seule échéance de ce terme.5

La forme de la mise en demeure


Une mise en demeure doit être portée à la connaissance du destinataire, c’est à dire qu’elle
suppose interpellation –notification- du débiteur le sommant d’exécuter ses engagements. Le
second alinéa de l’article 255 du DOC ne se prononce pas sur une forme particulière que doit
revêtir cette interpellation, puisqu’il énonce qu’elle peut résulter « d’un télégramme, d’une lettre
recommander, d’une citation en justice, même devant un juge incompétent «. Ce qui laisse une
liberté au créancier de choisir les modalités de notification de sa mise en demeure pourvue qu’elle
remplisse bien son office : faire connaitre la volonté de l’auteur de l’acte a son destinataire. Pour
autant, l’efficacité de la notification de la mise en demeure requiert un formalisme minimum,
puisqu’elle doit être formulée par écrit et exprimer :
• La requête adressée au débiteur d’exécuter son obligation dans le délai raisonnable.
• La déclaration que, passe ce délai, le créancier se considérera comme dégagé en ce qui le
concerne.
Le libre choix du mode d’interpellation souffre tout de même de quelques exceptions. Par
exemple, en matière de bail commercial, l’article 34 de la loi n° 49-16 énonce que les mises en
demeure, les avis et les autres procédures accomplis en vertu de cette loi, doivent être effectués
par un huissier de justice ou conformément aux procédures prévues par le code de procédure
civile.

Section 2 : LA MESURE DE LA REPARATION

Le juge joue un rôle déterminant dans l’allocation de la réparation, toutefois les parties ou contrat
peuvent par leurs conventions déterminer l’intensité des obligations qui pèsent sur elles.

1. Les modalités de la réparation


La victime de l’inexécution peut demander l’exécution forcée en nature (A) ou l’exécution par
équivalent (B).

a. La répartition en nature : L’exécution forcée


L’exécution forcée peut toujours être demandée et obtenue en cas d’inexécution :
➢ D’une obligation de payer une somme d’argent
➢ D’une obligation de donner un corps certain
Pour les obligations de faire et de ne pas faire, l’exécution forcée en nature ne sera en principe
possible. Seule la responsabilité contractuelle du débiteur peut être engagée, l’article 261 alinéa
1 s’applique : « Toute obligation de faire ou de ne pas faire se résout en dommages et intérêts en
cas d’exécution de la part du débiteur »

b. La répartition par équivalent : dommages intérêts


Il est admis que la réparation d’un préjudice implique un rétablissement de la personne dans la
situation qui était la sienne avant la survenance du dommage. Ce qui veut dire que la victime de
l’inexécution d’une obligation contractuelle doit recevoir une réparation intégrale qui trouve son

5 DOC, ART. 255 al.1er

5
expression la plus parfaite dans l’exécution en nature des engagements contractés. Or, les limites
opposées à cette forme de répartition en matière contractuelle font que celle-ci ne peut
s’effectuer que par équivalent, prenant en considération toute le préjudice et uniquement celui-
ci.
Cependant, s’il est vrai que l’action en dommages-intérêts ne pose pas de problème sur le plan
Légal, puisque son régime est calque sur les règles communes de la responsabilité contractuelle,
il ne faut pas pour autant se fier à cette simple apparente. Au fond, une action en réparation
soulève des difficultés pratiques liées en grande partie à l’évaluation du préjudice subi.

2. L’aménagement conventionnel de la réparation


Les parties au contrat peuvent, par leurs conventions, déterminer l’intensité des obligations qui
pèsent sur elles. Elles peuvent également alléger ou renforcer le régime de leur responsabilité à
travers des clauses. Ainsi, lors de la conclusion du contrat, les parties peuvent aménager les
conséquences de l’inexécution du contrat en insérant des clauses relatives aux conditions de la
responsabilité. Elles peuvent être : des clauses aggravantes ou restreignant le contenu des
obligations ; des clauses limitantes ou supprimant la responsabilité en cas inexécution ; ou encore
des clauses pénales qui fixent forfaitairement le montant des dommages et intérêts dus en cas
d’inexécution.
a- Les clauses exonératoires, aggravantes ou limitatives de la responsabilité :
- Les clauses exonératoires de responsabilité : elles permettent à une partie d’exclure
complétement sa responsabilité contractuelle en prévoyant qu’elle ne devra aucun
dommage et intérêt en cas d’inexécution.
- Les clauses limitatives de responsabilité : elles fixent le montant maximum des dommages
et intérêts qui pourront être versé. Le maximum peut être révisé par le juge s’il est
manifestement dérisoire.
- Les clauses aggravantes de responsabilité : sont celles par lesquelles le débiteur déclare
qu’il répondra de l’inexécution, même si un cas de force majeure en est la véritable cause.
Son obligation devient une obligation de garantie.

b- Les clauses pénales :


La clause pénale est définie comme une stipulation « comminatoire en vertu de laquelle un
contractant s’engage en cas d’inexécution de son obligation principale ou en cas de retard dans
l’exécution à verser à l’autre à titre de dommages-intérêts une somme forfaitaire. – en général
très supérieure au montant du préjudice réel subi par le créancier, (appelée peine stipulée) cette
dernière qui en principe ne peut être ni modérée ni augmentée par le juge, sauf si elle est
manifestement excessive ou dérisoire.

6
PARTIE II : LES CONDITIONS ET LIMITES ENCADRANT L’USAGE DES
CLAUSES LIMITATIVES ET EXONERATOIRES DE RESPONSABILITE

Chapitre 1 : Les conditions de validité de ces clauses

Section 1 : L’ADMISSION DE LA CLAUSE LIMITATIVE DE RESPONSABILITE

Il s’agit de l’une des clauses les plus répandues. En principe, les parties au contrat sont tenues
par leurs obligations contractuelles, dont le manquement engagerait la responsabilité du co-
contractant défaillant. La clause limitative de responsabilité apparaît ici comme un moyen offert
aux parties permettant de se déresponsabiliser de certaines obligations contractuelles, d’alléger
les sanctions en cas de non-respect des obligations. Qu’est-ce que la clause limitative de
responsabilité ?
La clause limitative de responsabilité se définit comme étant une clause qui permet de réduire
ou d’interdire les sanctions en cas d’inexécution des obligations contractuelles. La limitation de
la responsabilité contractuelle peut porter sur différents éléments. Ainsi cette clause peut limiter
le type de dommage qui sera indemnisé, le montant de l’indemnisation ou de la réparation, et
peut enfin prévoir de manière limitative les hypothèses dans lesquelles la responsabilité sera
engagée.6
Elle se fonde sur le principe de la liberté contractuelle. C’est-à-dire que les parties au contrat
consentent librement aux clauses à intégrer dans le contrat. Toutefois cette liberté n’est pas
absolue, elle reste soumise à certaines conditions.
Ainsi, pour être pleinement valable, elle doit écarter tout terme ambigu et doit être facile à
comprendre pour les parties. Utiliser des termes clairs et sans équivoque. De plus, elle ne doit pas
vider la responsabilité de sa substance, l’interdiction de fixer un plafond d’indemnisation
dérisoire.7 Ou encore de se soustraire à une obligation essentielle du contrat. En outre, elle est
inopposable en cas de faute lourde ou intentionnelle et doit être acceptée par les deux parties au
contrat. Elle ne doit pas entrainer un déséquilibre excessif au détriment de l’une des parties (Ex :
Contrat professionnel-consommateur), lorsque celle-ci n’a pas été en mesure de négocier
librement le contrat.8 Il est fait mention à l’art 18 de la loi 31-08 sur la protection du
consommateur, qu’une telle clause est considérée comme étant abusive. Notons que cette clause
ne concerne que la responsabilité contractuelle et la responsabilité délictuelle des parties.
Ainsi en est-il de la clause limitative de responsabilité. Qu’en est-il de la clause exonératoire de
responsabilité ?

Section 2 : L’ADMISSION DE LA CLAUSE EXONERATOIRE DE RESPONSABILITE

Encore appelée clause de non-responsabilité, la clause exonératoire de responsabilité permet


d’écarter complètement la responsabilité de la partie défaillante. Selon l’art 78 du DOC, « Chacun
est responsable du dommage moral ou matériel qu’il a causé non seulement par son fait, mais par
sa faute, lorsqu’il est établi que cette faute en est la cause directe. Toute stipulation contraire est

6 https://juristconseil.blogspot.com/2008/02/scuriser-la-rdaction-de-vos-contrats.html
7 https://www.marche-public.fr/Marches-publics/Definitions/Entrees/Clause-limitative-
responsabilite.htm
8 ibid

7
sans effet… ». Si en matière de responsabilité délictuelle cette clause est nulle et sans effet, ce n’est
aucunement le cas en matière contractuelle.
Toutefois tout comme la clause limitative de responsabilité, son admission obéit à certaines
conditions. Ce sont des conditions déjà énoncés à la section 1 relative à la clause limitative de
responsabilité, à savoir la clause ne peut porter sur une obligation déterminante ou essentielle
du contrat, elle ne peut porter sur une faute lourde, et celle relative à qualification de clause
abusive surtout dans les contrats professionnels-consommateurs. En plus, les dommages
corporels ne peuvent pas faire l’objet d’une clause de non responsabilité car l’intégrité de la
personne est d’ordre public.9
Il existe par contre des contrats qui excluent cette clause la considérant nulles. C’est l’exemple
pour ne citer que ceux-là : les contrats de consommation (voir art 18 de la loi 31-08), les contrats
d’hôtellerie (vol, dégradation d’objet), les contrats de transport terrestre, fluvial, aérien ou
maritime de marchandises (perte de marchandise), les contrats de transport maritime, etc.
Nonobstant, il existe une possibilité pour le transporteur de s’exonérer de ses obligations, c’est
par exemple le cas de la force majeure. Il s’agit d’un évènement imprévisible, irrésistible et
étranger à la volonté de l’auteur empêchant le débiteur d’exécuter ses obligations.
Dans la pratique, même si cette clause est valable, les tribunaux ont tendance à en limiter la
portée voire à les censurer.10 Si en remplissant les conditions la clause exonératoire de
responsabilité est admise, il n’en demeure pas moins qu’elle soit dangereuse pour l’équilibre
contractuel, et surtout pour l’autre partie victime de l’inexécution, accroissant ainsi le risque
contractuel.
Ainsi, qu’est-ce que le législateur a prévu afin d’encadrer de telles clauses ?

Chapitre 2. Les limites et les implications économiques et sociales de ces


clauses
Section 1. LES LIMITES
Il existe différentes limites au principe de validité des conventions limitatives et exonératoires
de responsabilité. Ces limites bouleversent le jeu de ces conventions, soit qu'elles en empêchent
la conclusion, soit qu'elles en paralysent les effets. Ces réserves touchent à la fois à la validité et à
l'efficacité de ces clauses. Ils peuvent avoir un trait au contenu contractuel et également à la
conduite de l’une des parties.
I. Les limites ayant trait au contenu contractuel

1. Equilibre contractuel

L’équilibre contractuel est fondamental dans le droit de contrat y compris dans le droit Marocain.
Cet équilibre vise à assurer une certaine justice et équité entre les parties contractantes. Au
Maroc, comme dans des nombreux systèmes juridiques, l’équilibre contractuel est souvent
considéré comme étant un élément essentiel pour garantir la validité et l’exécution équitable des
contrats.
Plusieurs systèmes juridiques connaissent des limites à la validité des clauses exigeant
d’examiner la place de la clause dans l’équilibre contractuel. La clause sera écartée si elle génère

9 https://mrlatalib.com/les-fondements-de-la-responsabilite-contractuelle-en-droit-marocain
10 https://juristconseil.blogspot.com/2008/02/scuriser-la-rdaction-de-vos-contrats.html

8
un déséquilibre du contrat d’où sa qualification de clause déraisonnable, clause abusive ou clause
déloyale.
Cette notion d’équilibre contractuel vise surtout à éviter les abus de pouvoir d’une partie sur
l’autre. Cela peut inclure des dispositions visant à protéger la partie économiquement plus faible
dans la négociation. Dans les contrats d’adhésion où les termes et les conditions sont largement
dictés par une partie, peuvent faire objet d’une attention particulière pour s’assurer qu’ils ne sont
pas excessivement défavorables à une partie.
Toutes ces milites d’appliquent dans les relations avec les consommateurs. La loi 31-08 relative
à la protection des consommateurs a mis l’accent sur l’interdiction d’insérer des clauses à
caractère abusif, au détriment du consommateur. Cette loi dans son ART 18 présente une liste
indicative et non-exhaustive des 17 clauses pouvant être qualifiées d’abusives. Telles que :
- Prévoir un engagement ferme du consommateur alors que l’exécution de l’engagement
du fournisseur est assujettie à une condition dont la réalisation dépend de sa seule
volonté.
- Obliger le consommateur à exécuter ses obligations alors même que le fournisseur
n’exécuterait pas la sienne.
- Autoriser le fournisseur à modifier unilatéralement les termes du contrat sans raison
valable et spécifiée dans le contrat et sans en informer le consommateur…

La solution à cet effet est donc la nullité de la clause. Conformément aux dispositions de l’art 19
de la loi 31-08 « sont nulles et de nul effet les clauses abusives contenues dans les contrats conclus
entre consommateurs et fournisseurs ». Le contrat restera donc valable dans toutes ses
dispositions s’il peut subsister sans la clause abusive précitée.

2. Atteinte à l’obligation essentielle du contrat

Une clause limitative ou exonératoire de responsabilité ne sera pas valable qi elle prive de sa
substance une obligation essentielle du contrat, qu’elle contredit la portée de l’engagement d’une
partie. Cette solution figure dans l’ART 1170 du code civil français : « toute clause qui prive de sa
substance l’obligation essentielle du débiteur est réputée non-écrite. »
La limite a pour objet d’assurer l’intangibilité de l’obligation qui constitue l’essence même du
contrat à savoir l’obligation de délivrance en matière de contrat de vente par exemple. Les parties
sont libres de restreindre la responsabilité mais à condition de ne pas affecter cette obligation
essentielle.
Autrement dit, la clause ne sera écartée que si elle vide de toute substance l’obligation essentielle
c’est-à-dire elle prive le créancier de toute contrepartie.
Exemple : pour un contrat conclu avec un transporteur proposant un service de livraison en moins
de 24h :la substance sera la durée de la livraison, l’obligation essentielle est la livraison. Si
finalement, le transporteur ne parvient pas à livrer la chose en moins de 24h et qu’une clause
limitant ou exonérant sa responsabilité a été prévue au contrat, celle-ci sera réputée non-écrite et
nul d’effet.

II. Limites ayant un trait au comportement du débiteur et les autres cas prévus par
des textes spéciaux

1. Faute lourde ou intentionnelle

9
Art 232 du DOC : « on ne peut stipuler d’avance qu’on ne sera pas tenu de sa faute lourde ou de
son dol. » Les clauses limitantes ou exonérantes la responsabilité ne sont pas valable si
l’inexécution du débiteur résulte d’une faute lourde ou dolosive.
En premier lieu, la faute lourde se caractérise par le fait qu’elle est une faute d’une exceptionnelle
gravité, négligence impardonnable révélant ainsi une incapacité ou inaptitude flagrante du
débiteur à l’accomplissement de ses obligations.
Bien que non-intentionnelle, lorsqu’une imprudence grossière est caractérisée, la mauvaise foi de
son auteur sera établie et ce dernier ne pourra pas bénéficier du jeu d’une éventuelle convention
limitative ou exclusive de responsabilité. Quand bien même, l’insertion de la clause limitative ou
exonératoire est autorisée dans le contrat, elle s’annule de plein droit si la partie l’ayant rédigé
commet une faute lourde.
En second lieu, la faute est dolosive lorsque le débiteur refuse délibérément d’exécuter son
obligation contractuelle même si ce refus n’est pas dicté par l’intention de nuire l’autre partie. Il
est indifférent qu’il ait voulu causer un préjudice à son cocontractant.
Il est admis que c’est sur la base de la bonne foi que doivent se mesurer les comportements des
parties. On ne peut pas admettre la validité de la clause lorsque le débiteur manque
volontairement à ses obligations. Conformément à l’article 232 du DOC : « tout engagement doit
être exécuté de bonne foi et oblige non seulement à ce qui y est exprimé mais encore à toutes les
suites que la loi, l’usage ou l’équité donnent à l’obligation d’après sa nature. »
La faute intentionnelle réside alors dans la faute dommageable qui révèle la mauvaise foi de son
auteur. Elle suppose que la partie ait eu conscience que son acte allait causer un dommage à autrui
et qu’il ait persisté intentionnellement à la commettre.
Tant en matière contractuelle qu’extracontractuelle, lorsque l’auteur agi de mauvaise foi, la
convention de responsabilité stipulée à son égard est nulle.

2. Les autres cas prévus par des textes de lois

En dehors des textes du droit commun, des nombreux textes spéciaux prohibent la stipulation de
clauses exonératoires ou limitatives de responsabilité :
En matière de contrat de travail, selon l’article 41 du code de travail, les parties ne peuvent
renoncer à l'avance au droit éventuel de demander des dommages-intérêts résultant de la
rupture du contrat qu'elle soit abusive ou non. Toutes clauses qui privent le droit de demander
des dommages en cas de préjudice résultant la rupture du contrat est donc réputées non-écrites
et nul d’effet.
Ainsi l’art 43 du DOC déclare nulles également les clauses par lesquelles les hôteliers, les
aubergistes logeurs en garni, propriétaires d’établissements de bains, cafés, restaurants,
spectacles publics, limitent le montant de la réparation à verser à leurs clients pour la perte,
détérioration ou vol d’objets appartenant à ces clients.
De même, l’art 772 du DOC ne permet pas au locataire d’ouvrage (entrepreneur) de limiter la
garantie pour les défauts de son œuvre. Ces clauses sont fréquentes dans la pratique mais ne sont
qu’en réalité des exceptions.

Des cas en droit français :


• En matière de contrat de bail d’habitation, l’article 4, m) de la loi n° 89-462 du 6 juillet
1989 tendant à améliorer les rapports locatifs prohibe toute clause « qui interdit au
locataire de rechercher la responsabilité du bailleur ou qui exonère le bailleur de toute
responsabilité »

10
• En matière de contrat de vente volontaire de meubles aux enchères publiques,
l’article 321-14 du Code de commerce prévoit que « les sociétés de ventes volontaires de
meubles aux enchères publiques sont responsables à l’égard du vendeur et de l’acheteur de
la représentation du prix et de la délivrance des biens dont elles ont effectué la vente. Toute
clause qui vise à écarter ou à limiter leur responsabilité est réputée non écrite. »

• En matière de contrat de transport de marchandises, l’article 133-1 du Code de


commerce énonce que « le voiturier est garant de la perte des objets à transporter, hors les
cas de la force majeure. […]. Toute clause contraire insérée dans toute lettre de voiture, tarif
ou autre pièce quelconque, est nulle. »

• En matière de contrat de transport maritime, l’article L. 5422-15 du Code des


transports dispose que « est nulle et de nul effet toute clause ayant directement ou
indirectement pour objet ou pour effet […] de soustraire le transporteur à la responsabilité
définie par les dispositions de l’article L. 5422-12 »

Section 2. LES IMPLICATIONS SOCIO-ECONOMIQUES DE CES CLAUSES

D’une part, En encadrant les conséquences d’un manquement contractuel, la clause limitative de
responsabilité présente des avantages pour le créancier et le débiteur.
- Pour le créancier, Même si elle plafonne l’indemnisation potentielle, la clause limitative
de responsabilité offre au créancier l’assurance d’obtenir réparation en cas de
manquement du débiteur, quand bien même celui-ci serait insolvable en l'absence de
clause. Elle évite ainsi les situations où le créancier ne pourrait obtenir aucune
indemnisation faute d’actif suffisant du débiteur défaillant.
- Pour le débiteur, ces clauses lui permettent de minorer les conséquences financières d’un
éventuel manquement contractuel de sa part. Le plafonnement du montant des
dommages-intérêts encourus offre une prévisibilité et limite le risque lié à l’engagement
contractuel.

D’autre part, les clauses limitatives ou exonératoires dans un contrat ont des implications
économiques et sociales importantes, tant pour les parties contractantes que pour la société dans
son ensemble. Ces clauses sont généralement utilisées pour limiter ou exclure la responsabilité
d'une partie en cas de non-respect ou de violation du contrat. Voici quelques-unes des
implications économiques et sociales de telles clauses :

➢ Répartition des risques :


Les clauses limitatives ou exonératoires permettent aux parties de définir la répartition des
risques entre elles. Cela peut encourager l'investissement et la participation à des transactions
risquées, car les parties peuvent convenir à l'avance des conséquences en cas d'échec. D’autre
part, Cela peut conduire à une répartition inégale des risques, avec une partie plus puissante ou
expérimentée imposant des conditions favorables à sa position.

➢ Incitation à la diligence :
Ces clauses peuvent inciter les parties à être plus diligentes dans l’exécution de leurs obligations
contractuelles, sachant qu’elles peuvent être exonérées de certaines responsabilités en cas de
problème. Cependant, cela peut également encourager un comportement laxiste, car une partie
pourrait se sentir moins obligée de respecter strictement ses engagements.

11
➢ Impact sur la confiance :

La confiance entre les parties peut être affectée si l’une d’entre elles cherche à se protéger
excessivement en incluant des clauses exonératoires. Cela peut influencer les relations
commerciales futures. Outre, si les contrats sont perçus comme injustes en raison de clauses
exonératoires, cela peut affecter également la confiance dans le système juridique et commercial
dans son ensemble.

➢ Responsabilité sociale des entreprises (RSE)

Economiquement, les entreprises sont de plus en plus évaluées sur leur responsabilité sociale.
L'utilisation excessive de clauses exonératoires peut être perçue comme contraire aux principes
de la RSE. La perception d'une entreprise en tant que membre responsable de la société peut être
altérée en fonction de la manière dont elle utilise ces clauses dans ses transactions.

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CONCLUSION

Les clauses limitatives ou exonératoires de responsabilité jouent un rôle primordial, voire


incontournable, tant dans les relations contractuelles que extracontractuelles.
C'est en effet ce que semble induire notre système juridique fondé sur la théorie de l'autonomie
des volontés.

Nous nous devons cependant de constater que de telles clauses peuvent avoir des conséquences
particulièrement importantes puisqu'elles peuvent modifier l'équilibre général du contrat d’une
manière considérable,
Parfois même des implications économiques et sociales.

Il est donc sine qua none d'en encadrer l'usage et les conditions de validité.

Si le législateur marocain semble ne s'être intéressé à cette question que dans le cadre de
certaines relations spécifiques en vue de protéger la partie faible, c'est la jurisprudence qui a
entendu assister à l’encadrement de cette matière de manière plus générale, en fournissant un
corpus de règles impératives s'imposant aux parties en vue de régir leurs relations.

Cependant, certes, la loi avec l’aide de la jurisprudence a largement encadré ces clauses, mais est-
ce vraiment suffisant ?

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BIBLIOGRAPHIES

-Dahir des obligations et des contrats


-Code du travail
-Loi 31-08 relatives à la protection des consommateurs
-Code civil français

WEBOGRAPHIE

- https://juristconseil.blogspot.com/2008/02/scuriser-la-rdaction-de-vos-contrats.html
- https://www.marche-public.fr/Marches-publics/Definitions/Entrees/Clause-limitative-
responsabilite.htm
- https://mrlatalib.com/les-fondements-de-la-responsabilite-contractuelle-en-droit-marocain
- https://juristconseil.blogspot.com/2008/02/scuriser-la-rdaction-de-vos-contrats.html

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