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Filière : Barreau
Titre 1 : Cautionnement
PREMIERE PARTIE
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cautionnement ………………………………………………..
§ 1- Objet du cautionnement
………………………………………
149 I- Cautionnement « indéfini »
A- Principal ……………………………………………………...
154 B- Accessoires …………………………………………………...
C- Frais de Justice …………………………………………….
….
156 II- Cautionnement limité ………………………………………...
A- Limitation du montant garanti
………………………………...
B- Conditions spéciales ……………………………………….…
§ 2- Durée du cautionnement
……………………………………...
I- Terme exprès ………………………………………...……….
164 II- Terme implicite
……………………………………………….
CREANCIER
Contrat de
Cautionnement
2
DEBITEUR CAUTION
Sources : 2
Le cautionnement est défini à l’article 13 de l’AUS comme un contrat
par lequel la caution s'engage, envers le créancier qui accepte, à exécuter
une
obligation présente ou future contractée par le débiteur, si celui-ci n'y satisfait pas lui-
même. Cet engagement peut être contracté sans ordre du débiteur. Il est désormais régi par
les articles 13 à 38 de l’AUS.
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difficulté encore actuelle : l’oubli, par la caution, de son engagement à terme. Cet
adoucissement contraire aux impératifs du crédit devait provoquer la disparition de
1'adpromissio.
Dès la fin de la République se développent un nouveau cautionnement, ou plutôt deux
techniques, dont la fusion est à 1'origine du contrat actuel. D'un côté, la fide jussio, contrat
formaliste par lequel la caution garantit 1'exécution par le débiteur principal. A la différence
de 1'ancienne adpromissio, adjonction d'un débiteur à un autre engagement, cet engagement
présente un caractère accessoire : le fide jussor n 'a qu'une obligation de garantie, qui
comporte 1'équivalent d'un bénéfice de discussion ; il promet ce que le débiteur ne pourra
pas payer. Le bénéfice de division lui est défitivement reconnu à 1'époque d'Hadrien. De
1'autre, le mandat, contrat consensuel : la caution donne mandat au créancier de faire crédit
au débiteur (mandat de crédit). Les relations du créancier et de la caution relèvent des
actions mandati contraria et mandati directa, dans lesquelles on peut voir 1'origine de
1'article 2037 c. ci v.
Enfin, à 1 'époque de Justinien, » l'adpromissio disparait complètement. Fide jussio et
mandat de crédit se confondent alors qu'est adouci le sort des cautions.
Ancien droit : 5 Les Francs ont connu un cautionnement, également fondé sur les
relations de famille, de parenté ou de vasselage.
Comme ensuite à 1'époque féodale, ce qui caractérise cette sûreté est la rigueur : la caution est
un véritable otage entre les mains du créancier. Avec 1'adoucissement des moeurs, le recul
des sûretés personnelles au profit des sûretés immobilières, coïncide au XIVè siècle la
redécouverte des règles romaines par 1'ancien droit ; celui-ci conserve 1'essentiel (caractère
accessoire, bénéfices de discussion et de division), et améliore la technique de transmission à
la caution des droits du créancier payé : la subrogation, mieux que le mandat romain, permet à
la caution solvens de disposer contre le débiteur des actions du créancier. Ce sont ces règles
qu'a recueilli le Code Napoléon.
Droit moderne : 6
Pendant longtemps, le droit du cautionnement a été paisible ; les
sûretés réelles, dans une société rurale, ne lui laissant qu'un
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Sécurité : 8 Le cautionnement de plus prend la place des autres sûretés. Leur recul
s'explique par la modification des fortunes - pour offrir une sûreté réelle,
il faut avoir un droit réel -, la lourdeur des formalités de constitution, et surtout 1’insécurité en
cas de règlement judiciaire ou de liquidation des biens du débiteur, le créancier titulaire d'une
sûreté réelle est soumis à la procédure collective, et risque de voir son droit de préférence
primé par d'autres privilégiés ou superprivilégiés. Le créancier cautionné ne court pas ce
risque. Il peut même ignorer la procédure collective dont son débiteur est l'objet.
pression sur le débiteur pour qu'il s'acquitte, car la caution, comme le débiteur, engage
l'ensemble de son patrimoine. A l'inverse si la caution est un proche, le débiteur aura à coeur
de lu éviter d’avoir à payer. Cet élément psychologique est parfois déterminant.
Cautionnement intéressé 10
Progressivement, par ailleurs s'est développé un
cautionnement intéressé, dans deux situations
fréquentes :
- un dirigeant de société, ou un associé majoritaire, (ou une société mère) donnent à une
banque leur garantie pour permettre à la société d'obtenir et de conserver un crédit. La
caution a intérêt à ce crédit, même si son engagement lui fait perdre le bénéfice principal
qu’elle pouvait attendre de la forme sociale, la limitation de responsabilité.
- une banque donne sa caution pour permettre à l'un de ses clients d'obtenir un crédit du
fournisseur, ou de réaliser une construction immobilière. L'intérêt de la banque réside dans
la rémunération de son engagement par le débiteur (en général, un pourcentage du risque
encouru).
C'est une forme vivante de crédit bancaire par simple signature (sans fourniture de fonds).
Ce type de cautionnement est courant dans le commerce international. Ces
cautionnements sont bien différents du service d’ami des Romains !
La caution ami, époux, parent ... est plus exposée à l'abus de caution qu'un établissement
financier, ou la société mère dans un groupe de sociétés. Il est possible que, sans le soutien
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d'aucun texte, apparaisse une distinction, qui épouserait l'opposition désormais classique
entre professionnel et non-professionnel. On examinera successivement la naissance (Ch.
I), la vie (Ch. II) et l'extinction (Ch. III) du cautionnement.
Parce qu'il a pour objet de créer une sûreté, le cautionnement est un contrat (section I),
accessoire (section II). Ces deux éléments exercent l'un sur 1’autre une influence :
1'autonomie de la volonté est limitée par le principe de l'accessoire, et réciproquement.
Section 1 : Convention
Cautionnement 12
On parle pourtant de cautionnement légal, lorsqu'un texte de
légal ou judiciaire : loi impose la fourniture d'une caution.
Comme celle de tout contrat, la formation du cautionnement relève des articles 1108 et suiv.
du code civil ; pour tant le caractère unilatéral du contrat - seule la caution s'oblige -imprime à
l'échange des consentements certaines particularités quant à la forme du contrat (§ 1) et aux
vices du consentement (§ 2).
(§ 1) Forme du contrat
Consensualisme 13
Le cautionnement est un contrat consensuel : conformément au
: droit commun, 1’échange des consentements est efficace, sans
aucune forme particulière. On pourrait en douter, pour deux raisons. S’agissant d'un contrat
unilatéral, d'abord, le droit français a tendance à remplacer la cause par la forme ; la caution
s'engage sans attendre de contrepartie du créancier, qu'elle s'engage formellement.
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Ensuite, en raison de l’article 2015 du C. Civ. : "Le cautionnement ne se présume point ; il
doit être exprès, et on ne peut pas 1'étendre au-delà des limites dans lesquelles il a été
contracté".
L'interprétation de ce texte exclut aujourd'hui tout formalisme (I). Mais la jurisprudence, sous
le couvert de règles de preuve, impose certaines formes protectrices (II).
II. Preuve
La transformation des règles de preuve en règles de forme s'est opérée en deux étapes, à
propos d'un cautionnement qui fait peser sur la caution un risque particulièrement grave : le
cautionnement illimité de dettes futures. On aurait pu penser qu'il échapperait aux exigences
de 1'article 1326 c. Civ., parce que l'engagement de la caution ne pouvait être chiffré. La
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Cour de cassation au contraire, a décidé d'abord que la mention manuscrite était d'autant plus
nécessaire que l'obligation était illimitée ; la caution devait porter "une mention écrite de sa
main exprimant sous une forme quelconque mais de façon explicite la
connaissance de la nature et de l’étendue de 1’obligation. Ensuite, que cette formalité était
prescrite à peine de nullité. La formule, très lâche, permet d'annuler les cautionnements trop
étendus.
(§ 2) Vices du cautionnement
I- Erreur
L'erreur est le fait de cautions non professionnelles, qui n'ont pas mesuré exactement le risque
couru lors de la conclusion du contrat. Pourtant, les conditions de l'article 1110 c. ci v. sont
rarement réunies.
Problème : 17 L'erreur n'est une cause de nullité que lorsqu'elle porte sur la substance
même - les qualités substantielles - de la chose, objet de la convention.
Or, l’objet du cautionnement, c'est l'obligation de la caution ; l'objet de cette obligation, la
somme qu'elle devra payer au créancier en cas de défaillance du débiteur principal. Est-elle
susceptible d'une erreur substantielle ?
Premier obstacle : la caution ne peut invoquer qu'une erreur sur sa propre prestation ; le
contrat est unilatéral, elle n'attend du créancier aucune contre-prestation. L'admission
d'une telle erreur ne va pas sans difficultés, en dépit de la jurisprudence récente. Ensuite,
pour être substantielle, l'erreur devrait porter sur l’obligation de garantie elle-même ; on
est alors proche de l'erreur-obstacle, exceptionnelle. Le plus souvent, c'est une erreur sur
la solvabilité du débiteur principal que la caution invoque.
donc pas voulu son engagement. Les consentements ne se sont pas rencontrés sur le même
contrat, Pratiquement, cette erreur-obstacle est voisine de 1’absence de consentement ; la
nullité, de l'inexistence.
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succès qu'elle s'est obligée dans la certitude de la solvabilité future du débiteur, car ce serait
vider son engagement de sens : le risque d'insolvabilité en est la raison d'être.
Les choses sont plus complexes lorsque l'erreur invoquée porte sur la solvabilité actuelle du
débiteur. Celle-ci peut avoir une incidence dans deux ces. La caution d'abord prend en
considération la possibilité d'exercer éventuellement un recours contre le débiteur ; or, il se
peut qu’au moment de la conclusion du contrat, la situation de celui-ci soit définitivement
obérée, à l'insu de la caution (ex : débiteur en état de cessation des s paiements).
L'erreur de la caution a été déterminante. Elle ne porte pas pour autant sur les qualités
substantielles, mais sur un mobile de son engagement, étranger à l'échange des consentements
avec le créancier. Après avoir admis le contraire, la Cour de cassation décide aujourd’hui que
cette erreur est indifférente, sauf si la caution a fait de ce mobile la condition de son
engagement ; c'est l'application d’un principe général. Ensuite, lorsque la caution garantit non
pas les dettes futures ou celles qui naissent au moment de son engagement (cautionnement
consenti en même temps que le prêt qu'il garantit), mais les dettes présentes nées
antérieurement, la solvabilité actuelle du débiteur permet de déterminer en fait l'étendue de
son obligation. Une erreur pourrait en principe conduire à la nullité du contrat. En fait, c’est
extrêmement rare : ou l'erreur est inexcusable, ou les formalités de l'article 1326 c. ci v.
permettent de l'exclure.
II- Dol
La nullité pour dol (c. ci v. a. 1116) est aujourd'hui plus souvent prononcée ; ce qu’explique la
nécessité de protéger la caution non professionnelle. En principe, le dol n'est une cause de
nullité que lorsqu'il émane du co-contractant et a déterminé le consentement de la victime.
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La cause du cautionnement a suscité et suscite encore des débats, en raison des particularités de
ce contrat. Unilatéral : la cause de l'obligation ne peut se trouver dans une contre-partie
attendue du créancier. Créateur d’une sûreté : l'obligation a pour objet la garantie d'une autre
obligation, laquelle exerce nécessairement une influence. Opération à trois personnes : sur deux
relations préexistantes (caution - débiteur et débiteur - créancier) se greffe un troisième lien
(créancier-caution). Quelle est l'influence des relations caution-débiteur sur l'engagement de la
caution ? La réponse implique la désignation de la cause (§ 1) et l'examen de son rôle (§ 2).
(§ 1) Désignation de la cause
Dans quel but la caution s'oblige-t-elle ? La possibilité de ce but et sa licéité (art. 1108 et 1131
et suiv.) conditionnent la validité de l’obligation. Sa nature permet de la qualifier (acte à titre
gratuit ou onéreux, notamment).
- la cause de l'obligation de la caution se trouve dans ses relations avec le débiteur : elle
s'engage pour lui rendre service, pour faciliter son activité commerciale, ou obtenir une
rémunération (cautionnement intéressé) ;
- la cause de l'obligation de la caution se trouve dans les rapports du débiteur avec le
créancier : c'est le crédit accordé. La caution s'engage pour permettre au débiteur d'obtenir
crédit, pour faire naître la dette principale ou en raison de la dette principale. Au contraire,
les relations (d'amitié, de famille, d'affaires. . .) entre la caution et le débiteur ne sont que
des mobiles, en principe étrangers au créancier, sauf s'ils ont été érigés par la caution en
conditions de son engagement, auquel cas ils sont entrés dans le "champ contractuel ".
Critique : 24 Ce. La plupart des auteurs approuvent aujourd'hui cette analyse. Elle
paraît pourtant critiquable à plusieurs égards. Dans l'arrêt Lempereur, la
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Cour de cassation a raisonné comme si on était en présence d'un contrat synallagmatique
("corrélativement") par lequel la caution s'engageait contre 1'obligation souscrite par le
créancier. De plus, quelle est la cause des cautionnements qui interviennent après la
naissance de la dette principale ? L'analyse, ensuite, fait bon marché de la psychologie : il est
irréaliste d'affirmer que le but poursuivi par la caution lorsqu'elle s'ob1ige est l'existence de
l'obligation principale ! C'est confondre cause et objet de l'obligation. Peut-on affirmer que
le but poursuivi par un organisme financier lorsqu'il se porte caution est le crédit accordé à
son client, et non la rémunération versée par celui-ci ? D'ailleurs, on remarque que
1'affirmation péremptoire de 1'arrêt du 8 novembre 1972 n'est pas reproduite dans les arrêts
ultérieurs, qui se contentent d'affirmer que 1'engagement de la caution n 'était pas dépourvu
de cause.
(§ 2) Rôle de la cause
Les hypothèses sont rarissimes et se confondent avec l'absence d'objet dans la conception de
l'arrêt Lempereur, ou avec l'erreur sur les motifs déterminants. Un récent arrêt prononce la
nullité du cautionnement pour "défaut de cause". En réalité, il s'agissait plutôt d'une erreur,
non sur la cause, mais sur un mobile de la caution. L'arrêt est contraire à la doctrine de 1'arrêt
Lempereur.
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Sous-Section III : Qualification
Pour différentes raisons le cautionnement doit être, qualifié : contrat à titre gratuit,
donation, contrat à titre onéreux ? Contrat civil ou acte de commerce ?
Neutralité : 29 Dans les rapports entre la caution et le créancier, c'est-à-dire dans les
rapports contractuels, le cautionnement se présente comme un acte
neutre. En principe, la caution n'est animée d’aucune intention libérale. Par ailleurs, elle
n’attend du créancier aucun avantage.
Donation : 30
Seuls les rapports caution-débiteur permettent de donner une
coloration à l'acte. Le cautionnement est par nature un contrat de
bienfaisance
(art. 1105 c. ci v.) ; donc un acte à titre gratuit. La caution est en principe animée d’une
intention libérale envers le débiteur, à qui elle entend rendre un service.
Ce n’est pourtant as un acte de disposition à titre gratuit, une donation, car manque
l’élément matériel de la donation : 1'appauvrissement du donateur. La caution dispose, en
effet, d'un recours contre le débiteur, qui lui donne vocation à récupérer ce qu'elle aura payé.
La Cour de cassation en déduit notamment que le cautionnement peut, sous le régime de la
communauté légale, être consenti par un époux seul ; s'il s'était agi d'une donation, il aurait
fallu, à peine de nullité, le consentement des deux époux (art. 1422 c. ci v.). Le
cautionnement réalise une donation indirecte, précisément lorsque la caution renonce à son
recours contre le débiteur principal ; ce qui peut s'induire de leurs relations au moment de
1'engagement. Toutes les règles de fond des donations sont alors applicables.
à titre onéreux. Ainsi, lorsque la caution fait rémunérer son engagement par le débiteur
(cautionnement bancaire. . .)
En principe, le cautionnement, contrat de bienfaisance ou acte à titre onéreux, est civil. Il est
cependant commercial dans certains cas.
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juridiction compétente en cas de litige (tribunaux de commerce ou
juridictions civiles), et le cas échéant, la durée de la prescription applicable à l'engagement de
la caution (dix ans, en matière commerciale : c.com. art. 189 bis), Surtout, le caractère
commercial du cautionnement permet de le faire échapper à 1'article 1326 c, ci v., C'est
l'intérêt actuel de la qualification.
Ce texte impose une mention manuscrite. Il s 'agit en principe d'une règle de preuve, que
1'article 109 c. com. permet d'écarter en matière commerciale. La jurisprudence y voit en fait
une règle de forme prescrite à peine de nullité. De plus, elle en impose le respect même
lorsque la somme cautionnée n'est pas déterminée. Les cautions qui garantissent les dettes
futures d'un commerçant (le plus souvent, dirigeants ou associés majoritaires) ont intérêt à
invoquer le caractère civil de leur engagement, pour en obtenir la nullité. Cette dualité de
1'article 1326 c. ci v., règle de preuve au sens de 1'article 109 c. com., et règle de forme n 'est
pas très logique. Les cautions commerciales non-professionnelles ont comme les cautions
civiles, besoin de protection.
Critères 33
Pour qu'un cautionnement soit commercial, il ne suffit pas qu'il ait été
: fourni par un commerçant, ou que la dette cautionnée soit commerciale ;
dans ce dernier cas, il est commercial pour le créancier, qui pourrait être assigné par la caution
devant les tribunaux de commerce. Un cautionnement peut être commercial dans quatre cas.
Les trois premiers ne soulèvent pas de difficulté particulière. Est commercial, le
cautionnement qui est par nature un acte de commerce ; par exemple, le cautionnement donné
contre rémunération par un établissement de crédit. De même, le cautionnement qui est un
acte de commerce par accessoire, par exemple, le cautionnement donné par un commerçant
pour les besoins de son commerce. De même encore, est commercial le cautionnement
constituant un acte de commerce par la forme : l'aval d t une lettre de change.
Aval : 34 L 'aval (com. a. 130) est le cautionnement d'un effet de commerce. Par
nature, c'est un cautionnement solidaire, soumis, lorsqu'il est commercial,
c'est-à-dire
lorsqu'il est donné en garantie d'une lettre de change (commerciale par la forme) ou d'un billet
à ordre commerciaux règles du droit cambiaire, à deux égards :
- aux effets de commerce, il emprunte simplicité et efficacité de la forme, qu'il soit donné
par simple signature au recto de l'effet, ou par acte séparé.
- Il leur emprunte aussi la rigueur : 1'avaliste garantit aux porteurs successifs (la garantie est
donnée pour le tireur, sauf indication contraire) non seulement le paiement, mais le
paiement à 1'échéance. Il ne peut opposer aux porteurs de bonne foi aucune cause de
nullité de 1'effet, sauf le vice de forme (mais il est apparent). Pour le reste, 1'aval est
soumis au droit commun du cautionnement.
Intérêt de la caution : 35 A ces trois cas, la jurisprudence ajoute une situation très
répandue :
celle dans laquelle la caution a un intérêt patrimonial ; dans l'opération ou l'affaire
commerciale qu’elle garantit ; c'est-à-dire, en général, les cautionnements de sociétés
commerciales donnés par les dirigeants ou les associés majoritaires.
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Critique : 36 Cette jurisprudence peut être critique à plusieurs égards. Le critère est
incertain ; ce n’est pas l’accessoire puisque la caution n’exerce aucune
activité commerciale principale. Il relève de 1'appréciation souveraine des tribunaux. La
solution est illogique : la caution intéressée dans une opération civile (cautionnement des
actes d'une société civile, par exemple), ou la caution dont 1'intérêt résulte de la rémunération
versée par le débiteur (à moins qu'il ne s'agisse d'un organisme financier dont c'est 1'une des
activités commerciales) ne prennent pas un engagement commercial ! Elle est inopportune : si
1 'article 1326 c.civ. est destiné à protéger les cautions, cette jurisprudence aboutit à priver de
la protection des Cautions "intéressées" dans une affaire commerciale, qui peuvent être aussi
inexpérimentées que des cautions civiles. En dépit des critiques dont elle fait l'objet, cette
jurisprudence se maintient fermement.
d'assurance-crédit. Il s'agit d'un contrat synallagmatique autonome, par lequel 1'assureur offre
sa garantie contre le paiement d'une prime. L'inexécution du débiteur ou parfois son
insolvabilité réalisent le sinistre ; l'assureur doit donc indemniser le créancier, quelle que soit
la nature, 1'étendue ou même la validité de l'obligation inexécutée. L'assureur ne peut
invoquer aucune des exceptions qui appartenaient au débiteur principal. Le cautionnement
dépend de 1'obligation principale garantie dans son existence (sous-section I) et son étendue
(sous-section II).
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Sous-Section I : Obligation principale et existence du cautionnement
L'article 2012 c. civ. comporte un principe et une exception. "Le cautionnement ne peut
exister que sur obligation valable "c t est le principe (§1). On peut cautionner une obligation
nulle pour une raison personnelle au débiteur, c'est l'exception (§2).
Pour que le cautionnement produise ses effets, l'obligation cautionnée doit être valable (I) ;
mais il n'est pas nécessaire qu'elle soit née au moment où la caution s’engage (II).
Si l'obligation principale est nulle, le cautionnement n'a pas d'objet. Il est inefficace l'article
2012 al. 1 se borne au fond à appliquer l'article 1108 c. civ. La caution peut alors opposer au
créancier une exception de nullité (c. c. a. 2036).
Applications : nullité absolue 40 Aucune difficulté, si l'obligation principale est
atteinte de nullité absolue : en raison de l'illicéité
(cautionnement d'un prix de vente dissimulé), ou de l'immoralité de son objet ou pour
absence de forme (cautionnement d'une donation nulle pour vice de forme). Comme tout
intéressé, la caution peut agir en nullité de son engagement, ou opposer au créancier une
exception de nullité.
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Le caractère accessoire du cautionnement n'implique pas que l'obligation
principale existe au moment où la caution s'engage. Sa naissance peut être
éventuelle, la dette peut être future ; il suffit qu'elle existe et soit exigible au
moment où le créancier agit contre la caution.
- Lors de la naissance d'une société commerciale, une banque consent à celle-ci une
ouverture de crédit en compte courant, à condition que le principal associé se porte
Caution, en garantie du paiement du solde du compte.
La dette principale n'est future que dans le troisième cas non seulement son exigibilité est
suspendue par un terme (comme dans les deux premiers cas) mais son existence même est
incertaine : le solde du compte courant, lors de sa clôture, peut ne pas être débiteur ; s'il 1'est,
le montant du débit est inconnu.
Mais à la différence du cautionnement d'une dette présente, qui fait naître une obligation de
règlement à exécution instantanée, différée, le cautionnement de dettes futures et incertaines
fait peser sur la caution une obligation de couverture, à exécution successive : "la durée est
la pièce fondamentale du mécanisme du cautionnement d'une dette de montant et de durée
indéterminés (comme le loyer d'un bail sans terme) ou du cautionnement d'une dette de
naissance incertaine et indéterminée".
Rapprochant cette obligation de couverture de celle qui pèse sur un assureur, M. Mouly
estime qu'elle a un double objet : délimiter le cadre dans lequel s'inscriront les dettes
effectivement garanties et couvrir l'aléa du non paiement.
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"Le cadre fixé par 1'obligation de couverture sera rempli par 1'obligation de règlement au fur
et à mesure que les dettes garanties naîtront. Les deux obligations s’emboitent l'une dans
1'autre à la façon d'obligations gigognes".
Au principe de l'accessoire, énoncé en son premier aliéna, l'article 2012 al 2 apporte une
exception : "On peut néanmoins cautionner une obligation, encore qu'elle pût être annulée par
une exception purement personnelle à 1'obligé ; par exemple, dans le cas de minorité". Cette
disposition surprenante s'explique par l'origine historique du cautionnement : fondé sur la
solidarité familiale, il permettait au créancier de faire supporter à un proche du débiteur
incapable les conséquences de son engagement. La règle est passée sans grande discussion
dans 1'ancien droit puis dans le Code civil.
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Elle doit avoir en la volonté de se porter-fort ; ce qui implique la connaissance de 1’absence
de recours contre l'incapable. A défaut, le principe de l'accessoire retrouverait son empire :
l'engagement de la caution pourrait être annulé.
I- Cautionnement "indéfini"
Notion : 50 Le terme "indéfini " qu’utilise l'article 2016 ne doit être confondu ni avec
celui d'indéterminé, ni avec celui d'incertain. Le cautionnement indéfini
n'est pas indéterminé - il serait nul en vertu de l'article 1129 c. civ.-, car l'obligation de la
caution se réfère à celle du débiteur principal. Il n’est pas nécessairement incertain : tout
dépend de 1'obligation principale qui peut être certaine ou incertaine. Le cautionnement est
indéfini lorsque la caution s'engage dans les mêmes termes que le débiteur principal, sans
limitation par rapport à l'obligation de celui-ci. La jurisprudence paraît aujourd'hui hostile à ce
type de cautionnement général qu'elle rend inefficace pour des raisons de forme. En
combinant les articles 2015 et 1326 c. ci v., elle parvient à interdire en fait le cautionnement
civil indéfini exprimé en termes généraux.
A- Principal
L'obligation de la caution et ses modalités sont déterminées par référence directe à l'obligation
principale au moment de son exigibilité (a), sous réserve de 1’inopposabilité des
modifications intervenues depuis la conclusion du contrat (b). La caution doit ce que doit le
débiteur principal. Si la dette principale est éteinte pour une raison quelconque, la caution ne
doit rien, Inversement, la dette principale s’impose à la caution dans son étendue.
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Autorité de la chose jugée 52 La jurisprudence en déduit que lorsque 1'évaluation
de la dette résulte d'un jugement, 1'autorité de celui-ci
s'impose à la caution. La règle est fréquemment rappelée en matière de règlement judiciaire
ou de liquidation des biens : le créancier, lorsqu'il doit "produire" pour le montant de sa
créance, se soumet à une vérification par le juge commissaire, dont 1'ordonnance en
1’absence de réclamation a 1'autorité de chose jugée. Celle-ci s'impose à la caution, qui
pourrait 1'invoquer si c'était son avantage.
b) La caution, cependant, n'est obligée que dans la limite de ce qu'elle a pu vouloir, donc
prévoir, lors de la conclusion du contrat. Les modifications imprévisibles : - par exemple,
celles qui résultent d'une convention conclue entre le débiteur et le créancier - lui sont en
principe inopposables : elle peut s’en tenir à la dette et aux modalités convenues lorsqu'elle
s'est engagée. Elle peut cependant invoquer les modifications qui lui sont favorables, en vertu
du principe de l'article 2013 c. ci v. La question se pose souvent lorsque le terme dont dépend
l'exigibilité de la dette est prorogé ou avancé.
B- Accessoires
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convenue en cas d'inexécution du contrat a la même nature que
l'obligation inexécutée (contractuelle) : mais la clause pénale n'a pas pour seul but de réparer.
Bien qu'il s'agisse d'une gestion de droit – celle de savoir si la clause pénale est un accessoire
au sens de l’article 2016 c. civ. – la Cour de Cassation estime que ka solution relève de
l’interprétation souveraine des juges du fond. Aussi le droit n’est-il pas, sur ce point, unifié.
La caution, lorsqu’elle est tenue, peut demander la réduction de la clause pénale (c. c. a. 1152
al.2).
B- Frais de justice
L’article 2016 vise expressément "les frais de la première demande" faite au débiteur. Au
contraire, les frais engagés postérieurement ne sont pas garantis par la caution, sauf si la
première demande lui a été dénoncée, car elle était alors à même de les éviter.
Il arrive fréquemment que la caution limite son obligation à une partie de la dette principale,
exprimée sous la forme d'un plafond, ce que prévoit l'article 2013 al.2 c. civ. Cette limitation
est courante en matière de cautionnement de dettes futures, car elle tempère l’incertitude de
l’engagement. Mais elle se rencontre aussi dans le cautionnement de cette présente. La
limitation de montant soulève deux difficultés : l’une, l’interprétation, l’autre, d’imputation
des paiements partiels faits par le débiteur.
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fraction différente de la dette, ou, au contraire, garantissent la même fraction. C’est une
question qui relève de l’interprétation souveraine des tribunaux.
s’imputent-ils sur la partie cautionnée ou sur l’autre partie ? Dans le silence des parties, la
jurisprudence adopte une solution favorable aux créanciers, les paiements partiels faits par le
débiteur s’imputent d’abord sur la partie non cautionnée : Le cautionnement est une sûreté
pour le créancier !
B- Conditions spéciales
Aux conditions d’existence et d’exigibilité de la dette principale, la caution peut ajouter des conditions
spéciales à son engagement. Il en existe une grande variété parce que ces conditions expriment
souvent l’intérêt particulier de la caution dans l’opération principale. Deux conditions se rencontrent
fréquemment :
- l’affectation des fonds prêtés au débiteur principal à telle opération déterminée ;
- la fourniture d’autres sûretés, réelles ou personnelles
Si ces conditions ne sont pas réunies, la caution, conformément au droit commun (c. civ. A. 1134),
n’est pas obligée.
Un contrat peut être à durée déterminée ou indéterminée : il comporte, dans ce dernier cas, une faculté
de résiliation unilatérale qui ménage la liberté du débiteur. La distinction présente une grande
importance pour le cautionnement. En principe, c’est à l’obligation principale qu’il faut se référer,
puisque le cautionnement est accessoire. Mais lorsque l’étendue de celle-ci peut varier dans l’avenir
pendant une période indéterminée, la caution a intérêt à limiter dans le temps son engagement, ce qui
appelle à nouveau une distinction entre le cautionnement des dettes présentes et celui des dettes
futures.
Dettes futures : 61 Au contraire, lorsque l’obligation garantie est future et peut naître
pendant une période indéterminée, le cautionnement est lui-même à
durée
indéterminée. La caution est tenue des dettes qui naîtront dans une période illimitée, ce qui peut
conduire à son écrasement.
La durée du cautionnement influence son étendue. Ce type de cautionnement se rencontre souvent
dans les relations d’affaires entre une société, ses associés ou dirigeants et une banque. Pour permettre
le "démarrage" de la société, un associé donne un cautionnement à durée indéterminée. La
prospérité des affaires endort la mémoire de la caution, qui oublie son engagement, et l’oublie
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encore lorsqu’elle perd la majorité ou la direction. A son décès, les héritiers ignorent souvent
l’existence du cautionnement, dont la banque détient seule l’instrumentum.
Lorsque la société est mise en règlement judiciaire ou en liquidation des biens, souvent
longtemps après l’engagement la caution ou ses héritiers découvrent l’énormité de leur dette.
Limitation : 63 Il est plus sûr pour la caution de limiter la durée de son obligation
par un terme exprès (I).
A défaut on pourrait découvrir dans la nature de son engagement un terme implicite (II).
I- Terme exprès
Puisque l'obligation de la caution de dettes futures est successive, elle peut être expressément
affectée d'un terme extinctif certain (telle date, telle durée) ou incertain (survenance de tel
événement), dont le premier effet est de priver la caution de la faculté de résiliation.
Comme le terme extinctif n'éteint pas l'obligation (de règlement) de la caution, peu importe
que les poursuites du créancier soient exercées après sa survenance, pourvu qu'elles le soient
pour des dettes nées antérieurement. Sauf convention contraire, rarissime.
II- Terme implicite
Analyse : 65 Le cautionnement des dettes futures est rarement assorti d'un terme
exprès ; la résiliation unilatérale est plus rare encore. L'idée est donc
venue
de rechercher dans la nature même de ce cautionnement une limite temporelle. En effet la
caution s'engage en raison des liens qui l'unissent au débiteur, de la position qu'elle occupe,
qui lui permet d'influer sur les dettes à naître. Cette considération est bilatérale, le créancier la
partage : sa garantie ne tient pas tant au patrimoine de la caution qu'à la pression matérielle
ou simplement morale que peut exercer celle-ci sur le débiteur principal.
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De cette analyse des volontés on peut déduire que les parties ont entendu implicitement mais
nécessairement limiter le cautionnement à la durée de cette qualité, entrée dans le "champ
contractuel". Au fond, on demande au terme implicite ce que la théorie de la cause ne peut
donner. La notion de terme est plus exacte : elle se réfère à un élément convenu et non
unilatéral ; elle évite toute discussion sur la permanence de la cause.
Droit positif : 66
Jusqu'à présent, cette analyse cette analyse exacte n'a pas été
consacrée en droit positif. Le législateur s'en tient à la faculté de
résiliation unilatérale, facilitée par l'information obligatoire de la caution. La jurisprudence ne
s'est pas prononcée, du moins pas directement.
Elle vient en effet de décider que le décès de la caution mettait fin à son obligation de
couverture, sans en donner la raison. L'arrêt consacre une proposition de M. Mouly et
démontre que la considération de la personne de la caution est déterminante dans le
cautionnement des dettes futures. De la considération de la personne, à celle de sa position,
de ses relations avec le débiteur … Il n'y a qu'un pas que la jurisprudence franchira
probablement.
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C. COELHO
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