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Master : Droit privé comparé

Espace Afrique Francophone et Commonwealth


Module : droit comparé de la responsabilité civile
Semestre 3

Sous la direction du Professeur :


Mr. LAHCEN BOHOUCH

LA MEUSURE DU PREJUDICE CONTRACTUEL


LES SANCTIONS D’INEXECUTION
CONTRACTUELLE

Préparé par les étudiantes :

EDDARIFI Naima

EL AAMMOURI Oumayma

DAASSISS Amina

Année universitaire : 2022-2023


SOMMAIRE :

INTRODUCTION :

PARTIE I. LE PREJUDICE CONTRACTUEL

A- LA NOTION DU PREJUDICE CONTRACTUEL

B- LA MESURE DU PREJUDICE CONTRACTUEL

PARTIE II. LES SANCTIONS D’INEXECUTION


CONTRACTUELLE

A- LA NOTION DE L’INEXECUTION CONTRACTUELLE

B- LES SANCTIONS D’INEXECUTION CONTRACTUELLE

CONCLUSION
INTRODUCTION :
Si la personne lésée s'appuie dans sa réclamation sur les dispositions de responsabilité
pour les actions personnelles, alors elle doit prouver la faute du responsable, et il existe une
règle qui détermine que toute erreur qui a causé un préjudice à autrui nécessite une
indemnisation de la part de ceux qui l'ont commise, et cette règle s'est cristallisée sous la forme
de textes juridiques établis dans les lois contemporaines. Si la marchandise cause un dommage
à autrui, soit en raison du défaut, soit en raison du danger qu'elle comporte, la responsabilité du
producteur est engagée conformément aux dispositions des articles (1382-1383) du Code civil
français 1.

La responsabilité se divise en deux types : la responsabilité morale qui n’a rien à voir
avec la loi, et la responsabilité légale qui entre dans le champ d’application de la loi. Cette
dernière peut être soit civile, pénale, ou administrative. La responsabilité administrative
incombe à l’administration. Quant à la responsabilité pénale, c’est la peine qui s’abat sur
quiconque commet un acte interdit par la loi punitive ou s’abstient de faire ce que la loi
ordonne. Le dommage dans cette responsabilité affecte la communauté dans son ensemble dans
sa sûreté et sa sécurité, et donc le ministère public est celui qui engage ce procès au nom de la
communauté.

Quant à la responsabilité civile, il s’agit d’un ensemble de règles qui obligent ceux ou
celles qui causent du tort à autrui à réparer ce dernier par une indemnisation. Et puisque cette
responsabilité est au centre des problématiques de droit, elle fera l’objet de notre étude, et si
l’attention se porte sur la responsabilité en général, alors elle s’est focalisée récemment sur un
aspect important de celle-ci, qui est la personne lésée en manière de protection maximale. Ce
qui a également préoccupé les esprits, dans le passé et à l’époque moderne, c’est la question de
la répartition de la responsabilité civile selon la source de l’obligation de l’indemniser en :
responsabilité délictuelle résultant de la violation d’une obligation légale et responsabilité
contractuelle résultant de la violation d’une obligation contractuelle.

Cependant, ce qui nous préoccupe maintenant dans notre étude, c'est la responsabilité
contractuelle. La force obligatoire du contrat implique l'exécution des obligations nées du
contrat. Chaque contractant doit fournir la prestation qu'il a promise. Mais les personnes ne
respectent pas toujours leurs engagements. Dans ce cas, la question qui se pose est celle de

1
L'article 1383 stipule « qu'une personne est responsable du dommage qu'elle cause, non seulement par sa faute,
mais aussi par sa négligence ou son imprévoyance ».
savoir quels sont les moyens dont dispose le créancier insatisfait pour sanctionner la défaillance
de son débiteur ?

La première solution qui se présente à l'esprit est celle qui consiste à obliger le débiteur
à exécuter en nature la prestation promise. Seulement, cette exécution directe ou en nature n'est
pas toujours possible. Aussi, le droit a-t-il prévu l'exécution par équivalent. Il s'agit de
dommages et intérêts alloués dans le cadre d'une action en responsabilité civile contractuelle.
Par conséquent, le bénéficiaire d’une obligation contractuelle peut, selon les cas, obtenir
l'exécution soit en nature, soit par équivalent. Par ailleurs, le créancier d'une obligation
contractuelle peut faire sanctionner la défaillance de son débiteur en demandant au juge la
résolution du contrat pour inexécution.

Mais alors qu’est-ce qu’on entend par préjudice en matière contractuelle ? quels sont les
différents types de dommage ? Comment évaluer le préjudice ? et quels sont les sanctions
d’inexécution contractuelle ?
PARTIE I. LE PREJUDICE CONTRACTUEL :

Le contrat dans le concept de la théorie de la volonté a un but utilitaire, car les gens ne
contractent que dans l'intention d'obtenir un avantage ou de réaliser un intérêt.

L'inexécution du contrat porte atteinte à ce bénéfice ou intérêt, ce qui conduit à


l'inexécution au préjudice du créancier qui exige une indemnisation selon la responsabilité
contractuelle. Le dommage est le deuxième pilier de la responsabilité contractuelle, qu'il
s'agisse de la responsabilité d'un fait personnel ou du fait d'autrui, ou d'un fait. S'il convient de
mentionner que la responsabilité contractuelle a été établie afin de réparer le dommage survenu
au créancier, ce qui montre l'importance de cet élément, car il n'y a pas de responsabilité
contractuelle sans dommage, ce qui exclut l'acceptation de l'action en responsabilité, et c'est-à-
dire selon la règle "il n'y a pas de créance sans intérêt"

A- LA NOTION DU PREJUDICE :

On peut dire que les résultant de la violation de l'obligation contractuelle se répartissent en


préjudice matériel ou moral.

Le préjudice matériel s'agit de la perte subie par une personne dans sa responsabilité
financière, c'est-à-dire en partie ou en totalité de son patrimoine financier, ou la perte d'une
chance légitime.

Le préjudice matériel en ce sens est un manque financier qui affecte les droits pécuniaires
du créancier vis-à-vis de la victime, quelle que soit la nature de ces droits pécuniaires, que les
droits personnels du créancier soient représentés par toute perte subie par une œuvre ayant une
valeur pécuniaire "faire ou s'abstenir de faire ou de donner quelque chose", ou c'était des droits
immobiliers, représentés par chaque "perte subie par l'un des droits immobiliers", ou des droits
réels mobiliers, soit des droits incorporels mobiliers, de sorte qu'il les diminue ou les annule, ou
les empêche de réaliser un profit légitime. Le préjudice matériel est également représenté
comme préjudice financier dans le préjudice subi par le corps du créancier lésé du fait de la
violation de l'obligation contractuelle. Et le préjudice physique dans ce sens désigne le
préjudice causé au corps humain à la suite d'un préjudice financier résultant de la désactivation
de la fonction du corps dans la conclusion d'actions ou l'exécution d'actions ayant une valeur
financière, un préjudice physique mortel qui désactive toutes les fonctions du corps et conduit à
la perte de l'âme.
Parmi les applications pratiques de la violation de l'obligation contractuelle qui entraîne la
suppression du droit à la vie figure le fait que le médecin ou le chirurgien commette une erreur
médicale de diagnostic, lors d'un traitement ou lors d'une opération. Le préjudice physique peut
être non mortel, perturbant certaines des fonctions corporelles et portant atteinte au droit à la
sécurité physique et sanitaire du créancier, affectant sa réalisation d'un acte de valeur
financière, de sorte que la perte financière affecte sa responsabilité en désactivant l'activité
corporelle en tout ou en partie2.

L'exemple le plus clair en est peut-être la violation par le transporteur du contrat de


transport et sa faute qui a entraîné un préjudice physique pour le créancier, comme une jambe
ou une main cassée, ou à son intégrité physique et sanitaire. Et le dommage matériel physique
en ce sens est tout ce qui arrive au créancier dans son corps d'une manière qui lui cause une
perte financière, et un manque de sa responsabilité financière, soit par son décès, soit par
l'incapacité de son travail, et la perte est estimée ici sur une base pécuniaire, et non sur une base
morale ou morale, comme c'est le cas du préjudice moral.

Quant au préjudice moral, c'est cette perte qui n'affecte pas le créancier dans sa
responsabilité financière, mais plutôt ce préjudice qui affecte le créancier dans sa dignité, son
honneur, ou son affection... ou dans l'un de ses droits personnels cela ne peut pas être un sujet
d'obligation car ce n'est pas Financièrement, elle ne fait pas d'argent, mais l'agresser crée une
obligation de réparer les dommages qu'elle subit.

L'indemnisation du préjudice moral, notamment en matière de responsabilité contractuelle,


a suscité des controverses jurisprudentielles. Certains se sont opposés au principe de
l'indemnisation du préjudice moral, au motif que ce préjudice ne diminue en rien la
responsabilité financière de la victime et qu'il est difficile de l'estimer en espèces.
L'indemnisation dans ce cas ne supprime pas les dommages, car l'argent ne peut pas effacer les
blessures de la douleur psychologique telles que le chagrin, la douleur, etc. Cependant,
l'opinion la plus correcte dans laquelle le travail est celui qui prend une compensation pour le
dommage moral contractuel.

Le dommage, qu'il soit matériel ou moral, doit être personnel, réalisé, direct ou attendu. Ce
sont les termes du dommage.

2
https://www.9anonmaroc.com/2021/11/responsabilite%20contractuelle.html?m=1
Le dommage est personnel, lorsque la personne du créancier subit l'un de ses droits ou
dans un intérêt légitime pour lui, En d'autres termes, ce n'est pas le non-contractant qui peut
réclamer réparation du dommage qui ne l'a pas personnellement atteint, mais bien le
contractant, à moins que cette réclamation n'ait une autre cause légale, comme dans le cas du
successeur général, où les héritiers sont en droit de réclamer une indemnité pour leur héritage,
même s'ils n'étaient pas partie au contrat. La condition de personnalité du dommage ne
correspond pas à la personnalité du droit à indemnisation, de sorte que la condition de
personnalité du dommage est liée à la capacité du créancier, et sur la base de cette
compréhension, le texte de l’article 264 de la loi de Obligations et Contrats énonce que 3: « Les
dommages sont la perte effective que le créancier a éprouvée et le gain dont il a été privé, et qui
sont la conséquence directe de l'inexécution de l'obligation... »

Et il est direct signifie que le dommage résulte directement de la faute contractuelle, c'est-à-
dire l'inexécution de l'obligation ou le retard dans l'exécution, et le dommage est considéré
comme une conséquence naturelle de la faute contractuelle si le créancier ne peut l'empêcher en
faisant un effort raisonnable (article 264 D.O.C), et cet effort raisonnable s'entend de l'effort
que fait une personne ordinaire pour s'acquitter de ses obligations. Par conséquent, le dommage
direct est le résultat naturel du non-respect ou du retard de l'obligation.

Enfin le dommage doit être prévisible, on entend par là ce qui était susceptible de se
produire et à quoi on pouvait s'attendre, et bien que le Droit des obligations et des contrats ne
fasse pas référence à cette condition, sa détermination et son application en attestent plusieurs
justifications logiques, en plus à le stipuler dans un certain nombre de législations civiles, la
nature de la responsabilité contractuelle elle-même est fondée sur l'expectative, chaque
contractant ne contracte qu'en fonction de ce que sa volonté attend en termes de profit ou de
perte à l'origine du contrat, et aussi sur la base de ce qu'elle attend du montant des frais qu'elle
supportera en cas de rupture de la force obligatoire du contrat.

Dans l'estimation de l'attente d'un dommage à ne pas l'avoir anticipé, elle se fonde sur un
critère objectif fondé sur l'homme du commun, et non sur un critère subjectif effectivement lié
à la personne du débiteur, au moment de la conclusion du contrat, par exemple : la perte d'une
valise expédiée par chemin de fer ou autre, donc l'entreprise ici ne demande que la valeur
raisonnable d'un sac ordinaire, c'est-à-dire les dommages attendus, même s'il y a des bijoux ou
des objets de valeur à l'intérieur du sac. Ainsi, le débiteur des obligations contractuelles n'est

3
L’article 264 du droit d’obligations et contrats
responsable, en règle générale, que du dommage direct auquel on s'attend habituellement au
moment de contracter. Toutefois, si la violation de l'obligation est due à son dol, ou à sa faute
grave, il est alors responsable de tous les dommages attendus et imprévus de sa part.

B- LA MEUSURE DU PREJUDICE :

C’est par l’avènement du Code Civil français en 1804 que nait un principe général de
responsabilité pour faite distinct de toute notion punitive ou de sanction, visant à effacer tout
préjudice subi par la victime. L’acte de naissance de cette réparation intervient par un arrêt du
28 octobre 1954 où la Cour de Cassation Française affirme : « le propre de la responsabilité
civile est de rétablir aussi exactement que possible l’équilibre détruit par le dommage et de
remplacer la victime dans la situation où elle se serait trouvée si l’acte dommageable ne s’était
pas produit ». Ce principe signifie une équivalence parfaite entre le dommage subi et le
montant des dommages et intérêts alloués. Normalement, doit être réparé tout le préjudice, mais
rien que le préjudice. Ainsi, le juge doit veiller à la réparation intégrale du préjudice.

Selon l’article 264 du Dahir formant code des obligations et contrats « …L'appréciation
des circonstances spéciales de chaque espèce est remise à la prudence du tribunal : il doit
évaluer différemment la mesure des dommages-intérêts, selon qu'il s'agit de la faute du débiteur
ou de son dol… », le législateur marocain a accordé en principe la mesure du préjudice au juge.
Cependant ce principe a une exception c’est la réparation conventionnelle, il s’agit des
dommages et intérêts conventionnels prévus par le deuxième alinéa de l’article 264 : « …Les
parties contractantes peuvent convenir des dommages-intérêts dus au titre du préjudice que
subirait le créancier en raison de l'inexécution totale ou partielle de l'obligation initiale ou en
raison du retard apporté à son exécution… ».

Le DOC n’a consacré la clause pénale qu’en 1995 mais en pratique les contractants ont
fait usage de cette clause (par exemple : dans les pénalités de contrat de livraison de biens ;
contrats de construction). Dès lors, le législateur marocain, tout en accordant aux parties la
liberté contractuelle, a accordé au juge le pouvoir d’intervenir dans la modification de cet
accord préalable entre les parties, confirmé par une décision de la cour d’appel qui prévoit «
Conformément au principe de la liberté contractuelle, les parties au contrat peuvent convenir au
moyen d’une clause dite pénale, que l’inexécution de l’obligation du débiteur donnerait lieu au
paiement d’une indemnité contractuelle fixée à l’avance. Ce principe est atténué, en ce sens que
l’article 264 du DOC, a donné au juge la possibilité de réduire ou d’augmenter le montant de
cette indemnité, proportionnellement au préjudice réellement subi » 4
. C’est un moyen de
pression pour inciter le débiteur à exécuter ses obligations. Les clauses pénales permettent aux
parties de prévoir d’avance le montant éventuel des Dommages et Intérêts que l’auteur du
dommage doit payer.

La validité des clauses pénales est affirmée en droit français par l’article 1231-5 «
Lorsque le contrat stipule que celui qui manquera de l’exécuter paiera une certaine somme à
titre de dommage et intérêts, il ne peut être alloué à l’autre partie une somme plus forte ni
moindre ». Cet article confère désormais aux juges le pouvoir de modérer ou augmenter la
somme convenue si celle-ci est manifestement excessive ou dériso5ire .

L’article 264 du DOC reconnait au tribunal la possibilité de réduire le montant des


dommages-intérêts convenu s'il est excessif ou augmenter sa valeur s'il est minoré comme il
peut réduire le montant des dommages-intérêts convenu, compte tenu du profit que le créancier
en aurait retiré du fait de l'exécution partielle de l'obligation6 , et toute clause contraire est
réputée nulle. On déduit des dispositions de cet article que l’autorité du juge est liée à
l’existence de l’un des cas suivants : en cas de modification du montant de réparation s’il est
excessif ; en cas d’augmentation de la valeur de l’indemnité convenue si elle est minorée ; Et
en cas d’inexécution partielle des obligations par le débiteur, pour déterminer le montant de
réparation.

Toutefois, le législateur n’a pas précisé le pourcentage de calcul de ces modifications,


donc le juge se trouve dans l’obligation de mesurer le préjudice que ce soit matériel, moral ou
corporel, par les moyens disponibles selon chaque espèce. L’indemnité doit être calculée en
fonction de la valeur du dommage. De plus, si on prend en considération le critère subjectif,
l’indemnité sera différente.

En effet, les dispositions du code des obligations et contrats en droit marocain prévoient
la responsabilité en présence d’une faute revêtant une certaine gravité. Par exemple, l’article
232 du DOC : « On ne peut stipuler d'avance qu'on ne sera pas tenu de sa faute lourde ou de
son dol. » retient le critère de gravité de la faute comme fondement d’une responsabilité à
laquelle on ne peut échapper. En effet, la faute lourde ou la faute dolosive rend inefficace les
clauses de non-responsabilité, donc le système de gradation des fautes découle des dispositions

4
Cour d’appel Maroc, arrêt 13 juin 1997, N°4909
5
L’article 1231-5, Alinéa 2, du code civil Français « Néanmoins, le juge peut, même d’office, modérer ou
augmenter la pénalité ainsi convenue si elle est manifestement excessive ou dérisoire. »
6
Art.264, Dahir 9 ramadan 1331 formant code des obligations et contrats.
du DOC. Il appartient au tribunal d’évaluer différemment les Dommages-Intérêts selon qu’il
s’agisse de la faute du débiteur ou de son dol. On constate donc que la gravité de la faute en
droit marocain peut avoir une influence sur le montant de la réparation. Cette règle semble
heurter le principe de la réparation intégrale du préjudice.

En droit Français l’influence de la gravité de la faute est prévue par l’article 1231-3 « Le
débiteur n’est tenu que des dommages et intérêts qui ont été prévus ou qui pouvaient être
prévus lors de la conclusion du contrat, sauf lorsque l’inexécution est due à une faute lourde ou
dolosive. ». Toutefois, le législateur Français a limité cette influence par les dispositions de
l’article 1231-4 « dans le cas même où l’inexécution du contrat résulte d’une faute lourde ou
dolosive, les dommages et intérêts ne comprennent que ce qui est une suite immédiate et directe
de l’inexécution ».

A quel moment évaluer le préjudice subi par la victime ?

Pour répondre à cette question deux thèses s’affrontent pour la détermination de ce


moment : le moment de la survenue du préjudice ou le moment de la réparation de ce dernier.

Le principe est posé par la Cour de cassation, depuis plus de 50 ans : « Le préjudice doit
être évalué à la date la plus proche de la réparation effective »7 .

Or, comme il est difficile de retenir la date du paiement effective, la date la plus proche
retenue par les tribunaux est la date à laquelle ils statuent au fond pour la dernière fois (soit
décision de premier ressort définitive ou décision d’appel). Cette position a le mérite de prendre
en compte l’éventuelle aggravation ou baisse du préjudice entre la naissance du droit de
créance et le moment où la réparation intervient.

a. le préjudice matériel

L’évaluation des dommages matériels est facile en principe. Néanmoins, des difficultés
d’application se sont présentées en matière de détérioration d’un bien usagé. Le problème s’est
posé de savoir si l’indemnité devrait se calculer sur la base du coût de réparation ou en fonction
de la valeur de remplacement. La jurisprudence est hésitante lorsque par exemple, la valeur de
remise en état dépasse la valeur de remplacement. La victime doit accepter le remplacement de
la chose. Impossible de réparer la chose puisque le coût de remplacement excède la valeur de la
chose.

7
Cass. Soc.,19 novembre 1953 confirmé entre autres par Cass. Com., 16 février 1954.
En droit civil positif, le droit français fonde l’indemnisation du préjudice sur le principe
dit de la « réparation intégrale ». Ce principe appliqué strictement ne permet pas en fait – sinon
en droit- d’indemniser les victimes, à la hauteur du préjudice réellement subi. Il limite la
réparation du préjudice à la perte certaine, effectivement subi par le créancier, uniquement et
directement imputable à l’inexécution du contrat et prévisible du point de vue du débiteur8 .

Les articles 1231-6, 1231-7, (les anciens articles 11153, et suivants) du Code Civil
français comportent deux mesures :

- La fixation du taux légal pour les intérêts moratoires.

- La réglementation de la capitalisation des intérêts.

Les textes du DOC qui traitent les intérêts (article 261 et suivants) ne contiennent
aucune disposition analogue à celle de l’article 1231-6 du Code Civil français. En droit
marocain, on doit dans tous les cas rechercher la perte effective que le créancier a éprouvée et
les gains dont il a été privé. En matière contractuelle s’est donc l’intégralité du gain manqué et
des pertes subies qui devront être indemnisées en cas de manquements.

b. le préjudice moral

L’un des arguments les plus fréquemment opposé à l’encontre d’une plus large
reconnaissance des préjudices immatériels réside dans le caractère difficilement quantifiable de
ce type de préjudice. Les préjudices moraux ne pouvant pas -ou difficilement- être quantifiés il
s’avère particulièrement ardu de les estimer et de les chiffrer. Ainsi Geneviève Viney et Patrice
Jourdain citant9 Gabriel Roujou de Boubeé 10, rappellent qu’« il est impossible de convertir un
préjudice moral directement en unités monétaires, les valeurs morales ne pouvant avoir
d’équivalent qu’en nature » .

L’objectif consistant à remplacer la victime dans la situation dans laquelle elle se


trouvait avant le dommage ne semble donc applicable qu’aux préjudices patrimoniaux. En
effet, un préjudice moral peut être indemnisé mais il sera impossible de replacer la victime dans
la situation dans laquelle elle se trouvait avant le préjudice. Croire le contraire consisterait à
faire fie de la construction de chaque être humain qui se fonde sur des expériences de vie. Les

8
Les articles 1231-2 à 1231-6 du code civil français
9
G. Viney et P. Jourdain, Traité de droit civil, sous la direction de jacques Ghestin, Les conditions de la
responsabilité, 2e éd. In : Revue internationale de droit comparé. Vol. 51 N° 1, Janvier-mars 1999.
10
Enseignant à l’école de la magistrature de Bordeaux, Juriste et Professeur à l’Université des sciences sociales
de Toulouse.
dommages-intérêts indemnisant les préjudices moraux visent donc à réparer des expériences de
vie que nos sociétés considèrent comme négatives et, en creux, comme des expériences qui ne
devraient pas être vécues. Le droit est ainsi parvenu à une incroyable réduction des risques
permettant aux individus d’être au moins partiellement protégés contre les aléas de la vie11 .

La mise en œuvre de cette réparation peut poser des problèmes en matière des
dommages extrapatrimoniaux, puisque ce préjudice ne peut être évalué de manière précise par
le juge. Il est en effet difficile de « doser » les souffrances ou les « impressions psychologiques
». En effet, les sentiments éprouvés lors d’un événement donné varient d’une personne à l’autre
et ne peuvent être réellement évaluées. Dans ces hypothèses les Dommages-Intérêts jouent un
rôle plutôt satisfacteur que compensateur.

Une autre difficulté consiste à fusionner la douleur physique et la douleur psychique, en


considérant que la compensation de la première emporte ipso facto celle de la seconde. Telle
n’est pas néanmoins la position de la jurisprudence la plus établie en France, dont le point de
vue, sous réserve de sa pérennisation, tend au contraire à dissocier les souffrances physiques
des souffrances morales, les unes et les autres fondant dès lors l’allocation d’indemnités
distinctes. On s’en convaincra à la lecture de cet arrêt du 11 octobre 2005, où la Cour de
cassation Française approuve une décision de la Cour d’appel d’avoir, en présence d’une
victime qui avait « souffert d'importantes douleurs physiques et subissait un préjudice moral,
dû notamment à la dégradation de son état de santé… » « caractérisé les éléments de fait
distincts qui lui ont permis de relever l'existence de chacun des chefs de préjudice qu'elle a
réparé ». Cette dissociation peut se prévaloir de dispositions légales 12, qui convient le juge à la
pratiquer lors de la détermination des droits des victimes13 .

Le principe de l’indemnisation des préjudices extrapatrimoniaux a fini par être


admis, même si son application pratique demeure complexe à cause de son évaluation. En effet,
le préjudice moral ayant trait au psychisme de la victime, il ne peut donner lieu à aucune
réparation en nature, la victime ne pourra donc qu’obtenir une réparation par équivalent qui va
se matérialiser par l’octroi d’une somme d’argent. Or, l’existence d’un préjudice
extrapatrimonial complique le chiffrage de l’indemnisation parce qu’il est difficile

11
F.S. GIAOUI, indemnisation du préjudice économique en cas d’inexécution contractuelle : étude comparative
en Common Law Américaine, droit civil Français, et droit commercial international, UMR8103, ISJPS, Université
Paris 1 Panthéon sorbonne, 2018.
12
C. séc. soc., art. L. 454-1 al. 3, évoquant les indemnités « de caractère personnel, correspondant aux
souffrances physiques ou morales ».
13
P. PIERRE, L’indemnisation du préjudice moral en Droit français, ’Université de Rennes 1.
d’appréhender concrètement sa certitude, mais également parce qu’il semble impossible de
mesurer avec précision son étendue14 . Ces difficultés ressurgiront avec d’autant plus
d’intensité lorsque la victime se prévaudra d’une évolution.

c. le préjudice corporel :

Si l'indemnisation du dommage corporel peut trouver un fondement dans les articles 16


et suivants du Code civil Français, et dans les articles 22 et suivants de la Constitution
Marocaine de 2011, une telle affirmation semble entraîner corrélativement une autre
conséquence : celle de la nécessaire égalité de traitement des victimes. Le rattachement de la
problématique de l'indemnisation du dommage corporel à une logique de droits fondamentaux
produit des incidences sur la façon dont il convient d'en appréhender les modalités. Les droits
fondamentaux ont pour particularité de s'appliquer de manière égale et indifférenciée à tous les
sujets de droit. Or, tel n'en est pas le cas du droit du dommage corporel. Le droit positif français
se caractérise par un éclatement des régimes juridiques entre droit commun et droits spéciaux,
entre faute et risque, entre indemnisation intégrale et indemnisation forfaitaire15 .

Au-delà de cette pluralité de régimes se pose la question de l'étendue de la réparation,


laquelle s'envisage par la réponse à trois questions simples mais nécessaires : Quoi, que répare-
t-on ? Comment, sous quelle forme ? Combien ?

En matière de dommage corporel la règle demeure celle de la réparation intégrale du


préjudice illustrée par l'adage « Tout le préjudice, mais rien que le préjudice »16 . L'évaluation
du préjudice corporel prend donc en compte tous les chefs de préjudice, les préjudices
économiques tels que la perte des revenus professionnels suite au dommage subi mais
également les préjudices non économiques tels que le pretium doloris. Le montant du préjudice
causé à l'intégrité d'une personne physique est évalué soit par transaction, soit par le juge. Ici, il
n'existe pas de valeur contractuelle déterminée comme en assurance de choses. Selon la Cour
de cassation, « le propre de la responsabilité civile est de rétablir aussi exactement que possible
l'équilibre détruit par le dommage et de replacer la victime, aux dépens du responsable, dans la
situation où elle se serait trouvée si l'acte dommageable ne s'était pas produit» [...], « en

14
PH. LE TOURNEAU, Droit de la responsabilité et des contrats, 11ème éd., Paris : Dalloz, 2017, n° 2125.11, p.
573.
15
Y. LAMBERT-FAIVRE, « De l'hétérogénéité des systèmes de réparation à l'unicité d'une méthodologie de
l'indemnisation », in Mélanges DALCQ (R.O.): Responsabilités et assurances, éd. Larcier, 1994, p. 349 LEDUC (F.),
« L'œuvre du législateur : vices et vertus des régimes spéciaux », Resp. civ. et assur. 2001, no 6 bis, p. 50.
16
M. DENIMAL, La réparation intégrale du préjudice corporel : réalités et perspectives, L’Université Lille 2 – Droit
et Santé, 2016
conséquence, la réparation intégrale d'un dommage causé à une chose n'est réalisée que par le
remboursement des frais de remise en état ou par le paiement d'une somme d'argent
représentant la valeur de son remplacement17 ».

Ces dispositions posent les grands principes mais demeurent silencieuses quant à la
manière dont ceux-ci seront ensuite mis en œuvre.

Les critiques sont nombreuses et chacun s'accorde à remarquer des disparités dans le
traitement des situations des victimes selon le fait générateur du dommage, leur situation
géographique et personnelle, l'auteur du dommage ainsi que leur choix de traitement du litige
par transaction ou par voie juridictionnelle. Le contentieux du dommage corporel est traité dans
95% des cas par les assurances, lesquelles proposent des transactions dont les montants se
dévoilent bien moins élevés que ceux alloués par les juridictions.

Si la personnalisation de l'évaluation au regard de la situation concrète de la victime doit


bien entendu toujours être affirmée comme une incontestable nécessité, il apparaît que les
instruments à la lumière desquels les préjudices sont appréhendés ne sauraient être laissés au
choix du régleur. À cet égard, une harmonisation des outils de l'évaluation paraît donc
s'imposer comme une nécessité au nom du principe d'égalité, comme de celui de la réparation
intégrale 18.

Les inégalités de traitements touchent profondément l'étape de l'évaluation du préjudice.


En la matière, la confusion règne à chaque stade du processus : choix de la mission d'expertise,
du barème médico-légal d'évaluation, de la nomenclature des chefs de préjudices réparables ou
encore des tables de capitalisation. Ainsi, la liberté est totale. Or, tant de marge de manœuvre
ne peut manifestement assurer une égalité de traitement entre les victimes, puisqu'en amont, les
outils utilisés pour quantifier le préjudice ne sont pas les mêmes d'un ordre de juridiction à
l'autre, d'un ressort de juridiction à l'autre et, donc, d'une victime à l'autre.

Après la transaction ou la décision judiciaire, est-ce que la victime peut demander une
révision de l’indemnité ?

La révision de l’indemnité peut être motivée par la modification des éléments


intrinsèques du dommage. Après la transaction ou la décision judiciaire, il se peut que le
dommage vienne à se modifier soit dans le sens d’une diminution soit dans celui d’une

17
Cass. 2e civ., 13 janvier. 1998. n°86-16.046,RGAT 1989, p. 345, note CHAPUISAT (F. )
18
S. PORCHY-SIMON, la réparation du dommage corporel à l'épreuve de l'unification des pratiques,
GP20111224001Gazette du Palais, 24 décembre 2011 n° 358, P. 5
aggravation. C’est surtout le cas des accidents corporels ayant entrainés une incapacité
permanente. Lorsqu’il y a amélioration de l’état de la victime, aucune révision n’est admise
dans le sens d’une diminution des droits de la victime. En revanche, en cas d’aggravation de
l’état de la victime, les tribunaux se montrent favorables à la révision. En effet, la jurisprudence
considère les aggravations comme des dommages nouveaux susceptibles de justifier
l’allocation d’une indemnité supplémentaire. La seule trace que l’on retrouve de l’idée
d’évolution du préjudice se situe dans son article 2226 qui fait référence à l’aggravation à
propos de la prescription de l’action en réparation des préjudices résultant d’un dommage
corporel. C’est alors à la jurisprudence, accompagnée par de nombreux travaux doctrinaux,
qu’est revenue la minutieuse tâche d’apporter des solutions19 .

PARTIE II. LES SANCTIONS D’INEXECUTION


CONTRACTUELLE
La notion de l’inexécution contractuelle (A) consiste en une faute contractuelle, cette
faute suppose d’abord l’existence d’une obligation contractuelle valable, donc d’un acte
juridique valable, cette inexécution est sanctionnée (B), toutefois cette sanction se diffère d’un
cas à un autre.

A- L’INEXECUTION CONTRACTUELLE

Il ne suffit pas qu’il y ait un contrat valable, il faut encore qu’existe l’obligation
prétendument violée et c’est à celui qui se prévaut de l’existence d’une obligation d’en apporter
la preuve selon les dispositions de l’article 399 du DOC20 . La violation d’une obligation
contractuelle constitue alors l’inexécution contractuelle (A), dont les sanctions visent la
réparation du dommage subi par l’un des cocontractant (B).

a. LA NOTION D’INEXECUTION CONTRACTUEL

Dès lors, il faut que celui qui en prévaut de la responsabilité contractuelle établisse
l’inexécution du contrat, cette inexécution peut être totale ou partielle, le retard dans
l’exécution est considéré comme une forme d’inexécution selon l’article 264 du DOC, « …Les
parties contractantes peuvent convenir des dommages-intérêts dus au titre du préjudice que

19
A. Mure. L’évolution du préjudice de la victime en droit de la responsabilité civile. Droit. Université Grenoble
Alpes, 2019. Français. NNT : 2019GREAD004ff.
20
« La preuve de l'obligation doit être faite par celui qui s'en prévaut. ».
subirait le créancier en raison de l'inexécution totale ou partielle de l'obligation initiale ou en
raison du retard apporté à son exécution… », ainsi l’article 263 déclare que « Les dommages-
intérêts sont dus, soit à raison de l'inexécution de l'obligation, soit à raison du retard dans
l'exécution, et encore qu'il n'y ait aucune mauvaise foi de la part du débiteur. », dont
l’équivalent en droit Français est l’article 1231-1 « Le débiteur est condamné, s’il y a lieu au
paiement de dommage et intérêt soit à raison de l’inexécution de l’obligation, soit à raison du
retard dans l’exécution… ». Si l’inexécution est totale, le dommage est présumé et le créancier
devra alors en déterminer le dommage. Si l’inexécution n’est que partielle, le créancier devra
alors prouver l’existence du dommage, la preuve du dommage et de son montant peut se faire
par tous moyens.

b. les formes d’inexécution contractuelle

Le code civil Français semble contenir des directives contradictoires. L’article 1137
dispose que « le débiteur d’une obligation doit apporter à l’exécution de celle-ci tous les soins
d’’un bon père de famille. ». La seconde directive est celle de l’article 1147, selon lequel, « le
débiteur d’une obligation doit être condamné toutes les fois qu’il ne justifie pas que
l’inexécution provient d’une cause étrangère ».

Ces deux textes font référence à la notion de la faute, cependant, ils divergent sur la
question de la preuve, l’article 1137 semble supposer que l’absence du résultat attendu ne soit
pas fautive, alors que le second article 1147, pose au contraire le principe selon lequel sauf
justification, l’absence de résultat attendu est fautive.

La doctrine propose une explication, elle distingue entre les obligations de moyens et
des obligations de résultat. Lorsqu’il s’agit d’une obligation de moyens, le créancier doit
démontrer que le débiteur ne s’est pas conduit en bon père de famille, le créancier doit
rapporter la preuve de la faute du débiteur, il ne suffit pas de prouver que le résultat souhaité
n’a pas été atteint, ce principe est confirmé par la jurisprudence Française selon laquelle « A la
différence du loueur de chevaux, fondé à considérer que ses clients, livrés à eux-mêmes, et
libres de choisir leur allure comme leur itinéraire, sont de véritables cavaliers acceptant
sciemment de courir les risques d'un sport dangereux, l'entrepreneur de promenades équestres
s'adresse, au contraire, à des clients qui peuvent tout ignorer de l'équitation et rechercher
seulement le divertissement d'un parcours à dos de cheval sur l'itinéraire imposé par les
préposés qui les accompagnent. De ce fait l'organisateur de promenades équestres est débiteur
d'une obligation contractuelle de sécurité de moyens renforcée, qu'il appartient donc à la
victime de rapporter la preuve d'une faute de celui-ci dans l'organisation de la promenade
équestre au cours de laquelle la victime a été blessée »21 .

Une autre jurisprudence selon laquelle le créancier a prouvé la faute du débiteur déclare
que : « A la différence du loueur de chevaux, fondé à considérer que ses clients, livrés à eux-
mêmes, et libres de choisir leur allure comme leur itinéraire, sont de véritables cavaliers
acceptant sciemment de courir les risques d'un sport dangereux, l'entrepreneur de promenades
équestres s'adresse, au contraire, à des clients qui peuvent tout ignorer de l'équitation et
rechercher seulement le divertissement d'un parcours à dos de cheval sur l'itinéraire imposé par
les préposés qui les accompagnent. Manque à son obligation contractuelle de sécurité,
l'association qui a organisé une promenade équestre comprenant huit cavaliers d'âges et
d'expériences variés sous la seule surveillance d'une unique accompagnatrice elle-même
inexpérimentée et en n'assurant pas une surveillance effective des cavaliers placés sous sa
responsabilité 22 ».

Lorsqu’il s’agit d’une obligation de résultat, la faute est alors présumée, le créancier
doit apporter la preuve que le résultat escompté n’est pas atteint, quel que soit le comportement
du débiteur. Ce dernier pour se débarrasser de la responsabilité doit prouver que l’inexécution
de l’obligation contractuelle est une conséquence d’une cause étrangère. Une jurisprudence
Française prévoit dans ce sens « Celui qui est chargé de réparer un ascenseur est tenu d'une
obligation de résultat en ce qui concerne la sécurité de l'appareil. Dans la mesure où
l'ascensoriste, chargé de l'entretien et de la réparation de cet ascenseur, est intervenu sur le dit
ascenseur pour remédier à une panne et où, quelques heures plus tard, une personne a été
victime d'une chute de cet ascenseur avec arrêt brutal entre deux étages, il apparaît que cette
société a manqué à son obligation de sécurité de résultat et est responsable de ce sinistre. En
conséquence l'ascensoriste sera condamné à relever et garantir le syndicat des copropriétaires,
responsable en tant que gardien de l'ascenseur, de l'ensemble des condamnations prononcées à
son encontre dans le cadre du présent litige » 23.

La réforme de 2016 a remplacé les deux articles au-dessus par l’article 1231-1 du code
civil qui déclare que « le débiteur est condamné, s’il y a lieu, au paiement de dommages et

21
Cour d'appel d'Aix-en-Provence, 20 novembre 2007, 05/16677, Décision attaquée : Tribunal de grande
instance de Nice, du 29 juin 2005
22
Cour d'appel d'Aix-en-Provence, 29 avril 2008, 07/02576, Décision attaquée : Tribunal de grande instance de
Draguignan, du 23 janvier 2007
23
Cour d'appel d'Aix-en-Provence, 4 mars 2009, 07/06292, Décision attaquée : Tribunal de grande instance de
Marseille, du 15 mars 2007
intérêts soit à raison de l’inexécution de l’obligation, soit à raison du retard dans l’inexécution,
s’il ne justifie pas que l’exécution a été empêchée par la force majeure ». Au droit Marocain
l’article 268 du DOC prévoit « Il n'y a lieu à aucuns dommages-intérêts, lorsque le débiteur
justifie que l'exécution ou le retard proviennent d'une cause qui ne peut lui être imputée, telle
que la force majeure, le cas fortuit ou la demeure du créancier ».

L’inexécution se diffère ainsi selon la nature de l’obligation, l’article 261 du DOC


prévoit que « L'obligation de faire se résout en dommages intérêts en cas d'inexécution… »
quant à l’obligation de ne pas faire l’article 262 de DOC déclare que « Lorsque l'obligation
consiste à ne pas faire, le débiteur est tenu des dommages-intérêts par le seul fait de la
contravention »

B- LES SANCTIONS D’INEXECUTION


CONTRACTUELLLE :

Les sanctions d’inexécutions reconnues jusqu’à maintenant par la loi et la


jurisprudence : l’exception d’inexécution, l’exécution forcée en nature de l’obligation, la
réduction du prix, la résolution du contrat et l’octroi des dommages et intérêts.

1- Les sanctions qui visent à obtenir l’exécution du contrat :

a) L’exception d’inexécution :

L’exception d’inexécution se définit comme le droit de refuser d’exécuter son


obligation lorsque l’autre partie n’exécute pas la sienne et que cette inexécution est
suffisamment grave (Article 1219 du Code civil français)

En droit Marocain, l’article 235 du DOC prévoit que : « Dans les contrats bilatéraux,
l'une des parties peut refuser d'accomplir son obligation jusqu'à l'accomplissement de
l’obligation corrélative de l'autre partie, à moins que, d'après la convention ou l'usage, l'un des
contractants ne soit tenu d'exécuter le premier sa part de l'obligation ». Il s’agit, en quelque
sorte, d’un droit de légitime défense contractuelle susceptible d’être exercé, tant par le
créancier, que par le débiteur. A cet égard, il faut distinguer selon que l’inexécution du
débiteur est avérée ou anticipée par le créancier.
Si l’inexécution du débiteur est avérée, elle doit être suffisamment grave pour justifier
l’inexécution du créancier24 . Pour que l’exception d’inexécution soit valable, il faut que
l’inexécution avérée du cocontractant soit suffisamment grave. Il s’agit ici de fixer un critère de
gravité dans l’objectif d’examiner, au cas par cas pour les juges, la proportionnalité. Ainsi,
l’exception d’inexécution exercée par le créancier d’une obligation inexécutée pourra être
utilisée comme moyen de pression sur le débiteur, à condition que celui-ci soit proportionné.
Par exemple, un arrêt de la Cour de cassation du 1er mars 1995 relève que le défaut d’entretien
des locaux par le bailleur, rendant la jouissance du bien impossible, justifie le fait pour le
locataire de suspendre son obligation de paiement du loyer. En d’autres termes, l’inexécution
par le locataire de son obligation de payer les loyers n’est pas disproportionnée parce que
l’inexécution avérée du bailleur est suffisamment grave (immeuble inhabitable.

Mais le créancier peut également anticiper l’inexécution du débiteur et suspendre de


manière préventive ses propres obligations. Selon l’article 1220 du Code civil dispose qu’«
une partie peut suspendre l’exécution de son obligation dès lors qu’il est manifeste que son
cocontractant ne s’exécutera pas à l’échéance et que les conséquences de cette inexécution sont
suffisamment graves pour elle ».

Pour avoir le droit de suspendre de manière préventive ses obligations, le créancier doit
pouvoir répondre aux conditions suivantes :

• L’inexécution à venir doit être manifeste

• Les conséquences de l’inexécution doivent être suffisamment graves

• La notification de l’exercice de l’exception d’inexécution doit être adressée dans


les meilleurs délais au débiteur.

L’exercice de l’exception d’inexécution a pour effet de suspendre l’exécution des


obligations du créancier, tant que le débiteur n’a pas fourni la prestation à laquelle il s’est
engagé. Aussi, le contrat n’est nullement anéanti : l’exigibilité des obligations de l’excipients
est seulement suspendue temporairement, étant précisé que cette suspension est unilatérale. Dès
lors que le débiteur aura régularisé sa situation, il incombera au créancier de lever la suspension

24
Article 1219 du code civil
exercée et d’exécuter ses obligations. En tout état de cause, l’exercice de l’exception
d’inexécution n’autorise pas le créancier à rompre le contrat25.

b) L’exécution forcée en nature :

L’exécution forcée en nature consiste à contraindre le débiteur à exécuter l’obligation


qu’il n’a pas ou qu’il a mal exécutée. Par opposition, on parle parfois d’exécution forcée par
équivalent à propos de la responsabilité civile contractuelle. Au lieu d’obtenir satisfaction en
nature, le créancier obtient un équivalent monétaire : des dommages et intérêts. La comparaison
du sort réservé à l’exécution forcée en nature.

Cette sanction trouve son fondement dans l’article 1221 du code civil français qui pose
le principe selon lequel le créancier d’une obligation peut, après mise en demeure, en
poursuivre l’exécution en nature. Ainsi que l’article 1222 qui propose une alternative au
créancier en lui permettant, au lieu de poursuivre l’exécution forcée de l’obligation concernée,
de faire exécuter lui-même l’obligation ou détruire ce qui a été mal exécuté après mise en
demeure du débiteur, et de solliciter ensuite du débiteur le remboursement des sommes
exposées pour ce faire.

En principe, Toutes les obligations, quelle que soit leur nature, sont susceptibles de faire
l’objet d’une exécution forcée en nature26 . Toutefois, le droit Marocain ne reconnaît que
l’obligation de faire et ce conformément à l’article 261 du DOC qui précise que : « que
l’obligation de faire se résout en dommages et intérêts en cas d’inexécution, si
l’accomplissement n’exige pas l’action personnelle du débiteur, le créancier peut s’adresser au
juge pour obtenir l’autorisation de faire exécuter la prestation aux frais du débiteur.

En revanche, On trouve dans la présentation des articles 1221 à 1222 du code civil qu’il
existe 2 limites à ce principe. L’exécution forcée en nature est exclue lorsque cette exécution
porte sur une obligation qui parait impossible, donc le créancier ne peut en demander
l’exécution forcée en nature. Pour s’en convaincre, il suffit de se reporter au Rapport au
Président de la République qui précise que « l’exécution forcée en nature ne peut être ordonnée
en cas d’impossibilité matérielle, juridique ou morale, en particulier si elle porte atteinte aux
libertés individuelles du débiteur ».

25
Cass. com. 11 févr. 2003, n°00-11085
26
L’ancien article 1142 du code civil français
Une seconde limite à l’exécution forcée en nature : la « disproportion manifeste entre
son coût pour le débiteur et son intérêt pour le créancier ». Ainsi, lorsque l’exécution forcée en
nature est extrêmement onéreuse pour le débiteur sans que le créancier y ait vraiment intérêt, il
apparaît en effet inéquitable et injustifié que celui-ci puisse l’exiger, alors qu’une
condamnation à des dommages et intérêts pourrait lui fournir une compensation adéquate pour
un prix beaucoup plus réduit. En tout état de cause, pour faire échec à la demande d’exécution
forcée en nature du créancier le débiteur devra démontrer qu’il existe une disproportion entre le
coût de l’exécution et l’intérêt pour le créancier de la mise en œuvre de cette exécution. Notons
que cette exception, au regard de l’article 1221 du Code civil, ne pourrait bénéficier qu’au
débiteur de bonne foi.

La mise en œuvre de de l’exécution forcé en nature nécessite au préalable, trois


conditions :

• La mise en demeure du débiteur

• L’observation d’un délai raisonnable

• Le respect d’un coût raisonnable

c) La réduction du prix :

La réfaction est un mécanisme qui permet de sanctionner une inexécution partielle


d’une obligation par une révision du contrat qui consiste à diminuer de façon proportionnelle
l’obligation réciproque. Le mécanisme était jusqu’à maintenant admis dans les ventes
commerciales : lorsque l’acquéreur estime que la marchandise livrée ne correspond pas, en
qualité ou en quantité, à ce qui avait été convenu, il peut réduire unilatéralement et de façon
extrajudiciaire le prix dû en contrepartie, sous réserve d’un contrôle a posteriori du juge.

Cette possibilité de sanctionner une inexécution partielle par une révision du prix est
consacré par l’article 1223 qui précise que : « le créancier peut, après mise en demeure,
accepter une exécution imparfaite du contrat et solliciter une réduction proportionnelle du prix.
S’il n’a pas encore payé, le créancier notifie sa décision de réduire le prix dans les meilleurs
délais. »

Ce mécanisme se déroule en deux temps. Le créancier doit d’abord mettre en demeure


le débiteur d’exécuter correctement l’obligation qui n’a été que partiellement exécutée et «
solliciter » une réduction de prix. Si le débiteur ne s’exécute pas, le créancier peut alors, dans
un second temps, lui notifier sa décision de réduire le prix. Le débiteur peut naturellement
contester le bienfondé de cette décision unilatérale et saisir le juge pour obtenir le paiement
intégral de la somme qui avait été initialement convenue. Si le créancier a déjà payé le débiteur
avant que celui-ci n’exécute son obligation, alors la réduction de prix unilatérale oblige le
débiteur à rembourser partiellement le créancier ; s’il refuse, ce sera cette fois au créancier de
saisir le juge pour contraindre le débiteur à rembourser partiellement ce qui a déjà été payé. La
condition de fond de validité de la réduction de prix est naturellement la proportionnalité entre
la réduction du prix et l’étendue de l’inexécution partielle.

La réduction du prix se situe donc, dans l’arsenal des sanctions, entre l’exception
d’inexécution et la résolution pour inexécution. Le contrat est révisé en réaction à une
exécution imparfaite de celui-ci.

2- D’autres sanctions :

a) La résolution du contrat :

La résolution du contrat peut résulter de 3 hypothèses : « soit de l’application d’une


clause résolutoire soit, en cas d’inexécution suffisamment grave, d’une notification du
créancier au débiteur ou d’une décision de justice »27

La résolution judiciaire est la résolution prononcée par le juge saisi par l’une des parties
victime de l’inexécution. Cette résolution est prévue par l’article 1227 du code civil français et
l’article 259 du DOC aux termes duquel « lorsque le débiteur est en demeure, le créancier a le
droit de contraindre le débiteur à accomplir l'obligation, si l'exécution en est possible, à défaut,
il peut demander la résolution du contrat ainsi que les dommages et intérêts dans les deux cas
».Le mise en demeure reste une condition facultative de l’action en résolution puisque la
citation en justice constitue en elle-même une mise en demeure. De la rédaction du dernier
article, la résolution judiciaire tient, dans un premier lieu, au domaine et aux circonstances de
l’inexécution. Ainsi, les contrats synallagmatiques, contrairement aux contrats unilatéraux, sont
susceptibles d’une résolution, tel est le cas dans un contrat de vente, où l’une des parties ait
l’intention de ne pas remplir ses obligations, l’autre peut tout de même demander qu’elle soit
libérée des siens au juge. En effet, la résolution exige une inexécution en dépit de son caractère,
qu’elle soit totale, partielle, fautive ou pas conformément à l’article 259 susmentionné.

27
L’article 1224 du code civil
Quant à la résolution conventionnelle est prévue par l’article 260 du DOC et l’article
1225 du code civil français. L’insertion d’une clause résolutoire au niveau du contrat a pour but
de permettre aux parties de mettre fin au contrat, sans recourir au juge, en cas d’inexécution des
obligations contractuelles, dans les cas et conditions fixés par elles. En droit français, le
deuxième alinéa de l’article 1229 exige, implicitement, également que les parties s’accordent
sur la date à laquelle la résolution de plein droit interviendra lorsque la clause est mise en
œuvre « la résolution prend effet, selon les cas, dans les conditions prévues par la clause
résolutoire [...] » mais à défaut de précision par la clause résolutoire, les juges pourraient
considérer que résolution pourrait prendre effet à compter de la notification par le créancier de
sa décision ou du terme prévu par celle-ci28 . La jurisprudence française29 s’accorde également
à préciser qu’une clause ne pourrait être qualifiée de résolutoire si la rédaction que les parties
lui ont donnée laisse au juge le pouvoir de prononcer la résolution. Toute ambiguïté de la
clause, en pratique, jouera contre elle.

La résolution via la clause intervient de plein droit, sans qu’une intervention judiciaire
soit nécessaire. Si un juge est ultérieurement saisi, il pourra soit constater que la clause n’a pas
pu produire son effet parce que les conditions n’en étaient pas réunies, et éventuellement
statuer sur une éventuelle demande en résolution judiciaire, soit constater que la clause a
produit son effet et que le contrat est alors déjà résolu30.

En ce qui concerne la résolution unilatérale par notification, celle-ci constitue une


nouveauté dans le code civil et plus précisément dans son article 1226 qui précise que : « Le
créancier peut, à ses risques et périls, résoudre le contrat par voie de notification. Sauf urgence,
il doit préalablement mettre en demeure le débiteur défaillant de satisfaire à son engagement
dans un délai raisonnable. La mise en demeure mentionne expressément qu’à défaut pour le
débiteur de satisfaire à son obligation, le créancier sera en droit de résoudre le contrat. Lorsque
l’inexécution persiste, le créancier notifie au débiteur la résolution du contrat et les raisons qui
la motivent. Le débiteur peut à tout moment saisir le juge pour contester la résolution. Le
créancier doit alors prouver la gravité de l’inexécution ».

Pour que le créancier soit fondé à exercer sa faculté de résolution unilatérale, une
inexécution du contrat doit pouvoir être constatée. A défaut de précision du texte, il parait
possible d’admettre que la résolution unilatérale pourrait concerner une l’inexécution totale ou

28
L. ANDREU, N. THOMASSIN, Cours de droit des obligations, p. 270, nº 724
29
Cass. 1re civ., 7 oct. 1998, nº 97-10926 – Cass. 3 e civ., 24 févr. 1999, nº 96-22664
30
Ibid. p. 271, nº 727
partielle de l’obligation, ou même une exécution imparfaite. L’inexécution pourrait donc
consister :

• Dans un retard dans l’exécution de l’obligation,

• De l’absence de délivrance de la chose

• Et plus généralement d’une prestation non conforme aux stipulations


contractuelles.

La condition essentielle que doit remplir l‘inexécution avérée, c’est qu’elle soit
suffisamment grave, au sens de l’article 1224 du Code civil, pour justifier la résolution du
contrat.

En ce qui concerne les effets de la résolution, la résolution judiciaire prend effet à la


date fixée par le juge ou à défaut, à la date de l’assignation en justice. Quant à la résolution
conventionnelle, elle prend effet à la date fixée par la clause des parties en cas de clause
résolutoire. En droit marocain, le principe est que, comme l'annulation, la résolution entraîne
l'anéantissement du contrat avec effet rétroactif. Le contrat résolu est considéré comme n'ayant
jamais existé. D'où les conséquences suivantes. D'une part rien ne peut être réclamé en vertu de
ce contrat. D'autre part, ce qui a été payé dans le cadre de ce contrat doit être restitué. En outre,
le débiteur défaillant peut être condamné à des dommages- intérêts. Toutefois, il existe des
exceptions pour ce principe aussi bien pour les parties qu’à l’égard des tiers de bonne foi. Il
n'est pas toujours possible de remettre les parties dans la situation qui a été la leur au moment
de la conclusion du contrat, soit parce qu'il s'agit d'un contrat successif, soit parce que des fruits
ont été perçus, soit parce que la chose a fait l'objet d'amélioration ou de dégradations.

b) La responsabilité contractuelle :

La responsabilité contractuelle est mise en jeu sur le fondement de l’article 1231-1 du


Code civil français et l’article 263 du DOC qui énonce que : « Les dommages-intérêts sont dus,
soit à raison de l'inexécution de l'obligation, soit à raison du retard dans l'exécution, et encore
qu'il n'y ait aucune mauvaise foi de la part du débiteur ». C’est-à-dire que lorsque deux parties
sont liées par un contrat, chaque partie s'oblige à respecter ses engagements. En cas
d'inexécution de ses obligations, le contractant, sous certaines conditions, peut être sanctionné
par l'octroi de dommages et intérêts au bénéfice de son co-contractant. Cependant, pour la mise
en œuvre de cette responsabilité, trois conditions de fond doivent être cumulées : le dommage,
le manquement contractuel (la faute) et le lien de causalité. S’ajoute une condition de forme
celle de la mise en demeure du créancier de la prestation.

De manière générale, le manquement contractuel correspond à l’inexécution d’une


obligation contractuelle. Mais il peut également correspondre au retard dans l’exécution de
l’obligation31 . Il peut être définie comme une discordance, imputable au débiteur, entre ce qui
a été (ou non) exécuté et ce qui avait été promis. La présentation générale de ce qu’on appelle
aussi, par habitude, la faute contractuelle32 .

A cet égard Il convient de distinguer selon que l’obligation inexécutée est de moyens
ou de résultat. Cette distinction détermine en effet la preuve de l’inexécution. On dit qu’une
obligation est de résultat lorsque le débiteur est en mesure de contrôler parfaitement l’exécution
de son obligation, alors qu’elle est de moyens lorsque l’aléa pour atteindre le résultat est
important par exemple : l’obligation du médecin est une obligation de moyens. Sa
responsabilité ne pourra être engagée qu’en cas de faute de sa part dans l’exécution de son
obligation de prodiguer des soins consciencieux, attentifs et conformes aux données acquises
de la science33 .

Il n’y’a pas lieu aux dommages et intérêts s’il n’y’a pas un dommage. En
d’autres termes, la responsabilité contractuelle du débiteur ne peut être engagée que si
l’inexécution cause un préjudice au créancier, il s’agit d’un préjudice matériel, moral ou
corporel.

Pour être réparable, un préjudice contractuel doit être direct, personnel et bien que les
textes ne le précisent pas, licite et certain. Le préjudice est direct lorsqu’il résulte
immédiatement du manquement contractuel commis. C’est une autre façon d’exiger un lien de
causalité entre le dommage et l’inexécution fautive. Le préjudice est personnel chaque fois que
le créancier subit lui-même une atteinte, en sa personne ou ses biens : l’article 1231-2 du code
civil français et l’article 264 du DOC présentent le préjudice sous un angle matériel, comme «
la perte qu’il a faite » et le « gain dont il a été privé ». Le préjudice est licite lorsque l’intérêt
lésé auquel il se rapporte l’est aussi. Le préjudice est dit certain lorsqu’il est né et actuel, et non
hypothétique ou virtuel ; toutefois, la perte de chance de voir se réaliser une éventualité
favorable dans le futur est considérée, par le jeu des probabilités, comme un préjudice certain 34

31
L. ANDREU, N. THOMASSIN, Cours de droit des obligations, Gualino, 6ème éd., 2021, p. 285, nº 767
32
L. ANDREU, N. THOMASSIN, Cours de droit des obligations, Gualino, 6ème éd., 2021, p. 285, nº 767
33
Cass. Civ. 1ère, 4 janv. 2005.
34
Cass. 1ère civ., 8 mars 2012, nº 11 - 14234.
. En effet, le dommage futur est réparable dans deux cas : lorsque le caractère du dommage est
indéniablement certain comme le manque à gagner d’une incapacité partielle permanente de
travail, ou lorsqu’il s’agit d’une chance perdue notamment le voyageur qui se prive de la
participation à un concours suite au retard du transporteur.

Contrairement au législateur marocain qui ne prévoit pas si le préjudice, en plus d’être


direct, doit être prévisible, le législateur français précise que le caractère prévisible du préjudice
réparable est exigé, ce qui est amplement confirmé par la jurisprudence. Dans un arrêt rendu
par la cour de cassation française35 , le revendeur d’un groupe électrogène défectueux
finalement intégré dans la cale d’un navire par son acheteur final n’est responsable que du
préjudice prévisible à la conclusion de sa vente (ce qui n’inclut pas l’immobilisation du navire
le temps des réparations).

En droit français, le principe c’est que seul le dommage prévisible peut être réparé. Il
s’agit des dommages-intérêts ayant été prévus par une clause du contrat ou des dommages
qu’un contractant normal et diligent pouvait prévoir à la conclusion du contrat. Toutefois si le
dommage est imprévisible doit être réparé si le débiteur a commis : une faute dolosive, c’est-à-
dire une faute intentionnelle, qui démontre la soustraction volontaire du débiteur à ses
obligations ; ou une faute lourde, c’est-à-dire une faute d’une extrême gravité, qui démontre
l’inaptitude du débiteur à l’accomplissement de ses obligations (article 1231-3 du Code civil).

En ce qui concerne la question de la preuve, le créancier qui doit toujours prendre en


charge. Cette obligation pour le créancier de prouver un dommage comporte toutefois des
exceptions. Ainsi, le créancier n’a pas à prouver l’existence d’un dommage :

• En cas d’obligation de ne pas faire

• En cas d’obligation de payer une somme d’argent36 .

La responsabilité contractuelle du débiteur ne peut être engagée que si le dommage « est


une suite immédiate et directe de l’inexécution » du contrat 37 .Un lien de causalité doit donc
exister entre le dommage et le fait générateur consistant en l’inexécution du contrat.

Et c'est au juge du fond de décider souverainement, sans contrôle des juges de cassation,
en fonction des circonstances de chaque espèce, si le dommage dont la réparation est demandée

35
Cass. com., 11 mars 2020, nº 18-22472

37
Article 1231-4 du Code civil et l’article 264 du DOC
par la victime de l'inexécution constitue ou non une conséquence directe de cette inexécution.
Quand bien même les dommages et intérêts contractuels seraient acquis en leur principe au titre
de la réparation du préjudice subi et/ou, lorsqu’elle est concevable, au titre de l’exécution par
équivalent de l’obligation inexécutée, leur montant est susceptible de varier en vertu de
certaines règles légales ou de certains aménagements contractuels. Ces règles peuvent
déterminer la responsabilité ou préciser les dommages et intérêts.

Les clauses relatives aux conditions de la responsabilité tiennent à l’aggravation ou


l’atténuation de celle-ci. Une clause insérée au niveau du contrat par les parties prévoyant que
le débiteur des obligations doit répondre aux conséquences de l’inexécution quoi qu’il arrive.
Au niveau de ces clauses, le débiteur n’est pas tenu de réparer les conséquences dommageables
de son inexécution fautive, ou n’y est tenu que dans une certaine limite. Ces clauses se voient
également privé également privées d’effet par le juge en cas de faute lourde ou dolosive du
débiteur.

Une clause limitative de responsabilité a pour objet fixer un plafond au montant des
dommages-intérêts dus par le débiteur en cas d’inexécution contractuelle ou pour exonérer le
débiteur de toute responsabilité en cas d’inexécution contractuelle. En principe, ces clauses sont
valables, sauf :

• En cas de prohibition par des dispositions légales spécifiques. Exemple : Dans


les contrats conclus entre professionnels et consommateurs, sont interdites les clauses
limitatives ou exclusives de responsabilité en cas d’inexécution du contrat par le
professionnel38.

• Si elles portent sur une obligation essentielle du contrat et qu’elles contredisent


la portée de l’engagement, l’article 1170 du Code civil qui prévoit « Toute clause qui prive de
sa substance l’obligation essentielle du débiteur est réputée non écrite »

Les parties peuvent également insérer dans le contrat une clause pénale. Cette dernière
est la stipulation par laquelle les parties fixent forfaitairement et de manière anticipée le
montant des dommages-intérêts dus par l’une des parties à l’autre en cas d’inexécution de ses
obligations contractuelles. Elle permet d’inciter le débiteur à bien exécuter ses obligations
contractuelles

38
Article R. 212-1 du Code de la consommation
CONCLUSION :

La force obligatoire du contrat implique l'exécution des obligations nées du contrat.


Chaque contractant doit fournir la prestation qu'il a promise. Mais les personnes ne respectent
pas toujours leurs engagements. En ce sens, la première solution envisagée qui se présente à
l'esprit est celle qui consiste à obliger le débiteur à exécuter en nature la prestation promise.
Seulement, cette exécution directe ou en nature n'est pas toujours possible. Aussi, le droit a-t-il
prévu l'exécution par équivalent. Il s'agit de dommages et intérêts alloués dans le cadre d'une
action en responsabilité civile contractuelle. Par conséquent, le bénéficiaire d’une obligation
contractuelle peut, selon les cas, obtenir l'exécution soit en nature, soit par équivalent. Par
ailleurs, le créancier d'une obligation contractuelle peut faire sanctionner la défaillance de son
débiteur en demandant au juge la résolution du contrat pour inexécution.
BIBLIOGRAPHIE :

➢ OUVRAGES
ANDREU (L.), THOMASSIN (N.), Cours de droit des obligations, Gualino, 6èmeéd., 2021.

MARTY et RAYNAUD, Droit civil, introduction générale à l'étude du droit, Sirey, T.

LAITHIER (Y-M.), Etude comparative des sanctions de l’inexécution du contrat, LGDJ, T.


419, 2004.

S. PORCHY-SIMON, la réparation du dommage corporel à l'épreuve de l'unification des


pratiques, GP20111224001Gazette du Palais, 24 décembre 2011 n° 358, P. 5

➢ ARTICLES ET PUBLICATIONS
A.Mure. L’évolution du préjudice de la victime en droit de la responsabilité civile.
Droit. Université Grenoble Alpes, 2019. Français. NNT : 2019GREAD004ff.

➢ JURISPRUDENCE
• 1ère civ. 18 juill. 1995, n° 93-16.338.
• 1ère civ., 25 nov. 1980.
• 3e civ. 26 nov. 2015, n°14-24210.
• Cass. com. 11 févr. 2003, n°00-11085.
• Cass. 1ère civ., 20 oct. 2014, nº 13-21980
• Cass. 1ère civ., 8 mars 2012, nº 11 - 14234.
• Cass. com., 11 mars 2020, nº 18-22472.
• Cass. 1ère civ., 31 janv. 1973, nº 71-12953
• Cour d'appel d'Aix-en-Provence, 20 novembre 2007, 05/16677, Décision attaquée :
Tribunal de grande instance de Nice, du 29 juin 2005
• Cour d'appel d'Aix-en-Provence, 29 avril 2008, 07/02576, Décision attaquée :
Tribunal de grande instance de Draguignan, du 23 janvier 2007
• Cass. 2e civ., 13 janvier. 1998. n°86-16.046,RGAT 1989, p. 345, note CHAPUISAT
(F. )
• Cass. Soc.,19 novembre 1953 confirmé entre autres par Cass. Com., 16 février 1954

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