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Les moyens de preuve

Le droit processuel encadre la preuve, laquelle établit la vérité, la réalité, et la certitude d'une proposition
ou d'un fait. Elle est à la fois une opération intellectuelle, en tant que processus juridique distinct, et une
opération matérielle, se manifestant à travers des faits ou des documents.
Quelles sont les différents moyens de preuve réglementés par le droit processuel ?
I. LA PREUVE : SA CHARGE ET SON ADMISSIBLILITE
Le principe de la liberté de la preuve et sa charge (A) ; peuvent être reconnues par tout moyen, sauf dans
les cas où la loi en dispose autrement. Il existe toutefois des cas où les seuls modes de preuve admis sont
déterminés par la loi (B).
A. La notion de preuve et sa charge
La preuve, définie comme ce qui persuade l'esprit d'une vérité, joue un rôle crucial en droit, établissant
la réalité d'un fait ou l'existence d'un acte juridique. La charge de la preuve, quant à elle, impose à une
partie la responsabilité d'apporter des arguments étayés et vérifiables pour démontrer la véracité ou la
fausseté d'une proposition.
En droit civil, le Code des Obligations et des Contrats (DOC) régit la preuve et sa charge. Selon l'article
399 du DOC, celui qui invoque une obligation doit en apporter la preuve. Ainsi l’article 400 prévoit que si
le demandeur prouve l'existence de l'obligation, c'est au défendeur de prouver son extinction ou son
inopposabilité. Ce principe est également présent dans le Code civil français).
En droit pénal, la charge de la preuve est liée au principe de la présomption d'innocence. C'est à
l'accusation, souvent représentée par le ministère public, de prouver l'infraction. En revanche, le
prévenu, considéré comme innocent jusqu'à preuve du contraire. Toutefois, dans certaines
circonstances, la charge de la preuve peut être inversée. Par exemple, si le demandeur (le prévenu dans
ce contexte) réussit à prouver ses affirmations, cela peut renverser le fardeau de la preuve, nécessitant
ainsi que l'accusation démontre le contraire.
B. Admissibilité des Modes de Preuve : Entre Systèmes Légaux et Libres
Il existe deux approches distinctes pour déterminer les moyens de preuves à utiliser dans le cadre
juridique : le système de la preuve légale, où la loi définit l'admissibilité et la force probante de chaque
moyen de preuve, et le système de la preuve libre ou morale, notamment appliqué en droit pénal, où
tous les moyens de preuves sont autorisés, sous réserve du respect du principe de loyauté de la preuve
(interdiction d'utiliser une preuve obtenue par violence ou fraude).
Ainsi, la preuve des actes juridiques n'est pas libre. Pour tout acte portant sur un objet d'une valeur
supérieure à 10.000 Dh. Il faut une preuve écrite. C'est une règle de preuve et non de validité. L'acte
conclu oralement est donc valable mais ne peut être prouvé.
II. Les divers modes de preuve
La preuve, moyen d'établir la réalité d'un droit ou d'un fait, se décline en plusieurs modalités. Cette
section examinera d'abord les modes de preuve en procédure civile (A), puis en procédure pénale (B).
A. La preuve dans un procès civil
Dans un procès civil, toute personne initiante d'une requête judiciaire doit fournir la preuve de ses
allégations, respectant des règles définies. L’art 404 du DOC reconnaît principalement cinq moyens de
preuve, dont l’aveu, la preuve littérale ou écrite, la preuve testimoniale, les présomptions, le serment et
le refus de prêter serment.
La révolution juridique induite par la loi du 13 mars 2000 en France a profondément remodelé la notion
de preuve en introduisant la validité des actes électroniques. Cette avancée technologique a élargi le
champ des moyens de preuve acceptables, autorisant l'utilisation de courriels, factures électroniques, et
autres documents numériques. Les conditions de validité de l'acte électronique, définies par l'article 1375
du Code civil, garantissent l'identité du signataire et l'intégrité du document. Les actes authentiques
électroniques, dressés avec les solennités requises, jouissent désormais d'une valeur probante
équivalente à celle des actes traditionnels.
B. La preuve dans un procès pénal
En matière pénale, le principe de la liberté de la preuve prévaut, ce qui signifie que la loi n'établit pas de
hiérarchie entre les différents moyens de preuve. Toute infraction peut être prouvée par divers moyens
tels que des écrits, des aveux, des témoignages, etc. Cependant, ce principe connaît des limites définies
par le code de procédure pénale. Certaines preuves, comme les correspondances entre le prévenu et son
avocat, sont exclues. De plus, l'utilisation de certains pouvoirs d'investigation est conditionnée par la
peine encourue et le respect du principe de proportionnalité. Tout mode de preuve obtenu au mépris de
la dignité des personnes est également exclu, et les aveux obtenus par force ou violence sont considérés
comme nuls, entraînant des sanctions prévues par le code pénal.
Le droit au juge

La justice est présentée comme un service public, essentiel pour maintenir l'ordre et protéger les droits
fondamentaux des citoyens. Les règles de la société, consignées dans des codes, servent de base pour
guider les juges dans leur mission de faire respecter la loi. Le texte souligne également la complexité de
la mission de la justice, confrontée à la nécessité de protéger les droits fondamentaux individuels tout en
naviguant dans un contexte marqué par d'autres valeurs traditionnelles et religieuses.
L'évolution constitutionnelle au Maroc en 2011 est mentionnée, mettant en avant la reconnaissance d'un
pouvoir judiciaire véritable, la création d'un organe indépendant pour la gestion de la magistrature et la
création de la Cour constitutionnelle.
Les questions qui se posent dans ce sens, sont : Les systèmes judiciaires, et plus précisément les juges,
proposent-ils des réponses efficaces aux demandes des citoyens ? Quelles comparaisons pouvons-nous
établir et comment définir les barrières procédurales ? Sont-elles des entraves ou témoignent-elles
d’une forme d’efficacité dans le but qu’elles recherchent ?
I. Les fondements juridiques du droit d’accès au juge.

A. Le droit d’accès au juge comme un principe fondamental


L'accès à la justice, en tant que droit fondamental, a évolué à travers l'histoire, initialement réservé aux
privilégiés et limité par des hiérarchies sociales rigides. L'après-Seconde Guerre mondiale a marqué un
tournant avec l'émergence de l'État providence, favorisant un État social préoccupé par le bien-être des
citoyens marginalisés. Cette transition a conduit à l'émergence de nouveaux droits sociaux, dépassant les
notions générales pour répondre aux besoins spécifiques des individus défavorisés. Cela a également
transformé le droit, abandonnant la stabilité pour adopter une approche postmoderne caractérisée par
l'incertitude et la relativité. La prolifération des normes a incité davantage de citoyens à recourir aux
tribunaux. Cependant, la surcharge du système juridique a nécessité une redéfinition de l'accès à la justice,
mettant en lumière la nécessité de diversifier les moyens de résolution des conflits. La reconnaissance du
droit d'accès au juge dans les textes constitutionnels et les conventions internationales, notamment
l'article 8 de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, consacre ce droit en tant qu'élément
essentiel des droits de l'homme, soulignant le recours effectif devant les juridictions nationales contre les
violations des droits fondamentaux.

B. La fonction et l’importance du pouvoir judiciaire


Aborder la fonction et l’importance du pouvoir judiciaire implique inévitablement d'explorer deux
dimensions essentielles : d'une part, le rôle fondamental de cette institution au sein d'une société
démocratique et, d'autre part, les multiples garanties qu'elle offre pour la protection des droits
fondamentaux. Le pouvoir judiciaire, en tant qu'institution fondamentale au sein d'une société
démocratique, exerce un rôle essentiel dans l'interprétation et l'application des lois, garantissant ainsi la
justice et le respect des droits individuels. Son rôle central réside dans le jugement des individus accusés
de crimes, l'évaluation des preuves et la détermination des sanctions, contribuant ainsi à maintenir l'ordre
public et à assurer l'équité au sein de la société. La reconnaissance de l'indépendance du pouvoir judiciaire,
que ce soit implicitement en France ou explicitement au Maroc, est cruciale pour préserver son autonomie
vis-à-vis des pouvoirs législatif et exécutif. De plus, le pouvoir judiciaire joue un rôle majeur dans la
protection des droits fondamentaux en garantissant le droit à un procès équitable. Au Maroc, la
constitutionnalisation de cette notion, avec des garanties précises énumérées dans le Code de procédure
pénale, souligne l'engagement envers les normes démocratiques internationales. En fin de compte, le
pouvoir judiciaire, en assurant l'indépendance des juges et en protégeant les droits individuels, contribue
de manière significative à la préservation de l'État de droit et au respect des principes fondamentaux.

II. L’aspect pratique du droit au juge :

A. L’accès effectif à la justice :


L'accès effectif à la justice est une condition essentielle dans une société démocratique, impliquant la
possibilité concrète pour les citoyens de soumettre leurs litiges à un tribunal et d'obtenir une décision sur
leurs contestations. Les États ont l'obligation positive de lever les obstacles financiers et juridiques
entravant cet accès. En France, la justice est déclarée gratuite, mais les coûts annexes peuvent dissuader
certains individus de saisir un tribunal. La Cour européenne des droits de l'homme préconise la mise en
place de l'aide juridictionnelle pour garantir l'effectivité de l'accès à la justice. Au Maroc, le droit à la
défense est constitutionnel, et l'assistance judiciaire peut être accordée en cas d'insuffisance de
ressources. Cependant, les femmes au Maroc rencontrent encore des obstacles d'ordre culturel et
juridique dans leur accès à la justice. Au niveau européen, la Cour européenne des droits de l'homme a
sanctionné certaines règles juridiques internes constituant des entraves au droit d'accès à un juge, telles
que la remise en cause d'une décision de justice définitive et la radiation du rôle. En résumé, l'accès effectif
à la justice nécessite la suppression des obstacles financiers et juridiques, renforcée par des mécanismes
tels que l'aide juridictionnelle pour garantir l'égalité d'accès pour tous.

B. La limitation du droit d’accès au juge :


La Cour européenne des droits de l'Homme CEDH reconnaît la possibilité de restreindre l'accès au juge par
des lois internes, sous réserve de deux conditions. Premièrement, la limitation ne doit pas priver
absolument le justiciable de son droit d'accéder à un juge, préservant ainsi la substance même du droit.
Deuxièmement, la restriction doit poursuivre un but légitime, tel que prévenir la congestion des tribunaux
ou garantir la protection des justiciables. Les restrictions comprennent des délais de prescription, des
conditions de recevabilité, des obligations financières, et des sanctions en cas d'abus du droit d'ester en
justice. Ces règles visent à maintenir un accès général à la justice et à prévenir les recours abusifs. Au
Maroc, la taxe judiciaire est obligatoire, agissant comme un moyen de dissuasion pour les affaires
mineures. De plus, certaines restrictions, comme l'obligation de recourir à un avocat et les immunités
judiciaires, sont légitimées au nom de la meilleure défense du justiciable. La reconnaissance des buts
légitimes et la proportionnalité des restrictions sont cruciales pour maintenir l'équilibre entre l'accès au
juge et la préservation de l'ordre judiciaire.
L’instance

Un contentieux judicaire a depuis longtemps été caractérisé par l’écriture et l’oralité. Dans le cadre de la
bonne gouvernance judiciaire, la transformation digitale et numérique a pu opérer des changements
importants permettant de rendre des décisions plus rapidement, de réduire les distances géographiques
et d’introduire de la transparence sur l’avancée des procédures. Au Maroc, la transformation digitale a
chamboulé les techniques traditionnelles utilisées en matière judiciaire impliquant différents acteurs,
principalement la magistrature, le ministère Public, le ministère de la Justice, les tribunaux du Royaume,
ainsi que les organes auxiliaires de la Justice. Ainsi, le déploiement de la digitalisation du service de la
justice a été marqué par une certaine lenteur, mais la pandémie liée au Covid-19 après la déclaration de
l’état d’urgence sanitaire a pu accélérer le rythme avec la nécessité d’utiliser les mécanismes de nouvelles
technologies afin d’assurer la continuité du service public. Ainsi, le système judiciaire a eu recours, pour
la première fois au Maroc, au procès à distance à l’aide de la visioconférence où la première audience a
eu lieu le 27 avril 2020.
Cette digitalisation croissante des procédures judiciaires soulève une interrogation essentielle quant à la
préservation des droits fondamentaux des parties impliquées. En particulier, dans le contexte de
l'instance électronique, se pose la question importante de savoir si les droits procéduraux et substantiels
des parties sont pleinement respectés.
I. L’instance dans la procédure électronique
L’examen de l'instance judiciaire soulève deux aspects essentiels : les mécanismes de gestion des
instances numériques et l'impact de cette transition sur les délais procéduraux.
A. Les mécanismes de gestion des instances numériques
La gestion des instances numériques constitue un aspect essentiel de la transition vers la justice
numérique, qui intègre de plus en plus l'utilisation de l'Intelligence Artificielle (IA) pour optimiser les
processus judiciaires. Tout d'abord, les plateformes numériques dédiées à la gestion des instances sont
souvent dotées de systèmes d'IA avancés, capables d'analyser et de traiter de vastes quantités de
données judiciaires pour faciliter la prise de décision. Ces systèmes peuvent par exemple utiliser des
algorithmes d'apprentissage automatique pour prédire les délais probables des procédures, identifier les
tendances dans les décisions judiciaires précédentes, ou recommander des mesures pour résoudre les
différends de manière efficace.
En outre, l'IA est utilisée pour automatiser certaines tâches administratives liées à la gestion des
instances, telles que la classification et l'indexation des documents judiciaires, la planification des
audiences, ou encore la notification des parties concernées. Cette automatisation permet de réduire la
charge de travail des acteurs judiciaires et d'optimiser les ressources disponibles pour un traitement plus
rapide et plus efficace des affaires.
Par ailleurs, l'IA peut également être exploitée pour améliorer la sécurité et la confidentialité des données
judiciaires. Des systèmes d'IA sophistiqués sont capables de détecter et de prévenir les menaces
potentielles de sécurité, telles que les tentatives d'intrusion ou les fuites de données, en temps réel. De
plus, l'utilisation de techniques d'IA de pointe telles que le chiffrement homomorphique permet de
garantir la confidentialité des informations sensibles, même lors de leur traitement par des systèmes d'IA.
B. L’impact de l’instance numérique sur la gestion des délais procéduraux
Le respect des droits des parties dans une instance numérique constitue un enjeu majeur dans l'évolution
vers la justice numérique. La transition vers des procédures judiciaires dématérialisées offre
indéniablement des avantages en termes d'efficacité et d'accessibilité, mais soulève également des
préoccupations quant à la protection des droits procéduraux et substantiels des parties impliquées.
Tout d'abord, le respect du droit à un procès équitable est primordial dans toute instance numérique. Les
parties doivent pouvoir jouir des mêmes garanties procédurales que dans un contexte traditionnel,
notamment le droit à être entendu, le droit à un juge impartial, et le droit à un recours effectif. Il est
essentiel que les systèmes numériques permettent de garantir ces droits fondamentaux, en assurant par
exemple la qualité des connexions lors des audiences en visioconférence et en mettant en place des
mesures pour éviter toute atteinte à l'équité du procès.
Par ailleurs, la protection de la confidentialité et de la sécurité des données des parties est une
préoccupation majeure dans les instances numériques. Les plateformes et les outils utilisés pour la
gestion des instances doivent être sécurisés et conformes aux normes de protection des données
personnelles, afin d'éviter tout risque de piratage ou de divulgation non autorisée d'informations
sensibles. Il est également important que les parties aient un contrôle sur leurs données et puissent
exercer leur droit à la vie privée dans un environnement numérique.
En outre, le respect des droits des parties dans une instance numérique implique également une
accessibilité équitable à la justice pour tous les justiciables, quel que soit leur niveau de compétence
technologique ou leurs ressources financières. Il est essentiel que les systèmes numériques soient conçus
de manière inclusive, en prenant en compte les besoins des utilisateurs et en fournissant un soutien
adéquat pour ceux qui en ont besoin, par exemple en offrant des formations sur l'utilisation des outils
numériques ou en proposant des alternatives pour les personnes en situation de handicap.
II. La dématérialisation de l’instance : entre défis et solutions
La dématérialisation de l'instance judiciaire se présente comme un processus complexe, confronté à une
série de défis tout en offrant des solutions innovantes pour moderniser le système judiciaire.
A. Les défis juridiques liés à la divulgation des informations judiciaires dans un environnement
dématérialisé
La dématérialisation de l'instance judiciaire, bien que présentant des avantages indéniables en termes
d'efficacité et d'accessibilité, suscite des préoccupations majeures quant à la protection des données
personnelles et à la confidentialité des informations judiciaires. L'article 9 du Règlement général sur la
protection des données (RGPD) encadre strictement le traitement des données sensibles, y compris celles
impliquées dans des procédures judiciaires. Cela soulève des questions cruciales quant à la manière dont
les tribunaux peuvent garantir la confidentialité des données des parties prenantes, tout en assurant un
accès équitable à la justice dans un environnement numérique.
L'exposition des données sensibles à des tiers non autorisés constitue un risque majeur dans le contexte
de la dématérialisation de l'instance. Les informations judiciaires, telles que les détails des affaires en
cours, les antécédents judiciaires des parties et les documents confidentiels, pourraient être vulnérables
aux cyberattaques et aux violations de la vie privée. Ceci compromettrait non seulement les droits
fondamentaux des parties impliquées, mais également l'intégrité même du processus judiciaire.
En outre, la dématérialisation de l'instance judiciaire soulève des défis pratiques et éthiques en ce qui
concerne la préservation de la confidentialité des données. Les tribunaux doivent s'assurer que les outils
technologiques utilisés pour gérer les informations judiciaires offrent des garanties suffisantes en matière
de sécurité et de confidentialité. Cela nécessite une vigilance accrue de la part des autorités judiciaires
pour prévenir tout accès non autorisé aux données sensibles et pour traiter efficacement les éventuelles
violations de la vie privée.
B. La blockchain comme solution potentielle pour renforcer la sécurité des données judiciaires
Conformément à l'article 32 du RGPD, les responsables du traitement des données sont tenus de mettre
en place des mesures techniques et organisationnelles appropriées pour garantir un niveau de sécurité
adapté au risque. La blockchain, avec son système d'enregistrement cryptographique immuable et
décentralisé, offre une solution prometteuse pour assurer la sécurité et l'intégrité des informations
judiciaires.
En utilisant la blockchain, les informations judiciaires peuvent être enregistrées de manière sécurisée et
transparente, permettant un suivi précis des modifications et assurant ainsi la confiance dans l'exactitude
des données. De plus, la nature décentralisée de la blockchain réduit les risques de manipulation ou de
falsification des données, renforçant ainsi la confiance dans le processus judiciaire numérique.
Le double degré de juridiction
Le principe du double degré de juridiction consiste à autoriser le justiciable à rejuger la décision du juge
de premier degré devant un autre juge de plus haut degré.
Dans quelle mesure le principe du double degré de juridiction au Maroc, ainsi que son application dans
l'organisation judiciaire, garantissent-ils effectivement les droits fondamentaux des justiciables et
contribuent-ils à l'équité du système judiciaire ?

I. Le principe du double degré de juridiction


Considéré comme étant une garantie fondamentale aux droits de la défense et le droit à un procès
équitable, le principe du double degré de juridiction suscite une importance particulière dans les
différents systèmes judiciaires.

A. Le fondement du principe de double degré de juridiction


Le double degré de juridiction, en tant que garantie essentielle des droits de la défense et du droit à un
procès équitable, est ancré dans les législations nationales et les conventions internationales ratifiées par
le Maroc. Il permet un réexamen complet des affaires en fait et en droit, offrant ainsi aux parties la
possibilité de contester les décisions judiciaires devant une juridiction supérieure. Cette notion, intégrée
dans les législations nationales, assure un réexamen complet de l'affaire tant en fait qu'en droit. Ses
fondements résident notamment dans les conventions internationales, telles que le Pacte international
relatif aux droits civils et politiques, ratifiées par le Maroc, qui consacrent le droit à un procès équitable
et au double degré de juridiction. La Constitution marocaine de 2011 constitutionnalise le principe du
procès équitable, et le Code de procédure civile prévoit l'appel comme un droit, sauf exceptions
formellement prévues par la loi. Ainsi, le double degré de juridiction vise à prévenir les erreurs judiciaires
et à garantir l'équité du système juridique.

B. Les effets de l’adoption du principe de double degré de juridiction


L'adoption du double degré de juridiction au Maroc entraîne des effets significatifs, notamment l'effet
suspensif et l'effet dévolutif. L'effet suspensif, selon l'article 134 du Code de procédure civile, suspend
l'exécution de la décision de première instance, offrant une garantie au justiciable pour contester avant
exécution. Cependant, des limites existent, notamment pour les obligations alimentaires, et le contrôle
judiciaire est renforcé contre les abus. L'effet dévolutif transfère l'intégralité du litige à la cour d'appel,
limitant de nouvelles demandes, favorisant la continuité du traitement du litige et une administration de
la justice équitable. En résumé, le double degré de juridiction suspend l'exécution contestée et transfère
le litige à la cour d'appel, préservant ainsi l'équité du processus judiciaire.

II. L’adoption du principe de double degré de juridiction dans l’organisation judiciaire


marocaine

L’adoption du principe du double degré de juridiction émerge comme un pilier essentiel, répartissant les
fonctions entre les juridictions de premier et de deuxième degré, chacune exerçant un rôle distinct mais
complémentaire dans la garantie des droits des justiciables.

A. Les juridictions de premier degré

La justice au Maroc est assurée par une diversité de juridictions, allant des tribunaux de première instance
aux juridictions spécialisées telles que les tribunaux de commerce et les tribunaux administratifs. Les
tribunaux de première instance, au nombre de 83, sont présents dans tout le Royaume, avec des sections
spécialisées dans différents domaines tels que le civil, le pénal, le social, etc. Ils sont également appuyés
par 183 centres de juges résidents dans les zones rurales pour renforcer l'accès à la justice. Ces tribunaux
sont composés de magistrats, de membres du parquet et du greffe, et fonctionnent en formations
collégiales pour tenir des audiences et rendre des jugements.
Parallèlement, les juridictions de proximité, créées en 2012 pour garantir une justice de proximité
efficace, traitent des affaires mineures en matière civile et pénale. Le juge de proximité, compétent pour
les litiges de faible valeur, tente d'abord une conciliation avant de rendre un jugement non susceptible
de recours, à moins que les parties ne souhaitent une annulation, dans ce cas, un recours peut être
déposé devant le président du tribunal de première instance.
En ce qui concerne les juridictions spécialisées, les tribunaux de commerce, au nombre de huit, sont
compétents pour les litiges commerciaux, tandis que les tribunaux administratifs, répartis dans les
principales régions du pays, traitent des affaires administratives. Ces tribunaux sont composés de
magistrats spécialisés dans leurs domaines respectifs et fonctionnent en sections selon la nature des
affaires.
B. Les juridictions de deuxième degré
La Cour d'appel constitue un second degré de juridiction au Maroc, offrant aux justiciables une seconde
chance de faire juger leur affaire. Elle examine de nouveau l'affaire en fait et en droit, sans être liée par
la décision du tribunal de première instance. Organisée en différentes chambres, telles que la chambre
criminelle, la chambre sociale et la chambre de statut personnel, la Cour d'appel compte 22 juridictions
de droit commun, situées principalement dans les grandes villes du Royaume. Elle est également
compétente pour juger les crimes en premier et dernier ressort.
La procédure devant la Cour d'appel commence par le dépôt d'une requête écrite au greffe, contenant
les informations nécessaires sur les parties et le jugement attaqué. Une fois la requête déposée, l'affaire
est attribuée à une chambre spécifique, qui est ensuite instruite par un conseiller rapporteur chargé de
veiller au bon déroulement de la procédure et d'ordonner toute mesure d'instruction nécessaire.
En ce qui concerne la composition, les audiences de la Cour d'appel sont tenues par trois magistrats
assistés d'un greffier, à l'exception de la chambre criminelle qui siège avec cinq conseillers. La présence
du ministère public à l'audience est obligatoire en matière pénale et facultative dans d'autres domaines.
L’indépendance et l’impartialité des juges
I. L’indépendance du juge
L’indépendance du juge est confrontée à divers défis et contraintes qui peuvent compromettre son
intégrité et son impartialité, ce qui soulève des interrogations sur les limites effectives de l'indépendance
des juridictions.
1. Les enjeux de l’indépendance du juge
Sous la Cinquième République française, bien que la Constitution initiale ne reconnaisse à la justice
qu'une autorité, la reconnaissance implicite d'un pouvoir juridictionnel a émergé. Cette reconnaissance
a été étayée par des décisions du Conseil constitutionnel qui ont affirmé l'interdiction pour le législateur
d'adresser des injonctions au juge ou de censurer ses décisions. Malgré cela, le concept de la justice en
tant que pouvoir au sein de l'État reste contesté sur le plan théorique ou politique.
Au Maroc, la Constitution de 2011 a consacré un titre spécifique à l'indépendance du pouvoir judiciaire,
considérée comme une garantie des droits et libertés individuels ainsi qu'un élément essentiel de la
bonne gouvernance. L'indépendance du pouvoir judiciaire repose sur deux principes fondamentaux :
l'indépendance individuelle du magistrat et l'indépendance institutionnelle de la magistrature.
L'indépendance individuelle du magistrat est assurée par des garanties statutaires, notamment
l'inamovibilité des magistrats du siège et l'interdiction de toute intervention dans les affaires soumises à
la justice. Cette indépendance est également renforcée par des dispositions interdisant toute instruction
ou pression sur les juges, avec l'obligation pour ces derniers de saisir le Conseil supérieur du pouvoir
judiciaire en cas de menace sur leur indépendance.
Quant à l'indépendance institutionnelle, elle nécessite que les institutions judiciaires, telles que le Conseil
supérieur du pouvoir judiciaire et la présidence du ministère public, soient elles-mêmes indépendantes
du pouvoir exécutif et législatif. La création d'un Conseil supérieur du pouvoir judiciaire indépendant et
le transfert de la présidence du ministère public au procureur général du Roi près la Cour de cassation
ont renforcé cette indépendance institutionnelle.
2. Les limites de l’indépendance des juridictions
La Loi du 11 novembre 1974 sur le statut de la magistrature, instaurée pendant une période d'état
d'exception au Maroc, a été conçue pour assujettir les magistrats au pouvoir exécutif, représenté par le
ministre de la Justice. Couplée avec d'autres lois, notamment celle du 28 septembre 1974 sur les mesures
transitoires et celle du 15 juillet 1974 relative à l'organisation judiciaire, cette législation a restreint les
garanties accordées aux magistrats et renforcé les pouvoirs du parquet, tout en limitant la procédure
judiciaire dans certains cas. Ces lois s'inscrivent dans une stratégie globale de contrôle des magistrats et
de soumission au régime en place, dans laquelle la justice est perçue comme un instrument de
légitimation du pouvoir politique.
Ces pratiques sont en contradiction avec les principes fondamentaux d'indépendance de la magistrature
énoncés par les Nations unies en 1985, ainsi qu'avec les Principes concernant le rôle du parquet et des
avocats de 1990. Ces principes insistent sur des critères tels que le mode de désignation et la durée du
mandat des juges, la protection contre les pressions extérieures et l'apparence d'indépendance
nécessaire pour inspirer confiance aux justiciables.
En examinant la loi et sa pratique à la lumière de ces principes, il apparaît que l'indépendance des
magistrats est limitée par un contrôle de leur carrière, des restrictions sur leur liberté d'association et
d'expression, ainsi que par un Conseil supérieur de la magistrature dont le rôle est souvent interprété de
manière à maintenir le contrôle du pouvoir exécutif sur le système judiciaire.
II. L’impartialité des juges

L’impartialité du juge est essentielle pour garantir un traitement juste et équitable pour tous.
1. La notion d’impartialité du juge
L'impartialité constitue un pilier fondamental de la justice, tout comme l'indépendance, et joue un rôle
crucial dans le maintien de l'État de droit. Elle est recommandée par différents textes internationaux, tels
que l'article 110 de la Constitution marocaine, la Déclaration universelle des droits de l'homme et les
principes des Nations Unies relatifs à l'indépendance de la magistrature. L'impartialité exige que les juges
traitent les affaires dont ils sont saisis de manière équitable et objective, sans parti pris envers aucune
des parties.
Il existe différentes définitions d'impartialité, mais toutes soulignent l'importance pour le juge de
maintenir une attitude neutre et objective. Cela signifie notamment que le juge doit examiner les
arguments et les preuves présentés par les parties avant de se former une opinion sur l'issue de l'affaire.
L'impartialité est souvent associée à l'idée d'objectivité, d'absence de préjugés et de traitement équitable
pour toutes les parties concernées.

2. Les mécanismes de sanction de défaut d’impartialité du juge


La récusation et la suspicion légitime sont des procédures juridiques visant à assurer l'impartialité des
juges et à garantir un procès équitable. La récusation permet à un magistrat de se récuser lui-même s'il
estime qu'il pourrait être influencé dans sa décision pour des motifs personnels. Cette procédure est
encadrée par des dispositions légales spécifiques, telles que l'article 295 du Code de Procédure Civile au
Maroc et les articles 339 et 340 du Code de Procédure Civile en France.
Les motifs de récusation sont limitativement énumérés par la loi et incluent notamment les cas où le juge
ou son conjoint a un intérêt personnel dans l'affaire, où il existe un lien de parenté ou d'alliance avec
l'une des parties, où il y a un lien de subordination, ou encore en cas d'amitié ou d'inimitié notoire avec
l'une des parties.
La suspicion légitime, quant à elle, vise à retirer l'affaire d'une juridiction dont l'impartialité semble
compromise et à la renvoyer devant une autre juridiction du même degré. Cette procédure est régie par
les articles 383 et 384 du Code de Procédure Civile et peut être demandée par toute personne partie au
litige. Si la suspicion légitime est admise, l'affaire est renvoyée devant une autre juridiction désignée par
la cour compétente.
L’erreur judiciaire

« L’erreur est humaine, l’humain est l’erreur »


Tommy Rousseau.
L’essence même de l’humanité sur terre est basée sur une erreur, les premiers être à savoir Adan et Eve
ont été déchu sur terre suite leur erreur. On peut dire que cette dernière est ancré dans la nature de
l’homme. L’une des premières erreurs judiciaires recensée est celle des procès de Jeanne d’Arc, au XVe
siècle. En effet, en 1431 cette dernière fut accusée d’hérésie par le tribunal ecclésiastique puis
condamnée à mort, brulée vive, pour un crime qu’elle n’avait pas commis. Dès lors, beaucoup d’affaires
similaires ont pu être recensées à travers le monde. En effet, nous savons aujourd’hui que des centaines
de personnes innocentes ont passé des années derrière les barreaux, pour des crimes qu’elles n’avaient
pas commis, voir même dans les couloirs de la mort. Dans certains cas, ces personnes ont pu être
innocentées puis libérées, tandis que dans d’autres cas plus tragiques, les prisonniers ont été exécutés
avant de pouvoir être innocentés par de nouvelles preuves. Finalement, il en existe encore bien d’autres
dont nous n’entendrons jamais parler.
La reconnaissance des erreurs judiciaires a montré la fragilité et les limites du système judiciaire, ce qui
a amené certains États à abolir la peine de mort.
Une erreur judiciaire est une « erreur de fait commise par une juridiction de jugement dans son
appréciation de la culpabilité d'une personne poursuivie ». Cette définition suppose qu'une juridiction
qui a eu, à la suite de cette erreur, connaissance de l'affaire, doit pouvoir trouver cette erreur et la
neutraliser, et par neutraliser on vise dans un premier temps la réparation de cette erreur, dans le but de
ne pas violer les droits fondamentaux du citoyen tout d’abord, mais aussi la confiance qu’il octroi à la
justice de son propre pays ; en second lieu, on attend de l’état une rectification du vice du mécanisme
juridique qui a mené à cette erreur.
Il ne peut s'agir que d'une erreur de fait, c'est-à-dire d'une « erreur portant sur l'existence d'un fait ou
dans l'appréciation d'une situation ». Il s'agit de preuves qui auraient été inexistantes ou impossibles à
interpréter à l'époque du jugement et qui sont révélées ultérieurement, de preuves qui n'ont pas été
suffisamment prises en considération, ou qui ont justement été prises en compte plus qu'elles n'auraient
dû l'être .
La justice, qui reconnaît ses erreurs et les rectifie, jouit d’une grande crédibilité et contribue à redonner
confiance aux citoyens en leur système judiciaire. Cependant, malgré cette reconnaissance, cela ne
rassure pas autant le citoyen, la question est de savoir quelles ont les dispositions et les mécanismes mis
en place par l’état afin de mettre fin à ce phénomène, on surtout décortiquer ce dernier au fur et à
mesure du sujet à commencer par les raisons de bases, suivi des conséquences et de l’impact que cela a
sur l’individu ayant été victime de l’erreur judiciaire au sein de la première partie ; en second lieu au sein
de la deuxième partie nous allons voir les moyens entrepris par l’état afin de réparer et de corriger
l’erreur, notamment à travers des cas réelles que nous allons déceler par la suite à travers le dernier
chapitre.
I. Généralités de l’erreur judiciaire : Les causes, les types et les conséquences

L'erreur judiciaire, telle une ombre menaçante, plane au-dessus du système judiciaire, révélant les failles
potentielles dans l'application de la loi et les conséquences dévastatrices qu'elle peut engendrer.
A. Les causes et les types de l’erreur judiciaire
Les erreurs judiciaires résultent d'une multitude de facteurs, allant de la représentation juridique
insuffisante à la vision en tunnel des enquêteurs, en passant par les stéréotypes et les discriminations.
Une défense inefficace, due à un manque de ressources ou d'expérience, peut conduire à des verdicts
erronés, tout comme une réputation préexistante peut influencer les enquêtes. De plus, les pressions
financières, les fautes personnelles des agents de l'État, et même les erreurs de procédure contribuent à
ce phénomène. Au Maroc, les erreurs judiciaires peuvent être classées en deux catégories : celles
attribuées au système judiciaire en tant que service public et celles attribuées aux individus, notamment
aux magistrats. Les premières relèvent de la responsabilité de l'État, tandis que les secondes engagent la
responsabilité personnelle des agents impliqués. En résumé, les erreurs judiciaires sont le résultat
complexe de diverses défaillances et déterminants, nécessitant une analyse approfondie et des réformes
systémiques pour les prévenir à l'avenir.
B. Les conséquences de l’erreur judiciaire
Être faussement accusé d'un crime et emprisonné injustement peut avoir des conséquences profondes
et durables sur la vie et les droits de la victime. Les implications vont bien au-delà de la période
d'incarcération et touchent différents aspects de la vie de l'individu, notamment sur le plan
psychologique, comportemental et quotidien.
Sur le plan psychologique, être incarcéré injustement peut engendrer des traumatismes sévères. La vie
en prison, entourée de criminels, peut être particulièrement difficile, et les détenus injustement
condamnés doivent souvent s'adapter à des conditions de vie hostiles et à la violence quotidienne. Même
après leur libération, ces individus peuvent souffrir de troubles psychologiques persistants, se sentant
toujours emprisonnés et traumatisés par leur expérience.
Sur le plan comportemental, l'incarcération injuste peut entraîner des changements profonds dans la
personnalité de l'individu. Certains ex-détenus peuvent développer un fort ressentiment envers la société
et le système judiciaire, ce qui peut les rendre plus agressifs et impulsifs. De plus, leur vision du monde
et de la vie peut être altérée de manière significative, ce qui complique leur réintégration dans la société
après leur libération.
Sur le plan quotidien, les conséquences de l'incarcération injuste peuvent être dévastatrices. Les ex-
détenus ont souvent du mal à retrouver un emploi en raison de leur passé criminel, même s'ils ont été
reconnus innocents. Les problèmes financiers peuvent s'accumuler, et les relations familiales et sociales
peuvent être affectées de manière permanente. En particulier, la perte de la garde des enfants est une
conséquence tragique pour de nombreux individus injustement condamnés.
II. Mécanisme de lutte contre le dysfonctionnement judiciaire et illustration en cas réels
Dans la quête incessante de rectifier les erreurs judiciaires et de restaurer la confiance dans le système
juridique, les mécanismes de lutte contre les dysfonctionnements judiciaires se révèlent être à la fois
théoriques et pratiques, s'appuyant sur des fondements conceptuels solides et des exemples concrets de
réparations judiciaires dans des cas réels.
A. Les fondements théoriques de réparation de l’erreur judiciaire
Dans le cadre du système judiciaire, les voies de recours sont des outils fondamentaux pour contester
une décision de justice perçue comme injuste. Elles offrent la possibilité d'un nouvel examen de l'affaire
devant une juridiction supérieure ou la même qui a rendu la décision critiquée. Ces voies se divisent en
deux catégories : les voies de recours ordinaires et extraordinaires.
Les voies de recours ordinaires comprennent l'opposition et l'appel. L'opposition permet à une partie de
contester un jugement rendu en son absence. Elle entraîne un effet suspensif et de rétractation, donnant
ainsi une chance à la partie de revoir sa décision. Quant à l'appel, il offre à la partie qui a perdu devant le
tribunal de première instance la possibilité de faire examiner sa cause par une juridiction supérieure.
L'appel peut être principal ou incident et produit un effet suspensif, mais il est dévolutif, soumettant le
procès tout entier à la juridiction d'appel.
Les voies de recours extraordinaires, quant à elles, ne sont ouvertes que dans des cas spécifiques et
strictement définis par la loi. Elles comprennent la tierce opposition, le pourvoi en cassation et le recours
en révision. La tierce opposition permet à une tierce personne, non impliquée dans le procès initial, de
contester une décision de justice qui pourrait affecter ses droits. Le pourvoi en cassation vise à annuler
une décision rendue en violation de la loi par une juridiction supérieure. Enfin, le recours en révision offre
la possibilité de réexaminer une affaire sur la base de nouveaux éléments.
En ce qui concerne le droit à la réparation, tant sur le plan national qu'international, il est reconnu que
les victimes d'erreurs judiciaires ont droit à une indemnisation pour les préjudices subis. Au Maroc, l'État
est tenu de dédommager les personnes injustement condamnées sur demande, et la réparation peut être
accordée par le tribunal administratif ou la Cour de Cassation. Sur le plan international, des instruments
comme le Protocole additionnel n° 7 à la CEDH garantissent le droit à une indemnité pour les personnes
dont la condamnation a été annulée en raison d'une erreur judiciaire.
B. Illustration pratique de cas de réparations judiciaire :
Dans cette affaire rapportée par Al Massae le 1er mars 2019, un homme poursuivi à tort par la justice a
finalement été indemnisé par le Tribunal administratif de Rabat. Malgré avoir demandé une
indemnisation de 5 millions de dirhams, il recevra 100 000 dirhams en compensation. Le tribunal a jugé
que le parquet avait eu tort de le mettre en garde à vue, une décision qui ne respectait pas la présomption
d'innocence et n'était pas justifiée légalement. En effet, le tribunal a souligné que la garde à vue et
l'incarcération sont considérées comme des erreurs judiciaires en cas d'acquittement. L'homme,
initialement poursuivi pour falsification de documents administratifs liés à l'achat d'une voiture, a
finalement été acquitté par la justice, une décision confirmée par la Cour de cassation. Malheureusement,
cette erreur judiciaire a entraîné la perte de son emploi et terni son image malgré sa situation sociale
stable. Sur le plan juridique, le tribunal a relevé une violation de la règle de procédure pénale, puisque la
garde à vue n'aurait pas dû être exercée dans ce cas particulier, ce qui a entraîné des conséquences
néfastes pour la victime, notamment la perte de son emploi suite à cette mesure coercitive malgré son
acquittement.
Les garanties procédurales
Dans quelle mesure les garanties procédurales sont-elles efficaces pour assurer un procès
équitable et protéger les droits fondamentaux des individus dans le système judiciaire ?

I. Les garanties procédurales générales

Les garanties procédurales générales, également appelées garanties légales, représentent l'ensemble
des moyens juridiques instaurés par le législateur pour encadrer les procédures judiciaires, tant civiles
que pénales. Au-delà de l'accès à la justice, elles englobent la transparence des procédures, la
protection du droit de la défense et le respect des principes du procès équitable. Ces garanties ont
évolué pour inclure le droit d'accès à l'information juridique,la transparence du procès, le renforcement
du rôle de la défense, la simplification des procédures et le respect des délais raisonnables. Elles
incarnent le respect fondamental des droits de l'homme liés à des procès équitables, transcendant les
affaires civiles, pénales, arbitrales ou administratives. L'importance accordée à ces garanties dépasse
le cadre des litigespour assurer une sécurité judiciaire globale

A. Les principes généraux de garantie des procédures judicaires

La justice au Maroc repose sur des principes fondamentaux énoncés dans la constitution et régissant
divers aspects des procédures judiciaires. Ces principes généraux comprennent l'égalité devant la
justice, l'indépendance et l'impartialité des juges, le caractère contradictoire de la procédure, ainsi que
le double degré de juridiction. Le droit d'accès à la justice est consacré, avec des conditions essentielles
servant de base aux garanties des procédures judiciaires. L'indépendance de la justice est un principe
constitutionnel essentiel, lié à l'impartialité, la neutralité et l'intégrité. L'égalité devant la justice assure
un traitement équitablede toutes les parties, et le respect du droit de la défense est renforcé par la
publicité des audiences. L'accès à la justice est ouvert à tous, avec des services gratuits et des
mécanismes d'aide judiciaire pour ceux aux moyens limités. La publicité des audiences est un principe
fondamental, bien que des exceptions circonstanciées soient admises pour préserver certains intérêts
légitimes. Ces principes constituent la base d'un système judiciaire transparent et équitable.

B. Les garanties de procédure au procès civil


Les garanties de procédure au procès civil au Maroc reposent sur des principes fondamentaux. Le
principe de caractère contradictoire assure que chaque partie a le droit d'être entendue équitablement.
La motivation du jugement, exprimée à travers les attendus, joue un rôle crucial dans le contrôle des
décisions par les juridictions supérieures, assurant une application cohérente de la loi. Le droit à
l'exercice de voies de recours constitue une garantie essentielle, permettant aux parties mécontentes
de contester les décisions devant une juridiction supérieure. Enfin, la fixation de la date du prononcé du
jugement marque la conclusion formelle du procès civil, mettant fin aux débats et ouvrant la voie à
d'éventuelles mesures d'exécution ou de recours. Ces garanties renforcent la confiance dans le système
judiciaire en assurant un procès équitable et transparent.
I. Les garanties du procès pénal
Le droit à un procès équitable au Maroc est ancré dans le respect des principes des droits de l'homme,
affirmant que toute personne a le droit d'être entendue équitablement, publiquement et dans un délai
raisonnable par un tribunal indépendant et impartial. Le Code de procédure pénale, révisé pour garantir
ces conditions, souligne des principes tels que la présomption d'innocence, la séparation des autorités,
le droit à la défense, la protection des droits des victimes, la nécessité d'une décision rapide, et le droit à
un réexamen en cas de condamnation. Ces dispositions renforcent les garanties fondamentales pour
assurer un procès équitable dans le cadre du système judiciaire marocain.
A. La présomption d’innocence

La présomption d'innocence au Maroc est consacrée par l'article premier du Code de procédure pénale,
déclarant que toute personne est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité soit établie par un
jugement passé en force de la chose jugée, après un procès équitable entouré de garanties juridiques. Ce
principe, en accord avec la Constitution et la Déclaration universelle des droits de l'Homme, est renforcé
par des mesures pratiques telles que la limitation de la détention préventive, l'amélioration des
conditions de garde à vue, le droit de communiquer avec un avocat, et la protection du secret de
l'instruction par le juge d'instruction, garantissant ainsi la protection des droits des personnes accusées.
B. La garde à vue

La garde à vue, procédure cruciale, exige que toute personne privée de liberté soit informée de ses droits
de manière complète et compréhensible dès le début, incluant le droit de garder le silence et le droit à
l'assistance juridique. L'accès à un avocat doit être facilité immédiatement, prévenant ainsi les mauvais
traitements. Le droit à des conditions de détention humaines est également protégé, visant à respecter
la dignité des détenus et favoriser leur réinsertion sociale. Ces droits s'inscrivent dans le cadre du droit à
un procès équitable, soutenu par des dispositions
constitutionnelles, et sont étroitement surveillés, notamment par le procureur du Roi, pour garantir le
respect des droits fondamentaux et la prévention des abus.
Les sources du droit processuel
I. Les sources principales du droit processuel
A. Les sources supra-législatives :
Les sources supra-législatives englobent les principes, normes et doctrines qui transcendent les lois
nationales, comprenant les traités internationaux, la constitution et les principes généraux du droit. Les
sources constitutionnelles établissent les principes fondamentaux, définissent les pouvoirs et
garantissent les droits des citoyens. Au Maroc, la constitution de 2011 joue un rôle central,
constitutionnalisant de plus en plus le droit, y compris le droit processuel. Le Conseil constitutionnel a
contribué à développer une constitution matérielle, affirmant des principes constitutionnels universels.
Les sources internationales influent sur le droit marocain, avec la primauté du droit international
explicitement reconnue. Les engagements internationaux du Maroc, tels que le Pacte des Nations Unies
relatif aux droits civils et politiques, impactent la procédure civile. Bien que le droit international de la
procédure civile soit relativement modeste, les sources européennes fournissent une base plus
substantielle, permettant aux juridictions d'appliquer des principes issus de traités internationaux pour
garantir un procès équitable.
B- Les sources législatives et réglementaires

Les sources législatives et réglementaires constituent les fondements du système juridique en établissant
les lois et règlements qui régissent la société. Les sources législatives proviennent du pouvoir législatif,
adoptant des lois qui couvrent divers domaines. Les sources réglementaires émanent du pouvoir exécutif,
élaborant des règlements pour mettre en œuvre les lois. Ces sources définissent les droits, devoirs et
obligations, créant un cadre juridique structuré. En France, depuis la constitution de 1958, la procédure
civile est distinguée entre domaine législatif et réglementaire. Au Maroc, la constitution de 2011 accorde
une primauté au droit international. Les sources législatives et réglementaires marocaines, telles que le
code de procédure civile de 1974 et d'autres lois, régissent les procédures civiles, commerciales et
administratives. En matière pénale, le Maroc dispose du code de procédure pénale de 2002, modifié par
la loi antiterroriste de 2003, ainsi que d'autres textes pertinents comme le code de justice militaire de
1956. Ces sources établissent un cadre légal pour la vie quotidienne, définissant des normes et des
procédures à suivre.
II : Les sources complémentaires du droit processuel

A : Les sources coutumières

Les sources complémentaires du droit processuel englobent des éléments moins formels tels que les
coutumes qui contribuent à façonner les règles et pratiques des procédures judiciaires. Ces coutumes,
bien que non codifiées, enrichissent le cadre juridique en apportant des éclairages, des principes et des
éléments contextuels. Leur reconnaissance par les tribunaux, leur interaction avec d'autres sources du
droit, et leur application dans divers domaines du droit, notamment pénal, civil et administratif, font de
la coutume une force significative. Elle peut influencer les enquêtes, les audiences, les pratiques de
plaidoirie en procédure pénale, les délais et formalités en procédure civile, ainsi que les pratiques
administratives en procédure administrative. Ces pratiques coutumières, bien qu'informelles, jouent un
rôle essentiel en complément des sources formelles du droit processuel, guidant les procédures
judiciaires au sein des tribunaux.
B : Les sources jurisprudentielles et doctrinales

La jurisprudence, composée des décisions judiciaires, et la doctrine, représentée par les travaux rédigés
par des juristes et experts du domaine, sont des sources essentielles du droit processuel. La jurisprudence
crée, interprète et adapte les règles procédurales, évoluant au fil du temps pour répondre aux
changements sociaux. Elle génère des précédents contraignants et complète les lois écrites. D'autre part,
la doctrine analyse en profondeur les règles procédurales, propose des réformes et clarifie les concepts
juridiques. Bien qu'elle ne soit pas contraignante, elle influence l'interprétation des lois et sert de support
aux praticiens du droit. En somme, la jurisprudence et la doctrine, bien que distinctes, sont cruciales pour
l'élaboration, l'interprétation et l'amélioration continue du droit processuel.
L’action en droit processuel

L'action en justice constitue un droit subjectif indépendant du droit substantiel qu'elle vise à faire valoir,
tout en étant susceptible d'être abusée dans son exercice. Il est crucial de distinguer l'action en justice
du droit substantiel qu'elle cherche à protéger, ainsi que du droit d'agir, sans lequel une demande est
irrecevable. Cette liberté fondamentale permet d'instaurer un lien d'instance entre les parties en litige,
offrant la possibilité de réclamer une indemnisation ou non, comme consacré par une décision du Conseil
Constitutionnel en 1989. En matière d'infractions, deux actions distinctes sont envisagées : l'action
publique, initiée par le ministère public ou une personne habilitée, vise à sanctionner les auteurs
d'infraction, tandis que l'action civile a pour objectif d'obtenir la réparation du préjudice découlant de
l'infraction, pouvant être exercée conjointement ou séparément de l'action pénale devant la juridiction
compétente. L'action civile peut être dirigée contre les auteurs de l'infraction, leurs héritiers, et toute
personne civilement responsable, soulignant ainsi son caractère indemnitaire et réparateur.
I : L’action civil

L'action civile est l'action ouverte à la victime d'une infraction pénale en réparation du dommage que
celle-ci lui a causé. Elle peut être exercée, au choix de la victime, soit en même temps que l'action
publique, devant les juridictions répressives, soit séparément devant les juridictions civiles
1 : Les conditions de recevabilité de l’action :

Les conditions subjectives impliquent les justiciables et l'action elle-même, tandis que les conditions
objectives concernent des actions spécifiques. L'intérêt, première condition essentielle, doit être
personnel, légitime, juridique, actuel, et direct. L'intérêt est défini comme le bénéfice que le demandeur
peut tirer de l'action intentée, et il doit être présent tout au long de l'instance. La qualité qualifie le lien
entre le demandeur et la chose litigieuse, et doit être clairement précisée dans la requête. La capacité, la
possibilité d'avoir des droits et de répondre à des obligations, est nécessaire pour l'exercice du droit d'agir
en justice et peut être de jouissance ou d'exercice. La capacité d'exercice, l'aptitude à exercer les droits,
est requise pour le droit d'agir en justice.
2 : DÉCLENCHEMENT ET EXTINCTION DE L’ACTION CIVILE :

Le déclenchement et l'extinction de l'action civile en droit pénal se caractérisent par la recherche de


réparation pour le dommage causé par une infraction. La victime peut choisir
d'exercer son action devant un tribunal répressif, bénéficiant ainsi de certains avantages, ou devant un
tribunal civil, soumis aux règles du droit civil et de procédure civile. Ce choix, une fois fait, est définitif,
sauf dans des cas spécifiques. Il existe des situations où l'action civile est obligatoire, comme lorsque
l'action publique est éteinte. La prescription de l'action civile varie selon qu'elle est exercée devant un
tribunal répressif ou civil. L'extinction de l'action civile peut résulter de divers facteurs, tels que la
renonciation explicite de la victime, un désistement, une décision définitive (chose jugée) ou une
transaction.
3 : La classification des actions :

La classification des actions en droit civil comprend les actions réelles (portant sur des droits réels) et les
actions personnelles (concernant des droits personnels tels que des créances). Les actions mixtes
combinent différents droits de qualification. On distingue également les actions mobilières (portant sur
des biens meubles) des actions immobilières (concernant des biens immeubles). Les actions possessoires
visent à protéger la possession, tandis que les actions pétitoires ont pour objet la protection de la
propriété immobilière ou d'autres droits réels. Cela englobe des actions comme la complainte, la
dénonciation de nouvel œuvre et la réintégrande.
II : L’ACTION PUBLIQUE

1 : Définitions et sujet de l’action publique

L'action publique, définie par le Code de Procédure Pénale, est une démarche entreprise au nom de la
société pour réprimer une infraction conformément à la loi pénale en vigueur. Elle est initiée par le
ministère public et vise l'application des peines en cas de dommage causé. Contrairement à l'action civile,
elle est d'ordre public et ne peut être abandonnée ou transigée. L'action publique ne peut être exercée
que contre l'auteur, ses coauteurs et complices, conformément aux principes de la personnalité des
peines et de la responsabilité pénale individuelle, excluant toute poursuite contre ceux n'étant que
civilement responsables.
2 : La mise en mouvement de l’action publique :

La mise en mouvement de l'action publique, selon le Code de Procédure Pénale, peut être réalisée par
les magistrats du ministère public, les fonctionnaires désignés par la loi, ou même par la partie lésée dans
certaines situations. Les magistrats du ministère public, tels que le procureur du Roi, ont le pouvoir
d'initier l'action publique en fonction de la nature de l'infraction, tandis que certains fonctionnaires,
comme ceux de l'administration des douanes, peuvent exercer cette action dans des cas spécifiques. De
plus, la partie lésée a la possibilité de déclencher l'action publique en saisissant le juge d'instruction,
fournissant des preuves et demandant réparation. Cette saisine conduit le juge d'instruction à
transmettre le dossier au ministère public pour les mesures nécessaires.
3. L’extinction de l’action publique :

L'extinction de l'action publique au Maroc est régie par l'article 3 du Nouveau Code de Procédure Pénale
(NCPP), qui énumère plusieurs causes telles que la mort du prévenu, la prescription, l'amnistie,
l'abrogation de la loi pénale et la chose jugée. Ces causes peuvent être classées en deux catégories
générales et spéciales. Les causes générales comprennent la prescription, un droit qui s'éteint après un
laps de temps, et l'amnistie, une mesure rare qui pardonne certaines infractions. L'abrogation de la loi
pénale, la chose jugée irrévocablement, et le décès du prévenu sont également des causes générales. Les
causes particulières incluent la transaction, un moyen bilatéral d'extinction des poursuites, et le retrait
de plainte, qui peut éteindre l'action publique dans des affaires touchant l'intimité de la victime

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