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S O M M A I R E
B I B L I O G R A P H I E
Les sources involontaires des obligations sont des évènements qui vont générer des obligations dans
que les parties n’aient manifesté de leur volonté de créer une telle obligation. Il y a deux sources
involontaires d’obligations :
les quasi-contrats
Ils sont représentés par le paiement indu, la gestion d’affaire et l’enrichissement injustifié. Ils sont
marqués par une volonté de rétablir un équilibre généré par un avantage reçu de manière illégitime.
Le paiement indu consiste pour une personne pour avoir payé ce qu’elle ne devait pas payer, donc il
y aura un transfert de valeur ou un avantage qui va être reçu par celui qui a reçu le paiement qui est
un avantage illégitime. Donc il y a un déséquilibre qui va être fondé sur l’avantage illégitimement
reçu. Donc l’objectif de rééquilibrage va être atteint par le mécanisme de quasi-contrat.
On est dans une situation ou l’une des parties va être tenue comme s’il était un contrat, et celui qui
a reçu va devoir restituer ce qu’il a reçu. Donc, on va rééquilibrer la situation en procédant une
restitution.
Les quasi-contrats sont une source importante des obligations, mais ils sont très largement derrière
la deuxième source involontaire d’obligations.
TITRE 2
LA RESPONSABILITÉ CIVILE EXTRACONTRACTUELLE : SOURCE
INVOLONTAIRE D’OBLIGATIONS
DÉFINITIONS ET DISTINCTIONS
Cette terminologie est désignée par « la responsabilité civile délictuelle », et parfois « quasi-
délictuelle ». Mais la désignation la plus exacte c'est la responsabilité civile extracontractuelle, parce
que :
La responsabilité « délictuelle » fait référence à la responsabilité qui résulte d’une faute
intentionnelle,
La responsabilité « quasi-délictuelle » fait habituellement référence à la responsabilité qui
découle d’une faute involontaire, la faute d’imprudence ou négligence.
On les trouve aujourd'hui aux articles A1240 et A1241 du CC qui sont numérotés en 2016 (le
contenu n’a pas changé, mais c'est le numéro qui a été modifié). Antérieurement à 2016, il s’agissait
des articles 1382 et 1383 du CC. A1240 fait référence à la responsabilité d’une faute intentionnelle,
et A1241 à la responsabilité d’une faute d’imprudence ou de négligence.
La responsabilité ne suppose plus aujourd'hui de faute, il y a encore des régimes de
responsabilité pour faute, mais aussi des régimes sans faute qui sont aujourd'hui très nombreux.
Donc en utilisant le terme « délictuelle » ou « quasi-délictuelle », on renvoie vers le mécanisme de
responsabilité pour faute.
Donc, ce n’est qu’une désignation partielle d'un mécanisme qui est toujours plus général et qui
désigne ce mécanisme qui va naitre une obligation de réparation à la charge de celui qui va
injustement causer un dommage, que ce dommage soit le résultat d’une faute ou sous certaines
conditions, qu’il soit le résultat d’une situation dans laquelle aucune faute ne peut être reprochée à
l’auteur du dommage. C'est la raison pour laquelle, il est plus pertinent de parler de la responsabilité
civile extracontractuelle, puisqu’on va s’intéresser aux dommages qui sont causés en dehors de
l’inexécution du contrat.
La responsabilité civile extracontractuelle va se définir comme l’obligation ou comme une
source d’obligation de réparer un dommage autre que celui subi par une des parties a un contrat du
fait de l’inexécution de ce contrat.
C'est le mécanisme créateur de l’obligation de réparer un dommage autre que celui subi par une
des parties a un contrat du fait de l’inexécution de ce contrat.
Ce sont des ensembles disjoints, deux paquets qui ne se regroupent pas. Des différences entre elles :
La mise en demeure
En matière contractuelle, pour mettre en jeu la responsabilité contractuelle de contractant
défaillant, il faut une mise en demeure, le contractant est défaillant. Les dommages-intérêts
sont pour le retard dans l’exécution, c'est la mise en demeure qui constitue l’évènement qui
fait courir l’exigibilité de l’obligation d’indemnisation.
En matière extracontractuelle, il n’y a aucune exigence de mise en demeure.
Le dommage réparable
En matière contractuelle, le dommage réparable se limite au dommage prévisible. Seul le
dommage prévisible doit être réparé.
En matière extracontractuelle, aucune limite de cette sorte n’existe. Le principe est celui de
la réparation intégrale, tout le dommage doit être réparé.
Les clauses limitatives exclusives de responsabilité
En matière contractuelle, elles sont valables.
En matière extracontractuelle, elles sont nulles lorsqu’elles portent sur la responsabilité
extracontractuelle.
La faute
C'est le premier fondement classique de la responsabilité civile extracontractuelle, qui explique que
la personne soit dans l’obligation de réparer un dommage qu’elle a causé c'est parce qu’elle a
adopté un comportement fautif à l’origine du dommage.
La conséquence de cette approche de la responsabilité civile, est que le dommage sera
nécessairement une condition de la responsabilité civile. Cela signifie que les dommages causés sans
faute, il n’y a pas de responsabilité. Classiquement, seul un comportement fautif à l’origine d'un
dommage est susceptible d’engager la responsabilité de son auteur.
Dans cette approche de responsabilité, on laisse les victimes de dommage qu’ils ne trouvent pas
l’origine dont la faute d'un tiers sans réparation. S’il n’y a pas de responsable, il n’y a pas de
d’obligation de réparation. S’il n’y a pas d’obligation de réparation, c'est la victime qui prend à sa
charge les conséquences de ce dommage.
Pendant un temps, jusqu’à la fin du 19e siècle, cette approche a été considérée comme satisfaisante.
Jusqu’à la fin du 19e siècle, c'est la faute qui constitue le fondement traditionnel de la responsabilité
civile extracontractuelle. Le droit français se satisfait dans un système de responsabilité civile
extracontractuelle fondée sur la faute à la marge de quelques cas exceptionnels de responsabilité
sans faute.
Fin du 19e siècle, on va entrer dans une période ou la révolution industrielle va produire des effets et
en part une multiplication des sources de dommage et un accroissement extrêmement fort ou de la
gravité (aggravation) de ces dommages en raison de la mécanisation (utiliser de manière plus
fréquente des machines, développement de la circulation automobile, accroissement de la
population, développement des activités). Les causes de dommage se multiplient, et la gravité de ces
dommages augmente. Et progressivement le fait de laisser sans indemnisation un certain nombre de
victimes parce que dans l’incapacité de démontrer qu’une faute est à l’origine du préjudice est
apparu inadapté pour ne pas dire intolérant.
Par conséquent, à la fin du 19e siècle, un nouveau fondement de la responsabilité civile va émerger,
c'est le risque.
Le risque
C'est un fondement classique qui a venu atténuer les conséquences du fondement traditionnel de la
faute (les conséquences qui sont les situations injustes ou intolérables de laisser les victimes de
dommage sans faute). Se sont développé des hypothèses de responsabilité sans faute à partir de
cette époque sur la base d'un fond concurrent de la faute qui est le risque.
Si l’auteur de dommage doit en assumer la charge ce n’est pas parce qu’il a mal comporté, mais
parce qu’il a, à travers de son activité, généré un risque pour autrui.
Ce courant de pensée a trouvé un écho d’abord en jurisprudence, la Cdc va élargir progressivement
les hypothèses de la responsabilité sans faute.
Le juge a été sensible à ce renouvellement de fondement en élargissant les hypothèses de
responsabilité sans faute. Mais il n’était pas le seul sensible à ce renouvellement de fondement,
puisque le législateur a lui aussi pu être à l’origine de régimes spéciaux de responsabilité
déconnectée de toute idée de faute.
Les accidents de travail, les accidents de la circulation sont des systèmes de responsabilité qui sont
totalement déconnecté de l’idée de faute.
Au 20e siècle, on arrive avec un bagage qui consiste dont la coexistence de la faute et du risque en
tant que fondements de la responsabilité civile.
Sur cette base, un certain nombre d’analyses plus modernes dites renouvelés de la responsabilité
civile ont été élaborés. Ces questions de fondements permettent de comprendre pourquoi le droit
de la responsabilité civile a évolué, en quel sens le droit de la responsabilité a évolué, en quelle
direction le droit de responsabilité pourrait encore évoluer, mais ne constituent pas des arguments
définitifs pour déterminer si une personne est responsable ou pas. On est sur les fondements, à
l’origine, à la source de la responsabilité, pas aux conditions de la responsabilité.
À partir de 20e siècle, certains auteurs qui vont développer des théories qui pour les unes tombent à
orienter la responsabilité civile dans la direction souhaitée et qui ne sont pas toujours conforme à
l’état de droit positif, et parfois des théories qui ont vocation à expliquer l’état du droit positif de la
responsabilité, on a trois théories :
La théorie de précaution
C'est une théorie qui est très liée aux questions de droit de l’environnement. L’idée ici est de faire
jouer à la responsabilité civile en reprochant l’absence d’adoption de mesure effective et appropriée
visant à prévenir un risque de dommage grave et irréversible.
Le fondement de la précaution devait permettre avant même la réalisation de dommage d’imposer
l’adoption d’un comportement déterminé. Cela a conduit à utiliser la responsabilité non pas pour
réparer mais pour prévenir la réalisation d'un dommage.
Certainement, le principe de précaution trouve un certain nombre de traductions ou de
manifestations en droit positif.
On ne peut pas dire aujourd'hui que la responsabilité civile est était orientée de le sens de cette
nouvelle fonction. Il y a sans doute une distance trop importante entre la fonction traditionnelle de
la responsabilité – l’indemnisation, et la fonction nouvelle que certains ont cherché à lui faire jouer –
la prévention. Aujourd'hui, dans la plupart des hypothèses on cherche à faire valoir cette nécessaire
précaution ce n’est pas la responsabilité civile qui est mobilisée.
La théorie de la garantie
Cette théorie de garantie repose sur un renversement de perspective.
Dans les approches traditionnelles (faute et risque), on est toujours du côté du responsable. Si
l’auteur de dommage est responsable c'est parce qu’il est fautif, s’il est responsable, c'est parce qu’il
a généré un risque.
Dans cette théorie, on va modifier l’appréhension des choses, au lieu de se placer du côté du
responsable, on va se placer du côté de la victime. Donc l’idée ici est s’il y a une victime ou une
atteinte à une personne, il convient de l’indemniser.
Dans cette approche, il y a une forme de neutralisation du fait générateur qui va se localiser sur le
préjudice.
La théorie de l’autorité
Cette théorie a été développée à la fin du 20e siècle par Noël Dejean de La Bâtie. Elle permet de faire
la synthèse. Pour Dejean de La Bâtie, la responsabilité c'est la rançon de l’autorité. Si on est
responsable, c'est parce qu’on est libre, parce qu’on agit de sa propre autorité, et à partir de
moment où le dommage intervient dans la sphère d’autorité de l’auteur, cet auteur va être désigné
comme responsable. Indépendamment de la question de savoir si l’auteur a commis une faute.
C'est une approche qui permet d’englober aussi les hypothèses de responsabilité sans faute.
Si je suis responsable d'un accident de circulation que j’ai causé, c'est parce que j’utilise un véhicule
dont j’ai un maitrise, et donc ce véhicule est dans ma sphère d’autorité.
Cette théorie de l’autorité semble constituée aujourd'hui l’explication la plus synthétique des
solutions le droit positif retient pour déterminer si une personne est responsable ou pas.
C'est donc une synthèse savante du fondement de la faute du fondement de risque à travers
l’identification d'un critère commun qui est le critère de l’autorité.
Donc on va trouver nécessairement dans les différentes hypothèses de responsabilité, des traces de
chacune de ces théories. Sans doute, c'est la précaution qui est la moins présente dans les différents
régimes qu’on a envisagé.
3. LE DOMMAGE CORPOREL
Il consiste en une atteinte à l’intégrité physique de la victime.
Le dommage corporel était évidemment indemnisable puisque cette atteinte constitue une violation
du principe de l’inviolabilité du corps humain (A16-1 du CC).
Le dommage corporel va regrouper les deux catégories précédentes, donc il est d’un élément
complexe, le dommage corporel a des conséquences patrimoniales et aussi extrapatrimoniales :
Matériel / patrimonial : le dommage corporel est susceptible de générer des pertes (ex : frais
médicaux, donc le patrimoine va diminuer). Il peut aussi générer une manque à gagner (ex :
on est blessé, on arrête de travailler pour un certain temps)
Moral / extrapatrimonial : la victime du dommage corporel va souffrir. La douleur et la
souffrance physique est indemnisable « pretium doloris » (= le prix de la douleur). Mais il
peut aussi générer des conséquences psychologiques.
Le préjudice qui consiste à se concevoir, à se constater diminuer (ex : le dommage esthétique). C'est
un dommage qui est indemnisable.
Le préjudice d’agrément : lorsque le dommage cor va empêcher la victime d’exercer un certain
nombre d’activités.
Le dommage corporel se situe sur un plan différent de deux dommages précédents. Dans les deux
autres dommages (matériel et moral), on s’intéresse directement à l’objet de l’atteinte. Dans le
dommage corporel, on constate d’abord l’atteinte au corps qui va déclencher l’indemnisation de
dommage en quelque sorte succédant de nature matérielle ou nature morale.
I. UN PRÉJUDICE CERTAIN
Actuellement, dans les textes relatifs à la Responsabilité civile extracontractuelle (A1240 et A1241
du CC), le caractère certain du préjudice n’apparait pas expressément. Mais, la jurisprudence est
assez ferme sur cette question : un préjudice certain, c'est un préjudice qui ne fait pas de doute. Un
préjudice qui ne fait pas de doute peut recouvrir deux hypothèses.
1. Le préjudice actuel
C'est le préjudice actuellement subis par la victime, mais ça peut également être un préjudice futur
(n’est pas encore subit par la victime mais qui le sera de manière certaine à l’avenir).
Ex : dommage corporel subis par la victime qui engage des dépenses pour des soins (préjudice
patrimonial : perte éprouvée actuelle, son patrimoine a diminué). Si ses capacités de travail sont
réduites de manière définitive ou de manière temporaire, la victime va subir un préjudice lié à un
manque à gagner parce qu’elle ne pourra pas exercer sa profession dans l’avenir. Le préjudice en
question de perte de revenu n’est pas actuel, pas encore éprouvé les conséquences de la perte de
revenu, elle va la subir de manière progressive mais elle la subira de manière certaine. Par
conséquent, ce préjudice sera immédiatement indemnisable. Le juge évaluera ce préjudice en se
projetant dans l’avenir.
Seul le préjudice certain sera indemnisable. Cela signifie que le préjudice éventuel n’est pas
indemnisable. Le préjudice éventuel c’est le préjudice qui est probable, possible sans être
inéluctable ou certain.
Ex : une compagnie d’électricité qui installe des lignes à haute tension au-dessus d’un terrain. Cette
situation va générer un risque d’incendie. Si l’incendie se déclenche, il y aura un dommage matériel.
Si l’incendie est potentiel il n’y aura pas de mise en jeu de la responsabilité civile. Le préjudice n’est
qu’éventuel, donc il n’est pas indemnisable.
Ceci étant il y a des situations dans lesquelles la distinction entre préjudice futur et préjudice
éventuel n’est pas aisé. Cette distinction s’est cristallisée en jurisprudence autour de la notion «
perte de chances ».
2. La perte de chance
Ex : On est renversé par un véhicule automobile en se rendant à un examen, on n’y participe pas.
Est-ce qu’on peut demander une indemnisation pour le fait d’avoir raté cet examen ? Si on raisonne
en termes de préjudice certain, était-il certain qu’on allait réussir l’examen ? Dans cette analyse, on
ne peut pas demander indemnisation à l’auteur de l’accident de la circulation pour le fait d’avoir raté
cet examen car la réussite était incertaine. Mais (la jurisprudence la était assez fine), on a été privé à
cause du conducteur, c’est d’une chance de réussir l’examen. En ne participant, on avait la chance
de réussir, sans cette chance on ne peut pas réussir. Donc, l’auteur de l’accident nous a privé
d’avoir la chance pour réussir.
La perte de chance constitue un préjudice indemnisable, parce qu’elle est certaine. La Cdc exprime
dans ses termes que : « un préjudice peut être invoqué dès lors qu’une chance existait et qu’elle a été
perdue ». Donc, c'est la perte de chance qui sera indemnise, et pas le résultat attendu par la victime.
La conséquence c'est que l’indemnisation est toujours un pourcentage (une fraction, une partie) du
préjudice que représente la perte du résultat attendu.
Ex : échec à un concours, le fait de ne pas réussir le concours s’évalue à 100, la perte de chance
s’évalue nécessairement en dessous de 100 sous l’appréciation du juge en fonction de la probabilité
d’atteinte du résultat.
Formule de la proposition de loi la perte de chance constitue un préjudice réparable dès lors
qu’elle constitue en la disparition actuelle et certaine d’une éventualité favorable. Ce préjudice doit
être mesuré à la chance perdue et ne peut être égal à l’avantage qu’aurait procuré cette chance si
elle s’était réalisée.
La perte d’une éventualité favorable est un préjudice certain.
V. UN PRÉJUDICE DIRECT
Tout préjudice lié à un fait générateur n’est pas indemnisable. Pour être indemnisable, il faut que le
préjudice présente un rapport suffisamment direct avec le fait générateur.
Ce caractère est fait référence à la troisième condition de responsabilité qui est le lien de causalité
qui est le rapport au sens juridique du terme entre le fait générateur et la production du dommage.
Le caractère direct du préjudice soit un caractère autonome du lien de causalité (l’examen de cette
question dans le 3ème chapitre).
CHAPITRE 2 – LE FAIT GÉNÉRATEUR
C'est l’aspect qui a le plus de choses à dire et sur lequel il y aura le plus d’effort de compréhension.
Le dommage ou le préjudice ne suffit pas à engager la responsabilité de celui qui l’a causé. Encore, il
faut que ce préjudice trouve son origine dans un fait générateur, mais fait générateur au sens
juridique du terme. Il faudra systématiquement s’interroger pour savoir si cette situation correspond
à l’un des faits générateurs prévus par la loi. Si ce n’est pas le cas, il n’y aura pas de responsabilité.
Le CC envisage trois catégories de faits générateurs, trois situations lorsqu’elles se trouvent à
l’origine d'un préjudice sont susceptibles de faire naitre a la charge de la personne qui occupe cette
situation une obligation d’indemnisation :
La faute ou le fait personnel : historiquement le seul fait générateur de la responsabilité
civile.
Il y a d’autres situations dont le lien avec la faute n’est pas totalement rompu :
La responsabilité du fait d’autrui
La responsabilité du fait des choses
Le risque n’est pas un fait générateur, c'est une recherche doctrinale autour du fondement de la
responsabilité civile. Le risque fait partie des fondements qui ont été utilisé pour justifier des
évolutions de la responsabilité civile vers des systèmes de responsabilité sans faute (responsabilité
du fait des choses). Le risque ou la faute en tant que fondement de la responsabilité civile ne doit
pas être confondu avec les trois catégories du fait générateur.
Les fondements = explications, pour orienter une évolution de la responsabilité civile.
Envisagée à l’A1240 et A1241 du CC dont le contenu n’a pas changé avec la réforme de 2016, cette
réforme ne portait pas sur la responsabilité civile, elle a modifié la numérotation des articles du CC
de la responsabilité civile. Ces articles ont été anciennement les A1382 et A1383 du CC.
D’une manière générale, l’A1240 du CC fait référence à ce qu’on appelle traditionnellement la
responsabilité délictuelle ou encore la responsabilité pour faute intentionnelle. La notion de
délictuelle fait référence à la parenté qui existe traditionnellement entre la responsabilité civile et la
responsabilité pénale.
A1240 : « Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute
duquel il est arrivé à le réparer »
L’A1241 du CC fait référence à ce qu’on l’appelle classiquement la responsabilité quasi-délictuelle ou
responsabilité pour faute non-intentionnelle. On l’appelle aussi la faute d’imprudence ou de
négligence.
A1241 : « Chacun est responsable du dommage qu'il a causé non seulement par son fait, mais encore
par sa négligence ou par son imprudence »
Dans l’esprit des rédacteurs du CC, il y a deux types de faute qui sont susceptibles d’engager la
responsabilité de l’auteur, ce sont la faute intentionnelle et la faute d’imprudence ou de négligence
(moins grave). Quel que soit la gravité de la faute (intentionnelle ou non), le CC lui fait produire les
mêmes conséquences : l’auteur de la faute à l’origine d’un dommage va être tenu d’en réparer les
conséquences.
Cela montre que la distinction entre la faute intentionnelle et la faute non-intentionnelle en droit de
la responsabilité civile est aujourd’hui dépassée puisque toute faute quel qu’elle soit sera
susceptible d’engager la responsabilité de son auteur.
En premier temps, on va identifier les caractères de la faute (à partir de quand est-elle caractérisée)
et puis se pencher sur les différentes manifestations de cette faute dans lesquelles prendront rang
ces deux catégories de faute intentionnelle et non-intentionnelle parmi d’autres.
2. L’état de nécessite
C'est une situation dans laquelle l’auteur de la faute va réagir à un danger actuel ou imminent qui le
menace lui-même ou menace un tiers en accomplissant un acte nécessaire à la sauvegarde de la
personne ou du bien (l’auteur ou un tiers est exposé a un danger qui porte soit sur la personne soit
sur son bien). Ce danger va le conduire à réagir, sa réaction va être regardée comme nécessaire a la
sauvegarde de la personne menacée ou le bien menacé. A condition que la réaction soit
proportionnée à la gravité de la menace.
Ex : détruire un bien appartenant à autrui, ce qui est objectivement une faute. Mais si ce
comportement délibéré s’explique par la volonté de se soustraire un tiers à un danger, et qu’il y a
proportion entre le comportement adopté et la gravité de la place, le comportement adopté ne sera
pas qualifié de fautif (proportion : atteinte corporel pour empêcher un dommage matériel).
B. LE COMPORTEMENT DE LA VICTIME
Le premier comportement de la victime qui peut disqualifier le comportement fautif de son auteur,
c'est la légitime défense.
Celui qui a été l’objet d'un attaque injuste et que sa riposte nécessaire est proportionnée à cette
attaque, il ne sera pas responsable civilement des conséquences de sa riposte.
Ex : on est attaqué à l’arme blanche, on riposte en brisant le bras de l’adversaire. On n’est pas
civilement responsable des conséquences de notre comportement (en revanche, si on brise le bras
d'un camarade délibérément, c'est une faute).
Le deuxième type de comportement de la victime qui va justifier un comportement qui a priori est
fautif, c'est le consentement de la victime.
Il y a un adage qui dit : « on ne fait tort à celui qui consent ». Si la victime autorise l’auteur des
dommages à les causer, elle ne peut pas ensuite engager sa responsabilité.
Cela ne fonctionne en matière de responsabilité civile que pour les atteintes aux biens.
Une atteinte au corps même autorisée par la victime demeure à priori un comportement fautif, sauf
toutes les règles applicables aux actes médicaux dans le cadre des soins.
Cette hypothèse de fait justificatif trouve une traduction particulière dans l’acceptation des risques.
C'est une notion à laquelle la jurisprudence fait référence en particulier dans le cadre des
compétitions sportives et d’ailleurs plus que dans ce contexte en considérant que lorsque l’atteinte à
la victime (généralement les atteintes corporelles) intervient dans une compétition sportive et sous
réserve du respect des règles du jeu, il n’y a pas de faute. La raison est qu’en participant
volontairement a cette activité sportive, la victime en a accepté les risques (ex : les compétitions du
karaté).
Troisième et dernière manifestation de la faute c'est l’abus de droit. Il est parfaitement admit que
l’exercice d’un droit peut dégénérer en comportement fautif ou en abus. Cet abus de droit constitue
une faute.
Il y a quelques droits qu’on les appelle des droits discrétionnaires ou les droits potestatifs, ils ne sont
pas sujet a abus. Mais la plupart des droits peuvent dégénérer un abus.
Dans l’arrêt de Clément Bayard, c'est le droit de propriété (l’abus de droit est plus facile en droit des
biens). Le critère dans cette affaire, c’est l’intention de nuire.
A la suite de cette jurisprudence, la Cdc a assoupli sa jurisprudence en considérant que constitue un
abus de droit non seulement le droit à exercer avec l’intention de nuire mais aussi le droit exercé
avec légèreté. On bascule en quelque sorte de la faute intentionnelle vers la faute non-
intentionnelle.
Aujourd'hui, ce qui caractérise l’abus de droit c'est l’utilisation d’un droit avec l’intention de nuire ou
avec légèreté.
b. LA COHABITATION
Jusqu’au début des années 2000, la jurisprudence retenait une conception matérielle de la condition
de cohabitation. Cette approche matérielle consiste à examiner concrètement si l’enfant cohabitait
effectivement avec ses parents, ou avec l’un seul parent titulaire de l’autorité parentale. Cette
approche a pour conséquence d’écarter la responsabilité des parents en cas d’éloignement durable
de l’enfant.
Si un enfant est confié de la manière durable à un tiers, par ex, un enfant mineur va passer plusieurs
mois chez ses grands-parents, la condition de cohabitation avait vocation à être rompue, parce que
matériellement, l’enfant ne résidait plus avec ses parents.
C'est une approche qui est tout à fait conforme à l’idée que si les parents sont responsables c'est
parce qu’ils ont a un moment ou un autre commis une faute dans la surveillance ou l’éducation.
Mais à partir du début des années 2000, la Cdc a abandonné cette approche matérielle pour lui
substituer d’une approche juridique de la cohabitation.
Dans un arrêt de 20 janvier 2000, la Cdc a considéré que la cohabitation résulte de la résidence
habituelle de l’enfant au domicile de ses parents ou de l’un entre eux. Il n’y a donc plus lieu de
s’interroger si l’enfant réside effectivement chez ses parents, mais de se demander si l’enfant est
censé et supposé résidé avec ses parents.
La question n’est plus une question matérielle, mais elle est une question juridique. L’enfant est
supposé résidé habituellement avec ses parents. Si la réponse est oui, la condition de cohabitation
est remplie quand bien même matériellement, l’enfant serait durablement éloigné du domicile de
ses parents.
Comme généralement, le lieu de résidence est lié à l’exercice de l’autorité parentale, la condition de
cohabitation a tendance à s’effacer.
Dans l’hypothèse où les parents sont séparés et les deux exercent leur autorité parentale, il se peut
que la résidence de l’enfant soit fixée chez un seul de ses parents. Dans ce cas-là, la condition de
cohabitation sera rompue avec le parent chez lequel l’enfant ne réside pas.
En revanche, en cas de résidence alterné, la condition de cohabitation sera remplie à l’égard des
deux parents.
La condition de cohabitation s’apprécie désormais sur le plan juridique. L’argument de l’éloignement
physique de l’enfant n’a aujourd'hui aucune portée.
1. La minorité stricte :
Il faut au moment de la réalisation de dommage, l’enfant soit mineur. Le texte est d’interprétation
stricte, il ne parle que de minorité stricte, donc le mineur émancipé n’engage pas la responsabilité
de ses parents.
La faute du préposé
L’al. 5 de l’A1242 du CC qui prévoit cette responsabilité de commettant ne fait pas référence à la
faute du préposé.
La jurisprudence n’a jamais démenti (à la différence de la situation des parents) l’idée que la
responsabilité du commettant se superpose à la responsabilité du préposé. Pour que le commettant
soit responsable, encore faut-il que le préposé a vocation de l’être lui-même, même si le préposé
profite à l’égard de la victime d'une immunité.
Le principe de la responsabilité du préposé, le fait que le préposé respecte, remplisse de son propre
chef les conditions de la responsabilité a l’égard de la victime, a été toujours considérée comme une
condition de la mise en jeu de la responsabilité du commettant. Si le commettant est responsable,
c'est parce que le préposé a vocation à l’être (comme pour les parents dans l’approche
traditionnelle).
La jurisprudence a toujours considéré que le préposé ne peut pas être gardien de la chose. Depuis
les années 1940, la Cdc définit la garde comme un pouvoir d’usage, de direction et de contrôle de la
chose.
La Cdc estime que lorsqu’existe un rapport de préposition, celui qui a l’usage, la direction et le
contrôle de la chose utilisée pour remplir les fonctions de préposé, ce n’est pas le préposé, c'est le
commettant.
On ne dit pas que la responsabilité d'un commettant ne peut pas être engagée au type de
responsabilité du fait des choses. On dit que si c'est le rôle actif d'une chose utilisée par le préposé
qui est à l’origine du préjudice, la responsabilité du commettant est une responsabilité directe, ce
n’est pas la responsabilité du commettant, c'est la responsabilité du gardien. Le préposé ne peut pas
être gardien, s’il utilise une chose qui est à l’origine du dommage, sans faute de sa part, le
commettant sera responsable, pas parce qu’il est commettant, mais parce qu’il est gardien.
Pour que le commettant soit responsable, il faut que le préposé qui doit lui-même être responsable
et commis une faute dans le cadre d’exercice de ses fonctions.
Ces hypothèses de responsabilité du fait d’autrui ont été transcendé (dépassé) par la jurisprudence
qui a généralisé le mécanisme de la responsabilité du fait d’autrui.
1. Une chose
Le principe est fixé dans l’arrêt Jand’Heur.
Aucune restriction, la chose peut être un bien meuble ou immeuble, dangereuse ou pas, solide,
liquide, gazeuse, …
La seule restriction porte sur l’existence d'un régime spécial de responsabilité du faut de choses, si la
chose est un bâtiment, un animal, un véhicule automobile, on appliquera le texte spécial.
2. Un fait de la chose
Il faut que le dommage vienne d'un fait de la chose. La question port sur
La jurisprudence de la Cdc a construit un système tout à fait précis, de caractérisation de ce
qu’appelle le rôle actif dans la production de dommage. Philippe Brun : « le rôle actif est ce que la
faute est au fait de l’homme »
La Cdc distingue selon que la chose était en mouvement et selon que la chose a eu un contact avec
la victime. La Cdc l’appelle le siège de dommage. La Cdc considère que le rôle actif est acquis ? Il
n’est possible pour le gardien d’avoir un rôle passif. Donc, le gardien est responsable.
Lorsque la chose est inerte ou pas de contact avec la victime,
La jurisprudence dit que dans ces hypothèses que le rôle actif pose une certaine anormalité. La
chose doit avoir eu un rôle anormal qui peut être caractérisé dans deux types de circonstances :
Pas dans sa place
La chose a eu un comportement anormal, qui est déduit de son état.