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Finance & Finance Internationale N°6 janvier 2017

LE MAROC…UN CHATEAU-FORT DEVANT LE DEVELOPPEMENT


DE LA FINANCE ISLAMIQUE

Par

Mohamed Jamal Eddine ZAROUALI

Chercheur en Sciences Economiques et Gestion & Cadre à la Trésorerie


Générale du Royaume.

Résumé :

L’histoire de la Finance Islamique au Maroc peut être scindée en trois principales phases.
La première est caractérisée par une absence totale de toute trace de la Finance Islamique.
La seconde témoigne une commercialisation partielle et timide de certains produits financiers
islamiques, sans références juridiques. La troisième phase est celle de l’adoption d’une
nouvelle loi bancaire, mais sans l’existence effective d’aucune banque participative.

Mots clés :

Maroc, Finance Islamique, Banques Participatives.

Abstract :

The history of Islamic finance in Morocco can be divided into three main phases. The first is
characterized by a total absence of any trace of Islamic finance. The second testifies to a
partial and timid marketing of certain Islamic financial products, whitout legal references.
The third stage is the adoption of a new banking law, but whitout the existence of any
particpatory bank.

Key words :

Morocco, Islamic Finance, Participatory Banks.

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1
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Introduction :

La Finance Islamique s’inspire des principes de la Charia, afin de développer des


produits et services financiers qui sont en conformité avec les préceptes de la religion
islamique. De ce fait, elle peut être également considérée comme étant un financement
alternatif à part entière.

Tout d’abord parce qu’elle offre des produits et des prestations originalement non
développés par les banques classiques. Par la suite, car elle dessert une population exclue du
circuit bancaire classique, particulièrement pour des raisons religieuses1.

En suivant les tendances internationales, le Maroc a bien autorisé la commercialisation


de certains produits financiers alternatifs. Les acteurs du Capital-risque et ceux de la Micro-
finance exercent désormais sur le marché marocain de financement. Ils sont même devenus
des acteurs incontournables de la scène financière marocaine.

En revanche, la Finance islamique a longuement souffert et d’ailleurs elle souffre


toujours pour accéder au marché marocain. L’histoire et les faits montrent les obstacles et les
entraves qui sont mis sur le sentier de son développement au Maroc.

C’est dans ce cadre là que le présent article se veut être un essai d’analyse
chronologique du développement de ce type de financement au Maroc (1). De même, il essaie
de projeter lumière sur la situation paradoxale de la finance islamique à la marocaine (2).
D’autant plus, l’article entre vos mains tente de démontrer l’encerclement médiatique dont
souffrent les produits et les acteurs de la finance islamique au Maroc (3).

1
ZAROUALI M-J., « Le financement bancaire classique face aux financements alternatifs : relations de
concurrence ou de complémentarité ? Analyse comparative dans le contexte marocain », Thèse de doctorat en
Sciences économiques et de gestion, FSJES Oujda, 2016, p-2.

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1. UNE INSTALLATION PARTIELLE ET DEGUISÉE DE LA FINANCE


ISLAMIQUE AU MAROC

Depuis l’indépendance du pays, la scène financière marocaine est dominée par


les banques classiques. Malgré les changements et les modifications qui ont touché
le panorama financier, les banques islamiques n’ont jamais eu la chance de voir lumière sur
le marché marocain. Suite à des initiatives assez modestes qui ont été entreprises par
les autorités monétaires, quelques produits de la Finance Islamique virent le jour au Maroc.

1.1.Une scène financière sans aucune trace de la Finance Islamique2

L’histoire de l’industrie bancaire au Maroc se subdivise généralement en deux


principales périodes : Une durant la période du protectorat français, et l’autre après
l’indépendance. Ainsi, l'ouverture des premières agences bancaires au Maroc date de
la deuxième moitié du 19ème siècle. L'Acte d'Algésiras, signé en 1906 par les délégués de
douze pays européens, des Etats-Unis d'Amérique et du Maroc, a institué la Banque
d'Etat du Maroc qui sera effectivement créée, à Tanger, en 1907 sous forme de société
anonyme SA, dont le capital était réparti entre les pays signataires, à l'exception des Etats
Unis.
Par la suite et avec l'avènement du protectorat français en 1912, de nombreuses filiales
de grandes banques commerciales européennes, particulièrement en provenance de la France,
de banques d'affaires et de groupes financiers étrangers se sont installés au Maroc. De même,
ont vu le jour des institutions financières marocaines remplissant des fonctions spécifiques et
intervenant dans des domaines particuliers.

Au lendemain de l'indépendance du Maroc en 1956, les bases d'un système bancaire


national ont été installées. Ainsi, la Banque du Maroc a été instituée par le dahir n° 1-59-
233 du 30 juin 1959 pour remplacer la Banque d'Etat du Maroc et assurer la fonction de
Banque Centrale. Crée sous forme d'établissement public doté de la personnalité civile et de
l'autonomie financière, cet établissement s'est vu confier le privilège de l'émission de
la monnaie fiduciaire, ainsi que la mission de veiller à la stabilité de la monnaie et de s'assurer
du bon fonctionnement du système bancaire.

D'autre part et afin de répondre aux objectifs de développement et aux besoins de


financement spécifiques à des secteurs économiques jugés prioritaires, l'Etat Marocain a
procédé à la création d'organismes financiers spécialisés et à la restructuration de certaines
institutions existantes3.

2
- Conseil de la Concurrence., Réalisation d’une étude sur la Concurrentiabilité du secteur bancaire, Rapport de
synthèse des volets I et II, Mars 2013.
- BMCE., Secteur Bancaire : 10 ans d’évolution, BMCE Banking Papers, N : 2, Décembre 2005
3
Ainsi, furent créés, en 1959, la Caisse de Dépôt et de Gestion CDG, le Fonds d'Equipement Communal FEC, la
Caisse d'Epargne Nationale CEN, la Banque Nationale pour le Développement Economique BNDE et
la Banque Marocaine du Commerce Extérieur BMCE.

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L'année 1961 a vu la restructuration du Crédit Agricole et du Crédit Populaire.


Le Crédit Immobilier et Hôtelier CIH, qui a succédé en 1967 à la Caisse de Prêts
Immobiliers du Maroc, a été réorganisé conformément aux dispositions du décret royal
portant loi du 17 décembre 1968. Cette période s'est caractérisée également par la réduction
du nombre des banques, qui a été ramené de 69 à 26 entre 1954 et 1961, sous l'effet conjugué
de la fusion et de la disparition de certains établissements4.

Le secteur bancaire marocain a connu plusieurs mouvements de concentrations,


d'alliances, d'ouverture du capital et de croissance externe et interne. C'est ainsi que le nombre
de banques est passé de 62 sous le protectorat, à 21 en 2000, puis à 16 en 2005, pour arriver
aujourd'hui à un total de 19 banques disposant de l’agrément de Banque Al-Maghrib5 :

Al Barid Bank


Arab Bank PLC
Attijariwafa Bank ATWB
Bank Al-Amal
Banque Populaire BP ou Crédit Populaire du Maroc
Banque Marocaine du Commerce Extérieur « BMCE Bank »
Banque Marocaine pour le Commerce et l’Industrie « B.M.C.I »
CDG Capital
Crédit Agricole du Maroc CAM
Casablanca Finance Markets CFM
Citibank Maghreb
Crédit Immobilier et Hôtelier CIH
Crédit du Maroc CDM
Fonds d’Equipement Communal FEC
Médiafinance
Société Générale SGMB
Union Marocaine de Banques UMB
Bancosabadell
LA CAIXA

Comme il ne faut pas oublier l’arrivée récente d’Al Barid-Bank sur le marché
bancaire, qui impacte d’une manière très significative la concentration en particulier en ce qui
concerne le nombre de guichets bancaires.

Toutefois, même si Bank Al-Maghrib BAM suit de très près et d’une manière
rigoureuse l’activité des établissements bancaires, plusieurs organes sont mis en place pour
superviser ce secteur :
 Des organes consultatifs, comme le Comité des Établissements de Crédit CEC,
le Conseil National du Crédit et de l’Épargne CNCE ou la Commission de
Discipline des Établissements de Crédit CDEC.

4
OURIQUA Z., Historique du secteur bancaire marocain, article consulté en ligne le 22/10/2016 sur
le lien suivant : http://z.ouriqua.over-blog.net/article-30143784.html
5
Dont huit banques à vocation universelle

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4
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 D’autres organes de contrôle sont également actifs, parmi lesquels les Commissaires
aux Comptes CAC, les Conseils d’Administration et les Comités d’Audit. Par
ailleurs, une commission de coordination des organes de supervision du secteur
financier a été instaurée. Elle est composée de Bank Al-Maghrib BAM, de
la Direction du Contrôle des Entreprises d’Assurances et de Réassurance et du
Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières CDVM.

 Enfin, le Groupement Professionnel des Banques du Maroc GPBM qui sert


d’intermédiaire et étudie toutes les questions de la profession, notamment
l’amélioration des techniques de banque et de crédit, l’introduction de nouvelles
technologies, la création de services communs, la formation du personnel et
les relations avec les représentants des employés.

Ceci dit et à la lumière des lignes qui précèdent, il suffit de jeter un tout petit coup d’œil
sur la scène financière et bancaire au Maroc et sur son développement historique, pour
pouvoir clairement constater l’absence totale de toute institution financière islamique privée !

1.2.Une commercialisation partielle et encerclée des produits de la Finance Islamique6

Depuis le début des années 1980, un grand nombre d’institutions financières


islamiques sollicitaient les autorités monétaires marocaines pour une implantation dans
le royaume. On se rappelle, également, d’une tentative de création d’une banque islamique
locale, initiée en 1985 par WAFA BANK. Son fondateur, Moulay Ali KETTANI avait
monté un projet de produits islamiques pour sa banque. Tout a été minutieusement préparé,
jusqu'à la campagne publicitaire. Cependant, le Wali de la BAM, Mohamed Sekkat à
l'époque, avait opposé un niet catégorique.

Il fallait attendre plus d'une décennie pour que la question des produits islamiques
refasse apparition sur la scène financière marocaine. En fait, Abdelhamid AOUAD, qui
officiait à la tête du Ministère de la Prévision économique et du Plan, le plan quinquennal
2000-2004 s'était engagé à lancer des produits s'inspirant de la Charia islamique. Mais
le projet ne connaîtra pas de suite concrète, malgré les nombreuses demandes émanant
d'investisseurs arabes pour l'installation de banques islamiques au Maroc. Et ce n’est pas tout,
l'homme d'affaires Miloud CHAABI avait lui aussi soumis plusieurs demandes pour
la création d'une banque islamique, mais sans aucun succès.

Pour une longue durée, la Banque Centrale refusait d’octroyer d’agréments à des
banques spécialisées dans la finance islamique. De ce fait, la position des autorités monétaires
marocaines à l’égard de ce type de financement était toujours choquante et inexplicable,
surtout que le Maroc est un pays qui a toujours compté dans la communauté musulmane
internationale. Il a été l’un des pays fondateurs de l’Organisation de la Coopération

6
- ACHEHBAR S., Banques : Les produits «halals » arrivent, TELQUEL Online N : 259
- NGHAIZI A., La Finance Islamique et le Maroc, une longue histoire…qui finit par commencer, Les Cahiers
de la Finance Islamique Numéro Spécial 2013, Ecole de Management Strasbourg, 2013.

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Islamique OCI : L’assemblée constitutive de cette organisation intergouvernementale a eu


lieu à Rabat, le 25 septembre 1969, sous la présidence du Roi Hassan II, lequel a été
le premier chef d’État musulman à lancer l’idée d’une rencontre au sommet des chefs
d’États des pays islamiques : le 3ème sommet des pays arabes, qui avait lieu à Casablanca
en 1965. Etant membre actif au sein de l’OCI, le Maroc était aussi l’un des pays artisans de
la création, en 1975, de la Banque Islamique de Développement BID dans le but de
stimuler le développement économique et le progrès social des communautés musulmanes
selon les principes de la charia.

Les raisons exprimées par les autorités marocaines, et qui expliquent cette position
« anti-finance islamique » si nous pouvons le dire, sont diverses. Des fois, les responsables
déclarent la non-conformité des opérations de la Finance Islamique vis-à-vis de la loi bancaire
nationale, en l’occurrence les opérations de financement participatif et leur corollaire le
principe du partage des profits et des pertes7. D’autres fois, les autorités annoncent que
le secteur bancaire marocain n’a pas la capacité d’absorption suffisante pour accueillir
le nombre important des banques du Golfe intéressées, ce qui risquerait de le désarticuler
complètement.

Or, cette position des autorités marocaines ne durerait pas éternellement. C’est
justement durant l’année 2007 que les autorités marocaines acceptent pour la première fois
d’autoriser les banques commerciales locales à commercialiser certains produits financiers
islamiques. Ainsi, le 13 Septembre 2007, Bank Al-Maghrib BAM diffuse une
recommandation fixant les conditions générales selon lesquelles les banques peuvent
présenter au public des produits islamiques. Les produits concernés sont la Mourabaha,
l’Ijara et la Mousharaka.

Parmi toutes les techniques du financement islamique, le Maroc a choisi celles qui ont
plus d'envergure et de succès dans le monde financier, notamment Mourabaha, Mousharaka et
Ijara agrées par The Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial
Institutions AAOIFI8. En effet, la Banque Centrale arrête, en coordination avec
le GPBM, les schémas comptables et les modalités d’enregistrement des opérations liées à
ces produits et rédige, sur la base des règles édictées par l’AAOIFI, les modèles types de
contrats.

Parmi les établissements bancaires marocains qui ont déjà commencé à commercialiser
ces produits, nous trouverons Attijariwafa Bank ATWB qui a dévoilé ses deux premières
formules depuis le 8 octobre 2007 dans ses agences. Baptisés «Miftah Al Kheir» et
«Miftah Al Fath», les deux produits sont la déclinaison du concept de la Mourabaha et de
l’Ijara wa Iqtinaa.

7
Autrement dit, les opérations de la finance islamique se trouvent hors champ d’application de la loi bancaire
marocaine.
8
Institution basée à Bahreïn, qui compte 130 membres, représentant 29 pays, organisme à but non lucratif
connu dans le monde de la finance islamique, pour la consultation et l'orientation dans tous ce qui est liée aux
techniques bancaires et financières conforme aux préceptes de l'islam.

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En procédant de cette manière, la commercialisation de ces produits se fait par


les banques déjà agréées, sans avoir besoin de créer pour cela des banques islamiques
spécialisées. Ceci étant dit, les autorités ont accordé le choix aux banques de commercialiser
ces produits soit par le biais de leur propre réseau de distribution, soit via des filiales dédiées
appelées Windows.

1.3.L’installation d’une société de financement dit alternatif9

L’autorisation accordée aux banques locales pour commercialiser les produits


alternatifs n’était guère suffisante. Il fallait l’accompagner de tout un fuseau de modification
d’ordre juridique et fiscal10. Une fois l’atmosphère est devenue relativement adéquate, il était
le temps d’autoriser l’installation des institutions locales essentiellement dédiées à
la commercialisation des produits alternatifs pour les citoyens marocains. Il s’agit
essentiellement de la maison du financement alternatif ‘DAR ASSAFAA LITAMWIL’.

Des équipes spécialisées d’Attijariwafa Bank travaillaient sur les produits


islamiques, ont constaté qu’au delà des considérations fiscales qui freinaient
le développement des produits alternatifs, il se posait aussi un problème de distribution. Ils
avaient la grande certitude que ces produits ne peuvent pas bien marcher tant qu’ils sont
distribués dans les agences bancaires classiques. D’où vient l’idée de s’appuyer sur un réseau
de points de vente exclusivement dédiés aux produits islamiques.

Ainsi et pour l’injection et la distribution des produits alternatifs dans le marché


marocain, la société du financement alternatif ‘ DAR ASSAFAA LITALMWIL’ se fut créer.
Filiale à 100% du groupe Attijariwafa Bank ATWB, et dotée d’un capital initial de
50 Millions de Dirhams, a annoncé le lancement de ses activités de financement alternatif au
Maroc en Juillet 2010.

Cette annonce fait suite à la décision du gouverneur de Bank Al-Maghrib n° 27 du 28


Joumada Ier 1431 (13 mai 2010) portant agrément de « Dar Assafaa Litamwil » en qualité
de société de financement spécialisée dans la commercialisation des produits alternatifs,
publiée au Bulletin officiel n° 5852 du 18 Rajeb 1431 (1 juillet 2010).

Cette société de financement spécialisée commercialise une gamme de financements


conformes à la Charia. Cette offre comporte notamment les formules de financement: Safaa

9
- RIBH., Dar Assafaa Litamwil : Première Société de Financement Alternatif au Maroc, article disponible
enligne sur le site officiel du journal de la finance islamique RIBH, consulté le 24/10/2016 sur le lien suivant :
http://ribh.wordpress.com/2010/07/07/dar-assafaa-litamwil-financement-alternatif-maroc/
- LAKHAL N., Les nouveaux produits bancaires islamiques au Maroc, Mémoire de licence, Université Hassan 2,
Casablanca.
10
Les dispositions de la Circulaire des Impôts relative à la Loi de finances 2010 ont considérablement réduit
la TVA sur la Mourabaha, de même qu’elles ont instauré la déductibilité de la marge bancaire du revenu
imposable du bénéficiaire. Ainsi, depuis le premier Janvier 2010 la TVA est appliquée uniquement sur la marge
de la banque – et non sur la totalité de l’échéance – et au taux de 10% seulement contre 20% auparavant.

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Immo, Safaa Auto, Safaa Conso et Safaa Tajhiz. Ces produits sont disponibles dans un
premier temps à travers un réseau de 9 agences réparties sur 8 villes marocaines11.

Cependant et pour assurer la crédibilité de ses produits et éviter toute remise en


question de leur conformité, il serait judicieux que cette société de financement alternatif
désigne un Comité de conformité à la Charia, appelé aussi Sharia Board, qui soit
indépendant pour procéder à la certification de l’ensemble de ses opérations.

1.4.L’amendement d’une nouvelle loi bancaire propice à l’installation des ‘Banques


Participatives’

Avec l’avènement d’un parti politique à référence idéologique islamique sur la tête du
gouvernement marocain, la volonté politique s’est enfin imposée sur la scène marocaine afin
d’autoriser l’installation des banques islamiques au Maroc. Une nouvelle loi bancaire, plus
adaptée aux principes de la finance islamique, n’attendait que la promulgation. Ceci
permettrait, d’une part, aux banques islamiques étrangères d’opérer au Maroc, et aux banques
marocaines d’introduire ce segment d’autre part.

Une fois que le gouvernement marocain annonça sa volonté d’instaurer des banques
islamiques au Maroc, les sollicitations étrangères pour y installer des filiales ne cessaient pas
de frapper les portes marocaines. Avec l’adoption de la nouvelle loi bancaire, le marché
marocain de la finance islamique devient attractif et attire l’attention des grands groupes
bancaires, notamment en provenance du Golfe. ‘ La Banque Islamique Saoudienne’,
‘ Faisal Islamic Bank’, ‘ Qatar International Islamic Bank QIIB’ et ‘ Kuwait
Investement House Holding’ ont déjà entamé des négociations avec le gouvernement
marocain, afin d’offrir leurs prestations et leurs produits à la clientèle marocaine.

En effet, à peine une semaine après sa nomination à la tête du gouvernement12,


Abdelilah Benkirane reçoit Sheikh Khalid bin Thani al Thani et Abdulbasit al Shaibei,
respectivement président et directeur de Qatar International Islamic Bank QIIB qui sont
venus lui confirmer leur intérêt pour le Maroc. Dans cette rencontre, les qataris ont proposé
l’ouverture, au Maroc, d’une banque d’investissement et d’une compagnie d’assurances
charia-compliant, suggérant une joint venture dont le capital serait détenu à 51% par des
actionnaires marocains et les 49% restant par un pool d’investisseurs qataris, dirigé par QIIB.

Dès Janvier 2012, le groupe parlementaire du Parti de la Justice et du


Développement PJD a proposé un projet de loi relatif à la mise en place d’un système
bancaire et financier islamique englobant les banques, les assurances, les sukuks et
les institutions financières assimilées comme les fonds d’investissement, et les sociétés de
gestion d’actifs…

11
Casablanca, Rabat, Marrakech, Agadir, Meknès, Fès, Oujda et Tanger.
12
Mandat 2011-2016

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Ce projet proposé a prévu un système islamique indépendant qui cohabiterait avec


le système financier conventionnel, comme celui adopté en Malaisie. Il donne aussi
la possibilité aux banques de créer des fonds caritatifs et de zakat ainsi que d’initier des
opérations d’acquisition et de gestion des participations financières par le biais des contrats
Moudharaba et Mousharaka. De même, ce projet prévoit la création d’un organe de
contrôle, intitulé Commission des Institutions Financières Islamiques CIFI13.

Cependant, une fois présenté à la BAM, le projet de loi devait subir quelques
changements et adaptations. Les responsables de la banque centrale optent pour une
démarche progressive dans l’introduction de la finance islamique au Maroc. Ils ont proposé le
calendrier suivant : Dans un premier temps, on commence par les banques islamiques, ensuite
on complète la gamme des produits de financement des banques islamiques avec
l’autorisation du Salam et de l’Istisna, dans un troisième temps, ce sera
le tour des Sukuks et du Takaful pour finir avec la mise en place des sociétés de gestion
d’actifs islamiques.

Par ailleurs, les autorités monétaires au Maroc ont abandonné l’idée de la cohabitation
en la remplaçant par celle de l’amendement de la loi bancaire existante : Loi de 2006, à
l’instar des pays du Golfe.

Ainsi, la nouvelle version du projet de loi ne parle plus de banques islamiques mais
plutôt de banques participatives. Dans son article 52, ces dernières y sont définies comme
étant des : "personnes morales […] habilitées à exercer à titre de profession habituelle en
conformité avec les préceptes de la Charia, les activités [de réception de fonds du public,
d’opérations de crédit et de la mise à la disposition de la clientèle de tous moyens de
paiement, ou leur gestion] ainsi que les opérations commerciales, financières et
d’investissement, à l’exclusion de toute opération impliquant la perception et le versement
d’intérêt14."

Cependant, le 25 novembre 2015, après plus de deux années d’attente, le projet de loi
n° 103.12 relatif aux établissements de crédit et organismes assimilés a été adopté à Rabat.
La nouvelle loi n° :103.12, publiée au Bulletin officiel du 22 Janvier 2015 (Edition en
arabe) et au B.O du 5 Mars 2015 (Edition en Français), accorde la possibilité aux banques et
sociétés de financement conventionnelles d’exercer en totalité ou en partie l’activité de
banques participatives, sous réserve, toutefois, de l’obtention d’un agrément spécifique.

Elle définit le statut des banques islamiques au Maroc et précise les produits qui pourront
y être commercialisés. Cette loi va permettre non seulement la création d’institutions dites «
participatives » mais aussi aux entreprises marocaines qui le souhaitent de se financer via des
émissions de sukuk.

13
Dont la présidence est confiée à la banque centrale et dont l’objet est de veiller au respect de
la réglementation par les banques et institutions financières islamiques.
14
Ministère de l’Economie et des Finances., Note de présentation du projet de refonte de la loi n : 34-03 relative
aux établissements de crédits et organismes assimilés, 24 Juillet 2012.

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De même, elle a intégré la Moudharaba à la liste des produits de financement


commercialisables comprenant déjà l’Ijara, la Mourabaha et la Mousharaka, tout en
laissant la voie ouverte à de nouveaux produits. En effet, dans son article 57, le texte dispose
que : "Les banques participatives peuvent financer leur clientèle à travers tout autre produit
conforme aux préceptes de la Charia dont les caractéristiques techniques ainsi que les
modalités de leur présentation à la clientèle sont fixées par circulaire du wali de Bank Al-
Maghrib […]."

Dans le but d’assurer et de vérifier la conformité des produits financiers islamiques


commercialisés au Maroc, le nouveau texte de loi a permis l’institution d’un comité dénommé
"Comité Charia pour la Finance" dont le secrétariat sera assuré par la BAM et dont les avis
sont opposables aux banques participatives, comme il a obligé les banques participatives de
mettre en place un comité d’audit.

Cette refonte de la loi bancaire est un important tournant dans l’histoire de


la finance islamique au Maroc. Ce texte de loi représente la pierre angulaire pour
l’institutionnalisation de la finance islamique au Maroc et offre une atmosphère propice à
l’entrée de nouveaux acteurs dans le marché financier marocain.
Figure 115 : Evolution historique de la Finance Islamique contemporaine

15
Source : Grant Thornton Cabinet., Finance Islamique : Etat des lieux et perspectives, Regards Lettre
d’information, N : 2 Novembre 2012.

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2. LA FINANCE ISLAMIQUE AU MAROC : UN BILAN PARADOXAL16

Dans le même temps où les autorités marocaines n’acceptent pas encore l’installation
des banques islamiques sur le marché national, elles ne refusent non plus de financer certains
grands projets étatiques par des institutions financières islamiques de grande envergure. De ce
fait, la Finance Islamique au Maroc confronte le paradoxe de position des autorités : Elle est
la bienvenue si elle provient de la part des organismes internationaux, mais les institutions
islamiques privées ne reçoivent aucun accueil, si ces dernières estiment commercialiser leurs
produits sur le marché marocain.

2.1.Le Maroc reçoit des financements de projets conformes à la Charia

Le Maroc possède une position géostratégique qui lui confère le statut de plate-forme
entre l’Europe et l’Afrique. De même, depuis longtemps, cette monarchie parlementaire est
connue internationalement par sa stabilité politique. A tout ceci s’ajoute son dynamisme
économique, perceptible à vue d’œil surtout avec la mise en œuvre de grands chantiers et
le lancement de mégaprojets. Ce sont quelques atouts parmi autres qui font du Maroc une
destination de confiance pour les bailleurs de fonds de toute provenance.

En bénéficiant pleinement de ses atouts, le Maroc a bénéficié de six opérations de


financement islamique (tableau 1). Ces opérations concernent :

 L’infrastructure : Extension du port Jorf Lasfar et l’autoroute Casablanca-


Marrakech, avec une enveloppe financière totale de 256,2 Millions USD.
 L’énergie : Electrification rurale, la Centrale électrique d’Al-Quneitrah et la Centrale
à turbine de Mohammedia, avec un montant total de 454,6 Millions USD.
 L’immobilier : Logements d’Al-Quneitrah avec un montant de 53,5 Millions USD.

La majeure partie du financement a été accordée dans le cadre d’un contrat Istisnaa, en
vertu duquel le bailleur de fonds paie les équipements, la main d’œuvre et
les fournisseurs du projet. Une fois que le projet est achevé et commence à générer des
recettes, le bailleur de fonds perçoit un bénéfice sur le capital engagé plus une marge
bénéficiaire déterminée à l’avance.

16
WILSON R et CASTEL V., Services Bancaires et Finances Islamiques en Afrique du Nord : évolutions et
perspectives d’avenir, Rapport de la Banque Africaine de Développement, 2011.

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Tableau 1: Financement Islamique des projets au Maroc et en Tunisie

Source : Service d’information financière islamique, Londres, Mars 2011

2.2.Le Maroc se positionne comme leader de la région Nord-Afrique en termes


d’attraction des Financements Islamiques

Le Maroc était le principal bénéficiaire du financement de projets et du commerce auprès


de la Banque Islamique de Développement BID, ainsi que du financement global, bien qu’il
soit un bailleur de fonds relativement modeste de la BID, arrivant loin derrière la Libye,
l’Égypte et même l’Algérie (tableau 2).

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Tableau 2: Contributions des pays d’Afrique du nord au capital de la BID17

Source : BID, rapport annuel, Octobre 2009

Etre un bon contribuable ne donne pas aux pays membres le privilège d’être
les premiers à servir. Par contre, le financement repose naturellement sur la pertinence de
la demande de financement et non sur les contributions des membres.
La réussite du Maroc s’explique par sa capacité à soumettre des demandes de financement
cohérentes fondées sur des plans d’affaires de qualité et assorties de projections réalistes de
coûts et de recettes.

Tableau 1 : Financement de la BID reçu par les pays d’Afrique du Nord, 1976-2009

Source : BID, rapport annuel, Octobre 2009

Les données tirées du tableau 11 confirment la position du leader que détienne


le Maroc dans sa région. Ce pays qui a réussi à attirer des financements islamiques auprès de

17
1 Dinar Islamique DI = 1 Droit de Tirage Spécial DTS du FMI = 1,57 USD = 1,14 €

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la BID pour 57 projets loin devant la Tunisie et l’Algérie et même l’Egypte, avec
114 transactions commerciales financées à hauteur de 1670 Millions de Dinar Islamique
DI. Ainsi, le montant total des financements islamiques reçus par le Maroc depuis 1976
jusqu’à 2009 s’élève 2685,6 Millions de DI, soit l’équivalent de 4216,4 Millions USD18.

3. AU MAROC, LES PRODUITS FINANCIERS ISLAMIQUES SONT


TOUJOURS ENCERCLÉS

D’après les observateurs de la Finance Islamique au Maroc, l’autorisation accordée à


ces produits ne provient pas des convictions religieuses, mais plutôt suite à des pressions.
Etant non convaincu, l’Etat marocain n’a montré aucun soutien à ce type de financement
alternatif. Par contre, sa Banque Centrale BAM qui jouissait du statut d’observateur au sein de
l’Islamic Financial Services Board IFSB, n’y a sollicité que récemment le statut de membre
à part entière et n’envoie que rarement des représentants aux conférences et aux séminaires
sur la Finance Islamique19. Ceci dit, les produits financiers islamiques confrontent plusieurs
problèmes qui entravent leur développement.

3.1. L’encerclement médiatique des produits financiers islamiques dits « alternatifs »

Toujours en collaboration avec le GPBM, la Banque Centrale BAM a élaboré un guide


fixant, pour les banques, les conditions de la communication sur la commercialisation des
produits islamiques20.
On y lit:

« […] Ce guide a pour finalité d’orienter la communication par


les établissements de crédit sur la commercialisation de ces produits qui devrait être menée
avec prudence et vigilance, afin de ne pas désarticuler l’offre des produits classiques.

A cet effet, chaque établissement de crédit conduira sa propre communication sur ces
produits dans le respect des principes directeurs ci-après :

- La politique de communication doit être validée par la direction générale.

- Le contenu des messages publicitaires doit être soumis à un droit de regard de Bank Al-
Maghrib, préalablement à leur diffusion au public.

- La communication devrait être axée sur l’intérêt que représenterait le recours à


ces produits pour la réalisation des projets de la clientèle et éviter toute comparaison avec les
produits bancaires classiques.

18
2685,6 Millions de DI multipliés par le taux de change 1 DI = 1,57 USD, ce qui donne 4216,4 Millions USD
19
La liste des pays membres sur le site officiel de l’IFSB, consulté le 27/10/2016 sur le lien suivant :
http://www.ifsb.org/membership.php?id=1
20
Bank Al-Maghrib., Recueil des textes législatifs et réglementaires régissant l’activité des établissements de
crédit et organismes assimilés, 2013.

http://revues.imist.ma/?journal=FFI ISSN: 2489-1290

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- Aucune mention à caractère religieux, telle que halal, foukaha, fatwa, islamique, Charia,
conseil religieux et assimilés ne doit y être incluse.

- Les établissements de crédit devraient éviter de faire de la surenchère ou la course vers


la part de marché.

- Le réseau et notamment les chargés de clientèle devraient être sensibilisés au langage à


adopter vis-à-vis de la clientèle et veiller au respect des dispositions de
la recommandation.
- Les partenaires éventuels des établissements de crédit, s’ils sont appelés à faire des
publicités autour de ces produits, doivent formellement s’engager à respecter ces conditions
[…] ».

A la lecture de ce guide, on se rend bien compte que malgré l’autorisation accordée aux
produits financiers islamiques, ces derniers demeurent toujours encerclés par les dispositions
de loi qui empêchent leur vrai développement. C’est en respect de ces conditions qu’au
Maroc, l’appellation officielle des produits islamiques est celle de « produits alternatifs ».
Les autorités ont ainsi vidé ces produits de leur valeur communicationnelle !

3.2.Le manque d’implication des banques

Les expériences réussites de la Finance Islamique, dans les autres pays du monde, ont
montré la capacité des produits et services financiers islamiques à concurrencer
le financement bancaire classique. Ainsi, les performants résultats qu’ont enregistrés
les institutions de ce financement alternatif, ne sont que le fruit des efforts déployés par
les autorités publiques et de l’implication sérieuse des établissements bancaires, classiques et
islamiques, dans la réussite de ces expériences.

Puisque jusqu’à maintenant, seules les banques locales sont autorisées à


commercialiser les produits financiers islamiques, ces dernières ne se sont pas véritablement
impliquées dans la promotion des produits de la finance islamique sur le marché marocain.
Les autorités monétaires ainsi que les établissements bancaires classiques n’ont pas caché
leur crainte de la désarticulation des produits classiques, si les produits alternatifs se
remettront sur leurs pieds.

Même si les banques marocaines classiques commercialisent dorénavant les produits


alternatifs, le manque de convictions religieuses se traduit par un manque d’implication, qui
peut être clairement observé :

 Dans l’absence totale d’affiches d’informations, de dépliants de description des


produits alternatifs et de toute autre promotion publicitaire.

 Dans le manque de la formation des chargés de clientèle et des forces de vente,


surtout que ces derniers sont habitués avec les produits bancaires classiques et ne
connaissent que peu de choses à propos des produits alternatifs.

http://revues.imist.ma/?journal=FFI ISSN: 2489-1290

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 Dans l’absence de systèmes de motivation des commerciaux, qui doivent recevoir des
primes sur le nombre de produits alternatifs commercialisés, comme il est le cas pour
les produits et services bancaires classiques.

Conclusion :

Grâce à leur essor et à leur attraction, les financements alternatifs ont bien réussi à
diffuser leurs produits et services dans le monde entier. De sa part, le Maroc a autorisé
l’installation de cette famille de financement, comme il a encouragé son développement à
maintes reprises et par différentes façons.

Cependant, les encouragements qu’ont reçus les autres acteurs de la finance alternative,
à savoir le Capital- Risque et la Micro-finance, n’en a pas bénéficié la Finance Islamique au
Maroc. Par contre, ce type de financement a été toujours refusé par les autorités marocaines,
pour des raisons relativement non convaincantes. Malgré les multiples sollicitations
d’autorisation et les divers projets de banques islamiques proposés, les décideurs n’ont pas
changé d’avis pendant une très longue durée.

Suite aux pressions intérieures et extérieures, les banques marocaines classiques ont été
autorisées partiellement, par la Banque Centrale, à commercialiser certains produits financiers
islamiques mais sans aucune connotation religieuse ni promotion publicitaire.
Pire que cela, lors de la phase de leur lancement, les produits financiers dits alternatifs étaient
doublement plus taxés que les produits bancaires classiques21 !

En ayant conscience des intérêts que représente la Finance Islamique pour l’économie
nationale, les autorités monétaires marocaines ont finalement changé d’avis, en procédant
cette fois-ci à une préparation juridique et financière, qui permettra l’installation des
Banques Islamiques sous l’appellation de ‘Banques Participatives’.

Cette finance participative représente un nouveau segment pour la finance marocaine.


Son développement va permettre à la place financière de Casablanca de devenir un hub
régional de premier choix pour la finance islamique. Par l’adoption de la loi n° :103.12, l’État
marocain envoie un signal très fort en direction de ses partenaires moyen-orientaux et espère
attirer ainsi près de 30 milliards d’euros dans son économie. Ces capitaux doivent permettre
de résoudre le problème de liquidité dont souffre le secteur financier marocain. Les décideurs
marocains espèrent aussi que le développement de cette finance permettra d’accroître le taux
de bancarisation de la population22.

Cependant, et malgré les multiples sorties médiatiques du Gouverneur de Bank Al-


Maghrib, qui a promis une première implantation de ces banques au cours des premiers mois
de l’année 2016, aucune banque participative n’a vu le jour jusqu’à la date même de la
rédaction de ces lignes ! C’est ainsi que le Maroc se positionne comme étant un Château-fort
devant le développement de la Finance Islamique !

21
Au Maroc, les produits financiers islamiques ont l’appellation officielle de ‘Produits Alternatifs’.
22
ZAROUALI M-J., op.cit p.255

http://revues.imist.ma/?journal=FFI ISSN: 2489-1290

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Références Bibliographiques :

ACHEHBAR S., « Banques : Les produits ‘halals’ arrivent », TELQUEL Online N : 259.

Bank Al-Maghrib., « Recueil des textes législatifs et réglementaires régissant l’activité des
établissements de crédit et organismes assimilés » ,2013.

BMCE., « Secteur Bancaire : 10 ans d’évolution, BMCE Banking Papers », N : 2, Décembre


2005.

Conseil de la Concurrence., « Réalisation d’une étude sur la Concurrentiabilité du secteur


bancaire », Rapport de synthèse des volets I et II, Mars 2013.

Grant Thornton Cabinet., « Finance Islamique : Etat des lieux et perspectives », Regards
Lettre d’information, N : 2 Novembre 2012.

LAKHAL N., « Les nouveaux produits bancaires islamiques au Maroc », Mémoire de licence,
Université Hassan 2, Casablanca.

Ministère de l’Economie et des Finances., « Note de présentation du projet de refonte de la loi


n : 34-03 relative aux établissements de crédits et organismes assimilés », 24 Juillet 2012.

NGHAIZI A., « La Finance Islamique et le Maroc, une longue histoire…qui finit par
commencer », Les Cahiers de la Finance Islamique Numéro Spécial 2013, Ecole de
Management Strasbourg, 2013.

WILSON R et CASTEL V., « Services Bancaires et Finances Islamiques en Afrique du


Nord : évolutions et perspectives d’avenir », Rapport de la Banque Africaine de
Développement, 2011.

ZAROUALI M-J., « Le financement bancaire classique face aux financements alternatifs :


relations de concurrence ou de complémentarité ? Analyse comparative dans le contexte
marocain », Thèse de doctorat en Sciences économiques et de gestion, FSJES Oujda, 2016.

Webographie :

OURIQUA Z., « Historique du secteur bancaire marocain », article consulté en ligne le


22/10/2016 à sur le lien suivant :
http://z.ouriqua.over-blog.net/article-30143784.html

RIBH., « Dar Assafaa Litamwil : Première Société de Financement Alternatif au Maroc »,


article disponible enligne sur le site officiel du journal de la finance islamique RIBH, consulté
le 24/10/2016 sur le lien suivant :
http://ribh.wordpress.com/2010/07/07/dar-assafaa-litamwil-financement-alternatif-maroc/

http://revues.imist.ma/?journal=FFI ISSN: 2489-1290

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Liste des figures :

Figure 1 : Evolution historique de la Finance Islamique contemporaine.

Liste des tableaux :

Tableau 1 : Financement Islamique des projets au Maroc et en Tunisie.


Tableau 2 : Contributions des pays d’Afrique du nord au capital de la BID.
Tableau 3 : Financement de la BID reçu par les pays d’Afrique du Nord, 1976-2009.

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